UNIVERSIT~ PARIS VII
MEMOIRE
présenté pour l'obtention du DIPLÔME D'ETUDES APPROFONDIES
de MODELISATION APPLIQUEE A L'ECOLOGIE GENERALE
ET A LA GENETIQUE DES POPULATIONS
MODELISATION DE LA PRODUCTION D'ARACHIDE
EN FONCTION DE LA STRATEGIE DE L'EXPLOITANT AGRICOLE SENEGALAIS
Analyse multivariée des données de deux régions du Sénégal et simulations
par
Patrice LEV ANG
Agronome de l'ORSTOM
O.R.S.T.O.M. - PARIS - 1979
UNIVERSITE PARIS 7
Mémoire présenté pour l'obtention du DEA de
!fodélisation appliquée à l'Ecologie générale et à
la Génétique des populations.
l1ODELISATION DE LA PRODUCTION D'ARACHIDE EN FONCTION
DE LA STRATEGIE DE L'EXPLOITANT AGRICOLE SENEGALAIS.
Analyse multivariée des données de deux régions du
Sénégal et simulations.
par
Patrice LEVANG
Ar,ronome de 1 'ORSTOt1
SOMHAIRE
Introduction
l Natériel
1. Présentation du milieu
2. Présentation de la culture
3. Présentation des donnees
II Analyse des données
J. ~IDyennes. variances, histogramn~s
2. Analyse en Composantes Principales
3. Régression multiples pas à pas
4. Régression multiples ~lobales
5. Interprétation agronomique
III !'-lodélisation
1. Objet de la modélisation
2. Présentation du modèle
3. Valeurs des coefficients et des paramètres retenus pour la simulation
4. Résultats
5. Discussion
Conclusion
Bibliographie
INTRODUCTION
Cette étude se propose de prendre la suite des recherches de
P. HILLEVILLE, en Noyenne-Casamance et dans la zone des Terres-Neuves au
Sénégal, visant à déterminer les principaux facteurs influençant les ren
dements de l'arachide.
Le choix de l'arachide s'imposait car elle est traditionnellement la
seule culture assurant le revenu monétaire de l'exploitant agricole séné
galais. Elle occupe souvent les 2/3 des surfaces cultivées et l'intérêt que
lui porte l'agriculteur est souvent néfaste aux cultures vivrières.
Contrairement à l'expérimentation, qui étudie directement l'effet d'un
facteur en le faisant varier, la démarche employée, l'enquête, cherche à
décrire la réalité sans la perturber et à interpréter la variabilité obser
vée. Seule l'enquête permet d'analyser le système dans son ensemble, d'ob
tenir une vision synthétique, prenant en compte un grand nombre de varia
bles et leurs interactions.
La modélisation du système va nous permettre de simuler (dans certaines
limites) des situations possibles mais non observées, et par conséquent d'op
timiser certains facteurs et de porter un jugement sur les choix techniques
ou "stratégie" des agriculteurs.
Après une brève description du milieu et de la culture étudiés, nous
procéderons à l'analyse multivariée des données recueillies. Nous présen
terons ensuite notre modèle et les résultats essentiels obtenus par simula
tion.
I - NATERIEL
). Présentation du milieu
Les données analysées ont été recueillies dans deux régions du Sénégal
par P. IHLLEVILLE (1974 et 1975). Elles concernent trois terroirs villageois
de ~fuyenne-Casamance situées sur la rive droite du Soungrougrou, enquêtés en
1971, et un village voisin de Koumpentoum dans la zone des Terres-Neuves au
Sénégal oriental, enquêté en 1974-)975 : Diamaguène.
1.1. Casamance
La région étudiée se trouve sous la dépendance d'un climat sud-soudanien
(F. BRIGAUD, 1965) avec une pluviométrie moyenne annuelle de l'ordre de 1250
mm répartie de juin à octobre. La pluviométrie moyenne sur les 3 villages é
tudiés n'a cependant été que de 752 mm en 1971.
L'arachide est cultivée soit sur des sols de plateaux: sols rouges
profonds ou ferralitiques faiblement désaturés, soit sur des sols ocres (ou
beige) de pente ou sols ferrugineux tropicaux jeunes, sensibles à l'êrosion
(R. BERTRAND, 1970).
Les deux éthnies principales sont les Diola et les Manding. Leurs mé
thodes de mise en valeur des sols ne diffèrent pas sensiblement. L'arachide
occupe 66 % de la surface cultivée les successions culturales les plus
fréquentes sont : Jachère-Arachide et Jachère-Arachid~-Céréale-Arachide.
L'arachide est la culture pionnière par excellence. La vaiiété cultivée est
la 28-206, variété tardive érigée. semée en association avec une céréale,
Sorgho ou Sanio. On peut noter une absence totale de fertilisation sur l'ara
chide. ~1algré la diffusion rapide de la culture attelée bovine, l'essentiel
des travaux agricoles s'effectue à la main. les trois techniques tradition
nelles de travail du sol sont :
- le Kunso : ou absence de travail du sol permettant un semis rapide
dès les premières pluies,
- le billonnage: réalisé au "Donkoton" permettant d'enfouir unequan
tité importantp. cl' ;ll.!vtmtives déjà levées.
- le grattage superficiel ou "Farro"
Les sarclages sont effectués au "Dabanding". TOUR les outils sauf le "narro"
sont utilisés.cn position courbée.
Pour plus de détails en ce qui concerne les structures de production,
nous renvoyons au livre de P.PELISSIErr (1966) et à l'étude de J. ~~YMARD
(1974).
1.2. Diamaguène (Terres··Neuves) :
La zone des Terres-Neuves au Sénégal Oriental a une pluviométrie moyenne
comprise entre les isoh)pètes' de 900 et 1000 mm. La moyenne pour les années
1961 à 1970 n'a cependant été que de 750 mm. En 1974 (année de l'enquête),
les précipitations ont totalisé 1013 mm à Diamaguène. Les pluies sont ré
parties de juin à octobre.
Diamaguène est un village de colonisation récente, installé en 1973 et
faisant partie d'un vaste projet de colonisation des Terres-Neuves. Les co
lons (presque tous des Sérères du vieux bassin arachidier) bénéficient d'un
encadrement et s'engagent à respecter les thèmes techniques qui leur sont
proposés: à savoir, culture attelée, épandage d'engrais, traitements in
secticides sur coton, semences sélectionnées, assolements et rotations types.
Chaque famille se voit attribuer une dizaine d'hectares dont deux sont défri
chés mécaniquement. Les villages sont implantés sur des sols profonds de pla
teaux à potentiel agricole important.
L'arachide (variété 57-313) occupe 60 % de la surface cultivée. Les dé
frichements étant récents, le précédent de l'arachide est presque toujours
la forêt. Les opérations de préparation du sol et de semis sont effectuées
en .culture attelée ainsi que les l'larc1ages entre les lienes. Les sarclages
sur la ligne sont effectués à l'iler, outil utilisé en positio~ debout.
Pour plus de détails, nous renvoyons à l'étude très complète de
J.P. DUBOIS, P. NILLEVILLE et P. TRTI-lCAZ réalisée de 1972 à 197'6.
2. Présentation de la culture: (d'après P. GILLIER et P. SILVESTRE $ , 1969)
L'arachide (Arachis hypogea) est une légumineuse annuelle à fleurs aé
riennes jaunes. Elle réclame des températures comprises entre 24 et 33 0 C
pendant sa croissance et une pluviométrie comprise entre 400 et 1200 mm
pendant son cycle végétatif. Les soln légers lui conviennent le mieux.
2.1. Cycle vépétatif :
Pour une variété tardive du groupe Virr,inia,' la première fleur apparaît
18 u 25 jours après la levée.
2
3
La floraison utile va durer 30 à 40 jours et la .naturation 55 jours.
Chaque plante pourra former jusqu'n 1000 fleurs ~ fécondation presque exclu
sivement autogame. Après la fécondation, la base de l'ovaire s'allonge pour
donner naissance à un gynop~ore à l'extrê~ité duquel la gousse se développe
après sa pénétration dans le sol. A ce stade, le~ sarclages sont à proscrire
car ils risquent de sectionner les gynophores.
C'est pendant la floraison et la fructification que l'arachide a les
plus gros besoins en eau. Toute fleur formée moins de 20 jours avant l'arrêt
des pluies est dans l'impossibilité de se développer. L'effet de la date de
semis sur le rendement est la cons~quence directe de la satisfaction des be
soins en eau de la plante. La durée de la saison des pluies étant de l'ordre
de celle du cycle végétatif de l'arachide (120 jours), tout r~tard dans la
date de semis aura une influence déterminante sur le rendement. On compte
habituellement une diminution de 1 à 2 % du rendement par jour de retard au
semis.
2.2. Techniques de culture:
Préparation du sol: un scarifiage ou un labour léger sont suffisants.
Cependant, seules des techniques comme le billonnage permettent d'enfouir
des quantités d'adventices importantes.
Semis: ils sontréalisésen lignes pour faciliter l'entretien des
cultures et à une profondeur optimale de 3 cm. Il est recommandé de ne met tre
qu'une seule graine par poquet avec un écartement de 60 cm entre lignes et 15
cm sur la ligne.
Binages : deux binages sont néc:,:ssaires, voire plus en année de forte
pluviométrie pour lutter contre les adventices. Un sarclage trop tardif com
promet irrém~diablement le rendement. En général, une surface non sarclée a
un rendement pratiquement nul. Après 60 jours, le sarclage est à proscrire,
car il ri sque de sectionner les E':ynophore:>. R. GOLDSON 0%7) signale un
optimum économique pour deux sarclages. Au delà, l'augmentation de la pro
duction ne rentabilise pas la main d'oeuvre nécessaire,
Récolte: elle s'effectue à maturité par arrachage puis séchage à l'air,
Avec le semis, c'est certainement le prer.;ier hinage qui constitue le plus
important goûlot d't'itranp,lement de la culture (P. GILLlER,P. SIJ.VESTRE, 1969).
Pour plus de détails, on se reportera au livre de r. CILLIER et
P. SILVESTRE (1969).
3. Présentation des données
3.1. Les stations
Le but des enquêtes effectuées étant d'expliquer les différences de
rertdements observées, il est indispens~b1e que la surface sur laquelle est
mesurée le rendement soit homogène vis à vis des variables incriminées.
Pour cela, toutes les mesures et observations ent été réalisées au niveau de
"stationsll homogènes au nombre de 85 en Casamance et 116 à Diamaguène. Les
.·.stations sont implantées dès le semis par échantillonnage systématique, une
station de 25 m2
par demi hectare d'arachide. L'on obtient ain~i un é~hanti1lonreprésentatif que l'on sera en mesure de suivre régulièrement tous les 5
ou 7 jours.
3.2. Les variables:
Les mêmes variables n'ont pas toujours été étudiées dans les deux ré
gions. Ca11es uniquement observées en Casamance sont repérées par (<<), cel
les de Diamaguène par (xx). Lorsqu'elles sont étudiées dans les deux régions.
·il n'y a pas de symbole après le nom de la variable.
1. Rendement en gouSses d'arachide à l'unité de surface (quintaux/hectare).
2 •. Rendement en gou~ses par pied d'arachide (grammes/pied).
3. Nombre de gousses par pied.
4. Poids moyen d'une gousse (**) (grammes).
5. Poids de fanes à l'unité de surface (quintaux/hectare).
6. Poids de fanes par pied (grammes/:?ied).
Les poids de fanes sont frais·cn Casamance, et secs à l'air à Diamaguène.
7. Rendement en grains de la céréale associée (x) (quintaux/hectare).
8. Pourcentaee de panicules fertiles (*)
9. Nombre de panicules fertiles par poquet (x)
10. Poids de zrain par panicule (*) (grammes)
11. Densité du peuplement d'arachide (n.pieds/hectare).
12. Nombre de poquets de céréale à l'hectare (x).
4
5
Variables de dates :
IJ. Date de semis (en jours depuis le 1er juin).
~. Intervalle entre semis et 1er binage (jours) •
.15. Intervalle moyen entre binages (jours). .'
16. Nombre de binages effectués (attelés, manuels ou mixtes attelés-manuels).
17. Nombre d€ semaines à forte concurrence avec les adventices (~ ~).
Cette variable est appelée : enherbement.
18. Age de la défriche (en années).
Variables qualitatives
19. Statut de l'exploitant: a = chef d'exploitation, b = sourga (le sourga
est un actif familial dépendant) c = femme (~ ~).
20. Position topographique: a = plateau, b = pente, c = bas de pente (~).
21. TYpe de défrichement : manuel ou mécanique (~ ~).
22. Précédent cultural : a = jachère, b = sorgho ou c = forêt (~).
2). TYpe de préparation du sol: a = Kunso, b = billonnage, c = grattage (~).
24. Mode de traction: bovine, équine, asine (~ ~).
25. Matériel de préparation du sol : canadien ou charrue.
26. Epandage d'engrais (oui-non) (~ ~).
27. Resemis (oui-non).
28. Qualité des sarclages effectués (~~). Chaque sarclage est noté de 0 à 2.La somme de ces notes représente ce que nous avons appelé "qualité dessarclages" •
29. Mottaison du sol (~ ~).
)0. Stagnation de l'eau en surface (~ ~), noté de 0 à 4 suivant que 0, 1/4, 1/2,3/4 ou toute la surface de la station est inondée.
JI. Erosion (~ ~), noté de 0 à 2.
32. Hétérogénéité de la station (~ ~), noté de 0 à 2.
33. Vigueur de l'arachide au 1er août (~~), noté de 0 à 2.
F. Ombrage (oui-non) (~ ~).
35. Pureté variétale (elle est considérée comme étant mauvaise si l'on observeun grand nombre de pieds rampants), noté de 0 à 2.
)6. Manques, noté de 0 à 2.
37. ~ropreté du sol à la récolte, noté de 0 à 5.
j8. Présence de souches (~~), (oui-non).
39. Présence de brûlis (~~), (oui-non).
40. Présence de termitières (~~), (oui-non).
41. ~~adies des céréales (~), (oui-non).
42. Village enquêté: a = (~or, b = Inor Diola, c Inor Manding (~).
Toutes ces variables ne nous intéressent pas au même titre. Nous ana
lyserons surtout l'influence des variables techniques: préparation du soIt
date de semis, nombre de binages, intervalles entre opérations, densité du
peuplement, sur les différentes composantes du rendement.
6
II - Analyse des données :
L'analyse multivariate des données s'impose en raison du grand nombre de
sujets et de variables.
1. :·foyennes, variances, histogrammes :
Les moyennes et v~riances des variables quantitatives sont reportées
dans les tableaux 1 et 2. Les histogrammes ont été tracés sur les figures
1 3. 10.
7
Tableau 1 Casamance
Variable t{oyenne Ecart-type Ecart-typede la moyenne. . .. . .------------------------- ----------- -------------- ----------------
Rendement/ha'X
10,83 5,18 0,56
Rendement/pied~ 19,90 IOt 78 1, 17
Fanes/ha \~ 36,08 16,69 1,81
Fanes/pied~
62,10 27,58 2,99
Dates de semis 38,54 18,08 1,96
Nombre de binages 1,27 0,61 0,07
Intervalle Semis-binage 39,62 22,44 2,43
Int. entre binages 67,61 24,78 2,69
Densité 58295 18860 2046
Rendement céréale 1,23 1.75 0,19associée '\1(
Les deux dernières variables mises ~ part, tous les coefficients de
variation avoisinent les 50 %. Les distributions des variables ne s'éloignent
pas trop de la normale. Lorsqu'il n'y a qu'un seul binage, l'intervalle entre
binagesva du premier binage à la récolte.
Tableau 2 Diama~uène
8
Variable ~1oyenne Ecart-typeEcart--type
de la moyenne. . .. . .-----------------------~.- ----~------ -------------- ----------------
Rendemen t /ha 1Y 15,17 6,66 0,62
Rendement/pied~
26,54 Il ,80 1, 10
Nombre de gousses/pied 26.12 11,37 1,06
Poids d' 1 gousse 't 1,01 0,07 0,01
Fanes/ha V 25,27 11, 16 1,04
Fanes/pied~
44,39 20,33 1,89
Date de semis 37,51 5,84 0,54
Nombre de binages 2,94 C,77 : 0,07:
Int. Semis-binar,e 26,09 6,95 0,65 .
Int. entre binages 19,29 10,57 0,98
Densité 59337 J8229 1692
Enherbement 1,35 1 ,32 0,12
Les rendements sont plus élevés qu'en Casamance, ~4is les coefficients
de variation sont du mêm.e ordre. Par contre;, les èates de semis sont beau
coup plus groupées} Diamaguène et le nombre de binages plus important. Les
intervalles entre opérations sont réduits et moins variables en traction
attelée.
2. Analyses en Composantes Principales:
Une analyse en composantes principales (ACP), ,effectuée à partir de la
matrice de corrélation permet de visualiser graphiquem~nt les corrélations
entre variables.
Les 30 variables utilisées dans l'ACP ont été à Diamaguène : l, 2, 4,
5, 6, 1], 13, 14, 15, 16, 17, 19a, 19b, 21, 23, 24,26, 27, 28, 29, 30, 31,
33) 34,35,36,37,38.39,40.
Les 30 variables retenues en Casamance ont été; 1, 2, 5, 6, 7, 8, 9,
]0, II, 12, 13, 14, 15, 16, lû~ 20a, 20b, 22a, 22b, 23a, 23b, 23c, 25, 27,
35n 36, 37, 41, 42a, 42b.
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DATe:: DE: 50115
Fig. 2
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CASAMANCe:
Fig. II
J!. b lnnges
1 Propreté rreoite2 Pureté variétale3 lnt.entre bInages4 Préparation du solS N.pan.~:rtiles/poquet
6 Rendement céréale
anques
~aladles céréales+ llar:o
torgho
"""- -tRendement/ha"Fanes/ha
Fan~J8~~aseS/Pled
~esem
+lnor 0101
"b+nsitéMayor
+Pente
lateau
'-:harrue
Fï
"tate de semls
-fDonko~nJachère
.n~emis-blnage
3 4
1P. g raln/panlcule
5~ of %pan. fertiles
CRSRMANCE:
Fig. 12
-+Fanes/pied
~.gousses/pled~esem
ofFanes/ha
~.poquets céréales
+Ianques+Donkoton
~ente....ge défriche
~8~adles céréales
~endement
~uretê ariétale
ri
+lnor Diol
\\
-If:harrue"arro
~~opr t'récol e~.poquets
lateau
+Densité
1 P.grain/panlcule2% panicules fertiles3 N.pan.fert./poquet4 Rendement céréale5 lnt.semis-blnage6 lnt.entre binages7 Préparation du sol8 Date de semls9 Jachère
Fig. 13
t-{·Ir, t. s"m is-b 4,ag e
iE:nhcrbement
.-",~Resem i s~'~anques
.,1, j·"'otta+son
trosionChef
vS tagnation eall
~JéfriChe mécanique++Rendement/pied
Fanes/pied
1 + +"e·...mi tesBrQlis
J.Date
1
-Hnt.entre bd; semis
1
ages
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~mbrase
+uretl: vu'ié t e
t.$o:.,:* sout s
+Qualité binages
+N.binages
-COensi té
""" r~-',1
Fig. 14'flrépara::ion du sol
~raction hovine
+Engrais
binages
Fï~ -!fanes/ha
+R.::ndement/ha
trosion
mite~tagnation de l'eauPropreté récolte
~ottaison + .QualitéN.brnages
"'f1"'nF'ltf· ....che:r.... , 1..i-I":lJ.l.(...l1t: vIgueurmécanique
{oP.tgousse
~~nt.semis-bi age
flur<;,:é~ _ " ....'h ...
...inl-,çrbemeriL -
1ïesernis
t Fanes/pied2 Gousses/pied
+.lnt.entre hi .ages
J.
9
Près de la moi tié des variables sont sir,nificativ.ement corrélées aux
variables de renùen1ent dans les deux régions. En reportant les variables
dans les plans des facteurs (FI, F2) et (FI, F3), nous obtenons les figures
Il à 14. Les variablc8 5 la fois procheg l'une de l'autre et éloignées de
l'origine seront celles a forte correlation positive. Les variables éloignées
de l'ori~ine et sy.nétriques par rapport à celle-ci auront une forte corréla
tion négative. Les 3 premiers facteurs ne prennent cependant en compte que
38,7 % de l'inertie totale à Diamaguène et 44,8 % en Casaœance.
Quelques groupements intéressants apparaissent sur les graphiques
L~s variables lIe rendement, en coques et en fanes à l'hectare, se trou-
vent très 1Jroches, ainsi que les variables de rendement par pied, que ce soit
en Casamance ou à DiamaBuène. La variable date de semis se trouve diamétra
lement opposée aux variables de rendements à l'unité de surface. Nous retrou
vons lâ un résultat connu.
Pour Diamaguène, le eroupement : chef, mottaison, érosion, stap,nation
de l'eau, défriche1'1ent mécanique s'explique aisément. Les chefs d'exploitation
se SOl"': toujours attribués les parcelles défrichées mécaniquement. Ce type de
défriche a eu des répercussions sur la structure du sol. Le nombre de binages
se trouve diamétralement opposé au nombre de semaines de concurrence avec les
adventices. L'ombrage semble également avoir un effet néfaste sur les rende
ments par pied.
En CasaD~nce, toutes les composantes du rendement (sauf le nombre de
poquets à l'hectare) des céréales associées sont fortement corrélées. On
note par ailleurs un groupement entre : date de semis, précédent jachère,
intervalle semis-·bina~e, préparation du sol, intervalle entre binages. toutes
ces variables étant corrélées négativement au rendement. Ainsi jachère et pré
paration du sol sembleraient avoir u~ effet dépressif sur le rendement alors
que c'est le contraire qui est généralement admis. Un précédent jachère aura
pour conséquence un enherbement élevé ce,<tui rend la préparation du sol obli-. 0 " 1 k---Q..l\lo~ ,., 1ga t01re. rune preparat10n du 50 ..-rra 1 '''-'J est une operat1On tres on-
gue (320 h/ha d'après G. RENAUT. 1966) qui aura pour conséquence de retarder
les dates de semis des sous··parcelles billonnées. Ce ni est donc pas l'influence
de la jachère ou de la préparation du sol que l'on met en évidence mais uni
quement celui de la date de semig.
Le grand défaut de l'ACP est qu'il n'existe aUCtln test permettant de
conclure avec un risquG connu. A partir de quel moment deux variables sont
elles proches ou éloif':nées ? C'est pourquoi nous préférerons une analyse du
type Régression multiple ~ une ACP.
10
3. Régression multiple pas il pas ascendante (proeramme BTlID02R) :
Dans un objectif purement prévisionnel du rendement, la rér,ression mul
tiple pas à pas permet d'opérer un tri parmi les variables pour ne retenir que
les plus prêd i.ct.r i.ce s , Nous avons fixé le seuil du test F pour l'entrée des
variables à : a = 0,05.
3.1. Casamance: (Variables: 1, 7, Il, 13, 14, 15, 16, 18, 20a, 20b, 22a,
22b, 23a, 23b, 23c, 25, 27, 35, 36, 3 7 , 42a, 42b).
L'ordre d'entrée des variables et la part de la variabilité du rendement
(en coques d'arachide à l'hectare) prise en compte sont:
- Date de seTIl1S
- Densité du peuplement
- Intervalle Semis-binaee
- Labour a la charrue
- ?1anques
- Effet village ~~ayor
- Resemis
42 %
9 %
3 %
2 %
%
%
. . .- .ue La VQLLaULLL~C
2Les autres variables rentrées dans la régression augmentent le R de
moins de 1 %.
Les 19 variables entrées dans la régrtssion prennent en compte 65 %
de la variabili.té du rendement à l'hectare. L'erreur-standard de l'estima
tion vaut 3,48. Les variables ; précédent jachère et rende~ent de la céréa
le associ~e ne sont pas rentrées dans la régression.
- Date de semis
- Hanques
- Enherbemen t
- Statut de ~noeuvre
- Densité du peuplement
- Purete variétale
- Traction bovine
- Ombraf,c
- Préparation du sol
Engrais
22,5 7. de la variabilité (R2)
10,8 7-
4,2 %
3,~ %.
4,8 %
3,3 ~
2,0 %
1,5 Z
1, 1 %
i , o %
Les autres variables rentrées dans la rér,ression n'aup,mentent pas le
R2 de plus de O,U h.
Les 18 variables entrées dans la régression ont pris en compte 57 %
de la variabilité du rendement ~ l'hectare avec une erreur-standard de li es
timation de 4,76. Les variables non entrées dans la régression sont: chef
d'exploitation, pr~c~dent for~t, intervalle sernis-binaEe, intervalle entre
binages et brûlis.
L'influence de la date de sem1S est moins forte li. Lliamaguène qu'en
Casamance. Dans les Terres-Neuves, les semi.s sont réalisés en culture atte
lée, ils sont par conséquent moins étalés (écart-type de 18 en Casamance et
de 6 il. üiaT!laguène pour une même date de semis !'1oyenne au 8 juillet).
L'intervalle entre semis et bina8e n'est plus corrélé significativement
au rendement à date de semis constante (corrélation simple : - .214 ; corré-
lation partielle: - .062).
4. Régressions mul tiples glollales (proe;ramme REGHUL 1)
Avec ce type de réeression, l'on ne cherche plus à estimer une variable
coume le rendement mais à analyser le rôle propre de chaque variable exp li
cante sur les variables expliquées. Le progr-amme utilisé permet de tester
par la valeur du coefficient de corrélation partielle si l'influence d'une
variable sur le rendement est significative, les autres variables exp l i.c arrte s
étant maintenues constantes. Ainsi, si deux variables explicantes sont forte
ment cor r ê l é e s entre elles, l'effet de l'une sur le rendement. l'autre étant
fixée, ne sera vraisemblablement pas sir,nificatif. Si nous refaisons une ré
gression elobale en suppriment l'une des deux variables, l'effet pourra deve
nir significatif.
4.1. Casamance:
Avec les 30 variables explicantes observées en Casamance, les seules qui
contiennent une part d'information qU1 leur est propre sont:
Il
Date de semis: Coefficient de corrélation partielle
Recouvrement :
Propreté à la récolte
r == .- .590
r == .324
r == .277
12
Date de semis
Densité
Recouvrement
Coefficient ùe corrélation partielle r = - .548
r = - .419
r = .268
Recouvrement :
Nombr e de binages
Date de semis
Recouvrement
Densité
Date de sem.is
Effet village Hayor
% panicules fertiles de la céréale associée
Précédent jachère:
!1anques
Céréale assoc iêe Sanio
r = .570
r = .321
r = - .290
r = .611
r =0 "- .528
r = - .475
r = .344
r = .315
r = - .277
r = .271
r = .264
Ces 4 variables de rendement sont corrélées entre elles de manière si
gnificat ive (a < 0,(01), toutes les var i ahl as explicantes étant fix4es.
En ne conservant pour variahles expl Lcant e s que les variables techni
ques sur lesquelles l' llf"ricul teur peut ag i.r directement, c' e s t vâ dire :
date de semis, densité, nombre de bi~age~, préparation du sol, intervalle
entre semis-binaGe et intervalle entre hin8g~s, les seules à avoir une action
propre sur le rendement en coques Ji l'hectare sont;
coefficient de corrélation partielleDate de semis
Densité
Nombre de binages :
r = - .595
r = .383
r = .240
Les 3 autres variables ne sont pa s signif icatives car elles sont forte
mer.t corrélées 8 la date de semis. La première analvse de ces données a été
réalisée en 1971 sans moyens informatiques. flle avait conclu au vu des cor
rélations linéaires simples à un effet important de l'intervalle entre semis
et premier binage, sur le rendement. Le résultat n'a pas surpris, cet effet
étant bien connu par ailleurs. L'analyse multivariate n'arrive pas au même
résultat. Elle ne nous dit pas que l"effet en question n'existe pas, mais
qu'il est impossible de l~ mettre en évidence de cette manière.
13
En refaisant une régression multiple avec les mêMes variables, mais en
ne retenant que les stations ayant été binées au mo i n s deux fois, l'effet
de l'intervalle semis-binage est le seul à ~tre significatif (coefficient
de corrélation partielle: r = - .45~).
4.2. D'iamaguêne
Nous avons effectué trois régressions mul tiples pour expliquer les va-
riables de rendement. Au premier passage, nous avons retenu les 27 variables
observées à Diamaguène.
Au de uxi.ême passage (2 r , var i ab l e s) nous avons supprimé : 16a, 16b, ] f)c,
19b, 32, 33, 38. Ces variables n'étant pas corrélées au rendement ou bien
fortement corrélées à d'autres variables explicatives maintenues dar.s la ré
gression. Au troisième passage et pour les mêmes raisons, nous n'avons plus
retenu que 10 variables expLi.cant e s : Il, 13, 17,21,23,24,26,34, J5, 36.
2Les pourcentages de variabilité pd l' en compte (R ) sont
..,2L·o
1er passage27 variables
2ème passage20 variables
3ème passage10 variab les. . .. . .
-------------------~------ ----------------- ---------------- ----------------Rendement en coques/ha. .5H4 .566 .542
Rendement en coques/pied .537 .518 .496
Rendement en fanes/ha .601 .584 .506
Rendement en fanes/pied .648 .629 .560
Poids de 1 gousse .298 .238 .172
LesR2
sont relativement élevér (co~pte tenu de l'absence d'observations
sur les maladies et le parasitisme) sauf pour le poids de 1 gousse. Ce der
nier est en fait très peu variable (reoyenne : 1,011 g ; écart-type: 0,075 g).
Au troisième passage, les cor r ê La t i ons partielles des variables s i.gn i r
ficativ2s sont les suivantes
Date de serm s
Densité
Traction attelee bovine .
corrflation partielle r =- - .J34
r = .315
r = .266
Préparation du sol
Pureté variétale
~·fanques . :
Densité
Date de semis
Pureté variétale
Préparation du sol
Pureté variétale
Densité
OmbraRe
Date de semis
Enherbement :
Pureté variétale
Densité
Ombrage
Enherbement
Date de semis
- Poids de une pousse-------------~-----
Enherbement
Traction attelée bovine
r == .242
r =: - .227
r = .- .199
r = .416
r = - .333
r =: - .280
r = .235
r ... - .428
. r == .330
r = - .305
r=-.189
r=-.188
r =: - .487
r = - .386
r =: --'.308
r = - .257
r =: - .1 q7
r = - .262
r = - .228
14
~!is à part le poids de une rousse, toutes les variables de rendement
sont fortement corrélées entre elles (p < 1 0/00). Par exemple, la corrélation
entre rendements en fanes et en co~u~s, toutes les variables explicantes étant
fixées, est de .429 à l'hectare, et de • SOIf par pied; les corrélations liné
aires simples étant respectivement de .679 et de .734.
5. Interprétation ap'ronomir,ue
Les fortes densités donnent de~ rendements plus élevés à l'hectare et
plus faibles par pied à cause d'une concurrence intraspécifique aècrue j
15
le sujet a été suffisamment étudié pour qu'il soit inutile d'y revenir.. .
A densité constante, un meilleur recouvrement augmente les rendements de
l'arachide, le rendement photosynthétique étant lié à l'indice de surface
foliaire. L'arachide est très sensible à une diminution de l'éclairement
due à un ombrage important.
Indépendamment de la densité et du recouvrement, la présence de
manques est pr~judiciable aux rendements . .Les plages de sol nu favorisent
la dispersion des pucerons vecteurs de la rosette, maladie virale de
l'arachide (P. GILLlER, P. SILVESTRE, 1969). '
pureté variétale : La corrélation négative entre pureté variétale
et rendement démontre la supériorité des pieds rampants à uiamaguène;
ces derniers couvrent plus rapidement le sol, forment plus de fanes et
par conséquent concurrencent davantage les adventices. Ils permettent en
outre de rattraper un mauvais semis à densité trop faible ou à pertes à
la levée importantes.
Préparation du sol : ~ condition de ne pas retarder les dates de
semis, elle permet d'accroître les rendenents en coques. Elle permet
d'enfouir les adventices et d'ameublir le sol, ce qui facilite l'infil
tration de l'eau, la pénétration des gynophores et l'activité des bacté- .
ries symbiotiques fixant l'azote atmosphérique. Malheureusement, certaines
techniques comme le billonnage sont très longues, et ont pour conséquence
de retarder les semis. L'appel à la traction attelée permet de résoudre
en partie le problème. D'autres techniques comme le labour en fin de saison
ou la préparation du sol en sec sont appelées à se développer.
Traction bovine : Les colons Sérères, habitués à la traction
équine ont eu quelques difficultés à conduire les attelages de boeufs,
cette technique étant nouvelle pour eux. Cet effet dépressif de la trac
tion bovine sur les rendements devrait rapidement disparaître.
Date de semis: L'influence de la date de semis est prépondérante.
outre son effet propre, elle est liée à d'autres variables comme le
nombre de binages, les intervalles entre les opérations et la .Qrépara
tion du sol (en Casamance) •. L'effet de la date de semis est signalé par
de très nombreux auteurs pour des variétés et des climats très différents.
I6
L'explication c0tlramment admise ef3t l'arrêt de la floraison utile de
l'arachide, 20 jours avant la fin des pluies (P. GILLIER, ? SILVESTRE,
1969). Si cette explication était la seule, il serait facile de remédier
au probièm~ en utilisant des variétés précoces pour les dates de semis
tardives. Or, l'effet de la date de semis est maintenu pour ces variétés
(3. VIE.IRA da SILVA, communication personnelle). De plus,l'effet ne àevrait
pas jouer pour les semis précoces. P. MILLEVILLE (I9~) signale qu'en
Casamance, l'effet de la date de semis n'est significatif que pour les
semis tardifs. A Diamaguène, cependant où les semis sont effectués rapi
dement en culture attelée, l'effet de la date de.~emb_rcs.te. ;préponciérant.
P. FRANQUIN (1973) signale deux dates imJ?ortantes pour toute culture
tropicale :
- celle déjà signalée, qui marque la fin de la .t:>ériode humide et qui
arrête la floraison utile de plantes comme le cotonnier et l'arachide,
, - l'autre date est le début de la .t:>ériode humide ~ • Entre ces deux
dates, les besoins en eau des cultures sont, en J?rincipe, entièrement
satisfaits. Le rendement photosynthétique et l'efficience de l'eau seront
d'autant plus él~vés que l'indice de surface foliaire sera plus fort. Les
stations où le recouvrement maximum n'est atteint qu'après cette date
(à cause d'un semis·tardif) auront par conséquent des rendements plus
faibles.
On peut encore envisager d'autres solutions, comme un lessivage de
l'azote ou un effet dépressif d'un excès d'eau en début de cycle.
~nherbement Un fort enherbement a pour conséquence un rendement en
fanes plus faible par le biais de la compétition intorspécifique pour la
lumière, l'eau et les éléments nutritifs. L'indice d'enherbement quo nous
avons utilisé (nombre de semaines de fort enherbement pendant la période
de floraison) a été obtenu par des observations répétées toutes les semaines
sur toutes les stations. Cela représente un travail considérable que nous
voudrions remplacer par l'utilisation de variables plus faciles à obtenir
par voie d'enquête.
Une régression multiple avec l'enherbement comme variable expliquée
et les variables II, Ij à 16, 2j, 26, 28, 29 comme explicantes, donne les
coefficients de corrélation partiels suivants (significatifs à fi = 0,05) :
~ intersection des courbes de précipitations et d'ETP
Intervalle semis-sarclage
Prêparation du sol :
Qualité du sarclage
Date de seras
Hottaison
Nombre de binages
Intervalle entre sarclages
Enerais
Densité
corrélation partielle r = .467
r = - .389
r = - .329
r = .320
r = .302
r = .293
r = .280
r = ... .222
r = • 189
17
Ces 9 variables prennent en compte 60 % de la variabilité de l'enher
bernent. Les semis et sarclages tardifs favorisent l'enherberoent, la mottai
son et une densité élevée ont le même effet. L'utilisation d'engrais, la pré
paration du sol et une bonne qua li té du sarclage rédJisent l' enherbement.
La corrélation positive entre enherbement et nombre de binages semble
indiquer que le nombre de sarclages est une conséquence de l'enherbement et
non l'inverse. En effet, le nombre de bina?es n'est pas 'décidé à l'avance,
mais il est toujours le plus faible possible. Ce n'est que si l'enherbeoent
devient important que l' agricu1 teur déci de de faire un passage supplémentaire.
Au vu des corrélations obtenues par l'analyse des données, l'enquêteur
ne peut qu'émettre des hypothèses en guise d'interprétation agronomique. En
effet, corrélation ne signifie pas causalité. C'est d l'expérimentateur qu'il
incombe de vérifier ou d'infirmer les hypothèses érnises. Hais quelle, que soit
la nature des liaisons entre variables, ces liaisons existent, et le Inodélisa··
teur peut étudier l'évolution de tout le système, en faisant varier une ou
plusieurs variables, par simulation.
18
III - }fodélisation
1. Objet de la modélisation :
Bien que les techniques traditionnelles permettent d'obtenir des rende
ments ponctuels élevés (20 à 30 qxjha), la dispersion de ces derniers est énor
me et de ce fait, les rendements à l'échelle de la parcelle sont souvent mé
diocres. Il est clair que l'agriculteur cherche à maximiser sa production en
maximisant la surface cultivée et non le rendement ~ l'unité de surface. Les
semis sont très échelonnés, souvent trœp tardifs et les surfaces trop impor
tantes pour être entretenues correctement.
En présence d'un tel système cultural extensif. l'agronome européen pro
pose des thèmes techniques d'intensification. L'introduction de la culture at
telée par exemple devait permettre d'effectuer les semis plus rapidement et
d'améliorer l'entretien des cultures, donc d'augmenter les rendements. L'agri
cultenr réinterprète ces thè~es a sa manière: semer plus vite lui permettre
de semer davantage.
Une telle obstination ne procède sûrement pas d'une· attitude irrationnel
le. La modélisation de la production d'arachide en fonction de la stratégie de
l'exploitant agricole sénégalais devrait nous permettre de choisir entre un
système cultural intensif et un système extensif.
2. Présentation du modèle
La production totale cl' arachide cl' un agricul teur représente la sor:une des
~roductions ponctuelles. Grâce ?'i l'analyse des données, nous pouvons estimer
le rèndement d'une station homogène en fonction de diverses variables techni
ques : date de semis, nombre de binaGes. etc ••••
Il suffira de diviser la surface cultivée en un grand nombre de surfaces
élémentaires ayant subi un ~êrne traitement, p~is de simuler le calendrier
cultural.
Nous saurons ainsi pour chaque surface élémentaire si elle a été préparée
ou non, le jour du semis, le nombre de façons d'entretiens, l'intervalle entre
façons .•. Les coeffi.cients de la ré~ression multiple nous permettront d'obte
nir la production de chaque surface élémentaire.
2.1. r~odélisation du calendrier de tra,rail
L'enchaînement des opérations sur une surface élémentaire est toujours
19
préparation du sol, semis, puis un certain nomhre de binages. En début de sai
son des pluies et de préférence après un précédent céréale, l'agriculteur peut
semer sans préparation, ciest ce qu'on appelle le Kunso. Les petites pluies
inférieures à 40 mm permettent de préparer le sol a l'avance. Lorsque les
pluies sont installées, les surfaces pr êpar ê e s sont en général ensemencées le
jour même. Une interruption prolongée des pluies va entraîner un arrêt
momentané des semis et un début des bina~es.En aucun cas, la paysan ne peut
mener de front les opérations de seTis et de binage. Les principaux p,eû10ts
d'étranglement étant le semis et surtout les binages, nous ne nous intéresse
rons pas aux travaux de récolte. Les travaux a~rico1es commencent aux prenières
pluies, donc jamais avant le 1er juin, et les hinafes sont arrêtés au plus tard
fin septembre, afin de ne pas sectionner les gynophores. Il nous faut donc é
tablir le calendrier de travail sur l'arachide pour ces 122 jours suivant le
rythme et l'importance des pluies.
Nous aurons pour chaque jour quatre possihi1ités
o jour chômé
1 préparation du sol ou bina~e seulement
2 toutes opérations de culture
3 sem1S sans préparation (~unso).
Les jours chômés pourront être les jours de marché et de prière ainsi
que les lendemains de pluies importantes. Les jours consacrés aux autres cul,·
tures seront également considérés comme chômés.
Les jours de préparation suctèdent aux petites pluies de début de saison
comprises entre 1(1 et 40 MIn qui sont insuff isantes pour débuter les semis. On
compte un jour de préparation par 1C DUn de pluie. Les jours pe \bi,pa~.,s, spcc~- \..'~!l....~.~l( ~ oc-\ll 0\.""::0 Ja\...W,~
dent à une interruption des pluies supérieure 8 7 jour~. ~n binar,e 'a lieu que
si toute la surface est preparée, et bien sûr, uniquement sur la partie ense
mencée. Les jours de semis sans préparation correspondent aux premières
pluies supérieures à 40 mm.
I.or~que la saison des pluies est installée, toutes les opérations de cul
ture sont possibles. Le développement des adventices rend cependant la prépa
ration du sol obligatoire. Les semis ont lieu si une surface préparée est dis
ponible. Sinon la surface préparée est ensemencée le même jour. Lorsque les
semis sont achevés, l'agriculteur débute (ou reprend s'il y a eu interruption
prolongée des pluies) les binages.
20
2.2. Hodélisation du calendrier de culture :
. l'a connaissance des temps de travaux pour chaque opération va nous per
mettre de calculer (en fmnction du nombre d 'heures de travail journalier con
senti) le nombre de surfaces élémentaires préparées, semées ou binées. Nous
garderons en mémoire pour chaquE surface élémentaire le type d'opération,
leur nombre et leur date; toute'> ces variables vont nous permettre d'estimer
la production de chaque surface némentaire grâce aux coefficients obtenus
par la régression multiple.
2.3. Paramètres du modèle:
- surface totale en arachide
- Pluviométrie journalière ou calendrier de travail
- Temps de travaux par type d'opération (en h~ures/hectare)
- Nombre d'heures de travail journalier
- Date limite de semis
- Intervalles limites entre opérations
Le paramètre essentiel est la surface totale en arachide que le paysan
décide de semer. Il n'arrêtera définitivement ses semis pour passer aux sar
claBes que lorsqu'il aura atteint son objectif. Les jours de travail possibles
sont Li ê s à la pl.uvfonê t r i.e et aux calendrier s des autres cultures. Cependant,
l'arachide étant la principale culture.de rente, elle est toujours privilégiée
par l'agriculteur.
Les temps de travaux exprimés en heures~homme par hectare peuvent être
soit constantes, soit en fonction du temps. On peut ainsi les lier ~ la crois
sance des adventices par exemple.
La date limite de semis correspondra au maa imum de ce qu'on peut obser
ver dans la région d'étude. Les intervalles limites entre opérations sont fonc
tion de la pluviométrie de l'année. Une armée t r ë s humide, le développement
des adventices est tellement rapide qu'un deuxième binage doit débuter avant
que toute la surf ace semée ait pu êt.re binée une première fois .•
Il faut veiller à ce que les paramètres ne sorcent pas des intervalles des
valéurs ayant servi dans la r{>gression multiple. Ainsi en Casamance, le nom
bre de binages devra être limite à 3 et ~ Diamaf,uène à 5. A Diamaguène, passé
une certaine date de semis, les rendements deviennent négatifs. Nous avons
considfré en outre qu'une surface élémentaire non binée, au moins une fois,
avait une production nul l e , ce qui co r r esporid q peu pr ê s il la réalité.
21
3. Valeurs des coefficients et des paramètres retenus pour·la simulation
3.1. Coefficients de la régression
Le rendement est exprimé en quintaux par hectare.
Préparation du sol ~ 1 ; non préparation; o.
La date de semis est comptée en nombre de jours à partir du 1er juin.
Les intervalles entre opérations sont en jours et la densité du peuplement en
milliers de pieds par hectare.
- En Casa~ance, le rendement d'une surface élémentaire est estimée ~ par
tir de la formule :
Rendement; 2,12 x Préparation du sel .. 0,18 x Date de sem1S
+ 4,60 x Hombre de binages - 0,007 x Intervalle Semis-sarclage
+ 0,064 x Intervalle entre sarclage + 0,081 x Densité (milliers
de pieds/ha) + 1,67.
Nous avons fixé la densité ~ la valeur moyenne observée dans la région~
soit 58300 pieds/ha.
- A Diamaguène, la relation tilisée est :
Rendement = 4,31 x Préparation du sol - O~48 x Date de sem1S
- 0,35 x ~ombre de bina~es - 0,069 x Intervalle Semis-sarclap,e
- 0,077 x Intervalle entre sarclage + 0,11 x Densité (en milliers
de pieds/ha) + 26,74.
La densité a 2té fixée à la valeur moyenne, c'est à dire
l-ta.
3.2. Valeurs des paramètres du modèle ~
59300 piedsl
- Nous avons fait varier la surface d'arachide cultivée entre 0,25 hec
tares et 5 hectares en culture manuelle et entre 0,5 ha et 15 ha en culture
attelée.
- Nous n'avons pas fixé de date limite de semis ni d'intervalles limites
entre opération~ afin de voir Ce qui se passe pour les grandes surfaces. Les
valeurs obtenues pour ces dernières ne sont qu'indicatives car l'emploi des
valeurs de la régresfiion au-de.li-i de leur domaine de définition est sujet =t
caution.
- Temps de travaux
Les temps de travaux fournis par la biU.iogral'hie (1) sont énormément
variables. Il n'est pas toujours possible de distinguer entre "jouru·ées de
travail", "heures de prégence sur le champ'l, "heures de travail effectif".
Les néthodes de mesure sont diverses et les biais introduits très nombreux.
Quoi quI il en soit, nous avons retenu 4 séries de temps de travaux :
22
Préparationdu sol
SemisPremierbinage
Autresbinages· . . .· . . .-------------- ----_..._-----~-- _.._----------- ------------- -------------
Culture manuelle lente
320 ~30 100 hO
· . . "',' . .--------------". ------------- ------------- ------------- -------------C. manuellerapide
100 80 100 60
· . . ..· .. . .-------------- ------------- ------------- ------------- -~-----------
C. atteléelente
50 80 50
· . .. .... . . .-------------- ------------- _..._---------.- -----------,-- ~-------------
C. atteléerapide
30 15 50 35
- Cul ture manuelle
La différence entre les deux types de culture manuelle est due au mode
de préparation du sol ; billonnage dans le premier cas (320 heures/ha d' a
près RENAUT (1966) et travail à plat du genre 'IBarro" dans le sp.cond cas. En
culture manuelle, la. durée de travail retenue est de 8 heures par jour, en
moyenne 5 jours par semaine.
(1) R. TOURTE et al. (1959), P. GILLIER et P. SILVESTRE (l9li9)tSEDES (1962).J. :'JONNIER (1965), G. RENAUD (19f6). BDPA (1965), P. HILLEVILLE (1975),
23
- Culture attelée lente:
Les temps retenus SOP.t ceux obtenus par 'lILLEVILLE (non publiés) dans
la répion des Terres-Neuves pour des colons venus récemment à la culture
attelée et ne maîtrisant pas encore parfaitement cette technique. L'essentiel
des binages s'effectue il la main, ce qui explique les valeurs proches de celles
en culture manuelle stricte.
- Culture attelée rapide
Les temps indiqués sont extraits de ~O~~1IER (1965) et obtenus au Centre
de llecherche de l'ambey, avec de bons attelages, un matériel de qualité, des
outils ju~elés et des conducteurs qualifiés. Ces temps représentent en quel
que sorte un optimum avec le matériel actuellement disponible.
Dans les conditions climatiques difficiles du Sénégal, 6 heures de tra
vail par jour représentent un maximum pour un attelage, surtout aux périodes
de gras travau~~ de préparation du sol où l'alimentation est insuffisante
(J. iIDNNIER, 1965). Deux personnes étant souvent nécessaires pour conduire
un attelage, le nonhre d'heures-homme par jour a été fixé à 12.
Les temps de travaux sont choisis constants dans le temps, alors qu'en
réalité, ils sont fonction de l'importance des adventiucs. La croissance ùes
adventices étant - en prerüère approximation - linéaire dans le temps, il est
aisé cl' affiner notre modèle en f8.:!."lant varier de même les temps de travaux de
préparation et de binages. Il n'existe malheureusement aucune mesure de temps
de travaux en fonction de l'importance des adventices dans la bibliographie.
Le programne de simulation est cependant prévu pour les accueillir
4. Résultats :
4.1. Calendrier de culture en fonction de la surface cultivée:
Outre leur valeur illustrative (cf. figures 15 à 17), l'observation des
calendriers de culture permet de déterminer la surface maximale semable avant
une certaine date ou la surface maxirMle se~ée et binée une ou deux foin.
24
En prenant le 24 août comme date limite de semis
Surface maxiwalesemée
Surface binée1 fois
·S. binée2 fois
S. binée3 fois
: ha: ha: ha: ha:--------------- ------------------ -------~---------- --------------- ---------------Casamance
T'1anue1 lent
71anuel rapide
Attelé lent
Attelé rapide
Terres-Neuves
:1anuel rapide
Attelé lent
Attelé rapide
1 ,31
8,47
14,29
1,58
12,41
l ,31
1.95
2,64
4,63
1,58
2,85
5,29
..
1,31
0,70
0,26
La surface maxi~ale récoltable, c'est à dire au moins binée une fois est
limitée par la surface maximum semable, en culture manuelle.
En cùlture attelée, le goûlot d'étranglement du semis a été supprimé
et c'est le deuxième goûlot. celui du binage, qui apparaît.
4.2. Evolution des productions ct des rendements moyens en fonction de la
surface cultivée:
Les résultats obtenus sont reportés sur les figures 18 à 21. Hous avons
ramené les productions obtenues- en c'llture attelée en production par travail
leur de manière à pouvoir comparer aux résultats en culture manuelle. Les
surfaces cultivées en culture attelée s'entendent pour 2 travailleurs dis
posant d'un attelage de boeufs.
L'influence de la vitesse de travail apparait très nettement. L'intro
duction de la culture attelée permet de lever le goûlot d'étranBlement que
représentent les semis. Terminer les semis plus tôt permet de commencer les
binages plus tôt et par conséquent un meilleur entretien des cultures. Cette
attitude. préconisée dans presque tO'ltes les études sur l'arachide, n'est ra
tionnelle que si l'augmentation de production obtenue par un meilleur entre
tien des cultures est supérieure à celle obtenue par un accroissement des sur
faces cultivées.
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SURFACE
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Fig. 18PRODUCTION
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DIAMAGUENE 1975PRœUCTIVITE DU TRRYRIL
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1121 .IE
25
Or, ce n'est absolument pas le cas n1 en culture ~anuelle, ni en cultu
re attelée.
A Diamaguène, par exemple, les productions maximales sont obtenues pour
des surfaces cultivées de 5 et 3 ha et des rendements moyens de 16 quintaux/
ha, respectivement en culture attelée rapide et lente. Les meilleurs rende
ments sont de l'ordre de 22 quintaux/ha pour les plus petites surfaces.
Les r.ésultats sont analogues en Casamance avec des surfaces optimales
de 7,5 ha et 3-4 ha en culture attelée, et des surfaces de 1,5 ha et 1 ha
en culture manuelle respectivement rapide et lente.
Suivant la surface semée, la contribution des différentes surfaces élé
mentaires à la production totale n'est pas la même. Si nous reportons en
abscisses le pourcentage cumulé de la surface totale en fonction des dates
de semis, et en ordonnées le pourcentage cumulé de la production fournie,
nous obtenons les graphes des figures 22 et 23.
Plus on augmente la surface cultivée, plus importante devient la part re'
lative des premières surfaces semées. Au delà de l'optimum, les dernières
surfaces semées ne pourront être binées et leur rendement sera nul. Nous tou
chons là au 2ème f;oûlot d'étranr,lement : la surface maximum binable. C'est
elle qui fixe l'optimum de surface en culture attelée, alors que c'est la sur
face maximale semable (avant la date limite) qui fixe l'optimum en culture
manuelle ainsi que nous l'avons déjà signalé lors de l'étude des calendriers
de culture.
Comparons maintenant les surfaces optimales obtenues par simùlation aux
surfaces réellement cultivées sur le terrain.
En Casamance, les surfaces cultivée~ par actif masculin sont de l'ordre
de 0,70 ha (P. ~1ILLEVILLEJ 1974) pour l'arachide alors que l'optimum serait
de 1 ha. Dans cette région, l'importance du riz pluvial, dont le calendrier
cultural est analogue 3 celui de l'arach~de, réduit beaucoup le temps dispo
nible pour cette dernière.
A Diamaguène, la surface d'arachide, effectivement cultivée en culture
attelée lente, est de 5,19 ha par exploitation mais avec une moyenne de 4
actifs par exploitation. En ramenant ce chiffre à 2 actifs, nous sommes prati
quement à l'optimum.
Dans l'étude réalisée au centre de Bambey, sous des conditions différentes,
nûNNIER détermine une surface optimale en arachide de 3 à 4 ha en culture atte
lée rapide en observant les recommandations des offices de recherche en matière
26
de dates de semis et d'entretien.
Or à Diamaguène et en Casamance l'observation des directives des
centres de recherches, en matière de dates de travaux (mais sans tenir
compte d'autres techniques telle que la fertilisation) ferait perdre à
un agriculteur entre JO et 50 %de sa j;lroduction.
Dans un contexte où la terre n'est pas un facteur limitant. il est
irrationnel de raisonner en termes d'intensification du système de cul
ture. L'extensification du système n'est pas seulement due à l'optimisa
tion de la production. Nous avons 'parlé de "stratégie" dans le choix de
la surface cultivée, or la notion de risque est indissociable de la notion
de stratégie. En l'absence presque totale de fumure minérale et organique,
de traitements phytosanitaires, de moyens de lutte contre les dégâts des
animaux sauvages et domestiques, espérer un rendement élevé sur une sur
f~ce restreinte présente un risque important. Mais cela n'est rien, com
'paré au risque climatique •...la
Au .3énégal, une année normale est rare, pluviométrie est j;llus souvent
insuffisante ou excessive • .Ji les pluies sont irriportantes,·le développement
rapide des adventices obligera l'agriculteur à abandonner urie partie de ses
semis et d'augmenter le nombre de sarclages, il fl€ut alors espérer un ren
deme~t élevé. Mais si les pluies se font rares, le développement des adven
tîces sera ralenti, il n'aura aucun mal à biner uné surface importante. Un
rendement forcément faible mais réj;larti sur une grande surface lui assUrera
. une production honorable.
4.J . .Productivité du travail
S'il est une notion à laquelle l'agriculteur africain est particuliè
rement attaché, c'est bien la productivité du travail •.;jous un climat où
tout effort est pénible, tout accroissement du temps de travail doit con
dui~ à un accroissement équivalent de la production ou plus exactement du
revenu. C'est une des raisons essentielles, signalées par P. l'1ILLEVILLE
(communication personnelle) de la résistance des agriculteurs· ~i l'intro
duction d'une culture commG le coton, qui pour un revenu à l'hectare du
même ordre que l'arachide requiert un nombre d'heures de travail beaucoup
plus élevé.
~ur les figures 24 et 25, nous avons reporté les productivités du
travail en fonction de la surface cultivée. Dans les heures de travail,
nous n'avons compté que les heures passées à préparer le sol, semer et
biner. La prise en compte dé postes im.l?ortants, comme la préparation des
semences et la récolte,
27
proportionnels à la surface semée, ferait rapide~ent baisser la productivité
des surfaces élevées.
Eh Casamance, la productivité arrive à un plateau dès 2 à 3 ha en cultu
re attelée. Compte tenu de la remar~ue précédente, l'optimum pour la produc
tivité du travail se situerait autour de :.' ha. En culture t!lanuelle par contre,
au-delà de 0,75 ha, la productivité baisse très rapidement en Casamance, et à.
Diam"lp.uène, le phénomène est erlcore plus accentué.
Rn culture attelée à DiamaGuène, la productivité passe par un plateau,
tant que l'augmentation de la surface cultivée entraîne une augmentation du
travail. Lorsqu'on arrive au temps de travail maximum consenti, la producti
vité )asse par un pic correspondant d'ailleurs à l'optimum de production. Au
delà, la productivité suit la courbe de la production et di~inue rapidement.
Compte tenu des autres postes, représentant à peu près 40 fi 50 % des
heures de travail consacrées à l'arachide, la productivité maximum serait de
50 kg en Casamance et de 40 ke :1 Diamaguène par journée de travail de 8
heures.
4.4. Importance d'une préparation du sol préalable:
Dans la première décade de juin, le village de Diamaguène a bénéficié
de 2 pluies importantes totalisant plus de 40 mm. Ces pluies ont permis non
seulement àe semer les céréales ôais égaleMent de débuter les opérations de
préparation du sol pour l'arachide, ce qui a permis de réaliser ultérieure
ment une p,rande partie des semis ùans les meilleurs délais. Les 2 courbes,
avec et sans préparation préalable, sont report~es sur la figure 26.
A l'optimum de surface, 4 jours de préparation préalable seulement,
conduisant à une augmentation de la production de 10 qûintaux, soit plus de
25 %.
En l'absence de pluies précoces et isolées, l'intérêt d'une technique
de préparation du sol en sec apparaît à l'évidence.
4.5. Influence de la date de début de~ semis
L ' i.1fluence de la date de semis ~ur les rendements et par suite sur
les productions est, comme nous l' avons vu, primordiale. Le <lébut des semis
étant fonction du dfbut des pluies, tout retard de ces derniêres ~a se ré
percuter sur la ;production.
Nous avons déjà signalé que les coefficients de la régression multiple
n'étaient valables que pour l'année climatique considérée. Il est possible,
voire certain qu'avec une répartition différente des pluies, l'on obtien
drait de~ coefficients diff~rents.
Les valeurs de production réparties sur les courbes de la figure
ne soient donc représentatives que d'un retard du déhut des travaux et non
d'un retard des pluies.
Pour l'année de référence, les semis on.t débuté le 1er juillet. Si ces
derniers avaient pu débuter une semaine plus tôt, la production aurait été
accrue de 5 quintaux et la surface optimale aurait été 4 ha au lieu de 3 ha.
Pa.r contre une semaine de retard voit la production chuter de .12 quintaux
soit 25 %. Avec trois semainer. de retard, la surface optimale est de 2 ha,
avec une production. de 16 quintaux, c'est q dire le tiers de la production de
l'année de référence.
L'i.nfluence déterminante du cl i-,nat incite à effectuer une analyse fré
quentielle de ce dernier et de l'incorporer a notre modèle. Nous serions
ainsi en mesure non ceulement d'évaluer des surfaces optimales et d'esti
mer les productions futures mais surtout de ?rendte en compte les risques
encourrus par une stratégie donnée. Cette recherche sort cependant du cadre
de notre travail et pourrait faire l'objet d'une thèse.
5. Discussion:
Le prograwme mis au point génère le calendrier de travail et par suite
le calendrier de culture en fonction de la pluviométrie et des temps de tra
vaux. Il donne la contribution de chaque surface élémentaire à la production
totale puis il calcule le rendement Moyen à l'unité de surface et le rendement
moyen de l'heure de travail. Le modèle permet de déterminer la surface opti
male d'arachine cultivable en fonction des divers paramètres par simulation.
Il permet é8alement d'étudier le rôle de chaque paramètre sur la production.
Le modèle est appliqué à la culture de l'arachide au Sénégal, mais il
peut indifféremment être appliqué à d'autres cultures, dans d'autres pays,
pratiquant une agriculture traditionnelle extensive où le temps est le prin
cipal facteur limitant.
Le problème réside dans l'utilisation des coefficients de la régression
multiple. Il faut d'abord les obtenir, ce qui représente un travail d'enquê
te pr§alable.
28
DIAMAGUENE 1975
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DIAMRGUENECULTURE ATTELEE
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Fig. 27
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1121
Sci!l
::u21
fIIœIJCT lDM1lU1NTfU(
5:12
Ensuite, ils ne seront valables que pour une culture, voire une variété.
dans une région limitée, un système de culture particulier et une année cli
matique précise. En outre, notre modèle déterministe ne prend en compte que
60 % de la variabilité du rendement. Des variables importantes connne les mala
dies et les parasites n'ont pas été introduites dans les régressions. Nous
n'avons effectué que des régressions linéaires, or toutes les variables n'ont
pas un effet linéaire sur les rendements.
Sur un plan ap:ronomique, il est délicat d'extraire une culture d'un sys
tème plus complexe. Cela reste acceptable pour l'arachide, étant donné l'im
portance de. cette culture pour l' rtr,ricul teur, mais il est impossible d 'util i
ser le modèle pour la culture du mil sans tenir compte du calendrier cultural
de l'arachide.
Cependant, bien qu'imparfait, le modèle présente l'avantaee d'être sin
pIe et facilement améliorable. La connaissance des coefficients de la régres
sion pour trois années climatiques ~ année sèche, moyenne et humide devrait
nous permettre non seulement de déterminer les surfaces optimales dans chaque
cas, et d'estimer la production d'une région deux rr.ois avant la récolte, mais
encore d'établir un modèle probabiliste à partir d'une analyse fréquentielle
du climat.
29
Conclusion :
Sur un plan méthodologique, l'expérimentation est la plus apte à démon
trer l'effet d'une variable sur le rendement.
L'enquête agricole permet par contre d'avoir une vision globale du sys
tème de culture et de production, donc de saisir les interactions entre va
riables et de ~omprendre les choix techniques des agriculteurs.
Liélaboration d'un modèle permet de juger du bien-fondé de ces choix
par la simulation de situations extrêmes non observables sur le terrain.
Ces trois démarches ne sont pas opposées mais complémentaires. La complé
mentarité est même indispensable. S'arrêter au stade de l'expérimentation con
duit à des conclusions erronnées à cause de la non prise en compte du système
dans son ensemble. Ains~, comme nous l'avons èémontré, l'optimisation de la
production ne passe pas nécessairement par l'optimisation du rendement à
l'hect~re. Celà n'est vrai que si la surface cultivable disponible n'est pas
contraignante. Il en est encore ainsi dans les Terres-Neuves, mais déjà moins
en Casamance et il est certain qu'on ne peut envisager d'accroître beaucoup
les surfaces cultivées dans l'avenir. En effet. une grande partie des terres
non défrichées présente une aptitude culturale médiocre et les zones cultivées
depuis l6ngtemps sont souvent très dégradées (P. ~HLLEVILLE, 1974).
Dans l'avenir, seule l'amélioration des rendements pourra augmenter sen
siblement la production. La priorité devra obligatoirement aller au maintien
voire à l'amélioration de la fertilité du sol.
La précocité des dates de sem~s et le bon entretien des cultures ne sont
assurés que par l'augmentation de la productivité du travail. Par exemple, par
l'amélioration du matériel de traction attelé et une meilleure alimentation des
bêtes de trait permettant la préparation du sol en sec.
~ais si à long ou à moyen terme, l'intensification du système s'impose,
force nous est de constater que jusau'à présent, et dans des situations très
différentes, l'agriculteur sénégalais a renarquablement optimisé son système de
culture.
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