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L’explorateur, le guide et l’interprète dans les forêts de la Basse Côte
d’Ivoire à la fin du XIXe siècle
Cissé Chikouna1
Introduction
La fin du XIXe siècle fut riche en mission d’explorations françaises en
Afrique de l’Ouest, dont la plus célèbre fut sans doute la grande randonnée de
Binger (1787-1789) qui visait principalement à assurer la connexion entre la
Boucle du Niger et le littoral ivoirien, si vitale pour l’expansion économique de la
France dans la région. Moins que les motivations économiques et politiques de
ces missions d’exploration suffisamment connues, le présent article examine les
rapports entre colonisateurs et colonisés à travers les figures de l’explorateur, du
guide et de l’interprète. L’objectif ici est de repenser les logiques de domination
en situation coloniale.2 Dans les forêts de la Basse Côte d’Ivoire à la fin du XIXe
siècle, la rationalité occidentale fut fortement dépendante, souvent éprouvée par
les savoirs endogènes inversant parfois les rapports de force en faveur des
populations africaines.
Celles-ci, en effet, en fonction de leur volonté de coopération en termes de
disponibilité des guides, des porteurs et des interprètes, assurèrent ou
précipitèrent l’échec des missions d’exploration françaises chargées de réaliser la
jonction de l’hinterland soudanais et du littoral ivoirien. Pour documenter cette
histoire, je m’appuie sur les récits de trois missions d’exploration : les missions
Blondiaux et Thomann (1897) et la mission Hostains-d’Ollone (1898-1900) qui
connurent des fortunes diverses liées justement à leur capacité à faire coïncider
l’agenda impérial avec les préoccupations des sociétés locales, pleinement
1 Maître-assistant au Département d’histoire de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan.
2 Voir sur ce thème, les travaux de Nathan Wachtel, La vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la
Conquête espagnole 1530-1570, Paris, Gallimard, 2008, 395p, Michel Feith et Pilar Martinez- Vasseur (dir.),
Paroles de vainqueurs, Paroles de vaincus. Réécritures et révisions, Nantes, CRINI, 2011, 425p. Romain
Bertrand, L’histoire à parts égales. Récits d’une rencontre Orient-Occident (XVIe-XVIIe siècle), Paris, Éditions
du Seuil, 2011, 658p. Frederick Cooper, Le colonialisme en question. Théorie, connaissance, histoire, Paris,
Payot, 2010, 426p, Laurent Testot, Histoire globale. Un autre regard sur le monde, Paris, Éditions Sciences
Humaines, 2008, 261p
2
conscientes des enjeux de ces missions d’exploration, prélude à la conquête
coloniale.
I -Entre la boussole de l’explorateur et l’empirisme du guide ou
comment trouver son chemin dans la forêt ivoirienne
Le milieu naturel ivoirien a constitué pour les pionniers de la conquête coloniale, à
la fois un objet de fascination et de répulsion. Dans l’une de ses relations de
voyage, Pierre d’Espagnat laissa libre cours à son inspiration devant la splendeur
de ce manteau vert :
Ce sol, perpétuellement humide et chaud, est à n’en pas douter, un milieu de
prédilection pour le végétal. On n’a, si l’on veut s’en rendre compte, qu’à
considérer un instant cette magnifique forêt de Guinée, auprès de laquelle nos
futaies du Bas-Bréau ne sembleraient guère que de maigres taillis, sans énergie et
sans sève3
Pour le capitaine d’Ollone, en revanche, cette forêt d’une densité de
végétation extraordinaire, fouillis inextricable d’arbres immenses, de buissons de
lianes enchevêtrées, est un obstacle absolu à la marche ; les fleuves qui la
traversent n’étant pas navigables, poursuit-il, on ne peut y pénétrer qu’en
utilisant les sentiers déjà tracés par les indigènes. Lucide, le capitaine d’Ollone en
tire la conclusion qu’il faut compter avec ceux-ci. Puis d’ajouter : « Ils ont pour
eux la force : à quoi servent nos armes perfectionnées dans ces fourrés
impénétrables ? Il faut donc leur agrément. »4 Chargée par le ministre des
Colonies d’établir d’une part la jonction de la Côte d’Ivoire avec le Soudan ;
d’étudier d’autre part les régions où devrait passer la frontière entre ces deux
possessions françaises et la république de Libéria, la mission Hostains-d’Ollone
dut multiplier les transactions avec les populations locales afin d’obtenir leur
agrément pour assurer le succès de cette double mission.
3 Pierre d’Espagnat, « La Côte d’Ivoire, ce qu’elle est, ce qu’elle doit devenir », in Revue des deux mondes,
Paris, 1896, p.173 4 « La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°17, 27 avril 1901, p.193
3
Ce qu’Isabelle Surun appelle la double dépendance logistique et politique
envers les sociétés hôtes, dans laquelle les voyageurs en Afrique occidentale
étaient pris,5 amène nécessairement à repenser les rapports de domination en
situation coloniale, le but étant autres d’aboutir a un dépassement des modèles
articulés sur la dyade centre/ périphérie.6 S’intéressant au communisme au
quotidien dans l’ex-RDA7, Sandrine Kott fait remarquer pour sa part que la
domination (Herrschaft) doit être analysée comme une relation d’échange, même
déséquilibrée, entre ceux qui exercent le pouvoir(Macht) et détiennent les
moyens de répression et de propagande et ceux qui le subissent mais ne sont pas
dénués de ressources.8 Sous ce rapport, l’intuition et l’empirisme des autochtones
furent d’un appoint considérable pour orienter les explorateurs dans les forêts de
la Basse Côte d’Ivoire à la fin du XIXe siècle. L’explorateur Thomann en situe
l’importance dans le modus operandi qu’il dut inventer pour assurer le succès de
sa mission : l’itinéraire fut levé à l’aide de la boussole Peigné sans se servir de
l’alidade, l’horizon en forêt étant très borné ; deux podomètres donnaient les
distances. La direction d’une portion de route n’était reportée sur le carnet
qu’après avoir été parcourue ; comme la boussole était tenue constamment à la
main, note Thomann, ses moindres oscillations étaient notées. La déclinaison
adoptée était de 18° ouest. Pour assurer l’efficace de ce dispositif technique, la
mission choisie de s’en remettre aux « indigènes » pour la suite de ses efforts
d’orientation dans la forêt. C’est ainsi qu’arrivée à l’étape, l’explorateur français
demandait aux populations de lui indiquer aussi exactement que possible la
direction du village que la mission venait de quitter ; avant de repartir, elle se
faisait montrer de même la direction générale qu’elle allait suivre. Grâce à
l’instinct merveilleux dont sont doués les Noirs, souligne Thomann, ceux du
départ et ceux de l’arrivée étaient presque toujours d’accord et la direction qu’ils
5 Isabelle Surun, Mémoire de synthèse. Tome. I. Dossier présenté en vue de l’Habilitation à diriger des
recherches. Soutenu le 12 décembre 2012, Paris, Institut d’Études politiques de Paris, p.21 6 Isabelle Surun, « Du texte au terrain : reconstituer les pratiques des voyageurs (Afrique occidentale, 1790-
1880) », in S.& R., n°21, avril 2006, p.120. 7 République Démocratique Allemande
8 Sandrine Kott, Le communisme au quotidien. Les entreprises d’Etat dans la société est-allemande, Paris, Belin,
2001, p.16
4
indiquaient conforme à l’azimut donné par la boussole, en dégageant tous les
petits détours du sentier.9
Dans d’autres circonstances, c’étaient les défaillances techniques des
missions d’exploration qui furent suppléé par l’empirisme des autochtones.
Partie de Marseille le 25 novembre 1898, la mission Hostains-d’Ollone arriva le
16 décembre de la même année à Grand-Bassam, point de départ de la remontée
vers le nord. Après une marche de 150 kilomètres, la missions arriva à Paoulo et
ne sachant rien des pays situés au-delà, fut obligée de stationner. Les multiples
changements d’orientation inattendus qu’imposèrent les chemins, obligèrent plus
d’une fois, la mission à rebrousser chemin, d’autant que les levés d’itinéraire
rendus difficiles par la densité de la forêt furent souvent erronés.
Partis de fort-Binger en voulant marcher vers le nord-ouest, les
explorateurs français étaient en réalité allés vers l’ouest croyant avoir laissé loin
dans l’est, les contrées de Douo, du Douobé et toutes les tribus riveraines. Ils
furent surpris par la suite d’apprendre que le Douo et le Douobé passaient au
nord de Paoulo, venant de l’ouest. Le théodolite qui pouvait en de pareilles
circonstances apporter l’éclaircie ne fut d’aucune utilité. Complètement détraqué
par les changements de température et par les chocs que les porteurs lui avaient
infligés, note le capitaine d’Ollone, il fut réexpédié de Fort-Binger à la côte.10 Cette
énigme géographique fut finalement débrouillée par l’empirisme du nommé
Tooulou dont d’Ollonne certainement sous l’emprise de l’euphorie du chemin
retrouvé salua la grande intelligence. Laissons la parole à l’explorateur français à
cette phase de sa mission :
A l’étape de Paoulo, malgré nos efforts, nous n’arrivions pas à éclaircir l’énigme
géographique, et notre embarras pour choisir une route était grand. Un des étrangers, un
Parébo nommé Tooulou, était particulièrement intelligent. Un jour nous lui demandons
de représenter sur le sol avec du charbon la position des différents peuples : nous avons
alors la surprise profonde de voir cet homme nous tracer après réflexion, une véritable
carte, sur laquelle il porte tout ce que nous voulons connaître, rivières, montagnes, tribus,
villages, et tout cela est si logique, tout s’accorde si bien avec les distances indiquées, les
9 « De la Côte d’Ivoire au Soudan français. La mission Thomann », in Supplément au Bulletin du Comité de
l’Afrique française de Janvier 1903 », p.131 10
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°20, 18 mai 1901, p.239
5
routes signalées d’un point à un autre, etc., que l’exactitude en est évidente. Les jours
suivants, nous lui faisons refaire cette carte en essayant de l’embarrasser : peine perdue,
toujours il recommence le même croquis, identique, et réfute toutes les objections. Or
cette carte était pour nous un trait de lumière : le Youbou et le Douobé au lieu de couler
du Nord au Sud, comme nous l’avions cru, venaient en réalité de l’Ouest, où le Douobé
avait sa source ; le Youbou se recourbait ensuite de nouveau vers l’Est, et finalement vers
le Nord, il traçait donc une sorte d’S et décrivait une boucle considérable vers l’Ouest.
Tout étant éclairci, nous pouvions choisir notre route.11
La mission Thomann dont le but était de remonter vers Séguéla partant du
Haut-Sassandra, eut recours au même procédé pour trouver sa route entre
Sassandra et Soubré. Ici dans le pays Bété, c’est Anohi dit Docrui, chef du village
de Brizobouo, dans le pays de Guidéko qui traça sur le sable la carte
approximative des pays voisins du sien et donna à Thomann les indications
demandées sur la route qu’il aura à suivre. Mais à Daloa, Thomann refusa de se
fier à la connaissance empirique des « indigènes » en contestant les indications
géographiques du chef Zokou Gbeuli. L’échange entre les deux hommes est
révélateur du décalage culturel entre colonisateurs et colonisés :
Tu veux aller chez les Kwiyo (Mandé), [dit Zokou à l’intention de son hôte.] Il y a trois
routes, [poursuit Zokou] : la première vers l’Est, par le pays des Mouin ; la deuxième au
nord-est. Tu ne peux espérer passer par là. Un de tes frères a franchi le You (Bandama
rouge) pour porter la guerre bien loin à l’est. Il paraît qu’en revenant il passera par
Sokolo, le grand marché de kolas, pour attaquer les Lo. Ceux-ci l’attendent en grand
nombre sur les bords du fleuve et, si vous alliez pr là, vous seriez massacrés. Tu ne peux
songer à passer par Djorolé ni par Buonsira, où les Blancs ont déjà eu des palabres avec
les Lo. La seule route qui te reste donc,[ conclut-il] est celle du nord-ouest.12
Sceptique, l’explorateur français répliqua en tirant sa boussole de sa poche :
Il y a plusieurs routes, dis-tu Gbeuli, eh bien ! Moi je n’en connais qu’une seule,
celle que m’indique cette aiguille bleue. Tu es mon ami, je le sais, je n’en ai jamais
douté. Eh bien, voilà mon chemin.13
Quelques mois plus tard de retour à Sassandra par le Koyaradougou et le
Baoulé, Thomann fut bien obligé de reconnaître que le chef bété de Daloa, Zokou
11
Ibid., pp. 242-243 12
« De la Côte d’Ivoire au Soudan français. La mission Thomann », in Supplément au Bulletin du Comité de
l’Afrique française de Janvier 1903 », p.103 13
Ibid
6
Gbeuli avait évité une catastrophe à la mission qu’il dirigeait. Il apprit en effet que
les Lo s’étaient après l’évacuation du poste de Bimbalo, groupés à Sakasso pour y
attendre le retour de la colonne du capitaine Moreau, qui, fort heureusement,
avait pris une autre direction. La colonne malgré tout fut éprouvée, le lieutenant
Larçou et le sergent Maria furent tués, quatre autres officiers ou sous-officiers
blessés, trente tirailleurs blessés ou tués, selon le décompte communiqué à
Thomann.14
Dans un autre contexte, Romain Bertrand qui s’est intéressé aux savoirs
cartographiques en milieu marin, dans sa somme sur l’histoire des contacts entre
Européens, Malais et Javanais au tournant du XVIIe siècle montre comment les
premiers durent s’appuyer sur l’expertise des seconds pour mener à bon port
leurs expéditions en mer. Dans un monde de commerce intra-archipélagique, où
l’on se déplaçait le plus souvent par cabotage, sans jamais perdre de vue les côtes,
et où la mémoire visuelle des reliefs montagneux et des récifs remplaçait les
cartes, les compétences de déchiffrement des vents et des courants étaient
strictement locales.15 Les « Cartes Marines » de Van Noort « ne sont point
correctes » manière de dire que les Hollandais n’ont strictement aucune idée de la
façon de rallier Java depuis Bornéo.16 L’alternative pour sortir de cette impasse
géographique fut de s’appuyer sur l’expertise étrangère. Les Hollandais, fait
remarquer Romain Bertrand kidnappèrent alors le pilote malais d’une jonque et
son enfant, et le forcèrent à les conduire vers Java-ce que l’homme fit, les
amenant en quelques jours à Ciberon.17
Ce recours au savoir de l’autre protagoniste, dans cette histoire des
contacts entre colonisateurs et autochtones, ne fut pas à sens unique. Dans le cas
qui nous occupe, ce fut la boussole qui, dans certaines circonstances permit de
rattraper certaines erreurs d’indication des guides. Ce fut par exemple le cas avec
la mission Hostains-d’Ollone à Paoulo. Plusieurs fois en effet, désorienté, car le
soleil était invisible, Tooulou guidait la mission vers le sud qui cherchait plutôt à
se diriger vers les contrées septentrionales. Ce fut la boussole qui indiqua
14
Ibid, p.129 15
Romain Bertrand, op.cit, p.73 16
Ibid, p.72 17
Ibid, p.73
7
l’erreur, permettant ainsi à la mission de progresser dans la bonne direction à la
grande satisfaction du capitane d’Ollone certainement ravi de voir la rationalité
occidentale prendre le dessus sur les savoirs endogènes.
Mais la réalité fut la discordance entre les données fournies par les cartes
du ministère des Colonies et les levés d’itinéraire de la mission Hostains-d’Ollone,
tout au long du périple de cette dernière. Sur l’une de ses cartes, N’zo est porté
selon le capitaine d’Ollone à 7° 22’, et les dépêches sur le combat de Tiefesso
indiquaient ce dernier point comme à 60 kilomètres plus au sud, alors qu’il est à
20 kilomètres au maximum. Résultat, pensant trouver N’zo à 300 kilomètres de
Bereby et Tiefesso à 240, la mission fut surprise à mesure de sa progression de ne
pas entendre parler de ces villages. Une fois le Cavally franchi après moult
péripéties, la mission devant l’impasse fut obligée de s’en remettre une nouvelle
fois aux populations locales pour trouver le chemin de N’zo que d’Ollone qualifia
de « pôle magnétique de notre marche incertaine et aveugle. »18
Ces interactions entre explorateurs et populations locales dans la forêt
ivoirienne donnent sens à ce qu’Isabelle Surun appelle la co-construction des
savoirs.19 Celle-ci attire l’attention sur la part des acteurs locaux, guides,
interprètes, compagnons de voyages, habitants, souvent masquée dans les récits
de voyage.20 Mais en refusant d’indiquer le chemin de N’zo à la mission Hostains-
d’Ollone, les habitants du Houné fixèrent les limites de la coopération avec les
Français. La peur de voir les colonnes françaises revenir par le Soudan pour la
conquête militaire, explique sans doute cette attitude de refus. La même posture
fut observée par la mission Thomann chez les Lô de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ici,
les guides sous prétexte d’éviter des embuscades à la mission lui firent faire de
grands détours à travers la savane non défrichée, afin de cacher à la mission le
véritable chemin de crainte qu’il ne serve plus tard à une expédition militaire.21
De la ruse, les populations autochtones passèrent bien souvent à l’opposition
18
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°23, 8 juin 1901, p.273. 19
Op.cit, p.22 20
Ibid, p.21 21
« De la Côte d’Ivoire au Soudan français. La mission Thomann », in Supplément au Bulletin du Comité de
l’Afrique française de Janvier 1903 », p.127
8
ouverte aux missions d’exploration, obligeant les explorateurs entre riposte et
assaut d’amabilité, à s’engager dans des transactions politiques et politiques.
9
10
II- Logiques impériales, agendas endogènes : échanges et
affrontements en situation coloniale
En 1897, 7 missions d’exploration furent organisées : plusieurs furent
massacrées, toutes durent battre en retraite. Parmi celles-ci, la mission Blondiaux
dont le but était de chercher par le Cavally ou ses affluents, une voie de
communication entre la région sud du Soudan et la côte et déterminer les limites
des possessions françaises de ce côté. Partie de Beyla, dernier poste du Soudan, le
6 février 1897 cette mission fut arrêtée à Man par l’opposition des populations
locales. Le manque de vivres et surtout de munitions, l’hostilité de toute la
population des pays que nous devions traverser, note Blondiaux, ne me
permettaient pas de continuer cette reconnaissance.22 Sur la Sassandra et le San
Pedro, ce sont les administrateurs Thomann et Gendre qui ont été arrêtés par les
habitants. La voie du Cavally fut fermée par l’hostilité des Tépos.
La mission Hostains-d’Ollone fut pour sa part prise à partie par les Vayas
et harcelés continuellement par les populations des contrées traversées tout au
long de la mission. Cette sourde hostilité des populations locales s’explique sans
doute par le fait que celles-ci avaient parfaitement compris les enjeux de ces
missions d’exploration qui menaçaient à terme leur autonomie politique et
économique. Les habitants de la forêt, producteurs de la kola, tant recherchée sur
les marchés soudanais s’opposèrent à toute pénétration pour conserver leur
emprise sur le commerce avec le Sahel et garantir la pérennité de leurs séculaires
réseaux commerciaux. Ils ne pouvaient voir d’un bon œil l’Européen qui note
Thomann ouvrira les routes et sera suivi selon toutes probabilités par beaucoup
d’autres.23 Pour contourner ces oppositions, les missions d’exploration tentèrent
parfois de ruser avec les sociétés hôtes. De passage chez les Lô du village de Nati
et face aux réponses évasives des populations peu désireuses de communiquer le
nom de leur chef et de leur localité à Thomann, ce dernier offrit au dignitaire
africain de lui délivrer un certificat, constatant les relations d’amitié que la
22
« Du Soudan à la Côte d’Ivoire. La mission Blondiaux », in Bulletin du Comité de l’Afrique française, 8e
année, n°10- octobre 1898, p.341 23
« De la Côte d’Ivoire au Soudan français. La mission Thomann », in Supplément au Bulletin du Comité de
l’Afrique française de Janvier 1903 », p.2
11
mission avait avec lui. Ce dernier accepta et sous sa dictée, l’explorateur français
lui fit répéter plusieurs fois les noms et réussit ainsi à parvenir à ses fins.
Blondiaux, le capitaine d’infanterie de la marine ne connut pas la même
fortune. De Tounkaradougou, il essaya de rallier Kôla dans sa descente vers la
côte. Gargaraoulé, le chef de la localité fut incapable de décider les autres chefs à
ouvrir un passage à la mission pour gagner la brousse. Pour contourner cet écueil,
Blondiaux demanda à Fomandié Dembili, un de ses tirailleurs réguliers de se
déguiser en jula, pour connaître la route qui longe le Dionou. Le tirailleur devait
pousser jusqu’à quatre ou cinq jours au sud de Toungaradougou et renseigner
Blondiaux sur la direction de la rivière (Dionou) et sur l’état d’esprit de la
population. Fomandi contre toute attente, rejoignit Blondiaux, le passage lui
ayant été refusé car aucun jula malinké n’avait encore été vu dans les parages.24
Face à cette opposition qui prit souvent les allures de rébellion ouverte, la
réponse française mobilisa divers répertoires. L’un d’eux consista à présenter
Samory Touré, en procès de construction d’une hégémonie impériale en Côte
d’Ivoire soudanaise, comme une figure d’épouvante pour mettre en exergue le
rôle protecteur de la France dont l’action a permis de freiner l’extension de
l’entreprise du conquérant malinké à la zone forestière. Le but de la manœuvre
qui visait sans doute à se concilier ainsi les faveurs des habitants de la région fut
toutefois gros d’une manipulation idéologique dans le cas de la mission Hostains-
d’Ollone. Pour dissiper en effet toute prévention hostile lors de la traversée des
pays Tabétouos, Hostains expliqua ainsi le but de la mission aux habitants de la
contrée : « Nos frères blancs, qui ont capturé Samory pour le punir d’avoir tué
tant de monde dans la forêt, ne sont pas très loin au nord ; nous allons les
rejoindre. »25 Les colonnes françaises étaient bien présentes au nord pour brider
la marche de la révolution jula. Les nombreux morts dans la forêt attribués à
Samory relève en revanche de la manipulation, ce dernier n’ayant pas franchi la
zone de courtage entre la savane, sa base d’opérations et la zone forestière qui
était encore à la fin du XIXe siècle un véritable no man’s land.
24
« Du Soudan à la Côte d’Ivoire. La mission Blondiaux », in Bulletin du Comité de l’Afrique française, 8e
année, n°10- octobre 1898, p.344. 25
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°18, 4 mai 1901, p.206.
12
Le manque d’enthousiasme et le grand étonnement des interlocuteurs
d’Hostains et d’Ollone à l’annonce de la capture de Samory prouvent nettement
que ceux-ci, comme le reconnut d’ailleurs le capitaine d’Ollone n’avaient jamais
entendu parler de Samory ni de ses guerres, et même on ignore absolument
poursuit-il, qu’il y a des Blancs au Nord.26 Il fallait regarder vers d’autres horizons
pour obtenir la collaboration des sociétés hôtes. Ici, l’approche adoptée peut se
résumer aux conseils de Binger à la mission Thomann à son départ :
Soyez calme, prudent et persévérant. Restez s’il le faut, deux fois dans le même village
sans vous découragez. Le chef qui vous refuse un guide et vous fait attendre a peut-être
des raisons majeures dictées par la crainte ou par vos propres intérêts. Il importe de
pénétrer le secret de sa résistance et d’en connaître les raisons pour les combattre au
besoin pour le rassurer.
Cet effort de patience recommandé par Binger fut soutenu par une
véritable pratique du don. Ce que Marcel Mauss a désigné comme étant un
constant give and take (donner et recevoir)27 dans le contexte de la Mélanésie
ancienne, jouait une double fonction dans les forêts de la Basse Côte d’Ivoire à la
fin du XIXe siècle : destiné à gagner à la cause des explorateurs, ceux que
Frederick Cooper et Jane Burbank appellent les intermédiaires impériaux28,en
réalité des légitimités traditionnelles africaines, pourvoyeuses de la logistique
nécessaire aux missions, le don visait également à faciliter la traversée des
différentes contrées. Confronté à une forte opposition tout au long de son périple,
Blondiaux dut se montrer généreux à l’égard des chefs locaux et de leurs sujets
pour des résultats bien souvent mitigés. A Dootou, il envoya quelques cadeaux au
chef de Bibita, un village wobé tout en l’engageant à venir le voir le lendemain. A
Dahontogo, toujours dans l’ouest du territoire, il fit remettre à des habitants
rencontrés au marché, des cadeaux pour le chef du village du Buonsira tout en
prévenant qu’il comptait s’y rendre avec ses hommes le lendemain.
L’accueil fut au départ amical avant de tourner à la chasse à l’homme à la
tombée du jour. Les cadeaux faits à Beitomba Diomandé, chef du village de
26
Ibid 27
Marcel Mauss, « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques », in l’Année
sociologique, 2e série, 1923-1924, p.44
28 Jane Burbank et Frederick Cooper, Empires. De la Chine ancienne à nos jours, Paris, Payot, 2011, p.30
13
Séguéla en vue de lui arracher des renseignements sur les conditions de
l’assassinat du capitaine Ménard, n’eurent pas non plus les résultats escomptés.29
Le don à un chef de village ou à un membre de son entourage visait en
général l’obtention d’un sauf-conduit pour faciliter le reste du périple. La mission
Hostains-d’Ollone s’appuya ainsi sur le fils de Kapé Yékiré, chef de la
confédération des Tabétouos dans le Cavally, en obtenant de lui contre
récompense, la promesse de décider son père non seulement pour recevoir la
mission, mais à lui « ouvrir les routes », c’est-à dire d’abord à les laisser passer,
ensuite à leur fournir tout ce qui leur sera nécessaire, guides, porteurs, vivres, et
surtout à envoyer en avant de la mission des hommes chargés de la recommander
aux populations.30
En cherchant l’adhésion des chefs locaux, la stratégie des explorateurs
visait à obtenir de facto celle de l’ensemble de leurs sujets. Si contre des pièces
d’étoffe, de la poudre, des fusils, des chapeaux d’amiral, des couteaux, et bien
d’autres objets de pacotille, les explorateurs bénéficièrent de la logistique
nécessaire à leurs missions : des cases d’hébergement et des vivres (riz, igname,
manioc, moutons, poulets, cabris bœufs, etc.) ; il en alla autrement de la
coopération des guides, interprètes et porteurs qui ne fut pas toujours évidente.
L’interprète François chargé par le capitaine d’Ollone d’insister pour obtenir
quelque chose chez les Graoros répondit, « moi fatigué de parler »31 Plus loin
dans le village de Douébli, la mission Hostains-d’Ollone réussit bien à recruter 24
porteurs sapos après des cadeaux généreux. Au bout d’une heure de marche, à la
suite d’un signal donné, plusieurs porteurs jetèrent leurs charges et disparurent
dans la brousse.32
Mais l’attitude des guides, interprètes et porteurs alla bien au-delà de la
ruse avec les explorateurs. Sans doute conscients du rôle crucial qui était le leur
29
« Du Soudan à la Côte d’Ivoire. La mission Blondiaux », in Bulletin du Comité de l’Afrique française, 8e
année, n°11- novembre 1897, p.373 30
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°23, 8 juin 1901, p.200 31
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°20, 18 mai 1901, p.236 32
32
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone »,
in Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°21, 25 mai 1901, p.245.
14
dans les missions d’exploration, ces intermédiaires choisirent de plus en plus de
monnayer leur prestation, engageant les explorateurs dans d’interminables
transactions pour s’offrir leurs services. Engagé dès les premières heures de la
mission Thomann, le guide Toulou se rétracta en cours de route, reprochant à la
mission de n’avoir pas payé ses services. S’il eut partiellement gain de cause suite
à la méditation des notables de sa tribu, ce fut pour exiger plus loin les trois fusils
qui lui avaient été promis par la mission. A Gueizouobli, dans le Cavally, ce fut le
nommé Gueizouo qui contre un fusil, un grand couteau et quelques menus objets,
suscita une rencontre entre la mission Hostains-d’Ollone et le fils du chez des
Vayas, la première tribu Gon, étape cruciale sur la route du Soudan. Le capitaine
Binger raconte sa mésaventure avec le nommé Idriss qui consentit à
l’accompagner dans le Dagomba en pays Mossi moyennant la valeur de trois
captifs, moitié payable à Bouganiéna, moitié à leur arrivée à Oual-Oualé. Mais une
fois l’arrangement terminé, il se ravisa, quelques peureux, selon Binger, l’ayant
dissuadé en lui faisant entrevoir le voyage comme assez périlleux.33
Ce genre de transactions entre étrangers et intermédiaires locaux, n’est
pas exceptionnel. Romain Bertrand à propos de l’histoire du contact entre
Hollandais, Javanais et Malais, cite le cas d’un mualim gujérati de Banten qui en
1599 fit ainsi une offre de service aux capitaines des vaisseaux de la Deuxième
navigation, se disant prêt à leur montrer le chemin des Moluques moyennant 200
réaux.34 Revenons au cas de la Côte d’Ivoire où ruses, transactions déséquilibrées
et surenchères se sont mêlées pour nouer les fils d’une histoire de duplicité entre
explorateurs et autochtones. Le capitaine d’Ollone qualifia de déshonnête, et de
recherche de pot-de-vin, la proposition du frère du chef du village de Niepa dans
le bassin du Cavally, qui contre la promesse de la soumission de la contrée aux
Français, réclama un fort cadeau.35 La pacotille distribuée aux intermédiaires
africains en échange de leur collaboration posait tout aussi les termes de
l’échange inégal qui compromit durablement le développement économique des
contrées soumises par la violence, même après la parenthèse coloniale. 33
Louis Gustave Binger, Du Niger au Golfe de Guinée par le pays de Kong et le Mossi (1887-1889), Paris,
Hachette, 1892, tome I, p.477 34
Romain Bertrand, op.cit, p.74 35
« La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in
Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°17, 27 avril 1901, p.212
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Conclusion
La perspective d’une relecture des logiques de domination en situation
coloniale que cette étude a cherché à mettre en exergue emprunte largement à
une histoire sociale de la domination prisée dans les années 1990 par
l’historiographie allemande de la RDA utilisant le couple notionnel de
« domination » (Herrschaft) et de « quant-à-soi » (Eigen-Sinn) pour analyser les
rapports dans les sociétés sous domination communiste[…] afin de rendre
attentif à la manière dont les groupes et les individus s’adaptaient ou
s’appropriaient à leur manière (notion de quant-à-soi) un rapport de domination
imposé par le régime (notion de domination.36 Sa pertinence comme modèle
théorique pour notre cadre d’analyse reste à étayer par d’autres histoires « au ras
du sol »37, de rapports de domination/ résilience en situation coloniale en Côte
d’Ivoire, voire en Afrique de façon générale.
Mais l’histoire du contact entre explorateurs et intermédiaires locaux
dans les forêts de la Basse Côte d’Ivoire à la fin du XIXe siècle, permet sans doute
de rompre avec les poncifs des siècles précédents glosant sur l’incapacité
ontologique du monde noir à produire des cathédrales de pensée, de la rationalité
tout court. Les savoirs endogènes ont contribué ainsi à façonner dans une
certaine mesure, le regard impérial sur les sociétés hôtes au point d’amener le
capitaine d’Ollone à espérer que son récit de voyage contribue à « détruire cette
opinion presque universelle que le nègre privé de nos lumières est un être borné et
voisin de l’animal, un préjugé ridicule, dû à notre vanité. »38
Mais cette histoire met surtout en scène deux visions du monde, certes aux
canons discordants, mais qui entre affrontements et accommodation ont produit
au quotidien une histoire sociale dont les épanchements humains qui peut parfois
surprendre au regard du contexte de domination/ résistance, offre de la matière
36
Michel Chrisitian, « Le camarade J. ne veut pas reconnaître qu’il a fait une erreur et qu’il doit se corriger » : la
domination comme pratique sociale dans le parti communiste est-allemand », in Revue d’Histoire moderne et
contemporaine, n°47-2, 2002, p. 37
L’expression est de Jacques Revel, « L’histoire au ras du sol », préface à Giovanni Levi, Le Pouvoir au
village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1989, p. 1-XXXIII. 38
La mission Hostains-d’Ollone. De la Côte d’Ivoire au Soudan et à la Guinée, par le capitaine d’Ollone », in Le
tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°21, 25 mal 1901, p.243.
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à l’historien de la colonisation française en Afrique, pour documenter une histoire
de la domination et des représentations en situation de coloniale.
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Références
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1889), Paris, Hachette, 1892, Tome 1, 506p
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Guinée », in Le tour du monde, tome VII, nouvelle série, n°17, 27 avril 1901, pp.193-204,
n°18, 4 mai 1901, pp.205-216, n°19, 11 mai 1901, pp.217-228, n°20, 18 mai 1901,
pp.229-240, n°21, 25 mai 1901, pp.241-252, n°22, 1er juin 1901, pp.253-264, n°23, 8 juin
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