Journal de l’Amicale des Retraités KSB - N° 32 - Mai 2017
Les ECHOS de L’AMICALE
Nos amis retraités d'en v isite à La Roche-Chala is
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Si j'étais Robert Doisneau, Willy Ronis ou Eugène Atget, je remplirais des pages et des pages de mes plus belles
photos, en noir & blanc ou en couleur pour la rubrique « Le coin des photographes ».
Si j'étais Paul Bocuse, Joël Robuchon ou Marc Veyrat (je n'ai que le chapeau) je partagerais mes meilleures
recettes dans la rubrique « Nos recettes ».
Dans ce numéro 32 des « Échos de l'Amicale », vous vous apercevrez qu'il n'y a pas besoin d'être Victor Hugo,
Robert Doisneau ou Marc Veyrat pour être de ces artistes qui remplissent nos différentes rubriques. D'ailleurs,
vous qui lisez ces quelques lignes, vous êtes sûrement écrivain, photographe ou un grand chef méconnu et comme
l'a dit dans son dernier «édito», Pierre Fritière, pour que « l’Aventure continue », n'hésitez pas à participer.
Pour cet « édito », dont j'ai ruminé l'idée depuis des mois, vous vous contenterez de ma prose, revue et corrigée
par mes amies et amis de la rédaction.
Par contre, vous serez très étonnés des vers écrits par notre ami Jean Mulot et toujours heureux de lire les textes
nostalgiques et vécus de notre « Sila ».
Dans « Nos recettes », nous commençons une nouvelle série de plats régionaux que vous nous enverrez de votre
région (pas les plats, les recettes). Première recette publiée : « La mouclade », très bonne recette charentaise de
la grand-mère du mari d'Annick Gérard.
Pierre Fritière et les Échos de l'Amicale
Il a écrit 19 éditos en 32 numéros des « Echos de l’Amicale » et je ne compte pas le nombre d’autres articles dont
il est l’auteur. Pour ce journal, dont il était un des créateurs et membre de la rédaction, il nous manquera pour
ses remarques toujours très pertinentes et j'espère qu'il continuera à nous écrire quelques textes pour le plaisir
de tous. Merci Pierre pour ta participation au journal depuis sa création.
? Lucien Pinault
Édito
Ah ! Si jétais Victor HugoSi j'étais Victor Hugo, je vous écrirais en vers ou simplement en prose, cet «édito» en quelques minutes et
je vous remplirais, de ma plus belle plume, de nombreuses pages pour la rubrique « Le coin des poètes et des
conteurs » comme :
Si l’on vous dit que l’art et que la poésie
C’est un flux éternel de banale ambroisie,
Que c’est le bruit, la foule, attachés à vos pas,
Ou d’un salon doré l’oisive fantaisie,
Ou la rime en fuyant par la rime saisie,
Oh ! ne le croyez pas !
Car, ô poètes saints ! L’art est le son sublime,
Simple, divers, profond, mystérieux, intime,
Fugitif comme l’eau qu’un rien fait dévier,
Redit par un écho dans toute créature,
Que sous vos doigts puissants exhale la nature,
Cet immense clavier !
Victor Hugo le 8 novembre 1831Extrait de « Pan »
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Sommaire2 Édito
3 Bureau 2017
Sommaire
La rédaction du journal
4 Journées de rencontres
Buffet Campagnard octobre 2016
Assemblée Générale janvier 2017
6 Nos amis de l'Amicale
Michel Maffre
7 A voir
Rome
8 Voyage
Escapade à Bordeaux
16 Douce France
La vie d'Instit' à la ville : Brest
19 Le saviez-vous ?
Googleiser
21 Nos recettes
La mouclade saintongeaise
22 Le coin des poètes et des conteurs
Le clown – Naissance - Délivrance
23 Le coin des photographes
24 Histoires d’en rire
Le comité de rédaction• Annick GÉRARD
• Chantal THÉVENOT
• Luisa TAMBURRINI (BERNARD)
• Francis KIM
• Gerhard LUTZ
• Lucien PINAULT (Rédacteur en chef)
Contact :
Lucien PINAULT
14 rue de la Guiblette
95240 Cormeilles en Parisis
Tél. 06 78 14 96 55/01 39 78 50 05
mail : [email protected]
Voici les membres du Bureau de notre Amicale des retraités KSB, depuis le 26 janvier 2017
De gauche à droite
Gilbert Ondella : Responsable adjoint réceptions
Lucien Pinault : Responsable journal, photos et vidéos
Gerhard Lutz : Président
Annick Bourmaleau : Responsable voyages
Chantal Thévenot : Trésorière adjointe, Secrétaire adjointe
Luisa Tamburrini (Bernard) : Responsable réceptions
Pierre Ribaudeau : Responsable réceptions et site Web
Annick Gérard : Secrétaire
Bernard Descottes : Vice-Président, Trésorier
Francis Kim : Responsable informatique
Bureau 2017
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Journées de rencontres
Buffet d’automne du 13 octobre 2016Pour la première fois, Pierre Ribaudeau était le « chef » pour l’organisation de cette journée toujours très
attendue par beaucoup d’entre nous. Pour les achats et la préparation, notre ami Jean-Michel Goypieron,
ayant une très grande expérience dans le domaine, s’est fait un plaisir de l’aider dans ses choix. La nouvelle
équipe, Luisa Bernard et Gilbert Ondella, aidée des « Annick », compléta le duo. Bien sûr, notre « DJ »
habituel, Joël, fut encore de la partie.
Résultat : ce fut une merveilleuse journée très conviviale, d’échanges entre les anciens et les jeunes retraités,
nos anciens collègues et amis encore actifs venus nombreux une nouvelle fois, sans oublier nos compagnons
des voyages.
Notre prochain Buffet : le jeudi 19 octobre 2017
? Lucien Pinault
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À 10 h 30, nous avons commencé notre
"Assemblée Générale" dont vous avez reçu
le compte rendu détaillé par courrier. Je vous
rappelle que nous avons, à cette occasion, élu
Luisa BERNARD comme nouveau membre
du Bureau de l’Amicale. Pierre FRITIERE
n’ayant pas désiré renouveler son mandat, ce
fut l’occasion de le remercier très sincèrement
au nom de tous pour le dévouement qu’il a
mis au service de ses collègues pendant de
nombreuses années et de lui remettre un
cadeau souvenir.
La séance a été levée vers 11 h 45, et la
partie festive dans le cadre sympathique de
l’Auberge du Moulin Vert a débuté autour
d’un apéritif accompagné de traditionnels
Assemblée Générale du 27 janvier 2017
amuse-bouches. Nous avons compté cette
année 45 participants dont nos invités de
KSB Gennevilliers, Patricia Gabriel, DRH de
KSB SAS, Salvatore Visci et Dominique Riat,
respectivement secrétaire et trésorier du CE.
L’apéritif a été suivi d’un excellent repas
apprécié de tous les participants. Ce fut une
nouvelle occasion de retrouvailles avec de vifs
échanges et discussions, ainsi qu’un exercice
d’intégration réussi pour nos nouveaux
membres, Daniel Martinat et François Mould.
Nous nous sommes quittés en fin d’après-
midi, ravis de cette journée et dans l’attente
de la prochaine.
? Gerhard Lutz
Cette année, l’Assemblée Générale de notre Amicale s’est tenue à l’AUBERGE
DU MOULIN VERT à Paris, dans le 14e arrondissement.
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Nos amis de l'Amicale
Michel MaffreNote de MichelHenri est mon deuxième
prénom. Je l’utilise pour le joli
palindrome MHM et parce
qu’il y a plus de trente Michel
Maffre en France
Carte postale que nous envoie Michel de la montagne
LA MONTAGNEOulon Peux Very Fyé Quoeux Las Fains Chasse Le Loup
Ore Du-Grand-Bois
Duran Les Quatres-Saisons,
La Montagne Etain Paradis :
Petitmont, Hautmont,
Queudes Bellevue-La-
Montagne !
Montagne Dettey : Beausoleil.
Abeele Journet, Grand Plaisir
Dunes Randonnai Allaire Vif.
Montanvert Lée Sommée,
San Jumelles Aube Servais
Les Etages, Lain Aprey Lauw
Treux.
- Belles-Forêts, Clairs-Sapins
- Vieux Jas, Abère, Daon
Les Hautes-Patures, Magy
Fiquefleur Paars Thou.
- Belleroche Epierre Col Orret
- La Cascade, Les Lacs
- Ley Trayes Auteroche
- Hayes Thou Lahaut, Les
Neiges Taulé, Lée Névez
Luisant, Ceyreste Dun Yversay
Rieux.
Regard Daix, Ley Cordey Les
Traverses !
? Michel Henri Maffre
Mais que font nos amis de l’Amicale pour passer le temps ? Michel Maffre, de Grenoble, est un écrivain
original qui nous raconte des histoires tout en utilisant des noms propres de communes ou de lieux-dits
français. Voici ci-dessous un article publié dans « LE DAUPHINE LIBERE » le concernant.
? Lucien Pinault
Littérature - L’auteur a écrit un livre avec uniquement des noms de communes et lieux-dits français
Avec Michel Henri Maffre, les communes content des histoires en jouant sur les motsSalué par les membres actuels de l’OuLiPo, qui ont précieusement enregistré son ouvrage dans leur bibliothèque de l’Arsenal à Paris, Michel Henri Maffre est l’auteur de
TO∏OTLes communes vous content des histoires
Prononcez « Topote », traduisez « TOponymie POTentielle »
La joie des jeux de langage, un livre sans aucun mot du dictionnaireMichel Henri Maffre, né à Beaurepaire et installé à Grenoble, a écrit un livre extraordinaire, 150 pages sans un seul mot du dictionnaire ! « Toπot : les communes vous content des histoires » ne comporte que des noms de communes et lieux-dits français.« Tout le monde connaît Sète, Orange et Avallon, en les mettant dans l’autre sens, ça donne « Avalons cette orange » », explique l’auteur. Ce n’est pas une histoire, « j’ai voulu montrer qu’on peut écrire sur tout : la montagne, la musique, la mer, la table, le luxe, etc. »Le livre se présente comme une édition bilingue, une page de transcription en français commun fait face aux noms de communes françaises. Reconnu par le mouvement littéraire de l’OuLiPo, (OUvroir de LIttérature POTentielle) l’auteur cherche un éditeur appréciant son œuvre que Marcel Benabou, écrivain et secrétaire général de l’OuLiPo, a qualifié de « remarquable tour de force ».Des contraintes supplémentaires entrent dans sa composition, ainsi, « Elle et Lui », un chapitre en hommage à Georges Perec (figure de proue de l’OuLiPo avec son livre sans lettre « e », « La Disparition ») suit cette loi : « Lui n’utilisera jamais le e. À l’inverse, Elle emploiera seulement le e ».
Il dédicace son livre à maître CapelloPassionné par le langage, Michel Henri Maffre joue avec les mots depuis longtemps. Il a été initié aux mots fléchés par son grand-père, puis aux jeux de langage multilingues par son professeur de collège Jacques Capelovici, (célèbre par la télévision). Il dédicace son livre à ce dernier, appelé maître Capello, « il avait les réponses à tout, il donnait ses cours en faisant des jeux de mots ! »Retraité après une carrière d’ingénieur commercial à l’International, l’auteur a enfin pu donner vie à une idée présente depuis longtemps : « La richesse de l’appellation des lieux de vie m’a donné envie d’écrire en
n’utilisant que ces noms, c’était un défi assez fort », dit-il. Il a créé un outil informatique qui convertit
des mots de français en noms de communes mais qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas par une opération
informatique qu’il compose ses textes parfois en calligrammes et truffés de palindromes. « Les meilleures
œuvres de l’OuLiPo sont celles que la contrainte a générées sans bloquer l’imagination mais au contraire
en la développant… Foufouilloux ! Quand vous voyez un nom pareil, vous vous dites je ne vais pas le
laisser passer celui-là ! » Michel Henri Maffre parle des mots avec un enthousiasme jubilatoire qu’il est
facile de partager, d’ailleurs peut-être qu’il se lancera dans des ateliers travaillant la saveur des mots.
Par Selma FORTIN | Le DAUPHINÉ LIBÉRÉ Publié le 24/10/2016
Si vous passez votre temps
d’une façon originale,
n’hésitez pas à nous en parler.
Nos amis de l’Amicale sont
toujours intéressés.
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Impossible d’être exhaustif tant la ville recèle
de chefs-d’œuvre. Mieux vaut laisser à chacun
le loisir de s’émerveiller. En gardant, tout de
même, en tête quelques incontournables. Si
l’on procède par ordre chronologique, tout
commence sur le Mont Palatin, la colline où
Romulus créa les premières fondations du
futur empire Romain, non loin du cirque
Maxime. Enchainez ensuite par le Colisée et
le forum, un billet coupe-file réunit les trois
visites.
D’UNE EGLISE A L’AUTRENul besoin d’être un catholique fervent pour
se laisser séduire par les édifices religieux qui
ponctuent la ville. Ceci d’autant plus que les
églises romaines abritent, entre-autres, de
multiples toiles du Caravage (Chiesa di San
Luigi dei Francesi, Chiesa di Sant’Agostino
et Chiesa di Santa Maria del Popolo) et des
sculptures de Michel-Ange (Basilica di San
Pietro in Vincoli, Chiesa di Santa Maria Sopra
Minerva et Basilique Saint-Pierre). Plongez
dans les racines de la chrétienté, en visi-
tant aussi, l’antique basilica di Santa Maria
Maggiore, le seul édifice religieux ayant
conservé des structures paléochrétiennes. Si
vous l’osez, placez votre main dans la bouche
de la Vérité (Bocca della verita). Ce masque
placé dans le portique de l’église de Santa
Maria in Cosmedina mangerait la main de
tous ceux qui, en la plaçant à l’intérieur,
prononceraient un mensonge.
Direction ensuite Le Vatican, petit état indé-
pendant au cœur de la capitale italienne. Le
A voir
Rome !Musée à ciel ouvert, Rome se visite à pied, au rythme de la dolce vita. Ici, même la vie urbaine d’une capitale trépidante apparaît douce, comme si le temps avait poli toute aspérité. Pour découvrir cette majestueuse cité, entre Antiquité et monde moderne, oubliez les contraintes et accordez-vous un minimum de 4 jours.
musée du Vatican est gratuit tous les derniers
dimanches du mois, mais il est préférable
de choisir l’option payante et de réserver
par internet pour éviter une trop longue
attente. Le billet permet de visiter le musée
et la Chapelle Sixtine. Réservez assez tôt le
matin pour éviter la foule. La récompense
est fabuleuse.
DINERS et SORTIES EN VILLEÊtre amateur d’art et d’histoire ouvre l’ap-
pétit. Faites un arrêt à l’Osteria Sant’Ana,
pour déguster la spécialité locale, les arti-
chauts à la romaine, et, à l’Alfredo’s Gallery
pour les pâtes à la « Alfredo ». Pour finir,
un café bien sûr, espresso, ristretto, lungo,
macchiato, doppio, schiumato, cappucino
ou … Il est aussi recommandé de sacrifier à
une autre tradition romaine, l’aperitivo, qui
consiste à prendre un verre, en fin d’après-
midi, afin d’avoir accès illimité à un buffet.
Vous voilà prêt pour une halte shopping
au Campo de’Flori, sur la Piazza di Spagna
ou dans la Via Veneto. Ne manquez pas de
faire un détour chez les gantiers de la Via Del
Corso et visitez, enfin, le quartier populaire
et authentique du Trastevere pour pénétrer la
Rome des artisans et des petits commerçants.
Un pur régal.
PRATIQUEL’idéal est de choisir un hôtel central pour
faire le maximum de visites à pied et de
commander sur internet le « Roma Pass »
qui donne accès aux transports (bus et métro)
pendant 3 jours, et la visite offerte pour 2
monuments / musées. Si vous n’avez pas le
temps de tout voir, n’oubliez pas de jeter une
pièce par-dessus votre épaule dans la fontaine
de Trevi, ce qui vous assure de revenir un jour
à Rome, d’après la coutume.
Quant aux plus belles vues de la Capitale, on
peut citer : la Villa Borghese, le plus grand
parc de Rome, le château de Sant Angelo et
le dôme de Saint-Pierre de Rome.
Pourquoi pas en 2018 ?
? Lucien Pinault
Inspiré d’un article paru en 2015,
sur "La Provence Communication"
La fontaine de Trévi (Photo de Jeanne Pinault)
Le Colisée (Photo de Jeanne Pinault)
Le dôme de la basilique Saint-Pierre (Photo de Jeanne Pinault)
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Lundi 12 septembre 2016
Direction BordeauxEn voiture, en train, en car, en avion, à vélo, à moto ou à cheval, nous
avions tous le choix pour nous rendre à Bordeaux. Il faisait beau et
600 km ne nous faisaient même pas peur. Nous avions rendez-vous
à 19 heures, à l'hôtel, pour nous rendre à pied au restaurant pour le
dîner. Tout le monde était là sauf une personne qui s’est simplement
trompée de jour. Nous tairons son nom. Il nous rejoindra le lendemain
soir après notre visite de Bordeaux.
Bordeaux est une commune du Sud-Ouest de la France, préfecture du
département de la Gironde et chef-lieu de la région Nouvelle-Aquitaine.
Capitale de l’ancienne Guyenne, Bordeaux, située en bordure des
Landes de Gascogne, fait partie de la Gascogne.
En 2013, la commune est la neuvième commune de France par sa
population avec 243 700 habitants, mais son agglomération est classée
septième avec 876 700 habitants après celles de Paris, Lyon, Marseille
- Aix, Lille, Nice et Toulouse et devant Nantes et Rennes. L’aire
urbaine de Bordeaux compte quant à elle 1 178 300 habitants en
2013, ce qui en fait la cinquième aire urbaine de France.
Voyage
Escapade à Bordeaux et sa région
Bordeaux est par ailleurs la principale commune de la métropole
« Bordeaux Métropole », qui rassemble 28 communes et
760 956 habitants en 2014.
La ville est connue dans le monde entier pour les vins de Bordeaux
et les vignobles du Bordelais, surtout depuis le XVIIIe siècle, qui fut
un véritable âge d’or.
En 1957, Bordeaux est récompensée du prix de l’Europe,
conjointement avec Turin. En juin 2007, une partie de la ville, le port
de la Lune, est inscrite par le Comité du Patrimoine Mondial, désigné
par l’assemblée générale de l’UNESCO, sur la Liste du Patrimoine
Mondial.
En 2016, Bordeaux a été reconnue comme la première ville de France
métropolitaine où la qualité de vie est la meilleure.
La soirée s’est finie par une ballade «place de la Bourse», l’endroit le
plus photographié de la ville.
? Lucien Pinault
(Renseignements sur Bordeaux copiés sur Internet)
Bordeaux-Place de la bourse
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Escapade à Bordeaux et sa région
Bordeaux-Grand Théâtre
Mardi 13 septembre 2016
Visite de Bordeaux, ville envoûtante entre le
vin et l’eauGerhard nous avait donné rendez-vous ce mardi 13 septembre pour
9 h 30 au pied de notre hôtel « Cœur City - Le Clemenceau «. La
journée nous est annoncée ensoleillée, chaude, voire caniculaire, donc
orageuse, mais respectueux de l’horaire, tous les participants sont là,
curieux et impatients de découvrir ou redécouvrir le patrimoine histo-
rique de Bordeaux, riche en sites et monuments. « La Belle endormie »
comme on la nomma pendant des décennies, s’est désormais réveillée.
Preuve en est, le 28 juin 2007 l’UNESCO a inscrit Bordeaux et le
Port de la Lune sur la liste du Patrimoine mondial de l’Humanité au
titre d’Ensemble urbain exceptionnel, 1810 hectares. C’est une pre-
mière, jamais la Commission du Patrimoine n’avait encore honoré
un ensemble urbain de cette ampleur.
Bordeaux est particulièrement mal adaptée à la circulation et encore
moins au stationnement. Cet inconvénient a son bon côté, il oblige le
visiteur à adopter très tôt le rythme du piéton. C’est ainsi, que sous
la houlette de Jacques Zacharie, bordelais d’adoption, notre guide,
nous allons, pour la matinée, à la rencontre de son centre-ville, chargé
d’histoire, où vécurent entre autres personnages célèbres Michel de
Montaigne, qui y fut maire au 16e siècle, Charles de Montesquieu
et François Mauriac.
Dès le Ier siècle, d’un timide village de forgerons gaulois naîtra
« Burdigala » la romaine au développement rapide, à l’économie
florissante. Les invasions répétées du 3e siècle vont probablement Bordeaux-Fontaine des trois Grâces
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Escapade à Bordeaux et sa région
amener ceux qu’on appellera les Bordelais à se réfugier à l’intérieur
d’un rempart qui délimitera la ville jusqu’au 13e siècle, dont seul
subsiste le Beffroi « La Grosse Cloche ».
Après avoir été répudiée en 1152 par le roi de France Louis VII,
Aliénor d’Aquitaine apporte en dot, lors de son remariage avec Henri
de Plantagenet, de nombreux domaines, le duché de Guyenne et
Bordeaux. Henri devenu roi d’Angleterre, inaugure trois siècles de
prédominance anglaise en Aquitaine. Cette situation favorise l’ex-
pansion viticole des vins de Bordeaux, la ville prospère. Mais dans
le même temps ce vaste territoire, déséquilibre, avec les Flandres,
le royaume de France des Capétiens, déclenchant en 1337 la guerre
de Cent Ans. Ce n’est qu’en 1453, après la victoire de Castillon, que
le roi Charles VII peut se glorifier du retour de la ville sous tutelle
française, alors que dans le même temps les seigneurs aquitains res-
taient farouchement anglophiles.
Les 16e et 17e siècles ne furent pas pour Bordeaux des périodes heu-
reuses. Par contre, au 18e siècle, la ville va vivre son « Siècle d’or »,
fondé sur la continuité du commerce du vin, l’accroissement des rela-
tions avec les Indes et la politique coloniale de Louis XV. Un vif esprit
d’entreprise va ouvrir les voies à une vaste expansion économique.
De notre déambulation organisée et commentée par notre guide,
point n’est besoin d’être grand expert pour observer le trait domi-
nant de la cité. Elle est bâtie en pierre de taille, d’influence dominante
du 18e siècle, souhaitée par les grands intendants de Guyenne, dont
le plus connu fut le marquis Urbain-Aubert de Tourny.
La taille moyenne des immeubles, deux ou trois étages, souvent
superbement mansardés, de nombreux et somptueux hôtels par-
ticuliers dans un style élégant, donnent à la ville une majesté sans
égale, une unité d’architecture et de cohérence, confortée par une
politique volontariste des élus bordelais sur l’entretien des façades
et leur ravalement.
A cette époque, des grandes voies sont créées, les Grands Cours, les
avenues, de superbes monuments s’élèvent tels la place de la Bourse, le
Grand Théâtre, l’Hôtel de Ville ou Palais Rohan, la Place Gambetta
bordée de maisons du 15e siècle, et antérieurement la Cathédrale
St. André, la Tour Pey-Berland, la Basilique St. Michel et sa Tour …
On ne saurait parler de Bordeaux sans sa somptueuse perspective des
quais, encadrant l’esplanade des Quinconces, la plus vaste d’Europe,
12 hectares, avec son monument à la gloire des députés Girondins
victimes de la Terreur, sa « Façade du Port » longue file d’immeubles
style Louis XV bordant le quai des Chartrons avec ses immenses
Bordeaux-Fontaine des trois Grâces Bordeaux-Monument aux Girondins
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Escapade à Bordeaux et sa région
entrepôts pour le vin et le bois, maintenant désaffectés, mais où il
est de bon ton, aujourd’hui, d’aménager un loft et du meilleur goût
de revenir y vivre.
De même, on ne saurait, également, parler de cette ville sans La
Garonne et son Pont de Pierre construit sur ordre de Napoléon Ier
entre 1810 et 1822.
Je n’oublie pas, du Bordeaux historique, son dédale de ruelles, pré-
texte à chaque pas à une station devant les trouvailles architecturales
de ce « Siècle d’or » mais aussi devant les devantures des magasins,
les bistrots sympas et les bons petits restaurants.
Après cette visite culturellement passionnante, sur laquelle nous
pourrions écrire des pages et des pages, nous devons aller nous res-
taurer, c’est sous l’orage que nous nous rendons vers notre restaurant.
L’après-midi est programmée par la visite, dans un entrepôt situé au
bout du Port de la Lune, d’une exposition provisoire sur des momies,
exposition initiée par les étudiants de l’Institut Universitaire d’An-
thropologie et Ethnologie de Bordeaux. Nous restons sur de l’an-
cien et remontons les siècles … Le ciel étant plus clément, nous
décidons de nous y rendre à pied. Cette balade digestive nous per-
met de découvrir et d’admirer le 5e et nouveau pont de Bordeaux, le
pont Jacques Chaban-Delmas, prouesse architecturale, technique
et esthétique. Il est le plus haut pont levant d’Europe (77 m, portée
principale 110 m, longueur 575 m) et apporte une touche de moder-
nité à l’urbanisme de la ville.
Cette visite clôt notre programme de cette 2e journée, nous repre-
nons, en tramway, le chemin de notre hôtel, et en groupe, à nouveau
sous une pluie diluvienne, nous nous rendons pour dîner vers notre
restaurant préféré, Le Chaudron, rue Saint Rémi.
Après plus de quarante ans d’une douce léthargie, je redécouvre la
« Belle endormie » avec une mutation incroyable au cours de ces
20 dernières années.
Croyez-moi, Bordeaux vaut le voyage, à voir, revoir et revoir.
? Pierre Fritière
Mercredi 14 septembre 2016
Excursion Cap Ferret / ArcachonCette deuxième journée sera consacrée à la visite du Bassin d’Ar-
cachon, premier lieu de villégiature des bordelais. Cette région est
restée longtemps très peu peuplée. Ce n’est qu’au XIXe siècle, sous
Napoléon III, qu’a commencé son développement avec l’arrivée de
la ligne ferroviaire Bordeaux-Arcachon. À cette époque, il n’y avait
que des cabanes en bois pour l’ostréiculture.
Nous sommes sur la rive nord du bassin et traversons une zone de
landes, autrefois constituée de dunes de sable et de marécages. Ces
zones ont été acquises au XIXe siècle par de riches familles qui y ont
planté des arbres, essentiellement des pins, pour l’exploitation du
bois et de la résine. Le bassin est alors bordé de petits villages ostréi-
coles et de lieux de villégiature. Nous nous arrêtons dans l’un d’entre
eux, L’Herbe, pour découvrir ces fameuses cabanes en bois. Elles sont
maintenant aménagées en petites maisons coquettes séparées les unes
des autres par des chemins étroits conduisant au bassin. Ces maisons
Bassin d’Arcachon-Village ostréicole
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Escapade à Bordeaux et sa région
Bassin d’Arcachon-Au bord du Bassin
sont louées par des ostréiculteurs, bien que convoitées comme mai-
sons de vacances par les citadins. Au bord du bassin se trouvent les
installations pour la culture des huîtres avec les « claires » et les
parcs en mer, sans oublier les nombreux sites de dégustation que
nous n’aurons hélas pas le plaisir de fréquenter.
Après ces maisons, sur les hauteurs, on découvre les villas cossues
des bordelais et autres résidents aisés. Une de ces belles villas, la
« Villa Algérienne » des frères Lesca, de style mauresque, a malheu-
reusement été détruite et remplacée par un immeuble peu élégant.
Ne reste de cette propriété que l’église familiale, elle aussi de style
mauresque. De la rive, nous apercevons l’île aux Oiseaux, réserve
ornithologique interdite d’accès. C’est uniquement sur cette rive nord
que se trouvent les installations de parcs à huîtres, puis les « corps-
morts » où sont amarrés les bateaux longs et étroits des ostréiculteurs
appelés pinasses et les très (trop) nombreux bateaux de plaisance.
À l’origine, on ramassait les huîtres sauvages et ce n’est qu’au
XIXe siècle où cette ressource commençait à disparaître suite à des
maladies, que l’on a organisé leur culture avec la création de parcs.
On recueille d’abord le naissain sur des tuiles rondes chaulées ou
des tubes de rondelles en plastique que l’on gratte ensuite pour récu-
pérer les petites huîtres qui seront mises à grossir dans des poches
aux mailles de plus en plus grosses, installées dans le bassin pendant
3 ans environ, avant de passer dans les claires et de se retrouver sur
nos tables. Le bassin d’Arcachon fournit tous les parcs ostréicoles
de France en naissains.
Après la pause déjeuner dans un restaurant au bord de l’eau, nous
prenons le bateau pour faire une balade sur le bassin. Nous lon-
geons la presqu’île, nous rapprochant de l’Île aux Oiseaux (20 fois
plus grande à marée basse qu’à marée haute) et des deux cabanes
tchanquées sur pilotis. Nous apercevons au fond, malgré la brume,
la dune du Pilat. Nous traversons le bassin et arrivons à Arcachon.
La partie basse, appelée ville d’été, est la cité balnéaire avec ses
plages, ses hôtels, son casino. La ville haute appelée ville d’hiver
que nous visitons en car, comporte de nombreuses villas (ou cha-
lets) construites autrefois pour accueillir de riches familles venues
se soigner de la tuberculose (air balsamique des pins, air iodé de la Déjeuner avant embarcation
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
13
Escapade à Bordeaux et sa région
mer) avec des allées arrondies pour casser le vent fort du large. Elles
étaient conçues avec une partie basse humide (cuisine, buanderie), le
rez-de-chaussée avec de grands salons et les étages pour les chambres
avec de grands balcons en bois tout autour pour suivre le soleil. Un
casino de style mauresque fut construit pour créer des distractions et
un lieu de rencontre, mais celui-ci a brûlé et il ne reste que son grand
parc. Ces maisons sont maintenant des lieux de villégiature très prisés.
Nous rejoindrons ensuite Bordeaux dans les embouteillages.
? Michèle Lutz
Jeudi 15 septembre 2016 (matin)
Visite de la nouvelle unité
de La Roche-Chalais
Très gentiment accueillis par Karine Mazeaud, nous avons commencé
par recevoir de magnifiques badges. Karine, assistante du directeur
du site et représentant celui-ci, ainsi que le directeur de production
nous ont accompagnés tout au long de la matinée. Ce dernier nous
a fourni des explications claires et détaillées pendant plus de deux
heures à chaque étape de la visite.
Elle a commencé par l’atelier de mécanique où nous avons pu admi-
rer des machines modernes, très autonomes, efficaces et capables de
La Roche-Chalais-Le groupe devant une petite vanne
travailler en usinage «cinq axes», c’est-à-dire qu’elles peuvent réa-
liser toutes sortes de formes possibles, en même temps. Nous avons
donc pu découvrir comment sont réalisés les usinages des corps des
robinets et ceux des papillons (on appelle ainsi les disques d’obtura-
tion, ce qui a donné le nom aux vannes Papillon) des vannes à étan-
chéité caoutchouc et des vannes à étanchéité métallique. La propreté
des lieux était tout à fait impressionnante, ainsi que l’ensemble des
automatismes et la modernité du matériel que nous avons pu décou-
vrir avec intérêt.
Ensuite nous avons visité l’atelier de fabrication des élastomères. Le
moulage des bagues de façon entièrement automatique, c’est-à-dire
sans aucun opérateur, était impressionnant.
Puis nous avons vu l’atelier de mélange des matières premières des-
tinées à la réalisation des différents élastomères avant leur vulcani-
sation dans les moules.
Après nous sommes passés aux ateliers de montage des robinets. Le
premier visité a été celui du montage des petites vannes à bague élas-
tomère, puis nous nous sommes rendus à l’atelier peinture.
La chaîne de peinture précédée par le dégraissage est tout à fait
remarquable dans ses automatismes. Auparavant, les grenailleuses
préparent la surface des corps et des pièces d’actionneurs dans une
chaîne automatisée.
Nous sommes ensuite passés à la fabrication et l’assemblage des
actionneurs et de leurs accessoires de commande qui constituent « la
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
14
Escapade à Bordeaux et sa région
personnalisation » en fonction de la spécificité de chaque demande.
Puis vint l’atelier de montage des robinets Danaïs, robinets à double
excentration du papillon et à étanchéité métallique. La plupart des
robinets que nous avons vus étaient destinés aux applications cryo-
géniques (transport du gaz naturel liquéfié à une température pra-
tiquement de -200 °C).
Un robinet était en cours d’essai de fonctionnement, immergé dans
l’azote liquide. Un inspecteur extérieur à l’entreprise, représentant
le client, supervisait l’essai.
Après avoir traversé toute l’usine et nous être équipés de chaussures,
ou plutôt de surchaussures de sécurité, nous sommes allés vers le
nouvel atelier qui vient d’être construit et inauguré depuis quelques
mois pour le montage des robinets Triodis. Il s’agit de robinets à triple
excentration (particularité qui permet aux robinets, grâce à une ciné-
matique complexe, d’être complètement étanches malgré l’utilisation
d’un joint métallique, dans les deux sens de circulation du fluide).
Cet atelier tout neuf permet de monter des robinets de grande taille
jusqu’à 96 pouces et des robinets de poids élevé (les ponts soulèvent
des pièces jusqu’à 10 t, et pour les essais où l’on ajoute au robinet
des cloches d’essai, le poids peut atteindre 40 t). La chaîne de fabri-
cation commence par des machines «cinq axes» permettant de don-
ner aux disques la géométrie complexe indispensable à la réalisation
de l’étanchéité. Nous avons pu voir une machine et un système très
moderne et sophistiqué de dépôt de stellite au plasma sur la tranche
des papillons. Ce métal, très dur, permet la bonne étanchéité et le
contact métal sans détérioration de la surface des joints.
La suite nous a permis de voir l’installation des essais d’étanchéité
des robinets. Également moderne, elle envoie, à distance, les images
des essais ce qui permet aux clients d’y assister à grande distance
sans être présents. Ceci est très important car nos clients principaux
se trouvent au Japon ou en Corée sur des chantiers navals où sont
aujourd’hui construits les bateaux cryogéniques.
Après cette très belle visite, direction le restaurant d’entreprise où,
à côté du personnel, nous avons déjeuné avec le directeur de l’usine,
Monsieur Bagard, le directeur du personnel et nos deux accompa-
gnateurs. Un excellent repas, dans une ambiance très sympathique
où nous avons pu échanger, avec quelques anciens, sur l’histoire
d’AMRI et celle du site.
Nous avons reçu un excellent accueil à La Roche Chalais et nous
tenons vraiment à remercier tous ceux qui nous ont accueillis et fait
découvrir ce site, en particulier Karine Mazeaud, organisatrice de
cette rencontre, qui s’est particulièrement bien occupée de nous.
? Jean-Paul Dubois
Jeudi 15 septembre 2016 (après-midi)
Visite de Saint-Emillion
Après la visite de la Roche Chalais, nous sommes partis en car vers
Saint-Émilion, un voyage relativement court d’un peu plus d’une
demi-heure. Sur la route on pouvait voir toutes les vignes de l’ap-
pellation Saint-Émilion et des appellations associées. Nous avons
pu constater à quel point une terre de vignes peut absorber l’eau, en
effet la veille nous avions subi une très forte pluie d’orage et la terre
semblait à peine mouillée. Arrivés à Saint-Émilion nous sommes
allés sur la place où se trouve la tour avec les cloches. Il s’agit d’un
clocher séparé de son église située, elle, dans le rocher en-dessous.
À côté, se tenait le restaurant «le Plaisance», deux étoiles au guide
Michelin, qui a eu jusqu’à il y a quelques mois comme Chef, Michel
Saint-Emilion
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
15
Escapade à Bordeaux et sa région
Etchebest, devenu maintenant le chef du restaurant du Grand Théâtre
à Bordeaux. Nous avons eu quelques explications sur la culture de
la vigne, l’élevage du vin, les règles à appliquer pour la vendange,
puis les règles de base pour que se fasse une bonne fermentation afin
que le vin puisse être élevé correctement dans des fûts de chêne. Un
guide local nous a conté l’histoire de la ville, dont la réalisation de
son enceinte fortifiée, puisqu’elle se trouvait à la limite des posses-
sions d’Aquitaine et du royaume de France à l’époque de la guerre de
100 ans. Comme à Bordeaux on retrouve là, en souvenir, la femme
extraordinaire qu’était Aliénor d’Aquitaine et ses fils le Prince Noir
et Jean Sans Terre, qui ont passé une partie de leur vie dans cette
région. Nous avons commencé notre visite par le cloître à côté de
l’office de tourisme autrefois demeure des moines. Nous avons des-
cendu une belle petite rue très pentue, pavée de pierres non origi-
naires de la région : il s’agissait des pierres que les bateaux, venant
d’Angleterre ou de Hollande, là où se trouvaient nos principaux
clients, utilisaient comme lest à l’aller et repartaient avec des bar-
riques de vin. Du haut de la place, on peut apercevoir le château qui
est en fait une tour, « la Tour du Roy » et qui n’a, sans doute, jamais
été terminée. Cette tour était le siège de la Jurade. Il s’agit de l’en-
semble des magistrats qui assuraient la gestion de la ville et d’une
certaine façon également le contrôle de la qualité des barriques de
vin en y apposant leur sceau (en ce temps-là, on ne savait pas conser-
ver le vin, et le bon vin était du vin jeune dit «claret»). Ensuite nous
sommes descendus sur la place centrale de la vieille ville pour entrer
dans l’ermitage où a vécu très probablement Saint-Émilion. Il s’agit
d’une grotte où la vie devait être très spartiate. Saint Émilion y avait
trouvé une source et on lui avait creusé dans la pierre une couchette
ainsi qu’une chaise où l’histoire dit qu’il était censé s’y asseoir et
recevoir les gens. Aujourd’hui, ce siège a une légende particulière,
en effet les jeunes femmes qui s’y assoient devraient devenir mère
dans l’année qui suit. Cela semble fonctionner puisque notre guide
nous a raconté qu’au syndicat d’initiative, on reçoit régulièrement
des cartes postales annonçant la naissance d’enfants, appelés sou-
vent Emilien et Emilienne, conçus après une visite à Saint-Émilion.
Après l’ermitage, nous entrons dans une petite chapelle très typique
des constructions du Moyen Âge, possédant des peintures murales
qui montrent la décoration des églises de l’époque et la tradition
artistique évoluant au Moyen Âge vers le style Gothique. De beaux
tombeaux en pierres décorées se trouvent également dans cette cha-
pelle et, particularité, des mesures à grains de l’époque entre autres
un «setier» qui servait à payer les impôts au clergé, la célèbre dîme.
Nous sommes passés ensuite dans les catacombes où l’on a pu voir des
tombeaux très anciens, rassemblant uniquement les os des défunts.
Enfin nous avons pénétré dans l’église souterraine, monument très
exceptionnel puisqu’entièrement creusé dans la pierre. Il n’en existe
que deux en France, celle de Saint-Émilion et celle d’Austère. Il est
Saint-Emilion-Le clocher
probable que ces églises, réalisées par le comte de Castillon, l'ont
été sur le modèle qu’il avait découvert en Cappadoce (Turquie), lors
de croisades. En dernier nous sommes remontés dans la ville visi-
ter le cloître des Cordeliers et le logis de l’Abbé, bâtiment qui avait
brûlé peu de temps avant la révolution et jamais reconstruit. Pour
terminer, quelques-uns d’entre nous sont allés faire un petit tour à
la maison du vin pour pouvoir repartir chez eux avec quelques sou-
venirs en liquide. La soirée s’est terminée à Bordeaux par un dîner
très convivial et très sympathique.
Et en avant pour un prochain voyage
? Jean-Paul Dubois
Vendredi 16 septembre 2016
Retour
Comme pour chaque voyage, tout a une fin et il faut penser à repar-
tir. Gerhard nous avait donné «quartier libre» après le petit-déjeu-
ner. Suite aux «au revoir» habituels, nous sommes repartis chacun
de notre côté. Avec Pierre, Annick et Christine, nous avons joué les
prolongations, toute la matinée, dans Bordeaux, sur quelques sites
que nous souhaitions revoir ou que nous n’avions pas visités du tout.
Le retour, vers Paris, se fit dans l’après-midi, sous la pluie tout le
long de la route.
? Lucien Pinault
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
16
Douce France
Une vie d’« instit » à la ville
BRESTL’ambition de mon père était donc, pour les raisons déjà indiquées,
de rejoindre Brest pour s’y installer définitivement. Sa carrière, donc
sa rémunération, pourrait y évoluer et cette grande ville offrirait,
pour toute la famille, plus de commodités.
La bonne nouvelle arriva par courrier au « mouvement » de juin 1957.
Elle était espérée, mais ce fut pourtant une bonne surprise. La nomi-
nation était un poste d’adjoint à l’école de la Communauté, dans le
quartier de Recouvrance.
C’était justement le quartier où habitaient mes parents, c’est là qu’ils
s’étaient connus. Proche de l’arsenal militaire, ce quartier avait été
souvent bombardé. Toute une partie avait été reconstruite à l’iden-
tique pour que les habitants puissent se retrouver un peu plus chez
eux après les traumatismes de la guerre et leur relogement provisoire
en baraques. Les maisons étaient juste fonctionnelles, sans style, sim-
plement crépies, de couleur grise, aspect à la fois moderne et triste.
Le cœur de Recouvrance, avec ses bistrots plus ou moins bien fré-
quentés, était resté debout et on y retrouvait la même population
interlope et sa vie animée, surtout nocturne.
La ville c’est très bien, mais la contrepartie était qu’il faudrait s’y ins-
taller, donc tout déménager. Pas seulement le mobilier courant, mais
aussi tout ce qui était entreposé dans les annexes, cave et garage de la
campagne et que l’on avait gardé « au cas où ». Et il fallait faire vite !
La première préoccupation fut donc de trouver un logement.
Contrairement aux postes des communes rurales, où le logement
faisait partie intégrante de l’école, la ville avait simplement l’obli-
gation de trouver un logement pour les arrivants. C’était le travail
d’un service dédié, rattaché au service général du logement. L’offre
était bien loin de la demande, ce ne serait pas facile.
Se loger à Brest en période de reconstruction.La ville avait été en grande partie détruite pendant les bombarde-
ments. L’aviation américaine, qui ne faisait pas dans le détail, lais-
sait tomber un tapis de bombes depuis la presqu’île de Crozon (ceux
qui ont fait la sortie bretonne s’y retrouveront) jusqu’à plusieurs kilo-
mètres au nord. Les Anglais, plus hardis, descendaient en rase motte
sur des objectifs précis et faisaient également très mal alentour.
Contrairement au Havre, par exemple, qui fut complètement recons-
truit, les autorités brestoises cherchèrent à préserver le caractère de
la ville. Chaque quartier retrouva son identité en y recueillant au fur
et à mesure sa population initiale, mais le centre-ville était dévasté.
Il fut rasé et l’on reconstruisit sur les ruines. La célèbre rue de Siam
se retrouva ainsi six mètres plus haut que l’ancienne.
Aucune portion des anciennes « fortifs » ne pouvant être sauvée,
la totalité fut rasée. La ville perdit de son cachet et la population
tout entière regretta ces murailles, lieu de promenade avant-guerre.
On continua à appeler par leur nom « les glacis », l’emplacement
de ces anciens espaces herbeux, en pente, qui purent être aménagés
en marché et commerces. La grande foire de l’année se tenait à cet
endroit à la saint Michel.
À cause des bombardements, la population avait dû quitter la ville.
Beaucoup, d’origine paysanne, furent recueillis dans leur famille res-
tée à la campagne. Mes parents n’avaient pas cette possibilité et res-
tèrent à Recouvrance. Ma mère en garda un énorme traumatisme
et à la fin de sa vie les bruits des sirènes hurlantes et des explosions
la réveillaient à nouveau.
Dans le cadre de la reconstruction, de vastes étendues furent aména-
gées pour accueillir les familles qui désiraient revenir à la ville. Des
centaines de baraques furent construites sur des terrains nus, comme
le Bouguen, ou sur d’anciens terrains militaires comme le Polygone,
tirant son nom de la forme d’une ancienne fortification Vauban.
Ces baraques, tout en bois, étaient peintes au « carbonyle » de cou-
leur sombre, ce qui les rendait encore plus tristes, même sous le soleil.
Parfois en fibrociment, plus clair, elles s’alignaient, occupant tout
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
17
l’espace disponible, elles formaient de vastes damiers aux formes
bizarres. Ailleurs, leur ensemble était rectangulaire, ce qui donnait
l’air d’un ghetto. Des travailleurs immigrés, européens et maghré-
bins venus pour participer à la reconstruction, trouvèrent refuge
dans ces quartiers populaires. La vie en collectivité s’organisa et
des rires d’enfants vinrent vite égayer les aires prévues pour les jeux.
Il existait aussi d’autres baraques, d’un autre style, dites celles-là
« américaines ». Elles venaient en kit des USA, transportées par les
Liberty ships dans le cadre du plan Marshall. Neuves, elles parais-
saient luxueuses. Elles trouvèrent leur place au milieu de l’habitat
resté presque intact, dans des zones un peu excentrées, mais faisant
malgré tout partie de l’agglomération. Elles étaient indépendantes,
peintes de couleur blanche relevée de vert, parfaitement reconnais-
sables. Leur architecture cubique, à toit plat, se différenciait des
précédentes.
C’est l’une des « Américaines » que la mairie proposa à mon père. Si
ce qualificatif sonnait encore bien, à l’époque, son état de salubrité
était « limite ». C’était une «Xième» main, du provisoire datant de
douze ans. Le plancher, dont les nœuds s’en étaient allés, laissait
voir le vide sanitaire. Elle ne disposait que de deux chambres qui,
même assez vastes, ne pourraient accueillir toute la famille, quatre
garçons et une fille, de 3 à14 ans.
C’est la première fois que je vis, sur le visage de mon père, le désespoir
prendre, un court instant, le pas sur la colère. Il s’était déplacé plu-
sieurs fois de 80 km pour être reçu par un employé de bonne volonté,
mais qui n’avait pas grand-chose à distribuer. De tout temps, il avait
eu un contact direct avec les maires et son égo en « prenait un coup ».
Enfin un toit !La solution lui parvint encore par le biais de son frère aîné. Celui-ci
exploitait une station-service tout près de l’Hôtel de Ville. Il pre-
nait bien soin de la DS19 du maire, à qui il soumit le cas familial.
Quelques jours plus tard, la bonne nouvelle arriva : un logement
HLM neuf T4 dans un quartier nouvellement aménagé. Mon père
détestait les passe-droits, surtout par l’intermédiaire de son frère avec
qui il n’avait pas de très bons rapports. Ce logement, par bonheur,
Les baraques du Polygone Baraque américaines à Poul ar Bachet
se trouvait à 5 minutes à pied de son école d’affectation. Il retrouva
toute son énergie pour opérer le transfert.
Le résultat était incontestable. Nous avions un toit de très bonne
qualité et pûmes y emménager à la rentrée d’octobre 1957.
La scolarité des enfantsLa scolarité des enfants se trouva facilitée. Les deux aînés suivirent
les cours au collège voisin des « Quatre-Moulins » puis intégrèrent
l’École Normale, comme papa, et à sa grande joie. Ils retournèrent
donc en pension à Quimper, en regrettant que nous ayons quitté
Ergué-Gabéric où ils auraient pu rentrer tous les week-ends.
Moi-même fus inscrit au Lycée Technique, à l’autre bout de la ville,
en vue de viser le bac mathématique et technique, aboutissant aux
Grandes Écoles, toujours dans le projet paternel de « Tu seras ingé-
nieur ». Les salles de cours étaient de même construction en bois
que les baraques d’habitation, une simple cloison laissait entrer un
froid que le petit poêle à charbon, allumé juste avant le début des
cours, n’arrivait pas à vaincre. Il fallait parfois garder les gants pour
prendre ses notes. Les ateliers, par contre, étaient en dur à cause de
la présence des machines. Ils se situaient à 300 m des salles de cours.
Je me souviendrai toujours de ces traversées de ville en « trolley »,
nom donné par tous aux bus électriques, alimentés par des perches
à un réseau aérien. Les incidents étaient fréquents dans ces véhicules
bondés, du simple déraillement des perches dans les virages serrés
au déclenchement du moteur dans les démarrages en côte. Les pas-
sagers étaient propulsés vers l’avant, puis le chauffeur réessayait la
manœuvre, sous des huées qui se transformaient en quolibets à la
troisième tentative. Il fallait parfois faire descendre quelques passa-
gers pour éliminer la surcharge et pouvoir repartir.
Je devais parvenir à m’y faufiler chaque matin, de bonne heure, avec,
une fois par semaine, ma planche à dessin format A1 dont l’extré-
mité du té dépassait d’une dizaine de centimètres. Avec un horaire
de 42 heures par semaine, à cause des matières techniques complé-
mentaires, les journées étaient longues.
La rentrée en classe de seconde s’effectua dans un lycée tout neuf,
à la lisière de la cité scolaire de Kerichen. Des salles de classe bien
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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claires, le chauffage central, les ateliers de l’autre côté de la rue, quel
changement ! Avec en plus un casier pour déposer la fameuse planche
à dessin bien encombrante qui pouvait maintenant rester sur place.
Les deux garçons suivants eurent un parcours voisin. Études tech-
niques, puis industrie pour le premier, qui rejoignit l’enseignement
en tant que professeur technique de « Travail des métaux ». Le deu-
xième, petit dernier, eut un parcours plus chaotique. Artiste incom-
pris dans sa jeunesse, il a maintenant sa propre galerie à Plérin dans
les Côtes d’Armor.
Enfin un logement à soi.Trois ans après l’arrivée à Brest, l’idée germa dans l’esprit de mon
père d’acquérir un logement. Je ne pourrais pas passer sous silence
les études préliminaires que cet homme méticuleux nous fit parta-
ger. Sur les plans remis par les promoteurs, il plaçait des petits rec-
tangles en papier renforcé découpés dans des « fiches », à l’échelle.
C’était tous les meubles à faire rentrer dans un appartement, forcé-
ment assez petit car l’investissement était limité.
Ecole de la communauté classe de fin d’étude en 1957
Douce France
Le déménagement eut lieu en 1961. L’appartement acheté était situé
à proximité de la cité scolaire que je fréquentais, les autres frères y
furent aussi inscrits. Nous pouvions tous rentrer manger à la mai-
son le midi. Les deux aînés ne revenaient plus que périodiquement.
Mon père changea plusieurs fois d’affectation dans Brest, obtint un
poste de direction…. à proximité de notre ancien logement, puis il
termina sa carrière en dirigeant le grand groupe scolaire situé au
bout de notre rue. Il quittait la maison à « moins cinq », mais res-
tait travailler plus tard le soir.
La retraite.L’heure de la retraite sonnante, il fallait qu’il puisse meubler ses jour-
nées, en homme actif qu’il avait toujours été. Mes parents firent donc
construire un petit pavillon à proximité d’un gros bourg, Lannilis,
sur un terrain juste suffisant pour à peine 100 m2 de pelouse et
arbustes, mais 200 m2 de potager. Il y reprit ses prouesses de début
de carrière et n’acheta plus guère de légumes.
L’Éducation Nationale lui confia le rôle de Délégué Départemental
(DDEN), organisme chargé de suivi et de prospective dans l’ensei-
gnement primaire. Il reçut les Palmes Académiques.
La proximité de mon frère cadet, marié à une infirmière, les rassurait.
Ils restèrent intellectuellement vifs quand les forces commencèrent à
manquer. Maman partit à 85 ans, papa trois ans plus tard à 91 ans.
MamanJ’ai beaucoup parlé de la carrière professionnelle de mon père, les
débuts difficiles à Trégarvan, loin de tout et sans voiture, d’Ergué
Gabéric déjà plus proche d’une grande ville, Quimper et de l’abou-
tissement à Brest.
Et ma mère, dans tout cela ?
Maman, femme courageuse qui accepta de s’effacer, renonçant à une
carrière qui l’aurait ouverte à l’extérieur, se consacra entièrement à
ses enfants et à la tenue de son intérieur. J’ai décrit la dureté de son
travail, obligée parfois de casser en hiver la glace qui avait envahi
un lavoir situé plein nord. Toute l’imagination dont elle devait faire
preuve pour faire avec peu de chose des repas à la fois équilibrés et
goûteux, accommoder les restes. Elle aurait certainement voulu que
sa vie fût plus agréable, mais elle avait accepté sa condition.
Ce dont elle rêvait fut réalisé par les générations suivantes. Dans son
for intérieur, elle se réjouissait de voir ses filles et belles-filles s’éman-
ciper, parfois même jusqu’au militantisme féministe.
Malade, elle lutta quelques mois puis se laissa partir, épuisée, mais
soulagée de nous voir plutôt bien dans notre vie, une grande famille
de cinq enfants, dix petits-enfants et dix-neuf arrières petits-enfants.
? Gérard Queffelec
Brest après-guerre – Le pont
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Le saviez-vous ?
Googleiser
1 – UBERISER, le plus rapide Apparition : fin 2014
Pays d'origine : États-Unis
Un succès météorique. À peine 18 mois se sont écoulés entre
l’apparition du terme « ubériser », fin 2014, et son entrée au Petit
Robert, en mai dernier. La paternité en revient à Maurice Lévy,
patron de Publicis, qui, dans un entretien au Financial Times
en décembre 2014, déclarait : « Tout le monde a peur de se faire
ubériser ». Autrement dit de voir son modèle économique remis
brutalement en question par un nouvel entrant digital, comme
Uber qui a révolutionné l’industrie des taxis. L’application de
Travis Kalanick s’appelait à l’origine HuberCab, soit « supertaxi ».
Le préfixe « uber » qui vient de la préposition allemande « über »
est très utilisé en argot américain pour dire « supérieur ». Le
mot « ubérisatior » s’est répandu à toute vitesse, avec une notice
Wikipédia dès février 2015. Il a progressivement désigné toute
évolution soudaine de l’économie puis toute rupture de paradigme.
Arnaud Montebourg a ainsi pu souhaiter une « ubérisation » du
système politique français. Le concept s’est du coup galvaudé.
2 – GOOGLISER, le plus utile Apparition : juillet 1998
Pays d’origine : États-Unis
C’est Larry Page lui-même, le cofondateur du géant du NET, qui,
en juillet 1998, a lancé le verbe « to google » alors que la société
n’existait pas encore et que le moteur de recherche n’était qu’en
développement. « Have fun and keep googling » (« amusez-vous
et continuez à googliser »), demandait-il à une première génération
de « Google Friends ». Depuis, le néologisme a connu un succès
proportionnel à la puissance de la société. Qui n’a jamais googlisé
son voisin, son collègue ou son chef en tablant sur la vertigineuse
capacité de ce Big Brother à extraire des détails croustillants des
données personnelles de chacun ? En français, « googliser » est entré
dans le Petit Larousse en 2014 certains disent aussi « googler » ou
« google-iser » voir « googoliser ». En anglais « to google » a intégré
l’Oxford English Dictionnary et le Merrian Webster en 2006, après
avoir été sacré par l’American Dialect Society « le mot le plus utile
de 2002 » puis « mot de la décennie » en 2009. Bien que le terme
puisse désigner par extension toute enquête sur le NET, y compris via
Yahoo ! ou Bing, Google rappelle périodiquement qu’il ne convient de
l’utiliser qu’en référence à ses services. En 2013, la firme a fermement
dissuadé les Suédois d’introduire le verbe « ogooglebar » comme
synonyme de « rechercher ».
3 – RIPOLINER, le plus sarcastique Apparition : début du XXe siècle
Pays d’origine : Pays-Bas et France
Quand le chimiste hollandais Carl Julius Ferdinand Riep baptise
en 1888 « Riepolin » sa nouvelle peinture à l’huile de lin qui sèche
rapidement, il ne s’imagine pas que la marque aura une telle postérité.
Elle est francisée en Ripolin quand la licence est rachetée 10 ans
plus tard par une maison française, Lefranc & Cie. Servie par une
campagne de publicité comique, la peinture, utilisée par Picasso et
Séraphine de Senlis, connaît un succès tel qu’elle se fraie rapidement
un chemin dans le langage courant. Le verbe « ripoliner » entre dans
le Larousse en 1907 pour désigner l’action d’appliquer une peinture
émail. Depuis, il a gagné un usage figuré comique, puisqu’il sert à
tourner en dérision l’action de farder, masquer, faussement rafraîchir,
une image politique ou une stratégie commerciale. La marque est
aujourd’hui la propriété de l’américain PPG.
6 marques qui ont donné naissance à des verbesN’est-ce pas la reconnaissance ultime, quand le nom d’une entreprise se mue en un verbe qui
s’impose à tous ? Plus fort encore, certains deviennent synonymes d’un phénomène économique
comme « ubériser » qui résumera un jour la décennie 2010.
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Googleiser
4 - STABILOTER, le plus visible Apparition : années 1970
Pays d’origine : Allemagne
Tout le monde «stabilote» ou «stabilobosse», des millions
d’étudiants, les plus grands patrons, les hommes d’État. Voir la
passion d’Alexandre Taillard de Worms (alias Dominique de Villepin)
dans Quai d’Orsay, le film de Bertrand Tavernier, pour les stylos
fluo. Il se vend un Stabilo Boss toutes les 2 secondes dans le monde.
Mais les 2 verbes qu’a produits la firme bavaroise ne sont jamais
entrés dans les dictionnaires de référence. Ils ont dû se contenter du
Dico des mots qui n’existent pas. Un obstacle de taille a fait barrage à
leur reconnaissance institutionnelle : le verbe générique «surligner».
Une action que l’on peut réaliser avec bien d’autres feutres. On doit
l’innovation d’origine à Gûnter Schwanhaûsser, ancien patron de
Schwan-Stabilo, qui a rapporté l’idée d’un voyage aux États-Unis. Ses
ingénieurs ont ensuite amélioré le principe de départ en développant
l’encre fluorescente.
5 - PHOTOSHOPPER, le plus people Apparition : années 1990
Pays d’origine : États-Unis
Britney Spears, si mince, a-t-elle photoshoppé sa photo ?, Justin
Bieber a-t-il été photoshoppé pour sa campagne Calvin Klein ? Depuis
les années 90, le verbe dérivé du produit d’Adobe est synonyme de
« retoucher », notamment dans la presse people. L’entreprise de
Mountain View a commercialisé la première version de son logiciel
vedette en 1990. Cet outil s’est si vite imposé dans le langage courant
qu’il devenait, en même temps, l’un des logiciels les plus piratés de la
planète. Adobe ne s’est pas vraiment réjoui de cette inclusion dans
la culture populaire. En 2015, il a jugé nécessaire de rappeler que
sa marque ne doit pas être utilisée comme un nom ou un verbe, doit
commencer par une majuscule, etc. Selon l’éditeur, il ne faut pas dire
«cette image a été photoshoppée» mais «cette image a été améliorée
par le logiciel Adobe Photoshop».
6 - SCOTCHER, le plus familier Apparition : années 1930
Pays d’origine : États-Unis
On a tellement pris l’habitude d’utiliser ce verbe, soit au sens propre
(fixer avec un ruban adhésif), soit au sens figuré, plus familier
(s’immobiliser sous le coup d’un très grand intérêt), qu’on a oublié
l’histoire du produit qui l’a inspiré. Le scotch a été inventé en 1925 par
Richard Drew, un ingénieur de la 3M, soucieux de mieux délimiter
les zones de couleur lors de la peinture des carrosseries des voitures.
Pour faciliter le collage et le décollage, seuls les bords du rouleau sont
adhésifs, ce qui leur vaut d’être raillés comme « écossais » par des
ouvriers persuadés qu’il s’agit là de faire des économies. Le nom est
resté… Si les Américains emploient le verbe « to scotch tape », mais
plus souvent « to tape » tout court, les Britanniques lui préfèrent
« to sellotape », en référence à une marque d’adhésifs dérivés de la
cellophane.
Rapporté par Gérard Queffélec
Article de F. Bauchard, I. Lesniak et K. De Meyer
paru dans LES ECHOS WEEK-END
Les ECHOS de L’AMICALE - N ˚ 32
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Pour 4 personnes, il vous faut :- 2 kilos de moules de bouchot- 1 gros oignon- 2 verres de vin blanc sec- 1 bouquet garniPour la sauce :- 2 cuillers à soupe de farine- 30 g de beurre- 20 cl de crème fraîche- 2 ou 3 pincées de curry (ou mieux : du safran, utilisé à l’origine pour cette recette)- le jus de ½ citron- 1 jaune d’œuf- poivre, sel
Préparation :Faire ouvrir les moules bien nettoyées dans un faitout, à couvert, avec le vin blanc, l’oignon coupé en morceaux, le bouquet garni et du poivre.Conserver le jus et enlever une demi-coquille à chaque moule (ne garder que la valve pleine).Laisser reposer un peu le jus puis le filtrer au chinois ou dans une passoire garnie d’un linge pour éliminer le sable et les impuretés.Dans une casserole faire fondre le beurre, y faire blondir la farine puis diluer avec le jus de cuisson des moules.Faire épaissir à feu doux 7 à 10 mn tout en remuant.Dans un bol, mélanger le jaune d’œuf, le curry (ou le safran), le jus de citron et la crème fraiche. Incorporer ce mélange à la sauce. Attention de ne pas faire bouillir.Rectifier l’assaisonnement, sel, poivre, curry, à votre goût.Incorporer les moules à demi décoquillées et c’est prêt !La mouclade peut être servie en entrée ou en plat principal.
? Annick Gérard
Nos recettesLa mouclade saintongeaiseIl s’agit d’un plat originaire de Charente Maritime, plus précisément de Saintonge.Le mot mouclade provient du saintongeais ‘’moucle’’ qui signifie moule.Voici une recette que je tiens de la grand-mère de mon mari. Elle officiait en tant que cuisinière en Saintonge dans les années 1920.
Pour continuer cette rubrique qui semble très intéressante, vous avez bien gardé sur un cahier d’école ou autre, une recette spécifique et si possible régionale ou mondiale, venant de votre grand-mère, ou de votre mère, alors n’hésitez pas. Faites une photo de cette page si bien conservée avec amour et envoyez là au journal qui la publiera.
Recette originale
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Le coin des poètes ou des conteurs
DELIVRANCE,
Elle est là, elle attend sagement inerte et docile,
Abandonnée, languissante, aux formes graciles,Livrée à son maître depuis très longtemps
complice,Qu’elle a su empreindre de bien cruels maléfices.
Il arrive. Sa tremblante main saisit ce corps alangui,Le palpe, le caresse pour mieux imprégner son espritEt, presque avec recueillement, lentement humerSes senteurs envoûtantes pour son cerveau embrumé.
Ses avides lèvres se tendent, s’entrouvrent pour saisirCelle qui saura lui donner tant de néfastes plaisirs.Elle va bientôt s’embraser et à son seigneur instillerSon voluptueux venin et l’entraîner dans un puits de voluptés
Il hésite encore. Contemple cette chose à sa volonté livrée.Ses doigts se crispent. Son regard est maintenant figé.D’un brusque geste, conscient de sa prégnante détresse,Il écrase sa dernière cigarette qui fut naguère sa maîtresse.
? Jean Mulot
LE CLOWN
Petit cirque de campagne pour petit village de Bretagne.La parade défile et au centre le Clown est là, son regard ne me quitte pas. Il est si insistant, que les copains se moquent de moi, t’as une touche avec le Clown ! Quelle rigolade !Le Clown marche à reculons pour mieux me suivre des yeux et au virage m’envoie un baiser du creux de la main.Sous le chapiteau le spectacle se déroule bon enfant. Le Clown surgit dans le chahut et les piailleries de ses congénères. La foule crie et rit, pourtant je suis seule d’un coup. Je sens qu’il ne joue que pour moi, pour me voir sourire de ses pitreries à l’autre bout de la piste. Il passe de gradins en gradins pour « chercher une Fiancée » … choisissant tour à tour les femmes les plus cocasses ou grotesques. Les spectateurs s’esclaffent, mais je ne les entends plus. Il est devant moi et je fais partie de son numéro. Il s’écrie « avoir trouvé la plus belle et vouloir se marier avec moi ». Ses yeux sont bleus, limpides comme un ciel de Provence après un grand coup de Mistral. Ils me dévorent et me fascinent. Ce regard dit plus de choses que les gestes et les paroles de celui qui déclenche l’hilarité générale. Je bredouille une banalité pour essayer d’entrer dans son jeu. La foule et mes amis sont morts de rire quand il m’embrasse et me tartine de son maquillage bariolé.Le lendemain matin le cirque est parti, il ne reste rien que quelques papiers colorés, des brins de paille voletants et un peu de rouge sur ma joue à la place de son baiser...Un Clown est passé sur mes dix huit ans avec son regard clair, où l’amour s’est glissé quelques instants, laissant dans mon cœur un petit morceau de bonheur.
? Sila
NAISSANCE,
Structuré au gré des capricieuses époques du temps passé,Issu des bouillantes entrailles du globe, un amas densifiéAttend, inerte le prochain corps à corps qui va l’opposer,À armes inégales à une créature de l’univers libérée.
L’un est un assemblage de minéraux intimement liés,L’autre, être de chair, insatiable conquérant refrénéÀ la recherche d’une exuvie de sa pensée,Comme pour assouvir sa soif ou son désir affamé.
Sans spectateur, dans un silence lourd, va commencerL’âpre lutte. Un seul vainqueur sera consacré.Brusquement tout se déchaîne, les mains arméesDe burins et maillet, attaquent cette cible arrimée.
La masse palpite ébranlée par les chocs acérés,Craque et gémis en de longs crissements éplorés.C’est la trêve. L’humain contemple essoufflé,Gisants tels des larmes, les débris du blessé.
C’est la reprise pour la touche finale. La pierre domptéeChange de visage, s’ébroue, sort de son morne néant damné,Et soudainement capitule sous les coups redoublés,Pour se livrer enfin à son dominateur comblé.
Alors ce sont de tendres caresses embrasées,Le roc d’hier a pris forme humaine organisée.Les arides cristaux sont devenus épiderme velouté.Les deux êtres s’unissent pour signer une œuvre révélée.
? Jean Mulot
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Le coin des photographes
u v
x
y
z
u : 2 secondes avant le drame (Photo internet)
v : 2 secondes avant le drame (Photo internet)w : 2 secondes avant le drame (Photo internet)x : Menu « halloween » (Photo de Sila)y : Dessin sur le mur du resto » à Auvers-sur-Oise (Photo de Sila)z : Un éléphant à Nantes » (Photo de Sila)
w
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Histoires d'en rire
La cigale et la fourmiIl était une fois une fourmi et une cigale qui étaient de
grandes copines.
Pendant tout l’automne, la fourmi travailla sans relâche,
engrangeant de la nourriture pour l’hiver.
Elle ne profita, ni du soleil, ni de la douce brise des belles
soirées, ni des bavardages entres copines en savourant
une petite bière bien fraîche après une journée de labeur.
Pendant ce temps, son amie, la cigale, faisait la fête, ne
gaspillant pas même une minute, chantant et dansant
tout l’automne, sans se préoccuper de la mauvaise saison
qui finirait bien par arriver.
Puis, lorsque vint le froid, la fourmi, exténuée par tout
son travail, se réfugia dans sa modeste demeure remplie
de nourriture jusqu’au plafond.
La porte à peine fermée, voilà que son amie la cigale
l’appelle de l’extérieur.
En ouvrant la porte, elle se trouve éberluée découvrant
son amie au volant d’une Ferrari et portant un somptueux
manteau de fourrure !
- Bonjour, mon amie, je vais passer l’hiver à Paris. Tu
voudras bien veiller sur ma petite maison.
- Mais bien sûr ! Sans problème. Mais que t’est-il
arrivé ?
- Figure-toi, que je chantais dans un bar, qu’un
producteur a adoré ma voix, et j’ai signé un contrat
pour des spectacles à Paris. À propos, as-tu besoin de
quelque chose là-bas ?
- Oui, réponds la fourmi. Si tu rencontres La Fontaine,
envoie-le «balader» pour moi.
MORALITÉ : Profitez de la vie, trouvez un bon
équilibre entre travail et loisirs, car trop travailler
n’apporte des avantages que dans les fables de La
Fontaine.
NOTA : A la place du mot «balader», il y avait un autre
verbe commençant par «ch» et finissant par «ier» mais
par respect envers vous, je ne l’ai pas recopié.
? Lucien Pinault
Copié sur INTERNET et modifié
Le corbeau et le lapin...et le renardLe corbeau sur un arbre perché
Ne foutait rien de la journée.
Le lapin voyant le corbeau
L’interpella et lui dit aussitôt :
Moi aussi, comme toi, puis-je m’asseoir
Et ne rien foutre du matin jusqu’au soir ?
Le corbeau lui répondit de sa branche :
Bien sûr, ami à la queue blanche,
Dans l’herbe verte tu peux te coucher,
Et ainsi, de la vie, profiter.
Blanc lapin s’assit alors par terre,
Et sous l’arbre resta à ne rien faire.
Tant et si bien qu’un renard affamé,
Voyant ainsi le lapin somnoler,
S’approcha du rongeur en silence,
Et d’une bouchée en fit sa pitance.
MORALITE
Pour rester assis à ne rien «branler»,
Il vaut mieux être très haut perché.
Nota : J’aurais pu remplacer le mot «b.....r» par
un autre mot, mais il fallait une rime.
? Lucien Pinault
Copié sur INTERNET et modifié
Les fables de La Fontaine