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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
ANNEE 2005 – THESE N°12
ETUDE DE L’ATOPIE CHEZ LES EQUIDES. ETUDE COMPARATIVE DE SON TRAITEMENT CHEZ
L’HOMME ET CHEZ LE CHEVAL
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 (Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 27 janvier 2005 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
BERTHOLDY Thomas Né le 23 décembre 1978
à Chambéry
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A Louis
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A Emilie, pour ton aide précieuse, pour tous ces moments de bonheur passés et à venir
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A mes parents, pour votre soutien et votre immense générosité
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Etude de l’atopie chez les équidés ; Etude comparative de son traitement chez l’homme et chez le cheval
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Sommaire Introduction 11 1ère partie : Etude de l’atopie chez le cheval 12 1 Définitions 12 2 Etude immunologique 12
2.1 Rappels sur les quatre différents types d’hypersensibilité 12 2.1.1 Hypersensibilité de type 1 ou immédiate 13 2.1.2 Autres types d’hypersensibilité 19
2.2 Particularités immunologiques chez le cheval 21 2.2.1 Immunoglobulines sériques 21 2.2.2 Immunoglobulines tissulaires 21 2.2.3 Mastocytes 21 2.2.4 Identification des médiateurs chimiques de l’hypersensibilité spécifique chez le cheval 21
3 Etude clinique 22 3.1 Examens complémentaires utiles pour le diagnostic de l’atopie chez le cheval 22
3.1.1 Tests cutanés par intradermoréactions (IDR) 22 3.1.2 Test d’éviction 24 3.1.3 Test d’exposition 25 3.1.4 Test de dosage des anticorps circulants – ELISA 25 3.1.5 Test de dégranulation des basophiles 26 3.1.6 Test de transformation lymphoblastique 28 3.1.7 Sensibilité à l’histamine 28 3.1.8 Test d’inhibition de la migration des macrophages 29
3.2 Souffle 29 3.2.1 Epidémiologie 29 3.2.2 Signes cliniques 30 3.2.3 Etiologie 31 3.2.4 Pathogénie 37 3.2.5 Diagnostic 42 3.2.6 Traitement 45
3.3 Dermatite atopique 47 3.3.1 Etio-pathogénie 48 3.3.2 Signes cliniques 48 3.3.3 Diagnostic 49 3.3.4 Diagnostic différentiel 51 3.3.5 Traitement 52
3.4 Autres manifestations cliniques 54 3.4.1 Urticaire récurrente 54 3.4.2 Hypersensibilité aux piqûres d’insectes 57 3.4.3 Hypersensibilité alimentaire 63
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2ème partie : Etude d’un traitement spécifique : l’hyposensibilisation ou immunothérapie spécifique 65 1 Objectif et principe 65 2 Modifications immunologiques induites par l’immunothérapie spécifique 65
2.1 Anticorps bloquants 66 2.2 Réduction de sécrétion des IgE 66 2.3 Modulation de la réponse des mastocytes et des basophiles 66 2.4 Modulation des sous-classes de lymphocytes et des autres cellules régulatrices 67
3 Applications thérapeutiques chez l’homme et efficacité du traitement 68 3.1 Indications 68 3.2 Rhino-conjonctivite 68 3.3 Asthme 69 3.4 Hypersensibilité aux piqûres d’insectes 69 3.5 Allergie alimentaire 70
4 Techniques employées chez l’homme 70 4.1 Immunothérapie par voie sous-cutanée 70
4.1.1 Préparation des vaccins allergéniques 70 4.1.2 Technique 75
4.2 Immunothérapie par voie locale 81 4.2.1 Rappels immunologiques sur l’immunothérapie locale 81 4.2.2 Généralités 83 4.2.3 Immunothérapie par voie nasale 83 4.2.4 Immunothérapie bronchique 85 4.2.5 Immunothérapie orale 85 4.2.6 Immunothérapie sublinguale 87 4.2.7 Autres techniques 88
5 Etat des lieux chez le cheval 92 5.1 Hypersensibilité aux piqûres d’insectes 92 5.2 Souffle 93 5.3 Dermatite atopique / Urticaire récurrente 93
6 Evolutions des traitements et perspectives 93 6.1 Nouvelles formes d’immunothérapie 93
6.1.1 Allergoïdes 94 6.1.2 Isoformes d’allergènes naturels 94 6.1.3 Allergènes recombinants 94 6.1.4 Vaccins à ADN 95 6.1.5 Vaccins peptidiques 95
6.2 Avenir des traitements des maladies allergiques 96 6.2.1 Prévention de l’activation des lymphocytes T 96 6.2.2 Modulation de la différenciation Th1/Th2 97 6.2.3 Anticorps anti-IgE 100 6.2.4 Inhibition de l’activation des éosinophiles et de la chemo-attraction 101
Conclusion 103 Bibliographie 105
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Introduction L’atopie est un syndrome bien connu en médecine humaine ainsi qu’en médecine vétérinaire dans l’espèce canine. Chez le cheval, certaines pathologies impliquant différents appareils (cutané, respiratoire…) peuvent être considérées comme des manifestations atopiques. L’allergologie vétérinaire, qui profite des progrès considérables réalisés en allergologie humaine, est un domaine en plein essor. Les techniques diagnostiques se développent, permettant ainsi de mieux adapter le traitement et d’en accroître l’efficacité. L’éviction de l’allergène responsable n’est pas toujours envisageable et on a ainsi souvent recours à des traitements symptomatiques parfois tout au long de la vie de l’animal, avec les effets secondaires que cela comporte.
L’hyposensibilisation, qui vise à diminuer de façon spécifique la réponse allergique de l’animal vis-à-vis des allergènes auxquels il est sensibilisé, pourrait représenter une alternative intéressante dans le traitement de certaines affections atopiques. Ce mode de traitement et également appelé immunothérapie spécifique, traitement biologique ou encore désensibilisation. Nous verrons dans un premier temps les différents mécanismes impliqués dans la pathogénie de l’atopie ainsi que les expressions cliniques de l’atopie chez le cheval. Puis nous nous intéresserons au traitement spécifique par hyposensibilisation : son principe et les différentes techniques employées. Enfin nous dresserons un état des lieux des applications chez l’homme et chez le cheval.
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1ère partie : Etude de l’atopie chez le cheval
1 Définitions L’atopie est définie comme une hypersensibilité avec une prédisposition familiale, de la peau et des muqueuses à des allergènes environnementaux associée à une production accrue d’IgE ou une réaction altérée non-spécifique dans des systèmes d’organes variés [1].
Chez les carnivores, la principale manifestation clinique de l’atopie est une dermatite récurrente et prurigineuse alors que chez l’homme, la rhinite allergique, l’asthme bronchique et les allergies alimentaires sont également reconnues comme des signes d’atopie. Chez le cheval, l’expression de cette maladie est principalement cutanée avec notamment la dermatite atopique, l’urticaire récurrente, l’hypersensibilité aux piqûres d’insectes et l’hypersensibilité alimentaire. Elle est également respiratoire avec le « souffle » qui porte de nombreux noms : Chronic Obstructive Pulmonary Disease ou broncho-pneumopathie obstructive chronique, heaves, asthme équin,…[2] L’atopie s’apparente en fait à une hypersensibilité de type 1, caractérisée par une production accrue d’immunoglobuline (Ig) E, une dérégulation des lymphocytes T, une décharge de médiateurs de l’inflammation augmentée ainsi qu’une hyper-réactivité des organes [1]. Chez le cheval comme chez l’homme, cette pathologie peut aussi être associée à une hypersensibilité retardée (type 4)
2 Etude immunologique
2.1 Rappels sur les quatre différents types d’hypersensibilité
L’hypersensibilité est une exacerbation de la capacité d’un organisme à répondre à
l’introduction d’antigènes auxquels il a été préalablement sensibilisé. Se développe alors une réaction immunologique spécifique d’une ampleur telle qu’elle conduit à un débordement de sa fonction protectrice et à des altérations indésirables, caractérisant l’état allergique. Actuellement, on utilise indifféremment les termes d’« hypersensibilité » et d’« allergie »[3] Il existe quatre types d’hypersensibilité, d’après la classification de Gell et Coombs. Les trois premiers types d’hypersensibilité sont dus à des anticorps ; le quatrième implique essentiellement des cellules T et des macrophages.
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2.1.1 Hypersensibilité de type 1 ou immédiate
2.1.1.1 Etapes de la réaction d’hypersensibilité de type 1 L’hypersensibilité immédiate se déroule en différentes phases pour chaque allergène. Les antigènes inhalés (pollens, poussières, squames…) seraient transportés à partir des poumons via le sang et la lymphe jusqu’à la peau. On pense également que les allergènes pourraient pénétrer dans l’organisme par voie percutanée autant chez les hommes atteints de dermatite atopique que dans l’espèce canine. Ceci expliquerait que les zones glabres comme le museau, la région péri-oculaire ou les zones à peau fine comme le chanfrein, l’abdomen, les ars seraient plus touchées chez le chien [4].
2.1.1.1.1 Phase de sensibilisation Chez l’individu atopique, la pénétration de l’allergène dans l’organisme est suivie de
son contact avec un macrophage qui, au lieu de le détruire, va le présenter à un lymphocyte B. Sous l’influence de ce macrophage et de lymphocytes T auxiliaires, le lymphocyte B va se transformer en plasmocyte qui produira une grande quantité d’IgE spécifiques de l’allergène [5].
2.1.1.1.2 Phase de latence Les anticorps spécifiques formés lors du contact sensibilisant se fixent à la surface de
cellules réceptrices : basophiles circulants et mastocytes tissulaires. Chez le chien, les basophiles sont peu nombreux. Les IgE spécifiques se fixent donc essentiellement sur les mastocytes, présents en grande quantité dans la peau chez cette espèce. Elles se lient aux mastocytes par leur fragment Fc, au niveau de récepteurs à forte affinité [5].
2.1.1.1.3 Phase lésionnelle Lors d’expositions ultérieures à l’allergène, celui-ci va se lier aux fragments Fab de
deux IgE spécifiques fixées sur les mastocytes, créant un pontage entre les deux anticorps. Ce pontage est à l’origine d’une modification structurale et fonctionnelle de la membrane cellulaire, conduisant rapidement à des réactions en chaîne qui aboutissent à la libération de médiateurs de l’inflammation et aux manifestations cliniques de l’atopie. Les symptômes liés à cette réaction apparaissent très rapidement (en 10 à 20 minutes). Il se produirait également des réactions plus tardives notamment décrites dans l’asthme humain [6].
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Fig 1 : hypersensibilté de type 1 (dessin de H. Althaus 2000)
2.1.1.2 Les anticorps anaphylactiques Les anticorps anaphylactiques encore appelés « réagines », désignent les anticorps responsables de la réaction d’hypersensibilité de type 1
2.1.1.2.1 Les IgE Chez l’homme : La réaction de transfert passif de Prausnitz-Kütstner (1921) a permis de transférer la sensibilisation cutanée d’un sujet allergique à un sujet sain par le biais du sérum, démontrant ainsi l’existence d’anticorps circulants responsables de l’hypersensibilité immédiate chez l’homme. Ces anticorps seront reconnus comme étant des IgE près de 50 ans plus tard (les IgE ont été découvertes indépendamment par S.G.O. Johansson et par K. Ishizaka en 1967). Elles sont thermolabiles et sensibilisent les mastocytes cutanés pendant plus de 48 heures, après un contact de plus de 24 heures [7, 8]. La production d’IgE est une réaction immunitaire de défense vis-à-vis d’un élément étranger. Ainsi, tous les individus normaux sur le plan immunologique peuvent fabriquer des IgE mais les individus allergiques ont la particularité de les produire de façon exagérée vis-à-vis de substances normalement inoffensives [7, 9] Les récepteurs des IgE sont de deux types [10] :
- Récepteurs à haute affinité : sur basophiles et mastocytes - Récepteurs à faible affinité : sur éosinophiles, macrophages et cellules de
Langherans
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Ces récepteurs présentent une spécificité d’espèce : les IgE humaines par exemple, ne se fixent que sur les mastocytes d’homme ou de primates. On dit que ce sont des anticorps « homocytotropes » Chez les animaux : Il existe aussi des anticorps spécifiques thermolabiles, responsables d’anaphylaxie cutanée passive à long délai de latence, et sécrétés au début de l’immunisation. Ces anticorps sont dénommés IgE par analogie à l’homme [11, 12]. Chez le chien, l’isolement des IgE s’est fait à partir d’individus fortement parasités ou allergiques à l’ambroisie (« ragweed »)[13]. Cela a permis la production d’immunosérums anti-IgE de chiens utilisés pour certains tests diagnostiques [14]. Chez le cheval, le transfert passif de réactions anaphylactiques systémiques et cutanées a été décrit depuis les années 1920. Dans les années 1980, on a prouvé l’existence d’anticorps « reagin-like » trouvés dans le sérum de chevaux atteints de dermatite estivale récidivante. Ces anticorps partagent un certain nombre de propriétés physiologiques et biologiques avec les IgE de l’homme : ils sont tous deux thermolabiles contrairement aux IgG qui sont typiquement thermostables à 56°C, et sont sensibles à la réduction au 2-mercaptoethanol. Les techniques d’immunoélectrophorèse utilisant le diéthylaminoéthyl dextran-52 comme éluant permettent des migrations de ces anticorps indépendamment des IgG et IgM et les caractéristiques de leur élution indique de nombreuses similitudes avec les IgE humaines [15, 16].
2.1.1.2.2 Les IgG
Des anticorps anaphylactiques de classe IgG ont été mis en évidence chez l’homme. Ils sont à l’origine d’une sensibilisation cutanée de courte durée et seraient plus précisément des IgG4. Ces anticorps anaphylactiques se rencontrent également chez la souris (de type IgG1) et chez le rat (IgG2). Ces molécules sont thermostables [17]. Principales différences et similitudes entre les IgE et IgG homocytotropes :
IgE IgG Quantité d’antigènes
nécessaire pour provoquer un test cutané positif
Très faible Elevée
Thermolabile ? Oui Non Persistance au site après sensibilisation passive 48 h ou plus 2 à 12 h
Il est possible que certaines sous-classes d’IgG équines puissent avoir un rôle dans la médiation des réactions anaphylactiques dans la mesure où il a été démontré la présence de récepteurs à faible affinité sur les mastocytes et les basophiles[18].
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2.1.1.3 Cellules effectrices et médiateurs de la réaction d’hypersensibilité de type 1
A cause de leurs récepteurs à haute affinité pour les IgE, les mastocytes et les
basophiles sont les premières cellules à initier les réactions d’hypersensibilité de type 1. Les macrophages, éosinophiles et les plaquettes peuvent également se lier à des IgE sur leur surface mais avec une moins grande affinité, ce qui ne leur donne qu’un rôle accessoire dans l’initialisation de la réaction.
Les mastocytes et les basophiles sont deux types cellulaires issus de la moelle osseuse. Ils renferment tous deux une grande quantité d’histamine, possèdent des récepteurs à haute affinité pour les IgE, et libèrent leurs médiateurs par activation d’un pontage entre deux IgE et l’antigène reconnu à leur surface mais diffèrent sur le plan structurel, morphologique et fonctionnel. Ces cellules semblent intervenir non seulement dans les phénomènes allergiques mais aussi dans l’homéostasie immunologique.
Les mastocytes de par leur présence en grand nombre dans le tissu conjonctif des muqueuses, des séreuses, des glandes, des vaisseaux, des nerfs et du tissu lymphoïde chez l’homme et le rat, semblent intervenir dans les défenses immunologiques initiales.
Les basophiles semblent avoir un rôle plus significatif dans la médiation des phénomènes allergiques, dans les maladies auto-immunes, dans l’hypersensibilité cutanée, dans les défenses contre les parasites et la régulation de l’hypersensibilité retardée.
Les réactions anaphylactiques régulées par ces cellules peuvent avoir des répercutions systémiques caractérisées par des atteintes cardiaques et respiratoires ou peuvent rester localisées comme dans le cas de l’urticaire. Les réactions localisées sont plus fréquentes. L’orientation vers une réaction locale ou systémique dépend du type, de la quantité d’antigène présent mais également de la quantité de médiateurs libérés et de leur site de libération. Les étapes moléculaires et cellulaires intervenant dans les réactions locales ou systémiques sont identiques [18].
2.1.1.4 Altération de la production d’IgE dans le cas d’hypersensibilité
D’après les connaissances actuelles chez l’homme, l’atopie résulterait d’un
déséquilibre du système immunitaire, à l’origine d’une production exagérée d’IgE.
Chez l’homme, ce sont les lymphocytes T « helper » (LTh) qui activent les lymphocytes B, stimulent leur prolifération et leur différenciation en plasmocytes producteurs d’anticorps.
Les caractéristiques de l’antigène et les cytokines qui sont produites lors de l’interaction entre celui-ci et les lymphocytes T détermine l’isotype d’immunoglobuline produit. Chez la majorité des humains non-allergiques, la production d’IgE en réponse à la présence d’un antigène est transitoire. Les interactions avec le même antigène résultent ensuite en la production d’IgG. Toutefois chez l’individu atopique, la réponse à une exposition à une faible dose d’antigène conduit à une production accrue et prolongée d’IgE et malgré une exposition chronique à ce même antigène, il n’y a jamais de production d’IgG. Cette affinité pour la production d’IgE est génétique et les individus souffrant de ce type d’hypersensibilité développent des allergies telles que les rhinites allergiques, l’asthme bronchique, la dermatite atopique ou les allergies alimentaires. L’atopie apparaît comme étant
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reliée à une différence de production de cytokines par les LT helper chez les individus touchés.
L’interleukine 4 (IL-4) et l’interféron γ (IFN-γ) sont des cytokines déterminantes dans la production d’IgE. Les LT-helper de classe 2 (Th2) déterminent la synthèse préférentielle d’IL-4 alors que IFN-γ provient de l’activation des LT-helper de classe 1 (Th1), des LT cytotoxiques et des cellules natural killer (NK). IL-4 est indispensable pour le changement d’isotype synthétisé par les LB (IgM, IgD, IgE) et l’IFN-γ inhibe ce changement vers les IgE. Ainsi, un déséquilibre dans la production d’IL-4 et d’IFN-γ serait responsable de l’augmentation de production d’IgE dans des situations allergiques telles que l’atopie. Les sujets atopiques sont plus susceptibles de produire des LT-Th2 secrétant des IL-4 lors d’exposition à des allergènes environnementaux que des sujets non-atopiques qui ne produisent pas de clones cellulaires de LT-helper spécifiques d’antigènes ou produisent des LT-Th1 sécrétant des IFN-γ.
Il a été démontré que les glucocorticoïdes, utilisés fréquemment dans le traitement des affections d’hypersensibilité, induisent une sécrétion par les LT-helper de facteurs qui augmentent la production d’inhibiteurs des IgE. Malheureusement, l’utilisation in vivo d’anticorps monoclonaux envers les IL-4 et les IFN-γ pour réduire la production d’IgE n’a pas été concluante.
La persistance de la production d’IgE chez les individus allergiques apparaît seulement avec une stimulation avec des doses faibles en antigènes. Lorsque la dose d’antigène augmente, la production d’IgE devient transitoire et la production d’IgG augmente. Ainsi, lors de traitement par désensibilisation, de grandes doses d’antigènes sont employées.
Chez l’homme, il semblerait que des altérations des fonctions des basophiles et des mastocytes d’origine génétique, une production accrue d’IgE, et une réponse exacerbée des organes cibles aient des rôles significatifs dans la pathogénie des maladies allergiques [18, 19].
2.1.1.5 Dégranulation des mastocytes et des basophiles
Lorsqu’un antigène au moins bivalent rencontre les IgE spécifiques fixées à la surface des cellules effectrices, sa combinaison avec ces anticorps entraîne leur pontage et le regroupement des récepteurs auxquels ils sont fixés. Tel est le signal de la dégranulation spécifique en présence d’antigène.
Ce signal provoque des modifications métaboliques plus ou moins rapides (montée puis chute brutale de l’AMP cyclique, méthylation des phospholipides, synthèse de phosphatidyl-inositol) qui aboutissent à la fluidification des membranes, à l’ouverture des pores dans celles-ci, et à la sortie des granules cytoplasmiques contenant les médiateurs préformés.
L’élévation du taux de Ca++ dans la cellule est indispensable à ce dernier temps : elle est provoquée soit par l’entrée de Ca extra-cellulaire, soit par la libération de Ca à partir des réserves intracellulaires sous l’influence de phosphatidyl-inositol. Parallèlement se poursuivent dans la membrane des activités métaboliques qui aboutiront à la synthèse puis à la libération des médiateurs néoformés.
La réactivité des mastocytes est sous la dépendance du taux intracellulaire d’AMP cyclique : la dégranulation diminue lorsque ce taux s’élève par stimulation de l’adénylate-cyclase (β-adrénergiques, prostaglandines) ou par inhibition de la phosphodiestérase (théophylline) [18].
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A côté de la dégranulation anaphylactique par combinaison de l’antigène avec un
anticorps fixé, de nombreuses substances déclenchent de façon non spécifique la dégranulation des mastocytes (colistine, polymixine, morphiniques, saline hypertonique, AINS, thiopental, mannitol, substance P, bradykinine, phyothémagglutinine, C’5a, C’3a, sérums anti-globuline anti-IgG,…), on parle de réaction anaphylactoïde [17].
2.1.1.6 Les médiateurs intervenant dans l’hypersensibilité immédiate
Les médiateurs libérés par les mastocytes, à la suite d’une stimulation, provoquent une
réponse inflammatoire locale, à la fois directement et indirectement, par le biais du recrutement et de l’activation de cellules effectrices secondaires. Ces éosinophiles, neutrophiles et monocytes, à leur tour, libèrent des facteurs intensifiant et entretenant la réponse inflammatoire.
On classe les médiateurs de l’inflammation en médiateurs préformés (ou primaires, c’est-à-dire synthétisés et stockés dans les granules cellulaires) et les médiateurs secondaires (c’est-à-dire issus de la membrane cellulaire par les voies de la cyclo-oxygénase et de la lipo-oxygénase du métabolisme de l’acide arachidonique)
2.1.1.6.1 Médiateurs primaires
Les médiateurs préformés comprennent l’histamine, l’adénosine et les facteurs chimiotactiques pour les éosinophiles (ECF) et les neutrophiles (NCF). Il y a enfin sécrétion d’un grand nombre d’enzymes, notamment protéolytiques, qui interviennent dans l’autorégulation des phénomènes inflammatoires, mais qui, en cas d’emballement, peuvent entraîner une aggravation des lésions tissulaires.
2.1.1.6.2 Médiateurs secondaires
Les médiateurs produits secondairement et libérés par ces cellules comprennent le leucotriène B4 (LTB4), les leucotriènes C4, D4, E4, les prostaglandines D2 et F2α, le facteur d’activation plaquettaire (PAF)
L’action de la sérotonine, susceptible de jouer un rôle dans les réactions anaphylactiques chez certaines espèces, est actuellement considérée comme peu vraisemblable chez l’homme.
Dans le poumon, l’histamine provoque une bronchoconstriction et augmente la perméabilité vasculaire et la sécrétion de mucus, tout comme les leucotriènes C4, D4 et E4, et la prostaglandine D2. L’adénosine module la libération de médiateurs par les mastocytes, les basophiles et les neutrophiles, et représente un puissant agent bronchoconstricteur. Les plaquettes activées libèrent de la sérotonine qui provoque une bronchoconstriction et augmente la perméabilité vasculaire.
Le PAF active également les macrophages et exerce un effet chimiotactique vis-à-vis des neutrophiles, comme le LTB4. Les médiateurs les plus importants qui sont libérés par les cellules épithéliales des voies aériennes et les macrophages alvéolaires comprennent le LTB4, le LTC4, le D4, le E4 et plusieurs HETE (acides hydroxy-eicosa-tétraenoïques) qui
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augmentent la perméabilité vasculaire et potentialisent la libération des médiateurs par les autres cellules, conduisant ainsi à des lésions tissulaires.
Les principaux médiateurs de l’inflammation, libérés par les neutrophiles et les éosinophiles, comprennent le LTB4, le LTC4, le 5-HETE et le thromboxane A2.
Les éosinophiles libèrent plus tardivement des protéines granulaires (dont la « major basic protein ») très cytotoxiques, qui induisent des lésions de l’épithélium bronchique et exposent les récepteurs sensoriels sous-épithéliaux et les terminaisons nerveuses, contribuant ainsi à la réactivité des voies aériennes par le biais des mécanismes réflexes neuronaux. Elles peuvent favoriser la dégranulation des mastocytes en déstabilisant les membranes, donc intervenir dans le cercle vicieux des phénomènes inflammatoires.
D’autres éléments sont très étudiés actuellement : ce sont les radicaux libres de l’oxygène dont le singlet oxygène, le radical hydroxyle, le peroxyde d’hydrogène, libérés essentiellement par les cellules phagocytaires comme le macrophage ou le polynucléaire neutrophile. Ces radicaux libres peuvent entraîner des lésions de nécrose, éventuellement définitives, au niveau du site de l’inflammation [17],[20].
2.1.2 Autres types d’hypersensibilité
2.1.2.1 Hypersensibilité à complexes immuns ou hypersensibilité de type 3
La liaison à l’antigène transforme les anticorps en complexes immuns capables
d’activer et de fixer le complément. Ce phénomène est l’un des moyens physiologiques les plus efficaces de l’organisme pour éliminer l’antigène en cause. Les complexes immuns sont captés préférentiellement par les phagocytes, ingérés et détruits. Cependant, dans certaines circonstances, la stimulation excessive de ces phagocytes, ou l’absence d’élimination des complexes immuns, peut aboutir à des manifestations d’hypersensibilité dite « à complexes immuns ».
2.1.2.2 Réponse immunitaire à médiation cellulaire, ou hypersensibilité de types 2 et 4
Pour les lymphocytes T, la multiplication et la différenciation en cellules effectrices du
rejet de l’antigène résument la réponse immunitaire (c’est l’immunité cellulaire). L’augmentation du nombre de sites est assurée exclusivement par l’augmentation du nombre de cellules. La transmission de la réponse effectrice de rejet ne peut se faire que par le transfert de lymphocytes.
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Pour l’immunité cellulaire, le mécanisme est double :
• soit destruction directe de la cellule cible antigénique par des cellules T cytotoxiques reconnaissant l’antigène et la cellule (soi), mécanisme agissant in vivo à bas bruit (hs de type 2) ;
• soit hypersensibilité retardée (hs de type 4) liée à la sécrétion de
médiateurs chimiques, les lymphokines, par les lymphocytes T sensibilisés, au contact d’un antigène porté par une cellule. Ces lymphokines agissent à leur tour sur d’autres cellules (ce qui entraîne un délai d’apparition, d’où le nom de « retardée ») : cellules endothéliales, lymphocytes, polynucléaires, plaquettes et surtout macrophages. Ces derniers, stimulés, ajoutent leurs propres médiateurs de l’inflammation. Il en résulte un mécanisme amplificateur extrêmement puissant qui aboutit à une réaction inflammatoire durable et permet le rejet de l’antigène.
Fig 2 : hypersensibilité de type 4 (dessin de H. Althaus 2000)
Il faut signaler, de plus, une cytotoxicité non spécifique, due à des cellules tueuses naturelles (cellules NK) qui lysent les cellules les plus fragiles (cellules cancéreuses notamment).
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2.2 Particularités immunologiques chez le cheval
2.2.1 Immunoglobulines sériques
Les classes d’immunoglobulines équines analogues aux IgG, IgM, IgE et IgA ont été identifiées mais pas les IgD.
Quatre sous-classes d’IgG ont été définies : les IgGa, IgGb, IgGc et IgGt [21],[22]. La classification de l’IgT ou « composant T sérique » a été longtemps discutée avant que Widders (1986) ne montre de façon certaine qu’il s’agissait d’une sous-classe d’IgG, actuellement appelée IgGt.
Un autre composé connu sous le nom de « composé gamma 1 » ou « immunoglobuline agrégante » (A.I.) a été proposé comme une sous-classe suivante d’IgG. Selon Allen et Johnson (1972), il s’agirait plutôt d’une cinquième classe d’immunoglobuline : les IgB [21].
2.2.2 Immunoglobulines tissulaires
Chez les chevaux sains les IgG et IgA sont les immunoglobulines prédominantes à tous les étages du tractus respiratoire, mais une quantité relativement importante d’IgM est présente dans les cavités nasales, alors que dans les autres espèces cette classe n’est trouvée qu’à l’état de trace ou de petite quantité dans les liquides de l’appareil respiratoire. Comme dans beaucoup d’autres espèces, le rapport IgG/IgA dans les sécrétions augmente progressivement de l’appareil respiratoire supérieur à l’appareil respiratoire inférieur.
La synthèse locale de ces trois classes d’immunoglobulines est très importante [23].
2.2.3 Mastocytes
Chez différentes espèces, dont le cheval, il existe deux sous-populations de mastocytes, qui fixent différents colorants. Ceci peut avoir une importance clinique, puisqu’on a démontré que chez le rat, l’une de ces sous-populations intestinales, ne répondait pas au cromoglycate de sodium. L’utilisation de cette molécule chez le cheval dans les bronchopneumopathies obstructives chroniques a donné des résultats contrastés. Le type de mastocytes affecte donc peut-être la réponse au traitement [24].
2.2.4 Identification des médiateurs chimiques de l’hypersensibilité spécifique chez le cheval
On sait que l’histamine et la sérotonine sont libérées lors de phénomènes
immunologiques par les tissus pulmonaires et des leucocytes du sang chez le cheval. Par contre, il n’y a pas encore de preuve de la libération chez le cheval des prostaglandines, du PAF ou des leucotriènes, bien que Eyre ait montré qu’un inhibiteur spécifique de la synthèse de ces derniers inhibe partiellement l’anaphylaxie chez les poneys. Il a aussi démontré une augmentation de la production de kinines pendant une réponse anaphylactique expérimentale [25].
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Etude de l’atopie chez les équidés ; Etude comparative de son traitement chez l’homme et chez le cheval
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3 Etude clinique
3.1 Examens complémentaires utiles pour le diagnostic de l’atopie chez le cheval
La grande difficulté face à des troubles allergiques est de déterminer précisément
l’allergène causal. L’identification de l’agent déclencheur est indispensable à la mise en place d’un traitement de désensibilisation ou à la mise en place d’une stratégie de prévention, en tenant le malade à l’écart de tout contact avec l’allergène par exemple.
Pour le diagnostic des allergies, plusieurs tests ont été développés chez l’homme comme chez l’animal. Ils reposent sur l’observation des réactions de l’animal en présence ou en l’absence de l’allergène incriminé ou sur le dosage d’anticorps anaphylactiques. Il convient d’en connaître les limites tant leur interprétation est délicate. Il faut bien garder à l’esprit le fait que chez le cheval, très peu de recherches ont été menées et que beaucoup de conclusions tirées d’expérimentation sur l’homme ou le chien ont été étendues un peu trop rapidement aux équidés.
Le diagnostic s’appuie avant tout sur la présence de signes cliniques compatibles avec ce type de maladie. Puis les commémoratifs et l’anamnèse de la condition amènent le praticien à soupçonner tel ou tel allergène.
A ce stade, le rôle du propriétaire est important, puisqu’il est l’observateur privilégié de son cheval, et peut avoir remarqué des corrélations entre certains évènements et l’apparition des symptômes.
Du fait de leur manque de spécificité, les tests allergologiques ne sont qu’un élément complémentaire, pas toujours justifié.
3.1.1 Tests cutanés par intradermoréactions (IDR)
3.1.1.1 Principe
Les tests cutanés par intradermoréactions permettent de reproduire localement la réaction d’hypersensibilité de type 1. L’allergène est injecté par voie intradermique. Si les mastocytes cutanés y sont sensibilisés, l’allergène ainsi administré entraîne leur dégranulation et des symptômes locaux (érythème, papule) apparaissant en10 à 20 minutes.
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3.1.1.2 Technique
L’administration orale, locale ou par voie systémique de corticoïdes doit être arrêtée quatre semaines avant le test, celle des antihistaminiques au moins dix jours avant celui-ci. Les tranquillisants phénothiaziniques (acépromazine) ne doivent pas être utilisés du fait de leurs propriétés anti-histaminiques.
Si l’animal est stressé ou agité et doit être tranquillisé, on utilise alors des α2-agonistes ou des benzodiazépines.
Un rectangle de 30 × 15 cm est tondu sur la face latéro-dorsale de l’encolure. La peau est ensuite nettoyée à l’alcool et les différents points d’injection sont repérés à l’aide d’un feutre indélébile.
On procède ensuite aux injections sans oublier un témoin positif (0,05 mL d’histamine à une concentration de 1/100 000) et un témoin négatif (0,05 mL de solvant des différents allergènes à tester).
Différentes batteries de diagnostic sont disponibles, toutes sensiblement équivalentes. Les injections sont répétées tous les 5 cm environ en notant précisément la
correspondance entre chaque allergène et le site d’injection.
bigfive.jl.co.za/ slides/idtest2.jpg
www.liphookequinehosp.co.uk/.../ Intradermal.jpg
Fig 3 : Réalisation d’IDR chez le cheval (images internet)
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3.1.1.3 Lecture
Elle se fait généralement 15 à 30 minutes après les injections pour détecter l’hypersensibilité immédiate puis à 24 heures pour l’hypersensibilité retardée.
Pour que les tests soient interprétables, le témoin négatif doit correspondre à une papule érythémateuse de moins de 5 mm de diamètre et le témoin posisitf doit présenter une papule érythémateuse de diamètre supérieur à 1 cm. Généralement, un test est considéré comme positif s’il existe un érythème et si le diamètre de la réaction est supérieur ou égal à la moyenne des deux témoins. Toutefois, l’expérience personnelle peut remplacer cette définition pour juger de la positivité ou de la négativité d’une réaction.
3.1.1.4 Faux positifs – faux négatifs
Faux négatifs Faux positifs Injection sous-cutanée Peau non saine
Injection d’air Volume injecté trop important (plus de 0,05 mL)
Quantité d’allergènes injectée trop faible (mélange d’allergènes, allergène périmé,
dilution trop forte)
Réactions non significatives avec certains allergènes : Rhizopus, plumes, squames de
chat, poussière de maison, acariens de poussière de maison, luzerne, graines de coton, poussière de meunerie, mouche g.
Simulium Mauvaise période (absence de signes cliniques depuis plusieurs semaines) Allergènes trop concentrés
Effets d’inhibition de certains médicaments généraux ou locaux Extraits glycérinés
Anergie (par épuisement des IgE, par exemple lors d’une phase allergique aiguë) Contamination bactérienne ou fongique
Caractéristiques individuelles (très jeunes animaux, animaux âgés, …)
Absence de corrélation avec l’anamnèse (trace de sensibilisation antérieure, signe avant-coureur de future sensibilisation)
Extraits de mauvaise qualité ou périmés Peau « irritable » avec nombreux positifs dont le témoin négatif
3.1.2 Test d’éviction
Il consiste à éviter tout contact entre un animal malade et l’allergène supposé. Si une guérison en dehors de tout traitement est observée, l’animal est replacé en contact avec l’allergène. La réapparition rapide des symptômes est considérée comme la preuve de l’origine de la maladie.
Ce test est le plus significatif, le plus simple et le plus fiable, bien qu’il ne soit pas toujours facile à mettre en œuvre.
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Il est utilisable dans presque tous les cas d’allergie environnementale lors d’atopie. Il sert aussi de traitement : mise au pré des chevaux à problèmes respiratoires, changement de lieu des chevaux allergiques aux piqûres d’insectes,etc…
3.1.3 Test d’exposition
A l’inverse du précédent, l’animal est exposé à l’allergène supposé. Si les symptômes s’aggravent, cela confirme l’hypothèse de départ. En pratique, ce test est utilisé exclusivement pour le diagnostic des allergies de contact. En effet, il n’est pas conseillé d’exposer un cheval déficient respiratoire à un maximum d’allergènes !
3.1.4 Test de dosage des anticorps circulants – ELISA
3.1.4.1 Principe et technique
Une évaluation des taux d’anticorps anaphylactiques dans le sang du malade est pratiquée par méthode colorimétrique. L’antigène testé est fixé dans une coupelle puis mis en contact avec le sérum de l’animal. Les anticorps présents dans ce sérum se fixent sur l’antigène. Des anti-anticorps marqués (ou anti-sérum), c’est-à-dire des anticorps se fixant sur les anticorps eux-mêmes fixés sur l’antigène, et portant une marque colorée sont versés dans la coupelle. Puis celle-ci est lavée et la couleur résiduelle est évaluée. Plus le fond de la coupelle est coloré, plus il y avait d’anticorps anaphylactiques dans le sang de l’individu.
Fig 4 : Schématisation de l’ELISA (source internet)
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3.1.4.2 Limites
La facilité de réalisation de ce test, qui consiste à effectuer une prise de sang au cheval et à l’envoyer sans condition particulière à un des nombreux laboratoires qui le proposent à des prix assez attractifs a pris le pas sur son véritable intérêt diagnostique.
Il se heurte aussi bien à des limites techniques qu’à des problèmes d’interprétation.
L’antisérum utilisé lors de la révélation des anticorps anaphylactiques est très difficile à obtenir et rarement spécifique de ces anticorps. Il interagit avec d’autres anticorps non impliqués ; les résultats de dosage ont donc une valeur très relative.
Une étude parue récemment a comparé les tests allergiques sériques avec des intradermoréactions sur deux groupes de chevaux : un groupe sain et un groupe de chevaux atopiques (atteints de dermatite atopique, d’urticaire récurrent ou de souffle). Ces tests sériques comprenaient un premier ELISA spécifique d’une chaîne α du récepteur Fcε des IgE, un deuxième ELISA spécifique d’anticorps polyclonaux et un test radioallergosorbent. Ces trois tests ont montré une faible sensibilité mais la spécificité des deux ELISA s’est révélé assez bonne. Plusieurs éléments permettent d’expliquer ces résultats décevants d’après les auteurs. Tout d’abord, un défaut de reconnaissance des IgE équins par les anti-IgE utilisés serait probable comme c’est le cas chez l’homme à cause d’une hétérogénéité des IgE au sein de l’espèce. Ensuite, il n’a jamais été démontré qu’il existait un rapport quelconque entre le taux d’anticorps sérique et le taux d’anticorps dans les organes cibles. De même, la source d’allergène, la qualité des allergènes employés et le matériel utilisé lors de l’étude pourrait être en cause. En effet, l’absence de standardisation des allergènes dans l’espèce équine constitue un problème majeur en allergologie équine. Enfin, comme tous ces tests ont été comparés à des résultats d’intradermoréactions, il serait envisageable que les IDR aient fourni un grand nombre de faux positifs (irritation locale probable due encore une fois à l’utilisation d’allergènes non standardisés) [26].
Avec les méthodes actuelles, ce test doit être utilisé avec beaucoup de précautions ; la présence d’un taux élevé d’anticorps circulants dirigés contre un allergène ne signifie aucunement que l’animal testé est réactif à cet allergène. Il est justifié uniquement en confirmation d’une suspicion clinique, et en accord si possible avec d’autres tests comme les intradermoréactions par exemple. Un résultat positif pour un allergène auquel on n’avait pas pensé, découvert par hasard, n’a aucune valeur diagnostique. Le dosage de ces anticorps chez des chevaux sains « pour rechercher une éventuelle allergie à venir » lors de visites d’achat par exemple, n’a aucune valeur. Il faut espérer que des progrès techniques permettront d’en augmenter la fiabilité.
3.1.5 Test de dégranulation des basophiles
3.1.5.1 Principe
Les basophiles sensibilisés, après incubation avec l’allergène, libèrent des médiateurs et perdent leur affinité pour des colorants spécifiques. Le principe du test est donc de déterminer le pourcentage de basophiles non colorés après le contact antigénique.
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3.1.5.2 Prélèvement
Il est important d’effectuer un prélèvement de bonne qualité. L’échantillon ne supporte pas des changements de température excessifs, ni des chocs répétés. C’est pourquoi un envoi postal est proscrit. Enfin, le prélèvement doit être acheminé en moins de 24 heures.
3.1.5.3 Technique
Les basophiles du sujet sont concentrés par centrifugation sélective, puis ensuite mis en présence de l’allergène, et enfin colorés après incubation.
3.1.5.4 Lecture
La disparition apparente des basophiles dégranulés permet de donner un index de dégranulation : i = (Bt – BAg) / Bt Bt : nombre de basophiles sur le cercle témoin BAg : nombre de basophiles avec dilution antigénique
Cet index se calcule par comptage au microscope optique entre un cercle témoin et des cercles contenant différentes dilutions antigéniques (1/100, 1/1000, 1/10000).
Pour les résultats, on admet que si l’index de dégranulation est :
• supérieur à 35 % pour toutes les dilutions, les réagines spécifiques n’existent pas ou sont en quantité insuffisante,
• entre 35 et 50 % la dégranulation est significative mais de faible
intensité,
• au-delà de 40 % (pour au moins une dilution) la dégranulation est significative
Lors de corticothérapie prolongée ou d’accident allergique récent, une basopénie peut
interdire l’exécution du test.
3.1.5.5 Limites
C’est un test qui semble intéressant mais qui se heurte à des limites techniques :
• Très peu de laboratoires en France pratiquent ce test
• Un test doit être effectué pour chaque allergène, et le coût peut devenir limitatif
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• Ce test se fait sur du sang, et se heurte à la question essentielle de tous les tests
sanguins en allergologie : existe-t-il un rapport entre le taux sérique d’anticorps anaphylactiques et leur présence en grande quantité dans les tissus affectés comme la peau ou l’arbre respiratoire ? Ce sujet sera développé plus loin dans la partie sur le souffle.
3.1.6 Test de transformation lymphoblastique
3.1.6.1 Principe Des antigènes spécifiques mis en contact avec des lymphocytes pré-sensibilisés, provoquent leur transformation en lymphoblaste après une culture de 72 à 96 heures. Divers critères sont utilisés pour apprécier cette transformation :
• Une observation morphologique,
• Une observation de la scintillation après incorporation d’un nucléotide marqué ; la transformation induit une nette augmentation d’ADN,
• Une observation de la mobilité électrophorétique.
3.1.6.2 Intérêts
Chez l’homme, ce test ne permet pas de déterminer avec précision le type d’hypersensibilité. En effet, les lymphocytes interviennent non seulement dans l’hypersensibilité retardée mais aussi humorale. Cependant, il indique la présence d’un état immunologique particulier et spécifique des lymphocytes de l’individu sensibilisé. Chez le cheval, la spécificité de la transformation lymphoblastique dans des conditions expérimentales de sensibilisation est prouvée, mais la comparaison entre des animaux atteints de souffle et des sains ne permet pas d’affirmer l’hypersensibilité. Au mieux, le test de transformation lymphoblastique apparaît intéressant lorsqu’il est positif car il est spécifique et révèle la sensibilisation de l’individu, mais n’indique rien en cas de négativité.
3.1.7 Sensibilité à l’histamine
Chez l’homme, un terrain atopique peut être décelé par la diminution du pouvoir histaminopexique du sérum et donc par l’augmentation de la sensibilité à l’histamine.
Chez le cheval, des résultats contradictoires ont été démontrés rendant ce test ininterprétable.
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3.1.8 Test d’inhibition de la migration des macrophages
3.1.8.1 Principe
Les lymphocytes sensibilisés, issus d’une culture de cellules sanguines blanches de l’individu à tester, inhibent in vitro la migration spontanée des macrophages.
3.1.8.2 Intérêts
Il permet de mettre en évidence une hypersensibilité de type 4. Chez le cheval, il est spécifique sur des animaux sensibilisés expérimentalement.
3.2 Souffle
Dès le troisième siècle avant JC, Aristote décrit l’effort respiratoire caractéristique des chevaux « poussifs ». De nombreux auteurs s’intéressent aux maladies dyspnéisantes du cheval utilisant les termes « broken wind », « accès de pousse », « emphysème alvéolaire chronique », « asthme équin », « bronchite chronique », « bronchiolite chronique », « chronic obstructive pulmonary disease » pour bronchopneumopathie chronique et enfin « heaves », souffle ou encore « recurrent airway obstruction ». Actuellement tous les auteurs s’accordent à penser qu’il s’agit de différentes manifestations d’une même entité pathologique. Les difficultés de terminologie expriment les divergences dans les observations des différents auteurs et les multiples associations pathogéniques qui ne sont pas toutes élucidées.
Aujourd'hui, le souffle est une des affections pulmonaires les plus fréquemment rencontrées en médecine équine.
3.2.1 Epidémiologie
Dans la littérature, peu de données sont disponibles concernant l’épidémiologie de cette maladie mais certaines constatations ont été rapportées de façon anecdotique.
Le sexe ne semble pas avoir d’influence sur la répartition de la maladie.
Aucune prédisposition raciale n’a pu être mise en évidence.
La maladie est rare chez les jeunes animaux et son incidence semble augmenter avec l’âge avec un pic d’incidence autour de 7-8 ans.
Le souffle est rarement observé dans les climats où les chevaux vivent à l’extérieur toute l’année et au contraire, semble plus fréquent dans les régions où les chevaux sont rentrés au box et nourris au foin pendant une plus ou moins longue période de l’année.
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Les années de mauvais fanage accentuent le phénomène. La mise en pâture ou la maîtrise de l’environnement (litière sur tourbe ou copeaux, nourriture aux granulés, bonne ventilation) entraîne une rémission des symptômes.
L’environnement quotidien du cheval semble jouer un rôle important. Ainsi, les poneys et les chevaux de trait, de valeur financière réduite par rapport aux chevaux de course sont fréquemment nourris avec du foin de moins bonne qualité et vivent dans des écuries mal aérées. Parallèlement, on constate une incidence plus élevée de la maladie dans ces populations de chevaux. [27-31]
3.2.2 Signes cliniques
Les signes cliniques du souffle peuvent apparaître uniquement pendant l’exercice au début de la maladie. Les chevaux atteints ne présentent pas de signes au repos mais sont victimes d’une baisse de performance.
D’autres signes cliniques peuvent survenir tels qu’une toux chronique sèche ou productive par intermittence sans fièvre, un jetage bilatéral séromuqueux à mucopurulent intermittent surtout après l’exercice, des bruits anormaux à l’auscultation respiratoire reliés à la présence de sécrétions dans les voies respiratoires et une dyspnée expiratoire.
Les signes cliniques ont tendance à être intermittents mais, à mesure que l’atteinte progresse, ils peuvent devenir continus. La dyspnée devient plus marquée au repos avec une dilatation des naseaux et la double expiration forcée, qui, dans les cas très avancés, cause l’hypertrophie de la musculature abdominale et l’apparition de la « ligne de pousse ». Dans les cas d’obstruction très sérieuse, une tachypnée peut accompagner le tableau clinique, des râles et des sifflements trachéaux (wheezes) sont également facilement audibles. Ces chevaux finissent par devenir cachectiques et deviennent incapables de réaliser le moindre effort. [27, 30, 31]
www.vet.ed.ac.uk/.../ research/images/heavey.jpg
www.ilph.org/.../ 14-10-2002-3240931COPD2.jpg
Fig 5 : Illustration de la « ligne de pousse » (source internet)
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3.2.3 Etiologie
Il paraît peu probable que les signes cliniques de tous les chevaux atteints de souffle soient dus à un seul agent. Les différentes agressions que subit l’appareil respiratoire profond aboutissent à une réponse exacerbée des poumons et à des signes cliniques de souffle. Cependant, dans tous les cas de souffle, une étiologie allergique est indéniable.
3.2.3.1 Hypersensibilité
Plusieurs éléments sont en faveur d’une origine allergique pour cette pathologie. En effet, on observe chez les chevaux atteints de souffle, une plus grande prévalence de titres élevés en anticorps sériques dirigés contre des antigènes de l’environnement. De plus, les chevaux malades présentent des tests intradermiques positifs avec ces antigènes. Toutefois, des chevaux normaux peuvent aussi avoir des anticorps sériques contre ces mêmes antigènes et développer des réactions positives à ce type de test mais avec une fréquence plus faible.
Les tests d’exposition bronchique sont également en faveur d’une étiologie allergique. En effet, lorsqu’on stimule des chevaux atteints de souffle à l’aide de foin poussiéreux ou directement avec des spores de Micropolyspora faeni ou d’Aspergillus fumigatus, les signes cliniques de souffle apparaissent alors que la même expérience réalisée sur des chevaux sains ne montre aucun signe de la maladie. Dès lors que l’on arrête l’exposition à ces substances, une amélioration clinique survient en deux semaines environ. [31]
Tout phénomène allergique trouve son origine dans la réaction exacerbée du système immunitaire de l’hôte vis-à-vis d’une particule indésirable : l’allergène. Leur très grande diversité nous amène néanmoins à les classer en deux groupes :
• Les allergènes dits saisonniers (pollens) car le déclenchement de l’allergie dépend d’une production saisonnière de l’allergène.
• Les allergènes dits non saisonniers qui peuvent être inhalés ou absorbés tout au
long de l’année.
Ces allergènes comportent en général plusieurs déterminants allergéniques. L’identification et la purification des allergènes présents dans des extraits d’acariens et de pollens ont permis de déterminer des allergènes majeurs (reconnus par plus de 50 % de la population allergique) et des allergènes spécifiques (antigène spécifique de l’allergène).
La complexité du problème de sensibilisation et désensibilisation apparaît donc clairement : elle est liée d’une part à la variabilité de la réponse des immunoglobulines vis-à-vis de différents déterminants allergéniques et, d’autre part, à l’existence d’allergènes communs ou spécifiques.
La plupart des allergènes responsables de souffle seront des pneumallergènes répondant à plusieurs critères :
• L’anémophilie (par opposition aux pollens transportés par insectes) ;
• La concentration dans l’air ambiant ;
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• L’allergénicité ;
• La capacité à pénétrer jusqu’aux portions distales du tractus pulmonaire.
Les pneumallergènes sont donc petits, légers et produits ponctuellement ou
perannuellement en suffisamment grande quantité dans la majorité des cas. Cependant, il ne faut pas oublier l’importance de certains trophallergènes qui sous l’influence du parasitisme interne peuvent atteindre les cellules immunocompétentes sous muqueuses et sensibiliser l’organisme. De même, le caractère anémophile sera superflu pour certains allergènes, dans la mesure où le cheval, par opposition à l’homme, respire, renifle et broute au ras du sol. [32]
3.2.3.1.1 Les allergènes saisonniers : les pollens
Ils sont constitués par les pollens d’arbres, de graminées et d’herbacées. L’importance clinique des pollens en suspension dans l’air dépend de plusieurs facteurs comprenant :
• La source végétale ;
• Le transport aérien ;
• L’allergénicité.
Les pollens qui servent de « support » aux allergènes sont de très petite taille, avec un diamètre compris entre 2 et 60 µm pour pouvoir pénétrer jusqu’aux alvéoles. Les pollens plus volumineux, transportés par les insectes, ne pénétreront pas profondément et seront responsables de rhinite. [33]
3.2.3.1.1.1 Les pollens d’arbres
Ils représentent une cause fréquente d’allergie du fait de leur courte pollinisation. Toutefois, d’autres allergènes peuvent intensifier les symptômes dus à ces pollens.
3.2.3.1.1.2 Les pollens de Graminées
Ce sont les pollens anémophiles les plus abondants et les plus largement répandus. Ils ont un diamètre de 28 à 35 µm en moyenne sauf le pollen de seigle (60 µm). Seul
un nombre limité de graminées produisent une quantité suffisante de pollens pour avoir une influence clinique. La communauté antigénique, représentée par les quatre groupes allergéniques immunologiquement distinct de l’ivraie (I, II, III, IV), n’est pas totale.
En effet, tous les pollens de graminées, excepté ceux du chiendent, ont une réactivité croisée avec le groupe I de l’ivraie et 60 % des cas des patients sensibles aux graminées réagit avec le groupe II en excluant la fléole et la flouve.
Il semble donc intéressant d’utiliser des préparations individuelles de chaque pollen. La pollinisation des graminées dure toute l’année avec une activité maximale fin mai
et fin juillet en France.
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3.2.3.1.1.3 Les pollens d’Herbacées
Leur importance chez l’homme semble très faible. Chez le cheval, aucune étude ne montre une allergie à ce type d’allergène.
3.2.3.1.2 Les allergènes non saisonniers
3.2.3.1.2.1 La poussière de grange
C’est un composant souvent mis en exergue dans l’étiologie du souffle chez le cheval.
Il s’agit en fait d’un complexe allergénique composé :
• de poils • de moisissures • de bactéries • d’acariens • de spores de champignons • de débris d’insectes • de déjections animales • de débris végétaux • de restes de nourriture • et de particules minérales.
Comme nous le verrons plus tard, la plupart des chevaux, même non allergiques
réagissent positivement aux tests cutanés. Cela indique qu’une réaction positive n’implique pas forcément une sensibilité à
expression clinique ou que la dilution choisie pour le test est trop faible et déclenche une réaction faussement positive.
En outre, compte tenu de l’hétérogénéité antigénique de ce mélange, il semble normal que la plupart des chevaux déclarent une hypersensibilité de type 1 vis-à-vis de l’un ou plusieurs des constituants (surtout la fraction d’origine animale).
3.2.3.1.2.2 Les acariens
Les acariens les plus souvent mis en évidence sont :
• Tyrophagus putrescientiae • Euroglyphus maynei • Acarus siro • Dermatophagoïdes farinae et pteronyssimus.
Un minimum de 60 % d’humidité relative est nécessaire à leur reproduction. Ils se nourrissent de débris d’origine animale, de squames de mammifères, de reste de
nourriture, de levures ou de moisissures.
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3.2.3.1.2.3 Les allergènes fongiques
Ce sont les composants le plus souvent mis en cause par les différents auteurs. L’étude du foin mal conservé, à la chaleur et à l’humidité a montré qu’il était particulièrement propice au développement d’actinomycètes thermophiles et de certaines moisissures.
3.2.3.1.2.3.1 Les moisissures
Les moisissures mises en évidence dans du foin moisi sont :
• Aspergillus fumigatus • Alternaria tenuis • Penicillium notatum • Cladosporium • Mucor • Fusarium • Cephalosporium.
3.2.3.1.2.3.2 Les actinomycètes thermophiles
De nombreuses variétés sont retrouvées dans du foin mal conservé :
• Micropolyspora faeni • Micromonospora vulgaris • Micromonospora melanospora • Micromonospora chalcea • Thermoactinomyces vulgaris • Thermoactinomyces glaucus • Thermoactinomyces violaceus.
90 % des spores contenues dans le foin moisi sont celles d’actinomycètes thermophiles
dont le diamètre avoisine 1 µm, ce qui leur permet une pénétration facile jusqu’aux portions les plus distales du tractus respiratoire.
Ces actinomycètes thermophiles et en particulier Micropolyspora faeni sont responsables chez l’homme et chez les bovins de la maladie du « poumon du fermier », pneumonie chronique dyspnéisante due à une alvéolite allergique reflétant une hypersensibilité de type 3. Ainsi, deux maladies broncho-pulmonaires d’origine immunologique de l’homme en l’occurrence l’asthme et la maladie du « poumon du fermier », ont servi de base à l’étude des affections broncho-pulmonaires chroniques du cheval.
3.2.3.1.2.4 Les allergènes bactériens
Les antigènes bactériens, connus chez l’homme pour intervenir dans les phénomènes semi-retardés au niveau pulmonaire jouent peut-être aussi un rôle chez le cheval, puisqu’en 1968, Sertic a trouvé dans un lot de chevaux atteints de souffle, 20 % d’animaux réagissant
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positivement à des injections intradermiques d’antigènes bactériens (Streptocoques et Staphylocoques) [34].
3.2.3.2 Facteurs aériens non-spécifiques
L’intervention des irritants physiques (froid, humidité), chimiques (fumée, ammoniaque) ou biologiques (poussières, enzymes, bactéries) ne fait plus aucun doute bien que l’on ne connaisse pas précisément leur mode d’action.
On suppose que ces facteurs agissent à trois niveaux, provoquant :
• Une libération d’histamine des mastocytes, l’activation du complément, par la libération d’enzymes lysosomiales lors de la phagocytose, par les macrophages pulmonaires, des particules de poussière, des spores, des bactéries ou bien encore par l’action du froid qui provoque la dégranulation des mastocytes [35].
• Une inflammation non spécifique qui aboutit à la stimulation des
mécanorécepteurs ; l’activité pharmacologique des enzymes chimiotrypsine-like de Micropolyspora faeni et d’Aspergillus fumigatus aboutit à l’inflammation de la muqueuse pulmonaire et donc à l’hypersécrétion bronchiolaire et à la bronchoconstriction, alors que leur activité enzymatique provoque une digestion tissulaire responsable de lésions irréversibles [36].
• Une irritation des terminaisons nerveuses du nerf vague. Le facteur irritant déposé
sur l’épithélium bronchique peut s’insinuer dans le parenchyme jusqu’à stimuler le nerf vague. De plus, une paralysie mucociliaire, donc un mauvais nettoyage de la muqueuse des voies aériennes provoquée par les polluants, la fumée, le froid, l’humidité, l’ammoniaque prédispose la muqueuse aux agressions ultérieures.
3.2.3.3 Infections préalables
3.2.3.3.1 Virus
De nombreux auteurs ont noté la corrélation entre l’apparition de souffle suite à une infection virale des voies respiratoires. La même corrélation a été établie chez l’homme dans le cas de l’asthme. En effet, il a été montré que la majorité des jeunes enfants souffrant d’une bronchiolite d’origine virale développent des maladies respiratoires chroniques à l’âge adulte.
Le mécanisme par lequel l’infection virale induit la maladie respiratoire reste inconnu, mais il semblerait que cette infection modifie le ratio des récepteurs adrénergiques α et β, ce qui conduirait à un rétrécissement des voies respiratoires au lieu d’une dilatation lors de stimulation adrénergique. Ce phénomène expliquerait la réponse exacerbée observée chez les patients asthmatiques et chez les chevaux atteints de souffle.
Les virus induiraient ainsi un dysfonctionnement pulmonaire à long terme et la prophylaxie des affections virales paraît donc d’autant plus importante [27, 31].
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3.2.3.3.2 Bactéries
Les bactéries agissent davantage comme facteur aggravant que comme facteur déclenchant ou révélateur.
Certains métabolites de l’infection bactérienne (Bordetella, Pseudomonas, Mycoplasma, Pasteurella) bloquent les récepteurs adrénergiques β-2, empêchant ainsi la bronchodilatation réflexe induite par le système nerveux orthosympathique.
Les endotoxines bactériennes possèdent la capacité d’activer le complément par la voie alterne et d’induire la dégranulation des mastocytes libérant ainsi les médiateurs chimiques responsables du bronchospasme.
Les lésions inflammatoires de la muqueuse trachéo-bronchique détériorent l’activité ciliaire.
L’hyperplasie des cellules caliciformes associée à l’élévation du taux de leucocytes, altèrent les propriétés rhéologiques du mucus en augmentant sa viscosité. Ce phénomène, accentué par l’œdème inflammatoire et les spasmes des muscles lisses bronchiques, favorise la formation de bouchons muqueux à l’origine des lésions.
Ainsi les facteurs infectieux peuvent déterminer, après le stade aigu de la maladie, le déclenchement de souffle [31].
3.2.3.4 Prédisposition génétique
Une prédisposition génétique a été suspectée depuis de nombreuses années. Plusieurs arguments sont en effet en faveur d’une étiologie génétique : parmi des chevaux élevés dans le même environnement, certains vont développer la maladie alors que d’autres ne le feront pas. On a vu précédemment que les poneys et les chevaux de trait étaient plus touchés que d’autres races mais peut-être aussi à cause d’une gestion inadéquate de leur environnement.
Chez l’homme, un défaut d’antiprotéase sérique (l’α-1-antitrypsine) d’origine héréditaire serait un facteur prédisposant pour le développement de l’emphysème. Cette molécule intervient dans la protection du tissu pulmonaire contre les agressions par les protéases lysosomiales. Mais les chevaux atteints de souffle présentent des taux normaux d’α-1-antitrypsine et ce défaut ne semble pas être un facteur prédisposant chez le cheval.
Marti et coll. ont montré, en réalisant une étude sur 3 à 4 générations, que lorsque les deux parents ne sont pas atteints de souffle, la prévalence de la maladie au sein des descendants est faible (0,133) ; lorsque l’un des parents est atteint, la chance pour ses descendants de contracter la maladie est 3,2 fois plus grande et enfin si les deux parents sont atteints, la progéniture a 4,6 fois plus de risque de développer du souffle.
Leur étude n’a pas permis de comprendre le mode de transmission mais elle a prouvé que les facteurs génétiques exerce une grande influence sur la transmission de la maladie [30, 37].
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3.2.3.5 Rythmes circadiens de différents paramètres endogènes
On rapporte fréquemment une aggravation importante de la dyspnée la nuit, chez les chevaux souffrant de souffle. De plus, Stadler montre que les résultats de mesure des fonctions pulmonaires sont meilleurs le jour que la nuit. D’autre part les catécholamines et les taux de cortisol sanguin et urinaire semblent aussi sujets aux mêmes rythmes circadiens. Il est donc possible que le cortisol influence les paramètres de la fonction pulmonaire. Une autre influence endogène pourrait venir du système nerveux végétatif : le tonus du système nerveux sympathique prédomine en effet le jour, alors que le tonus vagal prédomine la nuit [38].
3.2.3.6 Alimentation
Les critères épidémiologiques incriminant l’exposition au foin ou à la paille dans l’étiologie du souffle peuvent signifier que le foin et la paille contiennent des substances nocives pour les poumons.
Il a été démontré que le 3-méthylindole lorsqu’il est administré aux chevaux déclenche des signes cliniques d’atteinte pulmonaire indiscernable des signes cliniques de souffle. De plus sur le plan histopathologique, les lésions pulmonaires, caractéristiques d’une bronchiolite, sont identiques dans les deux cas.
Le 3-méthylindole est un métabolite du L-tryptophane, un acide aminé présent dans le foin. Même si le L-tryptophane ne semble pas être métabolisé en 3-méthylindole chez le cheval, il semblerait que dans certaines conditions il serait possible qu’une pneumotoxine orale telle que le 3-méthylindole puisse être ingérée et serait alors responsable d’une atteinte pulmonaire caractérisée par une bronchiolite et des signes cliniques de souffle [30].
3.2.4 Pathogénie
3.2.4.1 Lésions
Malgré l’appellation antérieure « d’emphysème », cette pathologie ne s’accompagne que très rarement de lésions d’emphysème. On la nommait ainsi auparavant du fait d’une difficulté des poumons atteints à se vidanger lors de l’expiration. Or cette perte de fonction serait due à la présence d’un obstacle à l’écoulement de l’air plutôt qu’à des lésions structurales des parois des alvéoles comme c’est le cas lors d’emphysème.
La lésion principalement observée lors de souffle est une bronchiolite.
L’accumulation péribronchique de cellules inflammatoires, principalement des lymphocytes, est accompagnée d’un rassemblement de neutrophiles. La présence d’éosinophiles est inconstante. On observe également des changements dans l’épithélium des petites voies respiratoires : perte de granulation des cellules de Clara, métaplasie des cellules à gobelet et inclusions lamellaires intra-épithéliales.
Du mucus s’accumule dans la lumière des voies respiratoires et dans les alvéoles adjacentes.
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Des mesures quantitatives ont montré un épaississement de la paroi des petites voies respiratoires localisé en partie aux muscles lisses, à l’épithélium et à la sous-muqueuse. Dans les parois alvéolaires avoisinant les bronchioles atteintes, on a mis en évidence une fibrose à des degrés divers, une nécrose des pneumocytes I qui sont remplacées par des pneumocytes II.
Dans les voies de plus gros diamètre, on observe une perte focale de cellules ciliées qui font place à des cellules indifférenciées formant un épithélium hyperplasique.
Des mastocytes sont présents dans les espaces intercellulaires. L’inflammation péribronchique est associée à une perte de ciliature et à des inclusions cristallines intracytoplasmiques.
On observe quelquefois des lésions d’emphysème associé à une perte de capillaires, une augmentation du nombre de pores de Kohn, une augmentation du nombre d’inclusions osmiophiles et une augmentation du collagène dans les septums alvéolaires.
L’inflammation des voies respiratoires occupe ainsi une place prépondérante dans le tableau lésionnel même si l’obstruction respiratoire et l’altération des échanges respiratoires sont les observations cliniques caractéristiques [27, 31].
3.2.4.2 Pathogenèse
Le tableau clinique du souffle est donc dominé par un état inflammatoire au sein de l’arbre respiratoire. Les études cliniques récentes sur le souffle s’intéressent à la pathogenèse de l’inflammation et tentent d’éclaircir les relations entre l’inflammation et l’obstruction respiratoire [27, 39].
3.2.4.2.1 Cellules inflammatoires
Les populations cellulaires sont évaluées à partir d’échantillons réalisés par lavage broncho-alvéolaire (LBA) dont la technique sera détaillée plus loin.
Les cellules présentes dans les voies respiratoires d’un cheval sain diffèrent peu de celles d’un cheval en rémission clinique de souffle et sont principalement des lymphocytes et des macrophages. Lors de la phase clinique de souffle, on constate une modification des populations cellulaires au sein du LBA avec une nette neutrophilie. L’accumulation massive de neutrophiles a lieu entre 3 et 5 heures après l’exposition à du foin ou de la paille. Bien que le pourcentage de neutrophiles augmente avec la sévérité des signes cliniques, il y a une variation considérable entre les chevaux, de sorte qu’une dyspnée sévère n’est pas nécessairement accompagnée d'une inflammation importante et vice versa.
Il a longtemps été suggéré que les neutrophiles étaient les principaux responsables des lésions pulmonaires du fait des protéases et des radicaux libres qu’ils seraient susceptibles de libérer. Toutefois, comme la neutrophilie apparaît aussi chez les chevaux sains qui sont exposés aux poussières de foin et qu’ils ne présentent pas de signes cliniques, le rôle des neutrophiles ne semble aujourd’hui pas si équivoque.
Les neutrophiles sont attirés à la fois par des mécanismes spécifiques et non spécifiques. Les mécanismes non spécifiques incluent un chémotactisme direct du à l’activité des particules végétales inhalées et à l’activation du fragment C5 du complément par la voie
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alterne ou par la sécrétion de cytokines par les macrophages alvéolaires. Tous ces mécanismes ne sont certainement pas les plus actifs puisqu’ils agissent de la même manière chez les chevaux sains.
C’est certainement l’inhalation des antigènes qui induit une réponse immunitaire spécifique où les lymphocytes et les macrophages présents produisent des cytokines qui contribuent au recrutement des neutrophiles. La réponse inflammatoire semble impliquer les LT helper (CD4+) comme dans le cas de l’asthme humain. Lavoie et coll. ont montré que l’inflammation des voies respiratoires lors de souffle concorde avec l’expression de cytokines suggérant une réponse immunitaire de type Th 2.
L’hypersensibilité dans le cas d’inflammation respiratoire est à la fois immédiate et retardée. La réponse immédiate apparaît en quelques minutes après l’exposition aux allergènes, et est caractérisée par une obstruction, due au bronchospasme et réversible à l’aide de broncho-dilatateurs. La réaction retardée survient 3 à 5 heures après l’exposition et peut ou non être précédée d’une réaction immédiate. Dans la mesure où les signes cliniques du souffle se développent quelques heures après l’exposition aux allergènes, et du fait de l’inflammation neutrophilique, du bronchospasme et de la sécrétion de mucus, cette pathologie est davantage due à une hypersensibilité de type retardée. Cependant, l’augmentation locale d’IgE, au sein du poumon, ne laisse aucun doute quant à l’existence d’une hypersensibilité immédiate dans le souffle [27].
3.2.4.2.2 Médiateurs de l’inflammation
Un grand nombre de médiateurs de l’inflammation semble intervenir dans la réponse inflammatoire lors de souffle mais seulement quelques-uns ont été étudiés.
L’activation de la cascade de l’acide arachidonique a été confirmée par Gray et coll. en 1989 qui ont mesuré les concentrations plasmatiques de thromboxane (TX) A2, de prostaglandine I2 (PGI2) et de PGD2 sur un groupe de chevaux sains et un groupe de chevaux atteints de souffle. Seules les concentrations en TXA2 se sont révélées élevées chez les chevaux atteints. Cependant, même si des antagonistes de la cyclo-oxygénase bloque la production de TXA2, ces molécules n’ont aucun effet sur le développement de l’obstruction respiratoire. Ainsi, les produits de la cyclo-oxygénase ne jouent aucun rôle important dans la réponse inflammatoire des chevaux atteints lors d’exposition aux allergènes.
La même équipe a montré en 1992 l’augmentation de la production d’acide 15-hydroxyeicosatétranoique (15-HETE) dans les poumons des chevaux atteints.
Bien que le 15-HETE possède une activité pro-inflammatoire telle que l’augmentation de sécrétion de mucus et la potentialisation de la contraction des muscles lisses, ce médiateur apparaît davantage anti-inflammatoire puisqu’il inhibe la voie de la 5-lipoxygénase dans certaines cellules et diminue ainsi la production de leucotriènes. De plus, il bloque le chemotactisme des neutrophiles par les leucotriènes LTB4 et module l’activation des neutrophiles. L’augmentation des concentrations sériques de 15-HETE chez les chevaux atteints de souffle diminuerait ainsi l’inflammation des voies respiratoires.
Il a été rapporté que l’épithélium trachéal de chevaux sains produit davantage de PGE2 au niveau de la lamina propria que les chevaux souffrant de souffle, or la prostaglandine E2 est une prostanoïde inhibitrice qui diminue la libération de médiateurs par les granulocytes et inhibe la contraction des muscles lisses. Toutefois, on a noté une augmentation de la
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production de PGE2 dans les tissus autres que la lamina propria chez les chevaux atteints. Ces résultats paraissent donc contradictoires et ne sont pas totalement élucidés à ce jour mais tout laisse à penser que cette molécule joue un rôle non négligeable dans la pathogénie de la maladie.
Le rôle de l’histamine dans le souffle semble mineur. Malgré les niveaux élevés d’histamine obtenus dans des LBA post-exposition et malgré la production accrue d’histamine par les cellules recueillies dans les LBA, les observations cliniques suggèrent que le traitement aux anti-histaminiques s’avère inefficace dans la gestion des cas avancés de souffle [27].
3.2.4.2.3 Origine du bronchospasme
La diminution rapide de la résistance pulmonaire suite à l’administration de broncho-dilatateurs à des chevaux atteints de souffle indique que la contraction des muscles lisses des voies respiratoires est une cause majeure de l’obstruction des voies respiratoires. Ce bronchospasme est le résultat à la fois des effets directs de médiateurs sur les muscles lisses et également des effets indirects transmis via le système nerveux autonome [27].
3.2.4.2.3.1 Rôle des médiateurs inflammatoires dans le bronchospasme
Comme on l’a vu précédemment, de nombreux médiateurs semblent être à l’origine du bronchospasme : l’histamine qui contracte les muscles lisses respiratoires mais semble avoir peu d’importance étant donné la réponse médiocre aux antihistaminiques, le thromboxane et le 15-HETE qui possèdent peu d’effets, et la PGE2 qui inhibe la contraction de ces muscles. Les leukotriènes C4, D4 et E4 pourraient être capables de contracter le parenchyme pulmonaire mais n’ont pas d’effets sur les muscles lisses de la trachée.
Il s’agit vraisemblablement d’une interaction de nombreux médiateurs associée à d’autres éléments (innervation,…) qui serait la cause du bronchospasme [27].
3.2.4.2.3.2 Rôle de l’innervation dans le bronchospasme
Plusieurs types d’innervation sont actifs dans les voies respiratoires du cheval : le système nerveux parasympathique, l’orthosympathique et l’innervation excitatrice ou inhibitrice non-adrénergique non-cholinergique (eNANC et iNANC).
• Le système parasympathique est représenté uniquement par des fibres excitatrices innervant la trachée ainsi que les petites et les grosses bronches. L’efficacité de l’atropine en tant que broncho-dilatateur indique qu’il existe une activation des récepteurs muscariniques lors de souffle. Les études réalisées dans ce domaine ne permettent pas de conclure à un dérèglement des récepteurs muscariniques ou à une dégradation retardée de l’acétylcholine par les cholinestérases, ce qui favoriserait l’hypothèse d’une libération accrue d’acétylcholine.
• Le système orthosympathique, lorsqu’il est activé in vitro, permet le relâchement
des muscles lisses de la portion crâniale de la trachée. Très peu d’arguments permettent de démontrer qu’il possède un rôle dans le bronchospasme.
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• Le système iNANC permet le relâchement des muscles lisses de la trachée et des grosses bronches mais devient inefficace dans les régions périphériques. Les chevaux atteints de souffle présentent un défaut de fonctionnement de ce système d’innervation.
• Le système eNANC régule la circulation bronchique par l’intermédiaire des
tachykinines et n’intervient que très peu sur les fibres musculaires lisses. Son rôle dans le souffle du cheval reste obscur [27].
3.2.4.2.3.3 Hyper-réactivité des voies respiratoires
L’hyper-réactivité des voies respiratoires, c’est-à-dire le rétrécissement exagéré de celles-ci en réponse à un grand nombre d’éléments contribue au bronchospasme observé lors de souffle car les voies respiratoires deviennent très sensibles aux neurotransmetteurs broncho-constricteurs, aux médiateurs inflammatoires et aux molécules irritantes comme les poussières. Le mécanisme exact de ce dérèglement reste inexpliqué mais des études morphométriques ont montré qu’il s’agissait en fait d’un épaississement de la muqueuse, de la sous-muqueuse et des muscles lisses respiratoires. Ainsi, lors de contraction même minime des muscles respiratoires, le rétrécissement devient rapidement excessif et l’obstruction respiratoire est donc exacerbée [27].
3.2.4.2.4 Conséquences sur les fonctions respiratoires
3.2.4.2.4.1 Obstruction des voies respiratoires
Comme on l’a vu précédemment, l’obstruction est diffuse et majeure lors de la phase clinique de la maladie. Par comparaison avec des animaux sains, les chevaux atteints de souffle ont une résistance pulmonaire plus élevée et une compliance dynamique plus faible.
L’obstruction est due à la fois au bronchospasme mais aussi à l’accumulation de mucus et aussi probablement à la modification des parois des voies respiratoires. Lors d’administration de broncho-dilatateurs (agissant contre le bronchospasme) sur des chevaux en phase aiguë, on observe une rapide diminution de la résistance pulmonaire sans toutefois atteindre les valeurs de chevaux sains. Cet élément montre que le mucus et l’épaississement des parois des voies respiratoires jouent un rôle important dans l’obstruction de l’arbre respiratoire [27, 40].
3.2.4.2.4.2 Ventilation
Sur les chevaux en phase de rémission clinique, le volume tidal, la fréquence respiratoire et la ventilation diffèrent très peu des chevaux sains. Cependant, lors de la phase d’obstruction respiratoire, la ventilation diminue du fait de l’augmentation de la fréquence respiratoire et de la constance du volume tidal. Ces changements sont parfois moins nets chez les poneys souffrant de cette maladie [27, 40].
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3.2.4.2.4.3 Echanges gazeux
L’hypoxie est une constatation clinique fréquente lors de cas avancés. Cependant une hypercapnie, témoignant d’une hypoventilation est rarement observée malgré l’augmentation des efforts respiratoires dus à l’obstruction. Cette observation a été attribuée à la baisse du flux sanguin due à l’emprisonnement d’air dans les alvéoles et l’inflation excessive des acini [27, 40].
3.2.4.2.4.4 Volumes pulmonaires
Chez les chevaux atteints de souffle, des mesures par des méthodes pléthysmographiques ont montré une augmentation du volume résiduel (volume pulmonaire en fin d’expiration) alors que le volume tidal reste inchangé, ainsi qu’une expiration forcée dans les cas sévères [27], [40].
3.2.4.2.4.5 Courbe respiratoire
Alors que l’inspiration et l’expiration sont biphasiques chez le cheval sain, chez les chevaux souffrant de cette pathologie ces deux événements sont plutôt constants certainement à cause de l’augmentation de la fréquence respiratoire. Dans les cas avancés, l’expiration est d’abord très forte puis le flux d’air diminue à la fin de l’expiration [27, 40].
3.2.4.2.4.6 Circulation pulmonaire
La pression artérielle des vaisseaux pulmonaires est fréquemment augmentée chez les sujets atteints. Comme le fonctionnement cardiaque reste inchangé, ce sont les résistances vasculaires qui augmentent et qui sont responsables de ce phénomène. Plusieurs arguments peuvent justifier l’augmentation de la résistance périphérique : la vasoconstriction des artères pulmonaires due à l’hypoxie, l’hyper-inflation alvéolaire qui comprime les vaisseaux, la vasoconstriction induite par les médiateurs de l’inflammation et enfin la destruction des capillaires dans les zones d’emphysème [27, 40].
3.2.5 Diagnostic
Dans les cas avancés, le diagnostic peut être établi uniquement à partir de l’anamnèse et des signes cliniques présentés, mais le plus souvent des outils complémentaires sont nécessaires à la confirmation du diagnostic de souffle.
3.2.5.1 Auscultation et percussion
Chez les chevaux atteints de souffle dont les seuls signes cliniques consistent en une intolérance à l’effort ou une baisse de performance, l’auscultation est souvent normale, mais l’utilisation du test au sac permet d’augmenter la sensibilité de cet examen. Les premières modifications audibles lors de l’auscultation correspondent à des bruits forts et durs. Des
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difficultés respiratoires apparaissent en fin d’expiration lorsque les voies respiratoires sont rétrécies. Chez les animaux