LA MUSIQUE ET LE BALLET Le rapport musical au ballet a-‐t-‐il évolué ?
1ER DECEMBRE 2014 SALES MANDONNET IRIS CAUSSINUS CAMILLE
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Sommaire :
Sommaire Sommaire : .............................................................................................................................................. 1
Introduction : .......................................................................................................................................... 2
I] Roméo et Juliette ................................................................................................................................. 3
A) Contexte historique ........................................................................................................................ 3
B) Analyses partitions .......................................................................................................................... 5
C) Chorégraphie et son rapport musical .............................................................................................. 6
II] Giselle .................................................................................................................................................. 8
A) Contexte historique ......................................................................................................................... 8
B) Analyse des partitions ..................................................................................................................... 9
Conclusion : ................................................................................................................................... 12
Bibliographie : ............................................................................................................................... 13
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Introduction : La musique comme production mélodique apparait aujourd’hui dans notre quotidien, dans
bien des domaines. Elle peut apparaitre aussi bien dans un film que dans une publicité, ou encore dans des lieux publics tels que la gare, l’aéroport, le musée ou autre. Elément culturel, la musique prend une place prépondérante dans notre société, que l’on s’en rende compte ou non. Cependant, la musique n’a pas toujours été aussi présente et relevait autrefois de domaines bien spécifiques : on retrouvait notamment la musique comme accompagnement, comme support aux ballets classiques. Cependant, le rapport musique/chorégraphie a bien changé et nous avons décidé de nous intéresser à ces différents rapports tant dans les ballets classiques que dans les chorégraphies contemporaines. L’objectif étant de constater les similitudes et les oppositions du ballet classique de l’époque aux réécritures actuelles de ceux-‐ci. Pour ce faire, nous avons choisis de nous intéresser à deux créations artistiques : Le lac des Cygnes et Roméo et Juliette. Dans un premier temps, nous comparerons la version de Roméo et Juliette de Rudolf Noureev et celle de Thierry Malandain, et dans une seconde et dernière partie, nous verrons comment a évolué le ballet Giselle depuis sa création à la réécriture de Mats Ek.
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I] Roméo et Juliette
Roméo Montaigu et Juliette Capulet s’aiment d’un amour pur. Malheureusement, leurs deux familles véronaises se vouent une haine aussi parfaite et immortelle que la passion qu’ils éprouvent l’un pour l’autre. C’est le début d’une histoire d’amour impossible dont la fin tragique marquera l’évanouissement de celui-‐ci.
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A) Contexte historique
1- Création de la musique de Prokofiev (pour la version de Noureev)
Tout d’abord, il faut savoir que l’œuvre est une commande de 1934 du Kirov de Leningrad. Lorsque Prokofiev proposa le thème de Roméo et Juliette, le théâtre refusa. Prokofiev signa alors un contrat avec le Bolchoï pour la représentation du ballet, mais là encore les choses se passèrent mal. Une fois la partition achevée, à l'été 1935, les danseurs déclarèrent le ballet indansable, notamment à cause de la complexité rythmique et de passages jugés inaudibles. Prokofiev retravailla alors sa partition en 1936 pour en tirer deux suites pour orchestre symphonique en sept mouvements, ainsi qu'une transcription pour piano. Une troisième suite fut écrite en 1946.
Le ballet ne fut finalement créé qu'en 1938 à Brno en République tchèque, où il fut très accueilli. C'est une de ses œuvres les plus appréciées en raison de la haute inspiration mélodique, de la grande variété rythmique et du caractère mémorable des thèmes principaux (la célèbre et sinistre « Danse des chevaliers » et ses diverses variations ; le délicat et foisonnant thème de Juliette).
ð Wikipédia
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2-‐ Création de la musique de Berlioz (pour la version de Malandain)
Composée en 1839 la symphonie dramatique Roméo et Juliette doit son existence au don royal de 20 000 francs fait par Paganini à Berlioz. L’œuvre fut d’abord exécutée en trois concerts successifs au même Conservatoire sous la direction de Berlioz, en décembre 1839. L’œuvre n’acquiert cependant sa forme définitive que plusieurs années plus tard. Berlioz décide de faire plusieurs coupures et changements importants et la grande partition n’est publiée qu’en 1847.
L’un des plus grands chefs-‐d’œuvre de Berlioz, Roméo et Juliette témoigne de plusieurs influences. C’est d’abord un hommage au génie de Shakespeare dont la découverte par Berlioz en 1827 eut un tel retentissement sur son développement artistique. C’est aussi un hommage à Beethoven, qui fournit à Berlioz l’un de ses points de départ dans son entreprise pour élargir les possibilités expressives de la musique symphonique. De plus, l’étonnante virtuosité de l’écriture d’orchestre semble
convenir particulièrement au dédicataire de la symphonie.
=> http://www.hberlioz.com/Scores/promeo.htm
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B) Analyses partitions
Pour être en mesure de comparer correctement les deux versions du ballet « Roméo et Juliette » d’un point de vue musical et gestuel, nous avons pris la décision d’analyser chacune des musiques de la scène du « bal des Capulets » [Acte I ; scène 4] dans la version de Noureev et dans celle de Malandain.
1- Dans la version de Noureev : partition de Prokofiev
Ce qu’il faut retenir dans la partition de Prokofiev c’est ce motif musical conducteur que l’on appelle « leitmotiv ». Il s’agit d’une phrase « thème » qui mène l’ensemble de la musique, en rajoutant tout au long de plus en plus d’instruments, lui donnant ainsi de plus en plus de caractère. Pour ce, le choix des instruments qui se rajoutent est important pour l’aspect général qu’on souhaite donner.. Ici, on constate que c’est le violon qui est proéminent, qui porte le thème. Les trombones annoncent le début du bal et par la suite avec les timbales qui frappent, comme de la violence, signe de mauvais augure, révélateurs d’un évènement perturbateur. Dans cette optique, le violon est de plus en plus saccadé. Par ailleurs, les trompettes prennent de plus en plus d’ampleur. Le morceau se termine en cadence parfaite, avec deux notes affirmées, signe de fin.
2- Dans la version de Malandain
Cette fois-‐ci l’ensemble des instruments est plus harmonieux, il nous donne un aspect plus festif. Les instruments jouent simultanément et il n’y a pas de thème prédominant, donc pas de leitmotiv. En revanche nous retrouvons les timbales mais à défaut d’être représentatives d’un évènement négatif, elles apportent de l’enjouement et de la gaité. Il s’agit ici d’un orchestre symphonique par conséquent, il n’est absolument pas dédié à une autre activité que celle de l’écoute musicale. Le morceau se termine sur une demi-‐cadence au contraire de celle de Prokofiev.
Il faut bien retenir que la version de Prokofiev est consacrée au ballet et a été créée dans le but d’être mise en scène tandis que la version de Berlioz, plus ancienne, a été créé de son propre chef, pour un orchestre symphonique.
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C) Chorégraphie et son rapport musical
1-‐ Dans la version de Noureev
Comme signalé précédemment, Prokofiev a créé cette œuvre expressément pour le ballet, pour qu’elle soit dansée. C’est donc sans la moindre surprise que l’on retrouve une harmonie entre la musique et la chorégraphie. Tout colle parfaitement. Dans la chorégraphie, typique du ballet classique, on retrouve les solistes, les corps de ballets, les duos. La scène est structurée tout comme l’est la musique. Chaque leitmotiv correspond à un changement d’occupation de la scène et en général, vient répartir les rôles. On peut également remarquer que tout comme le thème, les pas sont répétés : à chaque leitmotiv, son mouvement. Le décor est fortement explicite et en totale adéquation avec l’histoire. Il nous apporte donc des détails permettant au public de se situer dans le contexte, le lieu, et l’histoire. Les costumes quant à eux reflètent la chorégraphie c’est-‐à-‐dire qu’ils ne permettent pas d’extravagance technique ce qui correspond au contexte traditionnel de l’époque de Shakespeare.
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2-‐ Dans la version de Malandain
Tout comme la musique, la chorégraphie est plus complexe, le sens est plus difficile à saisir et ses mouvements sont plus ambitieux. L’adaptation de la chorégraphie sur la musique n’est pas naturelle puisque la composition musicale n’y est pas dédiée. Son choix stratégique d’allier une chorégraphie moderne sur une musique très ancienne relève donc d’un désir profond de modernité et de chamboulement. Ajoutons à ces différences la mise en scène radicalement opposée à celle de Noureev qui est pour Malandain beaucoup plus épurée : on trouve juste au milieu de la scène de grosses caisses en métal. Ces caisses servent à délimiter l’espace mais servent aussi au côté pratique. En effet les danseurs les utilisent : Elles ne sont pas là pour présenter le contexte ou le lieu. Cette épuration permet au public de se concentrer seulement sur le contenu chorégraphique et musical et donc de mieux percevoir les émotions que le chorégraphe veut transmettre. On constate que les costumes sont d’une simplicité extrême : dans l’acte du bal, les danseuses portent une robe de couleur différente certes, mais non autant travaillées que celles de la version de Noureev et elles ne sont pas soigneusement ajustées. Ces costumes leur permet également une gestuelle plus extravagante.
Par ce parallèle insolite, Malandain nous offre une œuvre décalée et innovante transportant des émotions nouvelles. Le ballet de Roméo et Juliette est donc une réécriture complète du ballet initial de Noureev, lui permettant une nouvelle interprétation en adéquation avec les temps modernes.
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II] Giselle L’ouvrage raconte l’histoire d’une jeune paysanne, Giselle, amoureuse et aimée en retour d’un
certain Loys, paysan lui aussi. Mais très vite, le prétendant dédaigné par Giselle, le garde-‐chasse Hilarion, se charge de la détromper en lui dévoilant la véritable identité de l’imposteur : Loys n’est autre que le duc Albrecht de Silésie, d’ailleurs fiancé à la belle et noble Bathilde de Courlande. C’en est trop pour Giselle qui sait très bien que les ducs n’épousent pas les filles du peuple. Assaillie par de violentes hallucinations, elle s’écroule et meurt.
A) Contexte historique
1-‐ Création de la musique par Adolph Adam (pour la version de Jean Coralli et Jules Perrot.)
Giselle est un ballet composé par Adolph Adam en en 1841 sur demande. Le ballet est inspiré du livret de Théophile Gauthier et Jules Henri Vernoy de Saint Georges. . Adam est engagé par L’Opéra pour écrire la musique, partageant l’enthousiasme des danseurs du dit Opéra. Son directeur offrit à son maître de ballet Jean Coralli de travailler sur « Giselle » avec Adam qui avait déjà à son actif cinq autres ballets. Sa partition se distingue des autres de son époque au niveau général. L’œuvre d’Adam apparait comme un opéra dit léger, sans paroles. Elle est d’une originalité certaine autant qu’inhabituelle pour le ballet de l’époque.
2-‐ Reprise de Mats Ek
Mats Ek a fait le choix de conserver la partition originale d’Adam. C’est uniquement par sa chorégraphie et sa mise en scène que l’œuvre sera totalement revisité en apportant un rapport complètement différent entre chorégraphie et musique que son prédécesseur soit Jean Coralli. Mats Ek a choisi de se concentrer sur une dimension réelle psychologique plutôt que sur un imaginaire totalement abstrait.
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B) Analyse des partitions
Nous avons choisi d’axer notre réflexion dans l’analyse de l’Acte blanc, de la première scène. Ce choix est judicieux car c’est là que divergent réellement les deux versions de Giselle.
1-‐ Dans la version de Coralli
La musique est mélancolique, les instruments prédominants sont les violons ici, qui jouent lentement et dans une douceur intense. Pour donner une touche davantage voluptueuse, on entend également, mais pas en continu la harpe.
Comme dans Roméo et Juliette, on remarque la présence d’un leitmotiv comme décrit précédemment. Il faut tout de même retenir que c’est dans la création de Giselle que le leitmotiv a fait sa première apparition.
2-‐ Dans la version de Mats Ek
L’acte II ne commence pas avec la même musique que dans la version originale. Mats Ek fait le choix de prendre un autre passage musical afin d’entretenir le lien entre la musique et l’image que lui, souhaite donner à sa Giselle. La musique est plus violente, plus symphonique. On ne note aucune douceur mais au contraire une certaine agressivité. On entend des variations entre les octaves, c’est-‐à-‐dire qu’il y a des sons dans les tous sens et tant hauts que bas ce qui laisse transparaitre la folie que Mats Ek attribue à Giselle.
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1-‐ Dans la version de Coralli
Relatif aux ballets classiques, nous constatons qu’ici aussi c’est la musique qui dicte la chorégraphie. En effet, chaque pas colle à la perfection sur la musique : tout est calculé. Le solo d’Albrecht commence au son du clocher qui rythme chacun de ses pas. Les mouvements sont tout comme la musique, mélancoliques, doux. En adéquation avec la douceur de la musique, les pas restent pudiques, lents, sans extravagance de quelque sorte que ce soit (dans la scène où le prince réalise la « mort » de Giselle et où cette dernière apparait sous la forme de Willis). De même, chaque fois que la musique prend davantage d’ampleur, les mouvements suivent et s’agrandissent. Cette caractéristique est typique du ballet classique. De plus on note l’apparition de la pantomime (petits signes théâtraux permettant la visibilité d’une expression, ou encore d’un évènement).
De plus, on observe les costumes, travaillés, en tulle, signe de pudeur pour Giselle qui porte une robe longue à l’image du contexte culturel de l’époque où il ne fallait pas mettre trop en valeur le corps de la danseuse. Les mouvements sont pudiques en rapport également à ce contexte particulier.
Le décor est lui aussi représentatif et sert à renseigner sur le lieu et l’ambiance dans lequel se déroule la scène.
On note donc une chorégraphie à l’image de la musique, avec des pas typiquement classiques.
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2-‐ Dans la version de Mats Ek
Tout d’abord nous constatons que l’acte II ne commence pas de la même façon ni avec la même musique. Il commence d’ailleurs dans le silence et c’est Giselle qui entre en scène contrairement à la version originale où c’est Albrecht qui le débute. Le silence apporte une ambiance mystérieuse avec un suspens omniprésent. Après le silence arrive la musique.
Giselle est au sol, et contrairement à son prédécesseur, Mats Ek ne la vêtit pas de blanc. Elle reste habillée telle quelle signe qu’elle n’est pas morte.
A travers les divers mouvements qu’elle déploie au sol, Mats Ek veut transmettre au public toutes ses émotions et sa folie en cohérence avec la musique qui est à ce moment une symphonie dissonante.
Ensuite la musique change et reprend un air dramatique tandis que la danseuse occupe tout l’espace comme si elle cherchait son chemin avec des gestes hasardeux et dénués de logique. C’est-‐à-‐dire que ses mouvements, d’un, ne correspondent pas avec la musique, et deuxièmement qui ne découlent pas les uns des autres.
La musique, menée principalement par la flûte donne une ambiance féérique, enfantine, révélatrice d’un éloignement entre la réalité et l’état psychologique fortement dégradé de Giselle.
Plus la musique s’enjoue, plus les pas de Giselle, très liés, prennent de l’ampleur et de la vitesse.
Le faciès de la danseuse exprime un vide : son regard est lointain et perplexe.
Le décor est enfantin et très coloré toujours en cohérence avec l’état psychologique de Giselle qui dans sa danse, parait être une enfant insouciante et perdue en même temps.
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Conclusion :
Pour conclure, nous pouvons donc dire qu’il existe rapport et éloignement entre les versions classiques et contemporaines de chacun des deux ballets. Le rapport entre la chorégraphie et la musique divergent entre les versions. Même si certains chorégraphes contemporains conservent la musique originale (comme Mats Ek), d’autres utilisent des compositions non dédiées à être chorégraphiées (comme Malandain). On note ici dans les deux ballets contemporains qu’il y a moins de cohésion directe entre la musique et la gestuelle. La réadaptation d’une œuvre peut en changer son sens et son impact auprès du public. Il est important de préciser que pour nos deux chorégraphes contemporains, le but est d’ancrer l’œuvre dans une réalité actuelle et moderne. Pour ce, chacun d’entre eux a sa technique : pour Malandain, c’est le creux entre la musique très ancienne de Berlioz et le décor plus que contemporain, et pour Mats Ek, il ne s’agit pas de situer l’héroïne dans un contexte féérique mais plutôt de la transporter dans une réalité certaine, dure, évoquant des préoccupations en vigueur.
Dans ces exemples, nous constatons que les chorégraphes n’ont pas de rapport direct avec des compositeurs, mais qu’ils s’appuient juste sur leurs travaux. A la différence des ballets classiques qui entretenaient une certaine dépendance entre compositeur/chorégraphe, les ballets contemporains choisissent d’être libre en sélectionnant des musiques qui leur permettront de mettre en image ce qu’ils veulent attribuer à l’œuvre.
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Bibl iographie :
-‐ Wikipédia -‐ http://www.hberlioz.com/Scores/promeo.htm -‐ Pour la version de Noureev : partition de Prokofiev
https://www.youtube.com/watch?v=cFkZQ84YDlk -‐ Pour la version de Malandain
http://www.numeridanse.tv/fr/video/1306_romeo-juliette-extraits-2010 -‐ http://latelier.de.la.danse.free.fr/annexe/Ballets/Giselle.html -‐ Dans la version de Coralli
https://www.youtube.com/watch?v=n9T-‐ftsUc2o -‐ Dans la version de Mats Ek
https://www.youtube.com/watch?v=CXPeLT6XSiI -‐ Roméo classique Prokofiev :
https://www.youtube.com/watch?v=-‐mjPmSadubI -‐ http://www.noureev.org/rudolf-‐noureev-‐choregraphie/romeo-‐et-‐juliette-‐rudolf-‐noureev