REPUBLIQUE DU BENIN ************
MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE
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INSTITUT NATIONAL DES RECHERCHES AGRICOLES DU BENIN
CENTRE DE RECHERCHE AGRICOLE BASE A AGONKANMEY
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PROGRAMME ANALYSE DE LA POLITIQUE AGRICOLE
*********** SOUS PROGRAMME ANALYSE POLITIQUE SECTORIELLE
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Rapport final
Réalisé par:
Patrice Y. ADEGBOLA Laurent OLOUKOÏ Hervé C. SOSSOU Arouna AMINOU
Juin 2005
ANALYSE DES EFFETS DE LA FILIERE ANACARDE AU BENIN: UNE
APPLICATION DU TABLEAU ENTREES-SORTIES T.E.S
Résumé
Au Bénin, l’intensification et la diversification des cultures constituent deux enjeux à
plus d’un titre. La noix d’anacarde, qui est une culture d’exportation, se trouve très bien
placée pour répondre à ces enjeux majeurs. En effet la culture de l’anacarde offre plusieurs
opportunités tant nationales qu’internationales. Des études ont montré que la filière dégage
une rentabilité financière positive pour un plus grand nombre d’acteurs (producteurs,
commerçants, etc.). Cependant, si l’apport de la filière aux acteurs qui y sont est connu, son
importance pour les autres acteurs qui sont hors de la filière et donc pour l’économie
nationale reste inconnue. Or la mesure de l’importance économique de la filière pourra aider
les décideurs à choisir des politiques adéquates susceptibles de faire prospérer la filière et
par conséquent l’économie dans son ensemble.
Cette étude vise principalement à évaluer l’apport économique de la filière au plan
national. Le Tableau entrées sorties TES pour le Bénin qui a été désagrégé compte tenu des
objectifs visés est utilisé. Cet outil d’analyse permet de montrer les interactions existant entre
les secteurs de l’économie et de suivre les flux des consommations intermédiaires entre les
différentes branches d’activités. Pour y parvenir, une enquête quantitative auprès des
différents acteurs de la filière a été réalisée. Il ressort des résultats que:
- la filière anacarde dégage une balance commerciale excédentaire;
- les taxations directe et indirecte restent faibles dans la filière;
- la valeur de la production est inégalement répartie;
- le taux d’intégration de la filière dans l’économie nationale est faible;
- la valeur ajoutée indirecte générée par la filière anacarde est faible.
A la lumière de ces résultats, on peut donc conclure que la filière anacarde n’est pas
encore intégrée dans l’économie nationale. La capacité de la filière à générer des valeurs
ajoutées hors de la filière est faible.
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Table des matières
RESUME ................................................................................................................................... 1
TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... 2
1- INTRODUCTION ................................................................................................................ 3
2- APERÇU SUR LA FILIERE ANACARDE AU BENIN ........ .......................................... 4
2-1- ANALYSE DE LA PRODUCTION .......................................................................................... 4 2-1-1- Origine et évolution de la culture de l’anacarde au Bénin ..................................... 4 2-1-2- Organisation de la production ................................................................................ 4 2-1-3- Appui technique et financier ................................................................................... 5 2-1-4- Organisation de la vente ......................................................................................... 6
2-2- SECTEUR DE LA COMMERCIALISATION ............................................................................. 7 2-2-1- Les acteurs ............................................................................................................... 7 2-2-2- Les circuits de commercialisation ........................................................................... 7
3- PRESENTATION DE L’ETUDE ....................................................................................... 8
3-1- CONTEXTE, PROBLEMATIQUE ........................................................................................... 8 3-2- OBJECTIFS ET HYPOTHESES ............................................................................................ 10 3-3- CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE ..................................................................... 10
3-3-1- Définition des concepts ......................................................................................... 10 3-3-2- Méthodes d’analyse ............................................................................................... 14
4- RESULTATS ET DISCUSSION ...................................................................................... 17
4-1- QUELQUES RESULTATS DE CADRAGE ............................................................................. 17 4-2- RESULTATS D’ IMPACT .................................................................................................... 19
5- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ................................................................ 21
REFERENCES ....................................................................................................................... 23
ANNEXE ................................................................................................................................. 25
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1- Introduction
L’économie béninoise est une économie embryonnaire. Son taux de croissance de est
estimé à 3% en 2004 avec un taux d’inflation de 1,5%. Ce niveau du taux d’inflation favorise
la collecte de l’épargne qui est un moteur de la croissance économique. Cependant,
l’utilisation de cette épargne sous forme d’investissement n’est pas encore effective. En effet,
le manque de projets d’investissement rentables, les taux d’intérêt élevés, les problèmes liés à
l’asymétrie informationnelle, etc. amènent les institutions financières à n’octroyer que des
crédits à court terme. Les recettes engendrées par les finances publiques sont passées de
163,372 milliards de FCFA en 2003 à 163,427 milliards en 2004 (INSAE, 2004).
L’économie du Bénin repose essentiellement sur l’agriculture (PNUD, 1999). Cette
dernière participe pour une grande part (39%) à la formation du PIB. Elle emploie environ
70% de la population active (DPDR, 2001). Selon INSAE (2004), le taux de croissance du
secteur primaire est de 2,2% en 2003. Cette baisse par rapport à l’année 2002 (2,5%) peut
s’expliquer par la baisse de la production agricole. Ces performances de l’agriculture ont été
pendant longtemps le fait des cultures vivrières du point de vue de leurs superficies (80%) et
de leur production (90%) (Houndékon, 1996). Mais l’on observe de plus en plus un intérêt de
l’Etat pour les cultures d’exportation parmi lesquelles l’anacarde.
Cette étude se propose alors de montrer l’importance économique de la filière
anacarde par une analyse de ses effets sur l’économie nationale.
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2- Aperçu sur la filière anacarde au Bénin 2-1- Analyse de la production 2-1-1- Origine et évolution de la culture de l’anacarde au Bénin L’anacardier (Anacardium occidentale) est une plante à intérêt multiple et varié (Aina, 1996).
Son aire d’origine est l’Amérique du Sud, plus précisément la région de Ceara au Nord-est du
Brésil où elle est présente en vastes peuplements naturels (Gagnon,1998). Son introduction en
Afrique a été faite par les Colons Portugais dès les 16ème et 17ème siècles.
Au Bénin, l’anacardier s’est retrouvé à l’état subspontané dans la région soudanienne
du littoral, particulièrement entre Pahou et Ouidah (Gagnon, 1998). Mais son extension à
d’autres régions, notamment celles des anciens départements du Zou, du Borgou, et de
l’Atacora, a véritablement débuté dans les années 1960 sous forme de champs collectifs grâce
au concours du budget national appuyé dans son action par l’aide américaine (Aina, 1996) .
Ainsi, selon Gagnon (1998) cité par Singbo et al (2003), les premières plantations
d’anacardiers à grande échelle ont été réalisées entre 1962 et 1965. Par la suite, la
Commission des Communautés Européennes a appuyé un vaste programme de
développement de l’anacardier. Ce programme, qui a été réalisé en deux phases, a permis
l’installation de 5322,95 ha de plantations domaniales et 4503 ha de plantations privées
(Gagnon, 1998). Ce programme a également favorisé l’implantation de l’usine de traitement
de la noix d’anacarde à Parakou en 1974. Mais déjà en 1987, ces plantations domaniales ont
régressé jusqu’à 2752 ha (MDR ,1994).
2-1-2- Organisation de la production
Les semences utilisées pour la plantation d’anacardier proviennent des anciennes
plantations. Le choix des semences se fait à partir des critères bien définis. En effet, les noix
de grosses tailles sont préférées par le paysan aux noix de petites tailles.
A Bantè par exemple, un projet de DEDRAS/PADSE fournit des plants aux
producteurs à 125 Fcfa l’unité. Mais malheureusement, le constat est que les producteurs,
pour la plupart n’utilisent pas encore de plants issus de pépinière. Le semi direct est la
méthode culturale dominante pour l’installation des plantations. Les opérations culturales
comprennent le défrichement, le semi d’une culture annuelle, le semi direct des noix
d’anacarde, le piquetage pour l’anacarde. Les opérations d’entretien sont le fauchage, le
sarclage, le regarnissage, l’élagage, la coupe d’éclaircie, le nettoyage, la fumure, le traitement
phytosanitaire. L’entretien permet aux producteurs d’obtenir de bons rendement.
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La densité des plantations varie d’un producteur à un autre. Le nombre moyen de plants à
l’hectare est de 122 plants. Les équipements utilisés par les producteurs sont la houe, le
coupe-coupe, les piquets, les plantoirs, etc.
La main-d’œuvre familiale reste la principale source de force de travail. Les autres sources de
main-d’œuvre sont l’embauche à temps partiel et l’entraide.
D’une manière générale, trois types de main-d’œuvre interviennent dans la production
de l’anacarde : la main-d’œuvre familiale, la main-d’œuvre occasionnelle et la main-d’œuvre
d’entraide. Ces trois catégories de main-d’œuvre sont utilisées dans diverses opérations. Ainsi
on note la main-d’œuvre pour la mise en place de la plantation, la main-d’œuvre pour
l’entretien des plantations et la main-d’œuvre pour la récolte.
2-1-3- Appui technique et financier
Dans la plupart des zones de production, les producteurs bénéficient rarement de
l’appui technique des agents des secteurs du CERPA qui est la structure publique d’appui
technique aux agriculteurs. Seulement quelques ONGs et projets de développement présents
au Bénin intéressés par la culture de la noix cajou apportent leurs assistance aux producteurs.
Ainsi dans la région de Bantè, par exemple, les producteurs reçoivent l’appui dans la
fourniture de plants sélectionnés et dans les techniques de semis de la part de l’ONG
DEDRAS.
Dans la Commune de Ouessè, les acteurs intervenant dans le secteur sont : le PADSE
(entre 2000 et 2003) pour la production de plants et l’encadrement technique ; l’URF (2000-
2003) au niveau de l’encadrement technique. L’ONG DEDRAS pilote les actions de
PADSE dans certaines régions productives du pays. Les organisations intervenant dans le
Secteur sont l’UPAZ (Union des producteurs d’anacarde du Zou qui avait une bonne assise),
l’ONS (Cotonou), les GV (Groupement Villageois) anacarde au niveau des villages et l’Union
des producteurs d’anacarde de Ouèssè.
Enfin, pour ce qui est du financement, certains producteurs bénéficient de crédits
auprès des grossistes, des collecteurs ou de certaines structures d’exportation. Le paiement est
fait lors de la récolte et en nature, c’est-à-dire avec les noix cajou. La quantité de noix donnée
en contrepartie doit correspond au montant du crédit. Le prix du kilogramme, dans ce cas, est
souvent inférieur au prix du marché.
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2-1-4- Organisation de la vente
Les producteurs sont les premiers concernés par la commercialisation des noix. Les
stratégies adoptées par ces derniers dépendent de leur capacité financière. En réalité, la grande
majorité des producteurs vendent leurs produits avant le démarrage les récoltes à cause des
conditions socio-économiques défavorables. De plus, le problème de mise en marché des
noix d’anacarde est une préoccupation importante des producteurs (Singbo et al, 2003).
Certains, ayant besoin de liquidité pour financer les entretiens des plantations prennent des
avances auprès des commerçants ou des collecteurs à des taux pouvant atteindre 100%
(Lakoussan, 2002). En fait, une partie importante de la production est commercialisée sous
forme de remboursement des avances à un prix de cession nettement inférieur au cours du
marché. Au cours de la campagne 2002-2003, un prix plancher de 200FCFA/kg a été fixé par
le gouvernement au lancement de la campagne en Mars. Selon les producteurs, la période de
fixation du prix devrait intervenir plus tôt. Certains producteurs ont déjà vendu leur
production à bas prix avant la fixation du prix plancher. Au début de la récolte le prix est
d’environ 150FCFA/kg. Le début de la récolte ne coïncide pas avec le début de la campagne.
Pour pallier cette situation, Lakoussan (2002) a rapporté qu’une expérience de
commercialisation collective organisée par le Groupement des Exploitants Agricoles du Bénin
(GEA) a eu un impact réel sur le prix d’achat au producteur. Ces difficultés auxquelles sont
confrontés les producteurs peuvent être surmontées si l’Etat s’impliquait d’avantage dans la
fixation des prix d’achat des noix. En effet, le prix est librement fixé par les commerçants
locaux ; l’Etat n’intervenant que dans la fixation des prix plancher (Gagnon, 1998). Les
producteurs souhaitent que le prix plancher soit fixé au début du mois de janvier, c’est-à-dire
avant la première récolte. Le tableau 15. dresse la répartition des commerçants suivant le
mode d’information et la source. Selon Singbo et al (2004), l’information sur le prix, dans la
zone d’étude, circule des indo-pakistannais aux producteurs en passant par une multitude
d’intermédiaires ; ce qui crée des distorsions sur le prix. L’accès à l’information sur les prix
reste difficile aux producteurs.
Les commerçants, dans leur grande majorité (78%), ne marchandent même pas le prix
d’achat avec les producteurs ; ces derniers sont obligés de vendre leurs produits sans
discussion de prix. En fait cette situation est due à l’inorganisation de la commercialisation
entraînant du coup la faiblesse des prix de vente qui s’observent. D’autres facteurs qui
expliquent le faible niveau des prix de vente sont le manque d’entente entre les producteurs
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vis-à-vis des acheteurs et l’absence d’un organisme ayant pour mission la fixation et la
vulgarisation des prix de vente.
2-2- Secteur de la commercialisation 2-2-1- Les acteurs
Le système actuel de commercialisation des noix d’anacarde est complexe. Ainsi,
plusieurs acteurs existent entre le producteur et les négociants Indo-Pakistannais. On distingue
les producteurs qui participent à la production ; les courtiers qui travaillent pour le compte
d’un collecteur, d’un grossiste ou d’un exportateur ; les semis-grossistes ; les grands
grossistes et les exportateurs.
Equipements et instruments de mesure
La principale unité de mesure est le kilogramme. Les instruments de mesure sont les
pesons, les balances et les sacs. Il existe une gamme variée d’unités de mesure locales en
fonction des localités et de la culture des populations.
2-2-2- Les circuits de commercialisation
Les circuits de distribution concernent un seul produit, la noix brute. Plusieurs acteurs
y interviennent. On distingue les producteurs, les organisations professionnelles, les
commerçants ou acheteurs et les exportateurs. Les associations professionnelles paysannes
regroupent les UCP (Union Communale des Producteurs), les OP (Organisations Paysannes),
les services de courtage comme Agro Services Conseil de Dassa-Zoumé qui négocient
directement la commercialisation des produits des producteurs qu’elles représentent avec les
exportateurs ou les grossistes pour leur garantir des meilleurs prix. Les commerçants
regroupent les opérateurs tels que les collecteurs, les semi-grossistes, les grossistes (Offre
National, 2003).
Au Bénin, la campagne de commercialisation s’ouvre officiellement au cours du mois de mars.
la période officielle de l’exportation de l’anacarde au Bénin est fixée chaque année par le
gouvernement et généralement comprise entre le 15 mars et le 15 octobre (JITAP,2003 ). Les
entreprises exportatrices localisées sur le territoire national démarrent officiellement leurs
opérations au niveau du port de Cotonou. Mais les autres acteurs (producteurs, collecteurs,
courtiers, grossistes) démarrent déjà les transactions en janvier à l’intérieur du Pays.
La commercialisation des noix d’anacarde suit au Bénin des circuits non officiels. La
multiplicité des réseaux de commercialisation, au fonctionnement indépendant, entraîne une
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forte concurrence sur le terrain ; ce qui, parfois favorise la hausse des prix au producteur
(Singbo et al, 2004).
3- Présentation de l’étude
3-1- Contexte, problématique
Dans le cadre de la diversification de la production agricole et des sources de revenus
des populations rurales, un accent est mis, par le gouvernement sur la promotion des
nouvelles cultures industrielles d’exportation. Le Bénin affirme ainsi sa volonté de réduire sa
dépendance vis-à-vis des importations et de diversifier l’offre d’exportation via l’amélioration
de la compétitivité et une meilleure gestion de la qualité dans les filières de production. Le
tableau 1 présente quelques exportations du Bénin entre 1992 et 1999. Il ressort de l’analyse
de ce tableau que la valeur FOB des exportations a connu une augmentation d’environ 482%
entre 1992 et 1999. Cette performance peut s’expliquer par l’augmentation des parts du coton
et dans une moindre mesure de l’anacarde.
Mais la filière coton au Bénin connaît d’énormes problèmes (baisse continue des prix
au producteur et du cours mondial) depuis 1998 (PAPA, 2003). En effet, après un
accroissement de 6,2% en 2001, la production intérieure brute (PIB) a connu une décélération
pour atteindre 4,4% en 2002, 3,9% en 2003 et 3% en 2004. Ce ralentissement s’explique entre
autres raisons par la baisse de la production cotonnière pour la campagne 2003/2004. Cette
crise cotonnière, selon INSAE (2004), a aussi eu pour conséquence un ralentissement de la
croissance du secteur secondaire.
Dans la perspective de diversification des productions agricoles et des sources de
revenus pour les populations actives, la filière anacarde apparaît comme l’une des plus
intéressantes à étudier et à développer (Agro- Ind., 2002). Les productions agricoles tournées
vers l’exportation et/ou susceptibles d’être valorisées pour le marché national sont ainsi
encouragées.
Considéré au niveau paysan comme culture de rente, l’anacardier remplit d’autres rôles à
caractères socio-économiques majeurs pour le paysan (Aina, 1996). Ainsi, il distingue quatre
objectifs définis par le paysan concernant l’anacardier :
⇒ l’anacardier comme affirmation du statut foncier ;
⇒ l’anacardier comme mode de transfert du capital à la descendance ;
⇒ l’anacardier comme source certaine du revenu et
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⇒ l’anacardier comme gage dans les transactions monétaires.
Le secteur béninois de noix d’anacarde revêt une importance certaine pour l’économie
nationale. Divers faits contribuent aujourd’hui à la réussite du secteur anacardier au Bénin.
L’environnement tant national que international reste favorable à la commercialisation de
l’anacarde. Agro-Ind (2002) écrit : « Malgré un engouement particulièrement marqué à la fin
des années 1990 qui s’explique par la forte augmentation des prix payés aux producteurs,
cette activité, qui représente la deuxième exportation du pays après le coton, est très mal
connue.».
En effet, la qualité de l’anacarde béninois n’est plus à démontrer. Même le plus gros
importateur mondial qu’est l’Inde l’a reconnue. Les techniques de production sont maîtrisés.
Elles s’apparentent aux techniques de production biologique qui ont l’avantage de préserver
l’environnement. Dans le domaine de la transformation, l’on note de plus en plus une volonté
des acteurs béninois à implanter des usines de transformation qui sont aujourd’hui au nombre
de trois (3). Des marchés internationaux existent et sont intéressés par l’achat des noix du
Bénin. Les barrières tarifaires à l’entrée des pays importateurs ne sont pas contrayant comme
le montre le tableau 2 de l’annexe.
Cependant, la crise du secteur cotonnier, le manque d’engagement de tous les acteurs de la
filière (Etat, OP, producteurs, commerçants, transformateurs, exportateurs, etc.) et la pression
démographique qui s’observe de plus en plus sont entre autres des facteurs qui peuvent
entravés le développement de la filière. Par exemple, Singbo et al (2004) écrit «Tous les
agents de la commercialisation de la noix d’anacarde gagnent plus de deux (2) fois le montant
investi dans l’activité. Environ 60% des coûts de revient (coûts de production+coûts de
transaction) de la noix d’anacarde sont supportés par les producteurs contre 40% pour les
commerçants. Par contre, environ 70% des bénéfices générés reviennent aux commerçants
contre seulement 30% pour les producteurs.». Cette situation pose le problème de la
répartition de la valeur ajoutée issue de la filière et par conséquent peut freiner le
développement de la filière. Aussi, il convient de constater que les effets induits de la filière
anacarde ne sont pas encore connus. Au stade actuel, le poids de la filière dans l’économie
national n’est pas connu.
En effet, il urge pour le Bénin de mesurer l’importance économique de la filière anacarde
et de savoir ses effets réels sur l’économie nationale.
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3-2- Objectifs et hypothèses L’objectif global pour cette étude est de mesurer l’importance économique de la filière
anacarde au Bénin. Cette mesure passe par l’analyse des effets de la filière sur l’économie
nationale. De cet objectif global, se dégagent deux (2) objectifs spécifiques :
1. Quantifier l’impact économique de la filière anacarde;
2. Proposer des politiques indispensables au développement de la filière.
Deux hypothèses de base sont formulées:
1. L’importance économique de la filière anacarde n’est pas connue des acteurs;
2. Des instruments de politiques capables de stimuler le développement de la filière et
donc de l’intégrer dans l’économie nationale existent.
3-3- Cadre théorique et méthodologique 3-3-1- Définition des concepts
L’appellation «filière» recouvre des contenus forts larges et parfois différents. Elle
englobe un ensemble de notions parfois plus précises telles celles de chaîne, circuit, branche
ou secteur d’activités, marché, système, etc. (Lebally et al., 2000). Chacun dispose de sa
propre définition et des limites qu’il entend donner au mot « filière ». La littérature regorge
d’une diversité de définitions plus ou moins proches : Ledent (1986), Duruflé (1988),
Montigaud (1992), Malassis (1996), Lebailly (2000) etc.
Même si ce terme est connu depuis longtemps par les économistes, la notion
« moderne » de filière commence à apparaître aux Etats-Unis après la seconde Guerre
Mondiale, à la suite des travaux effectués par la «Havard Business School» pour montrer le
poids économique mais aussi politique du secteur agricole (Montigaud, 1992 cité par
Gnimadi, 2003). Quelques définitions de la filière sont données à titre indicatif :
Le filière désigne l’ensemble des actes de production, transformation, distribution
relatifs à un produit (pomme de terre, sucre, bois, etc.) ou à un groupe de produits homogènes
(céréales, fruits et légumes, viandes de boucherie, produits laitiers, etc.) et concourrant à la
satisfaction d’un même besoin final issu de la consommation. (Ledent, 1986).
Selon Duruflé (1988) repris par Fabre (1993), «On entend par filière de production,
l’ensemble des agents (ou fraction d’agents) économiques qui contribuent directement à la
production, puis à la transformation et à l’acheminement jusqu’au marché de réalisation d’un
même produit agricole». Les filières permettent de décrire, de l’amont à l’aval l’ensemble des
opérations de transformation et de répartition qui valorisent les ressources d’un pays.
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Montigaud (1992) définit la filière comme «l’ensemble des activités étroitement
imbriquées, liées verticalement par l’appartenance à un même produit (ou des produits très
voisins) et dont la finalité consiste à satisfaire le consommateur », reliant ainsi la notion de
filière à celle de la performance du marché.
De Bandt (1996), assimile la filière à «un mésosystème productif, c’est-à-dire un
«système organisé de relations défini par référence aux champs d’actions stratégiques des
agents», par opposition à la notion statique de filière conçue comme une succession de stades
de fabrication reliés par des flux d’échanges.
Selon Malassis (1996), «La filière se rapporte aux itinéraires suivis par un produit (ou
groupe de produits) au sein de l’appareil agroalimentaire; elle concerne l’ensemble des agents
(entreprises et administrations) et des opérations (de production, de répartition, de
financement) qui concourent à la formation et au transfert du produit jusqu’à son stade final
d’utilisation, ainsi que les mécanismes d’ajustement des flux des produits et des facteurs de
production le long de la filière et à son stade final.».
Dans son cours d’économie rurale, Henry de Frahan (2004) définit la filière comme
« un ensemble d’agents économiques (producteurs, négociants, transformateurs, grossistes,
détaillants et consommateurs) qui sont engagés dans différentes activités apportant à chaque
étape une valeur ajoutée.». Il la compare à un pipeline ou ligne d’assemblage avec des
intrants, des extrants et des valves dans lequel différentes fonctions sont exercées et de la
valeur est ajoutée aux nombreuses étapes successives.
Ainsi, La notion de filière peut être considérée comme une notion souple à géométrie
variable. Cette variabilité a une dimension temporelle (évolution du concept dans le temps)
mais aussi technique, qui traduit la diversité des objectifs de recherche et des méthodes
d’analyse utilisées : analyse structurelle, analyse fonctionnelle, filière produit, filière demande
finale etc.
Lebailly (2000) fait remarquer à juste titre : «Il apparaît que le concept de filière et ses
champs d’application diffèrent selon l’angle sous lequel on s’y intéresse et les utilisations que
l’on veut en faire».
La valeur ajoutée est la Richesse réellement créée par l'entreprise. Elle est la différence
entre la production brute et la somme des consommations intermédiaires. La production brute
ici est l’ensemble formé par la production vendue et non vendue. Les consommations
intermédiaires représentent l’ensemble des produits utilisés et qui ont été détruits dans le
processus de production ; elles ont ainsi servi à produire l’output final. La valeur ajoutée
directe est la valeur ajoutée liée à la filière et la valeur ajoutée indirecte est celle générée hors
12
de la filière. Quant à la valeur ajoutée incluse, elle représente la somme des valeurs ajoutées
directe et indirecte. Elle mesure la contribution de la filière au produit intérieur (ou national)
brut. Les importations incluses sont la somme des importations directe et indirecte.
La balance commerciale est la différence entre exportations et importations. Elle
représente une composante du Produit Intérieur Brute (PNB). Elle sera qualifiée
d’excédentaire lorsque le niveau des exportations est supérieur à celui des importations. Elle
est déficitaire dans le cas contraire.
La taxation se définit comme l’ensemble des taxes et subventions respectivement perçues
et accordées par un Etat, une collectivité locale, etc. Selon LAROUSSE, la taxation est
l’action de taxer. Noudjènoumè (2001), définit la taxe comme « un prélèvement pécuniaire
opéré au profit de l’Etat, des collectivités locales, ou des établissements publics administratifs
(ce qui la distingue de la parafiscalité ) par voie de contrainte (ce qui la distingue du prix ) sur
le bénéficiaire d’un avantage particulier procuré à l’occasion du fonctionnement d’un service
public (ce qui la distingue de l’impôt) sans corrélation nécessaire avec le coût du service (ce
qui la distingue de la redevance ).». Les subventions à l’opposé des taxes, sont selon le
Dictionnaire Universel, « toute somme versée à fonds perdus par l’Etat, une collectivité
locale, un organisme, un mécène à une collectivité publique, une entreprise, un groupement,
une association, un individu, pour lui permettre d’ entreprendre ou de poursuivre une activité
d’intérêt général.». Selon KRAUGMAN et OBSTFIELD (2001), le subside à l’exportation est
un paiement fait à une firme ou un individu qui vend des biens à l’étranger. Selon VARIAN
(1999), la taxe est la différence entre le prix que le demandeur paie et le prix que l’offreur
reçoit. En effet, la taxe a pour impact la diminution de la quantité vendue, l’augmentation du
prix payé par les demandeurs et la diminution des prix reçus par les offreurs.
Le taux d’intégration est la part de la valeur ajoutée du produit dans la production de toute
l’économie. C’est un indicateur de mesure d’impact macroéconomique d’une filière. Sa
faiblesse témoigne de la non intégration de la filière dans l’économie nationale. Lorsqu’elle
est inférieure à 50%, la filière étudiée est dite extravertie donc peu développante. Un taux
d’intégration supérieur à 90% indique une filière dont les activités font essentiellement appel
aux ressources nationales. On considère en général qu’au-dessus de 70%, la filière est bien
intégrée dans l’espace économique national. Mais l’analyse doit prendre en considération le
pays (particulièrement sa «taille économique») et les spécificités de la filière étudiée
(spécificités techniques, caractéristiques du marché international du produit).
13
Les agents nationaux sont des résidents de l’économie nationale. S’ils sont sur le territoire
national, ils y exercent leurs activités depuis au moins un (1) an. S’ils sont à l’étranger, ils s’y
sont établis depuis moins d’un an. Les non résidents regroupent les nationaux ayant déjà passé
plus d’un an à l’étranger et les étrangers établis sur le territoire national il y a moins d’un an.
14
3-3-2- Méthodes d’analyse 3-3-2-1- Modèle théorique
Les modèles macroéconomiques, comme les modèles keynésiens, ne présentent pas
d’éléments détaillés sur les nombreux secteurs d’activités qui, dans l’agriculture, l’industrie et
les services, constituent une économie.
Les interactions ou liaisons entre ces secteurs sont d’une importance fondamentale pour
les planificateurs, qui doivent, pour assurer la cohérence, surveiller parallèlement les
équilibres macroéconomiques d’ensemble.
L’outil conçu pour mener à bien ces tâches est le tableau entrée sortie (TES). Ses deux
inventeurs en reflètent la souplesse et l’utilité. D’origine russe , l’économiste Wassily
Leontief mit au point les tableaux d’échanges intersectoriels à Harvard, dans les années 1930,
pour permettre une meilleure compréhension du fonctionnement d’une économie moderne,
et, par la suite, faciliter la planification aux Etats-Unis après la guerre. L’économiste russe
Leonid Kantorovitch élabora le même outil, à peu près à la même époque, mais par une
recherche distincte, en intégrant à la fois la demande finale et l’emploi des biens
intermédiaires dans l’industrie, afin d’aider les services de planification de son pays à fixer les
objectifs quantitatifs de l’économie soviétique. Le travail des deux économistes vaudra à
chacun le prix Nobel.
Le TES est aussi appelé Tableau d’échanges intersectoriels, ou encore Tableau input-out-
put (terminologie anglo- saxonne), l’input étant le facteur de production, et l’output la
production. L’input c’est ce qui est acheté par l’entreprise, et l’output c’est ce qui, est vendu
par l’entreprise (HICKS, 1937).
Le TES est formé de la juxtaposition de tableaux. Il est destiné à décrire la structure de la
production nationale. Il présente sous forme synthétique : les comptes de production et
d’exploitation des branches qui sont lus en colonne ; et les équilibres ressources – emplois sur
biens et services.
Le tableau entrée sortie sert à montrer les flux de production d’un secteur d’activités vers
un autre, et des secteurs d’activités vers l’usager final (consommateur, investisseur et
exportateur).
Le TES est un instrument de projection utilisé pour les prévisions à court terme ( année en
cours et année suivante) et à moyen terme ( planification à 5 ans). Son utilité ne se limite pas
à ce aspect. Il est en mesure d’apprécier les conséquences pour l’économie nationale des
variations de certains prix et des progrès de productivité.
15
Rajemison et Younger (2000) ont utilisé le tableau Entrée-Sortie (TES) de 1995 pour
évaluer l’incidence des principales taxes indirectes en vigueur à Madagascar. Il ont aboutit à
la conclusion que le système d'impôts indirects reste largement progressif à Madagascar, sauf
dans le cas du pétrole lampant qui reste nettement régressif.
Desjardins (2003) a évalué à l’aide du modèle entrées sorties, l’apport économique total
du secteur des pêches au Nouveau Brunswick au plan provincial. Des résultats de son étude,
on retient que L’apport économique du secteur du hareng sur la côte est du Nouveau-
Brunswick est très important. En effet, l’auteur écrit «Si l’on combine les effets direct,
indirect et induits, l’on constate que ce secteur a des retombées de près de 1000 emplois,
mesurés en années-personnes. Le secteur génère des revenus de plus de 25 millions de dollars
et des ventes de plus de 86 millions de dollars. Sa contribution au produit intérieur brut de la
province des de 36,5 millions de dollars. Le secteur génère des revenus gouvernementaux de
l’ordre de 4,8 millions de dollars pour le fédéral et de près de 3,7 millions de dollars pour le
provincial».
Le modèle d’analyse utilisé dans le travail est un modèle d’équilibre général à plusieurs
produits ou secteurs. Ils s’agit du TES de 1999 à contenu importations avec les coefficients
inclus de branches. Des simulations sont faites dans le but de tirer certaines conclusions utiles
pour l’étude. Ce modèle répond bien aux exigences de l’étude. Il permet de mener des
comparaisons entre plusieurs filières, pays, politiques économiques, etc. Le TES permet donc
de mesurer les effets directs, indirects et secondaires d’une filière dans une économie
données. La forme schématique du TES est la suivante :
Produits Emplois
Agric Mfg Svc Demande finale Total emplois Agric
P1X11
P1X12
P1X13
P1F1
P1X1
Mfg
P2X21
P2X22
P2X23
P2F2
P2X2
Svc
P3X31
P3X32
P3X33
P3F3
P3X3
Valeur ajoutée
Main-d’oeuvre
Taxes
Total ressources P1X1 P2X2 P3X3
16
Où:
Xj est la production totale de la branche j
Xi le total des emplois de la branche i
Xij la production de la branche i absorbée comme entrée dans la branche j
Fj les utilisations finales
Pi le niveau général des prix dans le secteur i
Les emplois sont en ligne et représentent les sorties courantes pour chaque branche.
Les ressources en colonnes sont les entrées courantes pour chaque branche.
3-3-2-2- Modèle empirique Techniques de collecte de données
La revue documentaire a permis de faire l’assemblage, l’exploitation, l’analyse et la
synthèse de la documentation disponible sur la filière. Ainsi, les statistiques de production,
d’importation de noix d’anacarde, etc. sont collectées.
Les données secondaires relatives à l’étude documentaire sont collectées au niveau des
institutions nationales et internationales: MAEP, ONASA, INSAE, CAPE, ONG, MICPE,
ONS, FAO, etc.
Les informations collectées au cours de cette étape, ont servi à confectionner des
guides d’entretien semi-structuré et des questionnaires pour la collecte des données. Un
questionnaire est administré à chaque acteur (producteurs, commerçants, transformateurs,
consommateurs, etc.).
Méthodes de calculs
Des calculs sont faits dans le but d’adapter l’outil aux besoins de l’étude. En fait, le
TES du Bénin n’est pas désagrégé. Ainsi donc, la colonne comportant les productions
végétales a été scindée en deux. Une colonne pour la production de la noix d’anacarde et une
seconde colonne pour les autres productions végétales. La production X11 qui est égal à
0,1026 milliards de FCFA a été calculée en multipliant la quantité de semences utilisées par
hectare par la superficie totale du Bénin en noix d’anacarde. La production X41 est la quantité
de noix d’anacarde absorbée comme entrées par les autres branches de l’économie nationale.
Elle est égale à la différence entre la production totale de l’anacarde et la production X11. Les
importations de noix d’anacarde sont obtenues par la différence entre les exportations et la
production. La valeur ajoutée est la différence entre la production et les consommations
17
intermédiaires. Le niveau des taxes est le cumul des taxes perçues le long de la filière. La
valeur ajoutée directe et les importations directes se lisent directement dans le TES. Par
contre, la valeur ajoutée indirecte, les importations indirectes, les taxes indirectes sont
calculées par des méthodes itératives avec l’utilisation des coefficients techniques du TES. La
part de la valeur ajoutée qui est allée aux agents nationaux au Bénin est obtenue par la somme
des valeurs ajoutées directe et indirecte. La valeur ajoutée directe représente la part de la
production réservée aux agents nationaux hors Bénin et aux agents étrangers au Bénin. Les
importations représentent la part de la production pour les agents étrangers hors Bénin.
4- Résultats et discussion
4-1- Quelques résultats de cadrage
La valeur de la production d’anacarde en 1999 s’élève à 5,7 milliards de FCFA. Les
exportations sont estimées à environ 9 milliards. Cette hausse des exportations par rapport à la
production s’explique par la différence entre les prix intérieurs et ceux à l’exportation mais
aussi et surtout par des importations en provenance des Pays limitrophes du Bénin (Togo,
Nigeria, etc.). Par exemple, selon JITAP (2003), le Bénin réexporte des noix importées du
Nigeria et se classe à ce titre parmi les petits pays importateurs et exportateurs de l’anacarde.
Agro-Ind (2002) a aussi constaté que d’importantes transactions informelles s’opèrent avec
les pays limitrophes. Pour PAPA (2004), le mélange de noix béninoises avec celles en
provenance du Nigeria dans la seule commune de Bantè peut être estimé entre 3 et 8% des
noix commercialisées. Pour l’année 1999, la valeur ajoutée indirecte est d’environ
0,20177671 milliards de FCFA. La valeur ajoutée directe est 5,6998974 milliards de FCFA.
Donc la valeur ajoutée indirecte représente seulement environ 3,6% de la valeur ajoutée
directe. Cette situation démontre que pour la seule année 1999, la valeur ajoutée générée hors
de la filière est faible. La même tendance s’observe entre 1999 et 2004 (cf. figure 1). En effet,
les valeurs ajoutées indirectes restent faibles et pratiquement invariables entre 1999 et 2004.
Dans le même temps, la valeur ajoutée directe, qui a connu un accroissement en 2000, a
baissé progressivement entre 2000 et 2003 avant de se stabiliser entre 2003 et 2004 autour
d’environ 7 milliards de FCFA. Tout ceci montre que la filière anacarde, bien qu’étant une
filière porteuse ne parvient pas encore au stade actuel à générer des revenus aux acteurs qui
sont en dehors des activités de la filière. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation
notamment la durée très courte des opérations de commercialisation, la situation socio-
18
économique défavorable qui obligent les producteurs à prendre des avances auprès des
producteurs, le manque de synergie entre les différents secteurs de l’économie nationale, etc.
19
Figure 1: Evolution des valeurs ajoutées directe et indirecte entre 1999 et 2004
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Année
Val
eur
ajou
tée
(Mill
iard
s de
FC
FA
)
Valeur Ajoutée Incluse Valeur Ajoutée Directe
Source: compilation données PAPA (2005) et TES (1999)
4-2- Résultats d’impact La figure 2 présente l’évolution des taxes indirectes, de la balance commerciale et du taux
d’intégration entre 1999 et 2004.
Figure 2: Evolution des taxes indirectes et de la balance commerciale et du taux
d’intégration entre 1999 et 2004
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Année
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
Tau
x d'
inté
grat
ion
(%)
Taxes indirectes Balance commerciale Taux d'intégration (%)
Source: compilation données PAPA (2005) et TES (1999)
20
En 1999, la balance commerciale de la filière est excédentaire de 5,529 milliards de
FCFA. Les importations d’anacarde représentent 0,67% des importations totales de
l’économie et les exportations 2% des exportations totales. Ce qui traduit du coup un
accroissement des gains en devises du pays durant la même période dans un pays à balance
commerciale déficitaire (-9,2961 milliards de FCFA en 1999). La balance commerciale, après
avoir connu une augmentation en 2000, a baissé pour connaître une constance d’environ 8
milliards entre 2001 et 2002. Depuis 2003 elle est d’environ 7 milliards de FCFA. L’extérieur
dépend du Bénin en matière de consommation des noix d’anacarde. L'anacarde est un bon
exemple de diversification car le surplus qu’elle dégage contribue à atténuer les effets du
déficit commercial global de la Nation et à augmenter le PIB agricole.
Le montant des taxes s’élève à 0,282225188 milliards de FCFA. Il représente seulement
0,00018357% de la totalité des recettes fiscales de l'Etat et 0,028% de la valeur ajoutée
dégagée par la filière. La faiblesse de la taxation c’est à dire des recettes tirées de la filière par
l’Etat démontre que tous les acteurs impliqués dans la filière ne bénéficient pas encore des
retombées financières de cette filière. Les taxes indirectes sur importations et sur la valeur
ajoutée sont très faibles (respectivement 0,18302093 et 0,28222493 milliards de FCFA). Le
total des taxes indirectes pour l’année 1999 s’élève à 0,46524586 milliards de FCFA.
L’examen de la figure 2 montre que le niveau des taxes indirectes est faible sur l’ensemble de
la période allant de 1999 à 2004. La filière anacarde apporte donc peu de recettes à l’Etat. En
effet, les transactions informelles en provenance des pays voisins, les comportements des
acteurs à fuir les taxes, etc. sont les facteurs explicatifs de ces résultats. Ceci empêche du coup
l’Etat de jouer son rôle de contrôle et d’assistance dans la filière. D’où le besoin de mesurer
l’importance économique des taxes, des subventions et en général du budget de l’Etat dans
une économie et définir un niveau de taxation optimale. En effet, selon l’économiste
américain LAFFER cité par MUZELLEC (1997), les recettes fiscales tendraient vers zéro
lorsque le taux serait nul, mais aussi lorsqu’il serait fortement augmenté. La politique
budgétaire peut être utilisée dans un système de taux de change fixe pour influencer la
production. Ces recettes pourront servir de subventions et/ou d’investissements par l’Etat dans
la filière. En termes généraux, un impôt a pour effet de transférer un pouvoir d’achat réel des
ménages vers le gouvernement (Rajemison et Younger, 2000). L’ “incidence” de l’impôt se
rapporte à la question de savoir le pouvoir d’achat de qui baisse lorsque le gouvernement
vient à décider l’impôt.
21
Le taux d’intégration s’élève à environ 0,37% en 1999; ce qui est faible. Donc la
filière anacarde n'est pas suffisamment intégrée dans l'économie nationale cette année là. L’on
observe sur la figure 2 que ce taux a connu un pic en 2000. Mais depuis, elle est en nette
diminution pour se stabiliser autour de 0,3% en 2004. Cette tendance confirme le fait que la
filière n’est pas encore intégrée dans l’économie nationale. La filière ne joue donc pas encore
un rôle moteur pour l’économie nationale. Les raisons qui peuvent expliquer cet état de chose
sont diverses que variées. En plus des raisons évoquées dans le paragraphe 4-1, on peut citer
la faiblesse de la taxation. Les montants des taxes perçus par l’Etat lui permettent de mener à
bien sa politique de redistribution de revenus.
La figure 3 ci-après montre la répartition de la valeur de la production selon l'origine
de la création de valeur ajoutée.
Figure 3: Répartition de la valeur de production selon l’origine de la création de valeur
ajoutée
Répartition de la valeur de production selon l'origine de la création de valeur
ajoutée
VAANB44%
VAANHB10%
VAAEB10%
VAAEHB36%
Source: compilation données PAPA (2005) et TES (1999)
L’analyse de cette figure montre que seulement 44% de la valeur créée sont détenues par les agents économiques nationaux au Bénin. Les 56% restant sont réparties entre les agents étrangers (46%), et les agents nationaux hors Bénin (10%).
5- Conclusion et recommandations
L’apport économique de la filière anacarde dans l’économie nationale n’est pas encore
très important. Si l’on combine les effets directe, indirecte et induit, l’on constate que la filière
a des retombées faibles. En effet, en 2004, la filière a généré une valeur ajoutée indirecte de
près de 21.892.188 de FCFA. Le gain en devises généré par ce secteur est d’environ
6.790.000.000 de FCFA. Le taux d’intégration de la filière dans l’économie nationale est de
près de 0,3%.
22
Néanmoins, la filière anacarde au Bénin recèle d’énormes potentialités même si son
état actuel ne permet pas de les apprécier et de les exploiter entièrement. Les activités de
production, de commercialisation des noix d’anacarde représentent des activités importantes
dans le pays.
Malgré ses goulots d’étranglement, l’avenir de la filière ne présente aucune ambiguïté
et les chances de son développement restent intactes.
Les actions à mener sont de plusieurs ordres et peuvent être présentées comme suit.
• Augmentation de la valeur ajoutée directe
Les résultats de l’étude ont montré que la filière a un taux d’intégration faible. Le taux
d’intégration étant le rapport entre la valeur ajoutée incluse (somme des valeurs ajoutées
directe et indirecte) de la filière et le produit intérieur brute (PIB) de l’économie, tout
relèvement de ce taux passe par une augmentation accélérée de la valeur ajoutée incluse de la
filière. Pour atteindre ce but, l’action qu’il convient de mener est de favoriser la création
d’organisations de producteurs au niveau de chaque village. Ces derniers pourront organiser
des ventes groupées des noix. Ainsi leur pouvoir de décision sur les prix sera important, leur
capacité d’avoir des informations utiles sur l’évolution des prix au niveau national et
international sera renforcée. Aussi, il faudra mettre sur pieds des structures de crédit aux
producteurs; cela évitera aux producteurs de brader leur production pour cause de difficultés
financières. Et pour finir, il sera utile de procéder à une réorganisation de toute la filière et
voir dans quelle mesure supprimer certains acteurs de la chaîne de commercialisation.
• Augmentation de la valeur ajoutée indirecte
Comme cela est signalé dans les résultats, la valeur ajoutée générée hors filière est très faible.
Il convient alors de prolonger la durée de la commercialisation, d’augmenter le revenu des
producteurs par des politiques de subvention, etc. La promotion et la création d’unités locales
de transformation sont aussi importantes.
• Augmentation du niveau de la taxation
La taxation ici doit dépasser son caractère essentiellement fiscal pour devenir une taxation
incitative capable d’infléchir les comportements. Les montants issus de cette taxation
pourront servir à financer la production, la recherche, etc. Une autre forme de taxation sera
d’amener les commerçants, les exportateurs à verser une partie de leurs bénéfices
commerciaux sous forme d’aides aux producteurs. Il importe ici de montrer aux acteurs
l’importance économique des taxes.
23
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préparatoire à la séance de travail du « Groupe de travail et d’échanges sur la filière anacarde
24
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Estimation à partir du Tableau Entrée Sortie.
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- Sossou C. H. (2004). la filière anacarde au Bénin : potentialités de production et
opportunités de marché. Mémoire de fin d’études en vue de l’obtention du Diplôme
d’Etudes Spécialisées en Economie et Sociologie Rurales.
25
Annexe Tableau 1: Principaux produits d’exportation du Bénin en valeur (milliards de FCFA)
Année
Produits
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Exportations FOB 23,2 49,6 86,6 88,9 132,3 108,4 137,1 135,1
Exportation des cinq principaux groupes de produits
Coton égrené 8,2 36,0 54,3 62,1 104,1 84,6 104,2 103,8
Graines de coton 1,7 1,7 6,8 4,3 6,3 5,4 11,1 7,2
Noix de cajou (Anacarde) 0,3 2,0 2,3 2,6 3,0 4,0 2,9 9,3
Huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitumeux
3,3 4,5 5,8 4,6 5,8 1,9 1,4 0,9
Graines de karité 0,4 0,3 1,2 0,3 0,5 0,4 2,1 0,9
Source: INSAE (2002) Tableau 2: Tarifs appliqués dans les principaux pays importateurs en 2002
Pays Codes spécifiques Droits de douane Ad valorem
Arabie Saoudite Chine Inde Inde Indonésie Iran Japon Malaisie Mexique Russie Union Européenne Etats-Unis
08013000 080130 080131 080132
080131000 080131
080131000 080131000 08013101 080131000 080131000 08013200
0.12 0.3 0
0.4 0.05 0.1 0 0
0.23 0.05
0 0
Source : JITAP (2003)
26
Tableau 3: Tableau entrées sorties simplifié pour Bénin 1999 (en milliards de FCFA)
Noix de cajou autres P. végétales P. animales Autres Total CI Adm Ménages FBCF
Var stock Export
Noix de cajou 0,1026 0 0 0 0,1026 0 0,171 0 0 9309,758143 autres P. végétale 0 110257,197 0 168228,9 278486,097 0 379410,1 0 -49 33883,2419 P. animales 0 0 50,4 23385,5 23435,9 0 124423 5459 0 27998,8 Autres 5597,4 29279,5 1729 620862,403 657570,8 128939 640770,5 269287,9 14580,9 374164,3 Total CIL 5597,5026 139536,697 1779,4 812476,803 959492,9 128939 1144603,6 274746,9 14531,9 445356,1 Importations 3609,758143 6546,8 25886,9 502272,7419 538316,2 Taxes 0,282225188 118,017775 2 153619,2 153739,5 VA 5699,8974 435672 114946,2 918218,1 1469861,3 Production 5700 580183 116726 1244718 1947327
Source: Compilation données INSAE 1999 et enquêtes PAPA 2005 Tableau 4 : Evolution de quelques indicateurs (en milliards de FCFA) de 1999 à 2004 Année 1999 2000 2001 2002 2003 2004Valeur Ajoutée Indirecte 0,20177671 0,28147099 0,2519644 0,25019644 0,21892188 0,21892188 Valeur Ajoutée Directe 5,5974 8,875125 7,889 7,889 6,902875 6,902875Valeur ajoutée incluse 5,79917671 9,15659599 8,1409644 8,13919644 7,12179688 7,12179688Taxes directes 0,282225188 0,3864 0,384 0,384 0,384 0,384Taxes indirectes 0,18302093 0,150153872 0,21514115 0,19527807 0,01479907 0,01479907Balance commerciale 5,529 8,73 7,76 7,76 6,79 6,79Taux d'intégration (%) 0,37 0,53 0,43 0,40 0,32 0,30