Histoire — Thème 3 : Transformations de l’Europe et
ouverture sur le monde aux XVIe et XVIIe siècles
Chapitre 2 : Humanisme, réformes et conflits religieux
I/ L’humanisme=> Comment les savants, penseurs et écrivains des XVe et XVIe siècles ont-ils placé l’homme
au centre de la création ?
Doc. 1 : les idées d’un humaniste florentin
Pic de la Mirandole imagine un dialogue entre Dieu et Adam, dans lequel la place de l’homme dans le monde est définie.
« Nous ne t’avons assigné, ô Adam, ni une place déterminée, ni une figure propre, ni un héritage particulier […]. Toutes les autres créatures ont une nature définie contenue entre les lois par nous prescrites ; toi seul, sauf de toute entrave, suivant ton libre arbitre auquel je t’ai remis, tu te fixeras ta nature. Je t’ai placé au centre de l’univers, afin que tu regardes avec d’autant plus d’aisance à l’entour de toi tout ce qui est au monde. Je ne t’ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel, ni immortel ; d’après ton vouloir et pour ton propre honneur, modeleur et sculpteur de toi-même, imprime-toi la forme que tu préfères. Tu pourras dégénérer en animal, être de l’ordre inférieur ; tu pourras, selon la décision de ton esprit, te régénérer en créature divine, être de l’ordre supérieur »
Jean Pic de la Mirandole, De la dignité de l’Homme, 1463-1494
Doc. 2 : les idées d’un humaniste hollandais
Érasme est un chanoine (un moine rattaché à une église séculière et non à un monastère) né à Rotterdam. Ce texte est tiré de la préface de sa traduction du Nouveau Testament, dédiée au pape Léon X à qui il s’adresse directement.
« C’est aux sources mêmes que l’on puise la pure doctrine ; aussi avons-nous revu le Nouveau Testament tout entier d’après l’original grec, qui seul fait foi, à l’aide de nombreux manuscrits (...), choisis parmi les plus anciens et les plus corrects. (…)
Je suis tout à fait opposé à l'avis de ceux qui ne veulent pas que la Bible soit traduite en langue commune pour être lue par les gens du peuple, comme si l'enseignement du Christ était si voilé que seule une poignée de théologiens pouvait le comprendre, ou comme si la religion chrétienne se fondait sur l'ignorance. Je voudrais que les plus humbles des femmes lisent les Évangiles, les épîtres de Paul. Puisse ce livre être traduit en toutes les langues de sorte que les Écossais, les Irlandais, mais aussi les Turcs et les Sarrasins soient en mesure de le lire et de le connaître. »
Erasme, Préface du Nouveau Testament, 1516
Doc. 3 : André Vésale, un médecin humaniste
Vésale (1514-1564) est un humaniste, médecin et anatomiste né à Bruxelles. Il est l’auteur du De humani corporis fabrica (Sur le fonctionnement du corps humain), l'un des livres les plus novateurs sur l’anatomie humaine : il est le premier à remettre en cause les héritages antiques en médecine, même s’il ne s’en détache pas complètement. Sa notoriété est telle qu’il devient le médecin personnel de l’empereur Charles Quint.
Doc. 4 : les idées d’un humaniste français
Pantagruel est le premier livre de François Rabelais, publié en 1532. Dans cet ouvrage, suivi en 1534par Gargantua, Rabelais relate les histoires d'une famille de géants de façon comique, mais il s’agit d’un prétexte. Dans cet extrait, Gargantua, qui réside à Utopie, a envoyé une lettre à son fils Pantagruel afin de l’initier à un programme d’éducation humaniste. Utopie est un terme créé par l’humaniste anglais Thomas More, qui veut dire « en aucun lieu ».
« C'est pourquoi, mon fils, je t'engage à employer ta jeunesse à bien progresser en savoir et en vertu. (...) J'entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le grec, (...) deuxièmement le latin, puis l'hébreu pour l'Écriture sainte, le chaldéen et l'arabe pour la même raison (...).
Qu'il n'y ait pas d'étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire (...). Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t'en ai donné le goût quand tu étais encore jeune, à cinq ou six ans, continue. (...)
Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes, et que tu me les mettes en parallèle avec la philosophie. Et quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t'y donnes avec soin (…)
Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, (…) et, par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de l'autre monde qu'est l'homme. Et quelques heures par jour commence à lire l'Écriture sainte : d'abord le Nouveau Testament et les Épîtres des apôtres, écrits en grec, puis l'Ancien Testament, écrit en hébreu.
En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l'étude (...)
Mais – parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n'entre pas en âme malveillante et que Science sans Conscience n'est que ruine de l'âme – tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en lui toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi nourrie de charité, tu dois être uni à lui, en sorte que tu n'en sois jamais séparé par le péché.
Mon fils, que la paix et la grâce de Notre Seigneur soient avec toi. Amen. »
François Rabelais, Pantagruel, 1532
Doc. 5 : les proportions du corps humain
L’Homme de Vitruve est un célèbre dessin, réalisé vers 1490 par Léonard de Vinci (1452-1519), d'après une étude de l’important traité d'architecture antique De architectura (au sujet de l’architecture) rédigé en -15 par l'architecte ingénieur romain Vitruve (v-90-v-20), et dédié à l’empereur romain Auguste.
Ce dessin est accompagné d’annotations (écrites à l’envers) de Léonard de Vinci, tirées de l’œuvre de Vitruve.
Célèbre représentation des proportions idéales parfaites du corps humain parfaitement inscrit dans un cercle et un carré (les deux formes géométriques idéales), l'Homme de Vitruve est devenu un tel symbole de l’humanisme que l’Italie l’a choisi pour figurer sur les pièces de 1€.
Q1 : Montrez l’intérêt des humanistes pour le corps humain.
Q2 : Montrez l’intérêt des humanistes pour la science.
Q3 : Quels sont les intérêts de l’imprimerie ?
Q4 : Montrez que l’éducation est un élément important dans l’humanisme. Quels en sont les attendus ?
Q5 : Montrez que l’humanisme du XVIe siècle est profondément chrétien. (doc. 2) Pourquoi et comment Erasme traduit-il le Nouveau Testament ?
Doc. 6 : la science selon Léonard de Vinci
« Mes idées sont nées de la pure et simple expérience qui est la vraie maîtresse, la seule interprète de la nature. Il faut donc la consulter toujours et la varier de mille façons. Aucune investigation humaine ne peut s’appeler véritable science si elle ne passe pas par des démonstrations mathématiques. Ceux qui s’adonnent à la pratique sans science sont comme le navigateur qui monte sur un navire sans gouvernail ni boussole. [...]
J’ai imaginé toutes ces machines parce que j’étais possédé, comme tous les hommes de mon temps, par une volonté de puissance. J’ai voulu dompter le monde. Mais j’ai voulu aussi passionnément connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu’il y avait à l’intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j’ai disséqué des cadavres, bravant ainsi l’interdiction du pape. [...] Ce que j’ai recherché, à travers tous mes travaux, et particulièrement à travers la peinture, ce que j’ai cherché toute ma vie, c’est à comprendre la nature humaine. »
Léonard de Vinci, Carnets, XVIe siècle
Doc. 7 : l’imprimerie
Un atelier d'imprimerie au XVIe siècle. Bibliothèque nationale de France.
Cette image permet d'imaginer avec assez de précision ce qu'était un atelier d'imprimerie au XVIe siècle.
À droite, assis devant son pupitre, le typographe compose le texte en assemblant des caractères mobiles.
Au centre, la presse à imprimer ; un ouvrier tire un levier qui fait descendre la vis de la presse.
À gauche, un autre se tient prêt, avec ses deux tampons, pour remettre de l'encre.
Deux lecteurs, l'un assis, l'autre debout, vérifient la qualité des épreuves fraîchement imprimées.
L’imprimerie est née vers 1450 à Mayence des idées de Gutenberg ; le premier ouvrage imprimé est une Bible.
II/ La Renaissance artistique=> Comment le renouveau artistique se manifeste-t-il ?
Doc. 1 : Des couleurs et du mouvement
Sandro Botticelli, Le Printemps, v. 1482, peinture à l’huile sur bois, Galerie des Offices, Florence
Au centre, Vénus, déesse de l’amour, survolé par Cupidon. De gauche à droite : Mercure, messager des dieux, les Trois Grâces (beauté, vertu, fidélité) ; Flore, déesse des fleurs et du Printemps, Chloris, la nymphe enlevée par Zéphyr, dieu du vent.
Doc. 2 : Le secret de la peinture à l’huile
Giorgio Vasari est le premier à écrire un livre d’histoire de l’art. Il se limite à l’Italie et à la Renaissance. Le peintre Jean de Bruges est en fait le peintre flamand Jan van Eyck (1390-1441), l’inventeur de la peinture à l’huile.
« A cette époque, un certain Antonello, habile dans son art, d’un esprit vif et cultivé, qui avait étudié le dessin longtemps à Rome, (...) entendit parler du tableau à l’huile de Jean de Bruges que possédait le roi Alphonse et qui, disait-on, résistait à l’eau et au toucher et ne laissait rien à désirer pour être parfait. Ayant obtenu de le voir, il fut tellement frappé de la vivacité des couleurs, de la beauté et de l’unité de cette peinture, que (...) il s’en alla en Flandre. Arrivé à Bruges, il se lia d’une étroite amitié avec Jean, à qui il fit présent de dessins à la mode italienne et de divers autres objets. Il arriva (…), Jean étant déjà vieux, que le peintre flamand voulut bien dévoiler son secret (...). Peu après Jean mourut, et Antonello revint de Flandre (...) pour doter l’Italie de ce secret si précieux, si utile et si commode »
Giorgio Vasari, Vies des plus grands peintres, sculpteurs et architectes italiens, v. 1550
Doc. 3 : Expressivité et réalisme des corps
Michel-Ange (1475-1564), Pietà, 1499, Basilique Saint-Pierre, Rome : Marie porte le corps de son fils Jésus, qu’elle offre à l’humanité, comme le montre la position des mains. Sa sérénité est aussi un acte de foi du sculpteur.
Michel-Ange, David, 1501-1504, Galerie de l’Académie, Florence : David va affronter le géant Goliath (il porte sa fronde dans la main gauche). La statue gigantesque (4,34 m de haut !) est réalisée en ronde-bosse, donc visible sous tous les angles.
Doc. 4 : Laurent de Médicis, dit Laurent le Magnifique, un grand mécène
Un nouvel extrait de l’ouvrage de Vasari. Domenico Ghirlandaio est un grand peintre de la Renaissance.
« Il avait empli ses jardins de belles sculptures antiques ; les allées du parc et toutes les pièces étaient garnies d’admirables statues anciennes, de peintures et d’objets dus à la main des meilleurs maîtres qui aient jamais vécu en Italie et à l’étranger. C’était comme une école pour les jeunes peintres, les apprentis sculpteurs et tous ceux qui s’appliquent au dessin.
Laurent favorisa toujours les beaux génies. A ceux qui, trop pauvres, n’eussent pu se consacrer à l’étude du dessin, il assurait les moyens de vivre bien de se vêtir. Il accordait d’immenses récompenses à ceux qui, parmi eux, réalisaient les meilleurs travaux.
Un jour, il demanda à Domenico Ghirlandaio s’il avait dans son atelier des jeunes gens qui fussent aptes à ce qu’il voulait. Domenico lui envoya entre autres Michel-Ange. Voyant la simplicité et l’ingéniosité de ce dernier, Laurent désira l’avoir auprès de lui. »
Giorgio Vasari, Vies des plus grands peintres, sculpteurs et architectes italiens, v. 1550
Q : Rédigez un texte montrant ce qui caractérise la Renaissance, en Italie comme ailleurs, en vous appuyant sur des éléments concrets tirés des documents. Vous pouvez aussi rappeler des éléments trouvés dans des documents des autres parties.
Doc. 5 : L’utilisation de la perspective
Raphaël (1483-1520), Le Mariage de la Vierge, 1504, huile sur bois, 170 x 117 cm, Pinacothèque de Brera, Milan.
Notez aussi l’affadissement des couleurs quand on s’éloigne du premier plan.
Doc. 6 : La Renaissance flamande
Pieter Bruegel l’Ancien (1525-1569), Chasseurs dans la neige, 1565, huile sur bois, 117 x 162 cm, Musée d’Histoire de l’art, Vienne.
Ce tableau montre l’intérêt porté aux scènes de la vie quotidienne en Flandres. Si certains éléments sont communs à toute la Renaissance (la perspective, le mouvement, le portrait, la couleur, etc.), d’autres sont plus spécifiques : les scènes de la vie quotidienne en Flandres, la gravure en Allemagne, la persistance de l’art gothique dans l’architecture en France, etc.
III/ Les réformes et les conflits religieux=> Comment l’unité religieuse de l’Europe implose-t-elle ?
Doc. 1 : La pensée d’un chanoine humaniste
« Je suis tout à fait opposé à l'avis de ceux qui ne veulent pas que la Bible soit traduite en langue commune pour être lue par les gens du peuple, comme si l'enseignement du Christ était si voilé que seule une poignée de théologiens pouvait le comprendre, ou comme si la religion chrétienne se fondait sur l'ignorance. Je voudrais que les plus humbles des femmes lisent les Évangiles, les épîtres de Paul. Puisse ce livre être traduit en toutes les langues de sorte que les Écossais, les Irlandais, mais aussi les Turcs et les Sarrasins soient en mesure de le lire et de le connaître. »
Erasme, Préface du Nouveau Testament, 1516
Doc. 2 : Les idées de Luther
Martin Luther (1483-1546) est un moine et professeur de théologie allemand. Critique envers le fonctionnement de l’Église, il est excommunié et fonde une nouvelle Église (l’Église protestante luthérienne), dont il fixe par écrit la doctrine ; il traduit aussi le Nouveau Testament en allemand.
« Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui, voyant son prochain dans l'indigence [la misère], le délaisse pour acheter des indulgences (1), ne s'achète pas des indulgences du Pape mais l'indignation de Dieu. »« Le vrai trésor de l’Église, c’est le saint Évangile. ».
Luther, extraits des 95 thèses, 1517
« La foi suffit à un chrétien pour assurer son salut. Il n’a besoin d’aucune œuvre (2). (…) C'est la foi seule, sans aucun concours des œuvres, qui confère la justice, la liberté, la félicité. Si tu crois, tu obtiendras, si tu ne crois pas, tu n'obtiendras pas. Tu dois t'abandonner avec une foi robuste et lui faire hardiment confiance, alors, à cause de cette foi, tous tes péchés seront pardonnés. ».
Luther, De la liberté du chrétien, 1520
« Dans ma traduction de la Bible, je me suis efforcé de parler un allemand intelligible. ».Luther, à propos de sa traduction de la Bible, 1522
(1) Une indulgence est, dans l’Église catholique, la rémission de la peine temporelle des péchés (par exemple : devoir réciter des prières), et non du péché même, qui ne s’efface qu’avec la confession. Or, au XVe et XVIe siècle, un certain nombre de clercs (y compris certains papes) vendent des indulgences, ce qui est mal perçu des fidèles. Luther en fait condamne les deux éléments en réalisant une confusion entre l’indulgence et la confession.
(2) pour les catholiques, action bienfaisante (charité, don, etc.). Luther rejette aussi le culte des saints.
Doc. 3 : Le culte luthérien
Peinture sur bois de l’autel du temple de Torslunde, Danemark, 1561
A droite, Luther lit la Bible en langue allemande.
Il n’existe que deux sacrements : le baptême (à gauche) et la communion (les deux personnages agenouillés), contre sept dans l’Église catholique.
Aucune image n’est admise, à l’exception du Christ en croix.
Doc. 4 : Les idées de Calvin
Jean Calvin (1509-1564) est un juriste français. Attiré par les idées de Luther, il s’installe à Genève en 1541 où il crée l’Église protestante calviniste, qui devient la religion officielle de la ville. Cette Eglise se rapproche de la luthérienne sur certains points (l’existence de deux sacrements, le rejet du culte des saints, le rejet des images), mais s’appuie sur la prédestination, doctrine selon laquelle Dieu destine tout homme à l’enfer ou au paradis avant même sa naissance.
« Chacun est tenu de venir les dimanches écouter la parole de Dieu ainsi que les autres jours où ils pourront être libres sous peine d’être repris par la justice. Personne ne doit jurer ni blasphémer le nom de Dieu, sous peine pour la première fois de baiser terre, le seconde de baiser terre et payer trois sous, la troisième d’être mis en prison trois jours. Que personne ne joue de l’argent sous peine chaque fois de payer cinq sous. Qu’aucun hôtelier ne donne à personne à manger et à boire pendant qu’on prêchera le dimanche. Que personne ne danse, sauf aux noces, ni ne chante des chansons malhonnêtes, ni ne se déguise ou ne porte des masques ou de fasse des mômeries, sous peine de soixante sous d’amende et trois jours de prison, au pain et à l’eau. »
Calvin, Ordonnances sur les mœurs, Genève, 1541
« Nous appelons prédestination la volonté éternelle de Dieu, par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque homme. Car il ne les créa pas tous en pareille condition : il ordonna les uns à la vie éternelle et les autres à la damnation éternelle. Ainsi selon la fin à laquelle est créé l’homme, nous disons qu’il est prédestiné à mort ou à vie. ».
Calvin, Institution de la religion chrétienne, 1536
Doc. 5 : Un temple calviniste
Édifié au début du XVIIe siècle près de Paris, le temple de Charenton pouvait accueillir 4000 personnes grâce à deux étages de galeries. Dans un temple calviniste, le décor est en général très sobre (ici, les Tables de la Loi, en haut) ; la chaire est au centre.
Dessin de 1648, Bibliothèque royale de Copenhague
Doc. 6 : Le concile de Trente et la Réforme catholique
Entre 1545 et 1563, face à l’expansion du protestantisme (ou Réforme protestante), l’Église catholique organise un concile (assemblée d’évêques) dans la ville italienne de Trente. Elle y réaffirme la doctrine catholique, mais exige une meilleure formation des clercs ; dans le sillage de ce concile, des nouveaux ordres naissent, comme la Compagnie de Jésus (les Jésuites) d’Ignace de Loyola.
« Les évêques doivent être irréprochables, sobres, chastes. (...) bref, qu'ils fuient les vices et suivent les vertus. Le saint Concile (...) ordonne et déclare que la Vulgate [Bible en latin] soit tenue pour authentique (...) et que nul que ce soit, ne présume de la rejeter. (...) Qu'il y a 7 sacrements : le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême onction,l'ordre et le mariage. [Il faut] Instruire avec soin les fidèles, principalement au sujet de l'intercession des saints, de leur invocation, de l'honneur dû à leurs reliques et du légitime usage de leurs images.(…) L'Église, comme une bonne mère, a établi certains usages, comme de prononcer à la messe des choses à basse voix, d'autres d'un ton plus haut, et a introduit des cérémonies, comme les bénédictions mystiques, les lumières, les encensements, les ornements (...) et pour rendre par là plus recommandable la majesté d'un si grand sacrifice, et pour exciter les esprits des fidèles par ces signes sensibles de piété et de religion à la contemplation des grandes choses qui sont cachées dans ce sacrifice. »
Extraits, décrets du concile de Trente
Édifiée à partir de 1568, l’église du Gesù (Jésus), à Rome, est l’église-mère de la Compagnie de Jésus.
On voit ici la nef et la fresque centrale.
Doc. 7 : Une église jésuite
Q1 : (doc. 1) Que demande Érasme et quelle critique cela induit-il ?
Q2 : (doc. 2 et 3) Quelles sont les caractéristiques de l’Église et du culte luthériens ?
Q3 : (doc. 4 et 5) Quelles sont les caractéristiques de l’Église et du culte calvinistes ?
Q4 : (doc. 6 et 7) Comment réagit l’Église catholique ? Modifie-t-elle sa doctrine ?
Q5 : (doc. 8) Montrez et expliquez la violence des conflits religieux des XVIe et XVIIe siècles en Europe.
Doc. 8 : Les conflits religieux en Europe aux XVIe et XVIIe siècles
Avec l’éclatement de l’unité religieuse de l’Europe, des conflits religieux très violents vont ensanglanter plusieurs pays d’Europe. Si les guerres de religion en France (1562-1598) sont très connues (avec l’épisode de la Saint Barthélémy, que nous verrons plus en détail dans un chapitre ultérieur), il en existe d’autres, comme la Guerre de Trente ans (1618-1648) durant laquelle environ le tiers de la population du Saint-Empire est tuée…
Ces conflits sont bien sûr religieux (opposition entre catholiques et protestants), mais pas seulement :
- En France, la Ligue catholique s’oppose au pouvoir du roi (catholique aussi) comme aux protestants. Elle en vient à tuer le roi catholique Henri III, alors que son successeur (Henri IV) est protestant.
- Durant la Guerre de Trente ans, la France, dirigée par deux personnages catholiques (le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu, membre important de l’Église catholique) intervient en faveur des protestants car elle craint la puissance des Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, alors même qu’elle s’oppose aux protestants sur son sol.
La Michelade, en 1567, est le nom donné à un massacre commis à Nîmes, par des émeutiers protestants contre des clercs catholiques.
Pillage d'un village flamand protestant pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648) par les troupes de l’Espagne catholique - Sébastien Vranx (1573-1647)