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1 S,H
OFfo:iCE NAT~@NAL DE LA RECHERCHE se..~P1TIFIOUE ET TECM~~~~
ONAREST
DU VILLAGE AU QUARTIER:LES ORIGINAIRES DE .LA LEKIE AYAOUNDE
(NKOL - ETON)
B. DELPECH
Psychosociologue de l'ORSTOM
CENTRE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES(CS ES)
DU VILLAGE AU QUARTIER
LES ORIGINAIRES DE LA LEKIE A YAOUNDE (NKOL - ETON)
B. DELPECHPsycho sociologue à l'ORSTOMavec la collaboration technique de
A. FOUDAB. MBALA NKANAAssistants Techniques à l'ISH
Enquêtes réalisées dans le cadre du sujet de recherches nO 5334inclus dans les accords de coopération .. scientifique. entre l' OR8TOMet l'ONAREST.
- 2 -
Transcription phonétique
La transcription des termes locaux a été rendue en utilisant un alphabet phonétique où toutes les lettres se prononcent.Ainsi, la lettre.!:! doit être prononcée comme le "ou" français.
Cet alphabet simplifie la prononciation pour le lecteurnon initié aux signes phonétiques internationaux.
Les termes locaux ont été soulignés.
...... . ..~
Copyright ONAREST - B. ,DELPECH - .i:978.' ;,' :.~. :. .. .' . ", ~. '.
Droits de reproduction et d'adaptation soumis pour touspays à l'autorisation écrite préalable des dépositaires du copyright. Sont autorisées les citations et reproduction de figuresaccompagnées des références bibliographiques.
" .
- 3 -
Les remerciements de l'équipe de recherche vont.
Pour les enquêtes entreprises à Yaoundé :
- à Monsieur LOUIS BîKELE:Ng~Ô. Député d'Obala
- à Monsieur Emile MBARGA OWONO, Sous-Préfet de l'Arron-
dissement de Yaoundé Ier
- à Monsieur ENnMA ONOMO, Chef du quartier de Nkol-Eton
- à Monsieur Germain BOUNI, Président du Comité de base
de Nkol-Eton
- à Monsieur Valentin EWONO EKOGO, Président de la Jeunesse
de l'UNC de Nkol-Eton
- à Messieurs les Chefs de blocs
- aux habitants du quartier et tout particulièrement à
Monsieur Engelbert TSALA.
Pour les enquêtes entreprises dans la Lékié :
- à Messieurs les Sous-Préfets des Arrondissements d'Obala
et d'Okola.
- à Monsieur le Président du Tribunal Coutumier d'Obala.
ainsi qu'à son Secrétaire.
- à Monsieur le Responsable du CENADEC à Okola.
- au R.P. Bernard FOY, de la Mission Catholique de Yémessoa.
- 00 F. ROSARIO. de la Mission ~at~è11~OeCd~Ê~bk.
p. 5
p. 5
p. 6
p. 80
p. 87
p. 103
p. 117
p. 130
p. 140
p. 141
p. 141
p. 152
p. 164
p. 166
p. 171
p. 172
p. 173
p. 177
p. 179
p. 180
p. 200
ERR A T U M
ligne 21, ajouter VI L'organisation du travail agricole
ligne 22, ajouter VII L'émigration
ligne 27~ ajouter III Eléments du niveau de vie
ligne 20, lire imputable au lieu de imputables
ligne 26, lire économique au lieu de économiques
ligne 12, lire Nkolmebanga au lieu de Nkommebanga.
ligne 10, lire trop au lieu de trops
tableau XXXIII, lire résidents au lieu de résident
tableau XXXXIII, lire enquêtés au lieu d'enquêtés
ligne 5, lire le réfrigérateur au lieu de les réfrigé-rateurs
ligne 22, lire aux échelons au lieu de au échelons
ligne 8, lire p.éri-phér..ique au lieu de perpherique
ligne 13, lire intérieur au lieu de intérier
ligne 21, lire occasionné au lieu de accasionnés
ligne 1, lire défendent au lieu de défendant
ligne 13, lire poisson au lieu de pousson
ligne 7, lire leur au lieu de lui.
ligne 10, lire pluriannuel au lieu de pluriannel
ligne 17, lire hebdomadaire au lieu de habdomadaire..---_ .....
ligne 26, lire ne se réduit pas au lieu dE:; ne réduit pac··~-,
:ligne;12, lire la connaissance au lieu de le connaissance.
- 5 -'.'
S' O'M-"'M 'A·'I R-E
. . . ".' .Introduction ........................................... 9
PREMIERE' PARTIE':' DEFINITION' DES' MILIEUX CONCERNES ..... 13
CHAPITRE l .: .La Lékié ..: · _........ 13
. 1- Situation, cadre physique et découpageadministratif " '. 13
II- Démographie,.............................. 14
Leslsociétés.de:la.Léki6 et .la vie publique .•••.....
III - Les formations sociales .
L , . t' . l~rgan2sa 20n soc2a e .........•....................
~ ... '.' ... -L'action missionnaire -. ~ ~ . ~ ' •.: ... '" .. '.. .
19
20
293334
36
36394043
45...... - ' - .
.' 1).~~sgroupes de descendance .... ?) Les relations de parenté et d'alliance .
3) La dot oucompërisatlon matrimoniale ......•' .. 4) Nature et formes du pouvoir .
A- L'hi$tC?:Lr~ précoloniale' ~ ~ ..' '. . :
B- La périodE?' coloniale . ~ .~ ~ '-~-'~" : ~" ~ . ~' .. '.. ' .
C
DE-
F- Les mental~t§s
IV- iei é~uipe~ent~ collectifs et les struc-tures d'encadrement. ................•.... ~9
V-'Lesactivités économiques 50
VI- L'organisation du travail agricole 55
.VII~ L'.émigration ......•...........•....•..•. 62
CHAPITRE~tI :. Yaoundé~:dJpit~l~administrative etMétr6pole régiotiale ~ ~.......... 67
1- Situation géog~a~h~q~e et histoire ........67
- 6 -
11- Structure démographique et répartitionethnique ~ . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
111- Structure de-l'urbanisation et de
IV- Activités économiques
l'habitat ............................... 70
73
DEUXIEME PARTIE.; LES EMIGRES DE LA LEKIE A YAOUNDE .... 75
CHAPITRE l : La formation et_le devenir d'un quartier.. 79
CHAPITRE II : Le visage démographique ~~ ... ~ .. ~......... 82. .
CHAPITRE-III: Le mouvement migratoire .•. ~~............ 86
1- Le secteur de -provenance~-~ ;- ~-~ . . . 86
11- Les raYDns migratoires - ;.> 88
II'1- La pression démographique et la tail-ledes villages 90
CHAPITRE IV : L'origine socio-familialedes émigrés 93
1- Statut du p~re~ 94II-Les héritiers du patrimoine foncier 96
CHAPITRE.V: Les motivations de départ..... 97
1- Les vétérans du quartier ~. 9811- Les actifs de la tranche intermédiaire 104111- Les jeunes 112
A- Les séolaires ~...................................... 112
B- Les·actifs 116
CHAPITRE VI : Les conditions d'existence en ville 121
-1- Les groupes domestiques 12111- Estimation de la mobilité résidentielle
intra-urbaine .. ... .............. .. ... .... 133
A- Structure professionnelle ..•........................ 133. -
B- Revenus· li ". • • • • • • • • • • • • • • •. • • • • • • • • • • • • 137
- 7 -
c- Niveau d'instruction 138D- Accès aux biens de consommation durables 139
E- Habitat 142
IV- La vie relationnelle 148A- Les relations interpersonnelles ~ 148
1) Le volume des relations et ses déterminants 1492) L'intensité des relations ... ~ ......•...... 156
B- Les associations 161
1) Popularité des associations 162
2) Les associations d'originaires ....•..•.... 164
3) Les associations citadines ...........•.... 1654) Structure et fonctionnement des associations
à objectif économique ..•...•.......••..... 166V- Les formes d'assistanèe 170
A- L f aide fournie 170
B- L'aide reçue 175
CHAPITRE VII: Les liens avec le pays 176
1- Voyages, visites et séjours au village 177
11- Intérêts économiques et investissements .. 185A- Les exploitations agricoles 186B- Les constructions et les projets résidentiels 193
C- Les activités commerciales . Il .. Il • • •• .. ...... •• 199
III- Quelques images du village et de la ville 201
CONCLUSION .•....................................•...... 205
BIBLIOGRAPHIE ~ . . .. 209
TABLE DES FIGURES •..................•..•........ : 213
INDEX DES TABLEAUX .•....•..•....•....•.•............... 214
- 9 -
l NT R 0 o· U C TI o'N ',r
C'est devenu un lieu commun que d; évoq~;er l'exode qui frappe
les milieux rurau~, dépeuplement particuli':è"~em'eint sensible lor'sque
ces derniers se trouvent pris dans le' champ d€"rayonnement d'une
agglomération urbaine importante.
Les sociétés paysannes de la province camerounaise du Centre. ;- 1- '.:
Sud installées en périphérie de Y~~undé. Si~ge'd~ go~ve~nement mais, , .
aussi_capitale régionale, n'échapp~nt point ~ce phénomène d'attrac-
tion et aux mutations qui en découlent.
Parmi cet ensemble de formations sociales, dont le cacao
domine l'économie et dont le mode de faire-valoir, les rapports de. . - .
production et les structures sociales sont homogènes dans leurs- ..~ '-j- ..
traits essentiels. celles occupant le secteür Nord-Est par rapport. "... ~. "
à la capitale, constituant le département administratif de la Lékié
(pays ét~net mangisa) ,tranchent par leurs car~8té~istiques démogra
phiques et économiques.
Avec une densité moyenne de 72 habitants au kilomètre carré,
exceptionnelle en zone forestière africaine, se situant au-delà du
seuil de rupture d'équilibre entre ressources et population et mise
de surcrolt en relief par le contraste, dans les secteurs Nord et
Est, d'étendues mitoyennes ~ peu près vides d'hommes, le département
de la tékié ~istance, largement les autres départem~nts du Centre-Sud
(10 ~ 40 h./km2) quant aux charges humaines supportées.
A cette situation démographique inattendue 'correspond une
production agricole particulièrement abondante. non seulement en ce~ , . ".. , .
qui concerne les plantations cacaoyères mais, aussi au regard des
cultures vivrières qui valent ~ cette région d'être désignée comme
le grenier de la capitale.
avaient. à un moment ou à u,n autre de
économique en dehors de leur village.
chaque année. une importante fraction
pour une durée plus ou moins longue.
- 10 -
Un tel dynamiSme économique s'exprime quotidiennement par une
animation inaccoutumée le long des voies reliant la région à Yaoundé:
transit q'hommes et de b~ens. étalage de produits agricoles et de
matériaux -çl',e:,_construction sur les accôtements. floraison: de bars
signalés'par~des-ammoncellements de casiers témoignant d'une intense
activité.
~Imputant les maigres densités hum~i.nesgénéralementenre-
gistrées autour de Ya~undé au courant d'émigiation vers'la ville.
l'opinion commune. par un raisonnement a contrario. fait aux gens. . :
de la Lékié une réputation de sédentarité qui les placerait parmi
les groupes les moins mobiles du Cameroun. notoirement réfractaires
aux mouvements de colonisation et à l'appel des centres urbains.
Et pourtant. en 1972 déjà. A. Franqueville. s'attachant à
cerner le champ d'attraction de la capitale. ;~~~lignait que près
de la moitié des chefs.de fa~ille qu'il, inter~ogeait dans la Lékié.
leur vie, exercé une activité
Ce cherc~eur estimait que.
des hommes actifs émigraient
Par ailleurs. en 1964, on évaluait les originaires de la
Lékié installés à Yaoundé.au nombre de 10 000. représentant le di-. . ..".-. -: .
xième de la population de cette ville.,.. ." '.~ ," . !.: .~' .
"': -0"'
La présente étude s'attache à une meilleure connaissanc~ de
ces natifs de la Lékié vivant en ville. notamment dans les rapports
de tous ordres qu'ils maintiennent e.t souvent développent avec leur3
villages de naissance. ,avec le voeu de contribuer au repérage des. ".: -'.,
modèles de comportements économiques et de dynamismes sociaux opérant. . '. ..... ". : .
dans les zones de production marchande sises en périphérie urbaine.
- 11 -
Après une présentation globale des milieux concernés et une
esquisse du visage démographique offert par la colonie que forment
à Yaoundé les originaires de la Lékié. seront analysées. à partir
d'études de cas. les circonstances de la venue en ville et les faci
lités qu'apporte au migrant la mobilisation systématique de réseaux
d'assistance efficaces.
Seront ensuite examinées, en s'appuyant sur des données chif
frées, les conditions de subsistance"au quartier" et les modalités
d'insertion dans la société multi-ethnique, durant cette phase du
"détour" à laquelle nombre d'émigrés consacrent l'essentiel de leur
vie active.
En dernier lieu. seront abordés les liens très étroits. tant
affectifs que matériels. entretenus avec les communautés rurales
d'origine et qui déterminent, pour une grande part, les "aspirations
et les projets résidentiels et économiques lorsque, au soir de la
vie, l'allègement des charges familiales aidant. l'émigré songe à"
rentrer au pays. où l'attendent la plantation et la maison en dur
qui attestent de sa réussite.
PRE M·I" E R E
- 13 -
PiA. RT I.E
DEFI~ITION DES:MILIE~X~CONCERNES.. i
CHAPITRE l : LA LEKIE
. :~..
I Situation, cadre physique ~t dAcoupage admi~istratif
. . ,: ~
'..." .Le dA par temen t de 1a LA ki A, entre' 3 °4 7 ' et· 4° 30 ' de 1a t :l,. tu de
Nord et 11°5' et 11°43' de longitude Est, se situe en pAriphérie
de .Yaoundé, dans. une zone.de transition entre forêt et savane.
Deux voies de commu nicat ions impci~tante~ cernent ce' départ e-ment l'axe.routier relian~lacapitaieO~u~;provin6es se~tentrion~leEet occidentales, doublA par' le' T~'~~scamer;j~nais,for'me, à quelquel3'
débordements près, la limite Est. Le route conduis~nt de Yaoundé è
Doual~ et à la province du Littoral en constitue la bordure Sud
(fig. 1 l "
. .~ ~.; .Le département couvre une superficie de 3 000 km2, offrant;
des paysages vallonnés à une altitude osciilent ~~tte 600 et 700'mè
tres."Lerelief est.partiC?u~ièrement accidenté à l'Ouest, dans l'l1r
rondissemE;lDt d'Okola, .. qUi .. abrite le;point cul~inant de·la·région
(1285 ml, ainsi qu'au. Nord. dans l'ârrondissementde Sa~.~
: '.' .
Cette région est, dans l'ense'mble, bien irriguée" et, présente
de nombreuses zones de bas-fonds propices aux cultures mara1chères.
Le climat est de type équatorial, mais tempérA par l'altitude.
La pluViomAtrieest"marq~é~ pa~:l'~{t~fnah~~'de ~~isons humides et. .. .' .: ".. . -', ". " - .
de saisons.,plus:sèches : la. grande saison des pluies s'Atend d'aoOt
à na ve mbre ,la p~ t ~ t e d' ~ v~ il' à"' m~ i. Ôn 0 bs e r v e' t a li tefoi s des· va.
riations climatiques à l'intérieur même du ~épart~~~nt~'influenç~nt
. '...'. !! .! ~ •
;; \
- 14 -
directement les rendements agricoles. C'e~~ainsi ~ue·dans le Nord
et l' Est, 1e s plu i e s di min ue nt et l' es pace se" S a van i se", e f f e t s
dQs soit à des phénomènes d'abri crées par les contreforts, soit au
drainage des précipitations le long du lit de la San~gaqui marque
la limite administrative septentrionale.'. '.. '
Les villages, le plus souvent dans les interfluves ou sur
les collines, sont, en moj~nn~,detaille importante (~OO· h~bitants,
.Centre-Sud 235 habitants). L~s plus gros s'alignent le long ou au
voisinage des axes de circulation.
Les cases, poto-poto et tôles ondulées, comprennent l'abba;
demeure du chef d'unité domestique, aD il reçoit, et, en retrait,
les "cuisines" kasin, domai~e des femmes, aD elles préparent la nour
riture, conservent l'outillage agricole, la récolt~vivrière et les
semences et prennent leur repas avec leurs enfanfs~
Les bourgs, de taille modeste, n'ont aucune fonction économi
que à l'exception d'Obala (/4500 habitants en 1967) qui tient lieu
de relais commerçial. Une telle sous-urbanisation s'explique par
l'extrême proximité de Yaoundé.
Chaque arrondissement (il y en a cinq) est divisé en "groupe
ments" désignés du nom d~ clan dominant ou du village"'centre. La
préfecture est installée depuis peu à Monatélé. village de 1 000 ha
bitants. tout à f~it excentr~que (.extrême Ouest).
II - Démographie
La densité moyenne de la population est de 72 h./km2 (1).
C'est une valeur élevée en milieu forestier agricole, aD l'on consi-.. .
dèrequ'au delà de 25 h./k~2, l'équilibre population-ressources
devient! pr~caire.
(1) 217 000 personnes pour 3 000 km2 en 1976. Source BCR du dernierrecensement général.
• . #
Fig.1. 5ITUATIO.N DU DEPARTEMENT DE# # • #
LA LEK~E ET DES LIEUX CITES
o 60 120 '.0, 1 1 j
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Ë3 J. b ,,' 41,1A-/,,,...,
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Densitésde la pOPJlotion
autourde Yaoundé
:> 'a;w "1(6T(J~ ""'11
F/8.~
- 15·-
La Lékié est le plus peuplé des départements de le province"
du Centre-Sud (1). constituant. apr~s le Noid et les plateaux de. .,~:.. ".
l'Ouest. le trosième pOle de peuplem~nt du Cameroun (fig. 2).
La présence d'espaces limitrophes restés très clairsemés
malgré la similitude des conditions naturelles. souligne cette situa
tion démographique pléthorique (fig. 3).
A l'image de son climat et non~ sans rapport avec lui. la
population de la Lékié n'est pas homogène dans ses densités. On y
observe de vigoureux con~rastes ~écoulant tant des variations du
milieu physique. configuration du relief limitant les possibilités
d'exploitation (région d'Okola ~ l'Ouest), pluviosité et hydrographie
déficitaires (Nord et Est). que des ~onditions historiques du peu
plement qui seront évoquées plus avant.
. se rencontrentLes plus fortes concentrations mn pays mangisa (cantons
d'Ebombo et Benyabega : 85 h./km2) et dans la partie occidentale
de l'arrondissement d'Obala (groupement Eyen-Meyong~ 100 h./km2).
~1) Populations et densités dans la Province du Centre-Sud (1967).
f-~~~~;;~;~~;~---T;;;~i~;~~~;-r-;:;~;;~~~~-~~;-i-~~~~~;~-~~~;;~-
Lékié 1 162~614 1 2.995 1 54
1 Méfou 135.068 4.969 1 27. 1
Nyong et Kellé 70. 010 ·6.388 10
1 Nyong & Mfoumou 1 . 52.031 6.1!4 8· .
1 Nyong et Soo 1 60.943 3.615 16
: IFA centre-sud: 932.325· 116~172 8
Sources: Tableau des populations du. Cameroun. ORSTOM, 1971.
"
- 16 -
,Les densités les plus faibles se ~ituent à l'Estd'Obala, b long de la voie ferré~, en pays tsinga (gr~up~m~nt
Bé ny a d a - sud ,: 20 h. / km 2 ). EIle s T!"'e5''Pl3'rtt peu é 1ev é e s à l' 0 uest d a n' s
l' Brrondissement .d'Dkola, pays mon.tagneux où l'avant-garde êton s'est
,t ra uv éeau x pris e s a v ecIe s Bas a a .
Table'3u l Densité de population dans le Département
de la Lékié (1963-64)
69"; 1
1- - -: - --- -'-.-.- - - ,- -T-,- - - - - - - - - -,,-:- - - - - - ---lArrondissement 1 Densité (H./km2) ,-----------------------------_._--~---l, !1 Saa'r
j.: ~!
1 Dbaléj1
Evodoula
1 Monatélé!
Okola
59
56
53
38
- . - ._' ..... -"'-
Les sources statistiques concernant la démographie du département .de la Lékié sont insuffisantes et périmées.. . " . ..~ .
L'enquête par sondage dans le, t:entre-Sud, qui;~emonte fi;',1964, a an-slgcm(Aans un :groupe dit nO. 3, ,les ethnies e'wondo et bané
et une partie d:es Et'o·~'·~-~'~p-résen:t'~~t 49, 5%'ci'es 'è{f·e~tifs:),.
La compa!,aison de la réparti tian par gr,ândes strate's :d' âge
dans les groupés ~t~n,naa-,et en~'~mqïe, ,'dU Sud~ montre que le nombre
d'enfants de moins de 15 ~nset' ·d~',~~~e.. mascÛl:i.n 'ë'st'plUs élevé dans• o.. .. .• ~ • . . • .
le groupe Eton que dans'les deu~ a~tres. Les enfants des~~e féminin
sont en nombre iégèrement'iriférieur aux chiffres correspondan~ pour
le groupe n63m~i~ plus élevéq~~ pour, l'ensemble du Sud. Les
valeurs globales,dans cette strate placent les Eton en tête.
Parmi les sctifs (15 à 49 ans), les hommes sont plus nombreuy
chez les Eton qu'ailleurs; par contre, les femmes sont en nombre
moindre.
flg3 OÈPARTEMENT DE LA LEKIE :DEMOGRAPHIE
0.
--- ........-.-
r' , 8 i
LIMITE DE DEPARTEMENT~
ROUTE ET PISTE PRINCIPALE
CHEMIN· DE FER
densItés de pOQYliltlon
.. PLUS DE 100h/km2
.'100100.
~50a 10[<~3 20050
o MOINS DE 20 .
dbpres A. fRANOUEVILLE ()R5TOM 1973
- 17 -
Chez les anciens. (50 ans et au-delà). les effectifs sont
moi~dres chez les Eton.
Le groupe Eton présente dans l'ensemble oune plus grande
jeunesse. en particulier chez les hommes actifs et 'lés" enfants (40%-- .....
de moins de 15 ans. 88% de moins de 50 ·ans).
Tableau II Répartition de1 00 personnes par tranche d'âge (%)
----------------~---~------
---------~-----------------~anchE - de 15 ansIGroup~ H F E•. -.- - - - - - - - - - - - - -1- - - - - - - - - --
"\
50 ans et +
H F E
Eton 21.5 18,5 40,0
15 à 49 ansH F E
-----------------23,0 25,0 48,0 5,5
------------1----- ----6,5 12,0
____ ..;0 0_-
Groupe 3 18.9 18,6 3.7,5 21,.7 26,6 48,3---------- -----1- - - --- -- - -- ------ ------ -- --Ensemble o, ,
du Sud 18.6 1B , 1 36,.7 22,2 26,6 48,8
6,4 7,8 14,2---- ---------------
.7,0 .7,5 14,5
----------------------------------------~-----------------------~
Le taux de masculinité. qui souligne l'importance de l'émi
gration, est. dans la classe des moins de 15 ans, inférieur à ce
°qu'il est dans l'ensemble du SudomaJs identique à la valeur trouvée
pour le groupe nO 3.' Dans la .claosse active, oil !;lst,' chez les Eton,\ ...
supérieur à ce qu'il est dans les deux autres groupes.
Paormi les anciens., il est nettement moins élevé que dans
le groupe nO 3 et l'ensemble du Sud, ce qui laisse~upposer une
première vague d'émigration importante.
Dans l'ensemble. le taux de masc~linité en milieu étan est
identique à' la valeur correspondante dans le groupe nO 3,' mais infé
rieur à celle pour l'ensemble du Sud.
Tableau III
- 18 -
Comparaison de taux de masculinité.
fl9
!Ensemble !
!
.. 1· , !Tranche d'8ge' .
1 .!moins de 15 ans115-49 ans 50 ans!jGroupe ! ! et + !-----------=-;----------;-------------;------:--------
! !Eton 102 83 77!!
- 1!
1Ensemble du SUdj
102
103
82
82
82
92
89
91
..~.,
..".<
Le ta~x moyen-de natalité entre 1967 et ":1970,: égal· fi 430/00
apparait très élevé; .puisque 1argemen~ supé~ieura celui_ pour l'en-- -
semble du Sud et~ peine inférieur a ?e1ui constaté en vi11ei-Toute-
fois, il est amorti par la ponction due a l'émigDation.
Tableau IV Taux de natalité par g-rondissement dans
le_département de la Lékié.
35,6 0/00
Tableau V
- 19 -
Taux de natalité par grands groupes de population.
---------------------------------! Groupe nO 3 1! 1
~
Ensemble1
36,4 0/00
",.
ICentres urbains! 45,6 0/00 1! !---------------t----------------
Le tau~ ah~J~lde mortalité chez les hommes dans le groupe
11 t;l 3 (s t a t i s t i que de 1 962 à 1 964) est de 1 6 0/00 a ve cd' as s 8 Z." f q r b1 s
variations selon les zones. C'est là une valeur basse par rapport
à l'ensemble de la provihce du Centre-Sud dont le taux annuel moyen
est de 18 0/00.
L'on aboutiraitsn tenant compte de la ponction migratoire,
à un taux annuel d'accroissement naturel de l'ordrè de 2;5 0/00.
II1- Les formations sociales
Les limites admini~trati~~~:du département coincident, grossl
modo, avec celles de l'expansion des ethnies Eton, Mangisa et Tsinga,
fDrmant trois sociétés d'inégale importance numérique, installées
sur des territoires bien délimités, mais peu différentes l'une de
l'autre, tant par le système socio-culturel que par l'origine
historique.
Les Eton, au nombre de 195 000, représentent à eux seuls
90% de la population du département. Les Mangise , installés au
~ord, le long de la Sanaga, sont au nombre do 15 200 soit 7% de l'en
semble. Les Tsinga de l'Est, au contact des premières savanes post
forestières, sont 3 300, représentant 1,5% do la population totale.
Oas minorités diverses, notamment commerçants bamiléké et haoussa,
complètent 18 tableau.
- 20 -
. Ces trois sociétés appartiennent éU groupe dit béti, lui
même inclus. avec les 8ulu et les Fang (ces derniers à cheval sur l~
frontière entre Cameroun et Gabon) dans le grand peuple des PahouinJ
ayant en commun la langue. diversifiée. en idiomes très prochos. les
structures sociales et la référence aux mêmes mythes de création
et de migration (fig. 4).
~es territoires des éléments du groupo pahouin sont limi
trophes; on trouve. du Nord au Sud. les Béti (Ewondo. 8ané. Mbida
Mbane. Evuzok. Eton. Mangisa. Tsinga). les 8ulu (Zaman. Yébékolo.
Yésum. Yengono. Mvélé. Yangafek) et les Fang (Fang proprement cits.
Ntum. Mvaé. Clkak).
Le peuple pahouin compte actuellement plus de 1 000 000 de
personnes. réparties en 20 "tribus". volume qui en fait le groupe
le plus important parmi les 8antu du Nord-Ouest.
A - L'histoire pré-col'oniale.
Seront d'abord décrits les évènements. attestés ou légen
daires ayant trait au peuple pahouin dans son ensemble. Je m'atta
cherai ensuite à la proto-histoire du groupe béti et. à l'intérieur
de cette dernière.' aux populations du département de la Lékié.
C'est.vers 1850, sur les côtes gabonnaises. que les Pahouins
commencent à faire parler d'eux. Des traitants colportent la nouvelle
de l'arrivée d'une "tribu" inconnue. précédée d'une réputation de
terreur. On les appelle Pangwe (allemand). Pahouins (français) et
Paume (espagnol). Ce sont les ethnies courtières qui les présentent
gigantesques, cannibales, féroces. supérieurement armés. descrip
tions de nature à dissuader les Européens d'entrer en contact avec
eux et. partant, à préserver la position privilégiée des côtiers
dans le commerce de traite ..
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- 21 -
A son retour du Rio Muni et de l'Ogcrcrué, Ou Chail lu (1856),
commerçant et explorateur franco-américain, abonde dans ce sens. Il
faudra attendre les expéditions allemandes de 1887 à 1890 pour se
faire une idée plus p~écise des nouveaux venus.
On constate alors qu'effectivement des populations, en
groupes plutôt épars, descendent vers la mer selon un axe Nord-Est /
Sud~OIJ·est, à peu près parallèle au cours du f1"eùvé Sanaga, depuis
les savanes camerounaises jusqu'à la forêt gabonnaise. se déplaçant
à une allure que P. Alexandre, s'appuyant sur l'amplitude généalo
gique moyenne, chiffre à quelques 10 km par an.
Mais cette poussée vers la côte, contemporaine de la péné
tration européenne intervenant en sens inverse, ne se présenta pas,
du moins pour ce qui concerne les courants septentrionaux, sous la
for me d' une i nvas ion, sur un f r 0 n t uni, en u n flot con tin u, mai S·"
plutôt comme une infiltration diffuse, dans des régions faiblement
occupées, selon un mécanisme de bonds successifs que L. Homburger
a justement qualifié de "saute-mouton", les premiers arti0ants, ~Q-..mentanément stabilisés, étant dépassés par de nouvoaux venus qlJ!
s'enfoncent plus avant. Les groupes les plus anciens essaimerorit ~
leur tour lorsque les ressources de leur terroir seront épuiséos,
pour rejoindre des utérins·tenus de leur accorder hospitalit~ et
protection.
Ce glissement progressif de petits noyaux se segmentant de
surcroit à chaque étape, aboutit à une imbrication passablement con
fuse de "clans", dont la structure sera évoquée plus loin.
Les"envahisseurs" semblent avoir, le plus souvent, suivi
des pistes frayées par leurs avant-gardes, en s'écartant volontai
rement de zones de peuplement dense où des accrochages étaient à
craindre.
- 22 -
A partir de 1880, les groupes fang de pointe, commencent è
"bourrer" sur la côte d'où conflits en cascade avec les populations
autochtones de l'intérieur pour le contrôle de l'espace.
Du Chaillu 8t Horn, qui fut, lui aussi, l'un des premiers
à explorer l'arrière-pays du sud du Cameroun et du nord du Gabon,
expliquent llavancée des Fang, au moins à partir de la seconde moitié
du XIXo:siècle, par des motivations à caractère économique tout à
fait vraisemblables et notamment. par le dessein de "court-circuiter"
les intermédiaires les séparant des commerçants européens avec les
quels ils échangeaient leurs pointes d'ivoire, noix palmistes, peaux
de fauves et boules do caoutchouc sauvage contre des produits de
traite tels que fusils et munitions, tiges de métal, tissus et sel,
produits qui, d~s 1856, entraient dans la constitution de~ dots.
Le mouvement croisé'des marchandises d'amont (Est) et d'aval (Ouest)
est d'ailleurs symbolisé par des cérémonies d'échange rituel et de
danse (1)."
Par recoupement des traditions orales, des similitudes.: "/
culturelles et des témoignages européens, on est en mesure de fix8r
le point de 'dépf3rt de la migration en savane, vers le Nord- Est' par. :'. .'
rapport à ia baie du Biafra, dans un pays montagneux, pourvu de lacs
ou de marécages. qui pourrait S8 situer dans l'Est du massif de
l'Adamaoua, hypothèse plus vraisemblable que celle proposée par
Schweinfurth qui penche pour une origine encore plus orientale, au
Sud du Bhar El Ghzal, en pays Azendé.
(1) C'est le bilaba, du verbe lab qui signifie projeter, éclabousseret a u fig uré rai Il 8 r, pro v 0 q u'8 r. Le b i 1 a ba 8 s t und é f i q LI 8 S elancent deux personnes quant à leur richesse, l'une étant désignée comme évolué~ (mvem) et l'autre comme attardée (ngum), Cesqualificatifs correspondent à leur position géographique-par ra:.>port aux circuits commerciaux et aux types de "richosses" qu'cIl:peuvent exhiber. La lutte s'~ngage par des visites publiques avc~dons et contre-dons, chants, danses, moqueries et injures. Safonction est d'assurer un ajustement entre l'économie trarlitionnello et l'économie monétaire. Le bilaba rem;die aux risques ferdamentaux que comporterait toute accumulation personnelle ct 1:".rable de richessos. Il permet 'de réduire les conflits et lGS C:Jr.·,·
pétitions engendrées par l'économie de traite; (BALANDIER. 1~f3,
2ème éd. pp. 503-506; 'WEBER, 1974, b),
- 23 -
Cette migration aurait été entamée dans le courant du
,XVIIIe siècle et les Fang, constituant la première vague, se se-
raient d'abord détachés du tronc commun (en 1790 au plus tard selon
P.Alexandre). Ils auraient atteint la forêt après avoir traversé le
Haut-Nyong dans la partie Est de l'actuel département camerounàis
du Oja-st-Lobo, se dirigeant vers le Sud, puis vers le Sud-Ouest.
Les Sulu, en position intermédiaire, auraient entamé leurs déplace
ments plus tardivement, avançant sur les deux rives de la Sanaga
suivant l'axe Nanga-Eboko -Akonolinga - Sangmélima puis auraient
dévié vers Kribi et Ebolowa è la fin du siècle dernier.' Quant aux
Séti, formant l'arrière~garde, d'abord installés· sur la rive droite
,de la Sanaga, ils auraient traversé le fleuve vers 1840, puis cheminé
vers le .littoral par la rive gauche du Nyong,s'insérant entre l8S
.Sasaa et les Ngumba.
Les points de traversée de la Sanaga par les Pahouins
auraient été multiples au Nord-Ouest de Saa pour les M"~gisaet
Eton, entre Satchenga et Ndjoré pour les Ewondo, entre Nkoteng et
Nanga-Eboko pour les Sulu.
, ,L'épisode du franchissement de la Sanaga a fourni l'~~-des
deux mythes communs aux sociétés pahouines" ,,;;':":'; que l'on retrouve
cependan~ dans d1autressociétés:de"l'Afrique de l'Ouest. ,Cette
traversées est décrite comme une épreuve périlleuse pou~ desvoya
geurs démunis d'embarcations et soumis à un fort courant.
L'intervention du surnaturel se manifeste par l~apparition
d'un serpent gigantesque (un crocodile, un poisson selon les gr~upes)
qui, en réponse è l'invocation des ancêtres et aux sacrifices ri
tuels, s'arc-bouta, ,forma~t un pont sur lequel s'engouffre les
fuyards, poursuivis par des ennemis "rouges", montés 'et vêtus d'am
ples vêtements. P. Alexandre souligne la signification symbolique
de renaissance, que reprend le mythe de l'entrée dans la forêt (dit
aussi du trou de l'adzap) où un pygmée, expression de la symbiose
avec les peuples du nrruveau milieu, s'offre à - guider les migr: ants ,
en perçant le tronc d'arbro qui leur barre la piste.
- 24 -
Le mythe de création commun à tous les Pahouins a des
accents étrangement bibliques à l'origine était Zambe (ou Zamba,
ou Nzama, ou Zok) dont ils sont les enfants et de qui tout procède.
Ils vivent avec lui dans l'Eden,là~bas dans le Nord, jusqu'à ce que,
par suite d'une rupture d'interdit, il s'éloigne, ou meurt, ou bien
encore les chasse .. Abandonnant leurs montagnes et leurs lacs, ils
se dispersent et vont fonder les différents peuples de la terre.
Pour ce qui concerne les Sulu et Seti du Camoroun, los in
formations historiques les plus précises nous sont fournies par los
rapports des officiers allemands Kund, Tappenbeck et von Morgon.
En 1887, Kund et Tappenbeck qUittent Batanga,à une soixan
taine de kilomètres de Kribi. sur le littoral Sud du Cameroun et
s'avancent vers l'Est. à travers les pays bulu, bané, ngumba, mvélé
et éwondo. Ils ne trouvent. au Sud du Nyong que des villages isolés,
sauf aux alentours de Mbalmayo (Ewondo. et Bané) où le pays parait.
au contraire. fortement peuplé.
Au delÀ du Nyong et jusqu'à Yaoundé. dont ils fondent la
station; la population reste dense.
Entrant dans l'actuel département de la Lékié, ils découvrent
les chutes Nachtigal - par eux ainsi baptisées - dont ils constatent
que les abords sont très peuplés (Eton et Msngisa).
En 1889, C. von Morgen. premier explorateur à avoir effec
tué la liaison entre la côte et l'Adamaoua, part de Kribi pour ral
lier Yaoundé, à travers le pays des Bulu, Ngumba (1)
(1) "Nous fDmes reçus très amicalement par ces indigènes qui. parleur langue et leurs coutumes présentaient encore beaucoup deressemblance avec les Batenga de la côte". C. von MDRGEN,1972. p. 26.
- 25 -
et Ewondo (1) dont il note les affinités culturelles et le caractèr8
tout ~ fait récent de l'installation. Il fait ,état d'un glissement
des populations ,vers la côte et de l'expansion usoudanaise" en di
rection du Sud (2). A cet égard, l'installation d',un poste sur le
site de Yaoundé lui parait devoir constituer une protection contre
les razzia d'esclaves dans la région (3).
Morgen atteint ensuite 185 pays éton (4) et mangisa dont
il souligne à nouveau l'identité culturelle avec leurs voisins du
Sud (5). Il constate que les lIes de la Sanaga à hauteur des chùt8s
sont habitées par des Tsinga, alors qu'elles étaient désertes au
passage de Kund en janvier 1BBB. Il estime, comme Tappenbeck.. que
c'est pour fuir les harcellements des Vuté que ces gens s'y sont
installés (6).
Morgan arrive en pays vu té où il rencontre Ngila, l'un des
chefs, vassal du Lamido peulh de Tibati. Il admire ses richesses en
pointes et esclaves et ses farouches guerriers à l'armementsophis
tiqué. Ngila lui dit être venu du Nord avec ses gens, depuis moins
de dix ans.
(1) "Les Yaoundé ressemblent beaucoup par la langue et les coutumesà leurs voisins du Sud les Mpangwe", C.V. MORGEN, ibid, p. 25.
(2) "Ainsi que je l'ai parfaitement observé lors de mes voyages, unepoussée et un glissement continuel s'opèrent depuis le Nord, ,18Sud et l'Est, vers la côte ••• Ces tribus sont toutes ménacéespar un danger commun venant du Nord: la tendance déjà signaléede musu Imans à s'étendre vers le Sud". C. V. MORGEN, ibid. p. 34.
(3) Le poste de Yaoundé offre une protection sure contre la pousséedes Soudanais voleurs d'esclavGs et ceci non seule~ent pour les,Yaounde, mais aussi pour toutes les tribus païennes limitrophos.Ngila aurait certainement poussé ses incursions au-delà dela Sanaga s'il n'avait pas été tenu en respect par l'installat ion des Bl a ncs". C. V. MOR GEN, i bid, p. 34. .
(4) Où il subit une attaque des Essélé, important clan éton.
(5) uNous atteignons de petites installations des Toni qui pour lalangue et les coutumes sont encore apparentés aux Yaounde". C.V.MORGEN, ibid, p. 45.
(6) uLes trois 11bts boisés,habités par des Tsinga, qui prim~tivement
étaient établis sur la rive droite et qui maintenant s'étaientréfugiés ~ pour fuir los hordes de pillards commandés parNgila et Mango, les deux plus puissants chefs des Vuté u . C.V.MORGEN, ibid, p. 48.
- 26 -
Au cours d'une seconda expédition, huit mois plus tard, Morgen trou
ve le Nord de la Lékié rava~é, les villages détruits, les plantations
abandonnées, situation dont il rend responsable les Vutés et les
Mvélé venus de l'Est.
Pour Dominik (1901), autre colonisateur du Sud-Cameroun,
c'est la poussée vuté sur la région de Mbandjock et Nanga-Eboko (rlonG
sur la rive gauche de la Sanaga) qui a contraint les Mvélé à so d~
placer en direction du Sud, puis de l'Ouest où ils vont pOUSS8~ l~s
Bané qui exercent eux-mêmes une pression sur les Ewondo. Il ajoutE,
comme Morgen, que les populations au Nord de Yaoundé se dirigont V3rs
le Sud-Ouest, vers la mer.
Les traditions orales semblent appuyor les assartions de
ces qu~tre explorateurs: les Tsinga, maintenant sur los deux rivEf
de la Sanaga disent 5tre venus du Nord et avoir subi la preseio~
vuté~ les Mangisa auraient franchi la Sanaga après les Eton ;Jl':îL:-;l'['
ces derniers disent avoir occupé la région avant eux.
Pour I. ougast, l'habitat d'origine des Eton se situ8rait
dans la fourche formée par la rencontre du Mbam et de la Sanage, :'ll
certains d'entre eux seraient demeurés, enclavés entre les ~~~bpcr
1e s Lé man d é et 1e s a a s 0 , for man t le g r 0 u p E: " San a g a" ([1 vé 1é. BE \'0 f<. •
Ngoro, etc ... J.
Pour Tessmann, les Eton et autres aeti. ne sont pas vérita
blement des Pahouins, mais des "assimilés", rencontrés sur l~ route
de ces derniers et pris dans leur sillage.
Selon P~ Laburthe-Tolra et M. Eldridg8~1les Bfti no formo
raient au contraire qu'une minorité aristocratique qui s'imposa tant
par les armes que par la supériorité technique aux populations au
tochtones (oloa, Maka,Basaa, Pygméos) dont ils adoptèrent la lé.Jnf:l~c
et de nombreux traits culturels et avec lesquels ils se métiss~ro~1
physiquement.
(1) Cameroon-Tr:Lbone,.·p. 2, n O ·579 du 29 mai 1876.
- 27 -
Les Eton .décrivent leur pays d'origine au-delè du fleuve
Sé~nl:jga, dit Yom, comme "une région sèche où les pluies étaient pluE:
rares et le soleil plus violent. Les·b~tes y étaient nombreus~s ~t
1:.1 chasse florissante •. D' autres peuples étaient· nos· voisins. evo:::
losquels nous étions fréquemment en lutte. Nous en'sommes partis
,nurce que la terre. était devenue stérile et que l'eau manquait; nos
aniants étaient nombreux è mourir. Nous avons été conduits par nos
c~;eTs dans la direction du soleil couchant. vers des pays que nous
pensions plus riches puisque les Blancs venaient y apporter les
choses qu'ils fabriquaient. pour pouvoir les vendre" (communication
personnelle de J. Mbolc. village de Monabol).
M. Bertaut (1929) a recueilli des précisions relatives è
10 ~ernière phase de la migration éton. Ses infqrmateurs dépeignent~. :".-
leurs ~gresseurs comme des cavaliers armés de lances. d'arcs .et dB". ... .. ,'" '.
sabres. s'abritant derrière des boucllers en cuir de buffle. vêtus
de tuniques multicolores et coiffés de longs bonnets qui leur tom
baient sur l'oreille.
'Mais pour les Eton. la tr~vsrsée de la Sanaga ne se fit
pas sans mal: l'un des fuyards. le 7ème de la dernière file, traitre
~ la cause de sa tribu. bloss~ volontaire~ent le serpent de s~ 10nc8.
'L'animal. ici appelé Mot Yom (homme du ~rim)~ s'enfonce d~nsles
Ga~x du fleuve. noyant ceux quise'trou~entsur son dos et laissant
l'arrière-garde sur la ~ive droite ria elle s'établit d'une manière
défini'ci.\l8.
Les rescapés de la rive gauche forment le clan des Mvog
ai:-~()go Mva.rna •. le plus .noble des clans' Eton. Pour Mevoula Olinga (1)
c'est l'un des rescapés. dénommé Anaga Sema qui fonda l'ethnie êton
(ct donna •. pt?ut-être son nom. au fleuve:. OsoéAnaga = rivière- de
An3ga) par son union avec Ase dont il eut un fils 'appelé Eton-Ase,
ancêtra du c:!.an des Mvog BizogoMvama. La tradition êtan place cette
tro'\.~8rs6(i t1L1 li8u-ditNgo Abom. qu~ .pourrait :·se situer vers Mon,atélé.
('1) Ca f7l8 r 00 n Tri bune. nO 591 du 12 j ui n 1 976 •
- 28 -
Pour les Mangisa du Nord du département de la Lékié~ la
franchisaèment~ de la Sanaga s'effectue) semble-t-il~ à hauteur duvillage d'Ebebda II, au confluent du Mbam. On retrouve chez eux lemythe du serpent géant mais l'agression qui cause la fuite dureptile est l'acte involontaire d'un dénommé Dzana Yili qui, faisant fi des recommandations~ entama par curiosité la peau du mons
tre. Une forêt~ voisine de ce site historique~ perpétue le nom dumalheureux expérimentateur.
Parmi ceux que le serpent abandonné sur la rive droite~
la légende a retenu le nom d'Anang Bikele (ailleurs NyumuluiNumba)~
géant cruel qui~ condamné à mort pour meurtre~ fut jeté au fleuvepieds et poings liés et lesté de surcroît d'une pierre de bonnetaille. Intervention divine ou exploit .physique~ Anang Bikele parvint à rejoindre la rive gauche où il fut pris en esclavage. Enrécompense pour sa vaillance dans un combat~ une épouse lui futaccordée. C'est ainsi quiil fonda la lignée des Eton-Be-Ola ou
Beloa~ c'est-à-dire des Eton-Fils-d'esclaves.En bref, les données fournies par la tradition orale et
les témoignages européens permettent d'avancer que les populations
du département de la Lékié~ appartenant au groupe béti et fixéessur leur territoire actuel par l'administration coloniale et l'économie cacaoyère, sont or.iginaires du Nord-Est~ au-delà de la Sanaga.
Elles ont progressé vers l'Océan, attirées par les produitde traite qui touchaient terre dans la baie du Biafra~ leur glisse
ment ayant été accéléré~ dans sa phase ultime et d'une manière indirecte~ par la poussée expansionniste peulh.
Le fleuve Sanaga franchi~ les Eton durent lutter contreles Bakoko et les Basaa déjà en place et qu'ils refoulèrent versl'Ouest (1).
(1) Le clan des Beloa (fils d'esclaves) est plus densément représenté sur les franges du pays où il avait été installé pour jouerle rôle de tampon en cas de conflit avec les sociétés refoulées.Ces zones frontières étant restées~ pour cette raison~ moinspeuplées~ l'équilibre entre population et ressources s'y trouvemoins compromis qu'ailleurs.
•
- 29 -
En 1880, seule date certaine, les Eton avaient atteint
1 "actuelle périphérie Nord de Yaoundé. Lors' des premières explora
tions européennes, le pays était déjà forte~'ent 'occupé, en particu
lier dans la boucle de la Sanaga.
r 1
B - La période-'-cot-oni-g-l-e.
L'accord de 1884 entre les représentants du 2ème Reich
et les chefs Duala, ouvre le Sud du Cameroun à la co1pnisation,
1e~.A11emands devançant de quelques jours à peine les Britanniques
~éjà installés en baie du Biafra.
L'administration allemande, par la multiplication despos
tes militaires et la levée de forces supplétives de recrutement
local, assure la sécurité des pistes commerciales et impose à la
pop u1a t ion des e fi xe r à 1 eu r V'O i sin ag e , i n j 0 n c t ion qui s e ras u i v i 8, .:: .
d'une manière très relative selon les zones. La plupart des villages
en bordure de la route reliant Yaoundé à Oba1a ont ainsi été crées
pour 'nourrir la main d'oeuvre qui y travaillait. Cette situation va
avoir une incidence sur le niveau d'instruction des anciens, plus
élevé dans 1es"vi11ages en bordure de piste que dans ceux qui se
trouvaient à .. l'écart.LO
Fau'te de trouver une autorité sur qui s'appuyer, les Alle
mands désignent des chefs, qu'ils rendent responsables de l'appli
cation des décisions.
Les premières plantations d'hévéas et de cacao voient le
jour (1) en pays fang, bané et bulu~ et la construction.d'une ligne
de chemin de fer, au départ de Douala vers Yaoundé (mitte1bahn). est
entreprise grâce au travail obligatoire (30 j?urs par a~).
(1) introduit vers Campo, en pays mvaé, s'est' répandu d'abord enpays basaa.
•
- 30 -
La première guerre mondiale va tout remettre en cause. Dès
le début des hostilités, Douala tombe sous l'offensive des colonnes
françaises et anglaises, convergeant de l'Ouest et de l'Est. Yaoundé
ne cèdera que le 1er janvier 1916, le colonel Zimmermann faisant
retraite, avec ses forces supplétives et ses planteurs, vers le
Rio Muni et détruisant ses arrières, notamment les ouvrages d'art
du chemin de fer.
Parmi les soldats autochtones- qui, au nombre de 70 000, sui
Virent les Alleman~s dans le~r retraite, 14 000 étaient originaires
de l'actuelle province du Centre-Sud. Ils furent rapidement rapatriés
mais -~~t~ains firent chez les Espagnols de plus longs séjours.
Après avoir envisagé un condominium, les vainqueurs sc par
tagent le pays, partage confirmé par le traité de Versailles puis
par la Société des Nations (régime du mandat).
La partie Ouest revient à l' A-ngleterre, qui l'administre
comme une pr~vince du Nigéria. La partie Est, la plus vaste, échoit
à la Fr~nce, qui y trouve, à tout le moins dans le Sud, une situa
tion passablement anarchique qu'elle aura peine à maitriser : les
ponts sont détruits, les plantations dévastées, les luttes tribales
ayant repris avec lour cortège de violence, les villageois ont fui
à l'abri du couvert forestier.
A ces deux causes initiales de mobilité va s'ajouter la
remise en vigueur et l'extension du travail forcé de sinistre mémoire
(train de Njock), pour faire face aux besoins en main d'oeuvre tant
sur les chantiers forestiers et ferroviaires (on reprend la construc
tion du mittelbahn) que sur les pistes piétonnières (portage) et dans
les plantations européennes, au demeurant peu nombreuses.
Cette institution qui ne sera abolie qu'en 1946, confie
d'abord le recrutement aux chefs qui en abusent, utilisant les assu
jetis à des fins personnelles.
- 31 -
Que ce soit pour répondre aux injonctions administrativ~s
ou pour fuir les risques physiques (1) que ,comportaient ces oblige
tions (mortalité de plus de 50% par dysenterie-, paludisme, malatie
. du sommeil, pneumonie), de nombreux ho.mmes. de la Lékié quittent 18u~'_. 1 • ~,
pa y 5. Les f u y a rd s , qui déc l e nche nt. pa rf 0 i s. de vérit a b les c h l:l S S 13 S f'
l'homme, vont se réfugier chez les 8ritanniques, en Guinée Equôto
riale, à Fernando Po ou au Gabon. Certains n'en reviendront qu'à
l'âge mûr.
Après avoir accompli leurs dix jours de.travail à raison de
huit heurs par jour, les hommes libérés vont, soit rester sur les
chantiers à titre volontaire avec un salaire à un tauxfixo minimel
(2), soit s'employer par-ci par-là, créant des noyaux de peuplement
qui formeront autant de foyers d'appel. D'autres partiront vers
8étaré à la recherche d'or.
Dans les villages, on réquisitionne les vivres pour nourrir
le centre administratif et commercial de Yaoundé en cours de forma
tion et les ouvriers trav~illant sur les chantiers voisins, notam
ment le long de la voie de chemin de fer. Ces vivres devant être
stockablas, on impose le riz et l'arachide et l'on rend les "chefs"
responsables des tonnages. Des sanctions sont infligées lorsquo.les
quantités ne sont pas respectées. Les porteurs de produits coloniaux
vers la côte, 'de" produits manufacturés vers'l'intér~eur, de maté
riaux de construction de la forêt vers la ville, sont donc nourris
par les popu lations environnantes, c'est-à-dire par les femmes~· En
'échange, ont lieu des dï"St'r'ibUt1.on-S: de \S'C!vorijj.evêtements, plus· tard
de numéraire.
(1) en 1925, la commission permanente dos mandats constate une mortalité de 61,70 0/00 sur les. chantiers ferroviaires (LEVINE,1870).
(2) Deux catégories d'ouvriers travaillaient:à la création du cheminde fer: les "externes", autorisés à rentrer .chez eux en casde maladie et les ouvrier~ "de contrat", engagés par conventionet ne pouvant se libérer.
- 32 -
C'~st e~tre 1920 et 1933 que le système va avoir les effets
les plus déplorableS sur la vie sociale et l'état de santé des popu
lati6ns : perturbatiri~s dans les ménages, dues è l'absence des hom
mes valides, déclin de la natalité accéléré par la malnutrition, la
diffusion des maladies vénériennes et les nombreux cas d'avortement
en début de grossesse par suite d'efforts excessifs.
L'ordre rétabli à grand peine, l'appareil administratif
français se met progressivement en place. On crés les "groupements"
(ensemble de villages) dôtés d'un chef. Au sommet, son autorit8
s'étendant sur toute ou fraction de l'ethnie, 10 chef dit "supérieur"
~ure cr~~tion du colonisateur, toujoursembarassé face è des sociétés
sans pouvoir politique centralisé. Des tribunaux coutumiers sont
org a ni s é s,50us l' au t 0rit é de" no ta b les é vol ué s " • Les v i Il ag e s au
bord d es pistes retr ouvent progr essivement leur Eflimation.
Dès 10 début du mandat français fut instauré l'impôt de
capitation en espèces pour inciter les populations è se procurer des
revenus monétaires par des activités agricoles ou .salariées. Jus~
qu'au début des années 30, la seule culture de traite était l~noix
de palme, dont les cours étaient fort fluctuants. Ainsi, en 1926,
pour s'acquitter de l'impôt, un couple devait foupnir une trentaine
de kilos de noix, soit un mois de travail (2). Dans les années infla
tionnistes qui suivirent, il fallait près de 200 kilos soit 7 mois de
travail (3). Les enfants. collaboraient è l'effort, payant ainsi
eux-mêmes leur scolarité (4 à 5 kilos:par mois).
(1) l'initiative en revient aux Allemands.
(2t è raison de 5 heures par jour~ le travail comprenant la collecte,l'extraction do "la noix et son transport.
(3) fI.rchives NationaYes du Came'r'oun, Yaound"é, APA 10904/8.
- 33 -
C'est à partir des années 30 que les cultures cacaoyères.
jamais imposées. se répandent chez de petits ~roducte~rs paysa~s
qu'elles finissant do fixer sur leurs terre. Oes:tbopératives de
commercialisation voient le jour. sous le contrôle de l'administra
tion coloniale; des st~tions expérimentales sont créées. des vulga
risateurs et moniteurs parcourent le pays.
. !"'.C - l' act iO·ll'iTiTs s~onn air e.
Les Pahouins du Cameroun appartiennent aux diverses églises
chrétiennes. catholique et réformées.
L'implantation chrétienne dans le Sud du Cameroun est an
cienne puisque c'est en 1830 que les pères pallotins allemands s'ina·
tallaien~ à Marienberg. suivis par la mission baptiste de Londres
à Douala en 1945 et la mission présbytérienne américaine ~ Ebolowa
(pays bulul en 1847.
Les variations selon l'ethnie (Bulu protestants, Séti cath,)·
liquesà 90%) ne sont donc pas l'expression d'options individuelles
mais s'expliquent historiquement. ce qui n'empèche pas les pass~g8s
d'une confession à l'autre d'être fréquents.
Les missionnaires catholiques ont très tôt entamé une lutte
violente contre les cultes animistes. interdisant la pratique des
rites et détruisant leurs supports matériels. Ils dénonçaient la
polygamie coutu~ièie et le mari~ge tr~ditionnel. De nos jours. la
tolérance est beaucoup plus grande et certains rituels jugés compa
tibles avec la doctrine chrétienne sont acceptés.
Les missions sont à l'origine de divers mouvements ruraux.
jouant un rôle d'animation. d'encadrement et d'assistance de la
paysannerie : association des Jeunesses Catholiques. coopératives
d'achat et de commercialisation pour agriculteurs et éleveurs. Les
missions assurent aussi le fonctionnement d'hôpitaux et dispensaires
ruraux.
- 34 -
Les sociétés de Lékié sont relativemont peu raprésentéos
parmi les élites camerounaises mais elles ont été au premier plan
de la vie publique des années 50 à travers l'un des leurs, Andro
Marie Mbida, d'origine éton.
En 1955. éclatent dans le Sud du Cameroun. encore sous m3n
dat français. de violentes échauffourées. en'particulier à Douala
et Yaoundé. Les dirigeants de l'UPC, mouvement nationaliste r~volu
tionnaire fondé en 1948 par des syndalistes et qui b~~ son action
sur l'indépendance immédiate/a~seB~~~rCamerounot leur unification,etl
sont tenus pour responsables/poursuivis pour atteinte à la sOraté :;0
·l'Etat par le gouverneur Roland Pré. Certains sont arrêtés. 105' au"
t r es p renne nt 1 e maquis • An d r é -Mari e IYI b i da • a nci e·n s é min a ris t ec :1 S ;
les pères du Saint-Esprit. enfant du pays et personnalit{; po1i-ci~iIH,
soutenue par les catholiques. plaide en faveur d'uno amnistie.
LE) 23 juin 1956. le Cameroun est doté d'un statut d'ducn
nomie int~rne. prélude ~ l'indépendance. par la loi-cadre (dite lo~
Deferre. du nom de son pro~oteur). La puissance mandataire ne conSL~
ve dans ses prérogatives que les décisions d10rdre public, les QU8S
tions de défense et les relations extérieures.
En février de la même année. les élections législatives
françaises anticipées. provoquées par la guerre d'Algérie, avaient
vu la défaite du Docteur Louis-Paul Aujoulat, d'origine françei3e.
fondateur "., :". en 1952 d'une filiBlo de la CFTC puis Bnimntour
du Bloc Démocratique. au sein duquel il avait attiré A.M. Mbida.
C'est pré?isement ce dernier qui est élu, sans que des divergencGs
politiques entre les deux candidats interviennent.
Mbida siège donc au Palais·Bourbon comme député du CAmeroun,
apparenté socialiste.
- 35 -
En décembre 1956. doit être élue l'assemblée législativE
camorounaise qui va :f.pF)Tler le nO,uyeau gouvernement. Le:.> leaders De
l'UPC interdite. mais aussi les nationalistes modéré~. rejettent
cette procédure et boycottent le scrutin (55% seulement des électeurs
sere~den~ aux urnes). Une ca~pagne terroriste et de sabotage S8 dé
clenche dans le S~d et en particulier en pays basaa~ fief de l'oppo
sition armée.
C'est dans cette ambiance que le haut-commissaire fait
appel à A.M. Mbida pour former le premier gouvernement (15 mai :1957).
~a list8d~s 06~ocrates Camerounais. dont Mbida est le leader. est
passée ha"utJla main (20 sièges) ,ce qui place'le premier ministre à
la tête du groupe parlementaire le plus important.
Mbida est donc investi par l'As,sem~lée,~t s'allie aussitôt
au g~oupe de l'Union Camerounaise. formée surtout d'élus du Nord.
Le premier Ministre entame alors une lùtte violente contre
l'UPC au nom d'un catholicisme agressif. qui va finir par inquiéter
musulmans et chrétiens.' Il'demande à la France des'renforts pour
Rcraser les rebelles. Son attitude intransigeante va raviver la
guérilla alors que le gouvernement français. accaparé par l'insurec
tion elgérienne.~~ouhaite. par une ouverture à gauche. une réconci
liation nationale., Mbida et son partiBst~ment que le Cameroun n'est• • ", '.' ••••• 1
pas encore mûr pour l'indépendance. que. cette dernière doit être: .' ••0 •
retardée d'AU moins 10 ans et réalisée pa~étapes. La réunification
n'est pas évoquée.
, A la recherche d'une solution ,de rap~ange dont Mbida serait. ..: l: ."_ '"', .
:êcarté. Paris. envoie le haut-commissaire Ram~dier, qui entre immé-
diatement en conflit avec Mbida en voulant prendre l'UPC de vitesse.
Min'5:l'-..ritaire en conseil des ministres. et après le retrait du gouver
ne men t. 1e 1 1 f é vr i Gr, :Hl 5B. des r e pré sen tan t s du g r 0 up e "Uni 0 n Cam e
rounaise". A.M. Mbida démissionne.
- 36 -
Mbida fut victime autant des circonstances que de son
autoritarisme. Le 17 février 1958, il quitte le Cameroun où il
dit se sentir ménacé et s'installe à Conakry. Il s'allie alors aux
membres de'l'UPC en exil.
Il rentre au Cameroun en 1960, pour former le Parti oémc
cratique Camerounais. Il est arrêté pour activités subversives Il
23 juin 1960 après le manifeste du Front National Unifié.
Aujoud'hui. frappé de cécité. André-Marie Mbida s'est
retiré dans son 'village. L'échec de Mbida. très soutenu par le3
siens, sera vécu comme une épreuve par le pays éton dans son entic
qui en ressent encore les déboires. Les trop rares élites en ont
indiscutablement souffert •
... : r. .. '
E - L' or-g-an1-s-at :I:-b-fi--s.c-e-e-l e".Les formations sociales appartenant au groupe dit pa
houin. présentent des structures identiques ou très voisines.
Ces sociétés sont qualifiables de lignagères. (virilocales et à
prédominence patrilinéaire). non stratifiées et acéphales.
Bien que ces groupes jouent un rôle fondamental dans l'cr
ganisation. la terminologie qui s~rtà les désigner reste très fIeu
un même terme pouvant être employé pour définir des groupes d'ex
tension différente (ainsi mvog et ayon) .
Le niveau d'appartenance le plus large est la tribu
(~) qui se définit par référence à un ancêtre mythique commun.
Le patriclan dit aussi~ ou mvog. na1t d'un des fils du fonda
teur de la tribu et en porte le nom. C'est l'unité politique ma
jeure. Tout rapport sexuel est prohibé entre membres de l'~
(règle d'exogamie). L'extension démographique d'un clan est très
variable, allant de moins d'un millier de membres à plusieurs
dizaines de milliers.
- 37 -
.-~~~~ Par suite des conditions de pDogression au sud de la Sa-•• '.h" ~ ~
naga. un même clan va se tr~u~er piésent en p1usi~urs points du
territoire tribal, voirefraction~' entre deux tribus. C'est ainsi
qu'on retrouve les mêmes clans en pays éton et bu1u, les règles de
solidarité et d'exogamie ~estant en vigueur.
A l'exception de la distinction opérant en pays éton entrr
mvog-bétsi, d'extraction noble et -mvog-belpa. formés d'anciens,'. ~.~.
captifs, il n'y a pas, à proprement parler, de hiérarchie entre
ces clans, tout au plus des différences liées au prestige acquis
par la richesse ou la vaillance.
La re~arque qui précède, relative à l'extension territo
riale des clans et leur imbrication, lai~se à penser q~'i1s pré
existent aux "tribus", lesquelles se seraient, en quelques sort~,
différenciées en cours de migration.
Les fractions de clans (ayon)
sent des épouses du fondateur du clan,
cune d'entre elles donnant à leur tour
(~) (1).
ou lignages majeurs, naif
les enfants m81es de cMe
naissance è de~:~ignag8E
. " ~. :.. ~. .
"' . ~' L' C }
Le lignage (ou lignage moyen), du fait que le cacin
d'abord, puis la multiplication des possibilités d'emploi IH)~'ll:e'c'
tent de s' ém~'~di\p~ei~'" très:'t'O'·t, a aujourd' hui perdu toute fonction:; :; .~: .'. ;' ,"' " ,',. ~: . ',: . . :-."> :,:.\,..
économique mài s":ret 1'0 UV8 'ls·â" co hé sion et- sa. s ign if i catt'on~, d' in st an te. - - -, - -', '.~-~' --
---------------------------------------------------~----------------.\.' ~'1 \i j";.
(1) Il était fréquent que l'ainé (nto1) d'un groupe résidentiel'incite se~~épendants,;;fr~re:s.[G_éldetsou fils, è aller fonderleur prop~e concession ~ l'é~~~t, de manière à/rapprocherl'habitat;d~i terres ~. ciultur~, à éteindre 1e~ quere)les ent:·~familles é1ementaires, tout en élargissant l'ét~hd~~~:f~~ritoria1e de son antorité.
La politique coloniale de regroupement a contrarié cette tendance aff~rmée à la fragmentation. Il s'en est suivi uneperte d' au'tOl'lomie des peti teE! _unités réside-ntiel1es au profitdes plus larges. Ainsi vers 1920. chaque chef de village devait répondre de plus de 1 000 personnes dont 300 hommes(APA - 11828/J, Archives Nationales du Cameroun, Y~o~ndé).
- 38 -
Politique à la faveur d'évènements remettant en caose les rapports
avec l'extérieur, tels mariages, ruptures d'interdit sexuels,
·décès.
En pays éton, il est encore structuré, c'est-à-dire
doté, à l'image de l'appareil administratif, d'un président (~~y~
nda-botl, d'assesseurs choisis parmi les hommes murs (généralement
les chefs de nda-botl, de secrétaires et plantons.
Le niveau d'appartenance le plus étroit au-delà de la
famille nucléaire polygamique (menda-bot), est la fraction de li
gnage ou famille étendue agnatique dite Nda-bot (littéralement
mai son - des - ho mni es) • EIl e ras sem b1eau t 0 ur _~D " l' a~ né au. ntoI
mot, qui en assure la responsabilité tant à l'intérieur qu'à l'ex
térieur, ses épouses et leurs enfants, ses siblings et half-siblin~"
leurs femmes et enfants, les veuves de son père, ses soeurs non
mariées.
La nda-bot correspond à un groupe résidentieL carrstit.lié d:J
plusieurs unités mitoyennes pouvant atteindre la taille d'un quar
tier. Elle pouvait, autrefois, former à elle seule un village
ou tout au moins, un hameau.
L~ nda-bot dispose d'une maison commune (abal dite aussi
corps de garde (en souvenir de son rôle défensif de par sa positior
topographique) où les hommes prennent leurs repas et s'entretien
nent de leurs affaires.
L'autorité du ntol-mot ou anym-nda-hot "la bouche de la
famille", l' "ambassadeur", se fonde, à l'intérieur sur le princi
pe de séniorité, à l'extérieur sur sa richesse en biens (par le
jeu de la circulation dotalel et en femme$(tant comme donneur que
receveur). L~ nda-bot est donc une instance à la fois résidentiell:
économique et politique. C'est d'ailleurs le niveau le plus élevé
d'organisation politique.
- 39 -
Du f~itdes regrriupements et déplacements de villages.
que C3 soit sousl~ c~ritr~{~~e-~u bien de plein g~é. pour se'
rapprocher des voies de communication. le"village n'e~t'~plus:une
'. c' Il - icominunauté historique, ';li./s~esr fractionnée. dispersée. les
ay~n ~yabt éclaté. Il n'y a plus identité entre groupe de.:r~:-:
3id8n~e et groupe de descendance.
. " .
2) - Les r~ lB: t i 0 n.ê.._ q.~~_p ~ r~!1~~. et d.' ~.ll.f~ c e..~ .
La relation du fils au père- est empreinte de respect et
d'o!Jéissance; le fils reste étroitement soumis à son père jusqu'aIl
:nariiJge et au-delà'. l'1 doit lui marquer ·en toute circonstancedd.es
sentiments de déférence. En contre-partie. il est en droit d'a~-.~ .'
tendre de' iui as~istance. édubation et. lo~s~u~ il aura atteint. " ; "" ;',.r-, :~
.1'8go nubile. son aide dani la réunio~ d~ l~ compensation matrimo-
niale. Le père donne son ~~~c~ux enfant~ et assureleur'instpu~tio
Les rapports entre générations alternées sont affectueux
'èC trüs libres; Entresiblings des deux sexes. les relat,iorJs sont
de co'rifi~n6eet soutien"mutuels •. teintés de rivalité vis-:-à"7vis
. rj u . fJ è~9"1 0rEl qu' ils ' agi t -: d e' h a l f - s i b lin g • s i t ua t ion - en g end rée
par:ia' p~l~ga~ie.·"} . ~ . ,
Les rapports entre oncle (nyandomo = mère-homme) et neveu
LI t 8 r i n (~:~1) rel è ven t deI a par e n t é dit e "à pla i san ter i e "
bien tonn~e. m~i~ ~ui h'en. constitue que la dimension la plus
a p par e n te.' Car. 's i' l'oncIe ::p ~_l.! t t 0 u r n 8 r end é r:.i s ion l e n e ve u •
l'abi'8uver d'injur:es cet·'·si •.en contrepartie.' le neveu se comporte
:r83' librement vis-à:...Vis des biens de l'oncle et même de ses
{~ ç; 0 U S fj's. l e f r è r 8 deI a mère est a van t ·t 0 u t lep rot e ct e ur. l e
confident. le refuge en cas de conflit· avec le lignage du père.
C'~p6use d~it:~ourvoir son mari d'une nombreuse.descen-, : • • -... ",.. 1. .
dance et lui être fidèle. Elle s'acquitte de ses obligations de
~ub~i~t~nce'grêce à Ijacquièition de droits fonciers par son in
termédi~ire~-Le mari doit en effet fournir à ses épouses (c'est
Gr: fait sa propre mèréqui s'en:charge"Ldes.parcelles"pour les
cl:ltiJrés vivrières--et-aider· à-leur défrichage lorsqu 13 nécessaire.'.,' ,
i.
- 40 -
Il doit aussi contribuer aux frais du ménage en finançant
les achats de viande. de seL savon. pétrole, vêtements et prendre
en charge l.'instruction des enfa~ts. Dans tous les cas. il assure
1e .10 g em e. nt et. en pr inci p e, s,o.n ,e nt r e t i en.
Entre épouses. les relations sont de respect vis-è-vis
de la~pl08 ~ncienne, derivalit6 par rapport au mari, d'amitié
et d'entr'aide selon les affinités.
Le mari ~este un perp~tuel débiteur vis-à-vis du lignage
de son épouse car, comme le dit le proverbe "la hotte de la belle
mère ne se remplit jamais" •
. Légitimant la possession de la descendance, è la base
des .rapports.entre nda-bot appartenant è des clans différents •
•.. ') i.n terven a n t /'1 gn are st i g e et 1 e pou vair ace a rd é à unI i g nage 8 t à
un individu en fonction du nombre d'alliances dont ils peuvent se
prévaloir~ jouant enfin dans les relations interpersonnelles è
l'intérieur de nda-bot~ elle est présentée par les anciens comme
instituée récemment. Son'apparition aurait précédé de peu l'in
te~vention européenne, par substitution à l'échange.matrimoniale
généralisée entre clans. Le vol de femmes semble avoir été la
principale cause de conflits et c'est par l'échange qu'on y
mettait fin.
Vers 1870. la dot était encore composée de valeurs tradi
tionnelles: objets de fer ou biki(.1)servant d'étalon, lances, béta:
·ivoire. corbeilles. seL Bientôt, des marchandises d'origine
européenne vont y entrer. tissus. fusils et munitions. suivies
par le numéraire. attesté en 1920 dans· le Sud du Cameroun.
Les premiers administrateurs relatent que les femmes se~
vai ent parfo is de gages dans 1 e cel èbre j eu de ha sard dit ~bia.;
"ou un homme t~ès riche pouvait se retrouver. en quelques minutes
t~ès misérable". Il était déj! inte~dit à l'époque allemande. On
conçoit que ce~tains. se~vis par la chance, aient pu amorcer, par
1 e jeu, l' ace umu 1 a t ion des b i e n's de· pre s t i ge • ,.
- - --- ------'-- - ~ ...'- -_.~._-- - --- -- ---- - - -:--------- -"------ --- - -- -- ----
( 1) e n for me d e t ê tes d 8 f re che 5 p 1 et e s li é e sen fais ce au •l ' uni t é é tant le f ai 5 ce al •
- 41 -
Quelques soient les conditions de financement~ la dot
circule ~ l'int~ri~ur des deux nda-bot en pr~sen~e,. ~ous le contrô
le des an~iens. Le:frère se mariera plus ou moins grâce ~. la dot
de sa soeur (1-), . dont le montant, récupéré par le _n t 0 1- mot du
lignage de l'épouse: servira au mariage du beau-frère, etc. De,la
proche en proche~·-tous les membresd-:a:.Ioda-bot se trouvent con-
cernés.- Cett~ cifcul~tion ~c1aire les rapports des enfants avoc
leurs oncles utérins et leurs tantes agnatiques.
Avec la diversification des sources de "richesse", et
la monétarisation de l'économie, la dépendance des jeunes à l'é
gard des ainés s'allège, puisqu'il vont pouvoir réunir le montant
de la dot en accumulant par eux-mêmes, chose impossible autrefois
où les· valeurs étant 'concentrées entre les mains des doyens de
lignage, c'est par eux qu'il fallait passer pour rassembler les
biens entrant dans la composition de la dot.
Toutefois. cette évo1utiori n'a pas pour autant affaibli
la prééminence politique des a{~~s. qui continuent ~ en contrôler
la circulation (2). L'inf1atio-n(jota18 (3) d. au contraire. con
·forté leur prestige. Elle a eu pour autre cons~quence de retarder
l'Sge au mariage chez les hommes etde le rendre plus précoce
chez les femmes.
--------------------------------------~~------------------------
( 1) Cha c und e s ga r ç 0 nses t , dan 5 ce r t a i n e s f ami 11 e s ,a ppar i é enquelque sorte à sa cadette; c'est gDêce ~ la dôt de cettedernière qu'il pourra ~ s~n tour prendre femme. ·Un déséquilibre
~~. entr~ les sexes risque de bloquer 1~ circuiation. D'oD l'injonction du père au fils sans soeur "d'ailler trouver sa dôtchez son oncle". ce dernier (oncle utérin)· étant tenu pourresponsable d'une épouse (sa soeur. dont il a utilisé la dot)incapable de mettre au monde des fi11es'en nombre suffisant.·
(2) sauf exception (cf.~ le rapt), un jeune ne peut entamer 1uim~me les négociations de mariage. Il doit passer par son nto1mot, lequel prendr a'ïangue avec son homologue dans le lignage~la fille convoitee.
(3) La dot peutreprése~riter jusqu'à un an et demi -de revenus.. : l.'.cacaoyers ..
.:.
- 42 -
La dot réglée. totalement ou en partie. l'épouse »appar
tient" (1) au lignage du mari et. à ce titre. revient à l'héritier
(généralement le frère cadet). en cas de décès.
Le mariage. pratiquement conditionné de nOS jours par
l'indépendance économique. sauf peut-être pour les aînés de famil
le (2) ~ en reste l'un des principaux critères. Dans le cas où
l'on n'a pas les moyens d'accumuler par soi-même et où l'on n~
veut. pour une raison ou pour une autre. faire appel au lignage.
on peut forcer la coutume par le "rapt". L'expression. m,Oql !i].l/i v.::. __
Donuodlov- -; à la 'brBdtbtion.lest -en fait assez impropre car, il
s'asit d'une fuite concertée de la jeune fille qui va rejoindrn
l'homme qu'elle désire épouser. Tout au plus est-elle parfois
soumise à un chantage à la rupture pour la décider ~ quitter le
domicile paternel.
Dès lors. c'est au lignage l~'Ia:! VDrse qw' il "'flP-PeI'-tie-nt de
faire connaitre le montant de ses exigences. dont le prétendant
obtiendre plus facilement le fractioneement.
Cette stratégie. en plaçant les deux lignages devant le
fait accompli.. permet à un choix mutuel de se réaliser malgré le:;
oppositions familiales. Le ".~~" court-circuite des négo(;i.::.tLJIH5
(1) La femme s'est libérée de la dot en ceSBn~ qu'il lui est loisible de refuser de rejoindre un mari qui. lui a été imposé oude quitter ce dernier sans risques de contrainte. Cependant.l'a ban don d u dom ici l e con j ugal v a en tr a i n e r n é ces sai rem e nt d e ~ i
ennuis pour le lignage de l'épouse. en particulier pour sonpère et son frère, tenus de rembourser la dot.
La femme mariée sst considérée commelétrangère dans sapropre famille. et , sera mal accueillie.' à moins qu'un secondmariage ,~oit en vue po~~ financer le remboursement de la dotavec quelque chance de profit.
La femme qui fuit perd de surcroît la j~uissance de ses~nfants qu'elle ne peut conserver avec elle. et les droitsque les épouses de ses fils pourront plus tard exercer sur lesparcelles vivrières qu'elle cultive-risquent de lui échapper.au profitd~~ autres ép~~seset deleurs,enfants. .
Il Y a donc une pressi~n ;soc-i~ie très forte pour mainteni:la femme, mariée, nolens valens, dans le lignage marital. Laveuve (nkus)- conserve. elle. tous ses droits et assure latutelle-ae-ses emfants. en partage avec celui désigné commele successeur du défunt. Dans de nombreux cas, les divergeBce~
d'intérêt sont telles que des conflits éclatent durant la mine'r~~:té des enfants ou lors de leur émancipation.
(2) La règle est que l'aîné soit "doté" par le père. En pratiGueles situations sont variables. Le père a d'autant plus tendar~
à se décharger que les enfants travaillent.
- 43 -
ceux de:ses ainés dont il souhaite s'affranchir ou bien qu'il
veut éviter d'engager, les sachant démunis. Le lignage adverse
p'8ut s'entourer do garanties s'il juge la situation matérielle
du prétendant douteuse; on refusera, par exemple de délivrer le
certificat de mariage exigible pour légaliser civilement l'union,
avant le règlement complet de la dett~· matrimoniale (1).
c'est ainsi que l'on peut rencontrer de jeunes couples
mariés coutumièrement mais non civilement bien que chargés de
famille. La nécessité de faire face à l'entretien des enfants
handicape fortement le père et repousse encore plus avant le
mariage religieux, qui prend généralement la signification d'une
aff{rmation sociale et partant. est extr~mement dispendieux.
Oans certains cas, notamment celui de revenus salariés
réguliers, les beaux-parents peuvent, à l'inverse, souhaiter un
paiement fractionné qui leur assure une rente~ .~~:
4)- Nature et formes du pouvoir'
Les sociétés,de la Lékié sont à ranger, quant à l'orga
nisation politique. parmi celles désignées du t8r~e privatif
d'acéphale ou anarc~ique. Il existe pourtant des formes d'auto
rité institutionalisées mais S8 réf'érant non pas au' contrôle
te~ritori~l mais à 'la position émine~te dans un groupe de des
cendance, en vertu du principe de séniorité.
Cha que 1i g nage ( mv 0 g ) est pla'ci é soli s ' 1a tut e 11 e ' de
l'anym-nda-bot, sa "bouche n, son porte~parole, ,a~sisté des doyens
de chaque segment de lignage. C'est bisulan. la réunion du ligna
fa; Les grandes décisions sont donc collégiales et toujours lente
parce que nécessitant des consultations aux niveaux inférieurs.
(11 Cette pièce n'est plus exigible dès lors qu~ la jeune filleest civilement majeure.
- 44 -
Au delà. on ne reut plus parler de pouvoir mais dc prét
minences individuelles fondées sur l~or8sti~6 : richesse. as
cendant. vaillance au combat, etc. Lorsque la conjoncturo l'exige:
opération de chasse. entreprise guerrière. expédition commerciale
vers' la côte (impliquant nécessairement desrisqu8s d'affronte
ment), on se donne un chef ad hoc, choisi pour ses antécédents.
L'affaire conclue.llindividu~r.ebrouvesaplace dans le lignage
mais son prestique en sort accru.
On retrouve dans les trois sociétés de la Lékié des
traits d'organisation sociale et des conditions historiques com
munes à bon nombre de sociétés acéphales. fournissAnt des éléments
d'explication: ce sont des groupes de taille réduite organisés
selon la parenté qui formaient, jusqu'au début du siècle. les
unités résidentielles. lesquelles se présentaient donc comme homo
gènes. Se trouvaient soumis à l'autorité du ~~l-~~t et du
bisulan la totalité des individus vivant en commun. Trait signi
ficatif, les esclaves, qui créent une différenciation en
deux ordres. sont intégrés aux groupes de parenté dont ils dé
pendent et traités comme des mineurs sociaux.
Une société concrètement formée d'unités rosidentielles
homogènes quant à la parenté peut plus facilement faire l'éco
nomie d'une structure politique à référence territoriale.
Dans le cas qui nous occupe. c'est l'administration
coloniale qui en faisant exploser les segments de lignage. a
rendu les unités résidentielles plus ou moins composites.. '.
L'homoR6n§ité des Eroupes sociaux traditionnols s'ex
pliquait par le mode de production : cueillette et cultures iti
nérantes.ne favorisent pas 'la formation d'unités résidentielles
de taille importante pa~ accumulatio~ démographique. Un groupe
trop nombreux se segmente. Lorsque les déplacements territoriaux
conduisent deux groupes non apparentés è se trouver en position
de voisinage. on s'empresse d'établir des alliances matrimonia18;
gages de paix. tout en restant à distance.
,:
- 45 -
Du fait des ~éplacements fréquents sur un territoire
peu occupé. les rapports de l'hommd~' la t~rre sont peu éla
borés. On ne connait que des droi~s d'u~age issus du défrichage.- , .
Lorsque le groupe change de site. la terre redevient res nullius.
Or. on sait que les hiérarchies en matière de droit foncier
portent souvent les germes d'un pouvoir politique è car~ct~r8
territorial.
Il est d'ailleurs significatif que ce soit la parenté.... '. .
et non la topographie qui fournisse les repères du' paysage: je
suis ici chez les Mvog Ngaba et pour aller chez los M~~~ Nama.
il me faut traverser les Mvog Kani et Angoa.
F - Les mentalités. -,
Les,gensde la Lékié sont volontiers dé~eints:par leurs
voisins du Sud. Ewondo et Bulu. comme des rustres,: mal' dégros
sis. "attardés" et un peu bénêts (1) ,qualificé3.tifs qui ne sont
pas sans évoquer leur position historique par rapport aux pro-o ••;. '. • ••" •
duits de traite. à la diffusion du christianisme et plus géné-l ,.' .' ! .' ~ . : .'
ralement aux modèles culturels européens. On pense aussi aux
partenaires du bilaba.
Eux-mêmes m8~i~ni ces jugements au compte d'~~;!fran-.:1" _ .... :.~'l(J.:: "'"
chiss sans détour qu'ils opposent au nhariselsme de leurs de-
tracteurs. Ils se plaisent à exalter leurs vertus paysannes.
sens de la terre et attachement au pays. obstination dans l'ef
fort. hospitalité pour l'étranger. goOt de l'épargne (2).
(1) Deux anecdotes circulant en pays ewondo : U~ jeune Eton s'envient à la ville prendre livraison'd'e "l'engin" -qu'il convoite.S'il est bien averti des manoeuvr€s de mise en 'route. il ahélas. omis de s'assurer de celles indispensables à l'arrêtdu véhicule~Après"avoir6aracolé au milieu des villageoisadmiratifs. il doit poursuivre son man~ge. jusqu'à épuisementdu carburant. . .
- Le même. "vigneron". ayant médité sur la' chûte descorps. et sous l'impression des exploits des' troupes aéroportées. se jette de son palmier muni d'une ombrelle.
(2) Un Eton déclare à J.C. Barbier qu'il se sentait plus proched'un Bamiléké des plateaux (dynamisme économique. cohésionsociale) que d'un "sudiste".
- 46 -
Ils se reconnaissent une humeur parfois batailleuse,
surtout après boire. ainsi qu'une facheuse tendance aux réac
tions de dépit devant les succès d'autrui, réactions qu'ils
vont jusqu'à rendre responsables de leurs difficultés présentes
(effet de nivellement évoqué plus loin).
Une préeminence trop manifeste suscite des chocs en
retour dus à la Ujalousie n apportant le malheur. Aussi, doit-on
se montrer discrèt dans la réussite. à moins de n'avoir em
prunté des voies agréées. l'accès aux emplois de bureau étant
l'une d'ontre elles.
Tout décès d'un individu ayant acquis un certain poids
social est a priori suspect. il ne saurait être naturel. L'in
humation ne pourra avoir lieu qu'après qu'on ait donné réponse
~ la question : nPourquoi (et sous-entendu à cause de qui) est
il mort? (1).
Sur le marché du travail. les Eton sont réputés compé
tents. durs en besogne et moins portés à la contestation que
leurs voisins du Sud.'
Les représentations et attitudes face au changement
technique semblent découler de quelques principes dont la mé
connaissance a pu être à l'origine de malentendus et de déboires
dans les actions de développement agricole :
(1) Des plantations plus vastes. mieux réussies. une case plusdécente, des épouses plus fécondes. des affaires plus prospères ..• tout est motif à jalousie et la conséquence de cesentiment. c'est. à ce que l'on croit souvent avec raison,la mort de celui qui l'excite. LE TESTU cité ~ propos desFang· par G. BALANDIER. 1963. 2ème éd .• p. 141 ....
nQuiconque a des privilèges est envié. quiconque exercel'autorité,fait des mécontents. bien des chefs sont mortss'en s'y attendre, bien des jalousés n'ont pas fait de vieuxos: 'ce doit ,être assez commun, puisqu'il y a des proverbesqui l'affirment n . M. BRIAULT cité par G. BALANDIER. ihid,p. 141.
47
- Principe de doute systématique comme tout paysan~
l'homme de la Lékié est sceptique, il ne croit pas sur parole,
il veut voir pour vérifier, opération qui, en agriculture, peut
demander du temps. Son doute s'étend d'ailleurs aux conseillers
eux-mêmes parfois soupçonnés d'intentions cachées visant è s'en
richir.
On ne retient une innovation technique que lorsqu'on
est certain qu'elle se traduira 1 à terme, Dar unD ûUl?1TI8ntation
du profit. Les résistances à priori seront d'autant plus grandes
qU~-' l'adoption implique des investissements en numéraire et,
dans une mesure moindre, en main-d'oeuvre (cf. principe suivant).
La réceptivité aux effets de démonstration doit incite~
à en user, ~ lA condttion d8 maitriser pcrfaitem8nt los fac-"
teurs pour éviter le désastre d'une démonstration "a contrario".
- Principe d'économie de moyens:non spécifique 'aux
mentalités du département, il constitue une ~ègled'actio~ ri~
goureuse.
Toute innovation est estimée à la mesure dos investis
sements en a~gent et en force de travail qu'elle'~xige. On
préfêrera toujours, lorsque la terre no manqua pas, l'extensif. ...
,à l'intensif, d'autant que la première méthode apporte la sa-
tisfaction psychologique de contrôler ,plus d'espace grâce aux
marques que l'on y laisse. Si l'année suivante, on no traVAille
pas une parcelle, elle servira de r6serve. Au-delà d'un s8uil
de donsité humaine. ce principe débouche sur une occupation
exhaustive de l'espace.
- Principe de rentabilité immédiate: le paysan de la
'Lékié est pressé; il accepte mal de défricher avec peine une
parcelle pour la voir ensuite plusieurs années sans produire.
0'00 la pratique des cultures mixtes 00 ,vivrier et cacao so
'trouvent associés. En attendant 'que 'les .tiges "donnent". les
- 48 -
plantations vivrleres permettront de subsister. Les conséquencesd~ 6è principe sont évidemment néfastes pour les plants de cacao,
ha~dicapés dans leur croissance. Dans le même ordre de conception,l'effet à court ~erme est toujours plus convaincant que l'effetretardé.
- Principe des finalités hiérarchisées: lié au précédent.L'agriculteur a une perception téléologique de son milieu,dans la
quelle les êtres sont crées ~our jouer un rôle de production au service des humains,dont on ne saurait les écarter. La plante est faite
~ pour "donner" ou pour nourrir le bétail. Les autres rôles sont ac-~-_.~
cessoires, secondaires. Ils ne sauraient suffir.à justifier uneopération culturale. Ainsi les conseils de confection de haies anti
érosives n'ont guère de succès mais sont envisagées favorablement
lorsqu'on fait r~marquer qu'elles peuvent fournir du fo~rrage. De lamême manière, la jachère pultivée évoque l'effort gratuit; on est
plus persuasif lorsque l'on parle pâturage et enfouissement de déchéts après récolte.
- Principe de globalité (Lefebvre 1973): Pour autant quVon
respecte le principe précédent, tout ce qui sert à tout est bon. Oncomprend mal qu'une action· ou un produit puissent avoir des .. effetsdifférents et parfois opposés selon la nature des cultures. D'où
le succès des techniques polyvalentes et des cultures à usage multiple. La pcJ.yv~em~e présente le risque d'être interprétée en termesd'efficacité magique, pouvoir du geste, du produit, de l'officiant:
plantes qui protègent, béné~iction des semences, des engrais, despulvérisations par le prêtre ou le catéchiste, nécessaire interven
tion du Blanc qui est "doué l<· Cette conception peut, elle aussi, con
duire à des désastres agricoles (et plus encore médicaux) dont sontensuite rendus responsables des phénomènes tout à fait étrangers auxprocessus en cause.
- Principe de la division des risques (Weber, 1973): Il procède d'un sentiment de prudence déjà évoqué à propos du principe de
doute systématique.· "On ne doit pas mettre tous ses oeufs dans lemême panier". Maitrisant mal les processus végétaux et animaux dans
leurs fondements scientifiques, le paysan disperse ses bêtes dansplusieurs troupeaux et multiplie les petites parcelles en cultures
--------- -----..associées. Si la récolte, pour une raison ou pour une autre estdéficiente sur une parcelle, les autres compenseront et l'on nemanquera de rien d'une manière absolue.
- 49 -
On peut résumer tout cela en quatre preceptes :
- voir d'abord. surtout lorsqu'on parle de débourser ou de'
travailler;
préférer co qui fait "donner" rapidement et sans effort;
préférer ce qui sert à tout;
- faire de tout partout.
IV - Les équipements collectifs et les structur8~
d'encadrement
Si un certain retard. dans l'effort de scolarisation.
pris au départ, à pu constituer un handicap dans--l-faccès aux em
plois de la fonction publique où Eton et Manguisa paraissent
moins nombreux que les ressortissants des autres sociétés du
Centre-Sud. la situation s'est. depuis lors, nettement améliorée.
L'en58i~nemcnt primaire Bst très d§veiopp6 ot Ir taux
de scolarisation (270/1 000 habitants) est l'un des plus élevés
du Cameroun (Centre~Sud 242/1 000 habitants). Cette situation
est due à l'activité des missions reli~ieuses dont relèvent
73 des 148 établiisement~ primaires du département. Les établis
sements d'enseignement s8cond~ir~ sont. par contre. en nombre.nettement insuffisant (1).
Le réseau routier est dense. mais les pistes secon
daires sont en très mauvais état. faute d'un entretien régulier.
De ce fait. une partie du pays est difficilement accessible '8n
saison pluvieuse.
(1) 1 lycée. 1 CES. 3 CEG. 3 collèges catholiques. 1 collègeprivé laic. 1 éc~le normale. 1 école technique féminine.7 écoles ménagères. 2 centres de formation rurale~
- 50 -
Le CENADEC(Centre National d'encadrement des CoopéIa
tives). crée en 1971, a pris la Lékié pour département pilotE.
Son objectif est de susciter la formation de coopératives de
commercialisation liées par contrat à un organisme d'Etat qui
assure l'exportation des productions cacaoyères.
Les services départementaux de l'Agriculture et de
l'Animation ~rale disposent de postes au niveau de groupes d~
village. Enfin. le Service National pour le Développement créE
des plantations modèles sous la tutelle de l'armée.
v - Les activités écono~iques
La vocation du département de la Lékié est exclusive
men~ rutale,; 96% des habitants sont des paysans. alors que le
pourcentage"équivalentpour l'ensemble du .Sud du Cameroun est
de 75%
On n'y trouve qu'une seule ville. de taille d'ailleurs
très modeste et n'ayant aucune activité agro-industrielle bien
que le département soit parmi ceux dont la rroduction cacaoyère
ost la plus abondante. Il existe toutefois deux plantations et
usines de transformation sucrière à .Mbandjock (SOSUCAM nt CAMSUCO)
. situées dans l'Ouest du département voisin et une plant~tion do
coton ô Batche~ga. Les salariés originaires de la Lékié sont pou
nombreux dans ces deux entreprises qui recrutent l'essentiel de
~eur personnel dans 18 Nord (1).
(1) Cette répulsion pour le salariat dans les grandes plantations est en voio d'éVolution. En aoOt 1977 à la CAMSUCO,732 des 3553 employés. soit 20.60% étaient originaire de laLékié. A la SOSUCAM voisine, le pourcentage équivalent étaitde 10.32% (274/2652 dont 7 aux services généraux. 102 àl'usine et 165· dans les plantations). BARBIER. J.C. ct TISSANDIER. J. 1977 : Mbandjock ou les promosses d'une villeliée·à un complexe agro-industriel sucrier. DNAREST, Yaound~.
Travaux et Documents de l'ISH.
- 51 -
Les indices q'occupation du sol (fig. 5), les plus élevés
du Centre-Sud, reflètent, grosso modo, les variations de la pres
sion démographique. On peut, à cet égard, distinguer trois grandes
catégories de zones
- Les zones à faible indice d'occupation, tel le pays
Batchenga, à l'Est d'Obala, où la faiblesse des précipitations
freine le peuplement (indice 42).
- Les zones à pression moyenne, dont le taux d'occupation
se situe entre 80 et 100. C'est le'cas des arrondissements d'Evo
doula.et d'Okola où le relief est accidenté et partant, le réseau
de pistes moins dense. Une partie du sol n'est pas mise en valeur
eh raison des difficultés d'évacuation des produits. Par àilleurs.
les groupes installés dans cette région ont da se tailler une
place par les armes face aux Basaa. C'est là un second facteur
de moindre peuplement initial.
- Les zones à forte pression. dont l'indice dépasse 100.
C'est le cas de la majeure partie du département.
Ces indices restent malgré tout théoriques car ils ne
tiennent compte ni de l'hydrographie, ni de l'absence de pistes.
qui suffisent à bloquer l'écoulement de la production et par là,
dissuadent de mettre en culture.
L'économie de la Lékié est fondée sur le cacao qui four
nit l~essehtiel des revenus monétaires. Le cacao a ét~ introduit
par le colonisateur allemand à la fin du siècle dernier. en pays
Basaa Mvae, Fang et Bane. L'administration française y vit sur
tout,' à~': dé'p:~r't" . un maye:! de fixer les populations non loin des
pistes de manière à m~eux les contrôler pour les utiliser.
La produbtion 6ecaoyère esi le fait de petites exploita-. "..:. .
tians familiales, très individualisées, faisant rarement appel à
de la main-d'6euvre salariée.
- 52 -
La Lékié fut, avec 23,5% de la production nationale, le
premier département cacaoyer et l'on y enregistra les plus hauts
rendements à l'hectare (1).
La grande époque du cacao se situe, dans cette région,
entre 1930 et 1950. Aujourd'hui, les plantations cacaoyères occu
pent 60% des surfaces cultivées, soit 18,5% de la superficie to
tale; elles procuraient 50% des recettes en 1965. Mais, comme
celles des autres régions cacaoyères de peuplement ancien, ces
plantations sont marquées par l'âge (2), effet qui s'ajoute à de
mauvaise conditions initiales. "On a planté n'importe 00 et n'im
porte comment" (Marticou). Les plants ont été repiqués sur des
défriches complantées en vivrier, sans égard pour les exigences
spécifiques de l'arbuste en croissance. Ce dernier arrivait à ma
turité sur des sols déjà épuisés parce que non regénérés, sans
avoir bénéficié du degré d'ensoleillement requis (tantôt excessif
d'où brQlures et envahissement par les capsides. tantôt insuffi
sant d'où rachitisme et attaque par la pourriture brune). De sur
croit. la partie Nord, où les densités humaines sont les plus
fortes. souffre. nous l'avons signalé plus haut. d'insuffisance
pluviométrique.
Le passage à l'intensif, nécessité pourtant urgente, est
rarement réalisé. le planteur répugnant à investir dans l'effort.
Pour augmenter ou maintenir le volume de sa production, il préfè
re de loin surexploiter et augmenter les superficies, ce qui lui
évite de faire trop souvent appel à une main d'oeuvre familiale
jugée trop exigente.
------------------------------------------------,-----------------1
(1) Production annue~(scillant entre 17 000 et 20 000 tonnes; entête du Centre-Sud avec 23,5% de la production; en tête de lapartie orientale du Cameroun avec 19,7% de la production(CHAMPAUD. 1966).
Rendement moyen à l'hectaredans la Lékié: 417kg en 1969/70;rendement correspondant pour le Centre-Sud 321kg. pour la partieorientale du Cameroun 310kg (Direction de l'Agriculture. Statistique agricoles, 1969/70). De 1953 à 1972 les superficiescacaoyères ont presque quadruplé.
(2) Les plantations de la Lékié ont en majorité de 15 à 25 ~ns (plantations créées entre 1952 et 1958). La phase du cycle arbus-tif durant laquelle le rendement est le meilleur-entre B et10 ans après le repiquage des plants-est donc dêpass~e d8~uis
au Moins 7 ans.
IND;Cê.S ':l) occuPRïiov Du sol-, ,VhNS t-It J-E.lt:/E
'lJ~ ttÏ' C /fAHPltv/)" 11"I1.."s RGG/OAML. Su./) - otJôs7.z
OIf.STo/'1 }'IfOVI.me. ...f:J"~ .
- 53 -
Le' département de la Lékiéest aussi producteur des vivres
commercialisés. activité tant masculine que féminine. La production
est en augmentation constante. en relation avec l'inflation démo
graphique de Yaoundé dont la Lékié est devenue le principal four
nisseur (1).
L'absence de pistes. comme dans la région d'Okola où le
relief accidenté laisse des zones encore en friches. soit leur
mauvais état. freine fortement l'écoulement de la production vi
vrière et particulièrement des produits maraichers. Il apparait
par ailleurs que les cultures vivrières n'entrent en compétition
avec le ca~ao que lè où il y a è la fois manque de terre et bonne
desserte routière. Dans certaines régions bien équipées. le drai
nage des produits vivriers vers Yaoundé va même jusqu'à déclen
cher des pénuries.
Depuis quelqu8s années. les plantations de tomate. créées
par des jeunes. travaillant isolément ou en groupe. se sont multi
pliées. mais il s'agit là d'un travail dur. exigeant des soins
constants et dont le rapport est soumis à la variation des prix
sur le marché de la capitale. On observe souvent que ces jeunes no
font qu'une saison dans le seul objectif d'accumuler pour ré
pondre à une dépense monétaire précise (2).
(1) 23% des vivres consommés dans l'agg16mération de Yaoundé viennent de lA Lékié. C~tte proportion atteint 75% lorsqu'il s'ag i t de légumes de p f'; y s tempérés (L EFEBVRE.1 9 73). L' ace roi 5 s 8
ment de la production vivrière dans la L6kiéa été de 10%.entre 1971 et 1972.
Au marché centrél de Yaoundé. en 1968. sur 100 vendeusesd~ vivres frais. BD étaien~ originaires de villages proches de
, 1a' r 0 utere 1i a nt Ya c' und é à" Sà a et 0 bal a ( FRA NQUE VIL LE. 19 68 ) .
(2), ,Budget d'un planteur de tomate en 1976 (pour 3000 plants):,~ppation parcelle •.••..•••••....•. 15.000 F. CFA·
:... ·~ertilisants. insecticides. semences 12.000 '='.f:1,a in; .d / 0 e uv r e I!I..... r Il • • • • • • • • • • • l' • 8 • 000 ' ='TranspÇlrt . • • • • • • . • • . . . • • . . • . • • . • . . . ·2.000 ' =.,Proqucti:o:n . .800 kg; pI'ix de vente en gros à 150 F.l.kg. prixd'achat au détail de 300 à 500 F/kg.Chiffre d'affaires do 32 000 à 120 000 francs eQ deux saisons(GUYER. 1977).
- 54 -
La vente directe aux citadins en visite le dimanche matin
se pratique de plus en plus. comme le troc contre des produits
de la ville: seL vin. pain. produits d'entretien. vaisselle.
fournitures scolaires. friandises.
Face à la raréfaction de la terre utile. se sont dévelop
pées des activités agricoles d'appoint au premier rang desquelles
la "cueillette" ~u vin de palme, activité peu consommatrice d'es
pace. pratiquée par les jeunes. La production est destinée au
marché de la capitale où la demande est très forte.
L~ vin de palme procure des revenus modestes mais très
réguliers et se combine facilement avec d'autres activités puis
qu'il s'agit d'un travail effectué à l'aube et au crépuseule. Mais
c'e'fft par contre /~~~alade dangereuse lorsque l'arbre est maintenu
en vie (1).
Comme autres activités agricoles complémentaires. il y a
lieu de citer le ramassage des fruits (goyaves et fruits du safou
tier). des noix palmistes. du bois de chauffage et des piquets
que prennent en charge les camions qui rentrent à vide sur Yaoundé.
Restent enfin la vente directe aux citadins des produits de chasse
(civette, porc-épie. pangolin. singe. reptiles divers et termites).
le petit élevage (oeufs, poules. lapins), le ramassage du miel
sauvage, la vente de produits préparés comme le poisson grillé ou
séché, le manioc en tranche ou en boule. l'igname, les bègnets de
mai.s. les arachides g~illés. bouillies ou en sauce.
(1) U~ palmier abattu (solution radicale) donne 3 litres de juspar jour durant pr~s d'un mois. L'on peut aisement saigner unedizaine d'arbres chaque jour. soit obtenir un peu plus d'unedame-jeanne de 20 litres quotidiennement. En 1976. la damejeanne était payée 500 F. CFA à Yaoundé~ Sur cette base, lesrevenus tirés du vin de palme s'élèveraient à 15 000 F/mois.mais il faut soustraire les cadeaux ou rémunération aux propriétaires des arbr8s surtout lorsqu'on les abat .
. . Les prix à la consommation varient fortenent selon la saisen, allant de 20 F. à 40 F en pleine campagne cacaoyère. Levin de palme se vent partout dans la capitale, le long destrottoirs et dans les marchés. 1 b
Il est difficile d'évaluer le volume/3eoc~ite production.En 1973~ entre Efok et Obala. soit sur 10km. J.Weber compt3iten 1 heure 750 litres dans des dames-jeannes placées en équilibrsur des bicyclettes.
- 55 -
Le volume de la production vivrière varie en fonction des
possibilités d'irrigation et du taux d'occupation des sols.
Nsangou Arouna (1974) distingue 4 secteurs de· production agricole~
- le secteur à dominante maraichère. le long de l'axe Yaoundé
Obal~ qui bénéficie d'une bonne desserte.
le secteur vivrier où la culture principale est le plantain.
Ce secteur se situe au Nord de la route conduisant à Douala
(Sud de l'arrondissement d'Okolal.
- le secteur cacaoyer dans les arrondissements de Saa. de Mona
télé et d'Obala-Ouest.
- le s~cteur amalgamé dans les arrondissemen~d'Okola •. d'Evodoula.
et dans ,la partie SJd de celui de l"1onatélé. On y trouve à la fois
des productions vivrières - notamment bananes et tubercules-
et du cacao.
VI - L'organisation du travail agricole
L'unité traditionnelle. non seulsment économique. mais
aussi religieuse et politique rassemblait sous l'autorité d'un
aîné des germains ou demi~gèrmains agnatiques. leurs épouses et
enfants.
Si cette unité fonctionne encore au plan politique et
correspond parfois à un groupe d'habitat. 811e ne joue plus
grand rôle sur le plan économique. ayant éclaté en cellules res
treintes rassemblant soit le père. ses épouses et ses enfant~
mineurs. soit plus rarLment. plusieurs ménages de germains dans
l'indivision foncière (1).
Les activités ~ caractère économique obéissaient tradi-...tionnellement à une stricte répartition sexuelle des t~ches : aux
femm~sla production agricole. aux hommes le reste. Les seuls
travaux des champs pratiqu~s par les hommes étaient ceux dont
(1) pour une analyse du système de production. voir WEBER (J.).1973.
- 56 -
les femmes se trouvaiont écartées "en raison de leur moindre force
physique : ~é~ri~hage par abattage et br~l~s~ La par~icipation
des hommes aux activités de subsistance se réduisait à la chasse
et à l'artisanat. C'était donc sur les femmes que reposait l'Bs
sentiel de la production alors uniquement de subsistance (1).
Chaque épouse disposait d'un ou plusieurs champs pour se
nourrir et subvenir aux besoins alimentaires de ses enfants. Elle
contribuait en outre à la subsistance du mari.
L'expansion des cultures industrielles et la diffusio~
correlative de l'économio monétaire ont introduit trois trans
formations majeures au regard de la distribution des tâches:
la production cacaoyère est entre 18s mains des hommes; les cul
tures vivrières font l'objet d'une commercialisation par les deux
sexes. depuis que les hommes, surtout/}6ITnes dépourvus de planta
tion cacaoyère ou qui ne peuvant attendre que les tiges produi
sent, s'y adonnent. La "cueillette" du vin da palme est devenue
une ressource appréciable qui rend les jeunes qui la pratiquent
économiquement indépendants.
Comme signalé plus haut, l'unité de production-consomma
tion est de nos jours la famille restreinte mono ou polygamique.
Oans sa plus grande extension. elle peut se composer de plusieurs
frères germains mariés. Le père ou en cas d'indivision, le frère
ainé distribue les tâches des hommes sur les plantations cacao-,ères. Du côté féminin, chaque épouse a ses champs vivriers qu'ello
conserve, même en cas de veuvage, pour autant qu'elle continue à
vivre au village.
(1) Les charges se sont accrues depuis que les enfants, qui aidaient, sont à l'école. Il n'y a plus de grandes filles pourgarder les plus jeunes, chercher l'eau, cuisiner. etc •••
- 57 -
, '
Par 1 El Ur ,t r ay a, i ~ sur 1 e s cha m'p' s v i v rie :r: s. '. ~ e s ~ pou ses réa c t ive n t
chaque année les droits fonciers de leurs maris. diminuant les. .; .... l , . • . ". .' ..".. . ~ . . ", ::'. . . ". " .
risques de contestation au moment où elles transmettront ces droits'.' " "' ..:" j . • • • ,',
è leurs fils et belles-filles., Des friches sur une p~rcelle pen
dant ~lusieurs s~isons attirent la convoitise et prèten~ le flanc. . -'.' .. .... ..,..~ , ~ .
à des revendications plus ou moins fondées.
Les femmes. qui placent leur fierté dans le fait de sub
ve~ii t6i~lement ~ l~~rs ~rdpr~s 'bcisoins. tiient touies des reve
~~s ~onétai~es des vi0res'~~'ellesvend8nt au marché ou è des com
mérçants. mËlis' sans "qu'il Y ait une division rigide entre pro duc-, .
tion de subsiStance 'et prbduction marchande. Il 's'agit avant tout
de ~~~li~e~un,surp~u~. pour faire face aux risques de pénurie.
..
revenus
'L~s maris. ess6ieAt. plus ou moins~ de s'appropri6r ces
en tirant argument du droit traditionnel de l'époux ~sur
les récoltes vivrières. d'où ruses diverses. caches en ~orêt.
d~penses immédiates (rendues plus faciles .du fait que le commer-': "'; '.- ~ : ~.: . ; . .
çant acheteur proposç en échange des ustensiles de cuisine ou des.~ '.~ ~-. ~':' ."' .:: • . • • .' .' '. : '. • .' j
produ~ts,~'entretien). épargn~ dans d~s ,associations decréq~t
rota~if~,La_part de ,la production vivrière qui sera commercialisée
dépendra de l'accéssibilité au village-marché. du pass~ge régu
lier des commerçants. de la liberté de mouvement laissée è la
femme par son ,mari.
De plus en plus~ par ce biais. les femmes contribuent aux
dépenses scolaires et à l'entretien du ménage. C'est lè un fait
que,les~ommes tendent ~ minimiser car il a pour conséquence un8
'baisse de ~eur autorité ..Certainsjeunes affirment s'être mariés
~gr~ce è ;leur mère ~ qui ils ont fait appel pour constituer la dot.1 •
! "'
.; .'En 1976 •. J. Guyer indiquait que les femmes contribuaient
pour 40% aux rentrées monétaires; il est certain que plus une
femme dispose (ou est suspectée disposer) de revenus monétaires
et plus le mari: est' récalcitrant' à contribuer aux frais du
ménage. Certaines femmes gaghen't aujourd'hui autant en vendant des......~. vivres que leur mari par le cacao.
- 58 -
La coopération spontanée entre co-épouses dans les acti~i
tés de production vivrière est inexistante. Elle se réalise au
profit du mari dans la phase de récolte du cacao oC tous les mem
bres sont mis à contribution. (Collecte des gousses, nourriture
des participants, séchage des fèves). Ces obligations coincident
avec la saison des sarclages sur les chemps~'vrie~ d'oC surcroit
de travail.
La coopération masculine intralignagère se manifeste
parfois entre germains, beaucoup plus rarement entre demi-germa~S
agnatiques. Elle existe entre oncle et neveu au profit du premier
.(relationavunculaire en société patrilinéaire)~
La relation d'alliance matrimoniale est génératriee
d'obligations se matérialisant notamment par des. prestations au
profit du beau-père. D'une manière générale, les jeunes ne parti
cipent que faiblement au~ activités agricoles.
Au niveau villageois sont attestées quelques rares formas
de culture-invitation à base de réciprocité entre adultesmascu-ce
lins mais hont surtout les tontines de travail organisées par les
jeunes sur des parcelles cultivées en vivres qui constituent
l'innovation remarquable.
On observe enfin parfois, des "asociations" entre sala
riés residant à Yaoundé, propriétaires d'une cacaoyère au villa
ge et paysans choisis parmi les relations de confiance.
Ces associètions sont attestées sur des plantati6ns ap
partenant à des émigrés et la rétribution s'effectue selon des
m6dalit~s diverses qui seront évoquées plus loin. On les obser
ve a~ssi sur des plantations vivrières, la femme qui en a l'usa
ge se déchargeant des travaux les plus durs (sarclage notamment).
- 59 -
Le salariat est rare. particularit~ explicable p~r le
morcellement des exploitations et les exigences en matières de
rémun~ration., Les em~loyés se plaignent d'être mal payés ainsi
que de la mauvaise foi des propriétaires qui refusent de verser
la somme convenue. Ces salari~s sont souvent des jeunes encore
dépendantsde leurs parents.
La terre qui autrefois n'avait pour ces sociétés en migrade
t~9~Jv~leur qu'en tant qu'objet de travail est maintenant deve-
.nu~ un facteu~ essentiel de production et une source de revenus.. ' '.. .monétaires. Il s'en est suivi une évolution du droit coutumier
. :': :. ~ :.", •..1 •
.. PRns . .le sens de l'appropriation individuelle. l'emprise s' éten-. ". (" i .' ... . ~ . ; .•' .. i ':. .. •• . • •
.,.;+:.P,Pl):t des cultures pérennes au sol qui les porte. La terre acquiert...' ,,' .' .!. ~ ."' ;
une valeur vénale et des cessions moyennant compensation moné-
taire sont attestées.
Les parcplles peuvent faire l'objet d'une immatriculation
au cadastre et des titres fonciers sont délivrés. Signes
de cette transformation des rapports de l'homme! la terre. les
litiges fonci~rs portés devant les tribunaux toutumiers se multi
plient.
Le déplacement de villages entiers. imposé par les colo
nisateurs. a largement contribué à la complexité de la situation.. :
foncière actuelle : les parcelles actuellement contrôlées par.. :":~. .
un individu dans un lignage. peuvent l'avoir été antéri~~rement
par un aù tre t'ndi vid u d an's' u'n autre 1 ignage. C'est sa uve nt la
v~nte d'une parcelle qui d~~lenche des revendications et des·i· ',1 "
demandes d'indemnisation de la part à la fois de parents (d~oits
r~siduels)et de non-apparentés (pr~ts à long terme).
Il est aussi fréqu~nt que les demandeurs' soient de
jeunes adultes qui estiment avoir été lésés par leur tuteur", :,
(le plus souvent,un frère du-père défunt).
- 60 -
Ainsi. le tuteur a pu louer une parcelle nue qui. en
suitejété aff~ctée a des cultures 'pérennes; lors~ue l'orphelin
6mancipé demande la restitution de ~ette parcelle. le locataire
fait valoir les investissements pour refuser la cession. Ce
refus peut être le fait du tuteur lui-même et pour les mêmes
raisons. On trouve aussi de nombreux cas de veuves qui
dénoncent les manoeuvres de leurs beaux-frères pour les chasser
de leurs parcelles.
Dans toutes les affaires de franchissement de limites. . même
sur des terres vivrières. les femmes./lorsqu'elle ne sont pas
directe~ent impiiqué~s. jouent un rôle de témoin par la bonne
connaissance qu'elles ont de ces limites. Chaque épouse apprend
a ses fils. puis a ses belles-filles. les repères qui délimitent
l'étendue des droits fonciers du mari.
Tant que la génération précédente n'est pas éteinte.
les jeunes ont du mal a accéder a la maltri~e d'une plantation
de rapport. a l'exploiter dans des rapports de non-dépendance
économique. Le père peut certes partager de son vivant sa plan
tation entre ses fils. mais les cassant plutôt rares.
Le mode· de dévo-lut-ionr des droits fonciers est différent
selon qu'il s'agit de cultures marchandes ou de parcelles vi
vrières dont le produit est destiné. en principe. à la subsis
tance.
Dan~ le premier cas. chacun des enfants légitimes de
sexe masculin reçoit une part ~gale. Chez les grands polygames
.. (.1). le morcellement du patrimoine foncier est rapide; actuelle
ment. les .superficies sont. en moyenne, de 1.7 hectare par plan
teur.
(1) Les polygames sont r81~tivem8nt 'peu nombreu~~ En 1964; et enpays éton. sur 100 ménages. 16 concernaient des polygames.Le taux est inférieur en pays ewondo (8%). mais supérieuren pays bulu (23%).
- 61 -
. "!'.., La 'transmi ssion 5' effectu~ différemment. dans le second
ca~. Lés cultures de subsistance sont affaire ~e femme; les
épouses"acquièrent des'droits -de culture par mariage. Au départ,
le mari partage ses terres en ,friches·entre ses épouses et ne
pe~t en aucun cas les en déposséder par la suite. Les épouses
conservent donc leurs parcell~s ~o~t~ l~~r'~i~~ A"la génération
. 5 u i v ~ nt t;! • la j eu ne épouse, à son arr {0~ ~' a ~ ~J i i i ~ge' dG m~ ;. L G 8-, ". . . . . ,
voit attribuer des p~rcelles pa~ sa b~lie~~èr~. 'ia~uelle a parta-
gé "ses" terres vivri~res entr~C~~~ d~~~~re~~~ ~n~ants'·~§les.
La belle-mère aidera la jeune épouse à subsister jusqu'à ce quo1 • :.;. :' •• ':' ;. ~ :' , ; • • ';~ l
ses parcelles produisent. On aboutitdonc-~ une distribution,
nOn pas entre les ,différen~sJfils d'un même père. mais entre les
différents-fils, desterr~B~v~v~ières.. exploitées par. leur mère.
Ily a séparation, entre groupes de· demi-germains agnatiques.
Cette procédure favorise.·~ l'évidence le~ "fils uniques de mère?
.. ..
Lorsque disparait un chef de famille monogame. c'est
l'ainé qGi as~Ureiejontrô18desmoyens de production. terre et
m!in d'oeuvre. Les cadets re~t~nt' donc dépendants,à tout le moJn
jusqu'à. leur~ariag8 et pour ce qui concerne les revenus tirés
des cultures pérennes.
IfS. peuvent un effet. dans la. mesure. des terres en fri
ches. se ~ivrer. à: de~ cu::'tures vivrières pour leur' compte. Ils. .. .. " - ,.\ .. - ~ .
peuvent a!Jssi créer J.eur propre plantation.' s" il sont patients
et ont les moy~ns de subvenir à leurs bes~ins pendant les cinq
années de maturation des tiges.
La raréfacti(Jn des terres disponibles. la médiocrité des
r end e men t s p~ r sur e x ~ 1 loi t a t ion et 1a s t a g na t ion d e ,s r e ven u 5 q L; .~
en résulte. incitent d'autant moins les ainés à accorder l'indé-
pe·n dan c eau x . c a de t s • soi t e n m0 r cel e nt: la pla nt a t ion. soi t en
rémunérant ces derni8~s ~., la mesure de leurs attentes •.
- 62 -
Les ·dispa~ité~ dans les statuts fonciers ne débouchent
cependant pas sur une différenciation sociale marquée. Les iné
galités s'inscrivent, pour l'essentiel, dans des rapports d'âge
et dans le cadre de la parenté.
Le droit traditionnel freine plus qu'il ne favorise
. l'accumulation foncière et la formation d'une bourgeoisie de
plantation. On ne peut parler non plus de prolétariat rural; la
privation n'est. d'une manière générale. ni absolue. ni définit:\:
VII - L'émigration"
Le département de la Lékié présente des caractéristique~
démographiques et socio-éc6nomiques propices è l'apparition d'u~
phénomène d'exode: peuplement dense. proximité d'une grande
ville. niveau d'instruction élevé parmi les douches les plus
jeu n e s qui r est e nt sou s --emp:J..o,y'"e-e-s..
Or. l'enquête de 1962-64 fait apparaitre le groupe nO 3
comme l'un des moins mobiles:
Tableau VI : Nombre d'absents po~r 100 résidents présents.
12,4Eton - Ban~ - Ewondo .11
.- - ~"- - - - -- -- - -~ - - - -- - - - - - - -- - ~ - - - -.- -- ~ -- - - -1 Ensemble 15.9 11------------··---------------------------11 Béti Nord et Est 16.9
1--~----~-~------------------------------1
Sulu 20.9 1!
.,....
Il est toutefois è noter que ces valeurs concern8n~ u~_
migrationR t8mporair~~. 1 'approche des migrations définitives
se limitant è l'étude de l'origine C~: populations installées
dans la zone d'enquête.
- 63 -
La v~n~~}a~ion par tranches d'D~~ ~~ns le groupe nO 3-,-
et dans l'ensemble du Sud. fait a~paraitr~ dans les tranches les
plusac t ive s (1 5 _à 24 an s .. 2 5. à 34 ans. 3 5 à 4 4 ans). des e f f e c
tifs d!absents_ supérieurs dans le groupe nO 3 à ce qu'ils sont
dans l'ensemble du Sud. Par contre. dans les ~ranches supérieur2
la mobilité est nettement moindré.
Tableau' VII : Répartition de 1 000 absents dans chaque
grau p e d' âge
-----------------------~ts 0/00 -de
§r~~e~ ~_:_~~:
---- ----- ---- -- - - --- --- - - ---5-14 15-24 25- 35- ~5-:- 55- 65 etans ans 34 44 s4 64 plus-- -- ~-------- - - -- - --- --- - ----
ensemble
Eton-EwondoBënë Cn 0 3)
M 68
F 75
117
102
153 64---------125 93
48 '-!~_ 16
50 38 23
2
8
486
514
7 480
9 520_______________ J
Comme l'a montré A. Franqueville par ses enquêtes (1).
la réputation de sédentarité faite aux gens de la Lékiéest mai
fondée ou du moins doit être relativisée; il est certain que
la densité de peuplement propre à cette région et le voisinage
d'étendues quasi désertes (de 5 à 10h/km2) tend à masquer le
volume réel de l'émjgration.
En 1972. 66% des chefs de famille d'un échantillon de
~ ",
de leur village. A~ Franqueville
10 à 15% des hommes émigrent. soit
:": t', .:
villages avaient. à un moment ou à un autre'de leur vie. ex er-~ ;"~',:. . "
cé une activité en cehors. ~:-.". ., ., ~ ,1 .
estimé que. chaque rnnée.. ~"' r~ :"' ~ .;. ~I :~. ".:' ;-', , •
une ponction de 2.5% l'an sur l'ensemble-de la population .. '. -,: ",. '. ".
(1) FRRNQUEVILLE - 1872c- 1873d.
-64 -
Ce mouvement est, pour i'essentiei, tourné vers l'ex
térieur, la mobilité interne restant faible (13,1% des absents).
L'immigration, qui est peu importante, concerne surtout les
bourgs, mais les retours au village è l'8ge mOr sont eu~,
fréquents ...
Les groupements administratifs où l'émigration est
particulièrement importante se situant souvent dans les zones
les plus peuplées. Ainsi dans le groupement d'Eyen Meyong (plus
de 100 h/km2), situé dans la partie Ouest de l'Arrondissement
.. d'Obala, plus. de 3,5-%' de!3 hommes sont absents..' 1 "; ._
La proxi~ité ~'uri axe routier accroit !~ ~ol~me de l'émi
gration. Ainsi è Efok, important carrefour, les hommes sont
absents dans u~e ~roport1on ~llant de 36è 50%. A contrario~c
liéloignemen~,. u.ne.. ma.uvaise. désserte routière,.fre.inent le.s...._.. ..
dépa.rts.. Ain.st, d.ans.)a.J=!qucle de la Sani3ga,.. au Nord et è l'Ouest
de Saa, malgré d~ très fortes densités, la propbrtion d'absents: 1. ". ...' '; ..•• ~. • .
est inférieure è 25%. Dans les zones très proches de Yaoundé
(route d'obala et de Douala), l'émigration est moindre en rai
son des possibilités maraîchères et de salariat en ville sans'. . .
avoir è changer de résidence (phénomène de banlieu avec mouve-
~entalternant quoti~i~~). Il en es~, d~~s une ~ert~ine mesure,'. '.'
de même autour des pl~ntations industrielles de Mba~djock et.• ; J, •.
; . B~.t che nga, è laI i mit e Nor d - Est du dép art e men t •
Le flux migratoire, qui touche surtout les hommes entre
20 et 30 ans, se dirige principalement vers la capitale admi
nistrative (44,6% des "absents"). Viennent ensuite, mais loin
derrière, les autres départements du Sud-Cameroun (15% des
absent,s),· la ville de Douala (13,3%), les plantations et les
exploi~ations fores~ières, où ils exercent le métier de ma
noeuvre (7%').
- 65 -
Les émigrés installés dans des départements au~res que
'la Méfou (Yaoundé) ou le Wouri (Douala) • sont soit des agricul-. . ,I,
teurs tentés par la ·mise·en valeur.d~ terres neuves notamment
au Nord de la Sanaga. dans l'Ouest (Opération Yabassi-Bafang)
ou dans l'Est (Yokadoumaet Bértoua). soit des fonctionnaires
qui ont rejoint lèur affectati6n~·
D' une manière généràle~\les.; Eton émigrés' récensés dans
. cet échantillon.sont nombreux.dans l'industrie et les activi-',' ~-; f .
tés liées aux transpqrts (20,7%). dans le bâtimen~. (,15,9%),
dans la fonction pub.lique (14,4%) et dans les activités n'éxi
geant pas de formation spécialisée datl~;. l'industrie; et l' agri
culture (11,7%). Ils sont moins nombreux dans le commerce
(7,3%) et dans les professions d'aide domestique (4,9%).
Situant le mouvement migratoire .dans son évolution
géo-historique, A. Franqueville conclut que l'attraction de
Yaoundé s'est accrue alors qu'au contraire, le volume de l'émi
gration est moins important vers les exploitations forestières
et les plantations industrielles.
En résumé. il s'agit d'Une région dont l'économie re
pose sur des cultures marchandes, densément occupée par des
formations sociales récemment fixées et qui souffrirent parti
culièrement. tant moralement que physiquement, des contraintes
coloniales.
L'organisation sociale accorde une importance primor
diale aux groupes et aux rapports déterminés par la parenté.
L'autorité repose sur le principe de seniorité et n'a jamais
d'assise territoriale.
Quant aux activités de production, elles se réalisent
le plus souvent dans le cadre d'unités formées par les ménages
mono~upolygames. Le cacao concerne les hommes et les cultures
de subsistance les femmes mais la proximité d'un marché urbain
important incite ces dernières à produire pour vendre cependant
- 66 -
que les hommes. dans les zones où la terre manque, se tournent
vers le maraîchage. La pression sur le sol ne permet pas aux
jeune~ d'accêd~~ facilement'~ la terre.
L'effort de scolarisation fut plus tardif mais tout
aussi efficace que dans les sociétés voisines du Sud. Il en est
résulté une moindre participation à la formation de la bour-
/ mais . .geoisie administrative un haut niveau d'instruction parmi
les jeunes qui tendent à se détourner des activités agricoles
jugées insuffisamment valorisanteS. D'où un mouvement d'exode •.,
notamment vers la capitale toute proche. ·qui touche en priorit6
les jeunes hommes.
- 67 -
CH8~!.r..R_~ . I! .-:.._ y ~SL~~~q.~ '... ~A.~.:J;)_~~E_~D_M))~_~~TR.t\ ~.I~~
ET METROPOLE REGIONALE
Située à 760 mètres d'altitude et à 200 kilomètres de
la côte dans un paysage de collines ve~doyanteset de prairies
marécageuses, la capitale administrative du Cameroun doit son
existence à l'initiative du colonisateur allemand qui y ins
talla un poste militaire en 1888. déterminé dans son choix par
la position géographique du site, la salubrité de son climat
d'altitude, sa topographie qui en rendait l'accès aisement dé
fen~able, la présenc~ enfin d'une population ~~jà nombreuse
et relativement paciFique.
A l'arrivée des troupes allemandes, l'occupation de la
colline d'Efoulan par l'ethnie éwondo ne.semblait pas re~onter
à pl~s d'un siècle (Morgen - 1893). Les Ewo~do refoulèrent les
Basea qui furent sans doute les premiers occupants du site.
En 1905, la petite ville devint chef-lieu de circons
cription puis. en 1921, le siège du gouvernement français pour
le Cameroyn. Entre temps, elle s'~tait agrandie gr8ce au tra
vail forcé.
En 1927. le chemin de fer, qui coOta tant de sacrifi
ces, reliait Yaoundf à la côte mais ce n'est que vers 1950 quo
s'amorça vraiment l'expansion de la ville.
Yaoundé est aujourd'hui le siège du gouvernement et des
assemblées. des serv~ces adm~nistratifs et des missions diplo
matiques. cepend~~t.que l'essentiel des activités économiques
prend Douala pour péle.
- 68 -
II - Structure démographique et répartition ethnique
Le rythme de peuplement de Yaoundé est, à l'instar des
villes d'Afrique intertropicale, en accélération rapide sous l'effet
de i'iffimigration. Le taux ,de croissance était évalué à 9,1% l'an
entre 1957 et 1962 et à 10,5% l'an entre 1962 et 1964. Le taux moyenannuei 'serait de 9%.
, , De 54.000 habitants en 1957 (Franqueville - 1968 a) la population, de la ville passait à 86.000 en 1962, à 110.000 en 19'6§,
à 114~790 en 1967, à 165~800 en 1970. Elle était sans doute de.200. Oo"ciÉ:m 1974 et vraisemblablement de 300.000 en 1976, estimationque le recensement national en cours de dépouillement devrait per
mettr~ de:~érifier
_~n196i, cette popul~tion se ~épartissait ainsi quant à
l'origine' n~tionale de ses~léments:. ,
Tableau VIII: Population deYaouridépar sexe et nationalité
(La population de Yaoundé en 1969) .
.! - -------------T--hommes ---T--femmës-T---total----- !
! Camerounais 50,34% ! 45,12% 95,46%. .!- - - - - -- -- ---- --T- - .. -- - - -- --1' -- - ---- - -1'---- -- -- -- ---
!~~~::r~=:~ l __ .~~~~~ l __:~~~~ __ l ~~~~~ _, ,,'..,' ,. Total ; ~)2,85% ; 47,06% ; 100,00% ;,--------------~-----------~---------~------------_.. .
:'
L'admcinistratioTI.:""_ c')loniale a incité les immigrants à se
rassembler par régio~ 'et ethnie, le~ étrangers (fonctionnaires
auxiliaires, troupes supplé~ives, commerçants) se rapprochant dessociétés avec lesquelles il:, ont des affinités.
Ainsi, les Duala, Basaa, Bulu et autres populations du Sudet de l'Est, les Congolais> Zaïrois, Centrafricains, Gabonais,
Equatorien~, sont installé& au Centre-Bst de la ville, dans les
quartiers de Mvog-Ada, Mvog-Mby et Nkondongo.
- 69 -
Les g en s deI' 0 uest. Bamil é ké, Ni gé ri.ans duS ud , son t
à Messa et Tsinga. cependant ~ue les musulmans du Centre-Ouest
et du Nor~, Bambu~, Peu{~, Haou~sa, originair~sdu Nord-Nig6ria
Tchadiè'n's" et Sénégalais vivent principalement dans le~ quartier
de la Briqueterie.
La pyramide des âges montre un ventre assez prononcé
entre 15 et 29 ans. dO à un volume d'immigrants particuli~rement
élevé dans ces classes. On remarque aussi une forte ~crportion
d'hommes célibataires (fig. 6).
En 1964, les immigrés (définis comme résident antérieu
rement hors de la vill~), représentaient 68% de ~a population,
Le pour~entage d'immigrés s'élevait à 88% dans la tranche de
14 à 24 ans, à 92% dans la tranche de 25 à 34 ans.· à 91% enfin
dans la tranche de 35 à 44 ans.
A la même date. 56% de ces immigrés masculins venaient
de la province du Centre-Sud dont Yaoundé est aussi le chef-lieL,
1 9% deI a ré gion ~ ,u. ;Lit t 0 raI ( 00 ua la) '. 1 2,% deI' 0 uest Ca v e c, une
importante-~~6~6~tion de Bamiléké), 58% de ces immigrés sont
d'origine rurale ,(Franqueville -1972 b). La ventilation par
tranches d'âge rév~le la jeunesse de cette population :.
Tableau IX Population immigré à Yaoundé p,ar tranches d '.:âge
(SEDES 1967. Enqu~te sur le niveau de vie à
Yaoundé, T I)
I~~----~--~-=-----i------~---I1_~~~~9_~__ ~êg~ + ~ 1
. '. l'· "b - 4 ans 1 2 • 8 S% 11-----------------1----------1I--§-:-!~-~~~-----f--~!~g~---I
,. 1,1 5 - 24 ans 1 13. 50% 1·1-----------------1----------1I-~§-:-~~-~~~-----f-!~!~g~---!1 3S - 44 ans 1 7.71% 1r- - - -- -- - - - - - -- ---1- - - - - - - - - - l '
~ -: ~ 2.-: -§1_ ~ ~ ~ - - - - - +- - ~ ! ~ Q~ - - - 1 .
1_::_:~:_::_~=~: __1__ 2:~~~ 1
-. ;
. i,:·
.··ô
- 70 -'.~.
En 1970. 70% de la population de Yaoundé âgée de plus
~e 1~ ~n~ r6si~ait en ville dep~is moins de 11 ans; 59% s'y
trouvait : dep~is:~o~~sd~'j ans et 44% d~puis moins de 4ans.- '.. ", ~ . ., .~
Une estimation de la répartition ethnique. dataht':de
1967. fait apparaitre que la population totale se compose de
~O.~% d'Ewbndo t~4.6%-en 1957). dont la plupart (40%) vivent
'~~~~l~~quartie~~traditionnels de densité moyenne correspon
. ;~~nt~~ux a~~iens v~ll~gesa~~ochtones qui entouraient le site.
de 18.9% de Bamiléké (14.4% en 1967) et de 11% d'Eton (8% en
1957). installés. eux.'dans les quartiers traditionnels à fortc~
~gnsité2. Les 50% restant se répartissent entre les divers~s
ethnies camerounaises et africaines. sans qu'aucune d'entre
elles n'atteigne 10%.
Ainsi apparaît avec vigueur le rôle croissant de l'im
m,igration 'dans ·1' expansion démographique de' ia ville.
. , ".....
. ,', ....
·-r - Structure de l'urbanisation et habitat
la structur~ de la ville est dict6e par le caract~re
accidenté du relief. Elle s'organise selon un axe Nord-Sud
formé par la vallée du fleuve Mfoundi que Euit l'artère centra
l~ et auquel aboutit toute la circulation. Les affluents du
Mfoundi dessinent des quartiers extrêmement individualisés
(fig. 7).
On peut distinguer trois types de zones urbanisées
selon l'ancieMneté de l'implantation et la densité de l'occu
pation de l'espace (fig~ 8) :
Le centre administratif et commercial où la densité reste
faible;
- les zones d'habitat moderne(Bas~os. Essos. Grand~Messa) qui
abritent 20.6% de la popula~ionet~ont 1~accroi~sem8nt fut
de 20% entre 1962 et 1964.
'.:, .
,. F'ig.~ POPULATION DE VAOUNDE EN 1967·
AGES.
90 %0
~ ·EXCE DENT MASCULIN
F
10 20 30 40 50 GO
50 t--.........,
60
70
~----4 40 1-----1------,
L-----------l 3Q 1------------1.-...,
,.-------------1 20 1-----------1.,
r----.L....-----------l 10 1----------1----,
Fig. 7 YAOUNDE. Le quartier de Nlongkak est en haut, dans la partie centrale. (Mission IGN 1974)
'1 ,, . lflo~.;;;
:--':1 r-: ~ J"'" -1'
t.," t.. i ,,~ ~ l i". , Mt.'
l, '~.h 'Vi '""~ i i V t"de Yaoundé
..YADUNDE-
en 1962'~
2!
ECHELLE
o ,-L i
M8AL~A.\lfI
Plus de 150 hts/h:a
de 45 i 120
0 .. de 10,
0 0 0 o 0 0 0 a 300 0 00
0 0 0 0 • .0 0 0 o 0 dt 3 a 70 0 0 o 0
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o o:Ol,J GAo" 0 0o 0 0 0
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00"o 0 0 0 0' 0 0 (,
o 0 0 0 0 0 0 " è 0 0o 0 0 0 0 0 0 000 0 0 0 "0000'000" 0 0 0 0 0 0o 0 0 0 0 " 0 0 0 0 000o 0 0,0 000 0 0 0 0 ~ o'
o 0 0 0 0 0 0 0 0 000.0 0 0 0 0 0 0 0 0 o~o'o
o 0 0 0 0 o 0 0'
o 0 " 0,"0 0 0 ô '0o 0,0 0 0 0 0"0 0 0 00'0 0 0 0 0 0 0 0 0 &o 0 0 c 000 000 0 0
o 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 '6 0-. 0, 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 -0 0~ 0 0 0 0 000 0 0 0 0 600 0 co'0,,0 ~ 0 0 0'0'0 00 d 0o 0 0 0 0 0 0 0 ~ 0 0 0 0 0 0 0 CIO 0 " " 0 0o 0 0 0 0 0 "0 0 (> 0 c 0 0 0 ,0 0 0' 0 0 0 o" 0 0 0 0 0 0 0 ~ 0 0 0 0 0 6 " Cl 0 0 0 0o 0 000 0 000 0 0 0 0 0 0 0 0 000 0
000 0 0 0 " 0 0 0 000 0 0 0 0 0 0 0" 0 00:0 0 0 0 0 0 0 0 0 o.c C 0 0 c 0 0 0 0
':0. 0 0 è' o'~ 0 0 0 .e. o 0 e 0 q o (>_ " ."', 0 0 o' 0 0O~~O ' 00 000
o
71 -
- Les quartiers ·périphériques traditionnels situés en auréole
par rapport au centre administratif.
a)- ceux à forte den~~té et dont le peuplement est
an~~en~tels Nlongkak. Mokblo. Mvog-Mby. Awaé, quartier Haoussa,.• ',.., '. l '
Briqueterie. Ils abritaien~ 47% de la popJ1~~io~ de la ville en
1964 (dont 50% des immigrés) et présentaient des densités par
fois supérieures à 400 habitants par hectare.-c'est-à-dire à
la limite de la saturation· en habitat horizontal. Pour cette
raison,
1964.
leur accroissement ne fut que de 5.6% entre 1962 et
b)- ceux à densité moyenne (de 100 à 300 habitants à
l ' h e ct are). tel sEt 0 a -M é ki et Mv 0 g -Ada. Ils ab rit aie nt. en 1 9 64 ,":! '. -:, ,': .'
f9% de la population totale et leur croissance. la plus élevée
de l'ensemble des quartiers. fut estimée à 23,5% entre 1962 et
1964~~CQ'sont ces quartiers qui. auj6urd'hui. accueillent
l'essentiel des immigrants.
~ Dans les quartiers Nord ancien~, auxquels nous nous
~1ntéresserons plus particuliArement. la répartition de la popu
lation était, en'1~70. la suivante:. :'.
Tableau X : Population dans les quartiers Nord de Yaoundé
par grandes tranches d'âge.
['habitat a suivi l'expansion démographique de la ville.
De 5 500 en.1951 (1), le nombre de cases est passé à 11 800 en
1957 à 33 000 en 1962 (2).. -' .
------------------~----------~------------------~----- ---------
(1) Les Doèuments de'France : ·le CameI'oun.1952.- . ~ ~.
(2) La P6pul~ti6n de Yaoundé en 1962 •. " .
. ." ,
. ~.• f .","
.. : ..
- 72 -
Entre 1964 et· 1969 le·nombre de logements en eemi-dur
(poto-poto armé et crép'i avec toit de tôlest est. passé de
6 254.à.11 993.• soit une augmentation de 91.7% en 5 ans. ce-,
pendant que durant l~ même période. l~s logements en dur (par-
pai~gs ou briques) .passaient de .2 396 à 5874. soit une augmen
t.a.tion de 145.• 5% .
. "' " A' l'inverse. les cases de type dit local (murs en poto
poto et toit de feuilles de raphia) tendent à disparaitre.
leur nombre r&gressant de 14 510 en 1964 à 6 608 en t969. soit
une diminution de 45 %.
L'accès à la terre se réalisait moyennant redevances. . . .
dont le montant variait selon le type de construction. le cré-
pissage.et le tolage étant considérés comme susceptibles d'ac
croître les droits de l'occupan~.
Les derniers textes législatifs ont facilité les condi
tions d'attribution des titres fonciers et précisé les droits
de l'usager;'Le propriétaire du sol ne peut demander l'évacua
tion des lieux si la case a plus de 5 ans. Lestat~t de la
terre tend donc à évoluer vers un mode d'appropriation de type
occidental. Le titre foncier est devenu la règle pour tous les
lôts bâtis en dur •
.- Oans l'ensemble. et sur la foi des données de 1968. les
occupants pro~riétaires des murs étaient relativement nomb~e~x:
41~:'(m~i~ seulem~nt2%10rsqu"il ~'agit de ca~es en dur). Par
.m ~ . 1 e ~ .0 c c u pan t s non - pro pri é ta ire s. 1 0 % b é n é fic i aie nt: deI a g ~ -. . . .
ments administratifs et 5% étaient logés par leur employeur.
A titre' de comparaison. à Abidjan (Côte-d'Ivoire). les chiffres
en 1972 étaient les suivants: propriétaires 13.5% - locataires
71.8% (ici 28% § Franqueville.- 1968 al. Dans les quartiers
traditionnels à forte.densité. catégorie à laquelle appartient
'celui dont traite cette étude. la ventilation des logements
selon leur superficie donnait· en 1964. les pourcentagea suivan~e'
Tableau·XI
- 73 -
Nombre de. pièces par logement dans les quartiers
traditionnels et à Yaoundé en.général (1).
,--------------T--------T---------ï-------ï--------j----------1 Quartiers 11'pièces! 2 piècesl3 pièc.1 4 pièc.IS pièc.+1 traditionnels! 1 .1 1 ° 1. 0028% 11% 8% 13~ 4 ~Il! 1 1
! 1 1 1Yaoundé en
é ' 1 o ! 1° 10'9%1 182°1 342°, g ne ra l 1 2 3 ~ 1 3 ~ l ,: 1 • ~! • ~--------------------------------------------------------------
On voit que les quartiers traditionnels sont caracté
risés à la fois par un plus grand nombre de logements dont la.-1 \
taille se réduit à une seule pièce et de logements tr~svast8s.
Le nombre moyen de pièces par logements était· de 3.2 pour
les ~uartiers traditionnels et de 3.7 pour l'ensemble 'ae la
ville: valeurs à peu de chose près identiques.
tas ou~rti8rs prÉl~eht~nt' tDU~ l~ m~lno physidnbnlie:
r a ri g0(3 S d" é cil 0 p pe s - 1 e ll'l 1g dés ï' ue s p ri nc i pal es. don t den 0 m
breUx bars. animés en nocturne et servant de repères topogra
phiques. vendeurs·ambulants proposant du poisson braisé. des
via~des raties. des cigarettes. confiseries et journeaux;
boites è musiques. aux supports publicitaires puissants.
IV - Activités économiques
Il a fallu attendre 1947 pour que s'installent à Yaoun
dé les premières entreprises industrielles: manufacture de ci
garettes~ scieries. savonneries. huileries. fabrique de maté
riaux de construction. menuiseries. usines de boisson gazeuses
et brasseries.
Laville. oUt~e son rôle de capitale administrative.
exerce une double fonction économique :
- fonction de pôle régional par sa situation géographique au
centre de la principale région cacaoyère et au voisinage de
zones de peuplement ~enseJ
(1' SEDES. Enquête sur le niveau de vie à Yaoundé. T1. 1964/65.
- 74 -
.~. , .- fonct'ion de relais commercial grâce à sa position à un carre-
four routier important. au croisement des axes Nord-Sud et
Est-Ouest. et à son rôle d'étape ferroviaire vers le Nord.
En 1969. la p~pulation se r~partissait ainsi quant aux
~cti~ités pr~fessionn~lles :
Tableau XII Rêpartilion de la population de Yaoundé
par secteur d'activité (1).
~Acttwit6s.industrièllos
I-----------~~-----------------------ï-------------dSecteur public et sémi-public(fonction administrative) 1 32 % 1
:.......:..A.:....;c;...t;;.,=.i...;.v-=i~t~é:...:s=--t.::..:..r-=a~d:.:i:....t:....i::...=.o.:..:n...:...:n~e:...:l:...:l=-e::....::.s --=- .....;2::....:.4----:%:....-_1
15 % 1
Commerce moderne
Transports
Services domestiques
Divers
13 %
7%
7 %
2 %
Le chomeurs représentent 45% des inactifs masculins.
ces derniers co~stituant eux-mêmes 33% de la population mascu
line.
On trouve cinq grand marchés à Yaoundé. Le marché centr
est le plus fréquenté avec 12 645 ménagères recensées en une
semaine en 1970.ViHnt ensuite le marché de Mokolo. au débouchfi
de la route de Douala avec 11 096. ménagères. puis celui d'Awa61aëllle Sllad -vE.].'Cl't e (6~ l 084 oassages). enfin celui de Nlongkak au Nord
avec 1 248 passages.
(1) cf. "La population de Yaoundé en 1969".
DEUXIEME PARTIE
- 75 -
LES EMIGRES DE LA LEKIE A YAOUNDE
Selon les enquêtes menées par la SEDES, les originaires'
de la Lékié appartenant à l'ethnie éton (qui constitue, rappel;n:s
le, 90% de la population du département), nés en ville et immigrés
-:confondus, étaient en 1964. au nombre de 10.500, représentant
1/10° de la population de la ville. Ces immigrés venaiBnt ainsi
au troisième rang des ethnies représentées dans la capitale 3 après
les Ewondo et les Bamiléké.
En 1971, les Eton formaient 12% de la population de la
capitale. Si l'on accepte un taux probable d'accroissement moyen
de 10% l'an pour Yaoundé, ils seraient aujourd'hui 24.000 dont
18.000 âgés de moins de 20 ans.
Les enquêtes d'A. Franqueville, conduites dans la Lékié
en 1972 sur un échantillon de 899 émigrés, ~ont apparaître que
44,6% d'entre eux vivent à Yaoundé 3 qui est donc actuellement le
principal pôle d'attraction. L'auteur estime que 12% des natifs
du département de la Lékié sont installés à Yaoundé (Franqueville
1973 d).Ils sont surtout nombreux dans les professions artisana
les comme la menuiserie et le travail de charpente ainsi que dans
les divers métiers du bâtiment (25%). On en trouve aussi bon nombre
qui exercent la profession d'employés du secteur public et privé
(8,2%) et de domestiques (7,2%). 8% sont dans les transports,
7% dans le commerce, 7% enfin ouvriers et manoeuvres. 10,6% de cette
population immigrée est 0n chomage et les 20% restant sont formés- -
d'éièves des établissements primaires et secondaires de la ville.- -
Toujours selon la SEDES, les ressortissants de la Lékié
constituent une fraction _Lmportante de la population active dans
les se6teurs suivants: industrie (15 3 6% des actifs de ce secteur),
personnel de maison (13,3%), secteur public et semi-public (11,5%).Leur proportion est moinàre que leur poids démographique (10,8%.des actifs )dans les sectE-urs suivants : commerce moderne (8,8%)transports (8,7%), activjtés traditionnelles (7,4%).
- 76 -
La pyramide des âges. dressée à partir des chiffres fournis
par le recensement de 1967 (fig. 9). présent~ une base étroite
due à la faible proportion d'enfants~ la plupart étant restés au
village avec l'.épouse ou l'une d'entre elles. On remarque un ventre
prononcé dans les tranches de 20 à 30 ans (arrivée massive de
jeunes actifs). puis Une diminution rapide des effectifs. Dans.
les classes actives. les hommes prédominent comme l'atteste un rap
port global de masculinité élevé (129) ..
La colonie Eton et Manguisa de Yaoundé est d'installation
ancienne; son origine remonte à la fondation-même de la ville.
c'est-à-dire aux premières décennies du siècle. marquées dans le
Sud du Cameroun par d'importants mouvements de population liés
d'abord aux troubles sociaux qui suivirent la défaite allemande
de 1915. puis à l'institution du travail obligatoire dans les plan
tations. sur les chantiers forestiers et le long de la voie ferrée.
Quittant leurs peys. certains aboutirent en ville où la
demande de main d'oeuvre sréait un appel. cependant que d'autres
venaient s'y réfugier.
Réputés pour 18ur robustesse et leur ardeur au travail. les
premiers émigrés de la LÉ~ié. appréciés sur la place. se groupèrent
au débouché de la route t'Obala. formant un noyau stable qui se
grossira. au fil des annC9s. de nouveaux venus. attirés par la
perspective d'un salaire régulier et sécurisés par la présence de
ressortissants de même éthnie.
Ressentant le besoin de se mieux rassembler pour défendre
des intérêts communs face à l'administration coloniale et ses inter
médiaires. les émigrés de la Lékié obtinrent de se regrouper à
Nlongkak. où fut ensuite installé le représentant de la chefferie
supérieure éton. C'était en 1938. sous le gouverneur Boisson.
Il semble que danF les années trente. l'immigration se
so~t ralentie par suite des possibilités qu'offrait l'extension
des cultures cacaoyères dans le Sud du Cameroun.
L'afflux reprit en force dans les années quarante en rela
tion avec l'accélération du développement dc la ville.
, , ,Fig.9 ORIGINAIRES DE LA LEKIE A YAOUNDE EN 1967
AGES
70H F
60
~ EXCEDENT50
40
30
20
10
110 100 90 80 70 60 sa 40 30 20 10 10 20 30 40 50 60 70 80 %0
D'après A. FRANQUE VI LLE
FrG 10
DE REGROUPEMENT
MBALA
.Obala
~Saa
~Monatélé
~kdà
REvodoula
- 77 -
Selon les estimations d'A. Franqueville, en 1967, sur
10 SOO Eton, 7 000 soit 67% vivaieAtdans les quartiers ~ord. au dé
bouché de la route d'Obala et à l'Ouest de la ville, au débouché
de la route d'Okola, deux faubourgs à forte densité. Ils devraient
~tre aUjou~d'hui 14 000 installés ~~n~ ces deux secteurs.
En 1967, d'après les calculs d'A. Franqueville. la prop6r~
tion d'originaires de la Lékié dans les. différents quartiers .é~ait.
la suivante
Tablèaü XIII: Proportion d'originaires de la Lékié
parmi la population immigrée (1967).
43%
18%BRIQUETERIE
-f-------------------i-a~-ii~~~~~~r~-a~~-i~~ii;i~-aG-~~~;if~i
!
1 NLONGKAK 33%1---------- ,------J--~-:...-----------
1 OJOUI\lGClLO II' 24%§ ,.__.....---_._--_._---------------:.--'-+----_.-_._----- ......__......-~l MBALA l "'-...
l'':-_.__.._--...-._~ ..._,._..... - __... .. ~-.
/ ....MBALA II ~
/"u.:lr:tifrlH~:
e;1p0'
1'10KOLO8u.:l en particulier :Eton-Messa l~ 16%p Eton-Messa II 1
°1 . . Ewondo-Messa ~ 1~ ~ ---1
La répartition de ces originaires selon leur arrondissement
de naissance montre (tableau XIV) que les immigrants tendent à se
fixer au débouché de la route qui les relie ·auvillage. Ainsi, à
Mokolo, q~ar~ier 'Ouest,' on trouve surtout dès originaires de l'ar
rondissement d'Okola, cependant que dans les quartiers Nord, Djoun
golo II, Nlongkak et Mbala l et II, ce sont les originaires des
arrondissements d'Obala et de Saa qui sont les plus nombreux
(fig. 10).
- 78 -
Tableau XIV Arrondissement d'origine des immigrants. . . . ..
venant de la Lékié (%).
-------------------------------------------------------------------!~Quart;i.ers ' '
,1
I~~I. i 1 1
MîkOlO Djoungoloj Nlongkak Mbala l et II 1 Ensemble~i' d'~r;gi~'~"": , %) (% ) (%) (%) 1 (% ) 1
1 Okola
f ;
;65.0 B.2 6.4 16.9 33.1 ;
1
1~ Obala 12.1 47.5 45.5 52.5 31. 5i
Saa 6.3 39.0 39.7 24.4 24,1f 1
11 Monatélé ! 1'0.4 4.6 7.4 5.4 B.1
1
1 , ,1 .
Evodoula ., , ; 6.2, . . 0.7 1 ,0 1 O,B 3.2 ~. -. ~, . 1 . i
._----~-~----.-~.~--------~-------------------~------- ----------------
Plutôt que de mener' 'enquête è partir d'échantillons pré
levés dans les divers quartiers d'émigrés. j'ai préféré. m'appuyant
sur le tableau XIII. concentrer les moyens matériels limités dont
je disposais. sur un seul de ces quartiers. choisi parmi ceux ras
semblant la plus forte proportion d'originaires de la Lékié.
A l'intérieur du quartier. a été interrogée la totalité
des' chefs des unité, doml,stique" (1) répondant aux critères d'ori
gine géographique et d'arpartenance ethnique~
La population émigrée de Nlongkak(Nkol-éton). quartier
traditionnel de Yaoundé. peut être légitimement considérée. d~ns
ses diverses structures. son mode d'insertion dans le tissu urbain
et dans les attachesqu'~lle maintient avec le "pays". comme re
présentatiVe de lagrand(! masse'des originaires de la Lékié instal
lés dans la capitalè'admjnistrative.. . " .
--------------------~----~---------------------------- -------------
(1) On désignera indiffé.r?mment l'ensemble des personnes - apparentées ou ncin - résidant souè un même toit. par les exp~essions:
unité résidentielle'. unité domestique. groupe domestique etfoyer. A la tête de chaque groupe domestique. on trouve un "chefd'unité".' considéré cnnime'responsable des rapports d'extériori+""En règle générale. l~ chef d'unité est celui qui paie le loyerou qui est propriétaire du logis. Il exerce un contrôle sur.,les conditions d'accÈs et de vie sous son toit.
On désignera par le terme ménage ou famille élémentaire legroupe constitué par un homme. sa ou ses épouses. leurs enfantsrespectifs. Chaque ménage constitue une unité économique; uneunité domestique peut comprendre plusieurs ménages.
CHAPITRE l
- 79 -
LA FORMATTON ET LE DEVENIR n'UN QUARTIER
Nlongkak. l'un des quartiers nord de Yaoundé. se différen-".,' ...
cie en deux ensembles cernés par d'importantes voies de communica
tion. p~rplusieurs marigots et par un périmètre r~~identi~l(Bastos).
Nlongkak fait partie de ces ban lieux populaires. oa se
concentrent 60% des effectifs de la capitale. avec des densités
allant jusqu'à 15000 h/km2. En 1969 (1). le quartier comptait
12 150 ~9?ftants; il en aurait aujoud'hui plus de 20 000 dont
6 800 seraient originaires du département de la Lékié. Cette popu
lation~~st jeune puisque 40% des habitants ont moins de 15 ans~
Elle est essentiellement composée d'émigrés puisque 29% seulement
sont nés·dans la ville.
Nkol-éton. sous-quartier de Nlongkak (fig 11) n'est inclus
dans le périmètre urbain que depuis 1948 mais sa naissance remonte,
comme je l'ai précédemment noté. aux ann~es qui suivirent la pre
mière guerre mondiale. lorsque la petite colonie §ton exprima le
souhait de se grouper et obtint du chef supérieur Ewondo Charles
Atangana. moyennant redevances coutumières. une vaste conce~sion
à l'emplacement du marché. sur un terrain appartenant à Marc Etondp
lui-mDm~ d'~thnie ~wondo. On y installa ensuite le représentant de
la Chefferie Supérieure des Eton-Est. lesquels supportaient mal de.
rester dépen~~nts de Charles Atangana pour la répartition des
servitudes. Nkol-éton est ainsi devenu le plus ancien foyer d'ori
ginaires de la Lékiéà Yari~~dé. En 1946 fut réalisé le perc8men~
d'une voie d'accès au marché. que la mauvaise desserte ~ctuelle
etouffe.
L'enquDte démographique de 1969 n'est d'aucun secours dans
l'estimation de l'a popUlation' de Nkol-éton puisque cette dernière
fut co mpt a b i 1i sée dan~ c e 11 e deN Ion g ka k •, .-----------------------------------------------.-------------.----
(1) cf. La Population de Yaoundé en 1969.
- 80 -
L'habitat est regroupé en 17 blocs comprenant chacun envi
ron 20 unités. Sachant, d'après nos fiches familiales~que chaque
maisonnée rassemble, en moyenne, une dizaine de personnes, on
peut valablement estimer la population à 3 500 personnes réparties
dans 340 unités résidentielles.
Nous avons dénombré 236 chefs d'unité domestique d'origine
éton ou mangisa. Ces dernièrS~ formeraient donc, avec 2 400 person
nes,plus des 60% de la population de ce quartier.
La grande majorité des chefs d'unité domestique que nousPo 1.
avons interrogés sont déjà de vieux citadins. Ainsi, pour 63% d'en-
tre eux, l'expérience urbaine remonte à plus de 10 ans. A titre
de référence, en 1969, dêns l'ensemble de la capitale - mais parmi
l'ensemble des hommes actifs - 31% vivaient en ville depuis plus
de 10 ans (1).
La répartition de la population des chefs d'unité domesti
que selon la date d'arrivée à Yaoundé fait appara1tre une masse
d'immigrants relativement importante arrivés durant la dernière
année, stat~stique qui pourrait avoir la signification d'Une relan
ce de l'immigration à l'intérieur d'un mouvement évolutif caracté
risé par un amortissement progressif des arrivées imputable~ à une
saturation de l'habitat.
(1) Les investigations ayant trait à l'ancienneté de l'expérienceurbaine n'oht porté que sur une fraction de la population duquartier, celle parvGnue, grAce ê l'accumulation économique,à l'ultime étape du processus d'intégration urbaine. Il s'agitdes chefs d'unité domestique, individus généralement de sexemasculin, plus faciles à identifier, à contacter et à interroger, du fait-même de leur statut de responsable des rapportsd'extériorité .
. L'enquête laisse donc dans l'ombre la situation des résidents actifs des deux sexes n'ayant pas atteint ce statut:chefs de famille élémentaire, épouses, et autres dépendantsrésidentiels,qu'il est logique de considérer à priori comm8 plusjeunes, donc plus récemment venus dans la ville et aussi plusmobiles à l'intérieur' de cette dernière.
Fia. 11. NKOL - ETON (Mission IGN 74 CAM 101/80 UAG 417)
- 81 -
Tableau XV : Date d'arrivée à Yaoundé des chefs.'. . ~ ",
d'unité domestique~.
Année d'errivée en %-ën-%------%-è-yâoündé-ën-gênêraïë-~~~·
cumulés chez les ,hommes en ,1969
Avant '1968+ de 10.,. qns
14963 63 31
Entre 1966 & 706 à 10 ans
3816 " 79 12
Entre 1971 " 73 26(J
3 à 5 ans 11 90
--------------- ------_ ... - ---------Entre 1974 & 75 71 à 2 ans 3 93
---------::----------------1-___________ ~ ~ J'
1
23
1 9100716Entre 1975 & 76
moins d'1 an 11
- - - - - - - - - - - - - - -. - -; ~ ~ -.' - - !- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - --1Ens emb le Î" 100' l ' 100" :
-------------------------~---------_!_--------------------------~
Mais un!'"' d'1nnée rouvelle perturbe sans doute la dynamique
démograrhiq~3 du quartier. Il s'agit des projets de réaménagement
qui vont entoucherlapJ~s grande partie et se traduisent concrè
tementpar une ménace d'(~re "déguerpi ", assortie, il est vrai, de
la promessed'attributior de lôts dans un périmètre de recasement,
t ban l i eu Nord,' à, la limit a d u p 8 r i mè t r e ur bai n ", à Et 0 udi ) .
Cette perspectivE a des conséquenc~s multiples et opposées~
d'une part, les cases en location tendent à se libérer; les psagers
considérant, la précarité ce leur maintien dans les lieux s'en vont.
Du fait de la loi de l'ofFre et de la demande, les loyers marquent
une c~u~= ~~~or~~nte, rendant les cases accessibles à des familles'
AUX ressources très modest9s pour lesquelles le quartier ne sera
qu'une halte .. Mais, d'autre part, la possession d'une case constituant
le ci{tè~e retenu ~ar l'ajministration pour attribuer des lrits surle périmèt~e' viabilis~, c;rteinffi spéculations se font jour, quelques
- 82 -
.nantis ll cherchant à acheter des concessions en état de décrépitude dans le seul but d'acquérir un droit au recasement. Des offres
de ce genre sont de nature à tenter des propriétaires dont,les
revenus ne sont pas suffisants pour leur permettre d'édifier unlogis( en respectant les normes et les délais: imposés (les lots
sont attribués" sous, réserve de construction à court terme). Lesvendeurs qui nous ont été signalés vont sans doute venir grossir
les quartiers traditionnels en cours de formation à la périphériede la vi-e~e '. '
CHAPITRE II VISAGE DEMOGRAPHIQUE.
La pyramide des âges relative aux ressortissants de laLékié installés à Nkol-éton, dressée à partir de ,nos propres données
démographiques (fig. 12), présente un équilibre et une régularité
qui évoquent davantage la distribution d 9 une population rurale
non perturbée par l'exode que celle d 9 un milieu urbain africain
formé principalement d'immigrants.
'On note que la base est large, constituée 'd'enfants nés
à Yaoundé ou venus avec leurs parents, dont la présence est attes
tée dans ia classe d'âge de 20 à 25 ans. Le ventre'mnrqué au ni
veau de cette dernière tranche dénote un afflux de jeunes actifs
signe confirmé par un amincissement rapide au niveau des classes
correspondant à des âges plus avancés. Le creux constaté entre 10
et 20 ans s'explique par le fait que les ménages se sont formés
récemment de sorte que leurs enfants n 9 0nt pas encore atteint lesâges correspondant à ces tranches. L'excédent masculin entre' 10
et 14 ans', 15' et 19 ans, 20 et 24' ans est dû à la venue plus
fréquente de garçons, scolarisés dans les établissements secondalres de la ville et celle de jeunes actifs célibataires mais, il p~ut
aussi provenir d'un mauvais relevé de l'âge des filles dans latranche de 15 à 19'ans.
Les données démographiques concernant les originaires de, ..
la Lékié à Yaoundé (fig. ~) remontent à 1967; leur ancienneté limi-te la . signification des o'bservations fournies par la comparaison
des deux pyramides, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'une popula
tion urbaine, c'est-à-dire, sujette à évolution rapide. On peut
néanmoins se livrer à quelques mises en parallèle :
F=·/46~ EXCEDENT
AGES
70
60
H = 788 50
4C
30
20
10
80 70 60 50 40 30 20 10
123 (80,2)L...J..._-'--_.L----L_...J-----J_--L.._~__l._....L.._L___L_....L.._..L___J,_ _L.._1____1....J121 (89,8 )
10 20 30 40 50 60 10 80 0/0 0
( 3411)
°FIG.1t •.ORIGINAIRES DE LA LEKIE A NKOl-ETON EN 1976
- 83 -
La distribution par âge des originaires de la Lékié à
Yaoundé est beaucoup plus irrégulière que celle issue de notre en
quête à Nkol-éton. La base (tranches d'âge de 0 à 15 ans) en est
étroite. dénotant une population adu~te plus jeune et plus r~cemment
insta;tlée. dont'" la progéniture n'a pas' encore atteint les âges
correppondant à"ces tranches~ Les jéùÏlË::ls actifs (20 à 30 ans) sont
effectivement plus., nombreux par rapport à l'ensemble de cette popu-:
lation d'émigrés. Les excédents masculins sont aussi plus impor
tants~ témoignant de la pr4sence d'un nombre plus grand de céli
bataires.
Ces observations tendent à confirmer que nous nous trou
von s • . à· -N·ka l ~ é ton. en pré sen ce d' une pop u lat ion plu sancie n n e men t
émigrée. évoluant démographiquement vers une normalisation résul
tant du seul jeu des facte~rs naturels.
Si 'l'on rapproche la pyrami~e dressée pour le quartier de
Nkol-éton. non plus de celle ayant trait aux émigrés de la Lékié à
Yaoundé. mais: de celle relative à la population globale de la capi
tal·e· (fig. 6). on remarque que les similitudes l'emportent sur les
dissemblances : même profil à base relativement large. ventres au
niv-eeu' des' classes de jeunes actifs plus discrets. étranglement
moinsprononcé'au niveau de la classe d'âge des 10 à 20 ans. éffri~
tement moindre dans les classes supérieures. excédents masculins
moins accusés.
La confrontation des grands groupes d'âge dans les quatre
ensembles dont nous disposons. émigrés de la Lékié à Nkol-éton.
émigrés .de diverses origines installés.à Nlongkak (d'~près les1 •• '_.
sources SEOES de 1964). émigrés de la Lékiéà Y~ouOdé.populat1on," ",. • • • • .:'. ~ .. : • • • •• • '. ~. , • '. .::.. • 1 • .":
globale de la ville. est révelatrice des tendances. démographiques,_ ". . , . :'. .; . ," r: ;.: :: . '.. ~
de notre quartier. à travers les affinités et dissembl~nces qui.se··. . . ,', -. ! .. :
font jour.
~ .: .';'" ..', .
Tableau XVI
- 84 -
Compa~aison des grarids groupes d'êge.
1 -----------r-----~---r------------ï-------------ï------------1
moins de 15 à 49 ans 50 ans et + ' Ensemble
1 ~-------!1~-êD§--~!------------!-------------!---- 11 '. 1 1 1Nkol-Eton 42,7% 53,4% . 3,8%. 100%
I..:--:...--:...----f---:..--:... .... -f------------!--------------f------------1INlongkak 125,9% 71,3% 1 2,8% 100%I-----------r---------y------------r-------------r------------IImmigrés ~el 1la Lékié a
1 Yaoundé 119,4% 1 77,2% 1 3,4% 1 100%-----------r---------ï------------ï-------------ï------------
.Population, 1'de Yaoundé '43,3% 53,3% 3,4% 100%1 1
Le pourcentage des moins de 15' ans est très voisin dans
les ensembles Nkol-éton et Yaouhdé (42,7%, 43,3%). Il est beaucoup
moins élevé dans les ensembles Nlongkak (25,9%) et émigrés de
la Lékié à Yaoundé (19~4%). Ce~ jeunes sont soit nés à Yaoundé où
il~ ~ivent dans leur famille,' soit au pays et ont alors rejoint l~
capital~ avec leur mère. Certains ont été confiés à un parent pour
mieux assurer leur instruction. Leur nombre relativement élevé
apporte la confirmation d'un mouvement migratoire déjà ancien et
d'une tendance à l'enracinement urbain.
La répartition des actifs de 15 à 49 ans présente des
caractéristiques complémentaires de celles du groupe d'êge précé
dent. Les actifs sont moins nombreux dans les ensembles Nkol-éton'.1", ,',,:' .".
(53,4%) et Yaoundé (53,3%) que dans les ensembles Nlongkak
(71,3%) et Lékié (77,2%),
Quant aux plus êgés (50 ans et plus), ils représentent un
poucentage plus élevé à Nkol-éton (3,8%) que dans l'ensemble Yaoun
dé (3,4%) et surtout que dans l'ensemble Nlongkak (2,8%). Il s'agit
là d'Un autre trait caractéristique d'une émigration ancienne.
- 85 -
~a confront~tion des ~apports de masculinité (nombre d'hom~.1 •
mes po~r 100 femmes) livre quelques informations supplémentaires
Tableau XVII: Comparaison de rapports de masculinité.
'~~nëhë-dï§gë-T------------T--------ï-------ï------------,:
1 P 1 ti--'~.: 1 - d e 1 5 ans 1 1 5 à 49 1 50 ans 1 Ens emb 1 e ,1opu a on --~. . ans . et + • .
I----~-------------T------------T--------r-------ï----------~~!
! Nkol-Eton 1976 1 100 107 192 1 106-------------------------------------------------------------
'Immigrés de la 1lLékié à Yaoundé 100 139 183 1 130,------------------T------------T--------y-------ï---- --------,Populatton de 1Yaoundé on 1969 101 117 112 110
1 1 1-------------------------------------------------------------
Le rapport est dans l'ensemble moins élevé à Nkol-éton
(106) que chez les émigrés de la Lékié à Yaoundé (130) et que dans
la population de Yaoundé prise dans son ensemble (110). Il Y a donc
à Nkol-éton. normalisation du sex-ratio par atténuation.du rapport
de masculinité.
Dans la strate des moins de 15 ans. on constate un équili
bre entre sexe dans les 3 ensembles. Dans la strate des actifs
(15 à 49 ans). le déséquilibre en faveur des hommes est beaucou~
moins accusé à Nkol-éton (107) que dans la population de Yaoundé.,
(117) et que chez les immigrés de la'Lékié (139).Ily a plus de
femmes venues rejoindre leur mari dans l'ensemble Nkol-éton que
dans les 2 autres .
. Quant. à la strate formée par les plus de 50 ans) les effec
tifs à Nkol-éton sont trop peu nombreux pour autoriser la compa
raison. Si l'on s'en tient aux valeurs pour les émigrés dela
Lékié (183) et pour Yaoundé (112). on~observe un écart important.\-. ,l., ~ ~.
imputable soit à un plus grand nombre de célibataires d~nsle ,grou
pe Lékié. hypothèse assez peu vraisemblable parce qu'en contradic~
tion a0ec les informations dont nous disposons po~rNkol-éton. soit
- 86 -
plutôt. à des ~ariages caractérisés par la jeunesse des épouses.
à moins que n'intervienne un facteur de mortalité différentielle
ou une rentrée prématurée des épouses au village (1).
En bréf. l'analyse comparée. réalisée à partir des pyra
mides et des grandes strates d'êge.conduit à définir la popula
tion de Nkol-éton comme r~sultant d'une immigration ancienne et
présentant une st~ucture démographique en voie de normalisation.
CHAPiTRE III : LE ·MOUVEMENT MIGRATOIRE DANS L'ESPACE:. .•.. .... . - - ,- .. .
~'AIRE·D'ATTRACTION.OU QU~RTIER
Bien qu'aucune enquête n'ait été réalisée sur ce point.
il semble que la mobilité des .. homm~s à l'intérieur du département
soit faible. Les variations démographiques enregtstr6ss l d'un·grou
pement à l'autre vont dans le sens de cette affirmation. encore
qu'il faille tenir compte des possibilités réelles de mise en
culture notamment des obstacles du relief.
La structure clanique contribue à l'inégale répartition des
hommes. les mouvements s'effectuant surtout à l'intérieur du clan
où de bons rapports sont assurés. On peut donc considérer que le
village de naissance constitue un indicateur suffisamment précis
de la résidence des émigrés antérieurement à leur venue en ville.
1 - Le sectëur de provenance
Les résidents de Nkol-éton originaires de la Lékié pro
viennent de tous les groupements du département à l'exception de
celui de Batchenga (Nord-~est) occupé'pour l'essentiel par l'ethnie, .
du ~ême nom. ~émographiquement minoritaire.. .
(1) A Yaoundé en généralj ori'observe une décroissance du rapport domas8ulinité (114 en:1957. 112 en 1962). par augmentation del'immigration féminine après un afflux massif d'immigrants mas
. cu lins pendant les troubles des années 57 à 60. A Douala. en1965. le rapport de. masculinité était de.120. à Abidjan de 140.à Dakar de 106.
- 87 -
parmi les 394 villages du département. '133. soit'; ;"'l.""':
34% sont représentés dans'le quartier; Le regroupement des émigrés
selon la division administrative' dont dépend lé village. place
l'arrbndissement de Saa (Eton et Manguisa) en tête avec 309~è~
sonnes; 'Boit 41~31% des h~bitants du quartierinterrog~s. 'L'ar~6n
dissement d'Obala vient en seconde position avec' 279 personne,s êt
37.30% des résidents; l'arrondissement de Monatélé ne fournit que
13.50% des résidents (101 personnest~ les arrondissements d'Okola
et Evodoula se partageant les 7.89% restant.
, 'Le calcul du taux d'émigration ~ar a~rbndissement (1) fai:
sant intervenir le chiffro de population dans liunité administra
trive considérée. apporte'unepondération aux estimations brutes
mais sans modifier le rapport entre les cinq circonscriptions
Saa 60%. Obala 59%. Monat61é 48%.Okola 15%. Ëvodoula 8%.C8t
ordre. qui co~respond ~ar ailleurs à une échelle décroissante dans
les densités de peuplemen~. livre un élément supplémentaire de
vérification à l'information apportée par A. Franqueville à partir
de ses enquêtes rurales: les immigrants s'installontde préférence
au.déboWchê de_larcute,qui les a conduits .enville. Cetto r~gle
obéi,~s~it. "s~i.6n t~~~.e:',v~aisemplance. à des c~n~idérati~ns d'ordre
pra t i q li e ,çl,a n s la ' p ha s ë.i nit i ale du peuplement' de la capitale. Ce
,facteur joue sans doute bgaucoup moins de nos jours où le choix du..._. _.....
~G1~fie~ est ~iut6~ ~~i~~~i~é~Sar:î~~~~~~~i~ii~t~~~~;~~~~~~~~~ent
offectes rarles membras du lignage ou du village que par sa posi
tion topograph;que dans] 'ensemble urbain. L'attraction du quartier
est ,aujourd' hui ,de .nature socio-culturelle et économique\ plus que·
géographique. ,
L'estimation du ,volume de l'émigration dans les deux arron
dissements du département les moins représentés nous fo~rnit les
éléments d'une démonstration a contrario: l',arrondissement d',Okola
(51 personnes. 6.82%). et rj'Evodoula, (8 personnes. 1.07%) étant
reliés à·Yaoundé.par l'axe routier conduisant ~ Douala. ,c'est dans
- - - - - - ~,- -. -::. -: - - - - - - - - - - - - - _.. - - - - - - - - - -. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - --- - - - --(1) Nombre d'émigrés au quartier en provenance d'un arrondissement =
Fop Li l id t ion de cet arr 0 ndis sem en t .
- 88 -
les qeartiers ouest de la ville (notamment à Moko1o) que s':f.\.sta1
lent de préférence les immigrants provenant de ce secteur. Les
enquêtes menées à N10ngkak en 1973 ont livré des chiffres tout à
fait voisins de ceux' qui vien~ent d'être présentés. La seule va-"
riation notable concerne l'arrondissement de Saa dont le nombre
d'originaires semble'· s'être accru entre 1973 et 1976.
II - Les rayons migratoires
La venti1~tion des villages d'origine selon la distance
qui les sépare de Yaoundé (ki1om~trageifourni par les enquêtés eux
mêmes). et selon 4 aires détermin~es par des rayons croissants
O. 30, 50. 70 km) fait apparaitre la répartition suivante:
Tableau XVIII Répartition des émigrés de la Lékié à Nko1-éton
selon la distance de leur village d'origine
à Yaoundé,
l'Jombrégrés
.~
IOistancepar rapport à Yaoundé1--- --1
dl' i' 7 à 30km! 21 à 50km! 51à70kml+de 70kmlLéldé-\ .,: T .em T . v111e 1
• 1 1 1" f, •123 300 216' 72 37 ~r748.
16 40 29 10 5 1 1001
Le rayon le plus court (7km) aété fixé sur la base de la
plus proche distanceséperant le département de la capitale. Le
rayon extérieur (30km) d8 cette premi~re aire migratoire a été choi
si à partir de la distance la plus grande qui puisse être raisonna
b1ament parcourue deux fois par jour (eu égard au temps consacré
et au coOt du transport en "engin" ou en car) par un individu rési
dant 8C village et . tr.avai11ant en ville.
On note qu'en effet, la proportion formée par les émigrés
originaires des villages compris dans cette zone est faible (16%).
Une enquête sur les mouvements alternants quotidiens devrait con
firmer cette ob~erv8tion.Se ~rouvent incluses dans cette première
qu~s~.situ~nt les villages,d'origine d~ la
des habitants du quartier : 300 personnes
- 89 -
ai~eunepartiede l'arrondissement d'Okola (dont le chef-lieu~.
r~l~van-t""d~~'~'ro-~-pem~rÏ'is'~v'ogÛ~m'~' l êt Etoï,'-Bétiet une partie de
celuiçl'Çlb 9 .la [grl?up~rpent, Mendoum).• deux zones qui supportent de
fortes densités.,,". . . . . . . ~ . " . .
C'est: dans la couronne intermédiaire. déterminé~ par les......
rayo l'? 57· de,. fO: .et., ~ O.. !<-r.n
plu~"forte,proPD~tion. ',.1 • , .' .J,'. •
, .. spi t,' 4 (J % d.l;! L' fl f f 13s:t i f t 0 t a 1 .
. .. , ~ ... Se trouyent .. conc.~rnés. l'arrondissement d' Obala dans sa plus
gr.anGle, partie._..ch~f-lie!J compris. le Sud de l'arrondissement de'.' ~.. ..' .' .. . ~:" .. " . . . '., . '. : . . '.
Saa. l'Ouest des arrondi~sements d'Okola. de Monatélé et d'EVod~ula. . 1. --
(y compr.:J.s;.l.e. chef-.1i13u)., I,.es densités de population. calculées. '.... ~. . .. , . ..., . - ....~. . . .. . .
par,gro~pement.-restent_moyennes.-. '. . .". ,: . '.' ..
Al.' int.érieur. d13 cette .c.ouronne. le voy.age aller-retour
à_Y..aound~~ est,:.a;isément. réa li~.a_p}e ..en une journée, même lorsque l' i n
frastru:eJure ;routière desservant le, village laisse à désirer .
.. ' L'Bu!,é.p,le la plus: éloignée de Yaoundé (entre 50 et
.70. ,km). couvre. :desyillag.es. à. partir: desquels le voyage aller-retour
est encore possible dans la journée mais ~~isse peu de temps ~
pélP,ser.:en vi.ll:e: •. Sont. compris dans cette auréo:E la plus grande
p~.r,tie; de,.l'arrq~nd,iss,ementdeSaa et l'Est. de l'arrondissement de
MonatéLé ayec J,.e.ur. c.he.f,~lie.ux •. An plandémographique. les situa-. .. . ........
tip}1sd.e :ces ..villagessont trÈjs contrastées: faibles densités dans
les groupements Nkolkosse et Ekot. pressions élevées dans les
groupements, Benyabega .B.t..E.bombo ...Malgré 1.' existence de plc:g:es de. .... ..... ,'...... : - .
p eup.le'T.l,ept; "dense.• le,Eivil),.qges sis dans ces zones sont beaucoup• .'. • ••• '~.' • : '.~ l" .~. •
- moif1s.s..ouYE!nt repré~en1<é.s .au, quartier (29%). Le facteur distance-.. . ... . . ;",' :. '. . . '.. '. ~'" ..', .
..temp~ estséjnsnul ..dQLJte.r:.espQnsabl.e de ce fait •
.. J., .... ··'·Enfin.·.f.aü-de1à ,d'un:rayo-n de 70".km. s'ouvre une··zone ex
trême tant par la distance la séparant de Yaoundé que par le poids
d~sdhaig~èKum~in~s~eNordde l'arrondissement de Saa).L'éloigne
rtiërit' et :les':dtfficultés d'accès-expliquent le faible pourcentage,
d'éniigrés-issus 'par'cette ,région (-1Q%). ·Quant au résidu·de.5%.
·':ii 'èst-:constitué"'par--les habitants du quartier certes d'origine, ..
éton'cou;rf1angu1sa~ mâis:-riés' en ville. Gn remarquera combien ce·
chiffre est faible; il souligne l'origine essentiellement rurale
de la population adulte du quartier.
- 90 -
III - La pression démographique et la taille des villages.
L'analyse des déplacements de population - réalisés eu
jugés. souhaitables - en termes de déséquilibre par rapport aux,
re~?ources (ici la terre exclusivement), que ces dernières se
prés~nt~r~. ~n dégradation par ép~isement des sols eu diminution de.'. ' ,
la plu v i 0 mé tri e ,q u e la pop u lat ion ait au gmen t é e , a e e roi s san t ai ns i
la. pression sur la terre utile, soit que le~ deux faeteurs I?G "~<)"uvent;-; U :. . , .. ~. . 1 •
pré s,enté.s, comme sus c ep,t i b l es d'agi r simu l ta némen t, eet te ana lys e,
è laqu~lle se réfèrent la plupart des études ayant trait è la Lék~é,~ : '""l. • ,.. '•• ' ..' .
app~l~~ quelques réserves quant è sa validité.
La notion m§me de déséquilibre e~t passablement floue en
l'absence de critères objectifs. Hormi les cas extr§mes OÙ e'est la
surv~:i.'~ :d~ "g"roùpe qui n'est plus assurée, les jugements ne peuvent.": • t '.'
§tre q~e relatifs car, si les ressources et leurs limitations sont
mésurables, quantifiables, il n'en est pas de m§me des beseins
d'une population, ~'agissant de ce~x que le~ psychologues quali-..
fient de secondaires, c'est-à-dire ne ménaçant pas directement l'in-
dividu dans son existence.
Un migrant ne raisonne pas en termes d'équilibres gl.bauwJ
il appréhen~e une sit~ation co~crè~e, estimant pouvoir satisfai~e, '.
(ou mieux satisfaire) ailleurs des désirs qui lUi sont, dans une
certaine mesure, propres en nature et intensité et dont il suppor
te mal la frustration." '
Ces désirs portent sur des conditi~ns de vie matérielle et
sociale difficilement réalisables sur place faute de revenus moné
t~i~es"s~ff~sa~tsetréguli~rs,"s~it néces~ital'lt un déplacement dans
l'espace. A ces désirs est associée la posse~5ion de biens manufac
tuiés,:j~~ant d'ailleurs sou~ent un rOle pluè"symbolique que fon~
"ti~'nneL
. 8"~ soi ns ~ dés i r s, a spi rat ionset cap a c i tés der é sis tan c e à
la fr~tralron q'ue' leur- privation el'lgendre, sont des variablas pro
pres è l'individ"u, selon sa pe"rsonnalité," résultant de sen tempé
rame"n't," de son statut socie-économique, de son niveau d' instruetion,
du système de"vareur'i:Je la société' è .laquelle il ,appartient, de: .,'
- 91 -
son ouve~ture à .l'extérieur enfin, car la formation des aspira
tions implique contacts et expériences, facilités. par la position
géographique d.u milieu.d' insertion par rapport aux centres de,·" ,.."', .
diffusion des modèles •.
La variabilité de ces éléments explique qu'à niveaux de
r e s ~.o ur ces, e t plu s pré c i s é men t .d e pre s s ion fan c i è r El é g a ux _ dan s
des systèmes de production comparables, correspondent des'aspira
tions. et des comportements très divers, voires opposés.
Un accroissement de la pression sur le sol dans un milieu
rural ~ux ressources limitées n'entraine donc pas nécessairement
l'a~~aritiond'un mouvement migratoire selon un processus d'homéos~
tase de. type "barométrique". A contrario, un flux migratoire peut
se développer dans des milieux ruraux non touchés par la pénurie
foncière. Ainsi en est-il, sans aller très loin, du pays Bulu,
voisin de la Lékié, au substrat socio-culturel identique, qui fut
soumis aux mêmes vicissitudes historiques et dont le mode de pro
duction ne diffère·que par 'la pius grande disponibilité en ter~es
due à une démographie beaucàup'moins pléthorique. L'on y'observe
pourtant une même.tendance au départ vers la ville de la fraction
la plus active dela population •. '. ( .': ", .
~es de~sités .de population observables dans la Lékié sont,
je viens de la souligner, très disparates, des zones de forte pres
sion jouxtant des plages de moindre densité, sans que ces variations
correspon~8~t d'.une manière précise. à une tendance à l'émigration
plus ou moins affirmée.
L'hydrographie, les accidents du relief et l'histoire en
rendent compte.La poussée précoloniale s'étant exercée du Nord a'u
Sud, les marches méridionales, au contact· d'ethnies non-bêti,
so.nt peu peupl~es; au contrair~, les zones d'arrière-garde bordent.:":; ... ",
le coude de la Sanaga sont fortemènt occupées.
La mise en rapp.?rt du taux d'émigration vers le quartier)
estimé pour chaque village par la statistique Xv.:
nombre d'émigrés au quartier.Nombre .. tot?l ..d!h~bit~nts du yillage
et de la densité de
- 92 -
peuplement propre aU groupement d'appartenance du village (fig. 131
ne laisse apparaître aucune corréiation valide (1)· et ce. même
si l'on exclut les villages des arro~dissements d'Okola. de Mona
télé et d'Evodoula. plus proches des quartiers Ouest de la capitale.
Si l'o~ cbnsidèr~les valeur~ maximales d'Xv .• l'on relève
qu'elles dessinent 2 grandes plages. L'une se trouve au Centre-Ouest
du département. dans'l'artondissement' d'Obal~. gr~~pements Mendoum
et Nkolfep. l'autre au Nord. dans l'arrondissement de Saa qu'elle
prend'e~ écharpe (groupements de Nk61b6go. Nkolmvak, Saaet Kou
nodolo.Ces plages se situent dans des zones de densités moyennes
(20 è 70 km2) et non dans celles où la prossion est extr§me. obser
va~ion qui suggère que si la densité de peuplem~nt.est en relation, . '
avec le taux'd'émigration. c'est plutôt en~ent qu'effet qu'en tant
que cause.
L'hypothèse que j'ait~nté de vérifier en établi~sant un
rapport, terme à terme. entre le tauxd!émigration propre fJ chaque
village (Xv.) et la taille de cedernier(T.v), m'a été fournie
par l'Une des motivations 10 plus souvent invoquées par les jeun8s
émigrés pour justifier leur venue è Yaoundé : village natal do
faible importance dé m0 gr a!=, hi que et pour cette ra i son négligé' po r :: J
les pouvoirs publics. absence d'équip8ment~ sociaux et de lieux
de distractio~. difficultés de s'en évaderpar'suite d'u~e position
géographique marginale è ] 'écart des pistes carr6ssables. vie
sociale autarcique et pes~nte. exemple enfin des actifs du même
âge déjà émigrés.
Lecoeffitient de correlation dégaié entre Xv. et Tv .• se
revèle non significatif "(r = .08. N.S.è P = .10). Tout"efois,
si l'on prend en considération les seuls villages où s'observe le, .
plus grand nombre d'é~igréb par rapport à la population totale. soit
un taux supérieur à 2%. on 'r~marque i
---------------_._------~--~-~---------------------~-- ----_._--------
( 1) r 12. non significatif à P = ~10.
10 km
• .10à 0.50%
\\,,1f,,'),1
1~
1~/
"."~-"---
TAUX D'EMIGRATION
",>e 2".el+
; • 1à1.99%1
1
,''' •. 51 à 0.99%,,/
V,..,.",.E
(' .'- .,,
\\,,,
1111,,,
11
111,
111
Fig. 13. Taux d'émigration vers le quartier par village.
93 -
1 0 )-:>qU8!;iUr-les'18 villé3gesrEitenus, 7 sont situés dans l'arron
dissementde Saa, le plus peuplé; 6 sont localisés dansl'arron
dissement d'obala, de densité moyenne, 4 dans l'arrondissement de
Monaté~é et 1 -dans l'arrondissement d'okola,' de densité faible.
2°)- qu'~ co~~idérerladen~ité de population dans les groupements
dont relèvent ces villages, on note que 8/18 sont situés d8~s des
groupements do forte densité CMvog ona l, Efok, Endinding, Senya
bega l, Ebombo, Saa), 8118 dans des groupements do densité moyenne
tels Mendoum, Kounodzolo ou Nkolmvakg, 2/18 dans des groupements
de faible densité comme Eton-Séti, ou Nkolbogo. Cette constatation
remet on cause l'hypothèse plus haut énoncéei d'une relation de
cause à effet entre intensité du mouvement migratoire et densité
de peuplement ou, 'du moins, incline à penser qu'elle se vérifie
surtout pour les cas moyens et conduit donc à en exclure les vil-. -
lagessit~6s dans des groupements ~r~5 peu ou fortem~nt,peuplés.
3°)- que ces village~ sont pour la plupart de taille modeste
-'
13 rassemblent moins de 500 personnes
4 re~ro~pent d~ 500 ~. 1000 habitants
1 seul est gros de plus de 1 000 habitants; il s'agit
~- ~ri .fait de la ville do Saa.
Il semble donc que~ malgré une corrélati~~ globale néga
tive, les petits villages présentent des caractéristiques telles" , .. ).
que les conditions de vie y sont ressenties par les plus jeunes. . .: .
parmi les actifs comme insatisfaisantes et les incitent à partir
an ville.
CHAPITRE IV : L'ORIGINE SOCID-FAMILIALE DES EMIGRES CHEFS~ . ".
D' IINITE DOMESTIQUE
La littérature traitant des causes de l'exode rural qui...•. .affect~ la Lé~ié .. place au premier rang celles qui tiennent aux
. ,
conditions d'eçcès à la terre des jeunes,' acc~s qui,' dans le cont~
texte de pénurie. fonciè.re, .ne peut-se réaliser que par·transmi"ssian
d'un patrimoine. D'où l'attention accordée à la composition et la0""' •
structure des f~milles dont sont issus les émigrésiprd*es~ion
. ::.-': .
- 94 _.
et activités économiques:du père,;position détarminée par.. le rang
d'âge:de'l'ém1gr-é parmi ,ses germains et 'demi.-;frères agnatiques,
activit6s économique~ de ces derniers~
'Il faut'prévenir 1è lecteur de ce que 1eè résultats qui
vont êtrep~ésentés ne peuvent êtr~ considérés. comme significatifs.. -
pour la totalité des émigrés masculins actifs du quartier de.Nko1-
éton, du fait de la composition même de notre échantillon qui laisse
échapper la fraction de la population constituée par les jeunes... 1. . • ' . . , .
actifs en situation de dépendance résidentielle!
l - Statut du père
Tableau XIX Activités économiques du père (vivant ou décédé)
r--------ï~;~!!~~!~;~;;~~~~~;~;;~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~=~~~~!'1 ! A i 1t! l.! ~. é 1 Tl!--------~_~_~~_~~__ ~~~ __ ~9~~§~Ç~~!~_ê~!!§ê~~_§~!~~ 9!ê _! ! ! ! ! ! !
N 2301 1 4 236------- 1 _
! !% 98% 2% 100%.
----------------~------~---------_!_------_!_------~!---------
Notre é~hantillon est dans sa quasi-totalité composé de
fils de.paysans demeurés ,au village ou qui y sont revenus à la:.. '. . ' . .
vieille~se. Ces émigrés peuvent donc effectivement se trouver dans
une sit~ation d'accès à la terre préoccupante.
Tableau XX : Age du père.
f--T;~~:-~;~;~~T~~;:-;;~--T~~~:-;;~T~~~~~~;~r~~~:~;;~~I-~~~~~-!! Ide -SO anslSOèS9ansl60è69ans!'Oans & +! !
f--T-~---------T----------T-----------------~---------~-------
1 N 1 172 ,9 l' 23 1 23 9 236 1
~--~-----------~--------~~~--------~--------+---------+------_.1 1 1 1 1 1. % .. 72% '4% . 10% '10%' ! 4% 100% "1 ! 1 ! . !--------------------------------------------------------------
Nous .observons que pour 72% d.8ssujets interr~gés, si les
difficultés d'accès à la terre du vivant du père ont pû déterminer
l'émigration vers la ville, cette raison n'est plus de celles qui
les conduisant à y demeurer puisque le père est maintenant décédé;
pour les 28% restant, le père est encore envie, contrôlant tota-. - .-. - -... . . . . .~. . .... ,.- ... .
lement ou en partie les plantations transmises dans le lignage.
On a présenté la polygamie, favorisée par les bonnes condi
tions économiques"quYa connue la Lékié de: 1930 à 1950 avec_~~expan
sion de la culture du cacao, comme directement responsable, par
accroissament du nombre des héritiers, de l'émiettement du patri
moine et des inégalités foncières.
Tableau XXI: Nombre,d'épouses du' père.. ."
- ~-~~----~---~---~-----------------~---------~-------,, ; , " ; , , , , , , ..i": " i ~ ép ~ i .2 . ép. i 3 ~p.! 4 ép. i 5: ~p. i "6 ép. i 7 ép. !
. ----------------------------------------------------,, ' ,: . , , '" , , , .. N . "107·' 52' 29 . "17 . 7 . 5 . 19: !! ... !... ! .. ! !-"! ! ! ,,---ï-----ï------ï-----·-ï------T------ï------ï-------.! % ! 46% i 22% ! 12% ! 7% i 3% ! 2% i 8%
;. '
Nous relevons que 54% des émigrés sont effectivement "issus
de foyers polygames et que dans 32% des cas, ces foyers" étaient
formés de plus-de deux épouses. Le nombre moyen de mariages con
tractés parle père"s'élève à 2,39.Le taux de polygamie apparaît donc élevé dans l'absolu mais
sa valeur relative est difficile à estimer, les statistiques compa
rablesétant relativement_récentes. A Yaoundé en 1969, le taux de
polygamie était de 12,24%; en pays éton, il était en 1964 de -16%.On"peut imaginer que le haut taux de polygamie ait pu
effecti~ementengendrerdes inégalités foncières à l'origine de:
l'émigration. On peut aussi penser que la position privilégiée
de l' aînél ' ait conduit à rester plus fréquemment au village .. , .
. ,-f ..:
", ..1
... ,", -
- 96 -
;-II,-Les héritiers du patrimoine foncier.'
Tableau·XXII Nombre: d'enfants de sexe masculin
par:foyer (toutes épous~s confondues).
,--------r----r----r----T----r----r---r----T---T---r---T---r---T---T---r----'• ............." D
! 1enfant! 2e.! 3e.! 4e.! 5e.! 6e. !7e.! 8e. !ge. !10e!11e!12é!13e!14e!15e!16e !1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1· .!--------T---~T---~T----T-~-~T~---T---T----T---T--~T---T---T~--T~--T---T----
! 13% ! 5% !16%!25% i14%!10% !5% ! 5% !3% 10% !1% !1% !1% !O% !O% !1%1 1 1 . .. f . - 1 . : - 1 1 1 1 - 1 1 - 1 l ' 1 . 1 11 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 l , 1 1 1· .------------------~----------------------------~-----------~---------------
Le nombre moyen d'enfants males par foyer s'élève à 4,59.
P~èBant ~~hr~a~e une ~6~enne ~e ~ ~~i~hti, rt8h~p~uvons estimer
que les-chances de se trouver en position d'aîné sont de·:20%,
celles d'occuper une-place intermédiaire de 60%, celles d'être
le benj amin de 20%. Or, si l'on exclut -les fils uniques, pour-les
quels _l~héritage s'effectue sans partage, l'on con$tate que 30%
des émigrés-restent (53) sont des aînés, que 59% (179) occupentune position intermédiaire et que 11% (20) sont,derniers de .
famille.
Il semblerait.donc que les aînés de.famille soient nombreux
dans no~reéchantillon,constatationqui va à l'encontre de-l'hypo-·thèse précédemment énoncée. Nos informateurs jugent la!statisti
que tout.à fait vraisemblable-et. imputent les disparités au fait
que l'aîné est le premier à ressentir les difficultés de subsis
tance, au moment où son père, encore jeune ne peut lui céder une
partie de la cacaoyère s'il veuL finir d'élever ses autres enfants.
Le départ de l'aîné faciliterait le maintien des puinés sur l'ex
ploitation paternelle. NOUS nous sommes informés des activités des
cadets en interrogeant leurs aînés au quartier :
- 97 -
Tableau XXIII :Activités-économiques:de~~cadets.·
-------~-~------~-----~-~----_:~~~-~~--~~~-~~-~---~-~-~~~---I! IEmigrésIPl~nteursIMaraicherslcommer-1 ArtisanslDivers .1 !_~~~~~_!~_~ ~~_!_~ ~~ !ÇêD!§~~! ~~~!_~~~ l
I. N 1 .'77 1 . '29 1 2 6. l' 1 4 1
1~::~:~-----~:------~~~~:------~-~~=-:-:~-~7---~-~--.:~~~:---J
'. 1 % 1 65% 1. 24% , 1· .2 % 1 3 % . 1·. 1%1 : 3 % [------------------------------------------------------------
i • '. .
.. -- :~
.Nous constatqns que,malgrétout. la majorité d'ent~a eux
ont aussi émigré. ',.", ;.
.. . , ,Interrogeant ensuite.les cadets sur les. activités des.: "". . '.'
.ainés. nous constatons que le nombre d'émigrés est moins élevé.que. -"...." . ; . .' . . . : .
ceW.l~::C,.S3.~. demeurés aU village comme planteurs. donnée quel'on
pe~t interpr~te~ comme l'indication d'une tendance au·retour parmi
les aInés au décèsdu:pè~e..
'TableauX~IV ; Activités éc6nomique~ des ainés.
-----------i----------i-----------ï------------ï----------,~migrés' Plantnurs' .Maraîchers Commerçants' Artisans'
1:----------.----------t~~--------~t---------~--.----------1
1 N 58 74 o 2 1. .,
~.,. ·!~---------------------------------T------------T----------
% 43% '. .,' 5 5 % 1 0% .• . 1% .; 1..1 %•...: ..~ 1
.! . . .. 1. •.. . . .....!-----------------------------------------------ï----------
. "'; .":.
:_~.~.A p:r TRr: ,\J :. LES. MO"!:JVA,..T~ ..~I~ .. fl.~._.n.~.~.~ f3.."!" E.T LES r, I RCO NS TANC ES.
[11=: !'INSTALLATTnN EN VILLE (Etudes ne cas)
Les motivations.quel~u'en soit la. nature et l'objet. sont
ré put éesd ' ab 0 rd m a,l aisé '. • Les difficultés s'accroissent lorsqu'il. . :.' .. . . ." .. ' . '. .
s'agit •.c.qmme .ici. de ,ressusciter .à .1a mémoIre de.s évènEtments:rs
mo~ta~t par~?is .àp.lusieurs décénnies.et dont le temps d~~tortet
subjectivise la perception que s'en forment les sujets.
L'enqu5testandard par'question- è téponse~'o~vertes oû
,._. ~~~~~~~,.~~~_i.~~f~ic~ce,~1.1.~ .n~_,~ivr.e gl:l~~~. m.~~l:I?< ,q~~ des justifi
:' " ca t i 0 b 5 " 5 t é r é 0 t Yp é es" e ri for me: d e t ru i 5 me' (p 0 ur gag ne r deI' aI' g e nt •" :
,pour'VoiF.la'fa~iliej'~sbns-signifi6ation' particulière~
J'ai eurecours'à une technique plus exigente'mais dont1 .' 1;
iiGs~~ci~'~6~i~~1~ ~é6~~ditéi e~t~eti~ns-~~~fci~o~dis;oi{~ntésvers
la mise en iumi~re d~un'8nsemble d~ ci;~onsta~ces resitué~s dans
leur contexte socio-économique et politique. avec pour trame direc
trice l'exploration de larges séquences biographiques. Une talle
appro~he ne'~~~m~i m~ihe~r~~se~ent pas de trait~r de grands en
sembles d'individus.
J'ai'don6 ét~"~onduit sur la b~se des données fournies par
'l'enquêt~r~én~rale. ~ séiect{~n~~r un petitr~c~an~{llon'raison~é
de 60 sujets. 'ciibi~is dans 'les gfk~dès tranches d' âge( ~étéra'~~, du
:quart1er"âgésde' plus dB :50 ans.: ind:Ï.0idus appartenant à la tran
che moyenne de 3D fJ 49 ans. jeunes immigrés enfin. pour iâ"plupart
encore en situation do dépendanqerésidentielle et parfois économi-
que auxquels je me suis fJlus particulièrement adressé' .... ".
--; .
l - Les vétérans 'dU quartier
.. Les ,vétérans) . don t ,l'a r r i \f é e· e n ville "est; . fi ' peine . post é
rieure è sa fondation. sont peu nombreux~ en raison de l'ampleur, .d u- mGU v e men t de, Fe t 0 uP- a u pays loI' El que -"les ' charges .f am i-l i ale 5 se
sont allégées et que les vieux jours se trouvent assurés.
Leur venue dans la capitale est le plus souvent la con
clusion<ci'un périple -s,inueux 's't pitto~es'qu~ à travers~:-le.é~m~roun, '
du Sud. dont ils 'se plaisent '?J évoquer les pér-ipéties pour peu
qu'ils trouvent un auditoire complaisant.
Ils ont s'éjourné,Jn peu partout. au gré dès offres de tra-
"vaiL attirés 'fJar 'des empl~'istemporaires'sur les'chantiers' fo~'os"
tiers.lo·s ':grandes 'plantôtions. l"es"travaux d,,~'ménag'ement routier
ou' forroviaire,infor'mp-s fJar 'des "frer'es" croisés' 1'8 long des fJis
tes. Car iesdéplacements~ se font à oied.sau'f lorsqu'un transpor
teur laisse accèder au plateau de son camio~ en échange d'Uri
"COUfJ de main".
, '
- 99 -
A '1 "0 ri gi'l'le dtls pé'r'égrinations, on trouVe assez souvent'
une :situation ~e famille ~ifficile : care~ce p~ternelle (situation
i lIé g tt i me (1)" déc È: sou a ban don de mé n age) 0 u mé s é nt e nt e a v e c l 8 S
,:.e1nés. . ') .;
Il faut ~on~idérer que l'expa~~ion des cultures d'exporta
t'ion dans"le'cadredel' exploi t'at'ion familiale en était à ses
début~; Les jeun8~ d'alors n'y voyaient guèré d'intérêt qui r'sis
tât' 'à l'appel d' horizons nouveaUx.
Le Sud du Cameroun sort alors de cette longuepériod~ de
troubles sD'ciaux succédant à :la débacle allema'ndes de 1917 etL.plus
~aut décrite~ L6pa~x imposée par le colonisateur va permettre de
cir'c'uler pour d'autres' mOtifs que la recherche' de la' sBcuritéoU
la ra,p'ine. Les "grands' frères" de retour:·au pays. vont jouer les'
sir è ne s: ce u x en gagé s dan sIe s t r 0 u p es colonia les van t e nt les p la i ,.
sir's: de Douala", ceuxpartis"-au Cameroun Britannique,"aU Nigéria
',ou en Guinée Equatoriale exhibent les produits m'anuf'acturés acquis
grâce aux prêts et salaires: vêtements européens, souliers, mon
tres d~ gousset, armes de traite.
Les projets sont échafaudés individuellement, les départs
furtifs, 'et,: si des' groupes se forment,' ce n'est 'qu'au cours des
che·mineme'nts.". '. ~. . .'. .... Airis i Al ex and re O.' n é ve l' s 1 9 1 0 à Nk 0 lm é ban ga, arr 0 n dis s e -
ment de Saa a quitté son Villa'ge 'à16 ans parce que 'le chef 'lui·,'
récl ame .l.'impô,t,., 1 l décle.re vou loi r pou rsu ivre à Es é ka un e .s co l ari-
té à' peine'. entamée car -on luirefus'e, en rais'on de son âge; '.'
'i\aC'cès 'de~ 'éc'ol~s de ,iSan et .Obala. Arrivé à.Edéa" ila épu~sé tout
-------------~---------.-.. _-----~----------------------.----~.-.------_.-(1), L',en'fant ,né hors. mariage' (mariage c'outumte'r.s.'ent.end),',,:ne peut
prétencire aux mêmes Groi ts que les enfa·nts légitimes,: notammenJu, L" : .
en. mé\ t ,i ère d' a c c è s ~ à ) a ter r e. '. .. " ,. • Si. dans s Q n, mal ht~u r, l' en fan t na tu rel a La cha r) C 8 q~ 'rnaitre dans ,un lignago maternel sans descrindance mâle.' LI seraélevé dans une ;ambiancesans conflit par son on~i'e,ouson grandpère, dont 'ilhér:Lter-3.Le cas ie plus tragique' ,'est'celui desenfarit's natur'els. d-e·s ve~ves, qui n'ont rien àatte'ndre;, ni d'unc ôté nidel' a Ut r e,... .... ..... , . 1
Les enfants illégitimes 'sont nombreux. les ,rappo,r.t's ;sexuelsavant mariage ne compromettant pas les chances de mariagé d'unejeune fille; au contraire, sa fertilité démontrée tendraitplutôt à la valoriser. Dans un village de la Lékié, en 1876.(GUYER 1977). les enfants naturels représentaient 20% desenfants recensés.
.. 100 -
son,viatiqu8.~acquis en vendant du gibier aux sous-offibiers fran
"~çai~ !du'pa~te de;Saa., Ilcoupe'du ,bois le 10nB de la ligne de che
-min de fer et ,le vend,aux conducteurs pour approvisionner les'
machines. Il se souvient ~ue le mètre cube lui était payé 1frànc.
",' Il r (3 mon te, d e ci, deI à v e t' s Yaoundé. ci te' 1 é s pori t s à la
constr.ucti,on,desquels:i,l a particijJ8; toujours surIe: tracé de.-,la
",voie ferrée. 'montre la'blessure de machet·te 'qui lui a permis'd8
connaître sans bourse délier Douala 00 il'est éVacué parc~ qu~ciri
craint 'la gangrène D'
',' 'A,l' hopitaL il, fi lié connàissanceav8c un frère ven'uassis-
ter,:son épouse: q-ui'vient,d'acooucher. Rétabl1, il 'sert'à ce dernier.
c~auffaur'à la voirie.' de manoeuvre'bénévolemoyennant'quoi il 'est
autori,sé à prendre 18 volant sur des itinéraires déga'géset.• 'vu
ses aptitudes" est très ,..vite engagé ·camm.e conductour. .,
Il vit,à 'New-Bell chezee fr~remaisbi8nt6t se brouille
avec le,contremflitre 'français; il es;t congédi6etdécidede retour
ner ,à EdéaoO une ,amie '1' attend. Il s' y retrouVe chauffeur affecté
a u t ra n s p 0 r t d u p ers 0 n n el dan sun e, p la n t a t ion d' h é v,é él s pu i s dan 5
,une exploitation cacaoyère. '
,Il itrouve m~euxchez, Yannis N.'.un commer~ant grec qui'
est aussi transporteur entre Eséka et Yaoundé (1). C'est ainsi qu'il
arrive dans la cap~ta18. 8t ~etrouve bientôt embauché à la voierie
municipale. 'Ily res~erajusqu'ô la retraite.
~--~----~-------~------~---~----j-----_._-~--------'~~--------------Dans l,es relatio'ns, que livrent aV'ec complaisance' nos anci'sns.a.pparaît fréquemment un personnage haut en cO,ulpur; et., qui occu~e uni~ituation-clé~~ar ici rôl~ décisif qu'il a joué dansles dynamiques individuelles. Il s'agit du tr.aitant.. , grec. ,syrolib-anais' o'u 'français". omrÙprésent.' ft la fois acheteur de cabpsses. 'vêh'deur dEi bien's' de "c'onsommatio'n' manufacturés. oréteu'r-'
,:.:; Lisur~8r,: tra'ns porteür. " ! ' "", '. ,
, Sa mobilité; le car~ctère,proiéifDrmede ses activités dsn'égoce lÈlcondu'it" à recruter des "ach'ete.urs" chprgés de ..1a collecte' du, ca'cOO"s't de (ëi vente d'e" qui'ncaillerie en brol)s'iie.'-d8~crommisnour ses' éphapP85 'd'~ms les 'vil1eS,',sec9Ildaire's etboUrÉadris. desch.aUffGurs' et mécaniciens pour se~ ca,mions. Ce~èrni~r'~éti8r ~ppar~it comme ~a~t{culi~rement'~a16ris~~tauxyeux des jeunes d'alors et de l8u~s pflr~~~s. ~ une épo~ue 00l'er'fort'de' scolari'sation' s"amorè'e.' ,,,:\' p'8ine~
:.. ,": ; " .
",'. : _..
: .f
.- 101 -
·11 a p'abord vécu· chez un frère domicilié au quartier
puis tJ·loué.·et.en.fin abâtL':après<avoirépousé.un.e fille d'Okola.
Il,vit~encompagnie decsa fille et de son gendre. électricien dans
un-e' grande' entreprise de la ville •. Son épouse entretient un petit
potager autour de la case." pour leurs propres· besoins (1).
Pourquoi. à son âge, n!est-il pas rentré au village. comme
les autres? Il se plait ici et nVest retourné que 4 fois au villa
ga an l'espace de 40 ans: 1 fois pour.la mort de son· père. 1 fois
ppur celle de· sa mère et.pour.le mariage de ses 2 soeurs •
. ".,: .' Il',restera donc à'Yaoundé, si toutefois.il trouve aes cré
diks pour lUi-permettre,de rebâtir. sur le'périmètre de recasement~
il·:comote·beaucoup sur sa tontine pour y parvenir., Mais ses der~
ni ères volontés seront .de rapatrier son corps au village. Il··, e·,
d'ailleurs réservé quelques économies è,cet effot, car .il pense
que les morts doivent' reposer près de ceux qu'ils ont connus et
non dans l'anonymat d'un cimétière citadin •
..D,D.minique R. a 52 ans. Il est né près d'Efok, arr.ondisse-. "
ment d'Obala.
Il.a suivi le cycle d'instruction primaire durant trois ens
puis a été ~nvoyé par son père à Batchenga, comme, apprenti mécanicien~ l' '. ".
chez un européen, qui venait d'ouvr~r un atelie~, 63pendant que sa. " ". .., .' o.. .
mère se dési~~érossait d~ lui et quittait son f?yer. Son frère,
cadet,' réppndant au voeu de leur père. suivra la même voie mais
le benjamin restera au village.
_.,. .,~omin~que. évoque c~ttD ~remière_ expérience :hors du village
avec fierté. ~e Blanc était dur mais honnête et l'ostimait. Il
logeait alors en commun avec des ouvriers basaa et Rwanda. Dès'\' .. ". , ~
la première semaine. jl reçut un ~alairequi lui permit de subsis-. _ .. : .' . o.;. ,1
ter .sans difficulté. Son pèr.~ lUir.endait visite et l'approvi~.io.n
nai,t. en vivres frais.
(1); Da'ns 'les bas-fon'd qui entoureilt le quartier. de'sfemm8s' '5:8 :livren~ àdescultures maraich~res dont elles t~rent fle5 rpvenus.cf. J. L. MOR UJI ERE. L a r 6 p; i on. ma ra i c h8 r e i nt ra 8.t 'p é ri - u rh 19 i n 8de ya6undé.Trav.· Doc". Géogr. Trop., nO' 7,' déc.'1 f972.:;': .
- 102
, .. En . 19 4 5 .' s à i t: d eux ans a pr ès· son . d'é part d u vi 11 age. l e
Blanbfer~~ son'atelier etpart:pour Bangui (O~bangui-Chari) 00·
il:a'cbnbluune association avec un' commerçant grec~ 'OominiqUe.:
qUi.a alors 2D'ans et dont le travailestapprécié.'·suit' son patro-:,
Pendant 10~ ans~ il va parcourir l'Oubangui et le,Tchad'~omme,sala-
·rié de, trait'ants.' tantôt· conaucteur. tantôt ,mécanicien; . tantôt
, co~mis'.
Entretemps. son père est' mort~ Il,1' apprend par un "frère',
se rend au,village. constate' que s~s'soeurs snht parties "en mariD
-ge" et',que:soh c~det ~disparu. Sa'~amil18maternelle'n~Tluidonne
pas signe'de vie~'Il revoit'par contre s~n oncle'paternel qui s'o=',
i ns t a 11 é à YaD und é c 0mmEl cha r p e nt i e r • " l l ' l' a ppré cie pou r son h05 p :;" .'
talité'et c'est'à'lui qu'il'remet ses économies.
Eh février 1956. Dominique décide de tenter sa chancè'à
Yaoundé en ouvrant un débit de boissonsdont'il'alimentera le star"
grâce à ses économies. A nouveau. son oncle l'héberge et luî'pro
cure un emploi "en attendant", dans un atelier de rectification
automobile. oÙ il prépare ies' pièces avant passage ~u' toùr. Il
abandonne bien vite ses projets commerciaux mais prend femme •. ,
L'anné~ suivante. il bâtit près de' la c~se de son oncle~
Aujourd'hui, i'0~cl~;9st mori; son fils n'a pas assisté ~
ses 'funérailles ni 'm§me"reven'diq'~é la case. C'est 'donc 'DominiqLJe'
qui a' pris en ~h~~~~'les fr~is de rapatriement du c6rps et ~'eM~
terrement et qui "~outient" sa ~euve. La ~ase de l'oricle a été
louée., '
Dominique travâilletoujours dans la même entreprise dont
il est l'un des ~lus ~nci~ns ou~riers; ilr~ la bonfianco des pa~r~'
et un bb~' ~alai~e d~'cont~~~a1tr9.
Il fait de fréq~8~tes vis~tes au villag~ grâce è sa voitti~c.
Son épouse et ~es ohfant~ ~. vi0ent presqu'en permanence; seuls les
ainés restent à Yaoundé pour "fréquenter". A ch~~ue v6y~ge~ l'un. ~~ .. . .. . ..• . .
ou l'autre ,des ,époux, rÇlmr:nent des, vivrE;lsqu ' ils. commercialisent:.,
Ces vivres provi~nnent d'unB plantation-qu'il è cr6~e sur des fri
~i;t'~': contrôlées 'par son fr~r~._ I1~' ~ussi crée' ~~e' plantation\. '" . ",.. :. ",. .
cacaoyère que son cadet surveille; il le remunère sur la récolte,
- 103 ..
. ',1 l n J env i 8 a ~ ë pel S· d El .. r est e r .à Ya 0 Li ndé' apr ès' qù e . ses 8 nfan t s
aüpo~t~été easé~.rl:pe~s~·qu8, l~s c~~rges'dè:famille disparuos,
.::.:-:1:1 :pdurra'vivre :aisement de s~sr8venus'agricoles sans avoir à'
:fournir un effort physique excessif. . ~ .
. -'" .. ,. ..~. : !~•.
. ..... :." . . .'..
Dans les deux cas quo_nous venons d'évoq~er, l'émigré a·
}~:oUVé .r:a~i.dernE3nt ,un emplo:l,et ,une résidence stable. L' enrac.ine
~~n~ ,~rbain fut plus malaise pour Benolt.F. etJean~Baptiste A.
'J.' B~noit F., 58. ans, .né à Nkom L village,manguisa de
l'arrondissement de Saa, était cadet de famille. Dès 16 ans, ·il a
.:s;~/~yi ~so.n frère, employé par un commerçan.tgrec d' Dbala, après
a'!.l:J.ir ",un. peu ..~I.fréquent8n à Il école. primaire de.la missioncatholi
.,9:u.·e:·,~:e 'Nko.~~ébar'1ga,. J'ai qUitt'é monVi.11ag~, nous dit-il, "pour "
. ,d~rn.e.rder la vie; j'étais .jeune et je voulais voir du pays". ,Benoît..;.' . '
est d'.abordemployé comme vendeur par le même, commerçant grec puis..' ';.' '. .'.
comme gérant de boutique à Elig-Essono, ce qui lui permet de s'ini-
tier aux astuces de la. traite cacaoyère.
A 20 ani, i~'-~ri{'l~ ~ Y~6u~~~ ~pi~s qu'il ait ét~ congédi~
·par·son employeur à la suite d'un dïfférend. Pendant' 3 ans, il va
subsistergr~ce ~ des "travaux' de fo~ce", manoe~vre ch~z'un 'commor
ç a nt'· e nboi s puis dans une usine de fa bri cat io'n 'do matériaux de
construction, activités entr'eco'upées de périodes de chomage.'·Il
est hébergé par des amis~ eux-mêmes è la charge d 1 un parent.
En 1942, il ~rouve 'enfin 'un emploi pl~sstable comme pl~n
·t-on· au Service des Travaux Publics.: Il apprécie la régularité du
·salaire (3.000' f. CfA' par' mois), mais non les' ordres ni le'bruit·.
En1 9 4 9 • il r e n 0 u'e avec los a f f air 8 s en d e v El na nt "acheteur
~e produits", cJElst-~-dire collecteur de cacao pbur l~ compte d'~n
traitant.: ~ sit'-J.ation matérielle s'améliore~ il loue unê"base (et
fonde un foyer.Lor~que l'Etats/attribua le monop61e'de l~ traite,
il se-tr~uve de nouveau dans"la gêne; il a du rrinvoy~r s~ femme
et les ~lusj~une~ de' s~s~nf6ntsauvillageet p~ospecte mairttbnant
la·brousse'à. la recherbhe d~ plant8~ m6dicinales.
Il nous dit' qu1il n'est pas Attach~ ~ YAoundé et ~este
prêt à se rendre là où un travail s'offrira.
.- 104
Jeôn-Bap;tist,eB. ,.a environ .55 ans. Il Dst ,nA dans un vil
lage de l'arrondissement d'Obala. a.suivi· l'enseignement primaire
pendant deux ans avant .d'être confi~ en apprentissage.~ un tailleur.
En 1956. son frère ainé. installAB, Nkol-,éton et exerçant
la profession de cuisinier. le fait entrer comme blanchisseur chez
le ch~~ de cabinet du Premier Ministr~. En 1860, il ntente l'amour"
ft r â ce' às e s éi con 0 mi e s et s' i ns t a Il e b il en tôt da ns' l a ma'i son d e sa n
beau-père qui 'rentr'e au vill'age.' Il a maintenant cinq enfants et
apréhende d'av'oir È1 dé'molir so'n logement puis il le 'reconstruire
ailleurs.
Il ne va pas souvent au village car ses soeurs sont teutes
,Iie'n 'mariage 1;et so'n oncre pat'ernel pas agréable À fréquentér. Son
[Jère a bien laissé une [Jl'an'tation mais elle est' si pet'ite qu'elle
ne suffisait bas è l'~ntretien de deux m~naRes. c'est un c6u~1nqui
l' exp loi t'èmoyennant un loyér que S8 pArtagent les deux frères.
II - Les actifs de la tranche iritormédii'lire
Ils forment la fraction la plus importante de notre ~chBn·
tillon de base" la [Jlupart 6tant chefs de m6nage. sinon chefs
d'uni,té. rési~entielle. De ce fait. il fut aisé de les interroger
A leur domicile. ~ la fin de leurjourn~8 de travail.
Leurs conditions matnrielles de vie sont les plus envia
bles. Ils ont rejoint Yaoundé lorsqu'ils étaient âg~B de 70 ~ 30
ans. souvent munis d'une,honne formation, ~én~rale. ~ moins qu'ils
ne·. soient venus: en'vville flour la [JArfaire. Leur venue El ntf propf'
rée! ils ontéconomisn et S8 sont assurer unp. nssistancn efficac8" 'car ~ "on ne reut pas venir en ville. sans conaitre d'avancei si~on
on souffre trop». Certains sont arrivés plus jeu~es, .nt ét6~ris
en charge par'des parents et ont frandi dan,s laca~ita18.
La situation du march8 du travail leur a, en FRneral,
[Jermisde s'omployer sans trop dR difficult~s. Il~ ent tr.uvé sur
place un pArent ou un originaire du mêmp. villave pour les hphor~er
durant los ~rcmi8rB mois. ils ont ensuite lou~ ou b!ti.' nuis pris
frouss.
- 105 -
~(i{i~éraire~n{re le village et la ville eit rectil~gne.
On ne retrouve pas les cheminements que nous ont narrés leurs an
ciens. Mais. è l'intérieur de la ville. ils ont chang~'fréquemment
de logi~ durant les premières'années'qui rint suivi leur venue. Ces
cha n g e men t s s' exp lique n t p ~ r l'e sou ci 'd e" selo g e r plu s è _l'a ~ s e
au fur e~ ~ mesure que la situation ~conomique s'améliore.
Les moiivations de départ sont multiples mais toujours. . :' . +.
":dominée's par des p~éri'~'cupations économiques
:::,"- L~-"pèr~ "e'st' décédé' et ri' a pas la'isséde plantation' ou bien un~. . ',"
plantation trri~ ~xigci~: .' .. ..• :. ,
.-L,a,~.acao.yère est en.c,o.:r:-e entre les mains, du père;: i 1 aurai t"f a Il u1 '. :. .~ ,
attendr.e que la plantation personnelle commen,ce à pro.duire .. (re.grêts'. .:. ~ :.. .' .... .
.. Ae. n'avoir.• ,c0rt;lme :c.ertains., planté des t.iges dès l'enfancel.
- Le bon niveau d'instruction a fait ri~!tre desa~pi~ations profes
sionnelles et de mode de vie plusexigeantesque celles des parents.
On recherche le salari"atde' bureau. de préférence' dans '1' admfn'i:s'
trati'on parce qu'on yest moins bousculé.
- On désire fonder un foyer rapidement en réunissant par soi-m'ême
l~ montant de l~ dot (père peu fortuné. absen~e de soeur. volonté
de prendre ses distances vis-è-vis du lignage).
Les visites au village sont fréquentes. surtout dans le. " ,
das de double activité économique par création de pl~ntations ar-
bustives'et lo~sq~~ l'épou~~ ~ demeure en permanenc~~~our a~surer
la iubsistance ~~' f~y~~urb~in tout en affirm~nt les ~roits fonciers
d e 'l' émi gré' 5'u' ~" 1~ spa r c e Il e s v i v r i ère s .' "
Ala faveur des visites on s'approvisionn~ en prod~i~s du
pays. Dès que la situation économique se trouve assise. on entame.
pas è·pas. la construction d'une case en dur au village~ en vue
des vieux jours. Voici quelques cas. choisis parmi, les plus';typ~q~es ..
,'- ,
'.
-- 106 -
. Alphonse F. est né en 1934 à Saa-vill~. Son père est
décéd6 alors qu'il était encore en bas êge laissant ,cinq garçons
et deux filles. Il est le second.
N~,~I"'ouvant pour,~ivre au village que.quelques pieds,de
cacao.laissés par son père et fl partager avec.ses .. frères, il.suit1 ::" . • .1' • • . • ," •
l'exemple de. son ainé. (parti pour Yaoundé oD il est employé comme,r ." . .. . . ; ~ '.; . ;". ::: '. '. _ : .' ," :
chauffeur), en répondant ~une offre d'emploi de,jardinier chez un.. ~ . ·1 . . • • .
particulier. Il avait eu connaissance de cette offre par un parent" ". '.' . ' , .
émigré au quartier. Il s'installe chez lui .etentreprend.durantses..' ". ~ '. . '. . '.; -'.'
loisirs des cultures maralchères autour de ~a case.
Il contracte un premier mariage et achète bientôt à sa
femm~ u~e éc~opps de vivres au mar~hi cen~~al,. ,
en partie alimëntée.'. <'.:: - -) ':.
par 'ses cuif~res p~iBo~nelles. C'est là, q~'uri ~our,un cli8nt~lui
propose d'entrer comme aid~-magaziriier dans 'une entreprise de com-
po~antséleotriquesdont'ilest le directeur.
Alphonse a maintenaMt,trois épouses dont deux re~terit~e0
village oD elles s'adonnent aux cultures vivrièresqu~·alim~rité~t
le commerce de la troisième; Elles cultivent su~ les parceli~i~~n
fr:iches laissées par son pèr.e,.en plus de celles cédées par sa mr~re.
Alphon~e est propriétaire de sa case mAis· a aUBsicons
truit au village où il ..e.spère retourneri~À la retraite'~ Il laissera
une épouse en ville avec les plus jeunes de ses enfants, de manière
~ ce qu'ils soient éduqués dans. les meilleures conditions.
Al Ph 0 nsen 0 uspa rIe des es.fr ère s : l' a i né, n0 u Ei l'a v q n~," '~, ; ,' . . ' ....) :
dit, est chauffeur et se charge souven~ d~. ~ransporter des. vivres.. ,': . . ,"' .. . . \'.. .
'pour le .compte de ses épouses. Le, sepond f.r~re est vendeur dans un
autre commerce d'éleotricité; 16 troisiAme est ouv~i~r spécialis~
à l'usine Bastos: ~euJ le dernier "reste" au village oD il a orée
s~.:rlantation de cacao •.
Entre l~ troisième épouse d'Alphorse qWiexplique que, bien
que résf~ant ha~~~uellem~nt au villAEe, elle se rend très fr~quem
ment en ville car elle achète et revend des vivres pour son.oomnte.
Alphonse ne voit pas d'inconvénient 8 ce qu'elle circule ainsi, du
moment que se~ activités permettent d'alln.p,er les oharges du mnna~e
enVi Il e.
- 107 -
Marcel N. A 41 ans; il est de Yemmessoa II, gros village non., .. ~ ;-. . ': . :~ , .~ :. ;
: .;. .loin d'Efok (Obala). D'abord écolier au village, entretenu par un
tuteur (son p~re est mort alors qu'il avait 4 ans), il,prend. cons
cience,· ,!ers 15 ans, "que le cacao, ça ne rapporte rien. de bon", et
s'en· vient rejoindre ~ Yaoundé son fr~r8ainé qui "a,.réussi dans la
banque".
Il exerce div~rs petits métiers puis"gr!ce aux relations de
son f r ~ r e~: e nt r e à 3. a ' Ca i s s e Centra l 8 de Co 0 p é rat ion qui vient d El voir
le jriur. Il s'installe d'abo~d'à Mvog-Ada, chez son fr~re, puis, très
vite, il construit à Nkbl-Btùn.
Il a 2 épouses et 7 8nfan~s.ChaqUe épouse, à tour de rôle,
séjourne au village pour ~ntfetenir ses champs vivriers et nourrir
son'·lffiénage. Il vit aisement mais sans oublier les obligations con-'
t ra ct é e s à l' é g a r d des 0 n v 1. .i. :i. (j g8 qui 1" a "s 0 ut enu "'10 r s qu' il est,
arrivé~ démuni,' en ville; il a placé ses économies dans, une exploita
tion fruiti~re créée sur de5 fri~hBs controlées par son père mais qui
ne "donne" pas encore. Son souci majeur, actuellement, est de résou
dre le probl~me de l'entreti3n r~gulier de cette plan~ation ~t de
l'évacuation ultérieure' de la'r'éc·olte. Il lui fau;drô'-it une bonne. j.
voiture pour gagner le village rapidement et sans aléas durant le..
we e k -e nd; les con g é s son t C lJ d r t set les' v 0 i t ure s t r 0 p (t r ~ s ) c h ~ r e s 1
Que faire'?
Lorsque laplantatiDn commencera à "donner", il la placera
en gérance en attendant sa retraite, mais avec un papier, car il
faut itre prudent, ne pas S& retrouva dépossédé par un exploitant. .
qui au bout de 5 ans, ex~ipera d'une mi3e en val~ur pour réclamer la
plantation.
Son rêve ? : une grar'de bônaneraie, grouillante de main d' oeu
vre mais oD trouver les "mOYEns" ? Bien sOr, il pourrait demander unr ,.
prêt réservé aui investissements ruraux mais à ~uoi bon, il connait
par avance la réponse: pas d'aval, pas de gar~nt~es~ demande ir~cce
vable. Lorsque son fils sera devenu f:onctionnaire, alors, oui, il de-
mandera Un prêt et l'obtiendra.
- 108 -
Les gros entrepreneurs, nous dit-il, sont tous des fonction
naires; ils obtiennent facilement des prêts, puis cassent les prix
et les petits doivent abandonner. Il évoque la carrière de sable qu'il
a mise à jour près de son village; il est certain que son exploitation
serait très rentable, mais où trouver les fonds pour acheter le maté
riel d'extraction? Il songeà sa tentative malheureuse d'élevage avi
cole; la provende est très chère et il ne parvenait pas à écouler la
production. même en assurant aux clients des livraisons régulières.
Les hoteliers et les restaurateurs préfèrent passer contrat avec de
gros producteurs qui leur consentent des prix plus bas.
Exploiter une entreprise rurale avec la seule aide de la
famille ne permet pas de réaliser une production suffisante pour que
les revenus soient à la mesure du travail fourni. Il faut voir grand.
recourir- à des salariés. mais les capitaux manquent. Bien sur.
il rentrera au village dès qu'il aura atteint l'âge de la pension;
sur place. il pourra sans doute produire dans de meilleures conditions.
Athanase T. est né en 1945 dans un village de l'arrondisse
ment d'obela. Il est le dernier de 5 garçons. Il a reçu sa formation
scolaire de base au Village-même. Il a 13 ans lorsquo son pèro meurt
en no laissant qu'une modeste plantation de cacao. Dans son tostament
le père recommandait à ses frères de prendre soin de ses enfants et
de mettre en valeur la cacaoyère, de telle sorte que chacun d'entre
eux soit convenablement pourvu.
Athanase est donc pris en charge par un de ses oncles qui
l'élève dans sa famille. avec ses propres fils. Il entre à l'école
secondaire des frères bénédictins. atteint le premier cycle ot reçoit.
alors une formation de typographe.
Il exerce cette profession depuis 1967. Il s'est marié en
1970. puis a quitté la maison de son oncle pour s'installer non loin
dans une case en location. En 1973. il a acheté un lôt au quartier.
mais n'a pendu la crémaillère qu'en 1975. Athanase a 4 enfants dont
2 sont d'âge scolaire.
- 109 -
,Tout serai,t péJrfaitsans, la, ména,ce de destruction qui, plane• • ." _." " • • • 1
sur le quartier. ILbéDéficierabien sOr d'l,ln lôt de,recas8ment.,ma.i~.
il lui fa~d~a reconstruire rapidement et ses. moyens sont limités.
N'aY~rtpas de véhicule. ,il ne peut s'approvisionner en matériaux:de
construction au village; il va lui, falloir tout acheter,sur pla?e.
à prix fort.
Parmi ses frères .ainés., deux sont en ville;. l'un est, manu-:
te~tionnair~ dans une entreprise de vins et spiritueux. l'autre est
vendeu~ chez. un commerç~nt en textiles. ,Les-deux autresfrèrep sont,
restés.au village où ils mettent en valeur:la cacaoyère laissée par,; " ..:' . .
le, père. Le groupe. des. frères émigrés n'est pas intéréssé, aux b~né~
fices de la plant~tion. mais chacun d'eux entretient,des ,cultures
vivrières,a~ ,vlll~ge, grêce aux épouses qui s'y rendent régulièroment.
Athanase r~ntrer~ au village lorsqu'il aura atteint l'êge de
la retr~ite; il regrette de ne pas avoir de cacaoyère personnelle .
. ....
Jeon-:-Baptiste G•• cousin germain d'Athanase est .néen 1941';: •• 1 • .:' "'
dans le même village. Il est venu à Yaoundé avec son père qui trouva
à s'embaucher comme magazinier dans une société de vente d'automo
biles. Il a "fréquenté" à .l'écolede la fuis~ion adventiste puis. est
entré au service d'L.!n. particu~ier 90mme boy-blanchisseur. Il s'est
marié en 196~ et vit en location au quartier~ avec ses 5· enfants.
~la laisséau.village sa part de la cacaoyère patern~lle.
qu' i 1 ê) c Qnfié e n exp loi t a t i on, à un v 0 i sin m0y 8 n na n~, ap p r op ria t i on ,
d'une~~arti8 de la récolte. Son épouse cultive en,vivFes plusieurs ,·1
parcelles. pour assurer l'approvisionGement du ménage.
Hector p •• a 38 ans. il,est marbhand de .vivres au marché
central de Yaou,ndé •... ",: .":"
Hector est né dans ,1 ',ar.rondissemen.t de Monatélé ,d'un père po.ly·~:
game. Iln'a qu'un.demi-fr~r:e dont il .est l'ainé. Il est alXé :en
classe jusqu' a.u;.ce,rt,ificat ,d'.études ,primaires. Alors qu'il .,allai,t,;avoir
16 ans son père meurt ... ~e laissant sens ressource autre qU'L!ne :peti,1;e.
cacaoyère... ' '. i .'
- 110 -
Il'' mon te" a loI' S à Ya 0 un dé 0 ù i l 8 S Père t r 0 uver u n t 'r a v ail d e
burGau.' il est' d'~bo~d hébo~gé par un onble pat~~nGl ins~ail~ à N16n~~
ka k p r è 's' d~ s' l 0 ~é UX 'à ~ t u 8 i s d ë laSure t é Nat ionale: lIn e t -r d U ve qu' u n
trav~ii dé manoeuvr~ dans un8'~ èritreprise de construction; il'y pàSS8
un en ava~t 'de' réussir à' 'entrer' comme vend'eu~" à la ;'King' s Comp'anyit",'
où il restera quatre ans. Ensuite. il s'installe comme vende~~ de' ~i-. , ". l • •..• •• . • • .". ."' : .•.
vres au marché c~ntrel~ En 1965. Il ~ trouvé à Nkol-éton une case en, ,
bois que ïu'i ~~nd: un' ;,~'~êf'e" do village: ti'a'g~andit'.restaul"8et ins-'
tallGen 1970 un' 'toit de t'ôles ondulées. conformement aux arrêtés.
Il n'a'pour l'instant ~u6un i~térô~ aû vili~g~, l~ ~etiie cacaoyère
paternèlle étant exploitée p~r ~bn ca·det. Non, il n"a pas fait Valoir .L
ses droits ~ur une pla~tation de rapport trè's médiocre.
',' He~tor: e~t 'pl"e'in de projets';: il'e'nvisage de' c~é~r d'ici peu
une bananeraie et'~ne"plantrJtio"n'-fruiti'ère pour'ôssurer ses vieux
jours. une~io~sies:8~fants élevés 'et é~uqués. Ii re~tre~~ au village
aussitôt que son fils ainé aura trouvé un travôil convenable; il lui
laissera en garde les pl~~'joun~~ et'lui. se" r8tire~a au village dans
la maison ~u~il~~u~~ construite •.. ;','
Ed"~uar'd T;:: a" 39 ans. Il Gst mécani6ien dans les services tech-'
niques: d~ 1~"~1aipie'd~;Yao~nd'é et exerce en outre' dosactiv'ités politi:'
qU8S au hi~eau duquartior.
Il est né près'de Saa où il a "fréquenté". se rendant chaque
jour en cl;ss~à pi~d. Il a obt8n~ s~nc8rtificat d'étudo~ primaires
puis e'st entré da'n's'ùn' établi~"seme'n't'd' enseignement techniqu~: dont il
a suivi les cours' dur~nt une' année.
Ensuite. il est venu à Yaoundé pour compléter sa formation
dan s cet t e v 0 i e , s oit ' t roi san n é ~ s d' é t u des 60 mp"1 é men t air e s. l l v i v =: j +
alors au quartier chez un parent. Il a fait construire. toujours' au
q'uartiGi-.' uno année": après sonm'ari~ge' (1964):' ".'
Il se rend fré~uémme~t dans'sa iamiliei son père est mort •.."
mais son' frère ainé' exploite la '~aèaoYère laissée' en hérita"ge. Il a
con~~r~iti'un~:mais~~ au:viil~~~ ~U8 soh ~rèrri occu~~.' et a confié ~'
ce dernier l'entretien d'une plantation fruitière qu'il a créée. idr~
- 111 -
de chacun de ses vOYé1ges, qu'il fait dans savoi,turep'ersonnelle', ,il'
ramène des' vi'vres pour' 'le's siens.'Il'espère bien rentrer définitive-':
ment au v{llag~ d~ns~es vi~ux jours. ,-
Isi~o~e M. a 43 ans. Il est riri~inaiie de Yemmes~oa II. impor
tante agglomération à l'Ouest d'Obala sur'la pi's'te de Monatélé. ,<
Isidore s'est installé à Yaoundé à l' âgo de 30 ans. ayant" frau-de blanchisseur ,
vé; par relations 'p'ersoririenes, un' emploi/à la mission orthodoxe.
A i~n'arriv~ti. iitrciuva 'le glt6 c~ez ~n cousi~ p~is d~vint locataire
au qua~tiei. Il ~~rait bie~ a{~é cdnstruire m~ii n'ena pas 'eu les
moY~ns. 'Il s'eiifélicite, maintenant que 'le quartierrisqùe d'être
détruit.
Son père est toujours vivant mais n'exploite plus sa cacaoyère
qu'il a confiée à son fils ainé. lequel pourvoit,à ~8S besoiris. Isi
dore. cadet de quatre garçons. n'a ri8n reçu de son père. mais a cré8
sa pr~pre plantation de' cacao dès qu'il fJ eu les moyens d'acheter dos
plànts~ Il a aussi des plantations vivrières au village que son épou-'
se-entr~tient régulièiem~nt pbur n6urrir 1~ famille. Lui-même se:
rend au village pendant son congé annuel et parfoislesamedi"après~
midi. Isidore s'est soucié de sa vieillesse en bâtissant une case au
village. Ce sont ses neveux qui l'ont aidé à la con s t ru i t e ~, "
(u~ovic B. a'~8 ahs; Il est'haiif'de,Nkometou III, gros viI
I a g il" sis' au 'v 0 :t 5 i fi age deI a r 0 u t 19 go U Cl r 0 n née " , dansI' ô r r 0 ndis se me il t
d'Obala,'~~1a k~de la capitale. Il est arrivé à'Y~oUndé à l'~~~de
15 ans p6ury pour~uivTes8s étude~ soc6ndaire~ to~t e~profitént~d8~
a v ~ ~ t age s :de' 1 a~ vil i e. III 0 g e ait" che z : un 0 n cIe' pat e r ne 1. ' hab i ta nt
du qu'art:i,er~' Il'est ensuite entré à l'Ambassade des U.S.A. comme:'
s~cr~~al~~-daciylogt~phe',~s'estmarié, El loué, puis a construit aD'
quartier.
Tout en. vivant en ville, iL a joué, sur la proximité de ,$98 "
village en créantuneplantôtion de bananes-plantains, surune:parpe!~~
le familiale. l'i' l'exploite parletruchement d'un jeunequ'ilr'einu-
- 112 -
nère. Laprpductionest partielloment commercialiséo sur place~ le• '. . .1
reste. '8stvenduà une "Bayam-Salam" (1). La plantqtion contribue
aussi à l~ subsistance de la famille. Le p~r8 de Ludo.vic exploite
encore ses plantations de cacao.
Ludovic a construit. lui~même sa case ~n faisant transporter
poutres .et p,iquets,qu'il coupait en forêt. muni d'une ,tronçon.neuse
de, ,location .
.Ses,,3:'je'ur1es'f.fè'res sont restés flU ,~illage où i,1s. tr;availlent.'. . . '.
aveo le p~re ~L,' un d ',entre ,eu,x s'est trouvé une, act,ivité très ,lucra-
tive en préparant du charbon.de boisq~'il vend auxtra~spo~teurs,
rentrant ,à vide surYauun.dé. Ludovic a commencé .à constr:uire .au vil
lage en prévision de la retraite.
III Les jeunes.
Voici maintenant ,que:lques pages consacrées .,aux .cas des plus
jeunes qui;e~ général, bien instruits. affluent en ville depuis quel-. .. "." .
ques années et dont l'insertion,orofessionnelle se r.évèle de plus,en. • • .: :'. 1 . •
plus problématique.
A - Les scolflires.
Les élèves entretenus;: leur,cas est banal. Ils ont "fréquenté"
au v111ageoù,ils,sont nésjusqu'flu C.E.P .• puis jusqu'au BEPC dans ]r~
chefs-lieux d'arrondissement. Ensuite, ils ~'ont d'autre choix que
d'entrer au Lyc~8 d'Obala. où l~ selection est sévère. on bien d8
rejoindre Yaoundé. s'ils,y .ont, un parent pour,18s héberger. La famil-.'. . .
le doit consentir à de lourds sacrifices. les frais d'écolage absor-
ban t ., j usq u ' à, 5 0 % des r e v en us mon é t a ire S ,8 t . les d é b0 ur? les p Il;! simpo r -
tants se situant en période de morte-saison cacaoyèr8.
-----------~---~.~-~-----~----------~----~~~------~--~--------~-------
(1) femme commerçante' en viVres' qüi' pros~ecte dflns'les villages.achetant parfo~s sur pied. cf,. I\JSANGOU Arouna,-1974.
_. 113 -
Ainsi. Jean-M~rie,P.• Agéde 19 ans est en classe de 1ère
dans un établissement d'enseignement général de Yaoundé. Il loge
gratuitement chez son oncle maternel car son père, gendarme~ est
en garnison è Monatélé.
C'est",le,présende'deson ohcle,employé au ministère d~'l'Edu
cation Nationale et instqllé.". au quartier, qui a conduit ses .. parents "'.
à l'envqyer.à· Yaoundé plutôt que comme interne è Obala. 6a mère lui ';
rend~souvent visite •. munie de vtctuailles;elle;~rofitéde,son pass~-
ge pour lui acheter vêtements et chaussures~ "
Il se rend au village pour passer les vacances. aidant S3
mère dans les tâches agricoles. Pendant les congés de fin d'année
scolaire, il coupe du bois pour.se -faire de l'argent de poche. Jean
Marie est content de son sort;11,voudrait devenir fonctionnaire pour
être è l'abri du besoin sans fournir d'effort physique;et'aussi pciur
voir du -pay s~ • , 1
Charles M. tA ans, Sst né à Nkolesong,'arrondissement d'Gkola.·
Il est le dernier de 4 enfant~ et réside chez son frère BIné.' char
pentier à la Société desGrand~ Travaux de l'Est.
Il~réparGlecertificatd'aptitudeprofe~sionnolledo
mécanicien-diés.eliste grâce 'au '''soutien'' de sa '.famille. Les parents
sont rest és au vi llag 8 mais. il a un But re frère à Dou a la, a'uqu e r :il rend visite pendant les vacances.
Lafamille'exploite une cacaoyère créée par le père. Pendant
les VC:lcan ces.C harLe s aide aux, t ravaux des champ set vend~des ter-
mites grillées.:, .
Il,sst optimiste, certain de trouver du travail lors'qu' il t',
aura son diplome.en poche. Il fréquente Ge jeunesE-ton qu'il a connus
à l'écol,e. Les loisirs de la ;bande sont letinéma, le fo"ot~ball.
les réunio'ns'dails'antes et les 'd'iscussi~n~ derrière un verre.':";'• • .. :"••- ~~.":. ", 1 ", ~.
, ., '. ; ; "; .. "' .i .::
F~édéri6 B., 20 ~ns. né ~a~k'l'arrondissem8nt d'Okola. es1• ,: !" '. . .', .
vonu très jeune dans la capitale et y a grandi. Son père était cordon-
nier; aujourd'hui. il est rentré on ville. l~i confiant la maison
qu'il a construite au quartier.
- 114 -
Frédéric a son C.E.P. et suit des cours d'Anglais car il V8Ut
devenir' interprête: ou secrétaire commercial. Les parent"s l'aident
financièf~ment et lui rendent fréquemment visite. Sa mèri vie~t ~e~
dre son ~lantain au maf~hé et lui' ~n rem~t 18 p~oduitpo~r ~es be~oin~.
Frédéric ne se plaint pas; il sflit qu'il t'rouvera às'e'mp1oyer
dès q'u"il aura acquis' son d-iplôme. Il se considère comme favorisé
lorsqu'il' compare SOIl sort à celui- des jeunes de la Lékié qu'i ne 'siJb
sist~h~que par d~ m~nues besognes. Il nous' ~arle d~son voisin, ~gé
de 22 ans' qui. bien qu'il 'soit allé en classe 'jusqu'eh 4ème, en est
réd u i t à t ra ns p 0 rte r des ma r c hEl n d i El es' s"ur un p DUS Se - pou s s e à t r àv ers
la ville.
-" Les élève's "indépendants" trop 8gés pour entrer ~aniun
établisse~~nt 's~olaire~ sans Appuis fin~ncie~s, ils suivent les cours
du soir et vivent di petit~s b~sognis;' Ilsbnt ricours à unpa~ent
pour se loger à moins qu'ils ne partagent une chambre en location.
Leurs projets sont très précis : ils veulent compléter une
formation trop courte pour "fon'ctionner",' c' ost-à-dire ent'rer dans
la Ponction P~bli~U~, en présent~nttous les concours possibles, mais
avec une préférence pour l'es Douônes' e-t los Postes.- L 'Armée et la"
Police les t8~tent mdin~; parce ~ue 18s emploiS qu'on' y trouve lais
sent moihs de loisi~~ (1). Iiss'assurentd'ap~uisparfois coOt~ux
car "iifaut to~jours avoir qu~lqu'un derrièr~ soi"
'Gilbe~tN.~ 18 ans,~~ut notre collaborat~ur dur~nt quelques
mois,. Il est né à Mengon , groupement de Nko Ibogo, arrondissement de
Saa. Il a six frères et soeurs, tous plus jeunes que lui. Son père; 8E't
mort l~~~~u'il av~it 13 ans; leè laisso~t-sahs resso~rce ni t~rre. Il
------~-----~---------~_._-------------------------------_.~~-~----~---
( 1) Led -i 'p l ômè te nd à El cq iJé ri r, dansIe Sud duc am e'r 0 u n~ ~ ne valeu r indépendante de son contenu; les connaissances délivrées importentmoins que le' titre qui les sanctionne~:titr8 dont les débouchésont été parfois suréstimés. Le diplôme e~t devenu en lui-même,l'un des. critères de réussite sociale, avec les éléments du standing, tenue vestimentaire, logement; moyen de locomotion.. . . .. . . .
"1' . . ;:
- 115 -
est al18 en classe quelques années puis a du gagner s~vie en cou
pant du bois en forêt qu'il vendait le long de la route à raison de
40 fr~~cs l~ fagot; ila '~nsuitefabriqué du charbon~ebois.
,Il est à Yaoundé depuis l'an dernier, vivant avec son.frère
ainé dans une petite case héritée de leur oncle. Son frère est maçon'( .
et loue,une partie de la case, mais l'essentiel de ces revenus~s~:Î
envoy~au village pour payer la scolarité des plus jeunes et ie~r," ... -,
~ ~. " .- .'habillement, ainsi que pour aider leur mère qui n'a d'autre: ressour-
ce que la vente de ses légumes au marché hebdomadaire de Nko~bogo::,'
Son projet: amasser suffisamment pour reprendre ses ét~de~
en,préparant le Brevet du premier cycle secondaire grâce aux cour~,'; , -'. . . .
d~ ,soir. Il pourra ainsi accéder aux concours administra~ifs,~
Il achète du vin do palme dans l'arrondissement d'Obala, le
transporte.dan~ des dames-jeannes sur son ve1get le rev~n~ è ~e~"
grossistes en ville. il ach~te aussi des viv~es qu'il transp6rie en
car et reveod è Yaoundé avant l,'ouvert~re du marché de femmes.
André F., 21 ~ns, originaire de Monatélé, est à Yaoundé de
puis 2 ans. Il a quitté son village avec l'espoir qu'un plu~h~u~'
niveau ,d'instru9tion lui pormettrait de trouver un'emploimolns,pé~i
ble et mieux ~émunéré. Ni son père ni ses, frères ne sont disposés à...i ,'-.'" .
l'aider. Il se nourrit des provisions que sa mère lui remet. chaque. .' :,:' .
fois ,qu'il se rend au.villnge. Iln'a pas de dépenses ~e loge~ent. . .. . ' .' .:' .-~- .":' . . 1:"
étant hébergé ch~z.~ne "fr~re". Il fait f~ce aux frais ~~scol~rité
(~~~~~du 'soi;'~~~':niveau do'l~'3ème, cours de langue è l'Institui'. ';". - . -'.r ~. ",
Goethe) et d'habillement. en vendant à la sauvetto des peignes. ci-o.", ,.. ••• _,';~: :. ;.,." • . r ••
' .• ~.'. p.,' '.
seaux, porte-feuillos et sacs de dames.;.. i' ~. :
Il n~ fréquente aucun jeuno Eton de son âge.. .
car ses OCCU\?iJ-
Il a par contrep~~r amis. ':,;;'
notamment ~.Hôoussa
paE' l'occasion.: .. '
des Camer~uDais du Nord..' .' j.-,
: . , .tions ne lui en offrent
Il,ne se_plaint pas trop du manque de moyens matériels. car": ",
il lui arrive de faire de bonnes affaires. Ses projets: réussir. .. '. . . . .
au BEPC, entrer dans l'Administration. puis par la voie des concours",
internes. "grimper" encore plus ,haut.
. ,-
j r ' : ."": .. (.~. , j •• " \',.: :
- 116 ..
B -' Les actifs.'.;. .: ..
. tL'examendes conditions d'émigration des scolaires indé-'
peri~aAis'~t ~eie~~sm~ye~sd~ su~sist~~c~ ~nv{lle, nou~ conduit à.' . . . ....
la catégori~ 4e,jeunes.émigr§s la plus répandue,celle des actifs.. . . .• • - . '. • . .~ • . . . • . J . . • . •
Ils manifestent, uneiRstabilité_.résidentielle et professionnelle. :.. ,: ." '.' .' .. ; .. .'
te~le .qu'elle rend .. les?ontacts,difficiles. En o~tre, leur s~tuation
souvent. irréguli~re vi~,à··vis de l'impôt les r rend méfiants. C'est àj' ,; • - • . • . . • •
l'extérieur, oQ ils passent l'essentiel de_leur vie, qu~on.peut le• . . >. . ' • .
mieux.,lesabor4er .
Il n'ont. en, g§néra~ qu'un três faible.niveau de qualifica
tion professionnelle mais leur ~iveau~'instructiongénérale est par
contre élevé. Ce s?nt rarement des salariés, car le secteur tertiaire
à une faible, capacité d'absorption; ils vont d'une occupation,à
l'autre et certains se situent à la ,limite de la délinquance (vol à
19. tire aux abords des grands magasins, à la roulGtte, "visite i) des
maisons. :ï,nhabitées). Leurs revenus.avQués proviennent principalement· . , .' , .
de la vente de légumes soit.au lnarchécentral, soitdeva.nt.les maga~
sins .d!alimentation .fréquentés par les Earopéens, soit de ,leurs. .' '.. .
ac tivi tés de "market boy". au service d'une "Bayem Sallem". DI autres,.: - -' ' . . -
vend~nt au plateau d~s, cigare~tes,chewing-gumse~confiserie~. ou
proposent de la nourriture préparée dans les,grandesartères·des. . .' . : - . ,"
quartierS.populeux: épis de mars frits ou.bouillis, .poisson et viande. ' . .....' . .
rotie "cacahuêtes salées; tranèhes de manioc ou d '.igname, sandwiches,--'. . '. . .
assiettesd~ platsen.sauce,verres de café au lait,vin·de palme.
Aux abords de la gare de voyageurs et de marchandises .ou.. " . . . .
bien ~e.l'aérQport, ils proposent leurs s~rvices pour porter les
colis, .,lavent le$, voi tUres et les camions près de stations, espérant,· ',. . . .:. .. .
un j our y trouver un emploi de ,l!motor-boyl1 (aide-c·hauffeur). On en '.•
trouve aussi transport~nt.à travers la ville sur.des chariots divers:. . . . . . .
colis et notamment des piquets ..et des chevrons po.ur·le bâtiment .. Enfin,. . " . . . :' .. '
certains on réussi à .trouver de petits emplois de~ureau stables ... ' \ . " . . ' .' '. .' : ~ ..
Quant aux jeunes filles, auprès desquelles nous n'avons. pas mené en~·.' . ~'. . .. . ..
quête, il semble que nombre dlentre elles soient aides-ménagêres lo-
gées dans la famille,à moins qu1elles n'aient rejoint leur "chaud ll (l)
(1) Ii chaudl!; ami, amant, dans le, français sud-camerounais.
- 117 -
ou bien s'adonnent à la prostitution indépendante d'une manière plusou moins régulière, parfois pour racheter leur dot à leur mari ou àleur père si ce dernier a du la restituer à l'époux délaissé.
Les chances de trouver un emploi en ville sont encore plusréduites pour' à:es' jeunes filles, à niveau de qualification égal. Le::?filles "de la ville" n'ont pas très bonne côte ·en tant que parti ma-:trimonial, les hommes marquant leur préférence pour les filles de lacampagne, réputées plus sérieuses et plus dociles: "En ville, lesfilles deviennent trop· "têtues", elles font nIa mauvaise tête", elles.refusent d'obéir, elles sont trop~ indépen~antes, elles vont tout.de suite vers l'adultère".
Les raisons'citéesen priorité pour expliquer les départs du.pays, sont d'ordre économique,:mais la raréfaction des terres est peusouvent invoquée (1).
Ge sont· certes les difficultés d'accès aux cultures pérennes
qui sont censées motiver, en premier lieu~ la venue en ville, mais àtravers les propos, perce le désir de s'extraire de la condition:paysanne (~teffondreInent'dumythe du planteur auquel continuent. à croire.leurs parents)~ jugée humiliante. On ne peut·avoir les mains saleslorsqu'on a un diplome en poche, sauf s'il s'agit· d'un métier renduprestigieux par son haut niveau de technicité (mécanique, électronique) .
. Leurs parents les ont envoyés à l'école (et se plaisent àsoulig~er les effor: rts, 'budgétaires co~sentis à ce:t effet) à l' {ncita-
o , - ." .:••••
tion des missionnaires qui ont répété que par là passe' nécess~irement.' '. '" i
la réussite,personnelle.(2). Les parents, en toute bonne conscience'et à leur demande, les, ont tôt émancipés mais sans pour ~utant leurfournir. les moyens matériels de cette émancipation en leur permettantd'accéder à,l~terre par legs. P.our U!l chefd'e~p.loitation':à la no~:breuse progéniture, céder, même partiellement, l~ ca;aoyère, c'estréduire d'autant son pouvoir d'achat, au moment où l'on songeraitplutôt à.multiplier les pieds pour compen~er la ,dégradation de~rendements (3) et:les bras manquants.
(1)
(2)
42 des 60 jeunes interrogés 'déclarent' qu'ils n' au'raient pas grandmal à:trou~~r des terres à cultiver s'ils-rentraient au pays."A la Mission, on nous a dit que notre grand devoir était d'envoyerles enfants "fréquenter" pour leur bien. Nous avons beaucoup souffert. Maintenant ils doivent aller là où se trouve un travail commei(i·.. faut. Nous ne pouvons plus les aider, ils savent mieux que nousce qu'ils doivent faire" (un paysan, 63 ans)."Ce.n'est pas la terre qui manque, ce sont les vieux qui nous laconfisquent" (un jeune en ville, 19 ans, "niveau" baccalauréat).
-: 118 , .
Mal gré 'u n' e r éiriu né r f.l t ion [1 a r foi s d é ris 0 ire, les' ~ jeu n e son t
don cacCEl Pté" e'n -n 't te' ndan t" , d e con tin u (! r à t r a v a i Il ersurl ' exp loi -..'.
tation fimilialo, co~tribution qui.lour lôii~8 suffisammerit de-li-
berté pour se mettre on quête d'activités procura~t des ressources à
la fois immédiates et réguli~res. Ils n'ont ni les moyens ni· la pa~:
tience d'attendre qti~ les plantations cecAoy~res qu'ils pourraient
créer "'comlnerrceIit "à p:roduire.Leur vonue en ville est la conséquence logique de leur acces
sion à la catégorie des diplomés. Ils sAvent que c'est là seulement
qu'ils pourront peut-être rentabilisor leur formation générale, et
pour certains, l'embryon de formôtion technique qu'ils ont reçue.
Malheurousement, leurs aspirations ont du mal à trouver sa
tisfaction dans une ville qui B fait son plein de "cols-blancs" et
où l'inflation du nombre d'impétrants diplomés conduit à une dévalo
risation des titres scolaires. Par ailleurs, le soutien que leur
apporte la société coutumi~re et sans lequel ils ne pourraient, pour
tant, subsister en ville, leur apparnit insuffisant.
Leurs bes~ins sont qualitativement différsnts de ceux de
lours aînés et la proximité de la ville y est précisément pour beau
coup.Depuis cette dernière SB diffusent de nouveAUX modèles de
comportements alimentaires, vestimentaires, d'hygi~ne et de loisirs
auxquels les ma1gres revenus cacaoyers nB permettent pas de répondre.
Chacun veut avoir "des choses", c'est-à-dire vivre aisément.
S'ils restent au village, ils doivent de surcroit acquitter
l'impôt auquel les astreint l'âge. Talonnés par les chefs, contrôlés
par la maréchaussGe lorsqu'ils se déplacent~· la ville leur permet de
se fondre dans la masse.
Parmi les raisons psychologiques invoquées, retenons qu'on
s'ennuie ferme au village; les distractions sont rares, entravées
par le puritanisme des vieux, qui les ménacent des "supplices des
damn§s".Les coutumes leurs apparaissent .désu~t8s et ils répugnent
à prendre parti dans :des querelles de familIas auxquelles ils se
disent ~trangers.
- 119 -
Parlant do-s j8unes, un émigré d8 45 ans nous -déclar8' : "Il
est vrai que le s vie ux noIe s "s 0 ut ion n 8 nt" :pas J ils le s r 0 pou S son t, .
et les briment. IlsGASsent leurs initiatives parce qu'i~s sont ..
jaloux; jamais ils ne los aident bien que ce soient leursenfônts.
,Il~~raignent qu'ils parviennentè gagner-dGcl'argent en se passant
d'eux. Tout le mal vient de ce que los grands ne voulant pas que 18s
peti ts deviennent grands."
L'esprit d'entroprise est interpr6t~ pa~ les .ancien&.·comme
uno é'ltteinte è~ leur statut, comme· s'exerçant à leurs. dépends .Lors
que la réussite répond aux efforts, on a tôt fait d'y voir 10 résul
tat de manipulé'ltion~ magiques au.détrimentd.es autres.
Les actions de développement entrepï:"ise5- en· rrrilietlt.: rtlr~l,,- sus
citent ~parmi les jeunes :scepticisme ot méfiance,' .étant rossenties plus con:
me un .' ·moyen mis en oeuvre par ,les privilégi6spour asseoir leur. domi
nation.surla paysannerio que comme une aide à l'amélioration du
niveau de vie. "Quand on prend un tAxi, on paie le chauffeur et non
la .voiture; ici, ·10 paysan, .c'.est lA voiture".
L'exemplo des ainés qui ont r6ussi en ville exorce sos.effets
alors que le march6 du travail n'est plus co qu'il étaitde'leur
t e mps. Mai s - 0 n a t 0 u j 0 urs l '. es p 0 i r der 8 ven i r un j 0 ur" c n grand .t YPe "
paré des marques du succès, voiture ou engin,vêtoments de coupe mo
derne, case,en dur meublée de neuf, épouse élégante et argent facilc
dans les bars. La ,présence en ville d'un .parent stabilisé.et qui peut
don~ héberger constitue une circonst~nce favorable à l'émigra~ion,
le mouvement de départ se formant dans l'entourage familial de l'émi
gré: le point d'attache en ville reste la famille.
OéçLlS , frustrés ·dans lours aspirations, ces jeunes émigrés
ont le sentiment d'avoir 6té bernés, d'où leur attitude de revendi-,'
ca~ion parfois agressive: ils s' en prenn8nt è leurs parents, sa-ti,s~,';
faits d'eux .pô,rce qu'ils les ont scolarisés, à leurs aînés envill.o
quileur,.ont pris "leurs" places, et leur ressentiment s'étend 'pêl.e
mêle, aux Blariis, au G~uvei~e~~nt et à l'Efat da~s l~squels ils
voient leurs exploiteurs.
- 120 -
; Le'urs- distrflctions sontc'elles qua leur permettent de
'modestesmoyens: lôche-vitrine 'en 'groura dc3ns 10 quartier 'com'merçant
moderne'. haltes devant les boUtiqUes dEs' disquaires pour :êcouter de's
airs m'ode'rnes-'ot néo-·Africains. lecture d8S illustrés dans ies c8n'-
t ra s cul t ure l s é t r a ng e' rs • .fil men mat i née parfoi s • st fl deI e .d i man c h-e .. ~
Lu do vis T. a s t a ri gin airad' 0 k0 lA; i 1 El 2 9 ans. S 0' n r Gre
e~t parti depuis rlusieurs anliées pour Mori~télé (préfricture du d6par
tement)·où il a trou'vé un emploi de méca'nicien' dans las serv'ices mu
nicipaux. Sa' mère' est:· restée au villagoavec sept enfants eh bas:
8ge. Leur père ne s'occupe pas·~'eux. il a pris lè-bas une autre
". femmé ..... ' .'. ~ '.
Ludovic est allé an classe à Okola. puis il est p'art'i Çlour
Yaoundé p'arc'e qu'il lui éb'lit; 'pl"us faci18 de trouver à s'embaucher
comme ap~ranti ~écanlcien et que son frère ainé y résidait déjà~
héberg~ par un oncl~ maternel.
Il est resté quatre ans en apnrentissa~e chez )e mêm~ p~tron.
Mais il n'a pas' ass~zd'arg~ntpourobtanir le certificat d'appren
tissage (1). MaintG~~nt il chôms. cou~ant lès nteli~rs pour trouver
du travail,mais en ·vaih. Il subsiste en lavant les voitures 'ou en
les gardant. aux abords de~ grands mag~sins;son frère ·paie sa nour
rit'ure. Il lui suffirait' dû trouver une "lace vacante pour· être
tiré d'ennui. m~is sans certificat d'apprantissaga. c'est très dif-
ficile.: "...
Jean 1'1. a obtE'nu son BEPC' l'an dornier; depuis il' chercha.
Il a 18 ~ns et ~it AU qUa~ti8~ chez un cousin. vendeur auplataau. Il
n'a' pas assez d'argent pour se présenter eux concours administratifs
(droits' det i mbrc ) •' il r e con nait d'ailleurs qu' i l' "a tout oublié".'
-----~~----_._~-------~-~-----~----_._-~---------~-----------------~-_.-
(1)' Il faut comptar une trentaine de mil·liers de- francs pour payer'le maître, aVAnt d'obtenir le cartificat d'apprentissage. A cettesomme s'ajoutent las cadeaux en nature: cclbri. poulets; vin depalme. whisky). On doit donc épargner en vue de sa formation'.soit avant de venir. soit sn villa par de petits métiers.
Le patron paut dont vivre du seul apprentissage. Quatre apprentis ~ 3 SoO francs n~r mois suffisent. L'apprenti. aussitôtle c8rtificût en pocho. rocberchera un local. se procurera un minimum d'outils Dt dès que los premiers revenus lui Auront permisd'asseoir sa base 6conomiquo. rocrutera à son tour des apprantisde manière à s'assurer un minimum monsuel. indépendant des fluctuations de volume de la clientèle.
- 121 -
Il est très déçu car il espérait mieux de la ville ainsi que
de l'assistance familiale et tribale mais il restora car "la maison
ne coOte rien et pour manger je peux toujours aller voir ma mère".
Il a l'esp6ir que d8 nouveaux emplois vont 6tre crées, comme le
journal l'annonce souvent.
André L. a 18 ans. Il vient de Mendouga, arrondissement de
Saa et e~t l,'ainé do 4 garçons. Son père est planteur.
Scolarisé jusqu'au CEP, il est è Yaoundé depuis 20 mois,
achetant des légumes et primeurs chaque matin à l'aube devant le
marché des femmes, pour les revendre sur le pas de la porte d'une
boulangerie è clientèle européenne. Il dcrt chez wn cousin, lui-
même 'vendeur de ~ivres au marché central.
Il ne so rend au village ~ue de temps è autre lorsqu'il peut
se payer un aller-retour en cAr~ Son père ne peut p~i l'aider, ayant
è charge tous ses jeunes frères. Il n'a pas de projet mais reste
prêt à accepter tout travail salarié.
êHAPITRE VI : LES CONDITIONS D'EXISTENCE EN VILLE .. i>
l L~s groupes domestiques
travers quelques chiffres
volume et st~ucture à- .
Les unités domestiques que nous avons recenséoo abritent,
en moyen~e 6,46 personnos. La .recensementdo. 1969 livrait, pour l'en-· , ..... t, '.: ", l~' .;,:."1.f".... ',.o' ,,: • ' • . .•
se mb l e_ d e l a v i 11 e, une. mPy Fln n e d e 5, 7 Pers 0 n ne s :' (3 , 6 e n 1 9 6,4 ) .' En: ',' ' . ~' -, '. !:., ..' '; .' , " . . .
1974-75, 1.'enquête sur .échantillon menée par G. Mey et H. Spirik"" . ~. ,~:,. -.::: ~ ':.',' '.-:' . '~.... ", . .
fait apparaitr~ le chiffre moyen do 7,3 personnes, par unit~ résiden-· :.'. :";' ., .. , ..:." \.". . ."
tielle. Ces deux derniers chiffres sont proches:et indiquentcl~irG-. ',.,'. ..· :' ~
...
", ,'0' ,:
.,.-. !'~.',
, ,
", :. '"r.·.; i
- 122 -
r.l<:~ll,t,que l'ilccroissenent <le, lu popl,llation Ile la ville' ùéter\::linc
une inflation des Groupes (lomcstiCJ.ucs, nalgré le Jéveloppcnént· ,
Je ln construction •
.. ' Si .1es Doyennes so:::lt p:J;ochcs, la L1istril'utiondU vo
lULle des foyors li Y;).oun<l6 (;n 1~69 et à Hkol-éton en 1976, est,
pa~ contre, très diff~rentc
Tableau XXV Distribution de la taille d6mographique deG foyers.
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-;-=-=~=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=~=-=-=-=-~-=-=-........ Hbre de pers;. . ... . ' .! ...... d , 1 l , 1 1 . l , . 1. 1 1 1· ,'1 1
............ e11 /0 CLU ". ..... • ...,' • • , • . ' .' • • '. • •
........... nl)re Je !. 1·! ·1 .,!"'..........;foyers :2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
1 ...... l , , 1 1 l" 1 1 i. ........,. .... . ..Localisation .........!-----------------!-----!-----!-----!----!----!----!----!-----!--~-!----!----I----!
!-----------------!-----!-----!-----I----I----!----I----!-----I----I----!----!----I• 1 .
!YAOUNDB 1969 1 5 1 1 9 2 ' 8 2 17 9 17 7 i ,.. .... 9 1.6'7" ',' G' 1" 1 ... 1r: ) 1 c 19 f..2, . _, . ,. " " .0, . ,... . ,. .5 ,2 . J, ( .2, ,) . ,t! !
-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-~-~-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-==-==-==--
. ,On note que le nombre diindividus vivant isolément est parti-
'cufièrement ~éd~it à Nkol-étiJ~ (5,08% 'contre 25,1.à Yao.undéJ.·Cette. ,~~'. !.,. . .
disparité pourr ait indiquer, soit que les immigrants célibataires'. . .' ~ .' ..
ou sans épouse venant de la Lékié.~ s' agrègon~ plus fréquemment à,des
unitésrésidentielles préexistent'e~ J soit que cette catégorie d'im
migrants est moins présente quo d ans l'ensemble de la ville.
Les infor-mations livrées par les entretiens-appuyent la
la première hypothèse: l'hébergement fait l'objet d'accords préa
lable à l'artivéo de l'immigrant, soit au cours d'une visite qu'il
a lui-même effectuée soit par l'entremise d'un familier des deux
parties. Le nouvel arrivant sera ainsi "soutenu" jusqu'à ce que
,-",
.'123-, '
des r ev e nus. s l,J f fis an t s. lui p er met t en t d e faire face d'abord 'à 'l'a"-:; :;~
la seconde 'mord:re:'~
que l'a' t ai i l'è . s ' k'c':':
nourrituZ:-$fJ ensuite.- au.lo.gernen,t,t~ :'.' #o.: l'~ ~.! i1 ,),:, ."!.;. ' • ,
La seconde car actéristique de la composition"des' unit'és ré-
.sidenttelles ,à I\lkol-éton est l"inégalité de la di'strtbution comparée".: :.: -' . ~ ;." . .. . . . .
,à. ~ell~r9égagée.:pour la ville en 1969. Alors que.• ': ".. '.. .., '~J.~" ,
un .. atDerlUisement.r.égulier des'fréquences à mesure• '. l .' ',' .
crolt,/:.dans la premières on,remarqlJe l'existence d'Une proporti6h J·'·
singu+~,~rernent élElvée de 'foyers de 6 et 8 personnes. - "
Tableau XXVI : NO.mbr8 de fami:lles élémentairès par foyer.".";' "'-.
.... i : ". : . '. , '.. ;" '. <~". ~ ."
" ....
! Y ao u nd é 1 9 6 9 . 52% . 2 9 % ! 1 9 % !,:! ,. ,! ., ! ,"--~-~----'--------'T--------7----------'----------~--- ------
Tablèoo'XXVII ~ Structu~e des .f·C?yers (% du.total des foyers) .. ( '.
3%1 5 2% 1! .--------------------------------------------------------------------
!'~~~~î~ ~~~~~~-!~:-~~~~--~~~~~:~~~ -~ ~;~- -1 -~~~~~~~=~~~~~~';'~~,!Typ~s;"de fO;;;S-~_! 1~76eon! (Mey g,~pi~i~)! (~bidja~) 1~72r..'~:~! ---------------------~~------~--~~------------:.:-~-----~------------ 1
~ ! _§t:. 9,~.~, ~ _, 9~ ! ! ~ 3~ 3!r:: Q§ _l,Z?_-c' _ ~ ~ _ _ 1 ~ .:. -1 :.: _.;. 1?~ _________ 1
! Ile é lib at ai r e sis 0 lés ! 2 4 1 0%! 7 .6 % .!14 %----------------,-,-~---.--~-------------------------- -----------------
! III Fam'ille nu clé aire !! ! . !!- !!19 !:i9 ~ '9!!.:; e9 ! ':L ~f~Œ) !'g'~~ ~·113__ ~ ~ ~ __ .~ ~ __ ~.~ .! §Q~ __ ._ ~ __ ~ ~ § ~ -:. -+ !
1IV :Famil1e étenduo dù··
I', .. , ...-. . . '
, -', !, côté du...chef. dG.' . . ' .1- __ ~'fQY. §t:. _~._ ~ ~ _12? __ 1?~ __1 1~ .!? ~ J_~ ~ ~ ~.__ '_ ~ ~~:.:,!:
! V ·F·am:i.'ll~··'ét·end ue 6b'té! '! ,!:.;"!:!- __ ê!2 9 ~ ê ê _i ê 2.:. _~ ~ ~. ":.1! § Z~ _'_.1' ~ __ ~ -'~ ~ __ ~~.~ .~ ~ ~ _ "- _ ,.
.. ., , .. '.' . . :. .'..~ .. \
!VI·~Famille·ét8nduë des:j :'1 !' ,.rdeux côtés. '".... '33 14%'" 18 A% 3% .f - - - - - -:-- ::- -.- - - - - -- - - - - - - ï - - - - - - - - - ï - - - - - - - - - - - - - - ~ ï - - ~ - ~ - - - -:- ~ :- -:- ,~ -.- - -- ,1••
VII Famille nucléaire; > ,', ..... . ,'... .:.; '.'! avec d es é t r 'an g ers !! ! 1
à la famillo 5 2% 20%!-----------------------~---------~---------------4------------------!
1 VII l F am i Il e é tend u e. éNe c des étr anger s
à l a famille
- 124 -
L ' e x an end est ab l e au x XXVIe t XXVII f ai t ap p ar al t r!3 , ab s -vrais.emblab le
traction faite d'une évolution générale - tout à fait/- de la cnmpo-
sition des :·?oyel'-s.entre en. 1969 et 1976 ,'Unetend anceplus marquée
d ans la population du quartiel~ à se grouper en familles élément'aires
mono·.ou polygamiques.
·Le:désir .-pour un chefdefamille,d'acquérir son indépendance
en:fond ant. une nouvelle résidence sur le modèle de la famillë conju
ga1e.opcidentale,nepeut se réaliser qu'une fois surmontés 'les han:"
d i cW "p ~ cu niai r c s
propriét aire, de
. disposer d'un 'capit al import ant pour· d avenir"
ressour ces st ables pour être à même de régler 'le
loyer mensuellement, d ans les d eux cas d'un cert ain nive au de revenus
pour assurer. la mer che ct' un foyer dé taille restreintedont,:les 'char
ges (en parti culier nourriture) sont, toutes proportions gardées,
plus impqrténtes qûe,cellë d'un-groüpè:résidentiel élargi. Il serait") '.. - -. '. '. .
donc hasardeux d'interpréter les chiffres qui préCÈdent_et, ceux qui. i", ~ .
stJive~t ên termes d 'optio'n pour un style de vie moderne qu d'attache-..... ' .. . _. . - . - .. -' .... - "." . " .. . -
ment aux normes tra:litionnelles. Il est plus prudent d,e les commenter
en termes de. col)tr aintes économiques. "
Ce sont.les di'~fic'Jltés de subsistance en ville'qui 'attirent1
auprè.s d'Un homme-ou d'un,ménage·parents·e-t relations,d'où'ia prédo-
minence da groupes résidentiels hétérogènes d ans leur composition et
présentant une'tend anee n'EJturelr'e B l'j.nflati'on ~'même lorsqu~··iè·~:'
ménage.s. const.it,utifs dispos,ent de re'Janus person-nels~ Composant'a:;'
psychàlogiqu:e"de 'cette:t~rid'a:nc~, l'inserti~n dans un groupe résiden-. • .•••. .- : ,.' !" "., '
tiel étendu est en elle-mêrr,e sécurisante.
Là.. compêl"'ëlTSOn syst.émat·i·que des fr:équ'enc~s 'affectant les····. .
types. de,foyer.s r.encontrés jans notr-e-'·quar{i:er-en' 1976. à Nouveau'-:l '. • . . :- '.~ ; ;' -. " !
Koumassi en 1972 et , QtJand les cHiffres le permettent à Yaoundé en''" '.' . . .
1975'CG,'--MEY'é't H. SPIRlK), dénote 'cer't'àines'orientations de l'a struc-
ture domestique: les familles nUcléaires sont en nombre' plusimpor-, ". . . .
tant ,à l\Jkol-é.ton qu'à Yaoundé en génér al ·(1975) ou à Nouveau-Koumassi
(48% , 33,60%, 36%). Les familles étend ues sont, à Nkol:"éton moins
nbmb'reUsés' qu'à Y~ou'ndé~~ m-a~s plu:~(nombï~eus:es'qu"'à,Nou:v~au'~Ko~~assi• ..' • . .! .' ...
(36% , 43;,>2%, 30%). La pr,és-en ce d ,'étr'angersest rarement' at,testée• • ••••'. •• ~ ,_ • .~ ~..... ".. J" - - '. • ~ ',.. -' -. • • • , •• - ';- •• • ...". • - - • • • •
que ce soit à Nkol-éton ou à Nouv'eau-Koumas'si· (4% , 5%) ~" ';:
- 125 -
Si l'on analyse dôns le détail les liens de parenté existant
à l'intériour ues unité:l résidentielles 1 on constate la fréquence
de modes de groupement tout à ,':ait atypiques. Ainsi 1 dans 65% des
cas 1 le modèlo attesté ô i\J!'.ol-é"l;on ne correspond ni à la famille
conjugale de tYP8 occ~.dent.sl, ni à la famille étendue patrilocale
tra:litionnelle en milieu rural e-fricain.
Lorsquo l'unité Ge réduit à un ménage 1 ce dernier est parfois
polygame et s'y aj:Jctcnt [J::Jsez f:::-É!qLJ8mment quelques parents isolés
o u des .sm i s. Lc:;:, s :.:j u ' :i. l s' é.:.~ i'c d' une uni t é co mp 0 sée d e plu sie ur s mé n a
ges réunis selon 18 pi'incipc de descond Elnce patrilinéaire 1 il est
t r è s rare que plu s d e d eux [é n ér at ion S soi en t pré sen tes Ile s an ci e n s
étant restés au village. On r8lève par contre la présencè,tantôt d'in
dividus BjJpt!'tenant eux lignâges (agnBtiques et utérins) du mari 1
tantôt à ceux deI' épouse 1 i: Elntât des représent ants de toutes les
p sr e nt è les à 1 E: foi G (t e:J 1 e dU XXVII I) •
Tableau XXIX r.ge des chef:, d'unités résidentielles
(3 t d 8 s' ch 0'( G d 8 mé n age s .
II Tr anche Age' .1 Chefs de m9nage : Chefs d'unité résiden- ;
1 • i .1 {-------------T-----------4----------!-i~~~~----------11 . . 1% d ail S 1 a ; % d e ce t te! % dan s 1 a 1% d e ce t te!
;--------~---__ 1=~~~:~:_~~~~:i~JT~~~~~~~1~~~~:~:_~~:_1 ~r}~~~h~~ :• • 1 • 1 •1 1~3 . 1 . 1
.' d e 20 à 24 an s ::l S 7?,; 1 1 9 % 24 24% -101 1 10% .1--------------.;-------------1----------- 4 ------------1--------------~1 d ·25 ' 29' It'2 • 1 • 1
e a a .1 s ;.. 6 7 :ô ! 3 4 % • 3 3 5 3 %- 6 3 1 2 4 % •I--------------T-------------l-----------~---------------------------11 d 30' 34 1 1-" . 1 0 1 1· e a an s .' .:J CB% ! 49% . 4 '82 %- 49 1 41 % .I--------------~ . ~ 1
• 1 • 1 •
1 de 35 à 39an5144 100 % i 65% ! 44 100 %_ 44 i 60% 1I--------------~- . ~ ---------------- 1
• 1 • 1 •
1 d e 40 à 49 an s ! 6 ~ 100 % 1 86% 1 60 98 %_ 61 i 85% 11--------------~-----------·-------------4---------------------------1; 50 t + ;3 Q " ! l' 35 1 1· ans e . ~100% ! 100% 90%- 39 1 100% .1--------------4-------------1-----------4------------1-------------- 1
Ensemble 1282 790, 1 1236 1, 66%-3571 O! 1 1-----------
La distribution s8le'I' l'~f.i6e du nombre de chefs de ménages
et d' uni tés fou i' nit u n 8 est j. mat ion deI' ~ag e au msr i ag e et à l' i nd é
pend ance résidentielle. 79% des hornmes du quartier ayant plus de
. , _, ~ r • •
.:"'~ .. '::':~:".'.·I ,... ~...~':'.'.•."
•. i. ~. ' :' .;', .: ' : ~ :. ~. ",' .~: • ~ .
.N~
o_~=or";:MoM1 ..(I-~("f}(ao) ., ...., .. (-IV ~I <
o .Â' .~. Ll' ,6,;(1) .(*) (10) (t) <.~) .' (~' (at,>. (--9
. _. . -~ "';- . ;
. '.: ~
. -.; =.-
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.,. .. .... ';
"
- 127 -''. ". ,!'.~:; ,.
19, ~ns sont mariés et entreti~nnenttle~~ m~nageJ il n'Y,a plus de
célibataires au-delà'de35a'ns~L'~age BU m:ari,age que lionpe,ut. évaluer
à 25 ans, condit'i:~~~-é(pÉi::-,:un-tr'ëivai':V,permanen:t,est identiq'ue à' ce.. " .. ' - :'. . ".' .
qu'il est pour l'ensemble de la ville. Il est plus précoce chez les~ , ; ': 1
femmes dont la jeunesse est un gage de "pr'ogéniture n'àmbreuse(1).
La gr ande- majorité-des m_ariages légitimes le sont'sëlon la
tra:lition. L:e:~ar'iage civil'sèlo'n- .-l~' 'c~d~! ~od~rne est rare; il est' .. ".s·.;· . ~ ,". ~ .'- ' ... -"
surtout attesté ,d élns les mén'ages de fàn'Ct'ionnaires,',en raison des
avantages sociaux auxq~'ei-s'i"ï d~'n'rië 'aëcè's'''1.emariag~'~r8ligi~ux(catholique ou réformé) se réalise plusieursarinées, apr,è s,le mar i age
tra:litionnel-ou. civ~l_, car il joue le rôle d'une manifestation d'af
firmation sociale et, à ce titr~~est-très'onéreux (2).
24% seuleme?nt des homm,es ayant entre 20, et, 35, ans, sont chefs
d'une'urlité rés,id_~nti~,lleJ au delà de 39 ans , to~s"les;hommes ont:" ,": '. .
accédé à ce st atut , à l'ex ception des i:J1'us 'âges qui: ont' ,~onfié ce
soin'à un fils ou à un gendre. ,Le degré d 'indépend ance,économique et
résidentielle- augm~nte en fonction du no~bre d' ~nnéës 'passées en ville .. -... ".. . .;
. ... ~ .--------------------------------------------------~-----~------------
'(1') même st a1:istique e,n ,1974 pour Yaoundé., d ans son ensemble. L'épouseest pl,us jeune (18' ans'en moyenn~e) .'C'e,st vers l'âge de 20 ansque re s d 'é part s' v Gr 5 1 a v i Il e s,o n t 1 es plus' 'n 0 mbr'-e u x. MEY etSPIRIK ,.1975. ' " ' '
,~ .~
; (2 )
. :". ~ .
'.. ,i .'
, ·f .. ;
- 128 -
La référence à l'enquête de 1969 à Yaoundé. dont il faut
cepend ant tenir compte de l'ancienneté. permet de dresser un tabloau
comp at 'eti f . qu aht ~'st ~tut ~ atrimon:1"al . d es' hommes~''. • ~ r
TobIe au 'XXX': St atut, matrimoni al des hommes.~'. ~~ .
1-------------~~-l--:~-~----------~---ï---------~---!
cé 1 i b at ~res, v: u f s .'. . Mar i é s. l, ". 1div or c é s ~ s é p êI' es' l , ' , .1, Localisàtio _'1-----~---~--~--~4--~-~---------------~----~--------1 .
Nkàl-éton 1976, ! .1·1.. 1 Ct ot al des. h.o m- 1 3 9 ~o ' 61 ~ . 1. -' .mèS) ( 1 ) " ~
~,I-~------------~-~-~-~-~~~-------~----~-------------1. ~. .
1
; !
14%33. 1 :. Nk0 1 - é ton 1 9 7 6 1
1 (tot al,d es chefs, U. R • ) . ,.1
!---~---~--------~~-~----------~--~---~-~---------~~l
YaoUndé·1969 ,1·" ~ 1 . 1· •
. :!,ç~ota~.deshom-:I 51% ·1 49%. 1--~::~ l ~ ~ ~ 1
On Femarquer a dès l'obordd ans les trois groupes une forte .. ··
. pr, b P0 r t ion de, cé 1 i bat ai t e.s· (au g mEl n t é G des ve uf set 'd i v or cé s ) • Cet t e
proportion est ce~end ani moins éievée.? Nkol-éton .que··d·ans l':~sem
ble de la ville. Elle peut s'expliquer d'une par-t par' la présence
·moins:nombreuse qu'aillsurs,dè jeunes adultes, d'autrepêl't: p5' un'
-age' ~ mariage.moinsavelncé~qUipourrait indi~Uerque·.les'émigrés. .
de la Lékié accèdent plus rapidement à 'l'indépend ance économique que
.,sup~os8la f~~m~tioh d~Uri-ménage.;'Ladisp'ëI'ité des chiffres est
encora,·plus -significative si l'ah tient compte du fait qu'à Yaoundé
en .g~néral,·l'on .a'as"sisù§ ent'~e 57 et 69àune rugmentation de la-..
proportion de célibat aires.
." ' .• ": .' .. ~ rI, • . .
----~--~~--------------------------------------------- --------------.,' .'. .. ..'. . '. :.:.'
(1)·Il s'agitdes.hommes de:plus de 20 ,ans.'".': ! ,1 i.·
- 129 -
w j'
T ab 1e aJ XXXl T au x de' pol Yg ami e •; " : ",
.' .~. "i.- -. -_"_' ,.. - - __ - - - - - --- -.; .. : .-
\ ' . ' 1 1 . , .' . '\ "····;Ir~ Nkol-éton 1976 l ' \ dont 2'épousas c ' 8 ~2"'\ ,"
.. ",_,." h.uIT'mes, '9 ,,8% , 3 épous,as= 1 ,~, 1~ ~~ ! 1 1
. .1 Nk~i-é'ton 1976 1 dont 2 épou'ses'=13 '-7% '.I\ 'chef d'U.R. 1 25,6% 1 3 épouses=11~8% '1
I-----------------ï--------ï-------------------------I\ Yaound é '1'969 J 12 ,2·% 1 dont 2 épousess:<10,2 - 1
3 épouses=2'J.) .',1 J 1 _
: l,"'
LestaJx de'polyganie (tableau' XXXI)'sont très"dissemblables:
chez'leshommes de Nkol"'éton ,Ge taux est bas ,se situant aJ-dessous
de la moyenne pour la ville. Il devient fort élevé si'.l'on ne prend
en cdlmptequeles,chefs d'unité3 résiden-tielle;s,dont 11,8% ont plus
de deux épouses.
D'une manière génér ale, le ,taux de polyganie croit avec l'âge
jusqu'à 35 ans chez '1'e5 originaires de la Lé'kié à Nkol-étoil , jusqu'à
50 ans chez les hommes à Yaoundé (tableaJ XXXII). Au-delà,les cas
se ré:réfient, sans doute par' suite d'Une fréquence plus importante
des r e tour s au vi 11 ag e p B:' mile s pol Yg an es.
Tabl_eaJ .XXXII: :t::sux ,de .polyg,amie .à~kol';'éton selon l'âge.". .'.. .... -.. -~ ... ~ . "' •... ~- ,-.,,'.
ï - - - ~ ~ ~ ~~ ~ ~ ~~ ~ ~ ~ - -,- - - - ï - - - - - ~ ~ ~ î. =~ ~ ~ ~ - - - --- - - -T-~ ~ ~ ~~é------~ -; ------- !
~ -------~----:--~--~jt---~--~~ï~j------t---~~l------~-i------~-------I1 ombre d épouses 1 -,. -. 1 1
; Tr an ches d'âge ',' 1 êpouse 12épouses' 13épou: 1 ép.ouse 13épou; ,3épou - • 1, des ch e f s d e _ . 1. 1 , \ \ .Lf.?E!!!!ê_ ê! ê~§!]! _a!~!ê __ ! -.t ~ ~ -1 ~ 1 11" ',.., l' . . ' , ' ,.. ' . l ' 1
moins de. 25 ans.. 100% 1 1 - 1 98% ! 2%~---j-----.;,--~---.~----~---~-----~---~------~:~~------~~~ ~_-_-- __ l
25 à 29 an s'·' ,-' : -.. , - 93l?<' .1 '6 ~ , . 1 - l,. 9'3' ~. 1 6l?< '. - .l , '. 1 0 0 , •-. .' 1 1
~------------------------~-----~--------~-----~--------~--------------'1 3 ci -à .34 ah s '. -"1 8 7 %: 1'1 ci %:-- ; l' 3 %. 1" , 9 ci % 110 % . 1 - !
L-----~~- j_j_~ __ ~~--~-~-~-~--~~~lQ.~-~-~~---~~~-~_~ .t 1
, 3 5 à 3 9 ans" ,'. . :. 9a~ " ' 1. '7 ~ ,- .1 ,3 ~ . 1. 8 6 ~ \1 2 ~ '2 ~ .l ,._\ 0 '\ .'," 0, 1 • \ 0 !. !------------------- lQ~ _! 1 \ 1 1 22% !
40 à 49 an s 9 4 % 6 % 7 8 % 1 7 % 5 l?<1 \ 1 1 1 1 0
ï---------------------------------------------------------------------, 1 1 1 1 14%! 50 ans et + \ 93% \ 7% 1 \ 85% 111% ! 3%------------------------------------------------------ ---------~------
- 130 -
Les renseignements d'Et at-Civil four nis p ér. 1e9. fi ches f emi
IiûlG3 pei.~mettent • gr~ace à la mention de l'~age et du lieu de naissan
ce. d'évaluer' 18 p'ource'ntage de' jeunes nés en ville. qui vont former
lé) première génér.atioh·de vrais cita::Jins. Cette proporti6nest élevée
IIlt.1:.gr6 la tend ~~e ~éce'nte que manifestent les .épouses à-aller accou-. .. ~ _. . .. . .. .
C:1C' c: 6i15 les d isp.ens aires du pays. où elles pensent bénéfi cier de
soi n 9 j e me i Il e iJ re qua1 i t é p aI' sui t e d' u n moi nd r e en co mbr e men t •
Li"eu den aiss an ce des résid'en, de moins de 16 ans.
---------------------------j------------------------------En f en t s d e moi n s d e 1 6 ans' En f an t d e moi n s d e 1 6 an sn Él s à Ya 0 und é / pop u 1 at ion 1 nés d an sIe Lé ki é 0 u ail-totale des moins de 16 anslleurs/Popul~tion totale des 1
moins de 16 ans: __. . -0":' . 0__0 ';'.+.o~ ,;:. '_. '\
! 74% .' '\ 26%
i--~-----~---~-~---~--~.;:----~-.;:-------~~----~~-------------1
Les originaires de la Lékié nés à Yaoundé représentent 62%
::In::'1 o"îfectjfs d'e la tranche des moins de 20 ails et 74% des effectifs
d<3 c8lfEi fermée par' ceu'x qui ont moins de 16 ·ans. La'proportion
.: t.Jl~lb8 Q "iS~o d E,ns la tr fflchs' allant de "20 à ·34' ans. Elle est nulle
j ms lus'tr'anches supér·ieures·. P al"mi les originaires deI a Lékié nés
Oïl ,'ille 189% (530) ont moins de 20 ans et 11% (6nd's 20à 34 ans.
II - Estimation de la mobilité résidentielle' intra-urbaine.-·
La mise en rapport de l'anné.e d'arrivée d an.s la capitale'
l;'; cc celle de l'inst allation d ans lé logement actuel fournit une
j.:~djc:,itic!n sur le mouvemént· résidentiel'àl'intérieur de là vi~le.
;·;:·::5.e;,,''C::'Qn malheureusement fr angment airè et imprécise en ce qu'elle
i~l1 r8vèle rien des étCPe~ qui'sé'parent l;année d:immigrati~ndu der
1J:i..~r. i.cgement occupé Elt ~otammént les ,mouvements .à l'.intérieur'· omême
du ql!€rtier. Par ailleur~. les investigations n'ont atteint que les.. . . --
;:r:,'r's d'~nités domestiques a priori plus stables.parce que jouissant
:If': l'3ynnys.supérieurs oà ceux.dp- ,leurs dépend.an1;:s. dont la fixation o
:"~~'3i;:;cntiel~8 8St tributaire des pos5ib~litéS d '~ébergement.
- 131 -
Table au XXXIV Année d 1 arr ivée d ens le logement.
r------~t-~-~----l---------,---~---~--:~---------T----~---------~-:;1·- 1 an , 1 à 2ans 3 à Sans 6 à 10 'ans (1966/70) + de 10 ans ' '
11975i761(1974)' 1(1971/73) 1 1 (avant 1966) 1
ï-------T7-~~7---ï---------T---------------------ï----------------~~1
59 250 21 90 30 130 43 180', 83 35~l "'i'" l .., 1 .., l ° l------------------~--------~----------------------------------------
, 0 at El d ' ë[' r ived ms le logement
1-'- -- - - ---- - -- -- ---- -- -- .. - -,- ----- - ----~--- - --- - --- --1---,- -,- -- - --':- :
, - d'1 an (1975/76) 1 2:0 17 '1 6 36 1 33 33
I-~ - ~ - ;-~~- ë~ ~;~ ~-- -- --,- ~- ---- --:-.~~.-ï-;--- -- -- -- -1- - ~ - -- -- --,- !
, 1 5 ,43 8-------------------------------------------------"------------"-
, 3 'à 5 an s (1 971 / i 3 ) , ,f1 9 1 6 '2 1 4 '9 9 . 1
1-----------------------~------------- .. ------------4----------- 11 6 à 1 0 ans ( 19 6 6/7 0 ) 12 8 24 , '1 2 1 1 4 1 4 1
,-: -~ ~-~~ -, ~~~ ë~~~~~ -:~~)~T~~-- ~~ -.-~-~ ~~- ï -~- - -~.- -~--- ï-;; -- ~~-- -.- ,1 " , ' ." 1 1--------------------------------------------------------------
T OT'/\ L x111.8100 , ...... 1"17,:"100 1 101 100---------~------~-----------------~---------------------------
Tableau xxxv: Date d' arrivée d ans le logement et st atut
'd 'occup ant .(%) (1).
-~---------------------l-----------~-ï-----------~ï-----------
St at,ut' ,d ' 0 ccup ation iét ai ,prêt du L t i1 propr re,· iét i , oca are. ' propr a re '
: .• : 1
-----------------------------~---------~.--~~.~~--~-.-~---.~-.--.----------~--
(1) Bien que les effectifs soient inférieurs à 100. les valeurs ontété cal culées en pour oent age pour des raisons de commod i té de le cture. On trouver a en haut et à gauche et pour chaque cas J les valeurs brutes. Ce principe est ;:pplicable aux tableaux suivants.
- 132 -i L.
Il s'est produit un renouvellement: soucieux d'éviter undéménagement en ca-tastro'pi-ie, certains parmi les anciens locataireson~ pris les devants en allant s'installer hors de Nkol~éton, vrais~mblablement dans d'autres quartierspêriphériques trad"itionnels.
La perspective d'avoir à vider les lieux à court terme,a eu dans certains cas pour incidence, je l'ai déj~ souligné, unechute des loyers qui a ouvert ces logements vacants à des famillesplus nécessiteuses, précédemment hébergées ailleurs ou nouvellementarrivées en ville, qui vont trouver ici un répit provisoire avant queles bull-dozers n'entrent en action .
. Les nouveaux propriétaires (17% seulement de l'ensemble decette catégorie) ne peuvent méoonnaître le sort réservé à une partiedu quartier; il semble bien qu'ils se soient surtout portés acquéreurspour obtenir unlôt dans le périmètre de recasement, compte tenu desprix de vente relativement bas.
Tableau XXXVI Année d'arrivée à Yaoundé et année d'entréedans le logement (%).
! ! !là 2 an~ 3à 5ans!6àl0an~ + de la, Total
ans .
---date-d'arriv§eT-------T--------T--------T------T--------T------. à Yaoundé %
dated' arrivée dansle logement %
! ----_ .._----------~-------~--------~--------~------~--------~-------,. . . . . . .- .1 an !....1~. 7 ! 7 3 ! 9 4 ! 14 6 ! 12 5 ! 59 25 !
1-----------------+-------+--------+--------+------+--------+-------!2 ans ! 7 3 ! 5 2 9 4 ! 21 9!
1-;-à-5-~~~-------T-------T--------T-9------T-5----T-~7-----T -;;----!
, '" 4, 2, 7 ,. 13,. .-------------------------------------------------------------------! 6 à 10 ans ! . ! 14 6 ! 28 12 ! 43 18 !
!-----------------+-------+----~-"~~+~-------+------+--------+-------!! + de la ans 1 ! " ! 83 35 ! 83 35 !
,-----------------ï-------T--------T~-------T------T--------T-------,
. r:rotal . 17 7 7 '3 - . 25 11 3816 '149 63 . 236100 .1 1 1 l , , , ,! !!!!!!!-------------------------------------------------------------------
- 133 -
.. ~ - . . -- .,,. Les' mouvements résidentiels intra-urbains des nouveaux venus
~ans le quartier·,' t:els qu'on: peut" ·les· saisir·à ·p~;tir de.s phases ini"':
tiale"etultime, semblent assez fréquents. Le laps de temps moyenséparant l'arri;ée en ville de l'~~trée dans le 'l~gement actuel n1estque de 26 mois. C'est au cours de ces 2 années qu'ont pu se produire·des·changements de O:riésiderïce·d 'un·quartier.à l' au~re.·
Les nouveaux ..propriétaires sont, ~Î1 propbrtions sensiblementégales, des chefs ~e famille fraîchement immigrés. et de vieux cita~ :~ins. Les nouveaux, locataires, à l'exception de ceux arrivés dans ie
. ". .... . . .,. .. ., ., ., _. ., .,quart1er durant l'annee qU1" a precede l'enquete~ont, en general,.plusieurs·annéesd,'expérience urbaine, puisque près du 1/3 d'entreeux est "monté" à Yaoundé il y a plus de 2 ans.
III - Eléments du niveau de vie.
A - Structure professionnelle.
La distribution des occupations professionnelles de la totalité de la population d'âge actif et des .d~ux sexes, originaires du
'·1· ", ,: :. ,",
département de la Lékié et résidant au quart~er de Nkol-éton, a ~té'.' '. ~
établi·e en utilisant les catégories adoptées .par les services statis-tiques responsables de l'enquête de 19~9 à Yaoundé et ce, de manière
.' .". . f .
à être en mesure d'en comparer les chiffres; tout en gardant àl'esprit qu'il s'agit d'une enquête déjà ancienne .
. -', ,", "';:~
- 134 -
Tableau XXXVII: Distribution de l'emploi, comparaisons.
------------------1;;i~i~~i;~~-~~-ï;;i~i~~i;~~~~~T-~;i~i~~i;~~-~~--!. ! Centre-Sud à lla Lékié à 1 la Lékié Nkol-~ Catégories Yaoundé (1969) ,Yaoundé 1969 Eton 1976. professionnelles!---~--------------+---------------~--------------+-------~------~--!
! En chomage sans__~~~~~~~~~~ 1 ~~~ ! ~~~ 1 ~~~ i!
"
,!.Elèves, étudiants! 30% 22% 13% '!: . . :, . '. .;" .:!------------------1---------------1--------------1-----------------
f.'Iarioeuvres, ou-·! vriers spéciali- !!_~~~ i ~~ 1 ~~ 1 ~~ _! Artisans 13% 22% 24%
. .
,------------------ï---------------ï--------------ï-----------------. Employés du sec- . . .! te':lr ... public et ! 15% ! 13% ! 26% !,_2r!Y~ ~ + ~ ,.. ..1 Transports 1 9% _! .8% '! 6%----------------------------------*--------------------------------
! Domestiques 10% 1 9% 8%!-~~~~;~~---------T------5%-------1-------7%-----T---- --8%---------
! 1 1 1 _. . . .La proportion de chomeurs semble légèrement moindre parmi les
originair~,s decla-Lék.~é,et spécialement -parmi. ,'(1. ,~, • '.1
ceux résidant à Nkol-éton, que parmi les originaires de la province
du Centre-Sud (fig. 14). Les différences sont tout~fois à peine sensibles et l'on sait que cette catégorie est souvent affectée de di
vers biais : d'une part, certains, par fierté, répugnent à se pré
3enter comme tels et donnent la profession correspondant à leur formation ou leur dernier emploi. D'autres, au contraire, confondant
enquêteurs et fonctionnaires d'un service de main d'oeuvre tendrvnt
2 se présenter comme sans emploi dans l'espoir d'en trouver un plussatisfaisant au regard de leurs aspirations.
Les élèves et étudiants, toujours en nombre important,appar~issent moins nombreux dans notre quartier que parmi les originaires du Centre-Sud et de la Lékié à Yaoundé. Le département estpourtant assez mal pourvu en établissements d'enseignement secondaire
• •
,.'l-Fig.14 REPARTI'rlON PROFESSIONNELLfi
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
EMPt.O.\'E5
coMt-iERCË/
30 tif.
TRANSPORTS
SANS PROFESSION
.. ..._- ,ori9i na-i res du C~ntre~ Sud AU quartier
de \a Bri quet.te(te·
• .. ori9i~aire~ d~ \a \.ékiéà Nkol.-EtcH1_ _ _ Origin~it.es de \a Léklé ~ yaoundé
ELEVES
ARllSANAl
- 135 -
- 136 -
L'équilibre économique a des incidences sur les rapportsd'autorité entre époux. La femme instruite, qui peut donc plus faci·
lement trouver un emploi, valorise le mari, mais est réputée "têtue".
La distribution de l'emploi n'est pas homogène; l'âge vient
modifier la répartition statistique dans le sens d'une améliorationdu statut professionnell'
Le nombre de chomeurs chute fortement chez les' actifs qui
ont dépassé 30 ans, parmi lesquels on note un nombre élevé d'employésde bureau ou de commerce, de fonctionnaires et de domestiques, depetits négociants et férailleurs. Les jeunes sont en nombre particulièrement important dans les transports et parmi les manoeuvres et
ouvriers spécialisés.
Tableau XXXVIII : Distribution de l'emploi, dichotomie selon'
l'âge (%).
------------------ï------------ï------------------'classes d'âge· actifs de . actifs au-dessus·
, . ! 16 à 30 ans! de 30 ans ,· professlon,------------------.~-----------+-----------------~!
, Chomage 14 6
36,------------------T------------T------------------· Manoeuvres! Ouvriers!-~;~i~~~~---------,-----;4-----T--------;4--------
,-- 1 1 _! Transports 7 5, ~--- ~ i
· . . ., Employés et· Fonctionnaires 24 28,------------------~------------~------------------,· . . .! Domestiques 6 10
,------------------,------------T------------------· Commerce 5 11! 1 1 _
! Total 100!' 1001 1 1 _
- 137 -
B - Revenus .
.11 s'agit bien entendu de revenus monêtaires. Dans l'ensemble, ils .sont très mo.destes, compte. tenu du renchêrissement incessantdu coût· de· la vie dans la capitale où privilêgiês et europêens font
monter les prix plus rapidement qu'ailleurs. La moyenne est de23 000 F. CFA par mois avec une dispersion importante.
. . .Tableau XXXIX : Distrition des revenus.
1
1
1
.1
------------------------------------------------------------- 139% des chefs d'unité déclarent gagner moins ~e 20 OOO/mois'
41% -------------------------------- entre ·20 et 30 OOO/moi~
7% -------------------------------- 31 et 40 OOO/mois 1
6% -------------------------------- 41 et 50 OOq/mois5% -------------------------------- 51 et 70 OOO/mois2%-------------------------------- plus de 70 OOO/mois
Tableau XXXX Revenus mensuels et activitês professionnelles(% - en haut à gauche fréquences brutes).
------------------~-ï-------,------,------,----~-,----:--T---------montants des re- . ·20 à . 31 à . 41 à . 51 a + de
enus mensuels 1 -200001 300001 400001 500001 70000 170 000professions FCFA 1 F CFA I F CFA! F CFA! F CF~ ! F CFA
,--------------------,-------1------,------,------ï-------ï---------;_:~::~~::~~~:~::~~:~~_~~ __:~1 __=_:~~_= __:~~ ~ ~ _1 artisans, techni- 1 21 24 1 24 27 1 3 19 1 5 38 1 4 33 1.!_:~:~~_~~~~~:~~:~~~_1 1 1 1 1 1 _! professions dans ·1 4' 51 910 12 12! 8 66 !! les transports 1 ! !. II!.-------------------------------------------------------------------. .
, :.- . ! 11. employes' et fonè-! tionnaires d'exêcu-I 5 6! 17 19! 8 . 50! 8 .62! ! 5 100 1
.. tion . .. . . . ... .,--------------------~-------~------~------~---~--~-------~---------,; Agents de maison ; 28' 33;' 6 7; '.' . .
.1--------------------+-------+------+------+------+-------+---------11 Commerçants ! 17 201' 25 281 '.
- -- - - -- - -- -~-- - - -- - --ï-86----ï-9~---1 -~6---1~ ~'3 ~- -1- - ~; --'-1-;- - - - ---1 Total ! 1001 1001 100! 1001 1001 100 1II! 1 ! 1 1-------------------------------------------------------------------1
- 138 -
Dans la tranche de revenus la plus basse, on trouve lesgens de maison, les petits artisans et boutiquiers ainsi que lesvendeurs dits "au plateau". Dans la catégorie allant de 20 à 30 000francs par mois sont concentrés les employés de bureau ou de commerce(comptables, caissiers, dactylos, vendeurs)et les artisans. Dansla tranche allant de 41 à' 50 000 francs mensuels, s~ recrutenflesagents des grands services publics et quelques petits entrepreneurs,patrons d'ateliers de mécanique, de réparation d'appareils frigorifiques, de peinture. Les tranches supérieures.sont constituées parles fonctionnaires subalternes (postiers, policiers, enseignants),les technicien~ salariés (typographes, mécaniciens-diésélistes, électriciens), les cadres moyens" du secteur privé, les employés de bureaubénéficiant d'une certaine ancienneté.
C - Niveau d'instruction.
Si un certain retard dans l'effort de scolarisation a handicapé au départ les originaires de la Lékié dans .. la compétition pourl'accès aux emplois de la fonction publique et aux carrières libérales, le pays est, depuis une génération, bien équipé en établissements d'enseignement primaire.
Parmi les hommes de plus de 20 ans résidant au quartier,67% ont reçu au moins un début d'instruction primaire, ~lors qu'onn'en trouve que 59% dans la ville de Yaoundé (1969) et ~eulement
30% à Nouveau-Koumassi, quartier d'émigrés à Abdijan. '3% de nosenquêtés ont reçu une formation au-delà du baccalauréat.
Tableau XXXXI : Niveau d'instruction à Nkol-éton et NouveauKoumassi (%).
,------------------------------------------------------,--~------------• • J. J ! , , , !nJ.veau .. le cycle . . ... . roc:> ,.
d'instru ti n , J ,. _, 2e cycle ,etudes 1En..;, .... r.l ico. sans ·primaire .ensteJ.gne ·enseigne-·supé- °bIc .
, J men se-, t ,. ,. . d. .men se- .rJ.eures.con aJ.re .! ! ! . !condaJ.re ! ! !
---------------------------------------------------------------------_.! Nkol-é,ton 9 67! . '17 4! 3 ! 100!-- 1 1 1 1 1 1 1! Nouveau~Koumas- ! .!, si (Abidjani , 6630 4 ,100! .. ! . . . . . ! .--------------~--------------------------------------- ---------1------
- 139 -
Tableau XXXXiI: Niveaud,'instruction'et revenus à Nkol-éton.(%) ..
T---:---:- -:.-.-.-:-: :-·-·-':-:--·-:-·ï :-.:-- - -: - --,-- -':"" -- ---y-.-':"- - -':""---,~ ------ - -, - .. -- - - 1Niveau d'ins- . . ....rùction 1 - ". . 1 1ecycle 12ecyclel supérieur 1 Totall
sans ·prlmalre du se- du se-!r~venus men~ I! 1 condairel copdaire 1Isuels 1 1-------~-------y-----y---~----y ..--------1----------1---------1------I=~~:_:~~~~~_: __l_:~__l ~~ l :~ l l l_:~~__1de 20 à 30ÔOOF 1 1à' l' 80 10'! .. ! 100I---------------~-----~--------+---------~---_·_-----~-----"""---~------!
. .. -" _. . ". "." ~
Ide 31 à 40000F 1 - 50 1 40 10 ! 1001--------------:-T-----T--------y---------y----------1---------1------!~:-~:-~_~~~~~:~i_=~ __l __~~~ l ~~ l !~~:~~~ l_:~~__Ide 51 à 70000F'! - 30 40 30 ! 100I---------------~-----~--------~---------~----------~---------~------!
1+ de 70 OOOFCFAI -: __ 20 30 50 ! 1001---:------------T-----T--------1---------1----------T---------1------len c?omage! 40 1. 10 30 10 10 ! 100
Dans les tranches de revenus inférieures à 30 000 francs parmois, le niveau moyen d'instruction se situe à la hauteur du certificat d'études primaires ou d'un CAP professionnel. De 31 à 50 000 Fde revenus mensuels, le niveau moyen est celui du BEPC. A partir de~1.000 francs·apparaissent les premiers bacheliers ou ceux dont le.niveau d'instruction est équivalent. Au-:d~ssus de 70 000 F,les diplomés de l'enseignement supérieur sont en majorité.
D - Accès aux hiens de consommation durables.
Nous.avons dénombré à Nkol-éton 14 voitures particulières,31 cyclomoteurs et motocyclettes, 184 récepteurs-radio, 19 réfrigérateurs et 85 machines à~coudre.
Le. tableau. XXXXI;I:I permet de comparer. cette statistique. à
celle établie en 1973 à Nouveau-Koumassi (Abidjan)
- 140 -
Tableau XXXXIII Biens de consommation durables à Nkol-éton et
Nouveau-Koumassi (% du nombre d'enquêtts).
! 1-------------------------------------------------------
---------------T---------------T-----------------------,Localisation; Nkol-éton 1976 ; Nouveau-Koumassi 1973 ;
Biens
1213! cyclo-motos
, 14· voitures . 6 4,---------------~---------------~-----------------------,· .. .
33!---------------1---------------1-----------------------
113!_:~~~~~ l ~~ l ~~ _
réfrigérateurs 1 19_______________ l ~ l ~ _, ,· machines à cou~
! dre ! 85 36
Nkol-éton apparaît sensiblement mieux équipé en "transistors"
,et réfrigérateurs (bars exclus). La possession de ces biens estétroitement liée aux revenus. Radios et machines à coudre sont entre
toutes les mains, même celles des plus pauvres; "cyclos" et motos(peu de bicyclettes en raison des fortes pentes) commencent à appa-
raitre lorsque les revenus franchissent la barre de 30 000 francsmensuels mais leur nombre diminue au-delà de 50 000 francs par mois,
le niveau économique permettant alors d'accéder à la voiture, bien
que l'on en trouve dans quelques foyers moins fortunés.
Tab:!..eau XXXXIV: Biens de consommation durables et revenus.
----------------1-------1--------1--------1------1-------1nature des
"-:""'--biens !voiture 1cyclo ou! réfri- !recep- !machine !! tranc~! ! moto !gérateur!teu: !à cou- !! ~evenus menuels
l! ! !radlo !dre !
--~--------------------------------------------------- ----" , ,. - 20 000 FCFA(%) . 70 . 30!----------------+-------+--------+--------+------+-------+! 20 à 30000F (%)! 10 ! 80 130----------------------------------------------------------
131 à 40000F (%)1 .10 30 10 1 90 150---------------------------------T------------------------
: 41 à 50000F (%)1 10 1 20 . 10 ! 90 1 50 11-----------------+-------+--------+--------+------+-------+! 51. à 70000F (%)! 20 ! 10 50 1 9C ! 50----------------------------------------------------------
l + de 70000F (%)! 50 20 50 !100 ! 70,----------------ï-------ï-----------------ï------ï-------ï; e~ c~omage (%); ; jO , 10 ; 60 ; 60 ;._~"--------------~-------~--------~--------~------~-------~
141
Les véhicules à deux roues' et les voitures sont à considérer.... . ;0; "'.~ "':". ... . .
à part parmi les biens de consommatio~durables,non seulement dufait de leur valeur en tant que sig'~~:~' d~réussite soc'iale mais.encore en tant que symboles de maîtrise de la technologie,("~j
•. J .....
f·
Le~ réfrigérateur~ (revenus supérieurs à 50 000 Fparmois)e~t, à un degré .moindre que la voiture, l'expression d'un standingcertain, ~ussi le .trouve-t·-on de préférence d~n~ le' séj our plutôt
que dans une pièce on il resterait moins visible. Il'implique, sauf. . .. . '. .
dans le cas d'aliment~tion à pétrole ou à gaz, (rares à cause desrisques d'incendie) le raccordement au réseau, lui-même indicateurde bons moyens.
Le mobilier tient aussi sa place~au point que certai~l'ajus
tent au "standing" et au style de leurs hôtes: à droite le salon"traditionriel" pour'invité~ "de la brousse" avec meubles de rotin,sodas et confiseries:, à; gauche le salon "citadin", meubles.dit~
contemporains voire "de style", boissons fortes· avec gl~çons, ciga-.·
rettes angl?-i.~es,.e_tc. De telles conduites sont significatives dufragile équilibre du néocitadin parvenu, encore, fortemënt lié auxvaleu'rs' villageoises et proj eté dans l' accul turation urbaine. .
Les bie,ns qui viennent d' être cités présentent la particu
la~ité de ~e dis~oser dans un ordre hiérarchique, la possession del'un impliquant celle de ceux se "situant" auf--échelons inférieursdans la hiérarchie. Cet ordre correspond à celui selon la valeur
monétaire des pi~n~. Ainsi, au "transistor" succède la machine' à.. . . .
coudre, puis le,r~frigérateur et enfin la voiture (1).
-----------------------------------------------------------------~-
(1) Le coefficient d'ereproductibilité,. défini comme: .Cr.= 1-nombre d'"err~urs" .' ' t" 1'" 0 95 l'" -reur" é~gWBrled~a§u~~t~i~uFgmg~erg~p~~tR~te~ase~~or~re~hiêrarc~Ique. Le coefficient de reproductibilité par bien défini comme "Cr.x= 1- nombre d'erreurs pour le bien x t" l à
nombre de sujets es egavoiture: 0,95réfrigérateur 0,96machine à coudre 0,94radio 0,96
tous ces coefficients sont supérieurs à 0,85, limite de significativité généralement retenue (MATALON-1965).
- 142 -
On en déduit une aviqité certaine pour les biens manufacturés,
les chefs de famille se procurant le maximum de biens que leursrevenus ,leur permettent d~acquérir.
E - Habitat.
Nous avons, dans les pages précédentes, abordé le statutd'occupant dans ses rapports avec l'ancienneté de la présence dansle quartier. Les propriétaires sont en majorité de vieux résidents,. , .alors que les +ocataires sont pour la plupart venus récemment.
,Examinons maintenant ~a répartition globale de la popu~ation
des chefs des unités résidentielles en fonction de ce statut, ennous référant, à titre de comparaison,auxstatistiqu~ équivalentespour la ville de Yaoundé en 1969 et pour le quartier,abidjanais deNouveau-Koumassi en 1973.
Tableau XXXXV : Statut d'ocnupant, comparaison (%)
-------------------T-------------ï--------ï----------ï----------tatut d'occupant .. .
! !prop~létaires! prêts !locataires! total !
!~B~r~r~~~~_---~----·------~-----~+---~-~--+IÔI-------+-~3~------!! Nkol-éton 1976 (%)! 118 ~o ! 17 7' 43, 100 ,---------------------------~-------------------------- ----------, . , ,\ ,
. Yaoundé 1969 (%). 60' ',~' 40% ' ., 100 .!-------------------T-------------T--------T----------T----------, Nouveau-Koumassi ,. 1973 (%) , 15 4 81 100 .,----- 1 1 1 ,
Il semble que la forte proportion de propriétaires observésà Nkol-éton (50%), ne soit pas une parti~ularité du quartier puisquecette catégorie' est encore plus nombreuse dans la capitale camerounaise prise dans son ensemble. Les statistiques yaoundéenries s'opposent par contre à 'celle de Nouveau-Koumassi', où la proportion de'p~op~~étairesesi beaucoup plus faibles.
-.143 -
Tableau XXXXVI : statut d'occupant et ancienneté dans la ville (%)0
'---~---------------ï--------ï------ï------ï-------ï------ï-~------,, date d'arrivée à' ,,"1 aoundé 1· ! 1 1 II!1 1- d'1 an! 2 ansI3à5ansI6à10ans!+10ansl Tota~
statut1 d'occupant 1 1 1I-------------------j--------j------j------T-------T-- ---~ï--------I
! propriétaires (%) 1 1 1 !4 3 17 6 !10690 1 118100 !
!--------~----------T--------ï------ï------ï-------ï-- ----ï--------I
! bé~éficiairesde 1 1 ! 2 5 13 30 15 30 ! 6 30 1 17 100 !
,-Er~~!-i~2---------T----~---ï------ï------ï-------ï---~-~ï~~---~--I, locataires (%) 15 15 5 5 "'18 18 ?~26 '37 36 ' 101100 '! 0 Il! 1 II!------------------------------------~--~--------------------------
1 Tot~l (%) 117 7 1 7 3 125 1113.816114963 1 23 6100 1II! 1 1 1- ! 1------------------------------------------------------------------
Anciens résidents du quartier, les propriétaires sont de "
vieux citadins; les locataires, eux, se répartissent d'une manière
plus régulière sur l'éthelle d'ancienneté. Cependant, 15% d'entreeux sont arrivés très récemment du pays. Ils ent,je l'ai déjà souli
gné, remplacé des locataires plus anciens, effrayés par les "risques
d'éviction. Il n'y a donc pas eu inflation, mais renouvellement.
Quelle incidence peut avoir le niveau de revenus sur le statut d'occupant ?
Tableau XXXXVII : Niveau de revenus mensuels et statut d'occupant (%),
---:---------------ï-----j------ï-----ï-----ï-----ï------ï-----ï------l veau de revenus' , "' ...
1- de 1 20 à!31 à 141 à 151 à !+de !choma+ Total:
128°00, 30000, 40000, 50000,70000,70000F, ge
d'occupant F FA 'CFA 'FCFA °FCFA 'FCFA ' CFA ',------------------- -----~------~-----~-----~-----~------~-----~------I. . . . . . . . '"
1 Propriétaires (%) 14034 1 47 40 18 7 . 111 9 15 4!2 2 15 4 11181rO!
~-~:::~:~~::-~;;----~43~;-~-39;;-~6-~--~-3-;-;7--;-;;--~--~~--~-;~;~~~~:.'. . .
l----------------------------------------~-~---------- -----------------
: ~' ..
- 144 -'" '\
On relèvera à la lecture du tableau XXXXVII que la modicité
d~s revenus n'est pas un obstacle absolu à l'accès à la propriété :bâtie. Il n'y a pas de différence significative entre locataireset propJÏ!iétaires quant' au niveau' de' revenus. 34%" des propriétairesont des revenus inférieurs à 20 000 francs par mois, 4% d'entre,eux
. ...~ ~':'.: : ..~,.....: ~" ,'; ..:~:1:· .. ,,::~... .•. ..sbnten ch6m~ge; 2% s~ulé~ent jouissent de revenus supérieurs à
70 000 F mensuels. -
On trouve à Nkol-éton deux catégories de constructions
eu égard à la nature du matériau utilisé
Tableau XXXXVIII : Types de construction (%) de l'ensemble)~
---------------------T---------T"---~------T-------------Tpe de construction" ~"
! dur ! semi-dur ensemble___:~:~:~~~:~~~ =1 1 1 _
! Nkol-éton 1976 (%) 9 4 ! ,?71.r~~·96"';'·,",!,·""",,,,100!---------------------+---------+-----------+-------------!! Yaoundé 1969 (%) 24 76 100!---------------------1---------1-----------1-------------, Nouveau-Koumassi ! ' ,,"v"" 1973 (%) 74 26, 100! 1 1 1 _
Le semi-dur,lipoto-poto" ou "baIJ,co", torchis argileux, ren
forcé par une armature de piquets et de lattes entrelacés, est,
comme dans tous les quartiers périphériques de formation ancienne,. . .. ~.~_:., ".'" .~. i"'~-';-'~''''\'''.. ",.;.... <" ,,' •
. 'le type de construction le plus fréquemment attesté (96%). Le "dur"
en moellons, est beaucoup plus rare en raison de son cont élevé,, ,
dn aux tiges métalliques qui en constituent l'armature (fer à béton).4% seulement des 'logis sont construits selon cette technique moderne
employée pour 74% des logements de Nouvea~-Koum~ssi, quartier abidjariais oü les revenus sbnttout'a~~si mod~stes. A Yaoundé en général,~~ pourceritage de batimentsen dur 'est de '69%, nettement plus élevéq~'~ Nkol~éton, mais c~~te statistiquen'~guère ~e signification,
puisqu'y sont inclus les batiments administratifs et commerciaux- .. . .. . . . . . .
dans lesquels l'usage du semi-dur est exclus, au moins lorsqu'ils'agit de constructions à étage (l),et les· demeures des, quartiersrésidentiels,toutes en dur.
(1) En 1964, à Mokolo, quartier traditionnel ouest de Yaoundé, lesstatistiques étaient les suivantes: type local 50%, semi-dur 50%):A Yaoundé en 1964 : type local 62%, semi-dur 28%, dur 10%.A Abidjan en 1964 : semi-dur 46%, dur 54%.
- 145 -
Il faut aj outer que le quartier de Nkol-éton, ceinturé de
.marigots, s'est trouvé blOqué dans ses possibilités d'expansion avant
même que l'accroissement des revenus.. ait fait naître chez. une frac
tion des résidents le projet de rebâtir en dur. Cette situation de
saturation explique pour partie.:'., les statistiques .,du tableau
XXXXVIII.
Pour ce qui est de l'espace disponible, les émigrés appa~
raissent au large (tableau lE). Plus de la moitié des logements, .
présentent un nombre de pièces supérieur à 3 (Yaoundé dans son ensem.-
ble 50%, Nouveau-Koumassi 3%); les logements constitués d'une seule
pièce ne représentent que 16% de l'ensemble (Nouveau-Koumassi 43%).
Tableau IL : Nombre de pièces par logements - comparaisons.
l----------------T---------------------------------~----------------
Nbre de foyers' par quartier en % du nombre de foyers!Nbre,' ""',. !Nkol-éton 1976! Yaoundé 1969 !Abidjan(Nol;lveau, de '. ~ - ~" , ' " , Koumassl) 1973· pleces . % ! %cumulés . % . !% cumulés' % ! % cuùulés,---------------- --------------~--------------~--------------------,· .!.!. ! .
! )3 piè ces ! 53! 53! 50! 50! 3 !. 3!----------------,----~---------,----~---------,---~-- --------------
! 3 pièces ! 11' 64 ! 23' 73 ! 9' 12 !---------------------f--------------f-------------f----------------, , , ,
· 2 pièces . 20! 74 . 17! 90 . 45! 57,-~-~------------~--------------~--------------+--------------------,· ". ' , ,'! '! ! .1 1 pièce ! 16 ! 100 ! 10! 100!43! 100 !!----------------,--------------,--------------,--------------------, , ,!_~~~:~~:: 1~~~_i 1_:~~i 1:~~i _
,.L',exiguité des logements se révèle en rapport étroit avec
le statut d'oêcupant (tableau L).
Tableau L : Taille des logements et stat'üt d'occupant.
-----------------T-----------T-----------T----------T------T----~'
nbre de pièces' 1·... (%). 2·... (%)·3·... (%). d 3 . .! plece a! pleces ! pleces 1+ .~, !Total!
pleces .! !'! (%)! !
,; S~éjtg~~upation
,---------~-------T-----------T-----------T----------T------ï--~~~'
. propriétaire . 13 37 . 16 36 '10 42 '79 68 '118 .! ! ! ! !!!--------------------------------~----------4---------------------
! locataire ! 22 63 ! 20 64 11 58 !37 32 !101 !
!-;~~~î-----------T-35~;;-----'-44-~;;----'24--~;;---Tïlb~;;';~-9--!
! 1 1 1 1 1 1
'.. - 146 - '. "
Les' llsàgers des\og~inentsles plus exii~s sont, dans 63% Çl.es
cas, des locataires partageant av~c le prop~iêtaire ou d'autres;locataires'une demeure'"d'au moins 3 pièces ~ Au fur et à mesure, quela taille des unitês d' habitat augmente, la proportion dl occupants
propriêtaires se fait plus importante. Les logements de plus de3 pièces ne sont occupês par des locataires que dans 32% des cas.
Ces statistiques conduisent à examiner l' existence d'une ,rela
tion entre la taille des logements et le niveau de revenus (tableauLI).
Tableau LI : Niveau de revenus mensuels et taiile des logements.
Total
, !
dë.20:-,àlde 31 ài41 à':J51 à I+"de Ichoma+30.000 ,40.000 ,50.000,70000,70000,geF CFA "~F.CFA ·F.CFA, "FCFA ,"CFA "
1 ! '1 1
--------------T-------ï--------T-------T------T-~---T-----T-----T------nivea de
revenus !' - de 1ensuels l 20~000,
F.CFA .1lnbre•Ide pièces(1)
!--------------T-;;-~--T-~~-----T-------ï------T-----T~----T-----T-;~-~-~
!_:_~~~::~_~:~_! ~~_l ~~__l l ! l __~__ l l :~:
1 2 pièces(%) 1 17 36 ! 23 48 !4 8 !2 4 !2 4 148100Il! ! 1 1 l,----------------------~---------~------.--------------------------------
! 3 pièces(%) 9 34 :1 10 38 12 8 !1, 4 1,2 8 12 8 10 ~ "I~~1o'OI--------------+-------+--------+-------+---~~-+-~---+~----+----~+~~----
! + de 3pièces 1 40 32 1 45 36 !9 7 112 ' 10 !'10 8 ! 2 2!6 5. "124100 ;, . .,--------------,-------,--------,-------,------,-----,-----,--.-,-."":",.1--.-...,-- ,. .
Total 89, 12 115 ,15 ,12 ,5 ,8 155"Il! 1 ! !-----------------------------------------------------------------------
f ..
Si les logements de faible superficie (1 et 2 pièces) ne sont()CllUpês que par des ~êsidents :aux revenus très modestes (le plus;,ouvent des locataires' nouvellement arrdvés), les occupants tous~ropriêtaires des logements les plus vastes (qui forment la majoritédes constructions); ne sont pas pour autant pourvus de gros moyensêconomiques 70% d'entre,eux gagent moins de 31 000 F par mois.
Tableau I.J11
- 147 -
Taille des logements àYaoufidé en 1969
(% du nombre de logements).
,------~----------------T------------------T-----------T--------,·.. Localisation. . Nombre de pièces·' . ".' .' .. '., .' .' 1 1 1. . 1'! 2' . 3 .. +. de 3 . m .
à Yaoundé en général (%) t !.23 !"13;7! 10,9'-' '52,4 ., 3,7! - ------- - -- - --------- - -+-- ---r---:-~T~---.-.-+-:-"':' -:----.-:-- --:- -+ -:---~ -.- -:- !
! à Yaoundé dans les ! , ! ! !1 .,quartiers tradition- , , !''nels li fr)rte densité(%)' 28! 11- '1 ·6·· '. .! .. 55,. , , " , 1. ..... .. ...---------------------------------------~-~------------ ---------
Cette réalité trouve son explication dans l'ancienneté du
quartier on 70% des cases ont plus ~e 7 ans. Le faible coat de laconstruction traditionnelle en semi-dur, compte tenu des facilités
d'approvisionnement au village, a permis de voir grand.
Eau courant et éclairage ,électrique sont des commodités., ?-ont.,
leshabi~ants de Nkol-éton sont rarement bénéficiaires. 4% seulement
parmi les chefs d'unité~. domestique çnt pu faire face aux ,dépenses. ,d'addu~tion d'eau. Pour tous les autres, l'approvisionnement s'effec
tue aux trop rares bornes-fontaines.
Quant au branchement électrique,20% des logements en sontéquipés. Chacun souhaite en bénéficier, surtout pour permettre aux
enfants de faire leurs devo~rs sansfatigue~~leurvue et aux parents
pour lire le soir., Mais les frais tant pour le raccordement que ~?~r
l'abonnement sont très élevés, atteignant plusieurs mois de salaire,mensuel moyen. En attendant, on s'éclaire à la lampe à pétrole ou àgaz.
La préparation des repas se fait au bois, soit plus rarementsur des réchauds à conbustible liquide sous press*.ion ou bien 'au gaz.
Le: ,to':lt-à-l' égout est, inexistant. Les décl1ets domestiques. i.. . :
sont enfouis ou jetés dans des décharges à flanc de pente. Descamions:-bènnes passent plus ou, moins régulièrement.
" Le loyer mensuel est en moyenne de 3 OOO,F, dans une fourchetteallant de 1 000 à.plus de 7 000 F. Le locataire-type consacré 14%, . . .
du budget familial au logement.
Tab leau LIII
- 148 -
Loyers à Nkol-éton (1976).
1 000 ...a
3 000 ...a
4 000 ...a
5 000 ...a
6 000 ...a
-------------------------------------------------------------------- !000 F ,
000
000
OOO,F000 F
000 F
000 F
. ,
IV - La vie relationnelle.
Rassemblés dans des quartiers périphériques populaires etdans un habitat de type traditionnel, au débouché des routes qui lesont conduits 'en ville, les émigrés de la Lékié se répandent quotidiennement dans cette dernière pour les besoins de leurs activités
, ;
professionnelles, vers le centre des. affaires et les grands marchés,'les ministères';et les services publiques .d~ssérninés sur les collines,vers les quartiers résidentiels. où siègent les ambassades et où se
, : . ~
concentrent les expatriés. .,,: .".
Mais qu'en est-il de 'leur vie sociale intra et extra-urbaine
lorsqu'ils se sont défàits de la combinaison de mécanicien, de lablouse de vendeur ,'du tablier de cuisinier ou de l'uniforme de gardiende la paix ?
A - Les relations interpersonnelles.
L'analyse des relations interpersonnelles e~ des réseauxqu'elles dessinent offre un biais d'approche de cette réalité, révélatrice du mode d'insertion urbaine.
Ces relations, dont chaque individu, chaque atome social~e
présente un foyer, :seront ici examînées dans celles de leurs dimensions qui· nous ont: paru les' plus significatives, tout en restant ac
cessible dans le cadre d'une enquête à caractère extensif. Richesseet intensité des contacts, étendue dans l'espace, ancienneté du lien
- 149 -
relationnel, nature des activités qu'il suscite seront tour à tour
abordés. ,La technique e~Pl;iée ~p~elle'deux :';e~~rques quant à la. .,' .. ~. :' ."'.'. .
portée des résult~ts :or ": ." ....-.. _..... :..
.. , ,-·'La population conqernée reste celle des :chefs d ! unité; ré-: ..
sidentielle,.\, qui' f":lrent tout au long de cette. enquête nos principal:lx,
interlocuteurs. ~'image ainsi formée;n'est.donc pas, vraisemblable~_
ment·, également fidèle pour toutes ,'les classes d'âge représentées,
au quartier. Pour pallier au mieux cette insuffisance, j'ai, lorsque
la nécessité s'est faite sentir, adjoint à l'é~hantillon des repré-,
sentants des classes d'âge les plus jeunes (15 à 20 ans).
- Cette image reste en outre partielle; elle n'épuise pas la
réalité relationnelle puisque n'ont été relevés, pour ,des raisons
d'économie de moyens, que les contacts à la fois les plus fréquents
et les plus durables (quelles sont les personnes que vous fréquentez
le plus souvent ?).La régularité des rapports et leur permanence ont été tenues
comme les critères les plus sûrs de l'authenticité du lien ralationneL
l ~ Le volume des relations et ses déterminants. : _.'
Le milieu urbain défini par la concentration démographique et
de l'habitat est éminemment favorable à la multiplication des contacts
entre les individus. Pourtant, 4% de ceux que nous avons interrogés
se présentent comm~ sans aunune relation suivie qui soit extérieur _
à leur foyer ou autre que strictement professionnelle. Un tel isolement
relationnel semble peu conforme au besoin naturel de,communication
et l'on serait assez tenté de le mettre au compte d'une méfiance,
bien compréhensible au demeurant, à livrer à un tiers inconnu des ren
seignements d'une nature confidentielle, dont on peut redouter qu'iln'en' '~oit fait' u'sage à des fins autres que spéculatives. Hormis ce's '
cas' extrêmes, la distribution du volume relationBel (fig. 15) présente un profil tout à fait classique du point de vue statistique, la
moye'nne se situant entre 5 et 6 unités de relation par' sujet, ce
qui' laisse déviner un champ relationnel passablement réduit, mais
compensé, comme je le soulignerai plus loin, par la qualité du contenu
des contacts et leur intensité.
........ -
- 150 -Quant à la s't'ructuration -.spatiale- du-ehaInp.··.reutionnel
: 1 .: ...... :: '. ! .
(fig. 16 et tableau LVI), on est dès l'abord frappé par la faiblePOXtéa du-~aYon moy~n quine balaie pas au-de1à'de l'aire des8in~e
par le quartier lui-même et sa périphérie immédiate~·On~elève, ensecond lieu, l'imPortance prise par les liens mettant en cause des~nnes demeurées au pays.
Ainsi, plus du tiers des .reJ.a.ti~s se.-situent à l'intérieurdu quartier et 20% concernent des habitants de~'4uartiers contigüs.Les contacts avec des citadins !'ésidant' dans d'atitreis"~poUrg~.isont
rares et toujours proportionnés au nombre d'originaires de la Lékié
qu'ils abritent, eonstatation·qui laisse attendre un haut niveau"d' intra-ethnicité."
Cependant, on doit conserver à l'esprit la physionomie très
~~iculière de la ville, qui isole en les cloi&onnant des quartierspar ailleurs, mais non sans rapport, fortement homogènes ethniquement.D'une colline à l'autre, les itinéraires sont peu nombreux~ que.·penteset marigots contraignent à de multiples détours. Si les liaisonsentre les centres commercial et administratif et les quartiers sont
Telati~ement aisées, celles entre qua~tiers sont incommodes.10% des contacts impliquent des personnes résidant ordinaire
ment au pays et que l' nn rencontre, soit lorsqu'elles sont "en passage" en ville (1), soit à l'inverse, lorsque l'émigré se rend au pays.
Tabléau LIV : Les relations interpersonnelles des résidents
de Nkol-éton dans l'espace urbain (%).
!-îi~~-~~~;é~i~~~~~T-%-~~-~~~~î-~-~i~~-~~-;é~i~~~~~-ï%-~~-~~~~î--!!. de l'autre ! des unités! de l'autre Ides unités' !, '. ., de relation! . ,de relation ,..------------------~------------f-------------------~- e
! Nkol-Eton ! 38 l' Etoa-Méki ! 5 !------------------,------------+-------------------,------------"
! Nlongkak' . 10 ! Eesos ,Mokolo, . 3 .! ~ 1 1_~t1g~~~~t1~ 1 1,! Mbala ! 10 i Mvog-Ada ! 2 !
!-~~;~-~~-î~-~é~ié-T----l0------~-~~~~:;~i~;~i~~~---T---1--------!
,---------~--------~------------~-------------------~------------,. .., .', Elig-Edzoa , 7 ; Divers , 14e ~ ~ ~ _
(1) Les motifs principaux de ces passages parfois;de véritables séjours,sont l'approvisionnement en produits manufacturés, les soins dansles hopitaux ou visites à des malades, les évènements familiaux,l'attrait des distractions urbaines.
EToVD;
J')Es R.~1..;r7iQN'S
·C!'F.e.~~,o..v 'DE I.-FI poPJ./uria./•./
. o!<.u.,.tV;tfiJ'lts l)~ J,.Jf kD.kJtsr
ZJI5T~iBtlT/OA/.Z>E'stee~JtJ-no IV~ . Z>ANS,L,:;.. V//...kb
(!)OSiLi. ~
Pl.ihTEAJ,J IJ-Î6MêNGIJ~
(!) AVilIS
0/0
Nombre de re/ahiJns'
,
Fijl#alume des rEJ/a/Klas inferfersonnel!es chez les chp/$ dUn/lesdomeslt'rues de Nkol Eton
\1)
200/9QJ
/r\.~ il=: 5 ..~
T:; 116:1V\1:'",
~ 15"o~ V \ N:: 236\)
.~
~.~ ~ /- \-r::,
'\~ la 0/0c)
/"ü --% . \-....1/~ 5II/O-.
\~0
~t:::::
."~ JII'"
~ ../~ -
0 1 . 2- 3 't 5 6 7 8 9 /Q 11 12
aldes slf./l4s - .10 8 lZ 23 39 37 '1-2 25 13 if 7 2 '1
% d@s sujets '-1 3 9 lQ 16 /0 "/8" 11 . 5 2 3 1 Z,
Tot.
50%; '-16 "/0
~
.~i::i,~
qO% .~"-
~.1;)
~~
0...('..,.
~
~
- 1an l ëJns .... 3/6 ans 6/nran5 +.de 10 ansI~,-'::"_:.:..._-_-_-_-~_-_-_-~_-_-_-_-_-_-_~-n-r.1J-fe-fl-n-f.Jt·-e-:-r -a."T"d-ns---"a-·-Y-'l71:VA'e----------I.
pOI·r·cen.k3t~ de rela/ioflS /nf~ref}1f?/rI{Jes se/on l'anciennetéd"-f/5.. 1a.. .. l/l1/e
- 151 -
Observation inattendue, l'àncienneté de l'expérience urbaine
n'influe aucunement ~ur le volume_,globa~.,des relatio:ns. C'est ainsique les émigrés depuis plus de 6 'ans,' ont- moins de contacts (moyenne=4,11) que ceux qui ne sont en ville que depuis 3 ans (4,29) ou même
fra.ichement débarqués (4,-78) ..
Tableau LV : Nombre moyen de relations et ancienneté dans la ville.
1---------------~--T-------T------T----~-~T-------~T-------T---------Date d'arrivée à ,. . , . , . .
1 Yaoundé ,- d lan, 2 ans13a 5anT1 6a 10ans!+de 10 .!m9y~nn~ ,___________________________________________________~~ê g~~~r~_~_
1 !!!!, 1 !, moyenne du nom- !' , 1i bre de relations 4,78 1 4,29 i5,38 ;4,11 15,23 5--------------------------------------------------------------------
Aussitôt parvenu en ville, l'émigré noue des relations avecdes cit~ifns auquel il a été recommandé par un parent ou un originaire du même village, ou bien qu'il a eu l'occasion de rencontrer antérieurement, soit au village, soit en ville-même au cours d'une visitependant laquelle il a préparé sa venue. Ces relations initiales jouentun rôle essentiel dans l'adaptation de l'émigré à sa nouvelle vieen l'aidant à surmonter les obstacles dans la satisfaction des besoins les plus immédiafts que sont pour lui le gîte et le couvert.J'insisterai plus loin sur le caractère organisé, systématique desprocessus d'assistance suscités par la solidarité intra-villageoiseet ethnique.
Mais, pour ce qui est de l'origine des variations observéesdans le volume relationnel, c'est ailleurs qu'il faut chercher.
La ventilation du volume des relations selon l'éthnie du partenaire est plus riche d'informations par les comparaisons quVelleouvre avec les donnfes recueillies dans le quartier populaire abidjanais de Nouveau-Koumassi.
- 152 -
Tableau LVI: Les relations selon l'ethnie (comparaison).
------------T------------------------~----------------uartier Nkol-éton (Yaoundé)! Nouveau-Koumassi
! type de (%) ! (Abidjan) (%)
t relation 1 !!~----------~---ï-----------------ï---------------------1
1 inter-ethnJ..que! 479 41 ,14,5. .
-~-~-------------b------------------------------------~1 intra-ethnique 1 90 59 ! 85,5 . . !
I--~~-----------+-----~-----------T------~------------ --1
I_~::~:~~~ l~~:= :~~ ~ :~~ 1Si la majorité (59%) des relations se f0rment à l'intérieur
du groupe ethnique d'appartenance (éton ou mangisa), la proportion
observ~e est très inférieure à celle rapportée par J.M. Gibbal
(85,5%}.Ici apparaît une différence essentielle entre un quartier
formé d'originaires de sociétés lointaines (ou étrangères) dont. ;
Nouveau-Koumassi offre l'exemple et un quartier constitué d'or~gi-
naires d'une société pé~phérique à la ville, très proche culturellement et linguistement de la société locale. Dans le premier cas,le dépaysement est extrême et c'est dans sa seule ethnie que lenouvel arrivant pourra chèrcher secours. Dans le second cas, laproximité du pays et les affinités favorisent l'ouverture rapide
à des relations interpersonnelles avec des représentants des ethniesdu Sud •. Les données eussent été sans aucun doute complètement différentes si nous nous étions adressés aux Haoussa ou aux Peulh duquartier de la Briqueterie.
Cependant, si l'on s'attache aux relations mettant en causeun partenaire d'une autre origine ethnique, phénomène sans doute
nul part plus fréquent qu'en ville, on s'aperçoit que pour 22%de nos sujets, la vie sociale se réalise dans le cadre exclusif, del'ethnie. Ainsi, certains ont pu passer plus d'une dizaine d'années
en ville sans entrer en contact avec d'autres "originaires tl autrement que d'une manière extrêmement superficielleë; dans des rapportsprofessionnels d'autorité ou de subordination, ou...danS'r·.V~ged'informatioœd'intêrêttout à fait immédiat.
- 153 -
Par ailleurs, 11% des relations qualifiées d'inter-ethniques, s', étabiisse~t ent~e Eton et, Manguisa, dont j'ai soulignél~'s étr6its ~~p~~ent·e~e~ts"13% ent~'é' origir~aires de la prov'ince
.'. ",.- '.
du Centre-Sud (dont Ewondo et Basaa 6%, Bulu 1%) et 4% avec dasBamiléké des plateaux. :. '. ,.
", . Si aucun rapport ,n'a: pu être dégagé entre l'anciennetédans la ville ·e.t l' augmentatiop, du·, 'volume global des contacts.,en revanche, lorsqu'il s'agit des s'eules relations inter'-ethniques,
la corrélation s'exprime avec vigueur (fig. 17).On voit que l'élargissement du cercie' des relations inter
ethniques est surtout sensible durant les deux premières annéesqui suivent l'immigration, passant de 28% au cours de la premièreannée, i 39% à la f~n de ia seco~de. ~
"L'a~jonctio~à' b6tre popui~ti6n di chefs d'unité r domesti
que:· (dont l'âge oscille entre 21 et 68 ans) d'un échantillon' de
17 jeunes du quartier, qui fournissent l'effectif de la classeinférieure (15 à 20 ans) permet de ventiler le volume des relationsinter-ethniques en fonction de l'âge du partenaire interrogé
(fig. 18) : c'est entre 15 ~t 20 ans que les contacts avec d~s
.' ressortissants d'autres ethnies sont les plus nombreux (52% dutotal des contacts dans cette classe d'âge), dépassant même parleur nombre le volume des relations intra-ethniques.
Cette observation souligne le rôle de l'école en tant quelieu de brassage ethnique dans les grandes villes africaines. Eneffet, bon nombre de ces jeunes ont noué relation dans les établis
sements scolaires que certains fréquentent encore.
Dans la tranche suivante et comme par contraste, l'expansivité relationnelle envers les ressortissants d'autres ethniesest au plus bas (32% du total des contacts dans cette classe). Setrouvent ici concernés de jeunes chefs de famille ou des céliba
taires récemment arrivés et qui occupent des logements en location.Le ~ercle de leurs relations englobe les parents et les "gens recommandés", membres' du même village,qui vont assurer .. directement'ou par truchement le "soutientl"~ S' y aj outent les proches voisins.
. ' .
Le volume des relations inter-e~hniques, contrairementà celui des contacts intra-ethniques, paraît s'étoffer au fur eti mesure de llâge (et selon toute vraisemblance de l'anciennetédans la ville) jusque vers 40 ans, limite au-delà de laquelle on
- 154 -
observe une déflation,. liée, peut~être,à une moind~~ mobilitéde~ p~t€naire~;dont le cercle se retré~it à nouveau au quartieret à ses alentours_
Il n'y a pas de rapport manifeste entre le volume global. .'
des relations et le niveau de revenus, sauf pour la cat~gorie la
plus défavorisée don~ la maiireur des disPonibilités pécuniaires. . .
pourrait jouer ~omme un frein à leur expansivité.
Tableau LVII: Volume des relations et niveau de revenus.
-------------------------------~---------T----------------------1 Niveau de revenus l-20000 120à30000131 à . 41à '51 à . !1 ! Ffmois!Ftmcisl400001 50000 !70000 F/mois 11
F/mois1------------------+-------~------~-+~----~-------+--------------1
1 Nombre moyens de 1, relations 4 6 5 6 6! 1 1 . 1 1 1----------------------------------------------------------------.
La liaison est plus apparente lorsqu'on considère,les
seules relations inter-ethniques (tableau LVIII), les deux clas
ses les plus modestes (moyenne 1), s'opposant aux trois catégoriessupérieures (moyenne 3).'
Tableau LVIII: Relations inter-ethniques et niveau de revenus.
l----------------ï--------ï-----ï------j------T------- ---T'-"- .Revenus -~909~ '.·20 à . 31 à . 41 à . 51 à .1 No~~ ! m ü!30000! 40000! 50000! 70000 F 1
moyen de~ __:~~ 1:~~__1_:~~ __1_::~:_1 __~~~~ !relations ,inter-ethniques· 1 l' 3 1 3 3
________________1 1 1 1 1 1_ ..
Jean O. de Saa, nous donne une explication de cette dispa
rité : "avec les gens du pays, on peut se fréquenter même sans
argel'?-t, tandis qu'avec les autres Camerounais, on doit être fierpour tous les genf? de sa tribu, en recevant avec beaucoup de bois
sons". Il y aurait donc, en quelque sorte, un ajustement des fréquentations aux "moyens".
50%
45%
VIQt
::1 i'
40°.flCT ..-c:
.t::.+'".1-.,....c
35%lI'Ic:0-....C»l-
V"'0
#.
N=1169
41-50 ans -1- d~ 50 al36-40 ans31 ... 35 ans. 26-30~ns
30% ....... ....&- -J., ...A.- .........z --t
15-20ans. 21,,25 ans
f_____.. Tf_an ":'"""!"Ch2_S_d'_â9_<t~ : .-.-::_:._~_J
Fig.1i POURCENTAGE DE RELATIONS INTERETHNIQUES Sî::lOi'J !:AûE
- 155 -
Si nous exami:.nons enfin la distribution par profession
du volume des relations tant intra qu'inter-ethniques, nous notons-:: .. (tableau LIX) que c'est dans les métiers des transports que les
relations sont les plus nombreuses (moyenne- 6). Viennent ensui te. . . .
les employés et les fonctionnaires (moyenne 5,5). Les manoeuvres
et ouvriers sont ceux dont le champ relationnel est le moins riche
(moyenne 4).
Tableau LIt Volume des relations selon les professions.
relations , relationsintra-ethniques' inter-ethniques
!
-----------------T----------T-----------------1------- --~--~----
moyenne des
~ ! globale, . -- ,. professlons ---:r-----------------+----------+-----------------+--------~--------!
! Transports .! 6 3 3,-------:----------ï----------ï-----------------ï-----------------. Employes, fonc-"" "! tionnaires ! 5,5 3 3,-----------------T----------,-----------------T------~----------
" Artisans 5 3 2!-----------------+-------~--+-----------------+-----------------!r Domestiques ! 5 ! 4 ! 1________ ~ • __ M _
r Commerce 5 3 2r----------------- ï ---------- ï ----------------- ï -----------------
Manoeuvres, ou- "" .! vriers ! 4 3 1! !" "-----------_-_-6 -------------------------------- _
Lorsqu!on s'attache aux seules relations inter-ethniques,
ce sont les employés, fonctionnaires et transporteurs qui viennent
en tête (moyenne 3). Si l'on ne retient que les rel~tions intra
ethniques, ce sont les domestiques quiapparaîssent ~omme lIes plusexpansifs (moyenne 4).
Le questionnaire portant mention des conditions dans les~
quelles s'est noué chaque lien relationnel, cette précision permet
d'isoler les relations qui se bornent à des contacts sur les lieux
de travail ou, à tout le moins, qui 'y ont pris naissance. La
plupart des relations entretenues par les transporteurs ont été
établies dans un contexte professionnel (moyenne 1,82). Les com-
- 156 -merçants et artisans, dont on sait qu'ils sont nombreux au marché
. .central, nouent 'aussi souvent des relations d'amitié avec leursclient s (moyenne 1,65)'.:A: l' opposé ~ les gens de maison, travaillant
. '. ~ .,surto~t chez des expatriés, se trouvent dans une situation profe~~
sionnelle beaucoùp moins propice à l'éclosion de liens d'amité(tableauLX) .
Tableau LX : Moyenne des relations.
relations établiesdans un autre contexte
1. •"relatlons de travall!
,----------------T---------------------T--------------------· moyenne des! elations'1"secteur! professionnel1.----------------;---------------------;--------------------
. . .!_~~~~~~~~------_!_--------~~~~-------_!_-------~~!~--------! Commerçants 1,65 . ! 2,95I-----~----------T---------------------;--------------------· O~vrlers manoeu~ "! vres ! 1,22 3,11,----------------T---------------------T--------------------· Pe:rsonnel de! maison 0,92 3,78!----------------;---------------------;--------------------
Transport . - 1,82 . 4,25I--------------__ ~ ~ ------1· . . .1 Employés, ~onc-I
i tionnaires i 1,40 " 3,98-----------------------------------------------------------
~)~.L'intensité des relations.
Seconde dimension mesurable de l'univers relationel,l'intensité des liens a été estimée en comptabilisant pour chaque
'. '",
unité la fréquence des contacts sur une base mensuelle : liaisonintense lorsqu'elle fait l'objet de rencontre chaque semaine ouplus souvent liaison d'intensité moyenne (de 1 à 4 fois par mois),contacts espacés· (moins d'une fois par mois).
J,lors que le volume des' relations' interpersonnelles reste
- 157 -
très médiocre chez les émigrés de la Lékié à Nkol-éton, la qualité
du lien ~ autrui y est remarquable: 82% d~s relations se concré- .tisent par des rencontres au moins hebdomadaires, 13% par des réu
nions qui se tiennent 'au moins une fois par mois, 5% seulement
par des rencontres plus espacées. Une telle structure évoqueplus un milieu villageois qu'urbain. En rapportant la masse desvaleurs noyennes et leur répartition selon l'ancienneté dans la
ville à un unique individu;' en quelque sorte émigré-standard àuquel sont, par convention, attribués les comportements relationnels les plus apparents, on "peut résumer "sa" dynamique social·edurant les dii'premières années passées en ville. Une telle mani
pulation m'apparaît validée par la stabilité de l'expansivitérelationnelle, dont j'ai souligné que les fluctuations catégo
rielles rés'uitaient avant trout de variations qualitatives.
Durant la première année, l'émigré entame des relationsextrêmement suivies avec des ressortissants de la même ethnie,
plus anciens dans la ville,déjà bien intégrés au milieu urbain.Ce sont soit des familiers, soit des originaires du même village
ou de villages voisins, avec lesquels il est, assez souvent,entré en contact antérieurement à sa venue en ville; qu'ils. les'
aient connus alors qu'ils vivaient au pays, ou bien à la faveurd'un 'de ses passages. Ceux qui lui étaient inconnus, ont été
recommandés:par des proches.Ce réseau initial va jouer un rôle essentiel dans.la phase
d'intégration du migrant. Il va a~surer le "soutien" .que tout émigré s'estime en droit de rechercheret d?obtenir parmi les membresde sa société.
Grâce au soutien, il va être hébergé (dans des conditions
plus ou moins confortables) et nourri, en attendant de trouver untoit et un emploi, pour la recherche duquel le ou les réseaux
d'assistance vont être mobilisés, chacun des membres se mettant à
l'écoute, sur son lieu de travail et dans ses frdsirs, de la moindrepossibilité qui s'offrirait. Les associations d'originaires cons- :
tituent des structures particulièrement adaptées à cette prospection,
les réunions regulières étant l'occasion de faire le bilan desrecherches et de le transmettre au demandeur.
- 158 -
C'ect au cours'd'une des rêunions que le nouveau-venu sera"prasentê" ct' sef' problèmes êvoquês. Si l'appel à l'aide" est undroit pour le nouveau-venu, refuser d'être prêsentê signifierait quel'on s'estime capable de 'trouver les solutions pnr soi-même. L'lm:'migrant prend alors le risque de se couper de la comrnunautê'carcomme le dit l'un de'nos informateurs ~'''s'il ne ~ient pas, il est'mort et disparu, on ne le sent" (1) plus, on est comme SI il n' êt'ài t·pas là". Al'invcrse~ lorsqu'il aura prêsentê son cas, on lui dêlè~
guera, si besoin est, 'un 'guide' chargê de lui apprendre la ville dan'ssa topographie et ses lieux importants (services publiques, pointsde rallîment, lieux de travail des originaires qui pourraient iutapporter un secours en cas d'ennui soudain (policiers, agents des'
\\ '1 . ... ~~
services publics, commerçants). On l'affranchira aussi des pratiquesurbaines : porter ses papiers sur soi, prendre garde des vols à latire,traverser'aux passages cloutês, prendre un taxi, se poster auxarrêts de bllS, n~'pas circuler le soir dans certaines zones, prendrecontact de la manière la plus favorable avec les employeurs, etc.
A liintêrieur de ce rêseau initial, l'êmigré va se constituerun entourage d'intimes dêvouês qui vont lui apporter d'une manièreprivilégiée l'as3ist~nce dont il a besoin. Cette assistance n'estd'ailleurs déjà plus à sens unique puisqu'à la faveur de sa premièrevisite au pays, il s'approvisionnera auprès de son épouse en vivresqu'il distribuera.
En dehors de ce cercle étroit, peu de frêquentations, limitées aux discussions sur les lieux de travail et au cours du trajetpour s'y rend~e ou en revenir, trajet parcouru le plus souvent à
pied et de conserve.Pourquoi un champ relationné'l aussi ~:).L êtroi t ? Les informa
teurs, parfois avec quelque gêne, invoquent à nouveau les "moyens",car on ne peut décemment aller plus avant' dans l'amitié sans "honorer"par des libations communes.
'1) "sentir'l : ape~cevoir, rencontrer dans le français populaire desCamerounais, " du Sud.
- 159 -
Au cours des quatre années suivantes, le rythme des rencontre~ à l'intérieur de ce cercle'va ée différencier lentement.L'émigré est 'entré en rapport 'avec d'autres citadins, de sonethnie ou'éxtérieurs à elle ~ qu'il 'vâ prîvilégier,' parmi lesquelsil ~apratiquer une sélection, poursé corisfruire un univers rela~
tionnel désormais stable:tin'grotipede ~arents, que l'on continue'à fréquenter Qertes 'rêguliêrement mai~~d'unemaniêremoins restrictive, un noyau d'amis avec lesquels onèritretient des contactsfréquemment réactivés, un contingent enfin de ,connaissances aveclesquels on n'a que des contacts occasionnels (tableau LXI etLXII). ' "
Tableau LXI Intensité des relations selon l'ancienneté dansla ville (en %du total des relations).
três régu-,lières et ' totalfréquentes!
!réguliêres,modérement·fréquentes!
, ' ,fréquence des·
. relatioris ,i! ....!espacees
!dated'arr.}y,ç0;:Yaoundé ! 1 !---------------------------------------~------------------
," 1
1 - d'un an '!' 1 8 1 91 1 100!-;-~~;---------T---7--~--1----~;-----T~----80----T--~oo---!
I---------------+------~--+-----------+-----------+---~----!
! 3 à'5 ans ! 8 ! 18 ! 74 100----------------------------------------------------------
! 6 à:l0 ans 5 16 79, 100!---~-----------ï---------ï------~----ï-----------T~-------,
+ de 10 ans . 3 . 12 ' 85 100'! !! 1 ! !
Tableau LXII Nombre moyen de relations selon l'ancienneté dansla ville.
--------_._-----------------------~--------------------------! . t....! ....! d........ t· t'" .... l' ... 1 t t l !anClenne e espacees mo eremen, res regu leres 0 a".! ! ! réguliêres' !, !----~-----~--~-------------------~-----~--------------~-~-~~:! ! ! " !!
- d'un an 0 5 ' ''1':- ,!', 4 '4'.',:,'!-~----------+---~----+----------------------------+---------!
!_g_~~§ +--Q~2---+-----~-----1--------2-------+--~~2 !,_2_~_2_~~§ __ ~ : ~ ~ 1 2 ~__ ~ I. .. .!_§_~_~Q~~§ __ +--~~2---+-----1-----1--------g-------+--~~2 !
!_~_~:_:?_:~~l__: l : l ~ l__ ~ _
- 160 -
Les "moyens". ect..leur fluctuation dans le temps .viennent ."moduler cette éyolution~elationnelle.On trouve le pourceptage.: '
• • . .' . .' 1 • • .' .". ~ l ... l ,.' ...
de.. contacts. intenses~le plus élevé (par rapport à l'ensemble, ,des,.. "... .' . :. . ~ . .. .' :.' . .. '. ; . .' . ~ . . ," .. ; l ,.' .' .
relations. déclarées) ,.àla fois. chez les émigrés les plus mode,s~es1.. .. : . ", ' .' ...... " .' ..•. .... ....".
(82 et 87%) et chez ceux que les res.sources et les signes exté;",:, i ;. . ~ ~ . . .. ." '. .. ... ."
rieurs placen"'.:; dans les conditions les" plus. favorables àl' entre-:-:• • . '. • 1
tien de relations suivies (83 et95%).,.
Chez les premiers, les visites mutuelles, quasi quoti~
diennes, avec bavardage sur le pas des portes, consti tuent e~, . l'"
quelque sorte un substitut aux distractions en commun que l'on nepeut s'offrir. Les seconds entretiennent leurs relations. au bar.:;:·:où l'on peut consommer frais bière et petit vin au son d'une musi~
que généreuse. Ces rencontres deviennent régulières lorsqu'on ales moyens de fréqaenter le café, oa-~'on boit assis tout en jouantou discutant •. L'o~.s'intègre à un cercle d'habitués ayant leursplaces, leurs heures et leurs consommations favorites.
Le statut professionnel~influe lui aussi sur l'intensitédes relations~ ne serait-ce que parce que certains emplois imposent des horaires qui limitent les possibilités de contacts~
C'est en particulier le cas pour ceux qui travaillent la nuitd'une manière plut6t régulière 5 tels les policiers, gardiens,veilleurs et ouvriers boulangers,dont le réseau de relations seforr.1e de préférence à l'intérieur du groupe professionnel.
Les relations intEmses avëè .. invitations mutuelles au domicile pendant J.e week-end sont particulièrement attestées chez 'l~s
cols-blancs, ~onctionnaires et autres employés.Sauf pour 1(1 fr.ange aisée de la population du quartier,
qui reçoit à Ia manière européenne, les rencontre amicales onttoujours lieu entre hOJTlITles. L~'s femmes se réunissent entre .elles,dans la cuisine de l'une ou de l'autre.
- 161 -
Chez les plus jeunes, encored§pendants r§sidentiels, les
rencontres, se font presqu' exclusive~~nt à'; 1 ',ext§;ieur, où l'on:. ," '.' .• .. ~! . . . .: ". . . . : .~. ',r:.. : .. ..
se sent moins contrôl§ qu'au domicile. En,deho,rs,du' match :dom;Ln;i.-cal ou des :s§an~~~ d~ cin§ma 'en m~tin§e, 'd~ntj~'assiduité 'est,','"
. . .;" '. '. . ':. . .'. .. .' . .:i", .,; . . : _ '. :. . ~ ."..... . ,_. i
fonction d~s disponibilit§s du ~oment, les buts des .rencontre~.
restent impréc:L,'s : "on~e ren~o'~t;'e pour' se' voir et ne. 'faire' ' .
rie~ ensemble". On fl~ne dans' le quartier, 'comm'erç~nt moderne, le
long des vitrines des disquaires et boites à musique, des mar
chards d'~ppareils ph?to et d'§lectrophones, de, chaussures et de
vêtEments, d' "engins". 1'on se rend aussi en groupe dans les
cent!es culturels §trangers où l'on peut feuilleter des illustr§s
et admirer les expositions sans bourse d§lier.
Les scolaires ind§pendants, auditeurs des cours du soir,
forment de petits groupes très coh§rents, attachants par leur
soif d'instruction, leur niveau d'aspiration et leur id§alisme
inzénu .. Ils se réunissent d'une manière régulière chez l'un· ou
l'autre pour §tudier et poursuivre discussion sur les d§bouchésdes diplômes qu'ils convoitent, les possibilit§s d'embauche, les
évènements locaux, le tout sur fond de transistor."
Reste une dernière cat§gorie de relations intenses: celle
q'implique l'aide, donn§e ou reçue, thème qui sera évoqu§ plu~
avant.
'f
B - Les associations.
A travers les activit§s qu'elles proposent, entr'aide
matérielle, jeux et sport~ discussions religieuses, les associa
tions qui prolifèrent en milieu urbain africain, répondent au
besoin fondamental de s§curit§ et de soutien §prouv§ par le nouveau
citadin s~udairi privé de se~ cadres sociaux traditionnels.
L'environnement rural où il av§cudepuis sa naissance,
au, sein d'l lignage et du village, l'a accoutum§ à des relations
personnalisées, à forte charge affective. La venue en ville le
plonge brutalement dans un système do'nt 'les normes et valeurs sont
mutiples ; conflictuelles, ambiguës ,et où dominent des rapportsanonymes.
- 162 -
Les associations vont, de diverses' manières, faciliterla tra~s;i,~fop Çl' un univers à l' autre ~a; une ,1.ntégrationprogressive de 'l',immigrant. Elles constituent ~~,' quelqu~ so~t'e ~n 'pontcUlturel.,'~éduisantl'isolement,' appor'tant ,le so~tien et la pro-
'. . : . . '. -'. .~, ", ,. . . ...;..' ..,
tection autrefois,dévolus au groùpe de parenté et qui, brusque-~. . '. . .. "'.. .. .... .
ment, font défaut,. ,;E;Lles vont initier, d'une manière tout à faitconcrète, aux instituti~ns~itadines. A ce titre,~lles fonctionnent comme un instrument du ~hangement social. Réponse adaptativeet ajustement spontané aux nouvelles conditions de l'environne-
. . . .". -.
ment, les associations se présentent comme une réaction face à'..~.- . . .
l'anonymat des raPI?orts urbains;, elles rétablissent l' in~ividu"dans son identité ethnique et tribale.
Du seul point de vue de l'assistance matérielle, ellesvont apporter un secours inestimable à l'émigré, dans des rapports
égalitaires. Que~ue. soient les objectifs spécifiq~é~ d~s associations, elles fonctionnent comme des cane~x d'information entreémigrés d'une même région et entre la colonie et le pays d'origine.
, :
1)- Popularité des associations.
Les associations auxquelles participent les chefs d'unité,domestique~ résidant à Nkol-éton sont fort nombr'euses (nous enavons recensé p' us d'une trentaine) siégeant tant au quartier qu'ailleurs dans la ville ou bien au pays, et ?ont les objectifs expli:"cites apparaissent très divers. 65% des résidents interrogésdéclarent adhérer au moins à une association.
Ces chiffres, pour impressionnants. qu'ils pUissent apparaitre, sont tout à fait banals puisque,' par exemple, K. Little,enquêtant à Accra en 1,963, obser~~it que 68% des individus composant son échantillon, étaient affiliés à une ass~ci"âtion, et queJ.M. Gibral de son côté, en trouvait 61% à Nouveau-Koumassi (1973).
Les multi-affiliations sont nombreuses :
adhèrent à 1 association 65% des émigrés interrogésadhèrent à 2 associations ' . 3-6% -"- _li_.adhèrent à 3 associations 9% _ t1_ _t1 _.
- 163 -
La taille de ces groupements est fort variable, allant
de la tontine à trois entre voisins , .collègues ou amis aux
grandes mutuelles de plus de cinquante adhérents. Parmi les 21
associations pour lesquelles nous disposons de données numériques
sûres,2 ont moins de 20 adhérents
6 de 21 à 30 adhérents
2 de 31 à 40 adhérents8 de 41 à 50 adhérents
3 de 51 à 60 adhérents.
L'existence de ces associations est connue des émigrés
dès avant leur départ et entre parmi les facteurs qui facilitent
ce.dernier. Dans le cas d'associations d'originaires, il est
extrêmement fréquent que des 'villageois en fassent partie, notam
ment lorsqu'il s'agit de cotiser en vue de réalisations prenant
pour cadra le milieu rural.
De fait, les affiliations se réalisent dès les premiers
mois succèdant à la venue en ville, pour autant qu'un ~inimum
d'économies permette de répondre aux cotisations (dans les petites
tontines ces dernières sont très modestes; on peut, par ailleurs,
financer une tontine par l'autre).
Ces affiliations vont se maintenir durablement, parfois
tout au long de la phase du "détour", avec une tendance à lamulti-affiliation au fur et à mesure que l'émigré élargit sa
base économique.
Ces associations présentent tous les niveaux de formalisation sur un continum allant des petites tontines dont les règles
procèdent d'un accord verbal et évoluent selon les circonstances
jusqu'aux amicales sportives et religieuses aux statuts déposés,
organisées en conseil d'administration.
Dans le cas des organisations à structure souple, les
statuts restent implicites, les cotisations ne sont pas fixées
et les réunions~~etiennent selon un rythme plus ou moins régulier
dépendant des temps de loisirs de chacun ou de l'urgence des
ordres du jour. Les convocations se transmettent oralement 9 mais
rapidement par les plantons.
- 164 -
Lorsqu'il s'agit de groupements formalisés, généralement• : •. l.:'- . . . '.... • - "," ."' ••.. . . ;
de tal11e lmportante, les obJectlfs sont exp11cltes, le montant des~ ~ ".,' , . .' '. .
cotisations fixe' et les 'réunions périodiques.' Les absences peuvent• ~ ",. , ··r ". . •.• : _.
être sanctionnées par des anleï1des ,tout comme ;1' arrivée en état':'
"','
d'ébriété.
2)- Les associations d'originaires
.........~ .
Sont communément désignées sous ce vocable les groupementsrass8mb1a~lt des émigrés appartenant au même village, au mêmeclan) à la même tribu, au même arrondissement, à la même ethnie.L'as:30ciation peut ne concern'er que les membres émie'rés dl unmême lignage. Dans ce dernier cas, elle s'identifie à bisu1an (1),
réunion périodi que de l' ayo~, et traite principalement des li pa1abres" à l'intéri-eir de la parentèle.
A trav0rs ces nombreuses associations d'oiiginaires's'exprime~t les sentiments de fidé1itf au pays et la conscienceethnique avec les obligations qu'ils impliquent.
44% de:3 adhésions que nous avons relevées concernent cegenre d'anso~iation. 25% de ces groupements prennent pour cad~e
le ~ii1age d'origine; 70% rassemblent "des Eton d'oü qu'ils viennent", 5% sont des mutuelles àla fois professionnelles et etlmi
ques t~lles celles ~es'~endeurs de vivres du marché central.L'objectif prioritaire reste 1 7 entr'aide matérielle mais
lorsque les sta~uts i6nt écrits, le soutien moral est souveritsou1.i_gné: "nouer un lien de reconnaissance entre les 'membres,crée~'ùri esprit d'entente, réconforter ceux des notres qui souffrent, supporter nos compatrlotes qui sont dans le malheur".
~ . .---------------------------------------~--------------------------
(1) Par extension, le terme en est venU à désigner toute réuniondans le cadre ethnique. L'organisation de l'ayon s'est inspiréede la structure des associations modernes, avec président,assesseurs, piantoris. .
, ....... ...•
- 165 -'.../.
... :
; ~. . :...D;ins certains cas; l' obj ectif est plus limité aider
.~ 'f .~. ..... ,,~.. .1
à la cons ~ruction, contribuer aux frais occasionnés. par des .. :funé-
railles :(ach~t" du ce~cueil~râPàtrîement du corps , organisation"
des cérérnQnies de deuil), aide aux frais d'écolage, etc ...
C'est au cours de ces réunions que sont· présentés les. "
nouveaux venus au quartier et que s'organisent les moyens pour
les assister. C'est aussi à l'intérieur d'associations de ce
type que se règlent les différends entre émigrés du quartier.
L'association s'érige alors en tribunal avec ~ne assistance
élargie.
Aucune association à activités culturelles prenant pour
cadre le quartier n'a été signalée. C'est à un niveau plus large,
celui du groupe ethnique béti,que ces formations sociales se
réalisent.· .
:;)- Les associations "citadines".
Elles rassemblent des adhérents autour d'un intérêt"
commun : jeu, sport, religion, éducation et concernent 56% du
total des adhésions.
Plur~-ethniques par principe, elles comprennent en fait,
lorsque leur siège est situé au quartier, une majorité de membres
originair2s de la Léki€. Cependant, certaines (notamment "les
... mutuelles professionnelles) ont un recrutement plus diversifié.
Las mutuelles ou tontines professionnelle~ et de "service"
~viennent en tête par leur importance numérique. Elles représentent
.c:45% des adhésions à des associations citadines et 24% des chefs
d'unités domestiques y sont affiliés.
Leur taille est extrêment variable, pouvant être fort
réduite, au point que la réunion de trois personnei se sentant
quelque affinité suffit à leur éclosion. Elles ~ont surtout
fréquente', parmi les fonctionnaires,employés de bureau et commerçants:
166 : ..,... ", J... '. '. ~ '.'
'.' .. ~. '.~.' "1:: ...
Les associations de p'arents', d'élèves' (le quartier abriteun établissement d'enseignement primaire et· secondaire tenu pardes clercs) groupent aussi un grand nombre d'adhérents, jouant le
rôle de sociétés d'épargne et de crédit· en vue des frais d' écola- i~
ge et plus généralement d'entretien des enfants.Les associations sportives rassemblent, 20% des adhérents
à une association citadine, groupant joueurs et 'supporters. Viennent ,enfin les associations religieuses (10% des adhésions) etles groupes récréatifs. (5%) tels "jeunes de Nlongkak" et"réveil-bn" • ., ....
4)- Structure et fonctionnement des associations à objectif, " éc~nomique, groupes de prévoyance et d 'entr' aide.
Ce type d'association rassemble 65% des adhésions, soitdans le cadre de la tribu (10%), de l'ethnie éton (31%) ou desactivités professionnelles (24%). Le ~odèl~ de référence est
bamiléké, ~es ressortissants de cette ethnie passant pour desorfèvres en la nature.
1 • • •
Certaines de ces associations se fixent des objectifs limi-
t.és : aid.e, à la construction ("pour notre toit", "résidence"),crédit à l'occasion de funérailles ("en cas de malheur", "les~ercueils"),'prêts affectés aux dépenses @ccfasionnées parl'éducation des enfants, :-assistance en cas de chomage, de maladie, d'emprisonnement ("sans emploi","les malades") suppléant ainsi
à l'absence de protection sociale institutionnalisée.
Au regard de leur fonctionnem.ent, on peut distinguer lestontines des mutuelles. Dans les. tontines ou association de crédit
rotatif, grouPant généralement un nombre restreint d'individus,les participants versent une cotisation fixe lors de chaque réuniondécidée selon un rythme régulier ou bi~n à la demande de l'un
des membres _(la réunion se fait tanté)t "che,z '~ 'un tantôt chezl'autre et c'est l'hôte qui "arrose"). L'un des membres se voitattribuer la masse monétaire provenant des cotisations. Le bénéficiaire se trouve désormais exclu de la liste des prétendantstout en continuant à cotiser (il a "mangé").
- 167 -
Le~critêres d'affectation de la masse monétaire à un
membre donné font variables mais constants pour une association.
Le bénéficiaire peut être désigné par le sort ou bien élu par
l'assemblée sur la base de l'intérêt du cas qu'il présente. Lors
qu'il y a tirage au sort, le bénéficiaire peut vendre son tour
à un autre membre (1).
Le système de la tontine présente un double avantage. Il
permet de réaliser une épargne forcée que l'on s'impose pour
lutter contre le parasitisme familial (2) ou les tentations, fré
quentes en ville tout en laissant l'espoir, moyennant un apport
le plus souvent modeste de disposer, immédiatement ou à terme."
d'une somme parfois importante· C'est ainsi qu'un membre pourra
se procurer une masse de démarrage surtout si, ayant eu la der
nière place, il obtient de prendre la première au tour suivant.
Le bon fonctionnement d'une tontine repose sur le respect
d~ l'engageme~t de continuer à verser cotisation après avoir été
aidé; il suppose une grande confiance entre les participants qui
se recrutent dans le cercle des amis de quartier ou de_travail.
Les mutuelles groupent un nombre plus important de parti
cipants. Elles jouent le rôle de sociétés d'épargne et de crédit
avec des taux de rendement élevés. Elles accordent des prêts avec
intérêt, financés par les dépôts des membres.
Tontines et mutuelles peuvent fonctionner dans le cadre. . .. ~ ~.
d'une même association. Tel est le cas d' "Aba~-nana" récemment
crée et dont les statuts ont été déposés.
Elle se présente comme une amicale rassemblant les "res
sortissants" du clan Meyembassa et se fixe pour but "de nouer·
un lien de reconnaissan'ce entre ses membres, de créer un esprit
(1) Un ce~tain contrôle de l'utilisation des fonds reçus estexercé lorsque ce sont les objectifs qui 'ont décidé du choixdu bénéficiaire. Il est plus lâche lorsque le choix résulted'un tirage au sort.
(2) Les femmes peuvent ainsi déj ouer les tentatives des maris des'emparer des petits revenus qu'elleS -t.irent;· .dlJtœorrnnerc.e.
- 168 - i
Tabl~au LXII'bis - Quelques associations! auxquelles participent les.. :... 'émigrés de la Lekié à,.... Nkol-Eton.
Dénom~~~~-~~n·-:-~-:.-~"-~~L,l·-~~.~~e·.-.;~·~.!·~~~~~--~r".-~~ u ~ s . :12'I\i:nt~nt --l~T~~~':. . reunJ.ons; . cotisation !adhé-i
. ., . ..• ~.': ". :rentsi__. J 1 • --
:.' .j !Èlig Edzo)aij·EthniQ.ue· !Secours en cas' <lc dif':' '2600f!moi~ i_:~_SOgO~:~oa ---'-'---1i~~aoundé _L__.__~i~~l~és.mutuel~_~ ~._~~_IA ~ ··t· .. "d '. h':"i N"k l' 1"t . :Ethnique' En'tr 'aide parai les var'; able 1 30 1SsOCJ.:). J.on u marc e 0 -." on . t d ...
1 .' • . " pr;Of'!3Ss:lOnlvendcurs e ven euses i
i, __.." __ __: __ -'- J.. __. ._!~!~__]. . ._o__. o_ .._~ _[ , . -. . .' 1
Aba N' , . '. . IT ' :Pluri~thnij '. 1
!il .~oe ." '. i (~~~~~dé) [q;§le) (Centr. Entr' ni~e . 1000!!?-ois 1 /1-01 . ,Sud 1
, -.. -. _..._.~-.- .. --o--.-__. -.-i-·-------~---·_---·--·-----:-.-~---:-'----._.-._.----.. - _.-" ··.. ·-1·
i Associ,3.tion llcamerounai-II"Iârché : lprofession Entr'aide parmi.18s 500F!so- 1 1 Ile: se" jcentral inelle vendeurs et vendeuses. 1
1 ...-- -- - ......- .... --- ...---. ~---- ._.•._ .' ... ~--...__._.. .+.....__~ .....-----_---~-- _-------.- --' . n:a.~~~.. o ..... _ .. 1__ ....
liB Il N'ko lfong !T,1', PrA d' .0'1 COeur (Lek' é) !.è.thnJ.qU3. .ets. ans clen buta "'r' bl ; 50
J. ..;. __fivers IV '-'- J.3. e i.... _.. -- .-----.- ·'--'__ ._.0. ... ~_ ..._. o. - • ....:.~_._••...---. __...-._...... --..--t--.-.-----....... .1 .
1"Fo,'-(.rs .' chrétiens" ".', i .,' 'Discussions sur thè- l, 1
("CF) ,, ' Yaou!lde iRe hg2euse te s re ligieux , Ivar2able Il 50l' 1" '------ .~--_ ...-- ...----~ 1~~~~~;~~··_---!- .. -·~·- . -:·----I-----·-----·---r~-;:~;~;. t··
BOKassa .' . (Y d') Cla:o.~que. ntr..aide . '500f!' 6'0ao'un el' . i . moJ.s ,.'. . 1 . . \ i
---"_ .. ---.--.--------l---.----- 1 _._. __..__ . +- J
"Ntsa ~.)om" N'kolmeki iEthn ,·· ~ 'bl i 30 ,.(Lekié) Il J.que LarJ.a e +- ._0 __
--------- i 1 iTsin,ga . ._ :,Pluriethni 15000 à !"Jeuner'se de Tsinga" ~ à,la' cons- , . i ,
__o. _ _ ._ (Yao~~~~. t~-----. _. . .. i1~._0~0!moi4 20 J"E D" N'kolv: . l'G'thn,···· "'t"; ". .' Ivari bl i 25
.. Z010: zUiJ__~. --"-f~~i: ~_.--+__.2qUe. '_~_ a2d:-,-_~_._._"~~c_"- ! _,
"Ka-Etaga" IY~~~~:) . ~thniqUe 'ntr'aiùe ~ariable i 40.... _ --- --- ·----·-·I -..~·- ----:- ..- ~.- - - ..,--- -_.0-_· ·,-_ --.. ·1·- - _---. "1" 0-
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1..·· -... . _- - ----t- -- -.- '-"'-"""-'" _ _L -- -..---.. --- ------. _. "-7''''''-'''' -.-_.
:~~=o:A~sen~im" ~J~~~:l~i cl1;nique l~n~r .a~~-"-_ .._J_OOf~n~i~ +_60.~ 1lii"Tvog KanJ.·" Ob:.~la: l' 1 E t 1 • d . là partir i 80
ü 1 (Lekié) : c anJ.que i 'n r aJ. e 500f/mois 1
i ----- -- --- .-. "-'-' ",1, C'.' •• - .• - ;. --- ~ ._.~-+---..--.----..- '.-.-:--., _. ---.---~ "'. 'j'Ir ~ A Il üa,l l' '. E . l ' d 1 à part J.r,ivog nf-,.'o.. a (L k' ,) ; c anJ.que "ntr aJ. e 500f/ 'o J.e : . 1 1 moJ.S
: .. .. --- .-.----.-...-.... ~. --.. .---. ----.-. - -- ....---...-..-+--'_.-.. -- -----:;--... -'-"-- .-. f..· .-..-.. ........
: "F :~ssellelll Nk l Et : 1" 1 Entr 1aide 1 p~r~i ll:":s 2500f/ .. 25: u!::.I:J.es ~ n -, on ! c anJ.que 'f . 1 l DOJ.s11 ! enmes cu c an ,
;._---~ ...- -'-" - ....--.~.:.-- .,;..~-- '. "--"" --.. +------...._....--t---- -.-~..-.--~_..._. --- L,'--- ... - ... ..... i.,..·.....i"Filles iIendoun ll . . 1 ·Nkol-Eton l clanique l _fl_ 1v.'J.riablc i 601 i 1 1 1
; ,.J 6une~::_:~:~~_on~:k';.::"-_~~:~~?~) .. !.~~~~~~:~;:lL:i-S~s_en_c 0m:=-__ l- ~.~~~-:-J 50
: "Mvog Onamoye". Elig-Edz oa 1 clanique : Entr 1aide i _II - 50, '( . , ) " 1 1
j .. -.......... ·1· Yaouncle .... j • ·I-r-.. ----.... t"Beyem bassa" ' J:Jkol-Eton 1 _11- . -"- i -"- ! 70. -... -.... - ..---- - .. - ... -----·-·---·..·r-- .... _.. ---".-- -.l ....-- .--. ..._. _._.-1--- .---~ -- ..... ' .._--... . :-- .'.-- -.--. ...--- ...+-..... -
, "R '11 Il : Variable 1 Intereth- 1 .
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: Ethnique :Entr raide pour :funé-,!railles
- 170 -
d'entente, d'ouvrir une caisse mutuelle et une caisse d'entr'aide". La caisse mutuelle est formée par l'épargne des membres,
épargne dont le montant est laissé à la libre décision de chacun.Les sommes déposées, dont la valeur est consignée sur un
registre, sont placées dans une banque où a été ouvert un compte
sur livret. Les ressources de la caisse mutuelle sont réparties
entre les membres une fois l'an, le dimanche précédent Noël, auprorata des sommes déposées.
Chacun trouve alors son dépôt grossi des intérêts pour
l'année. Cette caisse accorde des prêts individuels aux seuls membres de l'association. Le taux d'intérêt est fixé à 15% par mois,loyer perçu d'avance. Une somme de 50 F CFA est en outre retenuepour "frais de dossier".
La caisse d'entr'aide (tontine) vient en aide aux membres
de l'association à l'occasion d'évènements familiaux, dûmenténumérés: baptème, mariage, maladie grave, décês .d'un proche' . Cettecaisse est alimentée par la cotisation des membres fixée à 500 F.
CFA et remise chaque premier dimanche du mois dès l'ouverture des
réunions tenues successivement chez chacun des membres.Pour l'épargnant, la caisse mutuelle offre un rapport
avantageux, permettant de doubler le capital dans l'année. Pourl'émigré dans le besoin, ,sans garantie ni aval, elle supplée
aux-difficultés d'accè~ au crédit bancaire, mais au prix d'unendettement lourdement grévé par les intérêts.
v- Les formes d'assistance, expression de la solidarité
lignagère et villageoise.
Les formes d'assistance seront successivement abordées du
po~nt de vue du donateur, puia de celui du bén~ficiaire.
h - L'aide fournie.
Bénéficiant parmi les habitants du quartier de la situation matérielle la mieux assise, pour la plupart titulaire d'em
plois stables, les chefs d'unité domestique de Nkol-éton affirment tous venir en aide, d'une manière ou d'une autre, à un parent,
- 171 -
U:1 allié ~ un criginaire du même village. Tous en défendant leprincip~ en terme~:'~"ëbligati6'nd.ictéepar la solidarité nécessai
re, entre membres d'une même société, pour 'assurer une protection• • ~ . . r
, ,contre le milieu urbain~
'," '
La forme l,a plus'couraJ:1te prise Par'cette. solidarité estl-! hébergement .d~ns ,des 'condiB~ons' de ,confort parfois très, sommaire(ainsi une ép'ouse logera son f~ère dans sa"cuisine'!) - e't l' entré
tien du Louveau venu, 'quis'~; e~t as~uré dès avant son arrivéelaqllell~,:~~ mobiliser. ill'ico tott' un réseau 'd'accueil et de sou-tien.d·é·c'r~it Plus'hau't~ '". '", ",' . ," "
'.'.. 'C'ette' ,pra.tique systématique de l' hébergement cémd'uitune
infla~ion du nombre des dépendants résidentiels' et peu~'~xP'liquer
la taille généreuse des iogis.L'hôte manifeste sa rec~nnaissance,'d'ab6rdp~r lei"ca
deaux ::lu pays dont il aa?compagnée son arrivée (vivres ," frais,
volaille, gibier) puis, si l'hébergement se prol6nge,par sap~ü"ticipl.tion aux travaux ménagers et cultures de" cases. En raison
de son. utilité aux tâches domestiques la venue d'une femme est plus
facile~entacceptée. Certains des inforciateurs se plaignent~e
ces visites plus ou moins prolongées dont ils se présentent commeles ·victimes.' Ils critiquent "les g~ns du village" qui, ne semblent
pas' se rendre compte des "difficultés et des souffrances" en
ville et des charges queconst~tuent malgré tout ces visiteurs:Il IL, nour; font une douleur supplémentaire même si on est touj ourscon~ent (e les sentir".
En deh9r~.de cette aide par hébergement, 92% des chefsd'unité dom~st~que-, interrogés assistent au moins une personneen dehors de leur foyer, que ce soit par des dons d'argent ou par
,des cadeaux en nature. En moyenne, chacun d'eux aide deux personnes r6sidant hors de chez lui.
~4% de nos interlocuteurs déclarent remettre, d'une manièreplus. oumojns périodique, 'des sommes d'argent, à des tiers à titre
de cadeau. L'apparition du phénomène. est d'autant plus fréquenteque le donateur jouit de revenus réguliers.
- 172 -
Dans 70% des cas où une aide en numéraire est atte~tée,
les sommes;;versées vont àd'e's personnes résidant dans le village'Cl J origine du donateur'; Les 'transferts, particulièrement n0mbreuxen fin de mois, s'effectuent soit par mandats postaux, soit, beau-
, coup 'Pl_U~; ~fr,équeInment,:par la remise'''d' espèces au bénéficiaire
l~.li-même, q,ue ,ce dernier soit envisite en ville ou qu'au contraire, ce soit le donateur qui se rende 'au village (1).
(58% 'dès enquêtés affirment faire don, occasionnellementou d'une façon répétitive, de produits 'divers à des relations
qu'Qn doit "soutenir". Dans 42%des cas, cette aide en nature n'est
"~a~ ~xclusive d' un~' aid~ /~îrétaire." ". L'aide en natur~lir des "nourritures", denrées telles..que riz, semoule, sucre, stockfish etpo,sson frais, conservesd~ tomate, vin et bière, mais aussi ustnsilss de cuisine, prod~it d'entretien (lessive et savon) et de chauffage (bois et
, .
pétrole) ou d'éclai~age. Sont aussi cités les effets vestimentai-res et les chaussures, ainsi que le matériel scolaire. Ces produits "de la ville", prennent dans 78% des cas le chemin duvillage, transportés à la faveur d'une visite.
Le caractère répétitif de l'aide est difficile à évaluerconcrètement et l'on s'est fié 'aux affirmations des donateurs.73% d'entre eux 'présentent l'aide en espèces qu'ils dispensentcomme regulière, réalisée par prélèvement sur les salaires etbénéfices commerciaux.
Lorsque le bénéficiaire réside au village en permanence,cas le plus fr§quent, les visites du donateur sont alors conditionnées paries ~ossibilités pécuniaires et l'on se privera duplaisir de se retremper dans l'ambiance familiale plutôt que dese présenter les mains vides.
----------------------------------------------------------------. .
(1) A. FRANQUEVILLE estime que chaque émigré transfère dans laLékié le montant d'un mois de salaire par an.
- 173 -
C'est en fin et début de mois, soit aussitôt après les
rentrées des salaires, que le trafic routier de week-end est le
plus dense entre Yaoundé et l'arrière-pays de la Lékié.
L'aide occasionnelle intéresse surtout des résidents
urbains liés par la parenté ou l'amitié, souvent âgés, que l'on"dépanne"d'un billet, d'un paquet de cigarettes ou d'un "petit
vin" en l~rendant visite'.
Cette aide va surtout s'exercer dans le cadre familial
puisque 83% de nos interlocuteurs nomment des parents ou alliés
parmi ceux qu'ils aident d'une façon régulière.C'est aux ascendants directs qu'est réservée la fraction
la plus importante de l'aide fournie à la famille surtout lorsque
les enquêtés sont encore jeunes. A l'âge mur., ils ont pour la
plupart perdu leurs ascendants ou bien les ont confiés à unfrère au village.
Le cas de la mère est particulier car les subsides. et
produits qu'elle reçoit de ses fils citadins vont lui permettrede mieux entretenir les derniers des enfants. Subsistance, vête
ment, frais d'écolage sont des postes qu'elle a peine à financerpar les seuls revenus qu'elle tire de ses surplus vivriers, même
lorsque le père contribue pour partie à ces dépenses.
Au même titre que l'aide aux ascendants, l'aide aux frères(et soeurs célibataires) est présentée comme un devoir tant
qu'i~ ne sont pas en mesure de subvenir par eu~-mêmes à leursbesoins, qu'ils soient étudiants, ou bien privés de ressources
par le chomage ou la maladie. Lorsqu'ils sont restés au village,leur situation de dépendance vis-à-vis du père peut justifierl'assitance qu'on leur apporte.
Dans le système des relations de parenté propre aux
sociétés béti, l'oncle utérin occupe une place privilégiée. Re
présentant du lignage de la mère (il est en quelque sorte la
mère-homme), il fait contre-poids à l'autorité exercée.par le
père sur ses enfants, lesquels, en cas de conflit~ trouveronten lui le protecteur de leurs intérêts. Les neuveux lui manifes-
- 174 -
teront une affectueuse confiance et une grande liberté de langagequi se maintiendront lorsqu'ils auront atteint l'âge adulte. Il
n'est pas rare que l'oncle ~it contribué à la constitution de la
dot de ses neveux~ et, lorsqu'on àrrive en ville~ démuni de tout,c'est vers lui qu'on se tourne de préférence pour être hébergé
en attendant des jours meilleurs~ La dette de reconnaissance engendrée par cette relation s'exprime par une assistance attentionnée, le plus souvent sous forme de vivres ramenés du village,
mais pouvant aller jusqu'à la prise en charge totale. Les oncles
au village seront gratifiés de biens manufacturés (vêtements,boissons, cigarettes) et de dons en espèce, lors de chaque visitede l'émigré. Ils trouveront hospitalité chez lui en cas de passage en ville.
Dansl~cas des beaux-parents,' l'assistance et le "cadeau
tage tl sont plus souvent présentés comme une contrainte socialeque comme une.obligation morale. On s'y soustrait en réduisantles ." visites au minimum convenable.
Les plus jeunes parmi nos interlocuteurs légitiment la
faiblesse de l'aide fournie par la modicité des revenus; souventd'ailleurs, ils reçoivent plus qu'ils n'offrent. Les chefs de
famille d'âge mûr sont, sans conteste~ les plus sollicités enraison de leur base matérielle mieux assise. Leur demeure devientle point de raliiement des parents et amis séjournant en ville
et l'énumération qu'ils font de leur hôtes de passage n'est pasexempte de satisfaction, bien qu'ils se plaignent par ailleursdes charges matérielles auxquelles les contraint leur hospitalité.
Chez les plus âges des émigrés, le volume et la fréquence del'aide restent discrètes et nombreux sont ceux qui sont eux-mêmes
.devenus dépendants de fils, neveux ou gendres.
L'estimation du volume de l'aide selon l'ancienneté dansla ville, réalisée à partir des' réponses fournies par les seulschefs d'unité'" d'âgemll~ (insuffisance des effectifs dans lesautres catégories), permet de constater une augmentation progressive
- 175 -
du nombre de personnes aidées durant les six premières annéespassées en ville. Au-delà, le' volume de l'aide décroît, comme sila solidarité lignagère se trouvait sacrifiée au bénéfice du
maintien du pouvoir d'achat.
B L'aide reçue.r'i
La très grande majorité des chefs d'unité- résidentielle~
interrogés (79%) reconnaissent être à leur tour bénéficiairesde cette solidarité ethnique et lignagère. L'importance de l'aide
reçue apparaît fortement conditionnée par l'âge et le niveau derevenus des bénéficiaires, étant concentrée entre lesmain~ desplus jeunes.
Dans 82% des cas, l'aide prend la forme de produits vivriers et de biens de consommation durables (notamment de vêtements),
et dans 49% des cas, il s'agit d'espèces. Dans 31% des cas, bienset espèces sont associés. Pour 59% des bénéficiaires, le donateurest un parent ou un allié (amis, relations 41%).
57% des dons reçus dans le cadre de la parenté proviennentd'alliés matrimoniaux; ils sont fournis par le gendre aux beauxparents. L'importance de ce type d'aide s'explique par le nombreélévé de chefs d'unité ayant marié une ou plusieurs filles.
L'origine géographique de l'aide reçue n'est pas la mêmeselon qu'il s'agit d'aide en nature, de provenance rurale à 92%,et d'aide en espèces, surtout procurée par des émigrés en ville(83%). Aide fournie et aide reçue s'équilibrent globalement;
74% des enquêtés "soutiennent", 79% d'entre eux reçoivent.Les réseaux d'assistance impliqués par ces échanges, pour
limités qu'ils soient dans l'espace urbain (la plupart fonctionnent dans le cadre du quartier), se revèlent extrêmement efficace~
Chaque communauté villageoise, chaque lignage disposent des leursqui seront réactivés avant la venue d'un nouvel émigré, de manièreà assurer son installation dans les meilleures conditions.
- 176 -
Lorsqu? des ruraux sont concernés par une aide, que cesoit à titre de donateurs ou bien tant que bénéficiaires, ils
appartiennent presque toujours à la même communauté villageoiseou au même lignage que le partenaire.
Il y a réciprocité entre ville et campagne. Les émigrésfournissent des biens de consommation manufacturés· en "échange"
de produits vivriers.
CHAPITRE VII : LES LIENS AVEC LE PAYS .,: .. ~ .
Dans chacune des multiples dimensions de l'insertionurbaine ,qui viennent d'être abordées; organisation des groupesdomestiques, sources de revenus, réseaux des relations interpersonnelles, associations ,'diverses formes d,' assistance, les références au pays et â l'univèrs villageois sont apparues d'unemanière constante et tels des leit-motiv au long des entretiensque m'ont accordés' les émigrés.;
Eu égard à la position géographique des pays éton et mangisa,:"en périphérie 'de la capitale administrative et au croisementde deux axes économiques, à l'état du réseau de' circulation qui·
rend la plupart des villages accessibles en permanence et enmoins d'une demie journée,. considérant la densité du trafic automobile et l'importance des biens circulant entre la ville et laclmpagne, ne serait-ce qu'à titre d'aide., l'observateur est portéa supposer des échanges intenses entre les émigrés au quartierE~ leur milieu d'origine.
Trois aspects de ces liens seront successivement abordés:
- Les voyages, visites et 'séjours entrepris par les émigrés;
La nature des intérêts économiques conservés ou établis depuisleur installation au quartier ;
- Les projets résidentiels.
- 177 -
l - Voyages, visites et séjours au village.
Chacun de nos 236 chefs d'unité domestique a été questionné sur la fréquence de ses déplacements entre Yaoundé et la
Lékié~surleur objet et leur durée, ainsi que sur le mode de locomotion habituellement utilisé.
Quant à leur fréquence, les déplacements signalés par nosinformateurs ont été rangés en cinq classes, allant des déplacements hebdomadaires ou plurimensuels, aux déplacements rares ouexceptionnels, en passant par ceux réalisés selon un rythme
. .) ... - .mensuel, plurlannel ou annuel. Les resultats d'enquete sont conSl-gnés dans le tableau ci-dessous.
Tableau LXIII : Fréquence des déplacements vers le villaged'origine.
!-;;é~~~~~~-~~-~é~î~~~~~~~--T-~;;~~~i;~T-%-~~-î~é~~~~~iî=-'1 !! Ion !---------------------------ï----------ï------------------
1 ••
·~Hebdomadaire ou pluri- ·1
!.annuel (de 2 à 4-tôiS/moi~' 21 9-~ ==: ~~ ~ ---1, .. .
. mensuel ou bimensuel ! 71 ! 30 ,!---------------------------------------------------------! bimestriel ou annuel ! 109 , . 46 !---------------------------T----------T------------------
! rare 33 14---------------------------~----------~------------------,! .. .exceptionnel ,2! 1 !
!---------------------------------------------------------Total ! 236 ! 100 !___________________________1 1 _
Les chefs d'unité résidentielle émigrés à Nkol-éton sont,au bout du compte, moins mobiles qu'on est porté à le penser,compte tenu des facilités de transport qui leurs sont offertes·pour accéder à leurs villages. Chacun d'eux n'effectue, en moyenne,que 4 déplacements dans l'année, près de la moitié (46%) neséjournent au pays qu'une seule fois par an et moins de 10% rendent visite à leur famille selon un rythme hebdomadaire.
- 178 -
Mais il s'agit là de responsab~es de groupes familiaux,plus souvent retenus"en ville p'é3"r leùr's" a'ctivitKs professionnel
les. Leurs épouses et leurs dépendants résidentiels ,..~o~squ' ilsdisposent de revenus personnels,' sont plus mobiles, pour autant~
. . ' ,. .' '. .1 • .J ..
que nous puissions en juger à partir des entretiens pratiqués en
nombre trop restreint pour que les résultats en soient formalisésquantitativement.
Le répérage de fluctuations conduit à se poser la questiondes déterminants de la périodicité des séjours au village. Onpense en premier lieu au facteur distance-temps, élément dont j'ai
précédemment dégagé l'incidence sur la tendance migratoire.S'agissant ici d'évaluer les obstacles physiques non plus audépart mais, à des séjours ruraux de durée nécessairement limitée
parce qu'effectués soit en semaine hors des heures de travail,soit pendant les week-end et congés, il était indispensable
d'évaluer la durée du trajet, tant, à distance égale, sont varia
bles les situations quant aux facilités d 1 accès, depuis le grosvillage en bordure de route ou au voisinage immédiat d'une piste
automobile, accessible en permanence·, jusqu'au hameau réculé ,enclavé, relié par un chemin dit élargi, avec une attente decorrespondance puis un parcours pédestre, peut-être coupé demarigots (1).
En conséquence, j'ai tenu compte dans le classement .desvillages qui m'étaient cités, du temps de parcours fourni parles informatenrs en utilisant les moyens de transport les plus
populaires que sont la marche, le taxi' et le car, ces deux derniers impliquant, surtout au retour, des attentes plus ou moinsprolongées.
(1) La dégradation du revêtement en saison pluvieuse limite lenombre de cars et taxis qui acceptent de tenter d'accéder auvillage. Il existe par ailleurs des "guerres de taxis ll
, danslesquelles les chauffeurs originaires du pays tentent dedissuader les autres d'y pAnétrer. O~ peut attendre jusqu'àdeux jours au bord d'une piste avant de trouver un véhicule(casd'auto-stoppeurs pris en charge par le chercheur).
- 179 -
Dans le groupe l sont rassemblés les villages atteints
en moins de 2 heures, attentes incluses, situés à moins de 50 km
de la capitale, d'accès direct et permanent.
Le groupe II réunit les ~illages nécessitant un déplace
ment d'une durée de 2 à 3 heures, soit distants de moins de. 50 km
mais avec correspondance, soit directs mais éloignés de 59 à
70 km. Tous ces villages restent accessibles en permanence.
Le groupe III concerne les villages proches mais exigeant
. une correspondance avec marche de plus de 1 000 mètres, ou d'acces
sibilité difficile en saison pluvieuse, ou bien ceux dont la
distance oscille entre 50 et 70 km avec correspondance, ou bien
enfin ceux qui sont éloignés de plus de 70 km, qU.elque soit leur
situation d'accès.
Tableau LXIV Périodicité des visites et séjours au village
selon les conditions d'accès.
---------------ï----------ï----------ï---------ï--------------ï--------. . .. .
Totalvisites et !séjours rares,ou exception-"nels . !
mensuelle! annuelle!
!hebdoma-,daire "
!
périodicité ,des visites et"
séj ours !
___~----------------------1----------1---------1------ 1 _l (%) 12 24 ! 15 30 20 40! 3 6' ! 50
! !! ! 100 !----~-------------------------------------------------------------------. . ,
, 6' 34 42' 13 ' 95 "" II (%) 6" 36 44 " 14 " 100,,---------------~----------~----------~---------~--------------~--------". . . .. .! III (%) ! . 3 '3 ! 22 25 ! 47 53! 17 19 ! 89 100!--------------------~------------------------------------~-------------~, , , " ,.
" . . 21 " 71 " 109 . 33 " 234!_:~~~: 1 1 1 l ~
On voit que, conformément à la logique, les déplacements
hibdomadaires se font p;incipalement vers des villages proches
de la ville,' dont certains, en raison du relief qui oblige les
pistes carossables à des détours et les rend impraticables lors
. des pluie& sont plus facilement atteints à pied que par véhicule
- 180 -
pour autant q~e le temps le permette. A l'inverse, les voyages
rares et exce~tionnels se réalisent à destination de villages dis
tants ou diff~cilement accessibles.
C'est bien en termes d'obstacles que les trajets sontestimés : "Lor-que la pluie se met (à tomber), j'ai du temps perdu
et pas .assez pour me repsser et parler avec ma famille, .c'est
pourquoi je ne prends des vacances a~ village que pendant moncongé". "Mon village n'est pas sur la piste, je marche avec de la
peine et je suis sale et fatigué;, ce n'est pas une bonne manièrede se reposer parce qu'on n'a plus le goût et qu'on pense tout
de suite à rentrer pour le travail. J'attends au moins 3 jourspour 1 faire" là-bas, comme ça, j'ai le temps pour faire mes provi
sions pour manger et discuter avec ceux que je connais".Cette déclaration d'André Fouda~ originaire de Nkombiban
vers Monatélé~ à plus de 70 km du quartier, nous conduit à examiner le rôle joué par la restriction des revenus comme frein à
la réalisation de séjours au village.Il eut été préférable d'examiner les moyens économiques
des émigrés dans chaque groupe de villages de manière à maintenir
constant le facteur distance en tant qu'il incide directement. , .
sur le coût des déplacements. Je n'en ai point tenu compte~ consi-dérant la faiblesse des effectifs dans certaines classes. Le prix
du transport reste au demeurant modique du fait de la,proximité
par rapport à Yaoundécet ne varie que dans des limites assezétroites de p~r l'exiguité de la zone de déplacement.
'-." Ii est vrai que le ooût d'une visite ne ~éduit pas, aux'frais de déplacement; il faut y inclure les cadeaux que l'émigréva'devoir distribuer lorsqu'on lui demandera:"que m'as tu gardé'
de,la ville ?". En fait, par le jeu des contre-dons, constituéspar des produits vivriers de coût parttculièrement élevé à
Yaoundé, un équilibre s'établit comme je. le releverai dans lasection suivante.
Tableau LXV
- 181 -
Fréq'uenc'e des visites au village selon les revenus.,-.,
. ,------------------,---------,--------,-----------,------------Tranche de re- '. . . .
1 venus mensuelsl_de20000!de 20 'à 1+ .de 30.000 1
F.CFA !30.000' 1 F.CFA(%)I Total(%) I F . CFA
des visites . . (%) . ,!-~----------------+---------+--------+-----------+-----~------!
! Hebdo:nadaires ou! 9 ! 9 3!_~~~~~~:~~~:~~:~__ l ~~__ l ~~_~l ~ l __~~ _! mensue Iles ou ! 25 !31 ! 12! bimestrielles ! 28! 33! 26 ! 68-----_.--------------------------------------------------------
!43! trimestrielles ou! 38! annuelles ! ' .. 46
! 2451 ;! 105
! rares ! 17 ! 9 7! 19! 10 15! 33
------,--------------------------------------------------------! exceptionn2lles ! 1 ,! 1! !! 1 2! 2-----_.~-------------------------------------------------------
! Total ! 89 !93 ! 47 ! 229! ! 100! 100! 100 ! + 7chomeurs!--------------------------------------------------------------
Le tableau LXV ne revèle d'ailleurs rien de très signifi
catif puisque~ quelque soit la tranche de revenus prise en consi
dération, ce sont les visites mensuelles, trimestrielles ~t annuelles q"li sont attestées le plus fréquemment.
L'ancil}nneté dans la ville et .':")" "~ le processus d'intégra
tion qu'elle conditionne contribuent-ils à l'espacement des visi
tes rendues à la famille demeurée en brousse ?
Les chiffres figurant au tableau LXVI ne font apparaître
que des v~riations mineures. Les vieux citadins, ceux installésau quartier dE]uis plus de 10 années, ne semblent pas relacher
leurs liens villageois. Toutefois, l'analyse de la distribution
des fréquences montre une moindre homogénéité des types chez les
anciens. On trouve parmi eux, en nombre à peu près équivalent, à
la fois des ch.:~fs de famille fréquemment présents au village et
- 182 -
d'autres qui ne s'y rendent que très rarement. La répartition
chez les émigrés plus récemment installés (moins de 10 ans deprésence continue en ville) est plus concentrée autour des valeurs
moyennes (visites mensuelles et pluriannuel~es).
Les anciens, parmi lesqueJ,s les art~sans et commerçants '.'"sont nombreux, restent plus disponibles,'du fait de la nature de
leurs occupations professionnelles, que les salariés du secteurpublic et privé, astreints à des horaires rigides. Ils ont plusde loisirs pour se rendre au village et y demeurer plus longtemps.
TableauLXVI : Fréquence des visites au village et ancienneté
dans la ville.
------------------T---------T-----------T-------------ancienneté dans
Total. plus de10 ans
" ,mOlns de"10 ans !fréquence ~
""t ...." (%) (%)des V1Sl es -.."! !. !------------------------------------------------------,
" visites pluri! .annuelles, .
," 33! 38
5940
92
!-~i~i~~~-;~~~~i=--T-55------T--87-------T--~4;--------
! les. ou plus rares! 62 60!------------------+--~------+--------~--+------------ -!
! Total 188 ! 1 L!6 234-----------------------~QQ--------~QQ-----------------
Restent, pour expliquer les variations de la 17fréquenta
tion" au village ,mises à part les occupations professionnelles'qui peuvent empiéter sur le week-end, les motifs psychologiques
telles les brouilles familiales, le désir d'échapper aux obligations issues des rapports de parenté 3,(notamment la necessité deprendre parti dans des querelles purement locales en épo'usant le
point de vue des sien~)et pour lès plus jeunes, l'ennui, parsuite du départ de classes d'âge entières.
- 183 -
Se rendant dans leur famille tous les 2 ou 3 mois en
moyenne, les émigr~s du. quartier de .. Nkol-éton y font dans l' en
semble des séj ours. brefs, rendus possibles par la proxirhité .......
70% de nos . .interlocuteurs (164) ne passent au vi,llagequ'une journée ou un week-end. Cependant que 19% seule~ent (44)'
que .s'attardent au pays dura~t 3 à 7 ~ our.s et/11%. (26) effectuent desséjours trop irréguliers pour entrer dans une catégorie précise.
Le croisement des variables fréquence et durée du séjour. . , .
en brousse (tableau LXVI) fait apparaître que les séjours longs
(supérieurs à 2 jours ne s'effectu~nt, dans une majorité de cas,
qu'une fois l'an (60% de l'effectir de cette catégorie). Ils
sont le fait de,' salariés qui fractionnent leurs congés payés
entre le village, la ville et d'autres régions du pays notammentDouala.
Les séjours menauels de longue durée, plus rares,
(2/10° des cas) s'observent parmi les travailleurs indép~ndants
et spécialement chez les revendeurs de vivres et de vin de palme
qui profitent d'une tournée d'approvisionnement en marchandisespour rendre visite à la famille.
Quant aux séjours courts (journée ou wee~~end), leur
fréquence est variable. Le rythme peut être annuel (40% des cas)3coincid&nt alors avec les grandes fêtes chrétiennes, soit mensuel(40%) ou hebdomadaire (20%). Ces séjours courts sont entrepris
par des salariés qui, en dehors des congés annuels, viennent
passer une ou deux fois par mois un week-end au village où cer
tains ont laissé en permanence une épouse et les plus jeunes de
leurs enfants.
Les commerçants ne sont point les seuls à allier l'utile
à l'agréable en se rendant au pays; nombreux sont ceux qui, commeEdouard Bikélé, en profitent pour se ravitailler en vivres frais,
d'achat moins coûteux que sur les marchés de la capitale.
- 184 -
Tableau LXVII : Fréquence et durée des séjours au village.
-----~---~~-~-----~---------T-------T-~----~T---------T-------
fréquence desséj ours! !!! !
!hebdomadaire,mensuelT annuelT variable, totaldurée
'! le·· ledes séjours. . '.
,---------------.-------~---~+-------+---~---+---------+-------!, journée ou ,21 !,57·, 66.. " 20 '.. ,'164 ,. week-end (%) 13 " 35' 40' 12' 100'!---------------+------------+~------+-------+----~----+-------,
, de 3(~)7jours, _ , 10 2 ' 25 57! 9 20 ! 44100 !----------------------_._----------~-------------------------.-! , '" , ,. . 4 . 18 . 4 . 26. .variable (%) 15' 70 15 100!
'-;~~~î---------l-;~---------T-7~----1-~~9---T-33------T~;34---
! 1 1 1 1 1 _
Le motif des déplacements est donc multiple. Le devoir .
l'originaire doit venir en visite au village et y manifester sa
présence pour assurer son retour et ses droits fonciers dans lYin
tervalle - mais bien souvent aussi le besoin de se retremper dans
l'ambiance familiale et d'entretenir les liens affectifs par des
échanges de cadeaux (produits manufacturés contre produits du
terroir) est cité en premier ordre.
L'intérêt matériel est dominant lorsque l'émigré vient
s'assurer de l'état de ses plantations arbustives, en production
ou en croissance, les cacaoyères et bananiers doux restant les
cultures nobles qui attestent de la réussite économique.
Il est des cas où l'échange de cadeaux prend une allure
de troc par son caractère systématique. L'émigré, surtout(g%iaes
cas)dispose d'un véhicule personnel, autre marque du succès,/livre
quincaillerie (tôles ètclous sont très appréciés), conserves,
casiers de bière et de vin, poissons séché, bougies, pétrole,
lampes, articles d'écolier, vêtements, chaussures et s'en revient
au crépuscule le coffre bourré de vivres,de bûches de bois et
de piquets, pour sa consommation personnelle ou à des finsspéculatives.
- 185 -
Lorsqu'on dispose d'un véhicule de grande capacité, break
ou ca~ionnette, la visite devient l'occasion d'activités commerciales ou de transport (tôles et engrais dans un sens, bois
de charpente et de chauffage dans l'autre, passagers à titrepayant dans les deux sens) qui amortissent largement les frais
de carburànt et d'entretien du véhi6uie.C'est malgré-tout, le-car et le taxi en commun, pilotés
avec grande audace, qui restent les moyens de transport le
plus souvent empruntés (88% des cas). Pour 40% des visiteursle voyage en voiture de place se combine avec la marche en finet début de trajet.
Les l1 enginsn et autres "Suzuki'~ témoignent d'une certaineaisance. Ils sont utilisés par 6% de nos émigrés. On apprécie
leur aptitude au tout-terrain plutôt que leurs performances,
mais on leur reproche leur faible capacité de charge et, biensûr, d'exposer pilote et passager aux intempéries. Ils sont entre
les mains de: jeunes salariés (crédit possible), célibataires
ou chefs de ménage dont l'épouse et les enfants sont demeurésau village.-
II - Intérêts économiques, investissements, projets-- résidentiels.
_C Interrogés sur les motifs de leurs visites au village~
les émigrés accordent une place importante à la surveillancede leurs intérêts économiques. Cette constatation m'a conduità recenser d'une manière systématique, les droits effectivementexercés par ces émigrés sur des -- parcelies mises en valeur, et
.. . .
les entreprises commerciales se situant au village d'origine.Ce dénombrement m'a paru présente~un double intérêt:
estimer d'une part des formes de double activité économique etleurs conditions, préciser d'autre part la relation entre pénuriefoncière et émigration urbaine.
- 186 -
A - Les exploitations ag~icoles.
Deux remarques préalables sont à présenter au lecteur :.( ~ 0••
N'ont été retenus que les droits fonciers effectivement
exercés au moment de l'enquête et sur des parcelles mises envaleur. Ce qui signifie que..n'ont pas été pris en compte les;
droits potentiels des héritiers sur des parcelles toujours con
trôlées par le père. Ont aussi été écartés les droits sur desfriches.
N'ont pas été dénombrés les droits sur des parcelles·
vivrières exploitées par les épouses en vue d'assurer leur sub
sistan~~ et celle du foyer urbain. En effet, comme je l'ai déjàmentionné,ces parcelles se transmettent, concrètement de belle~
mère à belle-fille. Il est exceptionnel qu'un fils en bons termesavec sa famille ne puisse obtenir pour son épouse une portionde terre (1).
Estimer l'importance des attaches matérielles à partir
des seules déclarations fournies par nos chefs d'unité domesti
que' aurait donné une image peu représentative de la réalité,
du fait que la plupart de nos informateurs habituels appartiennentà la génération des aînés qui contrôle la terre.
Pour parvenir à une estimation plus objectiffe de ladistribution des intérêts économiques, j'ai confectionné deux
échantillons opposés dans leurs caractéristiques d'âge et de
(1) L'épouse manifestera ostensiblement, à chaque saison agricole,par l' entr'etien de sa parceIle, qu'elle en a besoin. Elledésamorcera ainsi toute velléité revendicative de la part desbelles-soeurs. Ce faisant, elle affermira les droits de 'sonmari. ~'est pourquoi les épouses des émigrés sont souventabsentes en mars -et avril.
Le chef de famille peut cependant, en cas de litige entrefemmes, redistribuer les parcelles vivrières. L'épouse d'unémigré doit aussi se montrer au village pour manifester, encultivant la terre et en rendant visite, qu'elle se considèrecomme appartenant toujours à la communauté de son époux.' Elleserait, Sê.ns cela considérée comme "snob" et risquerait de secouper de ses belles-soeurs et voisines. Les femmes des émigrésmettent souvent à profit ces va-et-vient entre la brousse et laville pour réaliser des bénéfices commerciaux. Les époux ontune attitude ambivalente face à cette situation. Ils sontsatisfaits d'être nourris sans bourse dèlier mais inquiets desrisques que fait courir à leur autorité une trop grande liberté;"ces femmes deviennent trop têtues".
- 187 -
st~tut socio-économique. D'un côté, 139 chefs d'unité. domesti
que~ de plus de 35 ans, tirés au sort parmi les 236 membres denotre échantillon de base qui répondaient au profil désiré. Je
le.s désignerai comme anciens. De l'autre côté 112 chefs de famil"":'
le élémentaires, âgés de moins de 35 arts, dont le père estencore vivant, choisis dans l'ensemble -parent constitué par
le~~. chefs de famille·. élémentaire::: installées à Nkol-éton.
Tahleau LXVIII : Les droits fonciers au village.
'---~-----------T----------------------------T------------------âge et statut . . .
chefs d'unité: domestiqueJ,chefs de famille·:,..... . . ., ... .., ~famlllal de plus de 35 ans - père: ·elementalre~ de~ décédé (%) Imoins de 35 ans
; exerci~." , Ipère vivant (%). d'un droit ",.
foncier !
17oui----------------T----------------------------T------------------
. 95 . 1968 !
1----------------+----------------------------+------------------1non 44
32! 93
83! !----------------------------------------------------------------
100
l ' ,ensemble . 139 ·112! ! 100 1!! !r ~ _
La grande majorité des chefs d'unités domestiques (an
ci(:ns) exploitent des parcelles au village, qu'il s'agisse de
pl;mtations de cacao, d'arbres fruitiers ou de cultures vivrières
dont ils commercialisent le produit, en cours de croissance ouparvenues au·stade du rapport (68%).
Les jeunes chefs de famille se trouvant dans ce cas sont
beaucoup moins nombreux (17%). On en infère que
pour l'essentiel, les droits fonciers doivent être acquis
par voie successorale.
- 188 -
- La privation de revenus agricoles, liée à un taux d'ocCUlJation des sols élevé (peu de terres en friches disponiblesdans les zones où la production peut être évacuée) et à la nature
det; cultures de rente (les tiges ne peuvent "donner" avant 4 ans- .
et les besoins monétaires des jeunes sont pressants) semble avoir
ef:'ectiv:ement constitué une raison de partir pour la ville, parmide:' j eunes ~al à l'aise dans leur statut de dépendant et qui
n'cont voulu ou n'ont pu entreprendre des cultures vivrières (eten particulier maraîchères) lucratives certes mais très exigentes
en efforts. Explicative des départs, cette situation be l'estpllls en ce qui concerne l'enracinement en ville, l'émigré yde:œurant,même lorsque l'héritage Ie~ fait accéder à la plantation.
, L'exploitation d'une cacaoyère n'est pas un empêchtment à la recherche et à l'obtention de revenus urbains. Au- .
cOlltraire, elle assure un minimum de ressources à l'émigré.J. Weber (1973'a) soulignait que le planteur répugne à
investir dans lie~fort, préférant accroitre (ou maintenir) sonvojume de product~on en augmentant les superficies. Un tel comporter~nt, rationnel du point de vue de IVindividu,l'est encore plus
lor'squ'on à l'espoir de trouver en ville des revenus monétaires.durant la longue période de morte-saison cacaoyère. Plus les revenUf urbains sont réguliers et substantiels et moins l'émigré
aCtordera de soins à sa cacaoyère, dont il laissera l'entretienà l'n parent.
, Dès 1955, J. Binet notait que les émigrés en ville, fonc
ti'nnaireset employés, détenaient ou créaient des plantationsde cacao,- mais, ajoutait-il, plus pour la gloire ,d'être planteurquien vue· de b€néfices~ Il relevait aussi que ces emlgrés re
cO\;raient très rarement à de la main d'oeuvre salariée. Lasi:uation n'a ~uère changé.
- 189 -
Tableau LXIX: Contlitions d'accès à la terre.
------------------T---------------,-------------------classe d'âge . (%) jeunes (%), " ! anC1.ens
· cond1.t1.ons ,!------------------+---------------+--~----------------!
571! succession , , " "
75" 26!------------------+---------------+--~--~--------~--- -!! prêt 3 l'
3 5!---------_._~------+---------------+-------------------!! location 4 8
4 16!------------------+---------------+-------------------!, achat sans titre, 14 8· foncier . 15 42!------------------+---------------+-------------------!, achat avec titre, 3 2· foncier . 3 11!------------------+---------------+-------------------!
! Ensemble 95 100 19 100!! !----------------------------------+-------------------
Le mode d'acquisition des droits fonciers est effectivement
successoral dans 75% des cas chez les anciens. La proportion est
beaucoup plus faible chez les jeunes (26%), qui se procurent des
te~res surtout par achat (53%) sans (42%) ou plus rarement avec
(Li.%) titre foncier, ce titre assurant d'une manière inaliénable
le~ droits de l'acquéreur. Dans ce dernier cas, un acte de ventees:; signé devant un officier public puis la parcelle est immatri
culée aux services du cadastre. Les parcelles en location portent
to~tes des cultures annuelles.Les émigrés nantis ont été interrogés ensuite sur l'état
de leurs plantations: en croissance (cacaoyers, arbres fruitiers)
ou parvenus au stade de la production étant entendu que c'est
dans cette catégorie que seront naturellement placées les cul
tures vivrières annuelles. La ventilation tient toujours compte
de la dichotomie entre anciens et jeunes.
- 190 -
Tableau LXX: Etat ~esplantations (en %du total des cas).
jeunesanciens'--~---------~~---T------------T---------------~ classe d'âge! ~! état' ______
---. "!-----------------+------------+---------------!
70
30
100
6
1328
72! 68!
! en production1 (dont vivres à
cycle annuel),------------~~---~------------~---------------,· . . . .! en couri de !
! croissance (dont! 27, cacao, fruitiers,· etc). .!--~--------------+------------+-----------~~--!
Ensemble ! 95 19100
1 !----------------------------------------------
i','" !.' •. .;' l" t· ~ '. , ...... , ,' .. r~'f ',- - ~-',- \ (_.; . ~ .. -." .' . .Le tàbleau LXX' fait apparaitrè"' qué"la 'proportion" de pàr-
~~iie~·e6·broductionest notablement plus élevée chez les anciens
qui en ont pour la plupart hérité, que chez les jeunes qui, en
majorité, ont acquis des terres incultes sur lesquelles ils ont
cr~e leurs plantations arbustives, dont ils attendent le rapport,
à:~oins qu'ils n'aient entrepris d'y faire crottre des vivrespo~r la vente (cas notamment des parcelles louées, le propriétaire
refusant les plantations arbustives par crainte de voir la terre
lui échapper). Le tableau LXXI précise la nature des culturespr<i:tiquées.
Tableau LXXI: Nature des cultures (en %du total des cas).
,-----------:---,-------------,-----------------' __classe d'age' .! ------~ 1 anciens jeunes
cultures --.I---------------t-------------+-----------------I9801 cacao
84 50!---------------+-------------+-----------------I, frui t s , 7 ,4 ,· . 7' 20',--:------------1-------------,-----------------,· VltJfl$ commer- 8 . 6 .1 cia~isés 1 9 30---------------,-------------,-----------------
Ensemble . 95 . 191 100 100
-----------------------------------------------
- 191 -
Les ~*tations exploitées par les anciens sont
des cacaoyères dans ~ dffi cas alo~s que chez les jeunes, planta
tions fruitières et vivrières sont attestées dans la moitié des
cas. Ces dernièrès présentent l'avantage (surtout lorsqu'il s'agit
de maraîchase)de procurer rapidement du numéraire tout en four
nissant une partie ou la totalité de la subsistance familiale.
La traite cacaoyère est .annuelle et .les tiges ne produisent qu?au
terme de qllatre années de croissance. Mais il est plus difficile
à ~n émigré d'entretenir une plantation· vivrière, en rai~on des.
soins constants (arrosage, sarclage, traitement) alors que le
ca~ao est peu exigeant, l'essentiel de l'effort se situant dans
la phase de récolte (1).
Tableau LXXII : Mode de faire-valoir des plantations(en %du nombre total de cas).
jeunes! anciensmode
----------------------T-------------T-----------------d'âge
, ,---------~-----------~~-------_._----~-----------------
! dans l'indivision li-! 64! cnag~re !
4
!----------------------+-------------+-----------------!, grâ.ce à des salaires, 4 2. ou rrGtayers . 6! 1 1 _
Ensemble ! 68 6______________________ l ~QQ ~ _
Les plantations des anciens sont toutes, ou presque,
mises ~n oxploitation dans l'indivision lignagère. C'est un
germain ou derri-frère agnatique 'demeuré au village qui assure
l'?ntretien dé 17ensemble du patrimoine, moyennant partage de la
rÉ::olto au prcrata de l'effort d'entretien fourni. S'agissant de
cacao, l'émigré encaissera sa part de revenus au terme de la
campagne de traite. Parfois même, il abandonne la totalité des
recettes au pé~rent· qui prend soin du bien.-------------_._---------------------_.~----------------------------
(1) Il existe dans les villages des commerçants en vivres quiachètent sur pied, prenant en charge la récolte et le transport.Il existe aussi dans certains villages bien situés, des possibilités (.2 vente direc~e au bord de la route. Des locations deterre situées dans des bas-fonds et donc propices à la culturede la tomate sont fréquemment attestées dans l'arrondissementd'Obala. Elles se font "d'homme à homme", les tarifs oscillantentre 10 COO et 15 000 F pour une saison.
- 192 -
Chez les 'jeunes émigrés controlant une plantation en
p~oductio~~ans 4'~as sur 6~ l'exploitation se fait da~s. l'indivision et dans "2\.:.:Lèas grâce à des salariés ou par métayage. (1)
Les contrats entre salariés et émigrés, au demeurantrares, peuvent porter soit sur le seul entretien des plantations
soit sur l'organisation de la récolte, en"culture-invitation",auquel cas il faut que l'émigré prévoie des frais pour la nourri
ture des participants,-toujours très onéreuse. On observe 1 casde métayage (exploitation au 1/3) et 1 cas de salariat à la journée (400 francs) entre février et août.
Les non-bénéficiaires de droits fonciers ont été interro
gés sur leurs souhaits d'une exploitation agricole.
Tableau LXXIII : Souhaits d'une exploitation agricole(en %du nombre total de cas).
,----------------------,--------------,-----------------.,_ classe d'âge! - anciens (%)! jeunes (%)! souhait s , ,_____ ~.A ~~_~ ~ ~ _
, . .... voudralent posseder! une plantation
1330
3581
,---------------------,--------------,-----------------. ne souhaitent pas 31 18! en posséder une 1 70 19I---------------------,---~~---------,-----------------
! Ensemble 1 100 95 100-- l ~ _
On voit que l'attrait de la terre semble paradoxalementbeaucoup plus affirmé chez les jeunes que chez les anciens. Il fautcependant tenir compte d'un biais possible: les "non-nantis"qui restent peL attirés par la terre ont plus de chance d'appar
ter.ir à la clacse des anciens qu'à celle des jeunes, dont la
(1) Lorsqu'il ~'agit de récolter les cabosses, il faut compter 1/10°de la réco!te; soit 1.000 à 1.500 francs pour un sac de 80 kg.vendu 10.0DO francs (GUYER": 1977). Pour les femmes qui aident1 bassine de cacao de première qualité ..
- 193 -
par la survie des ascendants qui., . :. ··~certE.ins:·. n'attendent
pour s'approprier une plantation.
privation foncière s'explique
oontrôlent encore la terre;
qu'une amélioration des "moyens"
B -'Les constructions et les projets résidentiels.
L'enquête, pratiquée au niveau de chaque unité domestique,
a permis de recenser les constructions édifiées au village ou à
. proximité,' ou bien reçues en héritage.
Tableau LXXIV Les contructions au village
(à Nkol-éton et Nouveau-Koumassi).
,-----------------I------------------------T-----------------. résidence de! l'émigré ! Y A 0 UND E (%)! Nouveau~Koumas- !,~_ , ~ __ §ii~Èi~~~~2_~_~1. possession -. ! ! . . .
35ans et + -de35 ans ensem .• 'd'une mai- !!son au village ! !ble
!-----------------I----------------------------I-------------. 70 !28 !98
! en possèdent une! 42! 3450 ! 29!! !!-----------------------------~---------~--------------------
! . , .... !. 69 ·69 ;138! !n en possede pas 50 !. 71 . 58 66
! ! . ! !-----------------------------~---------~--------------------
! ! 139 ·!97 ·,23 6 ! !Ensemble-- l :~~ l :~~ i __:~~_l :~~ _
Comme pour les terres de culture, nous nous trouvons
devant une répartition très nettement différenciée selon l'âge
des enquêtés. La moitié des anciens sont possesseurs d'une case
au village alors que 29% seulement des jeunes entreht~danê cette
catégorie. Ces différences s'expliquent par. l'accès de la plupart
des anciens au patrimoine immobilier, comme ~e confirme le tableau
LXXV relatif aux e~pérances d'héritage d'une case au village
parmi ceux nous ayant déclaré ne pas en posséder.
- 194 -
Tal'leau LXXV: Les ef?pérances d'héritage d'une case (%).
-----------------T------------1------------T----------
! 35 ans et +! - de 35 ans! ensemble!! 1 1 1 _
41
,.. 57!62
14,. attendant une! case en héritage! 20. . . '~'- . .!-~~~~-~~~~~~~~~--T--55--------ï--;6--------T-8~-------
! pas 80 38! 59
100Total-----------------,------------,------------,----------
. 69 . 69 ·138100! 100 1
! 1------------------------------------------------------
Tableau LXXVI Projets immobiliers de ceux qui n'attendent
pas .d'héritage (%).
------~-----------T------------T------------T---------d'âge
!35 ans et + 1 - de 35 ans!ensemble !_________________~1 1 1 _
'"' !. proJettent la . 34 7 41! construction d'un~ 62 26 !1_:~~: 1 1 1 ~~ __! , !
n'ont pas de pro-" 21 19 41 jets à cet ! 38 74 ! 0 49!_~~~:~ 1 1 1 _
! 8'1261 55Total 100 100 100·l ~ l ~_
Les projets immobiliers au village~ apparaiss8nt en rela-. . .
tic~ directe avec les attentes d'héritage. Rares sont les anciensqui, n'ayant pas d'espérance, ne forment pas le projet d'y .. cons
trvire une case et'donc d'y finir leurs jours.Chez les jeunes, la proportion de ceux qui n'ont aucun
projet immobilier malgré qu'ils n'aient rien à attendre de leurs
aî~§s, est nettement plus élevée, suggérant une moindre attirancepour le milieu rural lorsque les attaches matérielles fontdéfqut. L'analyse des projets résidentiels vient confirmer cetteimpression.
- 195 -
Tableau LXXVII: Projets résidentiels (%).
4718
-----------------ï------------------------j------------------d'âge . ,.1 Nkol-Eton (Yaoundé) ,Nouveau-Koumassi
35ans lau-dessu~; (A7b~i~d~j~a~n~) ~
1proj ets .! & au-dQJ3sus 1de 35ans 1 en':' ;1confiés l , , semble;-----------------~----------~--------~-------~--------------, ,.. " 1
·n'ont pas l'in- . 0 1 1 . .1tEntion de quit- 1 1 7 ,29 '30 ,39 17 14!tE:r la ville 1 . . ! 1-----------------------------+--------+----------------------
1or~t l' intention ~! 117 !39 ,156 1 11rE,ntrer au village! 84 40· 66! 76 !-_._--------------------------+--------+----------------------
font l'intention ! 1 1,de s'installer ,·dans une ville du·Idépartement d'ori+ 4 !19 231gine 3 ! 20! 10 5,------:-----~----ï-------------------------~----1------------·ont l'lntentlon . .Ide s'installer,dans une autre·ville, mais ex-!térieure à leur 8 110,département d'o- 6 .)0·rigine 1 1~-_---------------~ ~------------1
• • 1 ! . .
ITotal !139 197 12361 1 100 1 100 100 1 100 !---------------------------------------+----------~-----------
Si, parmi les anciens du quartier, une très grande majori
té aspire à rester au pays une fois les enfants élevés et, pour
certains, la retraite acquise, chez les jeunes, 30% n'envisagent
pas de quitter la capitale à moins qu'ils n'y soient contraints
par leur profession.
Lorsque ces jeunes émigrés déclarent projet)(er de changer
de résidence, 'ils optent plutôt pour une ville de leur départe
ment que pour le village lui-même.
Tableau LXXVIII
- 196 -
Justifications des projets; ceux qui veulent
rester en ville.
I.=---~-;af;o-;-d'-~t;;~---:-----:~ï------:=----~-T-:-----------~-::T-·-----------!, . . ' _. . . ,plus de 35ans, moins de35ans, Ensemble ,. .'...1: raison maj eure invoquée ! ! :
!-~i~-~î~~-;~~iî~~-~i~~-~~~;~I--;-----~~---T-~~~----------ï--~4--------!
! yante! 30! 39!· 35 !
!-;~iîî~~;~~-~~~~i~i~~~-~~---ï--;------~---T---~----------ï---~--------!
! scolarisation des enfants 1 20! 20! 21!
!-;~iîî~~;~-~~~ii~é-~~~------ï--4----------T---4----------T--~~--------
! soins hospitaliers . 40 14 20,----------------------------ï-------------ï--------------ï------------. désir de conserver l'au- . . .! tonomie vis-à-vis du li- 1 la . 8 27 9 23!~~~~:_~~_~::_~:~~:=~~~:~:: __ 1 1 1 _! Ensemble ! 10 29 39
! 100! 100! 100-----------------------------------------------------------------------
Pour les anciens, terminer ses jours en ville, c'est avant
tout, s'assurer d'un bon niveau de soins médicaux sans avoir àse déplacer et, secondair~ment, conserver un cadre de vie quotidienne ressenti comme plus agréable que celui du village parce
que· plus varié.
Pour les plus jeunes, le désir de continuer à résider au
quartier se justifie par l'attrait de la vie urbaine riche enloisirs, par le mélange des sociétés qui multiplie les occasions
de rencontres "qui ouvrent l'esprit".L'accès à l'information est aussi fréquemment cité, ainsi
que le relachement de la régulation sociale qui permet d'échapper
à la jalousie et aux atteintes de la sorcellerie. C'est, en troisième lieu, tirer profit de meilleures conditions d'instruction:
les enfants n'ont plus à parcourir de longues distances pour serendre à l'école, ils acquièrent une meilleure pratique de la
langue française qu'ils entendent parler dans la cour et dans larue. Plus tard, ils auront plus de choix dans les filières deformation.
- 197 -
Tableau LXXIX Justification des projets; ceux qui rentreront
au village .
!.,~ .
. cla.sse d'âge, .. . plus de 35ans! moins de 35ans! Ensemble
;__~~~:~:~:~:~~~~~1 1 1 _4
68
'32
retrouver ,la famille !~t l'atffio~phêre villar 3geoise ... .
!-----------------------+--------------+---------------+-----------------!_! surveiller qes inté- , 62 , 19 - 81
rêts . . 53· 50 52,-----~--~-----~~-------~---------~----~-~-------------~-----------------,. ... .
vivre à Œoi~dre coût ! 37 ! 104732 25 30
1-----------------------+--------------+---------------+-----------------!vivre d'une ,maniêre ,15 7 22plus paisible . 13 17 14
! - -- ------ - -~.--~----.- - - ---f--- -- -- -- -----+--..:..----- -- -- ---+-- -- ------- -- - - -- 1Ensemble !117 . ! 39 ! 156
_______________________________:~~ l :~~ l :~~ _
Quelles sont les motivations qui déterminent lës émigrés
à rentrer au village, après avoir passé, pour bon nombre, l'essen
tiel de leur vie dans la capitale ?
Je Irai souligné tout au long de cette étude: il est
très rar~ ~ti'il y ait ~upture entre l'émigré et son milieu d'ori
gine, la proximité du pays va permettre d'entretenir les liensexiscants. -Par ailleurs, la vie au quartier reste très prochede c211e du village.
Pour les plus âgés, le retour au village "pour y'jouir
du fruit de son travail", case en dur et tôlée, mobilier moderne,voiture-peut-être, est· la réalisation d'un désir "qui a soutenu
tout notre·temps dans la ville": se replonger dans l'univers de
leur enfance et leur jeunesse, avec, en plus, le prestige queconfère la réuDsite. La plantation sera là pour en témoigner,dont on va maintenant "s'occuper bien sérieusement", cependant
que la locatio~ de la case en ville fournira une'petite rente.
- 198 -
Chez les jeunes émigrés qui envisagent le retour, cesont les intérêts économiques qui priment : surveillance plus
.êtroite-aë- lér plantat.i<;>n, subsistance à meil1.eur ...compte.,f:!ans.avotr
à passer par l'acquisition de numéraire, protection contre unparasitisme familial, beaucoup plus développé en ville.;:
Tableau LXXX : Justification~ des projets; ceux qui envisagentde s'installer dans une ville du département.
----------------------y---------------1---------------y----------------1.! 1 plus de 35ans 1. moins de 35an~1 Ensemble 1.
t 1 1 1.----------~------------------------------------------- ------------------, .
· pour surve~ller ses'1 intérêts 2 5
730
1.
----------------------y---------------1---------------1----------------pour rester indépen-
1 dant de la famille 8, tout en s'en rappro- 8 35· chant ;1----------------------y---------------1---------------y----------------, pour vivre au calme 5· en bénéficiant des 1 4 221_~y~~~~g~ê_g~_1~_y!11~1 1~ 1 1
, l ' ,· pour retrouver des' 1 2 . 3 .! amis 1 13---------~------------y---------------T--------------- 1----------------
Ensèmblo 4 19 1 23100______________________1 ~ 1 _
Lechoix·d'une résidence urbaine dans le départementd'origine résulte chez les jeunes d'un compromis entre l'attachement à la famille et plus largement au cadre de vie villageois,l'attrait pour la ville et la crainte de perdre l'indépendanceà laquelle la vie urbaine les a accoutumés.
Les quelques anciens recensés dans cette catégorie sesont déterminés en fonction de leurs intérêts matériels et deleurs relations.
- 199 --. '.r-:
C - Les activités commerciales au village ou dans le. , .
département d'origine.
Tableau LXXXI: Les intérêts commerciaux (%).
·-----------------~-T--------------T---------------T-- -----------1 d' .... . . 1, asse age ,plus de 35ans, moins de 35ans, ensemble ,. activités . .. . .. .l commercia~e
I--------------------ï--------------ï---------------ï-------------possèdent un commer~ 8 . 2 • 10
1 ce au pays où au! 6 . : ! 2 4l village II!------------------------------------------------------------------
! n'en possèdent pas ! 13194
9598
! 22696
t Ensembler
1 139! 100
97100
,. 236! 100
Rares sont les émigrés qui font état d'entreprises commerciales au village, tant parmi les jeunes que les anciens. Il estvrai qu'il s'agit là d'une activité très prenante et dont lagestion ne peut être confiée qu'à des relations sures. Le tableauLxxx"II"'fai t la part des aspirations".
Tableau LXXXII: Souhaits en matière d'activités commerciales (%).
----------------------T--------------T---------------T-----------d'âge 1 plus de 35anst moins de 35ans! Ensemble
! 1-------------------------------------------1 ~ouhaitent créer un 56 21 1 77 " .!! J ~u~ un commerce au! . 40 1 22! 33 1_2_~ _, " , ,. .,. . .1 ne le souhaitent pas! 83 76 ! 159
60 78 67!----------------------+--------------+---------------+-----------11 Ensemble 139 97 1236______________________ l :~~__l :~~ l :~~ _
- 200 -
On remarquera une disparité importante entre anciens etjeunes, mém~'si~'da~~ le~ ~eux c~tégories, il se dégage une largemajorité d'émigrés n'ayant pas d'activit~ de négoce 'au paysparce qu'ils n'éprouvent aucune motivation. La proportion est eneffet plus importante chez les jeunes (78%) que chez' leurs' aînés '.(60%): à quoi peut dont tenir cette désaffection générale pour
! . . • ., .. . •. . ..••••. ".' .- -. ". ..' .. .. . _. - ..•.".. . . . - . . • . -
le négoce, en particulier chez les jeunes 1.L' impécunios:Lté est bien rarement "invoquée: les stocks ,.- '.
sauf pour les boi~sons, sont r~duits, malgré que les boutiques.' '. . .~. ',.... ',
rurales vendent tout ce qu'un paysan peut désirer. La ~~ntabili-
té dt un commerce, nous dit-on, ~~) faible. Dès lors qu' ori'Dinstalle-en pays·Je connaissance, trop de crédit, trop de resquille.Non, un bon commerce (sous entendu de boissons), se crée' dansltanonymat de la ville, où l'appartenance ethnique en fait unlieu de rall~ent mais sans que le tenancier s'e trouve "étranglé"par un réseau d'obligations iignagères. C'est là un point devue souvent rencontré et notamment chez le plus ancie~parmi nos
~.'
interlocuteurs.Chez. les jeunes, mieux instruits, ladésa16ction provien~
d'un mépris certain pour des activités jugées peu "reluisantes" .besogneuses, absorbantes, sources d'ennuis à la suite d'altercatior-s entre clients éméchés. Aussi, pourquoi irait-on s'adoOBErau village, où l'on. est tenu de bien paraître, de "tenir sonniveau", à·. des. occupations pour lesquelles on se sent déj à peuattiré en ville. Entreprendre des activités commerciales n'appor~
tera aucun prestige auprès des gens du village, puisque la création d'une boutique ne nécessite aucune accumulation préa~~ble.
Tout projet en milieu villageois est estimé par rapport à laplantationc'acaoyè"ré, qui" reste i' étalori .en matière de réussiteéconomique, même si elle a perdu une partie de son éclat auxyeux des jeunes.
" i
- 201 -
III - Quelques images du village, de la ville et
de ceux qui y vivent.
Parvenu au terme de cette étude, il m'a paru opportun deréserver quelques lignes aux représentations que se font nosémigrés du village et de la ville.
Au contraire des chapitres précédents, où le texte s'ap-'
puyait sur des données chiffrées, il s'agit ici de notationsimpressionnistes glanées au quartier et dans les plantations.L'analyse des motivations de départ m'a.~ déjà fourrii l'occa
sion d'en donner un premier aperçu.Le phénomène d'émigration vers la capitale est, dans le
département de la Lékié, pratiquement contemporain de la fondationde cette dernière. Mais s'il y a une vieille tradition du départ,il y en a une du retour qui fait que, lorsq~'on s'adresse à unvillageois ayant dépassé la soixantaine, il y a de fortes chan
ces pour qu'il ait séjourné en ville, durant une période plus ou
moins longue de sa vie, à la recherche d'une amélioration de sasituation matérielle par le numéraire.
Le détour par la ville, conduite économique tout à faitbanale, phénomène quasi structurel, est assimilé à une étape dansle déroulement d'une existence. Pour les plus jeunes, c'est l'ins
truction qui les conduit à rechercher, d'une manière exclusive~
le ~alariat urbain en bureau comme source de revenus 'monétaires.Le détour par la ville permet de s'affirmer socialement;
il est valorisant car on en ramène un toujours supplément de sa~
voil', de savoir-faire, d'expérience, d'habileté dans les rapports
humains 'quitte:à :dissimuler': lès 'Echecs: :. '.' en ville' on, dévient plusvif qu'en brousse, c'est pour ça qu'on démerde mieux après" (1)."Celui qui-ne va pas faire son tour en ville restera un peuattardé".
-----------------------------------------------------------------(1) Comme tout au long de cette étude, les termes et expressions
entre guillemets ont été recueillis au cours des entretiens.
- 202 -
"Que m'as-tu gardé de la ville"? - Telle est la premièreparole qu'on 'adres se à l'émigré. de p·assage.·
La réussite par la ville est' une filière agréée, institu
tionalisée,surtout si on a des diplômes; elle ne suscite par lajalousie. L'émigré de retour et faisant montre d'initiative n'est
pas entravé, du moins dans l'iInJ!1édiat car "il a.appris et onveut voir quoi",. alors que celui qui ne peut exciper de cette
expér~ence voit fréquemment ses efforts d'innovation sapés pardes réactions de dépit et d'envie (1).
Le détour par la ville permet de s'affranchir des aînés,il profit au prestige auprès des femmes et des beaux-parents.
On devine que ville et village soient en relation anti
thétique, l'image de l'un servant de repoussoir à celle de l'autre.
Le village, pour nos jeunes interlocuteurs, c'est "l'endroit desvieux et des ratés", "trop renfermé", "où les gens sont dans la
paresse de l'ennui", "où l'on.::s'abrutit", "où l'on voit toujoursles mêmes têtes qui n'ont rien à te dire".
La ville, c'est "l'endroit où on peut se débrouiller danssa vie", "où on respire dynamiquement", "où on est bien au courant
de ce qui se passe" et où "on occupe ses yeux à des choses profitables" pour "être à l'unisson du monde".
En ville, on est "neuf", on peut échapper au milieu
familial si on le désire tout en étant "beaucoup plus vraimentaidé par les frères de tribu; lorsqu'on est mal $ on peut comptersur eux". En ville, "on se comporte intelligemment", "comme un
homme de bonne volonté", "on est plus utile a. notre nation parcequ'on cherche il SB rendre utile". La ville, c'est le centre dedécision, le foyer du progrès et du modernisme auxquels on a le
sentiment de participer. C'est, enfin, "là seulement qu'on peutgagner de l'ar~ent et l'utiliser".
(1) Ces réactions paraissent induites par la structure même des. sociétés lignagères où la compétition est de règle entre groupes situéE à un même niveau d'organisation.
- 203 -
De telles"attitudes paraîtraient difficilement concilia
bles avec l' ampleur d~ retours au village"lesquels ne présententaucun caractère de contrainte, si l'on ne tenait compte du décalage entre générations, particulièrement sensible à ce niveau.
Les aînés se font en effet de la ville une représentationplus réaliste: la résidence en ville est présentée comme nécessai
re si l'on veut épargner en numéraire, à utiliser ensuite auvillage pour vivre plus confortablement. La ville est appréciéepour ses équipements sociaux, notamment ses hôpitaux, proches du
quartier et bien pourvus ("les hôpitaux nous aident mieux à restersain quand on vieillit") et pour ses établissements d'enseignementpermettant une meilleure scolarisation et offTa'nt plus de choixdans les filières de formation (linos enfants sont mieux élevés ll
).
Les plaisirs de la ville ies''-6rtt,:vblâ.~é~'(·ii~auraient·
Pltitôt tendance à ne retenir que les soucis qu'ils y ont rencontrés:"il faut tout acheter et à prix fort", "on doit être bien vêtu
en permanence", d'oü frais supplémentaires, on est harcelé parles parents qui viennent se faire héberger.
L'âge aidant, l'évocation du village prend des accents
bucoliques : "je vais contempler la nature et me rendre fier demes plantations qui sont ma trâce sur cette terre après mes
enfants"; "au village on se repose pleinement quand on a terminé
sa vie en ville". "On est libre de son temps", "on se retrouve'chez soi", "on est en confiance au milieu de la vrai ambiance afri
caine". Il est vrai que la vie villageoise est d'autant plusappréciée que des rentes garantissent la satisfaction des besoinset les loisirs.
- 205 -
CON C LUS ION
Du point de vue de la 'recherche emplrlque, Nkol-éton, exem
ple d'agencements sociaux dans un quartier d'immigrés, offre
un modèle de la relation que nouent avec la grand'ville des
milieux sociaux qui lui 'sont Itriphériques.
L'immigré de la Lékién'a pas été expulsé par sa société,
comme si celle-ci se délestait d'une manière continue d'un trop
plein démographique. Il entreprend, pour des raisons dans les
quelles domine le souci d'accroître ses revenus monétaires et
qui concernent 'l'ensemble de son groupe de parenté, un détour par
la ville, .plus oü moins long, durant la phase active de sa~vie.
Les anciens rentrent au pays au terme de leur "temps" et les
jeunes manifestent dans leur majorité le même projet, qui orien
tera leurs rapports avec le village (1).
Le détour par la ville apparaît comme un élément de
structure puisque, depuis deux générations, un homme sur' trois
l'entreprend.
Ce sont ces deux données qui déterminent les formes de
sociabilité obnervables en ville
- Il Y a reconstruction d'un milieu fortement homogène
dans les limites spatiales du quartier, village dans la ville, pro
longement de la société rurale. Les cadres coutumiers sont renfor
cés, les valeurs traditionnelles exaltées. L'intégration à la
société urbaine multi-ethnique apparaît limitée à des rapports pro
fessionnels.
- L'entr'aide interne, favorisée par des effectifs nom
breux maintenus par "relève ll, s'organise d'une manière systémati
que. Elle assure efficacement l'installation, l'insertion économi
que, l'épargne pour l'investissement au pays en vue du retour. Les
réseaux. d'assistance prennent pour assise le lignage, le clan, lavicinité villageoise~
(1) Parmi les associations volontaires. il en est .~:.~ qui procurent des fonds pour le rapcrtri:'ement des émigrés décédés.
- 206 -
- Les attaches avec le pays sont nombreuses. Les émigrés.." . .... ......- ...
réalisent une double appartenance, à la fois urbaine et villageoise .
... Ils affirment leur statut villageois et s'efforcent de l'améliorer,
manifestant leur réussite par des dépenses :de nature àréhausserleur prestige tout en leur assurant une base économique en vue duretour. Ils aspirent à jouer un rôle politique.
L'émigration urbaine par 'l'ampleur du phénomène et son ca
ractère systématique, apparaît comme un élément essentiel à lareproduction de la société.
Les motivations qui déterminent le départ ont évolué. Pour
les anciens, la venue en ville a procédé, comme c'est encore le cas
aujourd'hui. autour de Yaoundé, de l'attrait exercé par les emploisde bureau, des possibilités de salariat pendant la morte-saison
cacaoyère, du désintéressement pour les activités agricoles face aux
"lumières" de la ville: perspective d'expériences différentes,d'objets nouveaux, de vie meilleure. L'émigré de la première vaguese livrait, peu ou prou, à une double activité économique : salariatou commerce en ville, cultures d'exportation au village. De nos jours,ce sont, de plus en plus fréquemment, les difficultés à accéder à
l'autonomie sociale par des activités agricoles qui poussent les
jeunes à gagner la ville. La transmission anticipée, même partielle,du patrimoine que constitue la plantation de rapport, entraînerait
pour les aînés un passage à l'intensif auquel ils répugnent du faitdes investissements en numéraire et travail que ce changement impliquerait.
Le choix de la solution par la ville, notamment grâce ausalariat urbain, résulte d'un raisonnement en termes d'économie demoyens : les perspectives de mise en valeur de nouvelles terres
présentent trop de risques physiques et d'aléas économiques enraison du sous-équipement 'des zones d'accueil, alors que le bagagescolaire alimente quelqu' es'poir de parvenir, à terme, à se procurer
des revenus monétaires suffisants.
Le détour par ia ville prend de plus en plus la significationd'une réponse à l'accroissement naturel de population dans unsystème de production bloqué~
- 207 -
On ne saurait méconnaître la fragilité du processus, quirepose sur l'élasticité du marché de l'emploi. Depuis quelquesannées déjà, ce dernier présente des signes de saturation. L'engorgement est d'autant plus sensible que l'effort d'instruction
des années cinquante porte ses fruits avec l'arrivée en masse dejeunes ruraux à la recherche d'emplois "propres" et bien rémunérés. La société d'appartenance achoppera de plus en plus à assurer leur insertion et leur "récupération" (1).
On observe cependant la recherche spontanée de nouvellesissues en recourant à des possibilités précédemment négligées :
innovation agricole (passage à l'intensif par la mise en oeuvrede cultures peu consommatrices d'espace, développement de l'éle
vage), salariat dans les complexes agro-industriels voisins,amorce d'un desserement par participation aux mouvements pionniers.Les craintes et espoirs enregistrés parmi de jeunes postulants à
,.....un projet de colonisation T ne pas rompre avec le pays, garderles coutumes, vivre entre soi~ témoignent de la puissance desfacteurs de maintenance sociale.
Quant à l'apport que peut fournir la présente étude auxPouvoirs Publics dans leurs efforts de développement rural, l'essentiel me paraît résider dans la démonstration qu'il est urgent
d'enrayer l'exode des jeunes en les attachant à la terre par uneinsertion qui satisfasse leurs aspirations de promotion socialetout en détournant le flux existant vers les zones de colonisation.
On ne saurait y parvenir sans une valorisation accruedu milieu rural, réalisable à deux niveaux
- Au plan économique par une pleine exploitation des
ressources agricoles du département et notamment par la créationd'usines de traitement de l'abondante production cacaoyère qui
(1) Parmi les jeunes qui ont réussi, le sentiment d'appartenanceethnique tend à s'estomper devant la conscience de classe etl'esprit de solidarité lignagère et tribale est sacrifié austanding selon les normes occidentales.
- 208 -
procureraient des emplois sur place tout en témoignant de l'intérêtporté'à la région. Cet effort devrait être complété par une amélio
ration de l'infrastructure routière qui bloque souvent l'écoulementde la production, privant le département de zones demeurées pourcette raison en friches: Les espaces limitrophes aménagées pourraient
servir dedeversoir, pour autant que l'évolution du régime fonciern'entraîne pas la formation de latifundia au seul bénéfice de labourgeoisie administrative.
- Au plan idéologique en luttant contre la désaffection des
jeunes à l'égard de la terre par une amélioration de l'image du
jeune paysan qui a tendance à se croire, à tort ou à raison, traitéen laissé-pour-compte, comme un simple outil du développement.L'école intervient à ce niveau comme vecteur idéologique mais son
rôle-clé se situe au niveau de ses pr.oduits, qui paraissent médiocrement adaptée au monde rural. L'école est saisie par les élèves et
leurs parents comme le moyen le plus sûr de s'extraire de la condi-. .
tion paysanne, ressentie comme peu valorisante, en accédant aux
emplois de bureau bien rémunérés, exige~t moins d'effort et concentrés
dans un milieu idéalisé: la ville. Il est significatif d'observerque les jeunes chomeurs diplômés de la capitale ne mettent pas encause le système éducatif dans son contenu mais l'imprévoyance desPouvoirs Publics quant aux débouchés.
C'est, me semble-t-il, au prix de ces efforts que le département de la Lékié," riche en ressources naturelles et en potentialitéshumaines, pourra se développer pleinement.
- 209 -
B l B LlO G R A PHI E
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. .:
T A BLE- 213 -
DES FIGURES
Fig. 1Fig. 2
Fig. 3Fig. 4Fig. 5Fig. '6
Fig. 7Fig. 8
Fig. 9Fig. 10:
Situation du département de la Lékié ......•..•DensitGs de population autour"de Yaoundé •...•.Densités de population dans la Lékié .Les sociétés rurales autour de Yaoundé .Indices d'occupation du sol dans' la Lékié .
Population de Yaoundé en 1967; Pyramide d'âges.Yaoundé, vue aérienne ~ ; ...•. ~ .Dens·ité de la population à Yaoundé en 1962 ....Les originaires de la Lékié à Yaoundé en 1967 ..Quartiers de regroupement des originaires de la
14'141620
5270707076
Lékié à Y.a"oundé .. ~ .... ~ •...' i ~ • • • • • • • • • • • • • • • • • • 76Fig. 11: Nkol-éton,·vue aérienne •............ ~ 80Fig. 12: Les o~iginaires de la Lékié à Nkol-éton en
1976 : Pyramide d'âges .•.•.................... 82Fig. 13: Taux d'émigration' par village ..•.. 92Fig. 14: Répartition professionnelle ....•.............. 134Fig. 15: Volume' dés relations interpersonnelles ....•... 150Fig. 16: Distribution·des·relations dans la ville 150Fig. 17: Pourcentage de relations inter-ethniques selon
l'ancienneté dans la ville .•.................. 150Fig. 18: Pourcentage de relations inter-ethniques selon
l'âge· .•.........•...•............•.......•.... 154
- 214 -
l N D E X DES TABLEAUX
-"- XV : Date d'arrivée à Yaoundé •......•.•...•.•..._11- XVI : Comparaison des grande groupes d'âge ..••.•._Il - XVII Comparaison des rapport s de masculinité .••_"- XVIII: Répartition des émigrés selon la distance
par rapport à Yaoundé ..••......•.•..•....••-"- XIX Statut du père .
-"- XX Age du père •.•...........••.......•....•...
-"- XXI Nombre d'épouses du père ...........•......•-"- XXII Nombre d' enfants de sexe masculin par foyer.-"- XXIII: Activités économiques des cadets .•......•.._11- XXIV: Activités économiques des aînés .....•......
:' Densité de population dans la Lékié ..•.••••: Répartition de 100 personnes par tran~hes
d'âges dans le Centre-Sud' du Cameroun ....••..Comparai son de taux de mas culinité ...•.....• :Taux de natalité, dans la. Lékié .Taux de natalité dans le Centre-Sud Cameroun.Nombre d'absents pour 100 résident présents
Tableau· l
-"- II
-"- . III
-"- IV_11- V_"_. VI
-"- VII
-"- VIII ..
-"- IX
-"- X
-"- XI
-"- XII
-"- XIII
-"- XIV
dans' la Lékié ' .
Répartition de 1000 habitants selon l'âgedans le groupe nO 3 ...............•.........
Population de Yaoundé.en.1969 par sexe etnationalité .Population immigrée à Yaoundé par tranche •.d'âge .
Population dans les quartiers Nord de YaoundéNombre de pièces par logement à YaoundéRépartition de la population de Yaoundé par
·secteur d'activité ..••...•••....••..••..••.Porportion d'originaires de la Lékié parmila population immigrée (1967) .....••.......Arrondissement d'origine des immigrants
·vanant de la Lêkié , ~
16
17.. . . ~
18 . '.:1819
62
63
68
69
7~
7~
7~
77
78818485
88949495969797
- 215 -
;. Distribution ~e la taille des 'foyers ••...Nombre de famill·es ê1émentaires par foyer.
Tableau XXV :_tl:" XXVI :
- Il:''' XXVII.:_tl_ XXVIII:
- tI_ XXIX ' .:._11- XXX_"_' XXXI_11- XXXII_11- XXXIII:_11- XXXIV
- "- XXXV ':
St-ructure" des 'foyers '.Composition des foyers ..•.....•...••.. ' .Age des chefs d'~nité et de ménage •.••...Statut matrimonial des hommes .....•....•.,Taux de ,polygamie .......•.•.•......••.•..Taux de polygamie selon l'âge .Lieu de naissance des résidents ..•.••....
Année d'arrivée dans le logement ...•.....Date d'arrivée dans le logement et statut
. 122
123123125125128129129130131
_11- XXXVId'occupant "... 1-31··
Année d'arrivée à Yaoundé et d'entréedans' le logement " .
_tl_ XXXVII:
-tl-XXXXIII:- tI_ XXXIX,:_11- XXXX_11- XXXXI
_"- XXXXII:
-"- XXXXI!I:
_tl__tl_
-"-
Distribution de l'emploi, comparaisons ...Distribution de l'emploi selon l'âge .•...Distribution des revenus •.....•..........
Revenus et activités professionnellesNiveau d'instruction, comparaisons ..•....Niveau d'instruction et revenus ....•.....Biens de consommation durables, compa~ai-
s ons ~ ~ .' ~ .
XXXXIV·: ·Biens ·de consommation durables et revenus ..XXXXV ' ': Statut d' occupant, comparaisons ..•.......XXXXVI·: Statut d'occupant et ancienneté dans la
132134136
137137138139
140140142
.ville ~ 143_11- XXXXVII: Niveau de revenus et statut d'occupant.... 143_tl_ XXXXVIII:Types de construction.................... 144_tl_ IL. Nombre de pi~ces par logement .•..•.•.•... 145_tl_ L Taille des logements et statut d'occupant. 145-"- LI Niveau de revenus et taille des logements. 146-"- LII .. : Taille des logements à Yaoundé en 1969 ... 147_tl_ LIlI. .: Loyers à Nko1-éton .••••••........•.•..... 148_tl_ LIV, .. : Les. relatiGms interpersonnelles dans
l'espace urbain ......•.•••..•........••.. 150
Tableau LV
_"_ LVI
_11_ LVII
- 216 -
Nombre moyen de relations et anciennetédans la ville .
Les relations selon l'ethnie .:,Volume des relations et niveau de
151152
. .revenus ,,154_If_ LVIII:, .Relations inter-ethniques et niveau
de revenus ....., _.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
_"_ 'LIX ':..Volume des 'relations' selon les professions 155
-"- LX .. Moyenne des relations . ~ .'......... .. ... .. 156_"- LXI, .. : Intensité des relations selon l'ancienneté
dans la ville 159_"_ LXII
_"_ LXIIbis
_"_ LXIII
_"~, LXIV
_"~ LXV . ,
Nombre moyen de relations selon l'ancien-neté dans la ville 159Quelques associations en milieu d'origi-naires de la Lékié..... .........•. 168Fréquence des déplacements vers le vil-lage d!origine 111Périodicité des vistes et séjour auvillage selon les conditions d'accès .... 179Fréquence des visites au village selonle s revenus 181
_"_ LXVI. Fréquence des visites au village et an-
cienneté dans la ville 182_"- LXVII Fréquence et durée des séjours au,village 184_11_ LXVIII Les droits fonciers au village "'! •••••• 187
- "- LXIX,· .; . Conditions d.' accès à la terre au village 189-"- LXX Etat des plantations au village. 190-"- LXXI·, Nature. des cultures pratiquées au village 190- "- LXXII. " Mode de faire-valoir deS plantations 191-"- LXXIII·:' Souhaits d'une exploitation agricole 192_11_ LXXIV 'Les constructions au village 193-.11- LXXV. Espérances d'héritage d'une case........ 194
,_"- LXXV.I .. o Proje.ts immobiliers..................... 194_11_ LXXVII: Projets résidentiels.. •......... 195_" - LXXVIII: J.us.t.ifications des. proj ets (rester en
viIle ) 196
Tab~eau LXXIX
- 217 -
Justification des projets {retournerau village , 197
..."..
-"-_J.l_
.LXXX
LXXXILXXXII
, Justifications des projets (résider dansune agglomération du pays) .••..•.•.....Les int.é~ ~~iaux au pays .
• Sololhaiu ~n lua:tièr.e dl ac."Ç1~ts1;l ~o.mme~-
198199
ciale 5 •••• _. • • • • • • • • • •. • • • • • • • • • • • • . • . . .. • 1.99
0000000000.0
- 219 -
-
Les premiers résultats du recensement général de 1976
ont été rendus publics alors que le tirage du présent document
était largement entamé.
Les données démographiques qui suivent permettront élU
lecteur d'actualiser les statistiques auxquelles le texte f~i~
référence .
...
p. 15 (1) Populations et densités dans la province du
Centre-Sud (1976).
-- ------ -- --- -- -- -r------------,-------- ------ --T-----:,~--- -~..-
Départements !Populations! Superficie/km2! Densité H/k~0
--------------------------------------------------------_._--_. __.- - .
Dja-et-Lobo 106.486 19.855 5,66, ~ ~ ~ ----_. 1
· . . . .11.854Haute-Sanaga 60.068! !-------------------------------------------------------------_._.
Lékié 217.057 2.995------------------T------------T----------------T----------.----
! - _!:1è~gt --f-_1-2~:. Z~Q---f-----~~:.Q~Q-- ---f .:.--__ 2.l~~_•.•• !
1 1 1 1 1· Mé fou . 132 . 868' 4 . 719 . 28 15 ._______________________________________________________ .l .
lIT 1 1· . . . .Mfoundi(Yaoundé)! 337.351! 250! ~349,40
-------------~------------~._---------------------------._------~
Ntem 137.346 16.003 8,58T------------------ï------------ï----------------ï--------------1· Nyong-et-Kelle . 92.624· 6.388 . 14,49 .T ~ ~ ~ •• 1
· . . . .Nyong-et-Mfoumou! 77.869! 6.184 12,59
--------------------------------------------------------_.--~~--
Nyong-et-Soo 83.179 3.615 23,00------------------1------------1----------------1-----------
Océan 71.370 11.279 6 j 32!------------------f------------~----------------f--------------.!
Province du Cen- Itre-Sud ;1.491~945 116.172 12)90
- 220 -
p. 16
'\'\
Tableau l ~Populations et
'le département
densités de population dans
de la Lékié.
,.,
{\
'--------------~T-------------ï----------------------,. Arrondissemen1:\ Population ·Densité\2s (H:km2) .,---------------~-------------~----------------------,• 1· •
i
!_§~~ 1__ ~~~1~~ 1 ~Q~~ !, i. Obala t 72.901 90,0!---------------7-------------~----------------------!
72,0
80,4
! Monatélé
! Evodoula 1 14.151 ,, .---------------.---------------------------~------_.-r
'128.206,---------------~-------------ï----------------------. Okola ~ 42.650 . 48,2! i !---------------ï------------------------------------
\,
p. 68 - Population de/Yaoundé en 1976 : 337.351 habitants
dont Yaound~ . l 103.756
Yaoundé II 105.152
Yaoundé III 68.533
YaOU:'ldé IV 59.910
p. 95 - Taux de polygamie au Cameroun en 1976
hommes'mariés dont Secteur rural
Secteur urbain
23,6% des
25',4%
18,6%