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Marlène Agro
Master 2 Ingénierie et Management des Organisations Sportives
Tuteur universitaire : Alain Fabaron Tuteur en structure d’accueil : Ludovic Darrigan!
Le paradoxe équestre
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Marlène Agro
Master 2 Ingénierie et Management des Organisations Sportives
Tuteur universitaire : Alain Fabaron Tuteur en structure d’accueil : Ludovic Darrigan!
Le paradoxe équestre
IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E
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Remerciements
Je tiens à remercier Monsieur Fabaron pour sa grande disponibilité et son soutien tout
au long de mon stage. Ses conseils et son aide m’ont permis d’approfondir mes réflexions
pour la rédaction de ce mémoire.
Mes remerciements s’adressent aussi à mon tuteur de stage, Monsieur Darrigan pour la
confiance qu’il a placé en moi durant ce stage.
Je remercie particulièrement les professionnels de l’équitation, rencontrés au cours de
ma vie de cavalière. Les discussions que nous avons eues m’ont permis de me forger une
opinion sur de nombreuses questions.
Je remercie également les professionnels du sport que j’ai contacté durant mon stage et
qui ont répondu à mes questions.
Je n’oublie pas mes parents et mes sœurs pour leur soutien moral et intellectuel durant
toutes mes années d’études, ni mes amis pour leurs encouragements.
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Avertissement
L’IAE de Toulouse n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les
mémoires de master. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.
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3
Sommaire
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Introduction
L’équitation connaît depuis une trentaine d’années une forte expansion. Sport réservé
aux personnes d’un rang social élevé, il était, jusqu’aux années 1970 le symbole de la réussite.
La monte à cheval était également le symbole de la virilité : jusqu’en 1930 les femmes ne
pouvaient porter de pantalons pour monter à cheval (ou sur une bicyclette) et devaient se
contenter de la monte en amazone (en jupe, avec les deux jambes du même côté). Le milieu
équestre était donc masculin et fréquenté par des personnes aisées.
Aujourd’hui, les centres équestres sont pourtant plus fréquentés par des jeunes dont les
parents exercent un métier de cadre, de profession libérale ou sont mêmes employés. Le
cheval n’est plus réservé à l’aristocratie et à la bourgeoisie. On peut expliquer cette évolution
par l’histoire des rapports entre le cheval et l’homme, eux-mêmes soumis aux changements de
la société et aux bouleversements de l’économie.
Le cheval a toujours bénéficié d’un statut à part parmi les animaux. Au contraire des
animaux domestiques, le cheval a été domestiqué pour les services qu’il pouvait rendre à
l’Homme. Très tôt, celui-ci s’est rendu compte que la vitesse du cheval, son physique, son
caractère pourraient lui être utiles. Et en effet, le cheval est présent aux côtés de l’Homme
depuis sa domestication, plus de 4000 ans avant notre ère. Pour sa viande, sa capacité à porter
l’Homme, pour sa force motrice, le cheval a toujours bénéficié d’une place privilégiée.
L’anthropomorphisme dont il est l’objet en est la preuve : le cheval n’a pas de « gueule » mais
une « bouche », et des « jambes » à la place des « pieds ».
Cet animal est pourtant fragile, et nécessite une attention quotidienne de la part de son
propriétaire. Il existe ainsi une réelle culture équestre qui va au-delà des savoirs techniques
nécessaires pour monter à cheval. Un homme de cheval est celui qui, jour après jour, s’occupe
de son cheval, le monte avec parcimonie pour conserver ses capacités le plus longtemps
possible. Le dicton « qui veut voyager loin, ménage sa monture » signifie bien que le cavalier
qui souhaite atteindre ses objectifs, qu’ils soient militaires, agricoles ou sportifs doit prendre
soin de lui sous peine de le voir tomber malade et être fragilisé.
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En ce qui concerne la monte à cheval en elle-même, les cavaliers ont bien compris
(après plusieurs centaines d’années de lutte acharnée avec leurs chevaux), que celui-ci
réagissait mieux lorsqu’il était sollicité calmement et avec tact qu’à grand renfort de coups de
cravache et d’éperons. L’équitation française se démarquait par la notion de « légèreté » des
aides (ce sont les différents moyens qu’utilisent le cavalier pour communiquer avec son
cheval : mains, jambes, poids du corps, cravache, éperons, voix...). Ainsi, le cavalier montant
depuis de très nombreuses années arrivait à communiquer avec sa monture sans qu’on le
perçoive de l’extérieur. Le prix à payer pour cette équitation légère étant de nombreuses
années de pratique à cheval, mais aussi autour de lui pour apprendre à le connaître
parfaitement.
L’ouverture de la pratique de l’équitation au plus grand nombre a engendré une perte
de la culture équestre, une perte de technicité et l’apparition de pratiques nouvelles. Perte de
la culture équestre car aujourd’hui les cavaliers montent pour se faire plaisir, et montent
généralement une heure par semaine, dans leur centre équestre, où leurs montures sont
soignées par une personne du club. Baisse de niveau, car ces pratiques de loisir sont peu
compatibles avec l’exigence et la rigueur que demande l’équitation. Enfin, de nouvelles
disciplines plus axées sur le jeu que sur la performance sportive ont émergé durant ces vingt
dernières années, faisant concurrence aux disciplines sportives traditionnelles que sont le saut
d’obstacle, le dressage et le concours complet (saut d’obstacle, dressage et cross). Autrefois
emblème de la puissance, le cheval est aujourd’hui symbole d’une liberté retrouvée et d’un
retour à la nature, à travers les activités de loisir.
L’équitation est un sport en transition, entre la tradition et la modernité, la recherche
de performance et le plaisir hédoniste. Le paradoxe équestre existe à cause -ou grâce- à la
place particulière que tient le cheval dans l’économie : il fait partie de la filière sportive mais
avant tout de la filière équine, dont les acteurs sont très nombreux. Dans une première partie,
sont développés les éléments composants ce paradoxe. La seconde partie expose une réflexion
sur l’avenir du cheval en France.
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I. Les centres équestres aujourd’hui
1.1. Spécificité du fonctionnement des établissements équestres
A. L’organisation de la filière équine
La filière équine est partagée entre plusieurs segments : les courses, la viande
chevaline, les sports équestres et l’élevage. Les centres équestres font partis du segment des
sports équestres. Bien que leurs activités soient différentes de celles des autres segments, le
cheval en lui-même appartient à plusieurs « catégories » : né chez un éleveur, il sera vendu
pour le sport, les courses ou les loisirs pour éventuellement finir à la boucherie. Ainsi, les
instances représentatives de chaque segment sont liées entre elles par les étapes que va
traverser le cheval dans sa vie.
L’Institut Français du Cheval et de l’Equitation (IFCE), créé en 2010 a pour mission la
promotion de l’élevage des chevaux et de ses activités liées ainsi que le rayonnement de
l’équitation et de l’art équestre. Il est placé sous la tutelle du ministère des Sports, de la
Jeunesse, de la Vie Associative et de la Cohésion Sociale et du ministère de l’Agriculture et
de l’Agroalimentaire. Avec l’IFCE, d’autres organisations transversales soutiennent la filière
équine. Au niveau des instances régionales collectives, les Conseils des Chevaux représentent
l’ensemble de la filière auprès des collectivités locales. La Fédération nationale du Conseil
des Chevaux (FCC) représente la filière auprès des instances nationales et européennes. Afin
de coordonner les actions de tous les segments de la filière, et développer les différentes
structures, le Groupement des Entreprises du Secteur Cheval en Agriculture (GESCA)
intervient notamment dans l’adaptation du droit et dans les propositions de réforme. Enfin, au
sein de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) existe la
Fédération Nationale du Cheval (FNE) qui représente pour une grande partie les éleveurs
d’équidés.
Chaque segment dispose ensuite de son propre fonctionnement. Le segment course est
organisé sous une fédération nationale unique, qui organise et développe l’activité des courses
par le biais de deux sociétés mère (France Galop pour les courses de galop et la Société du
Cheval Français pour les courses de trot). La fédération s’occupe aussi de la question du
dopage et de la gestion du fonds EPERON (Encouragement aux Projets Equestres Régionaux
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Ou Nationaux), dont l’utilité est détaillée plus loin. En ce qui concerne le segment de la
viande chevaline, l’Association Nationale Interprofessionnelle Interbev équin fédère les
différents maillons de la production à la distribution de la viande chevaline. L’association
France Trait, regroupe les 9 races de chevaux de trait et est l’interlocuteur unique des éleveurs
pour la consommation de viande chevaline. Des organisations de producteurs reconnus
commercialisent les produits issus de ces élevages.
Le segment de l’équitation sportive, de loisir et de travail fut placé de 1997 à 2008
sous l’égide de la Fédération interprofessionnelle du cheval de sport, de loisir et de travail.
Rassemblant les professionnels de l’amont (élevage) et de l’aval (centres équestres et
marchands de chevaux), elle fut dissoute en 2008 car elle ne répondait pas aux besoins des
différents maillons. La Fédération Française d’Equitation crée en 1987 regroupe les
professionnels des centres équestres, du tourisme équestre et gère le haut niveau. La Société
Hippique Française (SHF) crée en 1865, est devenue en 2011 la société mère du cheval et du
poney de sport, rassemblant les professionnels de l’élevage et de la commercialisation des
chevaux de sports. Une autre société intervient depuis 2012 crée par France Trait, la Société
Française des Equidés de Travail, pour promouvoir l’utilisation des chevaux de trait, des ânes
et des mulets. Des structures professionnelles dans tous les domaines complètent ces
structures collectives.
Certaines instances ont des missions similaires, et il est difficile pour les
professionnels de la filière de voir clair dans les politiques menées. Toutes revendiquent la
promotion de l’équitation et de l’élevage de chevaux, mais leurs actions ne sont pas forcément
coordonnées, ce qui entraîne des disfonctionnements dans le suivi des missions.
B. Financements de la filière
Historiquement, le ministère de l’Agriculture a toujours eu pour ambition de satisfaire
le besoin en chevaux (de toutes races, pour les champs, pour la guerre ou pour le sport) de la
France. Les Haras ont pendant plusieurs siècles assurés cette fonction, et la France est
devenue un pays riche de dizaines de races. Au fil du temps, les Haras ont évolué pour
répondre tour à tour aux besoins des militaires, des agriculteurs, des éleveurs amateurs ou
professionnels, des cavaliers, des associations de races ou encore des collectivités territoriales.
C’est ainsi qu’en 2000 les Haras deviennent Haras Nationaux (service des Haras devenu
établissement public) regroupés en 2010 avec l’Ecole Nationale d’Equitation (ENE) au sein
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de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation. Les activités d’étalonnage et
d’identification, au départ missions des Haras Nationaux, ont été confiées à France Haras.
France Haras, créée en 2011 est un groupement d’intérêt public, dont la vocation est d’être
privatisé dans les années à venir. L’IFCE sous la tutelle conjointe du ministère de
l’Agriculture et du ministère des Sports, est chargé d’accompagner la professionnalisation de
la filière.
Le retrait de l’Etat de la filière équine se fait progressivement. Le ministère de
l’Agriculture doit contribuer au développement des activités économiques sur l’ensemble du
territoire. Pour que la baisse des financements de l’Etat ne compromette pas cette mission et
mette en danger la filière toute entière, la professionnalisation de l’ensemble des acteurs est
une étape importante. La création de l’IFCE, avec ses deux composantes les Haras Nationaux
et ENE, s’est fait en parallèle de réductions budgétaires pour tous les segments ainsi que
d’une séparation des instances publiques, entre aspect politique et technique. Le ministère de
l’Agriculture a donc du reprendre la politique de développement de la filière équine en France
et un certain nombre de textes réglementaires a été édité. Le recul de l’Etat Français dans le
soutien de la filière équine est similaire à celui des autres Etats membres de l’Union
Européenne, recul encouragé par la Commission Européenne. La baisse des financements de
la filière équine a commencé en 2002. Jusque là, les courses hippiques finançaient une partie
du budget des Haras Nationaux par les prélèvements faits sur les paris. En 2002, la loi sur la
Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) impose plus de clarté et d’efficacité pour
les dépenses publiques. Cela se traduit par le fait que les prélèvements sur les paris des
courses hippiques sont directement octroyés au budget de l’Etat, qui ensuite attribue une
enveloppe au ministère de l’Agriculture et au ministère des Sports, qui ventile en fonction des
besoins de leurs activités. Une partie du financement de la filière se fait par des prélèvements
sur les enjeux des courses. Le Fonds EPERON, prélevé sur le segment course permet le
financement de projets équestres, équipements ou services, au niveau national ou régional. Ils
doivent avoir un caractère innovant et peuvent concerner des projets de matériels ou
immatériels (recherche, formation...). Chaque projet est analysé par la commission du Fonds
EPERON et doit être financé au minimum à 50% par d’autres types de ressources
(cofinancement public et privé par exemple). Les prélèvements sur les courses hippiques pour
le Fonds EPERON, qui sont de l’ordre de 10 millions d’euros, compensent un peu cette baisse
des financements par des subventions pour certains projets en accord avec les objectifs de la
filière (développement à l’international, structuration de la filière...).
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Les politiques européennes et nationales sont une composante essentielle de la filière
équine et donc des centres équestres. La baisse des subventions de l’Etat est à la fois une
inquiétude pour l’ensemble des acteurs de la filière mais aussi l’occasion d’une plus grande
indépendance. La réglementation des paris hippiques, notamment ceux des courses, dont une
partie est prélevée pour le Fonds EPERON constitue encore aujourd’hui un point
d’interrogation quand au futur, avec l’ouverture à la concurrence sur l’organisation de paris
hippiques. Même si chaque segment, viande chevaline, course, sport-loisir-travail a son
propre fonctionnement et ses organismes référents, les modalités de financement de la filière
équine contribuent à les lier entre eux.
Les différentes aides de la filière équine et leur évolution
1. Les aides nationales
L’IFCE reçoit deux types de subventions, une du ministère de l’Agriculture et une du
ministère des Sports. En 2012, leurs montants étaient respectivement de 38,8 millions d’euros
(en baisse de 15% par rapport à l’an 2000) et de 7,1 millions d’euros. L’avancement de la
privatisation de la filière sera pris en compte pour l’octroi des aides jusqu’en 2015. Au-delà
de cette date, les aides de l’IFCE dépendront des missions qui lui seront confiées et des
politiques publiques (structuration de la filière et animation territoriale, culturelle et sportive
sont deux missions récemment confirmées par la RGPP).
Les autres aides de la filière concernent le soutien à l’élevage, et proviennent du
ministère de l’Agriculture. Elles sont destinées en général au financement des concours
d’élevage et à l’attribution de primes aux naisseurs de chevaux ayant obtenu des résultats en
concours. Les organisateurs de concours, les associations de races agréées et les associations
ayant une mission d’intérêt général (equi-handi par exemple) reçoivent également des
subventions. Ces aides ont fortement baissé durant la dernière décennie, de l’ordre de 4,5
millions d’euros en 2012 au lieu de 9 millions en 2010. Dans ce cas aussi, pour compenser la
baisse des aides et amener vers un professionnalisme de la filière, un fonds de 3 millions
d’euros a été crée en 2011, géré par la Société Hippique Française (SHF) en faveur des
associations de races de chevaux de trait, et de chevaux et poneys de sport. Ce fonds est
prélevé sur le Fonds Eperon.
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2. Les aides des collectivités territoriales
Cinq régions (la Bourgogne, les Pays de la Loire, la Lorraine, la Champagne-Ardenne
et la Basse-Normandie) ont mis en place un contrat avec l’Etat pour l’octroi de crédits à la
filière équine. Ces contrats ont permis aux acteurs de la filière de ces régions de bénéficier de
subventions. Entre 2007 et aujourd’hui, le montant donné par l’Etat est de 6 millions d’euros,
montant très inférieur à ce que donnent les régions. En général, ces subventions données par
les régions se font dans le cadre d’un projet donnant droit à plusieurs types de subventions :
Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER), projet rentrant dans le
cadre des missions de l’IFCE... Les collectivités territoriales sont également très présentes sur
les thématiques de la formation, du développement de l’offre sportive sur leurs territoires,
l’aide à l’agriculture et le tourisme.
3. Les aides européennes
En tant que ressource pour le développement durable, le cheval bénéficie d’une
reconnaissance au sein des instances de l’Union Européenne et son avenir dépend des
politiques menées dans les années à venir. Les acteurs de la filière équine appartenant au
secteur agricole (selon la définition européenne et non celle donnée par les Etats membres)
peuvent donc prétendre à certaines aides : Fonds Européen Agricole de Garantie (FEAGA),
FEADER, Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). Le développement
durable, la prise en compte de l’impact écologique et plus généralement la volonté de
préserver notre environnement font que le cheval devrait bénéficier de réformes favorables
dans les années à venir.
C. L’organisation des paris hippiques et ses répercussions sur la filière équine
Historiquement, les paris sur les courses hippiques ont toujours été régulés par le
ministère de l’Agriculture. Ils sont autorisés lorsqu’ils permettent la valorisation des produits
d’élevage. Dès le début des courses en 1891, des prélèvements par l’Etat sont effectués sur le
montant des paris pour financer l’élevage mais aussi des œuvres de bienfaisance. Après la 1ère
Guerre Mondiale, les sommes prélevées sur les enjeux servent à la reconstruction
d’institutions publiques (hôpitaux, écoles...). Jusqu’en 1930, les paris ne pouvaient se faire
que lors des courses, dans les hippodromes. A partir de cette date, les sociétés parisiennes
reçoivent le droit d’organiser des paris en dehors des hippodromes. Le succès des paris sur les
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courses hippiques est grandissant, les citoyens étant plus intéressés par le spectacle donné que
par le sport en lui-même. De nouveaux prélèvements sont mis en places, directement alloués
au ministère de l’Agriculture et au ministère des Sports, sans passer par le budget de l’Etat.
Les société parisiennes sont alors regroupées en un groupement nommés Paris Mutuel Urbain
(PMU).
En 1941 les montants prélevés représentent 12% des enjeux joués. Depuis ils n’ont
cessé d’augmenter : 1,7 millions en 1999, 2,2 millions en 2005, 2,38 millions en 20101. Ces
prélèvements sont reversés de manière pratiquement égale entre l’Etat et les sociétés de
courses (y compris pour le PMU). Jusqu’en 2010, le PMU avait le monopole des paris sur les
courses hippiques (comme la Française des Jeux pour les jeux de hasards). La loi du 12 mai
2010 est venue perturber ce fonctionnement en autorisant l’ouverture à la concurrence sur les
jeux de hasard et les jeux d’argent en ligne. Cette loi fait suite à la demande de l’Union
Européenne de libéraliser les services et d’augmenter la concurrence sur le secteur des jeux,
étant donné que la plupart des Etats membres avaient le monopôle sur l’organisation des jeux
de hasard.
Certains Etats membres (dont la France), ont tenté de limiter la concurrence sur ce
secteur en obligeant les opérateurs privés à obtenir un agrément (ou une licence) pour les jeux
de hasard et les jeux d’argent. Par ailleurs, la loi du 12 mai 2010 met certaines conditions sur
les paris des courses hippiques : le taux de retour maximum aux joueurs est de 85%, et les
sommes pariées ont une fiscalité directe de 7%. La France a mis en place une redevance de
8% au profit des sociétés de courses, au titre de la mission de service public d'amélioration de
l'espèce équine et de la promotion de l'élevage qui leur est confiée. Cependant cette mesure
n’est pas compatible avec le droit européen et la France risque d’être condamnée. Malgré
l’ouverture à la concurrence, le PMU, organisateur de paris historique reconnu en Europe,
reste le premier opérateur de paris sur les courses hippiques. Le financement de la filière
équine est néanmoins menacé dans la mesure où les prélèvements pour le financement des
sociétés de course, le soutien à l’élevage et le Fonds EPERON, risquent d’être annulés par la
Commission Européenne. Si le Fonds EPERON est dans la ligne directe de
1 Source : www.ifce.fr
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professionnalisation de la filière, son avenir est incertain en raison de l’ouverture à la
concurrence sur les paris sportifs.
D. La situation des centres équestres
Le statut agricole des centres équestres les fait bénéficier d’un taux de TVA réduit de
5,5%. Il est en opposition avec la décision de la Commission Européenne. Pour elle, « on
entend par « activité agricole », la production, l'élevage ou la culture de produits agricoles, y
compris la récolte, la traite, l'élevage et la détention d'animaux à des fins agricoles ou le
maintien des terres dans de bonnes conditions agricoles et environnementales. »2 La loi
française est moins restrictive puisque depuis 2005, les activités d’entrainement et de
préparation des équidés domestiques, à l’exception des activités de spectacle, sont réputées
agricoles. Cet assouplissement est intervenu après la prise de conscience d’un manque de
clarté fiscale, juridique et sociale des centres équestres. En effet, avant 2005 les centres
équestres sous forme d’entreprise étaient soumis à un régime de TVA à 19,5%, alors que les
associations proposant la même activité étaient exonérées de TVA. Il en était de même pour
les associations d’éleveurs et les élevages ayant un statut d’entreprise.
Ce régime de TVA à deux vitesses établissait une entrave à la libre concurrence, les
entreprises étaient soumises à la TVA alors que les associations ne l’étaient pas, et a entrainé
l’harmonisation du statut des entreprises et associations équestres. Le code rural a donc
intégré les activités des centres équestres et des éleveurs sous le régime agricole. Les
conséquences ont donc été un taux unique réduit de TVA, mais aussi l’accès à des aides et au
foncier jusqu’à là réservés aux activités agricoles. Indirectement, cela a permis à une grande
majorité de centres équestres d’améliorer leurs infrastructures et d’employer du personnel
qualifié.
La Commission Européenne a publié en 2006 une directive stipulant que « seules les
prestations relatives aux denrées alimentaires destinées à la consommation humaine et
animale ainsi que les animaux vivants, les graines, les plantes et les ingrédients normalement
destinés à être utilisés dans la préparation de denrées alimentaires et les intrants agricoles
2 Source : Ministère de l’Agriculture, « Guide des aides européennes pour la filière équine ».
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peuvent faire l’objet d’une TVA réduite »3. En 2011, dans le cadre de la loi des finances, la
France a relevé le taux de TVA à 7% pour les denrées qui ne sont pas directement
consommées par l’Homme. En 2012, la Cour de Justice de l’Union Européenne a condamné
la France pour ne pas avoir harmoniser le taux de TVA à 19,6% comme il a été décidé en
2006 pour les activités de préparation et d’entrainement des équidés.
Les instances représentatives des centres équestres ont organisé un collectif pour faire
pression contre la hausse de la TVA, avec un passage à 19,6% qui aurait des répercussions en
termes d’emplois et de pérennité de la filière. « L’Equitation en péril »4regroupe ainsi la FFE,
le Groupement Hippique National (GHN, syndicat des entrepreneurs du cheval), la Fédération
Nationale du Cheval (FNC) et la Chambre syndicale du commerce des chevaux de France. Ce
collectif a ainsi fait signer la pétition contre la hausse de la TVA à plus de 43 000 directeurs
de centres équestres, salariés ou simples cavaliers. Cependant, malgré cette mobilisation,
l’avenir de la filière semble menacé. Les conséquences d’une hausse de la TVA sont lourdes
pour les cavaliers comme pour les centres équestres. Le collectif « L’Equitation en péril »
estime à plus d’un million la perte du pouvoir d’achat pour les dépenses dans les activités
équestres. Alors que l’équitation connaît un succès grandissant depuis plusieurs années,
concrétisé par l’augmentation du nombre de licenciés, l’augmentation du taux de TVA sera un
frein à la libéralisation de cette activité. En effet les particuliers ne récupèrent pas la TVA
pour leurs achats. Les centres équestres quand à eux, verront leur activité diminuer, ce qui
entrainera la fermeture des centres les plus fragiles et de nombreux licenciements. Alors que
depuis quelques années le secteur équestre crée 1 000 emplois par an, la hausse de la TVA
entrainerait directement 6 000 suppressions d’emplois.
L’harmonisation européenne du taux de TVA est en cours. C’est un des outils de
l’Union Européenne pour faire face à la crise budgétaire et à la dégradation des finances
publiques. La Commission Européenne doit examiner les taux de TVA des différentes
activités de chaque Etat membre, d’ici la fin 2013. C’est à cette occasion que sera décidé
l’avenir des centres équestres.
3 Source : Ministère de l’Agriculture, « Guide des aides européennes ».
4 Source : www.lequitationenperil.org
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1.2. Particularisme du marché de l’équitation
Les deux tiers des centres équestres sont des sociétés privées. Ceci constitue une
exception dans le milieu sportif puisque la majorité des clubs de proximité, ouverts à tous est
gérée sous forme associative. A l’instar des associations sportives, les centres équestres sont à
la recherche de subventions pour les aider dans leur gestion et dans leur projet de
développement. Leur forme juridique (sociétés privées) ne leur permet pas de prétendre aux
subventions locales qui sont attribuées aux associations sportives.
Les entreprises du secteur agricole peuvent prétendre à certaines aides, notamment
européennes, concernant en particulier le développement des activités agricoles en milieu
rural. Cependant, le fait que selon l’Etat français les centres équestres relèvent du régime
agricole alors que la définition européenne est plus restrictive rend difficile l’accès aux
subventions. Pour avoir des aides, notamment celles du Fond Européen Agricole pour le
Développement Rural (FEADER), les centres équestres ont tout intérêt à mettre en place des
activités complémentaires telles que élevage, protection de l’environnement, accès à
l’équitation aux personnes en situation de handicap... Ces actions sont susceptibles d’être
subventionnées par le programme FEADER. Cependant, très peu de dirigeants d’entreprises
ont connaissance de ce programme, et des moyens d’y accéder (relation avec la mairie, le
conseil régional...). Cette complexité juridique des centres équestres rend difficile l’accès aux
aides. Ni association, ni structure relevant du champ de l’agriculture, les centres équestres
doivent trouver d’autres voies pour leur développement (tarifs des reprises, activités
secondaires...).
A. Caractéristiques du marché de l’équitation au niveau national
Le marché de l’équitation est en pleine expansion depuis 10 ans, avec une croissance à
deux chiffres. Les centres équestres se multiplient (on en compte 8 400 affiliés à la FFE en
2012), et emploient plus de 15 000 salariés. Ils sont le premier employeur du secteur sportif,
avec plus de 15 000 salariés actifs (et plus 7 000 entrepreneurs).5
5 Source : Fédération Française d’Equitation, « La FFE en chiffres, 2012 ».
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L’offre est variée, on dénombre 30 disciplines équestres (dont trois olympiques, le
saut d’obstacle, le dressage et le concours complet d’équitation), et les formes de pratique
sont également diverses : équitation sur poney, cheval, en carrière, manège ou bien en
extérieur. Les centres équestres sont donc susceptibles de proposer de nombreuses activités
pour tous les âges (baby-poney à partir de trois ans), de loisir ou de compétition. Cependant,
tous les centres équestres ne proposent pas les mêmes activités, et il convient de distinguer le
poney club du centre équestre.
Le poney club propose avant tout de l’équitation sur poney, pour les plus jeunes. Son
cœur de cible est donc les 3-18 ans (à partir de 18 ans, il est courant de passer à de
l’équitation sur cheval, et les compétitions officielles « poneys » sont interdites au plus de 18
ans). Le poney club peut s’orienter vers la pratique de la compétition sur poneys ou non. Il
peut également proposer de la location d’équidés (en général sur au moins une saison, pour
permettre à des cavaliers d’un certain niveau de monter le même poney et de former un
couple, sans être obliger d’acheter une monture). Les poneys clubs peuvent également
proposer d’héberger les équidés de propriétaires. Sa cavalerie se compose de poney shetlands,
petit poney de dépassant pas 1,07m au garrot et de poneys de toutes races (les poneys de races
Connemara, Welsh et poneys Français de Selle sont les plus courants dans les poneys clubs, à
cause de leur grande polyvalence). Les poneys ne doivent pas dépasser 1,48m au garrot, au-
delà ils sont considérés comme des chevaux pour les compétitions officielles.
Généralement de taille plus importante que le poney club, le centre équestre propose
de l’équitation sur poney et sur cheval. Des sorties en compétition sont généralement
organisées pour les cavaliers qui le souhaitent. Les centres équestres sont généralement
orientés sur une discipline olympique (saut d’obstacle, dressage ou concours complet
d’équitation) ou sur l’équitation d’extérieur. Ils proposent souvent de la location d’équidés
pour les cavaliers souhaitant évoluer avec une monture et de l’hébergement d’équidés.
Certains centres équestres ont un nom commercial différent : écuries, haras, club hippique
mais leur activité principale reste l’enseignement de l’équitation. Les activités que peuvent
proposer les centres équestres et poneys clubs vont des plus classiques (obstacle, dressage,
balades...) au plus originales (pony-games, horse-ball ou encore foot-poney, la dernière
discipline née en 2011). Cette diversité de l’offre peut expliquer en partie le rang de troisième
fédération française qu’occupe la FFE. Au-niveau de l’organisation des activités, la plupart
des centres équestres proposent des cours d’une heure hebdomadaire (appelés reprises), et des
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stages à la demi-journée, journée ou semaine durant les vacances, qui permettent aux
cavaliers de se perfectionner, de découvrir d’autres activités à cheval ou autour du cheval ou
de passer les diplômes fédéraux (appelés Galop, de 1 à 9).
En ce qui concerne la fréquentation des centres équestres et poneys clubs, le nombre
de licenciés a augmenté de 62% entre 2001 et 2011, passant de 432 498 licenciés à 705 7836.
Pour autant, certaines pratiques à cheval ont le vent en poupe, alors que d’autres bénéficient
moins de cet engouement pour le cheval. Si l’on revient aux motivations qui poussent les
novices à faire du cheval, c’est surtout à cause de l’image que représente le cheval : liberté et
contact avec la nature. Et les chiffres le prouvent, le nombre de licences tourisme délivrées
chaque année est en augmentation, avec 85 111 licences en 2011 (la FFE délivre trois types
de licences : poney, cheval et tourisme, chacune pouvant être classée « pratiquant » ou
« compétition »). Le nombre d’établissements de tourisme équestre (organisateurs de
randonnées) est de 2 500 répartis sur toute la France, en augmentation de 25% entre 2002 et
20057. Les centres équestres sont de plus en plus nombreux à proposer balades et randonnées
pour répondre à la demande d’une clientèle désireuse de vacances sportives en plein air.
D’ailleurs, le nombre de centres équestres à demander la labellisation délivrée par la FFE
« Centre de Tourisme Equestre » ou « Cheval Etape » est lui aussi en augmentation.
La France est la première nation de tourisme équestre8. Le Comité National de
Tourisme Equestre estimait en 2011 à 1 180 000 le nombre de pratiquants de tourisme
équestre (licenciés et non licenciés). Les activités de loisirs en extérieur telles que les balades,
randonnées, tourisme équestre (à cheval mais aussi autour du cheval comme en roulotte par
exemple) attirent de plus en plus de clients, mais ce sont surtout des cavaliers occasionnels
qui les pratiqueront pendant leurs vacances, clientèle difficile à fidéliser et très indépendante.
En ce qui concerne la demande, il s’agit de distinguer la demande actuelle de la
demande potentielle. La demande actuelle concerne 2,2 millions de pratiquants, dont plus de
700 000 licenciés. Ces chiffres sont à nuancer entre les pratiquants réguliers (30% environ),
6 Source : www.ffe.com/Statistiques.
7 Source : Fédération Française d’Equitation « Le livre vert de la FFE ».
8 Source : Comité Régional d’Equitation Midi-Pyrénées, « Etude de la filière tourisme équestre en Midi-Pyrénées », 2012.
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c’est à dire qui montent une fois par mois ou une fois par semaine, des pratiquants
occasionnels qui vont monter à cheval une ou plusieurs fois par an. Les attentes de cette
clientèle déjà initiée sont de pratiquer une activité de plein air et de créer un lien avec le
cheval. 77% d’entre eux aimeraient pratiquer d’avantage leur activité équestre, et les
principaux freins sont le coût de la pratique et le manque de temps. L’équitation est le
quatrième sport préféré des parents, parmi une liste de 30 sports. L’équitation est ainsi perçue
comme un sport permettant la transmission des valeurs éducatives comme le respect des
autres ou encore la responsabilisation de l’enfant. Chez les adultes cavaliers, l’équitation
arrive en première place des sports préférés pour leurs enfants.
Le profil type de la clientèle existante régulière est un jeune entre 11 et 17 ans, fidèle à
son club et aux activités qu’il pratique. Il souhaite apprendre et bénéficier d’une instruction de
qualité. L’équitation est en général sa passion, et il participe souvent à plusieurs activités du
club (reprise hebdomadaire, stage pendant les vacances, balades ou concours...). Le manque
de temps est le principal frein. Le pratiquant occasionnel est plus jeune, âgé entre 6 et 10 ans,
il découvre l’équitation. Pratiquant plusieurs activités, il préférera des activités de loisir, sans
objectif de performance, en général des balades. Pour ces deux profils, il convient de noter
que la perception du cheval par les parents, leur attachement à ce sport et leurs revenus
peuvent également contribuer dans la fréquence de la pratique et le choix des activités suivies
par leurs enfants. Enfin, l’équitation est le premier sport féminin, 80% des licenciés étant de
sexe féminin.
La demande potentielle concerne douze millions de français qui aimeraient pratiquer
l’équitation, de manière régulière ou occasionnelle. Sur ces douze millions, 800 000 sont
susceptibles de s’inscrire dans un centre équestre d’ici deux ans, et constituent le cœur de
cible des centres équestres (et donc de la FFE). Les deux tiers aimeraient faire des balades ou
des randonnées, c’est à dire des activités proches de la nature, synonymes d’un retour aux
sources. Pour eux la pratique de l’équitation a une image familiale mais ce n’est pas un sport
ouvert aux non initiés. Il leur semble difficile d’entrer dans « la grande famille du cheval », et
c’est là un des principaux freins à leur inscription dans un centre équestre ou à des activités de
tourisme équestre.
Il existe deux profils de la clientèle potentielle. Le premier est le profil des
renonciateurs, des personnes entre 18 et 35 ans qui ont pratiqué l’équitation de manière
régulière ou occasionnelle étant plus jeunes, et qui souhaitent renouer avec le cheval, le plus
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souvent en couple ou accompagné. Leur objectif est de se détendre, de renouer avec le cheval
et ils sont prêts à s’inscrire à des activités équestres plusieurs fois par an ou même par mois.
Le deuxième profil est une clientèle jamais initiée aux pratiques équestres, très attentive à la
sécurité et ne cherchant pas les sensations fortes. Cette clientèle est généralement âgée de plus
de 35 ans et pratiquera des activités autour du cheval, telles que l’attelage ou les randonnées à
roulotte ou alors montera à l’occasion de balades et randonnées tranquilles. Cette clientèle
non initiée garde une image militaire du cheval, et ses motivations sont la pratique d’une
activité de plein air avec la proximité du cheval. Le prix des activités équestres est une
composante principale du choix, étant donné que ces personnes ont très souvent d’autres
centres d’intérêts9.
B. Le marché en Midi-Pyrénées
Le marché de l’enseignement de l’équitation est très concurrentiel en Midi-Pyrénées,
avec en moyenne un centre équestre pour 4 344 habitants, la moyenne nationale étant d’un
centre équestre pour 5 569 habitants. En moyenne, il y a 52 licenciés par centre équestre en
Midi-Pyrénées contre 62 licenciés par centre équestre sur la moyenne nationale. Cette
moyenne est à nuancer puisque des départements comme l’Ariège, l’Aveyron et le Gers ont
plus de centre équestre par licenciés que la moyenne nationale, alors qu’en Haute-Garonne il
y a plus de licenciés par centre équestre.
L’offre peut être segmentée par :
- de gros centres équestres, avec plus de 200 adhérents offrant un large panel de
prestations (baby poney, reprise classique, sortie en compétition...).
- des centres équestres de taille moyenne (entre 100 et 200 adhérents) qui proposent
moins de prestations et élargiront leur offre en fonction de leur développement.
- des petits centres équestres, à taille humaine, offrant des prestations personnalisées.
Qualitativement, les centres équestres de la région sont majoritairement orientés vers
le saut d’obstacle, et on trouve peu de centres équestres proposant l’enseignement du dressage
ou du concours complet par des professionnels (des cavaliers sortant à un niveau
9 Source : Comité Régional d’Equitation Midi-Pyrénées, « Etude de la filière tourisme équestre en Midi-Pyrénées », 2012.
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professionnel). 18% des centres équestres en Midi-Pyrénées ont ouvert après 2005, ce qui
correspond à l’augmentation du nombre de licenciés observée depuis 10 ans (le nombre de
licenciés a augmenté de 55% entre 2002 et 2012). 60% des structures équestres ont été créées
entre 1985 et 2004, les plus vieux (22%) ont été mis en service avant 198510.
Au niveau des profils des licenciés, 80% sont de sexe féminin. Comparativement à la
moyenne nationale, il faut noter que le nombre de licences compétitions féminines est
supérieur (+3%). Au niveau du type de licences (fléchage poney, cheval ou tourisme), les
licences tourismes ont augmenté de 72%, ce qui confirme la tendance nationale pour le
tourisme équestre et les sports de pleine nature. Midi-Pyrénées est une région riche de
paysages verdoyants er préservés de l’homme, et la demande en balades et randonnées
équestres est forte durant la saison estivale. Les moins de 12 ans représentent 39% des
licenciés, les 13-17 ans 23% et les plus de 17 ans 38% (dont 10% de 17-21 ans).
La fidélité des cavaliers en Midi-Pyrénées est une composante essentielle du
développement des centres équestres régionaux. Le taux d’abandon est fort, 55% des cavaliers
qui ont pris leur première licence en 2011 ne l’ont pas renouvelée en 2012. Le taux d’abandon
global est de 40%, en région comme sur la France entière11. Ce taux d’abandon important est
supérieur à celui d’autres sports. Par exemple, le taux d’abandon en judo est de 41%, 45%
pour les 6-8 ans. En tennis, le taux d’abandon se situe autour des 34%.
C. Hypothèse sur l’équitation en France
Depuis une dizaine d’années, les centres équestres se démocratisent et voient leur
nombre global de licenciés augmenter. Sur la France entière, l’offre est très hétérogène
puisque 30 disciplines sont répertoriées au sein de la FFE. Il est difficile d’analyser
l’évolution de la demande dans le temps, mais le fort potentiel d’attractivité de l’équitation
permet d’émettre des hypothèses. Ainsi, le fait que les centres équestres ouvrent massivement
depuis les années 70 (en particulier avec l’émergence des poneys clubs et du tourisme
équestre), a certainement permis la création d’une demande, par la connaissance du milieu
équestre qui jusqu’à là était réservée aux militaires et aux secteur agricole (jusqu’à la fin de la
10 Source : Conseil Général, « Présentation nationale et régionale des centre équestre »
11 Source : Fédération Française d’Equitation, « Dossier fidélité des licenciés 2012 Midi-Pyrénées »
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première guerre mondiale) puis à une certaine catégorie élitiste de personnes pratiquant une
équitation axée sur la performance et les résultats en compétition. Jusque dans les années 50
avec l’ouverture des premiers centres équestres et surtout les années 70 où les premiers
poneys clubs ouvrent leurs portes, inspirés par la tendance anglo-saxonne, l’équitation de
loisir n’existe pas. En matière d’équitation, la demande est fonction de l’offre, de la capacité
des centres équestres à se faire connaître et bien sur des tarifs pratiqués.
Le taux d’abandon précoce très fort peut s’expliquer par la nouvelle image de
l’équitation (image donnée en grande partie par la FFE). En effet, les instructeurs
d’aujourd’hui forment les cavaliers de demain. Le problème est que les instructeurs ont été
formés à une certaine école, basée sur la compréhension du cheval et des années de pratiques
à cheval et autour pour devenir un « homme de cheval ». L’expression homme de cheval
s’applique « aux personnes qui s'occupent exclusivement du cheval, pour l'élever, le dresser,
le conduire ou l'utiliser 12 ». L’art équestre français s’est construit sur un modèle de
performances, militaires ou sportives. Or la clientèle actuelle est majoritairement une clientèle
de loisirs (72% des cavaliers ne souhaitent pas faire de la compétition), cherchant avant tout à
se faire plaisir. Ainsi, l’offre proposée par les centres équestres, avec beaucoup d’activités de
sauts d’obstacles, l’apprentissage de techniques difficiles, ne correspond qu’à une partie des
besoins des cavaliers. Une des raisons de l’abandon précoce peut ainsi être une fausse image
de l’équitation véhiculée par des clips télévisuels, ou des séries, où monter à cheval semble
facile alors que faire réellement fonctionner sa monture demande des années d’efforts.
Les centres équestres et les poneys clubs essaient de s’adapter en proposant des cours
ludiques, en particulier pour les plus jeunes. Mais il s’agit de se demander si la forme de
l’activité, à savoir une demi-heure de préparation, peu souvent encadrée par un moniteur, et
une heure de cours convient réellement aux attentes de la clientèle. La question est de savoir
ce que veut le client : comprendre un animal peu présent dans son environnement familier,
apprendre à s’en occuper, le soigner, le monter, appréhender de nouvelles sensations, en faire
un compagnon de balade ou encore qu’il l’amène jusqu’aux victoires en compétitions ?
Pour satisfaire la demande croissante d’équitation de loisir, les centres équestres sont
de plus en plus nombreux à proposer balades et randonnées, mais encore faut-il qu’ils le
12 Source : Pellier J., « mes italiques », 1900.
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puissent, avec un cadre agréable et des sentiers de randonnées équestres qui partent du club.
En effet rien de pire pour un cavalier rêvant de galop en pleine nature de se retrouver au pas
sur du bitume. D’autres disciplines sont apparues récemment comme l’équitation éthologique,
qui consiste à adopter une approche naturelle du cheval et à communiquer avec lui par des
signaux propres à son espèce. Cette discipline est fortement controversée au sein du
mouvement équestre, considérée par certains comme une tromperie visant à toucher un public
de néophytes. Néanmoins, les centres équestres sont de plus en plus nombreux à proposer
cette discipline, et des « Savoirs éthologiques », diplômes fédéraux ont même été instaurés
par la FFE. Quelque soit l’approbation des professionnels, l’équitation éthologique fédère de
nombreux cavaliers.
On peut émettre l’hypothèse que si le tourisme équestre et l’équitation éthologique
rencontrent autant de succès, c’est parce qu’ils proposent une approche réellement différente
du cheval, basée sur le contact avec l’animal. L’image que la clientèle a de l’équitation de
manège est encore une image militaire, académique, et pas du tout ludique, même si dans la
réalité les reprises, en particulier celles pour les plus jeunes, sont adaptées à leur âge et très
pédagogiques. Les centres équestres ont pour la plupart une offre variée, mais c’est surtout
l’image de l’équitation de manège qui reste un frein pour passer la porte d’un centre équestre.
Un autre frein à la pratique de l’équitation est l’image d’un cercle fermé de cavaliers, qu’il est
difficile de pénétrer. Il y a là aussi un paradoxe, l’équitation est perçue comme un sport
familial, ayant de forte valeur éducative, et pourtant faire partie de ce mouvement sportif
semble n’être possible que pour certaines catégories de personnes : les cavaliers initiés et ceux
qui connaissent le monde du cheval.
Les divergences d’intérêt entre toutes les instances représentatives du cheval, entre la
FFE qui promeut « l’équitation pour tous » et les instructeurs représentants de l’art équestre
français, se retrouvent dans la gestion des centres équestres. Le dirigeant est souvent seul pour
définir le plan de développement de sa structure et monter un plan de financement. Comment
faire pour fidéliser sa clientèle, attirer de nouveaux clients et pourtant enseigner une
équitation de qualité sont aujourd’hui les préoccupations principales de nombreux dirigeants
de centres équestres.
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1.3. Originalité de la gestion des centres équestres
A. Les difficultés pour positionner son centre équestre
L’offre en matière d’enseignement d’équitation est donc hétérogène. Les activités
proposées sont souvent le reflet de la volonté du dirigeant, qui proposera en priorité des
activités équestres qu’il a lui-même pratiquées ou qui ont un certain attrait pour lui. Selon son
degré d’entreprenariat, le gérant pourra mettre en place des activités sur une saison qu’il ne
reconduira pas si elles ne rencontrent pas le succès escompté. Il est difficile de savoir à
l’avance quelles activités vont plaire, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la motivation
première des novices qui s’inscrivent et de « faire du cheval », c’est à dire de monter dessus
mais aussi de s’en occuper et d’apprendre à le connaître, le soigner. Très peu de cavaliers
imaginent être un jour un grand champion, à la différence d’autres disciplines sportives dont
les performances des athlètes font rêver petits et grands. Cependant, la notion de progression
est importante pour la majorité des cavaliers, même pour ceux qui ne souhaitent pas sortir en
compétition et qui sont plutôt tournés vers une équitation de loisir. Le succès des activités
mises en place va aussi dépendre de la capacité du moniteur à communiquer, à susciter l’envie
et créer un certain dynamisme dans le groupe. Il dépend aussi du degré de connaissance de la
clientèle qu’a le dirigeant du centre équestre, qui proposera des activités correspondant à un
réel besoin (par exemple proposer des balades parents-enfants dans un centre équestre
familial). Le choix de la cavalerie, le niveau de dressage des chevaux et poneys est bien sur
déterminant dans le succès des activités, surtout en compétition. Cependant, le dicton bien
connu « il n’y a pas de mauvais cheval, seulement de mauvais cavaliers » est vrai, et
généralement les cavaliers rigoureux et déterminés obtiennent des résultats avec beaucoup de
travail.
Le cheval en tant qu’animal présente un attrait indéniable pour des millions de
personnes. Paradoxalement, les centres équestres ne bénéficient pas forcément de cette image.
Pour de nombreux français, les centres équestres sont un endroit fermé, inaccessible pour le
citoyen lambda et où ils n’ont pas leur place. Pourtant, peu sont les centres équestres à avoir
adopté un positionnement élitiste, la grande majorité étant des clubs familiaux avec une bonne
ambiance. La notoriété des centres équestres peut être faible, même dans leur commune de
résidence s’ils ne prennent pas des mesures pour se faire connaître. Il y a un paradoxe entre la
communauté équestre, plutôt restreinte et où les cavaliers vont tous se connaître (au moins de
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nom) et les prospects potentiels non initiés au monde du cheval, qui ne trouvent pas forcément
la porte d’entrée du monde du cheval.
La question de cible marketing est pertinente pour les centres équestres. Animés d’une
même passion, celle du cheval, les dirigeants doivent bien comprendre que les cavaliers et
potentiels cavaliers ne viennent pas pour les mêmes raisons. Alors que certains sont animés
par la volonté de progresser, d’autres le seront par le désir de passer un moment agréable en
pleine nature, ou encore pour s’occuper de cet être fascinant qu’est le cheval. Il est alors
primordial pour les centres équestres de clarifier leur offre pour que le client sache ce qu’il
peut faire.
A cause du manque de clarté dans l’offre des centres équestres, la plupart des cavaliers
potentiels ne savent pas ce qu’ils vont faire une fois inscrit au centre équestre et un malaise
peut s’en faire ressentir. Par exemple, le cavalier novice qui va pour la première fois dans le
centre équestre proche de chez lui (la proximité étant le premier facteur de choix d’un centre
équestre), peut se sentir déboussolé s’il arrive dans une écurie où la majeure partie des
cavaliers fait de la compétition et travaille en ce sens. Surtout, s’il avait l’intention de
s’inscrire pour faire des balades et se détendre en compagnie de cavaliers ayant les mêmes
motivations. Le problème est que tous les centres équestres proposent des cours « du débutant
à la compétition », et qu’on ne va pas dire à ce cavalier qu’il serait bien mieux dans un autre
centre équestre où la motivation première des cavaliers n’est pas la compétition mais bien de
passer un moment convivial avec son cheval et les autres cavaliers. Il est ainsi fort probable
qu’au bout de quelques séances (voir une saison pour les plus tenaces), ce cavalier abandonne,
n’ont pas à cause de la qualité des cours mais parce qu’en dehors des reprises il n’aura pas eu
satisfaction à son autre source de motivation : rencontrer des gens partageant les mêmes
envies.
Les petits centres équestres (moins de 100 cavaliers) et les gros centres équestres (plus
de 300 adhérents) arrivent à se positionner sur plusieurs segments de clientèle, pour plusieurs
raisons. Dans les petits centres équestres, l’ambiance est familiale, les cavaliers présents
depuis plusieurs années, les gens se connaissent et s’apprécient. Il n’y a souvent qu’un seul
moniteur, qui connaît bien sa clientèle et propose des activités en fonction de leurs envies.
Dans les gros centres équestres, le club peut se diversifier et proposer des activités pour les
férus de compétitions autant que pour la clientèle plutôt « loisir ». Plusieurs moniteurs
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travaillent au centre, chacun ayant généralement « sa » clientèle. Le plus souvent, la clientèle
« loisir » ne côtoie que rarement les cavaliers de compétition.
Le marché de l’équitation est un marché complexe. Les centres équestres sont le fruit
de la passion de cavaliers confirmés, souvent spécialistes d’une activités (obstacle, dressage,
concours complet, pleine nature). Ils ont souvent à cœur de développer en priorité leurs
pratiques équestres favorites. Poussé par la nécessité, ils mettent en place une offre
diversifiée, afin de satisfaire leurs clients mais sans réelle logique. La plupart du temps les
futurs cavaliers ne savent pas vraiment dans quoi ils s’engagent lorsqu’ils mettent les pieds
dans un centre équestre, et quand ils ne trouvent pas ce qu’ils étaient venus chercher, ils
quittent le milieu de l’équitation en pensant que c’est partout pareil. Beaucoup de cavaliers
interrogés, qui ont fait plusieurs centres équestres reconnaissent souvent qu’il y a différents
types de centres équestres : « dans celui-là, les moniteurs ne s’occupaient que de ceux qui font
de la compétition », « dans ce centre équestre, on ne faisait que de l’obstacle »... Pourtant ce
positionnement des centres est rarement visible, seul le critère « prix » permet en général de
faire un choix entre les centres équestres, pour les futurs cavaliers qui ne choisissent pas le
plus proche de chez eux.
Comme pour toute entreprise, il est essentiel que les centres équestres analysent leurs
forces et faiblesses. Une analyse SWOT13 -Strengths, Weaknesses, Opportunites, Threats que
l’on peut traduire par Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces,-est particulièrement
adaptée pour positionner son entreprise sur le marché. Les centres équestres doivent
apprendre à mieux connaître leur clientèle existante et potentielle, leurs concurrents pour se
positionner sur un ou plusieurs segments du marché.
B. De l’homme de cheval à l’homme gestionnaire
Le cheval est un animal vivant, nécessitant de nombreux soins quotidiens. Gérer un
centre équestre signifie entretenir une cavalerie (plus ou moins nombreuses), mettre en place
des activités équestres, gérer la relation avec les clients et bien sûr s’occuper des chevaux.
Dans les petits centres équestres, il n’est pas rare que le dirigeant soit seul pour nourrir les
chevaux, faire les box, assurer les reprises, s’occuper des tâches administratives et répondre
13 Source : Le dictionnaire du marketing.
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aux besoins des clients. Il n’y a actuellement pas de diplôme demandé pour gérer un centre
équestre, en dehors du Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Education Populaire et du
Sport, (BPJEPS) mention ‘équitation’ pour donner des cours. S’il est un cavalier aguerri et un
homme de cheval, le gérant de centre équestre n’est ainsi pas ou peu préparé pour les autres
tâches qu’il doit accomplir.
L’équitation est un secteur précurseur dans le milieu sportif. La convention collective
des personnels de centres équestres fût la première convention collective du milieu sportif,
éditée le 11 juillet 1975. Un grand nombre d’acteurs interviennent dans sa conception, acteurs
du sport, de l’agriculture et de l’élevage, tous concernés.
- L’Etat est représenté par l’intermédiaire de Jeunesse et Sports (qui relève du ministère
des Sports) et des Haras Nationaux (sous l’autorité du ministère de l’agriculture)
- Le Groupement Hippique National (GHN), défendant les intérêts des gérant de centres
équestres
- La Fédération Française des Sports Equestres (ancienne FFE), défendant les sports
équestres de haut niveau.
- Les salariés, représentés par des syndicats.
Cette configuration triangulaire (sport, agriculture et élevage) et les nombreux acteurs
rendent difficiles les relations, chacun cherchant à défendre ses intérêts. Ainsi, la Fédération
Française des Sports Equestres cherche le rayonnement des sports équestres français à
l’international, alors que les Haras Nationaux défendent les chevaux de haut niveau français,
octroyant des primes aux cavaliers français qui ont des résultats en concours avec des chevaux
français. Ce qui conduit les cavaliers de haut niveau à choisir des chevaux français, quand
bien même ils pourraient monter des chevaux étrangers plus performants. La Délégation
Nationale d’Equitation sur Poneys (DNET) et l’Association Nationale de Tourisme Equestre
(ANTE) ajoutent à la confusion en revendiquant leurs droits de promouvoir l’équitation de
loisir, jusque là peu présente et reconnue. Aujourd’hui, la FFE regroupe les activités
d’équitation sur cheval et poney ainsi que le tourisme équestre.
A l’inverse de la majorité des associations sportives, les centres équestres emploient
leurs personnels: palefreniers, soigneurs, moniteurs et des fois une secrétaire. Manager une
équipe de salariés peut s’avérer complexe pour le gérant habitué à travailler seul. Comment
les motiver ? Comment les amener à donner le meilleur d’eux-mêmes, et donner envie aux
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cavaliers de s’investir dans le club ? Les moniteurs d’équitation sont soumis à la convention
collective des centres équestres, et à ce titre leur employeur peut leur demander de travailler
les jours fériés, et ils ont souvent des horaires peu compatibles avec une vie de famille. Le
régime des 35 heures s’applique bien sûr, mais il est rare qu’il soit totalement respecté, et les
heures supplémentaires ne sont que rarement payées, faute de moyen (voire de volonté de la
part de certains employeurs). Manager ces moniteurs est difficile, ces hommes et ces femmes
ont souvent choisi ce métier par passion du cheval et leurs conditions de travail ne sont pas
toujours faciles : travail en extérieur, heures décalées, contact avec les clients... Le turn-over
est fort dans les centres équestres.
Les centres équestres sont donc particuliers car leurs activités relèvent du domaine
sportif (enseignement de l’équitation) mais également du champ de l’agriculture (les salariés
et exploitants des centres équestres sont affiliés à la Mutualité Sociale Agricole, MSA,
organisme de protection sociale du secteur agricole). Deux ministères se partagent la tutelle
de la FFE (ministère des Sports et ministère de l’Agriculture), et défendent des intérêts
différents. De plus, les centres équestres sont majoritairement des entreprises privées et non
des associations, comme ce qui est ordinaire dans le secteur du sport.
C. L’équitation, une exception
Les centres équestres sont donc des exceptions dans le milieu sportif. Structures
privées, les centres équestres ont leurs propres interlocuteurs pour les conseiller. Les instances
représentatives des sports équestres et du sport en général sont nombreuses. FFE, Comité
Régional ou Départemental, Direction Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la
Cohésion Sociale, ... les interlocuteurs sont nombreux mais la coordination faible entre eux.
De ce fait les dirigeants de centres équestres sont souvent amenés à trouver des réponses eux-
mêmes, et à imaginer leurs solutions. Milieu à part, l’équitation est le seul sport qui fait
intervenir un animal, et c’est également le seul sport mixte en compétition. Par son histoire,
l’équitation garde une image d’un milieu fermé, réservé à une certaine catégorie de la
population. Malgré un fort potentiel de sympathie et d’attrait pour le cheval, les dirigeants de
centres équestres ont parfois du mal à faire changer les états d’esprit, et cela nuit à leur
notoriété. L’heure de cours poney varie entre 12! et 16! selon les clubs, alors que les
associations sportives proposent en général des tarifs bien moins chers pour la saison. La
France est cependant en avance sur ses voisins européens, et les efforts faits pour la
démocratisation de ce sport sont visibles. L’Angleterre par exemple avait pour objectif
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d’atteindre les 400 000 licenciés en 2013, alors que la France compte plus de 700 000
licenciés. Les tarifs des leçons sont également plus chers, puisqu’en général il faut compter
20£ (environ 23!) pour une heure de leçon. Pourtant, l’Angleterre est la terre du cheval par
excellence, et il est courant de posséder son cheval ou son poney, même pour les non
cavaliers, le cheval étant presque considéré comme un animal de compagnie. La FFE a adopté
une politique fédérale d’équitation pour tous, et les centres équestres relaient cette volonté en
proposant des cours à un moindre coût, comme pourrait le faire les associations. Cependant
cette massification de l’équitation, avec des techniques d’apprentissages ludiques et rapides a
un coût : la perte de techniques de dressage qui font que l’équitation française est reconnue
dans le monde entier. En effet, l’équitation de tradition française est inscrite au patrimoine
mondial de l’UNESCO. Elle est définie comme « un art de monter à cheval ayant comme
caractéristique de mettre en relief une harmonie des relations entre l’homme et le cheval. Les
principes et processus fondamentaux de l’éducation du cheval sont l’absence d’effets de force
et de contraintes ainsi que des demandes harmonieuses de l’homme respectant le corps et
l’humeur du cheval. La connaissance de l’animal (physiologie, psychologie et anatomie) et de
la nature humaine (émotions et corps) est complétée par un état d’esprit alliant compétence et
respect du cheval. La fluidité des mouvements et la flexibilité des articulations assurent que le
cheval participe volontairement aux exercices.14 ».
14 Source : www.unesco.org, L’équitation de tradition française.
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II. L’avenir du cheval en France
2.1. Les composantes déterminantes pour l’avenir de la filière
A. Contexte économique et phénomènes sociétaux
La domestication du cheval et ses différents usages sont depuis toujours en relation
avec son environnement extérieur. L’abandon du cheval utilisé à des fins militaires avec
l’apparition d’engins motorisés en est un exemple. Les évolutions économiques et sociétales
que l’on peut prévoir dans les décennies à venir devraient être prises en compte pour les
perspectives de la filière équine.
Les perspectives économiques sont les plus difficiles à prévoir. La crise économique
qui sévit depuis 2008 ne touche pas les pays de la même façon. En France, la pratique de
l’équitation, même si elle se développe, concerne majoritairement les classes moyennes
supérieures et les classes supérieures. Le secteur équestre est particulièrement dépendant du
pouvoir d’achat des français. Comme tout secteur de loisir, c’est une dépense que les
consommateurs supprimeront s’ils n’en ont plus les moyens. Le profil des clients est tel que si
la crise touche durablement les classes moyennes de la société, l’augmentation annuelle du
nombre de licenciés pourrait être perturbée. A l’opposé de ce scénario, le retour à la
croissance favorisera les classes moyennes et les centres équestres verraient certainement leur
nombre d’adhérents augmenter d’année en année.
Le contexte sociétal prend en compte les modes de vie des français, leurs besoins et
les répercussions sur la filière équine. Le 21ème siècle est caractérisé par l’allongement de la
durée de vie, une mobilité accrue mais également un certain appauvrissement des classes
moyennes. En 2000, il y avait 17% des personnes de plus de 65 ans, et les estimations sont de
23% en 2030. Cette augmentation du nombre de personnes âgées peut être une opportunité
pour la filière équine avec l’apparition de services « nouveaux loisirs », prenant en compte les
caractéristiques de cette population (promenade en calèche) mais aussi des services « santé »
comme la rééducation par le cheval.
Internet, les réseaux sociaux et les modes de transport de plus en plus qualitatifs et
rapides, ont permis le développement du temps libre. Mieux informés, plus rapides dans leurs
déplacements, les français ont acquis une mobilité accrue et surtout un niveau d’exigence
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renforcé. Les activités de loisir dépendent de moins en moins du lieu de vie et du lieu de
travail. Les français sont donc moins liés à un territoire, n’hésitant pas à faire des kilomètres
pour trouver l’activité de leurs rêves. Les secteurs de services et de loisirs se doivent d’être le
plus concurrentiel possible. Cette nouvelle mobilité des français peut être une opportunité
pour le secteur du tourisme équestre, pour peu que son offre soit attractive et qualitative.
Les modes de vie de plus en plus individualistes, marqués par un désengagement de la
vie politique et syndicale, la hausse des incivilités et de la délinquance affaiblissent les
rapports entres les Hommes, que ce soit les liens familiaux ou amicaux. Cet individualisme
poussé est la conclusion d’une « course au temps », le citoyen moderne n’ayant plus le temps
pour les autres, mais aussi d’un fort désir de liberté. Les français veulent être libres, et
choisissent leur groupe d’appartenance en fonction de leurs envies. Des réseaux se mettent en
place, en fonction des centres d’intérêts, et l’utilisation d’Internet facilite les échanges.
L’appartenance à un réseau est un symbole fort aujourd’hui, les français préférant se référer et
aider des membres de leur réseau plutôt que de se référer aux voies institutionnelles. Les
pratiques individualistes peuvent alors conduire à l’émergence d’une nouvelle forme de
solidarité favorisée par la recherche d’intérêt collectif. Ce nouveau mode de vie peut donner
naissance à de nouveaux usages du cheval : organisation de randonnées par des particuliers,
adoption de cheval en commun...
Le rapport entre l’Homme et l’animal est aussi une composante sociétale à prendre en
compte pour l’évolution de la filière équine. La nature et les animaux sont perçus
différemment qu’il y a quelques décennies. Alors que le contact avec la nature et les animaux
était la règle à une certaine époque, il est aujourd’hui l’exception. De nouveaux
rapprochements existent entre l’Homme et les animaux, mais plus réglementés. Le tourisme
vert, les sports de nature, sont autant de moyens de s’évader du paysage urbain. La mobilité
accrue des français permet d’accéder facilement à cette nature. La prise en compte de la
condition animale et le rejet des souffrances qui peuvent leur être faites, conduisent certains
groupes à assimiler le cheval à l’homme par transposition des besoins.
B. Les préoccupation et attentes des français
Une des attentes des français concerne le bien-être animal. Le statut du cheval a
changé selon les époques. Au moyen-âge, le cheval était utilisé comme outil agricole ou pour
la guerre. Aujourd’hui, il est instrument de sport ou de loisir, et sa condition a beaucoup
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évolué. Cependant, de nombreux cas de maltraitances sont encore recensés par les
associations de protection animales (SPA, fondation Brigitte Bardot...). Une proposition de loi
visant à faire passer le cheval en tant qu’animal de compagnie et non comme animal de rente,
comme c’est le cas aujourd’hui, est en cours. Les conséquences seraient certainement une
interdiction de consommation de la viande chevaline, mais aussi de nouvelles règles en ce qui
concerne la possession et l’utilisation des chevaux. En effet, si les chevaux ne sont plus
victimes de la guerre ou de l’exploitation agricole forcée, leur bien-être n’est pourtant pas
forcément assuré. Posséder un cheval n’est pas soumis à une réglementation particulière. Si
les professionnels (centre équestre, élevage...) vont généralement tout faire pour que leurs
chevaux vivent de manière décente, les particuliers peuvent ne pas avoir les connaissances
nécessaires sur la manière d’élever un cheval. S’il va de soi qu’un cheval a besoin d’espace, il
nécessite de nombreux soins qu’il ne faut pas négliger. Mêmes chez les professionnels, des
dérives existent. Le coût d’un cheval augmente régulièrement, en fonction du prix des
céréales mais aussi d’autres composantes (charges salariales, frais vétérinaires...) et certains
n’hésitent plus à faire quelques économies au détriment du bien être animal (nombreux
chevaux dans le même paddock, chevaux mal nourris...). Certaines pratiques équestres sont
également à dénoncer : nombreux coups de cravaches aux courses ou encore techniques de
dressage dures pour les chevaux de sport. Poussée à l’extrême, la cause du droit des animaux
ne pourrait-elle pas interdire la monte des chevaux, sous prétexte qu’il n’est pas naturel pour
un cheval d’être monté ?
Une autre préoccupation de ce 21ème siècle est la protection de l’environnement.
Depuis l’industrialisation massive des outils agricoles, le cheval a disparu des campagnes
françaises. Cependant, certaines villes n’hésitent pas à recourir à ses services pour des
activités telles que le tri des déchets, les balades en calèche... Le cheval est un agent
économique « propre », et qui va mettre en avant la politique écologique de la ville. Outre cet
aspect politique et environnemental du cheval, il peut être l’emblème de la ville et valoriser le
territoire. A titre d’exemple, le Camarguais, le petit cheval de Camargue, fait partie de
l’histoire de cette région et est un attrait touristique de la région Provence Alpes Côtes d’Azur
et Languedoc-Roussillon. Dans les territoires fragiles, le cheval peut être utilisé pour d’autres
travaux (débardage, sylviculture...), car son impact sur l’écosystème est limité. De même, le
cheval peut être utilisé pour l’ouverture de milieux et la préservation de la biodiversité. En
montagne ou dans les territoires partiellement abandonnés il entretien les chemins. Même si
ce n’est pas encore d’actualité, l’attelage et les déplacements en calèche pourrait se
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développer dans les années à venir, son utilisation étant considérée comme énergie
renouvelable, un des axes de développement de l’Etat français dans les années à venir.
Aujourd’hui, les français se tournent de plus en plus vers les sports de nature. Ceux-ci
regroupent des sports terrestres (marche à pied, VTT...), nautique (canoë-kayak, nautisme...)
et aérien (parapente, parachute). L’équitation est un sport de nature terrestre, mais il convient
de différencier l’équitation de manège de l’équitation d’extérieur, où le cavalier évolue dans
un cadre naturel (bois ou forêt en général), et non pas dans un endroit clos. Les français font
bien le distinguo entre équitation d’extérieur et équitation de manège. En effet, entre 2001 et
2005, les fédérations de sports de nature ont vu leurs nombres de licenciés augmenter de 9%,
alors que la FFE (licenciés chevaux, poneys et tourismes équestres confondus) enregistrait
une croissance de 3% seulement. L’équitation au contraire de certains sports de nature, peut
se pratiquer toute l’année, même si en été d’autres sports de nature peuvent lui être préféré
(comme la randonnée pédestre, plus abordable financièrement). Ainsi, les attentes sportives
des français sont clairement portées sur les pratiques de pleine nature, en particulier terrestre.
L’offre d’équitation d’extérieur existe, mais doit encore se développer pour satisfaire la
demande croissante. L’accessibilité (tous les centres équestres ne proposent pas
l’enseignement de l’équitation d’extérieur), le niveau de pratique (partir en extérieur peut
nécessité des compétences différentes de l’équitation traditionnelle), les lieux de pratique (de
nombreuses régions ne disposent pas de chemins correctement balisés) sont autant de
challenges pour le développement de l’équitation d’extérieure.
Les préoccupations des professionnels
La filière équine s’est construite sans réelle structuration, par réponse aux évolutions
des besoins des hommes. Le cheval est source d’emplois (en 2008, la filière équine comptait
75 000 emplois équivalent temps plein, dont 50% sur le segment course 15 ). Les
préoccupations des acteurs de la filière équine sont nombreuses, pour cet animal qui fait le
lien entre la tradition et la modernité, la ville et la campagne, les loisirs et les performances
sportives.
15Source : Avis et rapports du Conseil Economique, Social et Environnemental « Les enjeux et les perspectives de la filière équine en France », 2010.
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En ce qui concerne l’emploi, la passion du cheval conduit généralement les jeunes à
s’orienter vers un métier de la filière équine. Les conditions d’exercice du métier (travail en
général à l’extérieur, horaires peu compatibles avec une vie de famille, salaires peu élevés...)
font qu’il y a un fort turn-over des salariés dans la filière, 48% d’entre eux quittant leur
métier un an après leur entrée dans cette voie. Ce changement d’orientation peut également
s’expliquer par un certain désenchantement entre l’expérience de cavalier de loisir ou amateur
et les conditions d’exercice du métier. En effet, le contact avec les chevaux est ce qui motive
les jeunes à choisir un métier dans la filière équine, or pour beaucoup le contact avec le cheval
à tendance à se perdre lorsque l’on devient professionnel. Les entreprises sont amenées à
employer de nouveaux salariés pour faire face aux départs, ce qui présente un coût important.
Les conséquences sont un frein à la professionnalisation puisque pratiquement la moitié des
salariés quitte le métier très tôt (un an), et donc un manque de spécialistes. La baisse de la
TVA en 2005 a permis l’embauche de nouveaux salariés, mais 56% des salariés sont encore
en contrat précaire, et la hausse de la TVA suite à l’application des décisions européennes
risquent d’accentuer cet état de fait. Les amateurs et bénévoles représentent un effectif
important des hommes de la filière équine, comparativement au poids des professionnels
(dont le statut est toujours peu clair), ce qui conduit à un manque de formation d’une grande
partie des acteurs. Les formations professionnelles dans le milieu du cheval manque de clarté
et certains métiers n’ont pas de formation spécifique.
Le professionnalisme de certains segments de la filière est un débat pour les acteurs
concernés. Les éleveurs vivant de leur activité se définissent comme « professionnel »
accusent les éleveurs exerçant cette activité à titre secondaire de concurrence déloyale et
d’être surreprésentés dans les associations professionnelles. Cependant, la filière « élevage »
fonctionne en grande partie grâce aux actions des éleveurs « amateurs », et il semble difficile
d’interdire les aides pour ceux-ci. Pour le segment « élevage », le retrait progressif de l’Etat (à
travers les Haras Nationaux) de la filière équine s’accompagne d’une diminution des aides
publiques, et une régression du nombre des éleveurs. Pour les acteurs de la filière toute
entière, la passion du cheval peut mener les entrepreneurs à poursuivre leur activité, même en
cas d’échec, en puisant dans des Fonds privés. La régulation du marché est donc compromise,
et les résultats économiques très variables en fonction des profils des entrepreneurs.
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En ce qui concerne les centres équestres, nombreux sont les dirigeants de centres
équestres et cavaliers professionnels à s’inquiéter de l’avenir de leur sport. Les principaux
sujets d’inquiétude concerne le niveau de formation des enseignants (le BPJEPS Equitation
étant plus un diplôme d’animation que d’enseignement), l’organisation des compétitions et
l’incompréhension de la politique menée par la FFE. Certains se sont regroupés sous le nom
des « Indignés de la politique fédérale », et animent un groupe Facebook. Même si leurs
actions sont encore peu concrètes, une association a tout de même vu le jour en avril 2013,
dont le président est Hervé Godignon, cavalier professionnel ayant tourné au plus haut niveau
en compétition de sauts d’obstacles. L’objet de cette association est d’amener à une nouvelle
forme de gérance et des formes de pratiques différentes de l’équitation. Le projet est
également de proposer un nouveau mode d’enseignement et de formation, où l’équitation
traditionnelle est préservée tout en maintenant l’accessibilité à ce sport. Le groupe Facebook
compte pratiquement 7 000 adhérents16, mais le nombre d’adhérents de l’association n’a pas
encore été dévoilé. Les « Indignés », soulèvent de nombreuses questions en ce qui concerne
l’intégrité de la FFE, leur incompréhension de la politique fédérale et le manque de
reconnaissance envers eux. C’est pourquoi les décisions politiques que va prendre la FFE, et
les actions plus ou moins incisives des « Indignés » peuvent dans l’avenir influencer
l’équitation et ses pratiquants.
2.2. Préconisations
Contrairement à de nombreux autres animaux, le cheval n’est pas un symbole en
particulier (rusé comme le renard, malin comme une singe...). Le cheval symbolise de
nombreuses valeurs, selon la perception des gens : liberté, retour à la nature, force, vitesse,
sensibilité animale... Les français accordent une place particulière au cheval, et c’est d’ailleurs
leur troisième animal préféré. Bien que le cheval ne soit plus utilisé pour les travaux
agricoles, il reste présent à de nombreuses occasions : baptêmes à poney lors de fêtes ou
foires, spectacles équestres, mais aussi figurines pour enfants ou nombreux sites internet de
jeu d’élevage de chevaux. Cependant, l’attrait pour cet animal, s’il existe bien, ne saurait
suffire à une démocratisation plus large qu’elle n’existe déjà. Les évolutions économiques,
sociétales et les politiques choisies par les instances représentatives sont déterminantes pour
16 Source : www.facebook.com/groups/317856031654389/?hc_location=stream
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l’avenir de la filière équine. Pour que le cheval garde cette place forte au sein de la société
française, des mesures doivent êtres prises pour que les emplois crées soient pérennisés et que
les nouvelles utilisations du cheval, en particulier celles en faveur de l’environnement, se
développent.
A. Des actions pour préserver la filière équine
1. Restructurer la filière équine
Au sein de la filière équine, de nombreux acteurs interviennent pour défendre leurs
intérêts. Que ce soit pour l’élevage, les courses, les sports et loisirs équestres, ou encore la
viande chevaline, chacun cherche à pérenniser sa situation, sans prendre en compte les
intérêts des autres acteurs. Pour que l’ensemble de la filière puisse se développer, et que
chaque segment soit viable économiquement, il convient de mettre en place certains
dispositifs. Par exemple, les deux interprofessions du cheval Interbev (concernant la viande
chevaline) et la FIVAL (concernant les sports et les loisirs) jouent leur rôle dans leur segment,
sans qu’aucun dispositif de coordination entre elles ne soit mis en place. Des questions
concernant l’avenir des chevaux réformés de courses, la communication vers le grand public,
les objectifs d’élevage mériteraient une coordination entre ces organismes pour plus
d’efficacité.
Pour que la France reste une « terre de cheval », tous les acteurs doivent se concerter
et adopter une vision commune quand à l’avenir du cheval. Au niveau des territoires, les
actions mises en places sont très différentes d’une région à une autre. En Basse-Normandie
par exemple, le Pôle de Compétitivité Equin anime l’ensemble de la région, et attire des
cavaliers de tous les pays grâce à la qualité de ses infrastructures et de ses formations
équestres. Certaines régions au contraire de la Basse-Normandie, sont pauvres
d’infrastructures et de formations équestres, créant des inégalités d’accès.
La France accueille les jeux équestres mondiaux en 2014. Il s’agit du plus gros
événement équestre, avec près de 1 000 compétiteurs et 500 000 visiteurs attendus17,
provenant de multiples pays. La restructuration de la filière équine est un enjeu important
pour que les retombées économiques et sociales de cet événement puissent bénéficier à tous
17 Source : www.jemfeialltech2014-normandie.fr/
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les acteurs. De même, afin de défendre ses droits auprès de la Commission européenne, la
filière a tout intérêt à s’unir et à adopter une vision commune de l’avenir du cheval.
2. Le cheval : animal de rente
Les préoccupations sur le bien-être animal sont nombreuses aujourd’hui. De
nombreuses associations militent contre l’hippophagie. Malgré une baisse de la
consommation en France de viande chevaline, elle est le premier exportateur en Europe, en
augmentation chaque année. Les pays voisins (l’Italie étant le premier pays consommateur de
viande de cheval en Europe18) n’ont pas la même approche du cheval et de sa consommation.
L’interdiction de consommation de viande chevaline aurait de graves conséquences en termes
d’emplois que ce soit pour l’équarrissage, l’abattage ou la distribution de la viande chevaline.
Plus que cela, certaines races de chevaux de trait élevées spécialement pour leur viande
verraient leurs effectifs diminuer jusqu’à la disparition de la race.
Dans un autre registre mais toujours en ce qui concerne le bien être animal, des
associations militent pour la reconnaissance du statut d’animal domestique pour le cheval. Ce
changement, en plus d’interdire la consommation de viande chevaline (puisqu’en France il est
interdit de consommer des animaux domestiques) poserait la question du traitement des
chevaux de sports et de courses et de leurs conditions de vie. Les excès existent, dans tous les
domaines. La plupart des cavaliers de sports équestres dénoncent les conditions de vie des
chevaux de courses, qui d’ailleurs ont de très courtes carrières tant cette activité fait appel à
leur ressources. Dans les sports équestres des dérives existent aussi (harnachement trop dur,
chevaux montés trop jeunes...).
Dans les centres équestres, les dérives existent aussi. Avec l’engouement de
l’équitation de ces dernières années, des centres équestres ont ouvert, dirigés par des hommes
ou des femmes sans formation, ni grande expérience du cheval. S’ils sont obligés d’employer
un moniteur diplômé pour assurer les reprises, le manque de connaissance du cheval ou le
désir de faire des économies conduisent souvent à des négligences sur les conditions de vie
des chevaux : pas d’abris dans les près, paddock surpeuplé de chevaux, matériel de monte en
mauvais état... Bien sûr les cavaliers aguerris ou les novices attentifs aux bien être du cheval
18 Source : Haras Nationaux, « Les chiffres de la filière équine en 2012 ».
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ne se laisseront pas tenter par ce genre d’endroit, mais les jeunes arrivants, ne connaissant pas
le monde du cheval sont souvent tentés par ces centres équestres, souvent parce que les prix
pratiqués sont moins chers que chez les concurrents. Le mauvais traitement de chevaux en
club contribue à donner une image négative de toute l’équitation de club, alors que des centres
équestres sont très attentifs au bien être de leurs équidés. Des contrôles poussés sur les
conditions de détentions, sur les formations suivies par le dirigeant pourraient contribuer à
améliorer la vie des chevaux de club.
S’il faut condamner les dérives en ce qui concerne l’utilisation de chevaux, quelque
qu’elle soit (course, sport et même loisir où le bien être des chevaux peut ne pas être pris en
compte), interdire de les monter tuerait la filière équine (le paroxysme serait de ne plus
monter les chevaux car cela ne leur est pas naturel). Pour empêcher que les chevaux ne
servent que d’outils pour atteindre des objectifs sportifs ou économiques, certaines mesures
pourraient être mises en place. Par exemple en Suisse, pour posséder plus de 5 chevaux, le
détendeur doit souscrire certaines conditions notamment en ce qui concerne la surface des
pâturages, les dimensions des box et avoir passé une formation d’une journée19. La France
pourrait s’inspirer de certaines pratiques, et mettre en place des contrôles plus poussés sur les
conditions de détention des chevaux, qu’ils soient dans des élevages ou dans des écuries de
course ou de sports équestres, tous niveaux confondus.
3. L’ouverture à la concurrence des courses hippiques
L’ouverture à la concurrence des paris sur les courses hippiques, jusque là réservés
aux PMU pose la question du financement de la filière, puisqu’une partie des montants pariés
étaient prélevés pour le financement des sociétés de courses et pour le Fonds EPERON.
Certains pays ont déjà souffert de l’ouverture à la concurrence, comme l’Allemagne, l’Italie
ou la Belgique, suite à l’apparition d’un trop grand nombre d’opérateurs privés. Aujourd’hui,
il est difficile de savoir comment seront mis en œuvre les prélèvements pour le financement
de la filière. Néanmoins, l’ouverture à la concurrence des opérations de paris sur les courses
hippiques pose la question du contrôle de l’offre, de la prévention contre l’addiction aux jeux
et du blanchiment d’argent.
19 Source : www.vsp-fsec.ch/boxalino/files/BXMediaOne49file.pdf
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En France, l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL) est l’autorité
administrative servant à la régulation des jeux de hasard. Son rôle consiste à la protection des
consommateurs, à l’encadrement des paris grâce à l’octroi d’un agrément pour les
organisateurs de jeux, et le contrôle de la fiscalité, notamment les prélèvements à redistribuer
aux secteurs des courses et des sports équestres20. Son rôle dans les années à venir sera
déterminant pour le maintien des jeux de hasards que ce soit les paris hippiques où les autres
formes de jeux. En effet, les paris hippiques représentent plus de 10 000 milliards d’euros
joués chaque année21, et le contrôle des opérateurs et des modalités de jeux est primordial afin
d’éviter toutes dérives, pouvant conduire à l’abandon de cette activité par les joueurs s’ils
estiment qu’elle n’est pas assez sûre.
4. Le statut d’éleveur professionnel
La France est riche d’élevages de qualité, produisant des chevaux de haut niveau que
ce soit dans les courses hippiques ou dans les sports équestres (en particulier en saut
d’obstacle). La concurrence qui existe entre les éleveurs professionnels et les éleveurs
particuliers, met à mal l’élevage français. En effet, les éleveurs professionnels doivent vivre
de cette activité, tandis que les éleveurs particuliers ont une activité professionnelle en plus de
l’élevage. La loi de 2005 donne les mêmes dispositions (juridiques et fiscales) aux éleveurs,
qu’ils soient professionnels ou particuliers, en leur donnant le statut agricole. Recadrer les
conditions d’élevage donnant accès à ces dispositions (par exemple montant minimal de
chiffres d’affaires, nombres de reproducteurs ou de poulinières à posséder...) permettrait de
favoriser l’élevage professionnel. De plus, le marché de l’élevage serait d’avantage contrôlé et
permettrait de mettre en place des actions à long terme en terme de reproduction.
Aujourd’hui, les éleveurs professionnels ne représentent que 20% des éleveurs et les
associations d’éleveurs regroupent majoritairement des particuliers. La clarification du statut
d’éleveur professionnel amènerait un nouveau professionnalisme sur cette activité, et des
emplois à plus long terme.
20 Source : www.arjel.fr/-Role-et-missions-.html.
21 Source : Haras Nationaux, « Les chiffres de la filière équine en 2012 ».
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5. La valorisation des sous-produits du cheval
Le cheval est générateur de nombreux sous-produits. Le premier, le crottin peut être
source d’utilisation multiple. Historiquement, les agriculteurs s’en servent pour fertiliser leurs
champs, et sa qualité n’est plus à démontrer. Aujourd’hui, de nombreux foyers français
possèdent leurs propres jardins et s’adonnent à la pratique du jardinage, comme un loisir. 89%
des français disposent ainsi d’un jardin, du balcon aménagé au grand jardin22. Le fumier de
crottin peut être utilisé par les particuliers, et être distribué aux ménages qui le désire. Une
autre utilisation du fumier consiste à la méthanisation du fumier. La méthanisation « est un
procédé biologique permettant de valoriser des matières organiques en produisant du biogaz
qui est source d’énergie renouvelable et un digestat utilisé comme fertilisant. »23. Très utilisé
dans des pays comme l’Allemagne et la Hollande, ce procédé n’est pas encore très reconnu en
France.
Les atouts de la méthanisation sont nombreux. Elle permet de diversifier les sources
de revenu pour les exploitations agricoles, qui peuvent revendre le surplus d’énergie qu’ils ne
consomment pas à des entreprises d’électricité. Face à la montée des prix de l’énergie
(électricité, gaz), elle permet à l’exploitant d’être indépendant et de moins subir les hausses de
prix des énergies. Les exploitants agricoles sont tous confrontés au stockage du fumier, la
méthanisation permet de valoriser cette ressource. Seulement une dizaine d’exploitations
équestres ont aujourd’hui recours à ce procédé. La mise en place de la méthanisation donne
accès à des aides de l’Etat, cependant une meilleure communication permettrait à plus
d’exploitants agricoles d’avoir recours à ce procédé. Au niveau des collectivités, la
méthanisation permet la création d’emplois et augmente l’autonomie d’un territoire en
matière d’énergie et permet d’adopter un comportement « écologique », en phase avec le
développement des villes.
22 Source : www.planetoscope.com/tourisme-loisirs/Jardinage.
23 Source : www.biogaz-energie-renouvelable.info/methanisation_definition.html.
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B. Des actions pour la professionnalisation de la filière
Les métiers du cheval sont nombreux, du palefrenier d’écuries à l’entraineur de
chevaux de concours. Cependant, la plupart de ces métiers s’apprennent avec l’expérience, et
beaucoup n’ont pas de formation donnant accès à un diplôme. Les perspectives d’évolution
sont minces et le turn-over fort. La professionnalisation de la filière passe donc par la création
de formations diplômantes et de perspectives de carrière.
1. Vers de nouvelles formations
La passion du cheval conduit chaque année des jeunes étudiants à opter pour une
formation en lien avec le cheval. Les postulants au BPJEPS Equitation n’ont jamais été aussi
nombreux. Pourtant, les carrières de moniteurs d’équitation sont courtes, et ces formations
permettent difficilement de se réorienter vers un métier d’avenir. Parmi les passionnés
choisissant un métier dans le cheval, une infime partie seulement en fait carrière, parce qu’ils
disposent de qualités physiques exceptionnelles où qu’ils réussissent au haut niveau.
L’avantage des formations équestres, et quelles permettent à des jeunes désabusés par les
études d’obtenir un diplôme dans leur passion, et de se retrouver tôt sur le marché de
l’emploi. Néanmoins, il serait bon d’introduire de nouvelles formations, qui permettraient à
ces hommes de cheval de conduire une exploitation équestre, que ce soit d’un élevage, un
centre équestre ou même un hippodrome, afin de leur offrir des perspectives de carrière.
Monter sa structure nécessite un investissement important, certes, mais la gérer requiert de
solides connaissances que ne dispensent pas, ou très peu, les formations équestres.
De nouvelles formations permettraient d’accéder à plus de professionnalisme des
acteurs de la filière. Les formations déjà existantes devraient informer les étudiants sur les
conditions réelles du métier et mieux les préparer, afin d’éviter les désillusions en sortie de
formation. Les langues étrangères sont peu étudiées dans les formations équestres, alors qu’un
réel niveau parlé et écrit (notamment en anglais), permettrait aux jeunes étudiants de pouvoir
proposer des activités équestres aux touristes demandeurs. La France est la première nation de
tourisme équestre, pourtant peu de gérants de structure ou de moniteurs d’équitation savent
parler une autre langue que le français.
L’harmonisation des diplômes européens, notamment ceux de moniteurs d’équitation
permettrait une plus grande mobilité des diplômés. Des efforts ont déjà été faits en Europe
avec le système des Licences-Masters-Doctorats, communs aux universités généralistes et les
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étudiants sont nombreux à bénéficier du programme Erasmus et à faire une année à l’étranger.
La mise en place de pareils échanges pour les métiers du cheval serait pertinente car chaque
nation a des savoir-faire différents, et la découverte de différentes techniques d’un métier
permettrait aux étudiants de l’appréhender de manière nouvelle. Des diplômes harmonisés au
niveau européen permettraient de réguler le marché de l’offre et de la demande de certains
métiers entre les pays.
D’autres métiers, en lien avec le cheval sont intéressants pour les jeunes. Le métier de
sellier a eu tendance à disparaître avec l’ouverture de la mondialisation. Cependant le cheval à
ceci de particulier que chaque individu est unique. La majorité des cavaliers préfèrent encore
avoir une selle faîte par un artisan qui pourra l’adapter à sa morphologie et à celle du cheval
plutôt que de l’acheter en grande distribution (Decathlon par exemple). Le métier de
maréchal-ferrant est également un métier important dans la filière équine. Le dicton « pas de
pied, pas de cheval », signifie bien que les performances d’un cheval peuvent être
compromises si ses pieds, supports de tout son poids, ne sont pas bien entretenus. L’artisanat
lié au cheval existe depuis l’utilisation du cheval, même si les techniques ont évolué. Les
métiers de l’artisanat exigent souvent une très bonne condition physique et beaucoup de
disponibilité.
2. Vers des perspectives de carrières
En France, le code du travail impose certaines règles aux employeurs : 35 heures de
travail hebdomadaire, jours de repos, rémunération des heures supplémentaires... Ces règles
sont difficiles à appliquer pour tous ceux qui travaillent directement aux contacts des chevaux.
Leurs besoins physiologiques exigent une présence quotidienne, 365 jours par an. Les
activités équestres se pratiquent en général durant les temps libres, et les heures de travail des
salariés sont souvent le soir et le week-end. Les grosses structures arrivent généralement à
faire coïncider le code du travail et les besoins de l’entreprise, en mettant en place des
systèmes de roulement de salariés et en organisant au mieux le travail. Les salariés y sont
généralement plus épanouis. Malheureusement, la majorité des entreprises équestres sont de
petites tailles, et les conditions de travail difficiles : beaucoup d’heures supplémentaires,
travail tous les week-end... Un des enjeux des années à venir concerne le respect de la
législation pour le bien être des salariés. Un système de mutualisation des moyens permettrait
à des petits centres équestres de se regrouper pour ainsi mettre à disposition leur salarié qui
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bénéficierait des conditions de travail normales. Cependant, ce système de groupement existe
encore très peu, chaque centre équestre se conduisant plutôt de manière individualiste.
La place des femmes dans la filière est encore difficile à pérenniser, car peu de
moyens sont mis en œuvre pour les femmes désirant avoir des enfants. Les heures de travail
étant en décalé, il est difficile de faire garder ces enfants. De plus, les femmes enceintes
doivent généralement arrêter leur travail très tôt dans leur grossesse, étant donné les
particularités de leur métier (risque d’accident avec les chevaux, travail debout toute la
journée...).
Les chevaux sont des animaux lourds (entre 200 kg pour les petits poneys et 800 kg
pour les chevaux de trait) qui exigent une très bonne condition physique. Les risques relatifs à
la manipulation des chevaux sont nombreux et peuvent provoquer des douleurs sur le long
terme, en particulier au dos. Les employeurs ont l’obligation de veiller à la sécurité de leurs
employés, c’est pourquoi il convient qu’ils mettent en place des dispositifs d’aide. Selon le
code du travail, les hommes ne peuvent porter de charges supérieures à 55 kg, et les femmes
25 kg24. Dans un milieu essentiellement féminin, il n’est pas rare que les femmes aient à
porter des charges lourdes, risquées pour elles. Certains centres équestres achètent des
machines pour décharger leur salarié, mais ce matériel reste un investissement difficile pour
les petits centres équestres. Là aussi, la mutualisation de moyens entre les centres équestres
permettrait d’acheter des machines pour préserver le personnel (manitou pour faire les box
par exemple).
La reconversion des salariés est aussi une problématique pour les employeurs. Par
exemple, le métier de moniteur d’équitation ne se limite pas à donner des cours. Les salariés
sont ainsi amenés à sortir les chevaux au près, curer les box, soigner les équidés... travail
difficile s’ils sont victimes de troubles musculo-squelettiques. L’employeur est pourtant
obligé d’adapter le poste de travail à ses salariés. Le recours à la formation continue, très peu
utilisé, permettrait de former des moniteurs à des tâches administratives et de gestion courante
d’un établissement équestre tout en les maintenant sur leurs missions d’enseignement de
l’équitation. Une meilleure information des possibilités de financement de ces formations
permettrait d’adapter les conditions de travail aux capacités physiques des salariés.
24 Source : www.atousante.com.
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C. Vers de nouvelles utilisations du cheval
1. Le cheval de trait : force motrice pour de nombreux travaux
Face aux préoccupations environnementales (diminution des gaz à effet de serre), la
hausse des prix des énergies, (hausse de 5% de l’électricité au premier juillet 2013) et la
volonté de renforcer les liens sociaux, les collectivités publiques sont amenées à réfléchir à
de nouvelles utilisations des chevaux, en particulier des chevaux de trait. Les tâches qui
peuvent se faire à l’aide des chevaux sont nombreuses : entretien des espaces verts, navette de
personnes en centre-ville, tri des déchets, sylviculture, sécurité des lieux et des personnes
(surveillance à cheval)... Cependant, il convient de bien analyser le coût d’utilisation des
chevaux pour ces travaux. En effet, avant de pouvoir être opérationnel les chevaux doivent
être dressés, pendant un an environ. Le personnel en charge des chevaux doit également avoir
une formation pour pouvoir mener à bien ces missions faisant appel aux chevaux. Le prix du
matériel n’est pas non plus négligeable : calèche pour le transport de personnes ou des
déchets, harnachements, selles...
L’utilisation des chevaux de trait peut permettre aux collectivités de réduire leur
dépense en énergie et d’améliorer leur image auprès des citoyens en favorisant les actions
« vertes ». Ces nouvelles utilisations des chevaux auraient pour effet de valoriser certaines
races, certaines n’étant plus utilisées que pour la boucherie. Il convient néanmoins de
sensibiliser les publics aux contraintes d’utilisation du cheval. Les contraintes sont d’ordres
économiques mais aussi sur la prévention des risques du cheval. Le cheval est un animal
peureux par nature, et même dressé, les risques d’accident restent présents. Les collectivités
mettant en place des travaux avec le cheval devront sensibiliser la population sur les
comportements à avoir et à éviter en présence de ces animaux.
2. Le cheval : créateur de lien social et outil d’insertion
Depuis plus de quarante ans, le cheval est utilisé à des fins de médiation et de
réinsertion. Les bienfaits sur les personnes souffrantes de troubles psychotiques, physiques et
les personnes handicapées mentales ont été démontrés à de nombreuses reprises. Le cheval
impose ses propres règles lorsqu’il est monté, et même lorsqu’on s’en occupe. Il ne fait pas la
différence entre une personne saine et une personne malade, et il faut respecter certaines
règles pour minimiser le danger. Le cheval réagit comme un miroir aux émotions des
personnes : face à une personne agressive, il aura tendance à se montrer agressif. Au contraire
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il se montrera curieux avec une personne attentionnée. En ce qui concerne les personnes
atteintes de troubles moteurs, en particulier en lien avec la colonne vertébrale, le cheval peut
permettre de retrouver certains mouvements. Contrairement à l’idée reçue, la position à
cheval, lorsqu’elle est bien faîte, ne détériore pas le dos du cavalier. Les vibrations ressenties
à chaque mouvement imposent au cavalier de se recentrer sur sa colonne vertébrale, consolide
les vertèbres de la colonne vertébrales et muscle le dos.
Malgré un certain engouement pour l’équithérapie, le cheval est encore trop peu utilisé
dans le secteur social et médical. Les centres équestres sont peu équipés pour recevoir des
personnes touchées de graves pathologies, et les moniteurs peu formés à accompagner un tel
public. Dans d’autres pays (Allemagne, Australie...) le cheval est utilisé auprès de public
toxicomane, ou encore pour des chômeurs de longue durée. Ces pratiques sont peu courantes
en France, alors que le cheval, par les conditions qu’il impose, demande aux patients de se
prendre en charge et d’être autonomes. Alors que la ministre des Sports Valérie Fourneyron
préconise le sport à la place des médicaments, le cheval comme outil de santé ne bénéficie pas
encore de cet engouement. Une information plus claire, la mise en place de formations
adaptées et reconnues permettraient le développement d’activités sociales et médicales avec le
cheval.
3. Le cheval : un moyen de découverte du territoire
La France est riche d’un patrimoine culturel, historique et paysager. Dans chaque
région, on trouve des lieux empreints d’une histoire et très attractifs. Les collectivités
territoriales ont tout intérêt à favoriser les opérations de tourisme équestre en place dans sur
leurs territoires pour renforcer leur attractivité. Les français sont friands de tourisme équestre,
mais des efforts sont encore à faire en ce qui concerne le balisage, l’hébergement, la
communication auprès des professionnels et de particuliers...
Des régions peu touristiques pourraient renforcer leurs potentiels et attirer de
nouvelles populations. La France est le pays le plus touristique au monde, pourtant certaines
régions ne bénéficient pas de cet attrait, alors que d’autres sont saturées de touristes, en
particulier durant la saison estivale. Les collectivités territoriales peuvent utiliser le cheval
comme outil de découverte de leurs territoires, et améliorer ainsi leur attractivité.
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2.3. Perspectives d’avenir de la filière équine en France
A partir du constat établi précédemment, plusieurs hypothèses peuvent être émises
quant à l’avenir des sports équestres et donc de la filière équine en général. Chaque segment
de la filière équine, à savoir les courses, les sports et loisirs équestres, la viande chevaline et
l’élevage sont interdépendants. L’avenir de la filière équine est fonction des politiques prises
par les instances représentatives du cheval, du contexte économique et de la prise en
considération des attentes des usagers du cheval et des professionnels.
A. Hypothèse 1 : le cheval pour tous
La crise économique de 2008 laisse place à un retour à la croissance et le pouvoir
d’achat des français augmente. Les loisirs, occupe une place importante dans la vie des
français. Ceux-ci privilégient les sports et les loisirs de plein air, permettant de s’aérer, de
renouer avec la nature et de créer des liens. Le cheval, présent dans l’imaginaire et les rêves
devient accessible. Face à cette forte demande, les centres équestres se multiplient, en milieu
rural et péri-urbain principalement. L’offre est très diversifiée, permettant de combler les
demandes de tous les âges et de toutes les envies. La pratique de loisir équestre reste
prépondérante sur la compétition. Des initiatives comme le mécénat ou le parrainage, initiées
par quelques centres équestres, permettent toutefois aux personnes les moins aisées d’avoir
accès à des cours d’équitation.
La Commission Européenne a néanmoins imposé un taux de TVA a 19,6% sur les
activités d’enseignement et de préparation des chevaux. Les centres équestres mettent en
place des activités annexes avec un taux de service élevé pour compenser cette hausse, chaque
centre équestre essayant de se démarquer de ses concurrents directs en offrant des services
secondaires. Globalement, les centres équestres sont de deux sortes :
- les écoles d’équitation, avec un enseignement pédagogique adapté à l’âge et au niveau
du cavalier. Ces centres équestres se spécialisent dans une ou plusieurs disciplines
équestres : saut d’obstacle, dressage, concours complet... Des disciplines
équestres attirant une population masculine se démocratisent : horse-ball, pony-
games... Les centres équestres ont une offre « loisir » et une offre « compétition ». La
population est généralement fidèle et régulière.
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- les centres de loisirs équestres : l’objectif de ses centres est d’apprendre aux cavaliers
à se tenir à cheval aux trois allures (pas, trop, galop), à être à l’aise et à être autonome.
Le profil de la clientèle est une clientèle « loisir », désireuse de connaître le cheval,
pour s’en occuper et le monter. Ces cavaliers viennent occasionnellement, et une de
leurs principales motivations est d’apprendre à monter pour partir par exemple en
randonnée car le tourisme équestre s’est fortement développé.
Les particuliers sont nombreux à posséder un cheval chez soi ou dans des structures
spécialisées (pensions ou centres équestres). Ils se regroupent par réseau d’affinité. Grâce à
cette dynamique et à la nouvelle implication des collectivités territoriales, le balisage des
sentiers de randonnées et de balades est dense et entretenu. Le tourisme équestre existe dans
toutes les régions, qui ont su valoriser leurs potentiels paysagers et leurs patrimoines. La
compétition en club et au niveau amateur se développe, soutenu par la FFE qui a bien compris
quel intérêt elle avait à mettre en place des activités pour tous les goûts et pour tous les
niveaux. La formation des moniteurs est surtout une formation d’animateurs. Les cours
enseignent aux futurs moniteurs comment avoir des résultats de progression rapide, qui
plaisent aux cavaliers et les fidélisent. Cette politique fédérale déplait à une partie de la
population cavalière, qui y voient la perte de l’art équestre français mais aussi de l’équitation
de haut niveau. En parallèle des formations fédérales, des formations initiées par des
moniteurs indépendants ayant exercé au plus haut niveau se mettent en place. Il n’est pas
inimaginable que si une plus grosse partie de la population cavalière désapprouve la politique
fédérale, une seconde fédération voit le jour, réservé à une certaine élite prête à payer pour
bénéficier d’un enseignement technique.
Des formations de gestion de centres équestres ont vu le jour, et ils sont gérés de
manières professionnelles et réalistes. Les coûts sont amortis, l’offre est ciblée et la politique
de prix calculée. Le haut niveau est encore réservé à une certaine élite, et la fédération mise
encore sur les trois disciplines olympiques. Cependant, des efforts sont faits au niveau de la
médiatisation des concours. L’engouement pour le cheval incite les organisateurs de
compétition à les adapter à un format télévisuel, plus explicite. La compétition équestre est un
spectacle, et l’entrée dans les grands concours régionaux et nationaux est payante.
Le marché est libéralisé, l’Etat n’interagit plus directement dans la filière équine, si ce
n’est en ce qui concerne la veille sanitaire, qui reste de son ressort. Le scandale en 2013 de la
viande chevaline trouvée dans des plats surgelés au bœuf ont incité l’Etat à renforcer ses
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contrôles et à rester présent dans ce secteur. Cependant, les paris hippiques constituent le
segment le plus attractif de la filière, avec de plus en plus de parieurs. Pour contrôler le
marché et éviter les dérives (fiscales, de dépendances aux jeux...) et continuer à percevoir une
partie de l’argent misé, l’Etat régule le marché en optant pour un système d’agrément pour les
organisateurs. De plus, comme préconisé par la Commission Européenne, l’Etat maintient un
retour des sommes pariées mais réduit le taux à 5%.
Les parieurs sont de plus en plus nombreux pour les courses hippiques. Les
organisateurs proposent d’autres formes de courses, pour cibler tous les profils. Malgré la
libéralisation du marché, le PMU reste le principal organisateur de courses hippiques.
L’engouement pour les courses hippiques permet de développer une offre amateur, qui permet
de recycler les chevaux de haut niveau. Les villes accueillant des hippodromes sont très
attractives et communiquent sur les spectacles équestres qu’elles offrent. Néanmoins, ce
marché des spectacles équestres sur les courses reste fermé étant donné les coûts importants
de mises en places (construction d’hippodrome par exemple). La consommation de viande de
cheval est faible, et la production française suffit à la demande.
En ce qui concerne l’élevage, les éleveurs ont compris quel intérêt ils avaient à
produire des chevaux de loisirs, adaptés à une clientèle grandissante. En effet, alors que les
éleveurs misaient tous leurs efforts sur la production de chevaux de haut niveau, la production
de chevaux de loisirs s’avère plus fiable et permet de mieux maîtriser les coûts. Les éleveurs
de chevaux de sports ont appris à rediriger les chevaux qui ne parviendraient pas au haut
niveau vers une offre de loisir. En ce qui concerne l’élevage de chevaux de course, il reste
entre les mains de passionnés, souvent amateurs. Les avancés en matière de génétique et une
meilleure connaissance des résultats de croisement permet aux éleveurs de chevaux de sports
et de courses d’optimiser leur production en fonction de la demande. Le patrimoine génétique
des chevaux français est reconnu et les chevaux français s’exportent dans le monde entier.
L’hypothèse « le cheval pour tous » n’aura pas les mêmes conséquences selon les
territoires français, aux contraintes et aux atouts variés, et n’ayant pas la même approche du
cheval. Ainsi, il paraissait judicieux d’appliquer cette hypothèse à plusieurs types de
territoires :
- les territoires ayant déjà un fort attachement au cheval, avec beaucoup
d’infrastructures d’élevage ou de sports équestres.
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- les territoires très urbanisés, avec peu de terres agricoles
- les territoires à fort potentiel touristique, où le cheval peut-être un levier de croissance
économique.
Exemple : Application de l’hypothèse « Le cheval pour tous » dans les différents
types de territoires
Sur les territoires déjà très imprégnés du cheval, que ce soit pour les loisirs, les sports
équestres ou les courses, il est possible d’imaginer que l’hypothèse de développement de la
filière équine « Le cheval pour tous » aura les conséquences suivantes. Tous d’abord,
l’équitation de loisir se développe fortement, avec la création de nombreuses bases de loisirs
équestres. Les habitants connaissent mieux l’univers du cheval, et les collectivités territoriales
s’impliquent dans l’organisation de compétitions équestres de niveau régional à national.
L’offre d’équidés se porte bien, et les éleveurs sont nombreux à proposer des chevaux de
loisirs, en plus des chevaux de sports. Les villes qui accueillaient des hippodromes adaptent
leur offre en matière de courses. Il peut même y avoir une certaine concurrence entre le public
des sports équestres et ceux des courses hippiques. Les offres de pensions pour les équidés de
particuliers se multiplient car après avoir réalisé leur rêves de monter à cheval, les résidants
veulent assouvir un autre désir : posséder son cheval.
Les territoires très urbanisés ne voient pas la création de nouveaux centres équestres,
en raison du prix du foncier. Les transports en commun permettent difficilement l’accès aux
centres équestres. De nouvelles offres voient le jour pour satisfaire une clientèle de plus en
plus demandeuse de loisirs et de sports équestres. Par exemple, les centres équestres peuvent
proposer des formules à la journée le samedi ou le dimanche, où les cavaliers peuvent monter
deux fois par jour. Les centres équestres peuvent également proposer des formules de pension
le week-end pour accueillir les cavaliers sur deux jours et leur proposer d’autres activités le
dimanche (compétition notamment). Ces centres équestres sont mixtes, et proposent
également une offre loisir pour permettre aux cavaliers demandeurs d’apprendre à se déplacer
à cheval en quelques séances s’ils souhaitent partir en randonnée dans d’autres régions lors de
leurs vacances. Des bases de loisirs avec hébergement se créent, proposant des activités de
nature pour les familles, dont l’équitation. Les activités d’élevage se font aussi en périphérie
de la ville. Avec l’engouement du cheval par la population, les villes proposent des spectacles
équestres en aménageant des infrastructures existantes pour des compétitions médiatiques
(concours dans des parcs des expositions par exemple).
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Les régions touristiques profitent de l’engouement pour le cheval pour diversifier leurs
offres de tourisme équestre. Les chemins sont balisés, les gîtes communiquent sur leurs
prestations et le cheval est mis à l’honneur pendant la période touristique. De nouvelles
formules voient le jour, où les touristes, tout en profitant de leurs vacances à cheval, peuvent
découvrir le patrimoine culturel des territoires. L’offre équestre se compose d’activités à
cheval, mais aussi autour comme de l’attelage, des roulottes, pour satisfaire la demande des
personnes attirées par le cheval mais ne souhaitant pas le monter. Les éleveurs proposent
surtout des chevaux de loisirs, et peu à peu le cheval entre dans la culture locale. Ils entrent
parfois en concurrence avec les éleveurs de bovins et ovins.
L’hypothèse « le cheval pour tous » implique une forte augmentation du nombre de
chevaux sur le territoire, en particulier des chevaux de loisirs. La clientèle est très diverse, et
les classes moyennes ont accès à l’équitation grâce aux efforts faits par les centres équestres.
L’offre est segmentée entre les loisirs équestres, les sports équestres de tout les niveaux, et les
courses hippiques. Grâce à une meilleure communication des instances représentatives, les
français savent ce qui peut leur être proposé, et se dirigent vers une offre en fonction de leurs
envies. L’élevage se diversifie en proposant des chevaux pour les loisirs équestres, plus
faciles à produire et moins couteux. Les centres équestres emploient chaque année de
nouveaux salariés, et le travail est pérenne. Les moniteurs indépendants sont également plus
nombreux en raison du nombre de propriétaires particuliers qui augmente et qui placent leurs
chevaux dans des pensions privées. Les dirigeants et moniteurs ont des connaissances sur la
gestion des infrastructures et leur plan de développement est maîtrisé.
B. Hypothèse 2 : l’abandon du cheval par les classes moyennes
La France a du mal à sortir de la crise économique de 2008 et le prix des ressources
naturelles augmente. Ainsi, l’utilisation de l’espace agricole est réservée à la production
alimentaire pour essayer de contenir l’augmentation des matières premières. Le coût
d’entretien d’un cheval augmente, et l’équitation est réservée aux classes supérieures qui ont
encore les moyens de pouvoir aller dans des centres équestres. Dans ce contexte de crise,
l’Etat français recentre ses actions sur des actions sociales et énergétiques et abandonnent la
filière équine, sauf sur la question de la veille sanitaire où il assure le respect des règles
d’hygiène pour la protection des consommateurs. L’Etat reste également présent sur la
régulation des paris hippiques qui lui permettent des rentrées fiscales, et consent un retour des
prélèvements sur les paris de l’ordre de 5% à la filière équine.
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L’équitation devient un luxe, et attire une clientèle aisée en la confortant dans sa
situation de privilégié. Le retour à une équitation réservée aux élites contraint les centres
équestres à proposer des prestations haut-de-gamme, où le confort et la personnalisation des
prestations sont de rigueur. Cette clientèle aisée souhaite découvrir de nouvelles sensations et
se mesurer aux autres, et l’enseignement est tourné vers la compétition. Les hommes sont plus
présents dans ce sport, et le nombre de compétiteurs augmente. La médiatisation de
l’équitation est faible, puisque ce sport est réservé à une certaine élite. Les concours sont
prestigieux et les villes accueillant ces spectacles proposent des services haut-de-gamme aux
visiteurs. Le tourisme équestre souffre moins de la crise économique car beaucoup de français
ne peuvent plus partir à l’étranger et se retranchent sur la visite de régions touristiques. Il y a
deux niveaux de tourisme équestre : en parallèle d’une offre de base, une offre haut-de-
gamme se développe pour satisfaire la demande d’une clientèle aisée.
A chaque crise, les jeux de hasard et de paris deviennent plus populaires, en particulier
pour les classes moyennes car ils offrent des perspectives d’enrichissement faciles et font
rêver. Malgré le fait qu’en général la population préfère les jeux où les montants redistribués
sont très élevés, les courses hippiques se maintiennent grâce à l’évolution de celles-ci. En
effet, les organisateurs (le PMU en particulier), adaptent le format des courses à leurs cibles et
proposent aux parieurs de les suivre en direct et à distance grâce à l’utilisation des
Smartphones. Le PMU peut ainsi capter de nouveaux clients, pas forcément intéressés par le
cheval et surtout plus jeunes. Les primes pour les vainqueurs de courses n’augmentent pas,
alors que le coût d’entretien d’un cheval ne cesse de croitre. Par conséquence, les éleveurs
amateurs de chevaux pour les courses hippiques sont moins nombreux. Les grands élevages
s’éloignent des villes très urbanisées afin de diminuer leurs coûts. Les gérants vont mettre en
place plusieurs activités pour diminuer leurs charges et leurs risques grâces à des activités
complémentaires. Par exemple, un éleveur pourra réserver une partie de ses terres à la
production de son foin.
L’utilisation du cheval pour des travaux urbains (collecte des déchets, entretien
d’espaces verts, navette...) comme il est préconisé n’est pas à l’ordre du jour, à cause du coût
de mise en place. Les collectivités préférant allouer leur budget à des causes plus urgentes
(logements des personnes défavorisées, accès aux soins...). En ce qui concerne l’utilisation
des terres agricoles, elles sont réservées aux ruminants pour la production de denrées
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alimentaires. Le cheval de trait, de moins en moins demandé pour sa viande, a tendance à
disparaître et certaines races sont menacées.
L’élevage subi la pression sur les terres et l’augmentation des prix des matières
premières. Les éleveurs de chevaux de course optimisent leurs élevages en redirigeant très tôt
les chevaux ne pouvant pas courir au haut niveau. Les éleveurs amateurs exerçant cette
activité par passion sont moins nombreux. En ce qui concerne l’élevage de chevaux de sports,
alors qu’il était fortement atomisé dans les années 2000 avec beaucoup de très petits élevages,
il se recentre avec des éleveurs professionnels. La production de cheval d’exception reste
prioritaire, mais l’élevage des chevaux de loisirs émerge pour la clientèle de tourisme
équestre. Les éleveurs ont compris que l’élevage de chevaux de loisirs est moins contraignant
que ceux de sports et adaptent leur production. Globalement, les éleveurs amateurs ont
tendance à disparaître à cause des difficultés du marché et de la volonté de
professionnalisation du segment. Les techniques d’élevage français sont reconnues, et le
patrimoine génétique des chevaux français est valorisé partout dans le monde. La part des
chevaux de loisirs reste minoritaire, et l’élevage de chevaux de sports conquiert de parts de
marché à l’international.
Exemple : Application de l’hypothèse « l’abandon du cheval par les classes
moyennes » sur les différents territoires
Sur les territoires où le cheval est très présent, les activités équestres se concentrent sur
les pôles touristiques et dans les zones périurbaines. L’élevage s’éloigne des zones urbaines à
cause de l’augmentation des coûts. La filière équine est très bien organisée sur ces territoires,
et les infrastructures sont professionnalisées. Les centres équestres arrivent mieux à traverser
la crise en adaptant leurs offres et en maîtrisant leurs coûts. Ces territoires sont dotés
d’infrastructures de qualité, et les dirigeants sont prêts à augmenter la qualité de leurs services
face aux nouvelles exigences d’une clientèle aisée. Un particulier pouvant entretenir seul son
cheval est de plus en plus rare, et la reproduction par des amateurs tend à disparaître. Les
éleveurs sont très spécialisés dans leur activité et agissent en de véritables professionnels. Ils
proposent également d’autres services comme de l’hébergement pour des cavaliers fortunés.
Sur les territoires très urbanisés, la pression foncière et les prix sont très élevés. Les
centres équestres installés avant 2005 (date à laquelle la TVA est passé de 19,6% à 5,5% pour
les centres équestres), évoluent en fonction de la demande qui provient d’une clientèle plus
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aisée. Ceux qui affichent de très bons résultats en compétition sont plus attractifs et pratiquent
les prix les plus élevés. Les centres équestres sélectionnent leur clientèle et entretiennent leur
image luxueuse. Il n’y a pas de place pour les loisirs équestres, et beaucoup de cavaliers ont
leur propre monture. Le personnel est qualifié, le turn-over est plus faible que sur les autres
territoires, la direction ayant tout intérêt à garder les salariés très qualifiés pour satisfaire la
clientèle. Les propriétaires de chevaux n’ayant pas les moyens de mettre leurs chevaux dans
de tels établissements les placent dans des pensions éloignées où les prix restent plus
abordables. Ils ne peuvent aller les voir régulièrement et abandonnent progressivement
l’équitation.
Les régions touristiques sont les seules à pouvoir encore proposer une offre de loisir
équestre. En effet, la crise économique réduit le pouvoir d’achat des français, qui préfèrent
partir en vacances en France plutôt qu’à l’étranger. Ils partent souvent sur des territoires
plutôt ruraux, où les coûts de la vie sont moins élevés que sur les territoires très urbanisés. Les
éleveurs sont tout de même contraints de réduire la taille de leurs effectifs. Les centres
équestres créés après 2005 et ayant subis les différents changements de fiscalité survivent très
mal à la crise économique. Seuls les centres équestres ayant réussi à se professionnaliser
suffisamment en adaptant leurs offres, en ciblant leur clientèle et en maîtrisant parfaitement
leurs coûts peuvent survivre. Les centres équestres sont également centre de tourisme équestre
durant l’été, ce qui compense le manque à gagner durant l’année du fait de la diminution de
licenciés issus des classes moyennes. Les propriétaires de chevaux se débrouillent eux-mêmes
pour l’entretien de leurs chevaux, n’ayant généralement plus les moyens de les mettre en
pension. Ils s’arrangent souvent avec un agriculteur où se regroupent à plusieurs.
En conclusion de cette hypothèse, il est envisageable que si la crise économique
continue dans le temps, l’équitation ne sera réservée qu’aux classes supérieures, ayant les
moyens de pratiquer ce sport et l’envie de se démarquer. Les hommes réapparaissent peu à
peu, attirés par le challenge des compétitions. A l’inverse, les parieurs sur les paris hippiques
sont plutôt de classes moyennes, attirés par l’appât du gain. Les effectifs de chevaux sont en
baisse, les éleveurs se spécialisant dans les chevaux de sports de haut niveau et se
professionnalisant, et les éleveurs amateurs abandonnant cette activité faute de moyens. Le
nombre de centres équestres diminue, ainsi que le nombre de salariés. Par contre le nombre de
moniteurs indépendants augmente, activité souvent exercée au titre d’activité secondaire par
des passionnés qui ne peuvent plus en vivre. Les salariés qui restent sont très qualifiés, la
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question de la technicité étant très importante pour une clientèle souhaitant faire de la
compétition. Les zones touristiques subissent moins la crise et proposent des randonnées pour
les français de classes moyennes ainsi qu’une offre plus luxueuse pour les classes aisées. Les
chevaux de traits ne sont pas utilisés pour leur force motrice, et la viande chevaline étant peu
demandée, certaines races sont en voies d’extinction.
C. Hypothèse 3 : le cheval, outil de citoyenneté
L’individualisme de ces dernières années, la montée des actes de délinquance, la prise
de conscience de vivre dans un monde virtuel où les échanges sont limités, amènent l’Etat et
les collectivités territoriales à valoriser le cheval comme un outil de citoyenneté et un vecteur
de lien social. Le cheval invite aux échanges et aux relations simples. Nécessitant de
nombreux soins, il permet aux citoyens de s’occuper d’un autre, sans aucune récompense
monétaire. Le cheval réapparait dans les villes où les collectivités territoriales ont compris
l’utilité sociale du cheval. Ainsi, le cheval peut-être transporteur de personnes ou des
marchandises, utilisé pour sécuriser les villes avec la police montée, outil de sensibilisation
sur la protection de l’environnement... Le cheval est d’autant plus à l’honneur qu’il entre dans
le champ du développement durable, préoccupation majeure de la population.
Les instances représentatives, en collaboration avec le ministère de la Santé
communiquent largement sur les bienfaits du cheval pour le développement personnel des
gens, et sur le traitement de certaines pathologies psychiques ou traumatiques (dépendance,
handicap mental ou physique...). De ce fait, des centres de rééducation par le cheval ouvrent
leur porte. Cette action est dans la ligne directe de la volonté de l’Etat de réduire la
consommation de médicaments par des prescriptions aux sports. Le cheval est aussi introduit
dans l’univers pénitentiaire où il est utilisé pour la réinsertion des personnes, les obligeants à
adopter un comportement respectueux, à être autonome et à prendre des décisions dans des
situations qui peuvent êtres périlleuses.
Les centres équestres ont su s’adapter à ce nouveau rapport avec l’animal. Les
cavaliers sont plus en quête d’échanges avec les autres et d’amélioration de leurs
connaissances équines que de technicité sur la manière de monter à cheval. Les centres
équestres proposent donc, en plus de l’enseignement de l’équitation, des cours d’hippologie
(l’étude de la morphologie du cheval et de ses besoins) et de soins aux équidés (les protéger
des maladies, détecter les douleurs chez le cheval et y remédier...). La clientèle est différente,
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beaucoup de nouveaux propriétaires placent leurs chevaux dans des centres équestres.
Lorsque le cheval est monté, l’idéal pour le cavalier est d’arriver à être en harmonie avec son
cheval, sans le gêner, les performances équestres n’étant pas l’objectif premier.
De nouvelles formes de compétitions voient le jour. La population française montrant
un intérêt certain pour le cheval, les concours prennent plus la forme de rallyes ou de jeux,
pouvant se faire à plusieurs et stimulants pour le public. Cette forme de compétition attire un
public plus masculin, même si la population cavalière reste largement féminine. L’élevage est
plus réglementé : formation pour détenir un cheval, agrément pour faire reproduire. Les
éleveurs professionnels ont une activité de conseils auprès des particuliers. Ceux-ci se tourne
vers eux pour la reproduction de leur jument ou pour l’achat d’un nouveau cheval. Les
organismes privés sont liés contractuellement aux collectivités territoriales : prêt de chevaux
pour des missions municipales, heures d’ouvertures réservées aux centres sociaux... Le cheval
citoyen fait naître de nouveaux métiers, alliant technicité équestre et compétences sociales.
L’Etat s’est désengagé de la filière, sauf sur le segment des courses. En effet, pour
lutter contre la dépendance des joueurs, l’Etat contrôle le marché des jeux de hasard. Pour ne
pas pénaliser la filière équine d’un certain manque à gagner, le retour sur investissement
attribué à la filière est conséquent. Les autres montants prélevés sur les paris servent pour des
causes sociales où le cheval intervient. Malgré le monopole de l’Etat, les courses connaissent
un certains succès. Ce mode de jeux dans le « réel » permet de reconnecter les citoyens
passant une partie de leur journée dans le monde « virtuel ». Le PMU propose des services
annexes personnalisés qui permettent de suivre en temps direct les courses. Par contre,
l’élevage de chevaux de course subit la régulation des l’Etat sur les montants alloués aux
chevaux gagnants. Les éleveurs passionnés amateurs sont contraints d’abandonner leurs
activités. Seuls restent les éleveurs fortunés, ayant d’autres sources de revenus et pour qui
l’élevage de chevaux de course est une activité de loisir.
En ce qui concerne le haut niveau des sports équestres français, la FFE a mis en place
un circuit de formation pour recruter les meilleurs éléments. Le métier de cavalier
professionnel reste difficile pour des raisons économiques : entretien de plusieurs chevaux de
compétition, participation à des compétitions internationales... Cependant une meilleure
médiatisation des sports équestres permet aux cavaliers d’attirer de nouveaux sponsors. Ceux-
ci n’appartiennent plus exclusivement au secteur du luxe, étant donné la place plus importante
qu’occupe le cheval dans le quotidien des français. Les cavaliers de haut niveau en plus des
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compétitions, ont une mission de communication auprès des cavaliers afin de susciter des
vocations et de rendre plus accessible le haut niveau. Même au haut niveau, la relation avec le
cheval reste primordiale et les comportements violents sont fortement réprimés.
Le cheval est valorisé tout au long de sa vie, et il est affecté à différentes tâches selon
ses capacités. De ce fait, la population équine vieillit et se renouvelle lentement. Le recours à
l’abattage est une exception, qui a lieu pour des raisons économiques ou sanitaires. Le
segment de la viande chevaline est peu à peu abandonné, consommer du cheval étant
moralement prohibé tant il fait partie de la vie quotidienne des français. L’utilisation de
chevaux de trait pour leur force motrice (attelage...) permet l’augmentation de certains
cheptels.
Exemple : « le cheval, outil de citoyenneté » sur différents territoires
Sur les territoires où le cheval était déjà très présent, l’implication du cheval citoyen
est une priorité pour les collectivités territoriales. L’élevage, l’occupation du territoire par les
chevaux et l’attrait indéniable de la population pour cet animal amènent les collectivités
territoriales à s’impliquer dans l’avenir des organisations publiques ou privées du cheval,
présentes sur leur territoire. Cet accompagnement se traduit par la mise en place de
formations professionnelles pour les métiers les plus précaires, mais aussi à l’établissement de
nombreux contrats pour amener le cheval dans les villes, où il est un attrait touristique. Les
éleveurs sont presque tous des professionnels, puisqu’il faut un permis d’élevage pour cette
activité. Dans ces zones, les éleveurs produisent autant de chevaux de sports que de chevaux
de loisirs pour les particuliers, et ont une activité de conseils auprès d’eux. Des concours
d’élevage permettent à tous, professionnels et particuliers de venir admirer les nouvelles
naissances, et ces expositions sont mêmes médiatisées, prenant la forme de show.
Dans les territoires très urbanisés, la priorité est l’amélioration de la vie des citoyens.
Le cheval est présent dans la ville sous de multiples façons : police montée pour sécuriser,
calèche pour amener les citoyens, tri des déchets pour sensibiliser la population sur la
protection de l’environnement... Les actions sociales avec le cheval sont très courantes :
contrat avec des associations de soutien aux personnes défavorisées pour les faire venir dans
des centres équestres, équithérapie avec de nombreux centres médicaux... Dans certaines
écoles, l’équitation est même un sport au programme et des contrats sont établis entre des
établissements scolaires et des poneys clubs. La difficulté est d’arriver à maintenir les centres
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équestres en milieu urbain, étant donné la croissance démographique et le rachat de terrain
pour construire de nouveaux logements.
Dans les territoires touristiques, le cheval est totalement intégré dans les politiques de
développement. Les collectivités territoriales soutiennent la filière avec des financements
divers : aides pour les éleveurs de races locales, soutien au centre équestre ou encore
intégration du cheval pour la surveillance de zones à risques (par exemple en forêt pour les
départs de feu). Le tourisme équestre se fait en partenariat du tourisme local, et la découverte
de la région se fait de plus en plus à cheval. Le cheval est synonyme de convivialité, que ce
soit dans les centres équestres ou encore chez les éleveurs qui conseillent les particuliers
souhaitant faire reproduire leur jument.
Les impacts en France de cette hypothèse du cheval « outil de citoyenneté » sont la
multiplication des usagers du cheval : particuliers plus nombreux et issus de toutes les classes
sociales, collectivités territoriales, centres médicaux... Les effectifs de chevaux augmentent et
chaque cheval est orienté en fonction de ses aptitudes : sports, courses, loisir, tourisme, force
motrice ou encore soutien aux personnes fragilisées. Le nombre de salariés de la filière équine
augmente mais c’est surtout le nombre de bénévoles qui décuple, en raison du lien social que
crée le cheval. Les races locales sont préservées grâce au soutien aux éleveurs, à la
biodiversité de certains lieux, et également grâce à l’utilisation du cheval dans les lieux
forestiers ou herbagés. Plus que jamais, le cheval est un outil pour la collectivité et permet de
renforcer les liens sociaux entre les individus.
D. Hypothèse 4 : Le cheval comme animal domestique
Les préoccupations grandissantes sur le bien-être animal conduisent à un nouveau
statut du cheval : celui d’animal domestique. Les associations de défense des animaux ont eu
gains de cause et il est interdit de manger de la viande chevaline. Les français sont plus
désireux de s’occuper du cheval, d’en prendre soin que de le monter ou de l’utiliser. Le cheval
attire plus les femmes que les hommes, car elles aiment en prendre soin. Ce grand intérêt pour
le cheval presque exclusivement féminin permet une certaine médiatisation du cheval.
Cependant le contenu des émissions médiatiques porte plus sur l’entretien du cheval que sur
les compétitions sportives.
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Pour détenir un cheval, la loi oblige le propriétaire à suivre une courte formation
(comme ce qui se fait en Suisse) et à respecter certaines règles : chevaux sortis au prés, suivi
par un vétérinaire référent... Beaucoup de familles acquièrent un cheval simplement pour s’en
occuper, souvent des chevaux ayant eu une autre vie avant : chevaux en retraite sportive ou
blessés. La population équine vieillit puisque l’abattage des chevaux est très réglementé. Les
éleveurs doivent également posséder un permis pour leur activité. De ce fait, les propriétaires
souhaitant faire reproduire leur jument pour le loisir font appel à eux, et l’élevage amateur
tend à disparaître.
En ce qui concerne les sports équestres et les courses, ils subissent également de
nouvelles contraintes sur le bien-être animal. Les compétitions voient leur niveau technique
s’abaisser et ne concernent qu’une faible partie de la population cavalière. L’Etat a libéralisé
le secteur des courses, et de nombreux organisateurs se partagent le marché. Cependant, le
PMU qui reste leader en raison de son action historique, organise des courses virtuelles pour
pallier à une future interdiction des courses hippiques. En effet, les courses hippiques
présentent un risque pour les chevaux (stress, risque de chute...) et il n’est pas à exclure que
des associations militantes contre leur organisation aient gain de cause.
Les centres équestres proposent de nouvelles activités. Les clients ne viennent pas
forcément pour monter à cheval et la plupart proposent des cours d’hippologie, de soins aux
chevaux, d’étude de leurs comportements... La compétition est soumise à un certain niveau
équestre afin de ne pas faire souffrir le cheval par un manque d’expérience dans cette
situation quelque peu stressante (pour le cavalier comme pour le cheval). Le cheval est
d’avantage choisi pour son caractère, son esthétique, que pour ses aptitudes sportives.
Certaines races sont menacées d’extinction, en particulier les races de chevaux de trait qui ne
sont plus utilisés pour leur viande.
Exemple : Hypothèse « Le cheval comme animal domestique » sur différents
territoires.
Sur les territoires où le cheval est déjà très présent à travers le nombre de centres
équestres, d’éleveurs, et de compétitions sportives ou hippiques, l’hypothèse « Le cheval
comme animal domestique » contribue à donner accès à un grand nombre d’habitants.
Cependant, les nouvelles réglementations sur la possession d’un cheval, son élevage et sur
l’organisation des compétitions sportives n’encouragent pas les éleveurs amateurs à
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poursuivre leurs activités. En effet, ceux-ci y voient beaucoup de contraintes et l’activité perd
de son intérêt avec l’abandon de la recherche du cheval parfait pour la compétition. Les
éleveurs professionnels peuvent louer une partie de leur domaine pour des particuliers ou pour
la mise au pré de chevaux à la retraite.
Dans les territoires très urbanisés la proximité avec le cheval est contrariée par le
manque de terrains agricoles. Les quelques centres équestres déjà présents attirent de
nouveaux clients, aux profils variés. Il y a ceux qui souhaitent s’occuper des chevaux, ceux
qui veulent les monter et aussi ceux qui veulent faire de la compétition. Posséder un cheval
est délicat et les places sont chères. Les habitants qui ont une maison secondaire les placent
dans des pensions ou des centres équestres près de leur seconde maison. Certains propriétaires
mettent leur cheval à l’extérieur de la ville et vont s’en occuper durant leur temps libre.
Dans les territoires très touristiques, le cheval est valorisé à travers la visite
d’infrastructures équestres permettant aux visiteurs de découvrir le cheval dans son habitat
naturel. Ainsi, les collectivités territoriales établissent des partenariats avec des éleveurs pour
la préservation de certaines espèces qui évoluent dans un cadre privilégié. Des musées du
cheval permettent aux visiteurs de découvrir l’histoire de cet animal et ses différentes
utilisations au cours du temps. Les centres équestres proposent durant la saison estivale des
activités autour du cheval et à cheval, qui plaisent en particulier aux habitants des territoires
très urbanisés qui n’ont pas la chance d’approcher les chevaux durant l’année.
Pour conclure, cette hypothèse verrait le nombre d’équidés baisser grandement ainsi
que le nombre de moniteurs d’équitation. Par contre, de nouvelles activités dédiées aux soins
aux chevaux et aux services vétérinaires spécialisés verraient le jour. Le public serait
essentiellement féminin, mais les différences de catégorie socio-professionnelles ne seraient
plus un frein pour accéder au cheval. Les éleveurs concentreraient leurs efforts sur la
production de chevaux selon l’esthétique et le caractère et non plus sur les performances
sportives, à part quelques expériences. Le milieu se professionnalise du fait des
réglementations contraignantes. Le cheptel équin français vieillit, et se renouvelle lentement à
car l’abattage se fait selon des mesures précises.
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Conclusion
La filière équine traverse une phase de transition. La multiplicité des acteurs
complique le développement de la filière. Les instances représentatives assurent toutes la
promotion du cheval, mais défendent leurs intérêts respectifs et certaines mesures sont
contradictoires. Les centres équestres se retrouvent à la jonction de ces intérêts car le cheval
est pour eux au cœur de plusieurs activités : enseignement, élevage, compétition, tourisme
équestre...
La baisse de financement de l’Etat devrait normalement conduire à la
professionnalisation de la filière. Cependant, celui-ci se doit de toujours la contrôler à
minima : risques sanitaires, élevages clandestins, profils illégaux, dégradation des conditions
de vie des chevaux... Le poids de la filière équine dans l’économie française est tel que l’Etat
ne peut la laisser totalement indépendante. La création du Fonds EPERON assure un certain
retour des sommes pariées aux acteurs de la filière équine, en particulier ceux du sport et de
l’élevage. Néanmoins la difficulté à accéder à ces subventions ne permet pas aux centres
équestres de pouvoir compter sur ce fonds pour leur développement. Face à la baisse des
financements de l’Etat, la filière a tout intérêt à mettre en œuvre des actions collectives, et à
prendre en compte les besoins des professionnels pour que la France continue d’être une
« Terre de Cheval ».
Le potentiel de demande de pratique de l’équitation est sans commune mesure. Mais
ce qui a lieu actuellement n’est pas une démocratisation de l’équitation mais une
massification. C’est à dire que l’équitation est accessible à un plus grand nombre, mais tous
n’ont pas les mêmes chances d’acquérir des compétences techniques et hippologiques qui
permettraient d’être qualifié « d’Homme de cheval ». La baisse du niveau de formation des
moniteurs, la difficulté à trouver du temps pour aller au centre équestre, et l’impression que
monter à cheval est facile et s’apprend rapidement conduit à la perte du savoir équestre
français. Au contraire de nombreux autres sports qui sont passés du jeu au sport, l’équitation
semble faire le chemin inverse.
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Pour remédier à cette situation gênante pour les cavaliers et les professionnels, la
communication de la fédération gagnerait à être revue. « L’équitation pour tous » ne devrait
pas se limiter à monter de gentils poneys sur l’air de la chanson « le cheval c’est trop génial »,
un sourire béat aux lèvres, comme le laisse entendre les clips et programmes télévisuels de la
FFE. Au contraire, « L’équitation pour tous » devrait signifier que chacun peut apprendre à
monter à cheval avec une instruction de qualité et bénéficier d’une base de connaissances
hippologiques et des compétences techniques solides. Cependant la communication fédérale
devrait accentuer l’aspect difficile de l’apprentissage de l’équitation pour éviter certaines
désillusions.
Pour les cavaliers qui souhaitent se perfectionner à cheval, sans être contraints
d’acheter d’en acheter un et pour que l’équitation reste abordable financièrement, il est
nécessaire que les centres équestres aient une cavalerie adaptée. Les éleveurs concentrent
leurs efforts sur la production de chevaux de sport de haut niveau, espérant un jour faire naître
le crack du siècle. Les centres équestres n’ont pas les moyens d’acheter une telle cavalerie, et
se rabattent souvent sur l’achat de réformés de courses, peu chers mais inadaptés à
l’enseignement des techniques équestres élevées. L’élevage doit travailler en ce sens et
produire des chevaux qui ne sont pas destinés à la compétition de haut niveau mais qui, une
fois dressés pourront être de véritables maîtres d’écoles pour les cavaliers désireux de
progresser. Pour que l’apprentissage de l’équitation se fasse dans de bonnes conditions, la
formation des moniteurs doit être plus exigeante sur le niveau d’équitation des élèves
moniteurs. De plus, face à la montée d’une certaine équitation de loisir, d’autres formations
pourraient conduire à l’obtention d’un diplôme d’animation. Là aussi, il s’agit d’être clair et
de différencier l’enseignant d’équitation de l’animateur d’équitation.
Quelles que soient les hypothèses d’avenir du cheval, celui-ci bénéficie d’un très fort
capital de sympathie et d’attrait. Reconnu pour son éco-citoyenneté, celui-ci devrait bénéficier
de certaines mesures européennes pour sa valorisation. Les choix des instances
représentatives, la prise en compte des phénomènes sociétaux, l’impact de la crise
économique vont déterminer dans quelle direction ira la filière équine, et s’il est regrettable
que l’art équestre français soit menacé, il est sûr que le cheval restera dans le cœur des
français à travers les passions qu’il suscite.
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Annexe 1 : Le rapport de stage
Introduction
Cavalière et passionnée par les chevaux, j’ai choisi de faire mon stage d’Ingénierie et
Management des Organisations Sportives dans un centre équestre pour approfondir et mettre
en application les connaissances acquises lors de mon cursus universitaire. Ayant fréquenté
plusieurs types de clubs (club familial, club axé sur la compétition), j’ai décidé de me tourner
vers un centre équestre de dimension moyenne, mais proposant de nombreuses activités :
équitation de loisir, compétition à tous les niveaux, baby-poney, centre de vacances...
J’ai découvert le Moulin de Parade, centre équestre au sud de Toulouse, près de Muret.
Après plusieurs rencontres avec le dirigeant, Monsieur Ludovic Darrigan, il a été convenu que
je ferai mon stage de fin d’étude au Moulin de Parade. Les missions définies étaient de deux
types :
! Observation : de l’environnement, du fonctionnement, des choix de gestion, de
la clientèle et des salariés.
! Prospection et commercialisation : identification des publics cibles et
proposition d’actions.
Ces deux missions ont permis une analyse du Moulin de Parade et l’élaboration d’un
plan d’action.
Le Moulin de Parade – Contextualisation
Le Moulin de Parade est un centre équestre établi au Lherm, qui existe depuis plus de
25 ans. Centre équestre mais aussi centre de vacances, le Moulin possède l’agrément Jeunesse
et Sports pour l’organisation des séjours pour enfants.
Cavalerie
! 53 chevaux dont 30 en box (tous de propriétaires) et 23 de club vivants au pré.
! 15 poneys de club (leur taille ne dépasse pas 1,50 m au garrot)
! 10 shetlands (petits poneys dont la taille est inférieure à 1,07 m au garrot).
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Personnel
! 2 monitrices à plein temps.
! 1 responsable d’écurie.
! 1 secrétaire (3 jours par semaine), qui s’occupe aussi de l’offre de tourisme
équestre (balades, randonnées, cours d’équitation de pleine nature...).
! 2 ouvriers qui s’occupent de l’entretien du site, du matériel et des travaux en
cours.
! 2 stagiaires d’écuries et une stagiaire monitrice viennent compléter l’équipe.
Ludovic Darrigan est le gérant. Il a acquis le Moulin de Parade en 2001, et depuis n’a
de cesse de développer sa structure. Lorsqu’il a repris le Moulin de Parade, celui ci comptait
moins de 100 adhérents. En 2013, ils sont 200, le club ayant même connu un pic avec plus de
300 adhérents en 2010. Cavalier professionnel régulièrement classé en concours, il amène
également ses cavaliers propriétaires qui sortent en concours catégorie amateur.
La clientèle
25% de la clientèle à moins de 10 ans, ce qui correspond majoritairement aux groupes
de cavaliers « minis » et « débutants ». Ils ont besoin d’activités ludiques et sécurisées (à cet
âge, on considère qu’une chute équivaut à un abandon). Pratiquement 40% de la population a
moins de 12 ans, 18% de la population a entre 13 et 16 ans. Ces enfants commencent à savoir
vers quoi ils veulent se tourner : compétition, balade, dressage, loisirs... Ils ont besoin
d’activités leur permettant de progresser et de découvrir des sensations. Les groupes doivent
être homogènes, sans « exclu ».
10% de la clientèle a entre 17 et 21 ans. C’est à cet âge là que les moins « passionnés »
peuvent abandonner (études, autres centres d’intérêts, départ du domicile familial et donc
moins de soutien financier de la part des parents).
33% de la clientèle a plus de 21 ans. La moitié a une licence compétition. Ceux qui ne
sortent pas en compétition pratiquent une équitation de loisir principalement. Ceux-là ont
besoin d’activités sécurisées, l’objectif premier étant de se faire plaisir. 80% de la clientèle est
féminine.
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Infrastructures
Le Moulin de Parade dispose d’un manège, d’une carrière, d’un petit terrain de cross
et de nombreux sentiers de balade qui rejoignent les forêts environnantes. Pour les chevaux et
poneys, ils disposent de 30 box et de prairies. Une salle tenant lieu de club-house, un
secrétariat et plusieurs selleries complètent les infrastructures. Ludovic Darrigan projette de
faire construire une autre carrière et un manège avec une capacité de 1 000 places.
Le Moulin de Parade est géré sous la forme d’une SARL (SARL DU MOULIN DU
LHERM), dont Ludovic Darrigan est l’actionnaire majoritaire, ses deux parents étant
actionnaires minoritaires. Le centre de vacances, ouvert pendant toutes les vacances scolaires,
représente environ 70% du chiffre d’affaire annuel. Le Moulin de Parade loue aussi sa salle à
des particuliers (anniversaires, réunions familiales...). Il est pour l’instant difficile de la louer
à des entreprises car elle n’est pas fonctionnelle pour des séminaires (une seule salle, 50
places assises maximum...).
Dans une première partie, je vous présenterai les différentes missions d’observation
qui m’ont été confiées puis dans une seconde partie les missions de prospection et de
commercialisation.
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I. Observation
1.1. Comparaison des tarifs des centres équestres concurrents
Démarche :
! Identification des centres équestres concurrents (à partir de la zone de
chalandise, de leur proximité avec le Moulin de Parade).
! Elaboration d’une grille comparative des tarifs sur les activités d’enseignement
de l’équitation, de prise en pension des équidés, de sorties en concours. La
méthode pour renseigner cette grille a été de regarder les sites internet mais
aussi de rencontrer les dirigeants des centres équestres concurrents lorsque
ceux-ci n’affichaient par leurs prix sur leur site internet.
! Analyse des politiques tarifaires des concurrents, de la politique de prix du
Moulin de Parade et compte-rendu au gérant.
Extrait de la grille des tarifs
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1.2. Comparaison des activités proposées dans les différents centres équestres
Un centre équestre peut décliner son activité d’enseignement de l’équitation en de
multiples sous activités. Il existe plus de 30 disciplines équestres ; l’objectif était d’établir une
grille permettant de connaître les activités équestres proposées par les concurrents du Moulin
de Parade.
Démarche :
! Etude des activités de chaque centre équestre concurrent identifié dans la grille
de comparaison des tarifs.
! La méthode a été de consulter les sites internet, mais aussi d’appeler ou de
demander à des personnes qui connaissaient ces centres équestres.
! Analyse et compte-rendu.
Extrait de la grille des activités (les cases en rouge signifient que cette activité est
enseignée au niveau amateur et professionnel).
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1.3. Comparaison des plannings de reprise des centres équestres concurrents
Certains créneaux horaires se remplissent moins que d’autres. J’ai donc établi une
comparaison des plannings avec les centres équestres concurrents.
Démarche :
! Recherche des plannings des centres équestres concurrents (par le site internet
ou par la rencontre avec les dirigeants des autres clubs).
! Analyse et compte-rendu.
1.4. Entretien qualitatif des clients du club
Le Moulin de Parade a une clientèle très diverse : cavaliers débutants, cavaliers sortant
en compétition, propriétaires... Depuis 2010, le nombre d’adhérents ne cesse de baisser,
passant de plus de 300 à moins de 200 en 2013. Pour comprendre ce phénomène et inverser
cette courbe, le Moulin de Parade se doit de connaître très bien tous ces clients et leur
proposer des activités adaptées. La satisfaction est primordiale pour les fidéliser.
Démarche :
! Recherche de la méthode appropriée pour connaître les clients du club.
! Choix de mener des entretiens qualitatifs.
! Elaboration d’un guide d’entretien.
! Choix d’un panel représentatif de clients (débutants, confirmés, compétition,
loisirs, adultes...).
! Entretien avec les clients (entretien avec les parents d’enfants pour les moins
de 15 ans, car ceux-ci sont réellement les décideurs). Environ 30 entretiens.
! Prise de note durant chaque entretien.
! Analyse des mots clefs qui ressortent et des idées.
! Compte-rendu sur les attentes, les satisfactions et les insatisfactions des clients.
! Propositions d’actions pour la rentrée sportive de 2013/2014.
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1.5. Le site internet du Moulin de Parade
Le Moulin de Parade utilise son site internet (www.moulin-de-parade.fr) pour
communiquer sur les nouveautés du club, et sur les activités proposées en général. La quasi-
totalité des centres équestres possède son site internet et les clients potentiels utilisent
largement ce moyen pour trouver leur futur club. Le moteur de recherche Google
(www.google.fr) est le plus utilisé. En effet, il possède plus de 90% des parts de marché en
France, devant les moteurs de recherche Bing et Yahoo. Google met à disposition des
webmasters des outils (Google Analytics, Google Webmaster Tools) pour connaître les
statistiques de son site et son placement dans les recherches par mots clefs.
Démarche :
! Recherche sur les méthodes d’analyse de site web.
! Inscription sur Google Analytics et Google Webmaster Tools.
! Analyse du site web selon les méthodes de Google.
! Compte-rendu au gérant et à Claudia Jaunet, webmaster freelance (son
entreprise est Akro-web) qui va s’occuper d’améliorer le référencement du site
internet.
Tableau de bord Google Analytics (période du 1er juillet au 31 juillet 2013)
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II. Prospection
2.1. Opération poney-école
Une des priorités du Moulin de Parade est d’attirer de nouveaux clients pour la rentrée
sportive 2013/2014. Les moins de 10 ans représentent un quart des licenciés (cinquante
enfants) mais le potentiel d’accueil de ces enfants n’est pas atteint (par rapport au nombre de
poneys disponibles). De plus, les jeunes enfants sont très susceptibles d’abandonner en cours
d’année, il est donc nécessaire d’en démarcher régulièrement.
La Fédération Française d’Equitation (FFE) a mis en place l’opération poney-école en
partenariat avec le ministère de l’Education. Cette opération menée au niveau national
consiste à proposer aux écoles de venir faire 2h d’activités de poneys dans le club le plus
proche, gratuitement, pour faire découvrir l’équitation aux enfants, et peut-être revenir pour
des classes vertes. La FFE s’engage à communiquer sur cette opération auprès des mairies,
des sites d’enseignement...
Démarche :
! Inscription du Moulin de Parade sur le site internet Poney Ecole
(www.poneyecole.ffe.com).
! Organisation des deux heures d’activités (trois ateliers : pansage, initiation à
poney et tour de calèche).
! Démarchage des écoles situées sur la zone de chalandise du Moulin de Parade.
! Visite des lieux pour les maîtresses qui le désirent et organisation de
l’opération avec chaque école.
! Déroulement de l’opération Poney-Ecole, distribution de la plaquette du club et
d’invitations à la fête du club pour chaque enfant.
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Résultats :
! 2 écoles sont venues par demi-journées.
! 300 enfants ont participé à l’opération.
! Nouvelles inscriptions d’enfants grâce à l’opération : à déterminer lors de la
rentrée sportive en septembre 2013.
! Au niveau national, 825 clubs se sont inscrits pour 1 500 000 enfants attendus.
! En Midi-Pyrénées, 81 centres équestres ont accueilli 8 100 écoliers.
2.2. Promotion du centre de vacances
Le Moulin de Parade travaille avec des comités d’entreprises pour le centre de
vacances (Airbus, Thales, CPAM...). Les séjours proposés sont variés : équitation, pêche,
trappeur, musique, multi-activités, anglais... Chaque semaine, plusieurs séjours sont proposés.
Il est nécessaire pour le Moulin de Parade de ne pas avoir qu’une clientèle entreprise pour ne
pas être mis en difficulté si certains comités d’entreprises se désengagent.
Démarche :
! Inscription sur des sites internet proposant des séjours pour les enfants
(reseauguide.fr, animnet...).
! Rédaction du descriptif de chaque séjour et des dates de stages.
! Les clients potentiels prennent directement contact avec la secrétaire du
Moulin de Parade par e-mail ou téléphone.
! Elaboration d’un tableau comparatif des fréquentations des stages d’été et
analyse.
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Résultats :
! Fréquentation en hausse des stages d’été (+ 20%), due à la présence de plus de
stagiaires des C.E. et de particuliers.
! Les particuliers ont réservé 112 places en 2012 et 249 en 2013 (+117%).
! La part des C.E. est passée de 50% en 2012 à 44% en 2013. Les comités
d’entreprises ont réservé 116 stages en 2012 et 184 en 2013 (+58%).
Il est difficile de calculer le nombre de personnes qui se sont inscrites aux stages d’été
via les sites internet. Cependant, les descriptifs des stages ont été vus près de 1000 fois. La
hausse de fréquentation des stages d’été de 2013 est la conséquence de nouveaux partenariats
avec des comités d’entreprises et d’une meilleure visibilité auprès des particuliers.
2.3. Elaboration d’un catalogue présentant toutes les activités du Moulin de
Parade
Le Moulin de Parade a la particularité de proposer plusieurs services (centre équestre,
centre de vacances, location de salle, école de musique...). Pour présenter toutes les activités
et prospecter un public de professionnels (entreprises, comités d’entreprises...) il était
nécessaire d’élaborer un catalogue de toutes les activités, à consulter en ligne ou sur papier.
Démarche :
! Descriptif de chaque activité.
! Choix des photos.
! Contact avec une étudiante en marketing et communication de l’IAE de
Toulouse pour la conceptualisation du catalogue.
! Le catalogue devrait être terminé dans le mois de septembre et mis en ligne.
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70
2.4. Vente de produits dérivés
Le Moulin de Parade ne disposait pas de t-shirts aux couleurs du club et avec le logo.
Les t-shirts de clubs sont un outil efficace de communication, par exemple lorsqu’ils sont
portés en concours. De plus, ils favorisent le sentiment d’appartenance à un club, contribuent
à fidéliser la clientèle et à accroitre la notoriété du club. Dans le cas du Moulin de Parade, les
t-shirts peuvent également être vendus aux enfants du centre de vacances comme souvenir.
Démarche :
! Recherche de différentes entreprises de sérigraphie qui fournissent également
les t-shirts.
! Comparaison des devis.
! Commande de 250 pièces (t-shirts et débardeurs).
Résultats :
! Fin août, il reste 30 pièces.
! La commande a été remboursée et l’entreprise a pu faire quelques bénéfices.
! Nouvelle commande pour les prochains stages.
2.5. L’équitation pour les personnes en situation de handicap
Le Moulin de Parade accueille des centres médicaux et donne des cours à des groupes
de personnes en situation de handicap mental. L’équitation est reconnue pour ses vertus
éducatives et d’aide au développement personnel. L’équithérapie utilise le cheval comme
partenaire afin d’aider la personne souffrante à atteindre des objectifs établis. L’accueil des
personnes en situation de handicap est intéressant pour le Moulin car il permet de diversifier
son activité, sur des créneaux horaires libres. En effet la clientèle habituelle du club vient sur
ses temps de loisirs, le soir, le mercredi et le week-end. La cavalerie n’est pas montée, ou très
peu durant la semaine en journée. Or les centres médicaux viennent sur les horaires de travail
de leurs salariés, c’est à dire en journée.
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71
Démarche :
! Recherche sur les différentes offres possibles : équitation adaptée pour les
personnes en situation de handicap mental, equit’handi pour les personnes
atteintes d’un handicap moteur ou sensoriel.
! Recherche sur les conditions pour proposer ces activités (formation des
moniteurs, normes de la structure, matériel adapté, cavalerie...).
! Recherche de possibles subventions.
! Etude de l’offre en Midi-Pyrénées et en Haute-Garonne particulièrement.
! Rencontre avec Monsieur Luis Fernandez, le référent départemental de sports
et handicaps au sein de la Direction Départementale de la Jeunesse, des Sports
et de la Cohésion Sociale en Haute-Garonne.
! Entretien téléphonique avec Messieurs Alain Dejean et Fabrice Bille,
respectivement conseiller technique du comité départemental de sport adapté et
président du comité départemental handisport en Haute-Garonne.
Résultats :
! L’offre est fonction de la demande, et il n’y a pas réellement de marché pour
l’équitation adaptée ou l’equit’handi en Haute-Garonne.
! Nombreux investissements à prévoir pour pouvoir accueillir ces publics.
! Cependant, la reconnaissance du cheval comme médiateur et accompagnateur
de développement de soi est d’actualité en France et en Europe. De ce fait, les
centres équestres devraient bénéficier de plus de soutien dans les années à
venir pour proposer ce type d’activités.
2.6. Partenariat avec des supermarchés
Une des faiblesses observée durant mon analyse du Moulin de Parade est qu’il ne
bénéficie pas d’une très grande notoriété au sein des habitants de sa zone de chalandise.
Pourtant, le Moulin de Parade existe depuis plus de 25 ans. C’est en partie à cause de ce
manque de notoriété que le club a du mal à faire venir des jeunes cavaliers débutants. Pour
faire connaître le club, un des moyens mis en place a été de prendre contact avec des
supermarchés pour y faire des animations (baptêmes à poneys). Il semblait judicieux de mener
cette action à la rentrée scolaire car les supermarchés voient leur fréquentation augmenter par
IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E
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l’achat des fournitures de rentrée. Les enfants accompagnent souvent leurs parents pour ce
type de course. De plus c’est la période de l’année où se choisissent les activités extra-
scolaires.
Démarche :
! Choix des supermarchés ayant la même zone de chalandise que le Moulin de
Parade.
! Prise de contact avec les directeurs (une quinzaine).
! Sur la quinzaine de supermarchés, deux directeurs se sont montrés
enthousiasmés par la démarche (Intermarché de Saint-Lys et Intermarché de
Muret sud).
! Rencontre avec les directeurs, proposition d’animations, communication sur
l’opération.
! Organisation en interne de cette opération.
! Choix des dates (deux dates pour l’Intermarché de Saint-Lys et une pour celui
de Muret sud).
! Rédaction d’un flyer à distribuer aux clients des supermarchés pour les inviter
à la fête du cheval le 22 septembre au Moulin de Parade.
Résultat :
! Les animations auront lieux fin août et début septembre, il est donc impossible
de dire si cette opération a engendré de nouvelles inscriptions.
! Les directeurs se sont montrés très enthousiasmés par ce type d’opération, car
elles permettent de dynamiser leur espace de vente. Il est donc envisageable de
renouveler ce type d’animation et d’établir un partenariat à long terme avec ces
supermarchés (sponsoring, autres actions de partenariat...).
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2.7. Projet collectif Moulin de Parade
Ludovic Darrigan a pour projet la construction d’une nouvelle carrière et d’un
nouveau manège, permettant l’accueil de pratiquement 1 000 personnes. L’objectif est de bien
sûr en faire profiter les cavaliers du club, mais aussi d’organiser des concours amateurs et
professionnels. En outre, les manèges couverts avec des places assises n’existent pas dans la
région, et à terme il pourrait accueillir des représentations de spectacles d’équitation de haute-
école, mais aussi des troupes de cirques... Aujourd’hui la conception de ces infrastructures est
encore au stade de projet, et plusieurs questions quant à la réalisation, au financement, à la
réglementation sont sans réponses. Les étudiants IMOS sont amenés à travailler sur ce type de
structures, et c’est pourquoi j’ai eu l’idée de proposer un projet collectif sur la conception
d’infrastructures équestres au Moulin de Parade.
Démarche :
! Réflexion sur la teneur du projet.
! Proposition du projet à Ludovic Darrigan.
! Proposition du projet à Monsieur Fabaron, mon tuteur de stage mais également
tuteur des projets collectifs sur la conception et la réalisation d’infrastructures
sportives.
! Mise en forme du projet, réalisation du cahier des charges.
Résultat :
! Validation du projet et du cahier des charges par Monsieur Fabaron et
Monsieur Le Bihan, responsable du master IMOS.
! 12 étudiants du M2 IMOS, répartis en deux équipes, vont travailler sur le
projet de conception et de réalisation d’infrastructures équestres. Ils rendront
leur rapport en mars 2014.
! Etant donné mon implication dans la proposition de ce projet collectif, je serai
présente lors des trois rendez-vous de rendu de projet des étudiants.
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2.8. Autres actions
Durant mon stage, j’ai été amenée à effectuer des tâches transversales à mes missions :
! Promotion de la salle de location.
! Recherche d’animateurs et d’un cuisinier pour le centre de vacances.
! Budget prévisionnel pour l’organisation de compétitions.
! Aide de la secrétaire pour certaines tâches.
! Accueil et renseignements des représentants la Direction
Départementale de la Protection des Population lors d’un contrôle de la
cuisine du centre de vacances.
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Conclusion
Mon stage de fin d’études de master IMOS au Moulin de Parade fût une expérience
enrichissante sur bien des points. Professionnellement, j’ai pu mettre en pratique les
connaissances acquises lors de mon cursus universitaire. L’autonomie que m’a laissée mon
maître de stage fût pour moi l’occasion de m’exercer à la prise d’initiatives et de décisions.
En tant que cavalière, ce stage fût pour moi l’occasion d’améliorer ma connaissance du milieu
équestre, des acteurs de la filière et des difficultés à gérer un centre équestre. Enfin, d’un
point de vue plus personnel, cette immersion en entreprise durant six mois m’a permis
d’observer les relations entre les salariés d’une entreprise et d’adopter un comportement
professionnel.
Durant ces six mois de stage, j’ai pu observer la gestion d’un centre équestre. Cette
expérience m’a ainsi permis d’affiner mon opinion sur les différentes stratégies de gestion de
centre équestre et les conséquences qu’elles peuvent avoir sur la structure. Bien que mes
missions étaient déterminées par la convention de stage, j’ai pu tout au long du stage les
adapter aux besoins du club. J’ai ainsi pu proposer des actions que je n’avais pas imaginées,
au fur et à mesure de ma découverte des besoins et de la stratégie du club.
J’ai apprécié avoir fait ce stage au Moulin de Parade car peu de centres équestres
proposent autant d’activités (centre de vacances, location de salles, club de musique...). Les
centres équestres possédant l’agrément Jeunesse et Sports pour organiser des séjours pour
enfants en pension complète sont rares. J’ai ainsi pu observer un mode de fonctionnement de
structure que je ne connaissais pas.
Mon projet professionnel est de travailler dans le milieu équestre. Ce stage m’a permis
de me confronter à ce projet, et je sais aujourd’hui que les connaissances acquises en master
IMOS seront utiles et adaptées à la gestion d’infrastructures équestres (que ce soit un centre
équestre, ou bien un élevage, un haras...). Je suis donc déterminée plus que jamais à mener à
bien mon projet professionnel.
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Bibliographie
Comité Régional de Tourisme équestre, « Etude de la filière tourisme équestre en
Midi-Pyrénées », 2012.
Jean-Pierre Digard, « Cheval, mon amour. Sports équestres et sensibilités
« animalitaires » en France. », revue Terrain, septembre 1995.
Réseau Références, « Filière équine, chiffre clés 2012 », www.haras-nationaux.fr.
Fédération Française d’Equitation, « FFE, Etude Géomarketing », www.ffe.fr, 2012.
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77
Tables des matières
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Résumé du mémoire
Le cheval fait rêver, synonyme de liberté et de contact avec la nature. De très
nombreux français aimeraient pouvoir pratiquer occasionnellement ou régulièrement
l’équitation. Alors que ce sport était réservé à une certaine élite jusque dans les années 70, de
nouvelles pratiques à cheval ont contribué à rendre ce sport plus populaire. L’ouverture des
poneys clubs et du tourisme équestre à notamment permis de rendre les centres équestres plus
accessibles.
La Fédération Française d’Equitation (FFE) a compétence pour la gestion, la
promotion et le développement des disciplines équestres en France. Son objectif prioritaire est
la démocratisation de l’équitation, avec une cible particulière : les enfants. En toute logique,
les centres équestres devraient être le relai de cette politique. Quelque soit leur nom, poney
club, club hippique, centre équestre, écurie, ces lieux permettent aux cavaliers novices ou plus
expérimentés de s’adonner à leur pratique favorite. Ainsi, chaque mercredi et samedi, des
milliers de passionnés prennent la route du poney club. Les chiffres le prouvent, avec
pratiquement 700 000 licenciés, la FFE est la 3ème fédération sportive en terme de licenciés.
Chaque année, de nouveaux clubs se créent (en 2010, ils étaient 7 792 à adhérer à la FFE).
En apparence, l’équitation se porte bien. Guidés par une fédération puissante et
structurée, les centres équestres sont le relais de la politique fédérale. Chaque année, de
nouveaux moyens sont mis en œuvre par la FFE pour inciter les plus jeunes à s’inscrire au
poney club : clip télévisuel diffusé sur les chaînes nationales à chaque rentrée scolaire,
journée du cheval en septembre, et en 2013, le tournage d’une série « Le cheval c’est trop
génial » qui sera diffusée sur la chaîne pour enfants de la TNT (Gully). Pourtant, en observant
de près la gestion et le fonctionnement des centres équestres, on constate que le malaise de
certains dirigeants et les difficultés de gestion sont réels. A entendre ces hommes de cheval,
l’avenir de leur structure est loin d’être assuré. Pour la plupart des centres équestres, l’objectif
n’est pas de faire découvrir l’équitation au plus grand nombre, mais il est bel et bien de « faire
de l’argent », c’est à dire survivre.
Pour comprendre ce paradoxe, il faut savoir que les centres équestres ne peuvent être
gérés comme n’importe quelle structure. Le cheval nécessite une attention constante, 24h/24
et 365 jours par an. A ce titre, les deux tiers des centres équestres de la FFE sont gérés sous la
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forme d’entreprises (agricoles dans la plupart des cas), comme il est autorisé dans le Code du
Sport. Pour gérer un centre équestre, les compétences que le dirigeant doit avoir sont
multiples : homme de cheval, il doit connaître sa cavalerie et anticiper les besoins, mais en
tant que chef d’entreprise il doit savoir construire un plan de développement pour sa structure
et bien sûr, manager ses salariés pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Et si la plupart
des gestionnaires de centres équestres sont effectivement des hommes de cheval, ils n’ont que
très peu souvent des qualifications dans la gestion d’entreprise. D’où le malaise entre les
centres équestres et la fédération, entre homme de cheval ayant choisi ce métier pour vivre de
sa passion, et politique fédérale ayant comme objectif l’équitation pour tous et le
développement de la filière équestre.
Le cheval fait partie de la filière équine, qui comprend quatre segments : l’élevage, les
courses hippiques, la viande chevaline et les sports et loisirs équestres. Les segments sont
interdépendants. En effet, le cheval va au cours de sa vie appartenir à différents segments : né
chez un éleveur, il peut être utilisé pour les courses, les sports équestres ou les loisirs, pour
éventuellement être abattu pour sa viande. De ce fait, l’avenir des centres équestres dépend
des décisions prises au niveau de chaque segment par les institutions représentatives, et du
degré de coopération entre elles.
En fonction des perspectives économiques et des tendances sociétales, ainsi que des
décisions prises par les instances représentatives, plusieurs hypothèses sur l’avenir du cheval
émergent. Deux hypothèses sont extrémistes, de l’équitation pour tous ou au contraire
réservée à une certaine élite sociale. Les deux autres hypothèses prennent en compte les
différentes utilisations que l’on peut attribuer au cheval, en tant que vecteur de lien social ou
comme animal domestique.
Le paradoxe équestre s’explique par le fait que l’équitation est le seul sport à faire
intervenir un animal. Seul sport mixte, le haut niveau est surtout représenté par des cavaliers,
alors que les clubs sont composés de 80% de cavalières. Le segment des sports et loisirs
équestres subit les contraintes mais profite aussi des opportunités de la filière équine. L’avenir
de l’équitation est difficile à prévoir, tant les composantes à prendre en compte sont
nombreuses. Néanmoins, le cheval, par la symbolique forte qu’il représente, devrait continuer
à susciter des passions.
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Mots-clefs :
Sport
Equitation
Paradoxe
Filière équine
Perspectives
Préconisations
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Abstract
Horse makes you dreaming and is a symbol of freedom and of the proximity with
nature. Many French people would love to be able to ride regularly or occasionally a horse.
Whereas horse-riding was reserved for an elite/upper-classes until the 70s, new practices
helped to set horseriding as a popular sport. The opening of pony clubs and equestrian tourism
enabled to make equestrian centers more accessible.
The French Equestrian Federation (Fédération Française d’Equitation-FFE) is
responsible for the management, promotion and development of equestrian disciplines in
France. Its primary goal is the democratization of riding for a special target: children. Quite
logically, equestrian centers should convey this policy. Whatever their name, pony clubs,
horse clubs, equestrian centers, stables, these places allow novices and more experienced
riders to enjoy their favorite sport. Thus, every Wednesday and Saturday thousands of fans
take the road to the pony club. With almost 700,000 licensees, the FFE is the third sports
federation in terms of licensees. Each year new clubs are created (we had 7792 members in
the FFE in 2010).
Seemingly, horse-riding is doing well. Guided by a powerful and structured
federation, equestrian centers are the relay of the federal policy. Every year, new means are
implemented by the FFE to encourage young people to join pony clubs: TV clip aired on
national television in each school year, day of the horse in September 2013 and the shooting
of series "Le cheval c’est trop génial" to be aired on TNT for children (Gully). However,
observing closely the management and operation of equestrian centers, the discomfort of
some directors on management difficulties are real. According to these horsemen, the future
of their structures is far to be assured. For most of equestrian centers, their goal is not to
introduce to everyone horseriding but is to "make money" in order to survive.
To understand this paradox, we must know that equestrian centers cannot be run as
any other structure. Horse needs constant attention, 24h/24 and 365 days a year. For this
reason two thirds of equestrian centers are managed as business societies, as authorized in the
Sport Code. To manage an equestrian center, the skills that the leader must have are multiple.
As Horseman, he must know his cavalry and to anticipate their needs, but as an entrepreneur
he must know how to build a development plan for its structure and course manager for its
IAE Toulouse 2013 L E P A R A D O X E E Q U E S T R E
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employees who give the best of themselves. And while most of managers of equestrian
centers are actually horsemen, they don’t have the right skills in business management. Hence
the unease between riding schools and federation between horseman who chose this
profession to live his passion, and federal policy with the goal of riding for all and
development of the equestrian industry.
The horse is part of the horse industry, which includes four segments: livestock, horse
racing, horse meat and equestrian sports and recreation. The segments are interdependent. In
fact, the horse goes over his life belong to different segment: born from a breeder, it can be
used for racing, equestrian sports or leisure, eventually being shot. Therefore, the future of
equestrian centers depends on the decisions taken at the level of each segment-by
representative institutions and the degree of cooperation between them.
Depending on the economic outlook and societal trends as well as decisions by
representative bodies, several assumptions about the future of the horse emerge. Two
hypotheses are extremists, riding for the horse or otherwise reserved for elites. The other two
assumptions take into account the different uses that can be attributed to the horse as a vehicle
for social cohesion or as pets.
Riding is a paradox because it is the only sport to involve an animal. It is constrained
but also opportunities for the equine industry. Only mixed sports, high level is mainly
represented by horsemen, while the clubs have a 90% horsewomen. The future of riding is
difficult to predict, as the components to consider are many. However, the horse, to the
symbol it represents, should continue to raise passions.
Keywords:
Sport
Horse-riding
Paradox
Horse industry
Recommendation
Prospects