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Page 1: immo 122:Layout 1/media/03 news/events... · aspect de la féminisation.» (S. Belgeonne). – L’enseignement technique –qu’il s’adresse aux femmes ou aux hommes– est insuffisam-ment

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mieux que les autres ! Par contre la mixitéoffre un intérêt par la diversité desapproches. » (A. de Montjoye).

PARADOXES ET INÉGALITÉSFACE A L’INDÉPENDANCEToutefois, cette mixité n’échappe pas à certaines contradictions. Ainsi si elle estreconnue et appréciée au niveau décisionnel,elle ne l’est toujours pas au niveau opérationnel et le préjugé d’incompétence – par exemple d’une architecte travaillant surchantier– demeure.

A l’inverse, la même architecte travaillant à la réalisation de petits projets résidentiels est généralement appréciée par le MO. «Ce phénomène s’explique par le fait que laconstruction d’un projet résidentiel est uneréminiscence de la structure familiale. Ellereplace la femme dans son rôleprépondérant. » (M. Verhelst).

La contradiction se situe également au niveauéconomique. En effet, si l’on peut comprendreque creuser des tranchées ou porter desbriques requièrent une certaine force (propreaux hommes), par contre peindre ou placerune installation électrique ne nécessitent pascette aptitude physique alors que ces activitésrestent quasi hermétiques aux femmes.«Situation paradoxale dans une conjoncture

LA PERSONNALITÉ AVANT LE GENREAu regard de l’actuelle et nécessaire ‘fémini-sation’ des entreprises, il s’agit de poser unpréalable afin d’éviter les images préconçuesde ce qui est féminin et masculin. En effet, s’ilexiste des à priori attribuant préférentiellementcertaines fonctions aux femmes et d’autresaux hommes, l’essentiel réside d’abord dansla personnalité de l’individu au-delà des considérations de genre et de sexe. Celaposé les approches des uns et des autres diffèrent, ainsi, «par leur sensibilité lesfemmes afficheront un comportement davan-tage altruiste mettant en valeur les débats etles personnes» (A. Tilleux).

Par ailleurs, si nous replaçons cette réflexiondans le cadre des professions ayant trait à l’immobilier, l’accroissement du nombre de femmes actives dans ce segment économique –et notamment dans sessphères décisionnelles– doit être vu commeune ‘plus-value’. Elle permet d’autres anglesd’analyse enrichissants : outre une plusgrande précision, voire un souci marqué du détail dans le traitement des problèmes,les femmes font généralement preuve d’uneplus grande empathie. «Cela renvoie à uneautre considération : les entreprises menéesexclusivement par des hommes ou exclusive-ment par des femmes ne performent pas

Selon une étude récente publiée par labanque Crédit Suisse, les entreprises quicomptent des femmes au sein de leurs instances de direction affichent de meilleuresperformances économiques (valorisation en Bourse, rendement des fonds propres,dividendes...) que les autres. Selon cettemême étude, la part des femmes dans leséquipes dirigeantes des entreprises n’est toujours que de +/- 13%! Cette réalité suppose un questionnement quant à savoir :Comment les femmes aident-elles à améliorerla performance des entreprises (approche etsensibilité différentes)? Comment vivent-ellesleur métier au regard de leur vie privée ?Quelle perception ont-elles de l’immobilier etselon quelle vision souhaitent-elles agir ?

Pour y répondre, la présente Table Ronde réunissait : Sophie Lambrighs (CEO –Home Invest Belgium), Suzanne Belgeonne(Adm. Dél. – Immobilière Le Lion), FranceMaussion (Avocate – STIBBE – Professeurde l’ULB), Anne Tilleux (Avocate –NautaDutilh), Anne de SAN (Historienne –travaillant pour la protection du patrimoinemonumental), Michèle Verhelst (Architecte –MV Architecte) et Aurore de Montjoye(Associate Director – BNP Paribas Fortis).

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Il reste que ce principe ne peut être généralisé.Ainsi, si l’on considère l’important parc desmaisons «3 pièces en enfilade», offrant, d’unepart, une modularité/ multifonctionnalité (ouflexibilité d’utilisation) appréciable de leursespaces, et, d’autre part, des performancesénergétiques non négligeables (du fait de leur mitoyenneté ces habitats n’ont essentielle-ment besoin que d’une isolation de leur toiture),il conviendrait sans doute de les valoriser en cequ’elles constituent un facteur de qualité de laville/vie par leur dimension humaine.

A un autre niveau, le principe de revalorisationdevrait également concerner la professiond’architecte. Si le premier rôle de celui-ci estde concevoir, force est de constater qu’il tendaujourd’hui à emprunter le chemin facile ducopier/coller. L’impression qu’on en retire estcelle d’être ‘dépassé’ par les outils technolo-giques. Il s’agirait donc de se réapproprier lemétier. «On nous demande de la vitessed’exécution, ne se fait-elle pas au détrimentde la réflexion? La multiplicité des acteurs(banquier, promoteur, expert, avocat, etc....)place l’architecte devant une interrogation : à quoi sert-il ? à dessiner des plans ou àintroduire et défendre une demande de permis d’urbanisme?» (M. Verhelst).

Enfin, s’agissant de la ‘qualité environnemen-tale’ on relèvera que si toutes les notions dedurabilité sont globalement entrées dans lesmentalités elles ne le sont pas dans les portefeuilles ! En conséquence, s’agissant par exemple de la construction passive, on constate aujourd’hui que les promoteursne s’y aventurent pas (ou peu) pour la simple raison que les investisseurs et occupants ne sont pas prêts à payer un surcoût dont larentabilité (retour sur investissement) est à(trop) longue échéance et toujours aléatoire(manque de retour d’expérience). « Lesconcepts de durabilité sont bien là et fonctionnent mais leur mise en pratique (à grande échelle) se heurte à une logiquefinancière. Aujourd’hui l’intérêt de la planètene rencontre pas (encore) l’intérêt écono-mique. » (A. de Montjoye).

L’IMMOBILIERAU FÉMININ

LE MOIS PROCHAIN : HABITAT – LIÈGE

« SI L'IMMOBILIER DE BUREAU EST TRÈS MASCULIN, CELUI DU RÉSIDENTIEL REFLÈTE UN ÉQUILIBRE QUASI PARFAIT

ENTRE INTERVENANTS HOMMES ET FEMMES ET CONSTITUE UN AUTRE ASPECT DE LA FÉMINISATION » S. Belgeonne

© Stéphanie LeCoq

THIERRY LAFFINEUR

Sophie Lambrighs Anne Tilleux

économique où tout le monde cherche unemploi... et où tous les emplois sont loin detrouver preneur. » (S. Lambrighs).

On en retiendra quatre enseignements :– La complexification récente de l’immobi-lier– entraînant une multiplication du nombre‘d’intervenants-décideurs’ dans un processusde construction– est une opportunité de‘féminiser’ le secteur.– «Si l’immobilier de bureau est très masculin,celui du résidentiel (= famille) reflète un équilibre quasi parfait entre intervenantshommes et femmes et constitue un autreaspect de la féminisation. » (S. Belgeonne). – L’enseignement technique –qu’il s’adresseaux femmes ou aux hommes– est insuffisam-ment valorisé chez nous alors qu’il l’est dansd’autres pays (ex.: Suisse).– Le principe de féminisation des professionsde l’immobilier est en marche. « Il a eu lieudans d’autres métiers dont ceux de la méde-cine. A titre d’exemple rappelons aussi qu’ausein d’instances telles que l’administration del’urbanisme 50% des architectes sont desfemmes. » (A. de San).

TÉLÉTRAVAIL ET GÉNÉRATION YCette parité en rejoint une autre : au sortir de l’université hommes et femmes diplômésd’architecture sont à parts égales (50/50).Toutefois cet équilibre n’existe plus dès lorsqu’on considère le nombre de femmes architectes indépendantes.

Pourquoi ? La profession d’architecte estaujourd’hui rendue difficile par un marché deplus en plus concurrentiel. Cela signifie uneimplication permanente et donc un choix entrevie de famille et carrière. On comprend dèslors que le quota de femmes architectes indé-pendantes ne dépasse plus les 20% et que lamajorité des femmes diplômées trouvent un

emploi dans la fonction publique. En effet,même si cela suppose la gestion de chantiers,les horaires sont favorables à une vie defamille. Le problème est donc moins au niveaudes compétences que de l’indépendance auregard d’une vie privée. En conséquence, une partie de la solution doit venir des entreprises pour lesquelles il convientd’adopter une attitude ouverte et flexible et ne pas exiger les mêmes disponibilités d’unhomme et d’une femme.

A l’opposé on retiendra que différents facteurscontribuent à la féminisation de la société. Il en est ainsi du télétravail et de l’arrivée de lagénération Y (soucieuse d’une moindre hiérarchie) qui peuvent être vus comme facteurs d’un cercle vertueux : « les progrèstechnologiques (le télétravail en fait partie)favorisent la diversification qui à son tour favorise le développement technologique. Cetteapproche est notamment amplifiée par unegénération Y connectée et mobile.» (A. Tilleux).

PERCEPTION DE L’IMMOBILIER ACTUELConsidéré globalement, on assiste dans l’immobilier – comme dans d’autres secteurs–à un changement favorable des mentalités.«Confrontés à de nouvelles exigences tech-niques et qualitatives, les projets immobilierssont devenus des points de convergenced’intérêts et de nécessités. En passant par le filtre des procédures administratives (permis, etc., ) – même si celles-ci sont parailleurs critiquées pour leur lourdeur – cesprojets s’améliorent. » (F. Maussion).

Suzanne Belgeonne

Aurore de Montjoye France Maussion Anne de San Michèle Verhelst

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