PATRIMOINE HUMAIN / CÔTE-D’OR
EXHALAISONS DE MES VOYAGES, FLEURS ET ÉPICES DONTJ’AI ABSORBÉ L’ESSENCE DÉLICATE... ICI LES SENTEURSD’YLANG-YLANG, AILLEURS LES SENTEURS DE VÉTIVER,TOUT M’INTERPELLE ET PREND VIE.
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Meilleur Ouvrierde Francechocolatier-confiseur,1991
Chocolat et confiserieC
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� Norges-la-Ville
FABRICEGILLOTTE
ÉMERGER DU SOMMEIL, L’ODORAT DÉLICIEUSEMENT AGACÉ PAR L’ODEUR
DU PAIN CHAUD, LES DÉLICATS EFFLUVES DE CROISSANTS et brioches ou
encore les senteurs de caramel ! C’est toute l’enfance de Fabrice Gillotte,
dont la vie a été rythmée depuis toujours par ces odeurs particulières,
saveurs sucrées salées qui montaient de la boulangerie de ses parents, ins-
tallés en Seine-et-Marne. Elles ont construit son odorat, aiguisé sa gour-
mandise, attisé sa curiosité. Mais endormi au-dessus de la boulangerie le
petit Fabrice rêve à d’autres horizons. Il aime cet
univers rassurant, certes, mais il a une autre pas-
sion, celle du dessin qu’il souhaiterait approfondir
pour en faire son métier. Cela ne sera pas. Fabrice
n’aime pas l’école, « c’est là son moindre défaut »,
comme aurait dit Jean de La Fontaine et ce désin-
térêt pour les études lui interdit l’accès aux
grandes écoles d’art parisiennes.
� À dix-sept ans, le jeune homme pressé d’en
découdre avec la vie et le concret décide alors de
jumeler sa passion pour le dessin et le travail de la
matière avec un autre savoir-faire, celui du pâtis-
sier. C’est à Avallon, dans l’Yonne qu’il se forme à
ce projet et obtient son CAP. Mais Fabrice Gillotte,
perspicace, est également doté d’une grande sensibilité et ressent confu-
sément que le goût sans la forme a quelque chose d’inachevé. Sa réflexion
et sa curiosité l’amènent à participer à des concours régionaux qui le
confortent dans sa conviction de concilier le savoir-faire du pâtissier qu’il
est devenu et l’esthétique du sculpteur qu’il est, d’une façon innée.
ÉPRIS D’ART, LE PETIT PÂTISSIER ÉPROUVE L’ABSOLUE NÉCESSITÉ D’UNIR
SA PASSION DU MODELAGE, DE LA SCULPTURE, DU DESSIN, À LA RÉA-
LISATION DE SES GÂTEAUX. Sa créativité donnera naissance à de
superbes pièces en sucre ou en chocolat. [ Nous sommes à Norges-la-
Ville avec Fabrice Gillotte, nommé Meilleur Ouvrier de France en chocola-
terie en 1991. ]
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PATRIMOINE HUMAIN / CÔTE-D’OR22
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AU DÉPART, ET PARCE QUE SON PÈRE
LUI EN A DONNÉ LE GOÛT, il se tournera
vers la pâtisserie. Mais lorsque M. Gillotte
vend la boulangerie-pâtisserie familiale
et reprend une boutique de confiserie,
Au parrain généreux, située au centre-
ville de Dijon et spécialisée dans la
revente de dragées, Fabrice découvre
une confiserie qu’il n’affectionne pas
particulièrement. � D’autant que son
père y associe, quelques années plus
tard, un rayon chocolats fabriqués mai-
son, des ganaches aromatisées au rhum,
au Grand-Marnier ou au cointreau.
Après quelques années d’un parcours
d’immersion dans plusieurs pâtisseries
en Bourgogne, le jeune pâtissier revient
pour le seconder, mais il est encore loin
d’être le passionné que l’on connaît
aujourd’hui. � Nous sommes au début
des années 1980 et dans l’esprit des Fran-
çais, le chocolat est un luxe à réserver
aux fêtes de Pâques ou de Noël. Il faudra
attendre que les franchisés belges s’ins-
tallent en France pour que les pâtissiers
se mettent à leur tour à fabriquer et
vendre du chocolat toute l’année,
faisant passer la consommation
de chocolat, de un à cinq kilos, par
an et par habitant ; [ le chocolat devient
produit de réconfort et de plaisir. » ]
� Un nouveau tournant pour le fils qui
se cantonnait pour l’heure à confection-
ner les inéluctables gâteaux alcoolisés
et chocolats, aromatisés au marc de
bourgogne, à la framboise, au cassis...
prisés de ses aînés.
MAIS APRÈS LA PÉRIODE DES FÊTES, FA-
BRICE ÉPROUVE LE BESOIN D’ÉPURER
LES RECETTES et révélant sa créativité, il
s’attache à éliminer les alcools, dévoi-
lant son envie de travailler plus naturel-
lement, avec des infusions d’épices ou
de plantes.
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Chocolat chaud
Ci-dessus
Coffret Saint-Valentin.
Croquettes amandes noisettes.
Macarons.
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FABRICE GILLOTTE 23
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EN QUELQUES MOIS À PEINE, IL DÉCOU-
VRE UN MONDE COMPLEXE et passion-
nant qui le voit réaliser d’extraordinai-
res pièces sculptées tout en chocolat :
des cœurs pour la Saint-Valentin, des es-
carpins ou des sacs à main pour la fête
des mères. [ En sculptant le chocolat, l’ar-
tiste a trouvé le moyen d’assouvir sa pas-
sion pour les volumes et pour l’ART ],
mais parallèlement il réussit le véritable
défi de faire évoluer les goûts et les pa-
lais pour tendre vers des produits plus
naturels. � Une véritable innovation et
des ingrédients très particuliers qui per-
turbent, au premier abord, ses clients
habitués à des choses plus classiques.
Les ganaches au thym, au gingembre et
au poivre de Sichuan dont les grains
contiennent une multitude d'huiles
essentielles lui conférant une saveur
unique remplacent les traditionnels cho-
colats alcoolisés. � Tout cela est très
nouveau et pour faire adhérer à son ori-
ginalité, Fabrice Gillotte organise des dé-
gustations avant de confesser à ses goû-
teurs un peu perplexes les composants
bizarres et atypiques qu’il utilise pour
parfumer ses chocolats. � L’estragon
par exemple, un peu anisé, qui passe
bien avec le chocolat.
LES PAPILLES SE SONT HABITUÉES À CE
PLAISIR D’UN GENRE NOUVEAU. Elles en
redemandent, le pari est gagné. Le cho-
colat est source de plaisir, le chocolat
vous emmène en voyage, le chocolat fait
son show. Le chocolatier s’est
imposé, l’artiste y trouve
son compte de
bonheur.
Ci-dessus
Chocolat en poudrepour chocolat chaud.
Assortiment de bouchées.
Pain d’épice à l’orange.
Ci-contre
Tablette de chocolat.
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PATRIMOINE HUMAIN / NIÈVRE
JE CRÉE POUR ALLER À L’ESSENTIEL,C’EST LE PEU QUI FAIT LE BEAU...
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Meilleur Ouvrierde France en poterie,2000
Créationsen grès émaillé
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� Saint-Amand-en-Puisaye
JEANCACHELEUX
JEAN CACHELEUX, PERSONNAGE ATTACHANT AU CARACTÈRE ENTIER,
NOUS OUVRE LES PORTES DE SON ATELIER de potier à Saint-Amand-
en-Puisaye. Élu Meilleur Ouvrier de France en poterie en 2000, poursui-
vant son rêve depuis quarante ans, il recherche passionnément le plus
que parfait et la pureté des formes. � C’est à douze ans, lors
d’un séjour en colonie de vacances dans la région d’Issoire, qu-
’il découvre, absolument subjugué et fasciné, l’atelier d’un
potier. Une vocation est née et si plusieurs décennies se
sont écoulées, aujourd’hui encore ce lieu reste gravé d’une
façon si forte dans sa mémoire qu’il pourrait en dessiner
le plan. Des années plus tard il eut enfin la réponse aux
mille questions qui se pressaient ce jour-là dans sa tête :
les mystérieux pots jaunes et verts qu’il voyait alignés
sur des laquets sont des vernissés de Provence dont les
couleurs traditionnelles sont le jaune et le vert et les
bulles en formation à l’intérieur d’autres bocaux sont
une réaction de l’oxyde de carbone face au plomb.
JEAN CACHELEUX EXPRIME SON ART AVEC PASSION
DANS UN LIEN EXCEPTIONNEL ET SENSUEL avec la
matière. « Ce qui est fabuleux », souligne-t-il, « c’est que
l’homme est composé des mêmes éléments que l’argile avec
laquelle je travaille : le carbonate de calcium, la silice, la
soude, la potasse et l’eau. » [ Le respect de l’identité des matériaux que
j’utilise passe au travers de la céramique car c’est aussi notre identité. Si on
respecte cette identité, on se respecte soi-même. ] Dans toute la démarche
du potier, on retrouve cette philosophie et cette réflexion sur soi-même.
« Cela devient un mode de vie », dit-il. � « Ce que je fais, je le fais pour
moi et non pour prouver que je peux le faire car nous ne sommes qu’une
infime parcelle de ce monde composé de molécules et d’atomes. À chaque
instant, je récupère ces éléments, je travaille et j’essaie de créer. » Dans le
passé de Jean, rien n’explique son intérêt pour la poterie. Juste ces quel-
ques jours de vacances à Issoire qui ont fait basculer son destin et lui
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ouvrent la voie vers la poterie et la céra-
mique. Bien qu’ils soient plutôt opposés à
son choix de devenir potier, ses parents
l’ont laissé, avec beaucoup de sagesse, se
réaliser et vivre son rêve. [ Sans vouloir
parler d’innovation, Jean Cacheleux a néan-
moins le sentiment de comprendre le maté-
riau et ce qu’il a à offrir, d’aller au plus
simple pour le mettre en évidence. ] Mais
il n’a rien inventé. Il y a plus de six mille
ans, les anciens faisaient déjà des pièces
tournées. Certaines ont été retrouvées
en Chine au néolithique et, immuable-
ment, les formes de révolutions sont tou-
jours des cercles.
QUANT AUX FORMES OVOÏDES, ELLES
SE SUFFISENT À ELLES-MÊMES, si extraor-
dinaires, si parfaites que nous serions
bien incapables de réaliser une autre
forme aussi pure. � Dans l’imaginaire
de Jean, les émaux qu’on leur applique
mettent en valeur la pureté particulière
de leur ligne. C’est le galet du torrent, le
caillou, la pierre précieuse brute que
l’on va tailler ...
Page précédenteGrande bouteille rouge cuivre, hauteur 66 cm.
Ci-dessusPlateau à sushis, 33 x 27 cm.
Ci-contre en hautVase ovoïde, diamètre 32 cm, hauteur 55 cm.
Ci-contre en basEnsemble de bouteilles émaillées rougede cuivre, hauteur de 20 à 36 cm.
Toutes les créationsde Jean Cacheleuxsont en grès émaillé,cuisson à 1300°.
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JEAN CACHELEUX 49
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[ Je redeviens alors minéral, je me trouve
bien dans ce cocon, très simple, très
sobre, je respecte mon matériau. Je crée
pour aller à l’essentiel. C’est le peu qui
fait le beau ! ] � Le monde dans lequel
il vit influence le costume dont Jean
revêt sa poterie et dans cet univers médi-
tatif, il est d’un grand calme minéral et
pur, alternant avec ses périodes bouil-
lonnantes, avec des envies de couleurs,
de formes, agressives ou non selon ce
qu’il prend dans son environnement.
DANS UNE DÉMARCHE PSYCHOLOGI-
QUE IDENTIQUE À CELLE DU PEINTRE
OU DU MUSICIEN, par exemple, il se situe
dans l’objet, l’attrape à bras-le-corps pour
en faire une synthèse, il cherche » vers le
dépouillement, inspiré en cela par l’un de
ses professeurs, Charles Le Manseau, qui
lui disait : « Si tu fais quelque chose de
simple mais si tu le fais bien, tu auras
déjà un bel objet. » � Son autre maître
à penser, Giacometti, à qui un journa-
liste demandait à la fin de sa vie s’il était
content d’avoir réalisé une œuvre, lui
En haut
Patricia CacheleuxLe Droit à la différenceterre cuite polychrome et métal,hauteur 34 cm.
Ci-dessus
Grand vase balustre réhausséd’or mat, hauteur 63 cm.
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PATRIMOINE HUMAIN / NIÈVRE
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AVEC LA PIERRE, LE BOIS, LE MÉTAL, J’AI LE SENTIMENTUN PEU MAGIQUE D’EXPRIMER UN SOUHAIT : LE CRI DELA NATURE QUI DIT « REGARDEZ-MOI, RESPECTEZ-MOI ! »
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Sculpteur
Sculpturessur métal
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E � La Maison-Dieu
BRUNO GOURYHISTOIRE D’UN HOMME CONFRONTÉ À L’IDENTITÉ ANCESTRALE !
LORS D’UNE INAUGURATION AU MUSÉE ROMAIN-ROLLAND À CLAMECY,
BRUNO GOURY PRÉSENTE SA SCULPTURE FÉTICHE Le Minotaure . Il vit à
cet instant une expérience pétrifiante mais chargée de sens. L’un de ses
amis requiert son attention et, l’entraînant au cœur d’une petite crypte du
musée, s’arrête devant le sarcophage en pierre dans lequel repose
un guerrier. � Stupéfait, Bruno contemple le glaive de combat du
guerrier : celui-ci est absolument identique, par sa dimension,
la lame, la garde, la poignée, le pommeau, à l’épée qu’il a sculptée
de sa main pour parer le côté de son Minotaure. Les
deux amis réalisent, émus, que Bruno est sans
aucun doute le dépositaire d’un savoir-faire,
hérité d’un très lointain ancêtre qui “tapait”
des glaives. � Sculpteur sur pierre et mé-
tal à la forge de la Maison-Dieu, entre Clamecy
et Vézelay, dans le département de la Nièvre,
Bruno Goury reste un forgeron dans l’âme. Fils et petit-
fils de forgeron, il est formé au métier par son
grand-père et déjà, à dix ou onze ans, il tire le soufflet
de la forge jusque tard le soir et s’imprègne avec bonheur
des gestes, de la patience et du savoir-faire de son aïeul.
Il aime le voir malaxer ses morceaux de métal et admire les grappes de rai-
sins, les feuilles de chênes et les glands qu’il martèle et forge avec passion.
EN 1988, BRUNO PASSE DE LA FERRONNERIE D’ART POUR LES PARTI-
CULIERS, AU MONDE DU SPECTACLE ET RÉALISE de nombreux décors
de théâtre. C’est à lui, aussi, que l’on doit les cages, les chariots à feu et le
porte-grimoire dans le film de Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs. Au fil du
temps, un nouvel horizon artistique se profile et il ressent le besoin de
créer, de sculpter. [ Sa première œuvre, réalisée en 1994, Le Minotaure,
l’homme-enclume, est un symbole. Le chef de file des « compagnons » qui
évoquent et représentent les métiers manuels. ] � Forgeron avant d’être
sculpteur, il fabrique lui-même les outils de travail du fermier, du bûche-
ron, du tailleur de pierre, du vigneron. Le Minotaure , né dans l’esprit du
sculpteur pour porter son message auprès des jeunes, fait revivre les
métiers manuels et tente de leur redonner essor en réapprenant à la jeu-
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Les compagnons du Minotaure,réalisés avec des pierres non tailléeset des bras en acier.
En haut
Le Coiffeur.
Le Tailleur de pierre.
Ci-contre
La Violoniste.
nesse la beauté et l’importance du tra-
vail des mains. � Après la série du Mi-
notaure , l’inspiration de cet amoureux
du travail manuel s’est orientée vers la na-
ture et sa magie qui agit sur lui comme
un puissant aimant ; à partir de là, d’au-
tres matériaux entrent dans ses compo-
sitions, comme la pierre ou les souches
d’arbres. [ Avec la pierre, le bois, le métal,
remarque Bruno, j’ai le sentiment un peu
magique d’exprimer un souhait : le cri de la
nature qui dit : regardez-moi, respectez-
moi ! » ]
NOUS ASSISTONS À LA NAISSANCE DE
PIÈCES UNIQUES, CERTAINES INSPIRÉES
DE L’ACTUALITÉ : Overdose qui fait réfé-
rence à la télévision, Mutant après
l’explosion de la centrale nucléaire de
Tchernobyl, responsable de malforma-
tions chez des milliers d’enfants, Déclic
pour sensibiliser le public sur la proliféra-
tion des centrales nucléaires. � Bruno
Goury choisit des thèmes très forts, dra-
matiques, mais pas seulement. Il repré-
sente aussi le bonheur, sous la forme du
Dragon des forges, fort, fragile et doux,
qui respire une rose en contem-
plant le paysage ou encore
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BRUNO GOURY
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de L’Astronome , qui sy mb olise son
amour des étoiles. � Bien que son père
et son grand-père n’adhèrent pas vrai-
ment à son choix de matériaux, et à son
art, plus axé sur la sculpture que sur la
ferronnerie d’art, ils sont fiers de voir
que Bruno poursuit la succession au
marteau, troisième de la génération à la
forge de la Maison-Dieu à Clamecy.
« MON SAVOIR-FAIRE QUI PERPÉTUE DES
GESTES ANCESTRAUX. COMME EUX, JE
FAIS LE MAXIMUM POUR TRANSMETTRE
mon savoir-faire, lors d’interventions
dans les établissements scolaires, par
exemple ou [ en participant à des fêtes
médiévales, organisées par les villages ],
permettant à tous de redécouvrir les
métiers manuels qui font la richesse de
notre patrimoine. Lorsque j’installe la
vieille forge datant de 1920 qui apparte-
nait à mon grand-père, les gens sont
d’abord curieux puis admiratifs de me
voir forger. � Mon savoir-faire qui per-
pétue des gestes ancestraux donne nais-
sance à une lame façonnée traditionnelle-
ment, donnant l’envie à certains de s’ini-
tier pour repartir avec un objet fabriqué
de leurs mains, habiles sans le savoir.
� Un jour, dans une fête médiévale or-
ganisée à Bure-les-Templiers, j’ai fait la
connaissance d’un autre forgeron qui tra-
En haut, à gauche
Le Minotaure.
Ci-dessus
Poignard avec lame orientaleen 72 couches, 36 cm.
Nomade et ApacheMasques damassésen 36 couches,acier et fer doux.
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PATRIMOINE HUMAIN / NIÈVRE
LA DÉMARCHE DE PATRICK GUILLOUARD EST SIMPLE :SURTOUT, NE PAS TUER LE CHARME, CAR LE PRINCIPALINTÉRÊT DU TRÈFLE À QUATRE FOLIOLES, C’EST QU’IL VIENTDE LOIN, DU FOND DES CAMPAGNES, DE LA VIE RURALEET DE LA MÉMOIRE COLLECTIVE...
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Éleveur de trèflesà quatre feuilles
Objets avec des trèflesà quatre feuilles
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Châteauneuf-Val de Bargis
PATRICKGUILLOUARDCARRÉ DE TRÈFLES EST LE SEUL PRODUCTEUR ET RÉCOLTANT DU VÉRI-
TABLE TRÈFLE À QUATRE FEUILLES (Trifolium repens à quatre folioles) en
France et le valorise au travers d’une gamme de produits d’encadrements,
de carterie, d’objets décoratifs et de cadeaux tendance. � Une nurserie
pas comme les autres : un centre de culture niché en Puisaye, au nord de la
Nièvre, un siège social établi entre La-Charité-sur-Loire et Varzy.
� Vous n’en saurez pas plus, le lieu
où Patrick Guillouard et son équipe de
passionnés cultivent un trèfle à quatre
feuilles réputé introuvable est soigneu-
sement tenu secret.
1999 : NOUS SOMMES À LA HAGUE, À
LA POINTE DU COTENTIN. L’OMBRE DE
JACQUES PRÉVERT QUI CHOISIT D’Y
VIVRE LA DERNIÈRE PARTIE DE SA VIE,
PLANE SUR LE BOCAGE VERDOYANT.
Patrick Guillouard connaît bien cette région et il aime flâner en ces lieux où
flotte encore l’essence du poète disparu. � « Le vrai jardinier se décou-
vre devant la pensée sauvage », disait Jacques Prévert. C’est devant le
trèfle à quatre feuilles que le non-jardinier sent poindre en lui l’idée in-
congrue, inattendue, d’apprivoiser le végétal si émouvant dans sa trame
arachnéenne et dans son dessin évoquant un petit cœur. � De retour à
Paris, Patrick Guillouard, alors publicitaire, contacte l’INRA pour en
savoir un peu plus sur l’existence éventuelle d’une culture de l’authentique
petit porte-bonheur. � Une culture qui existe bel et bien, placée en
l’occurrence sous la houlette de Claire Moussey-Declas, maître de recher-
ches à l’INRA de Bourgogne, au domaine d’Époisses, en Côte-d’Or.
Spécialisée dans la génétique et l’écophysiologie des légumineuses, elle
est en charge, à l’époque, d’un dossier portant sur le trèfle en lien avec l’ali-
mentation animale. � Dans la serre chauffée où elle l’entraîne, des
centaines de pots sont alignés, chacun contenant un spécimen de plus
d’une dizaine de variétés connues des trèfles existants.
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PATRIMOINE HUMAIN / NIÈVRE74
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DANS CE LIEU MAGIQUE, CACHÉ AU
CŒUR DE LA BOURGOGNE, NOTRE AP-
PRENTI JARDINIER RESTE ÉMERVEILLÉ
devant les pots dont certains présentent
même une dominante à quatre feuilles.
� À cet instant, Patrick Guillouard
sait qu’il a devant les yeux dix ans de tra-
vail de sélection botanique rigoureuse,
obtenue de façon traditionnelle et avec
un savoir-faire de haut niveau. Une col-
lection absolument unique au monde,
que nous devons au travail de l’INRA, et
notamment de son experte Claire
Moussey-Declas. � Impressionnés et
plus que jamais enthousiastes, Patrick
et son neveu Éric montent alors un
dossier de candidature pour obtenir la
licence qui permettra à celui-là d’acqué-
rir le droit d’exploitation et de valorisa-
tion de cette collection exceptionnelle.
� Alors qu'une autre société candi-
date avait pour intention de donner à sa
culture une dimension quasi indus-
trielle, Patrick et Éric souhaitent quant
à eux respecter la magie et l’idée de rareté
et cultiver avec parcimonie le précieux vé-
gétal qui va peut-être leur offrir leur pre-
mier cadeau : le bonheur de le produire et
de le mettre en valeur. � Surtout, ne pas
tuer le charme, car le principal intérêt
du trèfle à quatre folioles, c’est qu’il vient
de loin, du fond des campagnes, de la vie
rurale et de la mémoire collective. � La
démarche de Patrick Guillouard est
simple : promouvoir ce petit symbole jus-
que sur l’asphalte de nos cités en mal de
poésie et de bonheur simple. [ La société
« Carré de trèfles » est née. ]
2009 : LA SERRE, LOVÉE AU PIED DE L’UN
DES RARES ORMES ENCORE PRÉSERVÉS,
SOMMEILLE DANS LA LUMIÈRE DORÉE
du couchant nivernais. Huit cent qua-
rante pots prospèrent ainsi dans un uni-
vers préservé et paisible, soit quatre-
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Badge de TrèflePlexiglas et résine époxy(diamètre : 4,5 cm).
Ci-dessus
Éclat de TrèflePlaques plexiglas,socle chêne (8 x 8 cm).Menuiserie et assemblage :ESAT de Cosne-sur-Loire(Nièvre).
Signet de TrèfleImpression sur papieret “encapsulage” avantdécoupe.
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PATRICK GUILLOUARD 75
INFOS PAGE 75 : PAGE OK
vingt mille trèfles qui après la récolte,
une sélection visuelle des feuilles, puis
un traitement, ne seront plus que de
quinze mille à vingt mille à passer les
examens successifs pour êtres utilisés et
valorisés.
UNE FOIS CUEILLIES, LES PETITES FEUILLES
PORTE-BONHEUR SONT PLACÉES DANS
UN RÉFRIGÉRATEUR avant d’être plon-
gées dans le "cocktail INRA", un mé-
lange composé de quelques ingrédients
soigneusement tenus secrets. Au bout
de quelques jours de ce régime, elles
sont égouttées puis déployées à la pince
et à la main sur des feuilles de papier-
filtre tenant lieu de buvards avant d’être
classées par format.
[ « Observer des mains de femmes ou
d’hommes en train de travailler un produit,
me fascine, dit passionnément Patrick
Guillouard. C’est comme une chorégra-
phie, sans musique. » ]
� L’opération touchant à sa fin, le bu-
vard est refermé et le tout mis dans des
presses constituant ainsi les herbiers, de
façon on ne peut plus traditionnelle.
Une dizaine de semaines plus tard, les
trèfles à quatre feuilles, aux formats et
aux formes de folioles variées, aux teintes
nuancées (du très clair presque blond au
vert sombre), sont enfin prêts à revêtir le
costume » choisi par le chef d’entreprise
un peu poète et son équipe. Ils vont voya-
Ci-dessus
Carré de TrèfleCadre en épicéa(12,5 x 12,5 x 1,5 cm).Réalisation : ESATde Saint-Claude (Jura).
Amour de TrèflePlexiglas (3 x 3 x 1,2 cm).
Ci-contre
Or de TrèflePlexiglas, feuille d’orvéritable, résine époxy(diamètre : 3,6 cm).
Photo : andikado.com
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