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I. UN PEU D’HISTOIRE
Le Foyer "Les Brandons" est géré par l'association du même
nom, association loi 1901 , déclarée à la Préfecture de Seine et Marne, le 28
décembre 1976. Elle est inscrite au Journal Officiel du 22 janvier 1977.
Cette association a été fondée par plusieurs membres de l’équipe
éducative des Pressoirs du Roy (une maison d’enfants à caractère social
ouverte par la Fondation Cognac Jay et située sur la commune de Samoreau)
et quelques habitants de Champagne sur Seine. I l s ’ agissait alors d'offrir
un lieu d'accueil aux adolescents ayant atteint l’âge limite de 14 ans fixé par
la direction de la Fondation. Plusieurs d'entre eux n'ayant aucune famille
capable de les recevoir, l’association estimait nécessaire leur implantation
dans la commune de Champagne sur Seine où ils avaient fait leurs études et
connaissaient de nombreux camarades et leurs familles.
Le texte des statuts précise le but que s'est donnée cette association :
1. elle veut être présente aux jeunes, plus particulièrement à ceux qui
sont soumis à des tensions sociales et familiales très fortes, voir même
privés de famille , et de les engager à chercher avec elle des solutions
à leurs difficultés et à celles de leurs camarades.
2. d'assurer progressivement leur intégration sociale.
3. de promouvoir et de soutenir les initiatives de ses membres quand celles-
ci se présentent comme des activités d'animation sociale, culturelle,
intellectuelle, spirituelle et physique, situées dans l’environnement de ces
jeunes.
(Article 2 des statuts)
En Mars 1977, l’Association acheta une maison à Champagne sur
Seine. Elle l'équipa et l'aménagea grâce à un financement composé de dons, de
prêts sans intérêts de ses adhérents et du produit de fêtes locales
organisées par les membres de l'association avec les enfants des Pressoirs du
Roy.
L'implantation du Foyer dans la rue principale de la ville (39, rue
du Général de Gaulle) fut un choix délibéré : l'association désirait favoriser
l'intégration de ces jeunes adolescents, dans la commune en utilisant les
structures sociales locales.
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Sitôt créé, le Foyer fut accepté par la Fondation Cognacq Jay et
la DASS, comme une extension de l'Institution.
Jusqu’au 6 février 1981, date à laquelle l'extension est supprimée par
décision du Directeur des Pressoirs du Roy et les bâtiments remis à
l'association des Brandons.
Le Conseil d'administration de l'association décidait alors
d’assumer directement la responsabilité du Foyer. Le Président ouvre à
nouveau les portes de la maison et avec des éducateurs bénévoles assure la
continuité de l'action éducative pour quelques jeunes mis en difficulté par la
décision de fermeture. Finalement, le 1er septembre 1981 , le Conseil
d'administration nommait Jean-Michel Blot, responsable du Foyer des
Brandons avec mission de constituer une équipe et de préparer le projet
pédagogique.
Le nombre de jeunes augmenta assez rapidement et l1 on atteignit bientôt les
différents seuils d'organisation administrative, financière et éducative
indispensables à la bonne marche du Foyer.
Dans le même temps, l'association menait sur la commune des
actions de prévention. L'une des principales dénommée "Opération Marie-
Mad" fut engagée à la fin de l'année 1987. L'association réussit à embaucher
une éducatrice spécialisée grâce à des dons privés, et entreprit une
exploration systématique de la commune et des environs .Elle mit en place un
lieu d’écoute et d’informations dans une boutique de la rue du Général de
Gaulle. N'ayant pu obtenir des diverses administrations locales et régionales,
l'aide financière indispensable pour assurer le salaire de l'éducatrice,
l'association n'a pu poursuivre cette action au delà de deux années (1988 et
1989). Une personne offre encore une présence bénévole à la boutique; mais il
ne s'agit plus d'action de prévention caractérisée.
Le Conseil d'administration du 9 octobre 1993 a décidé de rechercher un
nouveau mode d’utilisation de ce local si l'association peut encore assurer la
location mensuelle.
C'est en 1983 que l’agrément de la C.R.I.S.M. officialise la nouvelle existence
du Foyer « Les Brandons ». De cette période datent les principales décisions
institutionnelles qui orientent l’intervention éducative et constituent la base
de ce nouveau projet.
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L'histoire de la création du Foyer révèle que dès l'origine celle-
ci s'est réalisée dans un esprit de coresponsabilité, de disponibilité, de
compétence et de bénévolat. Cet esprit s'est maintenu jusqu’à ce jour grâce à
la présence, aujourd’hui encore, d'éducateurs ayant contribué à sa fondation,
à son évolution et à la constitution de son équipe actuelle. Les éducateurs
présents viennent de milieux socioprofessionnels dont la diversité explique et
justifie le fonctionnement spécifique de l'équipe : cette spécificité peut se
dire en 4 mots clefs : esprit d'équipe, collégialité, adaptabilité et
polyvalence.
Le Foyer depuis cette époque a connu plusieurs directeur (Jean-
Michel KURC EN 1991 puis Bernard CLINET en 1998 et Bernadette DUARTE
en 2008.).
En 2000 le Foyer a emménagé dans des locaux neufs au 11, rue
du Peintre Sisley à Moret sur Loing.
Actuellement, l’établissement possède un statut d'internat. Il
peut accueillir 18 adolescents. Son prix de journée est fixé par les Services
Sociaux du Département (DGAS) avec un agrément "Aide Sociale à
l'Enfance".
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II. LES JEUNES ACCUEILLIS
1. CRITERES D'ADMISSION
Le Foyer "Les Brandons" reçoit des adolescents en difficulté, de
sexe masculin, âgés de 14 à 18 ans, soumis à des tensions et des ruptures
insupportables, d'origine sociale et/ou familiale. Il s’agit donc de jeunes
pouvant manifester divers troubles du comportement généralement liés à ces
conditions de vie.
Il est évidemment impossible de fixer un profil type des jeunes
accueillis au Foyer. On peut noter quelques limites à l’acceptation. Par
exemple : le Foyer ne peut recevoir des adolescents atteints de troubles
graves de la personnalité ni ceux qui ont un handicap important Ceux-ci
nécessitent des prises en charge que le Foyer, tel qu'il est conçu, ne peut
assurer. On peut aussi signaler quelques uns des traits significatifs décelés
chez les jeunes résidants : un ensemble de traits qui expriment à leur manière
les besoins conscients ou inconscients de chacun :
a) un manque de repères et donc, désorientations affectives,
psychiques, sociales et professionnelles...
b) un manque de maîtrise de soi et donc instabilité générale sous
forme de violence ou de désorganisation physique et psychique...
c) un manque de relations positives et donc recherches de
compensations sous des formes multiples : vol, prostitution, drogue,
refus scolaire, provocations, fugues, etc.
Ces traits ne constituent pas le portrait robot des jeunes du
Foyer qui ont tous, par ailleurs, de véritables qualités personnelles et des
ressources utiles pour leur évolution. Mais les nommer ici permet de justifier
les choix de l’équipe exposés dans ce projet éducatif. Celui-ci voudrait créer
les conditions d’une véritable réponse à ces besoins fondamentaux et celles
de la prise en compte de toutes les ressources, souvent cachées, des jeunes
du Foyer.
Pour faciliter les contacts avec les travailleurs sociaux chargés
de suivre leur placement et assurer d’éventuelles relations avec les familles,
l’équipe reçoit de manière prioritaire les adolescents habitant le département
de Seine et Marne. Mais elle accueille aussi, en fonction des places
disponibles et de raisons particulières, des jeunes envoyés par d’autres
départements, de l’Ile de France spécialement. En effet, l’établissement
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considère qu’un véritable éloignement du milieu familial peut s’imposer si l'on
veut proposer à certains jeunes de modifier leur comportement et engager
une solide formation. Ce constat ne signifie pas rejet, indifférence et même
méfiance vis à vis des parents : seulement d’offrir l’espace indispensable à la
constitution d’une personnalité suffisamment autonome.
Compte tenu du fort pourcentage de jeunes arrivants au Foyer
après une succession d'échecs scolaires, l’équipe désire offrir les meilleures
conditions pour une formation préprofessionnelle. L'expérience lui a appris
que les meilleurs moments pour accomplir cette formation, se situent vers 15
et 16 ans. Ce constat ne modifie pas l'âge d'admission au Foyer indiqué
précédemment : soit de 14 à 18 ans.
L’entrée dans l’établissement dépend toujours de la décision des
Inspecteurs de l'Aide Sociale à l’Enfance du Département, y compris les
admissions demandées par les Juges des enfants.
3. PHASES DE L'ADMISSION ET DUREE DU SEJOUR
L'équipe éducative estime indispensable l’acceptation par l'adolescent de
son entrée au Foyer. Un dialogue sur la vie dans la maison et sur la formation
envisagée pour chacun, s’impose avant toute décision
En résumé, voici les quelques règles de base fixées par l’équipe :
- Qu’un rapport parvienne au Foyer sur la situation du jeune proposé par les
services sociaux, et sur son environnement ; que ce rapport ne se contente
pas d’énumérer ses déficiences et ses délits, mais qu’il présente aussi et
surtout, ses capacités physiques, psychiques affectives et intellectuelles.
- Qu’une pré-admission permette la visite du Foyer et la rencontre avec
l’équipe éducative : celle-ci devrait mettre en présence le garçon concerné,
les travailleurs sociaux responsables du placement et du suivi, la famille...
Ainsi, tous ceux qui ont une responsabilité dans cette décision peuvent voir
les lieux et le projet de vie qui lui sont proposés. Ils peuvent aussi
interroger l’équipe éducative sur l’organisation de la vie quotidienne, sur les
formations et toutes autres formes d’activités.
- Il lui sera également remis un Livret d’Accueil ainsi que le règlement de
fonctionnement. L’admission au Foyer est soumise à l’acceptation du
Règlement de Fonctionnement qui doit être signé par le jeune ainsi que par le
détenteur de l’autorité parentale.
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Du fait de l’évolution permanente du groupe qui réside au Foyer,
en raison de sa composition et des événements du moment, l’équipe éducative
se réserve aussi le droit d'exiger une période de réflexion avant d’accepter
un adolescent. Il est donc possible de refuser l'entrée d'un postulant, non pas
en raison de ses problèmes particuliers, mais pour sauvegarder à la fois
l’équilibre du groupe et celui du garçon proposé.
A la fin de ce temps de réflexion, un contrat d’accueil sera signé
par le jeune, le réfèrent ASE et l'équipe du Foyer. Ce contrat est élaboré à
partir du modèle présenté par la D.G.A.S.
Un Projet Pour l’Enfant (P.P.E.) est ensuite élaboré
conjointement avec le jeune, son éducateur référent à l’A.S.E. et son
éducateur référent au Foyer.
L’équipe éducative demeure cependant fidèle à l’accueil d’urgence
pour raisons graves : ruptures familiales brutales, exclusions immédiates
d'une autre institution, actes de violence, flagrants délits...C’est pourquoi, les
procédures d’admission restent souples, souvent accélérées, et l’entrée
parfois immédiate, en fonction des circonstances et, bien sûr, de la place
disponible ou de la situation du groupe. La durée de cet accueil d’urgence ne
devrait pas dépasser un mois, temps suffisant pour trouver une autre solution
ou régulariser une entrée définitive dans le Foyer.
La durée du séjour varie selon chaque jeune. Elle peut se
poursuivre jusqu'à 21 ans en accord avec les Services de l’Aide Sociale à
l’Enfance (contrat de jeune majeur). Mais en raison de la priorité donnée par
l'équipe éducative à l’apprentissage de la vie sociale (intégration sociale,
autonomie, responsabilité), et au projet scolaire ou professionnel, il est
souhaitable que la durée du séjour corresponde à un cycle de formation (une
ou plusieurs années selon les cas). Il serait anormal qu’un éventuel retour en
famille mette en cause un projet de formation équilibré.
Au moment de son départ du Foyer, et quelles que soient les
raisons de ce départ (sauf exceptions pour des raisons particulièrement
graves) chaque jeune sait qu’il peut garder un contact avec l’équipe et
bénéficier éventuellement d'une aide ponctuelle. Ceci dans l’esprit des
statuts de l’Association Les Brandons.
L’exclusion d’un jeune est toujours un acte regrettable et grave.
On ne peut l’éviter parce que la vie du groupe ou le travail de l’équipe
éducative peut se trouver mise en jeu. Il existe des jeunes qui s’excluent
d’eux-mêmes de manière caractérisée et sûre. Pour certains l’équipe juge
indispensable une réorientation, moins pour des raisons de comportements
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insupportables que par souci de mieux les situer et de leur assurer une
meilleure formation que celle qui leur est proposée. Parfois, les éducateurs
eux-mêmes recherchent ce placement plus adapté.
Mais il arrive aussi que l’équipe décide l’exclusion immédiate d'un
adolescent, Cette décision est prise pour des raisons graves comme le racket
à répétition vis à vis d'un camarade du Foyer ou des actes de violence vis à vis
des membres de l’équipe éducative Il est évident que le seuil de tolérance du
groupe des résidants et celui de l’équipe éducative, varie en fonction de
nombreux facteurs. Habituellement, pour l’équipe éducative, le seuil est élevé.
Mais les conditions du travail sont parfois si lourdes, que le seuil baisse et que
l’accumulation des actes antisociaux, provoque la décision d'un départ.
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III. LES OBJECTIFS
Tous les Projets éducatifs d’institutions recevant ce type de
population, indiquent des objectifs pratiquement identiques dans leurs
formes. On y retrouve des références communes mais aussi des stratégies
différentes.
L’équipe du Foyer "Les Brandons" formule ainsi ses principaux
objectifs:
1. que chaque jeune devienne capable de découvrir, comprendre et
assumer son histoire personnelle et familiale ;
2. qu’il puisse développer lui-même le sens de sa dignité personnelle et
celle des autres ;
3. qu’il puisse expérimenter la valeur d’une vie sociale équilibrée et en
tirer les conséquences pour lui-même et pour les personnes qui
gravitent autour de lui ;
4. qu’il puisse découvrir ses richesses personnelles
(Capacités physiques, psychiques, intellectuelles, artistiques et affectives...)
afin de les exploiter pour son propre épanouissement et celui de ses
camarades ;
5 qu’il ait la possibilité de réaliser un Projet de vie personnelle,
professionnelle, sociale, familiale qui intègre des formations
suffisantes et permanentes ;
6 qu’il réussisse finalement à s’insérer dans la société de manière
autonome et responsable
En résumé, l’équipe s’engage dans une action qui devrait favoriser
l’évolution/transformation positive de la vie de chacun des jeunes
résidants. Et ceci dans le but d’une entrée dans la vie adulte aussi
équilibrée que possible, située correctement sur les plans social et
professionnel, fondée sur des bases solides qui s’expriment en valeurs
(respect, solidarité, fidélité, vérité, partage, service..).
L’équipe ne fait ici que traduire les finalités de l’Association des
Brandons exprimées dans ses statuts.
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IV. LES MOYENS
1. LES SPECIFICITES DE L'INSTITUTION
Le Foyer "Les Brandons" est une petite structure située en ville
avec deux appartements annexés et deux à l’extérieur. L’adolescent peut y
vivre un temps particulièrement décisif pour éclairer et ordonner sa propre
histoire tout en essayant de résoudre ses difficultés.
Une structure d'internat
*comme lieu de rupture : l’internat permet à chaque jeune de vivre à une
certaine distance de sa famille et de son environnement social d'origine.
Habituellement ces lieux représentent pour lui des sources de conflits. Le
foyer peut donc offrir à l’adolescent un appui pour modifier, stabiliser et
améliorer son comportement personnel, social et familial. Il importe en effet
de souligner que pour rompre avec certaines habitudes de vie et des
comportements antisociaux et dégradants, chaque adolescent doit pouvoir
être placé en situation nouvelle : le déplacement en est une particulièrement
favorable et l’insertion dans un groupe nouveau en est une autre. Il ne s'agit
pas d’abord de protection, mais de rupture, souvent difficile à supporter
malgré les apparences : c'est à cet instant que certains jeunes peuvent
découvrir l’ampleur de leur marginalité familiale et sociale. Ce n'est pas
toujours supportable.
*comme lieu de protection: pour certains jeunes, le Foyer joue ce rôle dès
l’arrivée : éloignement des divers lieux de conflits (familles, écoles,
quartier...). Mais les camarades qui vivent au Foyer ne sont pas non plus des
personnes stables et sécurisantes. Parfois, un jeune peut y rencontrer de
nouvelles difficultés et des tensions graves. Mais pour le protéger, il a près
de lui une équipe qui va essayer de gérer ces nouveaux conflits avec lui.
En ce sens là, le Foyer est un authentique lieu de protection : la
sécurité de chaque jeune est au prix d'une analyse vigilante par les
éducateurs des raisons de ses conflits, de ses actes antisociaux et de ses
échecs. S’ajoute une recherche commune des moyens adaptés pour réajuster
les comportements et résoudre les problèmes de manière équilibrée et
profitable pour le groupe tout entier.
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Les jeunes peuvent constater la tolérance de l’équipe éducative -
dans les limites du supportable - et sa capacité d'assumer leurs premières
réactions et leurs provocations. Celles-ci sont assez compréhensibles puisque
ces adolescents sont presque tous en situation de crise au moment de leur
entrée au Foyer. Ils se savent écoutés, même aux moments les plus difficiles,
accueillis après chaque "fugue", aimés malgré les sanctions et les relations
conflictuelles fréquentes entre eux et les éducateurs. Protection, oui, mais
pas derrière des murs ou une porte fermée : protection dans un face à face
d'homme à homme et le refus du mépris quels que soient leurs actes
reprehensibles
*comme lieu de médiation et d’écoute: le foyer est en lui-même un lieu de
médiation puisque son organisation et son équipe constituent un véritable
"outil" de communication. Là peuvent se décrypter les événements de la vie
des jeunes, s’analyser, et peut être se résoudre. Là peuvent être restaurées
leurs relations aux adultes, améliorés les rapports aux parents. Là peut se
développer une nouvelle manière d’être et se définir quelques orientations
pour l’avenir
C'est dire l’importance de l’écoute de chaque jeune et celle du
groupe, écoute qui implique des conditions et des attitudes spécifiques,
susceptibles de développer les capacités et la diversité des modes
d'expression.
*comme lieu d’exigence : l’équipe éducative n’hésite pas à parler de
contraintes et d’interdits. Dans sa relation aux jeunes, l’équipe leur présente
les limites sans lesquelles il n’y a pas de vie collective ni de croissance
personnelle, sociale et affective. La plupart des garçons n’ont pas connu de
telles contraintes ou les ont subies dans des conditions désastreuses et
dégradantes. Il est donc normal que certains aient des difficultés pour vivre
au Foyer, mais presque tous réagissent finalement de manière positive. La loi
et l’interdit favorisent le sentiment de sécurité, ce qui est indispensable pour
entrer dans un processus d'intégration et d'adaptation sociale.
Il est évident que l’ensemble des règles de vie et les sanctions
doivent toujours être voulues et présentées comme un point d’appui pour une
vie autonome et responsable, et non comme la sanction de leurs actes
reprehensibles.
*comme lieu d'apprentissage de la vie sociale : Tout ce qui est proposé aux
jeunes : organisation de la vie quotidienne, participation aux divers services,
ateliers, loisirs, camps, actions humanitaires, soutien scolaire. Toutes ces
activités visent l’apprentissage de la vie sociale. Mais l’équipe estime
nécessaire qu’il y ait entre toutes ces manifestations, une certaine
cohérence,
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Qu’elles s'accomplissent dans une atmosphère chaleureuse et
que les jeunes participent réellement aux décisions et aux méthodes
d’exécution.
Parler de vie sociale, ce n’est pas réduire l’existence à des
rapports sociaux non conflictuels. L’équipe croit à une vie humaine où chacun
peut, avec et malgré certains conflits, s’épanouir de manière harmonieuse,
connaître la réussite de ses projets, éprouver le plaisir de vivre, développer
ses capacités intellectuelles, percevoir la dimension spirituelle de l’existence
et choisir ses modes de vie de manière libre et responsable.
Pour exister socialement, une condition s’impose sans laquelle
aucune éducation n’est possible: que chaque jeune se sache reconnu et
respecté. La dignité de la personne est le fondement de toutes les démarches
éducatives et donc de la structuration et du développement de la personnalité
humaine.
b) une structure ouverte dans un site urbain
L’implantation du Foyer au cœur de la cité, permet aux jeunes de
répondre plus facilement à leurs propres besoins : formations, transports,
loisirs, achats, sports...L’équipe éducative facilite ce contact avec la ville car
elle désire que le Foyer soit réellement en contact direct avec
l’environnement. Elle désire que les jeunes ne considèrent pas le Foyer comme
un lieu totalement étranger à la vie du monde. Cette confrontation
permanente n'est pas de tout repos, mais elle offre des occasions éducatives
aussi bien pour découvrir la valeur des lois sociales que celle de la liberté
responsable.
Dans le même temps, l’équipe s'efforce de rendre la maison
chaleureuse, capable d’être pour chacun l’abri indispensable, un lieu de vie
paisible où la joie peut naître et se communiquer.
c) une structure de petite dimension
Lorsque le groupe d'adolescent est restreint, l'intervention de
l’équipe éducative est plus incisive, et s’effectue de manière rapprochée et
rapide. Ici, chacun des membres de l’équipe éducative est responsable de
l’ensemble des jeunes. Il doit être à même de prendre les décisions qui
s'imposent dans leur vie quotidienne, individus et groupe. Mais en
surimpression de cette responsabilité globale, chaque éducateur reçoit de
l’équipe la responsabilité du suivi éducatif de deux ou trois jeunes. On dit qu'il
est le réfèrent de x ou y. Il s'agit donc de conjuguer la responsabilité des
individus et celle du groupe, sans aucune exclusive de part et d'autre. Aucun
éducateur ne doit prétendre être le seul intervenant auprès de l’un ou l’autre
jeune. Et chacun rend compte en équipe de ce double niveau de responsabilité.
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Du fait de l’existence des appartements situés dans
l'environnement du Foyer, le nombre de résidants de la maison centrale est
de quatorze. Ce qui permet une atmosphère conviviale et des relations simples
et affectueuses : peut-être s’agit-il d ’esprit familial? C'est le désir de
l’équipe de répondre aussi à cette attente fondamentale des adolescents en
quête d'identité : rencontrer des adultes capables de les resituer dans
l’existence et de leur proposer des raisons de vivre riches de sens. Ce que l’on
pourrait définir comme l’un des rôles essentiels des parents. Mais aucun
éducateur du Foyer n'est là pour remplacer le père ou la mère et c’ est
pourquoi on évitera de parler de "famille" : tout juste "d’esprit de famille". Le
mot "communauté" est sans doute préférable car il dit mieux le souci que nous
avons de rendre chacun - adultes et j unes - responsables de la vie du Foyer.
d) des appartements plus ou moins éloignés
Les appartements sont destinés aux adolescents les plus âgés du
Foyer. En tout cas, aux plus de 16 ans. Quand une place est libre et qu'un des
jeunes paraît avoir acquis une certaine autonomie et un meilleur équilibre
physique, intellectuel et moral, nous lui proposons de partir en appartement.
Il lui faut prendre en charge l'ensemble de sa vie quotidienne : les horaires,
les repas, l’hygiène corporelle et celle de l’habitat, les loisirs, le budget, le
travail et toutes les démarches administratives habituelles.
Cette nouvelle situation est toujours un risque et l’échec est
possible. Il arrive que le jeune soit réintégré au Foyer par nécessité de
maturation ou en raison d'une mauvaise utilisation de son autonomie. Mais
l’existence des appartements offre un nouveau champ d'applications
éducatives, grâce à la distance que prend le jeune du Foyer et au nouveau
mode de relations qui s'établit entre l’éducateur réfèrent et lui. Il est
évident que la présence effective de l’éducateur s'impose de jour comme de
nuit à des rythmes variables, si l’on veut assurer le passage de manière
équilibrée et sûre. Ce n'est donc pas un choix facile que l'équipe a fait en
optant pour l'ouverture de ces appartements. Jusqu'à ce jour, elle pense que
malgré les échecs, l’enjeu en vaut la peine.
Au moment de son départ définitif du Foyer, le jeune majeur
peut demander à conserver son appartement. L'équipe, si la solution lui paraît
judicieuse, peut accepter ce transfert de location. Ce qui permet, à celui qui
est engagé professionnellement à proximité de poursuivre ce travail sans un
souci de relogement et sans rupture avec l’environnement
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2. L’EQUIPE EDUCATIVE
a) des critères de recrutement
Quand elle engage un éducateur, l’équipe considère d’ abord la
valeur humaine de l'individu et sa personnalité. Evidemment elle tient compte
de son expérience et de ses capacités éducatives, mais elle estime que la
compétence n’est pas d'abord liée à l'âge, à l'activité professionnelle et à une
formation adaptée, mais à des qualités humaines d'écoute, de compréhension,
de respect et de disponibilité dynamiques et heureuses : toutes choses qui
viennent davantage du sens des êtres et des situations que des performances
intellectuelles. L’équipe favorise cependant l’accès à une formation adaptée et
complémentaire, étape parmi d'autres du parcours d'un éducateur de jeunes.
L'équipe juge utile aussi que chacun des candidats ait un passé
professionnel dans un autre métier : ce qui lui donne un atout supplémentaire
pour son engagement auprès des jeunes et une certaine indépendance dans
son travail.
Au Foyer des Brandons, le choix de ces critères peut conduire
l’équipe vers de sérieuses remises en questions : aussi bien vis à vis des
méthodes de travail, du mode de fonctionnement, que du comportement
professionnel de chacun.
En outre, l’équipe accepte volontiers la présence de personnes qui
désirent s’informer du métier d'éducateur, comprendre ses méthodes, faire
un stage, s'engager dans la profession...Une telle présence lui paraît
intéressante pour les jeunes et pour l’équipe parce qu’elle impose des révisions
utiles grâce au regard nouveau que ces personnes portent sur le foyer.
b) un organigramme
L’équipe éducative se compose actuellement des personnes
suivantes, désignées selon leur fonction dans l’organigramme
1 directrice
1 chef de service éducatif
1 Secrétaire comptable
4 éducateurs spécialisés
4 moniteurs éducateurs
1 éducateur technique
3 employés éducatifs
1 psychopédagogue (à mi-temps)
2 maîtresse de maison (dont une à mi-temps) toutes deux, porteuses avec
l’équipe, du projet éducatif institutionnel.
1 homme d’entretien
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c) une action de type collégial et partenarial
Compte tenu de son histoire et de l'expérience de ses membres,
du petit nombre des résidants et des éducateurs, le Foyer fonctionne sous le
mode collégial. La prise de décision est toujours collective. Le directeur
demeure le responsable officiel, mais chacun est à la fois, porteur du projet,
décideur et solidaire tout au long de l'année. L'existence du Foyer est
réellement liée à cet esprit collégial.
Dans ce contexte, les réunions de l’équipe ont une importance
capitale. Elles sont le lieu de communication inter-éducateurs, celui de
l’évaluation, celui de la décision, celui d'où naît l'esprit qui donne au foyer ses
caractéristiques.
C'est au cours de ces réunions que sont déterminées les
orientations de l’action éducative : celles qui concernent chaque jeune et
celles qui intéressent le groupe.
A partir des décisions prises, chacun des éducateurs peut suivre
les événements de la vie quotidienne et répondre aux attentes des
adolescents. Une réponse rapide aux besoins des jeunes - besoins de tous
ordres - entraîne chez tous un sentiment de sécurité d'autant plus nécessaire
qu'ils se trouvent souvent sans repères et sans point d'appui.
Une telle organisation permet aux éducateurs de pratiquer une
responsabilité sans réserve et permanente.
Il existe aussi un sérieux désir de partenariat avec toutes les
personnes concernées par l'accueil des adolescents. L’équipe favorise toutes
les formes de relations possibles afin de prendre avec les jeunes les décisions
les plus adaptées : réunions, échanges d'informations, visites des écoles et
des entreprises, accompagnements divers (juges, policiers, médecins,
orienteurs...), contacts avec les familles s'ils sont nécessaires et possibles
etc.
d) une disponibilité professionnelle et institutionnelle
Sans jamais perdre de vue les règles de l’action professionnelle,
et dans le cadre de la Convention Collective du travail, les éducateurs du
Foyer "Les Brandons" gardent une liberté d'action et donc d'initiatives
suffisantes pour trouver la façon de réagir aux événements du moment.
Il est évident qu'une activité éducative en faveur des jeunes placés en Foyer,
n'entre pas dans une logique théorique. La disponibilité est souvent ignorée
des règlements administratifs. Ici, elle est une des pierres d’angle sur
lesquelles repose l'Institution.
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Ainsi, l’établissement est ouvert pratiquement jour et nuit, toute
l'année. Même au mois d'Août, une permanence assure une réponse aux
situations conflictuelles crées par les jeunes en famille ou en camps de
vacances. De même tous les éducateurs sont prêts à entendre l'appel que peut
leur adresser un membre de l'équipe en difficulté avec le groupe ou celui d'un
jeune en fugue ou en conflit insupportable alors qu'il se trouve
momentanément en famille. C'est encore cette disponibilité qui permet à
l'équipe de répondre à des demandes de placements d'urgence. C'est elle
enfin qui rend possible une écoute permanente et constructive.
e) une méthodologie
*un mode de travail basé sur la responsabilité et la compétence:
Chaque semaine, entre autres activités, l'éducateur assure une
journée entière de permanence. Cette présence implique la prise en charge
des tâches de la vie quotidienne ainsi que toutes demandes, questions et
difficultés venant des jeunes, des personnes en relation avec eux (écoles,
entreprises, services sociaux, police, juges, parents et camarades...). Il peut
faire appel à l'équipe s'il le désire, ou s'il manque d’informations et
d'arguments pour prendre les décisions utiles. Mais l’éducateur de
permanence, toujours en lien avec le directeur, est réellement responsable
du Foyer et de son fonctionnement. Il dispose de l ’ argent nécessaire pour
couvrir les besoins du groupe. Cette somme fait l’objet d'un bilan comptable
toutes les fins de mois.
L’expérience montre le bien fondé de cette méthodologie
cohérente avec l'esprit du Foyer, et de grande efficacité. Les engagements
professionnels antérieurs de plusieurs membres de l'équipe (dans le bâtiment,
l'industrie, l'administration, comme assistante maternelle..) favorisent cette
vision globale de l'activité éducative et un solide sens pratique de la vie.
Le comportement des jeunes vis à vis de leurs éducateurs prouve aussi
l'importance de cette référence à d'autres métiers exercés précédemment.
La relation s’inscrit sur un terrain plus objectif et l'adulte perd cette image
de "donneur de leçons" qui bloque parfois le processus éducatif.
*un travail individualisé et adapté grâce au réfèrent :
L'éducateur de référence, a plusieurs fonctions. Mais il représente d'abord
un repère dans ce groupe d'adultes et de jeunes qui compose le Foyer. Il
offre ensuite une sécurité immédiate dans cet ensemble institutionnel
traversé par mille tensions, projets, conflits, présences et absences, etc. Il
est enfin la personne ressource qui doit être prête à répondre à ses divers
besoins et à l'accompagner dans ses démarches essentielles.
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Chaque éducateur est le réfèrent de 2 ou 3 résidants. De ce fait,
il doit être particulièrement attentif :
- à leur scolarité et/ou formation professionnelle
- à la gestion des allocations diverses : argent de poche, habillement,
salaire...
- à leurs relations avec la famille (au sens large)
- à leurs relations avec les services administratifs et judiciaires
- à leur santé physique et psychique
Tout ceci sur le terrain de la vie quotidienne qui reste la base de toutes les
relations entre l’éducateur réfèrent et le jeune adolescent.
Cette méthode ne supprime pas la responsabilité de tous les
membres de l'équipe, ensemble, vis à vis de chaque jeune mais elle permet de
mieux régulariser l’attention nécessaire, pour éviter les oublis, entendre les
demandes, protéger ou provoquer la personne.
De plus, l'éducateur réfèrent est le porte-parole de l'équipe
tout en étant aussi le porte-parole du garçon vis à vis de l'équipe éducative.
Ce qui ne doit pas empêcher l'équipe de parler collectivement à un seul, et à
l’un des résidants de pouvoir lui-même demander à s'adresser à toute l'équipe
éducative.
Ce sont là des relations qui semblent utiles et vraies même si
elles sont parfois rudes et explosives. Il est demandé à tout éducateur, et à
fortiori au réfèrent de bien manifester par son attitude la vérité de ses
démarches. 3 clefs indispensables : l’écoute, le respect et l’affection. Pas de
surprotection mais une confiance énergique et dynamique capable
d'engendrer celle de chaque jeune.
Dès son arrivée au Foyer "Les Brandons", chaque jeune est invité
par ses référents (de l’A.S.E. et du Foyer) à élaborer avec lui quelques
objectifs adaptés à sa situation et à ses possibilités du moment (Projet Pour
l’Enfant). Il peut devenir ainsi, acteur du processus éducatif qui le concerne.
3. LES OUTILS
a) les bâtiments
*L'environnement urbain : Le Foyer "Les Brandons" est donc implanté à
Moret sur Loing. Cette ville de 4500 habitants est située à moins de 12
kilomètres de Fontainebleau et de Montereau et à près de 25 kilomètres de
Melun. La commune est desservie par une ligne de chemin de fer (Paris Gare
de Lyon) et par un réseau d’autobus interurbain. Ce sont des conditions
éminemment favorables pour des trajets scolaires et/ou professionnels
variés.
17
*la structure centrale: le Foyer est composé de 3 constructions
immobilières réparties sur une propriété de 2000 m2, situé à Moret sur
Loing.
1) La Maison principale
Elle se compose de trois bâtiments (A, B, C) disposés en forme de « U ». dans
cette disposition apparaissent trois organisations de vie :
- La vie collective
- Les ateliers
- Les chambres
a. Les pièces de la « vie collective »
Dans le bâtiment «A » se situe le hall d’accueil avec un coin
téléphone qui ouvre sur de nombreuses pièces.
Sur la gauche, le bureau des éducateur, accessible seulement en
présence d’un membre du personnel. Sur la droite, la salle de
réunion avec un coin télévision, est un lieu ouvert à tout moment de
la journée sauf les lundis et jeudis matins (jours de réunions).
A l’arrière du hall, un couloir dessert le coin « baby-foot ». Sur la
gauche, la lingerie, ouverte en présence d’un adulte, et les toilettes.
Enfin, une porte dessert le bâtiment « B »
Face à l’entrée, l’escalier permet d’accéder au premier étage : salle
à manger, cuisine, coin laverie et réserve alimentaire. L’accès à
certaines de ces pièces est réglementé.
b. Les pièces « ateliers »
Elles sont toutes situées en rez de chaussée :
La salle « atelier scolaire » accessible aux jeunes à certaines
heures. A coté, la pièce réservée à l’Association gestionnaire abrite
également l’atelier « terre » encadré par un de ses membres.
Dans le bâtiment « C » :
- Une salle d’activités, en libre service et ponctuellement occupé
par des animations encadrées par des adultes.
- Un atelier utilisé par l’homme d’entretien et ponctuellement par
un adulte pour une tâche matérielle.
c. Les pièces d’hébergement :
Ce sont quinze chambres numérotées à l’étage des bâtiments « B »
et « C », équipées d’une salle d’eau, d’un lit, d’une table de chevet,
d’un bureau et d’un meuble de rangement pour le linge.
Chaque adolescent possède une clé qui lui permet de sécurisé son
territoire. Un passe est mis à la disposition de l’équipe éducative
pour des raisons de sécurité.
Une chambre est réservée à l’éducateur de service de nuit.
18
2) Le « pavillon d’entrée »
Il se compose d’un espace de stockage (sous sol), de deux appartement (Rez-
de-chaussée et 1er étage) et du bureau du psychopédagogue (2ème étage)
Les appartements sont destinés à accueillir des adolescents de plus de seize
ans, placés en situation de semi-autonomie, et leur accès est réservé au
locataire désigné, sauf autorisation particulière.
Le psychopédagogue reçoit les jeunes suivant des rendez-vous programmés ou
des demandes motivées.
*Le « bâtiment administratif » : Sur deux niveaux se trouvent le
secrétariat (Rez-de-chaussée) et le bureau du directeur et du chef de
services (1er étage). La laverie est adossée à ce bâtiment. Ces locaux sont
uniquement accessibles en présence d’un adulte.
*Les « aménagements extérieurs » : A l’avant des bâtiments, le parking qui
ouvre sur la rue du Peintre Sisley. A l’arrière, des équipements de détente
(terrains de basket et de pétanque et espaces verts).
*Les « annexes » : Deux appartements situés en ville complètent le
dispositif d’hébergement en semi-autonomie, avec les mêmes conditions
d’accès.
Des locaux municipaux situés rue de la Saussaie (derrière le Foyer) sont mis
gracieusement à la disposition de l’atelier « technique » du Foyer par la
commune, depuis le 1er février 2009, et pour une durée de trois ans.
b) Les relations extérieures
Le Foyer est un nœud de relations, complexe et fragile. Le fait de
vivre avec des camarades et des éducateurs modifie la carte des relations de
chacun, mais la distance imposée, et même acceptée, ne supprime jamais
celles que le jeune connaissait auparavant : famille camarades, services
sociaux, voisins etc. De plus, un nouveau réseau de connaissances se
développe, qui enrichit ou vient brouiller la situation. Il importe donc d'être
attentif à cet ensemble de relations, surtout extérieures pour qu'elles
deviennent des points d'appui positifs et non des obstacles au rééquilibrage
des jeunes.
*la famille: l’équipe ne s'est pas fixée de règles absolues pour ses relations
avec les familles mais un principe directeur qui donne un sens à toutes ses
démarches : prendre en charge un jeune au Foyer, ce n'est pas d'abord viser
son retour en Famille, mais lui permettre d'accéder à l’autonomie
responsable, à une vie professionnelle sérieuse et à une vie sociale aussi juste
que possible.
19
Parmi les préoccupations de l’équipe : celles d’éviter les conflits,
la rivalité ou les rapports ambigus qui risquent de détériorer encore
davantage l'existence des jeunes. Quand elle paraît possible, l’équipe favorise
une certaine coopération, mais surtout dans le sens de cette autonomie
responsable, et spécialement de la formation. Un changement de regard et
de comportement des parents vis à vis de leur fils (et réciproquement) est le
passage obligé pour une coopération réelle. L'expérience montre que cette
conversion exige beaucoup de temps. Au Foyer, avec les jeunes, l'équipe
s'efforce de la préparer de diverses manières : avec le référent, en atelier
thérapeutique etc.… Mais il serait indispensable qu'un travail du même type,
soit effectué auprès des parents et des proches.
L'éducateur référent est le premier et principal intervenant
auprès de la famille. Mais celle-ci doit aussi percevoir le rôle d'une équipe
dans l'action éducative qui concerne l'adolescent. Il est toujours souhaitable
que les parents ou les proches rencontrent cette équipe. La réunion organisée
pour l'admission peut offrir cette occasion à condition que leur présence
n'entraîne pas un blocage du garçon, au moment où il doit prendre une
décision importante pour son avenir.
*les travailleurs médico-sociaux: un jeune placé ne doit jamais se trouver
déraciné de son milieu d ’origine, aussi bien du point de vue géographique que
du point de vue social et affectif. La rupture dont parle ce Projet éducatif,
est d'un autre ordre: il s'agit de rompre avec des habitudes, une manière de
voir et d’agir… Quand elle désigne les lieux et les personnes l'équipe parle de
la distance nécessaire. Les éducateurs du Foyer ne peuvent gérer cet
ensemble : ce sont les personnes des différents services sociaux qui gardent
la responsabilité de couvrir ce terrain d'origine. Leur présence comme celle
de l'équipe du Foyer, est indispensable dans le processus éducatif proposé.
L'équipe désire que la collaboration soit la plus régulière
possible, dans un climat de vérité et d'amitié réciproque. C'est elle qui
permet le choix des stratégies les plus adaptées. Aux rapports écrits,
l’équipe préfère le contact direct qui évite au jeune de se percevoir comme un
objet administratif. Mais de temps à autre un travail de synthèse doit être
accompli, auquel participe toujours le jeune concerné. Le document est
adressé à qui de droit.
Le travailleur social chargé est informé le plus tôt possible du
suivi d'un jeune, des difficultés graves qui nécessitent son intervention.
20
*les juges pour enfants : beaucoup de résidants sont au Foyer à la suite de
décisions prises par un juge des enfants. L’équipe est donc fréquemment en
relation avec ces magistrats. Elle est convoquée aux audiences et, par
l’intermédiaire de l’Inspecteur de l'A.S.E., elle doit remettre aux juges un
rapport sur la situation de chaque jeune.
Dans la mesure du possible l'équipe souhaite que les juges
puissent participer chaque année à une réunion de travail avec elle. La
connaissance mutuelle ne peut être que favorable aux activités des uns et des
autres.
*les enseignants et employeurs : la place des uns et des autres dans le
processus éducatif est d'une importance extrême. L’équipe estime
indispensable le contact quasi permanent avec tous ceux qui, en écoles, en
ateliers, en centres d'apprentissage, en stage ou en entreprises, poursuivent
la formation des jeunes du Foyer. C'est l’éducateur de référence qui est
habilité à maintenir cette relation et à prendre les dispositions nécessaires
en cas de difficultés ou de conflits entre les jeunes et leurs formateurs.
Bien des crises ont été surmontées jusqu'à présent grâce à la
patience et à la volonté de tous ces enseignants, chefs d'ateliers et
d'entreprises qui coopèrent selon leurs compétence au rééquilibrage et à la
socialisation des jeunes du Foyer.
*la police: la situation des jeunes du Foyer oblige l'équipe à des relations
fréquentes avec les services de police du secteur. A chaque fugue,
l'éducateur de permanence doit avertir le commissariat et venir confirmer
l’absence du jeune avec son signalement. Assez rares sur la région, des actes
de violence, des vols ou des comportements anti sociaux caractérisés peuvent
se produire et mettre l’équipe en contact avec les services de la police.
L’équipe estime indispensables que s'instaurent des relations avec la police
afin que chacun comprenne l'activité des autres. Au foyer, l’équipe est
rigoureuse quand il s'agit d'actes qui mettent en cause la sécurité et la
justice sociale. Elle n'hésite pas à conduire au commissariat celui qui a commis
des actes interdits par la loi. Mais il ne s'agit pas de répression ou de
vengeance. Elle veut que la démarche soit comprise comme un acte éducatif.
C'est pourquoi, elle propose aux policiers du secteur des rencontres
régulières afin de coordonner les démarches et mieux se comprendre
mutuellement.
21
*1'environnement du Foyer : depuis sa fondation l’équipe du Foyer considère
que 1'intégration harmonieuse des jeunes dans la société implique celle du
Foyer dans la ville de Moret sur Loing. Mais la présence d'un rassemblement
de jeunes en difficulté dans une petite ville n'est guère appréciée par la
population locale et les pouvoirs publics. La peur des uns ne facilite pas
l'intégration des autres.
Malgré des résistances et quelques jugements malveillants au
cours des années, le Foyer semble avoir trouvé sa place dans la vie de la cité.
Diverses manifestations ont pu favoriser cette situation : les actions de
prévention de l’Association, la participation des jeunes à diverses activités
locales (clubs sportifs par exemple)...Il faut ajouter le rapport aux
commerçants du secteur, aux entreprises, à quelques familles et à certains
jeunes de la ville. Plusieurs éducateurs résident dans les environs : ce qui
permet aussi d’autres contacts qui permettent à différentes personnes de
découvrir le Foyer et ses options.
Mais cette place acquise demeure fragile puisque la population du
Foyer change et que du jour au lendemain un événement peut provoquer la
peur et l'exclusion.
Une tâche permanente s'impose à 1'équipe si elle veut assurer la
socialisation des jeunes: agir de manière à rendre la population locale plus
accueillante. C'est par le regard que cette attitude se manifeste d'abord. Et
l'équipe elle-même a aussi besoin de ce point d'appui pour réaliser son Projet
éducatif.
*l’association "Les Brandons": l'association n'est pas à proprement parler
une "relation extérieure" puisqu'elle est le lieu juridique sur lequel est
construit le Foyer. Mais ses membres sont pour la plupart des personnes
extérieures, vivant plus ou moins loin du Foyer. Leur présence a pu faciliter
l’intégration des jeunes du Foyer. Depuis la fondation de l'association, l’un ou
l'autre membre du Conseil d’administration participe assez régulièrement aux
réunions de l’équipe éducative et rencontre les jeunes à diverses occasions. Le
Président actuel, Roger PELTIER, rejoint souvent le Foyer pour travailler
avec l’équipe.
Celle-ci ressent de manière très positive cette forme de
relation avec l'association. Elle souhaite que d'autres membres puissent eux
aussi communiquer avec le Foyer et l’enrichir de leurs points de vue et de
leurs savoir-faire.
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c) c)Les ateliers
*L'atelier pédagogique. La formation est une des conditions incontournables
de l'insertion sociale. Dès son entrée au Foyer, le jeune doit accepter
d'élaborer avec l'équipe un projet de formation. Celui-ci comprend deux
volets:
1. comment assurer sa formation scolaire et professionnelle?
2. comment préparer et/ou suivre cette insertion scolaire et
professionnelle?
Dans la mesure du possible, l’équipe oriente les jeunes dans les
structures scolaires locales : Collège, section d’éducation spécialisée et lycée
d’enseignement professionnel. La collaboration avec le personnel de ces écoles
est positive.
Mais certains jeunes se trouvent dans une situation d’échec
accompagnée d’un tel désintérêt qu’il est indispensable de trouver d’autres
solutions pour leur formation et de leur apporter une aide pédagogique
adaptée. C’est une tâche souvent complexe du fait que ce désintérêt et ces
échecs sont la plupart du temps une des conséquences de leurs difficultés
familiales et sociales ou de troubles divers qu’il s'agit de traiter en même
temps. L’équipe souhaite développer davantage cette prise en charge
pédagogique, d’une manière compétente et cohérente.
*L'atelier d’éveil professionnel ou atelier « technique »: bien des raisons
justifient l’existence d’un atelier technique au Foyer "Les Brandons": certains
adolescents que la loi oblige à fréquenter l’école jusqu'à 16 ans, sont
incapables d’y rester. Trop instables et perturbateurs, ils sont rejetés par les
enseignants ; d'autres ont atteint l’âge requis pour commencer
l’apprentissage, mais ne peuvent passer immédiatement de l’école à un Centre
de Formation des Apprentis (C.F.A.); certains sont en recherche d’entreprise
parce qu’ils viennent d’arriver au Foyer ; celui-ci se trouve renvoyé d’une
entreprise pour des raisons d’assiduité, de travail ou de comportement ;
s’ajoutent des raisons de chômage technique, d’accueil d’urgence et d’handicap
léger qui laissent sans activité professionnelle plusieurs jeunes .
Cette situation nécessite quelques explications complémentaires.
En effet, pour les 15-18 ans, l’Etablissement collabore avec diverses
structures de formation : le Centre de Formation des Apprentis et de Pré-
apprentis (C.F.A.), des organismes de stage, le Centre d’Actions Educatives et
d’Insertion de Melun (C.A.E.I.) et des employeurs dans le cadre des contrats
de qualification, des contrats d’apprentissage, des conventions de stage ou
des contrats de travail. Malgré la diversité des solutions, l’expérience montre
qu’il faut beaucoup de temps pour résoudre le problème de chacun: d’une
semaine à un mois environ.
23
Pour les moins de 15 ans, les solutions sont rares. Si le garçon
ne peut retourner au Collège, il se trouve en infraction avec la loi scolaire.
Pour le moment, une convention de stage peut être signée par le Collège de
secteur et un employeur, et permet ainsi au Foyer de sortir de l’impasse.
Faut-il encore trouver un employeur/
Il faut donc agir, dans l’institution elle-même, rapidement et le
mieux possible puisque la qualification professionnelle joue un rôle actif dans
l’évolution d’un jeune tandis que le laisser aller et l’absence de formation
accusent encore davantage la désintégration de l’individu.
L’atelier « technique » permet d’apporter une réponse efficace
et immédiate. L’éducateur technique responsable de cet atelier peut
apprécier les capacités réelles de chacun, orienter leur recherche tout en
maintenant dans les locaux de l’atelier une activité pratique de valeur. Ce
travail est aussi l’occasion pour ceux qui la réalisent de se situer de manière
solide dans l’institution et dans le groupe.
*L'atelier thérapeutique : tous les jeunes qui acceptent d’entrer au Foyer
"Les Brandons" ont une certaine conscience de leurs difficultés qu’elles soient
scolaires, familiales, sociales, physiques ou psychiques. Mais le niveau de
conscience est habituellement faible, la connaissance partielle, embrouillée
et même souvent erronée.
C'est pourquoi, l’équipe éducative estime qu’un atelier
thérapeutique s’impose et que chaque jeune doit le fréquenter régulièrement
pendant toute la durée de son séjour au Foyer. En acceptant de s’intégrer au
Foyer, l’adolescent s'engage à participer à cet atelier. L’expérience montre
que cette obligation est généralement bien tolérée et que la plupart des
jeunes apprécient ce temps d'atelier.
Il ne s'agit pas à proprement parler de psychothérapie, mais de
pédagogie thérapeutique. Ce qui est en jeu, c’est l’unité, l'équilibre, la
cohérence de chaque jeune. Ce qui implique une identité, souvent absente ou
meurtrie chez presque tous, une histoire, à peu près toujours perturbée
gravement, un espace jamais personnel et toujours désorganisé, un rythme
plutôt fondé sur la peur et la violence que sur le sens de la vie et de la
créativité.
L’atelier thérapeutique n’a pas d'autres objectifs que ceux de
l’ensemble de l'équipe, mais ce sont les moyens employés qui lui sont propres.
Ce Projet éducatif ne peut détailler les différents programmes d’activités
mais seulement indiquer qu’ils impliquent la personne physique, la psychique
et l’être spirituel. Autrement dit, ce qui constitue chacun des jeunes comme
personne unique, digne de respect et pleinement responsable de sa vie.
24
Chaque séance (individuelle) dure environ 3 heures. Le
psychopédagogue, qui anime cet atelier travaille en lien avec une personne
bénévole du Conseil d’Administration, spécialisée dans le travail de l’argile qui
reçoit chaque jeune dans les semaines suivant son admission en atelier
« terre ».
Il n’y a aucun rapport sur ces rencontres : l’atelier thérapeutique
est le seul lieu de vie du jeune où il peut parler sans qu'aucune de ses paroles
ne soient transmises à l’équipe. Il est capital d'offrir au jeune cette
discrétion qui témoigne de notre respect à son égard et de sa dignité
reconnue par tous. Par contre il sait que les synthèses qui le concernent, sont
généralement rédigées par le psychopédagogue, mais sans perte du secret des
confidences. D'ailleurs c'est à 1'atelier thérapeutique qu'il peut relire cette
synthèse, donner son avis, participer aux corrections et comprendre ainsi sa
situation du moment.
L’atelier thérapeutique permet aussi un suivi régulier de la
croissance physique de chaque jeune. Ce qui permet d’attirer l’attention du
médecin et d'engager certains examens ou analyses à l’hôpital de
Fontainebleau. Cette préoccupation est une source de sécurité pour la plupart
des adolescents souvent plus soucieux de leur équilibre physique qu’ils ne le
disent.
*Les réunions jeunes/éducateurs : Au rythme minimum d’une fois par trimestre, ces
réunions sont composées de l’ensemble des jeunes résidants, d’au moins deux
représentants de l’équipe éducative, du chef de service et du directeur. La
participation est obligatoire sauf bonne raison (emploi, formation, rendez-vous non
négociable…).
Ces réunions permettent, d’une part, à l’équipe de transmettre des informations à
caractère collectif, de rappeler certaines règles de vie collective, de proposer un
débat ou de demander un avis ; d’autre part, aux jeunes, de poser toute question
intéressant le groupe au sein du Foyer et de faire des propositions ou des demandes.
Parmi les sujets débattus, l’équipe éducative insiste principalement sur :
*La vie quotidienne : Il ne suffit pas d 'offrir aux jeunes un cadre et un style
de vie et de les faire entrer dans le rythme en distribuant les tâches et en
exigeant l'entretien des lieux, la présence aux horaires fixés etc.…
Structurer l'existence exige des temps où chacun puisse faire le point sur
cette vie commune, évaluer l'organisation du Foyer, découvrir les tenants et
aboutissants de chaque décision. Ce genre de réunion se distingue des
moments où l’éducateur de permanence doit intervenir pour mettre de
l'ordre, régler un conflit, infliger une sanction. C'est un temps de cohésion
pour progresser vers une responsabilité à la fois plus individuelle et plus
collective.
25
*L’hygiène: Les éducateurs ainsi que les maîtresses de maison accomplissent
chaque jour auprès des jeunes des interventions à propos de la propreté
corporelle, celle de leurs vêtements, celle de leur lit et de tous les locaux
personnels et communs.
Ces paroles ne suffisent pas. Des rencontres régulières
s'imposent pour examiner avec le groupe les raisons d'une hygiène rigoureuse
et déterminer les conditions d1 une vie saine et équilibrée.
Ces réunions sont indispensables pour aborder aussi un certain
nombre de questions d’actualité qui intéressent leur vie : la drogue, le sida,
l’alcool ... Mais il serait dommage de ne prendre ces questions que du point de
vue de la peur et de la prévention. C'est la structure du corps humain qu'il
s'agit de découvrir et les lois fondamentales d'une vie humaine maîtrisée,
heureuse et dynamique.
*Le culturel et l’artistique: l’équipe n ’hésite pas à proposer aux jeunes quand
une occasion se présente et que le budget le permet, diverses activités
culturelles :
- visites d’expositions,
- exploration des régions où se réalisent les transferts,
- films de cinéma choisis pour leur valeur culturelle,
- films vidéo choisis pour les mêmes raisons
Parfois, c’est l’activité culturelle et artistique qui se déplace au foyer et
permettent aux jeunes de participer :
- Groupes de chanteurs,
- Danseur
- Musicien…
Un temps d1 échange, sérieux et méthodique permet une
formation à l'esprit critique et offre l'occasion à chacun de se situer dans
les différents domaines de la culture et des sciences, sans oublier les
questions éthiques soulevées par les positions exprimées.
La présence d'un éducateur capable d’animer un atelier
artistique, permet d'initier certains jeunes à l'expression picturale et d'y
intéresser l'ensemble du groupe.
*La cuisine : l'établissement reçoit en semaine des repas préparés à
l’extérieur. Les jeunes n'ont donc pas souvent l’occasion de participer à la
confection des repas. On ne peut former à l’autonomie et mettre les aines en
appartement sans leur offrir un apprentissage pour gérer leur budget, faire
les courses, et composer des repas équilibrés.
26
Actuellement, cet atelier ne peut fonctionner que pendant les
week-ends. Il est important, là encore, qu'un temps de réunion permette une
meilleure prise de conscience des méthodes et des techniques de cuisine,
ainsi que la valeur des repas, non seulement pour entretenir la vie corporelle
mais aussi pour préparer leur future vie familiale et plus globalement , une
véritable participation à la vie sociale.
*L’humanitaire et le civique: ce sont des actions ponctuelles que l’on propose
aux jeunes du Foyer. Elles peuvent prendre des formes diverses :
participation à une collecte de vêtements, aménagement d'un appartement,
transport de matériels dans un autre pays (Pologne..), encadrement d'enfants
etc. Ces actions offrent l'occasion de prises de conscience sur les conditions
de vie d'autres peuples, et sur les problèmes de société, aussi bien en France
qu'ailleurs.
Il est évident que les jeunes résidents se trouvent tous en
situation d'assistance. Pour rétablir l'équilibre et leur rendre leur autonomie,
il est indispensable qu'ils puissent eux aussi, participer à de telles actions.
*L'atelier sport et loisirs : l'équipe facilite toujours l'accès aux sports.
Cette activité existe déjà à l’intérieur du Foyer sous diverses formes,
individuelles et collectives. Les week-ends et les vacances permettent de
nombreuses réalisations généralement bien suivies : par exemple VTT,
football, rugby…
L’équipe propose aux jeunes une participation à la vie des clubs
sportifs de Champagne et des environs. L’intérêt est assez général mais la
régularité est difficile.
Le sport, tel qu'il est pratiqué habituellement permet une bonne
détente physique, un apprentissage de l'action d’équipe, une solide maîtrise
du corps et un rééquilibrage psychomoteur souvent nécessaire. Cet atelier
conduit à des prises de conscience particulièrement importantes : temps,
espace, écoute, lecture, solidarité, solitude, tout est mis en œuvre, et le
corps total, et l'esprit qui réfléchit, juge et décide. L’expérience confirme
souvent la nécessité de cet outil éducatif.
Les transferts comportent de nombreuses activités sportives
comme l’escalade, le canoë, le cheval, la nage, le bateau... toutes activités
éducatives si l’on prend le temps de l'échange et de la critique constructive.
27
d) un réseau personnalisé d'accueil d'urgence
Le Foyer dispose d’un réseau d’antennes régionales, constituées
de familles ou de personnes ressources, capables d'accueillir, en urgence, l'un
ou l'autre jeune, pour un temps limité de quelques j ours à un mois, selon les
besoins. Le foyer est force de propositions
La vie en commun pour ces jeunes en difficultés, n'est pas de
tout repos. Il est parfois nécessaire de provoquer une décompression en
offrant à un jeu- ne un nouvel espace de vie dans un lieu sûr.
Plutôt que d’exclure un garçon en raison des tensions qu'il
provoque, ce déplacement apparaît à l’équipe, une solution conforme à sa
volonté éducative. C'est aussi une manière d'empêcher l'enlisement que
provoque une trop longue attente de solutions scolaires ou professionnelles.
Ces personnes ressources ont été choisies en fonction de leurs
compétences éducatives personnelles et des services particuliers qu'elles
peuvent offrir aux jeunes durant leur séjour: par exemple une participation à
quelques travaux de cultures, aux soins des animaux, à des activités
d’aménagement etc.
Un petit dossier est établi, qui présente ces personnes
ressources et leurs activités. Il est à la disposition des autorités
administratives.
Les jeunes sont assurés par le Foyer pour toute la durée de leur
séjour et le voyage aller et retour.
4. L’EVALUATION DU TRAVAIL
Le mot évaluation prête à confusion. Il est utile de savoir ce qu1
il signifie pour l’équipe du Foyer. Le sens du mot pour l’équipe, n'est pas la
vérification des tâches accomplies mais le constat fait par chacun sur les
résultats de son activité, spécialement tout ce qui lui semble avoir une
certaine "valeur"
Evaluer c'est d'abord cela : dire ce que produit l'entreprise
éducative dans la vie des jeunes résidents. Une vérification peut être
nécessaire surtout si le constat est totalement négatif. Elle peut permettre
d’isoler les raisons de l'échec et d'y remédier, mais elle n'est pas suffisante.
28
a) les réunions de l’équipe éducative
Deux fois par semaine, le lundi et le jeudi matin, l'équipe se
réunit pour une séance de travail. Elle fait le point sur le fonctionnement de
l'institution au jour le jour, elle examine la situation du moment, de chaque
jeune, prépare une synthèse demandée par un service social ou un juge,
décide d'une stratégie d'ensemble ou particulière quand un événement se
produit dans le groupe ou à l’extérieur, qui concerne un ou plusieurs jeunes
etc. Ce n’est pas un temps d’évaluation systématique car l’urgence ne permet
guère l'analyse et la réflexion approfondie. Pourtant, c'est aussi dans
l’urgence que se dévoilent les intentions et les raisons profondes des choix
pédagogiques. C'est aussi là que les jeunes se montrent tels qu’ils sont. C'est
pourquoi, ces réunions préparent les temps d’évaluation qui sont fixés chaque
trimestre.
C’est au cours de ces réunions de semaine que se réalisent les
rencontres avec les différentes personnes concernées par le placement des
jeunes, y compris les parents et le jeune postulant pour l’admission au Foyer.
A propos des synthèses, l’équipe éducative aimerait que chaque
jeune puisse participer à l’échange qui prépare sa rédaction. Il est rare que le
jeune soit présent au Foyer à ce moment précis. Mais, comme il est dit plus
haut, l’équipe n’envoie jamais une synthèse sans que le sujet concerné la lise et
la corrige avec son éducateur de référence. C’est pour chaque jeune un temps
précieux d'évaluation personnelle.
b) les réunions jeunes/éducateurs
Il est évident que la spontanéité ne suffit pas pour que les
jeunes progressent dans leur comportement, leurs jugements, leur équilibre
et leur autonomie responsable. Des réunions s'imposent. Elles sont organisées
environ deux fois par trimestre. Tous, jeunes et adultes peuvent prendre la
parole et se situer les uns par rapport aux autres. L’écoute est l attitude
fondamentale qui va permettre les prises de conscience nécessaires pour que
se structure la personnalité de chacun.
Ces réunions ne doivent pas être confondues avec celles que
l’équipe organise au fur et à mesure des semaines, pour régler un conflit,
résoudre un problème particulier, préparer un camp, une fête ou rencontrer
diverses personnes.
29
V. LES OPTIONS FONDAMENTALES
Il semble utile de terminer ce Projet éducatif, en présentant
quelques unes des principales options de l’équipe du Foyer, sous deux en-têtes
considérés par elle comme capitales : la sécurité et l’identité. Ce choix est
dicté par l’expérience permanente : il est évident que l’action éducative n’est
possible que dans un climat de sécurité et une volonté permanente de
favoriser l’expression de l'identité personnelle de chacun.
1. POUR LA SECURITE
a) réagir vite
La rapidité d’intervention est un facteur de sécurisation
indispensable pour des jeunes plongés dans l’incertitude depuis leur petite
enfance. Tout acte répréhensible doit être immédiatement sanctionné, mais
aussi ce qui est bon, valable, courageux, solidaire.
b) privilégier l’humour
Rien n’est plus détestable en éducation que les règlements les
remarques, les sanctions, les leçons de morale et même les félicitations qui
tombent sur la tête des jeunes comme un orage, une grêle ou un coup de soleil.
La dureté des mots crée l’insécurité; elle doit être tempérée par cet humour
affectueux qui surgit à temps et à contre temps dans les relations
conflictuelles comme dans les autres.
c) vivre la fête
Comment exister sans la fête? Même si elle met à jour certaines
fragilités, c'est en elle que chacun jeune ou adulte peut trouver ou retrouver
des raisons de vivre et d’entreprendre les réformes personnelles et
collectives qui s'imposent. Les anniversaires, l’arrivée d'un "nouveau", le
retour d'une fugue, la fin d'une maladie, la réussite d’un examen, un résultat
sportif, la venue d’un ancien, certains événements de société, une fête
religieuse, le départ d'un jeune. Toutes les occasions sont bonnes : leur
diversité est une richesse, leur fréquence, une sécurité.
d) assurer une présence affectueuse
Tout est dans le regard qui dit la vérité de l’écoute et la volonté
d'être juste, vrai, rigoureux et affectueux. Sans affection réelle, la
confiance, la réciprocité, la juste tolérance, le respect.et bien d'autres
valeurs encore risquent de ne jamais se développer d'une manière sûre et
harmonieuse. La sécurité affective est la trame sur laquelle veut s'inscrire
l’action de l’équipe éducative.
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2. POUR L'IDENTITE
a) miser sur la confiance
La confiance n’est pas de l'ordre de la facilité et encore moins de
celle de la bêtise et de l’inconscience. La confiance est une attitude difficile
et exigeante pour l’éducateur, surtout quand il fréquente des jeunes déchirés
dans tous les sens. Faire confiance est d'abord de l'ordre de l’identité.
Autrement dit, la découverte de son identité ne peut se réaliser que dans des
rapports de confiance mutuels. Mais d’abord, celle de l’éducateur. Faire
confiance nécessite une maîtrise permanente du jugement, de la parole et de
la relation. L’acte de confiance est paradoxal puisqu’ il oblige l’éducateur à
croire possible ce que l’expérience conteste en permanence. Faire confiance,
c’est faire naître.
b) initier aux responsabilités
Il ne s’agit pas d’attendre que l’adolescent ait fait ses preuves
pour l’initier aux responsabilités. C’est la responsabilité exercée qui donne
aux jeunes le sens de leur existence et de leurs possibilités. A condition que
ces responsabilités ne soient pas faussées par l’intention plus ou moins
ambiguë de ceux qui les proposent. L’équipe sait que les responsabilités
existent à deux niveaux et l’un ne va pas sans l’autre individuel et collectif.
c) encourager la vérité
La vérité ne fonctionne jamais seule. Sans confiance pas de
vérité. Sans responsabilité, pas de vérité etc. Mais aussi, sans identité
comment un jeune peut-il répondre à cette exigence de vérité? Il est vrai que
la société n’est pas d’un très grand secours dans ce domaine. Pourtant l’équipe
maintient cette option parce qu’il ne peut exister de vie sociale heureuse et
juste sans une volonté réelle de faire la vérité coûte que coûte. L’équipe
estime qu’elle peut offrir aux jeunes une expérience de vérité quand elle sait
devant eux reconnaître ses erreurs, ses oublis, ses impatiences et ses
négligences.
d) provoquer la réciprocité
Il existe deux types de réciprocité. La première s'inscrit dans la
dépendance: c'est la situation des enfants par rapport à leurs parents mais
aussi celle des jeunes du Foyer par rapport aux autorités qui ont décidé leur
placement. Par extension, les éducateurs se trouvent aussi dans cette
catégorie. La seconde s’inscrit dans la liberté puisqu’elle s'exerce dans les
cadres choisis par chacun des partenaires. C'est la situation des couples, celle
des personnes associées, celle des groupes d’amis, celle des enfants entre eux
etc.
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L'équipe ne peut ignorer la première forme et elle s'efforce de
rendre possible la réciprocité institutionnelle. Malgré la dépendance dans
laquelle vivent les jeunes du Foyer, l’équipe s'efforce de transformer peu à
peu la relation éducateur/jeune et d'atteindre non pas la réciprocité de type
familial, mais celle qui naît de la confiance et de l’écoute mutuelle.
Parler de partenariat, c’est dire la volonté de l’équipe de
développer aussi un autre type de relations. Certains domaines sont ouverts à
cette forme de réciprocité et au Foyer, la diversité des propositions favorise
un partenariat libre et responsable.
e) S’appuyer sur la raison
Tout être humain est doué de raison et même si celle-ci défaille
ou demeure à peine perceptible, ce n’est pas une raison de mépriser la
personne et d’agir comme si elle n’existait pas. A fortiori, l’expérience du
Foyer justifie cette option de toujours ; s'appuyer sur la raison quand on
intervient dans l’histoire d’un jeune. A condition d’en prendre les moyens. Ce
qui implique de la part des éducateurs un langage et un comportement
"raisonnable" •Autrement dit ; qui soit un authentique dialogue et laisse la
place à l’expression maladroite des adolescents.
La raison, c'est l’un des mots-clefs pour dire la dignité de tous
ceux qui arrivent au Foyer "les Brandons". Et plus leur vie paraît déchirée et
sans issue, plus l’équipe estime urgent et fondamental de faire appel d'abord
et avant tout, à leur raison. Rien n'est jamais perdu quand on commence par le
plus important.
Le Foyer "Les Brandons" 1er
novembre 1993