17 juin 2017
Encore peu de réflexions épistolaires ce matin… Et pourtant ! N’hésitez-pas faites circuler mon billet quotidien… Confiez-moi des adresses E mail pour que vos amis reçoivent directement notre billet, et se joignent à nos réflexions…
« Mon cher René,
Connais-tu la signification de MERMAID, il s'agit d'une sirène !
Cath. »
« Bonjour René
Suite à la communication que tu as eue avec Jean Claude, je ne rajouterai rien, si ce n'est un immense merci pour ta proposition. Auprès de l'emplacement réservé à Mr G. (qui a réalisé la maquette) tu auras toute ta place.
Bien amicalement
Henri »
« Une paille brisée !"L'usage de briser une paille, .............remonte aux premiers temps de la monarchie."Ai-je fait une faute ????Ou est-ce une erreur d'enregistrement ?Amitiés et à bientôt.Madeleine »
A l'ile du PILIER au large de Noirmoutier, au temps des gardiens de phare, août 1995.
Comme chaque dimanche soir de juillet et août quelques jeunes en vacances aux Sables d'Olonne embarquent au port de l'Herbaudière pour une traversée d'une demi-heure vers l'île du Pilier. Sur cette petite île d'à peine un kilomètre de long, et de moins de cent mètres de large par endroit, deux grands phares se dressent à l'entrée du chenal de Loire. Deux gardiens, les derniers avant que le phare ne soit automatisé. Le tout dernier, Daniel Clouteau, fermera les portes du phare le 18 avril 1996. Un coin de jardin dans un enclos bien protégé, et dans la moitié sud de l'île le ballet des goélands dans la journée et des lapins la nuit au clair de lune. Mais une île difficilement accessible, en raison des têtes de roches qui l'entourent.
Embarquement à 17 h 30 au port de l'Herbaudière ce dimanche soir 5 août 1992 avec Mr Derely qui conduit sur son bateau de pêche, les candidats à cette nuit au large du continent, par une mer calme et plate.
Nous sommes au jusant. Le bateau a jeté l'ancre à distance de la jetée inaccessible à marée basse. Une embarcation annexe est mise à l'eau. Descente mouvementée des passagers, par l'effet de la houle qui malmène hommes et bagages. Au pied du môle d'escale, où la marée vient mourir, tous sautent à terre.
Chargés de sacs, sept jeunes, parmi lesquels Elodie, Anne, Thomas Alexis, Renaud et Jean- Cyrille embouquent un petit sentier, bordé de terriers de lapins et de nids de goélands, à même le sol. Les œufs sont éclos et de jeunes volatiles s'exercent à déployer leurs ailes, sans pouvoir encore décoller. Amoureux de ces lieux, l’animateur encadrant que je suis y revient chaque été. Ce sentier conduit à l'ancien sémaphore, au pied des deux phares. Trois serrures à ouvrir mais une autre porte a été forcée. Ce bâtiment de la marine nationale comporte une grande pièce avec des fenêtres sur trois côtés et une vue superbe sur l'océan. Magnifique charpente en bois, s'ouvrant sur un toit où était installé, à l'époque, un système de sémaphore. Au rez de chaussée deux chambres avec cheminée et des crochets au mur pour y tendre le hamac. Une échelle de meunier, de part et d'autre d'un grand mur conduit à l'étage où l'on peut dormir à même le plancher. Les filles choisissent de dormir en bas. Les garçons sur le plancher du haut. Du moins est-ce le projet car la nuit se passera en grande partie dans une crique au nord, en bas de la croix de granit, du côté des éoliennes qui alimentent le phare en électricité. On ouvre toutes les fenêtres qui donnent sur un grand fossé, serti d'un mur d'enceinte. Après avoir déposé bagages et pique-nique pour le soir, on franchit à nouveau ce qui devait être un pont –levis devant lequel subsiste une guérite en pierre, destiné à protéger des embruns le matelot de garde.
Puis c'est le tour de l'île. Près des phares, un gardien montre la friture du soir: des rougets et un colin qu'un pêcheur lui a donné. L'autre gardien, grand amateur de voile attend la fin de sa quinzaine de garde au phare pour partir en navigateur solitaire comme il en a l'habitude en Bretagne Sud.
En vue du feu de camp pour le début de nuit tout à l'heure, c'est le moment de ramasser du bois mort. Ce bois amené par la mer dans les différentes criques n'est humide qu'à l'extérieur. L'un des marcheurs se fait une grosse frayeur, car il n'a pas vu l'à-pic d'une falaise, signalé d'aucune manière dans cette île éloignée des touristes. On entend les protestations des goélands quand nous approchons trop près de leurs progénitures, que l'on aperçoit tardivement car leur plumage de poussins se confond avec le sol pierreux.
Le jour baisse et le soleil s'abime en mer. De retour au bâtiment du " Sémaphore " c'est le partage du pique-nique sur des tables en bois qui sont là depuis des générations. Chacun se présente plus longuement. Lieux de vacances, lieux de vie, jobs et engagements. Puis, avec carnets de chants, le groupe s'installe sur une tête de roche, au dessus d'une petite crique. Là gît sur le flanc la coque d'un grand voilier sans mat. La quille est un peu plus loin. Quelques notes de guitare,
On se donne une demi-heure de silence. Chacun choisit un lieu, une pointe rocheuse ou la crique au sable fin. Le soleil rouge commence à plonger dans le plein Ouest. Le phare déverse ses premiers éclats, du haut de ses 33 mètres pour une portée de 29 milles nautiques. On doit l'apercevoir depuis l'ile d'Yeu. Au loin une guirlande lumineuse, c'est le pont de Saint Nazaire.
Dans cette crique où affleure un rocher le feu, préparé avec le savoir-faire des scouts, illumine les visages. Chansons et guitare jusque tard dans la nuit. Aucun risque d'importuner des voisins. Puis retour au sémaphore qui n'est qu'à deux cents mètres.
Il faut bien aller dormir. Quelques-uns, le duvet sous le bras, s'en vont vers la crique abritée du vent de nord-ouest ce soir. Les vagues viennent mourir mollement à leurs pieds. Les éoliennes ont cessé leur chuchotement. Le grand phare diffuse trois éclats blancs toutes les 20 secondes. Les goélands se taisent enfin, et les lapins inaugurent leurs ballets nocturnes. Sous un maigre falot, calé dans le creux des rochers, le sommeil gagne malgré le roulement d'une longue houle sur les rochers. Au petit matin la rosée détrempe les duvets. Il faudra se replier au sémaphore, avant même que le jour ne se lève. Remontée vers l'île sous le regard apeuré de quelque lapin attardé au clair de lune.
6 h30 Plusieurs arpentent l'ile silencieusement. Voir le soleil levant sur la mer quand est sur la côte ouest-atlantique, est-ce possible ailleurs que dans une île? Ce matin la baie de Bourgneuf s'habillait de teintes chamarrées.
Le petit déjeuner avec les moyens du bord. Il n'y a pas d'eau sur cette île. Chacun se restaure avec les provisions apportées la veille. Un peu de rangement et l'on se rend dans une autre crique, à l'est de l'île. Guitares et chansons. Un texte de Florence Artaud : "Ma passion, c'est la mer... "Dans les nuits d'épouvante il m'arrive d'aborder les grands thèmes: les hommes, la vie, la mort et Dieu...Mon univers de rêve qui me guide m'a donné un pouvoir de reconversion qu'il sera toujours temps de faire valoir..." Voilà qu'on aperçoit le bateau de Mr Derely, point émergeant sur une eau calme et sans houle. Dans une demi-heure il sera là. Nous sommes à mi-marée montante et il pourra accoster. Quand il arrive il tend une amarre que l'un de nous, avec un savoir-faire de scout marin, saisit et tourne autour d'un anneau avec un « tour mort et une demi-clef ».
Aimablement et à la faveur de la marée montante, Mr Derely propose de faire le tour complet de l'ile en toute sécurité au-delà des récifs. Les goélands nous surveillent d'un œil impassible. Encore une demi-heure de mer et c'est l'accostage au port de l'Herbaudière.
Retournons-nous sur cette île, en solitaire, les uns ou les autres, pour y vivre un temps de désert ? Cette île va redevenir sauvage avec le départ définitif des gardiens de phare, suite à l'informatisation des systèmes optiques. Heureusement la municipalité de Noirmoutier, Phares et Balises ainsi que Conservatoire du Littoral veillent à la sauvegarde de cette merveille de la nature, mémorial de la Marine Nationale à quelques encablures du continent.
A LIRE « Au large de Noirmoutier, L'ILE DU PILIER," Cahier d'ethnographie n°3, 93 pages, Editions S
Claude B
24 juillet 1941, Jean Joseph Bartheau se souvient…
Jean Joseph François Bartheau est né le 28 mars 1927 à Angles, le jour de la foire des Moutiers… Joseph avait à peine 3 semaines quand sa maman a fui la ferme du Clocher pour se réfugier avec son fils aux Rivières. C’est depuis ce jour que Joseph est devenu son prénom usuel. Joseph est allé à l’école Saint Joseph à Angles, à l’âge de 2 ans, puis à 7 ans à l’école publique d’Angles, ensuite il est allé 3 ans en pensionnat à Luçon jusqu’à son certificat d’études. Il en est sorti à Pâques 1941. Puis il est revenu chez sa mère et l’a aidée dans les travaux de la ferme. Ils possédaient environ 8 ha de prés et de champs et louait quelques autres terres. Il ne s’est jamais marié, il n’a jamais eu d’enfant… Aujourd’hui Joseph vit une retraite paisible à l’EHPAD de la Berthomière de Longeville… C’est là qu’à l’occasion d’un récent goûter-mémoire il a raconté la terrible bataille aérienne d’Angles du 24 juillet 1941…
« J’avais tout juste 14 ans… Il était tout juste midi… J’ai vu toute la scène depuis le fenestron tout en haut du moulin du Bots Pias aux Rabouillères en compagnie de Maurice Lefort, le dernier meunier. C’était impressionnant ! Un bruit étourdissant, des gerbes de feu ! L’avion est arrivé en piqué, après avoir tourné autour du clocher de l’église de Longeville sur mer. C’était impressionnant, un bruit fracassant, une épaisse fumée qui se dégageait du lieu. » Informée de la présence d’une grande unité marine allemande « le Scharnhorst » au port de la Pallice à la Rochelle, l’amirauté Britannique avait envoyé 15 bombardiers de type « Halifax » pour attaquer la cible. Vers 12 h, 5 de ces 15 avions sont abattus par la FLAK, la défense terrestre anti-aérienne allemande. Au bord de l’HALIFAX L9527. 7 hommes de la Royal Air Force sont pris en chasse par trois avions chasseurs « Messerschmitt » allemands. Le duel aérien a lieu au-dessus d’Angles. L’un des moteurs de l’Halifax prend finalement feu et l’avion gravement endommagé percute le sol près de la ferme du Terrier du Four à Angles. Il explose et cinq membres de l’équipage ne peuvent en réchapper et meurt probablement sur place. Deux hommes ont réussi à s’arracher de la carlingue peu avant la chute de l’appareil et sautent en parachute. Il s’agit du Capitaine Eperon et du Sergent Balcomb. Le Capitaine Eperon atterrit à quelques mètres du crash. Il est malheureusement fait prisonnier par les allemands déjà sur place. Quant au Sergent Balcomb, qui avait réussi à aider son supérieur hiérarchique à s’extraire de l’avion, il touche le sol plus loin du côté la ferme de la Grande Lamberde où il séjourne 48h. Il se cache dans le foin d’une grange et se nourrit de lait. L’anglais décide alors de quitter la ferme et de se réfugier dans un petit bois où il finira par échanger quelques mots avec un jeune homme qui passait. Le jeune homme lui laissera sa bicyclette à laquelle il aura pris soin d’enlever sa plaque d’identité. Malheureusement, il ne fera qu’une centaine de mètres avec le vélo. Il sera arrêté par une patrouille allemande qui le fera prisonnier ! « C’est Hippolyte Bourget qui dormait sur sa barge de foin pas loin du lieu du crash et qui a caché, puis prêté son vélo au soldat anglais ! Après ce fut encore moins facile… Les représailles… Les allemands cherchaient à retrouver ceux qui l’avaient caché. Mais ce n’est pas tout… Les allemands réquisitionnaient des longevillais pour aller abattre des arbres dans la forêt de Longeville pour les débiter en pieux à planter sur la plage pour empêcher les avions d’atterrir ! Après vous connaissez l’Histoire…» Éric est interrogé, humilié, battu, son interrogatoire sera long et pénible. Il sera dirigé vers un camp d’aviation pour ensuite rejoindre le stalag en Allemagne. Il y restera jusqu’en janvier 1945 avant de s’évader quelques mois avant la libération. Depuis, la municipalité a fait inhumer les cinq aviateurs à l’endroit appelé depuis « le carré des Anglais ». Survivant de la tragédie, Éric Balcomb a été fait «citoyen d’honneur» de la commune d’Angles. Il est décède en 1994. Sur sa demande expresse et avec l’accord du gouvernement britannique, ses cendres reposent au « Carré des Anglais » entre les stèles de ces camarades de combat : les Sergents CH Newstead et SHJ Shirley. Le capitaine Eperon, autre rescapé, n’a pas souhaité revenir sur les lieux de la catastrophe. Il est aujourd’hui décédé. Une stèle à la mémoire des 5 aviateurs a été érigée le 23 juillet 2000, au lieu-dit du Terrier du Four. « Morts pour la France, pour la Paix et la liberté »
René
Dictée : La poule!
Sommerviller, 15 juin 1885
La poule s’expose à tout pour défendre sa petite famille, parait-il un épervier dans l’air, cette mère si faible, si timide et qui, entre autre circonstance différente, elle chercherait son salut dans une fuite rapide, elle devient intrépide par tendresse, elle s’élance devant la bête redoutable et pas cris redoublés, ses battements d’ailes et son audace, elle impose souvent à l’oiseau carnassier qui, rebuté d’une résistance imprévue, s’éloigne et va chercher une proie plus facile. Elle parait avoir toutes les qualités d’une âme tendre et aimante; mais ce qui ne lui fait pas tant d’honneur c’est ce qui par hasard on lui a donné à couver des œufs de cane son affection pour ces étrangers n’est ni moins grande, ni moins ardente qu’elle ne serait pour ses propres poussins : elle ne voit pas qu’elle est leur mère nourricière et non pas leur véritable mère.
Et je vous assure… Ne remarquez-vous pas qu’en plus de nous faire découvrir des richesses de beauté et d‘humanité, tous ces textes regorgent de morale !
A demain…
René