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ANNE-CAROLINE PAUCOT LES PROPULSEURS Du côté de chez soi LA MAISON DU FUTUR

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ANNE-CAROLINE PAUCOT

LES PROPULSEURS

Du côté de

chez soiLA MAISON DU FUTUR

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DANS LA MÊME COLLECTION

A fond la formeLa santé demain

Les lueurs de la villeLa ville de demain

À la mode de chez nousL’habillement demain

Dico des métiers de demainLe tour du monde en 80 métiers

Contes à inventer le futurLes contes d’hier revisités

EN PRÉPARATION

Les nouveaux désordres amoureuxL’amour demain

Bourse du travailL’entreprise et le travail demain

Reflets d’argentLes finances et l’assurance demain

Apprendre à apprendreL’éducation et la formation demain

www.futur.propulseurs.comContact : Anne-Caroline Paucot ; [email protected] ;

06 10 81 25 95Mai 2014

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COLLECTION,MODE D’EMPLOI

« Inventer demain » explore le futur pour aider le plus grand nombre à dessiner un futur désirable. La collection expérimente de nouvelles formes d’édition.

Ça bouge à tous les étagesConnectant les individus entre eux, Internet a fait exploser l’intelligence créa-tive. La recherche modifie les frontières de la connaissance. Ces changements se traduisent par des projets développés par des start-ups et des laboratoires de recherches. Imprimante 3D, réalité augmentée, objets connectés... De nombreuses pistes sont explorées. Des passionnés partagent leur enthousiasme et leur désir de changer le monde. Sites collaboratifs, applications citoyennes, mise au vert de l’urbain... Des indi-vidus et associations initient, expérimentent, s’impliquent... Le fourmillement est intense. Dans ce tourbillon, il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre la lame de fond qui en train de dessiner demain et la mousse qui ne laissera aucune trace.

« Inventer demain » classe, synthétise, explique.La collection fournit les clés de l’information pour que chacun puisse tant approcher l’essentiel que s’amuser de l’anecdotique.

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Un tableau pointilliste pour dessiner des futurs désirables

Hier, le futur découlait de manière logique du passé. Aujourd’hui, il est chaque jour plus imprévisible. Dans un monde de plus en plus interconnecté, donc complexe, n’importe quel froissement d’aile peut provoquer tant un cata-clysme qu’un miracle. Si l’on ne peut pas prévoir le futur, on peut toujours l’inventer. Il sera beau-coup plus désirable, s’il est imaginé par le plus grand nombre et en particulier par ceux qui vont le vivre. Pour concocter ce futur désirable, les innovations, les recherches, les expé-rimentations sont des tremplins qui permettent à l’imagination de rebondir. Chacun peut donc les utiliser pour envisager de nouvelles manières de faire et de penser.

« Inventer le futur » propose un tableau pointilliste composé d’innova-tions, d’expérimentations et de réflexions. Cette toile de fond permet aux lecteurs de prendre les pinceaux pour dessiner le futur qu’ils désirent.

Une conjugaison au futur quotidienLes technologies sont à l’honneur. Ce braquage des projecteurs fait croire qu’elles vont façonner une vie plus riche et séduisante. Si rien n’est moins sûr, il serait dommage d’oublier que demain les hommes seront toujours des hommes avec leurs forces, faiblesses et désirs.

« Inventer demain » remet les hommes au centre de la réflexion. Les livres sont construits à partir de fictions-prospective mettant un futur quotidien. Ces histoires renvoient à des innovations, recherches, expé-rimentations.

Des livres en partenariatLe livre d’hier s’imprimait pour des éternités plus ou moins longues. Le livre aujourd’hui expérimente nouveaux contenus, formes, rapports aux lecteurs, mode de distribution... Il cherche de nouvelles marques permettant de conqué-rir des lecteurs étant en prise avec une avalanche d’informations.

« Inventer le futur » s’inscrit dans cette mouvance. L’objectif de la col-lection est d’écouter et de faire évoluer chaque livre en partenariat avec des acteurs du domaine traité.

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Si vous voulez- Enrichir le contenu par vos réflexions, remarques, écrits, innovations, sourires...- Diffuser les livres dans vos entreprises ou organismes (Des pages à vos couleurs seront ajoutées afin que le document devienne un outil d’infor-mation et de communication)- Réfléchir à des moyens de vulgariser la réflexion prospective.

Contactez-nous. Nous aurons grand plaisir à échanger avec vous.

Futureusement vôtreAnne-Caroline Paucot,

Les [email protected]

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LES MAISONS POUSSENT LES MURS

Hier, les logements se ressemblaient. Ils comprenaient une entrée, une cuisine, une salle de bain, un salon, une salle à manger, des chambres. Les rêves de leurs occupants étaient identiques. Ils es-péraient qu’un jour, leur entrée-cuisine-salle à manger-chambres soit indépendante. Ils n’auraient alors plus à supporter les bruits et autres nuisances de leurs voisins.

Leur maison serait perchée sur une butte et entourée d’un jardin. Progressivement, on a supprimé des murs pour élargir les espaces. On a éli-miné la distinction salle à manger et salon. La cuisine s’est ouverte sur cette pièce centrale. En revanche, les rêves n’ont pas beaucoup changé. La crise les a juste rendus plus illusoires. Demain, est-ce que l’organisation de nos logements obéira aux mêmes règles ? Est-ce que cet espace intime sera toujours aussi intime et fermé ? Est-ce que notre rapport au logement sera modifié ? Si l’on n’a pas la réponse, une série d’aiguillons sociétaux, écologiques, technologiques laissent à penser qu’on va pousser les murs du logement traditionnel.

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Foncièrement complexe

Les villes se densifient. Une étude de Navigant Research révèle que le nombre de citadins augmentera de 75 % dans le monde d’ici 2050 et passera de 3,6 à 6,3 milliards d’individus. Cette foule sera concentrée dans des pôles urbains qui dépasseront parfois les 30 millions d’habitants.

L’augmentation de la population des villes se traduira par une raréfaction d’espaces urbains disponibles pour de nouvelles constructions. Il faudra par-tir à la recherche d’espaces fonciers non encore exploités aujourd’hui. On construira sur les toits, entre des immeubles, dans des endroits inimaginables aujourd’hui. Il faudra faire preuve de créativité pour exploiter ces espaces. Les logements seront plus petits et moins carrés.

La mise au rebut des passoires énergétiques Quand la planète va mal, on ne peut plus habiter dans des passoires éner-gétiques.

Demain, il ne sera plus question de chauffer ou éclairer des appartements vides. Les nouvelles technologies vont nous aider à réduire notre consomma-tion. Des thermostats à tout enregistrer, calculer, mesurer seront les major-domes de nos résidences.

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La ville se met au vert

Au fil du temps, l’écologie prend de la hauteur et elle arrive jusque dans les immeubles les plus hauts des villes. Demain, on plantera ses choux à la mode urbaine et l’on croisera des poules ou des vaches dans l’ascenseur.

La nature inspirera tant des modes de construction que la conception du mobilier.

Les objets se connectentAprès avoir connecté les ordinateurs, Internet prend dans les mailles de son filet tous les objets. D’après l’Abi Research, il y aura environ 30 milliards d’objets connectés sans fil dans le monde en 2020. Nombreux s’incrusteront dans nos habitats.

Nos miroirs, brosses à dents, parapluies, cocottes-minute, réfrigérateurs vont entrer dans la danse. On pourra les commander à distance et les faire interagir avec différentes données numériques.

Les écrans modifient la perception de l’intimeDans l’appartement, les parents et les enfants ne vivent plus en circuit fermé. Ils accueillent en permanence par écran interposé les amis, les collègues de travail, la famille. Cet envahissement constant modifie la perception de l’espace.

Demain, les écrans vont disparaître de nos tables et guéridons pour se glisser dans les murs, les fenêtres, la porte du réfrigérateur... Cette « écran-tisation » du logement va continuer à faire éclater la vision ancestrale d’un espace intime.

Des espaces mouvantsHier, l’évolution de la famille était linéaire. Elle augmentait avec l’arrivée des enfants et diminuait lors de leur départ. Aujourd’hui, les familles éclatent, se décomposent, se recomposent. Leur composition change même d’une semaine à l’autre.

Le nombre de personnes qui vivent seules augmente. En Suède, 47 % des ménages ont un seul occupant, 40 % en Norvège, 36 % Allemagne, 36 %, Royaume-Uni et 34 % en France. La recherche démographique montre que le nombre de ménages d’une personne est en croissance constante aussi dans des pays comme la Chine et l’Inde.Cet origami familial va obliger à créer des logements modulaires qui s’adaptent à ces évolutions. On aura alors en un claquement de doigts une pièce en plus ou en moins.

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La propriété a un coup dans l’aileHier, la maison était le lieu où l’on entreposait ses biens. On y entassait des meubles, des bibelots. Cette accumulation marquait le passage du temps.

Avec le numérique, les donnes de la propriété changent. Hier quand on possédait un objet, on pouvait le prêter. Le geste avait de la valeur, car le prêteur était, pour un temps, dépossédé de l’objet. Aujourd’hui, quand on possède une musique, un film ou autre produit numérique, on peut le passer à un autre tout en le gardant : il suffit de le copier. Ce principe a mis un coup dans l’aile à la notion de propriété.

Dans le même temps, la technologie facilite le partage qui de ce fait se déve-loppe entre inconnus. On a moins envie de posséder une voiture, une perceuse, un appareil à raclette quand il suffit d’un clic pour l’avoir à sa disposition.

Ce changement culturel va avoir des incidences sur l’appartement qui de-main n’aura plus sa fonction de stockage.

Des résidences plus sénioresNotre société vieillit. La part des personnes de plus de 60 ans va augmenter jusqu’en 2035, pour atteindre 31 %. Les logements devront s’adapter aux séniors. Ils seront équipés de dispositifs connectés permettant de leur pro-poser des services à distance.

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La technologie n’étant pas la panacée, il faudra aussi envisager des résidences qui font cohabiter et s’entraider des personnes de différentes générations.

Les nouvelles vis de la constructionHier, on construisait en dur. Demain, les méthodes de construction seront sans doute plus souples. L’imprimante 3D va entrer dans nos logements. Elle pourra fabriquer des objets, des murs, voire des maisons.

Le grand recyclageHier, le BTP produisait 300 millions de tonnes de déchets chaque année, essentiellement constitués par des matériaux inertes comme le béton. Son recyclage s’est imposé comme une voie à privilégier pour respecter l’objectif européen de valorisation de 70 % des déchets inertes en 2020.

Des systèmes permettent d’en faire des nouveaux matériaux de construc-tion. Il complète la panoplie de matériaux qui sont progressivement recyclés dans le bâtiment : pneus, canettes en aluminium, bouteilles en verre, boîtes de conserve...

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REPÈRES

LA MAISON DE DEMAIN EN DIX DATES2021 Essor des TRIM40 % du parc immobilier est équipé de TRIM (thermostat de régulation indi-viduelle multifonctions). Ces thermostats régulent la lumière et le chauffage en fonction des habitudes des occupants du logement. Ils analysent la pollu-tion interne de l’appartement et envisagent des solutions pour la diminuer.

2022 Priorité aux minusculesUne loi diminue jusqu’à 20 % les impôts de ceux qui habitent dans une minus-cule maison (moins de 10 m2) ainsi que de ceux qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

2024 5 % vert En 2014, le maire de New York a proposé des abattements fiscaux pour les propriétaires qui aménagent leur toit en jardin. Dix ans plus tard, le maire de Paris oblige ses propriétaires à transformer 5 % de la surface habitable en espace vert.

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2027 Imprimer sa maison

Pour résoudre le problème du logement pendant l’hiver, des villes ont acquis des imprimantes 3D. Elles impriment en trois heures une maison de 10 m2 qui est 100 % recyclable.

2028 Le frigo fait les coursesLe supermarché Carchan a construit un immeuble de 20 étages avec réfri-gérateurs autoalimentés. Le dispositif surveille les produits manquants et le remplit en fonction du planning de chaque membre de famille et des événe-ments prévus. La livraison s’effectue par l’intermédiaire d’une trappe située à l’arrière du réfrigérateur.

2029 La garde partagée à distanceUne loi oblige les parents séparés d’enfants de moins de dix ans à vivre dans des appartements équipés de murs de téléprésence. Ce système permet une garde alternée virtuelle. Elle préconise aussi l’installation d’imprimante ali-mentaire pour que le parent distant puisse préparer le repas de ses enfants.

2030 Un majordome à la maisonLe gouvernement a pris la décision de mettre un robot-majordome à la disposi-tion des personnes de plus de 70 ans. Ce robot aide les séniors dans les tâches quotidiennes et assure un suivi santé constant. L’objectif est d’éviter que ces personnes aillent dans des structures de soins couteuses pour la collectivité.

2031 De l’appartement modulaire25 % des logements anciens ont acquis le label modulaire. Ce label est obtenu lorsqu’il faut moins de trois heures pour modifier l’aménagement des pièces de l’appartement et qu’il est possible d’augmenter ou diminuer sa taille.

2033 Un immeuble organiqueDes architectes danois ont construit le premier logement collectif à structure organique. Cet immeuble de 86 logements va évoluer en fonction de la lumière et de la température. La taille des appartements changera en permanence. Tous les locataires se sont engagés à faire pousser leurs meubles.

2034 Immeuble vole !Les immeubles figés d’hier sont devenus plus mobiles. Le summum de la mobilité est atteint avec l’envol d’un immeuble de dix logements. Le principe repose sur la transformation de l’habitacle en nacelle de ballon. Ses concep-teurs espèrent que 10 % du marché de la construction collective va opter pour ce principe.

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FUTURA, UN IMMEUBLE D’HABITATION-RECHERCHE

Pour découvrir les différentes briques des logements de demain, nous vous invitons à venir visiter Futura, un im-meuble d’habitation-recherche situé en plein coeur des années 2030.

À Futura, les locataires choisissent de vivre dans un appartement thématique qui synthétise une tendance de l’évolution du logement. Ils ont le choix entre :

LE CONNECTÉ (PAGE 21)Dans cet appartement, les objets ont une âme technologique. Ils captent des informations et réagissent en fonction de données numérisées.

L’ÉNERGO’HOME (PAGE 31)Entre ses quatre murs, on dépense de l’énergie pour en économiser ou on récupère l’énergie produite par des ordinateurs ou des eaux usées.

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LE ROBULATION (PAGE 39)Dans ce paradis des engins technologiques, les robots font le ménage et par-fois aussi la conversation avec les habitants du lieu.

LE TÉLÉPARTEMENT (PAGE 49)Grâce à des écrans et des dispositifs holographiques, les locataires partagent leur logement avec des proches vivant à des milliers de kilomètres.

LE MODULAIRE (PAGE 57) Les cloisons bougent. L’appartement diminue ou augmente au grès des évolutions de ses groupes d’habitants.

L’ÉPHÉMÈRE (PAGE 63)Ce lieu de vie est une construction à durée limitée. Il peut être aussi mobile que volatile.

LE VERBAT’HOME (PAGE 73)Pensé par des urbains des champs, il a des fondations pur jus de la nature qui est sa première source d’inspiration.

LE COMMUNAUTAIRE (PAGE 81)Espace de travail partagé, recyclerie, objetithéque, chambre d’hôtes... L’espace commun s’occupe au mode partagé.

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Demain, notre brosse à dents analysera notre salive et prendra rendez-vous chez le médecin. Demain, la porte s’ouvrira quand elle détec-tera la présence du chat sur le paillasson.

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LE CONNECTÉ

CHAT, PAILLASSON

& TECHNO-LOGIES

Stefan et Robert ont opté pour un appartement connecté à Internet. Chez eux, c’est la caverne d’Ali Baba des capteurs et des puces. Les deux hommes ont compté 43 objets connec-tés et pensent en avoir oublié. La première est l’équipement de la porte d’entrée avec une serrure connectée : — C’est indispensable. Quand des amis ou des artisans se

présentent, ils s’identifi ent et l’on ouvre la porte à distance, dit Stefan.— Autre avantage, le paillasson identifi e la présence du chat grâce à son poids, ajoute Robert. La porte s’ouvre alors pour le laisser entrer. Si l’absence a été longue, l’ouverture commande le remplissage de la gamelle. Sergio, notre chat est délicat. Il n’aime pas la nourriture qui reste trop longtemps à l’air. Dans l’entrée, les compères nous indiquent la présence du thermostat d’ambiance de l’appartement. — Stefan est frileux. Il aime quand l’appartement est à 22°, moi je pré-

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fère 3° de moins. Quand nous sommes tous les deux présents, il fait un compromis. Ce thermostat analyse aussi la composition de l’air de l’appartement. S’il détecte des composés polluants, il met en œuvre des solutions pour les éliminer. — Quand la météo annonce de la pluie, le parapluie clignote pour que l’on n’oublie pas, dit Stephan en le montrant. Robert a un regard vers les plantes vertes. — Lorsqu’elles manquent d’eau, elles nous envoient un message pour qu’on les arrose. Si l’on tarde trop, le message est posté sur la messagerie de l’immeuble pour qu’un voisin vienne le faire à notre place.Les deux hommes préfèrent cette solution à la mise en place d’un arro-sage automatique. — C’est important de conserver la main. Si l’on sous-traite tout à la technique, autant avoir des plantes virtuelles, ajoute Stefan. À la salle de bain, le miroir affi che de multiples informations. Stefan et Robert peuvent découvrir les actualités, jeter un coup d’œil sur leur planning ou surveiller de multiples paramètres santé. — On peut même visualiser la qualité de notre brossage de dents. Si le temps de brossage est trop court, il le signale. L’analyse de notre salive est eff ectuée en direct. La balance intégrée dans une dalle de la salle de bain envoie aussi des informations au miroir.— On peut partager cette donnée avec notre réseau. Quand on fait un régime, cela stimule. En prime, on voit l’énergie dépensée dans la jour-née et les calories consommées. Stefan nous montre ensuite la table connectée. — Quand nous apportons les tasses de thé ou les verres de l’apéro, elle descend pour se transformer en table basse. En revanche, elle se lève quand elle détecte que c’est le moment du repas.— Nous avons programmé que le week-end, lors de l’ouverture du bar connecté, une invitation à l’apéro est envoyée aux voisins, dit Robert en expliquant que cet envoi a provoqué des rencontres inattendues. — C’est devenu une habitude. On commande des pizzas qui sont livrées par drones. La fenêtre connectée s’ouvre et elles sont posées sur la table qui est bien entendu connectée. Elle clignote quand le repas est prêt. La cocotte connectée se met en marche quand nous quittons le bureau, dit Stefan en se dirigeant vers la cuisine.

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— C’est mon objet préféré, dit Robert en posant la main sur le grille-pain. Chaque jour, il imprime des messages professionnels, amicaux ou amoureux sur nos tartines.— Pour moi, le must est le canapé connecté, dit Stefan. Quand on s’ins-talle dedans, il analyse notre activité de la journée et prend en compte diff érentes données pour nous proposer un programme télévisuel ou musical. On a l’impression que la technologie est bienveillante même si parfois elle manque de sensibilité. — Le seul problème est que nos objets connectés s’auto-programment en fonction de nos habitudes. Ils ont donc une fi chue tendance à nous engluer dans notre routine. À ce rythme, on risque de devenir rapide-ment des vieux... connectés !

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Des thermostats à la brosse à dents en passant par les miroirs, les objets connectés se multiplient et enva-hissent les appartements. L’objectif est de transformer des objets ordi-naires en objets connectés et plus interactifs.

Leur fonctionnement repose sur : — Le lien entre une information ex-térieure et un ou plusieurs objets de la maison.

Météo, pollution, circulation, régle-mentations éphémères, promotions commerciales... Toutes informations

peuvent faire réagir un vêtement, meuble, écran ou autres objets. — La captation d’informations pro-duites par une personne ou un objet. Ces données sont visualisées ou font réagir un élément de la maison.

Poids, nombre de pas, calories consommées, temps travaillé, émo-tions, rythmes cardiaques. Au fil du temps, les capteurs se perfectionnent et la banque de données s’enrichit. Les objets deviennent de plus en plus sophistiqués.Température, matière d’un textile, humidité de l’air, mouvements. Les

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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éléments de l’appartement produisent des données qui mettent en mouve-ment des objets. Toutes ces données pouvant se cu-muler en étant gérées par des algo-rithmes, le champ des possibles de l’objet connecté s’agrandit chaque jour.

Mon grille-pain est sur TwitterHans Schaler, un résident de Pittsburgh, a créé un grille-pain ca-pable de faire passer des messages, afficher des photos. Une application Smartphone permet de choisir le contenu que l’on veut voir s’afficher. Le dessin est obtenu sous l’effet de la chaleur de la résistance électrique du grille-pain.

Brossage dans le sens de la technologieLa start-up française Kolibree a conçu une brosse à dents électrique qui

abrite des capteurs. Grâce à eux, elle enregistre des données relatives au brossage, telles que sa durée, la ri-gueur, la répartition du brossage, etc. Ces informations sont transmises à un Smartphone, via une liaison Blue-tooth.

Trié sur le voletLe Jalousier est un boîtier qui ouvre et ferme les stores automatiquement. Le Jalousier est équipé de deux cap-teurs : un capteur de luminosité et un autre de température. Ces informa-tions mettent en marche un moteur qui agit sur les lamelles des stores. Le Jalousier a une fonction régulatrice. En été, il referme le store pour que le soleil ne réchauffe pas trop une pièce.

Mon canapé à la télécommandeLa compagnie Joshfire a conçu un cana-pé qui commande le programme pré-

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féré de la personne qui s’assoit. Cette dernière est identifiée grâce à une puce RFID qu’elle porte sur elle.

Le chien aboie et l’écuelle est serviePintofeed est une gamelle qui permet de nourrir son chien alors qu’on est à des milliers de kilomètres. Une appli-cation smartphone est reliée à un dis-tributeur automatique de nourriture. On peut aussi programmer les heures de repas de son quatre pattes.

La fin des prières à Saint-AntoineChipolo est un porte-clés qui permet de retrouver tous les objets égarés ou du moins tous ceux qui portent une pastille de 3,5 centimètres de diamètre.

Les casseroles passent à la casseroleNutricook Connect est une co-cot te -minute connectée en Bluetooth à un Smartphone.L’application assiste l’utilisateur dans la réalisation de plus de 200 recettes.

Nutricook Connect pilote la cocotte-mi-nute connectée en maitrisant la mon-tée en pression de la cuve et l’intensité de la source de chaleur afin d’achever la recette au moment prévu pour pas-ser à table.

Une station météo d’intérieurAlima analyse l’environnement inté-rieur d’un foyer. Cette station mesure différentes informations comme le dioxyde de carbone, le monoxyde de carbone, les composants volatils or-ganiques, les particules fines, la tem-pérature, l’humidité... Son efficacité s’améliore avec le temps en intégrant les habitudes de l’utilisateur. L’objet ef-fectue des prévisions pour anticiper des pics de pollution interne.

Le bureau prend soin de vousStir Kinetic est un bureau connecté dont les pieds intègrent des vérins per-mettant d’adapter la hauteur de son plateau. Il dispose d’un capteur ther-mique permettant de savoir lorsque l’utilisateur est là. Au fil du temps, il emmagasine les habitudes et les pos-tures de confort de l’utilisateur.

Livraison par droneAmazon travaille sur « Prime Air », un système de livraison par drones. Les drones pourraient livrer des paquets allant jusqu’à 2,3 kg – ce qui représente « autour de 86 % des livraisons effec-tuées par Amazon. Au Royaume-Uni, Domino’s a ainsi tes-té la livraison de pizzas en utilisant un drone plutôt qu’un livreur en scooter.

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Le paillasson envoie des messagesLe SmartMat est un paillasson qui envoie un SMS quand un animal est assis dessus et attend qu’on lui ouvre la porte. Le propriétaire peut alors déclencher la porte à distance.

Et la porte s’ouvreUne équipe allemande utilise un Smartphone pour ouvrir et former des portes. Kisi permet d’éviter de sortir un trousseau de clés. Il permet d’ou-vrir la porte à distance à un livreur ou un invité.

Archimède et la technologieOn nous annonce que les objets vont devenir intelligents. Est-ce qu’on va assister à une poussée d’Archimède technologique qui se traduira par : tout corps baigné dans un univers d’objets intelligents subira une pres-sion technologique qui augmentera sa bêtise ?

Pour répondre à cette question, le

journaliste, essayiste et chercheur d’origine biélorusse, Morozov prend l’exemple d’une poubelle intelligente. À chaque fois que l’on ouvre et re-ferme le couvercle, cette poubelle prend une photo. L’image est analy-sée et partagée avec ses amis Face-book. L’idée est d’augmenter la vigi-lance du consommateur et d’influer sur ses comportements. Cette tendance des concepteurs de laSilicon Valley l’inquiète : « Les four-chettes intelligentes nous informent que nous mangeons trop vite. Les brosses à dents intelligentes nous

incitent à passer plus de temps à nous brosser les dents. Les capteurs de nos voitures peuvent nous dire si nous conduisons trop vite ou freinons trop brutalement. À mesure qu’elles deviennent plus intrusives, les tech-nologies touchent à notre autonomie en supprimant des comportements jugés indésirables ».

Cette diminution de l’autonomie risque d’aller croissant avec la venue sur le marché de différentes institu-tions comme les compagnies d’as-surance. Certaines offrent déjà des réductions sur les polices aux conduc-teurs qui acceptent d’installer des cap-teurs dans leur voiture.

Dans la suite logique, des start-ups imaginent des technologies qui prennent une décision à la place de l’usager et interdisent certains com-portements. À partir de là, il se profile tant l’infantilisation, que la raréfaction de la réflexion.

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FUTUROMAG MARS 2034 COURANT D’AIR TECH-NOLOGIQUEDans son bloglivre «˜A l’ère de la glaciation familiale˜», le pro-fesseur Stack analyse la manière dont le réfrigérateur intervient et transforme la vie quotidienne.

Dans votre bloglivre, vous écrivez˜: «˜Je déteste les FrigiNets. Ce sont

des dictateurs qui gèlent l’intelligence so-ciale d’une famille.˜» Pouvez-vous nous expliquer les raisons de votre colère contre cet objet˜? Le réfrigérateur dit intelligent ou FrigiNet est omniprésent. La famille se repose sur lui pour la gestion de l’alimentation. Il gère les stocks, fait les commandes, propose des menus... Cette technologie est coercitive. Par exemple, si un aliment est périmé, une puce le détecte et envoie un signal. Résultat, quand l’on ouvre la porte l’aliment est éclairé. Il est alors difficile de passer outre la recom-mandation de jeter le produit alors qu’hier dépasser d’un ou deux jours

de la date de péremption ne posait pas de problème. En lien avec tous les commerçants, le réfrigérateur intelligent propose des menus adaptés aux prix du mar-ché. Si vous avez envie de procéder à des modifications, libre à vous. Le réfrigérateur affiche le coût de votre désir. C’est très dissuasif !Avec la porte qui se transforme en écran, il vous met en contact avec tous vos proches. C’est l’écran le plus utilisé de la maison. C’est lui qui assure la communication avec tous les objets pucés. S’il pleut, il affiche un parapluie et vous indique où vous l’avez posé. Si vous avez prévu d’aller jardiner, il vous précise de ne pas oublier de prendre les vêtements adaptés. À force, vous comptez sur lui pour gérer votre quotidien. Avant-hier, on avait une série de numéros de téléphone dans la tête. Avec l’arrivée des téléphones person-nels qui stockaient les numéros de nos proches, on a fini par ne plus les connaître. Avec le réfrigérateur intel-ligent, c’est le même processus. On ne prend plus le temps d’enregistrer dans sa mémoire la liste des choses à faire, on sous-traite notre gestion quotidienne à une machine. Et puisqu’il rend des services bien utiles, pourquoi ne pas lui sous-trai-ter un peu de l’éducation de vos enfants. Votre gamin a pris une pla-quette de chocolat alors que cela ne fait nullement partie de son pro-gramme alimentaire, il l’indique, voire, si l’option est cochée, lui fait quelques remontrances. Si nous

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n’avons pas de recul, je crains que se faire remonter les bretelles par la voix caverneuse d’un réfrigérateur cause de graves dégâts psychiques à nos enfants. Et pour couronner le tout, les der-niers modèles de réfrigérateur viennent de passer le test du Turing. C’est-à-dire qu’ils sont capables de discuter pendant une dizaine de minutes en faisant croire qu’ils sont humains. Même si l’échange est basique, j’imagine que des personnes fragiles perdent leurs repères. Je lis dans un autre billet˜: «˜Le princi-pal effet de l’intelligence artificielle des objets est de diminuer l’intelligence des humains. Pouvez-vous nous expliciter ce lien˜? Je vais prendre quelques exemples. Aujourd’hui, tous les lave-linge sont équipés de capteurs qui détectent les textures du linge. Alors qu’hier c’était évident pour tout le monde, aujourd’hui nous ne savons plus dis-tinguer la laine du coton. La voiture intelligente nous infanti-lise en nous imposant le respect des limitations de vitesse et des règles de conduite. Hier, nous étions respon-sables, aujourd’hui nous sommes devenus des irresponsables contrôlés. Les joueurs intelligents du Net ont remplacé nos amis d’antan. Nous nous satisfaisons de pâles échanges machinaux et nous négligeons de plus en plus les échanges conviviaux qui développent notre intelligence sensible. Nous ne pouvons plus nous passer des agents intelligents. Ces

automates au QI machinal sont plus performants que les consultants, les journalistes ou les vendeurs d’hier. À pied d’œuvre 24 sur 24, ils balayent le Web et nous servent de l’infor-mation adaptée à notre consomma-tion. Manquant de subtilité, ils nous gavent tous de la même manière et finissent par accomplir un clonage de nos pensées. Les surdoués de la bande, les agents conversationnels, entretiennent des discussions élabo-rées. Leur verbiage supplante le nôtre et nous perdons l’habitude de dé-fendre nos points de vue. Et je pour-rais continuer à l’infini, les cartes intelligentes nous ont fait perdre le sens de l’orientation. Aujourd’hui, quand un satellite d’orientation tombe en panne, c’est la catastrophe. 10 % de la population ne sait même plus rentrer chez elle.

Que proposez-vous pour remédier à cette aliénation aux objets˜? Je crois qu’il faut réapprendre à vivre sans technologie. La déconnexion temporaire quotidienne est salu-taire, car elle permet tant de prendre conscience de ses limites que de réapprendre à vivre sans prothèses. On redécouvre que rien n’est plus important que l’échange humain et que les artifices techniques desti-nés à nous rapprocher parfois nous éloignent.

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Demain, les immeubles seront dans le vent. Ils produiront plus d’énergie qu’ils n’en consommeront. Demain, on se chau° era avec nos disques durs, nos eaux usées et nos gaz d’échappement.

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L’ENERGO’HOME

Dépenserde l’énergie pour enéconomiser

En entrant dans l’appartement de Tom, le regard tombe sur des vélossièges qui entourent l’espace repas. — Les enfants et moi-même, nous pédalons une heure par jour, dit Tom. Cela assure une partie de l’éclairage de l’appartement. Le complément d’énergie est apporté par la transformation des eaux usées par des algues.

La consommation énergétique de l’appartement de Tom a été réduite par un cocktail de mesures. Les ampoules se sont mises au régime LED et font double boulot en diff usant de la musique. Économes jusqu’au bout des fi laments, elles sont équipées de capteurs pour s’éteindre dès qu’une pièce est vide. Elles s’adaptent en prime aux habitudes des oc-cupants du lieu. — Quand je suis seul dans l’appartement et que je lis ou prépare le re-pas, les ampoules créent un cocon de lumière autour de moi, dit Tom. Quand je me lève, la lumière éclaire l’appartement dans le sens où se situe mon mouvement. En revanche quand les enfants sont à la maison,

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j’ai programmé un éclairage minimum de tout l’appartement avec ren-forcement de l’intensité quand l’un d’entre nous pénètre dans une pièce.

Pour le chauff age, le principe est identique. L’appartement est chauf-fé à 19 degrés par les disques durs des ordinateurs. Étant frileux, Tom a programmé des bulles de chauff age à 21 degrés lorsqu’il est immo-bile plus de dix minutes. Le chauff age s’arrête automatiquement quand l’appartement se vide. — Les membres de la famille sont géolocalisés par Smartphone. Le sys-tème détecte quand nous revenons à la maison. Le chauff age se remet alors en route. Tom continue la visite basse consommation en montrant les vitres qui régulent la chaleur. En fonction de la température, elles laissent plus ou moins passer les rayons du soleil tout en restant transparentes.

Tom est content de voir que sa facture énergétique est réduite à quelques euros de recherche-développement permettant d’améliorer les dispositifs. En revanche, l’attitude de ses enfants l’agace un peu: — Ils ouvrent les fenêtres en plein hiver et oublient de les refermer. Ils trafi quent les halos de lumière pour que les éclairages soient en perma-nence pleine puissance... J’ai l’impression que la technologie les a déres-ponsabilisés. Ils n’ont plus conscience qu’il faut maintenir la pression pour limiter le réchauff ement climatique.

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DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

Les logements basse consommation sont à l’honneur. S’ils garantissent une haute performance énergétique, ils obligent les locataires à respecter cer-taines règles comme avoir une tempé-rature maximum, ne pas percer des trous, limiter l’aération...

Demain, ce label basse consomma-tion se conjuguera sans doute avec celui de haute qualité de bien-être. Des milliers de start-ups travaillent dans ce sens.

À la chasse à la chaleur perdueHier dans les fermes, les paysans habitaient dans des logements situés au-dessus des étables pour récupérer la chaleur émise par les vaches. Aujourd’hui, on part de nouveau à la chasse aux chaleurs perdues. L’objectif est de profiter de la chaleur émise par les ordinateurs, les eaux usées, les gaz d’échappement... À Nanterre, dans un éco quartier de 600 habitants, on récupère les chaleurs des eaux usées. Le dispositif installé consiste en deux plaques en inox qui se chargent de la chaleur des eaux usées. Avec

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ce principe, l’eau passe de 4 à 11 degrés. Les eaux usées sont ensuite amenées dans une pompe à chaleur qui augmente la température.

Ennesys développe une technolo-gie qui dépollue les eaux usées et les transforme pour en tirer de l’énergie. Une machine installée sur le toit d’un immeuble récolte les eaux usées et déchets organiques (reliefs des repas) d’un bâtiment, puis du phytoplancton (microalgues) est introduit. En fin de processus, il ressort d’un côté de l’eau propre qui peut être réintroduite dans les chasses d’eau de l’immeuble, de l’autre de la biomasse sous forme de granulats qui peut être utilisée comme du charbon pour produire de l’énergie.

Chauffage à l’ordinateurLes ordinateurs produisent de la cha-leur lorsqu’ils effectuent leur calcul. Depuis quelques années, des initia-tives de récupération et réutilisation de ces calories sont mises en place pour chauffer des logements, des bureaux, des usines, des piscines ou même des serres végétales.

À Amsterdam, l’université dispose de l’eau chaude qui provient du sys-tème de refroidissement du data cen-ter de l’opérateur Equinix. En France, à Roubaix, les cinq centres de données d’OVH, le leader français de l’héberge-ment, chauffent les bureaux de l’entre-prise, ainsi que quelques firmes voi-sines. Le data center de l’opérateur britannique Global Switch alimente également une serre tropicale dé-diée à la production des fleurs de la ville de Clichy (Hauts-de-Seine). Autre exemple : à Uitikon, en Suisse, une

piscine publique est chauffée avec un centre de données d’IBM.

À Marnes-la-Vallée, la chaleur émise par le data center voisin de la banque Natixis est récupérée pour alimenter un réseau de chauffage urbain. Il va chauffer une pépinière d’entreprise et une centaine de logements. À terme, le data center fournira 26 millions de kilowattheures par an et alimentera en chauffage et en eau chaude sanitaire 600 000 m2 de bâtiments.

Les disques durs peuvent aussi de-venir des radiateurs. Qarnot Compu-ting, une jeune start-up française, a mis au point des radiateurs qui utilisent des processeurs de calcul pour chauffer une pièce. Les convecteurs reçoivent leurs instructions via Internet. Qar-not Computing loue sa puissance de calcul à des entreprises. L’hébergeur du disque dur bénéficie d’un chauf-fage gratuit.

Des ampoules donnent le rythmeLa société AwoX propose des am-poules qui éclairent et diffusent de la musique. Philips a sorti Hue des ampoules connectées par WiFi. On peut chan-ger la couleur de l’éclairage, régler une minuterie pour réduire la puissance d’éclairage au moment d’aller au lit ou, à l’inverse, l’augmenter le matin pour vous réveiller en douceur.

Mon appartement surveille mes allers-retours Une commande du régulateur ther-mique Nest est intégrée dans des Mer-

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cedes. Lorsque l’on sélectionne l’une de ses adresses où se trouve un Nest, le compteur calcule la distance à par-courir et se met en mode confort dès que nécessaire.

Nest est un thermostat qui contrôle la température de la maison via un téléphone ou une tablette. Il détecte lorsqu’il n’y a personne à la maison et baisse la température.

Des fenêtres climatiseursLes surfaces vitrées sont l’une des prin-cipales sources de déperdition de cha-leur en hiver, tandis que l’été elles ont tôt fait de transformer un bureau ou un appartement en fournaise. Des cher-cheurs de l’université de Shanghai et de l’académie des sciences chinoise ont créé des fenêtres qui s’adaptent aux conditions extérieures. Elles régulent la lumière du soleil et la chaleur tout en gardant les vitres transparentes. Ces fenêtres comprennent un film incluant des particules d’oxyde de va-nadium, pris en sandwich entre deux plaques de polycarbonate. Le VO2 est un composé chimique dont les pro-

priétés se modifient en fonction de la température. En dessous de 68 °C, le matériau est isolant et transparent à la lumière infrarouge, mais au-dessus de 68 °C, il devient conducteur et réfléchit la lumière infrarouge.

Dépenser de l’énergie pour en produireLe vélo nommé « Green Revolution » convertit les coups de pédale en cou-rant électrique de douze volts, et ce, par l’intermédiaire de capteurs et d’un générateur se trouvant au pied de l’appareil. Selon le constructeur, Jay Whelan, si chaque vélo tourne quatre heures par jour, il serait pos-sible de produire 300 kilowatts par mois d’électricité, soit l’équivalent de la consommation en énergie d’une maison pendant six mois.

Adam Boesel, propriétaire de la salle de gym Green Microgym produit de l’électricité grâce aux vélos et tapis roulants de sa salle de sport.

Nagasundaram Saravanan a com-biné deux appareils en un seul pour créer une machine à laver qui ne fonc-

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tionne pas à l’électricité, mais grâce à l’énergie humaine. Cette machine dont le tambour est relié à un vélo permet de laver son linge de façon économe tout en brulant des calories. Le designer Rochus Jacob a imaginé la Murakami chair. Ce rocking-chair ré-cupère l’électricité produite par le ba-lancement pour alimenter une lampe. Des nanodynamos intégrées dans les pantins sont actionnées par le mouve-ment. La chaise est munie d’une bat-terie qui se recharge.

Se chauffer à la pailleDes chercheurs japonais de l’uni-versité de Waseda ont construit une maison qui se chauffe à la paille. Des boîtes acryliques remplacent des pan-neaux de la façade. Dans ces boîtes, de la paille est enfermée. Lorsque la paille pourrit, elle produit de la cha-leur qui chauffe la maison. La paille doit être changée plusieurs fois par année et enlevée en été.

Des immeubles dans le ventDemain, même les gratte-ciel se-ront-ils écolos ? Un immeuble poilu doit être construit à Stockholm, Suède, par le cabinet Bel-tachew Arkitekte. Quand des fines tiges aux propriétés piézoélectriques bougent dans le vent, elles génèrent de l’électricité. On espère qu’ils ont prévu les poules Quies pour diminuer le bruit. Le studio d’architecture ARXX a conçu les Gullwing Twin Wind Towers en construction à Dubaï. Des milliers d’éoliennes sur la façade les rendent

autosuffisantes en énergie. La Strata tower à Londres a sur son toit trois grandes éoliennes qui pro-duisent 8 % des besoins en énergie de la tour.

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FUTUROMAG JUILLET 2032PARTITION MÉNAGÈRE

Comme chaque soir, en ren-trant chez elle, Amélie s’installe

confortablement dans le canapé, enfile son casque de commande et, tel un chef d’orchestre, commande le dé-marrage de ses appareils d’intérieurs.

— Chaudière... Augmenter la tempé-rature de l’appartement. — Congélateur... Décongeler bar-quette de brandade de morue — Frigidaire... Envoyer commande de produits manquants.— Aspirateur... Nettoyer la chambre à coucher — Musique... Diffuser la troisième déconcertante en raz de sol mineur de la Star Accadémie. — Chien... Venir lécher la main de sa maîtresse. — Diffuseur de croquettes... Remplir la gamelle du chien.

— Assistant service... Apporter un grand verre d’eau pétillante. — Vitres... Filtrer les rayons solaires.— Téléphone… Supprimer les mes-sages inutiles.— Arrosage... Vérifier l’humidité de la terre des plantes et arroser si besoin.— Télévision… Donner informa-tions sur la guerre des dauphins.— Tensiomètre… Prendre ma ten-sion et contacter médecin si besoin.— Robot... Masser mes pieds.— Assistant communication… En-voyer message d’amour à Martin.

Attention, attention, attention... Vous avez une réponse de l’assistant communication : « Martin a coupé le fil virtuel qui vous lie à lui. Il en a eu assez d’être tous les jours la dernière roue de votre programmation. »

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Demain, les robots ménagers se chargeront en transformant les déchets ménagers en énergie. Demain, on imprimera un robot pour qu’il monte nos meubles pendant notre absence.

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LE ROBOLUTION

FRITZ LE ROBOTDE SERVICE

Ludvico n’a pas hésité. Il a opté pour l’appartement Robu-lation qui, comme son nom l’indique, est un paradis pour robot. Depuis tout petit, il adore les robots. Étant franco-japonais, il aime tant les robots anthropomorphistes des Nippons que les robots plus fonctionnels des Français. Quand il rentre chez lui, il adore entendre cette agitation

des robots qui se rangent dans les placards. Grâce à ces robots ménagers, son appartement est nickel. Les uns ont rangé, les autres ont aspiré, net-toyé les vitres, ou encore ont monté les meubles livrés dans la journée. Il ne manque jamais de saluer Fritz qui affi che un sourire robotique du plus bel eff et.

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Fritz est son bébé. Pour le faire naître, il a téléchargé les plans puis les a modifi és avant d’utiliser une imprimante 3D pour obtenir les pièces. Fritz est désormais son majordome. Très effi cace, il ouvre la porte et répond à ses demandes. Il suffi t de lui dire : « Cinéma » pour qu’il se transforme en robot projecteur d’images.

Attentif, le robot tente de comprendre ses désirs en captant la tempé-rature de son visage. Souvent le robot se heurte à la complexité humaine. Interprétant son désir de décompresser, il lui apporte un whisky alors qu’il rêve d’écouter une symphonie de Malher, un somnifère alors qu’il aimerait regarder ses poissons rouges se promener dans l’appartement.

Sur les plans, son Fritz avait la garantie « test de Turing ». Ce n’est pas vraiment le cas. Il n’arrive jamais à oublier plus de deux minutes que Fritz a une intelligence artifi cielle et que les 0 et 1 de sa calebasse sont traités par des algorithmes. Qu’importe, il apprécie les services que lui rend Fritz. Il est toujours à l’écoute. Par exemple, il ne manque jamais d’apporter sa gamelle à son compagnon à quatre pattes.

Ludovico va maintenant lui fabriquer un frère qu’il off rira à sa mère. Un robot peut l’aider dans certaines tâches. Il craint juste que ne com-blant pas son besoin d’échanges, la présence de cet humanoïde amplifi e sa sensation de solitude.

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DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

A contrario de la robotique indus-trielle, la robotique dite de service est naissante. Selon l’International Fede-ration of Robotics (IFR) et la Commis-sion européenne, le marché, estimé à 17 milliards d’euros en 2013, atteindra 100 milliards d’euros dès 2018, .

Quelques robots, aujourd’hui dans les cartons des chercheurs, évolue-ront demain dans nos logements.

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Les robots mangent les déchetsLe robot le plus vendu est un robot aspirateur. Il est tout rond, ressemble à une grosse puce à roulettes, fonctionne de façon autonome et s’appelle Roomba. Commercialisé depuis 2002 par la société iRobot, il fait d’ores et déjà le bonheur domestique de 5 à 6 millions de foyers dans le monde. Il possède un détecteur de choc frontal pour éviter les meubles et autres objets, ainsi que quatre capteurs spéciaux pour lui éviter la chute dans les escaliers.

Kyuho Song a crée Bio Clean qui fonctionne avec des déchets biodé-gradables qui proviennent de la cui-sine. De forme similaire aux Roomba, il possède, outre l’espace prévu pour accueillir la poussière, un écran LCD à interface tactile permettant de le contrôler et un réservoir pour accueillir les déchets biodégradables. Pour l’ali-menter, il suffit de le charger avec les déchets et l’appareil les convertit en biocarburant.

C’est le robot qui s’occupe du chat et des enfantsUne startup coréenne pense aux ani-maux de compagnie. Un robot leur sert le dîner en l’absence du propriétaire.

En plus grâce à une caméra installée sur le robot, ce dernier peut discuter avec son quatre pattes pendant qu’il prend son repas.

Le premier robot de compagnie a été Aido. Ce petit chien robot a vu le jour en 1999 après des années de recherche. Depuis, ils se multiplient.

Dans la chambre des enfants, c’est Ariell, 1m65, 30 kilos qui est au boulot. Il lit des histoires, les aide à faire leurs devoirs, joue avec eux. Le père d’Ariell est la société Cybedroïd.

Avec ses 80 cm, Nao d’Aldebaran Robotics est trop petit pour ouvrir des portes ou exécuter des tâches à la mai-son, mais il peut faire la conversation ou apprendre les tables aux enfants. En France, 150 lycées apprennent grâce à lui la programmation de façon ludique.

Le robot coréen Attise se positionne comme un assistant de parents. Il ap-prend l’orthographe ou encore l’anglais aux enfants de 5 à 8 ans. Grâce à une caméra intégrée dans ses entrailles, les parents peuvent surveiller à distance leurs trésors.

Le Ninebot de Big Robots peut être envoyé faire les courses depuis un Smartphone.

Le PaPeRo est l’invention du groupe informatique japonais NEC. Ce robot vient en aide aux personnes âgées en effectuant des tâches du quotidien : mesure de la tension, rappels de prises de médicaments, etc. Il est équipé de caméras, de microphones et de cap-teurs ultrasons qui lui permettent de détecter une présence même dans l’obscurité.

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L’aquarium se promène dans l’appartementLe studio Diip a créé un robot pour promener les aquariums dans l’appartement. Il permet au poisson rouge de voir du paysage et donc de moins tourner en rond dans son bocal !

Un robot au goulotHonda, célèbre constructeur japo-nais, ne s’intéresse pas seulement aux quatre roues. Le fabricant développe depuis des années un robot à l’allure d’un astronaute : Asimo.L’androïde sait ouvrir une bouteille, verser une boisson dans un verre ou encore sauter à cloche-pied. Dans le futur, Asimo viendra en aide aux per-sonnes en difficulté. Il effectuera à leur place des tâches quotidiennes difficiles ou dangereuses.

Analyse robotiqueLe personnel de maison ne sera un

jour plus nécessaire, à en croire les récents développements réalisés par l’Université Cornell dans le domaine de la robotique. Des chercheurs ont mis au point un robot capable d’anti-ciper les actions des humains pour les assister dans leur vie quotidienne. Un algorithme calcule au fur et à mesure la probabilité des futures actions.Si l’usager prend une casserole, le ro-bot observe le déplacement des mains et en déduit la prochaine étape. Va-t-il simplement déplacer cet ustensile ou bien le ranger dans le réfrigéra-teur ? Au fur et à mesure des actions de l’usager, le robot affine son analyse et intervient.

Mon robot monte les meubles Ikéa

Ross Knepper, chercheur américain du Massachusetts Institute of Tech-nology a développé deux robots Kuka youBots qui assemblent les pièces d’un meuble IKEA.Les deux robots travaillent avec un raisonnement géométrique qui leur permet de déterminer où doit aller chaque pièce. Ils construisent sans savoir comment doit être le résultat final, procédant par logique au fur et à mesure. Les chercheurs du MIT veulent développer leur concept et permettre aux robots de monter toutes sortes de meubles pour les particuliers.

Un robot de projectionPierre Lebeau a mis au point Keecker, un robot qui se déplace dans l’appar-tement pour projeter les films et les

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appels vidéo ou encore les jeux vidéo. Keecker est équipé d’une caméra 360 degrés, d’enceintes et d’un rétroprojec-teur. Avec sa forme ovale et sa petite taille (60 centimètres), Keecker rappelle le célèbre R2D2 de la saga Star Wars.Au fil du progrès de ces robots, des relations intimes avec leurs proprié-taires existeront.

LES ROBOTS SERONT-ILS UN JOUR CAPABLES D’AIMER ?La présence des robots chez nous oblige à se poser la question.Alors que la majorité des chercheurs en robotique s’échine à développer l’intelligence artificielle et les capaci-tés motrices des robots, afin que ces derniers soient utiles aux humains, cer-tains scientifiques s’intéressent à des domaines plus inattendus. C’est le cas de Hooman Samani, un chercheur en

intelligence artificielle de l’université nationale de Singapour qui s’intéresse à la relation entre les humains et les robots. Son objectif étant d’enseigner le sentiment amoureux chez le robot, il a baptisé son champ de recherche « lo-votics », contraction de love (amour) et de robotics (robotique).Le chercheur souhaite que le robot devienne un participant actif dans le processus de communication et qu’il ajuste ses états affectifs en fonction de ses enregistrements et des réactions de l’humain. Le dispositif repose sur des capteurs. Ils déduiront ses émo-tions et son état d’esprit à partir d’ex-pressions du visage, de l’intonation de la voix, de la pression artérielle, de la température corporelle ou encore de la gestuelle.

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FUTUROMAG JUILLET 2032 J’AI ÉPOUSÉ MON FRIGO

Une femme a demandé l’auto-risation d’épouser son réfrigéra-teur. Cette requête repose tant la question de la personnifica-tion des objets intelligents que celle des relations intimes entre robots et humains.

Quand François Loutin, le maire de Chienville, a reçu la lettre

de Madame F. il a cru à une plaisan-terie. On le comprend aisément. Ma-dame F. lui demandait pas moins que de la marier avec son réfrigérateur. François Loutin est maire depuis plus de 25 ans et est connu pour faire preuve d’ouverture d’esprit en ma-tière de mariage. Après avoir contri-bué au mariage des homosexuels, il plaide en faveur des mariages d’ava-tars évoluant dans les univers vir-tuels. Il considère que ses créatures électroniques sont animées par des hommes et des femmes susceptibles s’aimer. Pour lui, la rencontre des es-

prits peut parfois supplanter celle des corps. Pour autant, il n’est pas prêt à accepter toutes les extravagances de l’humain. — La demande le réfrigéra comme au demeurant, toutes celles nom-breuses, d’épouser un robot, dit-il. Intrigué, François Loutin a reçu Madame F. Cette mère célibataire de deux enfants lui a expliqué que, chez elle, son réfrigérateur règne en seigneur et maître. Relié au Net, il propose des menus, effectue des commandes des ingrédients nécessaires et se connecte à la banque pour régler les factures. Les aliments étant dotés de puces RFID, il déclenche une alarme lorsque ses gamins volent un pro-duit défendu. Il lui rappelle chaque jour ce qu’elle a à faire et la hous-pille quand elle n’a pas effectué une tâche. Il peut aussi certains jours lui dire des mots gentils. Il n’y a donc pas une grande différence avec un mari traditionnel. La seule à ses yeux est que son réfrigérateur est toujours d’égale humeur et qu’il sert les bières au lieu de les boire. Si Madame F a franchi un pas qui l’éloigne de la normalité, cette de-mande pose le problème de la per-sonnification outrancière des objets que le professeur Stack connaît bien : - À force de leur donner la parole aux objets, de s’en référer à eux pour une série de choses quotidiennes, de les considerer comme intelligents, on finit par les penser humains, voire même doués de raison. »

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David Levy, un chercheur britan-nique en intelligence artificielle, qui en 2008 a été à l’initiative du livre «˜Amour et sexualité avec les robots˜»comprend parfaitement la demande de Madame F : «˜La première chose qui pousse les gens à tomber amoureux sont les similarités avec leur person-nalité et leur savoir. Cette adéquation étant programmable, le réfrigérateur peut l’intégrer. L’autre raison du coup de foudre est la ressemblance. Comme les réfrigérateurs ont un design program-mable, elle l’a certainement dessiné à son image˜». Il ajoute : «˜En 2008, je me basais sur l’observation de notre fascination pour les animaux virtuels, des Tamagotchis aux Aïbo, et sur celle de nos pratiques sexuelles pour affirmer que l’amour et le sexe avec un robot sont une extension inévitable de nos idées, sentiments et actions quotidiennes. La question était alors non pas de savoir si cela allait arriver, mais quand. Mainte-nant que c’est chose faite, la question est de savoir quand la société va l’accepter et comment cette sexualité va transformer la famille. » Cette transformation inquiète le professeur Stack : — Comme l’on n’arrête ni le pro-grès ni la bêtise humaine, on peut s’attendre à ce que demain des émules de Madame F. demandent l’insémination artificielle de leur réfrigérateur !

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Demain, on habitera avec des inconnus et on partagera sa vie avec des proches lointains. Demain, tous les murs auront des oreilles. Ils illustreront nos propos en a ̨ chant des images ou des ÿ lms.

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LE TÉLÉPARTEMENT

PROXI-MITE

LOINTAINE

Maria et ses fi ls Luis et Milan vivent au Télépar-tement. Son mari Juan habite en banlieue de Sidney. La distance n’empêche pas que la famille d’être très soudée. Tous les jours, John utilise l’holographie pour aider ses enfants à faire ses devoirs ou partager les repas.

Le mur de téléprésence a transformé l’appartement en deux parties : l’une à Paris, l’autre en Australie.

La famille utilise toutes les technologies que pour cette relation à dis-tance soit la plus humaine possible. Dans la pièce centrale, une lumière indique à Maria et aux garçons que leur père est rentré chez lui. Ils peuvent alors le contacter.

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Juan a vue sur les Montagnes bleues. Depuis peu, les autres membres de sa famille aussi. Grâce à des fenêtres, tous peuvent voir et entendre ce que l’autre perçoit dans le réel : la vie à la campagne pour Juan, l’entrée du marché Daguerre pour le reste de sa famille. Souvent Maria ouvre la fenêtre virtuelle pour entendre le chant des oiseaux et le bruissement des arbres de la campagne de son mari. En revanche, Luis se sent plus proche des siens quand il est bercé par les harangues des marchands. Juan a off ert à Maria un vasodoo. Quand il achète des fl eurs à Sidney, elles sont reproduites virtuellement dans un vase parisien :— J’aime les fl eurs virtuelles, dit Maria. Elles sont fragiles et fanent comme celles qui poussent en terre. Quant à Maria, elle a acheté des coussécrans qui permettent de dormir joue contre joue avec son mari.

Dans chaque appartement, les murs sont des zémoposters. Ils captent la discussion et affi chent des photos. C’est ainsi que lorsqu’ils parlent de vacances, ils se revoient nager dans la piscine de la mère de Juan.

Juan vient régulièrement à Paris et encore plus depuis que Milan a dit à la psychologue : — Papa, ce n’est pas que je ne l’aime pas, c’est juste que je ne peux pas le sentir. Comme il ne me touche jamais, j’ai l’impression qu’il n’a pas de cœur. Maria et Juan sont contents que la technologie les aide de vivre une agréable proximité lointaine :— Le dispositif nous rapproche, dit Juan. — Sans doute, parce qu’elle est humaine, en ayant comme nous autres, souvent des faiblesses, ajoute Maria en évoquant les visites régulières d’hommes et de femmes virtuels désirant monnayer leurs corps holo-graphiques !

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Internet abolit de plus en plus les frontières de l’amour. On peut se rencontrer et commencer à s’aimer à distance. Et pourquoi ne pas conti-nuer par la suite de manière plus ou moins provisoire ? Dans ce cas, ces couples apprécie-ront les dispositifs favorisant le rap-prochement.

Dans les cas de séparation, les tech-nologies peuvent permettre la pré-sence de l’autre parent. Elles sont aussi un moyen de rompre la soli-tude du nombre grandissant de per-

sonnes qui vivent seules. En Suède, 47 % des ménages ont un seul occu-pant (40% en Norvège, 36 % en Alle-magne et au Royaume-Uni, 34% en France ). La recherche démographique montre que le nombre de ménages d’une personne est en croissance constante aussi dans les pays comme la Chine et l’Inde.Si de nombreuses solutions favori-sant le rapprochement de personnes distantes existent, il faudra attendre quelques années pour qu’elles soient accessibles au grand public.

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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Ici et là-bas, l’hologramme

L’holographie (du grec holos qui signi-fie entier et graphein écrire) est un procédé photographique en relief qui reconstruit dans l’espace un objet en trois dimensions.Le principe de l’holographie a été dé-couvert par Dennis Gabor en 1948. Longtemps restée une curiosité de la-boratoire, l’holographie a connu un regain d’intérêt en étant utilisée par des artistes et politiques. L’une des utilisations les plus célèbres concerne l’apparition en concert de chanteurs défunts ou absents le jour de la représentation. Tupac, le rap-peur décédé en 1996 est apparu sous forme d’un hologramme » lors du fes-tival Coachella 2012 en Californie.La rock star Yoshiki, leader d’un groupe de métal nommé X Japan se présente sur scène accompagnée de son propre hologramme. Dans l’impossibilité de se rendre à un meeting à Izmir, à plusieurs cen-taines de kilomètres au sud d’Istanbul,

le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a prononcé un discours par hologramme interposé. Des entreprises utilisent aussi ce prin-cipe pour leur communicationLa société américaine Tensatour équipe plusieurs aéroports en « holo-grammes d’accueil ». Ces personnages virtuels expliquent aux voyageurs les règles de sécurité.

Les conférences au pied du murLe mur de téléprésence est un sys-tème établissant un lien de visioconfé-rence entre deux sites. À la différence d’un système de visioconférence clas-sique, le mur de téléprésence donne l’illusion à ses utilisateurs d’être face à face et de sentir la présence de l’un et l’autre. Un judicieux jeu de miroir permet de regarder son interlocuteur distant dans les yeux. Le mur offre en plus une excellente spatialisation sonore.

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Les écrans s’assouplissent

La diode électroluminescente orga-nique (DELO et OLED) est une techno-logie d’affichage qui permet à l’écran d’être souple. Brevetée par Kodak en 1987, elle est basée sur l’utilisation de trois diodes juxtaposées (bleue, rouge et verte) dont l’épaisseur ne dépasse pas un millimètre. La spécificité de ces diodes est d’émettre leur propre lumière lorsqu’elles sont alimentées par un courant électrique. Contrairement aux affichages sur les écrans à cris-taux liquides, la technologie OLED ne nécessite pas de rétroéclairage. Cette spécificité économise de l’énergie, di-minue l’encombrement et autorise la flexibilité des écrans. Ces écrans OLED ont aussi leurs li-mites. Leur durée de vie est limitée. Les semi-conducteurs organiques sont très sensibles à l’humidité.

Des vitres-écransSamsung, Philipps et de nombreux autres travaillent sur la transforma-tion des vitres en écran. On tire un

store virtuel et chaque vitre devient un écran.

Un vase à télétransporter des fleursLe vase Flora ou Digital Flower est un vase imaginé par le designer japonais Yoshiki Matsuyama. Deux vases sont connectés. Dans le premier, des vraies fleurs sont posées et scannées en 3D. Elles sont projetées en hologramme dans le second. L’image de la fleur persiste tant que l’originale est dans le premier vase. Demain, on espère pouvoir sentir le parfum de la fleur envoyée.

Une lampe de rapprochement La Good Night Lamp est un projet développé par des designers anglais pour communiquer avec ses proches. On branche la lampe principale chez soi et on distribue ses petites soeurs connectées à ses proches. Lorsque vous allumez votre exemplaire, toutes les petites répliques s’illuminent en coeur, signalant votre présence à l’autre bout du monde.

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FUTUROMAG JUILLET 2035DEVINE QUI CUISINE CE SOIR ! Sam aime son papa et sa ma-man. Comme des milliers d’autres enfants dont les parents séparés et habitent à plusieurs milliers de kilomètres l’un de l’autre, ce garçon de huit ans est en garde virtuelle alternée. Il est content de son sort, mais rêve que son père arrête de lui imprimer des repas de qualité médiocre.

Les parents de Sam sont séparés de 8 000 kilomètres. Depuis six

mois, ses parents pratiquent la garde virtuelle alternée. Sam trouve que c’est la meilleure solution, même si elle n’est pas sans défauts : — C’est le juge qui a décidé la garde virtuelle alternée. Je trouve cela bien, mais j’aime mieux quand c’est la semaine de maman. Ce n’est pas que j’aime moins mon papa, mais quand il fait les devoirs, il râle toujours.

C’est normal. À cause du décalage horaire, il doit se réveiller au milieu de la nuit pour s’occuper de moi. Le principal problème pour lui, c’est la nourriture : — Le pire du pire, c’est quand il me fait à manger. À l’heure des repas, il programme une fabrikliment* qui m’imprime mon déjeuner ou mon dîner. C’est vraiment imman-geable. J’ai l’impression de manger du plastique pourri. Aujourd’hui, j’ai fait goûter à maman. Elle a fait la grimace. Elle m’a dit que je devais en parler avec Papa, parce que le juge dit qu’il doit s’occuper de mes repas. Papa, il m’a dit que cela avait l’air bon et que je ne devais pas faire le difficile, car le fabrikliment lui a coûté un bras. Sauf que mon père est vraiment tout petit bras ! Sa machine est pourrie, tout ce qu’elle imprime est gluant ! Bien entendu, Sam a trouvé la solu-tion à son problème qui n’est pas moins qu’une cuisine robotisée. — Pablo, lui au moins il y a de la chance. Son père a investi dans une cuisine clonée. Quand il fait la cui-sine, le robot reproduit les mêmes gestes. Les hamburgers de Pablo, c’est aussi bon que la cuisine de maman ! Je n’ai vraiment pas de chance. Enfin si parfois. Hier, il y a eu une grosse tempête là où vit mon père. Comme il n’a pas pu programmer l’impri-mante alimentaire, il m’a commandé une pizza. Ces pannes fréquentes ont donné des idées au garçon. — Oui, j’ai pensé qu’il pouvait aussi

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avoir des pannes ici. Alors, parfois, je coupe tout et je dis que c’est les plombs de l’immeuble qui ont sauté. Enfin, c’est juste parfois quand j’en ai assez qu’il me surveille en perma-nence avec sa caméra. Avec maman, au moins, je peux aller dans ma chambre et faire ce que je veux. Elle est là, mais j’ai un peu plus la paix.

* Fabrikliment : Imprimante alimen-taire.

FUTUROMAG MARS 2032SCÈNES DE FIN

Les juges aux affaires matri-moniales en ont assez de

devoir visionner des heures de scènes de ménage.« Depuis quelques années, un nombre grandissant de couples enre-gistrent leur vie quotidienne. Les caméras installées dans les miroirs, vitres et autres objets facilitent l’opé-ration. Lors de la séparation, les avo-cats nous fournissent un montage vidéo qui peut atteindre plusieurs heures, » dit le juge Bernard en ra-contant que dernièrement un avocat lui avait transmis un disque compre-nant 43 heures de scènes de ménage d’un couple ! Les juges demandent que ces mon-tages soient limités à 20 minutes.

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Demain, on ajoutera ou supprimera une pièce à nos logements en un clin d’oeil. Nos appar-tements s’adapteront aux évolutions de nos familles.

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LE MODULAIRE

MOUVE-MENTS

DE TERRAIN

Le modulaire est un appartement de 350 m2. En y entrant, la première impression est que cela fourmille de vie. — Qui habite ici ? demande-t-on.En réponse à notre question, Adam affi che un sourire amusé. — Aujourd’hui des enfants, des adultes, des séniors, des

blancs, blacks, beurs, des bobos, costauds, intellos, rigolos… Demain, sans doute toujours des personnes qui ont envie de partager un appartement et de travailler ensemble sur des projets solidaires. Au modulaire, c’est tous les jours les grands travaux. L’appartement est en permanente transformation. Les occupants déplacent les cloisons, uti-

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lisent l’imprimante 3D ou des briques en béton allégé pour construire de nouveaux espaces. Quand c’est la crise du logement, ils accrochent une pièce supplémentaire à la façade. — Quand on habite ici, on ne peut plus imaginer qu’hier les murs étaient fi xes et qu’il fallait faire d’importants travaux pour les déplacer, dit Maria. Là, en quelques heures, tout l’appartement est agrandi, dimi-nué, transformé. — Le modulaire répond aux besoins de ceux qui ont une culture du partage, ajoute Adam. C’est diffi cile d’échanger lorsqu’on est au pied du mur !Cette culture du partage n’empêche pas un besoin de se retrouver seul, en couple ou en famille. Ces espaces privés sont alors aménagés en fonc-tion des diverses personnalités. Au modulaire, chacun a sa marotte. Les technos chaussent des lunettes de réalité augmentée et regardent comment les meubles du catalogue s’adaptent à la pièce. Les recycleurs récupèrent ou échangent des meubles. Quand aux bricoleurs, ils téléchargent des plans de meubles en open source, les personnalisent avant de les imprimer. Quand il faut les mon-ter, bien souvent il frappe à la porte du Robulation pour leur emprunter les robots de construction. Si les espaces changent régulièrement, les habitants du modulaire n’ont pas pour autant l’impression d’avoir le tournis : — Tout mouvement, de quelque nature qu’il soit est créateur. Ces chan-gements nous incitent juste à être plus créatifs, dit Maria. — Ici, on vit la théorie du chaos qui stipule qu’un désordre génère un ordre de qualité supérieure. Le préalable pour que le mécanisme opère est qu’il y ait de la souplesse dans l’organisation. La possibilité de pousser les murs le permet, dit Adam en pensant qu’ils sont en train de vivre les prémices d’un vivre chez soi plus heureux et aventureux.

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Lieu d’intimité, l’habitat est aussi le reflet d’une société. Il suit les besoins, les comportements, les aspirations, l’histoire de ceux qu’il abrite. Son organisation interne traduit la structure familiale, la ré-partition du travail domestique, la part accordée aux diverses activités, mais aussi des représentations sym-boliques. De ce fait, le découpage des espaces et la fonction des pièces varient au cours du temps.

Avant-hier, les espaces étaient confi-nés. Demain, les appartements seront modulables. Notre maison ou appar-tement sera flexible. Les parois qui sé-parent les espaces pourront être dépla-cées en fonction des besoins. Marre du salon orienté nord-est ? On le permute avec la cuisine en changeant l’ordre des modules. On ne bouge plus que les meubles, mais aussi les pièces au gré des envies et de l’évolution de la famille.

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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Modul’hier

Ce souhait de modularité date de la nuit des temps.

En 1914, Lecorbusier conçoit le sys-tème Dom-Ino. Une structure porteuse avec planchers et escaliers fixes et à plan libre permet de combiner à loi-sir les pièces d’habitation. Le célèbre architecte-urbaniste imagine la maison comme une « machine à habiter », pré-conisant le recours à la préfabrication mécanisée, censée optimiser l’espace

et réduire délais et coûts de construc-tion.

Au milieu des années quatre-vingt, des entreprises géantes produiront en masse des modules d’habitation bon marché, en plastique injecté. Ces maisons disposeront de systèmes de conditionnement d’air si parfaits que les germes pathogènes eux-mêmes seront éliminés. Elles seront anti-feu, anti-tremblements de terre, anti-oura-gans et anti-radiations atomiques. Et bien sûr, elles pourront être transfor-mées en permanence pour s’adapter aux besoins changeants des familles. Probes of futur 1966

La modularité, une exigence actuelle« La modularité est le signe de l’évolu-tion de la cellule familiale qui est moins

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figée que les générations précédentes : familles recomposées, travail à domi-cile aujourd’hui, l’habitat doit s’adapter à ces nouvelles problématiques », dit l’architecte toulousain Philippe Gon-çalves.

Des projections statistiques montrent qu’en 2030, la part des ménages de plus de deux personnes ne sera plus que de 25 %. La majorité des ménages sera alors composée soit d’une personne seule (41 %), soit de deux personnes (35 %). Ces change-ments induisent de réels questionne-ments par rapport au parc immobilier existant, qu’il s’agira de transformer ou de remplacer. Il faudra prendre en compte la demande croissante de constructions modulaires.

Une pièce sac à dosL’artiste Stefan Eberstadt a imaginé une pièce sac à dos (Rucksack). Cette pièce additionnelle est suspendue à une façade. De dimensions : 2.50 m X 2.50 m, cette boîte perforée par des fenêtres et des lucarnes, est accrochée par des câbles. Quand les propriétaires décident de déménager, ils peuvent l’emporter et l’accrocher à leur nou-velle façade.

Des appartements legoLe projet Swiss¬woodhouse est un ha-bitat modulaire collectif conçu par le bureau d’architectes Bauart Architectes et Urbanistes SA. L’idée de Swisswoodhouse est d’offrir une grande modularité des apparte-ments. La structure de base est un module

de 22 m2 préfabriqué en bois. Il peut être affecté à divers types d’espaces tels que hall, cuisine et coin-repas, salle à manger familiale, living, chambre avec sanitaire, chambre avec dres-sing, bureau, espace de jeux, loggia, etc. En fonction de ces éléments, les usagers conçoivent le plan de leur futur appartement, en agrégeant le nombre de modules désirés. Ils peuvent aussi modifier certains éléments intérieurs de manière plus aisée que dans une construction traditionnelle.

De l’appartement au canapé convertibleLa modularité ne concerne pas que les lieux, les meubles et les objets s’adaptent aussi à ces nouveaux modes de vie. Bibliothèque, chaise, canapés, et autres objets peuvent avoir plusieurs usages.

Le canapé Compos’it du designer Matali Crasset illustre bien cette ten-dance. Les assises sont transformées en espaces de convivialité et adoptent des structures modulaires. « L’objet peut avoir des temporalités diffé-rentes, plusieurs scénarii de vie, », explique la designer.

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Demain, les futurs propriétaires utiliseront des déchets pour imprimer leur maison. Demain, on vivra en grand dans des es-paces mobiles de 10m2.

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L’ÉPHÉMÈRE

CONSTRUCTION À DURÉE LIMITÉE

John nous amène dans l’espace dédiée aux éphémères afi n que nous rencontrions quelques adeptes de ce mode de vie. Adam et Faive sont des nomades constructeurs de mini-mai-sons open source.— Dans notre enfance, nous avons vécu dans des cubes de béton qui faisaient se superposer des appartements identiques.

Nous nous voulons plus habiter dans la maison d’un autre, explique Faive. Quand le couple se promène, ils scannent avec leur smartphone des espaces habitables qu’ils trouvent dignes d’intérêt. Ces informations sont entrées dans une base de données et traitées par un algorithme de goût. Ils obtiennent alors des plans open source d’une maison à construire. Ils les modifi ent et les donnent à l’imprimante 3D qui imprime les pièces.

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Comme souvent aujourd’hui dans les villes le terrain disponible n’a que quelques mètres carrés, l’ordinateur propose des constructions originales qui se glissent harmonieusement dans des espaces insolites. — Ce mode de production a l’ultime avantage de permettre des construc-tions à durée limitée, explique Faive. Tous les matériaux utilisés sont bien entendu recyclables à 100 %. Quant à Luis, c’est un adepte des micro-maisons. — J’aime vivre dans 10m2. Cela m’aide à ne pas me disperser et surtout à me recentrer sur mes essentiels. Il faut néanmoins que le concepteur ait pensé l’espace avec intelligence et subtilité. — Je préfère les mini-maisons qui sont construites à partir de matériaux recyclés. Les concepteurs fabriquent toujours des produits uniques, donc pensés dans le détail, dit-il. Maryse est aussi une adepte de l’éphémère, mais d’un autre type. Elle préfère habiter de façon provisoire dans des appartements construits pour durer : — J’aime le confort, mais pas la routine. Je vis dans des appartements dis-ponibles pendant trois jours ou six mois. Je pose mes valises, j’ouvre ma panoplie numérique et je suis chez moi, dit-elle en expliquant qu’elle a opté pour ce mode d’habiter pour ne pas vivre le cauchemar de ses parents.

Pendant des dizaines d’années, ils se sont empêchés de vivre pour avoir un jour un logement à eux. Quand ils l’ont eu, ils se sont aperçus qu’ils ne se supportaient plus. Ils l’ont revendu pour vivre chacun de son côté.— Nous devons apprendre que le bien habiter se conjugue au présent et non au plus-que-parfait du futur subjectif, dit Maryse en affi chant sur son visage un inconditionnel sourire plus que parfait.

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Dans les villes, le foncier acces-sible se raréfie, il faut donc faire preuve de créativité pour le trou-ver. On construit sur le toit, dans des espaces insolites. Les modes de construction totalement revisités.

Bâtir entre les lignesLes uns partent à la conquête des

toits des villes.Le foncier aérien constitue un espace urbain à conquérir. L’atelier Cantal-Dupart a étudié 12 rues de Paris. L’étude montre qu’il y a, dans ces rues,

une réserve ou une capacité foncière aérienne d’environ 466 650 m² en res-pectant les plafonds fixés par l’actuel PLU. Les architectes concluent qu’avec des principes constructifs innovants, le foncier aérien peut densifier la ville sans la défigurer.

Les autres explorent le foncier jugé hier inexploitable.L’architecte polonais Jakub Szczes-ny de l’agence Centrala a construit à Varsovie une maison d’1,33 mètre de large et 12 de long.Une chambre, un séjour, une salle de

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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bain et une cuisine s’encastrent dans ce petit habitacle. La maison est trans-formable. Un escalier s’aplatit en po-sition haute et devient des marches régulières en position basse. Le sys-tème d’eau et d’évacuation des eaux usées est indépendant de celui de la ville. Il est inspiré de ceux que l’on trouve sur les bateaux.

Un tournevis pour construire une maison recyclable Multipod Studio a imaginé une habi-tation particulière, prête en quelques jours et entièrement recyclable, nom-mée « maison pop-up ». Constituée de matériaux légers, elle se construit en quatre jours, à l’aide d’un tourne-vis électrique. La base de la structure se compose d’une assise boisée qui recouvre des blocs de polystyrène modulaires destinés à offrir une bonne isola-

tion thermique et acoustique. Les murs extérieurs et intérieurs se fa-briquent à partir d’un cadre en bois fixé au moyen de vis galvanisées sur des blocs PSE (polystyrène expansé) légers et sur d’autres supports boisés. Une fois montée, la structure est re-couverte de panneaux de bois, puis peinte pour offrir un aspect moderne.

Viens chez moi, j’habite chez un inconnuFondée en 2008 par Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczyk, Airbnb, (Air bed and breakfast) est une pla-teforme qui met en relation des pro-priétaires d’appartements et des de-mandeurs d’un logement temporaire.Six ans plus tard, plus de 11 mil-lions de voyageurs ont profité de ces 600 000 logements lors de leurs dé-placements. Ce phénomène résulte de plusieurs changements :

•La modification de manière de voyager « Les gens ont envie de voyager de manière différente pour redécouvrir le voyage. Ils voyagent plus souvent, plus régulièrement et pour des durées moins longues. Ils ont envie de décou-vrir les destinations ou régions avec l’oeil d’un local en ayant les conseils du quartier, les bons restaurants... » dit Nicolas Ferrary, directeur France Airbnb.

•La simplicité du dispositifOn cherche, on clique, on découvre le logement et les commentaires. Les modalités de paiement sont trans-parentes. Le propriétaire comme le

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loueur ne prennent aucun risque. •Le changement culturel

Le logement est moins perçu comme un lieu intime qu’on ne peut partager qu’avec des proches. L’attrait financier élimine toutes les résistances.

La folie des tiny houseLe mouvement des tiny house est né aux États-Unis au début des an-nées 2000. Le designer, Jay Shafer, passionné par le petit habitat, créé à la fin des années 1990 sa première société spé-cialisée dans ce concept. Il forme les adeptes à construire leur tiny house. C’est ainsi qu’une communauté se crée. Le mouvement prend son envol suite à l’ouragan Katrina en 2005 et la crise immobilière des surprimes de 2008. La tiny house répond à deux problé-matiques :— Offrir un logement aux personnes qui ont perdu leur maison dans la crise financière américaine.— Diminuer l’impact négatif du loge-ment sur la nature et la vie sur terre.La tiny (minuscule en anglais) house (maison) est donc une petite maison, le plus souvent sur roues. Principale-ment réalisées en bois, les tiny house offrent en général une surface habi-table de moins de 10 min 2 s. La tiny house ressemble à une cara-vane, une roulotte, un camping-car ou un mobile-home, mais en bois. C’est donc une maison, une cabane de pê-cheur ou un mini chalet où chaque espace et recoin est optimisé au maxi-mum.

Les architectes construisent petit

On peut accorder la paternité de la maison minuscule à Le Corbusier qui en 1952 avait construit un cabanon en bois dans le sud de la France où tout était pensé pour vivre dans le mini-mum d’espace Mini Loft 36 conçu par Ecop Habitat est un habitat portable autonome en énergie. Le Mini Loft 36 a l’avantage de s’adapter à tous les environnements et à tous les budgets : il est fait sur mesure.

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Renzo Piano a créé une mini maison qui mesure 7 m2. Elle est baptisée « Diogène » en référence au philo-sophe grec de l’antiquité qui vivait dans un tonneau et préconisait une vie simple. La structure fournit un confort simple pour une personne. Elle dispose d’un salon (équipé d’un bureau escamotable et d’une chaise), d’un canapé-lit et de boîtes de ran-gement encastrées. Des toilettes sé-parées, une douche, un meuble de cuisine avec un évier intégré et un réfrigérateur viennent compléter le tout. De nombreux espaces de stoc-kage ont été intégrés (dans les murs, le toit et même le plancher). La maison est écologique et auto-suffisante : le toit est équipé de panneaux solaires, l’eau de pluie est collectée et stockée dans des conteneurs placés sous la structure.

Une maison open source Wikihouse propose de construire une maison en 24 heures à partir de plans libres de droits téléchargés sur le Net. Ces plans commandent une machine à découper les planches en bois. L’as-semblage exige un minimum de com-

pétences et d’entraînement. L’objectif de la WikiHouse est de don-ner aux citoyens un droit de construire comme l’explique l’un des fondateurs, Alastair Parvin : « Le secret de polichinelle de l’archi-tecture moderne est qu’elle est réser-vée au 1 % de la population mondiale qui peut se la permettre. Le défi qui attend la prochaine génération d’ar-chitectes sera, pour la première fois, de se tourner vers les 99 % restant, de démocratiser radicalement le mode de production de l’architecture. »

Les 10 principes du design selon les fondateurs de WikiHouse

1. « Be lazy as a fox » (soyez fai-néant) – Au lieu de chercher à ré-soudre chaque problème qui apparaît, il faut adopter les solutions trouvées par les autres (et les en remercier).

2. Choisir des matériaux et des com-posants au coût le plus faible possible, mais qui soient aussi respectueux de l’environnement, faibles en indice car-bone, recyclables ou biodégradables.

3. Dessiner les pièces de façon à ce qu’on puisse les assembler avec

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une force de travail raisonnable (2-3 personnes) et sans connaissances expertes.

4. La maison construite doit pou-voir être habitée toute l’année et être économe en énergie, qu’il s’agisse de l’eau ou de l’électricité.

5. La conception de la maison doit assurer à l’équipe de constructeurs une sécurité maximale.

6. Imaginer sa maison en faisant attention à l’environnement dans le-quel elle va être construite : climat, culture, économie, règles légales, etc.

7. Partager sa réflexion, ses plans et le concept autant que possible, c’est le principe de l’open source : tous les uti-lisateurs contribuent à l’amélioration du plan en partageant leurs avancées.

8. « Il est plus facile d’envoyer une recette par courrier que le gâteau » John Maynard Keynes

9. Penser à la vie de l’ouvrage et faire en sorte qu’il puisse être désas-

semblé, car il est plus facile et écono-mique de réparer une pièce que de remplacer l’ensemble d’une structure.

10. Concevoir pour éviter les er-reurs, c’est-à-dire dessiner les pièces de façon à ce qu’elles ne puissent pas s’assembler dans le mauvais sens ou que le sens ne soit pas important.

Des maisons imprimées Behrokh Khoshnevis, professeur à l’université de Californie du Sud, tra-vaille sur Contour Crafting, une impri-mante 3D capable de construire une maison de 225 mètres carrés en 24 h).Contour Crafting, utilise un système d’impression 3D classique, mais à plus grande échelle. Monté sur une grue en forme de portique, il est doté d’un bras articulé chargé d’imprimer la maison couche par couche. Le projet a séduit la NASA qui pourrait l’utiliser pour construire sur d’autres planètes. Les architectes du cabinet néerlandais

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DUS impriment une maison en plas-tique. Une imprimante de la taille d’un container, la « Kamermaker », crée des morceaux de mur de trois mètres de haut qui sont assemblés.Ils se donnent trois ans pour impri-mer tous les morceaux et les assem-bler comme un jeu de construction. La maison sera située au bord d’un canal d’Amsterdam.L’objectif est que cette méga-impri-mante soit transportée là où les mai-sons doivent être construites afin, d’éliminer les coûts de transport et de réaliser des constructions person-nalisées. La société britannique Monolite déve-loppe une imprimante 3D baptisée D-Shape, capable de créer des structures à partir de sable aggloméré.

La société chinoise Shanghai Win-

Sun Decoration Design Engineering Co a imprimé et assemblé en 24 heures les pièces composant une dizaine de maisons. Ces bâtiments mesurent 200 mètres carrés chacun, coûtent envi-ron 30.000 yuans, soit près de 3.500 euros.

L’imprimante 3D mesure 32 mètres de long pour 10 mètres de large et 6,6 mètres de haut. Pour imprimer, elle utilise des déchets et des surplus industriels provenant de chantiers ou d’usines désaffectées. La société prévoit de recycler de cette manière une centaine d’usines pour fabriquer d’autres maisons comme celles-ci.

La société travaille sur ce projet de-puis plusieurs années et possède 77 brevets nationaux qui y sont consa-crés.

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Demain, ce ne seront pas les pierres qui bâ-tiront une maison, mais ceux qui y vivent. Demain, même les chats ne seront pas gris.

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Demain, on croisera poules, veaux, vaches, cochons dans l’ascenseur. Demain, nos meubles et nos ap-partements pousseront. Il faudra ne pas oublier de les arroser.

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LE VERTBAT’HOME

URBAINS

DES

CHAMPS

Quand on pénètre dans l’appartement de Milena et Men-gus, on est tout de suite frappé tant son inspiration biomimétique que sa constitution en partie organique. — Nous nous défi nissons comme des urbains des champs, dit Milena. Nous pensons que la ville doit arrêter de se couper de la nature. Elle doit renouer avec elle pour

retrouver sa vitalité et son humanité. La structure de leur logement est organique. Constituée de béton croisé avec des champignons, elle évolue en permanence et modifi e les espaces de l’appartement. – Ce mouvement ne nous dérange pas, dit Mengus. Il nous semble natu-rel. Tout ce qui est vivant grandit ou dépérit. Dans notre appartement,

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rien n’est fi gé. Notre mobilier pousse comme un champignon avant de sécher et se transformer en compost. Leur appartement et le balcon sont des bouts de nature. Des plantes et des arbres ont envahi l’espace intérieur et extérieur de l’appartement. — Nous privilégions des plantes comestibles ou qui dépolluent l’atmos-phère, dit Mengus. On continue le dépaysement en croisant dans la véranda des poules, des abeilles, des poissons et même des vaches. — Grâce à l’aquoponie et les poules, nous avons créé un écosystème ver-tueux qui nous permet de transformer nos déchets en produits consom-mables, dit Milena. — Avec les vaches, les poules, les fruits et légumes de l’appartement et du toit, nous produisons 30 % de la nourriture consommée par la famille, ajoute Mengus. Enfi n, ne croyez pas que nous sommes pour autant des enverdeurs*. La nature est pour nous une phénoménale source d’inspi-ration. Nous tenons juste à vivre en phase avec elle.

*Enverdeur : intégriste de l’écologie qui agace ses proches en fustigeant leurs pratiques pas assez vertes à leurs yeux.

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La forêt sur le balconÀ Milan, dans le quartier de Por-ta Nuova Isola, des arbres ont pris de la hauteur en étant plantés dans deux tours de béton. Le Bosco Ver-ticale (« forêt verticale ») comprend 480 arbres de grande taille et 250 de petite taille. Tout l’exploit réside dans la gestion du poids des arbres et de la terre orga-nique, beaucoup plus légère que celle de nos sols. Les architectes italiens espèrent avoir trouvé une façon de réduire la pollution dans les grandes villes.On espère juste qu’ils ont prévu que

les arbres poussent et qu’il sera peut-être nécessaire de les déterrer dans quelques années.

Des poules et des vaches dans l’ascenseurEn ville comme à la campagne, la poule a de nombreux avantages. En plus de pondre des �ufs bien frais, elle picore du pain dur, du gras de viande, de la peau de poisson, des co-quilles de crustacés, des épluchures de légumes... Bref, la poule dévore à peu près tout ce que les humains dédaignent. Elle peut avaler 150 kg de déchets par an, estime le maire

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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de Pincé, une commune de la Sarthe, qui a décidé d’offrir des poules à ses riverains. Ce sont les Belges qui, les premiers, ont eu le déclic poule. En 2010, la com-mune de Moustron (52 000 habitants) a distribué deux poules à chaque foyer volontaire et signataire d’un contrat d’adoption. L’objectif était de réduire la quantité de déchets ménagers col-lectés chaque jour dans la ville. Une poule aide à faire 15 euros par an d’économies d’incinération. Depuis, l’initiative a fait des petits (poussins) en Europe et en France. Et ce mouvement ne devrait pas s’arrê-ter, car des entreprises travaillent sur la collecte des fientes et leur recyclage en engrais.

Demain, on prendra peut-être aussi l’ascenseur avec des vaches et on ira

boire sur le toit un lait frais sorti de son pis. Joaquim Rufat est le cofondateur de Téma La Vache. L’association gère trois Bretonnes qui paissent depuis trois ans à Saint-Germain-en-Laye. Les adhérents s’occupent des animaux et bénéficient de la viande à chaque abattage.

Des potagers sur le toitNew York, Chicago, Montréal ou Hong-Kong, Paris... Les potagers investissent les toits des villes. Partout, des urbains fatigués de ne pas savoir d’où vient leur nourriture reviennent à l’agriculture.

À Londres, un potager posé sur le supermarché Thornton’s Budgens l’ali-mente directement. À New York, on trouve des exploitations agricoles avec

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arbres fruitiers, ruches et poules qui poussent au faîte des gratte-ciel. Les particuliers bénéficient d’abattements fiscaux pour convertir leurs toits en roof garden.

De nombreux professionnels inves-tissent le secteur en ayant des objec-tifs qualité.

Logiquement, les chefs ont été les premiers à se lancer. « Si les tomates ont perdu tout leur goût, c’est parce qu’on les a rendues plus résistantes au transport au détriment de leurs quali-tés gustatives. Cultiver ses fruits et lé-gumes localement, c’est aussi revenir à de meilleurs produits. Même chose pour les aromates, qui résistent très peu au transport », explique Nicolas Bel, créateur de la start-up Topagers.

Les poissons et les salades sont dans le même bocalAquaponie est un néologisme compo-sé à partir d’aquaculture (production animale ou végétale en milieu aqua-tique) et d’hydroponie (culture de plantes hors-sol). L’aquaponie est la combinaison de la culture de légumes et fruits avec l’élevage de poissons. Pratiquées de manière classique, ces deux productions présentent de gros inconvénients économiques et envi-ronnementaux. L’agriculture nécessite d’importants apports en engrais et en eau, qui sont diffusés dans la terre avec un mauvais rendement. L’élevage intensif de poissons génère quant à lui beaucoup de déchets organiques qui menacent l’environnement. Le coup de génie de l’aquaponie est de trans-former les inconvénients de l’une en

avantage pour l’autre, et réciproque-ment !De nombreux systèmes d’aquaponie sont aujourd’hui proposés au grand public. Demain, on les trouvera peut-être sur le toit de tous les immeubles.

S’inspirer de la natureLa biodiversité est une source d’inspi-ration sans limites que l’on commence à explorer. Elle part du principe que des organismes dans la nature ont résolu des problèmes insolubles par des ingénieurs.

Des architectes s’inspirent des constructions des insectes sociaux comme les termites. Les termitières ont une très bonne régulation ther-mique. Une ventilation basée sur les mouvements d’air chaud et froid per-met de garder la termitière à tempéra-ture constante. L’immeuble Eastgate à Harare au Zimbawe, conçu à partir du système de ventilation des termites, ré-alise 90 % d’économies d’énergie de !

Des ingénieurs s’intéressent aux procédés de construction des coraux et apprennent de leur biominéralisa-tion. Les coraux utilisent du CO2 pour la construction de leur squelette. L’ad-dition du CO2 à l’eau de mer permet de construire du carbone de calcium et de magnésium. Ces deux éléments sont des produits de base de la production de ciments et d’agrégats.

Les feuilles du Nymphéa, qui vit pourtant sur l’eau, ne sont jamais mouillées. En copiant la microstructure de leur surface, des chercheurs ont mis au point des vitres autonettoyantes.

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Les zèbres ont une peau autorégu-lée. L’alternance des 2 couleurs crée donc des microcourants d’air à la sur-face de leur peau. Cela crée un sys-tème de ventilation naturelle, et per-met une régulation naturelle de leur température corporelle. Elle diminue de 17,5 degrés. Malgré leur peau fine, ils peuvent survivre sous la canicule. L’architecte suédois Anders Nyquist a copié ce principe dans un édifice à Sendai, au Japon. Peindre le bâtiment d’une alternance de rayures blanches et noires a permis de diminuer la tem-pérature intérieure et réaliser une économie de 20 % d’énergie.

La chaise pousse comme un champignonPhil Ross est convaincu que l’avenir des biotechnologies sera champigno-nesque ! Pour aller dans ce sens, il a créé Yamanaka chairs, des chaises dont l’assise est synthétisée par des champignons. Il utilise le mycélium ou les filaments qui les composent. Le mycélium est ignifuge, compostable, bon isolant et très costaud. Il travaille actuellement sur des structures archi-tecturales basées sur le même prin-cipe : les mycotechtures.

Une structure architecturale organiqueThe Rise est une structure architectu-rale qui grandit et s’organise comme un arbre.Ce projet danois a été élaboré par le Centre for Information Technology and Architecture. Comme les plantes qui les réagissent à leur environne-

ment, l’�uvre réagit en fonction de paramètres comme la lumière, la gra-vité, le contact physique avec ce qui les entoure. L’installation est conçue en rotin, un matériau qui a l’avantage d’être rigide et souple. Un algorithme intègre les différents paramètres et fait pousser la structure. Demain, la structure de votre maison reprendra ce principe. Elle évoluera de manière aléatoire en fonction de composantes extérieures.

Des maisons-arbresFab Tree Hab Village est un concept qui propose de faire pousser des lo-gements à partir d’arbres indigènes. Lorsque l’arbre est suffisamment grand, il est greffé avec une struc-ture préfabriquée conçue par ordina-teur. Le logement devient indistinct de l’écosystème environnant.

Des principes organiquesLe théoricien David Pearson propose un ensemble de règles pour dessiner une architecture organique. Il propose de laisser l’architecture...— être inspirée par la nature et être durable, bonne pour la santé, protec-trice et diverse.— dépliée, comme un organisme se déplierait depuis l’intérieur d’une graine.— exister à l’instant présent et renais-sant toujours et encore.— suivre le mouvement et rester flexible et adaptable.— satisfaire des besoins sociaux, phy-siques et spirituels.

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— se développer à partir du site et être unique.— célébrer l’esprit de la jeunesse, du jeu et de la surprise.— exprimer le rythme de la musique et la puissance de la danse. »

Des bâtiments bactériensL’architecte Chris Arkenberg pense que, à moyen terme, la n vision de la construction devrait radicalement changer :« Des bactéries seront modifiées pour cibler des matériaux spécifiques, comme le vieux béton. Lâchées dans les cités, elles remplaceront le vieil

équipement avec une glue bacté-rienne structurellement plus intelli-gente, dotée d’accès au réseau et de capacités de calcul. Des ordinateurs cellulaires seront li-bérés dans les écosystèmes, captant les propriétés chimiques de l’envi-ronnement. Des cuves de bactéries produiront des carburants, des res-sources protéiniques, de l’eau.L’architecture perdra sa rigidité for-melle deviendra plus souple et se rapprochera de la vie telle que nous pouvons la voir à l’�uvre dans les végétaux. »

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Demain, nos objets inutiles seront utilisés par nos voisins. Demain, nous habiterons en-semble en restant chacun chez soi.

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LE COMMUNAUTAIRE

UN ESPACE

À TOUT PARTAGER

Le communautaire est le plus grand appartement de l’im-meuble. Il comprend un nomadium : — Le nomadium est un espace de travail partagé, explique John notre guide. On y vient travailler quand n’a pas be-soin de se déplacer. Comme on y parle business, des liens de cet ordre s’établissent. Résultat, des projets de voisins

se multiplient. Dans ce lieu, les enfants viennent aussi faire leurs devoirs. — L’esprit du lieu déteint sur eux, ajoute John. On constate qu’ils s’en-traident énormément. Si l’on travaille dans le nomadium, on y mange aussi. Les repas sont pré-parés à tour de rôle a.

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— C’est devenu une cantine d’immeuble. Ceux qui n’ont pas envie de manger seuls chez eux viennent partager avec les autres les aliments qu’ils ont dans leur frigo. Au nomadium, on s’y repose aussi. On a alors le choix entre des hamacs, des fauteuils-bulles ou des rocking-chairs.— La sieste est active. Le balancement des hamacs et des rocking-chairs produit de l’énergie servant à éclairer le lieu. Le deuxième espace est la partagerie. Là chacun dépose les objets dont il se sert peu fréquemment. Dans cette caverne d’Ali Baba, on trouve des perceuses, des turbomixers, des fours à raclette, des lits parapluie, des vêtements… Tous ces objets sont pucés et enregistrés dans une applica-tion. Quand un habitant de l’immeuble en a besoin, il réserve et vient le chercher. Il paye une somme minime qui sert à dédommager celui qui l’a acheté. — Nos appartements sont petits. On ne peut plus s’encombrer avec de l’inutile. Et d’autant que cet inutile peut être utile à d’autres, dit John. Dans un coin de la partagerie, il y a les objets hors d’usage ou dont un locataire ne veut plus. — Nous avons organisé un concours annuel de celui qui fabrique l’objet le plus utile à partir d’objets inutiles. Si les talents sont rendez-vous, notre plus grande diffi culté est de cerner cette notion d’utilité.

Un espace est consacré aux chambres d’amis. Le système de gestion est identique. On clique, on réserve, on paye une somme minime pour le ménage. — Pour les périodes où les demandes sont nombreuses comme les fêtes de fi n d’année, un algorithme gère les priorités, précise John. Résul-tat, ces chambres sont un vrai plus pour les habitants. Elle remplace la chambre d’amis qui servait dix fois par an. Le dernier espace est le défouloir. — Dans cet espace vide, on peut venir casser sa pile d’assiettes, hurler ou faire de la batterie. En clair, il est réservé à des activités très bruyantes qui dérangent les voisins.

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Vivre ensemble séparément

Habitat participatif, groupé, intergéné-rationnel autogéré et auto-promotion-né... L’économie sociale et solidaire regorge d’innovations en matière d’habitat. Nombreuses ont comme objectif de repenser le mode de vie et de renforcer le lien social. Quelques exemples :

À Tübingen en Allemagne, 80 à 90 % des opérations immobilières naissent de valeurs communautaires. Les groupes de constructions (« Bau-gruppen ») sont les maîtres d’ouvrage.

Pour faire face au vieillissement de la population, on assiste au Pays-Bas à l’explosion des logements intergéné-rationnels autogérés (Woongroepen). Les immeubles sont divisés en entités de 5 à 10 logements. Les habitants de chaque entité partagent un espace commun qui est à la fois salle de loi-sirs et garderie.

En Suède, les maisons communau-taires (« kollektivhus »), gérées par des associations, des coopératives d’habi-tants ou l’État et les municipalités, re-présentent 700 000 logements (17 % du parc immobilier).

DE LA FICTION-PROSPECTIVE AUX INNOVATIONS

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Stoplyckan (184 appartements en 13 bâtiments) est un modèle d’éco-habitat ayant bénéficié de soutiens publics. Ce village de 400 cohabi-tants permet le partage de structures (agence publique de santé, jardin, dé-chetterie) et de lieux (salle de jeux, buanderie, cuisine).

En Norvège, 15 % des logements, dont 40 % à Oslo, sont construits en habitat collectif.

En Angleterre, les communautés de Cohousing font partie du déve-loppement urbain. Le principe est la propriété individuelle de maisons ou logements et la propriété commune de certains locaux. L’architecture pri-vilégie l’esprit communautaire, mais chacun reste indépendant.

Viens vider mon frigoVous partez bientôt en week-end pro-longé et votre frigo est encore plein ? Au lieu de tout jeter, le site Partage ton Frigo propose de faire appel à vos voisins. Le site a été créé par 6 jeunes Nancéiens après le visionnage du docu «Global Gâchis» diffusé sur Canal + en 2012. Effrayés par la quan-tité de nourriture gaspillée chaque an-née (20 kg/habitant selon l’ADEME), ils ont imaginé ce concept simple et efficace. On s’inscrit et on reçoit des invitations à aller finir les restes de ses voisins.

Je vous prête mon fer à repasserLa durée moyenne d’utilisation d’une perceuse est de douze minutes ! Au re-gard de ces statistiques éloquentes, il

est logique de rendre ces appareils accessibles à plusieurs utilisateurs. Lisa Ochsenbein et Sabine Hirsig, deux designers suisses en étant convain-cues, elles ont créé Pumpipupe qui propose des stickers à coller sur sa porte d’entrée ou boîte aux lettres. Ils signalent aux voisins que vous pou-vez leur prêter un robot ou un fer à repasser en échange d’un gaufrier ou d’un lit bébé. De nombreuses plateformes rendent aussi le même service : pretoo.fr, sharewizz. com...

Des sacs pour une nouvelle vieGoedzak (sac bon) est un sac transpa-rent agrémenté d’une bande jaune. On y met dedans les objets que l’on désire plus et on le pose sur le trot-toir. Le Goedzak est une création de l’agence néerlandaise Waarmakers.

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FUTUROMAG MARS 2031 ESPACES PARTAGÉSUn an après le passage de la loi obligeant les propriétaires à transformer 5˜% de la surface totale en espace collectif, un tour des différentes utilisations de l’espace montre que ce dis-positif modifie les rapports de voisinage.

Au 8 rue de Belleville, la priorité est accordée aux objets. On les échange, répare, partage. — Nous avons adopté de nouveaux réflexes, dit Luc. Avant de surfer sur le Net, on vérifie si l’objet est dispo-nible dans l’immeuble. Hier, je vou-lais faire un couscous, j’ai découvert que ma voisine avait un couscous-sier, et, en prime, pouvait m’aider à le cuisiner. — L’Espace est devenu ma première garde-robe. Dès que je dois m’habil-ler, je vais y faire un tour. En prime, quand je ne trouve pas mon bon-heur, je fais appel à Marina. À l’Es-pace, on a découvert qu’elle avait de l’or dans les doigts et qu’elle pouvait nous faire une robe de princesse avec

deux vieilles chemises. Au 19 rue Lafayette, l’espace a été baptisé FER pour Fête Eveil et Rires. Sa principale destination est la fête. — Deux fois par mois, c’est la fête des voisins, explique Pascal. Chacun apporte quelques ingrédients et l’on partage. La régularité a permis de faire connaissance et souvent s’éton-ner de ce que ces voisins peuvent nous apporter. Le reste du temps, l’appartement est utilisé pour des fêtes privées. L’avantage est que des invités peuvent y dormir. Au 26 rue Béranger, l’ambiance est au tricot : — Nous étions au départ trois pas-sionnées du tricotage urbain. On tricote des pulls pour les arbres, les bancs et bien entendu les nains de jardin. Du coup, nous nous y retrou-vons pour tricoter ensemble. Nous avons fait cinq adeptes supplémen-taires dans l’immeuble. Depuis, on tricote nos week-ends au mode fous rires et idées folles.Au 17 rue des Rosiers, l’espace a été transformé en chambre d’hôtes. — Nous accueillons gratuitement des touristes étrangers. En contre-partie, ils doivent nous raconter leur pays et recevoir l’un d’entre nous. Cette ouverture sur le monde a tota-lement modifié le rapport entre les voisins. On a plus besoin de s’occu-per à se pourrir la vie.

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