RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
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Production animale Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises Page 256
Société Série AlpFUTUR: Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population Page 272
Eclairage Au secours des faons Page 302
Des chercheurs d’Agroscope ont comparé la qualité du lait pro-duit dans des exploitations laitières dotées d’un robot de traite et celle du lait produit dans des exploitations avec salle de traite. Il y a de grandes différences au niveau de la qualité du lait entre les exploitations travaillant avec un robot de traite. (Photo: Agroscope)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
255 Editorial
Production animale
256 Traite robotisée et qualité du lait de froma-gerie: des améliorations sont requises Ernst Jakob, Daniel Goy, John Haldemann et
René Badertscher
Production animale
264 Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux Johanna Besier, Brigitte Strickler, Ruedi von
Niederhäusern et Ueli Wyss
Société – Série AlpFUTUR
272 Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population
Xenia Junge et Marcel Hunziker
Environnement – Série AlpFUTUR
280 Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage
Beatrice Schüpbach, Thomas Walter,
Gabriela Hofer et Felix Herzog
Production végétale
288 Sensibilité de la pomme de terre à la pour-riture molle provoquée par Dickeya spp. David Gerardin et al.
Production végétale
296 Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat Rainer Frick, Eric Mosimann, Daniel Suter et
Hansueli Hirschi
Eclairage
302 Au secours des faons
Nicole Berger
306 Portrait
307 Actualités
311 Manifestations
Liste variétale
Encart Liste recommandée des variétés de céréales pour la récolte 2014
Lilia Levy Häner et al.
SommaireJuin 2013 | Numéro 6
Editorial
255Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 255, 2013
Nouveaux défis – nouvelle structure de recherche: Agroscope
Chère lectrice, cher lecteur,
Hormis le défi de nourrir la population croissante de la planète, le réchauffe-
ment planétaire continue à se traduire par une multiplication d’accidents
climatiques, lesquels induisent inévitablement des fluctuations significatives
de production. L’entrée de la spéculation financière dans le marché des
matières premières agricoles entraîne davantage d’instabilité des cours. Il
nous faut donc des agricultures productives mais aussi résilientes et résis-
tantes aux aléas climatiques, aux attaques subites de maladies, aux variations
des prix et aux limites actuelles de nos savoirs scientifiques. Il nous faut donc
être capables de concevoir des systèmes qui interagissent techniquement et
économiquement avec un grand nombre d’acteurs importants du secteur
agro-alimentaire*.
Centralisation ou décentralisation?
Dans ce contexte, charge aux instances dirigeantes de la recherche helvé-
tique de créer les conditions cadres qui permettent aux quatre instituts
d’Agroscope de continuer à répondre aux attentes de notre société ainsi
qu’aux besoins des différentes branches de l’agroalimentaire, aujourd’hui et
demain. Il s’agit autant de standardiser les processus à travers tout Agroscope
que d’encourager les spécificités de chaque institut. Alors, centralisation ou
décentralisation? Là réside tout le questionnement pour Agroscope! – Il est
clair que toute entité poursuivant un objectif précis a besoin d’un centre de
coordination, pour définir son orientation générale et pour veiller à ce que
les parties qui la constituent suivent cette orientation et contribuent à réali-
ser les objectifs communs.
Certains processus seront donc centralisés. D’intenses discussions ont été
menées sur la façon d’harmoniser les processus d’élaboration des pro-
grammes de recherche, de la communication et de l’image d’entreprise, des
investissements, de l’acquisition/gestion de fonds tiers, de planification et
de budgétisation de même que de règlement de travail. Ces dernières
années, nous avons acquis beaucoup d’expérience dans la mise en place de
tels processus au sein d’une entreprise de grande taille, et de surcroît disper-
sée géographiquement. Nous reprendrons les meilleurs succès de tous ces
processus et les généraliserons, dans la mesure du possible, au sein
d’Agroscope. Néanmoins, il est tout aussi clair que toutes les décisions
importantes ne peuvent pas être prises efficacement par le centre unique-
ment, car celui-ci manque d’informations pertinentes et de temps. L’organi-
sation efficace d’Agroscope doit combiner les avantages qu’offre la décen-
tralisation pour la flexibilité et la mobilisation des ressources, avec ceux
qu’offre la centralisation pour la cohérence. Il s’agit donc d’élaborer une
culture d’entreprise commune. Quelle est la façon la plus constructive de
collaborer? Comment pouvons-nous promouvoir le dialogue au sein
d’Agroscope? Quelle philosophie d’entreprise souhaitons-nous développer?
Autant de questions que les organes dirigeants d’Agroscope ont abordées
de manière ciblée et qu’ils se réjouissent d’implémenter avec l’aide de l’en-
semble de leurs collaboratrices et collaborateurs – d’ores et déjà merci à
toutes et à tous!
Jean-Philippe Mayor, Directeur Agroscope ACW
«Faisons face au temps
comme il vient et change»
Shakespeare
*Hautes écoles suisses et étrangères, FiBL et stations de recherche agronomiques étran-gères, grands distributeurs tels Migros, COOP, Fenaco, entreprises agroalimentaires telles Nestlé et de l’agrochimie bâloise, etc.
256 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
Vache dans le robot de traite Astronaut A3 de Lely. (Photo: Agroscope)
I n t r o d u c t i o n
L’influence d’une installation de traite robotisée sur la
qualité du lait a fait l’objet d’un grand nombre d’études.
Toutes concordent sur un point: le lait trait par robot
présente des teneurs en acides gras libres sensiblement
plus élevées (Pomiès et al. 1998; Klungel et al. 2000; Sla-
ghuis et al. 2004; Wiking et al. 2006). Différents auteurs
ont démontré que la teneur en acides gras libres dépen-
dait fortement de la fréquence de traite (Jellema 1986;
Slaghuis et al. 2004; Wiking et al. 2006). Or, celle-ci est
plus élevée dans les exploitations avec robot de traite
(RT) que dans celles avec deux traites par jour. En ce qui
concerne la qualité bactériologique du lait, les études
antérieures ont conclu à une influence négative des RT
(Pomiès et al. 1998; Klungel et al. 2000; Rasmussen et al.
2002). Häni (2008) a étudié l’influence de la technique de
traite utilisée sur la qualité du lait de fromagerie sans
ensilages destiné à la production de Gruyère AOC. Le lait
d’exploitations avec RT et celui d’exploitations avec lac-
toduc présentaient des nombres de germes significative-
ment plus élevés et des réductases préincubées significa-
Ernst Jakob, Daniel Goy, John Haldemann et René Badertscher
Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Ernst Jakob, e-mail: [email protected], tél. +41 31 323 81 45
Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale
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Rés
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Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
La qualité du lait de dix producteurs travail-
lant avec une installation de traite automati-
sée, ou robot de traite (producteurs avec RT),
et de huit producteurs travaillant avec une
salle de traite (exploitations avec ST) a été
comparée. Pendant trois saisons (été,
automne et hiver), un échantillon de lait du
soir et un échantillon de lait du matin suivant
ont été prélevés une fois par mois chez
chaque producteur. Les teneurs en matière
grasse, en protéines, en cellules somatiques
et en acide butyrique libre des échantillons
ont été analysées. De même, les germes
mésophiles aérobies, les germes psychro-
trophes ainsi que les sporulés anaérobies ont
été dénombrés. D’autres paramètres de
contrôle, tels que le point de congélation, le
test d’acidification après 11 h à 38 °C et la
réductase préincubée au bleu de méthylène
après 11 h de préincubation à 32 °C ont aussi
été relevés. Les valeurs moyennes de tous les
paramètres de contrôle, à l’exception de la
matière grasse et des sporulés anaérobies, se
différenciaient de façon significative entre
exploitations avec et sans RT (P<0,05). Le lait
des producteurs avec RT a montré une
réductase préincubée significativement plus
courte (38,0 vs 47,3 min; P<0,001), une
acidification plus intense (14,5 vs 11,4 °SH;
P<0,001), un nombre de germes mésophiles
aérobies légèrement plus élevé (6800 vs
6000 ufc/ml; P<0,001) et des teneurs en acide
butyrique libre (ABL) sensiblement plus
élevées (0,107 vs 0,061 mmol/L; P<0,001).
Pour tous les critères, excepté l’ABL, l’in-
fluence du producteur était plus importante
que celle de la technique de traite.
tivement plus courtes que le lait de producteurs avec
salle de traite (ST). Comparé à ce dernier, le lait trait au
robot contenait en outre trois fois plus d’acide butyrique
libre. Les producteurs de lait de fromagerie avec RT ont
donc été contraints de limiter les intervalles de traite à
8 h au minimum. La présente étude visait à examiner si
une limitation des intervalles de traite et d’autres amé-
liorations techniques de même que des adaptations dans
la gestion de l’exploitation pouvaient améliorer la qua-
lité du lait.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Exploitations laitières
Pour cet essai, neuf exploitations laitières de la région
de production du Gruyère AOC travaillant avec un sys-
tème RT ont été sélectionnées. S’y est ajoutée une exploi-
tation avec RT dont le lait était transformé en Emmenta-
ler AOC. Le groupe de producteurs avec un RT se
composait donc de dix exploitations réparties dans dix
sociétés de laiterie. Le groupe de comparaison était
formé quant à lui de huit producteurs avec ST affiliés aux
mêmes sociétés de laiterie. Dans le groupe RT, seuls deux
fabricants étaient représentés (4× Lely et 6× DeLaval)
alors que dans le groupe ST, il y en avait cinq (DeLaval,
GEA, SAC, Surge, Westfalia).
Echantillons de lait
Pendant la période d’essai de sept mois (de juillet à jan-
vier), un échantillon de lait du soir et un échantillon de
lait du matin suivant par exploitation ont été prélevés
une fois par mois. Les échantillons ont été prélevés à la
fromagerie où les producteurs de lait livraient leur lait
deux fois par jour. Ils étaient immédiatement refroidis à
<5 °C et apportés au laboratoire dans les quatre heures
pour y être aliquotés en vue des différentes analyses. Les
aliquotes d’échantillons destinés à la détermination des
acides gras libres ont été congelés et entreposés à -20 °C
jusqu’à leur analyse.
Méthode d’analyse
Les teneurs en MG, en protéines de même que le point
de congélation ont été mesurés par spectrométrie infra-
rouge (MilkoScan FT; FOSS, DK-3400 Hillerød). Les cel-
lules somatiques ont été dénombrées par fluorescence
optique (Fossomatic FC; FOSS, DK-3400 Hillerød) de
même que les germes aérobies mésophiles (BactoScan
FC 150; FOSS, DK-3400 Hillerød). Le dénombrement des
germes psychrotrophes a été effectué par cultures micro-
biologiques (Plate Count Agar avec 0,1 % de lait écrémé
en poudre; incubation à 6,5 °C/10 j) de même que les
spores butyriques (méthode MPN avec un milieu de
Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises
258 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
culture Bryant-Burkey; incubation à 37 °C/7 j). Le test
d’acidification après 11 h à 38 °C et l’épreuve de réduc-
tase préincubée au bleu de méthylène ont été effectués
conformément aux instructions figurant dans le manuel
de FROMARTE (Anon, 2010). L’acide butyrique libre a été
déterminé après estérification d’acide avec de l’éthanol
(1 ml de lait + 0,2 ml HCl 2,87 M + 0,2 ml d’éthanol; incu-
bation à 95 °C pendant 3 min) par chromatographie en
phase gazeuse (espace de tête) (Badertscher 2009) dans
les échantillons de lait frais, de même qu’après un entre-
posage du lait pendant 24 h à 20 °C (conservation avec
du bronopol).
L’évaluation statistique des résultats a été effectuée
au moyen d’une analyse de variance (General Linear
Model, SYSTAT Version 12) selon le modèle Y = m + α + β
+ γ + δ(γ) + ε, dans lequel m = valeur médiane, α =
influence de la saison (été/automne/hiver), β = influence
de la traite (matin/soir), γ = influence du système de
traite (RT/ST), δ(γ) = influence des producteurs au sein du
groupe RT/ST, ε = variation résiduelle. Les interactions
entre les facteurs saison, traite et système de traite ont
été analysées avec un modèle élargi. Des interactions
sont apparues entre les facteurs traite et système de
traite au niveau de la teneur en MG, du nombre de cel-
lules et de l’acide butyrique libre (C4 0 h) de sorte que
dans ce cas le modèle Y = m + α + β + γ + δ(γ) + β*γ + ε a
été utilisé.
R é s u l t a t s
Pour la plupart des paramètres de qualité du lait, la dis-
persion à l’intérieur du groupe ST était tendanciellement
plus faible qu’au sein du groupe RT. La cause la plus
importante de la dispersion est clairement le facteur
producteur qui a eu une influence hautement significa-
tive sur tous les paramètres de qualité analysés (tabl. 1).
Comme escompté, la saison a influencé les teneurs en
MG, en protéines et en cellules somatiques (CS) de même
que la flore bactérienne du lait. Les teneurs en MG, en
protéines et en germes psychrotrophes étaient plus éle-
vées en hiver qu’en été; par contre, le nombre de cellules
et celui de germes aérobies mésophiles (GAM) étaient
plus bas. En hiver, les échantillons incubés à 38 °C présen-
taient en général des degrés d’acidité plus bas et donc
Facteur d’influence: Saison TraiteProduc-
teurSystème de
traite
LSM(1) LSM(1)
UnitésRT ST
Paramètre de contrôle
MG ** */*** (2) *** n. s. 4,001 4,066 g/100g
Protéines *** n. s. *** * 3,334 3,374 g/100g
Point de congélation n. s. * *** * –0,522 –0,524 °C
Nombre de cellules (CS) *** n. s/* (2) *** ** 5,222 5,141 log cellules/ml
Nombre de germes (GAM) *** n. s. *** *** 3,835 3,777 log ufc/ml
Germes psychrotrophes *** n. s. *** * 2,046 1,821 log ufc/ml
Spores butyriques * n. s. *** n. s. 2,004 2,021 log ufc/ml
Test de réductase préincubée n. s. * *** *** 38,0 47,3 min
Degré d’acidité 11 h/38 °C n. s. * *** *** 14,5 11,4 °SH
A. butyrique libre 0 h (C4 0 h) *** n. s./** (2) *** *** 83 49 μmol/l
A. butyrique libre 24 h (C4 24 h) *** n. s. *** *** 107 61 μmol/l
Augmentation de l’a. butyri. libre * n. s. *** *** 24 13 μmol/l
1LSM = least square means.2Interactions entre traite et système de traite (différence à l’intérieur des groupes de producteurs RT/ST).
n.s. = les valeurs moyennes ne se différencient pas de façon significative (P ≥0,05); * = P <0,05; ** = P <0,01; *** = P <0,001.
Tableau 1 | Analyse de variance de tous les paramètres de qualité du lait (N = 201)
Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale
259Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
teurs avec ST peuvent s’expliquer au moins en partie par
la durée d’entreposage plus longue de 13 h des échantil-
lons de lait, comparé aux échantillons de lait du matin.
Dans les exploitations avec RT, dans lesquels il n’y avait
pas d’heures de traite fixes, cet effet n’a pas été observé.
Des différences significatives entre le groupe de pro-
ducteurs avec RT et le groupe avec ST ont été observées
pour tous les paramètres analysés, à l’exception des
teneurs en MG et en spores butyriques (tabl. 1). Le fac-
teur producteur a eu une influence sensiblement plus
marquée que le facteur système de traite sur tous les
paramètres, à l’exception de l’acide butyrique libre (C4
0 h et C4 24 h), qui a été davantage influencé par le sys-
tème de traite.
Les fromageries suisses qui produisent du fromage
au lait cru contrôlent la qualité bactériologique du lait
livré en premier lieu par le test de la réductase préincu-
bée, après une préincubation de 11 h des échantillons de
lait à 32 °C, et par le test d’acidification après 11 h de
préincubation à 38 °C. La plupart des producteurs avec
RT et avec ST ont rempli les exigences dans le test de la
réductase (t >15 min). Dans deux exploitations avec RT,
la valeur médiane était cependant proche de la limite de
contestation (fig. 1). La situation était moins satisfai-
sante en ce qui concerne le degré d’acidité du lait, un
paramètre de mesure de l’activité des germes acidifiants
une flore d’acidification moins active que les échantil-
lons d’été et d’automne. De même, l’hydrolyse de la MG
s’est avérée fortement dépendante de la saison. De l’été
à l’hiver, la teneur du lait en acide butyrique libre a
baissé de 30 %, ce qui correspond aux observations de
Chazal et Chilliard (1986) sur la saisonnalité des acides
gras libres dans le lait.La traite (soir/matin) avait en général une faible
influence sur la composition du lait. Cependant, l’in-
fluence sur la teneur en MG, le nombre de cellules et la
concentration de l’acide butyrique libre dans le lait frais
(C4 0 h) dépendaient de façon significative du système de
traite (tabl. 1). Dans le groupe RT, le nombre de cellules et
les valeurs de l’acide butyrique ne variaient pas de façon
significative entre le matin et le soir et la teneur moyenne
en MG du lait du matin était de 0,12 g/100 g plus élevée
que dans le lait du soir (P <0,05). Dans le groupe ST, la
teneur en MG du lait du soir était de 0,37 g/100 g plus
élevée que dans le lait du matin (P<0,0001) de même que
le nombre de cellules (5,174 vs 5,109 log cellules/ml;
P<0,05) et la teneur en acide butyrique libre (56 vs
42 μmol/l; P <0,01). D’autres auteurs (Quist et al. 2008)
ont également observé des teneurs en MG et des
nombres de cellules plus élevés dans le lait du soir de
troupeaux traits deux fois par jour. Les teneurs plus éle-
vées en acide butyrique dans le lait du soir des produc-
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Figure 1 | Test de réductase dans le lait après une durée de préincubation de 11 h à 32 °C. La plage verte indique le domaine de valeurs idéales (> 15 min). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane centrale, les traits vers le haut in-diquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile – 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes.
Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises
260 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
dans le lait cru. Dans trois des dix exploitations avec RT,
au moins 75 % du lait livré a dépassé le degré d’acidité le
plus élevé autorisé, soit 15 °SH (fig. 2). Cinq exploitations
avec RT avaient toutefois un degré d’acidité du lait com-
parable à celui des exploitations avec ST.
Mis à part quelques valeurs aberrantes, le nombre
de germes aérobies mésophiles du lait était conforme
aux exigences légales dans les deux groupes de produc-
teurs (fig. 3). La valeur limite recommandée pour la pro-
duction de fromage au lait cru de <10 000 ufc/ml, et
dont la stricte observation donne lieu à des primes de
qualité, a été respectée par un grand nombre de pro-
ducteurs. Dans seulement deux exploitations avec RT,
les nombres de germes étaient plus élevés dans la majo-
rité des échantillons.
Bien que faibles, les différences constatées entre les
groupes RT et ST au niveau du nombre de cellules soma-
tiques dans le lait étaient tout de même significatives du
point de vue statistique (P<0,01). Les différences les plus
importantes entre RT et ST se sont manifestées au niveau
de la concentration en acide butyrique libre dans le lait,
et cela tant dans les échantillons frais que dans les
échantillons entreposés pendant 24 h (tabl. 1 et fig. 4).
Le lait des producteurs avec RT contenait en moyenne
1,8 fois plus d’acide butyrique libre que le lait des pro-
ducteurs avec ST. Dans six des dix exploitations avec RT,
la valeur limite de 105 µmol/l recommandée par
Agroscope pour l’acide butyrique libre (C4 24 h) a été
dépassée dans 50 % des livraisons de lait analysées. Une
exploitation avec RT a pourtant enregistré des valeurs
irréprochables, comparables à la moyenne des exploita-
tions avec ST.
D i s c u s s i o n
Comme l’avait constaté Häni (2008) dans son étude
effectuée en 2006, la présente étude montre que le lait
des exploitations avec RT obtient un moins bon résultat
que le lait des exploitations avec ST en ce qui concerne
les critères de qualité microbiologique et hygiénique
usuels dans la pratique fromagère (test de réductase et
test d’acidification après une incubation de 11 h). Dans
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Figure 2 | Test d’acidification du lait après une durée d’incubation de 11 h à 38 °C. La plage verte indique le domaine de valeurs idéales (<15 °SH). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi, les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 1,5 × isi et les cercles, les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 3,0 × isi.
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fc/m
l]
Figure 3 | Nombre de germes aérobies mésophiles du lait. La plage verte indique le domaine de valeurs recommandées pour la production de fromages au lait cru (< 10 000 ufc/ml), celle en jaune, les exigences prescrites par l’Ordonnance sur l’hygiène dans la production laitière de ≤ 80 000 ufc/ml (Anonyme 2013). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane >1,5 × isi et les cercles, les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane > 3,0 × isi.
101
102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92
Exploitation
0
100
200
300
C4 2
4 h
[log
µmol
/l]
Exploitations avec robot de traite
101
102 11 21 22 31 32 41 42 51 52 61 62 71 81 82 91 92
Exploitation
0
100
200
300
C4 2
4 h
[log
µmol
/l]
Exploitations avec salle de traite
Figure 4 | Acide butyrique libre après 24h dans les échantillons de lait conservés au bronopol. La plage verte indique le domaine de valeurs recommandées par Agroscope pour le lait de fromagerie (< 105 μmol/l). Les rectangles indiquent l’intervalle semi-interquartile (isi) avec la ligne médiane, les traits vers le haut indiquent l’intervalle du 1er quartile + 1,5 × isi et les traits vers le bas, le 3e quartile - 1,5 × isi. Les étoiles indiquent les valeurs extrêmes avec un écart de la médiane >1,5 × isi.
262
Production animale | Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
le lait des producteurs avec RT, Häni (2008) avait relevé
en moyenne 14 500 ufc/ml de germes aérobies méso-
philes contre 4600 ufc/ml dans le lait des exploitations
avec ST (valeurs géométriques moyennes), ce qui
confirme les observations d’autres auteurs (Pomiès et al.
1998; Klungel et al. 2000; Rasmussen et al. 2002). Les
valeurs géométriques moyennes relevées dans la pré-
sente étude s’élèvent à 6800 pour les exploitations avec
RT et à 6000 ufc/ml pour celles avec ST. Une différence si
infime est sans importance du point de vue de la pra-
tique fromagère. Ce qui est important en revanche, c’est
le fait que quelques producteurs avec RT présentaient
assez fréquemment des résultats insuffisants (fig. 2 et 3).
Quant à l’influence des RT sur la santé de la mamelle et
le nombre de cellules somatiques dans le lait, peu de
résultats sont disponibles et ceux-ci sont le plus souvent
contradictoires. Alors que Klungel et al. n’ont constaté
aucune influence lors de leur étude en 2000, Rasmussen
et al. (2002) observaient deux années plus tard une aug-
mentation du nombre de cellules après conversion au
robot de traite. Les producteurs avec RT ayant participé
à la présente étude ont enregistré des nombres de cel-
lules légèrement supérieurs dans leur lait par rapport
aux producteurs avec ST (tabl. 1).
L’augmentation, mise en évidence dans un grand
nombre d’études, des acides gras libres dans le lait après
l’installation d’un RT (Pomiès et al. 1998 ; Klungel et al.
2000 ; Slaghuis et al. 2004 ; Wiking et al. 2006) est due
avant tout à l’intervalle de traite plus court (Slaghuis et
al. 2004 ; Wiking et al. 2006). Au moment de l’étude de
Häni en 2006, les producteurs avec RT qui ont participé
à l’étude n’en tenaient pas encore compte. Ce n’est
qu’en 2008 que les producteurs de lait de fromagerie
avec RT ont été contraints à respecter des intervalles de
traite d’au moins 8 h. Les teneurs en acide butyrique
libre dans le lait des producteurs avec RT sont en effet
nettement plus basses dans la présente étude que dans
celle de Häni (2008), dans laquelle les valeurs du lait trait
au robot étaient en moyenne 3,5 fois plus élevées que
celles du lait des producteurs avec ST. Dans la présente
étude, les valeurs du lait trait au robot ne sont certes
que de 1,75 fois plus élevées, mais cette différence reste
considérable. Pour réduire encore davantage la dégra-
dation de la MG dans le lait trait au robot, il faudrait
encore prolonger les intervalles minimaux de traite.
Comme l’ont montré Slaghuis et al. (2004), la teneur du
lait en acides gras libres baisse de 40 % si l’on augmente
l’intervalle de traite de 8 h à 12 h.
C o n c l u s i o n s •• En général, l’influence du système de traite sur la
qualité du lait est nettement plus faible que l’in-
fluence du producteur.
•• Comparée à l’étude réalisée en 2006 (Häni 2008), la
qualité du lait de fromagerie trait au robot, en
particulier le nombre de germes et les acides gras
libres, s’est considérablement améliorée.
•• En dépit de l’introduction en 2008 d’intervalles de
traite d’au moins 8 h, le lait trait par robot présente
toujours une dégradation de la graisse en moyenne
deux fois plus importante que le lait des producteurs
avec ST. Il est recommandé aux producteurs de
fromage au lait cru de bien contrôler le lait provenant
de producteurs avec RT.
•• La bonne qualité du lait de trois producteurs avec RT
sur dix montre que les fabricants de robots de traite
ont apporté des améliorations techniques notables
dans l’utilisation de leurs appareils.
•• La dispersion plus importante des résultats du contrôle
du lait dans le groupe des exploitations avec RT
indique que les robots de traite ont été utilisés dans
des conditions parfois inappropriées ou qu’ils ont été
insuffisamment surveillés. n
263
Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 256–263, 2013
▪ Pomiès D., Vimal T., Bony J. & Coulon J. B., 1998. Mise en place d’un ro-bot de traite dans une ferme expérimentale: Premiers résultats obtenus à l’INRA. Rencontres autour des recherches sur les ruminants No 5, Paris F (02/12/1998), no 5, 335-338. ISBN 2-84148-029-1.
▪ Quist M. A., LeBlanc S. J., Hand K. J., Lazenby D., Miglior F. & Kelton D. F., 2008. Milking-to-milking variability for milk yield, fat and protein per-centage, and somatic cell count. J. of Dairy Science 91 (9) 3412–23.
▪ Rasmussen M. D., Bjerring M., Justesen P. & Jepsen L., 2002. Milk quality on Danish farms with automatic milking systems. J. of Dairy Science 85 2869–2878.
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▪ Wiking L., Nielsen J. H, Båvius A.-K., Edvardsson A. & Svennersten- Sjaunja K., 2006. Impact of Milking Frequencies on the Level of Free Fatty Acids in Milk, Fat Globule Size, and Fatty Acid Composition, J. of Dairy Science 89, 1004–1009.
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▪ Anonyme, 2013. Ordonnance du DFI réglant l’hygiène dans la production laitière (OHyPL) du 23 novembre 2005 (état au 1er janvier 2013) RS 916.351.021.1. Accès: www.admin.ch/ch/f/rs/c916_351_021_1.html
▪ Badertscher R., 2009. Flüchtige Carbonsäuren in Milch, direkt Head-space. Methode ALP Nr. 4176 (non publié), Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 3003 Berne.
▪ Chazal M. P., Chilliard Y., 1986. Effect of stage of lactation, stage of preg-nancy, milk yield and herd management on seasonal variation in sponta-neous lipolysis in bovine milk. J. of Dairy Research 53 (4) 529–538.
▪ Häni J.-P., 2008. Influence des installations de traite automatique (robots de traite) sur la fromageabilité du lait à Gruyère AOC. Rapport d’essai Agroscope Liebefeld-Posieux. ALP interne 379, 22.04.2008.
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▪ Klungel G. H., Slaghuis B. A. & Hogeveen H., 2000. The Effect of the int-roduction of automatic milk systems on milk quality. J. of Dairy Science 83, 1998–2003.
Robot di mungitura nella produzione lattifera
con un potenziale di miglioramento
È stata confrontata la qualità del latte di dieci
aziende dotate di un sistema di mungitura
automatica (aziende AMA) con otto aziende
dotate di sala di mungitura (aziende SM).
Durante l’estate, l’autunno e l’inverno è stato
prelevato in ogni azienda, una volta al mese un
campione di latte della mungitura serale e uno
del mattino seguente. I campioni sono stati
analizzati per quanto riguarda il tenore in grassi,
proteine, cellule somatiche e acido butirrico
libero, nonché il numero di germi aerobi mesofili,
germi psicrotrofi e spore anaerobiche. Ulteriori
parametri di esame erano il punto di congela-
mento, l'acidità di titolazione dopo 11 ore a
38 °C e il tempo di riduzione del blu di metilene
dopo 11 ore di incubazione a 32 °C. Per quanto
riguarda tutti i parametri esaminati, a eccezione
dei grassi e delle spore anaerobiche, i valori medi
delle aziende AMA e SM si differenziano in
modo significativo (P<0,05). Il latte delle aziende
AMA ha mostrato un tempo di riduzione del blu
di metilene notevolmente inferiore (38,0 vs.
47,3 min; P<0,001), maggiore acidità di titola-
zione (14,5 vs. 11,4 °SH; P<0,001), un numero di
germi aerobi mesofili leggermente più elevato
(6800 vs. 6000 kbE/mL; P<0,001) e tenori di acido
butirrico libero nettamente superiori (0,107 vs.
0,061 mmol/L; P<0,001). Per tutti i criteri, a
eccezione dell’acido butirrico libero, l'influenza
dei produttori è stata maggiore di quella
esercitata dalla tecnica di mungitura.
Automatic milking systems in cheese milk
production: potential for improvements
The quality of milk produced by ten farms with
an automatic milking system (AMS) and eight
farms with a milking parlour (MP) was compared.
On each farm, two milk samples – one of
evening milk and one taken the following
morning were taken monthly in summer, autumn
and winter. The samples were analysed for fat,
protein, somatic cells, free butyric acid, aerobic
mesophilic germs, psychrotrophic germs and
anaerobic spores. Other test parameters were
freezing point (FP) as well as titratable acidity
and methylene blue reduction time after pre-
incubation for 11h at 38 °C and 32 °C respec-
tively. Mean values for AMS and MP milk were
significantly different for all parameters except
fat and AS (P<0.05). Milk from AMS farms had
significantly shorter methylene blue reduction
time (38,0 vs. 47,3 min; P<0,001), higher titrat-
able acidity (14,5 vs. 11,4 °SH; P<0,001) and
slightly higher counts for aerobic mesophilic
germs (6800 vs. 6000 kbE/mL; P<0,001). Levels of
free butyric acid were much higher in AMS milk
than in MP milk (0,107 vs. 0,061 mmol/L;
P<0,001). For all parameters except free butyric
acid, farm-to-farm variations were more impor-
tant than variations between the milking
systems.
Key words: automatic milking, season, milk
quality, aerobic mesophilic germs, somatic cell
count, lipolysis, free fatty acids.
264 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
Quel fourrage est le plus approprié pour nourrir les chevaux: foin ou haylage? Les avis des propriétaires de chevaux divergent.
I n t r o d u c t i o n
La production de foin est, dans l’affouragement des
chevaux, la méthode traditionnelle par excellence de
conservation du fourrage (Müller et Uden 2007). Cepen-
dant, ces dernières années en Scandinavie et en Europe
centrale, le foin distribué aux chevaux est de plus en
plus souvent remplacé par des ensilages ou du haylage
(Schwarz et al. 2005; Müller 2012). Le haylage se diffé-
rencie des ensilages conventionnels par une teneur en
matière sèche (MS) plus élevée qui, selon Allen et al.
(2011), devrait être supérieure à 50 % et, selon Kalzen-
dorf et Thaysen (2011), devrait se situer entre 45 et
60 %. Or, dans la pratique, le haylage enregistre sou-
vent des teneurs en MS de plus de 60 % (Nater et al.
2007; Rathjen 2012).
La production de foin de bonne qualité ne dépend
pas seulement de la qualité du fourrage vert, mais aussi
des conditions météorologiques. Souvent instables au
moment de la récolte, elles s’avèrent problématiques
pour la production de foin de bonne qualité, car elles
peuvent entraîner la réduction des valeurs nutritives et
Johanna Besier1, Brigitte Strickler1, Ruedi von Niederhäusern1 et Ueli Wyss2
1Station de recherche, Agroscope ALP-Haras, 1580 Avenches, Suisse2Station de recherche, Agroscope ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse
Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 14
Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale
265
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
Dans l’alimentation des chevaux, le foin est
de plus en plus souvent remplacé par du
haylage. En 2011, dans un essai effectué à
Avenches VD, du foin et du haylage ont été
produits à partir d’une prairie semée de
ray-grass italien et d’une prairie semée d’un
mélange de graminées. Ce dernier était
composé de dix variétés de graminées et de
luzerne. Les propriétés de conservation, les
valeurs nutritives et la qualité microbiolo-
gique des fourrages ont été évaluées en
tenant compte des spécificités de l’alimen-
tation des chevaux.
Par rapport au mélange de graminées, le
ray-grass présentait des teneurs inférieures
en cendres brutes, en matière azotée, en
cellulose brute et en matière azotée
digestible, et des teneurs supérieures en
sucres et en fructanes de même que
davantage d’énergie digestible cheval, qui a
été estimée selon les teneurs en nutriments.
Le type de conservation haylage ou foin
s’est répercuté de façon significative sur la
teneur en matière azotée, en matière
azotée digestible et en fructanes. La teneur
en matière azotée et la teneur en matière
azotée digestible étaient en effet plus
basses dans le foin que dans le haylage. La
teneur en fructanes était en revanche plus
élevée. D’importantes différences ont été
relevées au niveau de la qualité microbiolo-
gique du haylage et du foin. Le foin n’était
pas suffisamment sec au moment du
pressage (MS < 82 %) et présentait donc
après l’entreposage une contamination
importante en moisissures. En raison des
teneurs en fructanes plus basses et de la
contamination en moisissures plus faible, le
haylage s’est révélé dans cet essai plus
avantageux pour les chevaux que le foin.
une mauvaise qualité microbiologique. Or, le foin
devrait présenter lors de son stockage une teneur en MS
d’au moins 85 %, afin d’une part de prévenir la forma-
tion de moisissures et, d’autre part, d’éviter un échauf-
fement (Gregory et al. 1963; Meyer 1986).
Le haylage présente les avantages suivants par rap-
port au foin: la durée de fanage au champ étant réduite,
le risque dû aux conditions météorologiques est plus
faible; Vandenput et al. (1997) ont constaté que le hay-
lage emballé dans un film plastique présentait des quan-
tités de moisissures significativement plus basses, com-
paré au foin; les concentrations de poussière élevées
dans le foin sont souvent à l’origine de maladies des
voies respiratoires chez les chevaux. Le haylage peut
donc être utilisé de façon préventive pour éviter ces
maladies (Müller 2012).
Cet essai avait pour objectif d’une part de clarifier si
des différences existent au niveau des teneurs en nutri-
ments et de la qualité microbiologique entre haylage et
foin produits avec le même fourrage vert. D’autre part,
il visait à étudier si un fourrage composé uniquement de
ray-grass, présentant donc davantage de sucres et de
fructanes, se conserve mieux qu’un fourrage issu d’un
mélange de graminées et de luzerne.
Dans le cadre d’un travail de master, du foin et du
haylage ont été produits à partir d’une prairie de ray-
grass italien et d’une prairie semée avec un mélange de
Figure 1 | Le ray-grass est communément utilisé dans l'alimenta-tion des chevaux, mais il a des teneurs en sucres élevées, en parti-culier en fructanes.
Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux
266 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
graminées et de luzerne. Les propriétés de conservation,
les valeurs nutritives et la qualité microbiologique du
fourrage produit ont été évaluées en tenant compte des
spécificités de l’alimentation des chevaux.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
En 2010, à Avenches, on a semé, selon le procédé de semis
en lignes, d’une part un ray-grass italien (Lolium multiflo-
rum) de la variété Ellire (50 kg de semences/ha) et, d’autre
part, un mélange de graminées (38 kg de semences/ha)
comprenant de la luzerne (Medicago sativa), recom-
mandé par le fabricant comme fourrage spécialement
conçu pour les chevaux. La composition du mélange et les
quantités semées figurent dans le tableau 1.
Le fourrage issu du premier cycle a été conservé à la
fois sous la forme de foin et de haylage. L’herbe a été
fauchée le 23 mai 2011 et se trouvait à cette date en
grande partie au stade 6 «floraison». Après deux jours de
séchage au sol et un passage de pirouette quotidien
pour le haylage et deux par jour pour le foin, les balles de
haylage ont été pressées à midi et celles de foin, le soir.
Le haylage a été pressé en balles carrées d’un format
de 170 × 120 × 70 cm, puis emballées dans un film plas-
tique (9 couches). Les balles de haylage composé de ray-
grass pesaient 460 kg et présentaient une teneur en MS
Plantesquantité semée en
kg/ha
Ray-grass d'Italie (Lolium multiflorum) (Oryx) 3,8
Ray-grass anglais (Lolium perenne) (Alligator) 3,0
Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata) (Pizza) 3,8
Fétuque rouge (Festuca rubra) (Echo) 3,4
Fétuque des prés (Festuca pratensis) (Preval) 7,6
Fléole des prés (Phleum pratense) (Anjo) 2,3
Vulpin des prés (Alopecurus pratensis) (Vulpera MS) 0,8
Pâturin des prés (Poa pratensis) (Lato) 1,5
Crételle des prés (Cynosurus cristatus) (Cresta) 1,1
Fromental élevé (Arrhenaterum elatius) (Arone). 6,8
Luzerne (Medicago sativa) (Sanditi-Dormal) 3,8
Total 38,0
Tableau 1 | Composition du mélange et quantités semées
Figure 2 | L’appréciation sensorielle permet de bien estimer la qualité du fourrage.
Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale
267Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
Afin de déterminer les teneurs en nutriments et la qua-
lité microbiologique des deux types de fourrage, des
échantillons ont été prélevés lors de la mise en conserve
en mai 2011, dans les balles après l’entreposage en jan-
vier/février 2012 et dans les balles de haylage sept jours
après l’ouverture de celles-ci. En outre, les valeurs pH et
les acides fermentaires ont été analysés dans les échan-
tillons de haylage prélevés après l’entreposage et égale-
ment sept jours après l’ouverture des balles. Une ana-
lyse sensorielle a été également réalisé avec ces
fourrages (fig. 2). Les teneurs ont été déterminées au
moyen d’une analyse NIRS et les valeurs nutritives ont
été évaluées en tenant compte des spécificités de l’ali-
mentation des chevaux selon Zeyner et al. (2010).
de 66,2 %. Calculée à partir de ces données, la densité de
pressage s’élevait à 213 kg MS/m3. Quant aux balles de
haylage composé du mélange de graminées, elles
pesaient 485 kg et présentaient une teneur en MS de
71,8 % (densité de pressage: 243 kg MS/m3).
Le foin a été pressé en balles rondes d’un diamètre
de 150 cm et d’une hauteur de 120 cm. Les balles de foin
composé de ray-grass pesaient après l’entreposage
232 kg et enregistraient une teneur en MS de 84,3 %. La
densité de pressage calculée s’élevait à 92 kg MS/m3. Les
balles de foin composé du mélange de graminées
pesaient après l’entreposage 221 kg et présentaient une
teneur en MS de 82,8 %. La densité de pressage calculée
s’élevait à 86 kg MS/m3.
Ray-grass MélangeSD
Seuil de signification
Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3
MS, % 67,2 76,6 76,0 81,5 2,23 *** ** n.s.
Cendres, g/kg MS 66 58 71 74 4,9 n.s. * n.s.
Matière azotée, g/kg MS 54 42 66 59 4,8 n.s. * n.s.
Cellulose brute, g/kg MS 288 282 325 332 21,6 n.s. * n.s.
Matière grasse, g/kg MS 20 17 20 18 1,7 n.s. n.s. n.s.
Sucres, g/kg MS 230 267 180 185 23,5 n.s. * n.s.
Fructanes, g/kg MS 113 162 80 89 17,1 n.s. * n.s.
MADc, g/kg MS 23 10 34 27 5,0 n.s. * n.s.
EDc, MJ/kg MS 9,0 9,2 8,3 8,0 0,51 n.s. n.s. n.s.
Nitrates, g/kg MS 0,03 0,07 0,22 0,37 0,252 n.s. n.s. n.s.
Pouvoir tampon, g/kg MS 41 33 38 39 2,7 n.s. n.s. n.s.
Coefficient de fermentation 112 142 114 120 8,2 * n.s. n.s.
Tableau 2 | Teneurs en nutriments au moment du pressage (haylage et foin n=2)
Ray-grass MélangeSD
Seuil de signification
Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3
MS, % 66,2 84,3 71,8 82,8 3,35 *** n.s. n.s.
Cendres, g/kg MS 78 68 84 82 5,8 n.s. * n.s.
Matière azotée, g/kg MS 53 41 71 61 6,4 * ** n.s.
Cellulose brute, g/kg MS 302 294 322 336 13,8 n.s. ** n.s.
Matière grasse, g/kg MS 17 18 19 18 1,5 n.s. n.s. n.s.
Sucres, g/kg MS 246 242 189 187 21,5 n.s. ** n.s.
Fructanes, g/kg MS 95 139 61 79 12,1 ** *** n.s.
MADc, g/kg MS 21 9 40 29 6,6 * ** n.s.
EDc, MJ/kg MS 8,5 8,8 8,1 7,8 0,29 n.s. ** n.s.
SD: écart type
MS: matière sèche; MADc: matière azotée digestible cheval; EDc: énergie digestible cheval 1décrit le mode de conservation (C) 2décrit le fourrage (F) 3décrit l'interaction entre C et F
Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001
Tableau 3 | Teneurs en nutriments dans le fourrage conservé (haylage et foin n=2)
Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux
268 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
En janvier/février 2012, période au cours de laquelle
les balles ont été ouvertes, les températures extérieures
fluctuaient entre -11 et 2 °C.
La mise en valeur statistique a été effectuée au moyen
d’une analyse de variance (programme SYSTAT 12).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Composants et valeurs nutritives au moment du pressage
Au moment du pressage, le haylage composé de ray-
grass présentait une teneur en MS de 67,2 % et celui
composé de graminées de 76,0 %. Le foin a été pressé
avec des teneurs en MS de respectivement 76,6 % (ray-
grass) et 81,5 % (mélange). De telles teneurs en MS sont
trop faibles pour garantir un entreposage sans pro-
blèmes, comme l’ont aussi démontré les analyses micro-
biologiques effectuées après l’entreposage.
Aucune différence significative entre le haylage et le
foin (tabl. 2) n’a été relevée au niveau des teneurs au
moment de la mise en conserve. Par contre, des diffé-
rences entre le ray-grass et le mélange ont été consta-
tées. Les teneurs en cendres brutes, en matière azotée,
en cellulose brute et en nitrate étaient en effet plus
basses dans le ray-grass que dans le mélange. En
revanche, les teneurs en sucres et en fructanes et l’éner-
gie digestible cheval étaient plus élevées pour le ray-
grass. Les teneurs très basses en matière azotée et en
nitrate s’expliquent par le fait que le printemps a été
très sec et la fumure azotée n’a donc pas pu être absor-
bée par les plantes.
En ce qui concerne le pouvoir tampon, paramètre
important pour l’aptitude à l’ensilage, aucune diffé-
rence significative entre le ray-grass et le mélange n’a
été relevée. En raison des teneurs en MS plus élevées, les
coefficients de fermentation (CF) étaient plus élevés
dans le foin comparé au haylage, tant pour le ray-grass
que pour le mélange. En général, le fourrage avec des
valeurs CF supérieures à 45 est considéré comme facile à
ensiler (Jänike 2011). Toutefois, Kalzendorf et Thaysen
(2011) recommandent d’éviter des teneurs en MS supé-
rieures à 60 %, afin de garantir un minimum d’activité
fermentaire.
Teneurs et valeurs nutritives dans le fourrage conservé
Après l’entreposage, les deux variantes de haylage (ray-
grass et mélange) enregistraient des teneurs en MS de
respectivement 66,2 et 71,8 %. Pour le ray-grass, ces
valeurs étaient inférieures de 1,0 point par rapport aux
valeurs relevées lors de la mise en conserve. Quant aux
valeurs du mélange relevées à la mise en conserve, elles
étaient inférieures de 4,2 points après l’entreposage. En
ce qui concerne les teneurs en MS du foin, elles étaient
de respectivement 84,5 et 82,8 %. Le foin à base de ray-
grass a donc non seulement continué à sécher pendant
l’entreposage, mais il a séché davantage que le foin du
mélange de graminées, étant donné qu’il était plus sec
de 7,7 points après l’entreposage. Pour le mélange, les
valeurs étaient un peu plus élevées (+ 1,3 points) que lors
de la mise en conserve.Le mode de conservation haylage ou foin a eu une
incidence significative sur les nutriments (tabl. 3). Les
teneurs en matière azotée et en matière azotée diges-
tible étaient en effet plus basses dans le foin que dans
le haylage. Quant à la teneur en fructanes, elle était
plus élevée dans le foin. Le mode de conservation n’a
eu en revanche aucune influence sur la teneur en
sucres. Le fourrage était probablement trop sec pour
permettre une fermentation intensive et une dégra-
dation des sucres.
Comme pour le pressage, des différences significa-
tives ont été relevées entre le ray-grass et le mélange
après l’entreposage au niveau des nutriments, à l’excep-
tion de la teneur en matière grasse. Comparé au mélange
de graminées, le ray-grass a enregistré des teneurs infé-
rieures en cendres brutes, en matière azotée, en cellu-
lose brute et en matière azotée digestible, et des teneurs
Ray-grass MélangeSD
Seuil de signification
Haylage Foin Haylage Foin C1 F2 C*F3
Bactéries, log UFC/g 3,9 5,1 4,4 6,6 0,79 ** n.s n.s.
Moisissures, log UFC/g 3,4 7,0 3,1 6,2 0,94 *** n.s. n.s.
Levures, log UFC/g 1,8 3,8 2,1 4,0 0,49 *** n.s. n.s.
SD: écart type; UFC: unité formant colonie 1décrit le mode de conservation (C) 2décrit le fourrage (F) 3décrit l'interaction entre C et F
Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001
Tableau 4 | Qualité microbiologique des haylages et des foins après l'entreposage (haylage n=4, foin n=2)
Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale
269Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
lage, qui lui a enregistré des valeurs de 95 g (ray-grass) et
de 61 g (mélange). Selon Warren (2013), les fourbures
sont provoquées par une multitude de facteurs: en plus
des fructanes et de l’amidon, un excès généralisé d’élé-
ments nutritifs peut aussi jouer un rôle important.
Variabilité de la qualité microbiologique
En ce qui concerne la qualité microbiologique, des diffé-
rences significatives entre le haylage et le foin ont été
relevées tant au niveau des bactéries aérobies méso-
philes que des moisissures et des levures (tabl. 4). Le foin
a enregistré dans tous les cas des valeurs sensiblement
plus élevées que le haylage. Quant aux bactéries aéro-
bies mésophiles et aux levures, elles affichaient des
valeurs correspondant, selon les valeurs indicatives
VDLUFA, au degré I, ce qui est considéré comme normal
(VDLUFA 2012). Pour les moisissures, les valeurs étaient
en revanche dix fois plus élevées que les valeurs indica-
tives VDLUFA (degré IV), ce qui signifie que le foin a subi
une altération. La question se pose de savoir quelles
valeurs le foin aurait présenté s’il avait été stocké avec
une teneur en MS suffisamment élevée.
supérieures en sucres et en fructanes de même que
davantage d’énergie digestible cheval.
Si l’on compare les valeurs relevées à la conservation
avec celles relevées après l’entreposage, on constate
que les teneurs en matière azotée, en matière grasse et
en sucres étaient pratiquement semblables. On constate
également une augmentation de la teneur en cendres
brutes tant pour le ray-grass que pour le mélange et une
augmentation de la teneur en cellulose brute unique-
ment pour le ray-grass. Pendant l’entreposage de sept
jours des balles ouvertes, aucune modification significa-
tive des teneurs n’a été relevée.
Discussion controversée concernant les fructanes
Les fructanes sont controversés dans l’alimentation des
chevaux. Selon Kalzendorf et Thaysen (2011), ils ne
devraient pas dépasser 50 g dans la MS, car des teneurs
en fructanes trop élevées peuvent entraîner des four-
bures. Dans le cas présent, les valeurs étaient supérieures
à cette recommandation tant dans le haylage que dans
le foin. Elles atteignaient pour le foin 139 g (ray-grass) et
79 g (mélange) et étaient plus élevées que dans le hay-
Ray-grass MélangeSD
Seuil de signification
Jour 0 Jour 7 Jour 0 Jour 7 F1 J2 F*J3
Bactéries, log UFC/g 3,9 4,6 4,4 5,3 0,73 n.s * n.s
Moisissures, log UFC/g 3,4 3,2 3,1 3,7 0,81 n.s. n.s. n.s.
Levures, log UFC/g 1,8 2,3 2,1 3,6 1,18 n.s. n.s. n.s.
SD: écart type; UFC: unité formant colonie 1décrit le fourrage (F) 2décrit l'influence de l'air sur les conserves (J) 3décrit l'interaction entre F et J
Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001
Tableau 5 | Qualité microbiologique des haylages à l'ouverture des balles et sept jours plus tard (haylage n=4)
Ray-grass MélangeSD
Seuil de signification
Jour 0 Jour 7 Jour 0 Jour 7 F1 J2 F*J3
MS, % 66,2 69,1 71,8 74,9 4,13 * n.s. n.s.
pH 5,6 5,6 5,5 5,6 0,13 n.s. n.s. n.s.
Acide lactique, g/kg MS 2,0 1,9 2,4 2,3 0,61 n.s. n.s. n.s.
Acide acétique, g/kg MS 0,5 0,5 0,7 0,8 0,12 ** n.s. n.s.
Acide propionique, g/kg MS 1,7 2,0 2,7 2,7 0,81 n.s. n.s. n.s.
Ethanol, g/kg MS 18,8 4,1 5,8 1,0 3,47 *** *** *
N-NH3/N total, % 2,8 3,6 2,8 3,0 0,86 n.s. n.s. n.s.
SD: écart type; MS: matière sèche; N-NH3/N total: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total 1décrit le fourrage (F) 2décrit l'influence de l'air sur les conserves (J) 3décrit l'interaction entre F et J
Seuil de signification: n.s.: non significatif; * p < 0,05; ** p < 0,01; *** p < 0,001
Tableau 6 | Paramètres fermentaires à l'ouverture des balles et sept jours plus tard (n=4)
270
Production animale | Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
Dans les deux haylages, les valeurs relatives aux bacté-
ries aérobies mésophiles et aux levures correspondaient
au degré I, selon les valeurs indicatives pour les ensilages
d’herbe. Dans le cas des moisissures, la moitié des valeurs
étaient de degré I (normal) et l’autre moitié de degré II
(légèrement supérieur). Il faut cependant mentionner
que les valeurs indicatives pour les ensilages de degré I
sont nettement plus basses que celles pour le foin de
même degré.
Aucune différence significative en ce qui concerne
ces trois groupes de germes n’a été relevée entre le ray-
grass et le mélange de graminées.
Pendant l’entreposage de sept jours des balles d’hay-
lage ouvertes, on a observé une augmentation unique-
ment des bactéries mésophiles aérobies tant dans le
ray-grass que dans le mélange (tabl. 5). Dans le cas des
moisissures et des levures, il n’y a eu aucune différence
significative, ce qui est probablement dû aux tempéra-
tures extérieures très basses qui ont régné en janvier et
en février.
Faible fermentation dans les deux haylages
Dans les deux haylages – ray-grass et mélange de grami-
nées – seule une faible fermentation a eu lieu et peu
d’acide lactique s’est formé (tabl. 6), ce qui est probable-
ment dû aux teneurs élevées en MS. En conséquence, les
haylages ont enregistré des valeurs pH de respective-
ment 5,5 et 5,6. Des valeurs similaires ont également été
relevées dans un essai de Wyss et al. (2010).
Pour l’acide acétique, des différences significatives
ont été relevées entre le ray-grass et le mélange. Toute-
fois, ces teneurs étaient généralement très basses. De
même, des teneurs faibles en acide propionique ont été
relevées dans les deux haylages. En revanche, aucune
trace d’acide butyrique n’a été détectée dans aucun des
haylages.
Des différences ont été constatées au niveau de la
teneur en éthanol entre les deux types de fourrage.
Dans le ray-grass, davantage d’éthanol s’est formé en
dépit d’une contamination de levures semblable à celle
du mélange de graminées.
La proportion d’azote ammoniacal par rapport à
l’azote total était en général très basse (inférieure à 5 %).
Pendant l’entreposage de sept jours des balles de hay-
lage ouvertes, les acides fermentaires n’ont pas été
dégradés et la valeur pH est restée stable. Seules les
valeurs d’éthanol ont baissé sensiblement. Dans leurs
essais, Wyss et al. (2010) avaient également constaté que,
dans les balles ouvertes, stockées pendant 14 jours, seul
l’éthanol s’était volatilisé après l’ouverture des balles.
C o n c l u s i o n s
•• L’aptitude à la conservation du haylage s’est avérée
bonne tant pour le ray-grass italien que pour le
mélange de graminées avec luzerne.
•• Le ray-grass italien a enregistré des teneurs en sucres
et en fructanes plus élevées que dans le mélange, aussi
bien lors de la mise en conserve qu’après le stockage.
•• Pendant l’entreposage, les fructanes ont été plus
fortement dégradés dans le haylage que dans le foin.
•• La qualité microbiologique était plus mauvaise dans le
foin que dans le haylage, essentiellement parce que le
foin n’était pas assez sec au moment du pressage.
•• Dans cet essai comparatif, les deux haylages ont
enregistré des teneurs en fructanes plus basses et une
meilleure qualité microbiologique que le foin, ce qui
est considéré comme avantageux pour les chevaux. n
271
Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 264–271, 2013
Hay or haylage for horses: a comparison
In horse diets, hay is getting more and more
replaced by haylage. In 2011, hay and haylage
were produced in Avenches VD from an Italian
ryegrass as well as from a mixture, which
contained ten grasses and alfalfa. The conserva-
tion properties, the nutritional values and the
microbiological quality of the feed were evalu-
ated with regard to the feeding of horses. In
comparison to the mixture, the ryegrass showed
lower crude ash, crude protein, crude fiber and
digestible crude protein contents, but higher
sugar and fructan contents and more digestible
energy for horses, which was estimated on the
basis of the nutritional values.
The conservation systems either hay or haylage,
had a significant effect on the crude protein, the
digestible crude protein and fructan contents.
The crude protein and digestible crude protein in
the hay were lower than in the haylage; how-
ever, the fructan contents were higher. There
were considerable differences in the microbio-
logical quality of hay and haylage. The hay was
not dry enough at baling (DM-content < 82 %)
and therefore, the hay had a high mould
infestation after the storage period. In this
comparison, haylage proved to be more advanta-
geous than hay for horses due to lower fructan
contents and the lower mould infestation.
Key words: hay, haylage, fermentation quality,
microbiological quality, nutritional values.
Confronto tra fieno o fieno-silo nel foraggia-
mento dei cavalli
Nella pratica, il fieno silo sta sostituendo sempre
più l’uso del fieno. Ad Avenches sono stati prodotti
nel 2011 fieno e fieno-silo da loglio italico e da una
miscela composta da 10 varietà di graminacee ed
erba medica.Successivamente sono state valutate,
dal profilo del foraggiamento dei cavalli, le
proprietà di conservazioneivalori nutritivi, come
pure la e qualità microbiologica del foraggio.
Il loglio, rispetto alla miscela, presentava tenori in
cenere grezza, proteina grezza, fibra grezza e
proteina grezza digeribile inferiori e dei tenori in
zucchero e fruttooligosaccaridi superiori, oltre a
contenere più nutrienti digeribili per il cavallo
Il tipo di conservazione fieno-silo o fieno risultava
incidere in maniera significativa sul tenore in
proteina grezza, sulla proteina grezza digeribile e
sul tenore in fruttooligosaccaridi. Il tenore in
proteina grezza e in proteina grezza digeribile nel
fieno era inferiore rispetto al fieno-silo. La concen-
trazione di fruttooligosaccaridi, invece, era supe-
riore. Notevoli differenze sono emerse in relazione
alla qualità microbiologica del fieno-silo e del fieno.
Quest'ultimo alla pressatura non era sufficiente-
mente essiccato (SS < 82 %) e di conseguenza
presentava dopo lo stoccaggio un'elevata forma-
zione di muffa. Nel presente confronto, considerato
il tenore in fruttooligosaccaridi più basso e la
minore formazione di muffa, il fieno-silo è stato
valutato più vantaggioso per i cavalli rispetto al
fieno.
Bibliographie ▪ Allen V. G., Batello C., Berretta E. J., Hodgson J., Kothmann M., Li X., McIvor J., Milne J., Morris C., Peeters A. & Sanderson M., 2011. An inter-national terminology for grazing lands and grazing animals. Grass and Forage Science 66, 2–28.
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▪ Meyer H., 1986. Pferdefütterung. Verlag Paul Parey, Berlin und Hamburg. 205 p.
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▪ Rathjen P., 2012. Untersuchung zur Herstellung und Trockensubstanzge-halt von Pferdehaylage in der Schweiz. Bachelorarbeit Hochschule für Agrar-, Forst-, und Lebensmittelwissenschaften HAFL, 73 p.
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272
Serie AlpFUTUR
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
I n t r o d u c t i o n
L’économie alpestre caractérise le paysage rural de la
Suisse dans les régions d’estivage. Cette forme d’agricul-
ture, d’un aspect encore très traditionnel, évoque sou-
vent un mode de vie idyllique et symbolise l’identité
nationale. On lui attribue donc une grande valeur socié-
tale ainsi qu’une importante fonction identitaire pour la
population suisse. En raison de la mutation des struc-
tures agricoles, l’agriculture a partiellement abandonné
la gestion des alpages. Il en résulte un embroussaille-
ment et un reboisement de terres naguère utilisées
comme pâturages alpestres (Baur et al. 2007).
Peu de données existent sur l’impact du changement
de l’économie alpestre et donc de l’évolution du pay-
sage alpin sur le plan socio-culturel. Il est tout de même
admis que l’économie alpestre, ancrée dans la tradition
et caractérisant la singularité des paysages alpins, revêt
une importance particulière tant pour l’identité de la
population des régions de montagne que pour celle de
Xenia Junge1 et Marcel Hunziker1
1Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, 8903 Birmensdorf, Suisse
Renseignements: Xenia Junge, e-mail: [email protected], tél. + 41 44 739 24 84
Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population
S o c i é t é
Série AlpFUTUR
Des touristes sur un alpage dans le Diemtigtal. (Photo: Xenia Junge, WSL)
273Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société
Rés
um
é
L’économie alpestre caractérise le paysage rural
de la Suisse dans les régions d’estivage. Cette
forme d’agriculture, d’un aspect encore
traditionnel, revêt une grande valeur culturelle
et joue un important rôle identitaire pour la
population suisse.
Les touristes et habitants de la région du
Diemtigtal, l'une des régions d'étude du projet
AlpFUTUR, ont été interrogés, afin d’étudier
quelles fonctions de l’économie alpestre sont
appréciées par les diverses parties prenantes de
la population et dans quelle mesure cette
économie est source d’identification. En outre,
un sondage a été réalisé dans l’ensemble de la
Suisse. Une grande importance est attribuée à
l’entretien du paysage, notamment en vue de
maintenir la diversité des espèces et la valeur
récréative, ainsi qu’aux produits de l’économie
alpestre. Les offres touristiques dans les Alpes
sont un peu moins bien cotées. Les habitants
des régions de montagne s’identifient davan-
tage à l’économie alpestre que les autres
participants à l’enquête et accordent plus
d’importance à toutes ses fonctions.
Cette étude sert de cadre d’action à la mise en
œuvre, dans les régions d’estivage aussi, des
contributions à la qualité du paysage axées sur
les attentes de la société.
la Suisse (p. ex. Schermer et Kirchengast 2006; Schütz
2010). Les coutumes et autres aspects culturels de l’éco-
nomie alpestre sont certes décrits dans la littérature
populaire (Maeder et Kruker 1983; Niederer 1996), mais
leur signification actuelle pour le peuple suisse (p. ex. en
tant que facteur générateur d’identité) est encore peu
connue et n’est pas non plus évoquée dans les articles de
loi sur l’agriculture (art. 104 CF).
On manque aussi de données sur les attentes de la
population en ce qui concerne les prestations d’intérêt
public de l’économie alpestre, comme la sauvegarde du
paysage rural et le maintien de la biodiversité dans les
régions d’estivage. A l’avenir, les paiements directs
indemnisant les prestations d’intérêt public de l’agricul-
ture devront être accordés de façon encore plus consé-
quente et mieux ciblée sur la base des attentes de la
société, dans les régions d’estivage aussi (Lanz et al.
2010).
Dans le sous-projet AlpFUTUR 15 Société1, l’impor-
tance accordée par la population aux diverses fonctions
de l’économie alpestre (p. ex. les fonctions écologique,
économique, culturelle) a donc été étudié; le rôle que
joue cette économie dans la construction de l’identité
du peuple suisse et de la population des régions de mon-
tagne a également été analysé. Il s’agissait en outre
d’établir une distinction entre les points de vue des
diverses parties prenantes (population suisse en général,
touristes, population locale).
M é t h o d e s
Sondage
Pour répondre aux questions énoncées ci-dessus, deux
sondages écrits ont été réalisés dans le Diemtigtal, l’une
des régions d’étude du projet AlpFUTUR, et un autre à
l’échelle nationale. Un questionnaire standardisé a été
utilisé à cet effet. Celui-ci a été complété par des ana-
lyses bibliographiques, des interviews d’experts semi-
structurées ainsi que des interviews qualitatives plus
approfondies avec des représentants des parties pre-
nantes dans le Diemtigtal.
En automne 2010, 117 touristes ont été interrogés
dans divers restaurants (alpins) du Diemtigtal. Puis au
printemps 2011, 920 questionnaires ont été adressés par
la poste à tous les ménages de la commune de Diem-
tigen. Un total de 273 questionnaires remplis ont été
retournés (30% de réponses). Le questionnaire à
l’échelle de la Suisse a été réalisé en ligne à l’automne
2011 et 1526 personnes y ont participé. La moitié d’entre
1Ce projet de recherche a été soutenu financièrement par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population
274 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
elles a été contactée par le panel en ligne de l’Institut de
sondage LINK et l’autre moitié par le Panelbiz, tous deux
représentatifs pour la Suisse. Les variables socio-démo-
graphiques comprenaient l’âge, le sexe, le degré de for-
mation, le domicile et la région linguistique ainsi que le
rapport avec l’agriculture, les alpages et les régions de
montagne.
Dépouillement
Des analyses factorielles ont été réalisées pour découvrir
les liens entre les variables de chaque bloc de questions.
Cette méthode permet de regrouper les variables forte-
ment corrélées sous forme de facteurs (dimension supé-
rieure). Il est ainsi possible de donner une meilleure vue
d’ensemble des liens observés entre les variables. Afin de
comparer les valeurs des moyennes entre les parties pre-
nantes, des analyses de variances ont été effectuées à
l’aide des comparaisons multiples post hoc.
R é s u l t a t s
Fonctions de l’économie alpestre
Presque toutes les fonctions mentionnées dans le ques-
tionnaire sur l’économie alpestre ont été jugées assez
importantes, tant par la population suisse que par les
touristes et la population locale du Diemtigtal. Les habi-
tants et touristes de la vallée accordent plus d’impor-
tance à toutes ces fonctions, ou à presque toutes pour
les touristes, que la population suisse (fig. 1). Dans la
figure 1, chaque fonction a été classée dans les trois
dimensions «production», «sauvegarde du paysage, de
la nature et de la culture» et «tourisme». Ce classement
thématique est étayé par une analyse factorielle qui
n’est pas présentée plus en détail dans cet article (Junge
et Hunziker 2013).
Pour la population suisse, la dimension supérieure
«sauvegarde du paysage, de la nature et de la culture»,
Figure 1 | Fonctions de l’économie alpestre avec la valeur moyenne accordée par la population suisse, les touristes du Diemtigtal et les habi-tants du Diemtigtal. Valeurs de l’échelle: 1 = pas important, 2 = peu important, 3 = assez important, 4 = important. Les différences entre les groupes sont indiquées en gris (*) p < 0,10, * p < 0,05,
** p < 0,01, *** p < 0,001. Les items du questionnaire ont été classés dans des dimensions supérieures (entourées de jaune). La formulation des items est partiellement abrégée
dans la figure. ✝N’a été pris que dans le questionnaire à l’échelle de la Suisse.
CH<H***, T<H**
CH<H***, CH<T***
CH<H***, CH<T**
CH<H***, T<H***
CH<H***, CH<T***, T<H(*)
CH<H***, T<H**
1
2
3"
4
Pâturages supplémentaires pour lesexploitations de plaine
Maintien de l‘économie alpestre en tantque secteur économique
Maintien d‘un paysage ouvert
Maintien et promotion de la diversité des espèces
Protection des territoires urbaniséscontre les dangers naturels
Sauvegarde de l‘économie alpestre entant que bien culturel
Maintien du paysage cultural en tant qu‘espace récréatif
Visite d‘une exploitation alpestre: p. ex.assister à la fabrication du fromage
Aperçu de la vie d‘un exploitantd‘alpage en participant à son travail
Vivre les coutumes lors d‘événements traditionnels
Affectation accessoirement touristiqued‘une exploitation alpestre
Vente directe de produits d‘alpage✝
Garantie de la production denréesalimentaires (périodes de crises)
Fromage fabriqué directement à l‘alpage
Production de lait, fromage et viande
Fabrication de produits sains
Agriculture proche de la nature,peu modernisée
Quelles fonctions de l’économie alpestre sont importantes à votre avis?
Suisse (CH)
Touristes du Diemtgital (T)
Habitants du Diemtigtal (H)
Sauvegarde du paysage,
de la nature et de la culture
Prod
uctio
n
Tourisme
CH<T **, CH<H***, T<H*
CH<H***, T<H**
CH<H***, T<H(*)
CH<H***, CH<T***
CH<H***, T<H*** CH<H***
CH<H***, T<H***
CH<H***, CH<T***
CH<H***, T<H**
CH<H***, CH<T***
CH<H***, CH<T**
CH<H***, T<H***
CH<H***, CH<T***, T<H(*)
CH<H***, T<H**
1
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Pâturages supplémentaires pour lesexploitations de plaine
Maintien de l‘économie alpestre en tantque secteur économique
Maintien d‘un paysage ouvert
Maintien et promotion de la diversité des espèces
Protection des territoires urbaniséscontre les dangers naturels
Sauvegarde de l‘économie alpestre entant que bien culturel
Maintien du paysage cultural en tant qu‘espace récréatif
Visite d‘une exploitation alpestre: p. ex.assister à la fabrication du fromage
Aperçu de la vie d‘un exploitantd‘alpage en participant à son travail
Vivre les coutumes lors d‘événements traditionnels
Affectation accessoirement touristiqued‘une exploitation alpestre
Vente directe de produits d‘alpage✝
Garantie de la production denréesalimentaires (périodes de crises)
Fromage fabriqué directement à l‘alpage
Production de lait, fromage et viande
Fabrication de produits sains
Agriculture proche de la nature,peu modernisée
Quelles fonctions de l’économie alpestre sont importantes à votre avis?
Suisse (CH)
Touristes du Diemtgital (T)
Habitants du Diemtigtal (H)
Sauvegarde du paysage,
de la nature et de la culture
Prod
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Tourisme
CH<T **, CH<H***, T<H*
CH<H***, T<H**
CH<H***, T<H(*)
CH<H***, CH<T***
CH<H***, T<H*** CH<H***
CH<H***, T<H***
CH<H***, CH<T***
Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société
275Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
alliée au maintien de la diversité des espèces, est l’une
des principales fonctions de l’économie alpestre, suivie
par la production agricole. Les offres touristiques ont un
peu moins d’importance. La population du Diemtigtal
apprécie surtout les fonctions économiques, mais aussi
le maintien d’un paysage ouvert et de la diversité des
espèces. Les touristes se situent entre la population
suisse et celle du Diemtigtal; ils estiment cependant que
les offres de tourisme d’alpage sont les moins impor-
tantes, alors qu’ils trouvent primordial de conserver le
paysage rural comme espace récréatif.
Contrairement à la valeur généralement élevée attri-
buée aux fonctions de l’économie alpestre, le contact
avec cette économie joue un rôle relativement mineur
lors d’une visite en montagne: expérience de la nature,
scénarios et diversité des espèces sont plus importants
que les aspects de l’économie alpestre, tant pour la
population en général que pour les touristes (fig. 2).
L’économie alpestre dans son rôle générateur d’identité
L’économie alpestre est un élément marquant de la typi-
cité ou singularité suisse. La population du Diemtigtal,
tout comme celle de la Suisse en général, se rallient lar-
gement à l’affirmation que «l’économie alpestre appar-
tient à la Suisse» et que «les alpages et chalets d’alpage
1 2 3 4
Voir les exploitants d’alpage
Voir des vaches
Acheter des produits d’alpage
Le réseau routier (funiculaires…)
Voir des animaux sauvages
Faire de l’exercice
Etre éloigné de la vie quotidienne
Les prairies et pâturages en fleurs
Le panorama montagnard
La vue
L’expérience de la nature
Qu’est-ce qui est important pour vous lorsque vous allez en montagne?
SuisseTouristes du Diemtigtal
***
**
*
***
*
Figure 2 | Aspects importants pour les personnes interrogées qui se rendent en montagne. La valeur moyenne de la population suisse est en rouge et celle des touristes du Diemtigtal en bleu. Valeurs de l’échelle: 1 = pas important, 2 = peu important, 3 = assez important, 4 = important.
Niveau de signification: *p < 0,05, ** p <0,01, *** p < 0,001
sont typiquement suisses» (valeur moyenne suisse: 4,48
respectivement 4,05, valeur moyenne de la population
du Diemtigtal: 4,88 respectivement 4,68 sur une échelle
de 5 degrés; 1= pas du tout 5= tout à fait; cette question
n’a pas été posée aux touristes du Diemtigtal).
Des analyses factorielles ont aussi été réalisées afin
de déceler les liens entre les variables décrivant les diffé-
rentes fonctions de l’économie alpestre générant une
identité. Les dimensions supérieures suivantes ont été
créées à cet effet: «L’économie alpestre marque l’iden-
tité personnelle» (facteur 1) et «L’économie alpestre
forge la singularité de la Suisse et un sentiment d’iden-
tité nationale collective» (facteur 2) (tabl. 1).
Les habitants du Diemtigtal accordent une plus
grande importance que la population suisse aux dimen-
sions «L’économie alpestre marque notre identité per-
sonnelle» et «L’économie alpestre forge la singularité de
la Suisse» (fig. 3). D’après un indice donnant une valeur
moyenne par facteur de toutes les variables avec une
saturation factorielle de plus de 0,5 (tabl. 1), la popula-
tion suisse en général ne s’identifie que moyennement à
l’économie alpestre sur le plan personnel, mais elle tend
à approuver que cette économie forge la singularité de
la Suisse (fig. 3). Dans l’ensemble de la population égale-
ment, un sentiment d’identité nationale collective est
Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population
276 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
révélé par la saturation factorielle pour «sentiment
patriotique» et «fierté de l’économie alpestre» dans la
dimension «singularité» (tabl. 1).
D i s c u s s i o n
Pour la population, les principales fonctions de l’écono-
mie alpestre sont le maintien de la diversité des espèces
et d’un paysage favorable aux activités récréatives,
ainsi que la fabrication des produits d’alpage. Cette
option se recoupe avec ses attentes et ses préférences
envers l’agriculture dans son ensemble. L’écologie, les
espaces récréatifs et la production de denrées alimen-
taires ont une grande valeur pour la population (Huber
et al. 2007); celle-ci préfère aussi les paysages agricoles
riches en espèces plutôt que le contraire (Junge et al.
2011). En ce qui concerne la production examinée dans
cette étude, les produits (sains) de haute qualité et les
méthodes de production spécifiques des alpages,
comme les fromages produits sur place, sont appréciés.
Böni et Seidl (2012) relèvent aussi l’attrait pour ces pro-
duits, notamment le fromage d’alpage, ainsi que la
valeur particulière attribuée aux précieux composants
et aux méthodes de production (travail manuel, carac-
tère naturel).
Les aspects culturels et sociaux de l’économie alpestre,
comme les offres touristiques ou les manifestations tra-
ditionnelles, sont un peu moins bien placés dans cette
étude. Les offres de tourisme d’alpage ne sont cepen-
dant pas considérées comme pas importantes, mais
elles sont classées comme étant moins importantes que
les fonctions classiques de l’économie alpestre (produc-
tion et entretien du paysage), notamment par les tou-
ristes du Diemtigtal. Les offres touristiques gagnent
toutefois en importance en tant que pilier de l’écono-
mie alpestre. Le tourisme d’alpage est de plus en plus
demandé d’après les consommateurs interrogés par
Böni et Seidl (2012), mais ce tourisme devrait être
simple et authentique. Du point de vue touristique tou-
tefois, les résultats de notre étude semblent montrer
que le paysage alpin est plus important: pour les tou-
ristes qui se rendent en montagne, l’expérience de la
nature et du paysage est davantage appréciée que le
contact avec l’économie alpestre, dont l’une des fonc-
tions principales est de maintenir un paysage rural en
tant qu’espace récréatif.
La population du Diemtigtal accorde plus de valeur
non seulement aux fonctions de production, mais aussi
aux fonctions touristiques – probablement aussi au
point de vue économique. Kianicka et al. (2006)
constatent également que les aspects de l’économie
locale sont davantage appréciés par les gens de la
région que par ceux de l’extérieur. Pour de nombreux
habitants des régions de montagne, l’économie
alpestre est une part de leurs bases existentielles – soit
directement pour l’exploitant soit indirectement en
tant que branche de l’exploitation liée à d’autres
branches similaires. Pourtant, outre la production, la
multifonctionnalité de l’économie alpestre est plus
importante pour la population du Diemtigtal que pour
les Suisses et les touristes: en effet, cette dernière place
au plus haut degré le maintien d’un paysage ouvert, en
particulier celui de la diversité des espèces. La valeur
écologique et esthétique des alpages riches en espèces
est ancrée dans l’esprit de la population locale; elle est
considérée comme un «produit» de l’économie alpestre
dont on est fier – c’est ce qui ressort des interviews qua-
litatives réalisées avec les représentants locaux au cours
des interrogations préalables.
Les valeurs accordées par les touristes se situent
généralement entre celles de la population locale et de
la population suisse, mais elles se recoupent parfois avec
l’une ou l’autre. En se rendant dans une région alpine,
les touristes créent une relation personnelle avec ces
lieux et donc aussi avec le paysage alpin et l’économie
alpestre. Dès lors, leur point de vue se rapproche de
celui de la population locale; toutefois, des intérêts tou-
1 2 3 4 5
Singularité de la Suisse
Identité personnelle
Suisse Habitants du Diemtigtal
***
***
Figure 3 | Indice pour la notation moyenne des dimensions «L’éco-nomie alpestre renforce l’identité personnelle» et «L’économie al-pestre forge la singularité de la Suisse». Les valeurs moyennes ont été calculées pour les variables avec une saturation factorielle su-périeure à 0,5. Valeurs de l’échelle: 1 = ne correspond pas du tout à mon point vue, 2 = plutôt pas,
3 = ni oui ni non, 4 = plutôt, 5 = tout à fait.
Niveau de signification: *** p < 0,001
Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société
277Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
à leur lieu et leurs intérêts économiques, les habitants
des régions de montagne ont un lien beaucoup plus
étroit et un sentiment d’appartenance plus fort avec
l’économie alpestre. Ce sentiment joue un rôle essen-
tiel lors de la construction et de la consolidation de
l’identité personnelle et locale (Twigger-Ross et Uzzell
1996; Kianicka et al. 2006).
C o n c l u s i o n s
Au terme de la phase de développement de la politique
agricole prévue pour 2014, les paiements directs seront
ciblés de façon encore plus conséquente sur les besoins
de la société. Selon les résultats de cette étude, les contri-
butions à la qualité du paysage et à la biodiversité seront
axées sur les besoins actuels de la société dans les régions
d’estivage également.
ristiques ainsi qu’une certaine distance subsistant entre
les touristes et la région, peuvent aussi les conduire à
penser comme l’ensemble de la population suisse (Kia-
nicka et al. 2004).
L’identification à l’économie alpestre sur le plan
personnel semble jouer un rôle secondaire pour la
population en général, mais l’économie alpestre éveille
un sentiment d’identité nationale. En tant que bien
culturel et forme d’économie souvent très tradition-
nelle et d’apparence originelle, l’économie alpestre
peut représenter un symbole patriotique lorsqu’elle est
considérée comme un élément forgeant l’identité
locale ou aussi nationale (Kianicka et al. 2006, Scher-
mer et Kirchengast 2006; Kirchengast 2008; Walter
2009; Schütz 2010). D’après cette étude, la population
locale s’identifie nettement mieux avec l’économie
alpestre que la population suisse. De par l’attachement
Fonction génératrice d’identification à l’économie alpestre Facteur 1
«identité personn.»Facteur 2
«singularité suisse»
L’économie alpestre caractérise ma conception de vie 0,832
L’économie alpestre est très importante pour moi 0,796 0,324
L’économie alpestre forge ma personnalité 0,796
Je ressens un profond sentiment d’appartenance à l’économie alpestre 0,748 0,356
Si l’économie alpestre devait être abandonnée, une part importante de moi-même disparaîtrait 0,737
L’économie alpestre me fascine 0,605 0,441
Je suis attaché à l’économie alpestre depuis mes séjours à l’alpage dans mon enfance 0,592 0,339
Si l’économie alpestre devait être abandonnée, cela m’inquiéterait sérieusement 0,577
Les alpages et les chalets d’alpage sont typiquement suisses 0,813
L’économie alpestre appartient à la Suisse 0,794
La vue des pâturages d’alpage éveille en moi un sentiment patriotique1 0,451 0,669
L’économie alpestre renforce mon sentiment patriotique 0,547 0,654
Je suis fier de l’économie alpestre suisse / dans le Diemtigtal 0,476 0,579
Valeur propre 4,84 3,15
Variance (%) 37,3 24,2
1N’a été utilisé que pour l’indice «Singularité».
Tableau 1 | Coefficients de corrélation pour le rapport entre les aspects reflétant une fonction génératrice d’identification à l’économie al-pestre et deux facteurs extrapolés d’une analyse factorielle. Plus la corrélation des variables avec les facteurs est forte (saturation facto-rielle), plus elle contribue à expliquer le facteur. Seules les corrélations dépassant l’indice 0,3 sont représentées. Variance globale expli-quée = 61,5 %; méthode de rotation: Varimax.
278 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
Société | Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population
Le paysage des régions d’estivage a une plus grande
valeur que les offres de tourisme d’alpage pour la popu-
lation suisse. Cette dernière ne s’identifie guère non plus,
sur le plan personnel, à l’économie alpestre qui caracté-
rise pourtant la singularité de la Suisse et anime un sen-
timent d’identité nationale collective. La «suissitude» de
l’économie alpestre, tout comme l’importance assez éle-
vée accordée à toutes les fonctions économiques des
alpages, signifie qu’on attribue à cette économie une
valeur idéologique forgée par des images, des symboles
et des objets publicitaires suggérant le «paradis de nos
ancêtres» (Kirchengast 2008; Schütz 2010). Cela pourrait
être une autre raison expliquant pourquoi les offres de
tourisme d’alpage qui ne correspondent pas à l’image
typique d’une agriculture purement traditionnelle sont
moins bien cotées. Il serait donc important pour ce tou-
risme de sauvegarder le caractère authentique de l’éco-
nomie alpestre, tel que le public suisse le demande.
La haute estime portée à la production économique de
ces régions montre que les produits d’alpage ont un
potentiel de création de valeur qui pourrait gagner en
importance à l’avenir. Cette tendance se constate aussi
dans l’étude sur les produits d’alpage (Böni et Seidl
2012). Grâce à leur valeur ajoutée, les exploitations d’al-
page pourraient contribuer au développement régional.
n
www.alpfutur.ch
Sondage sur un alpage dans le Diemtigtal. (Photo: Xenia Junge, WSL)
279Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 272–279, 2013
Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population | Société
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie ▪ Aigner, S. & Egger, G., 2010. Tourismus – ein wirtschaftliches Standbein für die Almwirtschaft in Österreich. Jahrbuch des Vereins zum Schutz der Bergwelt (München), 74./75. Jahrgang. 17–28.
▪ Baur P., Müller P. & Herzog F., 2007. Alpweiden im Wandel. Agrarfor-schung 14 (6), 254–259.
▪ Böni R. & Seidl I., 2012: Alpprodukte und Alpdienstleistungen: Ergebnis-se einer Nachfrageerhebung bei Konsumenten und einer Befragung von Käsehändlern. Bericht aus dem AlpFUTUR Teilprojekt 10 «Alpprodukte – Untersuchung bestehender Märkte und Identifikation von Innovationen und ihrer Potenziale» WSL, Birmensdorf. 61 p.
▪ Huber R., Haller Th., Weber M. & Lehmann B., 2007. Land(wirt)schaft 2020: Was erwartet die Gesellschaft? Agrarforschung 14 (9), 406–411.
▪ Junge X. & Hunziker M.,2013. Gesellschaftliche Ansprüche an die Alp-wirtschaft und Alplandschaft. Schlussbericht des AlpFUTUR-Teilprojektes 15 «Gesellschaft». Institut fédéral de recherches WSL, Birmensdorf.2
▪ Junge X., Lindemann-Matthies P., Hunziker M. & Schüpbach B., 2011. Aesthetic preferences of non-farmers and farmers for different land-use types and proportions of ecological compensation areas in the Swiss lowlands. Biological Conservation 144, 1430–1440.
▪ Kianicka S., Gehring K., Buchecker M. & Hunziker M., 2004. Wie authen-tisch ist die Schweizer Alpenlandschaft für uns? Bündner Monatsblatt 2004 (2), 196-210.
▪ Kianicka S., Buchecker M., Hunziker M. & Müller-Böker U., 2006 Locals’ and Tourists’ Sense of Place. Mountain Research and Development 26 (1), 55–63.
▪ Kirchengast C., 2008. Über Almen – zwischen Agrikultur und Trashkultur. Innsbruck University Press, Innsbruck, 138 p.
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▪ Maeder H. & Kruker R., 1983. Hirten und Herden. Walter-Verlag, Olten. 211 p.
▪ Niederer A., 1993. Alpine Alltagskultur zwischen Beharrung und Wandel. Haupt (éd.), Berne. 518 p.
▪ Schermer M. & Kirchengast C., 2006. Perspektiven für die Berglandwirt-schaft. In: alpine space – man & environment, vol. 1: Die Alpen im Jahr 2020 (Eds. R. Psenner, R. Lackner). Innsbruck University Press, Innsbruck. 41–55.
▪ Schütz M., 2010. Die Alp als Ort der Gegenkultur. Lizentiatsarbeit, Universität Basel. 129 p.
▪ Twigger-Ross C. L. & Uzzel D. L., 1996. Place and identity processes. Journal of Environmental Psychology 16, 205–220.
▪ Walter F., 2009. Die Alpen und die schweizerische Identität (Kap. 5.2). In: Alpen (éd. J.-F. Bergier). Dictionnaire historique de la Suisse. Accès: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/d/D8569.php [18.3.2013]
2Cette publication est disponible sous www.alpfutur.ch/publikationen.
Functions of alpine farming from the perspec-
tive of the Swiss public
Alpine summer farming shapes the cultural
landscape in the Alps. Since this form of
agriculture still has a very traditional appear-
ance, a high cultural value and identity-
forming aspects are attributed to alpine
farming. To investigate which functions of
alpine farming are valued by different
stakeholders and to what extent alpine
farming is identity-forming, questionnaire
surveys with tourists as well as residents of
the AlpFUTUR case-study area Diemtigtal and
a Swiss-wide online-survey have been
conducted. The production function of alpine
farming as well as landscape management,
especially for the conservation of species
diversity and for recreation, received high
importance ratings, whereas alp-touristic
offers are slightly less important. Mountain
residents put more importance on all func-
tions of alpine farming and identify them-
selves more strongly with alpine farming.
This study offers a basis for society-oriented
landscape quality payments, which will be
introduced in the alpine pasturing area as
well.
Key words: multifunctionality of alpine
summer farming, society, public goods, Swiss
identity, cultural landscape.
Le funzioni dell'economia alpestre dal punto
di vista della popolazioneIl paesaggio antropico delle zone di
estivazione alpine è caratterizzato dall’eco-
nomia alpestre. Essendo una forma d’eco-
nomia tradizionale, gran parte della
popolazione svizzera ne attribuisce un
alto valore culturale e una forte capacità
d’identificazione.
Per poter esaminare quali funzioni dell’eco-
nomia alpestre sono apprezzate da diversi
gruppi d’interesse nella popolazione e in che
misura essa favorisce l’identità si è condotta
un’inchiesta, rappresentativa presso turisti
e popolazione residente nella regione di
studio «Diemtigtal» del progetto AlpFUTUR.
Lo studio ha evidenziato la maggiore
importanza attribuita ai prodotti alpestri
e alla funzione di tutela del paesaggio, in
particolare per la conservazione della
biodiversità e per scopi ricreativi, mentre
risulta meno importante l’aspetto
agrituristico.I risultati dell’inchiesta dimo-
strano anche che i residenti della zona di
montagna danno più importanza a tutte le
funzioni e si identificano maggiormente con
l’economia alpestre. Questo studio fornisce
una base conoscitiva per la prevista introdu-
zione di contributi per la qualità del paesag-
gio nelle zone di estivazione.
Bildlegende
280 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
E n v i r o n n e m e n t
I n t r o d u c t i o n
Le changement structurel dans l’agriculture de montagne
au cours des dernières décennies a entraîné l’abandon des
terrains agricoles et permet à la forêt de gagner du terrain.
En Suisse, entre 1880 et 2000, la surface occupée par la
forêt a augmenté de 21 % ou de 1940 km² (Ginzler et al.
2011). Le retour des terres en friche et le reboisement sont
des phénomènes qui concernent l’ensemble des Alpes.
Une analyse de l’évolution du paysage dans les Alpes au
cours des 150 dernières années montre toutefois d’impor-
tantes différences entre les Etats qui forment l’arc alpin en
ce qui concerne le pourcentage des terres en friche. La
part des terres en friche représente 20 et 70 % des surfaces
utilisées par l’agriculture (Tasser 2007; Zimmermann et al.
2010). Dans de nombreux cas, laisser les terres en friche
conduit à l’avancée de la forêt avec toutes les consé-
quences négatives que cela implique: acidification des sols
et diminution de la diversité des espèces (Tasser et Tappei-
ner 2007). Sur la base de scénarios, on a simulé à petite
échelle l’évolution du paysage dans la vallée de Stubai
(Tappeiner et al. 2006) et dans la région de Davos (Gret-
Regamey et al. 2008) à l’avenir. Rutherford et al. (2008)
ont établi des modèles représentant les changements pro-
bables de l’utilisation des terres dans les Alpes suisses. La
probabilité de reboisement en est un des aspects.
Le sous-projet d’AlpFUTUR «Biodiversité et paysage»
repose sur ce modèle qui se réfère à l’ensemble de la
Suisse et simule le reboisement potentiel dans le Jura et
les Alpes jusqu’en 2021. Le présent article étudie les
répercussions possibles de ce reboisement sur les espèces
cibles et caractéristiques de l’agriculture.
Beatrice Schüpbach, Thomas Walter, Gabriela Hofer et Felix Herzog
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse
Renseignements: Beatrice Schüpbach, e-mail: [email protected], tél. +41 377 73 28
Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage
Série AlpFUTUR
Figure 1 | Reboisement dans le Val Cama. (Photo ART)
281Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement
Rés
um
é
Dans le cadre du projet intégré AlpFUTUR, nous
avons étudié l’influence du reboisement sur la
diversité des espèces dans la région d’estivage.
Une évaluation des espèces cibles et caractéris-
tiques des objectifs environnementaux pour
l’agriculture (espèces OEA) dans la région
d’estivage montre que toutes les régions du Jura
et des Alpes sont aussi importantes les unes que
les autres pour la préservation des espèces OEA.
Le reboisement a été simulé jusqu’en 2021 à partir
d’un modèle représentant les probabilités de
changement du mode d’utilisation des terres.
Dans les «Alpes centrales septentrionales», au
Tessin et dans certaines parties des Grisons, le
pourcentage de reboisement va jusqu’à 50 %.
Pour le maintien des espèces OEA, il est capital de
déterminer au niveau local quelles sont les
surfaces riches en espèces qui risquent d’être
laissées à l’abandon et sont menacées par le
reboisement afin de garantir que ces surfaces
restent ouvertes par un concept d’exploitation
adapté. Dans le Jura et dans les «Alpes septentri-
onales occidentales», la simulation indique un
pourcentage de reboisement ne dépassant pas
1 à 5 %. Il s’agit ici de garantir une exploitation
extensive sur les surfaces de haute diversité
biologique, car l’intensification représente une
menace pour les espèces OEA au même titre que
la cessation d’exploitation et le reboisement.
B a s e s d e d o n n é e s e t m é t h o d e s
Unités de référence
La présence d’espèces OEA tout comme l’avancée de la
forêt sont des phénomènes qui se manifestent de
manière très hétérogène dans l’espace alpin. Par consé-
quent, il est nécessaire de délimiter des unités de réfé-
rence. Les auteurs du projet «Opérationnalisation des
objectifs environnementaux pour l’agriculture» (Walter
et al. 2013) ont délimité des subrégions sur la base de
types de paysages, de niveaux d’altitude, de conditions
climatiques et de la présence potentielle des espèces. Ces
subrégions ont servi à évaluer l’importance des espèces
dans la région d’estivage. La délimitation des subrégions
est illustrée dans la figure 2. L’évaluation du reboise-
ment simulé a montré que cette délimitation ne reflétait
pas l’hétérogénéité du phénomène. Le problème était
notamment posé par les subrégions constituées de plu-
sieurs polygones séparés spatialement, ce qui dans cer-
tains cas faussait la moyenne de reboisement de la
subrégion. C’est pourquoi les subrégions ont été sépa-
rées en polygones qui ont ensuite été utilisés comme
unités de référence. Pour interpréter les résultats de
reboisement, les polygones des subrégions qui étaient
voisins et qui présentaient une tendance de reboisement
similaire ont été regroupés dans un deuxième temps
(Schüpbach et al. 2012). La figure 3 montre comment
sont délimités les polygones des subrégions après le
Figure 2 | Délimitation des unités de référence pour l’évaluation des espèces OEA: subrégions originales. La numérotation des subrégions (SR) correspond à celle du tableau 2.
Légende
SR 1.8SR 2.1SR 2.2
SR 2.3SR 2.4SR 2.5
SR 2.6SR 2.7SR 3.1
SR 3.2SR 3.3SR 3.4
SR 4.1SR 4.2SR 5.3
Autres subrégions
Régions entre 1000 et 2000 m d’altitude
0 25 50 100 km
Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage
282 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
regroupement. Dans la suite de l’article, nous parlerons
de «polygones regroupés». Afin d’évaluer l’impact du
reboisement sur les espèces OEA, les régions de distribu-
tion potentielles simulées des espèces OEA devraient en
fait être superposées au reboisement de manière à éva-
luer quel pourcentage des espèces potentiellement pré-
sentes dans les subrégions sont touchées par le reboise-
ment. La simulation de l’aire de distribution potentielle
des espèces OEA ne permet pas de le faire (Schüpbach et
al. 2012), car elle se base uniquement sur des relevés
effectués après 1990. Les régions pour lesquelles on ne
dispose pas de données ou pas assez pour cette période
seraient sous-estimées.
Espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture
Pour l’opérationnalisation des «objectifs environnemen-
taux pour l’agriculture» (OFEV et OFAG 2008; Walter et
al. 2013), l’aire de distribution de quinze groupes d’es-
pèces a été simulée. Les besoins écologiques et la res-
ponsabilité de la subrégion envers chaque espèce ont
été enregistrés dans une base de données. La «responsa-
bilité de la subrégion» pour une espèce OEA signifie que
l’aire de distribution potentielle de l’espèce OEA repré-
sente plus de 10 % de la subrégion ou que l'aire de dis-
tribution potentielle dans la subrégion est supérieure à
5 % de l'aire de distribution potentielle à l'échelle natio-
nale. (Walter et al. 2013). Sur les quinze groupes d’es-
pèces, la présente étude prend en compte les six groupes
présentant la plus haute diversité biologique dans la
région d'estivage: les plantes vasculaires, les lichens, les
mousses, les champignons, les papillons et les sauterelles
(Schüpbach et al. 2012; Walter et al. 2013).
La base de données a permis de sélectionner toutes
les espèces ayant une distribution montagnarde et
subalpine (potentiel total) ainsi que le nombre d’espèces
avec distribution montagnarde et subalpine, envers les-
quelles la région a une responsabilité particulière. La
restriction à la zone montagnarde et subalpine a permis
de s’assurer que les espèces OEA prises en compte soient
présentes dans la région d’estivage. Ces évaluations ont
permis de savoir si les subrégions étaient toutes aussi
importantes les unes que les autres en termes de poten-
tiel total et de responsabilité dans la région d’estivage
ou s’il y avait de grandes différences entre les régions.
Simulation du reboisement
Le projet WaSAlp (Baur 2004) a établi un modèle détaillé
des changements probables d’utilisation des terres
(intensification ou extensification). Il se base sur les
changements observés entre la statistique de la superfi-
Figure 3 | Délimitation des unités de référence pour l’évaluation du reboisement: polygones de subrégions regroupés. La désignation des polygones regroupés correspond à celles des figures 4 et 5.
LégendePolygones des sub-régions regroupés:
Hautes Alpes
Zones d’altitude du Jura plissé
Alpes grisonnes septentrionales
Alpes centrales septentrionales
Alpes grisonnes méridionales
Sud du Tessin
Fonds des vallées valaisannes
Alpes tessinoises 0 25 50 100 km
Valais
Alpes septentrionales occidentales
Bordure des Alpes occidentales
et vallées alpines
Bordure des Alpes centrales et vallées alpines
Alpes septentrionales orientales
Alpes septentrionales orientales et vallées alpines
Autres régions
Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement
283Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
ont une responsabilité particulière envers près de la moi-
tié de ces espèces (244 à 672 espèces). La répartition de
la taille des subrégions, du pourcentage de région d’esti-
vage qu’elles représentent et du nombre d’espèces
qu’elles abritent montre qu’il est difficile de classer les
régions par ordre de priorité en fonction des espèces. Les
grandes subrégions ne contiennent pas forcément plus
d’espèces que les petites subrégions. Un potentiel total
supérieur à celui d’une autre subrégion ne signifie pas
obligatoirement que le nombre d’espèces envers les-
quelles la subrégion a une responsabilité particulière est
lui aussi plus élevé et inversement. Toutes les régions
sont aussi importantes les unes que les autres pour la
préservation des espèces OEA.
Si l’on considère que les espèces OEA sont réparties
de manière plus ou moins homogène entre les subré-
gions qui les abritent, le pourcentage de reboisement est
un indicateur direct du danger que représente l’avancée
de la forêt pour les espèces OEA. Toutefois, il existe aussi
de nombreuses espèces OEA dont la distribution est
ponctuelle. Le chapitre suivant décrit la distribution du
reboisement et son impact sur les espèces OEA.
Simulation du reboisement
Les évaluations du reboisement simulé avec la statistique
de la superficie 2004/09 ont montré que le reboisement
selon le modèle (taux de variation originaux) à une alti-
tude comprise entre 1000 et 2000 m, c’est-à-dire à l’alti-
tude à laquelle la forêt risque de gagner du terrain dans
les estives, avait tendance à être surestimé. C’est surtout
le cas de la surface occupée par les «broussailles» dans le
modèle (Schüpbach et al. 2012).
La figure 4 indique les pourcentages de reboisement
selon le modèle jusqu’en 2021 (taux de variation
doubles) dans les «polygones regroupés». Le «reboise-
ment total» (en haut à gauche) est dominé par la «forêt
fermée» (en haut à droite). Cette dernière est présente
dans l’ensemble de l’espace alpin et également dans le
Jura. Toutefois, les pourcentages sont généralement
plus élevés dans la partie méridionale et orientale des
Alpes que dans la partie septentrionale occidentale ou
cie 1979/85 et celle de 1992/97 ainsi que sur les données
relatives aux propriétés du sol, au climat, au relief et aux
distances par rapport aux routes et aux agglomérations
(Rutherford et al. 2008). La présente étude a repris les
éléments qui décrivent l’avancée de la forêt (change-
ment de l’utilisation des terres de «prairie extensive» ou
«intensive» à «broussailles», «forêt ouverte» ou «forêt
fermée») et les a compilés pour obtenir un jeu de don-
nées. Pour chacune des catégories de reboisement
«broussailles», «forêt ouverte» ou «forêt fermée»), ce
jeu de données identifie les cases du quadrillage présen-
tant la plus grande probabilité de changement d’exploi-
tation des terres selon le modèle initial de Rutherford et
al. (2008). Ces cases ont été extraites selon les taux de
variation des différentes catégories d’utilisation des
terres (tabl. 1). Le jeu de données obtenu décrit la proba-
bilité de reboisement jusqu’en 2009. La qualité de ces
données a été contrôlée à l’aide des données de la statis-
tique de la superficie 2004/09 disponibles jusqu’en
automne 2012.
Par la suite, compte tenu des doubles taux de varia-
tion (tabl. 1), un modèle de reboisement a été établi
pour l’année 2021. Ce modèle a permis de calculer la
part de reboisement dans les polygones de la région
d’estivage (entre 1000 et 2000 m d’altitude) ainsi qu’une
série chronologique du développement des surfaces
d’estivage. Pour ce faire, le reboisement simulé a été
superposé aux polygones des subrégions décrits plus
haut et au modèle numérique de terrain (DHM²5 ©Direc-
tion fédérale des mensurations cadastrales, DV002207.1).
Ensuite, le pourcentage de reboisement de chaque poly-
gone a été calculé.
R é s u l t a t s
Espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture
Le tableau 2 indique qu’un grand nombre de subrégions
présente une part considérable de zones d’estivage; en
outre, celles-ci constituent toutes un milieu naturel pour
de nombreuses espèces OEA (potentiel total compris
entre 642 et 1028 espèces). Les subrégions concernées
Changement en:«Broussailles» [%] «Forêt ouverte» [%] «Forêt fermée» [%]
Utilisation initiale
Prairie intensive 0,11 0,25 0,13
Prairie extensive 1,60 0,63 0,27
Broussailles 3,9 8,70
Forêt ouverte 7,60
Tableau 1 | Taux de variation des différentes catégories d’utilisation des terres entre les statistiques de la superficie 1979/85 et 1992/97 utilisées comme base pour la simulation du reboisement.
Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage
284 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
dans le Jura. C’est dans les «Alpes centrales septentrio-
nales», dans les «Alpes tessinoises», en Haute-Engadine,
dans le Bergell, le Val Poschiavo et dans certaines parties
des «Alpes grisonnes septentrionales» («polygones
regroupés»; fig. 3) que le reboisement est le plus mar-
qué; dans un cas extrême, il touche plus de 50 % de la
superficie (il faut cependant signaler que c’est le cas
d’un petit polygone). La répartition en «broussailles»,
«forêt ouverte» et «forêt fermée» donne des informa-
tions supplémentaires pour la protection des espèces.
Tandis que la «forêt fermée» ne constitue pas un milieu
naturel adapté aux espèces OEA typiques des herbages
ouverts, ce n’est pas forcément le cas des «broussailles»
et de la «forêt ouverte». Deux études montrent que la
diversité des espèces peut même être plus élevée avec
un pourcentage moyen de broussailles que sans brous-
sailles du tout (Koch et al. 2012; Walter et al. 2007). Cela
signifie toutefois que la progression des broussailles
doit être contrôlée. Selon le modèle, les broussailles se
développent notamment dans les «Alpes centrales sep-
Grande région OEA Subrégion OEA (SR)
Potentiel région mon-
tagne ou sub-alpine [nomb-re d’espèces]
Nombre d’espèces en-vers lesquelles la région (montagne ou subalpine)
a une responsabilité particulière
Surface totale de la région
[km2]
Pourcentage de région
d’estivage selon le plan
des zones agricoles [%]
Plateau, basse altitude du Jura, plaines du versant nord des Alpes
Chablais (SR 1.8) 763 394 142 1
AlpesPaysages de montagne du versant nord des
Alpes (zones des Klippes) et zones de moyenne altitude du nord des Alpes (SR 2.1)
980 491 4121 80
AlpesZones de haute altitude du nord des Alpes, Faulhorn, Titlis, Clariden, Kärpf, Tödi, Pi-zol, Alpes grisonnes médianes (SR 2.2)
770 304 3167 96
AlpesZones de haute altitude des Alpes centrales, ouest et nord des Alpes valaisannes (SR 2.3)
962 350 3328 97
AlpesZones de haute altitude des Alpes engadi-
noises (SR 2.4)642 268 2119 93
AlpesBasse-Engadine, Val Müstair
(SR 2.5)694 424 928 84
AlpesBergell, Val Poschiavo, zones de moyenne
altitude des Alpes tessinoises (SR 2.6)863 405 1826 74
Alpes Sud-est des Alpes valaisannes (SR 2.7) 761 244 1265 99
Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes
Région des collines molassiques, vallées du nord des Alpes (SR 3.1)
974 399 3806 13
Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes
Fonds des vallées du Rhin antérieur et pos-térieur et de la Landquart (SR 3.2)
813 445 811 13
Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes
Région de montagne molassique, Rigi, lac de Sihl, Speer, Hochalp (SR 3.3)
659 271 682 48
Haute altitude du Jura, basse altitude des Alpes
Zones de haute altitude du Jura plissé (SR 3.4) 811 468 1127 44
Basse altitude du Valais Fonds des vallées valaisannes (SR 4.1) 1022 672 843 4
Basse altitude du Valais Versants des vallées valaisannes (SR 4.2) 1028 589 1230 61
Alpes Sud du Tessin (SR 5.3) 674 459 268 1
Tableau 2 | Subrégions dans les zones de haute altitude des Alpes et du Jura avec leur potentiel total d’espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture (OEA), leur responsabilité envers ces espèces ainsi que la part représentée par région d’estivage dans la surface totale de la subrégion. Groupes d’espèces pris en compte: plantes vasculaires, lichens, mousses, champignons, papillons diurnes, sauterelles. Les noms et les numéros des subrégions correspondent à ceux de Walter et al. (2013).
Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement
285Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
déjà inférieur au pourcentage pronostiqué pour 2021.
Ici, le modèle a sous-estimé l’avancée de la forêt au
détriment des pâturages d’estivage.
D i s c u s s i o n
Le choix des unités de référence est déterminant pour trai-
ter la question. Le reboisement est un phénomène hétéro-
gène. Par conséquent, l’unité de référence utilisée pour
son évaluation ne doit pas être trop grande et ne devrait
pas non plus s’étendre sur plusieurs polygones, séparés
dans l’espace. Les unités de référence des espèces OEA en
revanche doivent refléter la distribution et les besoins éco-
logiques des espèces. Enfin, la délimitation à la zone d’alti-
tude comprise entre 1000 et 2000 m représente une autre
restriction. La dernière évaluation de l’Office fédéral de la
statistique montre que la progression la plus importante
de la forêt entre 1992/97 et 2004/09 s’est produite à une
attitude comprise entre 2200 et 2400 m (OFS 2012). Cela
explique aussi pourquoi dans certaines régions, les sur-
faces d’estivage étaient déjà plus touchées par le reboise-
ment en 2004/09 que ne le prévoyait le modèle.
C o n c l u s i o n s
Les résultats montrent que la forêt va gagner du terrain
d’ici en 2021, dans le Jura comme dans l’ensemble de
tentrionales», dans les «Alpes tessinoises» et dans cer-
taines parties des «Alpes grisonnes septentrionales»,
avec des pourcentages compris entre 1 et 5 %, pouvant
atteindre 10 % dans les cas extrêmes. La «forêt ouverte»
se concentre sur les «Alpes tessinoises», le Bergell et la
Haute-Engadine, ainsi que sur certains secteurs des
«Alpes grisonnes septentrionales» (pourcentages allant
de 1 à 5 %). Là aussi, un développement contrôlé de la
«forêt ouverte» peut peut-être permettre de préserver
une part des espèces OEA.
La figure 5 montre l’évolution des pâturages d’esti-
vage entre 1979/85 et 2004/09 ainsi que les pronostics
pour 2021 exprimés en pourcentages de la surface des
pâturages d’estivage selon la statistique de la superficie
1979/85. Les résultats classés par «polygones regroupés»
(fig. 3) donnent de nouveau un tableau géographique-
ment très hétérogène. Dans certains cas, le pourcentage
par rapport à la surface de 1979/85 diminue en continu,
comme prévu. Dans d’autres cas («Zones d’altitude du
Jura plissé», «Bordure des Alpes centrales et vallées
alpines» ou «Bordure des Alpes occidentales et vallées
alpines») il augmente à nouveau entre 1992/97 et
2004/09. Dans les «Alpes septentrionales occidentales»,
les «Alpes grisonnes septentrionales», dans le «Sud du
Tessin», les «Alpes tessinoises» et les «Fonds des vallées
valaisannes», le pourcentage observé dans la statistique
de la superficie par rapport à la surface de 1979/85 est
Figure 4 | Pourcentages de reboisement total, de «forêt fermée», de «broussailles» et de «forêt ouverte» dans la surface des polygones située entre 1000 et 2000 m d’attitude.
«Reboisement total» «Forêt fermée»
«Broussailles» «Forêt ouverte»
LégendePourcentage de surface touchée par le reboisement
< 1 %
>= 1 % – 5 %
>= 5 % – 10 %
>= 10 % – 20 %
>= 20 % – 50 %
>= 50 %
Zone située à moins de 1000 m ou à plus de 2000 m
0 25 50 100
286 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
Environnement | Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage
l’espace alpin. Cependant, les différences régionales
sont importantes: le modèle prévoit que les pourcen-
tages les plus élevés de reboisement soient atteints dans
les «Alpes centrales septentrionales», au «Tessin» et
dans certaines parties du canton des Grisons (Bergell,
Haute-Engadine, Val Poschiavo et secteur au Nord des
Grisons).
Bien que les données disponibles n’aient pas permis
de superposer la distribution des espèces et le reboise-
ment et d’établir des bilans, les résultats obtenus ont
tout de même permis de tirer deux conclusions quant
aux espèces cibles et caractéristiques pour l’agriculture:
d’une part, les espèces cibles et caractéristiques pour
l’agriculture sont présentes en grand nombre dans
toutes les régions, de sorte que toutes les régions sont
importantes pour le maintien des espèces OEA et la réa-
lisation des objectifs environnementaux. D’autre part,
l’avancée de la forêt ne pose pas un problème de la
même acuité dans toutes les régions. Là où le modèle
prévoit un pourcentage de reboisement élevé (Tessin,
«Alpes septentrionales centrales», Grisons), il est recom-
mandé de surveiller davantage le maintien des surfaces
ouvertes. Le reboisement de toute la surface ne conduit
pas seulement à la disparition des terres cultivées, mais
aussi à la perte de la diversité des espèces et des pay-
sages. C’est pourquoi il faut l’éviter (Tasser et Tappeiner
2007). Dans ces régions, il s’agit donc d’identifier les sur-
faces à haute diversité biologique très touchées par
l’abandon et le reboisement. Un concept d’utilisation
adapté doit être appliqué à ces surfaces.
Par contre, dans les régions moins touchées par le
reboisement («Alpes septentrionales occidentales» et
«Jura»), le maintien d’une exploitation extensive notam-
ment dans les surfaces à haute diversité biologique est
prioritaire, tandis que le maintien des terres ouvertes
joue un rôle plutôt secondaire. L’intensification a un
impact tout aussi négatif sur le nombre des espèces OEA
que le fait de laisser les terres à l’abandon. Walter et al.
(2013) ont montré qu’outre la région de plaine et celle
des collines, les zones de montagne I et II n’atteignaient
pas non plus le pourcentage cible recommandé de sur-
faces à haute diversité biologique.
Si l’on veut conserver encore suffisamment de sur-
faces de qualité OEA dans les zones de montagne III et IV
et dans la région d’estivage, des efforts doivent être
faits en conséquence. Il est tout aussi important de frei-
ner l’intensification graduelle que le retour incontrôlé
des terres en friche. La politique agricole va mettre en
place des mesures incitatives permettant d’annoncer
également des surfaces de promotion de la biodiversité
dans les régions d’estivage. L’avenir dira si ces mesures
contribueront à remplir les objectifs environnementaux
pour l’agriculture. n
www.alpfutur.ch
Remerciements
L’étude fait partie du sous-projet 5 «Paysage» d’AlpFUTUR et a bénéficié du soutien financier d’Armasuisse Immobilien, de la fondation Sophie et Karl Binding, de la société Ricola AG et du canton des Grisons.
50 55 60 65 70 75 80 85 90 95
Zones d’altitude du Jura plissé
Bordure des Alpes centrales et vallées alpines
Bordure des Alpes occidentales et vallées alpines
Alpes septentrionales orientales
Bordure des Alpes orientales et vallées alpines
Alpes septentrionales occidentales
Hautes Alpes
Alpes centrales septentrionales
Alpes grisonnes septentrionales
Valais
Alpes tessinoises
Sud du Tessin
Fonds des vallées valaisannes
Pourcentage prévisions 2021 Pourcentage 2009 Pourcentage 1997
100
Figure 5 | Evolution de la surface des pâturages d’estivage en 1992/97 et 2004/09 selon les statistiques de la superficie, et prévisions pour 2021 selon le reboisement simulé exprimé en pourcentage de la surface 1979/85. Polygones regroupés; la surface de 1979/85 correspond à 100 %.
287Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 280–287, 2013
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Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Modelled forest regrowth in 2021 and biodiversity
in alpine summer pastures
The influence of forest regrowth on biodiversity in
alpine summer pastures was investigated as part of
the joint research project AlpFUTUR. An evaluation
of the target and indicator species of the
agriculture-related environmental objectives
(AEO species) for the alpine summer pastures
shows that all regions of the Jura and the Alps are
of equal importance for the conservation of AEO
species. Forest regrowth up to 2021 was estimated
on the basis of a model describing probabilities of
land-use change. In the «North-Central Alps», the
Tessin and parts of Graubünden, the percentage of
forest regrowth can be as high as 50 %. For the
conservation of AEO species, it is crucial for the
species-rich meadows and pastures threatened by
abandonment and forest regrowth to be identified
locally, and for a locally adapted land-use concept
to ensure that they remain under agricultural
management. In the Jura mountains and in the
«Northwestern Alps», the percentage of modelled
forest regrowth is only between 1 and 5 %. Here, it
is important to ensure extensive (i.e. low-input)
land use on species-rich land, since intensification
threatens the AEO species as much as abandon-
ment and forest regrowth.
Key words: forest re-growth, impact on species,
Swiss Alps, summer pastures, Swiss land-use
statistics, modeling.
Delineati l'avanzamento del bosco nel 2021 e la
biodiversità nella regione d'estivazione
Nell'ambito del progetto collettivo AlpFUTUR è
stato analizzato l'influsso dell'avanzamento del
bosco sulla biodiversità nella regione d'estiva-
zione. Una valutazione delle specie bersaglio e
faro degli obiettivi ambientali nell'agricoltura
(specie degli OAA) per la regione d'estivazione
mostra che tutte le regioni del Giura e dell'arco
alpino sono importanti per il mantenimento
delle specie degli OAA. Sulla base di un modello
probabilistico di modifiche dell'utilizzo dei
terreni è stato delineato l'avanzamento del
bosco fino al 2021. Nelle «Alpi centro-settentrio-
nali», in Ticino e in parte dei Grigioni la quota
dell'avanzamento del bosco arriva fino al 50 per
cento. Per la salvaguardia delle specie degli
OAA è fondamentale che a livello locale siano
individuate le superfici ricche di specie minac-
ciate dalla cessazione della gestione e dall'avan-
zamento del bosco e sia garantita la loro
preservazione con un piano di utilizzazione
adeguato. Nel Giura e nelle «Alpi nord-occiden-
tali» la quota dell'avanzamento del bosco
stimata si aggira soltanto tra l'1 e il 5 per cento.
Si tratta pertanto di garantire un'utilizzazione
estensiva sulle superfici ricche di specie, in
quanto l'intensificazione minaccia le specie
degli OAA allo stesso modo della cessazione
della gestione e dell'avanzamento del bosco.
Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage | Environnement
288 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
I n t r o d u c t i o n
Les bactéries du genre Erwinia peuvent être à l’origine
de plusieurs maladies de la pomme de terre, comme des
pourritures de tiges appelées «jambes noires» et des
pourritures de tubercules appelées «pourritures molles».
Les symptômes de jambe noire induits varient d’une
pourriture humide à sèche des tiges selon les conditions
climatiques, alors que les tubercules peuvent être
atteints de pourritures molles au champ et en conserva-
tion (Helias 2008). De récents travaux de taxonomie ont
abouti à un remaniement de la nomenclature des patho-
gènes responsables de ces symptômes, qui appartiennent
dorénavant à deux genres: Pectobacterium (ancienne-
David Gerardin1, Jérémie Rouffiange2, Isabelle Kellenberger3, Santiago Schaerer3 et Brice Dupuis3
1UFR PEPS, Université de Haute Alsace, 68000 Colmar, France2Institut Supérieur Industriel agronomique Huy-Gembloux, 4500 Huy, Belgique3Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 47 48
Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Elimination de la pourriture molle sur tranche de tubercule. (Photo D. Gerardin)
289
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale
Les bactéries des genres Pectobacterium et
Dickeya sont à l’origine du développement
de pourritures molles sur tubercules de
pommes de terre. Sur la base de l’analyse
d’échantillons de plantes malades, Dickeya
solani et Dickeya dianthicola sont les espèces
les plus couramment détectées dans les lots
de pommes de terre suisses. Des essais en
laboratoire sur tranches de pommes de terre
ont été mis en place afin d’identifier des
différences de sensibilité variétale au
développement de pourritures molles et des
différences d’agressivité entre isolats de D.
dianthicola et D. solani. Sur les 5 variétés de
pomme de terre en comparaison, Agria s’est
montrée plus sensible qu’Annabelle. Sur les
5 isolats de Dickeya testés, les 3 isolats de
D. solani se sont avérés en moyenne plus
virulents que les 2 isolats de D. dianthicola.
Plusieurs hypothèses visant à expliquer ces
différences sont discutées dans cet article.
Les résultats de cette étude devraient
permettre d’optimiser le stockage des
pommes de terre en tenant compte de la
sensibilité variétale et de la virulence des
espèces bactériennes présentes et de
diminuer les impacts de la pourriture molle
en cours de stockage.
ment Erwinia carotovora) et Dickeya (anciennement
Erwinia chrysanthemi) (Helias 2008). Si on se réfère aux
analyses réalisées sur 718 échantillons de plantes malades
prélevés en Suisse (tiges et tubercules) entre 1986 et
2010, on isole en moyenne 66 % de Dickeya et 34 % de
Pectobacterium (Cazelles et Schwaerzel 1992; Dupuis et
al. 2010). Les Dickeya pénètrent dans le tubercule par les
lenticelles, le stolon ou des blessures. Des contamina-
tions peuvent également avoir lieu au cours du stockage,
notamment si un tubercule malade est en contact avec
un tubercule sain (Rousselle et al. 1996). Cependant, les
bactéries peuvent rester à l’état latent dans le tubercule
et se multiplier une fois que les conditions du milieu
deviennent favorables (Hélias 2008). Weber et al. (1996)
ont synthétisé les mécanismes mis en œuvre dans le
développement de pourritures molles. Ces mécanismes
sont représentés dans la figure 2.
Premièrement, la bactérie synthétise des enzymes
pectinolytiques (EP), principalement des pectates lyases
et des polygalacturonases (McMillan et al. 1993), qui
vont dépolymériser la pectine des parois cellulaires des
tissus de la pomme de terre. Les oligogalacturonates
(OGS) résultant de cette dépolymérisation sont absor-
bés par la bactérie et dégradés en 5-keto-4-deoxyuro-
nate (DKI), 2,5-diketo-3-deoxy-gluconate (DKII) ainsi
qu’en acide galacturonique (AG) par l’action des oli-
gogalacturonide lyases. Les DKI, DKII ainsi que d’autre
composés résultant de la dégradation des parois cellu-
laires vont entraîner une réaction en chaîne aboutissant
à une augmentation de la production d’EP et ainsi,
accroître la virulence de la bactérie (Yang et al. 1992).
Les OGS résultant de la dégradation de la pectine par les
EP vont induire des mécanismes de résistance de la
plante contre ces attaques tels que la production d’inhi-
biteurs de protéases (IP) et autres phytoalexines (Weber
et al. 1996).
Quelques travaux ont permis de mettre en évidence
l’existence de différences de sensibilité variétale au
développement de jambes noires au champ (Allefs et al.
1996; Radtke et Rieckmann 1991). En revanche, l’étude
menée par Haynes et al. (1997) sur tranches de tuber-
cules inoculées n’a pas permis de démontrer qu’il exis-
tait une différence de sensibilité variétale au développe-
ment de pourritures molles. Il est difficile de déterminer
si l’absence de différence de sensibilité entre variétés
est à imputer à la méthode utilisée, ou si les variétés
testées (Atlantic, Norchip et Supérior) appartiennent
à un même groupe de sensibilité. Cette même étude a
comparé la virulence de deux isolats de Pectobacterium
et d’un isolat de Dickeya sur les trois mêmes variétés.
Aucune différence significative n’a pu être observée
entre les isolats testés en ce qui concerne la rapidité de
290 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.
développement des pourritures molles sur tranches de
tubercules. Cependant, l’espèce de Dickeya utilisée pour
le test n’est pas connue. Il semble donc pertinent de
comparer l’agressivité des deux espèces de Dickeya pré-
sentes en Suisse, à savoir Dickeya dianthicola et Dickeya
solani (Dupuis et al. 2010).
Afin de mieux appréhender le risque de développe-
ment de pourritures au stockage, cette étude comporte
deux objectifs principaux; d’une part, déterminer si des
différences de sensibilité variétale au développement
des macérations peuvent être mises en évidence pour les
principales variétés de pommes de terre cultivées en
Suisse. D’autre part, déterminer si certains isolats de
Dickeya, appartenant à des espèces distinctes, sont plus
virulents que d’autres par rapport au développement
des pourritures molles.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Deux essais ont été réalisés dans le cadre de cette
recherche.
Dans le premier essai (essai A), l’agressivité de 5 iso-
lats de Dickeya est observée sur la variété Agria. Pour cet
essai, 2 isolats de D. dianthicola et 3 isolats de D. solani
sont choisis, nomément: D. dianthicola 980, D. dianthi-
cola 8823, D. solani 07044, D. solani 05026 et D. solani
2222. Pour le deuxième essai (essai B), la sensibilité de
cinq variétés de pomme de terre est étudiée: Agria, Vic-
toria, Charlotte, Innovator et Annabelle. Ces cinq varié-
tés sont inoculées avec la souche D. dianthicola 8823.
Chacun de ces deux essais a été répété 3 fois dans le
temps.
Le protocole utilisé pour réaliser ces deux essais est
inspiré de celui de Haynes et al. (1997). Les tubercules
sont d’abord stérilisés en surface par trempage dans de
l’éthanol à 70 % et bref passage sous la flamme d’un bec
Bunsen. Une tranche, d’environ 5 mm d’épaisseur, est
coupée au centre du tubercule, puis placée dans une
boîte de Pétri contenant 1 ml d’eau stérile. Un papier
filtre de 1 cm² est placé au centre de la tranche. Une
première pesée est alors réalisée afin de déterminer le
poids initial. Ensuite, 100 µl de suspension bactérienne
(107 ufc/ml) sont déposés sur le papier filtre. Les dilutions
sont réalisées dans du tampon phosphate salin (PBS). La
boîte est ensuite entourée avec du Parafilm pour limiter
les échanges gazeux et incubée dans une étuve à 27 °C
pendant 48 heures. Au terme de l’incubation, la pourri-
ture causée par les bactéries est enlevée (fig. 1). Une
DKI
DKII
OGS
EP
IP
AG
Grains d’amidon
Bactérie Cellule de pomme de terre
Figure 2 | Représentation schématique des mécanismes mis en œuvre lors de l’attaque de tissus de pommes de terre par Dickeya spp. (voir texte pour la légende des abréviations).
291Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale
histologiques de parenchyme médullaire à partir de
4 tubercules par variété ont été effectuées. Ces coupes
ont été observées au microscope avec un grossissement
400X (Leica DMLB) et des clichés ont été réalisés (Leica
DFC 490) pour pouvoir mesurer les parois cellulaires et
comparer l’épaisseur de celles-ci entre les différentes
variétés (ANOVA à 1 facteur).
R é s u l t a t s
Agressivité des isolats
Les résultats obtenus dans l’essai A nous enseignent que
le développement de pourritures sur tranches est émi-
nemment variable (coefficient de variation de l’essai =
60 %). Les tranches témoin (PBS) n’ont pas développé de
pourritures, preuve que les tubercules utilisés étaient
sains. Considérant l’ensemble des répétitions de l’essai
(essais A1, A2 et A3), on constate des différences de sen-
sibilité entre les isolats. Les deux isolats de D. dianthicola
testés sont moins agressifs que les trois isolats de
D. solani (F(4; 485)=98,21; p<0,001). A titre d’exemple,
D. solani 07044 a entraîné une perte de poids moyenne
environ quatre fois plus élevée que D. dianthicola 980.
Considérant l’ensemble des isolats, la perte de poids
moyenne s’est avérée plus élevée pour la seconde répé-
tition de l’essai, avec 7,39 g par tranche de tubercule,
que pour la première et la troisième répétitions qui sont
statistiquement identiques avec respectivement 5,64 g
et 5,27 g (F(2;485)=31,66; p<0,001).
seconde pesée est alors réalisée pour obtenir le poids
final et calculer la perte de poids. Cette perte de poids
correspond à la part de la tranche dégradée par la bac-
térie.
Pour l’essai portant sur l’étude de l’agressivité des
isolats, 250 tranches de pommes de terre sont coupées.
Chaque isolat est testé sur 40 tranches et 10 tranches
témoin sont utilisées pour l’ensemble de l’essai. Sur ces
dernières, on applique du PBS à la place de la suspension
bactérienne. Pour l’essai portant sur la résistance varié-
tale, 50 tranches de pommes de terre par variété sont
coupées. 40 tranches sont inoculées et 10 servent de
témoin (du PBS est appliqué à la place de la suspension
bactérienne). Pour les deux essais, chaque tranche pro-
vient d’un tubercule distinct.
L’analyse statistique est réalisée avec le logiciel STA-
TISTICA (StatSoft, Tulsa, USA). Pour chaque essai, une
analyse de la variance (ANOVA) à deux facteurs est
effectuée (α=0,05). Le premier facteur correspond à la
répétition de l’essai dans le temps. Le deuxième facteur
est l’objet de l’étude, c’est-à-dire l’isolat de Dickeya pour
l’essai A et la variété pour l’essai B. Enfin, l’interaction
entre les deux facteurs est également testée. Si pour
l’un des facteurs de l’étude une différence significative
est décelée, un test de comparaison de moyennes est
effectué (test de Newman & Keuls).
Une observation de la structure cellulaire du tuber-
cule des 5 variétés de pommes de terre testées dans ces
essais a également été réalisée. Pour cela, des coupes
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
D. dianthicola 980 D. dianthicola 8823 D. solani 05026 D. solani 2222 D. solani 07044
Pert
e de
poi
ds (g
)
Essai A1
Essai A2
Essai A3
a
b
b
c c c c
d d d
cd cd cd
e
f
Figure 3 | Perte de poids (g) moyenne par isolat de Dickeya spp. suite au développement de pourritures molles sur tranche de tubercule de variété Agria. La variabilité est représentée par l’erreur standard (n= 40) et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres mi-nuscules au sommet des barres d’erreur.
292 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.
Enfin, une interaction entre les isolats testés et la répéti-
tion de l’essai est observée (F(8; 485)=9,63; p<0,05). Celle-
ci s’explique par le fait que les résultats obtenus avec les
isolats D. dianthicola 980, D. solani 05026 et D. solani
01044 diffèrent entre les répétitions de l’essai (fig. 3).
Sensibilité variétale
La variabilité de l’essai B est supérieure à celle de l’essai A
(coefficient de variation de l’essai = 76 %). Tout comme
pour l’essai A, les tranches témoin (PBS) n’ont subi aucune
perte de poids ce qui prouve que les tubercules utilisés
étaient sains au départ. Considérant l’ensemble des répé-
titions de l’essai (essais B1, B2 et B3), des différences de
sensibilité entre les variétés sont apparues (F(4;
559)=27,50; p<0,001) et trois groupes distincts de sensibi-
lité sont observés. Le premier comprend les variétés les
moins sensibles, à savoir Annabelle et Innovator. Les
pertes de poids moyennes respectives sont de 2,59 g et
3,19 g par tranche de tubercule. Viennent ensuite Char-
lotte et Victoria avec 4,33 g et 4,78 g. Enfin, Agria est la
variété la plus sensible avec une perte moyenne de 5,61 g,
c’est-à-dire plus du double de la variété Annabelle.
La perte moyenne, toutes variétés confondues, a été
la plus importante lors de la seconde répétition de l’es-
sai, avec 6,20 g par tranche de tubercule, contre 4,06 g
pour la première répétition et 2,32 g pour la troisième
répétition (F(2; 559)=114,59; p<0,001).
Lors de cet essai, une interaction entre la variété et la
répétition de l’essai est apparue (F(8; 559)=3,63; p<0,001).
Malgré cette interaction, on constate que la variété
Agria développe significativement plus de pourritures
que la variété Annabelle quel que soit la répétition de
l’essai (fig. 4).
Observation microscopique
Des différences d’épaisseur de parois cellulaires ont été
observées entre les variétés (F(4; 29)=5,33; p<0,01). La
variété Victoria est pourvue de parois cellulaires plus
fines que les autres variétés testées (tabl. 1).
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Annabelle Innovator Charlotte Victoria Agria
Pert
e de
poi
ds (g
)
b
b b
b
b b
cd
cd
cd
a
c
cde cde de
e
Essai B1
Essai B2
Essai B3
Figure 4 | Perte de poids (g) moyenne par variété sur tranche de tubercule suite au développement de pourritures molles dues à D. dianthicola 8823. La variabilité est représentée par l’écart type (n= 40) et les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules au sommet des barres d’erreur.
Variété Epaisseur de parois (µm)
Victoria 12,5 ± 2,2 a
Agria 15,6 ± 1,9 b
Innovator 16,2 ± 3,3 b
Charlotte 17,3 ± 2,8 b
Annabelle 18,8 ± 2,3 b
Tableau 1 | Epaisseur moyenne et écart type des parois du paren-chyme médullaire des différentes variété testées. Les groupes d’homogénéité sont représentés par des lettres minuscules (test de Newman & Keuls).
293Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale
Les essais menés ont permis de démontrer qu’il existe
bien des différences de sensibilité variétale au dévelop-
pement de pourritures molles causées par Dickeya. En
effet, la variété Annabelle s’est montrée moins sensible
à ce pathogène que la variété Agria. Deux hypothèses
peuvent être proposées pour expliquer cette différence.
Premièrement, les parois cellulaires de la variété Agria
seraient plus riches en pectine que celles de la variété
Annabelle, ce qui signifierait que la dégradation des
parois d’Agria par les EP de la bactérie produirait plus
d’OGS, accélérant le processus de dégradation des tissus
du tubercule. En effet, des études préalables menées sur
d’autres variétés ont permis de démontrer que des diffé-
rences de teneur en pectine pouvaient exister entre
variétés (Potter et McComb 1957; Tajner-Czopek 2003;
Tajner-Czopek et Figiel 2003). La seconde hypothèse
serait que la variété Annabelle produirait plus d’IP que
la variété Agria grâce à un mécanisme de résistance à
l’infection plus efficace.
Afin de vérifier la première hypothèse, nous avons
comparé l’épaisseur des parois cellulaires des 5 variétés
de l’essai (fig. 5), partant de l’hypothèse selon laquelle
D i s c u s s i o n
Une différence de virulence entre les deux espèces de
Dickeya a été observée, les isolats de D. solani se sont
avérés dans la plupart des cas plus agressifs que les iso-
lats de D. dianthicola. Une étude rapportée par Toth et
al. (2011) a permis de démontrer que la température
joue un rôle déterminant dans le développement des
symptômes. Cette étude a mis en évidence que D. solani
est plus agressive que D. dianthicola à température éle-
vée. Il est donc possible qu’à la température utilisée dans
ces essais (27 °C), les isolats de D. solani dégradent plus
rapidement les parenchymes cortical et médullaire du
tubercule grâce à une activité enzymatique plus intense
ou à une multiplication bactérienne plus élevée. Des dif-
férences de virulence au sein d’une même espèce ont
également été observées, principalement pour l’espèce
D. dianthicola. Ces différences pourraient s’expliquer en
raison de la diversité génétique plus importante obser-
vée chez D. dianthicola par rapport à D. solani (Saddler
G., Science and Advice for Scottish Agriculture SASA,
communication personnelle).
Figure 5 | Coupe histologique de parenchyme médullaire de la variété Victoria (grossissement 400x).
Grain d'amidon
Paroi cellulaire
294 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Production végétale | Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp.
des parois plus épaisses pourraient refléter un contenu en
pectine plus important (ainsi qu’un contenu plus élevé en
celluloses et hémicelluloses). Cependant, les résultats
obtenus ne nous permettent pas de valider la première
hypothèse car l’épaisseur des parois cellulaires des varié-
tés Agria et Annabelle sont comparables (tabl. 1).
La variété Annabelle pourrait être moins attaquée
suite à une production plus importante d’IP et autres
phytoalexines. Cette hypothèse pourrait être confirmée
par une étude comparative de l’accumulation d’ARN
messagers codant pour ces phytoalexines (Yang et al.
1992).
Les résultats de cette étude s’appuient sur des essais
de laboratoire réalisés avec des tranches de tubercule.
Par conséquent, nous ne pouvons généraliser ces conclu-
sions au tubercule entier, mais seulement supposer que
les résultats obtenus sont un reflet fidèle de la sensibi-
lité variétale au développement de pourritures molles
ainsi que de la virulence des isolats de Dickeya spp sur
tubercule de pomme de terre. Toutefois, suite aux
études menées sur la propagation de D. solani, notam-
ment via le commerce de plants de pommes de terre
(Toth et al. 2011; Cazelles et Schwaerzel 1992), on peut
s’inquiéter des conséquences que peut engendrer cette
bactérie sur la culture de pomme de terre, notamment
sur le développement de pourritures molles. Ces consé-
quences pourraient en outre être aggravées du fait du
réchauffement climatique, qui favoriserait le dévelop-
pement de ces bactéries (Toth et al. 2011).
C o n c l u s i o n s
Ainsi, dans l’optique d’un stockage optimal, l’organisme
stockeur pourra prendre en compte la sensibilité varié-
tale et la virulence de l’espèce bactérienne éventuelle-
ment présente afin de diminuer le risque d’apparition
de symptômes de pourriture molle. Par exemple, en cas
de réception de lots de deux variétés suspectés de forte
infection, l’une sensible et l’autre moins sensible, l’orga-
nisme stockeur pourra alors choisir d’écouler en priorité
le lot de la variété sensible. n
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Swissem, Swisspatat et la commission pour la technologie et l'innovation CTI qui ont contribué au financement de cette étude.
295
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp. | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 288–295, 2013
Potato susceptibility to soft rot caused
by Dickeya spp.
Soft rot on potato tubers is caused by
bacteria belonging to the genus
Pectobacterium and Dickeya. The most
often detected species in rotting tubers
or plants sampled from Swiss potato
lots are Dickeya dianthicola and
Dickeya solani. Laboratory tests on
tuber slices were set up to determine
differences in cultivar susceptibility
and isolate aggressiveness. Among the
five cultivars tested, Agria was more
susceptible than Annabelle. Among the
five bacterial isolates tested, the
3 D. solani isolates were in most cases
more virulent than the 2 D. dianthicola
isolates. Several hypothesis are
discussed in this article to explain the
differences in cultivar susceptibility
and isolate virulence. The results of
this study should allow an optimiza-
tion of the potato storage, after
considering the susceptibility of a
given cultivar to soft rot development
and the aggressiveness of the Dickeya
specie which infected the lot.
Key words: Dickeya, potato, soft rot,
bacteria, Pectobacterium.
Sensibilità della patata al marciume
molle provocato da Dickeya spp.
I batteri del genere Pectobacterium e
Dickeya sono all’origine dello sviluppo
dei marciumi molli sui tuberi della
patata. In base all’analisi di campioni
prelevati da piante ammalate Dickeya
solani e Dickeya dianthicola risultano
essere le specie più correntemente
rilevate nei lotti di patate svizzeri. Si
sono condotte delle prove in laborato-
rio su fette di patate in modo da
individuare delle differenze di sensibi-
lità varietale allo sviluppo di marciumi
molli e delle differenze di aggressività
tra isolati di D. dianthicola e D. solani.
Sulle 5 varietà di patate confrontate
Agria si è dimostrata più sensibile di
Annabelle. Sui 5 isolati di Dickeya
testati i 3 isolati di D. solani si sono
rivelati in media più virulenti dei
2 isolati di D. dianthicola. In questo
articolo sono discusse diverse ipotesi
miranti a spiegare queste differenze.
I risultati di questo studio dovrebbero
permettere di ottimizzare lo stoccaggio
delle patate tenendo conto della
sensibilità varietale e della virulenza
delle specie batteriche presenti e di
diminuire gli impatti del marciume
molle durante lo stoccaggio.
Bibliographie ▪ Allefs J., Vandooijeweert W., Prummel W., Keizer L. C. P. & Hoogendoorn J., 1996. Components of partial resistance to potato blackleg caused by pectolytic Erwinia carotovora subsp atroseptica and E-chrysanthemi. In: Plant Pathology 45, 486–96.
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296 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
I n t r o d u c t i o n
Le trèfle d’Alexandrie et le trèfle Incarnat sont deux
légumineuses à croissance rapide préférant un climat
doux. Elles proviennent de la région méditerranéenne.
Caractérisées par une levée rapide, une bonne couver-
ture du sol et une production de racines importante, les
deux espèces sont surtout utilisées comme culture déro-
bée, et depuis récemment comme culture intermédiaire
associée à la phacélie. Plusieurs variétés de trèfle
d’Alexandrie figurent dans la Liste des variétés recom-
mandées de plantes fourragères (Frick et al. 2012), tan-
dis que, pour le trèfle Incarnat, il n’y a actuellement pas
encore d’inscription.
Trèfle d’Alexandrie
Le trèfle d’Alexandrie (Trifiolium alexandrinum L.) est
une légumineuse imposante à port dressé, dont la hau-
teur peut atteindre un mètre (fig. 1). Sa croissance est
similaire à celle de la luzerne. Les fleurs sont de couleur
jaune-blanc et disposées à la tête des tiges. Le trèfle
d’Alexandrie est une plante des climats doux, il nécessite
des températures de germination élevées (optimum près
de 25 °C) et est sensible au gel. Dans des situations rudes,
sa culture n’est pas recommandée. Il préfère des sols plu-
tôt légers et calcaires et ses exigences par rapport au
régime en eau sont assez élevées (Gujer et al. 1983). Au
cours des années plutôt humides, l’anthracnose des
trèfles (Gloeosporium caulivorum Kirchn.) peut occasion-
Rainer Frick1 , Eric Mosimann1, Philippe Aebi1, Daniel Suter2 et Hansueli Hirschi2
1Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse2Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse
Renseignements: Rainer Frick, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 46 87
Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Le trèfle d’Alexandrie est une légumineuse importante dans les mélanges de culture dérobée non-hivernante fournissant un fourrage riche en protéines.
Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale
297
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
De 2010 à 2012, les stations de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et
Changins-Wädenswil ACW ont examiné la
valeur agronomique de huit variétés de trèfle
d’Alexandrie et de trois variétés de trèfle
Incarnat. Les caractéristiques suivantes ont
été évaluées: rendement en matière sèche,
vitesse d’installation, impression générale,
force de concurrence, persistance, résistance
aux maladies ainsi qu’aux conditions hiver-
nales et teneur en matière sèche. Le classe-
ment des variétés s’est effectué sur la base
du calcul d’un indice global pondérant
l’ensemble de ces critères. Pour le trèfle
d’Alexandrie, l’assortiment des variétés
recommandées est désormais complété par la
nouvelle obtention Bluegold. En revanche,
l’ancienne variété Elite II a été radiée. Des
trois variétés de trèfle incarnat nouvellement
testées, seule Contea sera inscrite dans la
liste des variétés recommandées de plantes
fourragères. Clo et Carmina, les deux autres
variétés testées, pourront encore être
employées dans les mélanges standard
jusqu’au 31 décembre 2015.
ner des dégâts importants (Raynal et al. 1989); (fig. 2).
Les semis peuvent être effectués de mi-avril à mi-août,
en mélange avec des graminées. En conditions favo-
rables, les semis du printemps permettent de réaliser
trois coupes. Les mises en place plus tardives fournissent
des rendements plus faibles. Les semis d’été après mois-
son donnent en général une seule coupe avec un rende-
ment d’environ 30 à 40 dt de matière sèche par ha. La
durée de développement du semis jusqu’à la première
coupe est de 60 à 70 jours. Afin de ne pas couper les tiges
latérales et d’assurer une repousse intacte, une fauche
précoce (stade des boutons floraux) et pas trop rase est
indispensable pour son maintien (Nösberger 1984). Le
trèfle d’Alexandrie est employé dans les mélanges
annuels Mst 106 et 108 ainsi que dans le mélange de
deux ans Mst 210 (Mosimann et al. 2012). Ces mélanges
garantissent des rendements élevés et un fourrage appé-
tant. Celui-ci est utilisé idéalement pour l’affouragement
en vert ou pour la conservation en ensilage.
Trèfle Incarnat
Comparable au trèfle d’Alexandrie, le trèfle Incarnat
(Trifiolium incarnatum L.) se plaît uniquement dans des
régions à climat doux et supporte mal les gels (fig. 3).
Durant son développement, il demande des conditions
clémentes, suffisamment chaudes et humides. Ses tiges
et ses feuilles sont fortement poilues et ses fleurs sont
rouge foncé. Ses racines peuvent atteindre des profon-
deurs allant jusqu’à 60 cm. La hauteur de croissance
varie entre 20 et 40 cm au maximum. Il n’a pas d’exi-
gence spécifique au niveau du sol, mais préfère tout de
même les terres profondes avec un pH neutre (Gujer et
al. 1983). Après le semis, le trèfle Incarnat s’installe rapi-
dement et son développement du semis jusqu’à la florai-
Figure 2 | En conditions humides, l’anthracnose des trèfles peut endommager les pétioles et les tiges du trèfle d’Alexandrie et occasionner des pertes de rendement importantes. Les variétés résistantes à cette maladie sont à préférer.
Figure 3 | Le trèfle Incarnat est employé dans les mélanges de cultures dérobées hivernantes (p. ex. mélange de Landsberg). Au printemps, afin de d’avoir un fourrage de haute qualité, cette légumineuse doit être fauchée au plus tard au début de la floraison.
Production végétale | Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat
298 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
son dure environ 60 jours. Dans le cas d’un semis oppor-
tun en fin d’été, on peut réaliser une coupe en automne
et une deuxième après l’hiver, puis il meurt. Le trèfle
Incarnat est utilisé dans les mélanges de dérobées hiver-
nantes, par exemple dans le Mst 151 (mélange de Lands-
berg) avec vesce d’hiver et ray-grass ou dans le Mst 155
avec luzerne et ray-grass (Mosimann et al. 2012). Ces
deux mélanges standard sont destinés à l’affouragement
en vert et à la conservation en ensilage. Les mélanges
contenant du trèfle Incarnat doivent être fauchés à
temps et pas trop bas. La deuxième coupe se fait relati-
vement tard au printemps suivant et ne permet de
mettre en place pratiquement que du maïs pour la suite.
Pour la planification de la rotation des cultures, il faut
tenir compte du fait que le trèfle Incarnat est très sen-
sible à la sclérotiniose (Sclerotinia trifoliorum). Les
mélanges contenant du trèfle Incarnat retirent une cer-
taine quantité d’eau à la culture suivante, ce qui peut
être un inconvénient en situation de sécheresse. De plus,
pour le bétail, les feuilles poilues peuvent occasionner
des problèmes de digestion, spécialement dans les cas de
sur-maturité des plantes (Nösberger 1984).
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
De 2010 à 2012, les Stations de recherche Agroscope Rec-
kenholz-Tänikon ART et Changins-Wädenswil ACW ont
examiné la valeur agronomique de huit variétés de trèfle
d’Alexandrie et de trois variétés de trèfle Incarnat dans
des essais comparatifs. Les semis ont eu lieu, selon le lieu
d’essai, principalement en été et partiellement au prin-
temps. Le tableau 1 fournit des indications sur les lieux,
les dates de semis et le nombre de coupes pesées. Les
variétés à tester ont été semées en culture pure et en
association avec les ray-grass d’Italie et Westerwold sur
des parcelles d’une grandeur de 9 m². Ces mélanges ont
permis d’apprécier la force de concurrence des variétés
testées. Ni les cultures pures ni les mélanges n’ont été
fertilisés avec de l’azote. Les cultures pures ont fait l’ob-
jet de plusieurs observations, telles que la vitesse d’ins-
tallation, l’aspect général (impression générale, densité,
capacité de repousse), la résistance aux maladies foliaires
(trèfle Incarnat), à l’anthracnose des trèfles (trèfle
Nombre de répétitions Nombre de coupes pesées
Lieu (canton) AltitudeDate de semis
pur mélange 2010 2011 2012
TA1 TI2 TA3 TI4 TA TI TA TI TA TI
Changins (VD) 43004/08/201002/08/2011
33
33
33
33
1–
1–
–2
–1
––
––
Reckenholz (ZH) 44017/04/201030/04/2012
44
44
–3
–3
3–
3–
––
––
–3
–1
Seebach (ZH) 440 19/04/2010 – – 3 – – 4 – – – –
Rümlang (ZH) 45006/09/201029/07/2011
44
44
33
33
––
––
–1
11
––
––
Oensingen (SO) 460 16/04/2010 – – – – – 2 – – – –
Ellighausen (TG) 52026/08/201020/08/2011
44
44
33
33
1–
1–
–1
11
––
––
Goumoens (VD) 63010/08/201005/08/2011
33
33
33
33
1–
1–
–2
–1
––
––
Densité de semis:1250 g/a trèfle d'Alexandrie (variété témoin «Winner») 2300 g/a trèfle Incarnat (variété témoin «Carmina») 3200 g/a trèfle d'Alexandrie (variété témoin «Winner»)
+ 100 g/a ray-grass d'Italie «Ellire»
+ 100 g/a ray-grass Westerwold «Primora» 4120 g/a trèfle Incarnat (variété témoin «Carmina»)
+ 100 g/a ray-grass d'Italie «Ellire»
+ 100 g/a ray-grass Westerwold «Primora»
Tableau 1 | Caractéristiques des essais variétaux de trèfle d'Alexandrie (TA) et de trèfle Incarnat (TI) 2010-2012
N° Variété Obtenteur, pays Catégorie1
1 Tigri Mediterranea, IT 1
2 Sacromonte CRA-FLC, IT 1
3 Winner Freudenberger, DE 1
4 Miriam Sumeran, IT 1
5 Elite II Seedmark, AU 2/3
6 Tabor* Agridera, IL 1
7 Bluegold Ferri, IT 1
8 Alex Continental, IT 3
Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées
* Variété mono-coupe
1Classement des variétés basé sur les résultats des essais:
catégorie 1:
Variété recommandée en Suisse
catégorie 2/3:
Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2016
catégorie 3:
Variété moyenne et non recommandée en Suisse, sans caractéristiques particulière-
ment intéressantes
Tableau 2 | Essais variétaux de trèfle d'Alexandrie: provenance et classement des variétés testées
Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale
299Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
R é s u l t a t s
Pour le trèfle d’Alexandrie, six variétés déjà recomman-
dées et deux nouvelles (Bluegold et Alex) ont été testées
(tabl. 2). Les deux nouvelles obtentions proviennent
d’Italie. A l’exception de Tabor, toutes les variétés testées
sont multi-coupes et permettent, dans le cas d’un semis
au printemps, d’effectuer trois coupes - quoi qu’il en
résulte pour la dernière coupe un rendement médiocre.
Pour la variété Tabor, la persistance n’a pas été évaluée
en raison de son caractère mono-coupe; de même pour
les attaques par l’anthracnose des trèfles, cette maladie
n’apparaissant qu’à l’automne et uniquement dans les
semis de printemps (site de Reckenholz en 2010). Pour
ces raisons, un indice global spécifique a dû être établi,
afin d’évaluer et de classer la variété Tabor.
Le meilleur indice a été atteint par la nouvelle obten-
tion Bluegold (tabl. 3). Elle était non seulement la meil-
d’Alexandrie) ainsi qu’aux conditions hivernales et la
persistance. De plus, la matière sèche à la récolte a été
analysée, car des teneurs faibles en matière sèche
peuvent causer des problèmes à l’affouragement et à la
conservation. Les notations ont été faites selon une
échelle de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins
bonne. Les récoltes des parcelles ont été pesées et les
rendements annuels en matière sèche ont été convertis
en notes de 1 à 9 selon un traitement statistique. Une
distinction a été faite entre le rendement de la première
coupe et le rendement total.
Pour le classement des variétés, toutes les notations
ont été prises en compte sous forme d’un indice global.
Certaines caractéristiques ont un poids plus important
dans cette évaluation finale. Pour le trèfle d’Alexandrie,
les notes pour le rendement, l’aspect général, la persis-
tance et la résistance à l’anthracnose des trèfles comp-
tent double par rapport aux autres caractéristiques.
Pour le trèfle Incarnat, il s’agit du rendement, de l’aspect
général et de la résistance aux maladies foliaires. Une
nouvelle variété est recommandée si sa valeur d’indice
global est de 0,20 points en dessous (valeur inférieure =
meilleure) à la moyenne des variétés témoins, ancienne-
ment inscrites dans la liste des variétés recommandées.
Une ancienne variété est éliminée si son indice global est
de 0,20 points supérieur (valeur supérieure = résultats
moins bons) à la moyenne des témoins. L’espèce du
trèfle Incarnat étant examinée pour la première fois
dans le cadre de l’étude variétale, aucune variété témoin
n’était disponible. Nous nous sommes donc basés sur la
moyenne des valeurs des trois nouvelles variétés testées
pour calculer l’indice global.
N° VariétéRendement 1ère coupe*
Rendement total1*
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concur-rence
Persis-tance*
Résistance à l'anthracnose*
Teneur en
matière sèche
Indice
1 Tigri 4,8 4,3 3,0 3,8 5,1 4,8 3,3 3,9 4,08
2 Sacromonte 4,6 4,4 2,8 3,9 5,1 4,8 3,8 5,4 4,24
3 Winner 5,2 4,7 3,1 4,3 5,5 5,0 3,3 4,8 4,39
4 Miriam 5,2 5,2 3,1 4,2 5,3 4,9 4,0 4,9 4,55
5 Elite II 5,1 4,9 3,6 5,3 5,9 4,5 4,4 5,0 4,71
Moyenne des témoins 5,0 4,7 3,1 4,3 5,4 4,8 3,7 4,8 4,39
6 Tabor*** 4,0 5,5 3,0 3,0 5,0 ** ** 4,7 4,17***
7 Bluegold 4,7 4,2 3,2 4,4 5,7 4,2 2,4 5,2 4,04
8 Alex 6,3 5,5 3,3 4,4 5,2 5,0 4,4 6,0 4,97
Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées
Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1Notes de rendement de 4 lieux avec 1 à 3 coupes pesées en 2010 et 1 à 2 coupes pesées en 2011 ainsi que d'un lieu avec 3 coupes pesées en 2012
* Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice global
** Aucune observation possible
*** Variété mono-coupe, moyenne (témoin): 4,41
Tableau 3 | Résultats des essais variétaux de trèfle d'Alexandrie 2010–2012
N° Variété Obtenteur Catégorie1
1 Contea Continental, IT 1
2 Clo Ferri, IT 3*
3 Carmina Carneau, FR 3*
Variétés en caractère gras = anciennes variétés recommandées
1Classement des variétés basé sur les résultats des essais:
catégorie 1:
Variété recommandée en Suisse
catégorie 3:
Variété moyenne et non recommandée en Suisse, sans caractéristiques particulièrement
intéressantes *Peut encore être utilisée à la place de Contea jusqu'au 31 décembre 2015
Tableau 4 | Essais variétaux de trèfle Incarnat: provenance et classement des variétés testées
300
Production végétale | Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
leure pour le rendement total, mais s’est également
distinguée par de bonnes notes pour la résistance à
l’anthracnose des trèfles, pour la persistance et pour
l’aspect général. En revanche, elle était moins satisfai-
sante au niveau de la levée, de la force de concurrence et
de la teneur en matière sèche. Comme ces caractéris-
tiques ne comptent qu’une fois dans le calcul de l’indice
global, Bluegold a tout de même atteint une valeur lui
permettant d’être inscrite dans la Liste des variétés
recommandées. La deuxième nouvelle obtention testée,
Alex, ne peut pas être recommandée, car son indice glo-
bal excède largement la moyenne du standard. Parmi les
anciennes variétés recommandées, Tigri a réalisé le meil-
leur indice global. Cette variété a obtenu des valeurs
favorables pour tous les critères, en particulier pour son
potentiel de rendement et ses teneurs élevées en
matière sèche. Sacromonte aussi se distingue par une
bonne productivité et le meilleur résultat pour l’aspect
général. Ses teneurs en matière sèche sont plutôt faibles.
Tabor, la seule variété mono-coupe, n’a pas pu être com-
parée aux autres variétés. Son indice global de 4,17 se
réfère à un standard, dans lequel la persistance et la
résistance à l’anthracnose des trèfles ne sont pas prises
en compte. Tabor présente des atouts surtout au niveau
du rendement de la première pousse. L’aspect général et
la vitesse d’installation sont d’autres critères avec les-
quels elle se distingue. Comme Winner, Tabor est une
variété qui pousse en hauteur, ce qui la rend sensible à la
verse. La variété Elite II sera radiée de la liste des variétés
recommandées, en raison de notes insuffisantes pour la
plupart des critères.
Pour le trèfle Incarnat, trois variétés ont été testées:
Contea, Clo et Carmina (tabl. 4). Comme ces trois varié-
tés n’ont pas encore été recommandées, la moyenne de
leurs indices a servi comme référence de comparaison.
Contea s’est montrée la plus performante non seule-
ment au niveau du rendement, de l’aspect général et de
la vitesse d’installation, mais également par une force
de concurrence élevée, une bonne persistance et des
teneurs élevées en matière sèche (tabl. 5). Seules les
résistances aux conditions hivernales et aux maladies
foliaires ont été moins satisfaisantes. Sur la base de ces
résultats, Contea figurera sur la liste des variétés recom-
mandées et pourra être utilisée dans les mélanges
standard. Clo et Carmina, actuellement commercialisées
en Suisse, pourront encore être utilisées jusqu’au
31 décembre 2015.
C o n c l u s i o n s
Sur la base des résultats obtenus dans les essais variétaux
de 2010 à 2012, la liste des variétés recommandées de
plantes fourragères sera modifiée comme suit:
•• Trèfle d’Alexandrie: l’ancienne variété recommandée
Elite II sera retirée de l’assortiment à partir du 1er
janvier 2016 et est remplacée par la nouvelle obten-
tion Bluegold.
•• Trèfle Incarnat: des trois variétés nouvellement testées,
Contea sera ajoutée à la liste des variétés recomman-
dées. Les deux variétés Clo et Carmina, actuellement
commercialisées en Suisse, pourront encore être
utilisées jusqu’au 31 décembre 2015.� n
N° VariétéRendement 1re coupe*
Rendement total1*
Aspect général*
Vitesse d'installation
Force de concurrence
Persis-tance
Tolérances/résistances Teneur en
matière sèche
IndiceConditions hivernales
Maladies foliaires*
1 Contea 2,6 2,8 3,6 1,8 6,1 5,7 6,4 5,1 4,6 3,94
2 Clo 5,5 5,8 4,0 3,1 6,8 6,8 5,4 4,3 5,4 5,07
3 Carmina 7,1 6,8 4,8 4,5 6,8 5,8 4,6 3,5 5,0 5,48
Moyenne des témoins** 5,1 5,1 4,1 3,1 6,6 6,1 5,5 4,3 5,0 4,83
Notes: 1 = très élevé, très bon; 5 = moyen; 9 = très faible, très mauvais 1Notes de rendement de 6 lieux avec 1 à 4 coupes pesées en 2010 et 1 coupe pesée en 2011 ainsi que d'un lieu avec 1 coupe pesée en 2012
*Caractéristiques comptant double dans le calcul de l'indice global **La moyenne des témoins correspond à la moyenne des trois variétés testées, car aucune variété recommandée disponible
Tableau 5 | Résultats des essais variétaux de trèfle Incarnat 2010-2012
301
Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle Incarnat | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Berseem clover and Crimson clover
variety trials (2010-2012)
From 2010 through 2012, the Agro-
scope Reckenholz-Tänikon ART and
Agroscope Changins-Wädenswil ACW
research stations tested in total eight
varieties of Berseem clover and three
varieties of Crimson clover in compara-
tive variety trials at seven experimen-
tal sites. All varieties were grown in
pure stands and in mixture with
grasses. The parameters assessed were
dry matter yield, juvenile develop-
ment, vigour, competitive ability,
persistence, resistance to leaf diseases
and winter conditions and dry matter
content. For each variety, an index-
value based on field measurements
and observations was calculated,
allowing an accurate comparison of
the varieties. According to the results,
one new variety of Berseem clover
(Bluegold) will be added to the «List of
recommended varieties of forage
plants». The previously recommended
variety Elite II has been disqualified.
With Crimson clover, one of the three
breeds tested (Contea) reached the
index-value required for recommenda-
tion. The two other varieties Clo and
Carmina will not be recommended, but
can still be used in standard mixtures
until the end of 2015.
Key words: Trifolium alexandrinum L.,
Trifolium incarnatum L., variety test,
list of recommended varieties.
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 296–301, 2013
Bibliographie ▪ Frick R., Bertossa M., Suter D. & Hirschi H. U., 2012. Liste 2013–2014 des variétés recommandées de plantes fourragères. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–8.
▪ Gujer H., Rotacher A., Röthlisberger K. & Studer H., 1983. Pflanzen unse-rer Wiesen und Weiden. Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale LMZ, Zollikofen, 16–19.
▪ Mosimann E., Frick R., Suter D. & Rosenberg E., 2012. Mélanges standard pour la production fourragère 2013-2016. Recherche Agronomique Suisse 3 (10), 1–12.
▪ Nösberger J., 1984. Futterbau I – Unterlagen zur Vorlesung, Institut für Pflanzenbau, ETH-Zurich, 91.
▪ Raynal G., Gondran J., Bournoville R. & Courtillot M., 1989. Ennemis et maladies des prairies. Institut national de la Recherche agronomique INRA éd. Paris, 109-110.
Trifoglio alessandrino e incarnato:
Risultati delle prove varietali da 2010 a
2012
Le Stazioni di ricerca Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART e Changins-
Wädenswil ACW tramite delle prove
varietali hanno esaminato le attitudini
di coltura di otto varietà di trifoglio
alessandrino e tre varietà di trifoglio
incarnato. Sono state appurate
seguenti caratteristiche: produttività,
vigore giovanile, bontà della cotica,
concorrenzialità, persistenza, e
resistenza alle malattie e allo sverna-
mento e contenuto di sostanza secca.
Per valutare e comparare le varietà è
stato calcolato un indice per ogni
varietà che corrisponde alla media di
tutti parametri analizzati. Per il
trifoglio alessandrino la lista delle
varietà consigliate viene completata
con la varietà Bluegold, mentre la
varietà Elite II sarà stralciata dal 2016.
Tra le tre varietà di trifoglio incarnato è
la nuova selezione Contea che viene
aggiunta alla lista delle varietà
consigliate. Le altre due varietà Clo e
Carmina possono essere utilizzate fino
alla fine 2015 al posto di Contea.
302 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013
Nicole Berger, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse
Renseignements: Nicole Berger, e-mail: [email protected], tél. +41 31 910 22 29
Au secours des faons
En Suisse, plusieurs milliers de faons meurent chaque
année lors des travaux de fenaison. Les méthodes tra-
ditionnelles de détection des faons sont peu efficaces
et peu probantes. Dans le cadre d’un projet de
recherche mené par la Haute école des sciences agro-
nomiques, forestières et alimentaires (HAFL), des solu-
tions techniques ont été cherchées afin de réduire la
souffrance des faons et le risque d’intoxication des
animaux de rente par du fourrage contaminé avec des
restes de cadavre.
De mi-avril à mi-juin, les chevreuils (Capreolus capreolus)
privilégient les prés pour y installer leurs faons. La plu-
part du temps, ils donnent naissance à des jumeaux.
E c l a i r a g e
Figure 1 | Faon de près de deux semaines se terrant en cas de danger au lieu de s’enfuir. Cet instinct leur est fatal lors de la fauche des prés. (Photo: Walter Berger)
Au secours des faons | Eclairage
303Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013
Les nouveau-nés se cherchent une place dans la prairie,
indépendamment l’un de l’autre (Stubbe 2008). Pendant
les deux ou trois premières semaines, les faons se
tapissent instinctivement au sol (fig. 1) et, en cas de dan-
ger, s’enfouissent dans la végétation au lieu de s’enfuir.
Grâce à leur pelage tacheté, ils sont bien camouflés et
leur mère s’efforcent de les garder propres et inodores;
ils sont ainsi protégés des renards, chiens ou lynx, qui
chassent à l’odorat (Menzel 2007). Durant la même
période, les prairies sont fauchées et il arrive fréquem-
ment que des faons soient accidentellement mutilés ou
tués par les faucheuses.
Les méthodes traditionnelles
Chasseurs et agriculteurs font des efforts importants
pour détecter ou déloger les jeunes animaux avant la
fauche. Afin de les effrayer et de les troubler, des fanions
colorés ou réfléchissants ainsi que des odeurs répulsives
sont installés dans les champs. Le repérage ciblé des
faons est aussi pratiqué, comme le ratissage de la prairie
par battues humaines avec ou sans chien. Beaucoup de
faons peuvent être ainsi sauvés, mais ces efforts n‘ap-
portent pas un succès total.
Pour éviter les accidents et leurs fâcheuses consé-
quences, la Haute école des sciences agronomiques,
forestières et alimentaires HAFL a lancé un projet de
détection et de sauvetage des faons dans les herbages.
Le Département technique et informatique de la HESB à
Burgdorf (BFH-TI), l’Institut de géodésie et de photo-
grammétrie (IGP) de l’Ecole polytechnique fédérale de
Zurich (EPFZ) et l’Office fédéral de l’environnement
(OFEV) y ont également participé.
Comportement des chevreuils
L’efficacité des différentes mesures, telles que l’effarou-
chement ou le dérangement, pourrait s’expliquer par le
comportement d’anxiété individuel des chevreuils. Alors
que des chevrettes audacieuses reconduisent leurs faons
dans le pré le soir même du placement des banderoles,
d’autres plus peureuses attendent deux à trois jours pour
réinvestir le pré. Les chevreuils courageux reviennent
dans le pré un à deux jours plus tard s’il ne s’y passe rien
(Jarnemo 2002). Il faudrait donc connaître le caractère
de chaque animal pour fixer le moment le plus adéquat
pour le déranger et l’effaroucher.
Lors des travaux du projet, il a été constaté que l’ob-
servation précise et de longue durée des parcelles est la
méthode la plus sûre, mais également la plus lourde et
coûteuse, pour repérer la présence de faons dans un pré.
La chevrette revient souvent sur la parcelle où se
trouvent son ou ses petits. Elle s’y immobilise plusieurs
minutes afin de nettoyer et faire téter son faon. Il s’est
également avéré que les chevrettes ne mettent pas bas
au même endroit chaque année, ce qui constitue une
difficulté supplémentaire pour les pronostics de zones
et de dates critiques. En outre, des faons ont été trouvés
à des endroits où aucun faon n’avait jamais été repéré.
Par conséquent, les surfaces à faucher devraient et
doivent toujours être inspectées.
Détection high-tech depuis les airs
Un multicoptère équipé d’une caméra thermique est la
méthode la plus efficace pour détecter les faons dans les
hautes herbes (fig. 2). Les prairies de fauche ont été ins-
pectées systématiquement (pilote automatique) avec le
Figure 2 | Quadricoptère avec caméra thermique fixée sur une arma-ture mobile en deux dimensions pour détecter les faons. (Photo: Nicole Berger)
Hauteur de vol Visibilité, distinction thermique
100 m ElevéeVégétation maigre et érigéePas de soleil, température fraîche
50 m
NormaleVégétation majoritairement érigée Sol presque visible Pas, peu de soleil, plutôt frais
30-40 m MauvaiseVégétation dense ou verséeEnsoleillé et chaud
Vol inutile
Très mauvaiseVégétation lacunaire avec sol à nu (> 18 °C) ou herbes sèchesTrès ensoleillé et chaud
Tableau 1 | La hauteur de vol dépend de la température ambiante, du degré d’ensoleillement et des caractéristiques de la végétation
Eclairage | Au secours des faons
304 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013
multicoptère à une hauteur de 50 m et un angle de
caméra horizontal de 28 ° et vertical de 21 ° (tabl. 1). La
caméra était orientée à angle droit par rapport au sol
grâce à une armature mobile à deux dimensions. La
vidéo thermique réalisée était transmise en temps réel
sur les écrans au sol et interprétée par le sauveteur. Les
faons étaient visibles sous la forme de taches claires sur
le film en raison de leur température corporelle (fig. 3).
Quand un tel point chaud était détecté, la position du
multicoptère était enregistrée en appuyant sur un bou-
ton de l’ordinateur portable. En fin de vol, les coordon-
nées sauvegardées étaient délibérément à nouveau
survolées et marquées par un vol stationnaire du multi-
coptère. Le sauveteur se dirigeait vers le faon à l’aide
d’un deuxième écran, sur lequel il était aussi visible
comme un point chaud lumineux. Ce projet de recherche
et cette méthode ont permis de découvrir 21 faons,
10 chevreuils et un jeune lièvre sur 14 des 100 champs
survolés en 26 jours de recherche. Consécutivement aux
recherches, douze parcelles ont été fauchées et tous les
faons y avaient été détectés auparavant. Avec cette
méthode, les faons ne doivent pratiquement pas être
cherchés, mais ils sont rapidement et facilement détec-
tés, puis sauvés.
Les coûts d’un tel système avoisinent CHF 25 000.–.
En y ajoutant le salaire, on obtient un coût de CHF 140.–
par parcelle. Par parcelle (env. 2 ha), il faut compter 20 à
30 minutes pour la préparation, la détection et le sauve-
tage. Sur de grandes surfaces bien remaniées, le temps
de travail peut être réduit à 7,5 minutes par hectare.
Cette méthode permet donc de contrôler une surface
trois à quatre fois plus grande que le système par détec-
tion infrarouge ISA-Wildretter (fig. 4). L’avantage de
l'ISA-Wildretter est que le porteur de l’appareil peut
directement vérifier dans le champ s’il s’agit d’un faon
ou si un autre élément a déclenché le signal, par exemple
une pierre chauffée au soleil, une fourmilière, une butte
de campagnol, des herbes sèches, etc.
Stratégies de sauvetage
Parallèlement à l’utilisation d’une nouvelle technique
pour la détection des faons, de nouvelles connaissances
ont été acquises sur le comportement des chevreuils.
Ainsi, on a observé que les animaux adultes se reposent
aussi dans les champs. Les prairies servent donc d’habitat
tant aux jeunes qu’aux animaux plus âgés. Lors de fortes
précipitations, on a remarqué que les faons se déplacent
dans les herbages abrités par le feuillage des arbres.
Après une pluie, la fauche des prés en lisière de forêts
augmenterait les accidents mortels avec les faons.
Le projet a aussi révélé qu’il était nécessaire d’établir
deux différentes stratégies de sauvetage selon l’âge du
faon (fig. 5). En effet, il ne faut pas négliger les animaux
plus âgés, qui ont tendance à fuir juste au-devant du
danger en comptant sur leur camouflage. Ces derniers
bondissent au dernier moment et sont mutilés par la
machine. A l’inverse, se tapissant par instinct, les jeunes
faons sont écrasés par la machine et sont généralement
tués sur le coup.
Toucher un faon?
Lors de leur sauvetage, les jeunes faons sont forcément
en contact avec les humains et risquent de se charger
d’odeurs étrangères. Selon Hespeler (2006), le risque est
faible qu’ils soient abandonnés par leurs mères. Cepen-
dant, une odeur aussi naturelle que possible est vitale
Figure 3 | Image thermique d’un faon tapi au sol. Les points les plus chauds sont les yeux et les parties du corps où la tête est appuyée. (Source: Nicole Berger)
Figure 4 | Le système de détection à capteurs infrarouges ISA- Wildretter permet aussi de déceler les faons. (Photo: Nicole Berger)
Au secours des faons | Eclairage
305Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 302–305, 2013
Dans le cadre du projet, un système automatique de
géolocalisation a été développé pour la localisation des
faons au sein de la prairie. Ce système détermine dans
un rayon de 2 à 3 m la position d’un faon dans un pré. Les
coordonnées peuvent être recherchées à l’aide d’un
simple récepteur GPS. Afin de repérer rapidement et
précisément le faon si bien camouflé, un appareil porta-
tif de détection a été accessoirement développé à l’ins-
tar d’un détecteur de métal. Le système de géolocalisa-
tion et l’appareil portatif de détection sont encore des
prototypes qui doivent être développés dans un projet
consécutif en vue d’une production en série. n
pour les faons, sinon ils ne sont plus protégés des préda-
teurs (Hess 2012). Le plus sûr est de se frotter les mains
avec de la terre et de l’herbe fraîchement arrachée, de
tenir des gerbes en saisissant le faon afin d’éviter un
contact direct avec lui
Perspectives
La technologie thermique est fondamentalement bien
adaptée pour le sauvetage des faons. Il s’est avéré
qu’elle a mieux fonctionné lors de températures fraîches
et en l’absence de soleil. Pour plus de sûreté, les
recherches étaient planifiées et conduites entre 5h00 et
8h30 heures du matin.
Les futures recherches à grande échelle devraient
être assurées par des équipes de recherche coordonnées.
Actuellement, des projets sont en préparation à la HAFL
en vue de la formation des équipes et de l’acquisition du
matériel.
Les courtes périodes où les recherches sont possibles
ont limité les performances de la méthode au niveau des
surfaces traitées. Pour cette raison, et afin de diminuer
les coûts. Les nouveaux systèmes de détection des faons
doivent être développés, et les recherches concentrées,
dans les prairies òu la présence de faons est établie.
Bibliographie ▪ Hespeler B, 2006. Die Kitze kommen … . DJZ 5/2006, 41–43. ▪ Hess S, 2012. Den Rehkitzen auf der Spur. Neue Zuger Zeitung, 26.05.2012. Accès: www.zugerzeitung.ch [26.05.2012]
▪ Jarnemo A, 2002. Roe deer Capreolus capreolus fawns and mowing – mortality rates and countermeasures. Wildl. Biol. 8, 211–218
▪ Menzel K, 2007. Hege und Bejagung des Rehwildes. Franckh-Kosmos, Stuttgart, p. 17, 18, 37/139.
▪ Stubbe C, 2008. Rehwild. Franckh-Kosmos, Stuttgart, p. 171-177/391.
Immobilisédans une
caisse
En lisièrede forêt
Surplacemarquage bienvisible pour le
chauffeur
Déplacé dans un
autre habitat
Marcherdevant lafaucheuse
Faucherà la vitesse
du pas(à tester)
Refouleren forêt
Faucherde suite
Faucherplus tard(mesure
d’effarouchement)
Stratégies desauvetage
Le faon setapit au sol
Le faons’enfuit
Figure 5 | L’élaboration de deux stratégies différentes de sauvetage, l’une pour les jeunes faons qui se tapissent au sol et l’autre pour les faons plus âgés qui tentent de fuir.
306
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 306, 2013
Stefan Lauber: un citadin dévoué à la zone alpine
Nous nous retrouvons à l’ETH, le vélo pliable est garé
devant la porte. Stefan Lauber se défait de son harnache-
ment de citoyen urbain et mobile: il pose son sac à dos et
retire son survêtement imperméable. «Combiner vélo et
train pour me rendre de mon domicile à Lucerne jusqu’à
mon lieu de travail au WSL de Birmensdorf, c’est ma façon
de rester en forme», s’excuse-t-il brièvement, «car entre
ma famille et mon métier, il ne me reste pratiquement
plus de temps pour le sport». Il sort son laptop – acces-
soire du chercheur nomade.
La phase finale du projet intégré lui demande beau-
coup de temps et d’organisation en sa qualité de co-
responsable et de coordinateur d’AlpFUTUR en plus de
la participation active à l’éducation de ses deux jeunes
enfants, déclare-t-il, d’autant que sa femme occupe
comme lui un poste à 70 % en tant que responsable de
programme. Actuellement, la version allemande du
manuel de synthèse est en cours de rédaction et diffé-
rentes autres publications et travaux d’application sont
encore en cours, explique-t-il avec un intérêt manifeste
pour cette phase du projet. Une version italienne et fran-
çaise de la synthèse suivront.
Le projet intégré de A à Z
«AlpFUTUR était en fait un projet de recherche de type
bottom-up: après avoir interrogé les parties prenantes
sur les questions de recherche possibles dans la région
d’estivage, nous avons esquissé un programme de
recherche. Puis, des ébauches de projets concrètes ont
suivi et nous avons commencé à chercher le finance-
ment», se souvient Lauber. «L’acquisition des fonds
aurait été quasiment impossible sans notre propre site
Internet (www.alpfutur.ch)». L’ingénieur en est per-
suadé. «Ce site est pour nous un instrument capital pour
faire connaître les progrès et les résultats de notre tra-
vail». L’excellente collaboration au sein de l’équipe a
également joué un rôle décisif dans la réussite du projet.
En 2013 et 2014, des manifestations suivront dans les
régions participantes, en collaboration avec Agridea.
«Enfin, pour clore le projet, une fête sera organisée
durant l’été 2014 avec tous les participants» car, selon
Stefan Lauber «AlpFUTUR n’a pu réussir que grâce à eux
tous, à leur motivation et à leur engagement».
Le management de projet ouvre de nouvelles perspectives
Stefan Lauber déclare avoir pu ainsi poursuivre avec ce
travail le thème de sa thèse dans le domaine de l’écono-
mie de l’environnement et des ressources1, thèse qu’il a
rédigée à Agroscope à Tänikon dans le cadre du Pro-
gramme national de recherche PNR 48. «Les Alpes sont
une des principales ressources naturelles de la Suisse»,
ajoute-t-il, et leur exploitation est une question capti-
vante de la politique agricole et sociale; il s’y est d’ail-
leurs intéressé très tôt dans sa carrière. «Grâce à mon
rôle d’organisateur, j’ai pu combiner de manière pas-
sionnante le management et mon sujet de recherche»,
explique-t-il encore.
Pendant son temps libre, Stefan Lauber aime faire
des randonnées en montagne avec sa famille, randon-
nées qui le conduisent souvent dans la zone alpine. «Il
n’y a que l’escalade qui ne me dise rien après les nom-
breuses heures passées devant l’ordinateur» déclare-t-il,
car il a besoin d’espace et d’un horizon dégagé et non
pas d’une autre paroi verticale devant son nez.
Etel Keller-Doroszlai, station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART, 8046 Zurich
1Changement structurel agricole en région de montagne: Modélisation de la structure agricole et de l’utilisation des terres par les agents pour deux régions du canton des Grisons de manière spatialement explicite. ART-Schriftenreihe 2 (2006), Agroscope, Ettenhausen. Disponible uniquement en allemand, avec résumé en français]
307
A c t u a l i t é s
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013
Produits phytosanitaires dans l’agriculture2013
Produits phytosanitairesdans l’agriculture
Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de l’environnement dans l’agriculture
> L’environnement pratique > Agriculture
Un module de l’aide à l’exécution pour la protection de
l’environnement dans l’agriculture
Ce module d'aide à l’exécution présente les bases légales
relatives à la protection des eaux et de l’environnement,
aux produits chimiques et en partie à l’agriculture régis-
sant l’utilisation de produits phytosanitaires dans les
exploitations agricoles. Elle concrétise les notions juri-
diques non précisées, en particulier dans le domaine de
l’entreposage et de l’utilisation des produits phytosani-
taires et dans celui du nettoyage des pulvérisateurs. Elle
est destinée avant tout aux autorités d’exécution ainsi
qu’aux vulgarisateurs agricoles.
Christian Leu, Office fédéral de l'environnement OFEV
Ruth Badertscher, Office fédéral de l’agriculture OFAG
L’aide à l’exécution «Produits phytosanitaires dans l’agriculture»
n’est publiée que sous forme électronique.
Téléchargement: www.bafu.admin.ch/UV-1312-F
Bactéries du sol: une aide efficace dans la lutte contre les maladies de la pomme de terre
Lors de la conférence annuelle du groupe de travail «Lutte
biologique contre les maladies des plantes» de la Société
allemande de phytomédecine, plus de trente scientifiques
se sont retrouvés à Witzenhausen, en Allemagne.
Différents aspects de la lutte biologique contre les
maladies ont été discutés et l’accent a été mis sur le
potentiel que représentent les bactéries du sol pour la
régulation des principales maladies des pommes de
terre comme le mildiou, le flétrissement bactérien ou le
rhizoctone noir. Les résultats positifs obtenus en utili-
sant différentes bactéries (du genre Pseudomonas ou
Bacillus) ont été présentés lors de la conférence. Ils per-
mettent d’espérer qu’à l’avenir, une meilleure compré-
hension des interactions entre organismes utiles et
organismes nocifs permettra de stimuler de manière
sélective les espèces de bactéries favorables dans le sol
ou de les inoculer de manière ciblée, pour réguler dura-
blement et efficacement les maladies des plantes dans
les cultures biologiques.
Laure Weisskopf, Station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART
308 Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013
Actualités
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
emblématiques, ainsi que des milieux naturels à encou-
rager selon l’OFEV et l’OFAG. On parle de qualité des
objectifs environnementaux pour l’agriculture ou qua-
lité OEA. La deuxième étape a consisté à estimer le pour-
centage actuel de surfaces de qualité OEA dans les diffé-
rentes zones agricoles et dans les cinq régions principales.
Une étape ultérieure a permis de proposer des objectifs.
Ils se fondent sur des exemples de cas tirés de projets
intégrés ainsi que sur différentes études déjà publiées.
Dans les zones de montagne III et IV ainsi que dans la
zone d’estivage, il existe encore suffisamment de sur-
faces de qualité OEA aujourd’hui. On constate cepen-
dant un déficit en surfaces de qualité OEA dans la région
de plaine et dans les zones de montagne I et II. Avec les
surfaces de compensation écologique (SCE) actuelles, les
pourcentages nominaux sont presque atteints en quan-
tité. Pour pallier aux déficits qualitatifs et arriver aux
valeurs nominales proposées, il faudrait tripler le pour-
centage de surfaces de qualité OEA dans ces zones agri-
coles – notamment en ce qui concerne la compensation
écologique dans les grandes cultures. En outre, pour sti-
muler la diversité des espèces, des mesures d’encourage-
ment spécifiques doivent être prises dans toutes les
régions en faveur des espèces cibles et des espèces
emblématiques prioritaires à l’échelle nationale. Pour 24
subrégions, quelques points forts des milieux naturels à
préserver et encourager ont été spécifiés. En outre, des
exemples d’espèces cibles et emblématiques ont été cités
pour lesquelles ces milieux naturels sont d’une impor-
tance cruciale.
Thomas Walter et al., ART
Cette publication n’existe qu’en allemand (résumé en français).
Operationalisierung derUmweltziele LandwirtschaftBereich Ziel- und Leitarten, Lebensräume(OPAL)
Autorschaft:
Thomas Walter, Stefan Eggenberg, Yves Gonseth, Fabien Fivaz,
Christian Hedinger, Gabriela Hofer, Andrea Klieber-Kühne, Nina Richner,
Karin Schneider, Erich Szerencsits, Sebastian Wolf
ART-Schriftenreihe 18 | Januar 2013
Opérationnalisation des objectifs environnementaux pour l’agricultureDomaine des espèces cibles et espèces
emblématiques, milieux naturels (OPAL)
Cahiers d‘ART 18
En 2008, l’Office fédéral de l’environnement OFEV et
l’Office fédéral de l’agriculture OFAG ont formulé des
objectifs environnementaux pour l’agriculture. Afin de
concrétiser ces objectifs dans le domaine des espèces et
des milieux naturels, une quantification et une régiona-
lisation s’avèrent nécessaires. Le présent document pro-
pose des objectifs quantitatifs et qualitatifs pour les dif-
férentes zones et régions agricoles. Les régions ont été
délimitées sur la base des potentiels de distribution des
espèces cibles et emblématiques. Lors d’une première
étape et à partir des instruments existants, tels que les
inventaires nationaux et l’Ordonnance sur la qualité éco-
logique, des critères de qualité ont été définis pour les
surfaces et les régions sur la base des espèces cibles et
309Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013
Actualités
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Rédaction: Etel Keller,ARTTraduction: RegulaWolz,ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d’abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661–7576
Autrices
Nina M. Keil, Office vétérinairefédéral, Centre spécialisé dans ladétention convenable des rumi-nants et des porcs,ART,8356 Ettenhausen, Suisse,E-mail: [email protected]
Sandra Hilfiker et Edna Hillmann,Comportement, santé & bien-être,EPF, 8092 Zurich, Suisse
Eva Nordmann et SusanneWaiblinger, Université demédecine vétérinaire de Vienne,Institut de production animaleet de protection des animaux,1210 Vienne,Autriche
Rapport ART 757
Aménagement de l‘aire d’affourragement des chèvres
Les cornadis à palissades, les séparations avant des places d’alimentation et une gestion adaptée de
l’affourragement réduisent les conflits
Octobre 2012
En raison du comportement social déve-loppé des chèvres et de la concurrence quis’exerce lors des repas, l’aire d’affourrage-ment est un secteur de l’étable qui est sou-vent le théâtre d’affrontements. Cela peutavoir des répercussions négatives sur lebien-être et la productivité des animaux,surtout lorsque les chèvres sont détenuesen petits effectifs. Deux expériences réali-sées à la station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART ont étudié diffé-rents types de cornadis et l’importance desséparations avant des places d’affourage-ment dans des situations avec et sansimmobilisation au cornadis. Les comporte-ments ont été observés dans des groupes
de chèvres avec et sans cornes. Le but del’étude était d’optimiser l’aménagementde l’aire d’affourragement pour minimiserles affrontements et faciliter l’accès à lanourriture des animaux d’un rang hiérar-chique inférieur. Les résultats montrentque les cornadis à palissades sont les mieuxadaptés, que les chèvres aient des cornesou non. Les séparations avant des placesd’affouragement ont un effet positif sur lecomportement des chèvres, lorsque cesdernières sont immobilisées pendant lesrepas. En raison du risque de blessures,l’utilisation de séparations avant des placesd’affouragement est particulièrement re-commandée avec les chèvres à cornes.
Fig. 1: Un cornadis adapté à la détention des chèvres doit avoir des places d’affourragementclairement subdivisées et permettre à l’animal d’entrer et de sortir le plus aisément possible.
Aménagement de l‘aire d’affourragement des chèvres
Rapport ART 757
En raison du comportement social développé des chèvres
et de la concurrence qui s’exerce lors des repas, l’aire
d’affourragement est un secteur de l’étable qui est sou-
vent le théâtre d’affrontements. Cela peut avoir des
répercussions négatives sur le bien-être et la producti-
vité des animaux, surtout lorsque les chèvres sont déte-
nues en petits effectifs. Deux expériences réalisées à la
station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART ont étudié différents types de cornadis et l’impor-
tance des séparations devant les places d’affourage-
ment dans des situations avec et sans immobilisation au
cornadis. Les comportements ont été observés dans des
groupes de chèvres avec et sans cornes. Le but de l’étude
était d’optimiser l’aménagement de l’aire d’affourrage-
ment pour minimiser les affrontements et faciliter l’ac-
cès à la nourriture des animaux d’un rang hiérarchique
inférieur. Les résultats montrent que les cornadis à palis-
sades sont les mieux adaptés, que les chèvres aient des
cornes ou non. Les séparations devant les places d’affou-
ragement ont un effet positif sur le comportement des
chèvres, lorsque ces dernières sont immobilisées pen-
dant les repas. En raison du risque de blessures, l’utilisa-
tion de séparations devant les places d’affouragement
est particulièrement recommandée avec les chèvres à
cornes.
Nina M. Keil, ART; Sandra Hilfiker et Edna Hillmann, EPF Zurich; Eva
Nordmann et Susanne Waiblinger, Université de médecine vétérinaire
de Vienne
310
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013
31.05.2013Le bachelor en agriculture biologique suscite un grand intérêt – L’enseignement bénéficie de la recherche appliquéeLes premiers étudiants de la nouvelle spécialisation
«Agriculture biologique et horticulture» dans le cadre
des études d’ingénieur en environnement à la Haute
école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) sont sur
le point d’obtenir leur diplôme. Ces études axées sur la
pratique se caractérisent par la proximité avec les mul-
tiples acteurs du monde agricole et de la recherche. A
Agroscope, les étudiants sont venus acquérir le savoir-
faire en grandes cultures et en cultures fourragères bio-
logiques.
30.05.2013Pertes hivernales de colonies d’abeilles: les api-cultrices et apiculteurs peuvent respirerAprès les pertes catastrophiques de colonies d’abeilles
au cours de l’hiver 2011/12, près d’une colonie sur quatre
manque à l’appel pour la miellée de ce printemps. Ces
chiffres correspondent à la moyenne annuelle de ces
dernières années. Le problème des pertes de colonies en
hiver reste cependant irrésolu.
27.05.2013 Une maladie de l’orge menace le blé Depuis les années 1990, les feuilles d’orge sont de plus
en plus affectées par des grillures. Ces lésions sont
souvent dues à un nouveau champignon pathogène
de l’orge, Ramularia collo-cygni, mis en évidence par
Agroscope et responsable d’importantes pertes de
rendement. En 2012, un test moléculaire développé
par Agroscope a permis de détecter et d’identifier
R. collo-cygni sur les feuilles de plusieurs variétés de
blé de printemps, avec deux questions à la clé: la
menace va-t-elle se répéter sur le blé et le pathogène
se transmet-il aussi par les semences, comme pour
l’orge?
16.05.2013 Plantation retardée des pommes de terre: quels sont les risques? Les pluies incessantes de ce printemps ont retardé la
plantation des pommes de terre de 3 à 4 semaines en
moyenne. Certaines parcelles difficiles devront proba-
blement être plantées en juin, ce qui est tout à fait
exceptionnel. Une plantation tardive est exposée à des
risques sur le plan physiologique, phytosanitaire et cli-
matique, avec des conséquences probables sur le rende-
ment. Des informations sur la sensibilité des différentes
variétés à ces problèmes sont mises à disposition par
Agroscope. L’impact de ce mauvais départ pourra toute-
fois s’alléger si les conditions de culture et de récolte de
2013 sont favorables. Cependant, l’offre en variétés pré-
coces pourrait être amoindrie, en particulier au début
de la nouvelle campagne de commercialisation.
13.05.2013Fétuque rouge: une plante antistress pour les pâturages Les mécanismes de survie des plantes au sein des com-
munautés végétales intéressent les chercheurs. La
fétuque rouge, une petite graminée présente dans
toutes nos régions, s’illustre par son incroyable résis-
tance aux stress et, pour cette raison, figure dans de
nombreuses formules de mélanges pour gazons et prai-
ries. Agroscope lève le voile sur cette plante discrète qui
contribue à la stabilité du rendement des pâturages.
07.05.2013Information sur le mildiou via Smartphone – 25 ans de PhytoPRE En Suisse, les producteurs de pommes de terre ont accès
à des informations sur le développement du mildiou
grâce à la nouvelle WebApp PhytoPRE via Smartphone.
Cette application permet d’obtenir une carte des foyers,
les principales périodes critiques d’infection (PCIs), le
risque régional d’infection ainsi que différents bulletins
phytosanitaires. Le système d’information et de pronos-
tic PhytoPRE a commencé à être développé en 1988.
Depuis lors, il a connu de nombreuses améliorations.
Pour célébrer les 25 ans du système, Agroscope offre
cette saison le service gratuit sur Smartphone.
www.agroscope.admin.ch/communiques
311
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 4 (6): 307–311, 2013
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s I n t e r n e t
Politique agricole 2014–2017
www.focus-ap-pa.ch
La plateforme «Focus AP-PA.ch» fournit aux multiplica-
trices et multiplicateurs de l’agriculture et de l’espace
rural des informations de première main, documentation
et outils sur les nouveautés pour faciliter la mise en œuvre
de la Politique agricole 2014–2017.
Juin 2013
19. – 20.06.2013Agrartechniktage TänikonAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen
Juillet 2013
02. – 05.07.2013ISHS Fireblight 2013Agroscope Changins-Wädenswil ACW et ETH ZurichETH Zurich
Août 2013
23.08.2013Journée d'information plantes médicinales et aromatiquesAgroscope Changins-Wädenswil ACWAttiswil BE
29.08.2013AGFF-StrickhoftagungAgroscope ART, AGFF
Septembre 2013
05.09.2013Informationstagung AgrarökonomieAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTEttenhausen
Octobre 2013
01.10.2013AlpFUTUR - wissenschaftliche SchlusstagungAlpFUTUR Verbund (Agroscope, WSL)Schüpfheim LU
02.10.20137. ÖkobilanzplattformAgroscopeAgroscope, 8046 Zurich
V o r s c h a u
Juillet–Août 2013 / Numéro 7–8
La production de seigle est en augmentation en Suisse. La quali-té meunière et boulangère des variétés de seigle est étudiée par les chercheurs d’Agroscope, afin de mieux répondre aux exigences des utilisateurs de cette céréale. (Photo: Agroscope)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Qualité boulangère du seigle en Suisse, Cécile
Brabant et al., ACW
•• Dactyle: résultats de l’examen de 31 variétés,
Daniel Suter et al., ART et ACW
•• 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse,
Alice Baux et Jürg Hiltbrunner, ACW et ART
•• Influence de la variété de maïs et du stade de
développement sur la stabilité aérobie de l’ensilage,
Ueli Wyss et Yves Arrigo, ALP-Haras
•• Série Proficrops: Le colza HOLL en Suisse: de la
production pilote à la production à grande échelle,
Alice Baux et al., ACW
•• Les micro-organismes – contribution à la fumure de
demain, Antonia Maria Müller et al., ETH Zurich
•• Performance d’engraissement, qualité des carcasses
et qualité de la viande de différentes lignées
d’hybrides de chair, Cédric Hoffmann et al.,
Micarna SA et Fondation Aviforum
•• Lignées d’hybrides de chair: utilisation de l’aire à
climat extérieur, qualité de la litière et du plumage,
Cédric Hoffmann et al., Micarna SA et Fondation
Aviforum
www.alpfutur.ch
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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AgRARfoRSchungSchweiz
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-PosieuxALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21,fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
Nom/Société
Prénom
Rue/N°
Code postal /Ville
Profession
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école des sciences agrono-
miques, forestières et alimentaires hAfL,
AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole
polytechnique fédérale de zurich eTh zürich,
Département des Sciences des Systèmes de
l’environnement. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.