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Martin Prud'homme
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19-P
Entrevue avec
Sujet:
Projet:
Question
Martin Prud'homme
(télé)
9110407
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Donc, on est au quartier général de la
Sûreté du Québec en compagnie du
directeur général de la SQ, monsieur
Martin Prud'bOIQllle. Bonjour, monsieur
Prud'homme.
Martin Prud'homme
Bonjour, monsieur.
Question
Donc, ramenez-nous dans la contexte où
vous avez su que la Sûreté du Québec
avait mis sous surveillance au moins 6
journalistes?
Martin Prud'homme
Ben, je vaux juste déjà débuter an
disant sous surveillance. On revient an
2013, lorsque j'étais sous-ministre à
la Sécurité publique, j'ai été avisé
par l'ancien directeur de la Sûreté du
Québec, Mario Laprise, qui avait pris
la décision d'ouvrir une enquêta sur le
dossier des fuites au niveau das
conversations d'écoute électronique.
J'en entends parler an 2013, au mois da
septembre. Et la deuxième fois que j'en
entends parler, c'est ici, cette
semaJ.ne, mardi le premier novembre,
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lorsque je demande à me• gens de f aira
des recherches à savoir si y a d'autres
dossiers semblables au dossier que vous
avez entendu parler au SPVM.
Question
Dans le cas de Patrick Lagacé?
Martin Prud'homme
Exactement.
Question
Et vous avez au, donc, mardi soir, qua
y avait au des, ce même genre de
vérifications-là auprès de la Sûreté du
Québec?
Martin Prud'homme
Ban, exactament, le mardi après-midi,
chose que, ce que j'étais certain,
c'est que de mon dernier 24 mois de mon
existence comme directeur à la Sûreté ,
je savais qu'y en avait pas. J'ai
demandé de faire des recherchas et de
reculer de 20 ans , Vous comprendrez,
là, qu'y a eu 7 directeurs généraux,
là, depuis 20 ans .. Donc, les
administrations ont changé, donc ça, y
a quand même encore 8000 employés à la
Sûr eté du Québec, là. Alors, c ' est un
exercice, là, qui était pas simple à
faire . Et on a retrouvé, mardi, un
dossier concernant justement la dossier
que vous connaissez, le dossier
« Diligence » dans lequel y avait eu
das journalistes qui ont été visés par
4
des autorisations judiciaires
concernant leur registra de téléphone
cellulaire.
Question
Si on se ramène clans le contexte da
l'époque, vous étiez sous-ministre à la
Sécurité publique et monsieur Mario
Laprisa était directeur général à la
Sûreté du Québec, étiez-vous au courant
da ses intentions claires durant cette
enquête-là de cibler éventuellement des
gens des médias?
Martin Prud'homme
Ah non, mais je vais vous remettre dans
le contexte, c'est impossible, là. La
façon que ça a fonctionné, moi, j'étais
au courant de la lettre de monsieur
Arsenault qui est entrée au cabinet du
ministre Bergeron, parce que j'ai
traité cette lettre-là, c'est quelque
chose qui était assez normal, de
traiter ce genre de lettre-là, donc
accuser réception par la machine
administrative qui est le bureau du
sous-ministre. Nous avons pas répondu à
cette, à cette lettre-là, parce que le
directeur nous a répondu qu'il ouvrait
une enquêta, donc qu'il faisait enquête
clans ce dossier-là. Alors, pour nous,
le dossier était clos. Il faut
comprendra, j'ai occupé les 2
fonctions, là. Lorsque t'es sous
ministra à la Sécurité publique, tu
connais des choses, mais tu fais pas,
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t'as une liste da responsabilités qui
est pas de suivre daa dossiers de la
Sûreté du Québec . Et mon ancienne
collègue, qui est aujourd'hui la sous-
ministre en titre de la Sécurité
publique, ne suit pas les dossiers de
la Sûreté du Québec, là, c'est à moi de
l'aviser da certaines choses, mais dans
son quotidien, elle suit pas nos
dossiers. Al.ors, j'en ai entendu parler
la deuxième fois, lorsque j'ai trouvé
le dossier ici à la Sûreté du Québec.
Question
Mais en 2013, même ai vous étiez sous
ministre à la Sécurité publique et
monsieur Laprise était ici, à la
direction générale, voua étiez quand
mime 2 anciens collègues à la Sûreté du
Qu~ec, vous voua connaissiez . C'est
difficile de croire qu'y avait pas un
canal de communication directe dans
l'exercice de vos fonctions
respectives.
Martin Prud'homme
Mais je dis qu'y avait un canal direct
avec monsieur Laprise, j'ai pas dit le
contraire, là, et moi, là, faut
comprendre, j'ai fait 20 ans à la
Sûreté du Québec, là, des canaux, j'en
ai plus que un à la Sûreté, je connais
des gens, vous la savez, là, j'ai
grandi à la Sûreté du Québec, mais faut
comprendre que, lorsque j'ai quitté,
là, la Sûreté, là, oui, avec une
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certaine peine, parce que j'aimais mon
travai1, j'ai arrêté de suivra 1es
dossiers, 1à, j'en avais vraiment
d'autres à suivra, a1ors ce dossier-là,
là, qui était pour peut-être
aujourd'hui, le commun des morte1a, un
dossier très important, là, mais pour
moi, des fuites journalistiques, si on
peut appeler ça comme ça, ou j'veux
dire, je veux pas porter de mauvaises
interprétations, ou des fuites
policières, c'était pas le premier
dossier, là, alors moi, j'ai pas suivi
ce dossier-là plus que j'aurais suivi
un autre dossier, là. Et c'est, je vous
la dis, tout i fait norma1 que je
suivais pas ce dossier-là. D'ailleurs,
j'aurais pas été, comme j'ai dit,
irrité deux ans plus tard, là. Moi,
j'ai été irrité parce que ça fait 2 ans
que je suis ici, je savais pas que on
avait travail1é de cette façon là dans
ce dossier-là. Alors, je le savais pas,
je l'ai appris cette semaine.
Question
Et qu'est-ce qui voua irrite
particulièrement dans ce dossier-là,
parce que, dans votre carrière da
po1iciar, vous avez au affaire à
plusieurs reprises avec las médias,
notamment le cas très connu de Cédrika
Provencher, en Mauricia. Vous avez una
vasta expérience avec les médias.
Qu'est-ce qui vous irrite dans cette
•ituation-là, monsieur Prud'homme?
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Martin Prud'homme
Mais moi, je veux vous dira, là, que la
liberté de presse, j'y crois, j'ai
toujours travaillé en interrelation
avec les gens du milieu journalistique,
j'ai toujours eu des bonnes relations
et je suis arrivé ici, pis pendant 24
mois, pour moi, j'ai construit une
bonne relation avec mon organisation
pis le milieu journalistique. Que ça
soit l'émission qui est chez vous,
Enquête, ou ailleurs, moi, je crois à
ça, là, je crois à votre liberté de
presse, je crois à votre protection des
sources journalistiques, je l'ai répété
souvent, c'est la manière que vous
travaillez, vous en avez de besoin. Et
c'est sûr qua j'ai un exercice, moi, à,
à cadrer mes officiers, mes policiers,
mes policières, dans le respect du
serment de discrétion, là, mais ça ne
vise absolument pas les journalistes.
Alors, moi, cette semaine, ce qui me
désole, c'est de voir, entre vous pis
moi, aujourd'hui, ce qu'on entend,
c'est que la Sûreté du Québec épie les
journalistes. Moi, je vous dis, depuis
24 mois, ça s'est jamais fait, pis ça
se fera pas avec moi, mais là, je vis
avec un dossier de 2013 qui s'est fait
dans l'organisation de la Sûreté et
j'peux pas être fier de savoir que ça
vient déranger, et nuire aux bonnes
relations avec des journalistes, là,
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c'est pas une belle semaine pour moi,
aujourd' hui, là .
Question
Mais par exemple, des qens dans vos
ranqs, des enquêteurs aux cri.mes
majeurs qui ont des dossiers sensibles ,
qui peuvent peut-être avoir des
affinités un peu trop près des
journalistes, c'est jamais non plus bon
pour l'organisation de la Sûreté du
Québec que ces gens-là manquent de
discrétion.
Martin Prud ' homme
Mais moi, j'vais vous dire quelque
chose, on demande à nos qens de
respecter le serment de discrétion, on
les encadre, on fait de la prévention.
Oui, y a des policiers, des policières
qui ont été rencontrés qui ont été
avisés de fa.ire attention, mais à titre
d'exemple, là, moi, si demain matin,
vous entendez .parler d'un dossier qui
vous touche personnellement, dans votre
famille, là, et que j'ai un de mes
policiers qui en parlent sur la place
publique ou qui échange ces
informations-là, vous allez me
reprocher de pas respecter le se:rment
de discrétion, vous allez reprocher ça
à la Sûreté. C'est un juste équilibre,
vous avez un travail à faire et, moi,
devant mes policiers, mes policières,
je dois leur dire, là, qu'y a des
règles à respecter, là, à travers tout
'.
ça, là. J'veux pas couper les canal da
communication, les canaux, excusez, de
cC1111Dunication, mais faut faire
attention, là, faut respecter, là, le
a•~ent de discrétion, faut respecter
la vie privée des gens, là, à travers
ça.
Question
Et Martin Coiteux qui demanda une
enquête administrative sur les
pratiques policières et qui n'écarte
pas qu'il pourrait y avoir des
sanctions, quelle est votre position,
voua, par rapport à ça, ai, au te~• de
la formation d'un comité, qu'on en
déduise qu'y a des gens qui doivent
être sanctionnés dans vos rangs?
Martin Prud'homme
Mais les annonces que monaieur Coiteu~~
que le gouvernement a fait, je suis
100% d'accord avec, c'est bon, c'est
tràs bien, qu'on annonce qu'il va y
avoir des comités de surveillance,
qu' on annonce que la bonne nouvelle,
là, que nous allons devoir passer par
un procureur de la Couronne pour avoir
accès à des autorisations judiciaires,
c'est parfait, ça encadre las
policiers, ça nous guide et c'est
certainement positif, là . Je n• crois
pas que nos policiers et nos policières
sont toujours de mauvaise foi, là, des
fois, on voit, les qens se procurent
une autorisation judiciaire, pis avec
10
lea connaissances qu'ils ont. Être
accompagné, aujourd'hui, d'un DPCP,
c'est parfait, et moi, j'ai fait plus
que ça, là, j'ai annoncé, là, j'ai
dmnandé au ministère de la Sécurit•
publique d'avoir une enquête
indépendante - là, faut se comprendre,
ça fait souvent qu'on entend enquête
indépendante - une enquête sur la
dossier 2013, parce que voua le savez,
j'suis déjà biaisé, là, j'étais pas
d'accord avec la manière, j'étais
d'accord avec le fait qu'y ait une
enquête policière, c'était une
obliqation. Alors, mon prédécesseur a
pria la bonne décision de faire
enquête, c'est dans la manière et dans
le comment, j'suis d'accord avec ça,
mais à travers ça, j'ai également
annoncé qu'y avait une obliqation, là,
donc aujourd'hui , à la Sûreté du
Québec, là, 5700 policiers, là, si on
veut faire une enquête, une filature,
une surveillance sur un journaliste,
là, l'obligation numéro 1 1 c'est que le
directeur qénéral adjoint aux enquêtes
criminelles soit avisé et, avec une
autorisation judiciaire quelconque,
c'est que je donne mon accord à ça, là,
et c'est une directive claire, là, y a
pas de demi-masure par rapport à ça,
là.
Question
Parlant da votre prédécesseur, monsieur
Mario Laprisa, est-ce que, depuis que
. " 11
vous avez su qu'y a eu des journa1iates
dont les relevés téléphoniques ont été
scrutés à la loupa, est- ce que voua lui
avez parlé depuis les derni•res heures?
Martin Prud'ho111111e
Je lui ai pas parlé et je ne vais pas
parler avec Mario Laprise dans les
prochaines heures, les prochains jours,
les prochaines semaines. C'est pour
deux raisons, c'est un dossier qui est
sensible et, autre chose, en 2017, nous
avons un gros procès concernant des
anciens dirigeants ici et moi je suis
un témoin, monsieur Laprisa éga1ement
et on n'a pas l'autorisation de
discuter ensemble, a1ors, moi, je veux
pas avoir de discussion avec monsieur
Laprise, par rapport à ça.
Question
Merci beaucoup, monsieur Prud'homme .
Martin Prud'homme
Bienvenue.