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Candidature du bassin de la Dordogne au titre de "Réserve de biosphère" de l’UNESCO Septembre 2011

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Candidature du bassin de la Dordogne au titre de

"Réserve de biosphère" de l’UNESCO

Septembre 2011

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« Quelques mois avant la guerre, je décidai de prendre de longues vacances. Depuis longtemps, j’avais envie, entre autres, de visiter la vallée de la Dordogne. Je bouclais donc ma valise et pris le train pour Rocamadour où je débarquai de bonne heure, un matin, vers le lever du soleil, lune brillant encore d’un éclat vif dans le ciel. Coup de génie de ma part, cette idée d’explorer la région de Dordogne avant de me plonger dans l’illumination millénaire du monde grec. Rien que le coup d’œil sur la rivière noire et mystérieuse, du haut de la magnifique falaise debout à l’orée de Domme, suffit pour vous emplir d’un sentiment de gratitude impérissable. Pour moi, cette rivière, ce pays appartiennent au poète Rainer Maria Rilke. Ce n’est pas plus la France que l’Autriche, ni même que l’Europe : c’est la terre d’enchantement jalousement marquée par les poètes et qu’eux seuls ont le droit de revendiquer comme leur. Ce qui se rapproche le plus du paradis, en attendant la Grèce. Le paradis des Français mettons, par manière de concession. Un paradis en fait dont l’existence doit remonter à des milliers et des milliers d’années. Je suis convaincu que c’était bien cela pour l’homme de Cro-Magnon, malgré le témoignage fossilisé des formidables grottes, qui indique des conditions de vie plutôt stupéfiantes et terrifiantes. Rien ne m’empêchera de croire que si l’homme de Cro-Magnon s’installa ici, c’est qu’il était extrêmement intelligent, avec un sens de la beauté très développé. Rien ne m’empêchera de croire que le sentiment religieux avait déjà atteint en lui un haut degré de développement et qu’il a fleuri en ces lieux, alors même que l’homme vivait comme une bête au fond des cavernes. Rien ne m’empêchera de croire que cette grande et pacifique région de France est destinée à demeurer éternellement un lieu sacré pour l’homme et que, lorsque la grand-ville aura fini d’exterminer les poètes, leurs successeurs trouveront ici refuge et berceau. Cette visite à la Dordogne fut pour moi, je le répète, d’une importance capitale : il m’en reste un espoir pour l’avenir de l’espèce et même de notre planète. Il se peut qu’un jour la France cesse d’exister, mais la Dordogne survivra, tout comme les rêves, dont se nourrit l’âme humaine. »

In Le Colosse de Maroussi, Henri Miller

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P r é a m b u l e

La rivière Dordogne traverse un territoire remarquable par sa nature encore préservée, son patrimoine culturel exceptionnel et un art de vivre marqué par l'empreinte de la rivière. L’économie de son bassin, largement touristique, agricole et sylvicole mais aussi industrielle, profite des ressources naturelles, de la beauté des paysages et de l’image de marque que procurent la rivière Dordogne et ses nombreux affluents. Ce territoire, dont nous souhaitons aujourd’hui qu’il soit internationalement reconnu pour ses qualités, est le fruit du labeur millénaire des hommes qui en sont à la fois bénéficiaires et gestionnaires.

C’est notre responsabilité, collective et individuelle, quotidienne et à long terme, de maintenir la symbiose entre la nature et l’homme qui caractérise le bassin de la Dordogne. Nous y avons un intérêt évident, car le développement futur de ce territoire dépend de notre capacité à préserver le patrimoine fluvial du bassin de la Dordogne, les ressources et les bienfaits qu’il dispense. Il est également important que les activités agricoles et forestières, respectueuses de ce patrimoine, qui structurent profondément le territoire et les paysages du bassin de la Dordogne, soient durablement maintenues. C’est aussi un devoir sacré de faire en sorte que cette région de France demeure un lieu « dont se nourrit l’âme humaine » (Le Colosse de Maroussi, Henri Miller).

Nous avons depuis longtemps conscience de cet enjeu. Un dialogue presqu’ininterrompu a ainsi émergé à travers le temps et l’espace, entre tous ceux qui sont attachés à la qualité de la Dordogne et de sa vallée. Il s’est exacerbé au milieu des années 1970 avec une forte mobilisation scientifique et publique pour stopper l’extraction massive de granulats du lit mineur de la Dordogne. A partir du début des années 1980, ce dialogue s’est poursuivi de manière plus consensuelle aboutissant en 1992, à la Charte Vallée Dordogne qui demande, dans son 3e consensus, un classement de la Dordogne en réserve de biosphère de l’UNESCO. Depuis, EPIDOR entretient ce dialogue au travers d’études et de programmes de gestion et d’animation menés sur tout le bassin de la Dordogne.

La reconnaissance du bassin de la Dordogne par l’UNESCO au titre de « réserve de biosphère » est synonyme d’action et de volontarisme. Elle est le fruit d’une longue démarche partenariale qui doit bénéficier à tous ceux qui sont attachés à la qualité du bassin de la Dordogne et qui contribuent à son économie. Elle a pour objectif de valoriser le bassin de la Dordogne, ceux qui y vivent et y travaillent en créant un environnement favorable au maintien des activités. Elle doit stimuler notre imagination et notre énergie pour nous inscrire durablement dans une démarche de progrès où la prise en compte de l’environnement doit être perçue comme un atout et une chance.

Bernard CAZEAU Sénateur de la Dordogne Président du Conseil général Président d’EPIDOR

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R e m e r c i e m e n t s

De nombreux élus ont fortement soutenu la création d'une réserve de biosphère sur le bassin versant de la Dordogne, notamment les présidents des conseils régionaux et généraux, les maires et les présidents des organismes de coopération intercommunale et des parcs naturels régionaux qui ont délibéré favorablement pour ce projet.

Lors des deux réunions ARDI, plus de soixante personnes représentatives des activités et des territoires de ce vaste bassin versant ont fait bénéficier ce projet de leur conviction et de leur enthousiasme.

Plusieurs personnes ont enrichi ce dossier de leurs interactions constructives : Benoît Wibaux, de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, Pierre-Marie Clique, directeur de projet de la Vallée Dordogne à EDF, Frédéric Dudilot, secrétaire général de l’union nationale des industries de carrières et matériaux de construction, Dominique Bouvet, secrétaire général de la chambre des métiers de la Dordogne, Jean-Pierre Raynaud et Josette Marrant, respectivement président et directrice de la chambre d’agriculture de la Dordogne et Denis Delcourt, directeur des territoires du département de la Corrèze.

L’appui scientifique et technique du comité français Man and Biosphere de l’Unesco, présidé par le professeur Robert Barbault, de Michel Etienne et de Martine Atramentowicz, membres du bureau, ainsi que de Catherine Cibien, directrice scientifique, a été décisif.

L’accueil très favorable du public, qui s’est traduit en particulier par plus de 600 signatures de soutien sur le site internet dédié, a permis d’entretenir le « feu sacré » de tous ceux qui se sont impliqués en faveur de ce projet.

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S o m m a i r e

Préambule ............................................................................................................................................................... 3

Remerciements ....................................................................................................................................................... 5

Sommaire ................................................................................................................................................................ 7

Introduction ............................................................................................................................................................ 9

CHAPITRE 1. Caractéristiques physiques du territoire ........................................................................................ 13

1.1. Situation (latitude et longitude) .............................................................................................................. 13

1.2. Régions biogéographiques ...................................................................................................................... 13

1.3. Territoires, paysages et reliefs du bassin de la Dordogne ...................................................................... 14

1.4. Climat, des volcans d’Auvergne à l’océan Atlantique ............................................................................. 15

1.5. Géomorphologie, hydrogéologie, sols .................................................................................................... 20

1.6. Une hydrographie dense ......................................................................................................................... 25

CHAPITRE 2. Caractéristiques biologiques : une diversité unique en Europe ..................................................... 27

2.1. Contribution à la conservation des paysages.......................................................................................... 27

2.2. Contribution à la conservation des milieux naturels .............................................................................. 32

2.3. Contribution à la conservation des habitats remarquables .................................................................... 44

2.4. Contribution à la conservation de la diversité des espèces biologiques : des espèces emblématiques ....................................................................................................................................... 49

2.5. Espèces traditionnellement ou commercialement importantes, filières agricoles ................................ 56

CHAPITRE 3. Dispositifs de protection, d’inventaire et de valorisation .............................................................. 67

3.1. Outils de protection ................................................................................................................................ 67

3.2. Outils d’aménagement du territoire ....................................................................................................... 75

3.3. Outils d’inventaire ................................................................................................................................... 78

3.4. Sites patrimoniaux .................................................................................................................................. 82

CHAPITRE 4. Caractéristiques humaines : populations et activités ..................................................................... 87

4.1. Historique de l'utilisation des terres : la rivière Dordogne et sa vallée, un terrain fertile à l’implantation humaine ........................................................................................................................... 87

4.2. Contribution à la conservation architecturale : un patrimoine au fil de l’eau ........................................ 90

4.3. Organisation administrative du territoire et répartition de la population ............................................. 92

4.4. Usages de l’eau et activités ..................................................................................................................... 94

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CHAPITRE 5. Acteurs et politiques de développement durable ........................................................................ 111

5.1. Actions mises en œuvre par la structure porteuse de la candidature : Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) ..................................................................................... 111

5.2. Services et établissements de l’Etat ...................................................................................................... 118

5.3. Collectivités territoriales ....................................................................................................................... 121

5.4. Etablissements à caractère public......................................................................................................... 124

5.5. Acteurs socio-économiques .................................................................................................................. 125

CHAPITRE 6. Recherche, surveillance et pédagogie .......................................................................................... 131

6.1. Recherche ............................................................................................................................................. 131

6.2. Surveillance des milieux naturels .......................................................................................................... 141

6.3. Pédagogie .............................................................................................................................................. 143

6.4. Relations internationales d’EPIDOR ...................................................................................................... 148

6.5. Contribution au Réseau des réserves de biosphère (national et mondial) ........................................... 149

CHAPITRE 7. Projet de réserve de biosphère .................................................................................................... 151

7.1. Construction du projet de candidature : historique et participations des communautés locales ........ 151

7.2. Zonage de la future réserve de biosphère : une logique hydrographique ........................................... 158

7.3. Politique de gestion : préservation, gestion durable et connaissance du territoire ............................. 185

7.4. Gouvernance ......................................................................................................................................... 203

7.5. Budget et sources de financement ....................................................................................................... 206

Bibliographie ....................................................................................................................................................... 209

Ouvrages, études, rapports, bulletins d’information .................................................................................... 209

Sites Internet ................................................................................................................................................. 211

Liste des sigles ..................................................................................................................................................... 213

Table des documents .......................................................................................................................................... 217

Table des photographies ..................................................................................................................................... 221

Table des matières .............................................................................................................................................. 223

Liste des annexes ................................................................................................................................................ 233

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I n t r o d u c t i o n

La Dordogne et son bassin constituent l’un des six principaux bassins versants du district hydrographique Adour-Garonne, représentant une superficie de 24 000 km² et une population de plus d’un million d’habitants. La Dordogne figure parmi les cours d’eau mythiques qui drainent le centre de la France.

Le bassin versant de la Dordogne, marqué par la diversité tant du point de vue écologique qu’économique, social et culturel, constitue à cet égard un élément fédérateur autour d’un dénominateur commun, le réseau hydrographique de la Dordogne et la ressource en eau, avec les activités humaines qu’elle génère. Au sein de ce bassin, la vallée de la Dordogne forme un territoire remarquable par son caractère identitaire qui peut se résumer triplement : une nature encore préservée, une histoire et un patrimoine culturel exceptionnels, et un art de vivre marqué par l’empreinte de la rivière.

Pour mener à bien des projets adaptés à la réalité des situations, il est indispensable de tenir compte de tous les paramètres intervenant dans le bon état des cours d’eau : pluviométrie, hydrologie, occupation du territoire, activités humaines avec leur impact sur la ressource, histoire du développement du territoire, projets de la population sur son développement futur et acceptabilité de la préservation des ressources naturelles.

Ces liens expliquent en quoi le développement durable du territoire de la vallée est intimement lié à celui du bassin hydrographique de la rivière. C’est pourquoi, il est essentiel de penser conjointement le développement de la vallée et du bassin de la Dordogne, et de poursuivre et de renforcer les démarches partenariales coordonnées et harmonieuses de gestion des cours d’eau, basées sur la solidarité amont-aval, initiées depuis près de vingt ans.

En 1991, les six départements traversés par la rivière Dordogne (Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze, Lot, Dordogne, Gironde) ont créé l’établissement interdépartemental de la Dordogne, EPIDOR, qui promeut le développement durable sur ce territoire. Le bassin versant bénéficie d’un ensemble d’actions visant à :

- assurer la préservation et l’entretien des milieux aquatiques, - satisfaire les exigences des différents usages de la rivière, principalement l’alimentation en eau

potable, l’agriculture, l’hydroélectricité, les loisirs aquatiques et le tourisme, - garantir la disponibilité globale de la ressource en eau, qualitativement et quantitativement.

EPIDOR appuie son action sur la connaissance scientifique et la mise en œuvre de processus de discussion et de décision au niveau du bassin versant de la Dordogne.

En juin 2008, lors de son Conseil d’administration, EPIDOR a décidé d’œuvrer au classement du bassin versant de la Dordogne par l’UNESCO au titre de « Réserve de biosphère » du programme Homme et Biosphère. Ce classement a pour objectif de contribuer à la préservation des écosystèmes de grand intérêt écologique en prenant en compte pleinement les hommes et les femmes qui y participent. Il invite à engager des démarches de gestion durable du territoire et à développer des actions innovantes, des activités de recherche et des actions de sensibilisation contribuant à améliorer la connaissance des interactions homme – milieu.

Cette inscription du bassin de la Dordogne par l’UNESCO représentera une reconnaissance internationale de la valeur écologique du territoire et des efforts réalisés par les acteurs qui y vivent pour préserver son patrimoine naturel et culturel. Elle n’impose aucune contrainte nouvelle sur le développement du territoire. En revanche, en contrepartie des bénéfices qui doivent en être retirés, il invite chacune des parties prenantes à mettre en œuvre des dynamiques de préservation du bassin de la Dordogne en vue de

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renforcer sa valeur, autrement dit de promouvoir un développement du territoire maîtrisé, partagé et donc durable.

Ce classement du bassin versant de la Dordogne présente deux particularités. La première est qu’il intéresse plus particulièrement la ressource en eau, les milieux aquatiques et péri-aquatiques et les usages de l’eau. La deuxième particularité réside dans l’importance du territoire couvert, à savoir les 24 000 km² du bassin versant où résident 1,2 millions d’habitants. Il proposera donc une gouvernance adaptée à la spécificité de chacune des parties de ce territoire.

Ce dossier de présentation décrit les richesses naturelles et culturelles du bassin versant, les activités et les enjeux, ainsi que les démarches d’information et de concertation mises en œuvre auprès des élus et des acteurs socio-économiques du territoire pour construire le projet de réserve de biosphère Bassin Dordogne. Il trace des pistes de gestion qui devront être consolidées avec chacune des parties prenantes, dans le cadre de la gouvernance précitée.

Cette initiative bénéficie du soutien de la grande majorité des parties prenantes : communes, communautés de communes, départements, régions et acteurs socio-économiques (pays, syndicats, fédérations de pêche…).

-Document 1- Situation du bassin de la Dordogne sur le territoire national et européen

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CHAPITRE 1 . C a r a c t é r i s t i q u e s p h y s i q u e s d u t e r r i t o i r e

La future réserve de biosphère s’étend sur une superficie de près de 24 000 km².

1.1. Situation (latitude et longitude)

Point cardinal Localisation géographique Localisation territoriale Altitude (NGF)

Point le plus septentrional 45°50'43,10" de latitude Nord Basville (Creuse) 813 m

Point le plus méridional 44°34'33,41" de latitude Sud Montgesty (Lot) 295 m

Point le plus oriental 2°57'33,13" de longitude Est Anzat-le-Luguet (Puy-de-Dôme) 1470 m

Point le plus occidental 0°38'0,89" de longitude Ouest Gauriac (Gironde) 5 m

Point central 45°12'23,88'' de latitude Nord 1°09'22,21'' de longitude Est

Nailhac (Dordogne) 354 m

(système de projection utilisé : WGS 84) -Document 3- Situation de la future réserve de biosphère

1.2. Régions biogéographiques

Etant donné sa superficie, le bassin versant de la Dordogne est constitué de deux régions biogéographiques principales et d’une région de transition :

- une région continentale est située à l’Est du bassin, entre l’Auvergne (Puy-de-Dôme et Cantal) et le Limousin (Corrèze). Elle est caractérisée par des forêts de conifères tempérées,

- une région atlantique est située à l’Ouest du bassin dans la partie aquitaine (Dordogne et Gironde). Elle est caractérisée par des forêts tempérées d’arbres à feuilles caduques,

- enfin, entre ces deux régions se dresse une région de transition dans la partie médiane du bassin de la Dordogne (Lot et Est de la Dordogne). Cette zone est un carrefour d’influences climatiques et de domaines floristiques subméditerranéens et atlantiques. La transition est également liée aux variations topographiques entre le secteur montagnard de l’amont du bassin et le secteur alluvial de l’aval. Cette écorégion se caractérise par des forêts de conifères tempérées, des forêts tempérées d’arbres à feuilles caduques et des forêts, bois et broussailles méditerranéens.

Le tableau ci-dessous détaille les grandes séries de végétations selon les étages climatiques et topographiques.

Etages Séries

Etage des bords des eaux Aulne (Alnus glutinosa) Frênes (Fraxinus angustifolia, Fraxinus oxyphylla) Saules (Salix alba, Salix atrocinerea)

Etage atlantique Chêne pédonculé (Quercus pedunculata) Chêne tauzin (Quercus pyrenaica)

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Etages Séries Pin maritime (Pinus pinaster)

Etage subméditerranéen Chêne vert (Quercus ilex) Chêne pubescent (Quercus pubescens)

Etage collinéen Chêne sessile (Quercus sessiflora)

Etage montagnard Hêtre (Fagus silvatica) Bouleau (Betula alba) Pin sylvestre (Pinus sylvestris) Sapin (Abies pectinata)

Etage subalpin Lande à Vaccinium uliginosum

-Document 4- Séries de végétation selon les étages climatiques et topographiques

1.3. Territoires, paysages et reliefs du bassin de la Dordogne

Le bassin versant de la Dordogne couvre une surface de 23 972 km². Le bassin de la Dordogne culmine au Puy de Sancy à 1886 mètres d'altitude. L’orientation générale du relief suit la direction du nord-est vers le sud-ouest. Les parties amont du bassin forment des plateaux ondulés entaillés par des vallées profondes aux pentes fortes. Les fonds de vallée étroits forment des gorges en plusieurs endroits (gorges de la Dordogne, de la Rhue, de la Cère, de la Vézère…). A la traversée du Quercy et du Périgord, les vallées s’élargissent et les versants deviennent plus abrupts. A l’aval, les vallées s’élargissent encore et les reliefs s’adoucissent pour former une grande plaine située à 30 m au-dessus du niveau de la mer. La Dordogne et la Garonne confluent à une altitude très proche de celle du niveau de la mer.

-Document 5- Cartographie du relief du bassin versant de la Dordogne

Cet hydrosystème est drainé par une rivière centrale, la Dordogne, qui naît de la jonction de la Dore et la Dogne à 1 658 m d’altitude, au pied du Puy de Sancy sur la commune du Mont Dore. Les dimensions de son bassin versant sont d'environ 280 km dans sa plus grande longueur et 150 km dans sa plus grande largeur. Deux bassins, d'orientation voisine, apportent leurs eaux sur cet axe et tous deux en rive droite : la Vézère et son affluent la Corrèze (15 % du bassin), puis dans la zone estuarienne, l'Isle et son affluent la Dronne (30 %du bassin).

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La métaphore du sourire de la France décrit joliment l'organisation générale de la Dordogne qui après avoir descendu les reliefs du Massif Central selon une direction globalement nord sud, s'incurve franchement vers l'ouest, jusqu'à la Gironde. Parcourant 475 km d'amont en aval, la Dordogne présente de nombreux visages tout au long de son tracé, et de ce fait, mérite l’appellation de torrent, de rivière et de fleuve ; bien qu’elle n’ait conservé un caractère torrentiel qu’en amont de la chaîne des grands barrages qui régule une partie de son cours.

Elle traverse des paysages très divers. Tout d'abord montagnard puis hydroélectrique, le fleuve devient lotois puis périgourdin. Viennent ensuite les paysages de grands méandres et ceux de la Dordogne girondine. Enfin la Dordogne devient fluvio-maritime avant de confluer avec la Garonne au bec d'Ambès, et former avec elle l’estuaire de la Gironde, plus grand estuaire d’Europe.

1.4. Climat, des volcans d’Auvergne à l’océan Atlantique

Le climat océanique domine. Il est nuancé par des influences montagnardes et continentales dans l’est et des remontées méditerranéennes provenant du sud. Il se caractérise donc par une opposition entre la zone du plateau central à l’est et le bassin aquitain à l’ouest.

Les massifs volcaniques du Mont-Dore et du Cantal, ainsi que leurs versants occidentaux, comptent parmi les centres de précipitations les plus importants de France. Leurs sommets servent de « râteaux » aux nuages humides en provenance de l’océan Atlantique, poussés par les vents dominants du Sud-Ouest, tandis que la différence de température amène des condensations abondantes sous forme de pluie ou de neige dont l’intensité varie avec l’altitude.

1.4.1. Le climat de l’amont du bassin versant de la Dordogne

Le climat de la partie amont du bassin de la Dordogne est de type continental. A l’est d’une ligne allant de Tulle à Aurillac, les hivers sont froids et secs et les chutes de neige fréquentes. Les étés sont tempérés et peuvent être traversés par des orages parfois violents.

Les principaux éléments marquants du relief ayant un impact hydrologique sont le plateau de Millevaches qui constitue une première barrière aux flux océaniques avec un versant ouest plus arrosé (Haute Vézère et Haute Corrèze) et un versant est sensiblement moins arrosé (bassin versant de la rive droite de la Haute Dordogne). Le second maximum de ces précipitations orographiques s'observe sur le Mont Dore et sur le Puy Mary avec des nuances hydrologiques selon l'orientation des différentes vallées qui drainent le cône volcanique.

Ainsi, les précipitations atteignent annuellement 2 000 mm au-dessus des Monts-Dore et des Monts du Cantal alors que sur le nord du bassin, où l’altitude est plus faible, les précipitations sont de l’ordre de 900 mm/an. La neige est généralement présente sur les massifs entre décembre et mars. L’enneigement constitue un stock d’eau important et la fonte nivale influence fortement les débits (augmentation au printemps).

En hiver, le vent du nord appelé « écir » est à l’origine de tempêtes de neiges spécifiques des monts d’Auvergne. La circulation sur les hauteurs devient dangereuse et parfois impossible. De nombreux cols sont alors fermés, comme le col de la Croix Saint-Robert dans les Monts-Dore ou le Pas de Peyrol dans les Monts du Cantal.

Sur les massifs volcaniques, les températures sont relativement basses en hiver (entre 6-8°C en moyenne) et douces en été (entre 12-15°C en moyenne). Le plateau des Combrailles (au nord du bassin amont) présente par contre des variations de températures estivales et hivernales plus réduites (entre 10-12°C en hiver et 15-18°C en été).

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1.4.2. Le climat de l’aval du bassin versant de la Dordogne

L’aval du bassin connaît un climat océanique marqué. Les hivers sont doux, les printemps sont très pluvieux et les étés fort secs, avec des températures estivales chaudes. L’automne est la saison la plus douce.

Le climat évolue d’Ouest en Est, notamment en amont de Bergerac avec une influence plus sensible du relief. Cette influence se traduit par des précipitations variant avec l’altitude. De 600 mm d’eau par an, en-dessous de 250 m d’altitude, à des précipitations plus importantes et des températures plus fraîches vers Bergerac, où la pluviométrie moyenne s’établit à environ 800 mm (112 jours de précipitations par an).

Quant aux vents dominants, ils viennent du golfe de Gascogne (vents d’ouest) et du Nord.

Les températures varient de 6 à 10°C, pour les plus basses, à 27°C pour les plus élevées. La température moyenne relevée est de 12,5 °C. Les brouillards sont assez fréquents et persistants en automne et en hiver dans la vallée de la Dordogne1.

1.4.3. Les stations météorologiques

Le réseau des stations météorologiques sur le bassin de la Dordogne est moyennement dense au regard du réseau français. Différents types de stations existent, gradués de 0 à 5 selon le niveau de disponibilité et de relevé des données. Les stations de type 0 sont des stations professionnelles qui effectuent des observations sur place, quotidiennes et régulières, avec du personnel formé à cet effet.

Sur le bassin versant de la Dordogne, 6 stations météorologiques de ce type permettent de relever des données climatiques fiables : 4 sont directement situées sur le bassin (Aurillac -15, Brive-la-Gaillarde -19, Gourdon -46, Bergerac -33) et 2 à proximité (Clermont-Ferrand -63, Mérignac -33).

Les données recueillies par ces stations sont présentées dans les trois tableaux et diagrammes ombrothermiques :

- de 1971 à 2000 pour les précipitations et les températures - et de 1991 à 2000 pour l’ensoleillement.

Températures (1971/2000) : moyennes mensuelles (en °C) Clermont-

Ferrand (63) Aurillac (15) Brive-la-Gaillarde

(19) Gourdon

(46) Bergerac

(24) Mérignac

(33)

min max min max min max min max min max min max

Janvier -0,3 7,3 -1,1 6,4 0,6 8,8 1,5 8,5 1,3 9,3 2,8 10,0

Février 0,5 9,3 -0,6 7,8 1,6 10,6 2,1 10,6 1,8 11,3 3,4 11,7

Mars 2,2 12,5 0,9 10,4 3,2 14,1 3,5 13,6 3,0 14,3 4,6 14,5

Avril 4,1 14,8 2,8 12,7 4,6 16,6 5,5 16,0 5,1 16,7 6,6 16,5

Mai 8,2 19,2 6,8 16,9 9,1 17,2 9,1 20,2 9,1 20,8 10,3 20,5

Juin 11,2 22,5 9,4 20,2 12,6 23,7 11,6 23,3 12,1 24,1 13,0 23,5

Juillet 13,4 25,9 11,7 23,5 13,5 26,7 13,9 26,7 14,1 27,1 15,1 26,4

Août 13,2 25,8 11,6 23,5 14,8 26,6 13,9 26,5 13,6 27,1 15,2 26,6

Septembre 10,3 22,2 8,7 20,1 12,5 23,5 11,3 23,1 10,8 23,8 12,5 23,7

Octobre 7,1 16,9 5,9 15,3 7,4 18,5 8,5 18,0 8,1 18,8 9,5 18,8

Novembre 2,6 11,0 1,8 10,0 3,0 12,6 4,2 12,0 4,0 12,8 5,5 13,4

Décembre 0,7 8,2 0,0 7,6 2,4 9,8 2,5 9,4 2,2 10,1 3,8 10,7 Moyenne totale 6,1 16,3 4,8 14,5 7,1 17,4 7,3 17,3 7,1 18 8,5 18

source: Météo France 1 Les températures présentées dans ce paragraphe sont des moyennes mensuelles.

Page 17: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

17

Pluviométrie (1971-2000) : cumul mensuel moyen (en mm)

Clermont-Ferrand (63) Aurillac (15)

Brive-la-Gaillarde

(19) Gourdon (46) Bergerac

(24) Mérignac

(33)

Janvier 28,7 96,4 65,4 67,5 51,5 92,0

Février 26,8 100,0 69,3 68,1 62,7 82,6

Mars 26,4 87,6 47,0 63,2 42,0 70,0

Avril 44,6 111,3 92,4 78,2 79,9 80,0

Mai 85,3 126,6 84,6 93,2 68,3 83,8

Juin 64,4 93,8 75,1 81,3 72,8 63,8

Juillet 53,6 70,6 61,7 59,6 53,3 54,5

Août 67,2 78,8 70,8 67,2 65,6 59,5

Septembre 64,3 105,7 90,2 75,7 79,1 90,3

Octobre 53,1 125,8 95,8 82,4 71,2 94,0

Novembre 38,1 107,2 89,8 72,3 80,3 106,8

Décembre 33,3 128,2 75,5 74,6 81,5 106,7 Moyenne totale 585,5 1232 917,6 883,3 808,2 984

source: Météo France

Ensoleillement (1991-2000) : Cumul mensuel moyen (en heures)

Clermont-Ferrand

(63) Aurillac

(15) Brive-la-Gaillarde

(19) Gourdon

(46) Bergerac

(24) Mérignac

(33)

Janvier 86 118 101 113 95 107

Février 114 130 114 122 112 114

Mars 163 191 181 185 181 180

Avril 174 174 174 176 176 177

Mai 203 218 219 221 218 222

Juin 206 219 220 223 218 225

Juillet 246 266 250 257 243 243

Août 249 259 252 258 249 243

Septembre 182 192 183 191 183 183

Octobre 122 136 126 134 127 134

Novembre 85 94 82 90 88 91

Décembre 69 89 75 84 76 72

source: Météo France

-Document 6- Tableaux des normales saisonnières sur 6 stations météorologiques situées dans ou à proximité du bassin versant de la Dordogne

Page 18: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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-Document 7- Diagrammes ombrothermiques des normales saisonnières sur 6 stations météorologiques situées dans ou à proximité du bassin versant de la Dordogne

Page 19: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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1.4.4. Le climat et l’hydrologie

La Dordogne et ses affluents se caractérisent par un régime hydrologique particulièrement inégal. Les eaux les plus abondantes arrivent en automne et en hiver avec des montées très brusques dues aux pluies. Elles commencent à décroître en mars, se soutiennent un moment avec la fonte des neiges ou les pluies du printemps. Les trois mois d’été les laissent très appauvries, mais il suffit d’un orage pour les voir multiplier leur débit. La Dordogne a un régime pluvio-nival à tendance océanique. Son régime est fortement influencé par ses affluents et notamment par la Vézère qui a un régime torrentiel. L’Isle présente pour sa part un régime pluvial-océanique.

Bien que la climatologie et la pluviométrie aient une influence directe sur l’hydrologie des cours d’eau, la chaîne de barrages hydroélectriques a entraîné d’importantes modifications des régimes naturels. Avant leur implantation, l’hydrologie se traduisait par une période d’étiage général, suivie de grandes crues qui répercutaient à l’aval les intempéries subies par la haute vallée. Ainsi, la fréquence des crues petites et moyennes a fortement diminué et l’étiage est largement soutenu sur les grands cours d’eau du bassin versant.

1.4.4.1. Les crues

Sur les grands axes du bassin versant, les débits commencent à s’accroître en octobre, pour parvenir à leur maximum en janvier, février et parfois en mars. Les crues se produisent d’ordinaire à la fin de l’hiver quand les terrains de l’amont sont saturés d’humidité et que la pluviométrie est importante. Environ trois quarts des crues annuelles ont été mesurées sur les mois de décembre à mars. Bien que plus rares, les fortes crues printanières, estivales et automnales, peuvent également se produire sur le bassin versant.

La réponse hydrologique aux sollicitations pluviométriques peut prendre des formes diverses sur l’ensemble du territoire. Les crues sont lentes sur la Dordogne, l’Isle et la Dronne et durent trois à quatre jours. Sur la Dordogne, elles peuvent être grossies par de fortes proportions de pluies et de neiges tombées sur l’Auvergne occidentale et le Limousin oriental. Sur la Vézère, les crues sont plus rapides et durent à peine plus d'une journée.

L'événement historique le plus fort du 20esiècle sur la Dordogne, l’Isle et la Dronne, d’une fréquence comprise entre la crue trentennale et la cinquentennale remonte au 10 décembre 1944. Cette inondation a marqué les esprits en raison de son caractère généralisé. Toutes les rivières du bassin étaient en crue. Le bassin de la Vézère, quant à lui, a été particulièrement marqué par la crue d'octobre 1960 qui a dépassé la crue de 1944 de près de 300 m3/s. Cette inondation a causé 7 morts et 13 millions d’euros de dégâts. La crue de juillet 2001, plus récente mais moins dommageable, a toutefois surpris les populations par sa survenue en été. Elle a inondé de nombreux campings et causé environ 3 millions d'euros de dommages.

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-Photographie 1- La Dordogne en crue, mars 2007

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Globalement, depuis la construction des grands barrages à l’amont de la Dordogne à la moitié du XXe siècle, les crues ordinaires ont été confisquées par la production d’hydroélectricité. En effet, en retenant l’eau, ils atténuent la montée des eaux et suppriment ainsi les petites et moyennes crues. Les crues qui se produisent aujourd'hui sont donc principalement des événements exceptionnels.

1.4.4.2. Les étiages

Dépendant des conditions climatiques sur le bassin de la Dordogne, l’étiage s’observe la plupart du temps en été et peut se prolonger jusqu’aux mois de septembre, octobre, voire novembre selon les années. Il correspond avant tout à une situation naturelle, due à une baisse des pluies et à des températures élevées, bien qu’il soit parfois accentué par des pressions anthropiques (destructions de zones humides, rectifications de cours d’eau, prélèvements excessifs pour divers usages). Les étiages diffèrent selon les cours d’eau du bassin de la Dordogne.

Les axes Dordogne, Vézère et Corrèze bénéficient d’une réalimentation par les ouvrages hydroélectriques du haut bassin, qui viennent relever les débits en période d’étiage. C’est particulièrement vrai pour la rivière Dordogne, sur laquelle sont présents des barrages avec une capacité de stockage de plus d’1 milliard de m3. Ces ouvrages ont pour vocation unique de produire de l’énergie, mais ils participent aussi indirectement à soutenir l’étiage car ils délivrent un débit garanti de 10 m3/s à Argentat alors qu’il pourrait descendre naturellement à 3 m3/s.

La rivière Dronne dispose quant à elle d’un ouvrage construit dans les années 1990 avec une réserve de 5 millions de m3 d’eau dont la fonction spécifique est de soutenir l’étiage. Malgré un volume conséquent, cet ouvrage n’évite pas l’apparition de situations de crise, comme en 2005, où les seuils d’alerte (Débit Objectif d’Etiage –DOE, Débit de Crise –DCR) ont quand même été franchis.

Enfin, les situations les plus problématiques se rencontrent sur les petits affluents qui atteignent chaque année des niveaux critiques. Ces rivières sont fragiles pour plusieurs raisons : un débit naturel faible, une hydrogéologie particulière avec des pertes et résurgences, des aménagements et des recalibrages qui ont détruit leur équilibre hydrologique.

1.5. Géomorphologie, hydrogéologie, sols

1.5.1. Une histoire géomorphologique longue de 400 millions d’années

A l’ère Primaire, une chaîne de montagne s’édifie, elle est désignée sous le nom de chaîne hercynienne. L’évolution des reliefs se traduit par des glissements et des transformations qui affectent les dépôts sédimentaires du début de l’ère Primaire. Une activité magmatique intense accompagne la surrection de la chaîne hercynienne et se traduit par la mise en place de corps granitiques (-360 à -345 millions d’années). A la manière d’une onde, le plissement hercynien se propage vers le nord et le sud (-345 à-280 millions d’années). A l’ère Secondaire, les reliefs hercyniens sont fortement usés et aplanis. Il ne subsiste de la chaîne qu’une pénéplaine. Ces terrains forment ce que les géomorphologues appellent le « socle » et sont visibles en de nombreux points d’affleurement dans la région de Clermont-Ferrand.

Entre la fin du Primaire et le début du Secondaire (-280 à -195 millions d’années), une intense phase d’érosion et de sédimentation se déroule. Au Jurassique (-195 à -140 millions d’années), s’ensuit une hausse du niveau marin (phase de transgression marine) provoquant la sédimentation de calcaires, des marnes et des grès. Alors que le phénomène d’érosion se poursuit, une nouvelle invasion des eaux marines sur les terres émergées se produit au Crétacé supérieur (-91 à 65 millions d’années). Ce phénomène est à l’origine de la formation des célèbres calcaires jaunes de Domme, Beynac, La Roque-Gageac, Les Eyzies. Les massifs calcaires du Quercy et du Périgord sont nés.

Page 21: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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Au Secondaire, le « bassin » aquitain est sous la mer et les Pyrénées s'érodent lentement. C’est à partir du Tertiaire (-65 millions d’années) que les Pyrénées se rehaussent par l'encastrement de la plaque ibérique (poussée par l'Afrique). Les couches sédimentaires se plissent, donnant naissance à des monts calcaires. La mer se retire progressivement et laisse apparaître le Bassin aquitain au Miocène (vers -25 millions d’années). A cette même période, l’activité volcanique s’intensifie par contrecoup du soulèvement alpin.

Au début du Quaternaire (-2 millions d’années), l’activité des volcans se poursuit, tandis que l’océan Atlantique se retire sous l’effet des premières glaciations. La vallée entame alors sa formation. L’abaissement du niveau marin engendre un dénivelé plus important qui va se propager de l’aval vers l’amont (érosion régressive) et creuser la basse vallée. Cette élévation du haut bassin augmente la pente de la rivière et lui donne une énergie nouvelle. A la même période, l’érosion glaciaire des Monts Dore et du Cantal fournit une charge caillouteuse à la Dordogne, qui accroît également son pouvoir érosif. Le réseau hydrographique prend alors sa forme actuelle sous l’effet de poussées exercées par l’érection des Alpes. Le socle d’âge primaire du Massif Central se fracture et laisse apparaître les premiers volcans : massif du Cantal (-22 millions d’années), Cézallier (-7 millions d’années), puis Monts Dore (-4,8 millions d’années). Evoluant avec les glaciations et les variations du niveau marin du Quaternaire, le lit de la Dordogne va se creuser et se modeler, dégageant des terrasses, des falaises, abandonnant des méandres.

1.5.2. Les formations hydrogéologiques du bassin versant de la Dordogne

La moitié orientale du bassin de la Dordogne repose sur les formations cristallines et métamorphiques du Massif Central. Les Monts du Cantal et les Monts Dore sont issus du volcanisme des ères tertiaire et quaternaire. Les glaciers du quaternaire ont érodé ces massifs de façon intense laissant derrière eux des moraines et des vallées à fond plat. La partie médiane du bassin est constituée de calcaires de l’ère secondaire, très durs, cassants et dont la composition, sous l’effet de l’eau, favorise la création de galeries souterraines (réseaux karstiques). Des formations tertiaires se trouvent dans la partie occidentale, principalement composée de calcaires, de marnes, de sables et de molasses sur lesquelles reposent des alluvions récents dans les fonds de vallée.

-Document 8- Géologie du bassin versant de la Dordogne

Page 22: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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1.5.2.1. Les formations cristalline et volcanique du Massif Central et ses contreforts

La vigueur du relief volcanique des Monts Dore favorise le ruissellement des eaux de pluie et de neige qui vont grossir le lit des cours d’eau. Une petite partie s’infiltre tout de même, rejoignant des nappes souterraines d’où naîtront les sources de montagne. Cette double alimentation des ruisseaux assure un écoulement de surface quasi permanent.

Domaine du granite et des micaschistes, le socle cristallin du Massif Central forme un vaste plateau sur lequel les rivières ont creusé des gorges profondes. Les molles ondulations du relief engendrent sur cette surface imperméable de nombreuses zones humides. Les eaux qui s’infiltrent dans la partie superficielle altérée (arène sableuse) ressortent après un court trajet sur les versants de ces zones humides, drainant à travers le plateau un chevelu de ruisseaux très dense (0,9 km/km2). En profondeur, les fissures et fractures facilitent la circulation de l’eau. Cette zone pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur, représente un potentiel de sources abondantes (débit de plusieurs m3/h).

Ce secteur comprend le bassin amont de la Dordogne jusqu’à Carennac (Lot), le bassin de la Corrèze, de la Vézère amont, ainsi que les hauts bassins de l’Auvézère, de l’Isle et de la Dronne.

1.5.2.2. La zone karstique : un des réseaux souterrains les plus long au monde

Les plateaux calcaires jurassiques sont entaillés par la vallée de la Dordogne qui les compartimente en causses, dits de Martel et de Gramat. Les écoulements superficiels y sont très réduits car l’eau disparaît en profondeur à travers les cavités creusées dans le calcaire des causses. Ce phénomène s’explique par l’intense karstification à laquelle ils sont soumis depuis le Quaternaire. En effet, les eaux d’infiltration chargées de CO2 deviennent faiblement acides. Guidées par la fracturation, elles provoquent une très lente dissolution des roches calcaires. Associés à des processus d’érosion mécanique et d’effondrement, ces phénomènes de corrosion propres au karst, créent un relief typique : vallées sèches, dolines, buttes, pertes et résurgences, rivières souterraines, grottes, gouffres et cavités de falaises.

Les vallées sèches (combes en occitan) sont des vallées privées de drainage superficiel (absorption des eaux dans le sous-sol). Elles forment un chevelu hydrographique remarquable qui se raccorde en aval aux

vallées bordières, en incisant profondément les calcaires. Désorganisées en amont par la présence de dolines – petites dépressions subcirculaires creusées à la surface du calcaire (appelées cloups dans le Lot) – et par un modelé confus de buttes (pechs), elles constituent l’élément majeur du paysage caussenard.

Le karst se caractérise également par un système de pertes et résurgences. De nombreux ruisseaux provenant de terrains imperméables du Limargue disparaissent au contact des calcaires dans des cavités établies parfois le long de vallées aveugles (Thémines), ou brutalement au pied de la corniche calcaire (Réveillon), voire dans des fissures impénétrables (Alzou). En périphérie du causse, les résurgences (Saint-Georges, une des réapparitions des eaux de Padirac) restituent les écoulements de ces pertes. Les liaisons ont été établies par des expériences de traçage, et plus rarement, par l’exploration spéléologique. Par ailleurs, de nombreuses sources, les exsurgences, drainent les eaux collectées exclusivement dans le karst.

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-Photographie 2- Stratification d’un relief karstique, Gorges de l’Alzou (Lot)

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Les rivières souterraines circulent dans des conduits parfois très vastes, entrecoupés de chaos et établis suivant les discontinuités des calcaires. Elles drainent les écoulements issus des pertes et les infiltrations du causse vers les résurgences suivant des modalités hydrodynamiques propres aux systèmes karstiques concernés, dans lesquels se développent les grands réseaux spéléologiques (Padirac, 37 km ; les Vitarelles, 17 km).

Plusieurs centaines de grottes (crozes) et de gouffres (igues), de faible développement, mais parfois abondamment concrétionnés, attestent les paléo-circulations de l’ère tertiaire sans relation, sauf recoupement accidentel, avec les rivières souterraines sous-jacentes. En Périgord noir, le calcaire gréseux favorise l’exubérance de concrétions fines de calcite translucide (grotte du Grand Roc, grotte du Maxanges).

Enfin, les cavités de falaises, comme celles du Sarladais, qui bordent la Dordogne (Domme, La Roque-Gageac, Beynac), ont recoupé d’anciennes circulations de drainage local, mettant au jour d’innombrables entrées de cavités bien souvent aménagées par l’homme au cours des siècles : forts troglodytiques, pigeonniers...

1.5.2.3. La vallée alluvionnaire de la Dordogne

C’est après Lalinde, mais avant Bergerac, au niveau de Creysse-Mouleydier, que la Dordogne fait son entrée dans la plaine alluvionnaire. La pente s’amoindrit et la physionomie de la rivière change : un vaste couloir alluvial se dessine jusqu’à l’océan. Perdant ses forces, elle s’étale en décrivant de nombreux méandres et dépose des bancs de sables et de galets qui constituent des terrasses abritant de nombreuses nappes alluviales.

Les ressources en eau souterraine de la vallée sont nombreuses sur ce territoire et sont liées aux différentes formations aquifères présentes :

- formations molassiques de la Dordogne notamment au sud de Bergerac, - calcaires, grès et sables du Crétacés, - calcaires de l’entre-deux mers, - formations alluviales de la Dordogne.

Les formations alluviales de la Dordogne constituent un important réservoir aquifère subordonné à la rivière. Les relations entre la nappe et la rivière sont variées et complexes : nappe perchée au-dessus de la rivière à l’est de Bergerac, rivière en relation directe avec la nappe ou plus ou moins isolée par les argiles flandriennes (partie aval), impact des marées… Cet aquifère est exploité pour l’irrigation des terres agricoles et la production d’eau destinée à la consommation humaine.

Le régime hydrologique de la Dordogne dans la vallée alluvionnaire est de type pluvial avec des hautes eaux hivernales et printanières et un étiage souvent sévère. Le débit moyen annuel à Bergerac est de 280 m3/s. La crue maximale est celle du 15 janvier 1962 avec 2600 m3/s.

A Pessac-sur-Dordogne, le début de l’influence de la marée se fait sentir, mais le phénomène d’inversement des écoulements n’intervient vraiment qu’à l’aval de Castillon-la-Bataille. Cette limite correspond également à celle du bouchon vaseux. Phénomène complexe, le bouchon vaseux résulte de la remise en suspension de particules lors de la rencontre entre l’eau de mer salée et l’eau douce continentale. Il peut entraîner une altération de la qualité de l’eau, notamment une baisse de la teneur en oxygène dissout. Il peut avoir comme conséquence extrême des mortalités importantes de la faune et de la flore, d’autant qu’il se densifie depuis plusieurs années. Enfin, le mascaret constitue la dernière composante hydrologique originale de la Dordogne. Ce phénomène spectaculaire se produit lors de la conjonction d’une forte marée montante et d’un faible débit du fleuve.

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1.5.2.4. Les hydroécorégions

Les hydroécorégions, définies par le CEMAGREF en 2002, sont basées sur des critères combinant des éléments de géologie, de relief et de climat, universellement reconnus comme les déterminants primaires du fonctionnement des écosystèmes d’eau courante. Un découpage régional fondé sur l'homogénéité de ces éléments permet ensuite de définir des ensembles de cours d'eau présentant des caractéristiques physiques et biologiques similaires, à gradient équivalent d'évolution longitudinale.

Les hydroécorégions ont constitué un des deux éléments de définition des types de masses d’eau, créés par la Directive Cadre Eau (DCE) et pour lesquels sont fixés les objectifs d’atteinte du bon état écologique. En effet, la délimitation des types de masses d’eau s’est appuyée sur l’appartenance d’un cours d’eau (ou d’un tronçon de cours d’eau) à une hydroécorégion, et sur la taille de ce cours d’eau (ou du tronçon) et donc sur sa place dans le réseau hydrographique (rang de confluence de Strahler).

Quatre hydroécorégions (HER) sont situées sur le bassin versant de la Dordogne : - la zone « Massif Central Sud », elle-même décomposée en deux secteurs : Hautes Terres

Volcaniques Humides et Massif Central versant occidental, - la zone « Massif Central Nord », elle-même décomposée en deux secteurs : Hautes Terres

Limousines et Massif Central Plateau Limousin, - la zone « Causses Aquitains », elle-même décomposée en deux secteurs : Causses du Quercy et

Collines Calcaires de Dordogne (Cahors), - et la zone « Coteaux Molassiques Nord Aquitaine ».

-Document 9- Les hydroécorégions du bassin versant de la Dordogne

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1.6. Une hydrographie dense

Le réseau hydrographique comprend un peu plus de 22 000 km de cours d'eau (recensés dans la BD Carthage). Sa configuration résulte de la climatologie, de la géomorphologie et de l’hydrogéologie

Les tableaux et la carte ci-dessous présentent les principales caractéristiques du réseau hydrographique du bassin de la Dordogne.

Affluents Rive Droite Affluents Rive Gauche

Haute Dordogne

Le Chavanon La Diège La Triouzoune La Luzège Le Doustre La Souvigne La Ménoire

La Rhue La Sumène L’Auze La Maronne

Moyenne Dordogne

La Sourdoire La Tourmente La Borrèze L’Enéa La Cuze Le Moulan La Vézère

La Cère La Bave L’Ouysse La Germaine Le Céou La Nauze La Couze

Basse Dordogne

Le Caudeau L’Eyraud L’Estrop La Lidoire L’Isle

La Gardonnette L’Engranne Le Gestas La Laurence

-Document 10- Les principaux affluents de la rivière Dordogne

Bassin Superficie (km²) Linéaire de cours d'eau (km)

Densité du réseau (km/km²)

Dordogne à Carennac 6 960 7 565 1,09

Dordogne de Carennac à Bergerac hors Vézère 3 348 1 716 0,51

Dordogne de Bergerac au bec d'Ambès hors Isle et Dronne 2 346 2 163 0,92

Vézère hors Corrèze 2 574 2 087 0,81

Corrèze 1 158 2 652 2,29

Isle hors Dronne 4 786 3 676 0,77

Dronne 2 800 2 160 0,77

Total bassin 23 972 22 019 0,92

-Document 11- Le réseau hydrographique du bassin de la Dordogne en chiffres

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CHAPITRE 2 . C a r a c t é r i s t i q u e s b i o l o g i q u e s : u n e d i v e r s i t é u n i q u e e n E u r o p e

2.1. Contribution à la conservation des paysages

Du Puy-de-Sancy où elle prend sa source jusqu’au Bec-d’Ambès en Gironde, la rivière Dordogne anime et irrigue des paysages variés, façonnés au cours des millénaires par les activités humaines et notamment par l’agriculture. Bien que peu visibles en dehors des lieux de traversée ou des points de vue exceptionnels, les paysages révèlent leurs multiples identités au fil de l’eau. Le descriptif des paysages présenté dans ce chapitre est issu du Plan Paysage réalisé en 1995 par une équipe de chercheurs du CNRS.

2.1.1. La Dordogne cristalline

Elle se caractérise par l’étroitesse de la vallée : celle-ci est le plus souvent encaissée entre deux versants abrupts et la rivière est isolée du paysage alentour.

2.1.1.1. Les Sources

La Dordogne prend sa source dans le vaste cirque du Puy-de-Sancy, d’où la vue est infinie vers tous les horizons et surtout vers l’ouest. C’est tout le Massif central qui est visible depuis le Puy-de-Sancy, avec ses formes volcaniques et le moutonnement sans fin bleuté des forêts et des prairies.

La Dore et la Dogne qui se sont rencontrées après un cours argenté forment un petit torrent de montagne qui dévale les rochers au milieu d’une flore riche et colorée : pensées sauvages, gentiane qui laisse émerger au-dessus des prairies ses hautes hampes florales jaunes.

Le point de rencontre de ces deux ruisseaux rompt cependant cette image bucolique : ils sont canalisés dans deux buses de ciment comme une partie du cours inférieur du torrent nommé désormais Dordogne.

2.1.1.2. Les Gorges d’Avèze

La Dordogne est peu visible depuis les plateaux campagnards aux alentours d’Avèze et de Messeix. D’une part parce que l’entaille qu’elle a creusée dans le granit est profonde, d’autre part en raison de la couverture forestière épaisse des versants. Sur les pentes des gorges d’Avèze, les signes d’une occupation plus agricole disparue apparaissent au milieu des friches et des reboisements les plus jeunes : vestiges de prairies et de bâtiments.

Au sommet des versants des gorges, sur le plateau, c’est un paysage de campagne pastorale alternant avec les bois qui s’offre au regard : prairies de fauche, haies, murets qui abritent des jardins vivriers ou des vergers, étables aux toits de lauze, composées d’un étage inférieur et d’une grange accessible par une rampe extérieure, maisons d’habitations en pierres.

-Photographie 3- Les sources de la Dordogne (Puy-de-Dôme)

P.La

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Page 28: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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2.1.1.3. Le lac de Bort-les-Orgues

Malgré des versants forestiers, le lac de Bort-les-Orgues offre un paysage qui contraste avec le précédent par son ampleur. Les panoramas nombreux offrent le spectacle des eaux bleues enchâssées dans une entaille de verdure et de rochers. Ce spectacle est vaste, les horizons souvent infinis. La présence de monuments historiques remarquables comme le château de Val et le prieuré de Port-Dieu ajoute un caractère supplémentaire à ce paysage qui pourrait presque passer pour naturel. Les aménagements présents sur les bords du lac confirment la vocation touristique de ce site magnifique.

2.1.1.4. Les lacs des barrages de Marèges et de l’Aigle

La géologie a imposé une fantaisie au cours de la Dordogne qui change de direction, tourne vers le nord-ouest avant de replonger vers le sud lors d’un méandre serré. La rivière reprend d’abord l’aspect de gros torrent de moyenne montagne après Bort-les-Orgues puis redevient lac sous l’effet du barrage de Marèges.

Depuis le plateau, la vue passe sans obstacle au-dessus des gorges de la Dordogne. Il faut emprunter des routes sinueuses pour avoir une vue sur la rivière et sur le lac. Le spectacle devient alors grandiose, abrupt, sauvage. Le belvédère de Gratte-Bruyère est propice à la contemplation : la Dordogne devenue un lac enchâssé dans la roche et la forêt de châtaigniers, de chênes ou de pins cède parfois la place à une lande de bruyères ou de genêts.

2.1.1.5. Le lac du barrage de Chastang

Cette unité de paysage reproduit dans une observation rapide, celle du lac du barrage de l’Aigle. L’inaccessibilité aux rives du lac reste la règle où les paysages encore sauvages et sombres en deviennent presque inquiétants. Seuls deux villages, Spontour et Aynes sont installés le long de la seule route qui longe, sur quelques kilomètres, la rive du lac.

2.1.1.6. Le lac du barrage de Sablier, vers la Dordogne quercynoise

Si l’amont de ce lac, beaucoup moins long dans son cours, reste proche de l’ambiance des lacs supérieurs de par ses caractères paysagers, l’aval annonce un paysage plus ouvert et moins sauvage, où la présence humaine l’emporte sur la nature apparente. A l’amont, le lac est encore enchâssé entre deux versants abrupts, couverts principalement de forêt, avec cependant parfois quelques signes d’une activité agricole déclinante, tandis que la transition vers la Dordogne quercynoise s’amorce subtilement. Quelques noyers font leur apparition.

A l’aval, la transition est plus nette : le lac est plus large, les versants s’affaissent, la lumière est plus intense et l’activité agricole est plus présente. Jardins et vergers de noyers bordent le lac tandis qu’émergent les premiers complexes touristiques.

2.1.1.7. D’Argentat à Beaulieu, la Dordogne entre Massif Central et Quercy

La véritable transition entre la Dordogne cristalline du Massif Central et le Quercy est là. La vallée est toujours caractérisée par des versant pentus et élevés, mais ses formes sont désormais beaucoup plus marquées, proches de celles que la rivière a ménagées dans le calcaire quercynois : les faces concaves des méandres sont des falaises qui tombent dans la Dordogne, les faces convexes laissent apparaître des terrasses occupées par des cultures et des prairies.

-Photographie 4- Monestier-Port-Dieu, site de La Vie (Corrèze)

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-Photographie 5- Le port d’Argentat (Corrèze)

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L’activité se fait plus dense. Près d’Argentat, l’extraction de sable et graviers a ouvert un vaste chantier sur la terrasse de la Dordogne. Ailleurs, c’est l’exploitation forestière, avec des coupes ou des plantations récentes tandis que l’urbanisation s’intensifie, surtout près d’Argentat et de Beaulieu.

Ces deux bourgs traditionnels font figure de portes d’entrée amont et aval dans la vallée. Argentat aux toits de lauze s’organise soigneusement le long de la Dordogne, avec ses quais pavés en rive droite et ses belles maisons tournées vers la rivière. C’est son architecture qui marque la véritable transition entre la Dordogne cristalline du Massif Central et le Quercy : maisons trapues et massives, toits à double pente, clochetons à section carrée. Ce sont aussi, d’Argentat à Beaulieu, les prairies qui éclaircissent, çà et là, la forêt, ou qui descendent jusque sur les terrasses des méandres de la Dordogne.

2.1.2. La Dordogne quercynoise et périgourdine

La vallée de la Dordogne est dissymétrique : les vues vers le nord sont étendues, lointaines, se perdant dans des horizons de collines dont l’altitude croît avec l’éloignement. Au sud, la rive de la Dordogne est caractérisée par un coteau beaucoup plus marqué, devenant parfois falaise baignée par les eaux ou quelquefois en retrait, surplombant une pente assez raide au-dessus de la rivière. L’agriculture alterne entre vergers de noyers, cultures de fraises sous serre, maïs et tabac. L’habitat est caractéristique du Quercy.

2.1.2.1. De Biars-sur-Cère à Saint-Denis-lès-Martels et Floirac, la Dordogne quercynoise

A partir de Biars-sur-Cère, la Dordogne qui suivait un cours orienté vers le sud se tourne vers l’Atlantique. C’est le moment où le calcaire des Causses imprime aux paysages une configuration particulière, où les falaises grises ou jaunâtres surplombent la rivière, où l’architecture définit un modèle reconnu au-delà des frontières françaises, où la densité des châteaux et des grands sites fournit à la vallée ses caractéristiques emblématiques.

2.1.2.2. De Saint-Denis-lès-Martels à Cazoulès, un vis-à-vis alterné de cingles rocheux et de terrasses agricoles, prémices de la Dordogne périgourdine

Le paysage comporte une succession de cingles bien formés, aux falaises abruptes de calcaire, et de terrasses alluviales en collines entre lesquelles la Dordogne serpente, parfois en plusieurs bras, donnant quelquefois l’impression de disparaître du décor.

L’habitat s’est souvent installé en villages plus ou moins diffus sur les terrasses, en retrait de la Dordogne, à l’abri des inondations. Des avant-postes existent sur la Dordogne qui permettaient les échanges locaux et les apports de marchandises d’origine plus lointaine par les gabares. Les châteaux et demeures imposantes aux détails de construction soignés affirment la transition entre le Quercy et le Périgord.

L’agriculture se concentre en fond de vallée et sur les terrasses, alors que les coteaux se couvrent de boisements denses soumis à l’activité forestière ; vastes coupes ou reboisements sont facilement repérables sur les pentes.

2.1.2.3. De Cazoulès à Groléjac, une végétation rivulaire dense

Entre Cazoulès et Groléjac, la structure géologique impose un lit rectiligne et régulier où la Dordogne tente quelques velléités de divagation, qui ont laissé des traces assez nombreuses : des bras morts (appelés couasnes localement) aux rives envahies par une végétation

-Photographie 6- Belvédère de Copeyre (Lot)

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-Photographie 7- Bras mort de Calviac (Dordogne)

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très diverse, vestiges d’un ancien méandre de la Dordogne. Ils constituent des lieux importants pour la reproduction des poissons.

2.1.2.4. De Groléjac à Beynac, la Dordogne des grands cingles

La courbe empruntée par la Dordogne après Groléjac engage la rivière dans un paysage emblématique de la vallée : celle des grands cingles majestueux. L’occupation humaine y a été diverse, mais elle a exploité les qualités d’exposition qu’offrent ces sites façonnés par la rivière : le promontoire, par sa situation stratégique, est réservé au château, la falaise à un habitat médiéval de village plus ou moins troglodytique, la plaine à l’activité agricole et la rivière à la navigation.

La configuration du cingle trouve son expression la plus claire à Montfort : vaste espace dominé par le château, où la rivière dessine avec précision une courbe harmonieuse et où la plaine est réservée aux plantations de noyers et à l’élevage des oies et des canards.

Depuis le château de Castelnaud-la-Chapelle, la vue sur la vallée permet une lecture vertigineuse du paysage. Les versants, couverts de forêts dominées par le chêne vert, sont parfois troués de clairières où l’habitat s’est installé. Le fond de vallée est occupé par les cultures et les noyeraies, ainsi que quelques étangs. Le passé marchand de la Dordogne a laissé de nombreux quais et cales qui jalonnent encore ses rives, fréquentés jadis par les gabares. Des châteaux aux silhouettes imposantes occupent les crêtes, les buttes ou les flancs de versant. A leur pied, on remarque un habitat traditionnel fait de maisons trapues aux toits à double pente et de séchoirs à tabac avec leurs traditionnelles planches noircies.

2.1.2.5. De Saint-Vincent-de-Cosse au Buisson-de-Cadouin

Peu après Beynac en allant sur l’aval, la vallée change brusquement : l’arrêt momentané des grands cingles ouvre les versants, la vallée est plus large, les falaises sont absentes ou moins marquées qu’auparavant. La Dordogne s’écoule en méandres peu serrés. Cette unité est caractérisée notamment par le développement de l’urbanisation qui a parfois pris d’assaut les coteaux les mieux exposés d’où l’agriculture s’est retirée pour se concentrer en fond de vallée sous une forme plus intensive. Sur les autres versants, les forêts ont reconquis du terrain et quelques friches laissent apparaître des vestiges de parcellaire.

2.1.2.6. Les cingles de Limeuil et de Trémolat ou la leçon de géographie

Les deux boucles que dessinent la Dordogne à Limeuil et Trémolat forment deux grands cingles presque parfaitement symétriques. L’agriculture occupe les terres basses et alluviales enrichies par les divagations de la Dordogne. L’habitat traditionnel est à l’abri des inondations sur les vestiges des falaises internes aux méandres. Les plages et le grand bassin d’eau calme que forme le barrage de Mauzac offrent un vaste espace de loisirs et de baignade.

2.1.2.7. De Mauzac au Fleix, transition avec la Dordogne girondine

Peu à l’aval de Mauzac, la rivière commence un cours beaucoup plus rectiligne dans une vallée qui se rétrécit entre des coteaux peu élevés. L’urbanisation se diffuse partout dans l’espace où la vigne occupe, surtout à partir de Bergerac, une place importante. Pourtant l’habitat présente encore une forme caractéristique du modèle périgourdin.

En amont de cette unité, la vallée ressemble davantage à un couloir délimité par les coteaux boisés entre lesquels s’alignent, parallèles, la voie ferrée, le canal de Lalinde, la route et la rivière.

-Photographie 8- La Dordogne vue du fort troglodyte de Laroque Gageac (24)

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A la hauteur de Lalinde, la Dordogne était difficile à naviguer et les meilleurs bateliers redoutaient les rapides sournois de la Gratusse. Elle a donné naissance à la légende du Coulobre, un dragon qui vivait caché dans les entrailles de la falaise et qui menaçait les bateaux. Il aurait été terrassé par Saint Front, évangélisateur du Périgord, à qui une chapelle a été dédiée sur le versant opposé à Lalinde. Le canal de Lalinde construit pour aider au franchissement de ce malpas marque l’espace sur 15 km, mais son manque d’entretien ne contribue pas à le valoriser. La présence de pêcheurs, l’eau ruisselante et claire de la Dordogne renforcent la douceur du paysage depuis la rivière.

Entre Lalinde et Bergerac, le paysage est marqué par une urbanisation diffuse et des établissements artisanaux et industriels nombreux le long de la route. Quant aux rives, leur caractère change et donne au lieu moins d’intimité. Tantôt d’aspect sauvage par les arbres qui les couvrent, tantôt « industrialisé » par la présence d’usines et leurs remblais annonçant la ville de Bergerac. L’agriculture maraîchère, et surtout céréalière, se développe sur les terres les plus riches et les plus accessibles, tandis que la Dordogne a pratiquement disparu de la vision offerte depuis les axes de communication les plus utilisés. La ville de Bergerac marque le début des grands quais qui, dès lors, ponctueront la Dordogne jusqu’au Bec-d’Ambès, rappelant au souvenir l’histoire de la navigation.

Après Bergerac, le paysage entre dans un autre ensemble, caractérisé par une nouvelle architecture. C’est la fin du Périgord annoncée par l’essor de la vigne, signe de transition avec la Dordogne girondine.

2.1.3. La Dordogne girondine

La vallée élargie permet à la rivière de suivre un cours sinueux. Elle est marquée par les nombreuses traces d’anciens marais dans les lobes des méandres. Le style architectural est modifié, les châteaux deviennent viticoles, l’urbanisation sur les coteaux s’intensifie.

2.1.3.1. De Sainte-Foy à l’aval de Castillon, vergers et vignobles

La présence très marquée de l’agriculture, avec des vignes, des vergers et parfois des champs de maïs, structure désormais le paysage et les coteaux entre lesquels serpente la Dordogne, sans grands méandres.

Sainte-Foy-la-Grande, bastide bien conservée, insérée dans le vignoble, présente un patrimoine architectural exceptionnel avec ses maisons basses alignées le long des quais, mémoire d’une activité fluviale intense dont la pêche ou la navigation de loisir sont un témoignage en pleine renaissance.

2.1.3.2. De Castillon au pont de Cubzac, les traces d’un bocage construit sur les palus

La vallée s’est fortement élargie et a pris une ampleur dont elle ne se départira pas jusqu’à l’estuaire en Gironde. La rivière y dessine de larges méandres dans des terres basses et planes, où ses divagations antérieures ont donné à ces espaces un caractère humide de marais. Ces « palus », terres insalubres, ont d’ailleurs été aménagés depuis le Moyen-âge par un réseau dense de canaux de drainage, de fossés réguliers qui sillonnent ces espaces bas. Si ce « bocage » paludéen a sans doute subi d’importantes transformations en raison de la rationalisation de l’agriculture et de l’extension des cultures, il n’en subsiste pas moins des traces, nombreuses : plantations alignées de chênes et de frênes, aujourd'hui envahies par une strate arbustive.

Cependant, ce paysage de bocage frais et humide n’est pas majoritaire dans la vallée. A partir de Castillon, la vigne prend une extension qu’elle n’a jamais eue jusque-là, les rangées de ceps laissant parfois l’impression d’une marée verte qui dévale les pentes des coteaux.

-Photographie 9- Belvédère sur la Dordogne, à Pessac-sur-Dordogne (Gironde)

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2.1.3.3. De Cubzac-les-Ponts au Bec d’Ambès, la Dordogne de l’estuaire

A partir de Bourg, les coteaux à vigne tombent rapidement dans la Dordogne qui est devenue très large donnant une ambiance très maritime tant par la lumière intense que par les bateaux ou les structures des ports. En rive droite le regard est arrêté par les châteaux de Tayac et d’Eyquem, représentants prestigieux des châteaux viticoles.

En rive gauche, l’influence de la marée et la proximité de l’océan sont plus que jamais ressenties et renforcées par les installations industrielles du Bec-d’Ambès qui émergent de cet espace plat d’anciens marais asséchés. D’égale largeur, la Dordogne rejoint à Ambès la Garonne pour former l’un des plus grands estuaires d’Europe, celui de la Gironde.

2.2. Contribution à la conservation des milieux naturels

Le positionnement du bassin de la Dordogne dans le quart sud-ouest de la France, l’inscrit pleinement dans le domaine atlantique (influence océanique à montagnard) mais la géologie et un climat relativement sec confèrent à la végétation de la vallée de la Dordogne, dominée par les chênaies pubescentes (Quercion pubesenti-petraea), un caractère xérique marqué. Ainsi, nombre d’espèces d’affinité méditerranéenne sont représentées sur les falaises calcaires bordant la rivière, ainsi que sur les causses quercynois et périgourdins. Localisées dans le lit majeur de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère, les forêts et les zones humides alluviales se développent sur les basses terrasses (formations du quaternaire), périodiquement inondées ou dépendantes des remontées de nappe. Ces milieux alluviaux constituent une interface entre les milieux secs et les milieux aquatiques stricts (cours d’eau, plans d’eau…), position contribuant à leur richesse écologique.

La proximité de ces trois contextes (milieux terrestres, milieux semi-aquatiques et milieux aquatiques), et la juxtaposition des différents types de formations végétales qu’ils abritent, est à l’origine de la richesse et de la diversité écologique des grandes vallées du bassin de la Dordogne.

2.2.1. Les milieux aquatiques stricts : les cours d’eau

Le réseau hydrographique du bassin de la Dordogne comprend plus de 22 000 km de cours d’eau, qui offrent des habitats aux caractéristiques très variées.

Les radiers sont des secteurs de graviers, où l’eau est peu profonde (0 à 40 cm à l’étiage) et les vitesses de courant élevées. Ces faciès constituent de véritables filtres où l’eau est brassée, oxygénée, et subit l’influence épuratrice des rayons solaires. La microfaune y étant abondante, ils forment des secteurs privilégiés de nourrissage et de reproduction pour de nombreuses espèces (truites, barbeaux, saumons, lamproies, loches franches...).

Les remous sont des secteurs turbulents situés en rive, immédiatement à l’aval d’un obstacle (branche ou tronc d’arbre, buisson, rive, bloc de rocher, épi...). Le poisson y trouve des conditions plus clémentes que dans le courant (aucun effort natatoire). Ces secteurs sont très fréquentés en hautes eaux sur toute la rivière, et en basses eaux le long des secteurs rapides. Le poisson y trouve à la fois un abri et une nourriture abondante constituée des insectes ailés se trouvant dans la végétation des rives.

Les biefs sont des zones assez profondes (2 à 3 m) et les vitesses de courant y sont lentes. Ces secteurs sont peu attractifs pour les espèces de poissons d’eaux vives. Plus profonds, ils atteignent parfois 8 à 10 m. Ces fosses constituent des secteurs d’abris d’autant plus privilégiés que leurs fonds sont

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-Photographie 10- Bec-d’Ambès : confluence de la Dordogne et de la Garonne (Gironde)

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hétérogènes, fréquemment constitués de roches et d’éboulis, à la granulométrie grossière, et qu’ils ne sont pas envasés. Les poissons y sont à l’abri des dérangements. C’est le domaine des grosses truites, des barbeaux, des grosses anguilles, mais également de l’hivernage des bancs de carpes... Dans la Dordogne, ces secteurs sont en général situés au pied des falaises.

Les rives présentent des vitesses de courant souvent plus faibles que dans les autres secteurs de la rivière. Au niveau piscicole, elles offrent ainsi des secteurs de nourrissage et de reproduction importants (aloses, ablettes) mais aussi et surtout des secteurs d’abris pour la majorité des alevins et espèces d’eau vive.

Dans une rivière comme la Dordogne, l’Isle ou la Vézère, où la majorité des fonds et leur homogénéité n’offrent que peu de protection, les débris végétaux (troncs, branches immergées...) constituent des zones d’abris particulièrement importantes. Ils facilitent la formation de remous, où le poisson trouvera refuge à l’abri du courant. Ces secteurs sont très fréquentés en hiver par les anguilles, les gardons, les perches et les truites.

Les tributaires correspondent aux ruisseaux affluents de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère. Ils possèdent une valeur piscicole d’autant plus grande que leurs eaux sont fraîches et de bonne qualité. Lorsque leur température est inférieure à celle de l’axe principal dans lequel ils se jettent (pendant la période estivale), ils constituent des secteurs très prisés par les salmonidés qui s’y rassemblent. Ils sont souvent des secteurs privilégiés pour la reproduction des truites et des brochets. Leur embouchure constitue une zone assurant très souvent la protection des espèces contre les forts courants hivernaux (ablettes, chevesnes…).

Les bras morts ou couasnes (appellation locale) sont des zones caractéristiques du cours de la Dordogne. Ces milieux constituent un lieu de vie exceptionnel et foisonnant. A plus d’un titre, ils constituent des secteurs vitaux pour les populations piscicoles. Le réchauffement prématuré des eaux offre dans ces seuls endroits des conditions thermiques compatibles avec la reproduction des espèces d’eaux calmes. Il permet également le développement d’une nourriture abondante pour les alevins (plancton). La nature des fonds (vaseux, sablonneux ou graveleux) permet le développement d’une nourriture abondante, support de frai privilégié, et à l’origine de la production d’une nourriture appréciée des poissons (crustacés, larves d’insectes...). Les conditions clémentes de débits à l’intérieur de ces bras en font des lieux privilégiés de vie pour les espèces d’eaux calmes, mais aussi d’abri pour de nombreuses espèces d’eaux vives lors des crues hivernales et printanières. Il est fréquent de voir s’y réfugier truites (salmo trutta fario), barbeaux (Barbus barbus) et chevesnes (Leuciscus cephalus). Sur d'autres secteurs, les anciens bras abritent des espèces rares et indicatrices de milieux intéressants (par exemple, par l’existence d’apports phréatiques). Citons notamment une espèce végétale et une libellule protégées au niveau national et inscrits à la Directive « Habitats » : le Flûteau nageant (Luronium natans) et l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale).

Si cela est particulièrement avéré pour la faune piscicole, quantité d’autres espèces fréquentent les couasnes. Situés à l’interface entre milieu aquatique et milieu terrestre, les bras morts présentent une diversité d’habitats, peu communs, favorables au développement d’une importante biodiversité. Ils représentent des milieux stratégiques pour la Dordogne. Rivière d’eaux vives, elle offre peu de milieux calmes dans son cours principal, fonction assurée par les couasnes. Outre cette richesse écologique, ils apportent une dimension paysagère qui n’existe nulle part ailleurs sur la vallée de la Dordogne. Les couasnes font également partie intégrante du patrimoine culturel local. Les riverains sont pour certains très attachés à ces milieux. Ainsi, ces couasnes représentent un enjeu patrimonial, fonctionnel et paysager, très fort, sur une grande partie du cours de la rivière Dordogne.

La dynamique des cours d’eau (alternance de crues et d’étiages, de dépôts et d’érosion) engendre de nombreux échanges entre les milieux terrestres et aquatiques. L’évolution dans le temps et dans l’espace des zones de contacts entre ces milieux est à l’origine de la grande diversité des formations végétales et des communautés animales qui les caractérisent.

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Radiers Rives Tributaires Biefs peu profonds Remous Biefs

profonds Fosses Végétaux d’eau vive

Débris de végétaux

Sous berges

Végétaux d’eau calme

Bras morts

Lamproie marine Lamproie fluviatile Alose Saumon Truite de mer Truite fario Vairon Loche Chabot Esturgeon Barbeau Goujon Petit Hotu Vandoise Ablette Chevesne Ombre Gardon Rotengle Perche Grémille Anguille Brème Sandre Brochet Carpe Tanche Poisson-chat Perche soleil Black-bass

-Document 13- Utilisation du milieu par les poissons de la Dordogne

zone de nourrissage des adultes zone de nourrissage des alevins lieu de vie des adulteslieu de reproduction

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2.2.1.1. L’auto-épuration, un phénomène original et utile sur la rivière Dordogne

L’une des particularités de certains habitats aquatiques réside dans leur pouvoir auto-épurateur. L’auto-épuration d’un cours d’eau caractérise sa capacité intrinsèque à diminuer, voire annuler, les effets des pollutions organique et bactériologique, et donc à s’épurer lui-même.

Sur les zones graveleuses, les rapides et les radiers, l’auto-épuration est assurée par la filtration mécanique qui s’exerce lors du passage de l’eau entre les galets et par l’effet bactéricide des rayons ultraviolets du soleil sur une lame d’eau peu épaisse.

Ce phénomène naturel complète utilement les traitements réalisés par les stations d’épuration et assure une bonne qualité des eaux, nécessaire à la vie et aux usages aquatiques.

Cette fonction auto-épurative de la rivière est particulièrement active sur la Dordogne et la Vézère. L’Isle qui est occupée par de nombreux seuils artificiels (47) dispose d’une capacité auto-épurative beaucoup moins importante.

2.2.1.2. Une dynamique fluviale qui se ralentit

La rivière Dordogne a subi un processus de métamorphose fluviale accélérée, qui s’est naturellement engagé avec l’évolution climatique vécue depuis la seconde moitié du XIXème siècle. Ainsi, après avoir été au cours d’un passé lointain une rivière à méandres divaguant et, sectoriellement, une rivière vraisemblablement constituée de bras multiples (tracé en tresses hérité de la dernière glaciation), la Dordogne s’est façonné un lit à chenal d’écoulement préférentiel, généralement unique, certes sinueux ou encore localement à méandre, mais désormais fort peu mobile, hormis dans les secteurs lotois et périgourdin de la rivière. La rivière présente aujourd’hui des formes en tracé et en plan relativement, voire définitivement, stables.

Sur ces 60 dernières années, les principales évolutions du lit de la rivière se sont donc essentiellement développées dans une dimension altitudinale sous la forme d’un phénomène d’incision généralisée (encaissement), ayant lui-même entraîné une réduction de la largeur du lit vif (lit en eau pour des débits d’occurrence courante).

Au-delà des formes du relief, l’évolution physique du lit de la Dordogne et la physionomie qu’elle adopte aujourd’hui ont été fortement influencées au cours des décennies récentes par :

- l’aménagement hydroélectrique de la Basse et de la Haute Dordogne (altération des flux liquides et solides),

- les travaux d’extraction en lit mineur menés au XXe siècle et plus précisément depuis 1920 et jusqu’en 1981 (prélèvement d’une part non négligeable de la charge solide – déficit sédimentaire et perturbation des conditions naturelles de redistribution des sédiments),

- les modalités de gestion du lit de la rivière entreprises au cours des années 1970-1990 (stabilisation d’importants linéaires de berges de la rivière, perturbation des processus de réajustement naturel de l’hydrosystème).

La raréfaction, voire la disparition des crues morphogènes depuis les années 1960, associée à un processus généralisé et progressif d’enfoncement du lit et à un régime d’éclusées favorise progressivement certains milieux et/ou espèces. Menées de manière volontariste, les interventions humaines en lit mineur parachèvent au final la tendance à l’homogénéisation et à la banalisation des milieux alluviaux en facilitant l’épanouissement de certains groupements.

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-Photographie 11- Des radiers sur les bords de la Dordogne

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2.2.2. Les milieux semi-aquatiques : les formations rivulaires et les zones humides

2.2.2.1. Des milieux rivulaires remarquables

Les milieux alluviaux (forêts alluviales, marais, prairies…) occupent une place essentielle dans le fonctionnement et l’équilibre des écosystèmes. Lorsqu’ils sont inondés, ils constituent des zones d’expansion des crues (réduction de la vitesse des crues, ralentissement de leur propagation) et préservent ainsi les zones habitées ou urbanisées situées à l’aval. Les milieux riverains des cours d’eau ont une fonction de filtre naturel grâce au pouvoir épurateur de la végétation. Ils constituent des « zones tampon » qui participent à l’élimination des pollutions (notamment les pollutions diffuses telles que les nitrates, les phosphates...) et au piégeage des sédiments par filtration et sédimentation. Ils représentent un moyen supplémentaire de lutte contre la pollution des eaux et de protection des milieux aquatiques (rivières et nappes alluviales). Enfin, la végétation des rives joue un rôle efficace dans la stabilisation des berges. Leur système racinaire en augmentant la cohésion des sols, diminue l’érosion des berges et ralentit la vitesse du courant. Ainsi, les espaces naturels riverains contribuent de manière déterminante à préserver la ressource en eau, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif.

Les milieux alluviaux de la Dordogne, de la Vézère et de l’Isle présentent un intérêt majeur puisqu’ils abritent des espèces très localisées et rares au niveau régional ou national. C’est le cas d’un grand nombre de phanérogames, de coléoptères, d’odonates, d’oiseaux comme l’hirondelle de rivage (Riparia riparia) ou encore de mammifères comme la loutre (Lutra lutra) et le Vison d’Europe (Mustela lutreola) qui, pour ce dernier, est particulièrement présent dans les secteurs de bas marais (palus de la basse vallée de l’Isle et de la Dordogne).

Situées à l’interface des milieux terrestres et aquatiques, les boisements et formations alluviales des îles et marges du lit mineur des rivières Dordogne, Isle et Vézère sont à considérer comme des entités rares à l’échelle du bassin versant. Si leurs surfaces de recouvrement s’amoindrissent de l’amont vers l’aval sous l’influence de l’occupation humaine et des pressions subies, notamment en termes agricoles et sylvicoles, elles occupent encore d’importantes surfaces et représentent un réservoir génétique et une source d’habitats incomparable à l’échelle du bassin (présence d’une flore et d’une faune non seulement inféodées aux milieux aquatiques, mais aussi d’espèces emblématiques telles que la loutre et le vison d’Europe).

Synthétiquement, les différentes formations liées aux berges de ces cours d’eau s’organisent telles que : - les herbacées pionnières des atterrissements, - les formations à bois tendre sur les levées alluvionnaires nourries par les laisses et limons de

crue, - les formations à bois dur sur les terrains alluvionnaires moins proches de l’eau.

La combinaison spatiale des groupements végétaux aux abords de la rivière est systématiquement modifiée par le jeu de la sédimentation et de l’érosion, qui règlent généralement l’apparition ou la disparition de ceux-ci. Aux côtés de remaniements naturels des sédiments, la périodicité et l’intensité des crues, mais aussi la concurrence interspécifique entre les espèces, la qualité des substrats ou les fluctuation des niveaux de nappe, ainsi que la nature des pressions anthropiques subies, contribuent à créer, modifier, détruire et recréer des mosaïques de végétation dont la valeur in fine tient à la diversité des formations et espèces qui les composent.

Les communautés végétales des grèves sablo-graveleuses ou argilo-limoneuses sont encore présentes localement notamment sur la Dordogne et la Vézère. Elles abritent ponctuellement des espèces végétales remarquables (dont plusieurs protégées au niveau national ou régional) comme la Corrigiole des grèves (Corrigiola littoralis), le Souchet de Micheli (Cyperus michelianus), la Lindernie couchée (Lindernia procumbens), le Scirpe ovoïde (Eleocharis ovata) ou la Pulicaire vulgaire (Pulicaria vulgaris)… La

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dynamique fluviale permet encore à des espèces d'oiseaux typiques de se maintenir, telles que le Petit Gravelot (Charadrius dubius) ou l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia).

Comme dans la plupart des régions françaises, il existe sur les rivières du bassin de la Dordogne des essences végétales originaires d’autres pays ou continents, introduites accidentellement ou volontairement par l’homme à des fins ornementales, voire économiques. Certaines de ces essences possèdent malheureusement la fâcheuse particularité de se propager rapidement jusqu’à devenir subspontanées et, finalement, envahir les milieux naturels. De manière générale, beaucoup d’entre elles se caractérisent par un comportement très agressif et un développement exubérant. Sur la Dordogne par exemple, plus d’une trentaine d’espèces végétales invasives ont été recensées. Leurs milieux de prédilection sont avant tout les sols et substrats riches, fréquemment remaniés et/ou fortement impactés par les activités anthropiques. Parmi ces espèces, l’érable negundo perturbe la dynamique naturelle et le processus de maturation et de vieillissement des formations végétales par une fermeture progressive et inéluctable du milieu.

Malgré un phénomène général indéniable de maturation des formations végétales dû à l’enfoncement du lit des rivières, puis une régression des surfaces humides favorables à la pérennité des formations alluviales, les vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère demeurent encore des corridors ou subsistent des milieux d’exception. De nombreux habitats alluviaux sont classés au titre du réseau Natura 2000 et leur qualité est directement dépendante de la dynamique fluviale.

2.2.2.2. Les zones humides

Les zones humides correspondent à des systèmes intermédiaires entre les milieux d’eau profonde (rivières, lacs, eaux marines) et les milieux terrestres bien drainés. Elles ont un fonctionnement contrôlé par leurs caractéristiques hydrologiques, en particulier par leur mode d’alimentation en eau, leurs capacités de stockage et l’importance de leurs connexions avec les eaux souterraines et les eaux de surface voisines. Les zones humides constituent un patrimoine biologique inestimable, en raison de leur richesse biologique (réserve génétique) et des fonctions naturelles qu’elles remplissent. Qu’elles soient petites ou grandes, elles forment une mosaïque qui participe à l’autoépuration de l’eau et contribue à réduire l’impact des crues et au soutien d’étiage. Elles offrent également des espaces propices aux loisirs : promenade, pêche, chasse…

Sur le bassin de la Dordogne, les zones humides sont principalement situées dans les fonds de vallées et au niveau des têtes de bassin. Elles représentent 3 % de la surface totale du bassin versant de la Dordogne.

2.2.2.2.1. Les tourbières

Les tourbières sont des milieux humides caractérisés par l’accumulation d’une couche de matière organique, la tourbe. Leur formation résulte de l’apparition de conditions asphyxiantes qui ralentissent les processus de décomposition de la matière végétale. Intrinsèquement liés à la présence de l’eau, les sols des tourbières sont gorgés d’eau en permanence et fréquemment inondés par des ruissellements fontinaux. Ces milieux sont généralement situés sur des pentes au fond de cuvettes topographiques.

Plusieurs types de tourbières hautes se distinguent selon leur alimentation en eau comme les tourbières minérotrophes, alimentées par des écoulements latéraux ou par la nappe, les tourbières ombrotrophes, alimentées uniquement par les précipitations (pluies et brouillard). Un grand nombre de tourbières ont une alimentation en eau « mixte », sachant que les tourbières hautes passent généralement par des stades de bas marais.

La végétation varie fortement en fonction de la richesse en éléments nutritifs du substrat et de l’eau qui les alimente. Elle est généralement composée d’une végétation dominée par les sphaignes et les éricacées.

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A l’échelle du bassin de la Dordogne ce type de zone humide représente 1% des zones humides présentes. Les tourbières sont bien présentes sur les têtes de bassin au niveau du Plateau de Millevaches, du Cézalier, de l’Artense, de la Xaintrie et des plateaux du haut Cantal.

Les drainages et les apports de fertilisants constituent de graves menaces pour les tourbières.

2.2.2.2.2. Les marais

Les bas-marais, parfois aussi appelés "tourbières basses" sont liés à la présence d’une nappe affleurante. L’inondation n’y est généralement pas permanente et les couches superficielles du sol s’assèchent en période estivale, permettant ainsi la minéralisation d’une partie de la matière organique.

La végétation des bas-marais est dominée par les joncs (Juncus sp.) et les laîches (Carex sp.) mais varie fortement en fonction de la richesse en éléments nutritifs du substrat et de l’eau qui les alimente.

Ces bas marais sur le bassin de la Dordogne représentent moins de 1 % des zones humides présentes, on les trouve dans les fonds de dépressions topographiques.

2.2.2.2.3. Les palus

Les anciens marais fluviomaritimes qui bordent la Dordogne à l’aval de Sainte-Terre (Gironde), et l’Isle à l’aval de Coutras, appelés localement les palus, sont des territoires plats, proches du niveau de la mer, qui dépendent entièrement d’un système de digues et d’ouvrages hydrauliques. Endigués pour permettre le développement de l’agriculture dès le Moyen-Âge, ils ont vu de nombreux usages se développer au cours du dernier siècle (urbanisation, industrie…). Certains secteurs conservent toutefois une forte naturalité liée à l’omniprésence de l’eau au sein de ces territoires.

On y trouve ainsi des prairies humides, des forêts humides, des mégaphorbiaies… ainsi qu’une faune et une flore remarquable (Angélique des estuaires, Fritillaire pintade, anguilles, Vison d’Europe, Loutre,…).

2.2.2.2.4. Les landes humides

Les landes humides s’installent dans des dépressions de la lande mésophile2 en bas des versants ou en contact des tourbières. Le substrat pauvre en éléments nutritifs est humide pendant la plus grande partie de l’année, un assèchement superficiel estival peut néanmoins être observé. Comme la majorité des landes, les landes humides sont le plus souvent issues de la déforestation de terrains fangeux, impropres à l’agriculture. Si leur entretien par fauche ou pâturage n’est plus assuré, on observe l’installation le plus souvent de bouleaux et de saules qui supplantent les landes.

Les landes humides sont caractérisées par la présence de formations dominées par les ligneux bas, sempervirents, de la famille des éricacées telles que la Bruyère à quatre angles (Erica tetralix), la Bruyère ciliée (Erica ciliaris), la Callune (Calluna vulgaris), la Molinie (Molinia caerulea), les scirpes (Eleocharis sp.), les sphaignes (Sphagnum sp.). Ces landes sont très souvent imbriquées avec des microhabitats tourbeux où se développent notamment des espèces à forte valeur patrimoniale telles que les deux Droseras (Drosera intermedia, D. rotundifolia) ou les Rhynchospores (Rhynchospora alba, R. fusca) ;

2 Mésophile : se réfère à un organisme qui croît dans des conditions de température modérée

F.Eh

rhar

dt, E

PIDO

-Photographie 12- Zones humides de la Godivelle (Puy-de-Dôme)

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Les landes humides représentent moins de 1 % des zones humides présentes sur le bassin de la Dordogne, on les trouve notamment sur le plateau de Millevaches et en Xaintrie.

Ces milieux relictuels sont souvent en cours de fermeture envahis par la molinie et la bourdaine.

2.2.2.2.5. Les boisements humides

Les boisements humides sont des boisements de tailles variées, dominés par des essences hygrophiles. Ils peuvent se développer sur des sols très humides, voire asphyxiants. Dans les vallées, ces boisements, qui sont liés à la proximité de la nappe souterraine, sont appelés forêts alluviales. Parfois, ils forment de simples bosquets ou des haies. Les strates arborées et arbustives dominent, ce qui provoque un ombrage important qui limite la présence de végétation herbacée.

La végétation est dominée par des forêts riveraines arbustives ou arborescentes à Saule (Salix sp.), soumises à des inondations périodiques, et par des forêts alluviales à Aulne (Alnus glutinosa) et Frêne (Fraxinus excelsior) qui colonisent le lit majeur.

Les boisements humides représentent 20% des zones humides présentes sur le territoire. Ils sont principalement situés en cordon rivulaire le long des cours d’eau et dans des dépressions topographiques.

2.2.2.2.6. Les prairies humides

Les prairies humides sont des formations herbacées hautes et denses qui se développent en bordure de cours d’eau ou dans la plaine alluviale, sur des sols moyennement humides à gorgés d’eau. Le plus souvent, les prairies sont le résultat d’une pratique de pâture, de fauche, voire d’entretien d’un réseau de fossés. En l’absence de cet entretien, elles peuvent évoluer selon leur degré d’humidité et leur exposition aux inondations, vers des formations de mégaphorbiaies ou de marais. La végétation présente est dominée par des graminées, des joncs (Juncus sp.) et des carex (Carex sp.).

Parmi les prairies humides, les prairies à Molinie se trouvent sur des substrats tourbeux à paratourbeux, plus rarement minéraux, pauvres en éléments nutritifs. Ces prairies sont composées de graminées basses formant une végétation clairsemée. On trouve sur le bassin de la Dordogne des prairies pâturées où la Molinie et le Jonc acutiflore (Juncus acutiflorus) sont codominants ; et des prairies abandonnées où la molinie est fortement développée ainsi que l’Angélique des bois.

Les prairies humides représentent 40 % des zones humides présentes sur le territoire. Elles sont situées en fond de vallon ou sur les plateaux présentant des sols hydromorphes.

2.2.2.2.7. Les mares

Les mares sont de petites étendues d’eau d’origine naturelle ou artificielle et souvent liées à l’histoire des villages. Elles sont en général déconnectées du réseau hydrographique et plutôt alimentées par le ruissellement ou les nappes phréatiques supérieures. Les mares présentent une végétation aquatique variée composée de lentilles d’eau (Lemna sp.), potamots (Potamogeton sp.), nénuphars (Nuphar sp.), flèches d’eau (Sagittaria sagittifolia), prêles (Equisetum sp.), joncs (Juncus sp.)… et sont souvent bordées d’une végétation caractéristique des milieux humides comme les joncs et les herbes hautes : carex, roseaux, plantain, iris…

2.2.2.2.8. Les plans d’eau et les lacs

Les plans d’eau artificiels, étangs et anciennes gravières, sont quant à eux à l’origine de la création de nouveaux milieux par rapport au milieu naturel initial. Ces milieux plus ou moins remodelés lors des phases de réaménagement peuvent avoir un intérêt écologique. La végétation est commune à celle des zones humides lorsque les berges sont en pente douce et l’entretien extensif : saules (Salix sp.), aulnes

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(Alnus glutinosa), frênes (Fraxinus excelsior), carex (Carex sp.), joncs (Juncus sp.), roselières… Inversement, la végétation y est rare ou absente lorsque les berges sont trop abruptes ou l’entretien excessif.

La partie Limousine et le secteur de la Double sont les secteurs ayant la plus forte densité d’étangs. Les plus anciens, notamment les étangs de la Ramade, ont été créés en grande partie par les moines au Moyen-Âge. Les rives sont généralement peu végétalisées et sont à usage privé. Leurs vocations sont diverses : loisirs, pisciculture, réserve d’eau pour le bétail. Le nombre de plans d’eau sur le bassin de la Dordogne est de l’ordre de 7000 plans d’eau supérieurs à 1ha. Les Directions Départementales des Territoires ont ou sont en train de réaliser un recensement plus exhaustif des plans d’eau de leur département. Ces étangs ou plans d’eau sont en général situés dans le lit des cours d’eau, sans dérivation. Un mauvais équipement ou une mauvaise gestion de ces ouvrages peut alors engendrer des dégradations régulières de l’eau et des milieux aquatiques situés en aval, ou mettre en évidence un enrichissement de l’eau par des nutriments azotés ou phosphorés (eutrophisation).

2.2.3. Les milieux terrestres

Les milieux terrestres du bassin de la Dordogne sont composés de milieux ouverts de type pelouses, landes et prairies et de milieux fermés boisés. Ces milieux recèlent une flore et une faune extrêmement variées.

2.2.3.1. Les pelouses

Les pelouses d’altitude sont situées dans la partie amont du bassin de la Dordogne.

Il existe deux types de pelouses d’altitude, les nardaies, situées à plus de 1500m et les deschampsiaies pâturées rencontrées principalement entre 800 et 1500m. Leur forte présence est le résultat de facteurs naturels : l’acidité des sols, la neige et les vents forts, mais aussi de l’activité agricole qui évite l’avancée des landes et des forêts. Ces pelouses accueillent une flore d’une exceptionnelle variété. Les nardaies subalpines, classées « Habitat d’intérêt communautaire prioritaire » sont des pelouses rases dominées par le Nard raide (Nardus stricta) et installées dans les combes à neige et les dépressions sommitales des tourbières ainsi que sur les pentes faibles et convexes exposées au nord. Jusqu’ici relativement soustraites à l’action de l’homme, elles apparaissent comme des formations climaciques. Lorsqu’elles se situent dans les dépressions, elles constituent des habitats « stables », ce qui leur permet d’abriter des espèces subalpines remarquables.

Les deschampsiaies pâturées sont des pelouses à canche. Elles occupent de larges surfaces aux altitudes les moins élevées facilement accessibles aux troupeaux. Elles dérivent, à l’évidence, du pacage des vacciniaies (landes à Airelles) et, d’après les observations, elles semblent avoir la même extension. Au contact des landes à Airelles, la formation herbeuse rase est dominée par la Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa) à laquelle se mêlent l’Arnica (Arnica sp.) et la Gentiane jaune (Gentiana lutea). On peut y observer la Renouée bistorte (Bistorta officinalis), la Centaurée noire (Centaurea nigra) et le Lycopode à massue (Lycopodium clavatum) et, dispersées, plusieurs plantes caractéristiques des landes comme l’Airelle myrtille, l’Airelle des marais, la Callune fausse bruyère (Calluna vulgaris) et le Genêt poilu (Genista pilosa).

Les pelouses calcicoles3 sont, quant à elles, dispersées sur la partie médiane du bassin de la Dordogne, et principalement réparties sur les secteurs de Causses (Quercy et Périgord) et sur les versants de certaines vallées (Souillagais, Sarladais, Vézère). Les pelouses calcicoles mésoxérophiles et les milieux qui en dérivent par abandon (faciès d’embuissonnement à genévrier ou à buis) se rencontrent sur les secteurs aux sols superficiels et secs sur substrats calcaires ou siliceux. Ces milieux correspondent à la série du

3 Voir GEREA (2007, mars 2010).

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chêne pubescent (Quercus pubescens) ou du chêne vert (Quercus ilex) et sont liés à l’activité agropastorale qui permet le maintien d’un milieu ouvert.

Les pelouses calcicoles en situation sèche ou très sèche, sur sols squelettiques rocailleux ou sur sols plus épais de type rendzine ou sols bruns, sont occupées par une flore patrimoniale rare et originale à affinité méditerranéenne le plus souvent en limite d’aire de répartition. Cette flore comprend notamment l’Orpin de Nice (Sedum sediforme), la Sabline controversée (Arenaria controversa), la Laitue pérenne (Lactuca perennis), le Liseron de Biscaye (Convolvulus cantabrica) et une grande diversité d’orchidées dont pour les plus rares l’Orchis parfumé (Anacamptis coriophora), l’Ophrys de mars (Orchis exaltata), l’Orchis singe (Orchis simia)... Ces sites à orchidées remarquables sont inventoriés par la Directive Habitat.

2.2.3.2. Les landes sèches

La lande est une formation végétale basse dominée par des sous-arbrisseaux de la famille des éricacées : « les Bruyères ». Elles se développent sur des sols pauvres en éléments nutritifs.

Deux types de landes peuvent être distingués : - les landes sèches, dominées par la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et la Callune (Calluna vulgaris),

qui se développent sur des sols très superficiels (affleurements rocheux, coteaux abrupts…), - les landes « mésophiles » dont les sols présentent un degré d’humidité intermédiaire. Elles se

caractérisent notamment par la présence de la Bruyère ciliée (Erica ciliaris), ici en limite de son aire de répartition.

La Bruyère à balais ou Brande (Erica scoparia) et la Bruyère vagabonde (Erica vagans) complètent le cortège des bruyères présentes sur le bassin de la Dordogne.

Les landes sèches siliceuses à Brande (Erica scoparia), Bruyère cendrée (E. cinerea), Callune vulgaire (Calluna vulgaris), Ajonc d’Europe (Ulex europeaus), et Genêt à balai (Cytisus scoparius) sont peu fréquentes sur le bassin de la Dordogne du fait de l’abandon des terres agricoles peu productives et ont souvent fortement évolué vers un stade forestier. Elles n’existent plus qu’à l’état relictuel sur des zones de faibles étendues (Hubert S., 1995). Ces formations résiduelles jouent un rôle très important en tant que milieux associés au sein d’une mosaïque de milieux naturels : elles créent des éléments de diversité complémentaires favorables à la diversité faunistique. Les landes sèches siliceuses correspondent à l’habitat d’intérêt communautaire « Landes sèches européennes ».

Malgré la forte disparition de ces milieux au cours du XXème siècle (mise en culture, abandon, drainage…), le territoire du bassin de la Dordogne abrite encore aujourd’hui de beaux ensembles de landes. Ces espaces constituent les derniers refuges pour une faune et une flore remarquables, inféodées à ces milieux : Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), Busard Saint-Martin (Circus cyaneus), Alouette lulu (Lullula arborea), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), Azuré des Mouillères (Maculinea alcon)…

2.2.3.3. Les prairies

Les prairies de fauche sont des formations assez hautes au sein desquelles les graminées dominent, mais sont toujours accompagnées de nombreuses dicotylédones à floraison estivale, souvent abondantes et colorées: diverses centaurées du groupe jacea, Mauve musquée (Malva moschata), crépides (Crepis sp.), knauties (Knautia sp.), scabieuses (Scabiosa sp.), berces (Heracleum sp.), Gaillet vrai (Galium verum)….

Elles sont, la plupart du temps, mésotrophes (c'est-à-dire qu'elles poussent sur un milieu moyennement riche en éléments nutritifs phosphorés et azotés). Les formes oligotrophes (poussant sur un milieu pauvre en nutriments) sont souvent dominées par le Brachypode des rochers (Brachypodium rupestre), au moins en secteur atlantique, ce qui conduit souvent à un appauvrissement de la diversité spécifique, tandis que les formes eutrophes (poussant sur un milieu riche en nutriments) sont moins diversifiées car des

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graminées comme la Fétuque faux-roseau (Festuca arundinacea), l’Avoine élevée (Arrhenatherum elatius) ou la Houlque laineuse (Holcus lanatus) finissent par supplanter les autres espèces. Il s’agit de prairies pour lesquelles le mode d’exploitation dominant est la fauche. Elles sont néanmoins souvent pâturées avant et/ou après la fauche.

Deux formes dominent, l’une plutôt sub-montagnarde et fraîche, l’autre plutôt atlantique et thermophile.

Les prairies de fauche de la vallée de la Dordogne sont généralement bien mésotrophes. Elles présentent plusieurs espèces à affinités atlantique et thermophile. Mais de nombreuses espèces de milieux plus frais y pénètrent régulièrement.

Ainsi le bassin de la Dordogne présente vers l’ouest des prairies de type Brachypodio-Centaureion, alors que vers l’est (secteur Massif Central) ce sont des prairies à Arrhenatherion elatioris qui dominent.

Les prairies de fauche ont globalement tendance à diminuer : de nombreux secteurs autrefois dévolus à la fauche et au pâturage sont désormais occupés par diverses cultures (asperges, maïs, tabac…). La pression de mise en culture dans les vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère est forte et met en danger ces systèmes agro-pastoraux remarquables.

Comme évoqué précédemment, les prairies de fauche du site sont globalement menacées de disparition à cause de l’intensification agricole qui sévit dans la vallée. La déprise agropastorale de ces cinquante dernières années provoque en effet, d’une part, une perte d’intérêt du monde agricole pour les parcours de causse et les prairies fourragères de fond de vallée, et d’autre part, une intensification des terres les plus accessibles et les plus facilement mécanisables. Cette mutation locale des productions agricoles provoque donc logiquement un changement de l’utilisation de la terre des vallées de la Dordogne, de la Vézère et de l’Isle, les cultures à haute valeur ajoutée (tabac, maïs semence, noix, asperges…) remplaçant petit à petit les prairies de fond de vallée qui n’intéressent plus que les quelques éleveurs du secteur

2.2.3.4. La forêt

Sur le bassin de la Dordogne, les milieux boisés couvrent près de 40 % du territoire, répartis de la façon suivante: près de 25 % de forêts de feuillus, 6 % de forêts de conifères et 8 % de forêts mixtes.

Ces milieux se situent en grande partie sur les espaces de versants qui présentent des caractéristiques écologiques relativement homogènes : versants boisés abrupts à l’amont, coteaux boisés découpés en falaises dans la moyenne vallée, versants vallonnés boisés, cultivés et urbanisés à l’aval.

Compte tenu des caractéristiques physiques du bassin Dordogne amont, les forêts sont très présentes, notamment sur les versants abrupts des gorges de la Dordogne et de ses affluents, ainsi que sur les plateaux situés dans le Limousin. Les forêts de versant sur la rivière Dordogne représentent par exemple une surface de plus de 70 000 hectares, soit 4 fois la surface de la forêt patrimoniale de Tronçais dans l’Allier. Cela fait de la Dordogne la rivière avec le plus fort cumul de forêt d’un seul tenant en France. Les forêts de versant présentent aujourd’hui un caractère naturel marqué (chênaies, hêtraies) même si par le passé ces secteurs ont été intensément exploités pour le charbon de bois. L’essence dominante est le chêne pédonculé (Quercus robur), suivi du châtaignier (Castanea sativa), du hêtre (Fagus sylvatica), et dans une moindre mesure du bouleau (Betula sp.). La plupart des peuplements de résineux sont des plantations d’épicéas (Picea abies), de douglas (Pseudotsuga menziesii), de mélèze (Larix sp.) et de pin sylvestre (Pinus sylvestris). Le sapin pectiné (Abies alba) est présent de manière naturelle.

Ces milieux constituent des écosystèmes particuliers qui enrichissent la tête du bassin versant de la Dordogne en favorisant la présence de certaines espèces végétales et animales comme par exemple les hêtraies, l’aigle botté (Hieraaetus pennatus), etc… Le couvert forestier selon sa qualité permet de limiter l’érosion des sols et favorise l’existence de corridors biologiques. L’étendue de ces massifs forestiers constitue un corridor écologique d’intérêt européen.

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En haute Dordogne, les versants sont majoritairement composés de gorges à fortes pentes, de forêts de ravins, de zones rocheuses et de hêtraies. Les gorges présentent de nombreux habitats rocheux sur substrats métamorphiques et basaltiques, tandis que des landes et des pelouses complètent ces habitats remarquables. Ces grands massifs homogènes ont été peu pénétrés par l’homme et constituent des zones refuges pour de nombreuses espèces, dont une grande variété d’oiseaux. Les oiseaux rupestres (Grand-duc d’Europe/Bulbo bulbo, Faucon pèlerin/Falco peregrinus, Grand corbeau/Corvus corax) voisinent avec les oiseaux de milieux ouverts ou forestiers qui atteignent de fortes densités (c’est le cas de rapaces comme le Busard cendré/Circus pygargus et le Busard St-Martin/Circus cyaenus, le Milan noir/Milvus migrans et le Milan royal/Milvus milvus, l’Aigle botté, le Circaète Jean-le-blanc, mais aussi l’Engoulevent d’Europe/Caprimulgus europaeus, le Pic noir/Dryocopus martius, le Pic cendré/Picus canus, l’Alouette lulu et la Pie-grièche écorcheur/Lanius collurio). En effet, les zones de nidification à proximité de grands plans d'eau sont très prisées par les oiseaux migrateurs et les fortes pentes des gorges sont des zones de reproduction privilégiées pour les rapaces. Les espaces agricoles présents constituent les territoires de chasse de ces oiseaux.

En moyenne Dordogne, les versants sont caractérisés par des falaises et des coteaux calcaires. Les falaises sont recouvertes d’une couverture boisée importante dominée par la chênaie pubescente subméditerranéenne. La richesse des milieux est significative (parois, fruticées et pelouses vivaces ou annuelles de corniche ou de pente rocailleuse, éboulis, bois d'Ubac) en plantes et insectes méditerranéens, méditerranéo-montagnards ou orophiles, essentiellement en limite d'aire ou en aire disjointe dans le Quercy. Les coteaux calcaires présentent, quant à eux, des boisements thermophiles à chênes verts en abondance, et de qualité, ainsi qu’une végétation des étages collinéen et montagnard.

2.2.4. Les milieux souterrains naturels

Les cavités naturelles sont situées essentiellement dans le secteur karstique du bassin. Ces nombreuses cavités contiennent tout d’abord de très grandes réserves en eau. Mais, on y trouve également des vestiges d’occupation humaine des habitats, et surtout de l’art rupestre reconnu dans le monde entier, principalement en Dordogne et dans le Lot. Certains sites d’âge quaternaire contiennent des vestiges de la grande faune glaciaire.

Ces cavités abritent une faune remarquable. Les chauves-souris bien sûr, mais aussi toute une faune d’invertébrés avec des espèces pouvant présenter un fort endémisme, parfois relatif à une seule vallée, voire à un seul système hydrogéologique (la célèbre Bythinelle de Padirac/Bythinella padiraci)

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2.3. Contribution à la conservation des habitats remarquables

Le bassin de la Dordogne accueille près de 56 habitats naturels d’intérêt communautaire (Directive européenne habitat)4 représentant 1183,3 km² soit 7,8 % du territoire. Parmi eux, 11 habitats ont été classés prioritaires car menacés de disparition sur le territoire européen, et pour la conservation desquels l'Union Européenne porte une responsabilité particulière. Ils couvrent quant à eux une superficie de 190 km² soit 0,8 % du bassin de la Dordogne. Une partie de ces habitats est emblématique au regard de la gestion de l’eau et des milieux aquatiques. Certains habitats sont même endémiques au bassin de la Dordogne. Ce chapitre vise à décrire les habitats remarquables liés principalement aux milieux aquatiques, ainsi que certains autres habitats terrestres qui permettent de caractériser la qualité du bassin de la Dordogne.

2.3.1. Rivières des étages planitaires à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion

Cet habitat englobe toutes les communautés fluviatiles des eaux plus ou moins courantes, avec ou sans renoncules ainsi que les groupements de bryophites aquatiques.

Les communautés végétales observées sur les vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère appartiennent à l’alliance du Batrachion fluitantis (Neuhaüs 1959). Elles sont typiques des eaux méso-eutrophes à eutrophes et se répartissent selon des strates différenciées au sein de la masse d’eau. Deux variantes se distinguent :

- une variante méso-eutrophe typique des zones amont de cours d’eau importants. Il s’agit d’une formation de typicité moyenne, limitée dans ses formes appauvries à la présence de la Fausse Renoncule flottante (Ranunculus penicillatus subsp.pencillatus). Elle est parfois accompagnée du Potamot perfolié (Potamogeton perfoliatus), du Myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum) et/ou du Cératophylle immergé (Ceratophyllum demersum) dans les secteurs les moins courants en marge du lit mineur,

- une variante eutrophe typique des grands cours d’eau d’aval. Elle est notamment caractérisée par la Potamot noueux (Potamogeton nodosus) ainsi que la Renoncule flottante (Ranunculus fluitans) qui est parfois la seule espèce à se développer.

Cet habitat est bien représenté sur les axes Dordogne, Vézère et Isle dans les secteurs courants, peu profonds, avec un lit de graviers.

Les communautés végétales les plus diversifiées, composées notamment de la Fausse Renoncule en pinceau (Ranunculus penicillatus), du Potamot perfolié et du Cératophylle immergé, sont principalement présentes aux abords de certaines couasnes, le cours principal du cours d’eau étant dominé par des herbiers rhéophiles à Fausse Renoncule en pinceau.

Ces communautés aquatiques sont relativement stables et peuvent être rajeunies par les remaniements du substrat lors des crues.

Ces herbiers colonisent les radiers. Ce sont des refuges très appréciés par les poissons car les jeunes stades y bénéficient d’une relative protection contre leurs prédateurs.

4 Voir la liste complète des habitats remarquables présents sur le bassin de la Dordogne et inventoriés par le réseau Natura 2000 en annexe 1.

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Ces herbiers aquatiques sont globalement en bon état de conservation hormis dans leurs formes les plus lentiques où se développent localement des espèces allochotones (ex : Jussie faux peplis/Ludwigia peploides, Egérie dense/Egeria densa).

La gestion de ces communautés ne peut s’envisager sans une gestion globale de l’hydrosystème. Ainsi, les rejets directs et diffus dans le cours d’eau sont à éliminer ou limiter. La gestion des eaux à l’échelle du ou des bassins versants concernés est primordiale pour limiter les apports et l’enrichissement du milieu, qui risquent de diminuer la diversité spécifique de cet habitat.

2.3.2. Sources pétrifiantes avec formation de travertins(Cratoneurion)

Ces formations végétales des sources et des suintements se développent grâce aux mousses sur matériaux carbonatés mouillés, issus de dépôts actifs de calcaire donnant souvent des tufs ou des travertins. Le milieu fontinal générateur peut être lié à une source ou à des résurgences d’eau souterraine. Son développement peut prendre des aspects assez divers. La production de tufs calcaires ou de travertins conduit à l’édification de vasques ou de coulées concrétionnées de taille parfois imposante pouvant dépasser 5 à 10 m de hauteur.

La répartition de cet habitat correspond essentiellement aux zones sédimentaires sur substrats calcaires ou métamorphiques libérant des carbonates.

Cet habitat se rencontre préférentiellement dans le secteur Quercynois et Périgourdin de la Dordogne. Il possède une forte valeur patrimoniale. En effet, ce complexe abrite de nombreuses espèces très spécialisées conditionnées par la permanence d’une humidité élevée. Sa rareté, la petitesse des surfaces concernées et les constructions géologiques auxquelles il peut participer font de cet habitat un milieu particulièrement fragile.

Parmi les menaces potentielles, notons que la réduction artificielle des débits des sources est à l’origine de la disparition de cet habitat. Un changement dans la qualité physico-chimique des eaux (eutrophisation), allié à une élévation de température, entraîne des développements d’algues filamenteuses qui recouvrent les mousses et les font dépérir.

La pérennité de cet habitat dépend essentiellement de la qualité physico-chimique des eaux et de leur débit.

2.3.3. Végétations pionnières hygrophiles nitrophiles des berges exondées (Bidention des rivières et Chenopodion rubri)

Cet habitat héliophile s’observe pendant l’étiage de la Dordogne sur les grèves de galets et de sable. Ce groupement serait endémique du bassin de la Dordogne (FELZINES et LOISEAU 2005). Il s’installe préférentiellement sur les marges des dépôts alluviaux de la Dordogne, il est observé par exemple sur les marges des îles et des atterrissements de la Dordogne.

Cet habitat comprend deux groupements principaux qui se différencient principalement selon la nature du substrat :

- des communautés propres à l’alliance du Bidention tripatitae sur sols limono-argileux ou vaseux, - des communautés propres à l’alliance du Chenopodion rubri, sur sols inondables sablo-graveleux.

La végétation vivace est dominée par des espèces à port étalé (Corrigiole des rives/Corrigiola litoralis, Digitaire sanguine/Digitaria sanguinalis, Pourpier maraîcher/Portulaca oleracea..).

Sur la Dordogne, en présence d’un régime hydrologique « artificialisé » (type « éclusées »), les groupements s’adaptent à des variations particulières et caricaturales du débit. Si le niveau baisse progressivement durant l’été, les variations journalières ne permettent pas à la végétation de bien se

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développer, laissant toujours apparaitre une bande non végétalisée plus ou moins large en contact avec la Dordogne, et repoussant plus tardivement la période de floraison de certaines espèces. En fin d’été, les groupements annuels en contact avec la Dordogne sont rapidement détruits suite aux lâchers de barrage. Par ailleurs l’absence de crues morphogènes (peu de mouvements de matériaux et renouvellement des surfaces limité en puissance), semble en accélérer le processus de maturation et d’évolution vers le milieu forestier.

Ces habitats présentent un intérêt patrimonial fort en raison de leur caractère endémique au bassin de la Dordogne.

2.3.4. Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae)

Ces forêts appartiennent aux milieux humides, elles sont marquées par la présence d’espèces hygrophiles (aulnes, saules, peuplier, frêne). L’humidité (stations inondées régulièrement par les crues ou les remontées de nappe) et la fertilité du sol sont propices aux essences à croissance rapide (bois tendre, lianes) et favorisent un sous-bois luxuriant d’architecture complexe et multi stratifiée. Ces formations se retrouvent le long des axes fluviaux des vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère. Elles se situent au niveau des levées alluvionnaires, autour des bras morts et des chenaux de crue. Les forêts alluviales du bassin de la Dordogne constituent un enjeu patrimonial. Les derniers peuplements de peupliers noirs (Populus nigra) non hybridés sont encore bien présents notamment sur le secteur Quercy et Périgord.

Sur la Dordogne, l’Isle et la Vézère, les boisements alluviaux sont soumis à une double dynamique d’évolution : une évolution spontanée selon les séries de végétation, favorisant à terme l’expression de groupements climaciques à bois durs, plus mésophiles (chênaie-charmaies, ormaies…) et une évolution biologique induite par une venue rapide, au sein des groupements, d’espèces à fort potentiel invasif (robinier/Robinia pseudoacacia, érable negundo/Acer negundo).

L’évolution « spontanée » des groupements forestiers alluviaux est soumise à une dynamique rapide, contrôlée par une série de facteurs d’origine artificielle et anthropique :

- des facteurs d’ordre physique : enfoncement du fond du lit lié aux extractions passées au sein du lit mineur. On observe ainsi une tendance rapide à la maturation/évolution des boisements par baisse du toit de la nappe (formation de couloirs boisés),

- des facteurs d’ordre hydrologique : augmentation de la fréquence des immersions liée aux éclusées, et absence de fortes crues sur la Dordogne. Cela se caractérise sur le territoire par une diminution des perturbations, à l’origine du renouvellement des formations végétales, et favorisant notamment les espèces pionnières,

- des facteurs physico-chimiques : augmentation progressive du taux de nitrates depuis les années 1970, et pics de phosphates réguliers dans les années 1980-1990. Cet enrichissement du milieu tend à favoriser les espèces eutrophiles.

L’évolution « biologique » caractérisée par l’explosion et l’expansion des espèces invasives (robinier faux acacia, renouée du japon/Fallopia japonica, asters américains/Aster sp.), et notamment de l’érable negundo, peut également être expliquée par les variations de ces facteurs.

En outre, d’autres facteurs comme l’artificialisation intempestive du milieu (mise en culture des espaces alluviaux, aménagements urbains), et la surfréquentation anthropique des milieux alluviaux, agissent sur l’expansion des espèces invasives et perturbent la dynamique originelle du milieu.

A l’image de tous les milieux alluviaux, mais en raison de leur localisation principale sur les basses terrasses alluviales, les groupements sont foncièrement mis en danger par :

- les opérations de protection de berges ou d’endiguement (réduction de la surface colonisable et du transport solide),

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- les opérations de déboisement (coupes rases et nettes, déboisement sur berge ou sur atterrissement, suivi d’une scarification pour les atterrissements, opérations qui tendent à homogénéiser les surfaces déboisées et à supprimer tout effet de lisière, favorisant ainsi certaines espèces opportunistes moins sensibles à la coupe, et souvent exotiques, qui viennent alors perturber la dynamique d’évolution des groupements, et créer des boisements d’aspect plus rudéralisé). Ces opérations de déboisement sont même parfois suivies d’une mise en culture des terrains,

- la multiplication des plages de baignade, et des accès pour la pêche ou pour les canoës en berge, conduisant à un sur-piétinement du sous-bois dans les boisements alluviaux.

2.3.5. Prairies de fauche atlantiques (Prairies fauchées mésophiles à méso-xérophiles thermo-atlantiques)

Les prairies qui forment cet habitat sont des formations assez hautes au sein desquelles les graminées dominent, mais sont toujours accompagnées de nombreuses dicotylédones à floraison estivale, souvent abondantes et colorées (diverses centaurées du groupe jacea, Mauve musquée, crépides, knauties, scabieuses, berces, Gaillet vrai…). Elles sont, la plupart du temps, mésotrophes.

Les formes oligotrophes sont souvent dominées par le Brachypode rupestre, au moins en secteur atlantique, ce qui conduit souvent à un appauvrissement de la diversité spécifique, tandis que les formes eutrophes sont également moins diversifiées car des graminées comme la Fétuque faux-roseau, l’Avoine élevée ou la Houlque laineuse finissent par supplanter les autres espèces.

Il s’agit de prairies pour lesquelles le mode d’exploitation dominant est la fauche. Elles sont néanmoins souvent pâturées avant et/ou après la fauche.

Deux formes dominent, l’une plutôt sub-montagnarde et fraîche, l’autre plutôt atlantique et thermophile.

Les prairies de fauche atlantiques de la vallée de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère hébergent diverses espèces d’intérêt patrimonial. Citons notamment le Brome en grappes (Bromus racemosus), la Laîche de Clavaud, ou Laîche fausse-brize (Carex pseudobrizoides, qui est protégée au niveau national et peut parfois dominer certaines portions de prairies), le rare Orchis grenouille (Coeloglossum viride), la Scabieuse des prés ou Succise mors du diable (Succisa pratensis) et la Vesce velue (Vicia villosa).

Ces prairies abritent aussi les plantes hôtes de deux papillon: le Cuivré des marais/Thersamolycaena dispar (Rumex conglomeratus, Rumex crispus, Rumex obtusifolius) et le Damier de la Succise/Euphydryas aurinia (Succisa pratensis, Scabiosa columbaria subsp. pratensis, Knautia arvensis).

Les prairies de fauche des vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère sont globalement en diminution à cause d’une valorisation agricole différente des terrains. Elles sont encore bien représentées dans la partie Corrézienne et Lotoise de la vallée de la Dordogne.

2.3.6. Tourbières hautes actives

Les tourbières sont constituées d’une mosaïque de micro milieux fortement imbriqués et dépendant les uns des autres. Cette situation explique le regroupement de plusieurs formations différentes sous la même désignation « Tourbières ». Les tourbières acides sont composées d’un tapis de bryophytes (essentiellement de Sphaignes) formant une alternance de bombements, colonisés principalement par des Ericacées (Callune, Bruyères, Andromède parfois) et de dépressions colonisées par des Cypéracées (Laîches et Linaigrette).

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2.3.7. Forêts de pentes

Les forêts de pentes des Gorges de la Dordogne sont d'une grande richesse biologique, comme la plupart des forêts de feuillus âgées.

6 habitats forestiers ont été caractérisés, il s’agit de : - chênaies pédonculées ou chênaies-charmaies sub-atlantiques et médio-européennes du

Carpinion betuli - hêtraies acidophiles atlantiques à sous-bois à Ilex et parfois à Taxus (Quercion robori-petraeae ou

Ilici-Fagenion) - hêtraies de l’Asperulo-Fagetum - hêtraies du Luzulo-Fagetum - hêtraies subalpines médio-européennes à Acer et Rumex arifolius - vieilles chênaies acidophiles des plaines sablonneuses à Quercus robur

L'inventaire des espèces et des habitats naturels patrimoniaux fait ressortir nettement l'enjeu très fort lié à la conservation des forêts de feuillus âgées des pentes de la Dordogne, et du corridor boisé qu'elles forment.

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2.4. Contribution à la conservation de la diversité des espèces biologiques : des espèces emblématiques

Le bassin de la Dordogne abrite une biodiversité riche d’espèces animales et végétales remarquables, aux échelles nationale et européenne. De nombreuses espèces rares et menacées sur d’autres territoires subsistent sur le territoire du bassin de la Dordogne, et notamment autour des milieux aquatiques et péri-aquatiques.

2.4.1. Les poissons de la Dordogne, un patrimoine exceptionnel

Avec ses trente-neuf espèces, la Dordogne possède une variété de poissons remarquable. Elle a surtout la particularité d’être le dernier refuge de la totalité des grands migrateurs amphihalins d’Europe de l’Ouest. Sur l’ensemble de ces espèces, dix-huit font l’objet de textes nationaux ou internationaux visant à assurer leur statut et leur préservation, ce qui atteste de la grande valeur patrimoniale du peuplement piscicole de la rivière. Les poissons de la Dordogne reflètent la diversité des habitats sur le cours d’eau dont les caractéristiques en termes de température, d’oxygénation et de climat conditionnent leur répartition.

2.4.1.1. Les poissons migrateurs

2.4.1.1.1. L’Esturgeon d’Europe (Acipenser sturio)

Poisson cartilagineux aux mensurations record, l’Esturgeon d’Europe vit en mer à proximité des côtes et se reproduit en eau douce. Les géniteurs remontent la Dordogne et la Garonne à partir des mois de février-mars et la ponte a lieu de mai à juin. Après quelques mois, les jeunes descendent dans l’estuaire où ils séjournent plusieurs années.

Ce poisson a beaucoup été pêché pour sa chair et surtout pour ses œufs, utilisés pour fabriquer le caviar. Au début du XXe siècle, il fréquentait la plupart des plus grands fleuves d’Europe. Aujourd’hui, il ne subsiste plus qu’une unique population dans les bassins Garonne et Dordogne. Pêché jusqu’en 1982, la population a diminué de manière dramatique depuis les années 1950 : 4 000 captures en 1947 et … 12 en 1980. Les barrages, les dragages de gravier, la pollution et surtout la surpêche, sont à l’origine de sa raréfaction.

Un important programme d’action s’est progressivement structuré, dans le cadre de travaux de recherche, dans la cadre de programmes communautaires Life, puis désormais dans le cadre d’un plan d’action national coordonné par le ministère en charge de l’écologie. Celui-ci vise notamment deux priorités: 1) sensibiliser les pêcheurs pour diminuer au maximum les risques de mortalité par pêche en particulier durant la phase marine ; 2) renforcer la population devenue beaucoup trop fragile par des actions de repeuplement avec un dispositif qui permet un réensemencement de 100 à 200 000 alevins chaque année.

2.4.1.1.2. La Grande alose (Alosa alose) 

La Grande alose vient pondre fin mai, dans les zones courantes et graveleuses de la moyenne Dordogne. Au début de l’automne, les alevins se rassemblent et dévalent vers l’océan. Ils y A.

Bord

es, E

PIDO

-Photographie 13- Esturgeon d’Europe

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passeront 3 à 4 années avant de retrouver l’embouchure du fleuve, pour revenir en eau douce et frayer.

La Grande alose est une espèce classée vulnérable en Europe, dont les populations ont fortement régressé au cours des dernières décennies. Sur le bassin de la Dordogne, même si avant 1985 la grande alose restait confinée en aval du barrage de Bergerac, elle a toujours été présente. Grâce à l’équipement des principaux obstacles en passes à poissons, adaptées à ses capacités de franchissement modestes, elle a recolonisé une partie du bassin, et dans la fin des années 1990 sa population s’est développé de façon spectaculaire.

Elle a constitué une ressource halieutique très importante pour la pêche professionnelle exercée sur les bassins Gironde, Garonne et Dordogne ; elle a également commencé à faire l’objet d’un tourisme halieutique renommé au niveau international.

Malheureusement, la population, dont le fonctionnement doit s’aborder à l’échelle de l’ensemble Garonne-Dordogne, a connu une forte diminution au cours de la dernière décennie, pour atteindre un niveau critique à partir de 2007. Les causes de cette diminution sont supposées être : une surexploitation halieutique, une moindre performance des dispositifs de franchissement au niveau des barrages, des problèmes de fonctionnalité des milieux (sur la Garonne notamment) renforcés par des conditions climatiques estivales particulières.

Un plan de restauration est actuellement en cours, comprenant un moratoire sur la pêche, une évaluation et si nécessaire une amélioration de l’efficacité des dispositifs de franchissement des barrages, ainsi qu’une analyse des conditions environnementales des principales frayères de Garonne et Dordogne. Ces deux dernières actions sont menées dans le cadre d’un programme européen Life+, en partenariat avec le Rhin allemand.

2.4.1.1.3. L’Alose feinte (Alosa fallax)

L’Alose feinte pond en pleine eau, dans la partie basse du fleuve. A l’automne, les alevins dérivent vers l’estuaire puis vers l’océan. Ils y passeront 3 à 4 années avant de retrouver l’embouchure du fleuve pour revenir en eau douce et frayer.

L’Alose feinte est une espèce classée vulnérable mais ses populations restent mieux représentées dans les fleuves européens que celles de la grande alose.

Les habitats de l’Alose feinte se situent dans la partie aval des grands axes fluviaux. Dès les premiers radiers, qui marquent l’apparition des premières pentes, leur progression vers l’amont est considérablement freinée. Son extension correspond donc à peu près à la zone de balancement des marées.

La population, qui fonctionne à l’échelle de l’ensemble Garonne Dordogne, semble en relative stabilité.

2.4.1.1.4. L’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla)

L’Anguille européenne forme une population européenne unique qui se reproduit en mer des Sargasses et se répartit sur les côtes de l’Europe. Elle a souvent été associée à des notions de robustesse, de résistance et d’abondance. Victime de son image inquiétante et de la prédation qu’elle exerçait sur les œufs et les alevins de truites, l’anguille a même été classée comme espèce nuisible jusqu’en 1984, dont il fallait se débarrasser sur les têtes de bassin.

Cette image a maintenant complètement changé du fait des fortes régressions de population enregistrées partout en Europe. De nouvelles connaissances montrent que l’anguille est au contraire un poisson très sensible aux dégradations de son environnement et notamment aux pollutions par certaines matières toxiques. Dans le bassin de la Dordogne, le nombre de civelles qui rentrent est en forte diminution et les densités d’anguilles jaunes sont en baisse.

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L’anguille est le poisson migrateur qui a été le plus fortement exploité car pêché pratiquement à tous ses stades de développement. Elle a constitué la principale ressource économique de la pêche professionnelle des bassins Gironde, Garonne et Dordogne.

La pêche est maintenant en diminution, en application de restrictions nationales et européennes. Un plan d’action national est en œuvre pour restaurer l’espèce sous la conduite du ministère en charge de l’écologie.

2.4.1.1.5. La Lamproie fluviatile (Lampetra  fluviatilis) et La Lamproie marine (Petromyzon marinus)

La Dordogne abrite deux sortes de lamproies : la Lamproie marine, qui est la plus grande et la plus recherchée à Bordeaux comme à Bergerac pour ses qualités gastronomiques, et la Lamproie des rivières, plus petite. Ces parasites prédateurs des poissons ont une ouverture buccale circulaire servant de ventouse, armée de dents, qui perfore la peau de l’hôte qui les transporte. C’est le cas des aloses et des saumons. Les lamproies pondent au printemps sur des fonds graveleux. Il existe ensuite un stade larvaire, qui dure 5 à 7 ans, durant lequel les larves « ammocètes », planctonophages, vivent enfouies dans des substrats sablo-vaseux.

Lamproie fluviatile et Lamproie marine sont des espèces classées vulnérables du fait de la régression de leurs populations en Europe au cours des dernières décennies. Sur le bassin de la Dordogne, la Lamproie fluviatile est surtout rencontrée sur la partie aval, dans les petits cours d’eau affluents. La Lamproie marine quant à elle fréquente plutôt le cours de la Dordogne et des plus grands axes (Dronne, Vézère, Cère). Confinée à l’aval du barrage de Bergerac jusqu’en 1985, elle bénéficie aujourd’hui des passes à poissons qui lui ont permis de recoloniser une partie du bassin.

2.4.1.1.6. Le Saumon atlantique (Salmo salar)

Le Saumon atlantique a de la mémoire et reconnaît sa rivière de naissance. Il y reviendra pour se reproduire. Après un séjour de plusieurs années en mer, nageant jusqu’au Groenland, il cherche, et trouve par l’odeur le chemin de sa prime jeunesse. Il y revient pour frayer. Le voyage l’épuise et rares sont les saumons qui peuvent l’effectuer plusieurs fois.

Le saumon est également une espèce classée vulnérable dont les populations européennes ont fortement régressé en Europe au cours des dernières décennies. Contrairement aux autres poissons migrateurs, qui historiquement se sont maintenus dans la Dordogne, le saumon a disparu du bassin au début du XXe siècle. En effet, la construction des barrages dans la région de Bergerac, durant la deuxième moitié du XIXe siècle, n’a plus permis au saumon d’atteindre les zones situées en amont de ces ouvrages, devenus infranchissables. Son retour s’est amorcé à partir des années 1980, grâce à des repeuplements réalisés à partir de saumons de la Loire. En parallèle, des passes à poissons ont été construites sur les barrages de Mauzac, Tuilières et Bergerac, pour restaurer l’accès vers les frayères. Ces dispositifs ont largement profité aux autres espèces.

Aujourd’hui, la population de saumons de la Dordogne n’est pas encore autosuffisante. Des études ont permis de montrer que des améliorations étaient encore nécessaires sur les passes à poissons. Des changements ont également été expérimentés dans l’exploitation hydroélectrique des barrages de la Haute Dordogne pour protéger les frayères et les zones de croissance des jeunes saumons. Ces nouvelles dispositions doivent permettre à la population de saumons de la Dordogne d’atteindre l’autosuffisance.

CSP©

-Photographie 14- Anguille

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2.4.1.1.7. La Truite de mer (Salmo trutta)

La Truite de mer n’est pas une espèce à part entière. Il s’agit de la Truite commune qui, dans certaines conditions, adopte un comportement migratoire. La truite est en fait un migrateur amphihalin non obligatoire, ce qui signifie qu’un individu peut soit effectuer la totalité de son cycle en eau douce, soit migrer vers la mer. Elle n’a donc jamais totalement disparu de la Dordogne, les populations autochtones étant à même de produire des individus migrant vers la mer.

Sa biologie et ses besoins sont proches de ceux du saumon. La durée de son séjour en milieu saumâtre et marin est néanmoins très variable et les individus peuvent effectuer de nombreux allers et retours entre rivière, estuaire et mer. En mer, les truites ne dépassent généralement pas les limites du plateau continental.

2.4.1.1.8. Le Flet (Platichthys flesus)

Le Flet est un poisson plat qui se reproduit et vit la majeure partie de sa vie en mer. Toutefois, les jeunes remontent dans les fleuves où ils effectuent leurs premières années de croissance. En été ils remontent dans les fleuves où ils viennent se nourrir. Sur la Dordogne il tendrait à se raréfier.

2.4.1.1.9. Le Mulet (Liza ramada)

Espèce qui se reproduit dans les milieux littoraux, il remonte dans les fleuves en été pour se nourrir. On le rencontre fréquemment en bancs le long des rives de la Dordogne.

2.4.1.1.10. L’Eperlan (Osmerus eperlanus)

Ce petit poisson d’estuaire vient se reproduire dans la partie basse des fleuves en limite de marée dynamique, entre février et mai. Son abondance dans le système Gironde-Garonne-Dordogne a beaucoup diminué ces dernières années. On considère même que l’espèce n’est aujourd’hui plus présente. Cette évolution est attribuée au changement climatique et au réchauffement des eaux de l’estuaire.

2.4.1.2. Les poissons sédentaires

Les migrateurs sont le fil directeur de la Dordogne. Mais elle abrite également de nombreuses autres espèces de poissons sédentaires qui contribuent à la richesse piscicole du cours d’eau.

Dans les eaux courantes se trouvent des poissons caractéristiques des rivières vives. Dans le haut bassin on rencontre la Truite fario (Salmo trutta), le Vairon (Phoxinus phoxinus), le Chabot (Cottus gobio), la Loche franche (Barbatula barbatula) et la Lamproie de planer (Lampetra planeri) ; plus en aval, le Toxostome (Chondrostoma toxostoma), le Goujon (Gobio gobio), le Barbeau (Barbus barbus), la Vandoise (Leuciscus leuciscus) et le Chevaine (Leuciscus cephalus).

Dans les eaux plus calmes, les profonds et les bras morts on trouve le Gardon (Rutilus rutilus), l'Ablette (Alburnus alburnus), la Tanche (Tinca tinca), la Perche (Perca fluviatilis), le Brochet (Esox lucius), la Brème (Abramis brama, Blicca bjoerkna), le Rotengle (Scardinius erythrophtalmus), la Bouvière (Rhodeus amarus).

Plusieurs espèces introduites se sont également acclimatées aux eaux de la Dordogne. Ainsi on rencontre communément la Carpe (Cyprinus caprio), le Sandre (Stizostedion lucioperca) ou l’Ombre commun (Thymallus thymallus), qui nécessitent des caractéristiques écologiques assez particulières, ainsi que le Silure (Silurus glanis), la Grémille (Gymnocephalus cernuus), la Perche soleil (Lepomis gibbosus), le Black-bass (Micropterus salmoides), le Carassin (Carassius carassius) ou le Poisson chat (Ameiurus melas), espèces plus opportunistes et plutôt considérées comme des espèces invasives.

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2.4.2. Les invertébrés

Parmi les nombreux invertébrés que compte la Dordogne, les nayades sont emblématiques. Deux espèces de la famille des margaritiféridae en voie de disparition sont encore représentées sur le bassin de la Dordogne. Il s’agit de la Moule perlière (Margaritifera margaritifera) et de la Grande mulette (Margaritifera auricularia).

La Moule perlière vit dans les ruisseaux bien oxygénés et oligotrophes (milieux pauvres en nutriments et en éléments dissouts) du secteur Massif central (Auvergne et Limousin essentiellement). Sa reproduction n’est possible que dans des eaux d’excellente qualité, dont les taux de nitrate n’excèdent par les 1 à 2 mg par litre. Ainsi sa présence dans un cours d’eau reflète l’excellente qualité des eaux. Son cycle de vie est lié à celui de la truite, qui est le poisson hôte pour l'un de ses stades larvaires. La plus grosse population française est située sur l’amont du bassin de la Dronne (présence d’environ 15 000 individus), mais elle est aussi bien présente sur la Luzège, la Triouzoune, la Maronne, L’Escaumelle, La Diège. Tous ces cours d’eau appartiennent au bassin versant de la Dordogne.

La Grande mulette, présumée éteinte sur la rivière Dordogne, est encore présente sur certains affluents puisque des individus ont été retrouvés sur la Dronne aval, à la confluence avec l’Isle. Tous les individus connus sont très âgés, ce qui montre une absence de reproduction récente. Avec comme poisson hôte l’esturgeon, l’avenir de cette espèce n’est pas garanti, même si l’Esturgeon est encore présent sur la Dordogne.

D’autres espèces de moules vivent sur la partie aval de la Dordogne. C’est le cas d’Unio mancus et de Potamida littoralis.

L’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes) fréquente, quant à elle, les eaux fraîches des affluents des gorges de la Dordogne. Exigeante, cette espèce d’intérêt communautaire exprime la qualité des milieux dans lesquels elle s’épanouit. Malheureusement, les espèces invasives importées mettent en péril la survie de ces écrevisses indigènes.

Les milieux aquatiques et humides abritent des espèces de papillons classées telles que le Damier de la Succise (Euphydryas aurinia), l’Ecaille chinée (Euplagia quadripunctaria), le Cuivré des marais (Lycaena dispar).

Des libellules classées, telles que la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) et l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) sont bien présentes dans la vallée. D’autres espèces classées inféodées au cours d’eau sont aussi présentes, il s’agit de la Cordulie splendide (Macromia splendens) et du Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii).

Dans les zones de forêts, des insectes comme le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus), le Grand capricorne (Cerambyx cerdo), la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), présentent aussi un intérêt patrimonial. La Rosalie des Alpes en particulier affectionne les vieux arbres en contexte alluvial comme le Frêne commun (Fraxinus excelsior), le Peuplier noir (Populus nigra) et l’Aulne glutineux (Alnus glutinosa). Cette espèce est connue des vallées de l’Isle et de la Dordogne. L’ensemble des bois alluviaux de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère est favorable à cette espèce.

L’Eponge d’eau douce (Spongilla lacustris) est bien présente sur les affleurements rocheux sous-marins sur l’aval de la Dordogne, entre Bergerac et Castillon-la-Bataille.

D’autres espèces de mollusques sont potentiellement présentes dans les vallées de la Dordogne, de l’Isle et de la Vézère. Il s’agit notamment de la Planorbe naine (Anisus vorticulus) et du Vertigo de Desmoulin (Vertigo moulinsiana). Les habitats favorables aux Vertigo de Desmoulins sont ainsi caractérisés par des hélophytes et des laîches (Carex ssp.) qui se développent sur des sols alcalins et humides à proximité des bras morts et des bras secondaires de la rivière. Pour la planorbe, les habitats aquatiques sont caractérisés par la présence de massifs d'hydrophytes bien développés. L’habitat sur les vallées de l’Isle,

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de la Vézère et de la Dordogne y est favorable, mais le manque de prospections n’a pas permis de caractériser ces espèces à ce jour.

2.4.3. Les oiseaux

Deux éléments favorisent la présence de nombreux oiseaux sur les rives de la Dordogne : la qualité des eaux de la rivière, et la grande variété de conditions environnementales, permettant la succession de milieux humides et secs (coteaux, causses, bancs de galets), et la présence de multiples poissons et invertébrés leur garantissant des ressources alimentaires.

C’est le cas notamment des espèces d’intérêt communautaire suivantes : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), le Milan royal (Milvus milvus), le Milan noir (Milvus migrans), le Héron cendré (Ardea cinerea), le Grand-duc (Bulbo bulbo), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), la Cigogne noire (Ciconia nigra), l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), le Petit gravelot (Charadrius dubius)...

Le Grand-duc, qui profite des falaises pour installer son aire, descend pêcher la truite dans les eaux vives. La cigogne noire installe ses colonies sur les pentes escarpées des gorges et vient se nourrir dans les rivières et zones humides.

2.4.4. Les mammifères

Comme pour les oiseaux, la présence de nombreux mammifères sur les rives de la Dordogne est intimement liée à la qualité des eaux de la rivière et à la présence de multiples poissons et invertébrés.

Parmi les mammifères aquatiques, deux espèces rares et classées sont à distinguer : la Loutre commune (Lutra lutra) et le Vison d’Europe (Mustela lutreola). Ces deux espèces remarquables sont inscrites sur la liste mondiale des espèces menacées. Avec sa silhouette hydrodynamique, la loutre est le plus aquatique des petits carnivores. Témoin de la qualité de l’eau, ses habitats se situent à proximité immédiate de l’eau et sont constitués de couches simples, d’abris dans les berges et de terriers creusés dans le système racinaire. Du fait de piégeages intensifs, elle a connu une diminution drastique de sa population au cours du XXe siècle. Aujourd'hui, présente à l’amont et à l’aval du bassin, elle recolonise peu à peu l’ensemble du territoire. Le Vison d’Europe n’est quant à lui présent que sur la partie aval du bassin de la Dordogne. Il affectionne particulièrement les milieux marécageux et les secteurs de prairies bordées par des fossés. La population de vison est en nette régression, et ce, probablement du fait de la dégradation des habitats (les causes ne sont pas exactement connues). Sur la Dordogne, malgré un premier plan de restauration, de 1999 à 2003, l’aire de répartition de l’espèce semble avoir encore régressé, si bien qu’un nouveau plan a été lancé en 2007.

Plusieurs espèces de chauves-souris d’intérêt communautaire vivent également dans la vallée de la Dordogne. Les chiroptères recensés sont nombreux : Murin (vespertilions) à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), Murin de Bechstein (Myotis bersteinii), Murin de Natterer (Myotis nattereri), Murin à moustaches (Myotis mystacinus), Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), Grand Murin (Myotis myotis), Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale), Oreillard roux (Plecotus auritus), Oreillard gris (Plecotus austriacus), Sérotine commune (Eptesicus serotinus), Barbastelle (Barbastella barbastellus), Grande Noctule (Nyctalus lasiopterus), ou encore Pipistrelles (Pipistrellus sp.).

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2.4.5. Les reptiles et amphibiens

Les bords des cours d’eau accueillent également de nombreux amphibiens tels que les Grenouilles vertes (Rana esculenta) et rousses (Rana temporaria), le Crapaud commun (Bufo bufo), la Salamandre (Salamandra salamandra), le Triton ponctué (Triturus vulgaris) et des reptiles tels que la Couleuvre à collier (Natrix natrix) et la Couleuvre vipérine (Natrix maura) qui aime se lover dans le lit des cours d’eau.

Concernant les amphibiens, le crapaud commun, la grenouille agile (Rana dalmatina), le triton ponctué et le triton palmé (Lissotriton helveticus) affectionnent plutôt les bras morts. Les grenouilles vertes sont observées parfois directement dans le cours de la rivière. Certains milieux remaniés comme les anciennes gravières renferment le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata).

Parmi les tortues aquatiques, la Dordogne et l’Isle sont les hôtes de la cistude d’Europe (Emys orbicularis). Elle est bien présente dans les vallées alluviales de la basse Isle et de la basse Dordogne. La Cistude semble occuper les bras morts et couasnes du lit mineur ainsi que les secteurs de la rivière où le courant est le plus lent (zones de confluence notamment). Il est probable que l’espèce soit présente également dans les différents plans d’eau situés dans le lit majeur de la Dordogne, notamment les anciennes gravières et sablières.

2.4.6. La flore

2.4.6.1. La végétation aquatique

Dans la rivière, surtout à partir de la moyenne Dordogne, se développent des plantes d’eau remarquables telles que le Flûteau nageant (Luronium natans), espèce d’intérêt communautaire. Le Flûteau nageant est une espèce de la famille des Alismatacées inscrite à l’annexe I de la Directive Habitat. Plusieurs stations de cette espèce ont été identifiées sur la Vallée de la Dordogne. Ces stations sont principalement localisées dans des bras morts (couasnes), notamment dans la Vallée de la Dordogne Quercynoise.

2.4.6.2. La végétation des berges

L’Angélique des estuaires (Angelica heterocarpa) présente sur les seuls estuaires de la Loire, de la Gironde, de la Charente et de l’Adour fait l’objet d’une protection nationale et européenne. Sur la Dordogne elle remonte jusqu’à la région du Libournais.

D’autres espèces présentes sur les vallées de la Dordogne et de l’Isle sont protégées au niveau national ou communautaire, il s’agit par exemple de la nivéole d’été (Leucojum aestivum), la gratiole officinale (Gratiola officinalis), la pulicaire vulgaire (Pulicaria vulgaris) et la Jacinthe romaine (Hyacinthus precox).

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-Photographie 15- Cistude

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2.5. Espèces traditionnellement ou commercialement importantes, filières agricoles

De nombreuses espèces végétales et animales traditionnelles sont cultivées et élevées sur le bassin de la Dordogne. Elles ont été maintenues par une agriculture qui a su les préserver. Elles sont valorisées en tant que cultures traditionnelles de qualité. Sans tourner le dos à la modernité, l’attachement à une agriculture à taille humaine est encore prégnant. Il se reflète dans ces espèces, dans les pratiques qui leur sont associées et dans les paysages bucoliques qui en découlent.

De l’amont à l’aval du bassin versant, les signes officiels certifiant l’origine et la qualité des produits sont d’ailleurs légions5. Certaines de ces cultures font aujourd'hui partie intégrante de l’identité des territoires où elles sont produites. Elles sont commercialisées, soit à l’exportation, soit en vente directe, auprès des populations locales et des nombreux visiteurs en saison estivale ; ou encore simplement élevées pour une consommation domestique.

2.5.1. Des espèces animales et des pratiques spécifiques

De nombreuses espèces rustiques auraient pu disparaître avec l’évolution des pratiques agricoles et d’élevage. Aujourd'hui, elles font l’objet d’un regain d’intérêt de la part des éleveurs, qui développent une production de qualité – lait et viande – labellisée la plupart du temps.

2.5.1.1. Les bovins

2.5.1.1.1. La Salers

Son berceau d’origine est situé en Auvergne. Le standard de la race Salers (Bos taurus) a été défini pour la première fois dans les années 1900. Aux origines, il était fixé pour une exploitation de race Salers dans le Cantal pour un système traditionnel lait-broutard. Depuis les années 1960, la race salers s'est spécialisée dans le système allaitant (production de broutards : mâle de 9 mois vendus pour l'engraissement et femelles gardées pour le renouvellement du cheptel). Ses qualités de vêlage, son potentiel laitier, ainsi que sa rusticité ont fait sa réputation : elle est aujourd'hui présente sur les cinq continents, dans 25 pays. La France en compte 205 000, dont plus de 100 000 dans le Cantal. Elle est en effet la race d’élevage dominante en Auvergne. Le lait de Salers sert à la fabrication du Salers et du Cantal. La viande de Salers bénéficie d'une image très forte pour sa qualité.

2.5.1.1.2. La Ferrandaise Autochtone du Puy-de-Dôme, cette race (Bos taurus) a été constituée au début du XIXe siècle, pour la production de lait et de viande. Elle était également utilisée comme animal de trait et servait au débardage du bois. Avant 1914, elle représentait un effectif de 100 000 têtes, effectif inférieur à 2 000, en 2002. Délaissée du fait de sa faible production laitière, comparativement à des races plus productives comme la Prim’Holstein, cette espèce est appréciée pour sa fertilité et sa longévité. Elle est assez rustique et bien adaptée à la vie en montagne (élevage de transhumance). Elle fait aujourd'hui l’objet d’une

5 Voir en annexe 2, la liste de l’ensemble des signes de qualité qui existent sur le bassin de la Dordogne.

-Photographie 16- Vache ferrandaise dans son pâturage

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attention particulière pour la qualité de son lait qui sert à la fabrication du Saint-Nectaire et de la Fourme d’Ambert. Elle amorce un retour notamment dans les Monts-Dore.

2.5.1.1.3. La Limousine

La Limousine (Bos taurus) est une race bovine française originaire du Limousin. La robe plus claire que la Salers, elle est également réputée pour sa rusticité, ses qualités maternelles et la qualité gustative de sa viande, qui peut être valorisée sous trois labels rouges différents. Cette race est très utilisée en croisements avec des races locales ou laitières pour améliorer la conformation de leurs veaux. Comme les précédentes races, elle a bien failli disparaître au XVIIIe siècle avant que les efforts de sélection des éleveurs ne conduisent à son essor continu à partir des années 1960. Elle est aujourd’hui présente dans plus de 70 pays à travers le monde. En France, elle est aujourd'hui la seconde race bovine allaitante en termes d'effectifs avec environ 900 000 vaches reproductrices. Sur le bassin de la Dordogne, elle est notamment élevée sur les hauts plateaux corréziens mais également répandue en Dordogne, en Gironde…

2.5.1.2. Les porcins : le Cul-noir du Limousin

Originaire de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne, connu dès le XVIe siècle, le Cul-noir du Limousin a failli disparaître dans les années 1960, avec l’avènement des pratiques de standardisation de l’agriculture. Cette race locale a été sauvée grâce à une poignée d’éleveurs passionnés avec l’appui de l’Institut Français Technique du Porc (IFTP). Cette race de porc a des caractéristiques bien spécifiques : tête et croupe noires, conformation trapue, ossature fine… Ce cochon rustique ne peut être élevé qu’en plein air. Apprécié pour la qualité de sa chair et de son gras, il est abattu en novembre-décembre à 18 mois. Le cheptel de 150 truies, est réparti entre le Nord de la Dordogne, le Sud de la Vienne et l’Ouest de la Corrèze.

2.5.1.3. Les ovins : l’Agneau du Quercy, du Périgord et du Limousin

L’élevage ovin, et plus particulièrement d’agneaux, tient une place importante dans le bassin de la Dordogne. Il nécessite des surfaces en herbes importantes. Le mode de production extensif participe à la préservation de la biodiversité et des paysages. Plusieurs démarches engagées et certifications obtenues reconnaissent la qualité des ovins élevés.

L’Agneau fermier du Quercy, aux yeux cerclés de noir, a été la première viande ovine à obtenir un Label rouge en 1991. Il est le produit d’un terroir, les Causses du Quercy, qui est lui-même reconnu depuis 1996, par une indication géographique protégée (IGP). Cette qualité est due à la race (Caussenarde du Lot) et à son mode d’élevage : l’agneau est nourri principalement au lait de sa mère durant 70 jours au minimum en bergerie, alimentation complétée par une ration à base de céréales.

En Dordogne, l’Agneau du Périgord a lui aussi été reconnu par le Label rouge en 1994 et bénéficie d’une IGP depuis 2006. Il doit répondre aux critères de qualités suivants : être issu de races rustiques (type Lacaune, demi-sang Romanov en race pure…) ou bouchères (Charollais, Rouge de l'Ouest…), être né et élevé dans une même exploitation, en bergerie ou au pâturage selon le mode de conduite du troupeau, et être nourri au lait de sa mère par tétée au pis pendant 60 jours minimum puis alimenté à base de fourrages et de céréales produits en priorité sur la ferme et enfin être abattu à un âge compris entre 90 et 210 jours.

Enfin, l’agneau du Limousin a obtenu une IGP en 1999. Produit en Limousin et dans les départements limitrophes, il a pour caractéristique d’être élevé au lait maternel jusqu’au sevrage à 60 jours au minimum, puis à l’herbe, voire à base de concentrés en cas de nécessité.

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2.5.1.4. Les palmipèdes gras du Quercy et du Périgord

Elles sont élevées dans le Lot, la Corrèze (sud) et surtout en Dordogne. En France, la pratique du gavage d’oie est apparue au XVIIIe siècle avec l'arrivée du maïs dans le Sud-Ouest. Le gavage a lieu entre les âges de 9 et 25 semaines et dure entre 14 et 21 jours. Le foie qui pèse 80 g environ, atteint 600 g à 1 kg. Le maïs est l’aliment de choix. Aujourd'hui, les foies gras sont de plus en plus produits par le gavage de canards. Cette tradition a été reconnue par une IGP canard à foie gras du Sud-Ouest – Périgord en 2000. La même reconnaissance est en cours d’instruction pour les produits de l’oie grasse.

2.5.1.5. Les poissons de Dordogne

Truites, brochets, ablettes, goujons, sandres, anguilles, aloses, lamproies peuvent être au menu de certains restaurants et fermes auberge des bords de la Dordogne, en lien avec des pêcheurs professionnels. Certaines entreprises de pêche assurent également la transformation de poissons et la mise en conserve de certaines espèces de migrateurs. C’est par exemple le cas à Rauzan en Gironde, où une conserverie fabrique de la soupe de poisson de rivière et des conserves de lamproie.

2.5.1.6. Des pratiques d’élevage spécifiques

2.5.1.6.1. Le veau de lait sous la mère

Limousin, Cantal, Quercy, Périgord sont les principales régions d’élevage du veau sous la mère. Ce veau est nourri avec le lait maternel tété à volonté directement du pis de la vache. Il est issu de races bovines allaitantes traditionnelles du Sud-Ouest de la France (Limousine, Blonde d’Aquitaine…) ou de vaches croisées à vocation mixte. Cette production nécessite des éleveurs très attentionnés pour conduire l’élevage et obtenir une viande de qualité exceptionnelle. Cette pratique d’élevage est reconnue par le Label Rouge depuis 1971 (premier Label Rouge attribué dans le secteur des viandes). Il s'appuie sur un cahier des charges strict respecté par les éleveurs, les abatteurs, les dégroupeurs, les distributeurs.

2.5.1.6.2. L’élevage sur herbe et l’estive

Sur le bassin de la Dordogne, une partie importante du cheptel bovin (et ovin) pâture dans les prairies une grande partie de l’année. Cette pratique fournit aux troupeaux une alimentation à base d’herbe, complétée par des céréales, et garantit une production de viande de qualité.

Ainsi les pâturages permettent de valoriser des surfaces en herbe souvent difficiles à cultiver (sols acides, abondance de zones humides…) comme c’est le cas des secteurs de moyennes montagnes et des coteaux. Dans les secteurs de vallées, ils s’inscrivent généralement dans un système de production polyculture élevage.

A l’amont, sur les plateaux d’altitude du Massif Central, une pratique originale est encore d’actualité : l’estive. Elle concerne plus de 140 000 têtes bovines. Les vaches sont conduites ou transportées en mai sur les prairies pour un séjour prolongé jusqu’en octobre.

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-Document 14- Petite histoire de la Noix : 17 000 ans d'histoire

Le Périgord est certainement un des berceaux de la noix. Des restes du fruit ont été retrouvés dans les habitations de l'homme de Cro-Magnon à la fin du paléolithique (17 000 ans JC), et à l'époque azilienne (10 000 ans avant JC), dans un gisement de Peyrat à côté de Terrasson en Dordogne.

Sa valeur était telle que, déjà au Xe siècle, les paysans acquittaient leurs dettes en setiers de noix. En Périgord, au XIIIe siècle, les baux étaient versés en huile de noix à l'abbaye cistercienne du Dalon. L'huile de noix était considérée comme un bien aussi précieux que l'or. C'est d'ailleurs l'huile de noix qui contribua tout d'abord à la fortune de la région.

Son utilisation fut multiple. Elle permettait d'éclairer les humbles masures ou les plus majestueuses cathédrales. Elle faisait le bonheur des peintres ou celui des belles qui se savonnaient le corps au savon mou. En 1730, les trois-quarts des paysans n'utilisaient que cette huile pour la cuisine. « L'huile de noix donne l'apparence de bouillon à l'eau chaude qui trempe la soupe » disait-on à l'époque.

Dès le XVIIe siècle, le commerce de l'huile de noix se développe, via Bordeaux, vers la Hollande, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Sur la Dordogne, le commerce est intense. Les gabariers transportent non seulement l'huile, mais aussi les grumes de noyers et les noix, du port fluvial de Souillac jusqu'à Libourne, donnant ainsi son nom à l'un des quais « le port des noyers ». « Quinze jours de voyage dangereux sur la Rivière Espérance, puis la lente remontée du courant, au pas des bœufs »...

Si la culture du noyer connaît une forte expansion dans toute la France, à partir du XVIIIe siècle, c'est surtout dans le Sud-Ouest que la noix fait l'objet d'un vrai commerce. Les grands froids de 1830 portent un coup sérieux à la noyeraie. L'avènement de nouvelles oléagineuses comme l'œillette ou le colza, l'arrivée des huiles tropicales, bouleversent le commerce de l'huile de noix qui se retrouve en plein déclin à la fin du XIXe siècle. A cette époque, le commerce se diversifie à l'initiative de négociants bordelais vers la noix en coque, avec Corne et Marbot.

Le Sarladais se spécialise dans le cerneau avec une variété à coque tendre, la Grandjean. Les exportations se font à destination de l'Angleterre et des États-Unis. En 1950, la filière Noix du Périgord se mobilise pour créer, sur des bases modernes, de nouvelles noyeraies à partir de variétés traditionnelles. La Franquette est introduite dans le Bassin de production.

2.5.2. Les espèces végétales spécifiques

2.5.2.1. Les cultures fruitières

2.5.2.1.1. La noix (Juglans regia)6

La noix, fruit du noyer, est sans conteste une des cultures phares du bassin de la Dordogne, notamment dans sa partie médiane. Elle a contribué à forger une identité commerciale et culturelle. Elle s’étend sur trois départements : la Dordogne où elle est majoritairement développée, le Lot et la Corrèze.

Le noyer prospère essentiellement sur des sols argilo-calcaires du secondaire : terrains du jurassique et du crétacé pour 90 % du terroir. Il se développe aussi sur des schistes fissurés ou gneiss plus compacts au niveau des premiers contreforts du Massif Central. Sensible au gel, il est soit abrité dans des vallées, soit exposé sur des coteaux à moins de 500 m d'altitude. Des sols bien drainés, suffisamment profonds, minimum 50 cm ou moins si la roche mère est fissurée, assurent un développement harmonieux du noyer. Enfin le climat avec une température moyenne annuelle supérieure à 10,5°C et une pluviométrie moyenne annuelle supérieure à 750 mm, optimise la qualité des fruits.

Le terroir du Périgord a donné naissance à 3 des 4 variétés de l'appellation :

- Corne dans le canton d'Ayen en Corrèze avec son prolongement sur Hautefort en Dordogne,

- Marbot dans le secteur de Meyssac, Beaulieu, Argentat en Corrèze,

- Grandjean dans le Sarladais, en Dordogne.

S’ajoute à ces trois variétés, Franquette qui s'est parfaitement intégrée à l'ensemble du Bassin de production. Franquette représente l'essentiel du verger « périgourdin » avec 70 % des surfaces en place. Les variétés locales ont su maintenir leur place avec respectivement 11 % pour Corne, 12 % pour Marbot et 4 % pour Grandjean.

En 2002, une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) a été décernée pour ces quatre variétés. Elle reconnaît notamment des usages de commercialisation :

- en noix fraîche pour Marbot et Franquette, - en noix sèche pour Franquette, Marbot et Corne, - en cerneaux de noix pour Franquette, Corne et Grandjean.

6 Les informations présentées dans ce paragraphe proviennent enpartie du site Internet http://www.noixduperigord.com/accueil.html.

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Cette AOC concerne aujourd'hui 578 communes et 7004 hectares. Un important travail de valorisation a également été mené pour constituer la Route de la Noix du Périgord qui sillonne le bassin nucicole (quatre itinéraires) permettant de découvrir le fruit, sa mythologie locale et ses producteurs.

L’histoire du fruit (production, commercialisation) témoigne du lien qui l’unit à la rivière Dordogne, sans laquelle il est probable que cette culture n’ait pas connu le même essor.

2.5.2.1.2. La châtaigne (Castanea sativa)

Entre la Corrèze, le Cantal, le Lot et la Dordogne, s’étend un vaste bassin de production de la châtaigne. Cet « arbre à pain » au cœur de l’alimentation traditionnelle humaine et animale (il nourrissait autrefois le cul-noir en Limousin) retrouve aujourd'hui toute sa place dans de nombreux vergers. Les principales variétés de cette culture traditionnelle dans le bassin de la Dordogne ont pour nom Maridonne, Poutaloure, Bouche de Bétizac, Marigoule, Montagne et Belle épine.

Le marron du Périgord (Bouche de Bétizac, Marigoule) est actuellement en cours de reconnaissance par le Label rouge et de garantie d’origine par la norme Identification Géographique Protégée (IGP).

2.5.2.1.3. La pomme (Malus pumila)

Une quinzaine d’espèce de pommes trouvent leur origine en Corrèze, en Dordogne et parfois même en Auvergne comme détaillé dans le tableau ci-dessous :

Type de fruit Répartition Epoque de maturité Caractéristiques

Coquette d’Auvergne Auvergne tardive pomme à croquer, se conserve jusqu’à janvier

Reinette d’Auvergne Auvergne mi-précoce pomme à croquer ou à jus

Sainte Germaine Corrèze tardive pomme à croquer ou à jus

Museau de lièvre rouge Corrèze précoce pomme à croquer peu acidulée

Reinette de Brive Corrèze - Dordogne très tardive joli fruit côtelé

René vert Dordogne - Corrèze très tardive pomme à croquer, supporte les gelées

Api rose ou rouge Dordogne - Corrèze tardive pomme à chair blanche

Court pendu gris Dordogne – Haute-Vienne très tardive fertile, très bonne qualité gustative

Pomme orange du Périgord Dordogne tardive parfum d’orange

Boulonnais Dordogne précoce à croquer ou sautée à la poêle

Nez de veau Gironde très tardive grosse pomme verte à compote

Pomme Dieu Gironde très tardive beau fruit jaune d’or

Redondelle Gironde très tardive petite, type reinette

Rose de Bénauge Gironde tardive pomme à croquer et à cuire

Rose de Virginie Gironde très précoce production élevée peu sensible

Teint frais Gironde tardive belle, semblable à Pomme Dieu

Reine des reinettes variété commune mi-précoce pomme à croquer ou à jus

-Document 15- Tableau récapitulatif des espèces de pommes autochtones du bassin de la Dordogne

Le pommier est un arbre peu exigeant (bien moins que le poirier ou d’autres arbres fruitiers) : il craint la sécheresse mais supporte aisément le froid et l’humidité. Il pousse bien sur les terrains argileux perméables et dans des compositions silico-calcaires ou argilo-siliceuses.

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Si les espèces de pommes autochtones, présentées dans le tableau, ont longtemps été destinées à l’autoconsommation ou à la vente sur les marchés locaux, la culture de la pomme s’est depuis orientée

vers des productions plus massives, souvent irriguées en goutte à goutte, et vouées à être exportées et distribuées vers la grande distribution.

Dans ce contexte, la Pomme du Limousin tient une place toute particulière. En effet, cette appellation recouvre la culture de la Golden reconnue par une AOC depuis 2005 et par une AOP depuis 2007. Il s’agit d’ailleurs de la seule production de pomme française ayant obtenu une reconnaissance européenne.

Sur le bassin de la Dordogne, son aire de production s’étend sur l’Ouest de la Corrèze, le Nord-Est de la Dordogne et le Sud de la Haute-Vienne. La part la plus conséquente de la production de la Pomme du Limousin est située en Corrèze, au nord de Brive-la-Gaillarde, entre Objat et Montgibaud. Ce secteur produit 70 000 tonnes de pommes. Une Route de la Pomme du Limousin a été structurée par les professionnels du secteur pour valoriser le produit et les richesses des terroirs pomicoles. Elle s’étend sur une cinquantaine de kilomètres. Tous les deux ans une fête de la pomme est organisée à Objat.

2.5.2.1.4. La myrtille (Vaccinum myrtillus)

Cette baie qui pousse sur les versants montagneux du haut bassin de la Dordogne se cueille à l’aide d’un peigne. La myrtille est notamment utilisée pour son action protectrice des vaisseaux capillaires.

2.5.2.1.5. La fraise (Fragaria x ananassa)

La production de fruits rouges commence en amont, en Corrèze, dans le secteur de Beaulieu-sur-Dordogne et s’étend sur le département de la Dordogne où elle prend une dimension plus importante. Le Lot est également concerné.

La fraise est apparue en Dordogne à la fin du XIXe siècle. Elle s’est développée dans plusieurs micro-régions, mais de façon limitée. Les débuts d’une véritable fraisiculture sont apparus sur les coteaux d’Egliseneuve-de-Vergt peu après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Au début des années 1950, un négociant eut l’idée d’aller chercher la récolte dans les fermes avec une camionnette plusieurs fois par semaine, entraînant ainsi le début d’une production de masse. Aujourd'hui, les fraises produites sur le bassin de la Dordogne couvrent tous les segments du marché :

- export, marché interne, industrie, - grandes et moyennes surfaces, grossistes, détail, marché de

proximité, - haut de gamme, standard.

La fraise a besoin d’une exposition ensoleillée. Elle apprécie les sols frais, humides mais bien drainés, légèrement calcaires et ferrugineux. La fraise du Périgord est produite sur une période de 6 mois. Selon les variétés de fraises, deux périodes de culture se distinguent :

- les variétés du printemps produites de fin avril jusqu’au 15 juin : Gariguette, Cigaline, Darselect et Elsanta,

- les variétés remontantes produites du 15 juin jusqu’à la fin octobre : Mara des bois et Selva.

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-Photographie 17- Pomiculture de Corrèze

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-Photographie 18- Fraisiculture en Dordogne

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-Document 16- L’exception Saint-Emilion

Ce célèbre terroir doit son histoire à Jean sans Terre. Ce roi anglais décida dès 1199 de donner des terres aux paysans, à condition qu’ils y fassent pousser des vignes. Les Saint-Emilion actuels se distinguent par 13 premiers grands crus et 55 grands crus, suivis de centaines de vins AOC, tous caractérisés par la douceur veloutée due à la prédominance du cépage merlot.

Une IGP a été attribuée à la « Fraise du Périgord » en 2004. Elle s’applique aux variétés citées (sauf la Selva) et s’étend sur 32 cantons en Dordogne et 9 communes du Lot. La culture de la fraise est célébrée dans plusieurs localités du bassin de la Dordogne au mois de mai : Vergt, Nabirat, Beaulieu-sur-Dordogne.

2.5.2.1.6. Les cultures de la basse vallée

Les terrains sableux de la basse vallée permettent le développement d’une arboriculture (kiwi, nectarine, pomme) et d’une activité maraîchère (melon, asperge).

2.5.2.2. La vigne7

Le bassin versant de la Dordogne possède une longue tradition vitivinicole (cf. encart historique). Depuis le IVe siècle, les vignobles se sont progressivement étendus sur près des deux-tiers de la longueur totale de la vallée de la Dordogne. Dans la partie haute du territoire, de nombreux terroirs ont ainsi connu un développement important, et surtout la moyenne et basse Dordogne, de Bergerac au Bec d’Ambès, où la culture de la vigne est omniprésente. Cette situation s’explique en partie par la présence de conditions édaphiques et géographiques propices au développement de nombreux terroirs de l’amont à l’aval :

- des sols « chauds » situés jusqu’en Corrèze sur les plateaux calcaires,

- des produits naturels présents à l’amont (issus notamment des forêts limousines) venant approvisionner la basse vallée en bois et merrains pour la fabrication des fûts,

- et évidemment un axe fluvial permettant de pénétrer des territoires plus difficiles d’accès par la route, puis de circuler et d’échanger.

L’histoire du développement de la vigne sur le bassin de la Dordogne est intimement liée à la rivière Dordogne.

Les principaux cépages de la Vallée de la Dordogne sont les mêmes que dans le Bordelais : - pour les blancs : Sémillon (69 %), Sauvignon (18 %), Muscadelle (9 %), Ugni blanc (4 %), - pour les rouges : Merlot noir (48 %), Cabernet sauvignon (27 %), Cabernet franc (22 %), Côt ou

Malbec (3 %).

Dans la Haute Vallée de la Dordogne, en 1985, un siècle après les ravages du phylloxera, Branceilles en Corrèze, dont le terroir comptait 450 ha est de nouveau couvert de vigne (30ha). Le vin produit, le mille-et-une-pierres, doit son nom au travail de sous-solage et de concassage des pierres du sol argilo-calcaire qu’il fallut dégager avant de replanter. Plus au sud de la Corrèze, entre Meyssac et Beaulieu, un petit groupe d’agriculteurs locaux s’est constitué depuis 1997 pour faire renaître le Vin paillé. Les grappes sont séchées sur des claies en paille ou en bois pendant plusieurs semaines pour se concentrer en sucre et en goût, avant d'être pressurées. Huit vignerons ont aussi rétabli dans le Haut-Quercy, les vins rouges des coteaux de Glanes (20ha), au-dessus de Bretenoux. Croisé de Jurançon noir et de Portugais bleu, le Ségalin, une variété conçue pour eux et présente à 20 %, donne au vin sa couleur foncée. Avec 20 ha, le vignoble de Domme en Dordogne, replanté en

7 Les informations présentées dans ce paragraphe proviennent du travail de Michaël Jacobson, journaliste, écrivain et surtout wine’s connoisseur.

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-Photographie 19- Vignoble sur les hauteurs de Libourne (Gironde)

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1993, est aussi l’un des plus petits vignobles de France qui regroupe une quinzaine de producteurs.

Dans la moyenne Vallée de la Dordogne, à Monbazillac, les vins de desserts étaient déjà connus à l’étranger dès le XVIe siècle, longtemps avant les Sauternes. Mais les goûts changèrent au profit des vins blancs plus secs. Dans les années 1970, de meilleurs cépages furent plantés et les méthodes de culture furent améliorées. Pour obtenir l’AOC, les vins doivent être récoltés manuellement, par tries successives. Quant à Bergerac, il constitue la plus vaste région viticole derrière Bordeaux. Ce vignoble très ancien s’étend sur 12 000 ha et compte 13 AOC (rouges, blancs et rosés) répartis entre Monbazillac, Bergerac, Pécharmant, Rosette, Montravel et Saussignac. Grâce à des améliorations continues depuis une vingtaine d’années, quelques vins peuvent rivaliser avec certains grands crus classés.

Plus à l’aval, en Gironde, s’étendent les domaines des vignobles les plus prestigieux. Sur la rive gauche de la Dordogne, se trouvent les vignobles de Sainte-Foy-la-Grande et le vaste triangle de l’Entre-Deux-Mers, et sur la rive droite de la Dordogne, les Côtes de Castillon et les fameux vignobles de Saint-Emilion.

-Document 17- Le vin et la rivière Dordogne : une histoire entrelacée

L’histoire commune du vin, de la rivière et son développement a commencé au début de notre ère. La Romanisation oriente les productions vers le blé, le bois et le vin. Le fleuve devient alors un axe de pénétration et de diffusion des nouvelles techniques amorçant ainsi une économie d’échanges.

Première rupture : la longue instabilité économique et sociale qui règne du Ve au IXe siècle due aux invasions barbares. A la fin de cette période, une structure nouvelle s’implante dans cette basse vallée : l’Eglise se développe avec pour mission la christianisation des populations, le maintien de la paix et la prospérité.

Aux Xe et XIe siècles, les premières communautés monastiques (abbayes, prieurés) diffusent la culture de la vigne. La vallée de la Dordogne se met donc au service de l’Eglise en fournissant les ressources et les forces vives nécessaires à l’entretien de cette dernière. La production vinicole augmente, petits ports locaux et bourgs profitent de cette opportunité pour écouler les récoltes, points d’appui d’un embryon de marché.

De la fin du XIe au milieu du XIVe siècle, un véritable « décollage » vitivinicole s’empare du bassin de la Dordogne, sans que les rivalités entre les maisons de France et d’Angleterre ne viennent freiner l’activité économique de la vallée dans un premier temps. Marchands et négociants se servent de ces rivalités pour se faire accorder une série de privilèges en priorité sur les vins, avec des exemptions à l’importation ou des dégrèvements avec descente libre de la Dordogne. Les villes comme Bergerac, Saint Emilion, Gensac, saisissent ces opportunités pour accentuer leur mainmise sur les productions, les ventes et le transport du précieux produit (monopole de la Vinée de Bergerac à partir de 1322).

Les affrontements dynastiques poussent les deux royautés à installer « des hommes » sur les marges de leurs territoires, ainsi naissent les bastides dont la construction va s’étaler le long de la rivière Dordogne : Lalinde, Sainte-Foy-la-Grande, Libourne. Cette dernière entre en concurrence avec Bergerac au début du XIVe siècle, bel édifice socio-économique fragile qui s’effondre avec les débuts de la guerre de Cent Ans (à partir de 1337). Il faudra attendre la mainmise de la couronne de France sur le fleuve après 1453, pour assurer une navigation sûre et la reprise du commerce.

Du XVe au XVIIIe siècle une véritable symbiose s’établit entre la rivière et la basse vallée. Villes et campagnes se repeuplent, les surfaces plantées en vigne augmentent, la production de vin décuple. Les marchés locaux ne suffisent plus à assurer l’écoulement de la marchandise et de nouveaux horizons commerciaux sont alors développés (marché hollandais, les « Isles »). Cette prospérité retrouvée anime l’ensemble de l’axe fluvial. Chaque partie de la rivière (haute, moyenne, basse vallée) se complète par de nombreux échanges à la descente et à la remonte. Toute une population, du vigneron au trimardeur, vit au contact du fleuve qui est souvent le seul lien entre les diverses couches sociales : lien de prospérité et de réussite pour les bourgeoisies marchandes, un lieu de survie par la fourniture d’un travail temporaire pour les classes populaires (ouvriers, tireurs…). La fin du XVIIIe siècle marquera l’apogée de cette économie d’Ancien Régime.

Les premières réformes libérales, la Révolution et l’Empire amorcent le déclin de l’économie valléenne. Le XIXe siècle tourne le dos à la rivière. De plus, vers la fin de ce siècle, le vignoble connaît une grave crise qui le ruine en partie. Les vignes sont frappées de plein fouet par le phylloxera, puceron d’origine américaine. Dans la haute vallée, les vignerons ne peuvent assumer le coût des nouvelles plantations greffées avec des plants américains et de nombreux vignobles disparaissent.

La deuxième moitié du XXe siècle marque toutefois un renouveau certain comme en témoignent la mise en place d’un nouveau vignoble, et la conquête d’un nouveau marché. Ce nouvel élan, moteur du développement, inclut la rivière comme acteur majeur du processus.

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-Document 18- Petite histoire de la truffe en Périgord

Au XIXe siècle, la truffe était tellement abondante que les récoltes locales pouvaient atteindre plusieurs tonnes (ex. 6 tonnes à Sorges en 1870, soit l’équivalent de la production actuelle du département de la Dordogne). En Périgord, les paysans creusaient parfois des tranchées autour des vignobles pour contenir l’avancée des truffières qui menaçaient de coloniser leurs vignes. Dans certaines régions de Dordogne chaque maison avait sa truffière. Les paysans la consommaient comme un légume. Certaines recettes conseillait jusqu’à cinq livres pour une seule dinde et deux pour un chapon ! L’omelette à la truffe étant un expédiant pratique lorsqu’arrivait un invité imprévu.

A la fin du XIXe siècle, la crise du phylloxéra contribua à la prolifération de la truffe en Périgord. En effet, les truffières envahirent les vignes ruinées par la maladie. La vigne ayant préparé le terrain en libérant le sol d’une végétation susceptible de nuire à la croissance de la truffe, la production française s'accrut rapidement.

La Première Guerre Mondiale mit fin à cet âge d’or. Plusieurs raisons à cela : tout d’abord, le manque d’entretien des truffières qui furent rapidement envahies par les chenilles, puis l’exode rural et l’apparition des résineux, et enfin, le désintérêt des nouvelles générations qui contribua à ce déclin. Dans les années 1960, la production nationale annuelle n’était plus que d’environ 80 tonnes. Depuis, les récoltes se sont amenuisées, ne dépassant pas les 50 tonnes. Dans le Sud-Ouest, les vieilles truffières du Périgord – qui ont rendu célèbre la truffe – sont maintenant devancées par celles du Lot.

En allant vers l’ouest, les sols des vignobles montrent les influences successives et très variées de la rivière Dordogne, dues à son évolution au cours des siècles. Dans les Côtes de Castillon, le sommet des collines est calcaire et les coteaux de plus en plus marneux. Dans la région de Saint-Emilion, le plateau est principalement calcaire et les coteaux sont argilo-calcaires. Autour de Libourne, où la rivière Isle rejoint la Dordogne, les sols des vignobles sont plus graveleux. Les terrasses au-dessus de l’Isle produisent le Pomerol, de renommée mondiale. Ensuite, jusqu’au Bec d’Ambès, ce sont des terrains d’alluvions et l’extrémité nord de l’Entre-Deux-Mers. Toutefois, à l’aval de Libourne, se trouve une enclave dont le sol est formé de couches de cailloux : il s’agit des Graves de Vayre. En rive droite, la rivière traverse Fronsac et Canon-Fronsac avec ses sols argilo-sableux surmontant des grès molassiques.

Enfin, les abords du Bec d’Ambès sont les domaines des Côtes de Bourg et des Côtes de Blaye dont les sols sont pour partie issus de l’érosion du Massif Central par la Dordogne. Les vignobles, en rive droite de l’estuaire de la Gironde, sont toujours sous l’influence bénéfique de la rivière, et ce, jusqu’à Talmont sur Gironde. C’est là qu’une dernière expérience vinicole est mise en œuvre par de jeunes agriculteurs. Ils tentent de réhabiliter un vieux cépage : un vin blanc 100% Colombard. En outre, la singularité de ce vin est d’être issue du « dernier » vignoble baigné par les eaux de la Dordogne avant l’Océan Atlantique…

2.5.2.3. La forêt

Parallèlement à la récolte réalisée et commercialisée par des entreprises d’exploitation forestière, des prélèvements dans les forêts du bassin de la Dordogne sont effectués par des particuliers et des agriculteurs, essentiellement destinés à l’autoconsommation comme bois de feu et bois de service (piquets, clôtures, bardages…).

2.5.2.4. Les champignons

2.5.2.4.1. La Truffe (Tuber melanosporum)8

Entre culture et cueillette, la Truffe noire du Périgord est une production locale à forte valeur ajoutée, principalement développée dans le Quercy et le Périgord. Elle revêt une grande importance d’un point de vue historique et touristique si bien qu’elle constitue un des marqueurs identitaires forts de ces territoires.

Ce champignon souterrain comestible, très recherché, trouve dans les causses du Quercy et du Périgord des terrains propices à son développement : sols calcaires, pauvres, peu profonds et bien drainés. Il se développe près des racines de chênes pubescents, de chênes verts et de noisetiers. La truffe se cherche en plein hiver à l’aide de chiens truffiers, de cochons ou encore en repérant les points où se pose une mouche spécifique (Suilla gigantea).

Au XIXe siècle, la truffe était particulièrement abondante dans le Quercy et le Périgord. Elle a ensuite connu une

8 Les informations présentées dans ce paragraphe proviennent en partie du site Internet http://www.dordogne-perigord.com/.

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période de déclin dû au manque d’entretien des truffières présentes à l’état naturel. Au cours des années 1980, des plans de relance de la trufficulture ont été mis en place dans la plupart des régions de production françaises, si bien qu’en Dordogne, les truffières spontanées en déclin ont été peu à peu remplacées par des plantations. Plus de 100 ha de truffières sont plantées chaque année en Dordogne, à partir de plants mycorhizés. La tendance au déclin semble inversée.

2.5.2.4.2. Les cèpes (Boletus edulis) Présents partout sur le bassin de la Dordogne, les cèpes sont principalement répartis dans les forêts de Corrèze et de Dordogne. Le cèpe le plus commun et le plus recherché est le Cèpe de Bordeaux. Il s’agit d’un bolet qui peut être « de chêne », « de conifère » ou « de châtaignier » et qui pousse après d'abondantes pluies suivant des étés chauds et secs. Il est reconnaissable à sa couleur légèrement ocre, son chapeau marron, ses tubes et pores blancs virant au jaune clair puis au verdâtre, et son pied trapu en forme de massue. Sa chair a l'odeur et la saveur de la noisette.

Si les retombées économiques du ramassage des cèpes sont difficiles à mesurer, elles sont pourtant bien réelles. Vendus sur les marchés ou de particuliers à particuliers, ils sont largement utilisés dans la gastronomie locale, la plupart des restaurateurs proposant au menu la célèbre omelette aux cèpes.

Le cèpe revêt par ailleurs une dimension culturelle majeure. La cueillette du champignon est une activité très prisée par les habitants qui guettent les conditions climatiques permettant, certaines années, d'impressionnantes récoltes.

2.5.2.5. Autres espèces valorisées

2.5.2.5.1. Le tabac (Nicotiana tabacum)

L’introduction du tabac dans le bassin de la Dordogne remonte à la fin du XVIe siècle. Cependant, la culture du tabac ne s’est généralisée qu’à partir de la seconde moitié du XXe siècle, lorsqu’elle est devenue une culture commerciale. Le tabac a alors révolutionné les pratiques ancestrales en apportant chaque année au moment de la vente de la récolte une importante rentrée d'argent.

Le bassin de production s’étend sur la Corrèze, le Lot, la Dordogne et la Gironde. Parmi ces départements, la Dordogne est un acteur national important puisqu’elle produit 23 % de la production nationale (soit en 2008 : 1 700 tonnes pour 450 ha cultivés par 327 producteurs).

Le tabac est une culture exigeante en eau et de fait irriguée pour assurer une production efficace et régulière. Les espaces alluviaux de la Dordogne ont constitué des terrains privilégiés pour le développement de la production de tabac (notamment entre Souillac et Bergerac). Les pieds qui comptent une vingtaine de feuilles chacun, peuvent atteindre 1,80 m au début de l’été.

Jusqu’à la fin des années 1970, seul le tabac brun était cultivé, mais l’évolution de la consommation et les modes de rémunération de la production ont contraint les producteurs à la reconversion vers le tabac blond. Cette culture a fait vivre des milliers d’exploitations, moyennes et petites, procurant une part importante de leur revenu global et a utilisé une main d'œuvre à la fois familiale et salariée. Aujourd'hui le nombre de producteurs diminue tandis que les exploitants qui poursuivent semblent se spécialiser de plus en plus ces dernières années.

2.5.2.5.2. Le safran (Crocus sativus L.)

Le safran provient de la culture du Crocus et constitue une culture de niche à haute valeur ajoutée dans le bassin de la Dordogne. Cette épice est cultivée dans le Quercy et dans le sud du Périgord. Jusqu’à la Révolution française, la culture du safran a connu une prospérité telle que son prix était calculé par quintal. Son envergure commerciale était internationale. Elle a ensuite décliné en raison d’une combinaison de facteurs : hivers trop rigoureux qui anéantirent les cultures, besoin d’une main d’œuvre

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importante et spécialisée, conduite culturale minutieuse qui ne correspondait plus à l’évolution que connaissait l’agriculture.

Depuis la fin des années 1990, cette culture a repris de l’envergure grâce à une association d’exploitants locaux désireux de relancer la production. En Quercy, la production annuelle varie entre 6 et 8 kg, soit 2 millions de fleurs récoltées à la main. Une démarche a été engagée en 2005, pour faire reconnaître la culture par le Label Rouge et pour obtenir une IGP.

2.5.2.5.3. La gentiane jaune (Gentiana lutea)

La Gentiane jaune encore appelée Grande gentiane ou Reine des Montagnes pousse en Auvergne, dans les départements du Puy-de-Dôme et du Cantal (sur le territoire du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne). Elle compose la parure florale de grandes étendues herbeuses appelées « planèzes ».

La Gentiane jaune pousse à l’état sauvage entre 900 et 1 700 m d’altitude et fleurit en juin et juillet à partir de sa 10e année et peut vivre 50 ans. Herbe robuste et vivace, elle se caractérise extérieurement par une haute tige pouvant atteindre 2 m, des feuilles opposées et nervurées et une multitude de fleurs jaunes d’or. La plante possède également un rhizome (tige souterraine) profondément enfoui dans le sol qui peut mesurer jusqu'à 1,5 m de long et peser jusqu'à 5 kg. C'est ce rhizome qui fait l'objet d'une récolte.

Chaque année, la gentiane est récoltée manuellement de juin à octobre par des équipes de gentianaires. Autrefois, une pioche appelée « ancre » était utilisée par les arracheurs qui s'en servaient comme d'un levier. Aujourd'hui, le travail se fait à l’aide d’une fourche métallique d'origine jurassienne (la fourche du diable), munie d'un marchepied sur lequel l'ouvrier saute pour enfoncer les dents dans le sol. Un bon arracheur peut extraire 200 à 300 kg de racines par jour.

Les rhizomes de printemps sont utilisés en herboristerie, pharmacologie et cosmétologie, après avoir séchés pendant tout l’été dans un enclos sur l'estive puis dans un local aéré. Les récoltes d'été et d'automne, plus riches en sucre, sont utilisées fraîches pour la fabrication d'apéritifs. Les rhizomes sont triés, avés, brossés puis coupés avant de macérer pendant 9 mois dans de l'alcool. Le jus extrait sert de base à la préparation d’une liqueur dorée, connue pour son amertume. Elle est commercialisée sous différentes marques telles que « Avèze » dont l'usine de production est située à Riom-es-Montagnes.

Chaque année au mois de juillet, ce village célèbre la Gentiane en invitant botanistes, gastronomes, artisans et habitants à présenter et partager leurs savoirs autour de la plante.

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CHAPITRE 3. D i s p o s i t i f s d e p r o t e c t i o n , d ’ i n v e n t a i r e e t d e v a l o r i s a t i o n

Le bassin versant de la Dordogne abrite une grande biodiversité (faune, flore) qui constitue un patrimoine environnemental remarquable pour le territoire et les populations qui y vivent. Plusieurs types de dispositifs de reconnaissance de ce patrimoine coexistent sur le territoire : protections réglementaires, procédures contractuelles et inventaires. Leur présence démontre officiellement la valeur, tant spécifique que fonctionnelle, des écosystèmes du bassin de la Dordogne9.

3.1. Outils de protection

3.1.1. Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB)

Un espace couvert par un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) est un territoire où les activités sont réglementées, soit pour conserver les biotopes (habitats) nécessaires à la survie d’espèces animales ou végétales protégées et identifiées, soit pour préserver l’équilibre biologique de certains milieux. Ces arrêtés ont été instaurés par la Loi de 1976 relative à la Protection de la Nature et son décret d’application du 25 novembre 1977.

Sur le bassin versant de la Dordogne, les APPB couvrent une superficie de 43,3 km², soit 0,2 % du territoire.

3.1.1.1. Sur le cours d’eau Dordogne

Cinq APPB ont été pris sur le cours de la Dordogne10.

Les départements de la Corrèze et du Lot ont chacun pris un APPB (respectivement arrêté FR3800233 du 5 novembre 1985 et arrêté FR3800240 du 8 avril 1987) qui porte sur la préservation du saumon atlantique. L’arrêté corrézien remonte jusqu’au niveau du barrage du Sablier à Argentat. Les deux APPB interdisent toute action ou travaux pouvant porter atteinte à l’équilibre biologique du milieu, à savoir les aménagements hydroélectriques, l’extraction de granulats dans le lit mineur, les travaux hydrauliques non autorisés par le Préfet, ainsi que les rejets d’effluents ne respectant pas les objectifs de qualité retenus pour la Dordogne.

Dans la partie périgourdine, l’ensemble du cours de la Dordogne est soumis à un arrêté (FR3800266 du 3 décembre 1991) qui porte sur la conservation du saumon, des aloses (grande et feinte), ainsi que des lamproies (fluviatile et marine). Les interdictions sont les mêmes que pour la Corrèze et le Lot.

Enfin, dans le département de la Dordogne, deux autres arrêtés viennent compléter la protection de la rivière : un arrêté (FR3800272 du 15 juillet 1986) concernant l’île Fontchopine à Vitrac et La Roque Gageac, et un arrêté (FR3800271 du 30 octobre 1984) portant sur les îles du barrage de Mauzac.

9 La liste complète des dispositifs de protection, de gestion et de valorisation existants sur le bassin de la Dordogne est présentée en annexe 3. Les cartographies des dispositifs présentés dans le chapitre sont insérées à la fin de chaque sous-chapitre. Lorsque des numérotations sont précisées dans les cartographies, elles renvoient aux listes des dispositifs présentées en annexe 3. 10 Voir le chapitre 7.2. concernant le zonage de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne.

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3.1.1.2. Sur le reste du territoire

En dehors de ces trois sites, 18 APPB ont été pris sur le bassin de la Dordogne. Ils concernent majoritairement des milieux aquatiques ou péri-aquatiques comme des étangs, des tourbières ou des marais.

3.1.2. Réserves Naturelles Nationales (RNN)

Deux réserves Naturelles Nationales (RNN) sont entièrement situées sur le bassin de la Dordogne : la réserve des Sagnes de la Godivelle et la réserve de Chastreix-Sancy. Une troisième est également présente mais ne possède qu’une partie très petite de son territoire sur le bassin : la réserve de la Vallée de Chaudefour. Ces trois RNN sont situées dans le Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne, dans le département du Puy-de-Dôme (63).

La réserve des Sagnes de la Godivelle (RNN23) a été créée en 1975. Elle s’étend sur 24 ha et est située à 1200 m dans les Monts du Cézalier, sur la commune de La Godivelle. Elle a pour objet la conservation d'une zone tourbeuse en périphérie d'un lac d'origine glaciaire. Elle comprend deux parties (« Lac d'En Bas » et « Coualle Basse »). Elle est gérée par le PNR des Volcans d’Auvergne.

La réserve de Chastreix-Sancy (RNN165) a été créée en 2007. Elle s’étend sur 1894,55 ha et est située sur cinq communes (Chastreix, Picherande, Besse-et-Saint-Anastaise, Chambon-sur-Lac, Mont-Dore). Elle recense 45 milieux : groupements végétaux de falaises ou de gazons et pelouses d'altitude rares en Auvergne, tourbières, belles hêtraies, fourrés de Saules des lapons (espèce protégée en France)... Elle est co-gérée par le PNR Volcans d’Auvergne et par l’Office National des Forêts (ONF).

3.1.3. Sites classés et sites inscrits

Les sites inscrits et classés ont été définis par la loi du 2 mai 1930, intégrée depuis dans les articles L 341-1 à L 341-22 du code de l'environnement. Ils visent à préserver des espaces naturels ou bâtis qui présentent un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Le classement ou l’inscription d’un site ou d’un monument naturel constitue la reconnaissance officielle de sa qualité et la décision de placer son évolution sous le contrôle et la responsabilité de l’État.

Deux niveaux de protection existent : - le classement est une protection forte qui correspond à la volonté de maintien en l’état du site

désigné, ce qui n’exclut ni la gestion ni la valorisation, - l’inscription à l’inventaire supplémentaire des sites constitue une garantie minimale de

protection. Elle impose aux maîtres d’ouvrage une obligation d’informer avant la mise en œuvre de travaux.

Le bassin versant de la Dordogne présente de nombreux sites classés et inscrits couvrant une superficie de 861,6 km², soit 3,6 % du territoire :

- 91 sites classés, soit une superficie de 143,4 km² : Lac Pavin (Puy-de-Dôme) ; Site de Rocamadour (Lot) ; Grottes de La Roque-Saint-Christophe et du Pas du Miroir, Cingle de Limeuil… (Dordogne)…,

- 320 sites inscrits, soit une superficie de 718,2 km² : Belvédère de Gluges (Lot) ; Château de Commarque (Dordogne) ; Place Abel-Surchamp à Libourne (Gironde)…

3.1.4. Réseau européen Natura 2000

Depuis 1992, le réseau écologique européen Natura 2000 a pour objectif de préserver les espèces et les habitats menacés et/ou remarquables sur le territoire européen, dans un cadre global de développement

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durable. Ce dispositif doit permettre de protéger un « échantillon représentatif des habitats et des espèces les plus menacés en Europe », en les faisant coexister de façon équilibrée avec les activités humaines.

Deux types de zones naturelles ont été définis : - des zones vouées à la conservation des types d’habitats naturels et des habitats d’espèce ; il

s’agit des Zones Spéciales de Conservation (ZSC), issues de la directive européenne « Habitats » de 1992,

- et des zones chargées de protéger les oiseaux sauvages et leurs milieux de vie ; il s’agit des Zones de Protection Spéciale (ZPS), issues de la directive européenne « Oiseaux » de 1979.

Le réseau Natura 2000 couvre une partie importante du bassin versant. Les zones inscrites au titre de la Directive « Habitats » sont situées, pour une grande majorité, dans les vallées fluviales de la Dordogne, de l’Isle, de la Nizonne, de la Dronne, de la Vézère, de la Cère, de l’Engranne, du Gestas, de la Saye, du Moron, de la Double, des Beunes, ainsi que sur les lacs et rivières à Loutres du Cantal et du Puy-de-Dôme. Elles forment un réseau de 82 sites et couvrent une surface de 2 606 km², soit 10,9 % du bassin versant. Quant aux zones inscrites au titre de la Directive « Oiseaux », elles concernent les Gorges de la Dordogne, les Monts et Plomb du Cantal et le Plateau de Millevaches. Elles s’étendent sur 1 184 km², soit 4,9 % du territoire.

Plus précisément, sur la vallée de la Dordogne, le réseau Natura 2000 comprend la totalité du cours de la rivière situé à l’aval d’Argentat, l’estuaire inclus. La procédure de classement ayant suivi des logiques régionales, le cours d’eau est en fait découpé en trois sites distincts, chargés de protéger la biodiversité des milieux :

- dans la partie amont, en Limousin (Corrèze), la Vallée de la Dordogne est inscrite sur l’ensemble de son cours et affluents (FR7401103). Le site concerne 150 km de vallée et couvre une superficie de plus de 7 600 ha,

- en Midi-Pyrénées, dans sa partie lotoise, la Vallée de la Dordogne Quercynoise (FR7300898) concerne environ 60 km de vallée et s’étend sur de près de 5 600 ha,

- dans la partie Aquitaine, le lit mineur du système fluvial de la Dordogne est classé site Natura 2000 (FR7200660), pour la conservation des poissons migrateurs et pour la qualité globale de ses eaux. Le site concerne plus de 250 km de rivière, pour une superficie de 5 700 ha.

3.1.5. Réserves Naturelles Régionales (RNR)

Les Réserves Naturelles Régionales (RNR) ont été introduites par la loi sur la Démocratie de proximité de février 2002. Elles remplacent les Réserves Naturelles Volontaires (RNV). Selon les régions, certaines RNV déjà existantes ont été incluses dans le nouveau dispositif tandis que d’autres sont en cours d’évaluation. Elles sont classées par délibération des conseils régionaux, sur leur initiative ou à la demande d’un propriétaire. Les RNR visent à préserver des milieux naturels rares ou menacés présentant un intérêt écologique ou géologique majeur.

Sur le bassin de la Dordogne, il existe 9 Réserves Naturelles Volontaires : réserve du domaine de Gioux, réserve de l’Etang de Coudert (Corrèze) ; réserve de Collibareau (Gironde) ; etc.

3.1.6. Espaces Naturels Sensibles (ENS)

Les Espaces Naturels Sensibles (ENS) ont été créés par la loi 76.1285 de décembre 1976. Ils constituent un outil de protection des espaces naturels par leur acquisition foncière ou par la signature de conventions avec des personnes publiques voire privées. Ils dépendent des conseils généraux qui peuvent instituer une Taxe Départementale des Espaces Naturels Sensibles (TDENS) dont les recettes seront affectées à cette politique.

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Sur le bassin de la Dordogne, plusieurs ENS ont été développées : Tourbière de Jouvion (Puy-de-Dôme) ; Bois du Marilhou, Tourbière de la Pignole… (Cantal) ; Etang de Grolhier, Vallées des Beunes… (Dordogne) ; Marais des Brizards, Bords de l’Estuaire… (Gironde) ; etc.

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3.2. Outils d’aménagement du territoire

La prise en compte du développement durable dans les politiques publiques est une obligation. Elle se concrétise notamment dans les stratégies et les projets d’aménagement du territoire qui se développent au sein des collectivités du bassin. L’exercice de planification que constitue un document d’urbanisme (schéma de cohérence territoriale –SCoT), plan local d’urbanisme –PLU), carte communale) permet de prendre en compte la préservation de l’environnement ainsi que la gestion de l’eau et des milieux aquatiques. Le code de l’urbanisme impose aussi que les normes de planification et de réglementation de l’utilisation des sols soient compatibles, ou rendues compatibles, avec les outils de planification de l’eau que sont le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) et les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE)11.

3.2.1. Schémas de COhérence Territoriaux (SCOT)

Les outils de planification que sont les Schémas de COhérence Territoriaux (SCOT) permettent par exemple de renforcer le lien entre eau et aménagement du territoire à l’échelle des bassins de vie. 13 SCOT, validés ou en cours de réalisation, couvrent aujourd’hui partiellement le bassin de la Dordogne. Certains d’entre eux ont choisi de développer plus étroitement la question de la gestion de la ressource en eau :

- le SCOT Sud-Corrèze (Brive) qui a travaillé, en partenariat avec l’Agence de l’Eau, un volet « eau » ambitieux,

- le SCOT de l’agglomération bordelaise, retenu comme territoire pilote pour l’application des dispositions du Grenelle,

- une démarche d’inter-SCOT entre les 3 SCOT de la partie girondine du territoire (Bordeaux, Cubzaguais, Libournais) qui vise à améliorer la prise en compte des palus (marais fluvio-maritimes) dans l’aménagement du territoire.

3.2.2. Plans Locaux d’Urbanisme (PLU)

Les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), outils opérationnels de la gestion de l’urbanisation du territoire, permettent de préserver de l’urbanisation certains secteurs de la commune qui présenteraient des enjeux environnementaux. Les initiatives suivantes peuvent par exemple être citées :

- préservation des continuités écologiques et des zones humides de l’urbanisation, en les classant en zone naturelle interdite à toute forme de construction (PLU intercommunal sur la communauté de communes Castillon-Pujols),

- intégration des Plans de Prévention des Risques (PPR) Naturels et prise en compte des prescriptions d’urbanisation en fonction de l’aléa pour plus d’une centaine de communes riveraines de la Dordogne, de la Vézère, de l’Isle ou encore de la Dronne.

3.2.3. Autres outils de protection

Certaines mesures de protection spécifiques permettent de préserver des paysages et des milieux naturels sensibles tels que des zones humides. C’est le cas des Zones de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) qui contribuent à préserver les paysages de vallée, en préconisant par exemple le maintien des prairies dans les secteurs où la pression urbaine et/ou agricole menace ces milieux (vallée de la Louyre, Dordogne) et en limitant la plantation de peupliers et de résineux

11 Voir le chapitre 5.1.6. qui aborde la mise en place des SAGE sur le bassin de la Dordogne.

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à croissance rapide (Castelnaud-la-Chapelle, Dordogne). C’est également le cas des Espaces Boisés Classés (EBC) qui peuvent interdire de défricher.

Enfin, des zonages adéquats peuvent être développés au sein des documents d’urbanisme communaux (PLU, carte communale). Ainsi des milieux naturels peuvent être inscrits en tant que Zone N, c'est-à-dire Zone Naturelle.

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3.3. Outils d’inventaire

3.3.1. Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF)

L’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) a été lancé en 1982 par le Ministère de l’Environnement et a été réalisé au niveau national sous l’égide du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN). Cet inventaire naturaliste a eu pour objectif d’identifier et de décrire des secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation, puis de les cartographier.

Deux types de ZNIEFF sont distingués : - les ZNIEFF de type I : secteurs de grand intérêt biologique ou écologique ; il en existe 459 sur le

bassin de la Dordogne, - et les ZNIEFF de type II : grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des

potentialités biologiques importantes ; il en existe 78 sur le bassin de la Dordogne.

3.3.2. Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO)

L’inventaire des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) a également été établi par le Ministère de l’Environnement suite à l’adoption de la directive européenne dite Directive « Oiseaux ». Il a pour objectif de recenser les sites d’intérêts majeurs qui abritent des effectifs d’oiseaux sauvages jugés d’importance communautaire. Cet inventaire scientifique a été conduit dans les années 1990-1991. Les ZICO ont par la suite permis de déterminer les Zones de Protection Spéciale (ZPS) du réseau Natura 2000.

Il existe 4 ZICO sur le bassin de la Dordogne : les Gorges de la Dordogne, le Haut Val d’Allier, les Marais du nord de Bordeaux et Marais du bordelais (marais d’Ambès et Saint-Louis-de-Montferrand) et les Plateaux des Millevaches et de Gentioux.

3.3.3. Etude des Milieux Naturels Remarquables (MNR)

Une étude visant à repérer, cartographier et caractériser des Milieux Naturels Remarquables (MNR) dans la vallée de la Dordogne a été réalisée en 1996, venant ainsi compléter l’inventaire des ZNIEFF. L’exercice avait également pour objectif de réaliser ces inventaires à une échelle qui soit compatible avec leur prise en compte dans les documents d’aménagements et d’urbanisme (Plans d’Occupation des Sols –POS).

L’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) a été chargé de prospecter les départements du Lot, de la Dordogne et de la Gironde. 25 milieux naturels remarquables ont ainsi été recensés au sein de la vallée de la Dordogne12.

12 La cartographie complète des MNR est présentée en annexe 18. Une synthèse cartographique permettant de les situer dans le bassin est présentée dans le chapitre 7.2., sous-chapitre 7.2.2.2.5.

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3.4. Sites patrimoniaux

3.4.1. Sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO

Trois ensembles de sites emblématiques du bassin de la Dordogne ont été reconnus par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial.

3.4.1.1. Sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère

Les « Sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère » ont été inscrits par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial en 1979. Dans une zone de 30 km sur 40 km environ, cette reconnaissance concerne 25 grottes ornées et 147 gisements remontant jusqu'au Paléolithique, ainsi que des centaines de milliers de vestiges lithiques, osseux et artistiques qui y ont été découverts (500 000 objets en silex taillé, 844 ustensiles divers et œuvres artistiques).

Ce site présente un intérêt exceptionnel d'un point de vue ethnologique, anthropologique et esthétique avec ses peintures pariétales, en particulier celles de la grotte de Lascaux dont la découverte (en 1940) a marqué une date dans l'histoire de l'art préhistorique. Ses scènes de chasse habilement composées comprennent une centaine de figures animales, étonnantes par la précision de l'observation, la richesse des coloris et la vivacité du rendu.

-Document 28- Liste des sites classés par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial dans la Vallée de la Vézère

3.4.1.2. Juridiction de Saint-Emilion

La « Juridiction de Saint-Emilion » a été reconnue par l’UNESCO en 1999 au titre de ses paysages viticoles. Ce site est constitué d’un ensemble de huit communes organisées en communauté de communes : Saint-Emilion, Saint-Sulpice-de-Faleyrens, Vignonet, Saint-Christophe-des-Bardes, Saint-Etienne-de-Lisse, Saint-Pey-d’Armens et Saint-Hyppolyte.

La viticulture a été introduite dans cette région fertile d'Aquitaine par les Romains et s'est intensifiée au Moyen-Âge. Le territoire de Saint-Émilion a bénéficié de sa situation sur la route de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, et plusieurs églises, monastères et hospices y ont été construits à partir du XIe

Grottes ornées Identifiant UNESCO Nom du Site Commune concernée Identifiant

cartographie 85-002 Abri du poisson Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 1 85-003 Grotte du Font de Gaume Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 2 85-005 Grotte de la Mouthe Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 3 85-009 Grotte des Combarelles Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 4 85-010 Abri de Cap-Blanc Marquay 5 85-011 Grotte de Lascaux Montignac 6 85-012 Grotte de Rouffignac Rouffignac-Saint-Cernin-de-Reilhac 7 85-013 Grotte de Saint-Cirq Saint-Cirq 8

Gisements

85-001 Abri de Cro-Magnon Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 9 85-004 La Micoque Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 10 85-006 Laugerie-Basse Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 11 85-007 Laugerie-Haute Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 12 85-008 Grotte du Grand Roc Les Eyzies-de-Tayac-Sireuil 13 85-014 Les deux abris du Moustier Saint-Léon-sur-Vézère et Peyzac-le-Moustier 14 85-015 Abri de la Madeleine Tursac 15

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siècle. Le statut particulier de juridiction lui a été accordé au cours de la période du gouvernement anglais au XIIe siècle. Il s'agit d'un paysage exceptionnel, entièrement consacré à la viticulture, dont les villes et villages comptent de nombreux monuments historiques de qualité.

3.4.1.3. Monuments historiques des chemins de Compostelle

En 1998, 71 monuments emblématiques et 7 tronçons situés sur la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle sont classés par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial. Parmi les monuments, 5 sont localisés sur le bassin versant de la Dordogne. Les monuments historiques ont été sélectionnés pour leur rôle actif dans les échanges et le développement religieux et culturel de la fin du Moyen-Âge.

-Document 29- Liste des sites classés par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial sur les chemins de Compostelle

3.4.2. Grands Sites de France

Le label « Grand Site de France » existe depuis 2003 et est attribué par le Ministère de l’Ecologie. Les sites concernés doivent être classés au titre de la loi de 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, doivent être considérés comme emblématiques et faire l’objet d’une fréquentation touristique importante, et doivent être engagés localement dans un projet de développement durable et responsable porté par une structure dédiée.

Il existe neuf sites labellisés en France dont deux sont situés sur l’amont du bassin de la Dordogne : le Puy de Dôme et le Puy Mary.

D’autres sites localisés sur le bassin de la Dordogne ont engagé (ou formulé l’idée) une démarche visant à obtenir le label Grand Site de France :

- la Vallée de la Vézère dont le projet a obtenu en février l’autorisation d’engager l’Opération Grand Site (OGS) qui consiste dans un premier temps à revaloriser les paysages de la vallée,

- sept communes de la Vallée de la Dordogne (Vitrac, Domme, Cénac, La Roque-Gageac, Vézac, Castelnaud-la-Chapelle, Beynac) envisagent de postuler au terme de l’opération régionale Site Majeur d’Aquitaine.

Dans leur ensemble, l’ensemble de ces dispositifs de protection réglementaires, d’aménagement, d’inventaire et de reconnaissance contribuent à assurer une mission globale de conservation des milieux et des espèces remarquables et sensibles, ainsi que du patrimoine architectural et culturel présents sur le bassin versant.

Identifiant UNESCO Nom Situation Identifiant

cartographie 868-001 Cathédrale Saint-Front Périgueux, Dordogne, Aquitaine A 868-002 Eglise Saint-Avit Saint-Avit-Sénieur, Dordogne, Aquitaine B 868-003 Eglise abbatiale Notre-Dame de la Nativité Cadouin, Dordogne, Aquitaine C 868-008 Ancienne abbaye Notre-Dame de la Sauve Majeure La Sauve, Gironde, Aquitaine, France D 868-009 Eglise Saint-Pierre La Sauve, Gironde, Aquitaine, France E

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CHAPITRE 4 . C a r a c t é r i s t i q u e s h u m a i n e s : p o p u l a t i o n s e t a c t i v i t é s

4.1. Historique de l'utilisation des terres : la rivière Dordogne et sa vallée, un terrain fertile à l’implantation humaine

Dans ce territoire aux espaces naturels riches et diversifiés, les communautés humaines ont trouvé les ressources nécessaires à leur développement, et ce, depuis plusieurs millénaires. Les liens entre les hommes et la rivière Dordogne se sont exprimés dans le bassin versant de la Dordogne tout au long d’une histoire riche et mouvementée. L’histoire de l’occupation humaine a laissé de nombreuses empreintes encore visibles, notamment dans les paysages. Aujourd'hui, bien que la relation qui unit les communautés humaines et les rivières du bassin de la Dordogne ait connu de nombreuses évolutions, elle reste vitale.

4.1.1. La Préhistoire : la rivière nourricière

Les premiers périgourdins fréquentèrent assidûment les rives de la Dordogne et de ses affluents principaux, Isle et Vézère, il y a plusieurs centaines de milliers d’années ; les traces de leurs séjours, outils et éclats de silex, reposent encore sur d’anciennes terrasses alluviales, fortuitement mises à jour par l’exploitation industrielle des gravières.

Terre d’élection de l’homme fossile, le Périgord et ses marges recèlent des grottes ornées qui constituent parmi les plus anciens témoins de l’expression artistique humaine. Le secteur a vu s’établir Homo sapiens neanderthalensis, puis Homo sapiens sapiens (homme de Cro-Magnon) il y a 40 000 ans, grâce à un milieu favorable où foisonnaient grottes et abris dans des conditions climatiques clémentes. Le long de la Vézère, plus de 60 sites majeurs sont répertoriés entre Condat et Limeuil, chiffre qu’il faudrait tripler ou quadrupler pour englober les découvertes de moindre importance. L’UNESCO ne s’y est pas trompé en inscrivant au patrimoine mondial une petite portion de la vallée de la Vézère englobant Lascaux et la capitale mondiale de la préhistoire, Les Eyzies-de-Tayac, célèbre pour son musée national.

4.1.2. L’Antiquité : la rivière prospère

A partir de 5 000 av. J.-C., les premiers groupes humains se sédentarisent. Pratiquant l’agriculture et l’élevage, les peuples sont désormais nombreux sur les sols fertiles de la basse et de la moyenne vallée de la Dordogne. Ainsi au IIIe siècle, non loin des Bituriges (estuaire), Lémovices (Limousin) et Arvernes (haute vallée), les Celtes Pétrucores et Cadurques dominent de leurs places fortes le Périgord et le Quercy. Tous ces peuples, composés essentiellement de cultivateurs, vivent en villages plus ou moins fortifiés (oppida). Ils complètent la colonisation de la vallée par la mise en place de chemins de jonction et la construction des premiers ponts et forteresses aux points stratégiques.

Malgré quelques résistances, la romanisation de la vallée entraîne la colonisation agricole généralisée du territoire et son désenclavement. A l’ère de la Pax romana (Ier et IIe siècle), la Dordogne s’affirme comme axe commercial de premier plan. Le couple rivière / voies romaines permet la diffusion des produits dont la

-Photographie 20- Saumon bécard, Abris du saumon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne)

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romanisation a développé l’usage dans la nouvelle société gallo-romaine (vin, blé, bois, huile, céramiques, amphores). S’amorce alors une longue période de prospérité.

4.1.3. Le Moyen-Âge : la rivière agitée

Au début du Moyen-Âge (IIIe siècle), les invasions barbares (Francs et Alamans) viennent perturber l’équilibre et annoncent les nombreuses guerres tribales qui ne cesseront d’agiter la région. Aux siècles suivants, le christianisme prend de l’ampleur dans la basse et moyenne vallée, puis s’exprime pleinement au VIIIe siècle par une dynamique de fondation d’abbayes (Brantôme, Beaulieu-sur-Dordogne, Sarlat). A la fin du IXe siècle, la confusion politique et la dégradation de la situation économique favorisent le renforcement des pouvoirs locaux et l’émergence de principautés territoriales, premiers jalons de la féodalité.

La nouvelle organisation de la société aristocratique repose sur la puissance et les liens personnels. De nombreuses rivalités se font jour entre seigneurs ecclésiastiques et laïcs pour le contrôle des territoires et des hommes. La « première féodalité » d’emprise territoriale va se muer en emprise économique. Les riches terres sont mises en valeur, les forêts défrichées, les bas marais (haute vallée) et les palus (basse vallée) sont asséchés. Chaque méandre ou promontoire devient le lieu privilégié de l’installation d’un château (Madic, Castelnaud, Belcastel, Montfort, Beynac, Badefols, Lanquais). Les échanges se renforcent (descente des bois, des porcs du pays de Haut, des vins de la moyenne et la basse vallée). Les seigneurs riverains en tirent d’importants revenus en instaurant des péages (ports, ponts, gués), comme à Bort, Argentat, Beaulieu, Souillac, Domme, Bergerac, Sainte-Foy. Dès le XIIe siècle, la poussée démographique en moyenne et basse Dordogne contribue à l’essor de l’activité.

A partir du XIIIe siècle, la vallée subit les premières rivalités entre Capétiens et Plantagenêts. Les bastides sont érigées (Libourne, Sainte-Foy, Domme) et les villes jouent de la querelle franco-anglaise pour acquérir des libertés administratives et commerciales. A la fin du XIIIe siècle, Bergerac sert ainsi de relais entre le haut pays qui descend son bois et ses vins par bateau, et la basse vallée, « voie royale » de l’exportation.

Dès 1337, s’engage le long conflit de la guerre de Cent Ans, qui va avoir des répercussions dramatiques sur le cours de la Dordogne. Le fleuve devient un enjeu dans la politique anglo-française parce qu’il trace, sans être une véritable frontière, les limites de chacune des dynasties sur le contrôle des territoires aquitains. La paix retrouvée en 1453 fera oublier les querelles qui ont ensanglanté la vallée. Aux maux de la guerre se sont conjugués accidents climatiques (1365 et 1480) et épidémies de peste (1348, 1363) qui déciment la population et asphyxient le commerce.

Le long de la rivière les activités reprennent, portées par l’usage de la force hydraulique (forge, moulins à huile, à blé, à foulon, nouvelle industrie de la papeterie). Mais la montée du protestantisme dans la vallée (1540) est suivie de près par l’embrasement des guerres de Religion qui arrête net l’expansion économique (1550). S’ensuivent jacqueries (1594, 1637, 1642) et fronde (1648). La fin des agitations permet à la royauté d’envisager la mise en route de travaux d’aménagement de la Dordogne pour améliorer la navigabilité et supprimer les malpas (mauvais passages). Mais les difficultés à vaincre sont telles que le projet est enterré.

4.1.4. Du XVIIIe au XIXe siècle : la rivière apaisée puis délaissée

Le XVIIIe siècle connaît une phase d’expansion qui se traduit par un accroissement des échanges commerciaux entre l’amont et l’aval de la vallée, et ce, malgré les difficultés de navigation. Les marchands d’Auvergne ou du Limousin organisent la descente des produits de l’amont (bois pour les vignes, pour le chauffage), tandis que les marchands de l’aval regardent vers les marchés internationaux (vers les Provinces-Unies, vers les Iles) pour le négoce du vin. Les transporteurs sont spécialisés dans la descente et la remontée des produits. Les propriétaires péagers (grands seigneurs, gens d’Eglise…) profitent de cette circulation pour imposer des taxes de franchissement. En somme, une multitude d’acteurs qu’ils soient

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marchands, transporteurs, propriétaires riverains… tirent avantage de la rivière, devenue un axe de prospérité pour tous.

Mais en quelques décennies, la concurrence bordelaise met en route le déclin des activités. La Révolution et l’Empire entravent fortement les flux commerciaux en imposant embargos et blocus. De nombreux projets d’aménagement fleurissent à nouveau pour faciliter la navigation dont seuls le canal de Lalinde (1838) et les barrages de Bergerac et de Mauzac voient le jour (1839-1851). Ces aménagements arrivent cependant trop tard. La complémentarité économique des hautes et basses vallées est désormais concurrencée par un marché national tourné vers Paris. De plus, le développement du chemin de fer et l’apparition du transport routier portent le coup de grâce aux échanges commerciaux par voie fluviale.

4.1.5. La première moitié du XXe siècle : la rivière énergie

A l’heure du développement industriel et urbain, la Dordogne est sollicitée pour son potentiel hydraulique. En 1908, la chute de Tuilières, à 20 km en amont de Bergerac, est harnachée d’un barrage, suivie en 1918 de celle de Mauzac. Puis, la moyenne Dordogne et ses principaux affluents mobilisent les compagnies de chemin de fer qui souhaitent électrifier leur réseau. En amont, la compagnie du Paris-Orléans (PO), la Société des forces motrices de la Diège, la Société hydroélectrique de la Cère et Électricité de France (EDF) construisent une série de cinq barrages : Marèges (1935), l’Aigle (1945), Chastang (1951), Bort-les-Orgues (1952), Argentat (1957). L’artificialisation d’une partie conséquente du linéaire de la rivière a en contrepartie permis le développement économique, agricole et touristique que connaît la vallée depuis la seconde moitié du XXe siècle.

4.1.6. La fin du XXe et le début du XXIe siècle : la rivière multi usages à l’épreuve

Depuis une cinquantaine d’années, la mutation du monde rural sur le bassin versant de la Dordogne, liée à celle de l’agriculture et aux nouvelles fonctions récréatives de la campagne, a entraîné une recomposition spatiale et sociale. Les rivières et les lacs de barrages de l’amont constituent aujourd'hui une ressource vitale dont dépendent de plus en plus l’alimentation en eau potable, l’agriculture (irrigation), la production d’énergie, l’industrie et de nouvelles activités touristiques et résidentielles (baignade, navigation, pêche).

Or la cohabitation de ces différentes activités n’est ni évidente, ni spontanée, car elles poursuivent chacune des objectifs souvent divergents et concurrents, voire parfois incompatibles. En effet, chaque usage a ses exigences.

Elus, résidants, professionnels, gestionnaires, touristes, …, doivent aujourd'hui s’associer pour conserver le bon état écologique des rivières et des retenues du bassin versant de la Dordogne tout en assurant le développement socio-économique du territoire. Il s’agit bien là du défi qui attend les usagers du XXIe siècle.

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4.2. Contribution à la conservation architecturale : un patrimoine au fil de l’eau

Le patrimoine culturel de la vallée s’exprime tout au long de la Dordogne à travers un patrimoine architectural multiple et diversifié, témoin d’un passé riche et mouvementé.

4.2.1. Les édifices religieux de Haute Dordogne, du Quercy et du Périgord

En haute Dordogne cristalline, pays sauvage et austère, la grande époque de l’architecture religieuse est l’art roman. Eléments essentiels du patrimoine villageois, les églises, sobres, souvent complétées, remaniées, rarement reconstruites, sont porteuses d’originalités architecturales. Le sol granitique apportait un matériau de choix, mais difficile à sculpter, ce qui explique une décoration parcimonieuse, qui se

contente le plus souvent de souligner les grandes lignes architecturales. Toutefois, dans la partie méridionale, où les artistes ont disposé de matériaux plus aisés à travailler (calcaire, grès), les grands ensembles iconographiques font leur apparition.

Dans la moyenne Dordogne, en Quercy, le long de la vallée, les vicomtes de Turenne ont encouragé l’implantation de prieurés dépendants des abbayes bénédictines de Tulles, Aurillac, Cluny, puis de l’abbaye cistercienne d’Aubazine, favorisant ainsi l’écriture de certaines des plus belles pages

de l’art roman. En aval, en dépit des turbulences féodales, de nombreuses églises sont érigées en terre périgourdine. Dans ces pays calcaires, la tendresse de la pierre profite à la virtuosité des sculpteurs, de la Dordogne quercynoise, où leur style s’avère étroitement lié au monde languedocien, aux rives girondines, où les influences de l’Angoumois et de la Saintonge se font sentir.

4.2.2. Les châteaux forts et les châteaux de plaisance des rives de la Dordogne

Les châteaux forts des rives de la Dordogne ne relèvent pas d’un type particulier, mais expriment plutôt des évolutions de styles : vieux castrum perché, solide forteresse pour armes à feu ou encore manoir de l’après-guerre de Cent Ans. L’aspect de ces châteaux, en nombre conséquent, varie selon les époques et la topographie, de la haute vallée (Cantal, Corrèze) à la Dordogne du Bassin aquitain. Au long de son cours, le pouvoir féodal apparaît fragmenté entre de nombreux seigneurs. L’implantation castrale des archevêques de Bordeaux et de la famille Pons ressort malgré tout jusqu’en Sarladais, ainsi que celle des vicomtes de Turenne vers l’amont (de Carlux à Servières).

Dès la fin du Moyen-Âge, les châteaux des bords de la Dordogne se transforment. Aux côtés de forteresses médiévales agrémentées d’un décor qui annonce la Renaissance (Fénelon, Rouffillac, Monbazillac…), se construisent des demeures de plaisance qui s’affranchissent des marques de l’architecture défensive (Estresses, la Treyne, Vayres…). Confort et lumière y sont recherchés au travers de larges ouvertures et de nombreuses cheminées. Le château s’inscrit ostensiblement dans un environnement naturel avec lequel il compose. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les façades classiques reflètent une distribution rationnelle et une recherche croissante de bien-être. Un retour aux formes anciennes s’affirme au XIXe siècle, mais sans sacrifier aux exigences du confort (les Milandes, la Malartrie…).

-Photographie 21- Abbaye clunisienne, Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze)

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4.2.3. L’habitat rural le long de la Dordogne

Les villages se sont, quant à eux, principalement développés le long des pays traversés par la Dordogne, en lien étroit avec la colonisation agraire qui s’implanta d’abord sur les rives fertiles, en ignorant les plateaux, aux sols maigres et ingrats, qui les bordent. Le fort peuplement, concentré dès l’Antiquité dans le domaine limoneux du fond de vallée, est organisé en hameaux et grosses fermes dispersés. Même le regroupement de l’habitat au Moyen-Âge, dû à l’édification des abbayes et des châteaux au plus près de l’axe fluvial, n’a pas bouleversé cet agencement. Bien que marginal, le processus d’agglomération de l’habitat le long des rives, tel Beynac, a généré le paysage identitaire de la vallée de la Dordogne.

A l’instar de l’architecture religieuse et castrale, l’architecture rurale des villages de la vallée a été liée pendant des siècles au milieu naturel – géologie, relief, climat, ressources – par l’emploi de matériaux disponibles sur place : des roches cristallines (granit, grès) de la haute vallée, aux calcaires des causses et du bas pays. Elle s’est également adaptée aux besoins des activités agraires et artisanales, propres à chaque terroir.

4.2.4. L’architecture fluviale

Enfin une architecturale fluviale dense s’est développée au cours des siècles, témoignage d’usages passés et actuels de la Dordogne. Jusqu’à la fin de XIXe siècle, la force motrice de l’eau fut exploitée, non seulement pour moudre les grains, mais également pour toutes sortes d’activités : sciage du bois, foulage du drap, extraction des tanins végétaux et des huiles, élaboration de la pâte à papier, fonte et martelage des métaux. Nécessitant l’aménagement de moulins, barrages et canaux, leur grand nombre finit par modifier profondément, au fil des siècles, la nature des ruisseaux.

En amont, la Dordogne est longtemps restée une rivière impétueuse. Gorges et dénivellements lui donnent une force dévastatrice qui freine l’édification des ouvrages d’art et nuit à leur pérennité. Pourtant, les grands chemins qui mènent de la Méditerranée au Poitou ne peuvent l’éviter. Au Moyen-Âge, des franchissements multiples sont attestés (Argentat, Montvalent, La Roque-Gageac, Domme, Mouleydier…). Ils se font à gué ou à l’aide de bacs. La rivière sera réellement franchie à pied sec à partir du XIXe siècle (« Pont Louis-Vicat » à Souillac, 1812-1824 ; « Pont Eiffel » à Cubzac-les-Ponts, 1869-1883…).

Au XXe siècle, les aménagements prennent une ampleur supérieure en lien avec la production d’hydroélectricité13. Pour exemple, le barrage de l’Aigle construit sous l’occupation allemande, et qui fut à cette période un haut lieu de résistance, a constitué une prouesse technique face aux problèmes liés à la géologie et aux caprices du rocher. Belle réussite architecturale de type poids-voûte, sa hauteur avoisine les 84 m et sa longueur en crête est de 289 m. Deux évacuateurs de crues spectaculaires, au profil en saut à ski, permettent d’évacuer 3 800 m3/s.

La valorisation du potentiel hydraulique de la haute Dordogne a transformé la rivière en grandes marches d’escaliers en amont et en grandes surfaces de retenues à l’aval.

13 Voir le chapitre 4.4.6. portant sur la production d’hydroélectricité.

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-Photographie 23- Château de Castelnaud-la-Chapelle vu du ciel (Dordogne)

-Photographie 22- Château de Castelnaud-la-Chapelle vu du ciel (Dordogne)

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4.3. Organisation administrative du territoire et répartition de la population

4.3.1. Organisation administrative du territoire

Du fait de sa grande superficie et de par sa nature (territoire hydrographique), le bassin versant de la Dordogne concerne de nombreuses entités administratives et politiques14 :

- 5 régions : Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes, dont les quatre premières sont directement concernées par la rivière Dordogne,

- 11 départements, dont 6 directement traversés par la rivière Dordogne : Puy-de-Dôme (63), Cantal (15), Creuse (23), Haute-Vienne (87), Corrèze (19), Lot (46), Lot-et-Garonne (47), Dordogne (24), Gironde (33), Charente (16), Charente-Maritime (17),

- 177 cantons dont 44 sont directement traversés par la rivière Dordogne, - 32 pays dont 13 riverains, - 156 communautés de communes dont 42 riveraines, - et 1 512 communes dont 180 sont riveraines.

4.3.2. Population humaine de la réserve de biosphère proposée

Un peu plus d’1,2 million d’habitants vivent sur le bassin de la Dordogne. La densité moyenne globale est de 51 habitants par km² (la moyenne nationale étant de 112 hab / km²). Cette densité traduit le caractère rural des régions traversées par la Dordogne et ses affluents. Comparé à d'autres régions françaises, le bassin de la Dordogne apparaît peu urbanisé. Brive-la-Gaillarde se détache avec plus de 50 000 habitants, suivie de 7 villes principales dont la population est comprise entre 10 000 à 50 000 habitants (Aurillac, Périgueux, Bergerac, Libourne, Tulle, Ambarès-et-Lagrave, Ussel, Sarlat-la-Canéda), puis de 15 villes de 5 000 à 10 000 habitants (voir le tableau page suivante).

La population est assez inégalement répartie entre l’amont et l’aval du bassin de la Dordogne, puisque l’aval concentre 60% de la population totale. Bien que les principales agglomérations soient assez dispersées sur le territoire, elles sont toutes situées le long d’un cours d’eau : Brive-la-Gaillarde et Tulle sont sur la Corrèze, Aurillac sur la Jordanne, Périgueux sur l’Isle, Bergerac sur la Dordogne et Libourne à la confluence de ces deux derniers fleuves… De plus, il apparaît nettement sur la cartographie de répartition de la population (voir page suivante) que les principaux foyers de populations se répartissent le long des rivières.

La cartographie de l’évolution de la population (voir page suivante) confirme les tendances qui apparaissent dans la cartographie de sa répartition. En effet, depuis 45 ans (1962-2006), la population se concentre de plus en plus dans les agglomérations urbaines situées dans les plaines, donc à l’aval du bassin. Il est à noter une déperdition d’habitants dans les centres-villes, les foyers de population se répartissant de plus en plus dans les périphéries où le foncier est plus accessible. Les territoires de l’amont, montagneux et relativement isolés, sont quant à eux délaissés.

Globalement, la répartition de la population sur le bassin de la Dordogne et son évolution montrent bien que les cours d’eau du bassin de la Dordogne sont encore et toujours des vecteurs de développement qui structurent ce territoire.

14 La liste complète des entités administratives du bassin de la Dordogne est présentée en annexe 4.

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ID Nom Dép. Population ID Nom Dép. Population 1 Brive-la-Gaillarde 19 51 455 13 Saint-Loubès 33 7 748

2 Aurillac 24 31 340 14 Saint-Yrieix-la-Perche 87 7 473

3 Périgueux 15 31 046 15 Malemort-sur-Corrèze 19 7 158

4 Bergerac 24 28 760 16 Trélissac 24 6 809

5 Libourne 33 23 966 17 Boulazac 24 6 571

6 Tulle 19 16 582 18 Terrasson-la-Villedieu 24 6 342

7 Ambarès-et-Lagrave 33 12 955 19 Arpajon-sur-Cère 15 6 257

8 Ussel 19 10 752 20 Montpon-Ménestérol 24 5 733

9 Sarlat-la-Canéda 24 10 022 21 Saint-Astier 24 5 485

10 Coulounieix-Chamiers 24 8 823 22 Izon 33 5 121

11 Saint-André-de-Cubzac 33 8 491 23 Égletons 19 5 103

12 Coutras 33 7 788

Source : INSEE, 2006, Population sans double compte

-Document 32- Tableau des communes de plus de 5 000 habitants sur le bassin de la Dordogne

-Document 33- Répartition de la population résidente sur le bassin de la Dordogne

-Document 34- Evolution de la population résidente sur le bassin versant de la Dordogne, entre 1962 et 2006

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4.4. Usages de l’eau et activités

Depuis que les hommes peuplent les rives de la Dordogne et de ses affluents, ils ont su mettre à profit de multiples façons le cours d’eau et ses ressources. Une partie de ces usages appartient désormais au patrimoine historique des vallées du bassin. D’autres se sont transformés et de nouveaux besoins sont apparus, si bien que les rivières et la ressource en eau continuent d’être un enjeu central du territoire. Selon les activités, les utilisations faites de l’eau sont plus ou moins directes : pour certaines, l’eau et les milieux aquatiques sont les supports même de l’activité, et pour d’autres, l’eau est un des éléments, certes indispensable, du cycle de production.

4.4.1. Navigation

Au cours du XIXe siècle, le transport de marchandise par voie fluviale a périclité sur la Dordogne, mais la navigation n’a pas pour autant disparu. Elle connaît aujourd'hui un nouvel essor à travers le développement d’activités touristiques en période estivale.

La variété des configurations du lit (rapides, biefs, gorges) et la beauté des sites font de la Dordogne et de ses affluents des rivières propices à la pratique du canoë-kayak. Ainsi, l’été, le nombre de canoës-kayaks qui passent sous le pont de Castelnaud-la-Chapelle (Dordogne) peut atteindre 3 500 unités par jour. Deux types de pratiques peuvent toutefois être distingués : la pratique sportive et la pratique récréative.

La première est généralement le fait de personnes averties des caractéristiques de la rivière et des techniques de ce sport. Elle est le plus souvent organisée en groupes, encadrés par des moniteurs et s’effectue dans les zones les plus sauvages, où la difficulté est la plus grande. La pratique y est soumise à la gestion des grands barrages à l’amont de la Dordogne (lâchers) et à la qualité des eaux. Une course internationale, la « Dordogne intégrale », organisée chaque année au mois de juin, offre aux amateurs et aux professionnels 120 km de descente entre Argentat et Castelnaud-la-Chapelle.

La seconde a connu un développement important ces dernières années. Elle est basée sur la découverte de la rivière et sur la convivialité. Cette activité est le plus souvent organisée par des professionnels loueurs d’équipements (embarcations et matériels) qui prennent entièrement en charge le client (transport jusqu’au point de départ d’un itinéraire obligé) et engendre 300 000 locations de canoës par saison. Les pratiques récréatives sont aussi le fait de pratiques individuelles (matériel propre à l’utilisateur). Libre ou encadrée, cette pratique, avec des heures de navigation imposées par un arrêté préfectoral, laisse le matin et le soir aux pêcheurs et les heures chaudes de la journée aux canoéistes.

La rivière accueille également d’autres types d’activités comme la navigation collective avec les promenades de découverte de la rivière en gabarre, ou encore comme la voile, la planche à voile, le ski nautique et le motonautisme. Elles sont pratiquées sur les retenues amont mais également sur la Dordogne (base de Trémolat) et dans la partie estuarienne. L’activité motorisée, encadrée par des mesures réglementaires strictes (puissance des moteurs, plages horaires, zones à vitesse réduite...) est malgré tout à l’origine de conflits nombreux. Le bruit, la sécurité et la perturbation des autres activités alimentent régulièrement les polémiques de part et d’autre de Mauzac et de son plan d’eau.

Enfin, il faut noter sur la partie estuarienne, le phénomène du mascaret, qui attire depuis plusieurs années les surfeurs, canoéistes et les curieux, en particuliers sur le site de Saint-Pardon (commune de Vayres).

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-Document 35- La navigation hier, fil conducteur de la vallée de la Dordogne

La rivière Dordogne a été utilisée comme axe de communication entre l’amont et l’aval du bassin à partir du Moyen-Âge. Entre les hauts plateaux de Corrèze et la basse vallée atlantique, le transport par eau conserva jusqu’en 1880 une place prépondérante dans l’organisation des échanges, le développement d’un réseau de communications terrestres entre les différents pays traversés par la Dordogne étant difficiles. Toutefois, la Dordogne est longtemps restée une rivière sauvage. En effet, la Dordogne auvergnate et limousine était « flottable », depuis Bort-les-Orgues jusqu’à Meyronne en Quercy, sur 115 km. Les gorges étroites, le dénivelé et le flot rapide constituaient des entraves considérables à la navigation. A partir de Beaulieu, la vallée s’élargit, mais la pente est encore forte. Il fallait attendre Meyronne et surtout Souillac pour que la Dordogne devienne réellement « navigable », et ce jusqu’à l’estuaire, bien que les rapides du Grand-Toret et le Saut de la Gratusse (Lalinde) constituassent encore des obstacles de taille à l’amont de Bergerac.

Les variations de faciès du lit de la rivière tout au long de son cours ont nécessité, pour s’y adapter, une diversification de l’architecture des bateaux. Les courpets, bateaux rudimentaire à usage unique en descente, étaient conçus pour dévaler le bois de merrain, destiné à la tonnellerie bordelaise, à partir d’Argentat. De Souillac, port où débutait la navigation régulière, jusqu’à Castillon, point limite de la remontée du flot marin dans la Dordogne, s’étendait le domaine des couraux, bateaux fluviaux aux formes allongées, pointues et étroites. De Libourne à Ambès, se mêlaient au trafic de ces bateaux à fond plat les gabares de Gironde, ventrues et à quille, ainsi que les filadières qui se substituaient pour la pêche aux gabareaux. Par ailleurs, la navigation, surtout en haute Dordogne, était tributaire des saisons et des conditions météorologiques. En été, les eaux étaient trop basses : le tirant d’eau ne dépassait guère 30 cm, et l’hiver elles étaient trop maigres ou obstruées de glace. Ce n’est qu’au printemps et à l’automne que, généralement, elles atteignaient une hauteur convenable. Les eaux devenaient alors marchandes et la Dordogne navigable.

La navigation descendante a permis pendant longtemps de fournir à l’aval les produits de l’amont qui lui manquaient. Dès le Moyen-Âge, la raréfaction des ressources forestières autour des villes de la basse vallée engendra l’importation de bois et fut à l’origine de l’essor de la haute Dordogne. Les vignobles exportateurs du Bergeracois et du Bordelais étaient en quête, pour la tonnellerie, d’un merrain de chêne de qualité que ne pouvait fournir le Périgord, mais dont étaient riches les forêts corréziennes. Ainsi les merrandiers se sont tournés vers une solution originale : la navigation à bateau perdu. Il s’agissait de construire des embarcations spécialement conçues pour descendre 10 à 18t. de merrain, chacune en un unique voyage. Une fois déchargées, les coques de ces bateaux étaient démantelées et vendues pour répondre aux besoins en bois de chauffe, bois d’œuvre... A l’inverse, la navigation remontante permettait de fournir aux populations de la haute vallée des produits essentiels à leur survie, comme entre autres, le sel et le poisson séché.

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4.4.2. Pêche

Aujourd’hui, la population des pêcheurs professionnels est scindée en deux groupes distincts. Les professionnels à temps plein assurent la quasi-totalité de leur revenu par la pêche. Ils n’hésitent pas à investir dans la location de lots de pêche, le paiement de licences de pêche et l’achat d’engins performants. Ils sont principalement localisés dans la basse rivière, à l’aval de Bergerac, car ils vivent principalement de la pêche des migrateurs. En amont de Bergerac, les difficultés d’exploitation liées au milieu, le temps de pêche autorisé plus réduit et la moindre abondance de poissons migrateurs ont positionné l’activité de pêche comme l’un des éléments d’une polyactivité. Les pêcheurs professionnels sont agriculteurs, restaurateurs, artisans... Les revenus de la pêche ne sont pas très importants mais ils assurent un complément de ressource non négligeable. La commercialisation des produits de la pêche se fait essentiellement par le biais de circuits courts tels que les restaurants de la vallée ou directement auprès des particuliers.

Les pêcheurs professionnels connaissent actuellement une période difficile. Le niveau de vie imposé par cette activité reste bas et le travail y est rude et peu attractif pour les jeunes. De fait, la population de pêcheurs vieillit. En outre, la gestion trop souvent déficiente des cours d’eau, la concurrence des pêcheurs amateurs, la raréfaction de certaines espèces mettent tous ces professionnels dans une position difficile.

Toutefois, la valorisation touristique des produits de la pêche professionnelle offre des opportunités de développement. D’un point de vue gastronomique, les poissons sauvages bénéficient d’une meilleure image de marque que celle des poissons d’élevage. Ils constituent un atout touristique pour les restaurateurs qui en proposent à leur menu. Par ailleurs, les différentes techniques traditionnelles de pêche encore utilisées sur certains secteurs de la rivière constituent un patrimoine original (pêche de la friture à l’épervier dans la partie amont, relève des bourgnes à lamproies en osier à l’aval de Sainte-Foy-la-Grande, pêche de l’anguille aux nasses et aux cordeaux). Cette culture de la rivière est aujourd'hui valorisée lors d’événements festifs durant la saison touristique (Carsac, Creysse…).

La pêche amateur est pratiquée partout sur les rivières du bassin de la Dordogne. Il existe deux catégories de pêcheurs amateurs : les pêcheurs à la ligne pratiquant leur loisir et les pêcheurs employant filets et engins.

Les premiers sont constitués d’habitants de la vallée, membres des associations de pêche riveraines qui occupent régulièrement leur temps libre à la pêche, et d’estivants durant le temps de leur séjour. Chaque région de la vallée possède ses spécificités : la partie corrézienne est privilégiée par les pêcheurs sportifs (truites et ombres) alors que la pêche au coup domine largement dans la partie aval. La variété des faciès et des activités possibles semble être l’un des éléments d’attrait de la rivière Dordogne.

Les deuxièmes sont en majorité des riverains, agriculteurs retraités, tous passionnés par la tradition de pêche aux engins. L’administration leur délivre des licences de pêche amateurs, mais leurs droits restent

plus limités que ceux des professionnels. Ils n’ont pas le droit de commercialiser le produit de leur pêche, réservé à leur seule consommation, mais pratiquent une pêche traditionnelle et qui peut être qualifiée de patrimoniale. Très limités numériquement dans les départements de la haute et moyenne Dordogne, ils sont très nombreux dans la basse rivière. Dans cette zone, ils exploitent les mêmes secteurs que les pêcheurs professionnels et avec des engins similaires (tramail dérivant, tamis à civelle...), source de conflits entre les deux communautés. -Photographie 24- Pêcheur professionnel sur la

rivière Dordogne

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, EPI

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4.4.3. Chasse

La chasse au gibier d’eau est très pratiquée le long des rivières et dans les zones humides du bassin versant. Différentes espèces sont recherchées selon les milieux et sont chassées par le biais de techniques adaptées :

- la chasse au canard est pratiquée à la barque, à même le cours d’eau. La Dordogne, l’Isle et la Vézère, sont découpées en lots sur leur partie domaniale, qui sont loués par l’Etat aux sociétés de chasse. Lorsque ces lots ne trouvent pas acquéreur, ils sont transformés en réserves de chasse pour la faune sauvage. En Dordogne, cette chasse est une pratique considérée comme traditionnelle,

- les canards et les foulques macroule sont chassés principalement à la tonne (hutte fixée avec appelants disposés sur une mare naturelle ou artificielle) et à la passée du matin au soir, dans les zones de palus. 157 tonnes (déclaration préfectorale obligatoire) sont recensées le long de la Dordogne, de l’Isle aval et du Moron,

- les limicoles tels que le vanneau huppé et le pluvier doré sont chassés depuis des affûts ou encore à la passée, dans les secteurs de prairies humides,

- la bécasse des bois et le râle d’eau sont chassés au chien d’arrêt dans les boisements humides et les roselières, alors que la bécassine des marais est chassée « devant soi » avec ou sans chien d’arrêt dans les marais et prairies humides.

Bien gérée, la chasse peut également constituer un mode de conservation et d’exploitation des zones humides. Ainsi, dans la vallée du Moron, les acteurs cynégétiques (associations communales de chasse agrées – ACCA, Fédération départementale des chasseurs de Gironde – FDC 33, et Fondation nationale pour la protection des habitats français de la faune sauvage – FNPHFS) ont acquis trois territoires pour une superficie d’une trentaine d’hectares, permettant ainsi de les protéger d’éventuels drainages. En 2004, 102 hectares de marais ont également été entretenus le long de la Dordogne et du Moron. Plusieurs associations de chasse y ont réalisé des travaux de fauche subventionnés par la Fédération au titre de l’entretien de zones humides abandonnées. Enfin, quand la situation le nécessite, la chasse est utilisée comme outil pour régulation des populations (ragondins, rats musqués, voire lapins).

-Document 36- La pêche hier, une activité dynamique

A l’activité dynamique menée par les marchands et maîtres de bateaux, s’opposait une activité statique pratiquée par les pêcheurs. L’exploitation des ressources piscicoles du fleuve accaparait nombre de sédentaires des rives par l’intermédiaire des pêcheries. Les pêcheurs construisaient des barrages de pieux, de treillis et de pierre. De nombreux moulins étaient également souvent doublés d’une pêcherie. En basse Dordogne, les pêcheries aux grands filets se multipliaient, en particulier dans les grands méandres poissonneux au brassage incessant des eaux dû aux mouvements des marées. Pour exercer leur activité, les pêcheurs devaient s’acquitter des droits de pêche au seigneur local, source régulière de conflits. De même, les pièges de pêcheurs obstruaient souvent l’espace de navigation et engendraient de nombreuses querelles entre pêcheurs et marins.

Au début du XXe siècle, l’activité pêche est une industrie florissante dans la vallée. Le travail de la pêche faisait vivre à Beynac (Dordogne) plus d’une vingtaine de personnes et un seul village comme Spontour (Corrèze) possédait une trentaine de pêcheurs professionnels dont certains étaient aussi bûcherons, agriculteurs, gabariers ou chaudronniers.

Les ressources étaient abondantes, les milieux n’étaient pas encore dégradés, les grands barrages n’existaient pas et les engins de pêche étaient moins performants. Puis l’aménagement des barrages sur la basse Dordogne a entraîné la diminution et même une disparition rapide des poissons migrateurs, provoquant une forte mutation de l’activité pêche.

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4.4.4. Baignade

La baignade est un élément majeur de l’activité touristique et conditionne la venue et le temps de séjour des visiteurs. La fréquentation avoisine les 800 000 journées de baignades et près de 250 sites de baignade en rivière ont été recensés (dont moins d’une dizaine sont officiellement déclarés et surveillés). En effet, la Dordogne est peut-être une des rares rivières d’Europe encore considérée par le public comme une rivière « baignable ». Cette image de marque s’appuie de fait sur une tradition de jeux qui, depuis l’après-guerre, s’est poursuivie et développée. L’attractivité de la Dordogne ne se dément pas au fil des ans.

Les habitants de la vallée sont nombreux à fréquenter les plages de la Dordogne, le week-end ou le soir après le travail. On se baigne partout sur la Dordogne, d’Argentat à la mer, ainsi que dans les grandes retenues. L’eau calme des lacs de barrage se réchauffe rapidement et accueille sur les plages surveillées et aménagées, des usagers sécurisés. A l’aval immédiat d’Argentat, l’eau est fraîche et le plaisir de la baignade est réservé aux « forcenés » des eaux vives. A partir de Beaulieu, la température de l’eau remonte et la baignade est pratiquée partout de façon très diffuse. C’est le plaisir sportif des eaux vives et chaudes et d’une pratique libre. On se laisse porter par le courant ou on choisit la baignade plus calme dans une fosse abritée. La baignade n’est pas réglementée, mais spontanée et se pratique partout. Sur ce secteur, elle est très liée à la pratique du canoë-kayak. Les estivants se baignent partout, dès lors qu’ils ont chaud, qu’ils sont fatigués de ramer et qu’ils voient un îlot ou une plage accueillante.

4.4.5. Approvisionnement en eau potable

L’Alimentation en Eau Potable (AEP) peut provenir de trois types de ressources : - les prises d’eau en rivière : facilement accessibles, elles sont cependant très vulnérables aux

pollutions et sensibles aux variations quantitatives en période d’étiage, - les nappes superficielles (sources et puits) : bien qu’un peu plus préservées, elles connaissent

sensiblement les mêmes problématiques que les prises d’eau en rivière, - les nappes profondes (forages) : elles présentent l’intérêt d’avoir un réservoir plus important et

sont en général bien préservées des pollutions superficielles.

Globalement, sur le bassin de la Dordogne, les prises d’eau en rivière sont les plus nombreuses. Cependant, au regard des volumes prélevés et distribués, les prélèvements en nappes profondes sont bien supérieurs.

Entre l’amont et l’aval du territoire, la situation diffère. A l’amont du bassin de la Dordogne, l’eau potable provient essentiellement de nombreuses petites nappes souterraines peu profondes, de prélèvements dans les cours d'eau, plans d'eau et sources. En effet, compte tenu de la géologie de la région, constituée essentiellement de roches imperméables, la constitution de nappes profondes n’est pas possible (à l’exception du karst du Causse corrézien). Bien que de bonne qualité, cette ressource de faible profondeur produit de faibles débits et peut connaître des déséquilibres en période d’étiage. De plus, la dispersion des points de captage et l’insuffisance des protections rendent leur gestion qualitative difficile. Ces captages sont régulièrement dégradés par une pollution d’origine bactérienne. Aussi, face à ces problématiques de plus en plus fréquentes, des projets émergent, notamment en Corrèze, pour capter et distribuer les eaux de la Dordogne à la place de multiples sources d’approvisionnement, difficiles à protéger des sources de pollution, et pour réduire le nombre des réseaux chers à entretenir. C’est ainsi le cas du grand projet mené par le Syndicat des eaux de Roche-de-Vic (Corrèze).

A l’aval (Dordogne et Gironde), l’AEP se fait principalement à partir des nappes profondes. Là encore, la nature des sols explique le choix des sources d’approvisionnement. Situées soit dans les calcaires et grès du

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-Photographie 25- Baignade à Castelnaud-la-Chapelle (Dordogne)

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crétacé supérieur, soit dans les calcaires du jurassique ou encore dans les sables de l’éocène, les nappes profondes constituent des réservoirs importants relativement préservés des pollutions. Cependant, l’enjeu sur ces ressources est celui de la surexploitation, notamment en période estivale, lié à l’afflux touristique. C’est pourquoi, les collectivités s’intéressent à la reconquête de la qualité des eaux superficielles et des nappes alluviales pour compléter l’approvisionnement en eau potable.

4.4.6. Hydroélectricité décarbonée

Le bassin versant de la Dordogne constitue l’un des trois plus gros parcs hydroélectriques français, avec la Durance et la Truyère. Cette situation est due à sa pluviométrie (pluies abondantes), aux caractéristiques de son régime hydrologique (forts débits aux époques de grande consommation d’électricité au printemps, à l’automne et en hiver) et aux reliefs accentués qui ont permis d’aménager des barrages capables de stocker de considérables volumes d’eau.

Un barrage hydroélectrique est un ouvrage d'art construit en travers d'un cours d'eau et destiné à créer une chute pour produire de l’électricité. Ils sont équipés de centrales hydroélectriques, qui transforment une force hydraulique en puissance électrique, par le biais de turbines et d’alternateurs. Sur le bassin versant de la Dordogne, trois types d’installations existent :

- des grands barrages créant des retenues aux stockages d’eau importants. Ces ouvrages fonctionnent par éclusées, c'est-à-dire par des démarrages et arrêts fréquents des turbines se traduisant par des lâchers d’eau brutaux et soudains, et qui permettent de répondre aux pointes de consommation électrique. C’est le cas des grandes chaînes de barrages situées en tête du bassin de la Dordogne,

- des grands barrages fonctionnant « au fil de l’eau ». Ces ouvrages ne stockent pas l’eau, mais turbinent les débits qui transitent dans la rivière. C’est le cas des barrages du Bergeracois, situés sur la partie aval de la Dordogne,

- enfin, la petite hydroélectricité est constituée d’installations de production de petite taille, capables de développer une puissance électrique de quelques kilowatts à plusieurs mégawatts. Présentes sur l’ensemble du bassin, ces installations sont le plus souvent des anciens moulins équipés pour la production d’électricité.

L’énergie hydroélectrique est renouvelable, peu coûteuse à produire une fois les investissements amortis et très rapidement mobilisable. L’avantage du fonctionnement par éclusée réside dans sa souplesse d’utilisation : les ouvrages possèdent en effet cette capacité à « stocker de l’énergie » et à la mobiliser en quelques minutes. Ce mode de production d’électricité permet de répondre rapidement à une demande énergétique, contrairement à d’autres modes de production (thermique et nucléaire) qui nécessitent un délai de démarrage de plusieurs heures. Il permet également d’assurer une partie de la sécurité du réseau électrique national et européen en cas d’aléas.

Seul l’Etat est habilité à autoriser l’utilisation de la force motrice de l’eau. Pour les plus gros ouvrages (de plus de 4 500 MW), l’exploitation des barrages hydroélectriques fait l’objet d’un acte de concession entre l’Etat et les entreprises. Actuellement, les deux principaux gestionnaires sur le bassin sont l’entreprise Electricité de France (EDF) qui gère près de 80 % des barrages, et la Société hydroélectrique du Midi (SHEM). Pour les autres installations de moindre capacité, l’utilisation fait l’objet d’une autorisation.

Le complexe hydroélectrique du bassin est notamment constitué de quatre chaînes principales : la Dordogne,

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-Photographie 26- Retenue et barrage du Chastang (Corrèze)

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la Maronne, la Cère et la Vézère. Ces chaînes peuvent stocker un volume de près de 1 milliard de m3, et développer à pleine puissance près de 1 800 MW, soit l’équivalent d’environ deux tranches nucléaires, mobilisables très rapidement, afin de répondre aux besoins du réseau national mais également européen.

Sur la haute vallée de la Dordogne, le complexe de production hydroélectrique est composé d’une soixantaine de barrages et de trente usines majeures. Il regroupe une capacité de production d’électricité de pointe de 1 600 MW qui peut être mobilisée très rapidement. Le volume cumulé des retenues atteint le milliard de mètres cube. Les barrages du complexe Haute-Dordogne répondent à des impératifs techniques précis :

- situé en tête de bassin, le barrage de Bort-les-Orgues constitue la réserve du complexe. Sa retenue s’étend sur 21 km de long et sa capacité totale est de 477 millions de m3,

- le barrage de l’Aigle fournit annuellement, en moyenne, près de 500 millions de kilowatts/heure, - et celui du Sablier, situé à 2 km d’Argentat, est un barrage de compensation, censé limiter

l’importance des variations de niveau de la Dordogne en aval d’Argentat.

Bien que l’utilisation première de ces barrages concerne la production d’hydroélectricité, d’autres activités se sont développées depuis une vingtaine d’années sur les lacs et les cours d’eau du bassin versant, en lien avec l’émergence du tourisme et des loisirs. Les plans d’eau des retenues et les rivières sont désormais le support d’usages tels que la pêche, la baignade et la navigation, tandis que la beauté des paysages offre des cadres propices aux projets d’itinérance de bord de l’eau.

En dehors des chaînes de grands barrages, d’autres aménagements hydroélectriques, fonctionnant au fil de l’eau, jalonnent les rivières du bassin : plus de 150 autres ouvrages sont présents notamment sur l’Isle, la Dronne et d’autres affluents des axes principaux.

La présence de ces grands ouvrages a des impacts environnementaux importants sur les cours d’eau du bassin, sur les milieux aquatiques : rupture de la continuité écologique, évolution des retenues vers l’eutrophisation et développement des cyanobactéries, marnage des retenues et propagation des éclusées à l’aval des ouvrages. Si la construction des barrages a permis la création de nouvelles activités touristiques et sportives, l’usage hydroélectrique se fait au détriment d’autres usages tels que la pêche.

Le renouvellement, actuellement en cours, d’importantes concessions hydroélectriques sur la haute Dordogne et l’émergence d’enjeux nouveaux (directive cadre sur l’eau, directive habitats, développement du tourisme…) offrent l’opportunité d’intégrer de nouveaux enjeux dans le dialogue entre l’autorité concédante et les gestionnaires d’ouvrages.

4.4.7. Agriculture

Le bassin versant de la Dordogne est marqué par sa ruralité comme en témoignent les faibles densités de populations, et l’absence de grandes villes. Avec l’activité touristique, l’agriculture occupe encore une place de premier ordre dans le bassin de la Dordogne. Son originalité et sa complexité résident dans une diversité importante de l’amont à l’aval.

Le bassin versant de la Dordogne comprend 41 régions agricoles listées dans le tableau suivant.

Région Département Petite région agricole

Auvergne Puy-de-Dôme Combraille, Domes, Cézallier, Artense

Cantal Cantal, Bassin d'Aurillac, Châtaigneraie

Limousin Corrèze

Plateau des Millevaches, Plateau du Sud-Est Limousin, Haut-Limousin, Bas-Pays de Brive, Xaintrie

Haute-Vienne Haut-Limousin

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Région Département Petite région agricole

Midi-Pyrénées Lot Segala Limargue, Vallée de la Dordogne, Causses, Bourianne

Aquitaine

Dordogne Nontronnais, Périgord blanc, Périgord noir, Ribéracois, Double périgourdine, Bergeracois

Gironde

Landais, Vallée de l'Isle, Libournais, Ilot de polyculture de Pujols, Entre-deux-Mers viticole, Ilot de polyculture de Baron, Ouest-entre-deux-Mers, Blayais, Saintonge boisée, Région de polyculture de Saint-Ciers, Pays de Duras, Benauge boisée, Benauge

Lot-et-Garonne Duras

Poitou-Charentes Charente Montmorélien, Cognacais

Charente Maritime Double saintongeaise, Saintonge viticole

-Document 37- Les petites régions agricoles sur le bassin de la Dordogne

En 2000, l’agriculture sur le bassin de la Dordogne embauchait un peu plus de 56 000 personnes réparties dans plus de 36 000 exploitations. Si en 20 ans15, le nombre d’exploitations a diminué de près de la moitié, le modèle reste tout de même celui d’exploitations individuelles, avec une main d’œuvre majoritairement familiale. Par ailleurs, bien que la Superficie Agricole Utile (SAU) moyenne des exploitations ait augmenté de 65 %, elle est en moyenne de 33 ha, ce qui traduit des exploitations de taille relativement modeste.

Dans la partie amont du bassin versant, l’activité agricole correspond à une agriculture de moyenne montagne dominée par l’élevage bovin pour la production de lait et de viande. L’élevage est orienté vers la production de broutards qui commencent leur vie en altitude et sont ensuite vendus, entre autres, aux éleveurs italiens ou à ceux du bassin parisien qui les engraissent. En Auvergne, la race d’élevage dominante est la Salers. Cette espèce fournit le lait nécessaire à la fabrication du salers de tradition et sa viande est également consommée. La Limousine est élevée sur les plateaux corréziens. Elle est utilisée pour la production du veau sous la mère. Moins connue et plus rare, la race Ferrandaise (race originaire de la région de la chaîne des puys) tente un retour dans les Monts-Dore16. Son lait est utilisé pour produire le saint-nectaire. Les produits de l’élevage constituent la principale source de revenus des petits exploitants du haut bassin.

La Surface Agricole Utile (SAU) est majoritairement affectée aux pâtures (96 %). Les exploitations agricoles augmentent en taille, mais restent des fermes « traditionnelles ». Les pâtures sont exploitées pour l’alimentation des animaux. L’été, les bêtes partent en estive où elles restent pendant plusieurs mois, tant que la météo le permet. Elles redescendent à l’étable pendant l’hiver et sont nourries au fourrage. La montée en estive fait l’objet de manifestations annuelles dans le département du Cantal (Fête de l’estive à Salers et à Allanche) où les vaches sont bénies et présentées aux touristes, de plus en plus nombreux chaque année.

Dans la partie médiane du bassin versant, l’agriculture est multiforme : polyculture-élevage sur les coteaux et monocultures en plaine. Sur les secteurs de coteaux, le système polyculture (céréales, tabac...)-élevage (volailles grasses, bovins) est relativement extensif et les exploitations sont de petites tailles. L’élevage avicole (canard et oie) prend une place importante dans le sud de la Corrèze, dans le Lot et surtout en 15 Les chiffres présentés dans ce chapitre sont issus d’une analyse réalisée à partir des trois derniers Recensements Généraux de l’Agriculture (RGA) datant des années 1979, 1988, 2000 ; les données du RGA 2010-2011 ne sont, quant à elles, pas encore accessibles. 16 Voir chapitre 2.5. portant sur les espèces traditionnellement ou commercialement importantes et les filières agricoles.

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Dordogne. Il est principalement destiné à la production du foie gras, produit régional phare. Dans les plaines, le système polyculture-élevage existe encore, mais l’agriculture est principalement orientée sur les grandes cultures céréalières qui progressent (maïs pour l’essentiel et céréales à paille) et les cultures spécialisées (tabac, fraises, noix, asperges...). Enfin, la viticulture a connu une renaissance dans les secteurs de haute et moyenne vallée (Branceilles, Domme) et annonce la proximité de la Dordogne viticole.

Après Bergerac et jusqu’à l’estuaire, les cultures dominantes sont les vignes, les vergers, les surfaces fourragères et les céréales. La vigne est principalement cultivée sur les secteurs de coteaux et est répartie selon un gradient de concentration vers l’aval. Sur certaines communes, elle représente plus de 75 % de la SAU, notamment à l’extrême aval du territoire. Les cépages du Bergeracois sont en général les mêmes que ceux du Bordelais : sémillon et sauvignon pour les blancs, merlot noir, cabernet sauvignon et cabernet franc pour les rouges. Hautement réputé, le Saint-Emilion constitue le plus emblématique des vignobles du secteur. Dans le bergeracois, le maraîchage (melon, asperge) et l’arboriculture (kiwi, nectarine, pomme) prennent une place importante. La fraisiculture est également largement développée en amont du Caudeau et de la Louyre.

Dans le secteur nord-ouest du bassin versant, dans la partie Périgord-Charente, l’agriculture est dominée par la céréaliculture.

La variété des cultures et des formes d’exploitation existantes sur l’ensemble du bassin versant contribuent largement à la valeur patrimoniale du territoire (diversité paysagère et culturelle). Mais dans un contexte de déprise rurale, notamment sur la partie amont et les secteurs de coteaux, le maintien des activités s'effectue par l'extension des exploitations, le développement des productions labellisées et la diversification vers l'agro-tourisme.

Par ailleurs, la présence d’une rivière telle que la Dordogne constitue un atout de taille pour l’agriculture. La ressource en eau est ainsi prélevée pour l’irrigation des cultures destinées à l’élevage, pour les fruits et les légumes. Au même titre que le remembrement, la mécanisation, l’utilisation d’intrants ou le drainage, l’irrigation a contribué à augmenter la productivité agricole sur le bassin de la Dordogne dans les années 1970. Ainsi, la progression des besoins en eau a été significative et a correspondu au développement de cultures exigeantes en eau (maïs et maraîchage) dans un contexte de sécheresses successives. L’irrigation est par ailleurs un outil déterminant pour garantir des niveaux de production réguliers et donc pour sécuriser les revenus des agriculteurs. Il est à noter que depuis 1995, les surfaces irrigables ne progressent plus17. L’irrigation, dans les conditions actuelles, a un impact encore limité sur les grandes rivières du bassin de la Dordogne telles que la Dordogne, la Vézère et la Corrèze dont les débits sont

17 Agreste Aquitaine, mars 2005, Lettre Agreste, n°3.

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-Photographie 29- Récolte de maïs en Moyenne Dordogne

-Photographie 28- Arboriculture en Basse Dordogne

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-Photographie 27- Salers qui pâturent dans les prairies de la Haute Dordogne

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soutenus par les lacs de barrages situés à l’amont de leur cours. Par contre, de nombreux affluents atteignent chaque année des niveaux critiques qui déclenchent des procédures de gestion de crise gérées par l’Etat. C’est surtout le cas dans les secteurs de la Moyenne Dordogne (Céou, Couze, Gardonnette…).

Enfin, bien que les eaux des rivières du bassin de la Dordogne soient globalement de bonne qualité, les activités agricoles peuvent avoir selon les secteurs, un impact plus ou moins marqué sur la qualité des eaux. La partie Haute Dordogne est particulièrement sensible à l’eutrophisation des cours d’eau et des plans d’eau (cas de la retenue de Bort-les-Orgues) qui correspond à un enrichissement excessif des eaux en azote et phosphore. Ces nutriments proviennent des rejets des effluents d’élevage (lisier et eaux de nettoyage des bâtiments), des apports minéraux d’engrais sur les terres et des rejets de l’industrie agro-alimentaire (effluents issus des productions laitière et fromagère). La partie médiane est sensible aux nitrates dont les teneurs ont progressivement augmenté depuis 30 ans, notamment à l’aval de Bergerac. Quant à la basse Dordogne, la qualité des eaux est en partie héritée du reste du bassin versant. Bien que les pressions liées à l’usage de pesticides et aux effluents vinicoles soient importantes, la qualité des eaux reste globalement bonne, notamment grâce à l’important pouvoir d’auto-épuration et à l’effet de dilution du fleuve.

Les enjeux environnementaux concernent principalement la maîtrise des effluents d'élevage et laitiers liés à la production fromagère, la réduction des intrants (engrais et pesticides) dans les zones sensibles, ainsi que la diminution des prélèvements dans certaines rivières et en nappe pour l'irrigation. Le maintien de l'activité agricole est également un enjeu pour la vie socio-économique, mais aussi pour les paysages dont la variété et l'attrait sont déterminants pour le tourisme et le cadre de vie.

4.4.8. Filières forêt et bois

Les massifs forestiers (forêts de conifères, de feuillus et mixtes) sur le bassin de la Dordogne couvrent de vastes territoires de l’Auvergne à l’Aquitaine, en passant par le Limousin, représentant une superficie de 9 000 km² soit près de 40 % du bassin de la Dordogne, dont deux-tiers de feuillus.

Ainsi cette prédominance de la forêt donne lieu à des filières forêt et bois bien développées et dynamiques. Les débouchés des récoltes de bois sont majoritairement orientés vers le bois d’œuvre, puis vers le bois d’industrie. Le bois énergie reste un débouché encore limité, bien que la demande progresse sensiblement.

La filière forêt regroupe la sylviculture et l’exploitation forestière, c’est-à-dire la culture, les travaux d’entretien, la gestion de la forêt, la production du bois, l’abattage, le débardage et le sciage. Ainsi dans le Limousin, la filière forestière constitue la seconde force économique de la région.

La filière bois pour sa part tire sa matière première des exploitations forestières et des scieries. Cette activité, classée dans les biens intermédiaires, recouvre l’ensemble des industries de la première et seconde transformation du bois. Elle comprend de nombreuses petites entreprises, de l’artisanat au groupe industriel, principalement dans les domaines de l’industrie de fabrication de charpentes et de menuiserie, de l’industrie de l’emballage en bois et de l’industrie des panneaux. L’industrie du travail du bois en Aquitaine se positionne en troisième position régionale.

Ainsi plusieurs unités de transformation du bois (scieries, usines de panneaux) sont concentrées sur le secteur d’Ussel, d’Egleton et de Meymac en Corrèze. La filière bois-papier-carton est quant à elle un pourvoyeur d’emplois important en moyenne Dordogne avec notamment les papeteries de Condat au Lardin.

Globalement, la filière forêt-bois constitue un réservoir d’emplois, notamment à travers le développement de la récolte de bois et de ses activités de transformation (notamment au vu de l’augmentation constante du nombre d’emplois dans la construction bois).

Les enjeux environnementaux portent principalement sur les plantations d’espèces à croissance rapide (résineux, peupliers) au détriment d’espèces autochtones, entraînant une certaine uniformisation des

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paysages, ainsi que sur les coupes à blanc relativement fréquentes qui provoquent des mises à nu de versants peu esthétiques et qui accentuent le ruissellement et donc l’érosion des sols.

Toutefois les efforts allant dans le sens d’une réduction des impacts environnementaux sont manifestes. En effet, l’aspect environnemental de la gestion forestière est affirmé par l’adhésion d’un nombre croissant de propriétaires, publics et privés à un système de certification de gestion durable des forêts, le plus important étant la certification PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification Schemes) et par la mise en œuvre de documents de gestion durable.

4.4.9. Industrie et artisanat

Du fait de l’importance de l’agriculture, d’un enclavement historique du bassin et de l’absence de gisement minier important, la vallée de la Dordogne n’est pas devenue au cours du XXe siècle, une véritable région industrielle. Il n’existe donc pas de pôles industriels, mais des établissements répartis sur l’ensemble du bassin. L’exploitation des ressources agricoles et forestières a toutefois permis l’implantation d’industries agro-alimentaires et d’une filière bois qui représentent aujourd'hui encore une valeur économique de taille. La demande en eau constitue l’élément clé de la localisation des industries.

Sur la partie amont du bassin de la Dordogne, l’activité industrielle concerne principalement l’agro-alimentaire. Cinq laiteries sont recensées (Laqueuille-Gare, Tauves, Condat, Riom-ès-Montagnes et Dienne). Elles produisent différents fromages, dont le Saint-Nectaire, le Bleu d’Auvergne, la Fourme d’Ambert… Une usine d’embouteillage d’eau de source est installée au Mont-Dore.

En moyenne Dordogne, l’industrie agro-alimentaire transforme les canards gras issus des nombreux élevages de la région notamment dans les conserveries du Sarladais, ainsi que les productions fruitières par le confiturier Andros à Biars-sur-Cère. L’activité agro-alimentaire est également orientée sur la fabrication de fromages, de pâtisseries. Par ailleurs, les ressources géologiques diversifiées du bassin versant ont donné lieu à l’exploitation de carrières, de la Corrèze jusqu’à la Gironde. L’extraction de granulats alluvionnaires, interdite dans le lit mineur des rivières en 1981, s’est reportée dans le lit majeur. Parmi les 29 millions de tonnes de minéraux naturels produites chaque année en région Aquitaine, 7 millions sont extraites dans le département de la Dordogne dont 5 millions de tonnes de granulats à destination des activités du Bâtiment et des Travaux Public (BTP).

Enfin à l’aval du bassin de la Dordogne, l’industrie est également orientée vers l’activité agroalimentaire (activité viti-vinicole, conserverie), ainsi que vers la chimie avec notamment la présence de Bergerac NC (filiale de la Société Nationale des Poudres et Explosif -SNPE) et de Polyrey (Fabricant de panneaux décoratifs et stratifiés), tous deux installés dans le bergeracois au bord de l’eau.

Les rejets industriels se caractérisent essentiellement par leur charge en matières organiques et en éléments toxiques, du fait de la dominance agro-industrielle dans la vallée : abattoirs, laiteries, conserveries, tanneries. En Basse Dordogne, les principaux rejets s’effectuent dans la Dordogne au niveau des pôles industriels de Bergerac, Libourne et de l’extrémité aval du bassin versant, au niveau du Bec-d’Ambès. Les efforts réalisés depuis une vingtaine d’années ont permis de réduire fortement les rejets et méritent d’être poursuivis.

Dans des territoires où les activités industrielles restent peu développées, l’artisanat est pour sa part un secteur prépondérant pour l’économie du bassin de la Dordogne. Bien qu’il touche une gamme très large de métiers, il concerne principalement les secteurs du BTP et des

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-Photographie 30- Entreprise Polyrey, au bord du canal de Lalinde et de la Dordogne, Port-de-Couze (Dordogne)

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services, puis ceux de la fabrication avec une place de choix pour les métiers d’art, et de l’alimentation. Il embauche globalement près d’un actif sur cinq.

4.4.10. Thermalisme

La présence d’une activité thermale dans le haut de la vallée est liée à la présence d’eaux aux caractéristiques spécifiques. Elles sont le fruit de l’infiltration des eaux de pluie et de la fonte des neiges dans les profondeurs de la terre. Chauffées au contact de l’ancienne chambre magmatique, enrichies en gaz, elles remontent en surface par les fissures volcaniques : leur température varie alors entre 34°C et 58°C. Ces eaux sont très diversifiées et recommandées en dermatologie, rhumatologie et dans le traitement des affections respiratoires.

Le thermalisme dans le massif des Monts-Dore a connu deux périodes de gloire : la première sous l’Antiquité, et la seconde pendant le Second Empire. Cet essor considérable a donné naissance aux deux stations du Mont-Dore et de la Bourboule.

4.4.11. Tourisme

Au fil des dernières décennies, l’activité touristique est devenue une activité structurante des territoires, que ce soit en termes de retombées économiques, de structures d’accueil, ou d’événements culturels.

4.4.11.1. Types de tourisme

L’attractivité du territoire repose sur quelques grandes caractéristiques qui sont communes autant à l’amont qu’à l’aval, bien qu’elles s’expriment différemment :

- la qualité environnementale des territoires, la beauté des paysages et la présence de cours d’eau accessibles et « baignables »,

- la multiplicité des patrimoines architecturaux : typicité des habitats traditionnels, grands monuments civils et religieux, barrages,

- le cadre de vie en partie hérité de la mise en valeur agricole du territoire, et les us et coutumes tels que la gastronomie.

Les grands secteurs touristiques qui ressortent sont : - l’amont du bassin avec ses montagnes, ses grands panoramas, comme le Grand site du Puy Mary

(15) ou le Belvédère de Gratte-Bruyère (19), et ses opportunités de randonnées. C’est également le territoire de la Dordogne sauvage, inconnue, secrète et peu accessible, d’une richesse écologique exceptionnelle et recherchée,

- la partie centrale faite d’une alternance de falaises, de vallées alluviales et de paysages souterrains, marquée également par une implantation humaine ancestrale, des grottes aux châteaux. Dans ce secteur, les vallées sont les fleurons de l’activité touristique : la vallée de la Dordogne lotoise de Sousceyrac à Souillac, suivie de la vallée de la Dordogne périgourdine de La Roque Gageac à Limeuil, la vallée de la Vézère de Montignac au Bugue, auxquelles s’ajoute le Sarladais dans les terres qui fait exception à cette série valléenne,

- enfin un secteur aval peut être identifié, bien qu’il apparaisse plus en retrait quant à la fréquentation touristique. Il est toutefois marqué par ses paysages viticoles aux vignobles anciens et prestigieux dont Saint-Emilion est l’expression la plus célèbre, par les bastides et cités de caractère de l’Entre-Deux-Mers et du Libournais, et par une pénétration du domaine maritime dans les terres avec le mascaret et les rives estuariennes.

L’offre patrimoniale du bassin de la Dordogne peut s’appréhender à travers les paysages remarquables, bâtis, ruraux et naturels, les sites et monuments classés ou inscrits, et les musées. En effet, de nombreux ensembles sont labellisés :

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- 14 « Plus beaux villages de France » parmi lesquels Collonges-la-Rouge (dont l’ancien maire, Charles Ceyrac, fut le créateur du label en 1981), Eymet, Domme, La Roque-Gageac, Limeuil,

- 1 « Ville d’art et d’histoire » – Sarlat, et 1 Pays d’art et d’histoire – Vallée de la Dordogne, - 4 Parcs Naturels Régionaux à savoir le PNR des Volcans d’Auvergne, le PNR Millevaches-en-

Limousin, le PNR Périgord-Limousin et le PNR Causses-du-Quercy, - 113 monuments ou sites relevant du patrimoine bâti et religieux (châteaux, qui sont les plus

nombreux, églises, ouvrages d’art, ruines), - 55 éléments de patrimoine culturel (musées, patrimoine artisanal).

Le tourisme se pratique essentiellement en saison estivale, à l’exception de l’extrême amont du bassin versant de la Dordogne où se développe un tourisme d'hiver avec le ski de piste sur les stations du Mont-Dore et de Chastreix-Sancy et le ski de fond à la Bourboule et vers les Monts du Cantal (Dienne, Le Claux).

Les deux-tiers des touristes estivaux ont entre 25 et 50 ans et sont majoritairement issus de classes moyennes (professions intermédiaires ou employés). Plus de la moitié d’entre eux viennent en vacances en famille, accompagnés de jeunes enfants. Les trois-quarts de la clientèle sont français et originaires d’Ile-de-France, de l’Ouest et du Nord. Le dernier quart est composé de populations étrangères d’Europe du Nord, néerlandaise en majorité, mais aussi britannique, belge et allemande.

4.4.11.2. Services et équipements touristiques

Une étude marketing a été réalisée en 2004 et a permis de dresser un recensement qualitatif et quantitatif de l’offre touristique, d’identifier les produits représentatifs de la Vallée de la Dordogne et de cerner l’image de la Vallée de la Dordogne à travers une série d’enquêtes (grand public et professionnels) et une analyse de la communication.

Il en ressort que la Vallée de la Dordogne rassemble un patrimoine culturel et touristique exceptionnel qui la place parmi les plus belles vallées de France et d’Europe. Avec 115 citations dans les Guides Verts Michelin, elle fait jeu égal avec la Loire (143 citations pour 1 010 km de linéaire) ou le Rhin (178 citations pour 1 325 km de linéaire). La Vallée de la Dordogne bénéficie d’une très bonne notoriété en France (51 % des Français connaissent la Dordogne, SOFRES 2002) et à l’étranger.

4.4.11.2.1. Offre d’activités

Les activités liées à l’eau sont très présentes et se retrouvent tout au long de la rivière Dordogne, sur ses grands lacs de retenues à l’amont, sur son cours moyen libre, peu navigable, pittoresque, son aval large et imposant et sur ses affluents et divers lacs à proximité.

De multiples activités existent : - sportives : aviron, ski nautique, ski de piste, de fond et voile surtout en

Haute Dordogne, - de loisirs : bases de loisirs, sites de pêche sur les lacs et sur le cours, - de découverte : sous forme de promenades en gabarre, surtout en aval

(Dordogne plus navigable)

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-Photographie 31- Abris de la Madelaine ouvert au public, Tursac (Dordogne)

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-Photographie 33- Randonnée dans le Massif de Cézallier (Cantal)

-Photographie 32- Navigation sur la Dordogne en saison estivale (Dordogne)

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Les prestataires d’activités non liées à l’eau sont également très présents et régulièrement répartis sur tout le cours (la moyenne Dordogne apparaît même en léger retrait sur cet aspect).

Prestataires d’activités Activités aquatiques Nb % Autres activités Nb % Canoë-kayak 62 36 VTT 59 31

Aviron – Ski nautique 13 8 Centre équestre 83 43

Voile 20 12 Escalade 33 17

Lacs et Plans d’eau 29 17 Activités aériennes 18 9

Pêche 31 18

Gabarre 15 9

Total 170 100 Total 193 100

-Document 38- Nombre de prestataires d’activités touristiques sur le bassin de la Dordogne (activités aquatiques, terrestres et aériennes)

4.4.11.2.2. Offre d’hébergements

L’hôtellerie est marquée par le rôle de leader du département de la Dordogne, suivi par le Puy-de-Dôme et ses stations. Cette prépondérance est plus marquée sur les « trois étoiles » et plus. Dans tout le bassin, la catégorie « deux étoiles » représente près de 50 % de l’offre hôtelière.

Les campings sont la catégorie d’hébergement la plus liée aux activités aquatiques. Ils sont aussi caractéristiques de la Vallée de la Dordogne que l’hôtellerie.

L’offre en meublés, gîtes ruraux et chambres d’hôtes est régulièrement répartie et traduit en cela une réelle volonté d’aménagement touristique du territoire.

Les villages de vacances sont répartis plutôt inégalement. La situation reflète à la fois la vocation touristique traditionnelle du département de la Dordogne (53 % des lits) et la politique volontariste menée en Corrèze (20 % des lits).

Vallée de la Dordogne Nombre d’établissements

Nombre de chambres Nombre de lits

Hôtels 373 7 425 15 741

Sans étoile 59 1 008 2 151

* 82 1 597 3 445

** 176 3 528 7 433

*** et plus 56 1 292 2 712

Campings 260 24 783 73 625

Etoilés 230 24 014 71 530

Aires naturelles 30 769 2 095

Chambres d’hôtes 205 869 1 977

Gîtes ruraux 822 1 967 4 257

Meublés classés 1 082 1 339 2 965

Classés 840 1 036 2 281

Clé vacances 242 303 684

Villages Vacances 25 NC 8 034

TOTAL 2 787 36 383 106 599

-Document 39- Recensement des hébergements touristiques

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4.4.11.2.3. Filières identitaires

Les produits de la Vallée de la Dordogne se rattachent à des filières fortes, identitaires et bien partagées… : - la découverte itinérante des paysages, des patrimoines naturels, du bâtis : randonnées non

motorisées, avec en premier plan le canoë-kayak et, plus traditionnels, les circuits découverte en voiture,

- les hébergements de caractère, - les séjours détente, - la gastronomie,

… et à d’autres filières moins partagées mais de qualité, développées de façon significative en divers points du territoire et constitutives de l’image de la Vallée de la Dordogne :

- les activités nautiques sur base, - l’histoire, la préhistoire, surtout pour la moyenne Dordogne, - la nature « brute » en Haute Dordogne.

L’offre rassemblée de la Vallée de la Dordogne est complète et de qualité ; elle est principalement basée sur un tourisme de découverte patrimoniale :

- en itinérance aquatique (en canoë-kayak et bateau collectif en moyenne Dordogne), - en itinérance motorisée (voiture ou autocar et hôtel ou chambre d’hôte) sur tout le cours de la

rivière des sources à l’embouchure ou inversement. Ce mode de déplacement permet de s’éloigner largement de la rivière, de la traverser à différentes reprises. Cette route de la Vallée de la Dordogne peut bien entendu être fractionnée, en plusieurs séjours, sur plusieurs années,

- en séjour de découverte « marguerite » à partir d’un même hébergement situé à proximité immédiate de la Dordogne (hôtel, camping « trois / quatre étoiles », villages de vacances) et d’excursions quotidiennes en voiture le long de la rivière ou à l’écart de l’une ou l’autre rive.

Parmi les filières qui se développent, l’agritourisme prend une place originale dans un territoire majoritairement rural comme celui du bassin de la Dordogne. Il s’est développé dans les années 1980 par le fait d’exploitants agricoles désireux de diversifier leur activité et en réponse notamment à un intérêt croissant des touristes pour l’espace rural. Il recouvre ainsi l’hébergement, la restauration, la vente de produits et la vente de services (activités de loisirs, sportives ou culturelles…). Il est aujourd’hui bien encadré par des réseaux d’accompagnement, de promotion et de commercialisation tels que les réseaux « Bienvenue à la Ferme », « Marchés des producteurs de pays »...

4.4.11.3. Forces et faiblesses de l’activité touristique

L’activité touristique est devenue en quelques décennies l’un des principaux ressorts de l’économie des territoires du bassin de la Dordogne. Aujourd’hui, les atouts touristiques du bassin de la Dordogne sont nombreux :

- des richesses patrimoniales variées et exceptionnelles, - une offre d’activités et d’hébergements abondante et bien répartie, - un territoire vaste, accessible et ouvert à toutes les formes d’itinérances, - une notoriété préexistante et une image de valeur qui s’étendent au-delà des frontières

nationales.

L’économie générée directement et indirectement par les activités nautiques sur la Vallée de la Dordogne peut s’élever jusqu’à 30 millions d’euros par an, selon une estimation réalisée par Hydrostadium pour EDF en 2010.

Cependant, le bassin de la Dordogne souffre de son extension territoriale sur plusieurs départements et régions, qui transcende les découpages institutionnels habituels et qui induit une structure d’acteurs complexe à rassembler. Ainsi les offres touristiques sont souvent cloisonnées ce qui rend difficile la création

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de circuits à l’échelle du territoire. Il est à noter que plusieurs projets de véloroute le long de la Dordogne et de l’Isle sont en structuration, ce qui devrait faciliter les échanges.

Par ailleurs, en Dordogne lotoise et périgourdine, le patrimoine naturel et architectural est aujourd'hui largement exploité par les acteurs locaux en réponse à une demande touristique très forte. En conséquence de quoi, la fréquentation touristique s’accroît en période estivale. Ce phénomène représente certes une manne économique pour les territoires concernés, mais le développement d’infrastructures d’accueil, de qualité variable, et la fréquentation intensive de certains sites sur des périodes restreintes contribuent à accentuer la pression sur les paysages et à fragmenter l’espace. En outre, la surexploitation de certains sites touristiques, principalement situés dans les vallées, conduit progressivement à alourdir l’espace alluvial en infrastructures et nuit de fait à la valeur esthétique des paysages.

4.4.12. Usages liés aux aménités fournies par les cours d’eau

Les fleuves, les rivières et les canaux ont longtemps constitué le principal moyen de communication pour transporter les marchandises et les personnes. Si cette pratique a décliné, les cours d’eau restent aujourd'hui des vecteurs de développement des territoires. Leur présence apporte une valeur ajoutée évidente à l’économie locale (même si les retombées sont difficilement quantifiables), du fait entre autres, de l’affluence touristique. En outre, les cours d’eau et leurs rives procurent une qualité de vie également convoitée par les populations locales.

Les bords de cours d’eau sont recherchés pour les paysages qu’ils offrent, ou simplement pour le calme qu’ils inspirent. En cela, ils se prêtent à toute une série d’usages, qui en font des lieux de vie et d’échange tout au long de l’année. Qu’il s’agisse de pratiques touristiques ou de loisirs pour les populations riveraines, les chemins de halage sont l’occasion de faire des randonnées à pied, à bicyclette ou à cheval. Ils sont également des espaces privilégiés pour les pique-niques ou encore pour la pêche…

-Photographie 34- Voie verte le long de la Dordogne à Trémolat (Dordogne)

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CHAPITRE 5 . A c t e u r s e t p o l i t i q u e s d e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e

Les acteurs qui mettent en œuvre les politiques de conservation, de gestion et de valorisation du patrimoine naturel sont multiples sur le bassin de la Dordogne et interviennent à différents niveaux. Chacun, conscient des richesses existantes sur le territoire, contribue à sa préservation soit en tant que bailleur de fonds, soit en tant que coordinateur et concepteur d’orientations de gestion, soit en prodiguant des conseils et en assurant un accompagnement technique, soit en tant que maître d’ouvrage ou encore de maître d’œuvre. Ils participent tous à leur échelle à la promotion du développement durable et à l’intégration de l’environnement dans les activités socio-économiques.

5.1. Actions mises en œuvre par la structure porteuse de la candidature : Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR)

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs expérimentations ont été menées à l’échelle du bassin versant pour concilier les usages de l’eau dans une logique de développement durable. Appliquées à des thématiques différentes, elles rassemblent une multitude d’acteurs (sachant que la Dordogne et ses affluents traversent de très nombreux territoires administratifs, de diverses tailles et gérés par des autorités publiques ayant différents statuts) et couvrent l’ensemble du bassin versant. Qu’il s’agisse de rencontres multipartenariales, de plans de gestion, …, ces expérimentations mettent en œuvre la participation du public en matière de politique de l’eau et témoignent d’une volonté croissante des acteurs de gérer la ressource en eau et les usages de manière concertée.

Les expériences de participation du public dans le bassin de la Dordogne ont été étudiées dans le cadre du projet européen Harmonicop18. L’analyse démontre qu’il y a bien une prise de conscience du bassin versant par les parties prenantes et dans une mesure plus limitée, par le grand public. La mobilisation des acteurs sur les questions d’eau réussit car elle bénéficie du soutien des représentants de conseils généraux et des élus locaux du bassin versant. D’autres facteurs d’ordre cognitif interviennent également, comme la production par EPIDOR d’une connaissance réellement partagée entre experts techniques (fonctionnaires d’Etat, territoriaux ou privés), élus et citoyens. Ainsi le processus de participation résulte d’investissements importants et durables et d’un travail collectif de production et de diffusion de savoirs faisant autorité pour les différents intervenants.

5.1.1. Sommet Vallée Dordogne et Charte Vallée Dordogne

Initié en 1991, ce processus prend pour objet l’ensemble du linéaire de la Dordogne et la totalité des activités et parties prenantes potentiellement liées à la rivière.

18 Les expériences de participation du public dans le bassin de la Dordogne, étude de cas française, projet Harmonicop ; Bernard Barraqué (LATTS-CNRS), Jean-Pierre Le Bourhis (Université Paris I), Pierre Maurel et Richard Raymond (CEMAGREF, Montpellier).

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Durant la phase préparatoire, une vaste enquête est menée auprès de l’ensemble des acteurs. Elle aboutit à la réalisation d’un document proposant une vision partagée des problèmes et une liste de 402 « consensus » correspondant aux principales solutions.

Massivement diffusé, ce document a été discuté lors du Sommet Vallée Dordogne qui s’est tenu du 31 janvier au 2 février 1992, à Bergerac. Cet événement a rassemblé près de 3 000 personnes, dont une cinquantaine de « négociateurs » chargés de représenter une vingtaine de groupes d’acteurs (Etat, maires, consommateurs, pêcheurs amateurs et professionnels, compagnies d'eau, riverains...). Au final, sur les 402 propositions émises au départ, 370 accords ont été conclus et tous ont été votés à l’unanimité. Ces accords se présentent comme des formulations d’objectifs à atteindre et constituent la Charte Vallée Dordogne, signée personnellement par chaque « négociateur». La Charte constitue un cadre de référence pour l'ensemble des acteurs de la gestion de l'eau et de l'environnement dans le bassin versant19.

Il incombe depuis à chacun des partenaires, conformément à ses engagements, de mettre en application les solutions négociées collectivement dans la Charte. A cet effet, ils sont soutenus par EPIDOR qui a pour mission de les accompagner par des actions de conseil, d’animation, d’information, de sensibilisation et de formation. Selon les actualités à traiter, EPIDOR a également la possibilité de réunir des comités de suivi départementaux, prévus par la Charte. Ces comités rassemblent les partenaires présents lors du Sommet Vallée Dordogne, à l’échelle départementale, et ont pour vocation de débattre de problématiques ponctuelles. Ce fut le cas en 2004 afin de dresser l’état des lieux qualitatif et quantitatif des cours d’eau du bassin versant demandé par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).

Enfin, les Etats généraux de la Dordogne tenus en 2001, à Libourne, ont à nouveau exprimé la volonté de gestion multipartenariale du bassin versant, dix ans après le Sommet Vallée Dordogne. Ils ont permis de dresser un premier bilan des actions engagées depuis le Sommet de 1992 et de dégager les voies d’action prioritaires pour les dix années suivantes. Ils ont en outre permis de ramener l’ensemble des partenaires devant leur responsabilité collective de mise en œuvre de la charte.

5.1.2. Gestion des éclusées

Au début des années 1990, la gestion des lâchers d’eau par les barrages hydroélectriques (éclusées) devient un sujet de préoccupation sur la Dordogne, de façon plus aiguë que par le passé. Les modifications du régime hydraulique par les barrages sont de moins en moins supportées par certains usagers : pêcheurs, activités nautiques et touristiques, associations environnementales. Une transformation de certains barrages (suréquipement) accroît également les impacts sur le cours d’eau.

EPIDOR a pris en compte ce problème dès sa naissance. Le débat collectif autour de la gestion des éclusées constitue un des dossiers thématiques abordés lors du Sommet Vallée Dordogne, mais aussi lors de l’élaboration du SDAGE Adour-Garonne (1997) ou encore dans le cadre d’autres opérations telle que le « Défi éclusée » (2004). En 2009, le débat se poursuit par la signature d’une convention pluriannuelle entre Electricité de France (EDF), l’Agence de l’Eau Adour-Garonne (AEAG), EPIDOR et l’Etat.

L’objectif visé par ces actions est de créer une scène d’échange et de négociation entre différents acteurs, pour concilier leurs intérêts sur ce dossier : les compagnies d’électricité gestionnaires des barrages, certains usagers et les gestionnaires des milieux aquatiques subissant les effets de cette activité (représentés principalement par les pêcheurs, les services techniques de l’Etat et des collectivités territoriales, et les 19 La Charte Vallée Dordogne est présentée en annexe 7.

-Photographie 35- Concertation des acteurs du bassin de la Dordogne lors du Sommet Vallée Dordogne

A.Bo

rdes

, EPI

DOR©

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associations environnementales). Le processus vise aussi à éviter le recours à une solution judiciaire, privilégiée à certains moments par ces derniers acteurs.

L’échelle est celle de l’ensemble du cours d’eau et les questions à traiter collectivement portent sur les variations des niveaux d’eau et leurs impacts sur les milieux et les usages. Dans le cadre de ce débat collectif, EPIDOR joue le rôle de facilitateur, cherchant à établir un meilleur équilibre entre l’hydroélectricité, les autres usages et la préservation des milieux aquatiques.

5.1.3. Gestion contractualisée des sous-bassins

Des actions collectives de gestion des cours d’eau associant plusieurs types d’acteurs de l’eau sont lancées dès 1997, sur certains sous-bassins versants de la Dordogne. Il s’agit de procédures dites de « contrats de rivière » qui portent sur des périmètres particuliers.

Un contrat de rivière est un outil de gestion intégrée de l’eau à l’échelle d’un bassin versant. Il a pour objectif de résoudre à échéance courte (cinq ans) les problèmes spécifiques du bassin, ceux qui ont le plus d'impact sur le milieu et qui mettent en péril les usages de l'eau et leur développement.

C’est avant tout un outil de concertation entre l’ensemble des acteurs, privés et/ou publics, concernés par la gestion de l’eau. Il vise également à développer une culture commune de la rivière, de ses atouts et de ses problèmes. Cet outil est basé sur le volontariat : l'engagement des usagers dans un contrat de rivière signifie qu’ils deviennent des partenaires, qu’ils se sont préalablement concertés afin d’identifier ensemble les problèmes et qu'ils se sont accordés à mener des actions coordonnées, groupées et volontaires pour tenter de les résoudre. Le comité de rivière constitue l’organe de la concertation en associant les représentants des usagers, de l’Etat et les élus.

Dans le cadre de cette démarche contractuelle, EPIDOR est chargé d’élaborer et d’animer le dispositif, c'est-à-dire qu’il apporte, selon les besoins, des conseils et des appuis techniques. L’organisme doit également garantir la cohérence de ces initiatives locales avec l’ensemble du projet élaboré à l’échelle de bassin versant de la Dordogne. A ce jour, quatre contrats de rivière ont été mis en œuvre par l’établissement, dont deux sont toujours en cours (cf. tableau ci-dessous). Il est à noter que deux autres contrats de rivière ont également existé sur la Vézère, un sur la partie corrézienne du cours d’eau et l’autre sur sa partie Dordogne. Ils ont été animés par le Syndicat Intercommunal d'Aménagement de la Vézère (SIAV) et ont pris fin respectivement en 1992 et 1994. L’enjeu principal portait sur l’amélioration de la qualité de l’eau.

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Cère Céou Haute Dordogne Dordogne Atlantique

Début (Date d’agrément du dossier sommaire) 1994 1998 1997 2005

Fin 2007 2008 2011 2013

Superficie (km2) 1 051 740 1 931 730

Cours d’eau concernés Cère, Authre, Jordanne, Escaumel Rau d’Orgues

Céou, Tournefeuille, Germaine

Dordogne, Chavanon, Dognon, Lys, Rhue Dordogne

Linéaire total des cours d’eau (BD Carthage 2000)

844 km pour 151 cours d’eau

328 km pour 26 cours d’eau

1192 km pour 138 cours d’eau

190 km pour 1 cours d’eau

Communes (nb) 66 56 91 106

Habitants (nb) 75 000 23 700 51 500 180 000

Départements Cantal, Lot, Corrèze Dordogne, Lot Cantal, Puy de Dôme, Creuse, Corrèze Dordogne, Gironde

Régions Auvergne Limousin Midi-Pyrénées

Midi-Pyrénées Aquitaine

Auvergne Limousin Aquitaine

Activités économiques principales

Hydroélectricité Agriculture Industrie Tourisme

Agriculture Agroalimentaire Tourisme

Hydroélectricité Agriculture Laiteries Tourisme d’hiver et d’été Thermalisme

Agriculture Tourisme Pêche Industrie

-Document 40- Tableau des contrats de rivière passés et actuels sur le bassin versant de la Dordogne

-Document 41- Les contrats de rivière, passés et en cours, portés par EPIDOR sur le bassin versant de la Dordogne

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5.1.4. Gestion des étiages

Les Plans de Gestion des Etiages (PGE) proposent des actions afin de retrouver un équilibre entre prélèvements et ressources disponibles. Ces documents contractuels sont réalisés en concertation avec tous les partenaires concernés. Un comité d’élaboration réunit les représentants des collectivités (conseils généraux et régionaux, communes), des usagers (associations environnementales, chambres d’agriculture, syndicats de riverains, fédérations de canoë-kayak...) et des services de l’Etat (Agriculture, Environnement, Jeunesse et Sports...). Il a pour tâche de suivre l’élaboration du PGE et de valider chaque étape de la procédure depuis l’état des lieux jusqu’au document d’orientation final. Ensuite, le comité a pour mission de diffuser les constats dressés sur l’état des ressources en eau auprès des différents partenaires, et de faire appliquer les mesures définies dans les protocoles.

A partir d’une analyse de l’état de la ressource en eau sur les bassins déficitaires, les partenaires définissent les règles de partage de l’eau entre les différents usages et proposent la réalisation d’actions comme, entre autres, la création de retenues avec pour objectif de résorber les déficits éventuels. Ces documents définissent par bassin, des débits d’objectifs à maintenir pour la conciliation des usages et des enveloppes de volumes prélevables. Ces débits de référence sont souvent repris soit dans le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) et/ou dans les arrêtés de gestion d’étiage mise en place par les préfets.

Sur le bassin de la Dordogne, deux PGE sont mis en œuvre : le PGE Isle Dronne et le PGE Dordogne Vézère dont les animations ont été initiées respectivement en 2005 et en 2009. A eux deux, ces PGE couvrent la totalité du bassin versant et constituent de vastes espaces de concertation.

L’élaboration et l’animation des PGE est assurée par l’équipe d’EPIDOR.

PGE Isle Dronne PGE Dordogne Vézère

Début (Date d’agrément du dossier sommaire) 2000 2005

Superficie (km2) 7 510 16 338

Cours d’eau en situation de déséquilibre

Isle, Auvézère, Dronne, Loue, Nizonne, Tude, Dronne, Tude, Palais

Enéa, Nauze, Caudeau, Céou, Tourmente, Douime, Couze, Beune, Borrèze, Sourdoire, Bave, Coly, Lidoire

Unités de gestion hydrologiques 9 41

Linéaire total des cours d’eau (BD Carthage 2000) 3 400 km pour 433 cours d’eau 9470 km pour 1451 cours d’eau

Communes (nb) 442 1 071

Habitants (nb) 355 000 745 000

Départements Charente, Charente maritime, Haute Vienne, Corrèze, Dordogne, Gironde

Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze, Lot, Dordogne, Gironde

Régions Poitou-Charentes, Limousin, Aquitaine Auvergne, Midi-Pyrénées, Limousin, Aquitaine

Principaux enjeux liés à l’étiage Agriculture, industrie Agriculture, élevage, hydroélectricité,

industrie, AEP

-Document 42- Les plans de gestion des étiages sur le bassin versant de la Dordogne

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-Document 43- Les Plans de Gestion des Etiages (PGE) sur le bassin versant de la Dordogne

Ces PGE sont susceptibles d’être intégrés dans des Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) et d’en constituer ainsi les volets « gestion des étiages ».

5.1.5. Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI)

Les inondations sont bien souvent le résultat d’une politique d’aménagement du territoire qui s’est faite au détriment des rivières et de leur espace de liberté : urbanisation importante des plaines alluviales, disparition des zones humides et déboisement des versants. Si elles ne peuvent être supprimées, leurs conséquences peuvent être atténuées. C’est l’objectif du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) signé entre EPIDOR et l’Etat en avril 2007 pour une période de 4 ans (2008-2012).

Le PAPI est structuré autour de plusieurs problématiques : - la reconquête et l’entretien d’une culture du risque inondation, - la restauration de certaines zones naturelles inondables, - la protection des enjeux humains et économiques et l’atténuation de la vulnérabilité, - l’anticipation des crues.

Les actions retenues ont à la fois une efficacité locale et une portée à l’échelle du bassin. Elles prennent notamment en compte la nécessaire solidarité entre les territoires, et notamment entre l’amont et l’aval. C’est pourquoi, le PAPI est conduit à l’échelle du bassin versant de la Dordogne et vise à mobiliser les maîtrises d’ouvrage des collectivités locales en faveur de la prévention du risque d’inondation.

Par ailleurs, il vient renforcer et compléter les outils existants de prévision des crues (CRUDOR), de prévention des risques (Plans de Prévention du Risque Inondation –PPRI) et de gestion de crise (Plans Communaux de Sauvegarde –PCS).

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-Document 44- Les principaux territoires à risques inondations sur le bassin de la Dordogne

5.1.6. Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE)

Un Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) est un outil de planification territoriale dont l’ambition est d’affirmer et de permettre la gestion équilibrée et concertée de l’eau, des milieux aquatiques et péri-aquatiques, et des usages. Sa portée est juridique, c'est-à-dire que les objectifs, communément acceptés par l’ensemble des acteurs du territoire, sont opposables aux décisions administratives prises dans le domaine de l’eau et aux documents d’urbanisme.

Deux SAGE sont actuellement en voie de lancement sur le bassin de la Dordogne, sachant qu’à terme l’ensemble du territoire pourrait être couvert par de tels dispositifs de gestion de l’eau, conformément à la réglementation actuelle (Directive Cadre sur l'Eau, Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux), et ce, afin d'atteindre le bon état des cours d'eau.

Sur le bassin versant Isle-Dronne, le SAGE est en phase d’élaboration. Le périmètre a été défini suite à une consultation menée en 2010 auprès des collectivités territoriales, puis fixé par un arrêté inter-préfectoral en mai 2011. La Commission Locale de l’Eau (CLE) a été arrêtée en juillet 2011. Il s’agit de l’organe qui élabore et met en œuvre le SAGE. Elle est composée d’élus, d’usagers et des services de l’Etat. Son installation devrait intervenir à l’automne 2011.

Sur le bassin versant Haute Dordogne, un SAGE est en phase d’émergence. La consultation des collectivités territoriales pour l’approbation du périmètre doit être lancée par le Préfet coordonnateur de bassin au cours de l’année 2011.

Enfin, il est à noter la présence de deux autres SAGE, en partie situés sur l’aval du bassin de la Dordogne : - le SAGE Estuaire de la Gironde et Milieux associés concerne essentiellement l’estuaire de la

Gironde ainsi que des marais et 56 cours d’eau affluents ; il est actuellement en phase d’approbation,

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- le SAGE Nappes profondes s’intéresse à des nappes souterraines qui correspondent à des formations géologiques organisées en mille feuilles selon une succession verticale avec de haut en bas : le Miocène, l'Oligocène, l'Eocène et le Crétacé ; il est actuellement en phase de révision.

-Document 45- Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) sur le bassin de la Dordogne

5.2. Services et établissements de l’Etat

En matière environnementale (de protection et de gestion de l’eau), l’Etat est le garant du respect des textes internationaux qu’il a ratifiés (Convention sur la Diversité Biologique, Directives européennes Oiseaux et Habitat, Directive Cadre sur l’Eau…). Il définit la réglementation nationale, veille à sa mise en œuvre et contrôle le respect de son application. Il est également animateur en suscitant la mobilisation des acteurs à l’échelle nationale, par l’intermédiaire notamment de démarches partenariales et contractuelles avec les collectivités, les organismes et associations prestataires de services.

C’est le Ministère de l'Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement (MEDDTL) qui est le chef de file de la mise en œuvre d’une politique transversale de développement durable, portant en partie sur la protection et la gestion de l’eau et des risques naturels.

5.2.1. Directions Régionales de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL), Directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) et Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale (DATAR)

Au niveau régional, les Directions Régionales de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL) mettent en œuvre et coordonnent les politiques du MEDDTL et notamment la politique de l’eau, celle de l’énergie et celle de la protection de l’environnement.

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Au niveau du bassin de la Dordogne, en matière de gestion de l’eau : - la DREAL Midi-Pyrénées est la DREAL de bassin Adour-Garonne, c’est-à-dire qu’elle impulse et

coordonne les missions des DREAL du bassin Adour-Garonne notamment en suivant la mise en œuvre du SDAGE, de la DCE…,

- et la DREAL Limousin co-anime avec la délégation de Brive de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, le Secrétariat Technique Local (STL) de la Commission Territoriale Dordogne.

Les Directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF), pour leur part, portent les politiques du Ministère de l’Agriculture et de la Forêt en particulier en intégrant les missions de coordination des actions sanitaires vétérinaires et phytosanitaires.

Enfin, la Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale (DATAR) Massif Central met en œuvre une politique de développement à la fois européenne, interministérielle et interrégionale. Sa politique de développement durable est guidée par un double objectif d’attractivité et de cohésion des territoires. Sur le bassin de la Dordogne, la DATAR Massif Central accompagne de nombreux projets situés en Auvergne, Limousin et Midi-Pyrénées, par l’attribution de financements, tels que le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).

5.2.2. Directions Départementales des Territoires (DDT) et Missions Inter Service de l’Eau (MISE)

Les Directions Départementales des Territoires (DDT) mettent en œuvre les politiques publiques d’aménagement et de développement durable des départements dans différents domaines (environnement, transport, logement, urbanisme, risques). Concernant la politique de l’eau, elles jouent un rôle de police sur l’ensemble des cours d’eau, qu’ils soient domaniaux ou non domaniaux, et assurent la gestion du Domaine Public fluvial (DPF) dans leurs territoires respectifs de compétence.

La Mission Inter Service de l’Eau (MISE) animée par la DDT coordonne les services déconcentrés de l’Etat dans le domaine de l’eau et des polices de l’environnement. Cette structure de dialogue et d’échange d’informations, favorise la diffusion des bonnes pratiques de gestion de l’eau et définit les priorités d’action des services en matière de préservation des milieux aquatiques.

Elle comprend l’Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA), l’Agence de l'Eau Adour-Garonne (AEAG), les Directions Régionales de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL), les Agences Régionales de Santé (ARS), la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP), l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), parfois la gendarmerie… Selon les départements, des déclinaisons sont possibles en fonction des sujets à traiter. Il existe ainsi une Mission Inter Service de l’Eau et de la Nature (MISEN) dans le Lot, une Mission Inter Service de l’Eau et de la Biodiversité (MISEB) en Corrèze.

5.2.3. Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA)

L'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) est l'organisme technique français de référence sur la connaissance et la surveillance de l'état des eaux et sur le fonctionnement écologique des milieux aquatiques. L’ONEMA assure quatre grandes missions :

- développement des savoirs sur l’eau et les milieux aquatiques, en mobilisant la recherche (orientation de programmes de recherche, construction de partenariats) et en dispensant son savoir-faire (enseignements, diagnostics, conseils),

- information sur l’eau, les milieux aquatiques et leurs usages en pilotant le Système national d’Information sur l’Eau (SIE) et observation des milieux aquatiques en produisant des données hydrobiologiques et hydromorphologiques, et en assurant le suivi d’espèces patrimoniales (migrateurs, espèces sensibles…),

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- contrôle des usages de l’eau visant à réduire les atteintes des milieux aquatiques, et ce, par le biais d’une police administrative préventive et d’une police judiciaire de l’eau et des milieux aquatiques veillant au respect de la réglementation,

- appui technique pour la planification et la programmation des politiques de l’eau (SDAGE, SAGE, programmes de mesures, plans grands fleuves...) et pour la définition de la stratégie nationale de gestion des milieux aquatiques.

5.2.4. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS)

L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) est un établissement public administratif placé sous la double tutelle du ministre chargé de la chasse et du ministre chargé de l’agriculture.

L’Etablissement a pour missions : - de réaliser des études, des recherches et des expérimentations concernant la conservation, la

restauration et la gestion de la faune sauvage et ses habitats, et sa mise en valeur par la chasse, - de fournir une contribution essentielle à la police de la chasse par ses agents techniques et

techniciens de l’environnement affectés dans les services départementaux de garderie ou dans les brigades mobiles d’intervention. L’Office assure également la police de la faune et de la flore sauvages,

- d’assurer l’organisation de l’examen du permis de chasser, - de conseiller et d’apporter sa capacité d’expertise aux pouvoirs publics (ministères et directions

départementales de l’agriculture et de la forêt, pour l’essentiel). A ce titre, il assure le secrétariat de l’observatoire national de la faune sauvage et de ses habitats et apporte son concours pour l’élaboration des orientations régionales de gestion de la faune sauvage et d’amélioration de la qualité de ses habitats. Il est opérateur pour le compte de l’État dans ses actions en matière de grands mammifères carnivores (loup et ours),

- d’assurer la promotion d’une chasse durable.

Par ailleurs, un rapprochement entre l’ONCFS et l’ONEMA est actuellement à l’étude dans une dizaine de départements pilotes. Il permettrait de mutualiser les moyens de police environnementale existants dans chaque département. L’ONCFS sera donc peut-être amené à jouer un rôle dans la préservation de l’eau et des milieux aquatiques, en assurant à la fois des missions de police administrative et des missions de contrôles du respect de la réglementation en vigueur.

5.2.5. Office National des Forêts (ONF)

L’Office National des Forêts (ONF) assure pour le compte de l’Etat la gestion des forêts domaniales et des forêts publiques relevant du régime forestier ainsi que la réalisation de missions d'intérêt général confiées par l'Etat. L'ONF développe aussi diverses prestations de services : gestion, expertise, travaux, au profit de tous clients dans ses domaines de compétence que sont les espaces naturels, l'environnement, la filière forêt bois et le développement des territoires.

5.2.6. Agence de l’Eau Adour-Garonne (AEAG)

L’Agence de l'Eau Adour-Garonne (AEAG) est un Établissement public placé sous la double tutelle du Ministère de l'Écologie, de l'Énergie du Développement Durable et de la Mer et du Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Elle met en œuvre les orientations de la politique de l'eau, en accord avec le Comité de bassin. Elle fait jouer la solidarité des usagers de l'eau en contribuant au financement des ouvrages et actions de réduction des pollutions, préservation des milieux aquatiques continentaux et marins, gestion économe et durable des ressources en eau et connaissance de l'état et de l'évolution des

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ressources. Elle perçoit des redevances auprès de toutes les catégories d'utilisateurs de l'eau du bassin, et accorde des aides financières permettant de lutter contre la pollution, de mieux gérer la ressource en eau et de restaurer les milieux aquatiques.

Plusieurs organismes cohabitent pour mettre en œuvre la politique de l’eau dans le district Adour Garonne. Ils sont responsables de la planification de la politique de l'eau au niveau du bassin, et de l'incitation financière.

Le comité de bassin Adour-Garonne est un « parlement de l’eau » et rassemble 135 membres (représentants des collectivités territoriales, des usagers économiques, du monde associatif et de l'Etat). Il a 3 missions :

- élaboration du Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) et suivi de sa mise en œuvre,

- orientation de la politique d'intervention de l’agence de l'eau, - avis sur les grands aménagements.

La Commission territoriale Dordogne est pour sa part une déclinaison plus locale du comité de bassin au niveau du sous-bassin. Elle est donc composée de membres du Comité de bassin appartenant au bassin de la Dordogne, de personnes qualifiées et d'un représentant d'EPIDOR. Elle donne des avis sur toute question se rapportant au territoire qu'elle recouvre.

5.2.7. Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres

Le Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres mène une politique foncière visant à la protection des espaces naturels et des paysages sur les rivages maritimes et lacustres et peut intervenir en métropole, dans les départements d’Outre-mer, à Mayotte, ainsi que dans les communes riveraines des estuaires, des deltas et des lacs de plus de 1 000 ha. Sur le bassin de la Dordogne, il possède 62 ha aux alentours du lac de Bort-les-Orgues (à Confolent-Port-Dieu, en Corrèze), dont il a la gestion avec le CREN et l’ONF. Par ailleurs, un projet d’extension de ce secteur est cours d’étude sur le département du Cantal.

Il acquiert des terrains fragiles ou menacés, à l’amiable, par préemption, ou exceptionnellement par expropriation. Des biens peuvent également lui être donnés ou légués. Après avoir fait les travaux de remise en état nécessaires, il confie la gestion des terrains à des collectivités locales ou à des associations pour qu’elles assurent la gestion dans le respect des orientations arrêtées.

5.3. Collectivités territoriales

Les collectivités territoriales sont responsables de la mise en œuvre locale de l’aménagement du territoire et de la politique de l'eau.

5.3.1. Pays, Communautés de communes, Syndicats, Communes

Les pays et les communautés de communes gèrent l’aménagement du territoire en concertation avec les communes. Ils s’accordent sur la définition et la mise en place d’une politique commune et cohérente de développement économique et local. Ces structures constituent des porteurs de projets liés au paysage, à l’urbanisme (SCOT, PLU et cartes communales), à l’environnement, au tourisme, à l’agriculture.

Les communautés de communes, les communes et les syndicats aux compétences diverses, réglementaires et facultatives (AEP, assainissement, rivières), sont responsables de la distribution de l'eau potable, de la collecte et du traitement des eaux usées de leur territoire (cadre communal ou intercommunal), de la gestion des déchets, de l’entretien, et la restauration des cours d’eau.

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5.3.2. Conseils généraux

A l’instar des régions, les Conseils généraux sont des acteurs importants dans le soutien à la préservation du territoire et à la stimulation d’une économie locale respectueuse de l’environnement. De même ils mènent des politiques transversales de développement durable par la mise en place d’outils de programmation et d’orientation, et de schémas de gestion.

Ainsi, ces outils leur permettent d’apporter des appuis techniques et financiers à différents acteurs du territoire tels que les intercommunalités et les communes, et ce dans plusieurs domaines relatifs à l’environnement :

- gestion de l’eau : assainissement, Alimentation en Eau Potable (AEP), entretien et restauration des rivières, actions de sensibilisation et d’information sur les économies d'eau potable, réduction des pesticides, amélioration des connaissances sur l’eau et les milieux humides, la qualité et la quantité de la ressource en eau (réseaux de suivis départementaux des eaux souterraines et/ou superficielles),

- préservation d’espaces naturels sensibles : acquisition de sites remarquables par leur diversité biologique et paysagère et mise en place d’animations de sensibilisation, soutien à la mise en place de pratiques respectueuses (fauchage tardif…),

- prévention et gestion des déchets : lutte contre les décharges sauvages, aide à la structuration des réseaux de collecte et de tri sélectif,

- réduction des dépenses énergétiques : soutien à la réhabilitation de bâtiments anciens, intégration volontariste dans les bâtiments des institutions de solutions alternatives pour réduire la consommation d’énergie,

- soutien à la sylviculture : développement d’une politique bois-énergie, soutien à la filière bois, - valorisation des territoires : soutien et promotion des productions identitaires, aide à la

structuration d’activités de loisirs (randonnées, véloroute).

5.3.3. Conseils régionaux

Bien que la gestion de l’environnement (et de l’eau) ne relève pas de leur compétence obligatoire, les conseils régionaux définissent tous une politique de développement durable transversale et volontariste, qui intègre de fait chacune de leurs stratégies. Cela se traduit par des orientations qui guident ensuite l’attribution de soutiens, mais aussi par des démarches qui visent à améliorer les pratiques en interne.

Les orientations les plus fréquemment définies par les régions du bassin de la Dordogne sont les suivantes : - préservation des espaces naturels et de la biodiversité : organisation de gouvernances régionales

spécifiques, soutien financier des acteurs œuvrant dans le domaine (tels que le CREN, les PNR…), sensibilisation des publics et soutien des professionnels de l’éducation et de la pédagogie à l’environnement (CPIE, établissements scolaires, associations…),

- plus spécifiquement participation à la gestion de l’eau et à la protection des milieux aquatiques par l’intermédiaire notamment des Contrats de Plan Etat-Région (CPER) 2007-2013 : soutien financier pour la mise en place de Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux, pour la mise en place de mesures agro-environnementales, organisation de débats de sensibilisation…,

- réduction de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre (soutien des actions permettant d’atteindre ces objectifs, soutien à la production d’énergie locale et renouvelable, sensibilisation des publics),

- planification et amélioration de la gestion des déchets : soutien à des opérations collectives et/ou innovantes d’entreprises locales,

- renforcement de l’attractivité des territoires en valorisant les terroirs et plus largement en participant à l’amélioration du cadre de vie : soutien au développement de l’agritourisme

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Plus concrètement, ces orientations se traduisent par la mise en place d’Agendas 21 dans l’institution (Auvergne, Midi-Pyrénées), par le développement de filières bois-énergie (Limousin, Aquitaine), la mise en place d’une politique volontariste de soutien et de promotion de l’agriculture biologique (Auvergne, Aquitaine), la protection de sites en réserves naturelles régionales (Auvergne, Limousin)…

5.3.4. Parcs Naturels Régionaux (PNR)

Les Parcs Naturels Régionaux (PNR) ont pour but la protection des richesses naturelles situées sur leur territoire, l’accueil dans la zone même des parcs, le développement économique rural et l’animation culturelle, pédagogique, de plein air. Un projet de PNR est en soit un projet de développement durable d’un territoire. En plus de mettre en œuvre des actions spécifiques, ils accompagnent techniquement les acteurs locaux et facilitent l’obtention de fonds.

Sur le bassin de la Dordogne, plusieurs types d’actions sont développés par les quatre PNR dans une logique de préservation et de respect des territoires, d’innovation et/ou de valorisation du patrimoine et du terroir :

- protection et valorisation de milieux naturels : mise en œuvre de documents d’objectif dans le cadre de Natura 2000 ; restauration et assistance technique à la restauration de milieux (mare, pelouse, cours d’eau…),

- développement économique durable : éco-construction adaptée au territoire, réduction de la consommation d’énergie des bâtiments, expérimentation pour le développement de nouvelles filières (bois-énergie), tourisme durable, valorisation de l’utilisation de races animales autochtones dans l’agriculture locale (ferrandaise, salers) et incitation au maintien de pratiques agricoles respectueuses et adaptées aux territoires (estives),

- cadre de vie : soutien à l’extension de services de proximité, accompagnement des communes et communautés de communes dans la mise en œuvre de politiques culturelles,

- sensibilisation aux différents patrimoines présents sur les territoires des parcs : travail avec les écoles situées dans leur territoire, randonnées et veillées thématiques…

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5.4. Etablissements à caractère public

5.4.1. Chambres consulaires

L’appellation « chambres consulaires » regroupe les Chambres d’Agriculture, Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) et Chambres des Métiers et de l’Artisanat (CMA). Les chambres consulaires sont des établissements publics professionnels qui ont pour mission globale de représenter respectivement les intérêts de la profession agricole, des entreprises et des artisans auprès des pouvoirs publics, de conseiller chacune des filières professionnelles pour leur développement, voire de dispenser des formations qualifiantes.

Elles jouent un rôle dans la promotion du développement durable et accompagnent les professionnels vers l’intégration des normes environnementales dans leurs activités. Plusieurs domaines peuvent être cités :

- tout d’abord, maintien de l’activité économique et aide à l’installation de nouveaux entrepreneurs et exploitants agricoles,

- aide à la gestion raisonnée de l’énergie dans les entreprises et les exploitations, - réalisation de diagnostics Environnement (déchets, eau, bruits…), - réalisation de diagnostics pour la mise en place de systèmes de management environnemental

(ISO 14001), - information et sensibilisation des créateurs d’entreprises (déchets, eau, qualité et sécurité), - conseil pour l’optimisation de la collecte des huiles alimentaires usagées (système spécifique

financé à 50 % par l’Agence de l’Eau Adour Garonne), - promotion de pratiques culturales alternatives (Techniques Culturales Simplifiées –TCS,

désherbinage, compostage…), - aide à la reconversion vers l’agriculture biologique (diagnostic, appui technique), - valorisation des productions agricoles dans des circuits locaux (structuration des filières,

coordination de la profession agricole et des collectivités impliquées)…

5.4.2. Centres Régional de la Propriété Forestière (CRPF)

Les Centres Régionaux de la Propriété Forestière (CRPF) sont des établissements publics qui assurent l’organisation des forêts privées et participent au développement d’une gestion concertée auprès des propriétaires forestiers et des élus. Ils mènent des actions de surveillance de la santé des forêts, d’animation de sites Natura 2000, ainsi que des actions sur le foncier avec la Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural (SAFER).

Ils sont des acteurs clés du développement durable des forêts du bassin de la Dordogne qui sont majoritairement privées. Ainsi ils agréent des plans de gestion, ils participent à la mise en place de la certification « Promotion de la gestion durable des forêts – PEFC » et engagent des systèmes de management environnemental (ISO 14001).

5.5. Acteurs socio-économiques

Ils participent à la mise en œuvre locale de la politique de l’eau sur le bassin et sont force de proposition et/ou relais d'opinion. Usagers, associations de consommateurs ou de protection de l'environnement, associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques, fédérations, associations de riverains, …, sont associés aux décisions en matière de planification et de gestion.

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5.5.1. Producteurs d’hydroélectricité

Conscients de leurs impacts environnementaux, les producteurs d’énergie, tels qu’Electricité de France (EDF), la Société Hydroélectrique du Midi (SHEM), …, mettent en œuvre une politique de développement durable sur le bassin de la Dordogne, qui vise à :

- améliorer la continuité écologique : en augmentant l’efficacité des dispositifs de franchissement de leurs ouvrages (libre circulation des grands migrateurs) et en restaurant le transit sédimentaire,

- limiter l’artificialisation des débits : en se rapprochant du régime naturel, - concilier les usages dans la vallée : en assurant une côte minimum des retenues de barrages

permettant le maintien de loisirs nautiques, - sensibiliser le public sur leurs activités et sur l’intégration environnementale et sociétale de

l’hydroélectricité dans la vallée : un Centre d’Information du Public (CIP) a été ouvert par EDF en 2009, à l’usine de Tuilière,

- et contribuer à la valorisation du patrimoine industriel de la vallée : le barrage de Marèges (exploité par la SHEM dans le Cantal) et le barrage de l’Aigle, dit le « barrage de la Résistance » (exploité par EDF en Corrèze), ont été labellisés au titre du Patrimoine du XXe siècle.

5.5.2. Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM)20

L’Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM) est la fédération qui regroupe la quasi-totalité des industries extractives de minéraux ainsi que les fabricants de divers matériaux de construction (béton, mortier, plâtre…). Elle est entre autre chargée d’orienter les professionnels du secteur dans des démarches environnementales qui respectent la réglementation stricte en vigueur.

En effet, l’exploitation des carrières et gravières induit une modification des paysages (suppression de la végétation initiale, modification de la topographie, construction d’installations, décapage des sols, apparition d’un plan d’eau etc.…). En réponse à ces inconvénients et pour répondre aux exigences environnementales croissantes, les industriels eux-mêmes et la profession toute entière prennent des initiatives.

Afin d’accélérer l’évolution des pratiques sur les sites de production, les professionnels du granulat ont fait évoluer en 2005, leur action environnementale vers une démarche de progrès portée par une charte : la « Charte environnement des industries de carrières », initialement créée en 1992.

La prise en compte des enjeux environnementaux se fait à tous les niveaux de la vie d’une carrière : - dès la conception du projet par l’étude d’impact, l’étude d’incidence le cas échéant et l’évaluation

environnementale. Le type de réaménagement est systématiquement précisé dans l’arrêté préfectoral portant autorisation d’exploiter la carrière en fonction de la sensibilité du milieu et des objectifs fixés,

- lors de l’exploitation du site, à travers la définition de bonnes pratiques, - lors du réaménagement au fur et à mesure de l’exploitation du site avec la mise en œuvre de

techniques de génie écologique.

En tout état de cause, le réaménagement du site, conformément aux engagements de l’entreprise, aux prescriptions de l’arrêté préfectoral et de la réglementation en vigueur, est soumis à l’avis préalable des services de l’Etat compétents, de la commune, du propriétaire, entériné enfin par un arrêté préfectoral. S’il est bien mené, le réaménagement d’une carrière peut également être à l’origine de milieux propices au maintien et au déploiement de la biodiversité.

20 Ce chapitre a été rédigé en collaboration avec l’UNICEM.

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5.5.3. Pêcheurs professionnels

De par leurs statuts, les pêcheurs professionnels sont les seuls habilités à commercialiser le fruit de leur pêche. Deux associations existent sur le bassin de la Dordogne :

- l’Association Agréée Départementale des Pêcheurs Professionnels en Eau Douce de la Gironde (AADPPED) : elle rassemble tous les pêcheurs professionnels en eau douce du département de la Gironde, qu’ils exercent sur la Dordogne ou sur la Garonne. Leur activité est essentiellement ciblée sur la pêche des poissons migrateurs (civelles, aloses, anguilles, lamproies…),

- l’Association Agréée Interdépartementale des Pêcheurs Professionnels du Bassin de la Garonne (AAIPPBG) : elle regroupe les autres pêcheurs professionnels en eau douce exerçant sur les bassins Garonne, Dordogne et Charente. Pour le bassin de la Dordogne, elle concerne les pêcheurs professionnels du département de la Dordogne. La plupart pratique la pêche en complément d’une autre activité telle que l’agriculture, la restauration, le tourisme (fermes-auberges)…

Ces associations promeuvent des pratiques traditionnelles et entretiennent une culture liée à la rivière. Leurs productions sont valorisées dans la gastronomie locale. Elles organisent ou contribuent à des événements de sensibilisation tels que l’Université de la Lamproie (Sainte-Terre), la Fête de l’Alose (Branne), la Table des Pêcheurs (Creysse).

Comme les Fédérations de pêche, elles contribuent à la surveillance et à la connaissance du patrimoine piscicole et des milieux aquatiques. Les pêcheurs professionnels remplissent des carnets de captures régulièrement transmis à l’administration. Ils participent à la mise en œuvre de plans d’actions pour la sauvegarde d’espèces menacées (saumon, esturgeon, anguille). Enfin ils participent aux instances qui définissent les politiques de l’eau (Commission Locale de l’Eau, Comité de bassin, Comité de gestion des poissons migrateurs…).

5.5.4. Fédérations Départementales pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (FDPPMA)

Les Fédérations Départementales pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (FDPPMA) du bassin de la Dordogne représentent les pêcheurs de loisir à la ligne. Elles jouent un rôle important dans la mise en valeur et la surveillance des domaines piscicoles départementaux. A cet effet, elles participent à l’organisation de la surveillance de la pêche, à la protection du patrimoine piscicole et des milieux aquatiques. Elles coordonnent les Associations Agrées de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA) qui constituent des relais locaux (lutte contre le braconnage, contre les pollutions diverses…). Elles exploitent, dans l’intérêt des membres des associations agréées de pêche et de pisciculture du département, les droits de pêche qu’elles détiennent. Elles mènent des actions d’information et d’éducation en matière de protection des milieux aquatiques.

Les fédérations de pêche représentent également les Association Agréées des Pêcheurs amateurs aux filets et engins (ADPAEF). Ces associations participent au maintien d’une pêche traditionnelle patrimoniale. La plupart de ces pêcheurs exercent leur activité sur le Domaine Public Fluvial (DPF) en application d’un cahier des charges défini par l’Etat.

5.5.5. Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC)

Les Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC) participent à la protection et à la gestion de la faune sauvage et des habitats naturels. Elles conduisent des actions de suivi des populations et définissent, à travers le schéma départemental de gestion cynégétique, les orientations de gestion de la faune sauvage.

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Elles coordonnent les actions des associations communales et intercommunales de chasses agréées (ACCA), animent le réseau des réserves de chasse et de faune sauvage, et mènent des actions de formation et d’information sur la protection des milieux naturels.

Elles peuvent également être propriétaires et gestionnaires d’espaces naturels remarquables (exemple : Vallée des Beunes en Dordogne).

5.5.6. Associations d’agrobiologistes

Les associations d’agrobiologistes ont pour vocation de promouvoir et d’accompagner les reconversions vers l’agriculture biologique. Elles interviennent au niveau départemental et sont connectées au sein de réseaux régionaux (Bio d’Aquitaine, Gablim en Limousin…) et nationaux (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique -FNAB).

Ainsi, elles dispensent des formations courtes et longues destinées aux producteurs en bio, en conversion ou en installation. Elles prodiguent également des conseils sur les subventions existantes, sur les points de vente…

5.5.7. Association Migrateurs GAronne DOrdogne (MIGADO)

En 1989, le regroupement associatif des dix Fédérations de Pêche et des trois Associations de pêcheurs professionnels des bassins de la Garonne et de la Dordogne conduit à la création de l’Association MIgrateurs GAronne DOrdogne (MIGADO).

MIGADO est une association professionnelle qui œuvre pour la restauration et la gestion des poissons migrateurs sur la Dordogne et sur la Garonne par l’intermédiaire de :

- un centre de reconditionnement de géniteurs de saumon atlantique situé à Bergerac (Dordogne), - une pisciculture de production de saumons atlantiques située à Castels (Dordogne) près de Sarlat

(pour le bassin de la Dordogne) et dont la gestion est confiée à MIGADO, - une pisciculture de production de saumons atlantiques (pour le bassin de la Garonne) situé à Pont-

Crouzet (Tarn), près de Revel, et propriété de l’ONEMA, ainsi qu’une annexe à La Mandre (propriété de la Fédération du Tarn) ; toutes deux confiées en gestion à MIGADO,

- l’ensemble des stations de contrôles des deux bassins (Golfech, Le Bazacle, le Ramier, Carbonne et Camon pour la Garonne, Tuilières et Mauzac pour la Dordogne)

- et la réalisation de suivis des populations de poissons grands migrateurs à l’échelle du système Garonne-Dordogne-Gironde.

De plus, l’association fait appel régulièrement à des bureaux d’études, sous-traitants extérieurs pour les études non assurées en régie et consulte des cabinets spécialisés pour des besoins propres à la structure (cabinet comptable, juridique, informatique…).

5.5.8. Conservatoires Régionaux des Espaces Naturels (CREN)

Les Conservatoires Régionaux des Espaces Naturels (CREN) sont des associations de loi 1901, à but non lucratif, agréées au titre de la protection de l'environnement. Ils ont pour objet la préservation et la gestion du patrimoine naturel qui présente un intérêt ou un potentiel écologique, biologique ou géologique, au niveau régional, par le recours aux moyens suivants :

- la maîtrise foncière et d’usage, - la gestion et la mise en valeur de sites acquis ou maîtrisés, - la réalisation d’études scientifiques et techniques, - la mise en place d’un réseau de compétences,

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- le développement d’actions de sensibilisation, - la mise en œuvre d’actions de formation.

Ils s'appuient notamment sur l'établissement de partenariats avec les associations locales ou régionales de protection de la nature.

Sur le bassin de la Dordogne, il existe autant de CREN que de régions, soit cinq.

5.5.9. Associations de protection de la nature (APN)

Le tissu associatif est riche sur le bassin, dans tous les domaines dont notamment celui de l’environnement. Les associations de protection de la nature sont nombreuses et remplissent plusieurs missions :

- un rôle de défense des « intérêts » de l’environnement, notamment en siégeant dans des commissions de concertation,

- un rôle de veille quant au respect de l’application des lois et règlements, - un rôle d’alerte de l’opinion publique sur les menaces environnementales, - un rôle d’étude pour la connaissance des milieux.

Elles participent ainsi à la protection des paysages, des milieux naturels, des espèces et globalement à la conservation des équilibres de la biosphère en militant pour un aménagement respectueux des territoires et en sensibilisant les citoyens.

Une partie des mouvements citoyens de protection de l’environnement a émergé sur le bassin de la Dordogne dans les années 1970, pour lutter contre les extractions de granulats dans le lit mineur de la Dordogne et contre leurs effets sur les cours d’eau et les paysages.

Aujourd’hui les associations de protection de la nature assurent une mission de veille citoyenne et de pédagogie, soit au sujet des rivières du bassin de la Dordogne, soit au sujet d’espèces et de paysages patrimoniaux. La plupart d’entre elles assurent également un travail d’information et de traduction des notions complexes pour le grand public. Le tableau ci-dessous liste une partie des associations qui œuvrent sur le bassin de la Dordogne. Plusieurs d’entre elles sont affiliées à France Nature Environnement.

Entre autres initiatives, on peut citer, la création en 2008, de CAP’Eau Adour-Garonne, collectif réunissant 39 partenaires associatifs dans les domaines de la protection de la nature et de l’environnement, de l’agriculture, de défense des consommateurs…

Nom de l’association Localisation

Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Auvergne, Limousin, Aquitaine

FRANE (Fédération de la Région Auvergne pour la Nature et l’Environnement) Puy-de-Dôme

FDEN (Fédération Départementale pour l'Environnement et la Nature) Puy-de-Dôme

Association Dordogne Vivante Cantal

Association du Pic Noir Corrèze

Corrèze environnement Corrèze

Maison de l’Eau et de la Pêche Corrèze

Sources et rivière du Limousin Corrèze

Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin (GMHL) Corrèze

Société pour l’Etude et la Protection des Oiseaux en Limousin (SEPOL) Corrèze

Collectif de Pontou Lot

GADEL (Groupement Associatif de Défense de l'Environnement du Lot) Lot

Lot Environnement Lot

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Nom de l’association Localisation

Sauvons la rivière Espérance Dordogne

Conservatoire des Rives de la Dordogne Dordogne

TOS (Truite Ombre Saumon) Dordogne

SEPANSO (Fédération des Sociétés pour l'Étude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest) Dordogne, Gironde

-Document 47- Exemples d’associations de protection de la nature sur le bassin de la Dordogne

5.5.10. Autres acteurs

D’autres acteurs peuvent se mobiliser régulièrement sur des questions spécifiques ou sur des opérations ponctuelles en lien avec l’eau, les rivières et des sujets ayant trait à l’environnement (santé publique, prix et accès aux ressources naturelles…). Leur présence contribue à alimenter et à faire évoluer le débat sur la gestion de l’eau et plus largement sur la préservation environnementale du territoire. Il peut s’agir d’associations de consommateurs, de riverains, de propriétaires de moulin, de fédérations de loueurs de canoës-kayaks…

Ils interviennent en participant directement aux débats dans les instances de concertation environnementale, leur présence étant légitimée par le code de l’environnement, voire obligatoire dans certaines instances (Commission Locale de l’Eau – CLE – des SAGE, comité de bassin de l’Agence de l’Eau, comités des Contrats de rivière). Ils peuvent mener des campagnes d’information et organiser des évènements festifs pour sensibiliser et fédérer les publics à une cause. Ils sont des relais importants pour la mise en place de certaines stratégies, que ce soit auprès des décideurs ou des populations.

Ainsi, certaines associations se créent dans le but de faire entendre la voix de citoyens usagers en désaccord avec des projets ou sujets qui font polémique localement. C’est par exemple le cas de l’association Eau 24 (Ensemble Association et Usagers pour une gestion publique de l’eau en Dordogne) qui milite pour une gestion publique de l’eau potable et contre certaines pratiques inadaptées, ou encore de l’association de Sauvegarde du lac de la Crégut (dans le Cantal) qui se bat pour défendre un lac d’origine glaciaire dont l’intégration dans un complexe de production d’hydroélectricité menace la qualité des milieux aquatiques. D’autres acteurs organisent des opérations médiatiques de nettoyage des cours d’eau (ex. club de plongée Cyrano de Bergerac). Plus largement, ces associations effectuent un travail d’observation, de veille et d’alerte des citoyens et des pouvoirs publics sur les questions environnementales (ex. UFC Que Choisir ?).

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CHAPITRE 6. R e c h e r c h e , s u r v e i l l a n c e e t p é d a g o g i e

6.1. Recherche

6.1.1. La recherche : une mission prioritaire des réserves de biosphère

Développer et soutenir la recherche est une des missions fondamentales des réserves de biosphère. Comme le stipule la Stratégie de Séville, les activités de recherche doivent contribuer à l’amélioration des « connaissances sur les interactions entre l’homme et la biosphère ».

Les activités de recherche mises en œuvre dans le cadre d’une réserve de biosphère doivent porter de préférence sur les grands enjeux du territoire ciblés dans le programme de gestion. Il s’agit effectivement d’adapter les recherches aux questions que peuvent se poser les différents gestionnaires partenaires.

In fine, l’objectif est de favoriser un développement du territoire adapté aux milieux environnants, et en cela plus durable. La recherche doit donc permettre d’éclairer les politiques de gestion et d’aménagement et permettre aux acteurs gestionnaires, décideurs, ainsi qu’à la population d’adapter au mieux leurs pratiques.

Le programme de recherche de la réserve doit relever aussi bien des sciences naturelles que des sciences humaines et sociales et donc s’inscrire dans la pluridisciplinarité.

6.1.2. Diagnostic de l’état de la recherche dans le bassin de la Dordogne

Le classement au titre du programme Homme et Biosphère de l’UNESCO implique de mettre en place des dispositions pour développer et/ou soutenir la recherche sur le territoire concerné.

6.1.2.1. Réalisation d’un diagnostic : méthodologie

Préalablement à l’établissement de ce programme de recherche, il était nécessaire de réaliser un diagnostic de la recherche sur le bassin versant de la Dordogne ayant pour objectif de :

- établir un état des lieux des connaissances acquises jusqu'alors sur le bassin versant. Cet état des lieux vise essentiellement à :

o recenser les projets de recherche et les études techniques portant sur l’eau et les milieux aquatiques et menés sur le territoire depuis une vingtaine d’années,

o identifier les objets d'études et de recherches, les thématiques ayant fait l'objet d'une acquisition de connaissances et/ou de suivi ; puis, évaluer leur niveau d'investigation relatif,

o déterminer le registre des connaissances acquises (scientifiques, techniques et empiriques) pour ainsi cibler les personnes ressources, les acteurs pourvoyeurs de connaissances sur le bassin versant Dordogne.

- décliner les grands axes de recherche qu’il conviendrait d’inscrire dans le programme de gestion de la future réserve de biosphère, aux vues de :

o l'état des lieux des connaissances acquises sur le bassin,

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o la Charte de la Vallée de la Dordogne de 1992. En effet, plusieurs consensus au sein de cette dernière, citent le recours à la recherche soit pour améliorer les connaissances (flore, faune, gestion) soit pour promouvoir la vallée de la Dordogne comme objet de recherche. Afin de retenir les grands axes de recherche les plus pertinents, il est donc intéressant de confronter l'état des lieux avec ses propositions construites en 1992.

La réalisation de cet état des lieux a consisté, dans un premier temps, à un recensement des différentes productions de connaissances sur le bassin. Depuis la création d'EPIDOR, l'établissement s'est efforcé de répertorier les documents, articles, études… produits sur le bassin et de les intégrer dans une base bibliographique. Le recensement des productions de connaissances s'est donc largement appuyé sur l'analyse de cette base bibliographique qui contient à ce jour près de 2000 références concernant spécifiquement le territoire du bassin versant de la Dordogne.

En parallèle et suite à cette analyse, les différentes personnes ayant mené des travaux de recherche sur le bassin ont été listées puis contactées afin de répondre à un questionnaire21. Les différentes réponses à ce questionnaire permettent de compléter le recensement et de recueillir les avis sur les perspectives de recherches à mettre en œuvre, ainsi que l’intérêt de ces chercheurs pour une éventuelle participation à ces travaux.

Enfin, les besoins en termes d'acquisition de connaissances tels qu'identifiés dans la Charte Vallée Dordogne ont été inventoriés. Ces derniers, construits au cours du sommet de la Dordogne, sont le reflet des attentes et besoins de l'ensemble des gestionnaires et acteurs du bassin compte tenu de leurs préoccupations et problématiques en matière de gestion. Il s'agit donc ici de confronter ces attentes et besoins de connaissances avec leur production effective et ainsi repérer les avancées et les lacunes en matière de production de connaissances selon les thématiques abordées afin d'ajuster au mieux de grands axes de recherches à inscrire dans le programme de recherche.

6.1.2.2. Acquisition de connaissances riches et variées…

Le recensement issu de la base bibliographique EPIDOR ainsi que l'enquête par questionnaire ont permis d'identifier une vingtaine d'équipes de recherche qui travaillent actuellement ou qui sont mobilisées sur le bassin de la Dordogne. Les programmes de recherches en cours, ou déjà réalisés, sur ce territoire (voir tableaux) ont également été inventoriés.

Divers thèmes ont ainsi fait l'objet de recherches sur le bassin de la Dordogne. Si, dans un premier temps, celles-ci ont eu principalement comme sujet la faune piscicole, les thématiques abordées ont, par la suite, été diversifiées et englobent aujourd'hui les principales problématiques inhérentes à la gestion de l'eau sur ce territoire (impacts liés à la présence des barrages, agriculture, zones humides, qualité de l'eau…).

Le présent recensement des travaux de recherche ne fait pas état de l'acquisition de connaissances produites par les gestionnaires et acteurs techniques du territoire. Pourtant, celle-ci est conséquente et traite de nombreux sujets. En effet sur les 1150 références de la base bibliographique correspondant strictement à de la production de connaissance (études et rapports), seules 95 sont attribuées au domaine de la recherche et ont été prises en compte ici. Une analyse de cette production de connaissances par les gestionnaires et acteurs techniques viendra, prochainement, compléter le recensement des travaux de recherche afin d'avoir une représentation plus fine des connaissances acquises sur ce territoire.

Toutefois, il est d'ores et déjà possible d’affirmer que la production de connaissances sur le bassin versant de la Dordogne est riche et variée puisqu'abordant de nombreux thèmes et à l'origine de nombreuses productions (rapports, articles…). Or, cette richesse et cette diversité induisent un relatif éclatement des différentes productions de connaissances et objets de recherche qu’il faudrait mettre en lien et organiser. La constitution du programme de recherche et la mise en place d'un comité de suivi scientifique au sein de

21 Le questionnaire envoyé aux chercheurs est présenté en annexe 5.

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la future réserve de biosphère permettraient ainsi de mieux coordonner et mieux faire valoir ces travaux de recherche.

6.1.2.3. …en adéquation avec les besoins au niveau local

Lors du Sommet de la Dordogne en 1992, les thèmes identifiés comme devant être davantage investis par des travaux de recherche sont les suivants :

- l'agriculture, et notamment : o les nouveaux modes de gestion agricole en réponse aux impacts de la pratique de

l'irrigation sur la ressource en eau, o la protection et la restauration des prairies permanentes : mise en place de zones

d'expérimentation, de suivi technique…

- l'hydroélectricité et ses effets sur le milieu naturel et les autres usages, les phénomènes d'eutrophisation dans les retenues,

- le suivi des populations piscicoles et l'évaluation de la pression de pêche, l'étude des populations de poissons migrateurs et notamment de l'esturgeon,

- le fonctionnement de la rivière.

Hormis ce qui concerne l'agriculture, ces différents thèmes ont tous été considérés ces dernières années que ce soit par des activités de recherche (suivi des populations piscicoles, de l'esturgeon, impacts écologiques et sociaux de la gestion des niveaux d'eau par éclusées…) ou par des études techniques (fonctionnement de la rivière par le biais des Schémas Berges…).

De plus, l'inventaire des productions de connaissances met également en exergue le fait que les différents travaux de recherche, pour lesquels l'information a été recueillie grâce aux questionnaires, ont été réalisés en partenariat ou à la demande de structures locales en charge de la gestion de l'eau (EPIDOR, Agence de l'eau, ONEMA…). De ce fait, les travaux réalisés répondent à des besoins spécifiques, à des attentes, ou intérêts particuliers compte tenu des problématiques rencontrées par les acteurs du territoire, des besoins de connaissances inhérentes à leurs préoccupations.

Ces différents partenariats ont également eu pour effet de créer des habitudes de travail facilitant la coopération et les échanges entre équipes de recherche et acteurs locaux et garantissant ainsi une relative adéquation entre les travaux réalisés et les enjeux du territoire de la future réserve de biosphère. C'est ainsi que certaines collaborations se sont pérennisées comme l'accueil, chaque année par EPIDOR, d'étudiants de Master 2 de l'université de Bordeaux II, ou du master « Gestion et Traitement des Eaux » de la faculté des Sciences de l'Université de Limoges. Cet échange se manifeste par la réalisation de travaux d'étudiants sur des thématiques concrètes, où un important effort d'investigation est nécessaire (enquête, terrain, suivi...). Certains organismes de recherche font également appel à l'équipe de l'Observatoire mise en place par EPIDOR pour réaliser des suivis de terrain (exemple : le suivi des mousses sur la rivière Dordogne afin d'apporter des éléments en matière de qualité d'eau commanditée par Henri ETCHEBER de l'équipe EPOC de l'Université de Bordeaux 1). En outre, de nombreuses collaborations existent également entre l'établissement EPIDOR et d'autres acteurs locaux et techniques producteurs de connaissances tels que l'association MIGADO, l'ONEMA, certains bureaux d'études spécialisés, ayant une bonne connaissance du bassin (Eaucéa, Ecogea, Biotec…).

-Photographie 36- Etude bathymétrique de la Dordogne (1999)

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De ces différents échanges advient la mise en place d'importants suivis des milieux naturels sur le bassin versant (suivi de l'impact de la gestion par éclusées sur la faune piscicole, suivi quantitatif et qualitatif des cours d'eau et des bras morts de la rivière Dordogne…). La récente mise en place du programme européen LIFE-Alose, dont le volet français est porté conjointement par EPIDOR (EPTB Dordogne) et le SMEAG (EPTB Garonne), avec la collaboration technique de l’ONEMA, de l'association MIGADO, d'EDF et le soutien financier de l'Agence de l'Eau et d’EDF, en est un exemple.

Ainsi, sur le bassin de la Dordogne, bien qu’il n’existe pas de centre de recherche ou de centre de formation exclusivement consacré au territoire du bassin versant, il est toutefois avéré qu’EPIDOR s'est positionné, dès sa création, comme struc ture notable en matière de centralisation et de production de connaissances sur le bassin, et est reconnu comme tel.

Page 135: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

135

Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Recherches spécifiques

Thématiques Laboratoires – Equipes de recherche Chercheurs Fonction/titre Discipline Thématiques et sujets de

recherche Recherches menées sur le bassin de la

Dordogne (lorsqu'indiqué dans les questionnaires)

Date Partenaires A l'initiative d'une institution

Bio

tique

Poissons

CEMAGREF Bordeaux Unité de Recherche : Ecosystèmes estuariens et poissons migrateurs amphihalins

Mario LEPAGE Ingénieur de recherche Biologie et écologie des écosystèmes

Bio-indication et fonctionnement des écosystèmes de transition

Inventaire poissons dans l'estuaire de la Dordogne et Contrôle de la surveillance DCE poissons en eau de transition. Etude de l'Esturgeon dans le milieu naturel

2005-2010 Agence de l'eau Adour Garonne, DREAL Aquitaine

Agence de l'eau Adour Garonne, ONEMA, MEDDM

Gérard CASTELNAUD Pêche professionnelle et présence / abondance des espèces en interannuel depuis 1977, conservation de l'esturgeon

Enquêtes particulières

Enquête 1983, 1991

Ministère de l'Agriculture, Conseil Général, Cogepomi, Services gestionnaires, CSP, EDF

EDF, Etat

Catherine TAVERNY Ingénieur de recherche Ecobiologie Poissons migrateurs et écosystèmes estuariens

Biologie, Ecologie et pêches des lamproies migratrices 2002-2005 2008-2009

Agence de l'eau/ Ministère (EDD; AAPAR)/ FEDER (Europe)/ Région Aquitaine

CEMAGREF Bordeaux

Eric ROCHARD Directeur de recherches Ecologie, biologie de la conservation

Conservation des espèces migratrices, plans d'actions

Ecologie, biologie de la conservation, fonctionnement des écosystèmes

1980-2011 Multiples et très variés, collectivités, agence de l'eau, EPTB

Pierre ELIE

CEMAGREF Aix

Unité de Recherche : Ecosystèmes lacustres

Christine ARGILIER Directeur de recherche Hydrobiologie

Facteurs structurant les communautés biologiques et en particulier l’ichtyofaune des écosystèmes lacustres

Etude du peuplement, des habitats et du potentiel piscicole sur le barrage de Treignac (Vézère)

2011 EDF, CEMAGREF

Romain ROY Doctorant

ONEMA GHAAPPE Institut de Mécanique des Fluides

Michel LARINIER

Daniel TRIVELLATO

Ecrevisses CEMAGREF Bordeaux Unité de Recherche : Ressources Aquatiques Continentales

Charles ROQUEPLO

Forêt Université de Limoges Geolab-CNRS

Romain ROUAUD Attaché temporaire d'Enseignement

Géographie Forêt, archéologie, biodiversité Thèse sur l'histoire de la forêt charbonnée des gorges de la Dordogne, approche archéobotanique

2006-2011

Herbiers CNRS Toulouse Centre d'Ecologie des Systèmes Fluviaux

Henri DECAMPS Directeur de recherche Ecologie du paysage

Echanges entre les écosystèmes d’eau courante et les écosystèmes terrestres voisins

Abi

otiq

ue

Qualité de l'eau

CEMAGREF Lyon UR Milieux Aquatiques, Ecologie et Pollutions

Catherine BOUTIN Ingénieur Traitement des eaux usées ; filières extensives

Etude des filtres plantés de roseaux dimensionnés pour les campings

2009 CG 24, Syndicat départemental de l'Hôtellerie de Plein Air de la Dordogne

ONEMA

CEMAGREF Bordeaux Unité de recherche : Réseaux, Epuration et Qualité des Eaux (REBX)

Yvan RACAULT Directeur de recherche Génie des procédés

Modélisation des procédés de traitement des eaux usées en particulier les bioréacteurs à membrane

Dispositif d'épuration adapté pour la protection de la Dordogne

Début des années 1990

EPIDOR

Géochimie

Université Bordeaux 1 TGM-UMR 5805 Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux (EPOC)

Eric MANEUX Responsable Valorisation de la recherche

Qualité des eaux, des sédiments, application de la télédétection

Flux de matière en suspension et de carbone organique dans les fleuves

1994-1998 EPIDOR, EDF, Agence de l'eau Adour-Garonne

EPIDOR

Surveillance de la qualité des eaux 2004-2011

Impact des barrages 1994-1998

Alexandra COYNEL Maître de conférences Biogéochimie

Transfert biogéochimique à l'interface continent - océan; réactivité estuarienne, cartographie et analyse d'enregistrements

Géochimie, transfert de matière 2004-2005

Gérard BLANC Professeur Géochimiste Transferts Géochimiques des Métaux à l'interface continent / océan

Henri ETCHEBER Chercheur CNRS Ecologie et Biogéochimie des systèmes

Carbone organique, labilité, source et flux

Page 136: Dossier unesco bassin dordogne sept2011
Page 137: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

137

Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Recherches spécifiques

Thématiques Laboratoires – Equipes de recherche Chercheurs Fonction/titre Discipline Thématiques et sujets de

recherche

Recherches menées sur le bassin de la Dordogne (lorsqu'indiqué dans les

questionnaires) Date Partenaires A l'initiative d'une

institution

Abi

otiq

ue

Géologie, sédimentologie,

pédologie…

Université de Bordeaux 1 CNRS, UMR 5199 De la Préhistoire à l'Actuel : Culture, Environnement, Anthropologie (PACEA)

Jean-Pierre TEXIER

INRA Montpellier - Laboratoire des sciences du sol

Jean-Charles FAVROT

Hydrologie, hydromorphologie

CEMAGREF Bordeaux Unité de Recherche : Ressources Aquatiques Continentales

Charles ROQUEPLO

Instabilité des berges 1994

CEMAGREF Lyon Division hydrologie hydraulique

Olivier GILARD

Laboratoire de Géologie et d'Océanographie, Université de Bordeaux I, CNRS

J.C. FAUGERES

Soci

o-éc

onom

ique

Agriculture

AgroParisTech, UMR Metafort

Sylvie LARDON Directrice de recherche INRA-SAD

Géographie Diagnostic et développement territorial, outils participatifs pour la gouvernance des territoires

L'efficacité de la territorialisation des politiques agroenvironnementales pour la protection des ressources en eau - gouvernance territoriale et environnementale

2010

Ludovic MEASSON Maître de conférences Géographie Gouvernance environnement- conception et évaluation des politiques publiques

INRA - Société, Techniques, Environnement et Politiques Economiques (STEPE) Ivry

Christian NICOURT

Chercheur - UR RITME : risques, travail, marché, Etat

Histoire, ergonomie la normalisation de la production et ses effets sur le travail des hommes et des femmes dans le secteur agricole

1998-1999

Jean BOURLIAUD

Chercheur - UR sur les paysanneries, territoires, environnement, marché et politiques publiques

Socio-économiste

Barrage Armelle FAURE

Consultante indépendante, membre associée à plusieurs laboratoires et équipes de recherches

Anthropologue, ethnologue

Grands barrages, pêcheurs, agriculteurs en France et en international (30 ans d'expérience en Afrique de l'Ouest, dont le Burkina Faso)

Les Eclusées, l'impact social et sa perception. 1998 – 2009 EPIDOR, Agence de l'Eau Adour-Garonne

Maîtrise d'Ouvrage Agence de l'Eau et EPIDOR

Maîtrise d'œuvre Bureau Toulousain Expert et Sapiteurs

Géographie

CNRS - UMR 6042 Laboratoire de Géographie physique et environnementale (GEOLAB)

Nicole LAIR

Professeur Hydrosystèmes et bassins versants

Fonctionnement écotrophique des eaux courantes, Dynamique du potamoplancton, Rotifères des systèmes lotiques, Interrelation entre potamoplancton et géomorphologie, Indicateurs biologiques, couplage géomorphologie et macroinvertébrés benthiques

Hydromorphologie

CNRS - UMR 7533 – Laboratoire Dynamique Sociale et Recomposition des Espaces (LADYSS)

Elise CATALON

Doctorante en thèse CIFRE

Sociologie - Ecologie

Hydromorphologie des cours d'eau Thèse sur les perceptions et dispositifs de gestion autour des problématiques inhérentes à l'hydromorphologie de la rivière Dordogne

2008 – 2012 ASCONIT Consultants

-Document 48- Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Recherches spécifiques

Page 138: Dossier unesco bassin dordogne sept2011
Page 139: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

139

Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Programmes de recherches

Thématiques Année Programme de recherche Titre Auteurs Laboratoire Partenaires Echelle du

programme Objectif/résumé

Bio

tique

Poisson 1997 - 2002 LIFE Restauration de l'esturgeon européen

Acipenser Sturio

Pierre ELIE CEMAGREF Bordeaux EPIDOR - Ministère de l'environnement

Bassin Gironde-Garonne-Dordogne

Etudes et travaux devant permettre l'élaboration et la mise en œuvre : - de mesures destinées à assurer la protection de l'espèce, de ses habitats vitaux ; - de techniques permettant la restauration des populations tout en leur garantissant sur le long terme des conditions satisfaisantes de survie, de circulation et de reproduction. Eric ROCHARD CEMAGREF Bordeaux

Zones humides

en cours

WAT - SUDOE (interreg)

Etude de la fonctionnalité des zones humides de la Lizonne

Bernard CLEMENT ECOBIO UMR 6553 - Centre Armoricain de Recherche en Environnement (CAREN) IFR 90, Université Rennes 1 CG 33 - EPIDOR

- partenaires européens (Espagne et Portugal)

Européen

- étudier les fonctionnalités des différentes zones humides et quantifier leur rôle vis-à-vis du débit naturel des cours d'eau - identifier les moyens de restaurer les zones humides dégradées - partager les résultats avec les acteurs concernés

Laurence HUBERT-MOY COSTEL UMR 6554 - CAREN IFR 90, Université Rennes 2 Sébastien RAPINEL

Christophe CUDENEC UMR Agrocampus OUEST / INRA 1069 Sol, Agro et Hydrosystèmes, Spatialisation (SAS)

Soci

o-éc

onom

ique

1994 Plan paysage de la Dordogne

Yves LUGINBUHL CNRS - UMR 7533 - LADYSS

Locale

Cette étude s'étend sur l'ensemble de la vallée de la Dordogne qui a été sectorisée en différentes unités paysagères en utilisant deux itinéraires : un itinéraire fluvial et l'autre routier. Trois grands ensembles paysagers découpés en sous-unités sont apparus dans l’analyse : la Dordogne cristalline, la Dordogne quercynoise et périgourdine, la Dordogne girondine.

Katia PLEKHOFF

Katia SIGG

2002 Concertation Décision Environnement

Evaluation de la charte de Bergerac du point de vue de la concertation, la participation et la représentation des publics

Armelle FAURE Chercheur associé Laboratoire d’Ethnobiologie-Biologie-Géographie - MNHN

EPIDOR Nationale

Cette recherche comportait trois volets : - évaluer l’effet de la méthodologie d’animation sur la production de la charte, c’est-à-dire la manière dont l’organisation de la concertation avant et durant le sommet de 1992 a permis d’arriver au document tel qu’il a été produit ; - évaluer la portée et l’efficacité d’une charte, donc d’un document qui n’a pas de valeur réglementaire - évaluer la part de la culture locale dans le succès d’une concertation.

Patrick MOQUAY ENGREF Clermont-Ferrand - Equipe Popter

Philippe SAHUC Ecole nationale de formation agronomique de Toulouse-Auzeville

Dorothée BLANCHON INA-PG

2005 HarmoniCOP Les expériences de participation du public dans le bassin de la Dordogne

Bernard BARRAQUE LATTS - CNRS EPIDOR Européen Etudier différents outils et apporter des recommandations pour la participation du public dans la mise en

œuvre de la DCE Jean-Pierre LE BOURHIS Paris I - la Sorbonne

2005

HarmoniCOP Démarche d'évaluation du rôle des technologies de l'information géographique pour la concertation dans des projets environnementaux : Développement d'une méthode générique et application à des études de cas

Pierre MAUREL CEMAGREF / ENGREF Montpellier - UMR TETIS

EPIDOR

Européen La gestion des projets environnementaux prend de plus en plus la forme d’approches collectives et négociées. Ceci induit un ensemble d’interactions entre agents autour de la formulation de questions communes et d’actions collectives sur l'espace. Ces dynamiques collectives se déploient durant l’ensemble du projet et ses différentes phases. En parallèle, on assiste à un développement important des Technologies de l’Information Géographique (TIG : Systèmes d’Information Géographique, internet,…). Des travaux récents commencent à révéler l’intérêt mais aussi les limites et les risques liés à ce développement des TIG. compte tenu de ce contexte, l’objectif du projet de recherche est d’étudier les fonctions des TIG et d’évaluer les effets de leurs usages dans les nouveaux dispositifs et les nouvelles pratiques de concertation entre acteurs sur des problématiques environnementales.

Jean-Pierre CHERY

Flavie CERNESSON

Richard RAYMOND CEMAGREF - UMR TETIS (actuellement LADYSS - CNRS)

Patrice GARIN

CEMAGREF - UMR G-EAU

Concertation Décision Environnement

Nils FERRAND

Nationale

Olivier BARRETEAU

Stéphane ROCHE Université Laval Québec

Sylvie LARDON ENGREF Clermont-Ferrand - Equipe Popter / (Inra-SAD) Patrick MOQUAY

en cours Eau et Territoire

De l'instrumentation de la gestion de l'eau à sa territorialisation : Objets, Savoirs, Acteurs

Jean-Paul BILLAUD

CNRS - LADYSS

EPIDOR Européen

La DCE constitue un cadrage fort pour l’action sur le plan cognitif, normatif et instrumental, dimensions qu’il convient de questionner quant à leur capacité à engager les acteurs dans une dynamique de territorialisation de l’action publique. Notre objectif de recherche porte sur l’un des aspects au cœur de cet enjeu de la territorialisation, à savoir les instruments mobilisés pour inscrire la question de l’eau – quelle que soit la nature de l’hydrosystème – à l’échelle d’un territoire, ce qui peut être traduit en terme de : comment - c’est-à-dire avec quels instruments (objets et équipements ) - passer d’une politique sectorielle axée sur la gestion d’une ressource (l’eau) à une politique de développement des territoires tenant compte de cette ressource, c’est-à-dire une situation où les interdépendances génèrent de nombreuses incertitudes ?

Richard RAYMOND

Elise TEMPLE-BOYER

Marc MORMONT Fondation Universitaire Luxembourgeoise

Catherine MOUGENOT

Patrick STEYAERT INRA

Elise CATALON CNRS - LADYSS / ASCONIT Consultants

Sylvie VIEILLARD ASCONIT Consultants

en cours

IWRM - Net : Gestion Integrée Des Ressources en Eau

ESAWADI : utilisation de l'approche par les services écosystèmiques dans la mise en œuvre du volet économique de la Directive Cadre sur L'eau

Philippe BLANCHER ASCONIT Consultants

EPIDOR - Agence de l'Eau Adour Garonne

Européen Ce programme vise à analyser l’utilité de l’évaluation des services écosystémiques afin d’appuyer la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l’Eau

Catherine VIGNON

Elise CATALON CNRS - LADYSS / ASCONIT Consultants

Bruno MARESCA

CREDOC Xavier MORDRET

Anne DUJIN

-Document 49- Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Programmes de recherches

Page 140: Dossier unesco bassin dordogne sept2011
Page 141: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

141

6.2. Surveillance des milieux naturels

Une multiplicité d’acteurs intervient dans la surveillance de l’eau et des milieux aquatiques sur le bassin de la Dordogne. Il peut s’agir de suivis qualitatifs (biologie, physico-chimie), quantitatifs (eaux de surface et eaux souterraines) et de suivis floristiques et faunistiques. Le tableau ci-dessous dresse un récapitulatif des types d’acteurs et des suivis qu’ils mettent en œuvre.

Type d’acteurs Acteurs Nature de la surveillance et réseaux

Institutionnels Services de l’Etat :

- Directions Départementales des Territoires (DDT)

- Directions Régionales de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL)

- Agences Régionales de la Santé (ARS)

Quantité : réseau départemental de suivi des étiages, banque HYDRO et CRUDOR pour le suivi des inondations

Qualité : suivi de la ressource utilisée pour l’eau potable ; suivi des zones de baignade ; suivi des masses d’eau dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) : réseau des sites de référence, réseau de surveillance (RCS), Réseau de Contrôle Opérationnel (RCO), réseau de contrôle d’enquête, réseau de contrôle additionnel, suivi des émissions des industriels…

Police administrative : instruit les dossiers d’autorisation de travaux, d’usages (rejets ou prélèvements), de déclaration ou d’enregistrement au titre de la loi sur l’Eau

Agence de l’eau Adour-Garonne Général : met en place avec la DREAL le Système d’Information sur l’Eau (SIE)

Qualité : participe aux différents réseaux de suivi de la DCE avec le Réseau Complémentaire de l’Agence (RCA)

Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA)

Quantité : Réseau d'Observation de Crise des Assecs (ROCA)

Qualité : Réseau Hydrobiologique Piscicole (RHP) ; indice poissons pour évaluer état de qualité de l’eau

Police de contrôle : quantité et qualité

Collectivités territoriales

Parapublic

Conseil Général Qualité : Réseau Complémentaire départemental (RCD), surveillance des eaux de baignade

Quantité : réseau de mesure de débit (8 stations) en Gironde

Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR)

Quantité et Qualité : suivis ponctuels

Estuaire Gironde : maître d’ouvrage de la station de Libourne intégrée au réseau MAGEST (réseau suivi par un consortium constitué de : AEAG, Université Bordeaux I, EPIDOR, SMEAG, SMIDDEST, Port de Bordeaux, EDF, Communauté Urbaine de Bordeaux…)

Syndicats de rivière, PNR Suivis ponctuels possibles

Migrateurs, GAronne, DOrdogne (MIGADO)

Biologie : suivi de poissons migrateurs (comptages des migrations, des frayères et des juvéniles)

Page 142: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

142

Type d’acteurs Acteurs Nature de la surveillance et réseaux

Collectivités territoriales

Parapublic

Service d’Assistance Technique pour l’Exploitation des Stations d’Epuration (SATESE)

Qualité : suivi des systèmes d’épuration pour le compte des collectivités

Collectivités gestionnaires Qualité : suivi de la ressource pour l’eau potable, suivi des zones de baignade, suivi des systèmes d’assainissement (réseaux et station)

Conservatoire Régional des Espaces Naturels (CREN)

Biologie : suivis floristiques et faunistiques dans les zones humides

Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM)

Qualité et Quantité des eaux souterraines

Veilleurs Fédérations de pêche

Associations Agréées de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques (AAPPMA)

Qualité et biologie : suivi des peuplements piscicoles par pêches électriques en rivière, suivi des populations d’écrevisses, suivi et organisation de l’activité…

Fédérations de chasse

Associations Communales de Chasse Agréées (ACCA)

Suivi des peuplements, comptages, suivi des prélèvements, suivi et organisation de l’activité

Autres associations de protection de la nature

Etudes ponctuelles floristiques et faunistiques

Privés Bureaux d’étude Quantité et Qualité selon études commanditées

Electricité De France (EDF) Qualité, Quantité et Biologie : suivis biologiques suite à l’obtention de nouveaux titres (relèvements de débits réservés…), suivis piscicoles (migration, frai), suivis qualité d’eau (ex. Lac de la Crégut)

-Document 50- Récapitulatif des acteurs et des réseaux de surveillance de l’eau et des milieux aquatiques sur le bassin versant de la Dordogne

Le cumul des données fournies par l’ensemble de ces acteurs et de leurs réseaux donne une vision relativement complète de l’état de l’eau et des milieux aquatiques du bassin de la Dordogne. Il arrive malgré tout que des informations manquent pour établir un diagnostic précis d’un cours d’eau, d’un milieu naturel, et ce, soit parce qu’un secteur n’est pas compris dans les réseaux de surveillance dont le maillage est large, soit parce que les indicateurs ne sont pas exactement adaptés pour mettre l’accent sur un problème spécifique. Chaque réseau répond à un objectif particulier. Pour des besoins précis, il peut arriver que ces réseaux ne permettent pas d’apporter une information suffisamment pertinente (problème d’échelle ou de paramètre suivi le plus souvent). C’est pourquoi EPIDOR réalise également des suivis et des études complémentaires :

- suivi de la situation des rivières : qualitatif et quantitatif, - études sur le comportement des cours d’eau et des nappes

(hydrologie, hydrogéologie, fonctionnement des zones humides…).

Enfin, pour que les nombreuses données acquises par ces réseaux, études et observations de terrain servent à la gestion de l'eau, des milieux aquatiques et de leurs usages et soient des supports d’une décision politique pertinente, elles doivent nécessairement être

-Photographie 37- Pêche électrique dans le Céou (affluent de la Dordogne)

F.Eh

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PIDO

Page 143: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

143

analysées par des outils de traitement adaptés. C’est pourquoi EPIDOR a mis en place depuis de nombreuses années une mission de collecte et de traitement des données sur le bassin de la Dordogne. Cet observatoire, en plus de centraliser une donnée conséquente à l’échelle du bassin versant de la Dordogne, permet de produire des cartographies, des chiffres clés facilitant l’expertise ou simplement des données brutes. Ces éléments permettent de développer des stratégies de gestion et constituent des outils d’aide à la décision mis à disposition des membres d’EPIDOR, des collectivités et des particuliers. Il a également vocation à publiciser les informations récoltées soit par le biais de documentation, lettres d’info, …, soit en communiquant la donnée aux organismes qui en font la demande.

6.3. Pédagogie

6.3.1. La pédagogie : une mission prioritaire des réserves de biosphère

La pédagogie dans le domaine de l’environnement est l’une des missions fondamentales d’une réserve de biosphère. La pédagogie recouvre la sensibilisation, l’information et la formation.

Elle s’adresse à trois types de publics différents : - aux acteurs politiques du territoire que sont les élus locaux, - aux acteurs gestionnaires du territoire, tels que les conseils généraux, les collectivités locales, les

syndicats de rivière…, - et à un large public (enfants et adultes), aux scolaires et aux enseignants.

Les programmes de sensibilisation à l’environnement d’une réserve de biosphère doivent permettre de : - faire découvrir la biodiversité de la réserve de biosphère, - sensibiliser aux grands enjeux de la réserve, - informer et former sur les outils existants afin de conserver et de restaurer les milieux, les espèces et

la ressource en eau, - promouvoir une gestion équilibrée et durable du territoire.

6.3.2. Etat de la pédagogie sur le bassin versant de la Dordogne

6.3.2.1. Formation et actions de pédagogie : auprès des décideurs et gestionnaires

Sur le bassin de la Dordogne, des missions d’animation territoriale sont menées auprès des décideurs locaux et des gestionnaires par de multiples acteurs tels que les établissements de bassin, l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, les Parcs Naturels Régionaux, les conseils régionaux, les conseils généraux, les communautés de communes… Elles sont réalisées par le biais de projets de territoire, d’interventions thématiques, ou de contrats de rivière et de SAGE sur les questions d’eau et d’écosystèmes... Elles permettent de sensibiliser, d’accompagner et de former les élus, acteurs politiques de l’aménagement du territoire, mais également de conseiller et de former les gestionnaires techniques.

Ces missions comportent des aspects pédagogiques évidents dans la mesure où elles contribuent à rendre compréhensible les politiques de gestion des ressources naturelles et à orienter les élus vers une meilleure prise en compte de l’environnement dans le développement des territoires. Elles aident également les gestionnaires techniques à adapter leurs connaissances, leurs outils et leurs pratiques pour mettre en œuvre une gestion plus adaptée aux spécificités de milieux naturels tels que les zones humides par exemple.

A travers ses actions territoriales et thématiques, et ses publications, EPIDOR participe activement à tous les débats qui se tiennent sur l’eau et les milieux aquatiques dans le bassin de la Dordogne. Il conseille les communes, les communautés de communes, les syndicats de cours d’eau, les Parcs Naturels Régionaux lors du renouvellement de leur charte... pour rappeler qu’il est nécessaire d’intégrer la dimension de bassin versant

Page 144: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

144

dans chaque projet local, de renouer le lien étroit entre gestion de l’eau et aménagement du territoire. La transmission d’informations et de conseils se fait généralement au cours de multiples réunions et par le biais de nombreux échanges bilatéraux (téléphone, courriers…).

Enfin, il existe une forme de sensibilisation plus collective qui offre des cadres de concertation aux décideurs et aux gestionnaires et qui permet de développer une culture de la rivière et d’améliorer la connaissance des enjeux du bassin. C’est le cas des journées d’information, des séminaires d’échange, des formations et des comités de rivière, régulièrement organisés pour informer, sensibiliser et former les décideurs, les gestionnaires et les représentants d’usagers intéressés22.

Cadre Evénement

Bassin Dordogne

Sommet Vallée Dordogne (31 janvier au 2 février 1992) ; plus de 50 représentants d’acteurs de 6 départements partagent leur vision afin d’établir des priorités et des perspectives d’actions pour la gestion des cours d’eau. Les négociations donnent lieu au Sommet Vallée Dordogne

Etats généraux de la Dordogne (3 et 4 octobre 2001) ; dressent les 10 ans du Sommet Vallée Dordogne

Contrat de rivière Céou

Comités de rivières organisés deux fois par an

Journée d’information sur les inondations (14 octobre 2004)

Bureaux thématiques sur la continuité écologique, sur l’assainissement, sur la gestion quantitative….

Contrat de rivière Haute Dordogne

Comités de rivières organisés une fois par an

Journée d’information sur l’assainissement individuel (26 novembre 2004)

Journée d’information sur la gestion des milieux aquatiques (18 mai 2006)

Journée d’information sur l’assainissement collectif (30 octobre 2007)

Journées portes ouvertes sur le programme Effluents fromagers, deux par an

Contrat de rivière Dordogne Atlantique

Comités de rivières organisés deux fois par an

Journée d’information sur les zones humides et documents d’urbanisme (29 janvier 2009) ; près de 100 personnes présentes (trois-quarts d’élus)

Séminaire Palus (5 février 2010),

Journée d’échange entre techniciens de rivière (25 janvier 2011) ; partage d’expériences

Plan de gestion des étiages Journée Sol et Eau (8 octobre 2009)

Hydroélectricité – Continuité écologique et sédimentaire

Tables rondes sur le classement des cours d’eau (novembre et décembre 2010) Réunion publique suivie d’un débat « La Maronne, une rivière à réinventer » (9 juin 2011)

-Document 51- Exemples d’événements de formation et de partage d’expériences organisés par EPIDOR pour un public de décideurs et de gestionnaires

6.3.2.2. Formation et actions de pédagogie : auprès des milieux scolaire et universitaire

En parallèle, les actions de pédagogie de l’environnement en milieu scolaire sont également nombreuses. Elles sont souvent développées par des associations professionnalisées telles que la Ligue de l’enseignement ou les Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) et sont commanditées par les conseils régionaux, les conseils généraux, l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, les communautés de communes…

A l’échelle du bassin versant de la Dordogne, la complexité administrative du territoire rend la coordination des acteurs de la pédagogie difficile à organiser. Les actions de pédagogie de l’environnement sont plutôt menées au niveau d’une région telle que le Massif Central, ou d’une communauté de communes, ou encore d’une commune. Il en résulte que la réalité du bassin versant, comme territoire de gestion de l’eau par excellence,

22 Des exemples de supports de communication et de sensibilisation sont présentés en annexe 6.

Page 145: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

145

reste peu visible, peu compréhensible, et peu prise en compte dans les outils de sensibilisation pourtant nombreux.

Cependant, des initiatives visant le bassin versant de la Dordogne et la gestion de l’eau sont malgré tout régulièrement mises en œuvre. C’est le cas notamment du récent projet pédagogique intitulé « La Dordogne,

un fleuve et des hommes ». Il concerne l’ensemble du bassin de la Dordogne et vise en priorité un public scolaire. Il vise à développer chez les écoliers une meilleure compréhension du bassin hydrographique et des problématiques de l’eau sur le territoire, au travers d’échanges entre plusieurs écoles primaires et collèges situés à l’amont et à l’aval de la rivière. Ces échanges prennent la forme de classes de découvertes, précédées et suivies d’un important travail de préparation, puis de rendus sous diverses formes (scientifique, littéraire, artistique). L’ensemble de la démarche est mutualisé sur un site Internet qui met en ligne des fiches méthodologiques et devra prochainement servir à valoriser les productions réalisées par les écoliers23. Ce projet nécessite une ingénierie spécifique de la part de la Ligue de l’enseignement de Dordogne pour coordonner, suivre et accompagner les acteurs du corps enseignants et leurs classes, et établir des bilans réguliers d’avancement auprès des financeurs et du Comité de pilotage.

Par ailleurs, l’équipe d’EPIDOR accueille régulièrement en son sein des étudiants stagiaires du troisième cycle de l’enseignement supérieur, et les forme sur les thématiques de l’eau, des milieux aquatiques et de la gestion intégrée de l’eau. Chaque année, au mois de septembre, une promotion d’étudiants est également encadrée au cours d’un stage de terrain professionnalisant de 15 jours.

Des interventions sont régulièrement programmées sur demande des enseignants, dans le cadre de projets portant spécifiquement sur les thématiques de l’eau, au sein de classes d’écoles primaires, de collèges, de lycées d’enseignement général et professionnel et en milieu universitaire.

Intervention et enseignements en milieux scolaires et universitaires Thématiques et périodicité

Université de Limoges, Master professionnel Gestion de l’environnement et traitement des eaux, option Gestion et ingénierie des eaux et de l’environnement ; enseignement annuel

Université de Limoges, Licence DARE Gestion intégrée, rôle des EBTB ; interventions ponctuelles

IMACOF, Tours Gestion concertée de l’eau ; interventions annuelles

ENITA de Bordeaux, MASTER Gestion de la ressource en eau ; interventions annuelles

BTSA Forestier Gestion des cours d’eau et des berges ; interventions ponctuelles

BTS Gestion et Protection de la Nature de Périgueux

Gestion de l’eau en France, Directive Cadre sur l’Eau, usages et impacts sur l’eau, solutions à mettre en œuvre sur le bassin de la Dordogne, rôle des EPTB ; Interventions annuelles

BTS Gestion et Protection de la Nature de Neuvic

Gestion de bassin versant, qui fait quoi, rôle des EPTB ; SAGE et PAPI ; interventions ponctuelles

BTS Gestion et Protection de la Nature de Mauriac

Présentation du contrat de rivière Haute Dordogne et de la problématique du lac de la Crégut ; interventions ponctuelles

23 http://volca-sancy.com/.

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-Photographie 38- Stage de terrain des étudiants du Master « Gestion de l’environnement et traitement des eaux », 2009

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-Photographie 39- Animation auprès de scolaires dans le cadre du Plan de restauration de l’Esturgeon européen (1997)

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Intervention et enseignements en milieux scolaires et universitaires Thématiques et périodicité

IUT Périgueux, BTS Tourisme Gestion de bassin versant, qui fait quoi, rôle des EPTB ; interventions ponctuelles

Ecole d’infirmières de Périgueux Eau et santé ; interventions ponctuelles

Lycée agricole d’Aurillac Gestion de bassin versant, qui fait quoi, rôle des EPTB ; interventions ponctuelles

Lycée de Mauriac Gestion de bassin versant, qui fait quoi, rôle des EPTB ; interventions ponctuelles

Lycée agricole de Bergerac Gestion de bassin versant, qui fait quoi, rôle des EPTB ; interventions ponctuelles

Formation continue ArgoParisTech Gestion et pratiques d’aménagement durable des cours d’eau ; Intervention ponctuelle

Formation AgroSup, Clermont-Ferrand Présentation du bassin de la Dordogne et du programme Effluents fromagers ; intervention ponctuelle

Formation des instituteurs des départements de la Dordogne, de la Corrèze, du Cantal, de la Creuse et du Puy-de-Dôme

Découverte des milieux aquatiques en Ecole primaire ; Promotion de la Vallée de la Dordogne, de ses patrimoines et usages aquatiques à travers une approche transversale ; interventions ponctuelles

Intervention dans les écoles primaires Interventions ponctuelles

-Document 52- Exemples d’interventions et d’enseignements en milieux scolaires et universitaires données par les agents d’EPIDOR

Enfin, les agents d’EPIDOR assistent régulièrement à des colloques, des séminaires et des formations soit en tant que participants, soit en tant qu’intervenants.

6.3.2.3. Formation et actions de pédagogie : auprès d’un public élargi

Enfin, des actions de pédagogie auprès d’un public plus élargi sont régulièrement développées. Elles sont mises en œuvre ou commanditées par un large panel d’acteurs : établissements de bassin, conseils régionaux, conseils généraux, Agence de l’Eau Adour-Garonne, Parcs Naturels Régionaux, associations de sensibilisation à l’environnement, communautés de communes… Elles prennent souvent la forme d’événements de sensibilisation ponctuels et festifs. A l’instar des actions destinées aux scolaires, elles sont rarement mises en œuvre à l’échelle du bassin versant qui dépasse les limites administratives habituelles.

EPIDOR soutient un certain nombre d’actions pédagogiques adressées à un public élargi : - soit en assurant l’organisation, - soit en participant à des événements spécifiques, - soit en accompagnant et conseillant les spécialistes de la pédagogie sur les thématiques de l’eau, des

milieux aquatiques et de leur gestion, - soit en produisant des supports pédagogiques alternatifs et originaux pour aborder des messages

techniques.

Le tableau ci-dessous expose des exemples d’événements festifs et culturels qui ont pour vocation de resituer la rivière au cœur des préoccupations environnementales citoyennes (liste non exhaustive), ainsi que des exemples d’outils pédagogiques développés par EPIDOR (liste non exhaustive).

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Participation aux journées « Remue Ménage » sur la Dordogne (2004 à 2007) : interventions sur les actions menées par les collectivités dans le cadre du Contrat de rivière Haute Dordogne (travaux de restauration et entretien de berge, renaturation des sources, réhabilitation des systèmes d’assainissement collectif…)

Participation aux « Cours d’eau » de l’association H2O : journées de sensibilisation des scolaires qui ont lieu chaque année au mois d’avril, depuis 2004 (fréquentation estimée de 3 000 élèves)

Participation aux « Journées de la rivière» : journées de sensibilisation festives organisées par le Conservatoire des rives de la Dordogne et de ses Affluents chaque année, à l’occasion de différents évènements tels que la semaine du développement durable ou encore les journées du patrimoine. Les interventions d’EPIDOR portent sur la rivière et son patrimoine associé (vins du « bord de l’eau », poissons migrateurs…) Participation à la semaine du développement durable organisée par le Conservatoire des rives de la Dordogne et de ses Affluents : semaine de sensibilisation du public scolaire qui a lieu la 1ère semaine du mois d’avril

Organisation du Big jump, grand plongeon dans la Dordogne en 2009 et participation au Big Jump 2010

Pose d’échelles limnimétriques le long des cours d’eau soumis à de forts étiages afin de créer des repères et de sensibiliser aux niveaux d’eau les plus bas en période de sécheresse ; ces poses d’échelles d’étiage sont accompagnées d’inaugurations et de conférences pour expliquer la démarche

Participation à la semaine de l’eau, organisée par le Conseil Général de Gironde : présentation et discussion du projet de classement du bassin de la Dordogne par l’UNESCO au titre du programme Homme et Biosphère

Participation au Marché paysan et au salon du développement durable d’Auriac : présentation et discussion du projet de classement du bassin de la Dordogne par l’UNESCO au titre du programme Homme et Biosphère

Participations aux cafés des sciences : sensibilisation à la gestion durable de l’eau et des milieux aquatiques

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Grands Livres : bandes dessinées géantes, destinées à un large public, qui abordent une thématique particulière à travers une approche ludique et humoristique, sur les inondations, sur les sources de la Dordogne, sur la baignade…

Expositions : exposition « la Dordogne : un torrent, une rivière, un fleuve », exposition « la rivière et ses usages » (en français et en anglais) et une exposition sur les paysages de la vallée de la Dordogne

Mallettes pédagogiques : mallettes destinées aux scolaires du cycle 1 au cycle 3, conçues pour accompagner les enseignants dans leurs interventions sur différentes thématiques liés à l’eau et la rivière

Affiches de sensibilisation : une série de posters bilingues (français-anglais) a été réalisée afin de sensibiliser le public à des thématiques liées à la gestion des cours d’eau, telles que la baignade, les déchets, les poissons… Produites pour la saison estivale 2006 et affichées dans des lieux très fréquentés, ces affiches ont atteint un grand nombre de touristes et de résidants

Autres supports pédagogiques régulièrement édités pour communiquer et sensibiliser sur la rivière Dordogne et son bassin versant : autocollants, plaquettes, flyers, vidéos…

-Document 53- Exemples d’événements et d’outils (culturels et festifs) auxquels les agents d’EPIDOR ont participé ou qu’ils ont développés

Par ailleurs, à la demande d’instances organisatrices ou en réponse à des appels à contribution, les agents d’EPIDOR participent régulièrement à des événements adressés à un public de professionnels de l’environnement (colloques, séminaires, journées de travail). Ils sont l’occasion de présenter les missions développées, les actions mises en œuvre et la philosophie de l’établissement quant à la gestion des cours d’eau, des milieux aquatiques et des usages. Ils permettent également un partage d’expériences avec d’autres acteurs.

Évènement Organisateur

Journée « Zones humides, aménagement et urbanisme » (Bordeaux)

Forum des marais atlantiques, Agence de l’Eau Adour Garonne, Conseil Général de la Gironde

Colloque « Quel avenir pour la gestion durable des fleuves et rivières de France ? » (Périgueux) Colloque « Ouvrages hydrauliques : de la continuité écologique des fleuves et rivières aux projets de territoire » (Cholet)

Association Française des Etablissements Publics Territoriaux de Bassin (AFEPTB)

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Colloque « Environnement et Hydroélectricité » (Lyon) Société Hydrotechnique de France (SHF)

WorkShops dans le cadre d’une coopération européenne Interreg SUDOE « Water And Territories » (Montpellier, Séville, Porto)

Conseil général de la Gironde et partenaires associés

Journée « Substances dangereuses, prioritaires, émergentes et autres perturbateurs : quelle eau pour demain ? » (Sarlat)

Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement (ASTEE)

International forum on « Integrated water Management » (Quebec)

Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB)

Carrefour des gestions de l’eau (Rennes) Réseau IDEAL

Journées techniques sur les poissons migrateurs (Paris) Ministère de l’Environnement

Symposium international sur l’esturgeon (Madrid, Séville) Université de Madrid

Symposium sur la conservation des poissons d’eau douce (Lisbonne) Université de Lisbonne

-Document 54- Exemples d’événements techniques au cours desquels les agents d’EPIDOR sont intervenus

Enfin EPIDOR communique régulièrement à travers la presse (écrite et audiovisuelle) sur ses problématiques d’intervention afin de sensibiliser un large public24.

6.4. Relations internationales d’EPIDOR

En matière de relations internationales, deux jumelages ont été développés à ce jour : le premier avec la rivière Jacques-Cartier au Québec (Canada), le second avec la rivière Tisza en Hongrie.

6.4.1. Rivière Dordogne (France) – Rivière Jacques-Cartier (Canada)

Le jumelage entre la rivière Dordogne et la rivière Jacques-Cartier a fait suite à une collaboration scientifique et technique engagée entre la France et le Canada à la fin des années 1970. La tenue à Bergerac, en 1985, d'un colloque franco-québécois sur la restauration des cours d'eau à migrateurs, est venue concrétiser cette idée de jumelage par la signature d'une charte, officialisée ensuite dans le cadre d'une entente signée par les deux gouvernements en décembre 1988. Les deux parties ont convenu de faire régulièrement le point des actions déjà entreprises sur les deux cours d'eau.

Les effets de ce jumelage ont été multiples. D'abord, les échanges entre scientifiques québécois et français ont facilité, sous différents aspects, le programme de restauration des deux rivières. Puis, des représentants municipaux et des organismes locaux ont pu tirer profit de leurs expériences communes en matière de gestion de rivière, que ce soit pour l'organisation de la pêche, le franchissement des obstacles par les poissons, l'utilisation récréative d'un cours d'eau par d'autres utilisateurs que les pêcheurs ou encore la sensibilisation des citoyens des municipalités riveraines à la richesse de leur rivière. Aujourd'hui, des villages sur la Jacques-Cartier sont jumelés avec des villages riverains de la Dordogne. Par ailleurs des échanges continuent d’avoir lieu à diverses occasions. Ce fut notamment le cas lors d’un séminaire tenu à Bergerac, en 2005, qui avait pour but de dresser le bilan de la restauration du saumon.

24 La revue de presse du projet UNESCO bassin Dordogne est présentée en annexe 12.

-Photographie 40- Plaque qui commémore le jumelage des rivières Dordogne / Jacques-Cartier, posée à Bergerac

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6.4.2. Rivière Dordogne (France) – Rivière Tisza (Hongrie)

En 2007, un second jumelage a été engagé entre la rivière Dordogne et la rivière Tisza, c'est-à-dire entre l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) et la Direction de l'eau de la moyenne Tisza (KOTIKOVIZIG), établissement public de l'Etat hongrois qui a pour mission de gérer la rivière Tisza. Il s’est inscrit dans le cadre d’un programme de coopération décentralisée entre les départements de la Dordogne et de Jász-Nagykun-Szolnok, sous l'égide de leurs Présidents Bernard CAZEAU et Andor FEJER. Cette action a bénéficié du soutien du Ministère français des affaires étrangères et du programme européen Twinbasin.

Ce jumelage entre EPIDOR et KOTIKOVIZIG vise à travailler sur la notion de gouvernance de l'eau avec pour objectif d’approfondir l’échange de connaissances et les retours d’expériences sur les pratiques de gestion des cours d’eau. Plusieurs thèmes de coopération ont été établis :

- franchissement des barrages et des passes à poissons, - maîtrise de la végétation envahissante, - gestion de l’espace rivière, - prévention des inondations, - stratégie de communication.

Depuis l’établissement du jumelage, plusieurs échanges ont eu lieu. En octobre 2008, un séminaire a été tenu à Budapest et a porté sur la « Gestion intégrée de l’eau », à travers les problématiques de la qualité des eaux et des poissons migrateurs. Il a été organisé par le Conseil Général de Dordogne et par l’Alliance française de Hongrie pour l’aspect logistique, et par EPIDOR pour le contenu. Ce séminaire a été l’occasion d’échanges politiques et techniques, puisqu’une délégation de six élus du bassin de la Dordogne ainsi que plusieurs ingénieurs d’EPIDOR se sont rendus sur place pour expliquer les contextes locaux et partager les savoir-faire.

Ce séminaire a donné lieu à un nouvel échange portant sur la continuité écologique, et plus précisément le franchissement des barrages par les poissons migrateurs. A cet effet, une délégation hongroise a été accueillie en novembre 2009. Elle a pu découvrir les barrages du bergeracois et ses systèmes de franchissement en compagnie de Michel Larinier, ancien ingénieur de l’ONEMA et spécialiste français des passe-à-poissons.

Un site internet dédié à cette collaboration, et traduit en trois langues (français, hongrois, anglais), a été mis en ligne : http://www.twinbasin-dordogne-tisza.eu/. Il regroupe l’ensemble des informations existantes sur le jumelage, depuis ses débuts.

6.5. Contribution au Réseau des réserves de biosphère (national et mondial)

6.5.1. Dans le cadre de la construction du projet

En premier lieu, l’assemblée générale des réserves de biosphère françaises de juin 2010 a été l’occasion de présenter le projet et son état d’avancement aux membres du réseau national, de rencontrer les partenaires qui le constituent, et d’aborder les projets mis en œuvre dans les réserves de biosphère françaises.

Puis, dans le cadre de l’animation territoriale développée pour faire connaître, construire et partager le projet de réserve de biosphère sur le bassin de la Dordogne, EPIDOR a régulièrement pris contacts avec des réserves de biosphère :

- en octobre 2010, une première enquête a eu pour objectif de comprendre les rapports entretenus entre les réserves de biosphère françaises et les acteurs économiques de leur territoire (et notamment les acteurs de la profession agricole),

- en avril 2011, une deuxième enquête s’est intéressée à des réserves de biosphère françaises et internationales et a eu pour but d’analyser les retombées économiques, et en termes d’image de

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marque et de notoriété, d’une telle reconnaissance ainsi que les différentes actions mises en œuvre dans d’autres sites. Une stagiaire a été spécialement recrutée pour réaliser ce travail25.

Ces deux enquêtes ont non seulement permis de préciser le projet mais également d’affiner sa stratégie de communication.

6.5.2. Dans le cadre de la future réserve de biosphère

Par ailleurs, de par son étendue et sa nature, le bassin de la Dordogne forme un territoire original qui pose de nombreuses questions en tant que future réserve de biosphère. Afin de partager ses expériences et afin de s’inspirer des projets mis en œuvre par d’autres structures, EPIDOR participera au réseau français des réserves de biosphère. EPIDOR participera également aux groupes de travail mis en œuvre par le réseau national.

Au niveau international, la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne participera au prochain EUROMAB qui se tiendra au Canada. Par ailleurs, elle sera susceptible d’organiser des ateliers thématiques, au regard des enjeux de gestion et de l’actualité.

Enfin, des partenariats avec des réserves de biosphère françaises et internationales seront développés. Ils pourront s’inscrire dans le cadre d’ateliers thématiques au regard des spécificités de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne et de ses enjeux de gestion. Ainsi un jumelage avec une réserve de biosphère partageant des problématiques similaires sera recherché (par exemple avec la réserve de biosphère du Lac-Saint-Pierre ou celle de Manicouagan-Uapishka, toutes les deux situées au Canada). Ces partenariats pourront également être mis en œuvre dans le cadre de projets spécifiques portant sur des questions de recherche ou de pédagogie.

25 Voir le rapport de Caroline POUDRET en annexe 13.

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151

CHAPITRE 7 . P r o j e t d e r é s e r v e d e b i o s p h è r e

7.1. Construction du projet de candidature : historique et participations des communautés locales

7.1.1. La préservation de la Dordogne, petite histoire d’une grande passion

7.1.1.1. Les prémices : une volonté locale de préservation du patrimoine fluvial

La qualité environnementale du bassin de la Dordogne est le résultat de plusieurs siècles de pratiques, de fait, adaptées aux capacités du territoire. Au cours du XXe siècle, la présence de ce patrimoine fluvial et des ressources qu’il comporte génère l’implantation d’activités économiques telles que la production d’hydroélectricité ou l’extraction de granulats en lit mineur, nécessaires au développement économique de la France. Ces activités modifient alors profondément le visage de la Dordogne amont et de ses affluents et la dynamique du fleuve en aval. Dans les années 1970, l’activité touristique se développe autour du patrimoine fluvial et culturel.

Dans un rapport direct de cause à effet, les nuisances liées à l’activité d’extraction commencent à se faire sentir et des conflits voient le jour entre riverains, amoureux de la Dordogne et extracteurs de gravier. La peur de voir se développer cette activité, avec des moyens de plus en plus conséquents, qui détériorent les milieux naturels, déclenche une véritable « guerre des sables ». En 1974, cette situation conduit à la création de la première association écologiste, l’Association pour la Sauvegarde et l’Avenir de la Vallée de la Dordogne (ASAD). La prise de conscience atteint de nombreuses couches sociales : pêcheurs, jeunes agriculteurs… et s’étend du département de la Dordogne au département du Lot, tandis que les réunions publiques s’enchaînent.

Peu à peu le mouvement se professionnalise à l’instigation de plusieurs chercheurs mobilisés sur le terrain et permet d’acquérir une compréhension des phénomènes physiques faisant défaut jusque-là. Un bureau d’étude indépendant travaillant sur la rivière Dordogne est également créé, dont l’objectif est de donner aux élus et à l’administration des arguments scientifiques sérieux. Le mouvement populaire devient peu à peu politique. En 1976, l’opération « Dordogne : rivière propre » est lancée par le Ministère de l’Environnement. Elle vise à concilier les aménagements hydrauliques, la politique d’extraction de matériaux et globalement la diminution des pollutions avec la préservation des milieux naturels. Six ans plus tard, cette dynamique sociale conduit l’Etat à interdire définitivement toute extraction en lit mineur dans une directive de 1981.

En 1985, un jumelage est établi entre les rivières Dordogne et Jacques-Cartier (Québec, Canada) qui s’unissent autour de la réintroduction du saumon engagée dans les deux cours d’eau. Dans le même temps, l’inauguration du musée-aquarium de Sarlat-la-Canéda a lieu, portée par l’association Connaissance de la vie fluviale. Cet aquarium constituait une vitrine du patrimoine naturel de la rivière et des liens qui unissent les hommes du territoire à ce patrimoine (pêche, batellerie).

En 1991, dans la continuité des efforts engagés par ces réseaux d’acteurs (publics et privés) défendant une approche environnementale, l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) est créé par les conseillers généraux des six départements traversés par la Dordogne (Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze, Lot, Dordogne, Gironde). Il a pour missions de :

- mettre en œuvre une gestion intégrée de l’eau et des milieux aquatiques à l’échelle du bassin de la Dordogne,

- résoudre les conflits d’usages, - et promouvoir un développement harmonieux du territoire.

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7.1.1.2. La réserve de biosphère : un projet qui s’enracine dans la « Charte Vallée Dordogne » (1992)

En 1992, la Charte Vallée Dordogne, issue du processus de concertation « Sommet Vallée Dordogne » et cadre de référence des acteurs de la gestion de l’eau dans le bassin de la Dordogne26, prévoit dans son 3e consensus le classement de la vallée de la Dordogne par l’UNESCO au titre de réserve mondiale de biosphère.

En 2007, cette idée de classement ressort lors d’une réunion organisée avec les usagers de la rivière Dordogne (loueurs de canoës-kayaks, gabarriers, pêcheurs…) consécutivement à des perturbations majeures provoquées par la gestion des barrages de la Haute Dordogne. Elle est ensuite reprise par le Conseil d'administration d’EPIDOR dans la délibération n°686 de novembre 200727. Trois types de classements sont alors envisagés :

- un classement en « Grand site de France » qui concerne des espaces prestigieux et dont la finalité est de préserver l’intégralité d’un site soumis à une fréquentation touristique massive,

- un classement en « Réserve de biosphère » (UNESCO) qui concerne des écosystèmes de grand intérêt écologique,

- un classement en « Patrimoine mondial » (UNESCO) qui approuve la valeur universelle et exceptionnelle du territoire labellisé et qui lui confère in fine une reconnaissance internationale.

Fin 2008, dans sa délibération n°784, le Conseil d’administration d’EPIDOR décide à l’unanimité de lancer la candidature du bassin de la Dordogne auprès de l’UNESCO au titre de réserve mondiale de biosphère.

En 2009, EPIDOR prépare l’opération (rencontres avec le comité technique de l’UNESCO, visites d’autres sites classés…) et rédige un dossier de présentation du bassin de la Dordogne et de la reconnaissance Homme et biosphère, basé sur la synthèse de documents existants (plan de gestion d’étiage, schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux Adour Garonne, dossier UNESCO de la Camargue…).

En 2010, l’opération entre dans une phase active avec la mise en œuvre d’une animation territoriale dédiée. Un important travail d’information et de co-construction du projet est développé avec les parties prenantes (élus, services de l’Etat, usagers, etc.). EPIDOR est accompagné tout au long du processus par le Comité MAB France.

7.1.2. Un travail d’animation et de co-construction du dossier (depuis avril 2010)

L’animation territoriale a été organisée en plusieurs grandes phases menées simultanément28.

7.1.2.1. Présentation, discussion et élaboration du projet avec les collectivités territoriales

Une première étape a consisté à présenter le projet auprès des conseillers généraux et des maires des 45 cantons riverains de la rivière Dordogne (482 communes), des sources dans le Puy-de-Dôme jusqu'à l'estuaire en Gironde. 12 réunions inter-cantonales ont ainsi été organisées du mois d’avril au mois de juillet 2010. Elles ont rassemblé un total de 155 élus soit un taux de présence de 32 %.

Ces réunions ont fait ressortir un accueil favorable du projet de classement de la part des élus et ont permis de lever certaines inquiétudes quant à l’ajout de contraintes nouvelles sur le développement du territoire. Elles ont également montré une volonté croissante des élus de mettre en valeur les rivières du territoire et de s’engager dans des démarches de développement durable. Ces réunions ont été l’occasion de solliciter le

26 Voir le chapitre 5.1.1. portant sur les processus « Sommet Vallée Dordogne » et « Charte Vallée Dordogne ». 27 Voir les délibérations prises par le Conseil d’administration d’EPIDOR en annexe 8. 28 L’ensemble des documents rendant compte des épisodes relatés dans ce chapitre sont présentés en annexes 9, 10 et 11.

-Photographie 41- Charte Vallée Dordogne (1992)

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-Document 55- Les chiffres clés de l’animation territoriale

54 réunions ont concerné le projet et près de 1 100 personnes y ont assisté :

- dont 12 réunions organisées sous l’égide des conseillers généraux des 45 cantons (soit 482 communes) riverains de la Dordogne, des sources de la Dordogne à l’estuaire de la Gironde ; 155 élus y ont assisté, soit un taux de présence de 32%

- dont 10 réunions avec les acteurs institutionnels (conseils généraux, conseils régionaux, DDT, DREAL, PNR, Agence de l’eau)

- dont 15 réunions avec les acteurs socio-économiques (chambres consulaires, syndicats agricoles et industriels, loueurs de canoës-kayaks)

- dont 5 réunions publiques - et 2 réunions multi-acteurs de co-construction du

projet, organisées par EPIDOR et animées par le Comité MAB France, réunissant respectivement 36 et 56 participants

338 soutiens favorables au projet - dont 255 délibérations communales, 49 délibérations

intercommunales, 6 départements et 3 régions, 23 acteurs socio-économiques (pays, syndicats, fédérations de pêche…)

Plus de 155 insertions dans la presse (écrite, radio, télévision)

626 signataires sur le site Internet www.biosphere-bassin-dordogne.org

soutien des collectivités, critère important lors de l’attribution du classement par l’UNESCO. Enfin, les différentes réflexions émises au cours de ces réunions ont permis d’alimenter le dossier de candidature.

A la suite de chaque réunion, un compte rendu a été systématiquement envoyé aux élus des communes et des cantons invités. Une fois cette étape achevée, une synthèse générale des 12 réunions a été réalisée et envoyée en septembre 2010.

Au mois de mai 2010, une réunion d’information a été organisée pour présenter et discuter du projet avec les services de l’Etat, l’Agence de l’eau Adour-Garonne, les parcs naturels régionaux, les services des conseils régionaux et généraux du bassin de la Dordogne.

En octobre et novembre 2010, une vacation d’un mois a été mise en place afin de reprendre contact avec les 482 communes des 45 cantons riverains de la Dordogne. Par une série d’appels téléphoniques suivis d’envois de mails avec une documentation, cette mission a permis de répondre directement aux questions que pouvaient se poser les élus localement et, le cas échéant, de leur apporter un supplément d’informations.

Entre octobre et décembre 2010, une série de courriers a été adressée :

- aux communautés de communes et aux pays du bassin versant de la Dordogne afin de leur présenter le projet et de solliciter leur soutien,

- aux préfets des six départements traversés par la Dordogne pour les informer et leur présenter le projet.

Enfin des mails d’information ont été envoyés régulièrement à l’ensemble des communes du bassin versant de la Dordogne à partir de la base mail de l’établissement. Cette démarche a permis d’informer des communes qui n’avaient pas pu être sensibilisées par les réunions inter-cantonales (car situées en dehors des 45 cantons concernés).

7.1.2.2. Présentation, discussion et élaboration du projet avec les acteurs socio-économiques

A partir du mois de juillet 2010, l’animation a été orientée vers un public d’acteurs socio-économiques, vers la société civile et la population de l’ensemble du bassin versant de la Dordogne.

Plusieurs associations de protection de la nature ont été contactées pour les informer de l’existence du projet. Un mail de présentation leur a systématiquement été envoyé, afin qu’elles le transfèrent à leurs adhérents.

Début juillet 2010, une réunion d’information a été organisée, au pôle interconsulaire de Tulle. Elle a rassemblé les chambres d’agriculture et les syndicats agricoles professionnels du bassin de la Dordogne. Cette réunion a fait ressortir l’absence de contrainte réglementaire nouvelle pour tenter de répondre aux craintes exprimées par les représentants de l’agriculture et a permis d’amorcer le dialogue avec la profession.

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-Photographie 42- Réunion de présentation du projet « réserve de biosphère », juin 2010, Bergerac

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En octobre 2010, un courrier de présentation du projet a été envoyé à l’ensemble des chambres consulaires du bassin de la Dordogne (agriculture, commerce et industrie, métiers et artisanat).

En novembre 2010, une réunion d’information et de débat a été tenue à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Périgueux associant les représentants de branches professionnelles de Dordogne. Les mêmes inquiétudes quant à l’ajout de contraintes réglementaires nouvelles ont été formulées et les discussions ont tenté d’y répondre. De leur côté, les représentants des acteurs du tourisme présents ont exprimé un retour favorable quant à la possible reconnaissance du territoire par l’UNESCO.

En décembre 2010, les loueurs de canoës-kayaks du bassin de la Dordogne ont été conviés à une réunion de présentation au cours de laquelle ils ont exprimé leur intérêt en faveur de la démarche engagée par EPIDOR.

En janvier et février 2011, deux réunions ont été tenues respectivement avec le pôle interconsulaire (instances dirigeantes des trois chambres consulaires, représentants d’un syndicat professionnel agricole, d’un groupement d’irrigants et d’une assurance) du département de la Dordogne d’une part, et l’organisation patronale – Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) du même département. Elles ont permis de débattre une nouvelle fois des implications du projet pour le territoire et ont fait ressortir l’attention particulière que portent les acteurs économiques au projet de candidature ainsi que leur souhait d’être tenus informés des grandes étapes de la démarche en cours.

7.1.2.3. Co-construction du dossier de candidature : la démarche ARDI

La co-construction du projet vise à alimenter le dossier de candidature qui sera remis aux instances de l’UNESCO en septembre 2011. Elle se fait, d’une part, par l’intermédiaire des nombreuses réunions et rencontres détaillées précédemment et, d’autre part, par le biais d’une concertation organisée spécifiquement à cet effet.

7.1.2.3.1. Contexte et organisation

EPIDOR a organisé deux ateliers, jeudi 16 décembre 2010 à Lacave (Lot) et jeudi 10 février 2011 à Périgueux (Dordogne), dans le cadre de l'élaboration du projet de reconnaissance du bassin de la Dordogne par l'Unesco au titre du programme Homme et Biosphère. Ils ont été animés par Michel ETIENNE (vice-président du Comité MAB France), Catherine CIBIEN (directrice du Comité MAB France) et par Olivier THEROND (chercheur à l’INRA) selon une méthode spécifique (ARDI).

Ces ateliers s'inscrivent dans le travail d'animation mené par EPIDOR depuis deux décennies sur le bassin de la Dordogne sur le thème de la gestion de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Ce travail a notamment débuté par l'élaboration de la Charte Vallée Dordogne en 1992, réactualisée lors des Etats généraux de la Dordogne en 2001. Un dossier faisant un diagnostic du bassin versant de la Dordogne et des principaux enjeux de ce territoire liés à l'eau, et esquissant un projet de réserve de biosphère pour le bassin de la Dordogne, a été largement diffusé par EPIDOR préalablement à ces réunions. Il a pu servir de base de réflexion pour les acteurs qui en avaient pris connaissance.

Ces ateliers ont réuni un panel d'acteurs du bassin de la Dordogne venant d'horizons variés : élus, acteurs socio-économiques, structures de gestion, administrations, associations, experts et scientifiques…

La méthode ARDI est basée sur une compréhension mutuelle des éléments-clés du fonctionnement du territoire. Le partage de représentations et de points de vue des acteurs se fait lors d'une série d'ateliers

-Photographie 43- Réunion ARDI, première partie, 16 décembre 2010, Lacave(Lot)

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-Photographie 44- Réunion ARDI, deuxième partie, 10 février 2011,Périgueux (Dordogne)

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collectifs au cours desquels les Acteurs, les Ressources, les Dynamiques et les Interactions (ARDI) qui font les enjeux du territoire sont identifiés et explicités. Ce travail de co-construction répond à un cadre méthodologique précis, mis au point par le collectif de chercheurs ComMod.

Dans le cadre du projet de classement du bassin de la Dordogne au titre de réserve de biosphère, les acteurs présents se sont penchés sur l'utilisation des ressources en eau et sur leur gestion dans le bassin versant de la Dordogne. Pour cela, ils ont échangé en répondant, lors de plusieurs tours de table consécutifs, aux questions suivantes :

1. Quels sont les principaux acteurs qui interagissent sur la rivière ?

2. Quelles sont les principales ressources du bassin versant ayant une relation avec l’eau et les rivières ?

3. Quels sont les principaux processus qui affectent le cycle de l'eau dans le bassin versant de la Dordogne ?

4. Comment chaque acteur utilise ces ressources et modifie ces processus ?

L'atelier du 16 décembre à Lacave a porté sur les questions 1,2 et 3 ; celui du 10 février à Périgueux a concerné la question 4. D'importantes chutes de neige ont limité la participation des personnes de l'amont et de l’aval du bassin versant de la Dordogne à la réunion du 16 décembre. Il a alors été décidé d'organiser, le 10 février au matin, une nouvelle séance pour les personnes absentes à Lacave. La démarche ARDI a été adaptée à cette circonstance particulière : les personnes n’ayant pu venir au premier atelier ont été invitées, lors de cette séance exceptionnelle, à discuter et éventuellement à compléter les diagrammes réalisés à Lacave (et non à en construire de nouveaux).

7.1.2.3.2. Bilan des deux séances de concertation

Sur le bassin de la Dordogne, un équilibre plus ou moins spontané s'est instauré entre l'homme et la biosphère. Il perdure encore aujourd'hui et explique l'état et la valeur encore remarquables de ce territoire. De manière générale, les participants pensent que cet équilibre doit être maintenu de manière volontariste dans un contexte général qui change, avec d'une part un effacement progressif des pratiques et des savoirs traditionnels, et d’autre part un accroissement des pressions anthropiques sur l'eau et l'espace inféodé à l’eau. En cas de déséquilibre, les paysages et le patrimoine naturel du bassin de la Dordogne encourraient un risque de dégradation qui pourrait nuire, à terme, au maintien ou au développement d'usages et d'activités économiques et récréatifs.

Le lien à l'eau est généralement double : un bénéfice en est retiré et concomitamment une pression est générée à l’origine d’altérations. Prendre en compte l’eau et les milieux conduit à considérer de nombreux acteurs et processus sur un territoire vaste (le bassin versant). L'eau apparait ainsi comme un lien puissant (plus ou moins conscient) au sein de la communauté du bassin versant, structurée autour d’un patrimoine commun. L’eau est une ressource utile et même nécessaire à tous, mais elle est aussi, à travers son état, un indicateur révélateur du caractère durable (ou inversement) des activités du bassin versant.

Le travail réalisé fait ressortir deux activités majeures du fait de leur importance paysagère, économique et sociale, à savoir : l’agriculture et l’hydroélectricité avec EDF, en tant que concessionnaire actuel de la chaîne hydroélectrique de la Haute Dordogne. La vigueur des débats montre que les rivalités autour de l'eau peuvent être nombreuses. Il ressort de ces échanges l'intérêt pour tous de travailler à la conciliation des usages et au respect des milieux, qui seuls peuvent garantir la fourniture d'une eau de qualité et en quantité. Le projet de réserve de biosphère n'est pas là pour émettre un jugement de valeur sur telle ou telle activité. L'objectif est bien de préserver tout le potentiel du bassin de la Dordogne.

Les enjeux tournent donc autour de la préservation :

- de tous les usages liés à l'eau en cherchant à concilier les intérêts des diverses catégories d'utilisateurs,

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- des écosystèmes aquatiques, de leurs fonctionnalités (biodiversité, auto épuration, hydraulique) et de leurs aménités (paysages…) en cherchant à maîtriser les pressions anthropiques qui s'exercent sur les milieux aquatiques et la ressource en eau.

Pour cela, il est primordial de s'intéresser aux interactions de toute nature entre l'Homme et la Biosphère. Le projet de réserve de biosphère ne s'inscrit pas dans le champ réglementaire. Il doit donc se donner pour moyens d'action, à l'échelle du bassin hydrographique de la Dordogne, la connaissance, l'information et la concertation avec les parties prenantes.

7.1.2.4. Relecture du dossier de candidature avec les acteurs

En juin 2011, deux réunions ont été organisées afin de relire conjointement la première version du dossier de candidature, la première avec les services de l’Etat, et la seconde avec les chambres consulaires. Les propositions de reformulations et de compléments ont été prises en compte dans le présent dossier.

7.1.2.5. Stratégie de communication du projet

Une stratégie de communication importante a été développée autour du projet. Elle a permis de définir un visuel et un discours et de mettre en place des moyens de diffusion qui soient propres au projet.

Le recours à un graphiste professionnel a aidé à structurer le visuel. Pour correspondre au message que souhaite véhiculer le programme Homme et Biosphère, il a été décidé d’associer l’Homme et la rivière Dordogne et de les placer au cœur du visuel. Autour de ces deux éléments centraux gravitent des bulles imagées qui représentent les espèces, les paysages et les activités humaines les plus marquantes du territoire. La bulle symbolise le caractère interactif, évolutif et adaptatif de la biosphère et des activités humaines. Ce visuel est largement utilisé dans l’ensemble des documents qui sont communiqués aux partenaires : posters format A3, page de garde de comptes rendus, site Internet dédié au projet…

Un site Internet réservé au projet, www.biosphere-bassin-dordogne.org, a été mis en ligne début mai 2010 (voir page suivante). Il permet de soutenir le projet de candidature à titre individuel. Cette démarche est partie de l’idée de s’appuyer sur les habitants, qui dans une logique citoyenne, souhaiteraient témoigner leur intérêt pour la valeur environnementale du bassin de la Dordogne. Cette action de développement web a été réalisée à partir d’un cahier des charges et par le biais d’une prestation extérieure.

Il est également possible de télécharger les documents de référence à partir du site. En parallèle, une page action réservée au projet a été créée sur le site Internet d’EPIDOR, http://www.eptb-dordogne.fr/contenu/index/idcontenu/166.

Par ailleurs, un peintre a participé à l’élaboration d’un visuel plus ludique et pédagogique. Il a réalisé un dessin associant un enfant, des espèces animales caractéristiques du bassin versant de la Dordogne et le Coulobre, dragon emblématique de la rivière Dordogne. Cette farandole est utilisée sur la quatrième de couverture de l’ensemble des documents communiqués. En outre, une bande dessinée est actuellement en cours de réalisation par la même personne. Elle prendra la forme d’une fresque et sera constituée de six volets correspondant aux six départements traversés par le rivière Dordogne. Pour chacun des départements, elle met en scène la diversité des patrimoines qui forge l’identité de ces territoires.

Enfin pour démultiplier l’information, EPIDOR a régulièrement transmis des communiqués à la presse, organisé des interviews et répondu à la presse écrite et audiovisuelle. Un suivi régulier de la presse a été réalisé et témoigne d’une large diffusion du projet avec 155 insertions recensées.

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-Document 56- Page d’accueil du site Internet www.biosphere-bassin-dordogne.fr

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7.2. Zonage de la future réserve de biosphère : une logique hydrographique

7.2.1. Préambule : un zonage original et particulier

Un site reconnu par le programme Homme et Biosphère doit être constitué d’un zonage de trois périmètres imbriqués :

- une aire centrale : elle doit bénéficier d’une réglementation de protection forte préexistante ; elle a pour fonction de protéger les écosystèmes, les paysages, les espèces qu’elle comporte,

- une zone tampon : elle entoure et renforce la fonction de concertation de l’aire centrale ; les activités qui s’y exercent sont compatibles avec les objectifs de conservation des milieux,

- une aire de transition : elle comprend le reste du territoire ; elle est le lieu privilégié de mise en œuvre et de valorisation des projets de développement durable et de sensibilisation à l’environnement.

Pour sa part, le projet « Homme et Biosphère » du bassin Dordogne se structure autour de l’eau et des rivières. Ce parti pris se justifie par le fait que, d’un point de vue systémique, le cycle de l’eau concerne une très grande partie des activités qui se développent sur un territoire. L’état de la ressource en eau et des milieux aquatiques devient ainsi un indicateur mesurant l’engagement d’un territoire sur la voie du développement durable, ce qui est l’objectif central de tout projet « Homme et Biosphère ».

Ce parti pris initial a prévalu à la détermination du zonage de la réserve de biosphère. L’aire centrale est ainsi structurée autour de la rivière Dordogne et des têtes de bassin. La zone tampon qui intègre la zone centrale est calée sur le lit majeur de la rivière Dordogne et de ses deux principaux affluents, la Vézère et l’Isle. Enfin, le périmètre de la zone de transition coïncide avec le bassin versant de la Dordogne.

Compte tenu de la très grande diversité des activités, il semble difficile de toutes les documenter et d’envisager un programme d’actions qui vise chacune d’elles. En revanche, compte tenu du caractère transversal de la gestion de l’eau, il est plus réaliste d’organiser le zonage autour de l’objectif de préservation de la rivière Dordogne, de ses affluents, et des milieux humides qui leur sont associés. Cet objectif est renforcé par le caractère emblématique de cette rivière qui structure d’un point de vue historique et sociologique le territoire concerné par le projet Homme et Biosphère. Ceci dit, en liaison étroite avec les parties prenantes concernées et afin que chacun bénéficie de ce projet, des actions spécifiques pourront valablement être engagées dans les domaines agricole et forestier, et ce au regard de leur contribution à la « tenue du territoire ».

Comparé à d’autres sites classés par le programme Homme et Biosphère, il est probable que le rapport des surfaces entre le bassin de la Dordogne (très vaste) et la rivière Dordogne (assimilable à un axe) puisse paraître comme très déséquilibré, de prime abord. C’est une conséquence inéluctable du parti pris qui a prévalu à ce projet, qui positionne « l’aire » centrale sur la rivière Dordogne, constituant donc un « axe » central. Le rapport des surfaces entre zone de transition et aire centrale ne doit toutefois pas être perçu comme un facteur défavorable au projet car il n’enlève rien à l’importance de la Dordogne en tant qu’indicateur de la bonne gestion des interactions entre l’aménagement du territoire et l’eau, et donc entre l’Homme et son environnement.

D’autres facteurs ont prévalu à la définition du zonage : notamment le nombre relativement réduit de dispositifs forts de protection réglementaire sur lesquels adosser l’aire centrale. Pour conserver une lisibilité au projet, à travers une approche hydrographique du territoire, il est donc apparu souhaitable de privilégier une aire centrale homogène centrée sur l’axe Dordogne.

En tout état de cause un projet Homme et Biosphère se construit dans le temps long. Il bénéficiera des efforts d’animation visant à adapter le zonage au fil du temps, notamment en ce qui concerne la zone tampon, et à associer de nouveaux partenaires.

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7.2.2. Proposition de zonage

La future réserve de biosphère s’étend sur une surface totale de 24 000 km²29.

Zonage Superficie (km²) Superficie (%)

Aire centrale totale 53,4 0,22

Partie aquatique 34,1 0,14

Partie terrestre 19,3 0,08

Zone tampon totale 2515,1 10,49

Secteur 1 1815,4 7,57

Secteur 2 0,4 0,00

Secteur 3 164,4 0,69

Secteur 4 331,3 1,38

Secteur 5 20,0 0,08

Secteur 6 183,6 0,77

Aire de transition 21 403,3 89,28

Total 23 971,9 100,00

-Document 57- Tableau récapitulatif des secteurs du zonage en fonction de leur superficie

Zonage Communes Communautés de communes Cantons Pays

Aire centrale

Partie aquatique 83 19 20 4

Partie terrestre 8 3 4 2

Zone Tampon

Secteur 1 108 16 21 8

Secteur 2 8 3 3 2

Secteur 3 42 12 12 7

Secteur 4 154 33 32 8

Secteur 5 59 25 26 8

Secteur 6 123 29 37 10

Aire de transition 1 451 148 167 29

-Document 58- Tableau récapitulatif des entités administratives par secteur du zonage30

7.2.2.1. Aire centrale

L’aire centrale est composée de deux secteurs : un secteur aquatique et un secteur terrestre. Elle s’étend sur 53,4 km². Elle répond au critère fixé par le Cadre statutaire qui impose que l’aire centrale s’applique à des territoires couverts par une mesure de protection nationale préexistante, assurant sa préservation à long terme31.

29 La cartographie complète du zonage est présentée à la fin du chapitre 7.2.2. 30 La liste nominative complète des entités administratives par secteur du zonage est présentée en annexe 15. 31 L’ensemble des documents administratifs relatifs à la protection de l’aire centrale est présenté en annexe 14.

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7.2.2.1.1. Partie aquatique de l’aire centrale : les Arrêtés Préfectoraux de Protection des Biotopes (APPB) sur le cours de la Dordogne

La partie aquatique de l’aire centrale concerne la partie du cours de la Dordogne qui est protégée par les trois Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB) : FR3800233, FR3800240 et FR3800266. Transversalement, la limite de ces APPB correspond au périmètre du Domaine Public Fluvial (DPF) qui couvre le lit mineur de la rivière Dordogne de haut de berge à haut de berge.

La propriété du DPF est publique et sa gestion est actuellement assurée par l’Etat (Directions Départementales des Territoires –DDT). Les objectifs de gestion sont ceux définis par la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) à savoir :

- assurer le libre écoulement des eaux, - maintenir le profil d’équilibre des cours d’eau, - et contribuer à leur bon état écologique.

Par ailleurs, les interdictions portent sur toutes actions ou tous travaux pouvant déstabiliser l’équilibre biologique du milieu, à savoir :

- les aménagements hydroélectriques, - l’extraction de granulats dans le lit mineur, - les travaux hydrauliques non autorisés par le Préfet, - ainsi que les rejets d’effluents ne respectant pas les objectifs de qualité retenus pour la Dordogne.

La partie aquatique de l'aire centrale comprend également deux autres secteurs protégés par deux APPB, FR3800273 et FR3800271, correspondant à deux îles localisées dans le lit mineur de la rivière Dordogne. Il s’agit de l’île de Fontchopine située sur les villages de Vitrac et de La Roque-Gageac, et des îles du barrage de Mauzac32.

Au total, la partie aquatique de l’aire centrale va de la commune d’Argentat en Corrèze (à l’aval du barrage du Sablier), jusqu’à la commune de Saint-Pierre-d’Eyraud en Dordogne et s’étend sur 34,1 km². 83 communes, 19 communautés de communes, 20 cantons et 4 pays sont concernés par ce secteur.

L’aire centrale, dans sa partie aquatique, est entièrement classée par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitat (ZSC). Elle est couverte par trois sites qui se suivent successivement d’amont vers l’aval :

- le site « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103), - le site « Vallée de la Dordogne quercynoise » (FR7300898), - puis le site « La Dordogne » (FR7200660).

Le site « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103) est situé en région Limousin dans le département de la Corrèze. La Vallée de la Dordogne y est constituée de gorges offrant de fortes pentes (déclivité de 50 % par endroits), disposant de nombreux habitats rocheux sur substrats métamorphiques et basaltiques. Les habitats forestiers sont diversifiés, et certains sont probablement des vestiges de forêts peu perturbées par l'homme. En outre, du fait de son orientation générale la vallée représente un lieu de passage important pour les migrations aviennes. Ce site d'intérêt communautaire inclut également 105 km de linéaire.

32 Voir dans les pages suivantes le tableau récapitulatif des dispositifs réglementaires protégeant l’aire centrale.

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Composition du site Forêts caducifoliées 75 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 10% Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 5 % Forêts mixtes 5 % Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 5 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 59- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103)

Le site « Vallée de la Dordogne quercynoise » (FR7300898) est situé en région Midi-Pyrénées dans le département du Lot. Il est composé d’une grande vallée à fort méandrement, encaissée dans des sédiments calcaires jurassiques, et marquée par un développement linéaire de falaises conséquent (sur environ 25 km). La couverture boisée est importante sur les versants et dominée par la chênaie pubescente subméditerranéenne.

Le site présente une grande diversité de milieux aquatiques et de milieux alluviaux (bancs sablo-graveleux du lit mineur, bois et prairies naturelles), de nombreuses espèces rares au niveau régional et national (phanérogames et coléoptères), de remarquables frayères à poissons migrateurs, et la Loutre se développe dans la partie amont de la zone.

Composition du site Forêts caducifoliées 34 % Autres terres arables 31 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 12 % Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 12 % Pelouses sèches, Steppes 4 % Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 2 % Zones de plantations d'arbres (incluant les Vergers, Vignes, Dehesas) 2 % Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 1 % Forêt artificielle en monoculture (ex: Plantations de peupliers ou d'Arbres exotiques) 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 60- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne quercynoise » (FR7300898)

Le site « La Dordogne » (FR7200660) qui prend la relève est situé en région Aquitaine et s’étend sur le département de la Dordogne et de la Gironde jusqu’au Bec d’Ambès. Il a été retenu pour le rôle essentiel que joue le cours d’eau pour la conservation des poissons migrateurs et pour la qualité globale de ses eaux.

Composition du site Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 95 % Rivières et Estuaires soumis à la marée, Vasières et bancs de sable, Lagunes (incluant les bassins de production de sel)

4%

Forêts caducifoliées 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 61- Composition du site Natura 2000 « La Dordogne » (FR7200660)

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-Document 62- Partie aquatique de l’aire centrale, située à l’aval du bassin de la Dordogne, composée de cinq Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB)

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7.2.2.1.2. Partie terrestre de l’aire centrale : les Réserves Naturelles Nationales (RNN) dans le territoire du Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne

La partie terrestre de l’aire centrale concerne les deux Réserves Naturelles Nationales (RNN) situées dans le Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne, à savoir la réserve des Sagnes de la Godivelle et la réserve de Chastreix-Sancy.

La propriété foncière de ces deux réserves est publique. La réserve des Sagnes de la Godivelle est exclusivement gérée par le PNR Volcans d’Auvergne et la réserve de Chastreix-Sancy est co-gérée par le PNR et l’Office National des Forêts (ONF).

Les interdictions portent sur :

InterdictionsRéserve des Sagnes de la Godivelle Réserve de Chastreix-Sancy

- les travaux susceptibles de porter atteinte au milieu naturel,

- l'introduction, le prélèvement et la destruction de la faune et de la flore,

- la chasse, - les chiens, même tenus en laisse, - le dérangement des animaux, - le camping, le bivouac et les feux, - la circulation des véhicules à moteur, - le rejet d'eaux usées ou de tous produits de

nature à entraîner une pollution de la réserve.

- les travaux publics ou privés, - l’introduction de végétaux, d’animaux non-

domestiques et domestiques (à l’exception des chiens utilisés pour les besoins pastoraux, sous circulation contrôlée pour la chasse aux grands et petits mammifères, tenus en laisse sur le parcours du GR30),

- le dépôt de tout produit de nature à nuire à l’intégrité de la RN,

- le dérangement des animaux sauvages, - la chasse aux oiseaux, - les prélèvements de roches, minéraux et fossiles, - la modification de la circulation des eaux, - la circulation des véhicules à moteur, - le bivouac et le campement, - le survol à moins de 300 m.

-Document 63- Récapitulatif des interdictions dans les réserves naturelles des Sagnes de la Godivelle et de Chastreix-Sancy

Cette partie de l’aire centrale est exclusivement située dans le département du Puy-de-Dôme et s’étend sur 19,3 km². 8 communes, 3 communautés de communes, 4 cantons et 2 pays sont concernés par ce secteur.

La partie terrestre de l’aire centrale est classée par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitat (ZSC). Il s’agit du site « Monts-Dore » (FR8301042).

Le complexe volcanique du Sancy présente, outre son étagement altitudinal, de nombreuses vallées glaciaires qui permettent l'expression d'un très grand nombre de milieux dont certains dans un état de conservation excellent. La richesse écologique du site s'exprime par la présence de 16 habitats dont 2 prioritaires et de 5 espèces d'intérêt communautaire. Le cortège floristique est de très haute valeur écologique et d'une richesse exceptionnelle.

S'étendant autour du Puy de Sancy (1866 m), le site s'étale à une altitude moyenne de 1050 m. Creusé par les trois vallées glacières de la Dordogne, de Chaudefour et de la Fontaine salée, le site englobe aussi l'ensemble remarquable du lac de Guéry, et des roches phonolithiques de Tuilière et Sanadoire.

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-Document 64- Le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, un partenariat spécifique

Un partenariat spécifique a été établi avec le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne afin d’intégrer les deux réserves naturelles nationales (Sagnes de la Godivelle et Chastreix-Sancy) dont il a la gestion, dans l’aire centrale de la future réserve de biosphère.

Historique du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne

Conscients de la valeur et de la fragilité de leur territoire, les habitants (91 000 environ) se sont associés en accord avec le Conseil Régional d’Auvergne pour créer, le 25 octobre 1977, le Parc Naturel des Volcans d’Auvergne et le gérer par un Syndicat Mixte les regroupant.

De 1977 à 1987, l’organisme gestionnaire du Parc s’est consacré essentiellement à l’aménagement de ses équipements (siège, maisons, centre d’accueil) et des neufs zones nordiques du Cantal et du Puy-de-Dôme, créées en partenariat avec les collectivités et élus concernés. Parallèlement, une série d’inventaires des richesses naturelles de son territoire a été menée. Enfin, le Parc a travaillé à la protection des sites les plus fragiles. A partir de 1987, la politique de protection du patrimoine naturel a été largement accentuée, ainsi que la mise en valeur du petit patrimoine bâti rural. Un nouveau périmètre a été arrêté qui englobe 153 communes territoriales, auxquelles s’ajoutent 33 communes associées.

La gestion du PNR est régie par une charte qui détermine pour le territoire les orientations de protection, de mise en valeur et de développement, ainsi que les mesures permettant de les mettre en œuvre. La première charte a été élaborée pour la création du Parc en 1977 puis renouvelée en 1993 et révisée en 1998. La charte a de nouveau été révisée en 2008-2009 avec la conduite de démarches participatives qui ont mobilisé les acteurs locaux et les partenaires institutionnels. La nouvelle charte est entrée en application pour une période 2011-2022.

Missions du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne

Outre la gestion technique et administrative de ses équipements ainsi que les actions de communication, les missions de l’équipe gestionnaire du parc consistent à :

- protéger son patrimoine, notamment par une gestion adaptée des milieux naturels et des paysages, - contribuer à l’aménagement du territoire, - contribuer au développement économique, social, culturel et à la qualité de la vie, - assurer l’accueil, l’éducation et l’information du public, - réaliser des actions expérimentales ou exemplaires dans les domaines cités ci-dessus et contribuer à

des programmes de recherche.

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-Document 65- Composition du site Natura 2000 « Monts-Dore » (FR8301042)

-Document 66- Partie terrestre de l’aire centrale, située à l’amont du bassin de la Dordogne, composée de deux Réserves Naturelles Nationales (RNN)

Composition du site Pelouses sèches, Steppes 30 % Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 25 % Forêts caducifoliées 22 % Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 14 % Marais (végétation de ceinture), Bas-marais, Tourbières 5 % Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 3 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

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-Document 67- Les dispositifs réglementaires protégeant l’aire centrale de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne

Nom Type de protection ID SPN Surface

(ha) Objet de la protection Communes

Rivière Dordogne

APPB FR3800233 320,5 Conservation d’un biotope de saumon

Argentat, Monceaux-sur-Dordogne, Reygades, Bassignac-le-Bas, Chenaillers-Mascheix, Brivezac, Altillac, Beaulieu, Astaillac

Rivière Dordogne

APPB FR3800240 647,9 Conservation d’un biotope de saumon

Bétaille, Carennac, Creysse, Cazoulès, Floirac, Gintrac, Girac, Lacave, Lanzac, Liourdres, Martel, Meyronne, Montvalent, Peyrillac-et-Millac, Pinsac, Prudhomat, Le Roc, Saint-Denis-lès-Martel, Saint-Sozy, Souillac, Tauriac, Vayrac

Rivière Dordogne

APPB FR3800266 2357,4

Conservation d’un biotope de saumon, de la grande alose, de l’alose feinte, de la lamproie fluviatile, de la lamproie marine

Allès-sur-Dordogne, Allas-les-Mines, Badefols-sur-Dordogne, Baneuil, Berbiguières, Bergerac, Beynac-et-Cazenac, Bézenac, LBuisson-de-Cadouin, Calès, Calviac-en-Périgord, Carlux, Carsac-Aillac, Castelnaud-la-Chapelle, Castels, Cénac-et-Saint-Julien, Cours-de-Pile, Coux-et-Bigaroque, Couze-et-Saint-Front, Creysse, Domme, Gardonne, Groléjac, Force, Lalinde, Lamonzie-Saint-Martin, Limeuil, Marnac, Mauzac-et-Grand-Castang, Mouleydier, Mouzens, Paunat, Peyrillac-et-Millac, Pontours, Prigonrieux, Roque-Gageac, Saint-Agne, Saint-Capraise-de-Lalinde, Saint-Chamassy, Saint-Cyprien, Saint-Germain-et-Mons, Saint-Julien-de-Lampon, Saint-Laurent-des-Vignes, Sainte-Mondane, Saint-Pierre-d'Eyraud, Saint-Vincent-de-Cosse, Siorac-en-Périgord, Trémolat, Varennes, Veyrignac, Vézac, Vitrac

Ile de Fontchopine

APPB FR3800273 5,7 Conservation du biotope de l’île

Vitrac, La Roque Gageac

Iles du barrage APPB FR3800271 19,4 Conservation du biotope

Mauzac, Grand-Castang

Sagnes de la Godivelle

RNN RNN23 24 Conservation d’une zone tourbeuse

La Godivelle

Chastreix Sancy RNN RNN165 1894,6 Besse-et-Saint-Anastaise, Chambon-sur-

Lac, Chastreix, Mont-Dore, Picherande

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7.2.2.2. Zone tampon

A l’instar de l’aire centrale, la zone tampon est composée de plusieurs secteurs : 1/ un premier secteur concerne le Parc Naturel des Volcans d’Auvergne, 2/ un second, la rivière Dordogne à l’amont de la chaîne de production hydroélectrique, 3/ un troisième comprend les lacs de barrages et leurs versants, 4/ puis un secteur, situé à l’aval de la chaîne de production hydroélectrique, est composé du lit majeur de

la rivière Dordogne, d’Argentat en Corrèze au Bec d’Ambès en Gironde, 5/ un cinquième secteur est formé par un ensemble de sites épars correspondant aux milieux naturels

remarquables identifiés par EPIDOR en 1996, 6/ enfin un dernier secteur concerne le lit majeur des rivières Vézère et Isle.

L’ensemble de la zone tampon s’étend sur 2 515,1 km².

7.2.2.2.1. Secteur 1 : le territoire du PNR des Volcans d’Auvergne situé sur le bassin de la Dordogne

Autour des deux RNN qui constituent la partie terrestre de l’aire centrale, le territoire du PNR des Volcans d’Auvergne situé sur le bassin de la Dordogne forme la zone tampon.

Ce territoire s’étend sur une superficie de 1 815,4 km² et sur deux départements, le Puy-de-Dôme et la Corrèze, dans la région Auvergne. Le régime foncier y est majoritairement privé. 108 communes, 16 communautés de communes, 21 cantons et 8 pays sont concernées par ce secteur.

Nom du site Identificateur Type Superficie (km²/km)

Monts et Plomb du Cantal FR8310066 ZPS 64,2 (km²)

Gorges de la Dordogne FR7412001 ZPS 460,4 (km²)

Monts Dore FR8301042 ZSC 64,2 (km²)

Vallée de la Dordogne sur l'ensemble de son cours et affluents FR7401103 ZSC 76,6 (km²)

Artense FR8301039 ZSC 6,0 (km²)

Site de Palmont FR8302017 ZSC 3,0 (km²)

Cézallier Nord FR8301040 ZSC 5,4 (km²)

Cézallier Sud FR8301041 ZSC 10,6 (km²)

Tourbières et zones humides du Nord Cantal FR8301056 ZSC 15,3 (km²)

Site de Salins FR8302018 ZSC 1,5 (km²)

Site de Compaing FR8302016 ZSC 2,4 (km²)

Zones humides de la région de Riom-es-Montagne FR8301060 ZSC 7,6 (km²)

Gorges de la Rhue FR8301068 ZSC 9,6 (km²)

Massif cantalien parties Est et Ouest FR8301055 ZSC 59,0 (km)

Rivières à loutres (Puy-de-Dôme et Cantal) – site linéaire FR8301095 ZSC 320,1 (km)

Rivières à écrevisses (Puy-de-Dôme) – site linéaire FR8301096 ZSC 98,1 (km) ZPS : Zone de protection spéciale, Directive Oiseaux ZSC : Zone spéciale de conservation, Directive Habitats

-Document 68- Tableau récapitulatif des sites Natura 2000 (Directives Habitats et Oiseaux) présents dans le territoire du PNR des Volcans d’Auvergne (secteur 1 de la zone tampon)

Page 170: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

170

-Document 69- Zone tampon, secteur 1 : le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne

7.2.2.2.2. Secteur 2 : la rivière Dordogne, des sources à Bort-les-Orgues

A l’amont, le deuxième secteur de la zone tampon s’étend des sources de la Dordogne, situées à 1 727 m dans le massif du Puy de Sancy, sur la commune du Mont-Dore, jusqu’à l’entrée de la retenue du barrage de Bort-les-Orgues, au niveau de la confluence de la Dordogne avec le Chavanon, entre la commune de Singles en rive gauche et la commune de Savennes en rive droite. Ce secteur est situé dans le département du Puy-de-Dôme, dans la région Auvergne. Il s’étend sur 40 km le long de la Dordogne et couvre une superficie de 0,4 km². Il concerne 8 communes, 3 communautés de communes, 3 cantons et 2 pays.

La rivière est classée non domaniale des sources jusqu’à Bort-les-Orgues. Le foncier de la rivière appartient à des propriétaires privés, qui sont ainsi responsables de l’entretien des rives. Toutefois, les collectivités locales

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ont la possibilité de se substituer aux propriétaires privés dès lors que ces interventions font l’objet d’une déclaration d’intérêt général (DIG). C’est le cas pour le tronçon du cours d’eau situé sur les communes du Mont-Dore, de la Bourboule et de Saint-Sauves. Le SIVOM Haute Dordogne (constitué des trois communes précitées) a ainsi obtenu une DIG en 2005 pour la mise en œuvre et l’entretien des travaux de restauration sur une douzaine de kilomètres de cours d’eau dont il a la responsabilité. De Murat-le-Quaire à Bort-les-Orgues, la gestion du cours d’eau revient aux propriétaires privés. Toutefois, les communautés de communes de Sioulet-Chavanon et de Sancy Artense travaillent actuellement à l’élaboration de DIG pour leur territoire respectif.

Ce secteur est classé par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitat (ZSC). Il s’agit du site « Lacs et Rivières à Loutres » (FR8301095), retenu comme prioritaire car il héberge d’importantes et belles populations de Loutres (Lutra lutra) et qu'il constitue des corridors de reconquête.

-Document 70- Zone tampon, secteur 2 : la rivière Dordogne, des sources à Bort-les-Orgues

7.2.2.2.3. Secteur 3 : les lacs de barrage et leurs versants de Bort-les-Orgues à Argentat

Toujours à l’amont, un troisième secteur de la zone tampon peut être distingué du premier, car il correspond à la chaîne de production hydroélectrique et qu’il s’élargit notablement. Longitudinalement, cet espace va de Bort-les-Orgues à Argentat. Latéralement, il s’étend entre les lignes de crête des versants environnants les lacs de la Dordogne, c'est-à-dire qu’il va de « hauts plateaux à hauts plateaux ». Il est donc composé des lacs de barrages et des versants de ces lacs.

Ainsi ce secteur s’étend sur les départements du Cantal et de la Corrèze et sur les régions Auvergne et Limousin. Il s’étend sur 103 km de long et 2,5 km de large en moyenne. Il couvre ainsi une superficie de 164,4 km². 42 communes, 12 communautés de communes, 12 cantons et 7 pays sont concernés par ce secteur.

La propriété foncière est mixte dans ce secteur : - il est public pour ce qui concerne les lacs de barrages, mais a été transféré au gestionnaire de la

concession, qui est actuellement Electricité de France (EDF), pour la production d’électricité. Il s’agit du DPF transféré,

- il est privé pour ce qui concerne les versants des lacs de barrages.

Page 172: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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Ce secteur est classé par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitats (ZSC) ainsi que de la Directive Oiseaux (ZPS). Les deux sites se juxtaposent.

La Zone Spéciale de Conservation (ZSC) « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103) et la Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Gorges de la Dordogne » (FR7412001) sont constituées de gorges offrant de fortes pentes disposant de nombreux habitats rocheux sur substrats métamorphiques et basaltiques. Les habitats forestiers sont diversifiés et certains sont probablement des vestiges de forêts peu perturbées par l'homme.

De plus, du fait de son orientation générale, la vallée représente un lieu de passage important pour les migrations aviennes, et des zones de reproduction privilégiées pour les rapaces. Les espaces agricoles présents constituent les territoires de chasse de ces oiseaux.

Composition du site Forêts caducifoliées 55 % Prairies améliorées 20 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 9 % Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 5 % Autres terres arables 5 % Forêts mixtes 5 % Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 71- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103)

-Document 72- Zone tampon, secteur 3 : les lacs de barrage et leurs versants, de Bort-les-Orgues à Argentat

Page 173: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

173

7.2.2.2.4. Secteur 4 : le lit majeur de la Dordogne, d’Argentat au Bec d’Ambès

Le troisième secteur de la zone tampon correspond à l’enveloppe inondable de la rivière Dordogne, d’Argentat en Corrèze à Gauriac en Gironde, limite la plus aval du bassin de la Dordogne. Globalement, elle entoure l’aire centrale (d’Argentat à Saint-Pierre-d’Eyraud).

Ce secteur s’étend sur 151 km de long et couvre une superficie de 331,3 km². Il concerne 154 communes, 33 communautés de communes, 32 cantons et 8 pays. La propriété foncière de ce secteur est publique en ce qui concerne le lit mineur de la rivière Dordogne et correspond au Domaine Public Fluvial (DPF), et privée pour la partie de ce secteur située dans le lit majeur.

Une partie de la zone tampon est classée par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitats (ZSC). Il s’agit du site « La Dordogne » (FR7200660) déjà détaillé dans le paragraphe 7.2.2.1.1. présentant la partie aquatique de l’aire centrale. Il a été retenu pour le rôle essentiel que joue le cours d’eau pour la conservation des poissons migrateurs et pour la qualité globale de ses eaux.

-Document 73- Zone tampon, secteur 4 : le lit majeur de la rivière Dordogne

7.2.2.2.5. Secteur 5 : les Milieux Naturels Remarquables (MNR)

L’étude sur les Milieux Naturels Remarquables (MNR) réalisée par l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) a permis d’identifier un certain nombre de milieux présentant des habitats préservés et exceptionnels, depuis Argentat jusqu’à l’estuaire de la Gironde. Au total, 25 sites ont été recensés sur un ensemble formé de trois départements : 11 dans le Lot, 5 en Dordogne et 9 en Gironde33. Il s’agit de milieux aquatiques et/ou péri-aquatiques : méandres, îlots, couasnes (bras morts), marais.

Dans le Lot et la Dordogne, ces milieux ont tous une partie de leur territoire située sur la rivière Dordogne. Dans ce cas, cette partie de leur superficie recoupe l’aire centrale, tandis que l’autre partie située en dehors du lit mineur, sur les berges, constitue une zone tampon.

En Gironde, deux MNR sont exclusivement situés sur le cours de la Dordogne et sept sont exclusivement localisés dans le lit majeur. Dans les deux cas, ils constituent des éléments de la zone tampon. 33 La cartographie complète des MNR est présentée en annexe 18 (livret cartographique). Une synthèse cartographique (page suivante) permet toutefois de les situer dans le bassin.

Page 174: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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Ce secteur couvre une superficie de 20 km². Il concerne 59 communes, 25 communautés de communes, 26 cantons et 8 pays. Concernant la propriété foncière, elle est mixte :

- elle est publique pour les Milieux Naturels Remarquables (MNR), ou la partie des MNR, situés dans le lit mineur de la rivière Dordogne ; elle correspond alors au DPF,

- elle est privée pour les MNR, ou la partie des MNR, situés en dehors du lit mineur.

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7.2.2.2.6. Secteur 6 : les lits majeurs des rivières Vézère et Isle

Enfin, le dernier secteur de la zone tampon correspond aux lits majeurs des rivières Vézère et Isle, de leur source jusqu’à leur confluence avec la rivière Dordogne. Ce secteur s’étend sur une superficie de 183,6 km². 123 communes, 29 communautés de communes, 37 cantons et 10 pays sont concernés par ce secteur.

Longue de 211 km, la Vézère traverse deux départements et deux régions : la Corrèze en Limousin et la Dordogne en Aquitaine. Son lit majeur couvre une superficie de 52,9 km². Une partie du régime foncier de la Vézère est privé, c’est-à-dire des sources jusqu’à Montignac, puis, de Montignac à sa confluence avec la Dordogne à Limeuil, soit sur une distance de 51 km, le cours de la Vézère appartient au DPF.

Une partie du cours d’eau et de sa vallée est classée par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitats (ZSC). Il s’agit du site « Vallée de la Vézère d’Uzerche à la limite départementale Corrèze / Dordogne » (FR7401111). Ce site a été retenu car il présente un caractère encore très sauvage malgré une certaine anthropisation d’une partie du cours d’eau (barrage du Saillant et voie ferrée Paris-Toulouse). Il comprend 54 km de linéaire de rivière et constitue un axe bleu pour le retour du saumon après franchissement du barrage du Saillant.

Composition du site Forêts caducifoliées 80 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 10 % Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 4 % Rochers intérieurs, Eboulis rocheux, Dunes intérieures, Neige ou glace permanente 1 % Marais (vegetation de ceinture), Bas-marais, Tourbières 1 % Landes, Broussailles, Recrus, Maquis et Garrigues, Phrygana 1 % Autres terres arables 1 % Forêts de résineux 1 % Autres terres (incluant les zones urbanisées et industrielles, routes, décharges, Mines) 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 75- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Vézère d’Uzerche à la limite départementale Corrèze / Dordogne » (FR7401111)

Dans sa partie aquitaine, le cours de la Vézère est également inscrit au réseau Natura 2000, Directive Habitats (ZSC) sous le nom de « La Vézère » (FR7200668). Cette inscription s’explique par la présence de poissons migrateurs et par les potentialités existantes sur le cours d’eau pour la reproduction du saumon.

Composition du site Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 98 % Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 1 % Forêts caducifoliées 1 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 76- Composition du site Natura 2000 « La Vézère » (FR7200668)

L’Isle pour sa part s’écoule sur un linéaire de 255 km. Elle prend sa source dans le département de la Haute-Vienne situé en région Limousin, puis traverse le département de la Dordogne et se jette dans la Dordogne au niveau de Libourne en Gironde. Son lit majeur couvre une superficie de 130,7 km². L'Isle appartient au domaine privé de sa source jusqu'à Périgueux, puis au domaine public fluvial de Périgueux à sa confluence avec la Dordogne, à Libourne. Sur ses 30 derniers kilomètres, l’Isle est soumise à l’influence des marées (0,5 à 1 m de marnage). Cette influence touche l’Isle aval jusqu’au seuil de Laubardemont (à Coutras en Gironde). Sur ce linéaire, elle est inscrite à l’ancien domaine maritime.

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Une partie du cours d’eau et de sa vallée est classée par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitats (ZSC). Il s’agit du site « Vallée de l’Isle de Périgueux à sa confluence avec la Dordogne » (FR7200661). Ce site a été retenu pour la richesse des boisements, pour l’existence de prairies inondables et pour la présence du vison d'Europe de l'amont à l'aval.

Composition du site Autres terres arables 40 % Prairies semi-naturelles humides, Prairies mésophiles améliorées 35 % Forêts caducifoliées 10 % Eaux douces intérieures (Eaux stagnantes, Eaux courantes) 8 % Forêt artificielle en monoculture (ex: Plantations de peupliers ou d'Arbres exotiques) 5 % Forêts mixtes 2 % Source : site Internet du Réseau Natura 2000

-Document 77- Composition du site Natura 2000 « Vallée de l’Isle de Périgueux à sa confluence avec la Dordogne » (FR7200661)

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7.2.2.3. Aire de transition : le bassin versant de la Dordogne

L’aire de transition proposée correspond au bassin versant de la Dordogne. Le terme de bassin versant désigne le territoire au sein duquel toutes les eaux de surface ruissellent et, en se rejoignant, finissent par former des cours d’eau.

Le périmètre de l’aire de transition s’étend sur une superficie de 21 403,3 km². Il concerne les régions Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées, Aquitaine et Poitou-Charentes, et les départements du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Corrèze, du Lot, de la Dordogne, de la Gironde mais également de la Creuse, de la Haute Vienne, de la Charente Maritime, de la Charente, du Lot et de la Garonne. La population est en hiver d'un million d'habitants. L’aire de transition couvre 1 451 communes, 148 communautés de communes, 167 cantons et 32 pays.

L’aire de transition est globalement parsemée des régimes de protection plus ou moins forts qui ont été présentés dans le chapitre précédent :

- 18 arrêtés préfectoraux de protection de biotope, en plus des trois de l'aire centrale, - 91 sites classés et 320 sites inscrits, - 77 sites reconnus par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Habitats, en plus des 5 sites

Natura 2000 de l’aire centrale et de la zone tampon, - 2 sites reconnus par le réseau Natura 2000 au nom de la Directive Oiseaux, en plus du site Natura 2000

couvrant en totalité le secteur 2 de la zone tampon.

Par ailleurs, 3 parcs naturels régionaux ont une partie de leur territoire située sur le bassin versant de la Dordogne, dans l’aire de transition :

- le PNR Millevaches-en-Limousin, - le PNR Périgord-Limousin, - le PNR des Causses du Quercy.

L’aire de transition est constituée de territoires où la propriété privée est dominante.

7.2.3. Justification du zonage

Le territoire du bassin versant regorge de milieux extrêmement riches qui mériteraient une attention tout aussi particulière que le cours d’eau de la Dordogne. Toutefois, le classement restrictif de l’axe fluvial de la Dordogne en aire centrale et en zone tampon résulte de choix réfléchis et stratégiques. Plusieurs raisons majeures ont orienté ce choix.

7.2.3.1. Justification de l’aire centrale et de la zone tampon

7.2.3.1.1. Caractère structurant et intégrateur du cours d’eau Dordogne

La priorité a été mise sur la rivière Dordogne car il s’agit du cours d’eau central et structurant du bassin de la Dordogne. La Dordogne, successivement ruisseau, rivière et fleuve, a la spécificité de parcourir l’ensemble du territoire. En cela, elle constitue un trait d’union entre l’amont et l’aval du bassin versant et rappelle que les éléments géographiques ne s’arrêtent pas aux limites administratives.

De plus, c’est vers ce cours d’eau que finissent par s’acheminer toutes les eaux du bassin. La rivière Dordogne est le réceptacle de l’ensemble des eaux du bassin versant. Aussi l’analyse du bon état du cours d’eau est le reflet de plusieurs paramètres qui, combinés ensemble, influent sur la situation : pluviométrie, hydrologie, occupation du territoire, activités humaines, occupation du territoire, histoire du développement du territoire, projets de la population sur son développement futur et acceptabilité de la préservation des ressources naturelles.

Page 180: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

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La rivière Dordogne peut donc être considérée comme un indicateur pertinent pour l’évaluation de la qualité des milieux et du caractère durable des pratiques de gestion sur les différents secteurs du bassin versant.

7.2.3.1.2. Caractère écologique remarquable et emblématique du cours d’eau Dordogne

La Dordogne est une voie de remontée et de descente des poissons migrateurs. Elle rassemble les huit espèces de poissons migrateurs d’Europe de l’Ouest. Ces grands migrateurs constituent un patrimoine biologique remarquable au niveau régional, national et européen, ainsi qu’un patrimoine culturel fort pour le territoire (techniques et sites de pêche, histoire, gastronomie…).

En outre, la reconquête de la Dordogne par ces grands migrateurs est en cours, et représente un enjeu écologique et symbolique majeur. Elle traduit la bonne qualité des milieux d’une part, et exprime à nouveau l’importance de cette continuité amont-aval d’autre part.

7.2.3.1.3. Répartition limitée et éparse des protections réglementaires

Comme évoqué en préambule, les protections réglementaires fortes ne sont pas très développées sur le bassin de la Dordogne et plutôt dispersées. De plus, une fois rapportées à la superficie totale du futur site, leur représentation paraît encore plus disproportionnée.

Si le choix avait été fait d’inscrire en aire centrale l’ensemble des petits périmètres protégés au titre d’une réglementation forte (APPB, sites classés), le zonage aurait été très éclaté et il a semblé que cela aurait nuit à la lisibilité et à la compréhension du projet.

Il est donc paru préférable, et plus adapté au projet, de concentrer l’aire centrale et la zone tampon sur les rivières Dordogne, Vézère et Isle.

7.2.3.1.4. Capacité d’intervention d’EPIDOR (organisme porteur du projet)

L’établissement promeut une gestion équilibrée des cours d’eau sur l’ensemble du bassin versant, et ce, au travers de programmes spécifiques, et d’animations territoriales ciblées. Dans le cadre du projet réserve de biosphère, les actions programmées sur l’aire centrale doivent être « opérationnelles et lisibles », et les retours doivent pouvoir se mesurer « à court terme ». EPIDOR a donc choisi dans un premiers temps de concentrer ses efforts sur l’espace – au demeurant déjà vaste – du lit mineur sur lequel l’établissement estime pouvoir réellement agir tout en escomptant que la dynamique engagée implique, à terme, de nouveaux territoires et de nouveaux porteurs de projets.

7.2.3.1.5. Constitution d’un partenariat ad hoc avec le PNR des Volcans d’Auvergne

Depuis le lancement du projet, le zonage, bien qu’essentiellement orienté sur le cours d’eau Dordogne, a déjà connu une évolution importante. Un partenariat a été constitué avec le Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne afin de faire des deux Réserves Naturelles Nationales (RNN) dont son équipe à la gestion, et qui sont situées sur le bassin versant de la Dordogne, une partie de l’aire centrale. Autour de ces deux RNN, la partie du PNR située sur le bassin de la Dordogne forme logiquement une zone tampon.

Cette proposition s’appuie sur une logique hydrographique, puisque le PNR des Volcans d’Auvergne gère des territoires où sont situées plusieurs têtes de bassin versant : Dordogne, Rhue, Sumène, Maronne, Cère, qui prennent leur source soit sur le Massif du Puy de Sancy, soit sur celui du Puy Mary. Cette logique est également symbolique, puisque ce territoire est situé à l’amont des sources de la Dordogne, point de départ emblématique des 475 km que parcourt la rivière jusqu’à l’estuaire de la Gironde.

7.2.3.1.6. Focus sur la zone tampon

La zone tampon entoure l’aire centrale de l’amont à l’aval de la rivière Dordogne. Elle prend le relai des parties du cours d’eau qui ne sont pas protégées par un dispositif de protection légale. Elle permet ainsi d’assurer la logique de continuité évoquée ci-dessus.

Page 181: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

181

Par ailleurs, l’élargissement de la zone tampon aux versants des lacs de barrage a semblé pertinent dans la mesure où il s’agit de milieux peu pénétrés, non anthropisés, et qui présentent des qualités écologiques exceptionnelles, que ce soit en termes d’habitats ou d’espèces.

L’inscription des Milieux Naturels Remarquables en tant que zone tampon a, quant à elle, été réfléchie au regard des éléments suivants :

- il s’agit de territoires à fort enjeu de conservation, - ces milieux aquatiques et péri-aquatiques sont des interfaces entre le cours d’eau et la plaine alluviale

environnante. Ils agissent comme un filtre entre les versants et le cours d’eau et participent activement à la préservation de la ressource en eau,

- la connaissance acquise de ces territoires est le fruit d’observations effectuées sur plusieurs décennies par l’équipe d’EPIDOR,

- la quasi absence d’activités pouvant impacter les milieux respecte la définition de la zone tampon telle qu’énoncée dans le Cadre statutaire.

Enfin, les lits majeurs des rivières Isle et Vézère ont été positionnés en zone tampon car ils constituent les deux principaux affluents de la rivière Dordogne. L’objectif est de faire ressortir les continuités entre les territoires par le biais des cours d’eau qui les structurent, et dont la qualité est un révélateur des pratiques qui s’y exercent.

7.2.3.2. Justification de l’aire de transition

Le choix du bassin versant comme aire de transition de la réserve de biosphère répond à trois critères majeurs : - l’entité géographique du bassin versant est une unité fondamentale en termes de gestion intégrée de

l’eau et des milieux aquatiques, - EPIDOR intervient sur l’ensemble du bassin versant et promeut logiquement la gestion intégrée des

cours d’eau à cette échelle, - la présence de nombreux milieux et espèces à fort intérêt patrimonial.

7.2.3.3. Perspective d’évolution

Plusieurs secteurs du bassin versant de la Dordogne présentent une grande richesse écologique qui justifierait leur classement en aire centrale. Le plan de gestion prévoira de promouvoir l’extension du classement en lien avec des gestionnaires locaux, tels que les parcs naturels régionaux comme cela a déjà été fait avec le PNR des Volcans d’Auvergne.

Pourraient être concernés par un classement en aire centrale : - des affluents de la Dordogne dont notamment les rivières à loutres de l’amont, déjà couvertes par le

réseau Natura 2000, - des zones humides remarquables et sensibles, comme c’est le cas de tourbières, mares ou étangs qui

contribuent au bon fonctionnement de l’hydrosystème.

7.2.4. Objectifs à poursuivre dans les secteurs du zonage

Le classement d’une partie de la rivière Dordogne en aire centrale et de la totalité des cours d’eau Dordogne, Vézère et Isle en zone tampon contribuerait à :

- conserver et valoriser la biodiversité des milieux et des espèces aquatiques, qui constituent un atout majeur pour le développement des territoires du bassin versant,

- valoriser l’axe Dordogne comme unité cohérente et homogène de gestion des eaux et des milieux, - inscrire, dans le plan de gestion, des actions opérationnelles et lisibles dont les effets puissent être

mesurables à court terme,

Page 182: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

182

- poursuivre le suivi scientifique afin de renforcer les connaissances actuelles sur les milieux et les espèces et afin de qualifier plus précisément l’impact des activités sur ces mêmes milieux et espèces,

- sensibiliser les acteurs du territoire et le public au concept de « cours d’eau réceptacle » dans le but d’encourager des pratiques de gestion respectueuses et durables sur l’ensemble du bassin versant.

Le classement du bassin versant de la Dordogne en aire de transition permettrait de : - conserver et valoriser la biodiversité des milieux et des espèces péri-aquatiques, - promouvoir, dans le plan de gestion, les comportements vertueux et exemplaires dans l’espace de la

vallée, tels que les bonnes pratiques environnementales du point de vue de l’agriculture et de l’aménagement du territoire qui auront, à moyen terme, des effets positifs sur les milieux,

- sensibiliser les acteurs du territoire et le public au concept de bassin versant et à l’importance d’une gestion des ressources pensée à cette échelle territoriale,

- promouvoir la gestion intégrée des ressources en eau et un aménagement du territoire respectueux des milieux et des espèces qui y vivent,

- renforcer la participation des acteurs aux processus de décision en matière de gestion de l'eau en développant l'animation et le partage de l'information,

- conserver et valoriser la biodiversité des milieux et des espèces péri-aquatiques, - poursuivre le suivi scientifique afin de renforcer les connaissances actuelles sur les milieux et les

espèces, et afin de qualifier plus précisément l’impact des activités sur ces mêmes milieux et espèces, et leurs répercussions sur le cours d’eau.

7.2.5. Zonage et activités

Zonage Activités présentesAire centrale

Partie aquatique : APPB navigation, pêche, baignade, chasse, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

Partie terrestre : RNN tourisme

Zone tampon

Secteur 1 : partie du PNR des Volcans d’Auvergne située sur le bassin de la Dordogne

agriculture, sylviculture et filière bois, industrie (agro-alimentaire) et artisanat, tourisme

Secteur 2 : rivière Dordogne, des sources à Bort-les-Orgues

hydroélectricité, pêche, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

Secteur 3 : lacs de barrage et leurs versants de Bort-les-Orgues à Argentat

hydroélectricité, pêche, chasse, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

Secteur 4 : lit majeur de la Dordogne, d’Argentat au Bec d’Ambès

navigation, pêche, baignade, chasse, agriculture, industrie et artisanat, tourisme

Secteur 5 : Milieux Naturels Remarquables (MNR)

navigation, pêche, baignade, chasse, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

Secteur 6 : lits majeurs des rivières Vézère et Isle

navigation, pêche, baignade, chasse, hydroélectricité, agriculture, industrie et artisanat, tourisme, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

Aire de transition pêche, chasse, agriculture, hydroélectricité, sylviculture et filière bois, industrie et artisanat, thermalisme, tourisme, usages d’aménités fournies par les cours d’eau

-Document 79- Zonage, activités et usages de l’eau

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-Document 80- Cartographie complète du zonage proposé pour la future réserve de biosphère

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7.3. Politique de gestion : préservation, gestion durable et connaissance du territoire

La politique de gestion a pour vocation de : - promouvoir des actions visant à réduire certaines pressions directes qui s’exercent sur les masses

d'eau et les écosystèmes aquatiques limitant ainsi les multiples services qu’ils assurent, - mettre en évidence les liens qui existent entre l’eau et les autres volets de la politique de

développement, - « renforcer le rôle catalyseur joué par l’eau dans le développement durable »34 du bassin de la

Dordogne.

Elle propose neuf orientations devant inspirer les porteurs de politique publique et de projets, à l’œuvre sur le bassin de la Dordogne. Le caractère opérationnel des orientations qu’elle préconise se renforce à mesure qu’elles concernent plus spécifiquement l’aire centrale de la réserve de biosphère.

7.3.1. Retrouver un régime plus naturel à l’aval des chaînes de barrages de la Haute Dordogne

Les caractéristiques climatiques et géomorphologiques du bassin versant de la Dordogne ont structuré un réseau hydrologique favorable à l’implantation d’importantes chaînes de production hydroélectrique. Ainsi, la Dordogne constitue le deuxième bassin hydroélectrique français (avec la Truyère, affluent du Lot, et la Durance) et contribue depuis plus de 50 ans à la production d’une énergie renouvelable. Aujourd'hui, en application de la directive 2001/77/CE, relative à la promotion de l'électricité à partir de Sources d'Energie Renouvelables (SER) sur le marché intérieur de l'électricité , la France s’est engagée à atteindre en 2010 un objectif de 21 % d’énergie renouvelable dans la consommation électrique nationale (porté à 23 % par le Grenelle de l’environnement). Pour augmenter la part d’énergie renouvelable, il est envisagé d’accroître la production d’hydroélectricité annuelle d’ici 2015. Le bassin de la Dordogne est à nouveau pressenti pour couvrir une grande partie des besoins nationaux en énergie renouvelable.

La production de l’hydroélectricité a toutefois des impacts environnementaux et sociaux. En artificialisant les débits de la Dordogne, la production hydroélectrique pose la question structurante pour le bassin versant de l’équilibre entre les enjeux énergétiques, écologiques et économiques, nationaux et régionaux.

Après 50 années, durant lesquelles l’accent a été mis sur la production énergétique, le SDAGE Adour Garonne indique que pour atteindre le bon état écologique des masses d’eau, il est devenu nécessaire de prendre en compte la morphologie et la dynamique naturelle des milieux aquatiques notamment en améliorant le régime des eaux à l’aval des ouvrages, et en conciliant les enjeux énergétiques avec les enjeux environnementaux. Il préconise, en particulier, de réduire « les effets des éclusées et des variations artificielles de débit sur les milieux aquatiques et les autres usages des cours d’eau ».

En outre, les études diagnostiques menées sur la rivière Dordogne, dans le cadre de Natura 2000, établissent un lien entre l’érosion de la diversité des milieux aquatiques et la confiscation de la dynamique fluviale par les barrages de l’amont.

Pour faire évoluer le cadre de gestion des barrages et pour que l’activité hydroélectrique soit écologiquement et socialement mieux intégrée dans le bassin versant, des expérimentations, des études et des débats sont engagés dans le cadre de la politique de restauration des populations de poissons migrateurs et dans le cadre du défi « Eclusées » animé par EPIDOR.

34 Protection des ressources en eau et gestion durable intégrée de l'eau dans l'Union européenne et au-delà – Conseil de l'Union européenne – 21 juin 2011.

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Ils ont permis de quantifier, avec une précision nouvelle, les impacts du fonctionnement hydrologique de la Dordogne, influencé par les grands barrages, sur le cycle biologique du saumon dans la Dordogne corrézienne, et d’une façon plus générale sur celui des autres espèces de l’écosystème fluvial jusqu’au Bec d’Ambès. Les études ont mis en avant la possibilité et le grand intérêt à optimiser le potentiel piscicole de la Maronne, dernier affluent torrentiel de la Dordogne présentant une très forte attractivité pour les poissons migrateurs.

Elles ont enfin permis de mesurer le gain attendu d’une modification de gestion de ces aménagements, associée à un « coût » énergétique.

Les recommandations du SDAGE Adour Garonne et la mise en œuvre de Natura 2000 sur la rivière Dordogne, conduisent ainsi à privilégier la restauration de régimes hydrologiques plus naturels, notamment sur la rivière Dordogne, afin de réduire sensiblement les perturbations occasionnées sur les milieux et les usages. Le renouvellement de la concession hydroélectrique de la Haute Dordogne, en cours, offre une opportunité unique de renforcer la prise en compte des milieux aquatiques et du multiusage des cours d’eau dans le cahier des charges de la concession. Le rétablissement fonctionnel de la continuité écologique sur les barrages du bergeracois complétera les effets positifs de l’amélioration du régime des débits.

7.3.2. Maintenir voire améliorer la qualité des eaux et des milieux aquatiques du bassin de la Dordogne

La Dordogne est l’un des fleuves les plus propres de France, voire d’Europe. La qualité de ses eaux constitue d’ailleurs une grande partie de son attrait. Cette situation est due, entre autre, à la faible anthropisation du bassin versant, à une urbanisation modérée du territoire, et à un fort pouvoir auto-épurateur de la rivière… Malgré cette bonne situation générale, des zones de dégradations ponctuelles sont identifiées. Elles sont souvent liées à une insuffisance, voire à une absence, de traitement des rejets domestiques ; plus largement des pollutions plus diffuses sont relevées sur le bassin de la Dordogne.

Aujourd'hui, la préservation de cette eau de qualité, ou sa restauration dans les zones dégradées, est un enjeu économique majeur sur le bassin, pour la conservation des écosystèmes et le maintien des activités les plus exigeantes que sont l’approvisionnement en eau potable, l’approvisionnement en eau de certaines industries et la pratique de la baignade et des loisirs aquatiques, prédominants en saison estivale. De plus, la bonne qualité des eaux sera aussi indispensable pour répondre aux objectifs de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE). Cette directive ne fixe plus seulement des objectifs sectoriels ou par usage (Nitrates, Eaux résiduaires urbaines…), mais exige que l’ensemble de l’écosystème aquatique soit en bon état, au plus tard en 2027.

Pour réduire les pollutions diffuses et reconquérir une bonne qualité des eaux, des solutions sont envisageables.

Toutes les actions existantes contribuant à limiter les rejets des effluents d’élevage à l’amont du bassin versant, les fertilisations, le traitement des grandes cultures, et les flux de pollution viti-vinicole à l’aval, doivent être soutenues et développées plus avant. En parallèle, les exploitants doivent être encouragés à valoriser agronomiquement leurs effluents d’élevage, et toute démarche allant dans ce sens devrait être accompagnée.

Les bonnes pratiques environnementales doivent également être encouragées, afin de réduire les rejets de produits phytosanitaires. Les acteurs concernés par ce type d’actions sont principalement les agriculteurs, mais également les collectivités, dans la mesure où les pesticides sont largement utilisés dans le désherbage des voieries et jardins publics.

La part des pollutions diffuses étant encore assez mal caractérisée sur le bassin de la Dordogne, l’effort de connaissance est prioritaire et doit être poursuivi. En effet, les analyses de bassins versants permettent non seulement de mesurer l’ampleur et l’étendue des teneurs en nitrate, phosphore et pesticides, mais elles servent également de support à la discussion. Le partage des constats permet ensuite aux multiples partenaires

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intervenant sur cette problématique d’envisager communément des actions correctrices plus adaptées. Il s’agit donc avant tout de mener des études de définition de ces pollutions.

Dans l’espace alluvial, la ripisylve constitue la dernière « barrière » entre les activités humaines et le milieu aquatique. En cela, elle a un rôle fondamental dans la limitation des pollutions. Or cette ripisylve, censée accompagner la rivière tout du long, est régulièrement réduite à une rangée d’arbres, voire inexistante. Des actions pilotes d’aménagement du territoire sur de petits bassins versants très agricoles peuvent être mises en œuvre et ensuite étendues à une plus large échelle si elles sont concluantes. Par ailleurs, la ripisylve devrait être réhabilitée, notamment sur les zones les plus sensibles à la pollution. Dans ce cadre, les opérations de plantation devraient être menées dans le respect de la végétation rivulaire locale. Dans les secteurs où elle a été préservée, tout devrait être mis en œuvre par les acteurs locaux et départementaux pour la conserver.

Enfin, l’intensité des pollutions est également liée à la fonctionnalité des milieux, à leur capacité à les absorber ou pas. En cela, l’occupation du sol et l’aménagement du territoire jouent un rôle majeur dans l’équilibre de la rivière. Plus une pollution mettra de temps à atteindre le réseau hydrographique, plus elle a de chance d’être dégradée, plus ou moins partiellement, par le sol, par la végétation en place… Elle sera donc d’autant moins impactante pour la qualité des eaux. Ainsi, en intervenant à une échelle pertinente (à définir : exploitations agricoles, bassins versants unitaires…), il est possible de concilier des pratiques agricoles raisonnées et un maintien d’une bonne qualité d’eau : mise en place de haies autour des parcelles, maintien ou création de fossés enherbés ou de zones humides en bas de pente… La mise en œuvre de plans de gestion des zones humides doit également être encouragée. En outre, ce type de développement territorial participe à la diversification des paysages, à la biodiversité (amélioration des continuités écologiques), en plus d’améliorer la qualité des eaux.

Concernant les pollutions bactériennes, et en application de la Directive « baignade », la législation demande aux responsables d’élaborer des profils de vulnérabilité et de les transmettre en préfecture en 2011. Cette démarche permettra de connaître les sources de pollutions, de proposer et mettre en œuvre des mesures de gestion pour conserver une eau de bonne qualité pour les baigneurs.

Par ailleurs, la mise en place, par les services gestionnaires de l’assainissement, d’un contrôle des branchements chez les particuliers, ainsi que la vérification du fonctionnement des assainissements autonomes (y-compris ceux des campings) permettraient également d’améliorer la qualité des eaux, notamment par temps de pluie.

Toutefois, sachant que le risque zéro n’existe pas et que l’ensemble des travaux ne peut être réalisé simultanément, des efforts de communication doivent être réalisés pour prodiguer des conseils de bon sens permettant de limiter les expositions à risque. Certaines initiatives locales, mises en place depuis quelques années pourraient être élargies sur l’ensemble des zones fréquentées par les touristes.

7.3.3. Restaurer les berges des cours d’eau du bassin de la Dordogne

Dans de nombreux cas, la question de la qualité des interventions sur les cours d’eau et les berges se pose. Sur le domaine public fluvial (DPF), l’Etat a la responsabilité mais peu de moyens. Il limite sa mission au minimum. Les actions sur l’espace riverain sont donc généralement réalisées par les riverains et les collectivités, mais la pertinence des interventions n’est pas toujours établie.

Si hier encore, l’entretien des cours d’eau et des berges avait pour but d'assurer le libre écoulement des eaux, aujourd’hui les pratiques ont évolué. L’entretien doit permettre de maintenir le cours d'eau et ses berges dans leur état d’équilibre naturel et de contribuer à restaurer leur bon état écologique. En outre, la gestion écologique d’un cours d’eau vise à maintenir le potentiel écologique et l’exercice d’usages diversifiés. En cela, il n’y a pas d’opposition entre économie et écologie, mais nécessaire convergence.

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Il serait donc opportun de développer sur l’ensemble des cours d’eau du bassin versant de la Dordogne une gestion équilibrée, fondée sur la connaissance de l’écosystème en son entier. Elle participerait à conserver et/ou à restaurer les milieux, à lutter contre la pollution et à préserver la ressource en eau. Pour cela, plusieurs outils existent.

Le domaine public fluvial, actuellement géré par les services de l’Etat, devrait être prochainement transféré. Ce transfert prévoit la passation de propriété et de gestion à une collectivité territoriale ou à un groupement de collectivités. L'État pose néanmoins un critère majeur pour ce transfert : la préservation de la cohérence hydraulique. Tout l’enjeu est là, car le désengagement de l’Etat induit un risque d’éclatement de la gestion du DPF. C’est pourquoi, bien qu’aucun organisme ne se soit encore manifesté officiellement, la gestion unitaire du DPF par un organisme unique doit être affirmée. Ce principe est le socle d’une gestion écologique. Il constitue en effet la garantie d’une gestion homogène du cours d’eau et des berges, nécessaire au respect des espèces et des habitats, et à l’atteinte du bon état écologique des milieux exigé par la DCE d’ici à 2015.

Sur le bassin versant de la Dordogne, la gestion des cours d’eau est assurée par une multitude d’établissements à compétence rivière : 113 structures ont été identifiées, dont 45 prennent la forme juridique de syndicats, 56 de communautés de communes, et 12 de syndicats mixtes. Les politiques de gestion de ces structures se révèlent très disparates et leur grand nombre complique souvent la mise en œuvre d’actions coordonnées. L’échelle d’intervention ne correspond pas souvent à une logique de bassin versant. Ainsi, là aussi, pour garantir une gestion écologique cohérente, il conviendrait de développer entre ces différentes structures des conventions d’objectifs. Sur les grands cours d’eau interdépartementaux (Vézère, Isle, Dronne), la mise en place de schémas directeurs de gestion des berges et du lit sur les grands cours d’eau interdépartementaux viendrait appuyer la gestion unitaire.

La « bonne santé » d’un cours d’eau est également assurée par la nature et la qualité des interventions qui y sont réalisées. Une intervention sur un cours d’eau peut se justifier par des besoins sociaux qui doivent être préalablement définis, mais elle doit constituer l'exception. Sur le bassin de la Dordogne, les interventions sur le cours d’eau et les berges peuvent se justifier pour :

- prévenir les inondations, - protéger certaines infrastructures voisines des cours d’eau, - sécuriser la pratique des loisirs aquatiques, - restaurer la qualité des habitats et le paysage des cours d’eau, - contenir la prolifération des espèces invasives.

Toutefois, si une intervention est décidée, elle doit prendre en compte les réalités écologiques des milieux et prendre des formes douces. Le recours aux engins doit être limité au strict minimum et les méthodes utilisées doivent être issues autant que possible du génie végétal.

7.3.4. Reconquérir les espaces alluviaux et protéger les zones humides

Les terrains alluviaux sont des zones sensibles du fait de la proximité des cours d’eau. Toute intervention perturbant les écosystèmes peut avoir des conséquences en chaîne sur les milieux aquatiques et péri-aquatiques alentours. Par ailleurs, ces espaces souffrent, comme beaucoup d’autres, d’une fragmentation de leur territoire liée à l’aménagement d’infrastructures ou au développement d’activités souvent impactantes.

Pour reconquérir ces espaces, il faudrait dans un premier temps les identifier selon plusieurs critères : une situation stratégique à proximité d’une zone de baignade, la présence d’une espèce menacée ou bien la possibilité de développement d’une activité ou d’un aménagement susceptible de perturber leurs fonctions biologiques. Une fois cette étape réalisée, le recours à des outils d’acquisition et/ou à des conventions de gestion peuvent être imaginés afin de les sauvegarder.

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Par ailleurs, une partie de ces terrains sont des zones humides. Ces milieux naturels, qu’ils soient grands ou petits, remarquables ou ordinaires, jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des bassins versants. Ils constituent des zones tampons entre les ruissellements des pentes, les cours d’eau et les nappes souterraines.

Les multiples fonctions que les zones humides accomplissent gratuitement en font de véritables infrastructures naturelles œuvrant pour l’intérêt général. Les effets de leur préservation sur l’environnement (hydrologie des cours d’eau, qualité de l’eau, biodiversité…) sont d’autant plus importants qu’ils se cumulent à l’échelle des bassins versants.

Plusieurs principes de gestion pourraient guider la conservation de ces milieux, déjà identifiés sur le bassin versant de la Dordogne :

- mener une action généralisée pour améliorer la prise en compte des zones humides dans toutes les démarches d’aménagement et de développement des territoires. Pour faciliter la prise de conscience, il serait souhaitable d’intégrer les zones humides dans les documents d’urbanisme,

- lorsqu’une zone humide a conservé ses fonctionnalités, veiller ce qu’elle soit préservée. Sans recourir à une sanctuarisation du milieu, le principe pourrait être celui de la non-intervention,

- si un aménagement doit absolument être mené par intérêt général et qu’il risque d’être dommageable pour une zone humide, rechercher les moyens de limiter et compenser les dégâts occasionnés. Le SDAGE Adour-Garonne propose ainsi la recréation de zones humides équivalentes à 150 % de la surface perdue,

- et rétablir la fonctionnalité de zones humides dégradées.

7.3.5. Conserver la diversité des paysages du bassin de la Dordogne

Les paysages du bassin versant de la Dordogne, réputés pour leur diversité, leur beauté, leur histoire, leurs caractères bucolique, champêtre et naturel, ont forgé l’identité du territoire. Ils lui ont permis de se faire connaître et reconnaître au-delà même des frontières nationales. Or les qualités qui constituent l’essence même des paysages sont régulièrement aujourd'hui menacées d’homogénéisation, voire d’appauvrissement.

Les connaissances relatives à ces dégradations restent approximatives. Un objectif visé consiste donc à qualifier l’évolution des paysages sur la vallée de la Dordogne à partir d’une étude sur les paysages réalisée en 1995. Un Plan Paysage a été réalisé sous maîtrise d’ouvrage EPIDOR. Il a permis de caractériser les paysages de la vallée de la Dordogne en individualisant des unités et des sous-unités paysagères et d’en réaliser une analyse prospective. Dans un deuxième temps, l’étude a conduit à l’élaboration des grands principes d’une politique paysagère et à l’identification des actions qui en découleraient.

La réactualisation du Plan Paysage permettrait en premier lieu de déterminer clairement les évolutions majeures des paysages de la vallée de la Dordogne depuis 15 ans. Etant donné la contemporanéité des constats dressés dans le Plan Paysage, il est fort probable que les problématiques identifiées en 1995 se révèlent toujours d’actualité en 2010. L’étude permettrait ensuite de cibler les territoires sur lesquels il serait prioritaire d’agir. Il s’agira alors de définir les outils et les mesures les plus adaptés pour limiter la banalisation des secteurs visés. Enfin, il sera important que le nouveau plan soit valorisé et diffusé auprès des élus et des acteurs gestionnaires du territoire, ce qui a grandement manqué au premier.

En outre, la réalisation d’un nouveau Plan Paysage permettrait de prôner l’utilisation d’outils d’aménagement du territoire existants, dans le but de préserver la cohérence territoriale des entités paysagères : réguler le mitage urbain, limiter la reforestation par plantation d’espèces à croissance rapide, soutenir une agriculture intégrée et diversifiée… Plus largement, il est important de promouvoir l’intégration de l’environnement et de l’aménagement durable dans les documents d’urbanisme (plan local d’urbanisme –PLU, plan d’occupation des sols –POS, schéma de cohérence territoriale –SCOT).

Enfin, pour lutter contre la banalisation des paysages, un dernier objectif consiste à améliorer la préservation des espaces paysagers sensibles (les coteaux de la vallée de la Dordogne par exemple, les forêts alluviales, les

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haies bocagères des palus ou des vallées), en encourageant leur plus grande intégration dans les documents d’urbanisme et en insistant auprès des acteurs locaux sur l’existence d’outils de protection conçus à cet effet. Les outils de protection sur lesquels il serait judicieux de communiquer davantage sont :

- les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) : ce dispositif vise à mettre en valeur des quartiers ou des paysages pour des motifs d’ordre esthétique ou historique et à protéger leur identité patrimoniale. Il s’applique sur un périmètre défini, complète les PLU ou les POS et crée un cadre de concertation entre l’Etat et les collectivités impliquées, favorable à des modes de gestion localement adaptés,

- les espaces boisés classés (EBC) : ce dispositif permet de classer des bois, des forêts, des parcs, des arbres isolés, des haies et des plantations d'alignement comme espaces boisés à conserver, à protéger ou à créer. Dès lors ces espaces sont répertoriés dans les PLU ou les POS, ce qui oblige à une gestion forestière réfléchie et concertée,

- les espaces naturels sensibles (ENS) : ce dispositif vise à acquérir, préserver et aménager des espaces vulnérables car menacés par des pressions extérieures, ainsi qu’à sensibiliser le public sur leurs richesses. Ces espaces relèvent des politiques départementales de préservation des sites, paysages et milieux naturels de qualité. Les départements disposent ainsi de moyens juridique (droit de préemption) et financier (Taxe Départementale des Espaces Naturels Sensibles –TDENS).

7.3.6. Maintenir une agriculture vitale pour le territoire et œuvrer pour une forêt productive

Les agriculteurs ont à faire face à de vrais défis : - fournir des produits de haute qualité sanitaire et alimentaire alors que les prix ne sont pas

suffisamment rémunérateurs dans certaines productions, en particulier l’élevage, - intégrer des sujétions environnementales tout en maintenant des niveaux de production suffisants, - maîtriser le coût des facteurs de production qui croît plus vite que le prix des produits vendus, - maintenir l’activité agricole dans un contexte d’augmentation du prix des terres liée à l’expansion des

zones bâties.

Par ailleurs, s’y ajoutent des crises sanitaires (fièvre catarrhale ovine) et climatiques (sécheresse) qui fragilisent les trésoreries. Enfin, l’incertitude quant au contenu de la Politique Agricole Commune (PAC) en 2013, ainsi que la fin programmée des quotas laitiers en 2015, laissent les agriculteurs dans l’expectative. En outre, leur place dans la société rurale évolue et il n’est pas rare que des conflits d’usage naissent là-même où jadis les activités agricoles s’exerçaient sans difficulté.

Or, le maintien d’une agriculture dynamique et respectueuse de l’environnement est nécessaire à la qualité du bassin de la Dordogne. C’est pourquoi, d’une part, des initiatives doivent être prises pour soutenir les agriculteurs qui le peuplent et pour favoriser l’installation de jeunes agriculteurs. Il est nécessaire, d’autre part, que les agriculteurs participent à la gouvernance des territoires au regard du rôle qu’ils y jouent.

Soutenir les activités agricoles dans l’esprit du programme Homme et Biosphère revient à : - associer les produits de qualité à l’image du bassin de la Dordogne afin d’en faciliter la

commercialisation à bon prix, - veiller à ne pas consommer les terres agricoles, sauf en cas de nécessité, et limiter la pression foncière,

source de tension sur le prix du foncier, - mettre en valeur les activités agricoles, non pas seulement à travers le poids de la tradition qu’elles

sous-tendent, mais aussi dans ce qu’elles ont de moderne.

Concernant les forêts, la diversité des modes de gestion et des classes d’âge des forêts procurent de belles « ambiances forestières » et contribuent à la qualité des paysages. Une forêt peu exploitée n’est pas automatiquement « remarquable » en termes de biodiversité. Autrement dit, conservation de l’environnement et production forestière sont compatibles.

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Par ailleurs, la forêt procure une activité économique qui est essentielle pour le bassin de la Dordogne. Il faut donc veiller à ce qu’elle soit gérée activement, selon les bonnes pratiques sylvicoles, et qu’elle soit régulièrement renouvelée par régénération naturelle, voire artificielle, si nécessaire.

Or, certains propriétaires hésitent à reboiser, d’autant qu’ils craignent la dent du cervidé en certains secteurs. Par ailleurs, la forêt reste très morcelée, difficile d’exploitation, au point que certains propriétaires ne jouent pas leur rôle de sylviculteur.

C’est pourquoi il faut : - œuvrer à mieux faire connaître les modes de sylviculture qui garantissent une bonne richesse

écologique, associée à une production satisfaisante, - soutenir les efforts de regroupement des opérations sylvicoles, source d’économies, - et développer l’accès aux contrats sylvi-environnementaux dans les sites Natura 2000.

Il faudrait également que les communes développent leur sensibilité à l’égard de l’activité sylvicole et qu’elles actent les efforts réalisés dans la gouvernance du transport des bois ronds, activité qu’elles perçoivent parfois négativement.

7.3.7. Promouvoir une politique environnementale transversale

Pour contenir les pressions qui s’exercent sur les milieux aquatiques et sur la ressource en eau, mettant en péril la biodiversité aquatique et la disponibilité d’une eau de bonne qualité et en quantité suffisante pour toutes les utilisations, il est nécessaire d'intégrer davantage la protection et la gestion de l’eau et des milieux aquatiques dans les autres politiques publiques, telles que celle de l'énergie, celle des transports, la politique agricole, celle de la pêche et celle du tourisme.

Cette diversité dans la planification et la mise en œuvre de mesures visant la protection et l'utilisation écologiquement viable des eaux doit être prise en compte dans le cadre du bassin hydrographique. Cela reviendrait à développer une politique d’aménagement du territoire intégrée et cohérente à cette échelle.

Si ces principes sont aujourd’hui bien assimilés, il convient d’assurer leur mise en œuvre dans un contexte où le fractionnement des territoires (régions, départements, communes) et des compétences prévaut encore largement.

Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) renforcent l’action réglementaire de l’Etat. Ils seront établis à l’échelle des principaux sous-bassins versants de la Dordogne (dans les 15 années à venir) et apparaissent comme des outils appropriés pour aider à mettre en œuvre une gestion intégrée des rivières.

Issus de la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux sont des outils de planification qui fixent les objectifs d’utilisation, de valorisation et de protection de la ressource en eau et des milieux aquatiques. Les SAGE permettent de préciser localement le droit de l’eau selon les spécificités du territoire considéré. La nouvelle Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) du 30 décembre 2006 a renforcé la portée règlementaire de ces outils. Opposables aux décisions administratives prises dans le domaine de l’eau et aux documents d’urbanisme, ils sont maintenant devenus opposables aux tiers. Les SAGE sont des outils de gestion concertée. Ils sont désormais considérés comme l’outil privilégié pour l’application de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau. La mise en place de SAGE est l’une des priorités affichées du SDAGE 2010-2015, notamment dans son volet A intitulé : « Créer des conditions favorables à une bonne gouvernance ».

Dans ce contexte, EPIDOR a engagé une réflexion pour préciser les périmètres et les thématiques de SAGE pour couvrir l’ensemble du bassin versant de la Dordogne en s’appuyant sur cinq lignes directrices :

- prendre en compte les démarches et enjeux territoriaux, - traiter les grands enjeux du bassin versant de la Dordogne, - poursuivre et renforcer les plans de gestion en cours (Plan de Gestion d’Etiage, contrats de rivière…),

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- s’appuyer sur le rôle fédérateur dévolu par le Code de l’Environnement aux Etablissements Publics Territoriaux de Bassin (EPTB),

- être efficace et opérationnel.

Une proposition découle de cette réflexion :

- le SAGE Isle Dronne qui couvre l’ensemble du bassin versant de l’Isle Les enjeux majeurs de ce territoire sont la problématique des étiages et la maîtrise de l’irrigation agricole ; la gestion des grands axes fluviaux ; la lutte contre les pollutions diffuses (nitrates et produits phytosanitaires) ; la réduction de l’impact de la microélectricité et la restauration de la continuité écologique des rivières ; la restauration des populations de poissons migrateurs ; la restauration des cours d’eau recalibrés et la préservation des zones humides ; la maîtrise de l’impact de l’agglomération de Périgueux qui représente, à elle seule, 18 % de la population du territoire ; la valorisation touristique (activités nautiques, baignade, pêche).

- le SAGE Haute Dordogne qui couvre le bassin versant de la Dordogne en amont de la confluence avec la Vézère à Limeuil

Les enjeux majeurs du territoire sont la grande hydroélectricité, les barrages influençant fortement la qualité écologique, l’activité économique et le développement touristique. Il est nécessaire que l’ensemble des barrages ainsi que leur zone d’influence s’inscrivent dans le même territoire de gestion ; la maîtrise des pollutions diffuses d’origine agricole qui, selon les parties du territoire, prennent différentes formes ; la préservation des zones humides, remarquables ou banales, dont il est indispensable d’enrayer la disparition afin de préserver les espèces qu’elles abritent ainsi que leurs fonctionnalités, notamment le stockage et l’épuration des eaux ; la gestion des grands axes fluviaux ; la restauration des poissons migrateurs ; les loisirs aquatiques et le maintien de la qualité des eaux de baignade des rivières et des plans d’eau ; la valorisation paysagère du territoire ; la maîtrise des différents rejets polluants (industriels, domestiques…) ; l’impact des gravières présentes sur le territoire ; la prévention et la gestion des inondations ; la pêche (pêche de loisir et pêche professionnelle) ; les difficultés des collectivités rurales vis-à-vis de l’épuration des eaux usées et de l’alimentation en eau potable.

- le SAGE Vézère, dont les enjeux seraient similaires à ceux du SAGE Haute Dordogne

- le SAGE Dordogne Atlantique qui couvrirait le périmètre du contrat de rivière Dordogne Atlantique, c’est à dire le bassin latéral de la partie aval de l’axe Dordogne, sur la portion située entre Limeuil et la limite amont du SAGE Estuaire de la Gironde.

Les grands enjeux de ce territoire sont : la restauration des populations de poissons migrateurs avec en particulier les problèmes majeurs de libre circulation qui conditionnent l’accès à tout le reste du bassin versant ; les pratiques agricoles avec la gestion des effluents vinicoles, la lutte contre les pollutions diffuses (produits phytosanitaires), la gestion de l’irrigation sur certains affluents (en particulier le Caudeau, la Louyre, la Couze et la Lidoire) ; la gestion des grands axes fluviaux ; les loisirs aquatiques et le maintien de la qualité des eaux de baignade des rivières ; la préservation des zones humides ; la pêche (pêche de loisir et pêche professionnelle) ; l’impact du secteur industriel (Bergerac...) ; la prévention et la gestion des inondations en particulier sur le secteur des palus girondins.

La circulaire du 21 avril 2008 précise qu’afin d’assurer la cohésion des SAGE sur des territoires interdépendants, une cellule de coordination inter-SAGE peut être mise en place. Cette coordination est également une volonté du Comité de Bassin (cf. projet de SDAGE, mesure A11). Pour mettre en place une telle interaction entre les SAGE, un membre du collège des élus de chacune des CLE pourra être désigné afin de représenter son territoire dans la CLE des SAGE voisins.

Par ailleurs, l’EPTB Dordogne contribuera naturellement à assurer la cohésion entre les SAGE du bassin versant de la Dordogne.

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Les instances de gestion de la réserve de biosphère pourraient également, selon des modalités qu’il reste à préciser, prendre part à cette nécessaire coordination. Durant la phase d’émergence, elles pourront être consultées pour avis sur le périmètre, l’organisation et les thématiques des SAGE.

7.3.8. Inciter et soutenir la recherche et l’observation sur le bassin de la Dordogne

La volonté de développer la recherche autour des objets d’étude que sont le bassin versant et la vallée de la Dordogne, est ancienne et inscrite dans la Charte Vallée de la Dordogne (1992) à travers les consensus suivants :

- 346- Promouvoir la vallée de la Dordogne comme un champ de recherche d’intérêt international.

- 347- Développer le partenariat entre les collectivités, les usagers, les centres de recherche et les universités pour la mise en œuvre de recherche appliquée.

De plus, la volonté d’améliorer la connaissance du patrimoine floristique, faunistique, des écosystèmes et des usages, de la centraliser et de la partager par l’intermédiaire d’un observatoire de bassin a également été exprimée dans la Charte Vallée Dordogne. Plusieurs consensus y font référence, parmi lesquels :

- 311- Assurer une meilleure diffusion et une meilleure prise en compte des études de tous types par les acteurs administratifs, techniques et économiques et le grand public par la création et l'animation d'un Observatoire de la vallée.

- 312- Dans le cadre de l'Observatoire Vallée Dordogne, développer des programmes d'études sur la vallée de la Dordogne par un partenariat entre les centres de recherche, les universités, les collectivités, les chambres consulaires et les usagers.

- 341- Favoriser l'acquisition, la conservation et la diffusion du savoir-faire en matière de gestion de l'environnement et des cours d'eau ; envisager pour cela la création d'un observatoire du bassin de la Dordogne […].

- 351- Favoriser la cohérence de la gestion grâce à une meilleure disponibilité des informations : créer un Observatoire Vallée Dordogne en collaboration avec tous les intervenants.

Depuis 20 ans, de nombreuses recherches ont été menées sur le bassin de la Dordogne, mises en œuvre par une diversité d’acteurs, comme en atteste l’état des lieux de la recherche sur le territoire. De même un observatoire a bien été créé et constitue aujourd’hui l'une des missions fondamentales d’EPIDOR35.

Concernant la recherche, au regard de l'état des lieux de la production de connaissances sur le bassin, des propositions des chercheurs enquêtés36, ainsi que des débats qui ont eu lieu lors des réunions de construction du projet de réserve de biosphère (dont notamment les réunions ARDI), certaines thématiques peuvent être proposées, pour lesquelles de nouvelles connaissances pourraient être acquises par le biais de travaux de recherche :

- devenir des grands barrages à l’horizon 2100, impacts actuels et futurs sur les milieux aquatiques et la dynamique de la rivière,

- composition et dynamiques des habitats aquatiques, de la faune et de la flore, y compris des premiers étages des écosystèmes (planctons, microfaune…) ; fonctionnalité des milieux aquatiques (biodiversité, autoépuration, hydrodynamique) et de leurs aménités (paysages…),

- organisation et fonctionnalités des espaces de la vallée : analyse des éléments du paysage (rôle de la forêt, des zones humides et des espaces agricoles dans le cycle de l’eau) et des équilibres

35 Voir chapitre 6.1. portant sur l’état de la recherche dans le bassin versant de la Dordogne et chapitre 6.2. portant sur la surveillance des milieux naturels. 36 Rappel : une enquête a été réalisée dans le cadre du projet de construction de la réserve de biosphère, pour dresser un état des lieux de la recherche sur le bassin de la Dordogne. Une question a porté sur l’identification de thématiques de recherche qui seraient pertinentes à développer pour de futurs travaux de recherche concernant l’environnement sur le bassin de la Dordogne.

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hydrologiques (fonctionnement des milieux aquatiques souterrains tels que le Karst…). La forêt a été particulièrement mise en avant lors des réunions ARDI et ressort également lors de l'enquête auprès des chercheurs,

- impact du réchauffement climatique sur l’agriculture, l’exploitation forestière, …, du bassin versant en lien également avec la gestion des retenues en amont des barrages hydroélectriques (réserve d'eau en vue de futures sécheresse ?),

- perceptions des usagers de la rivière, des riverains… : analyse des savoirs profanes, de l’histoire des usages et des répercussions actuelles en termes de gestion,

- modes d’organisation des usagers, d’actions publiques, de gouvernance, de gestion sur le territoire, et leur capacité à prendre en compte le multiusage. L'enjeu de préservation de tous les usages et de leur conciliation a également été particulièrement mis en exergue lors des réunions ARDI.

Cette liste non exhaustive, constituée de propositions, serait à débattre avec les parties prenantes du territoire et le comité scientifique de la future réserve de biosphère. Par ailleurs, l’ensemble des propositions de recherche formulées par les chercheurs interviewés est récapitulé dans le tableau pages suivantes.

Au regard de ces éléments et sachant que l’une des principales missions d’une réserve de biosphère consiste à encourager et soutenir la recherche et l’observation « de la biodiversité, de la durabilité et de la qualité de vie des habitants »37, la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne aura pour tâche de poursuivre dans cette direction que ce soit en matière de recherche ou d’observation. Elle aura également pour mission de faire du bassin versant de la Dordogne un espace attractif pour la recherche, et de susciter la mise en œuvre d’études en rapport avec les thématiques définies et les enjeux du territoire.

Enfin pour faciliter une telle dynamique, le travail de l’équipe animatrice de la future réserve de biosphère consistera à trouver et à organiser les moyens de la recherche et pourrait ainsi déboucher sur la mise en place d’un Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS).

37 In Stratégie de Séville, Programme sur l’Homme et la Biosphère.

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-Document 81- Proposition de thématique de recherche, précisée à titre d’exemple

« Dordogne et développement territorial : quelle plus-value liée à la présence de la rivière pour les territoires riverains ? Analyse socio-économique des effets directs et indirects. »

Les cours d’eau sont des moteurs historiques du développement économique des territoires qu’ils traversent. Le patrimoine fluvial, naturel et culturel, matériel et immatériel, héritage collectif, devrait être considéré comme un vecteur de développement social et économique. Il contribue en effet directement à l'économie d'un bassin versant : emplois, études, interventions sur les cours d'eau, développement des usages, etc. Il est également évident que les cours d’eau participent à l’image de marque d’un territoire et à son attractivité.

Toutefois, les bénéfices liés à la présence d’un cours d’eau ne sont pas tous clairement identifiables, notamment lorsqu’ils sont indirects, tels que la valorisation foncière qui résulte de l’attractivité des territoires. Il est ainsi estimé qu’un euro investi dans les aménagements des cours d’eau (tourisme fluvial, pêche, activités nautiques, etc.) produit deux euros d’effets économiques directs et indirects sur les territoires concernés. De plus, ils concernent souvent un territoire d’impact bien plus large que la seule proximité du cours d’eau ou sa vallée géographique. Ainsi le patrimoine fluvial ne peut être seulement envisagé à travers les effets directs que sa présence produit sur un territoire, mais doit également être analysé au regard de ses nombreux effets indirects sur l’économie, l'emploi et la vitalité d’un bassin versant : maintien des savoir-faire techniques, développement de compétences ou d'activités nouvelles générant des emplois directs et indirects, économie des ressources, etc.

Des comparaisons « par défaut » font apparaître que les territoires qui ne conduisent pas d'actions relatives à leur identité, à la qualité de leur image et à l'amélioration de leur cadre de vie subissent, plus que d'autres, une perte de substance et une accentuation des phénomènes d'exode. Dans le contexte d’une plus forte décentralisation, le patrimoine fluvial devrait être géré comme un actif économique, notamment par les collectivités territoriales qui sont amenées à s’investir plus dans ce domaine.

Ainsi pour évaluer les retombées d’une politique de conservation du patrimoine fluvial sur le développement local, il faudrait prendre en compte tous ses effets y compris ceux qui s'exercent hors de la sphère traditionnelle d'évaluation (effets indirects). La connaissance et la reconnaissance de l’apport économique du patrimoine fluvial permettraient de justifier la nécessité des politiques de conservation. Il s’agit également de reconnaître, valoriser et gérer le patrimoine fluvial afin de susciter et développer ses usages, pour pouvoir financer les budgets de restauration et conservation, généralement élevés, et optimiser leurs retombées bénéfiques sur les bassins versants. »

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Recensement des propositions de recherches des chercheurs interviewés

Thématiques Propositions de futures recherches Chercheurs intéressés Bi

otiq

ue

Poissons

Comprendre pourquoi il y a si peu de poissons dans la partie estuarienne de la Dordogne (Présence de bouchons vaseux? Diminution des débits? Contamination chimique et/ou métallique? Autres activités polluantes? Etc…)

Comprendre les fonctionnements de populations d'anguilles, d'aloses et d'esturgeons en vue de leur gestion (conservation, restauration). Cela intègre des travaux concernant la qualité de l'environnement et des analyses sociologiques et politiques de la gouvernance de ce patrimoine.

Etudier les espèces migratrices. Ces travaux mériteraient d'être liés au fonctionnement de l'écosystème dans une optique de meilleure compréhension et permettraient de dégager des grandes règles de gestion voire d’ingénierie de la réhabilitation. Eric Rochard

Forêts

Connaître les habitats et la naturalité, la fonctionnalité et l'ancienneté des habitats forestiers Philippe Raynard

Développer les études naturalistes dans les forêts de pente (très mauvaise connaissance dans tous les compartiments de l'écosystème forestier, surtout les chiroptères et l'entomofaune) Romain Rouaud

Partie amont du bassin, de Beaulieu sur Dordogne aux sources : Mener des études archéologiques dans les forêts de pente

Milieux aquatiques Déterminer la capacité d'accueil du bassin versant Dordogne en termes d'habitat pour la faune et la flore aquatique

Abio

tique

Hydroélectricité

Mener des études archéologiques et paléoenvironnementales lors de la vidange des barrages. Le sédiment a fossilisé les villages et les sites archéologiques, possibilité de faire des études du bâti, de dater l'occupation de la vallée. Romain Rouaud

Comprendre, d'un point de vue écologique le rôle et la fonctionnalité, et évaluer l'impact sur les flux de matière dans les rivières.

Alexandra Coynel Eric Maneux

Evaluer la pérennité du système de barrage de la Dordogne par rapport à l'évolution de la ressource en eau. Avec le changement climatique et les sécheresses qui pourraient s'aggraver, le développement de réserves d'eau sera de plus en plus demandé par les consommateurs.

Evaluer les impacts sur les flux et les écosystèmes fluviaux Quantité d'eau S'interroger sur la gestion des étiages sévères Agriculture Déterminer et négocier des volumes prélevables pour l'irrigation

Qualité de l'eau A l'aval des stations d'épuration, étudier le rôle des aménagements végétalisés (Zones de rejet végétalisées) dont on ne connaît pas suffisamment les 3 compartiments: eau/sol/plante pour proposer des bases de dimensionnement étayées permettant de protéger davantage les milieux.

Catherine Boutin

Hydrologie Créer et assurer le suivi de plusieurs sites expérimentaux représentatifs de plusieurs modèles hydrodynamiques souterrains: très riche d'enseignement et fort utile sur un territoire où les milieux superficiels offrent au tourisme un attrait tout particulier.

Soci

oéco

nom

ique

Usages

Définir les liens entre les différentes formes de pêche et les territoires

Armelle Faure Etudier la notion de riveraineté et son ampleur territoriale comparée avec son ampleur réelle physique, hydrologique Identifier les conflits entre acteurs autour du fleuve et s'interroger sur leurs modes de gestion Etudier l'évolution de la perception de l'agriculture irriguée depuis un siècle

Etudier la synergie entre développement agricole et protection des ressources en eau, institutionnalisation de l'ingénierie territoriale nécessaire à la gouvernance environnementale Ludovic Méasson

Etudier l'histoire de l'industrie verrière dans les gorges de la Cère et de la Maronne (un certain nombre de sites jamais étudiés). Romain Rouaud

Patrimoine, culture, histoire

Etudier les visions et les perspectives d'avenir qu'ont les riverains de leur fleuve du point de vue environnemental, social et culturel (horizon 2050 par exemple) Armelle Faure

Etudier les modes de vies au fond de la vallée Romain Rouaud

Modalités de gestion de l'Eau

Etudier les conséquences, sur les écosystèmes aquatiques et leurs usages, de la gouvernance territoriale de l'eau, et de la gestion partagée des systèmes d'informations sur l'eau

Etudier les modes de concertation, les politiques publiques et la gestion de l'eau au niveau du bassin versant, notamment les réseaux et interactions entre acteurs publics (Etat, collectivités, établissements publics), associatifs - société civile, et privés (agriculteurs, producteurs d'énergie...)

Forêts

Réaliser des enquêtes auprès des propriétaires forestiers et de représentants de la filière bois sur le devenir des forêts des gorges.

Romain Rouaud Poursuivre les travaux sur l'histoire de la forêt

Etudier l'histoire du châtaignier dans les gorges, sa culture dans les pentes et sur les plateaux, sa commercialisation par la vallée.

Poissons Comprendre les fonctionnements de populations d'anguilles, d'aloses et d'esturgeons en vue de leur gestion (conservation, restauration). Cela intègre des travaux concernant la qualité de l'environnement et des analyses sociologiques et politiques de la gouvernance de ce patrimoine.

-Document 82- Recensement des propositions de recherche des chercheurs interviewés

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7.3.9. Développer la culture de l’eau et les solidarités du bassin versant à travers les actions de pédagogie

La promotion d’une gestion durable et intégrée de l’eau sur le bassin de la Dordogne repose sur le fait que la population et l’ensemble des parties prenantes prennent conscience qu’ils partagent un même territoire, lié par son réseau hydrographique. De fait, les résidents et acteurs du développement partagent une communauté de destin qui s’exprime à travers les multiples enjeux de la gestion de l’eau, qui les relient et qui créent ainsi des interdépendances fortes entre population de l’amont (Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze, Lot) et population de l’aval (Lot, Dordogne, Gironde). Cette prise de conscience est nécessaire au développement des solidarités qui augmenteront l’acceptabilité des politiques publiques visant le développement durable et des arbitrages qui en découlent.

A cette fin, la mise en œuvre d'une réserve de biosphère sur le bassin versant de la Dordogne offre une opportunité intéressante de structurer des actions pédagogiques à l'échelle du bassin versant, ayant vocation à développer la culture de l'eau et du territoire.

En outre, mettre en œuvre une politique pédagogique active sur le bassin versant de la Dordogne répondrait à une volonté ancienne des acteurs du bassin, inscrite dans la Charte Vallée Dordogne comme en témoignent ces trois consensus :

- 342- Définir un programme pédagogique Vallée Dordogne et des projets centrés sur la découverte du cours d’eau et de son environnement.

- 344- Favoriser toute initiative de formation ou d’initiation à l’environnement intéressant le bassin. - 348- Mettre en place un programme d’actions culturelles bassin Dordogne.

Il existe une offre pédagogique conséquente sur le bassin versant qui doit être encouragée et poursuivie. La future réserve de biosphère aura un rôle important à jouer à plusieurs niveaux et auprès de plusieurs publics :

- poursuivre et approfondir les actions de pédagogie déjà mises en œuvre auprès des décideurs et des gestionnaires du bassin versant,

- poursuivre et approfondir les actions d’éducation et de sensibilisation auprès des milieux scolaires, - mettre en œuvre une communication sur le contenu, et les implications pour le territoire, de la

présence d’une réserve de biosphère, par le biais de différents supports, et adaptée à différents publics.

Le tableau ci-dessous détaille les actions de pédagogie qui pourraient être mises en œuvre dans le cadre d’une réserve de biosphère.

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Public concerné Propositions de projets pédagogiques

Tout type de public

Constituer un centre de ressources et d’information autour des rivières du bassin versant de la Dordogne et numériser la base bibliographique d’EPIDOR. Ce centre pourrait regrouper les ressources bibliographiques d’EPIDOR et d’autres partenaires désirant participer au projet et mettre à profit leurs connaissances. Il pourrait également jouer à terme le rôle de centre d’accueil pour la future réserve de biosphère

Mettre en réseau et coordonner des acteurs opérant dans la sensibilisation et la pédagogie à l’environnement, afin de structurer les événementiels préexistants à l’échelle du bassin versant. A titre d’exemples, cela pourrait s’appliquer au Big jump, aux ‘Cours d’eau’ d’H2O, aux manifestations organisées par le Conservatoire des rives de la Dordogne… De nouveaux événementiels pourraient également être pensés sur les thématiques de l’eau à l’échelle du bassin versant de la Dordogne

Constituer et diffuser un guide des bonnes pratiques à l’adresse des usagers et riverains des rivières du bassin versant de la Dordogne

Décideurs et gestionnaires

Former les élus, techniciens et entrepreneurs du BTP au sujet des zones humides : transmettre des connaissances sur ces milieux naturels sensibles, faciliter leur intégration dans les documents d’urbanisme, former sur l’emploi de méthodes d’intervention adaptées

Elaborer un guide à destination des élus afin de promouvoir la place de l’eau et de la nature dans l’aménagement du territoire. Ce guide reprendra les éléments essentiels de connaissance sur les écosystèmes aquatiques, sur ce qu’il faut faire et ne pas faire et surtout sur l’art et la manière de donner toute sa place à l’eau et à la nature sur le territoire des collectivités (voir texte de l’appel à projet pages suivantes)

Milieux scolaires

Création de partenariats entre les rectorats et les inspections académiques intervenant sur le bassin versant de la Dordogne : étant donné que le territoire s’étend sur plusieurs régions, l’opération consisterait à développer des conventionnements entre ces acteurs pour faciliter leur coopération dans le cadre de projets de sensibilisation, structurés à l’échelle du bassin versant de la Dordogne, et portant sur les thématiques environnementales de l’eau, des milieux aquatiques et péri-aquatiques, et de la gestion durable des cours d’eau

Désigner des personnes référentes au sein des institutions de l’Education Nationale (rectorats et inspections académiques) pour faciliter la coordination des acteurs, et développer des programmes d’Education à l'Environnement pour un Développement Durable (EEDD) à l’échelle du bassin de la Dordogne

Elargir le projet de classes d’échange permettant de faire découvrir le bassin de la Dordogne et les enjeux qui lui sont associés à un plus grand nombre de classes, et le pérenniser

Développer des animations régulières dans les classes (cycles 1, 2 et 3) des écoles du bassin de la Dordogne, mises en œuvre par des professionnels de l’EEDD, pour sensibiliser les scolaires aux spécificités d’un bassin versant, aux thématiques de l’eau, des milieux aquatiques, des usages, et de la gestion intégrée

Collectivités territoriales

Acteurs socio-économiques

Elaborer un inventaire des actions de développement durable mises en œuvre sur le bassin de la Dordogne par différents acteurs : communes, conseil généraux, conseils régionaux, chambres consulaires, services de l’Etat… Cet inventaire pourrait prendre la forme d’un recueil thématique qui centralise ces actions et pourrait être valorisé et diffusé par le biais d’un « portail » numérique (avec une cartographie interactive pour localiser les actions) et d’un annuaire papier

Propositions d’actions de communication

Collectivités territoriales

Acteurs du tourisme

Autres

Créer un guide à diffuser sur support papier et numérique : pourquoi et comment se servir du label pour valoriser le territoire

Organiser un ou plusieurs événementiels (gala, conférence de presse), mobilisant des personnalités de l’UNESCO, du territoire et l’ensemble des élus du bassin de la Dordogne qui auront porté haut les valeurs du projet afin de célébrer l’entrée du territoire dans la « Bios’ère ». Cette démarche pourrait être accompagnée d’un séminaire et d’un site Internet dédié permettant de recueillir des témoignages d’habitants par exemple. Un événementiel de grande ampleur permettrait de valoriser un travail de fond mené depuis plus de 20 ans (Charte Vallée Dordogne -1992 ; Etats généraux de la Dordogne -2002)

Rédiger et diffuser régulièrement des lettres d’information, des communiqués de presse, pour communiquer sur le projet et sur le territoire (support papier et/ou numérique)

-Document 83- Propositions d’actions pédagogiques à développer dans le cadre de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne

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-Document 84- Projet de formations pour élus, techniciens et entrepreneurs

Le projet que nous proposons se situe en amont de l’acquisition foncière visée par l’appel à projets de l’Agence de l’eau Adour-Garonne mais il en constitue, à nos yeux, un préalable essentiel tant du point de vue de l’efficacité que de la pédagogie de l’opération.

Contexte Depuis une vingtaine d’années, la législation évolue rapidement dans le sens d’une plus grande prise en compte de l’environnement et des cours d’eau dans les politiques publiques. En 2000, la directive cadre européenne sur l’eau (DCE) impose l’atteinte du bon état écologique de nos cours d’eau en 2015. La France a traduit cette directive dans le droit français dans la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006. Elle reprend les objectifs de la DCE et fait évoluer les politiques publiques en matière de gestion des cours d’eau vers des interventions ciblées et adaptées aux enjeux : inondations, qualité des eaux, restauration du milieu naturel….Le récent Grenelle de l’Environnement prévoit la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions telles que les trames vertes et bleues. Un plan national en faveur des zones humides vient d’être lancé par l’Etat. Ce plan d’action s’inscrit dans le prolongement de la dynamique engagée par le Préfet Bernard en 1994, du premier plan national d’action lancé en 1995 et de ses nombreuses suites jusqu’à aujourd’hui. Dans son programme d’actions, ce plan prévoit, entre autres, de renforcer la prise en compte des zones humides dans les documents d'urbanisme et les Agenda 21 locaux, de développer l’acquisition et la gestion des zones humides dans le cadre de la prévention du risque d’inondation, de mobiliser les maîtres d’ouvrage pour la gestion et la restauration des zones humides et de renforcer la formation et l’information des acteurs ayant un lien avec les zones humides. De ces évolutions politiques et législatives, il découle une demande accrue de clarification du nouveau contexte réglementaire environnemental par les acteurs locaux, et un besoin indispensable en formation des élus, des techniciens et des entreprises de travaux capables de répondre correctement à la commande publique. En effet, les élus se retrouvent souvent démunis face à la diversité des dispositifs de protection et de gestion des ressources et des milieux naturels. Par exemple la commune de Castelnaud-La- Chapelle, 450 habitants, est concernée par 14 zones réglementaires ou bien outils de gestion : 1 site inscrit, 1 site classé, 2 zones Natura 2000, 1 Programme d’Action et de Prévention des Inondations, 1 Plan de Prévention des Risques d’Inondation, des espaces naturels sensibles, 5 ZNIEFF, 1 baignade recensée, 1 schéma de gestion opérationnelle , 1 Plan de Gestion des Etiages de la Dordogne, 1 zone vulnérable aux nitrates, 2 axes bleus à poissons migrateurs, 1 ZPPAUP et demain des trames vertes et bleues et un SAGE en projet. Au-delà de la simple connaissance de ces outils, les contraintes ou préconisations qu’ils proposent sont souvent mal perçues ou mal comprises, voire ignorées, volontairement ou non. Ainsi lors de l’élaboration des documents d’urbanisme, et même lorsque ceux-ci existent déjà, l’intégration de la problématique environnementale dans ces documents apparaît bien compliquée pour les élus. Dans bien des cas, les décideurs se retrouvent noyés par le volet « urbanisme » de la procédure et, sans réel appui technique, en oublient la question environnementale. C’est pourquoi il est aujourd'hui nécessaire de les sensibiliser dans le cadre de formations adaptées, et de les accompagner dans ces démarches. Par ailleurs, il apparaît aujourd'hui nécessaire que ces élus soient accompagnés par des techniciens de proximité qualifiés qui puissent leur apporter une expertise et un soutien dans la gestion des milieux et des ressources naturelles. C’est pourquoi, là aussi, des formations adaptées doivent être pensées. Enfin, si l’ingénierie permet aujourd'hui de trouver des solutions techniques capables de restaurer les milieux naturels, demain, les gestionnaires auront besoin de faire appel à une main d’œuvre qualifiée ayant les connaissances et maîtrisant la technicité adéquate pour travailler sur des projets nécessitant une approche adaptée du milieu naturel. Il reste donc à trouver des entreprises capables de répondre au cahier des charges, et de mener des interventions spécifiques et respectueuses dans des milieux naturels souvent difficiles d’accès (renaturation de cours d’eau, mise en œuvre de systèmes de franchissement, arasement des seuils artificiels…). C’est pourquoi, là encore, des formations adaptées sont nécessaires.

Descriptif Au regard de la situation législative et des besoins locaux, un cycle de plusieurs sessions de formation pourrait être organisé sur le bassin versant de la Dordogne :

- à l’intention des élus « Documents d’urbanisme et gestion de l’eau et des milieux aquatiques » : Comment prendre en compte l’ensemble des aspects liés à l’eau et aux cours d’eau dans l’aménagement du territoire communal (lien PPRI et PLU, SCOT, agenda 21, préemption de terrains en bordure de cours d’eau ou en zones humides, comment gérer ces terres, quelle agriculture pour ces milieux…) ; cette formation serait composée d’une partie théorique permettant de fixer les grands principes d’une gestion équilibrée des milieux et d’une partie pratique permettant d’observer sur le terrain des cas concrets dans des communes ayant mis œuvre les principes d’une gestion équilibrée des milieux.

- à l’intention des techniciens « Les principes d’une gestion respectueuse des milieux humides » (quoi faire et pourquoi),

- à l’intention des entrepreneurs « Une technicité adaptée à une gestion respectueuse des milieux humides » ; comment intervenir sur des milieux humides, quelles précautions, quelle approche, ce qu’il ne faut pas faire….,

- des sessions d’échange entre ces trois publics « Elus, techniciens, entrepreneurs, ensemble pour mieux gérer les milieux humides » : faire se rencontrer ces trois publics leur permettrait d’échanger leurs connaissances mais aussi de mieux comprendre les impératifs et les difficultés de chacun.

Ces sessions de formation seront organisées sur tout le bassin versant de la Dordogne à un rythme qu’il reste à définir. Au travers du projet Leonardo que conduit le Lycée Louis Vicat à Souillac, on pourrait conduire des sessions de formation sur les écosystèmes aquatiques et les interventions en milieux humides pour les personnes en réinsertion, ou déjà en activité dans des entreprises du BTP.

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7.3.10. Récapitulatif de la politique de gestion de la future réserve de biosphère

Axe Enjeux / Objectifs Préconisations

Gestion de l’hydroélectricité et des impacts sur la dynamique fluviale

Evolution du cadre de gestion des barrages Intégration écologique et sociale de la production d’hydroélectricité

Restauration de régimes hydrologiques plus naturels en aval pour une amélioration globale du milieu fluvial Renforcement de la prise en compte des milieux aquatiques et du multiusage dans le cahier des charges du futur concessionnaire

Maintien / amélioration de la qualité des eaux

Lutter contre les pollutions domestiques, agricoles, industrielles :

- enjeu écologique mais aussi économique

- d’où lien avec les problématiques socioéconomiques et la vitalité du fleuve comme bassin de vie

Actions permettant de limiter les effluents d’élevage, les fertilisations et les effluents viti-vinicole Enherbement, haies, maintien des zones humides en bas de pentes Restauration des ripisylves Surveillance de l’assainissement Efforts de connaissance

Restauration des berges Enjeux croisés : maintien de la qualité écologique des milieux et possibilité d’usages diversifiés

Enjeu fort sur la gestion future du DPF après le transfert par l’Etat : affirmer les principes d’une gestion unitaire et cohérente

- conventions d’objectifs entre structures locales

- schémas de restauration des berges

- limiter les interventions de gestion lourdes, éviter les perturbations des fonctions écologiques

Reconquérir les espaces alluviaux et protéger les zones humides

Préservation des milieux sensibles, riches en biodiversité et fournisseurs de services écosystémiques

Identification des milieux sensibles Conventions de gestion Suivi des aménagements et compensation par recréation si nécessaire

Conserver la diversité des paysages du bassin de la Dordogne

Facteur structurant de l’identité territoriale Eviter homogénéisation et banalisation des paysages

Réactualisation du 1er Plan Paysage (retour sur évolution à T+15 ans) Articulation et prolongement dans les documents de planification et d’urbanisme Valorisation des outils de gestion / conservation du patrimoine type ZPPAUP, ENS, EBC

Maintenir une agriculture vitale pour le territoire et œuvrer pour une forêt productive

Enjeux économique et environnemental :

- maintenir une agriculture à haute qualité environnementale

- assurer des niveaux de vie décents

Valorisation des activités agricoles dans leur modernité, et des produits agricoles Limitation de l’érosion des terres agricoles Bonne pratiques sylvicoles garantissant une régénération naturelle des forêts

Promouvoir une politique environnementale transversale

Articuler domaines d’actions et politiques publiques sectorielles Problématique de gouvernance territoriale et environnementale

Elaboration de SAGEs : 4 SAGEs pour couvrir le bassin versant et assurer une gestion intégrée

Inciter et soutenir la recherche sur le bassin de la Dordogne

Renforcer les recherches et les liens avec les chercheurs Mieux connaître et anticiper

Quelques thématiques à forts enjeux identifiés, liste par domaines disciplinaires A discuter

Développer la culture de l’eau et les solidarités du bassin versant à travers les actions de pédagogie

Développer une solidarité de bassin versant (amont-aval) pour améliorer l’acceptabilité des politiques publiques de gestion durable des territoires

Propositions de projets pédagogiques à destination de différents publics

-Document 85- Tableau récapitulatif de la politique de gestion

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7.4. Gouvernance

7.4.1. Structure porteuse : l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR), un acteur à l’échelle du territoire

A la demande des élus de son Conseil d’administration, l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) porte le projet de construction d’une réserve de biosphère de l’UNESCO et a pour cela engagé des collaborations avec de nombreux acteurs du territoire. Dans la continuité des actions déjà mises en œuvre, il en assurera donc la fonction de structure coordonnatrice.

7.4.1.1. Statut et origine

EPIDOR est un établissement public à caractère administratif qui regroupe les six Conseils Généraux concernés par la vallée de la Dordogne : le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Corrèze, le Lot, la Dordogne et la Gironde. Ces départements couvrent la grande majorité du bassin versant de la Dordogne.

Créé en février 1991, par une volonté commune de favoriser un développement coordonné et harmonieux de la vallée et du bassin de la Dordogne, l’établissement public a immédiatement joué son rôle d’animation à l’échelle du bassin en provoquant en février 1992 et après plus de huit mois de préparation, le sommet « Vallée Dordogne ». Celui-ci a réuni 17 délégations issues des six départements et 51 délégués mandatés par leurs pairs. Ce sommet est le résultat de la plus grande concertation jamais engagée sur un bassin versant : 402 propositions ont été discutées et 370 consensus retenus (soit 91 %).

La Charte Vallée Dordogne qui a été adoptée à l’issue de ce sommet constitue un cadre de référence pour l’ensemble des acteurs de la gestion de l’eau et de l’environnement dans le bassin versant. Elle a été signée par tous les délégués mandatés, par le Préfet coordonnateur, par le Ministre de l’Environnement et le Ministre des Affaires Etrangères et par le Président d’EPIDOR.

7.4.1.2. Mission : la gestion concertée des usages à l’échelle du bassin versant

Les six départements ont voulu, par la création d’EPIDOR, impulser et animer une politique de gestion cohérente de l’eau et de l’environnement à l’échelle du bassin versant hydrographique. Cette gestion cohérente repose sur :

- la protection et la restauration des milieux, - l’amélioration de la ressource en eau sur les plans de la qualité et de la quantité, - le développement cohérent des activités économiques liées aux cours d’eau.

Les Conseils Généraux membres ont également confié à EPIDOR le soin d’assurer certains aspects de la mise en œuvre des consensus de la Charte Vallée Dordogne comme la restauration de la qualité des eaux, en jouant un rôle de coordonnateur et de fédérateur à l’échelle du bassin versant de la Dordogne. Cette mission interdépartementale vise à donner plus de poids aux initiatives des Conseils Généraux avec deux bénéfices attendus : l’économie d’échelle et l’obtention de financements extérieurs sur des projets collectifs.

Le champ d’intervention d’EPIDOR s’étend des pentes Ouest du Puy de Sancy jusqu’à l’estuaire de la Gironde. Le bassin, qui draine une superficie de 24 000 km², comprend un réseau hydrographique très dense de 20 728 km de long. Ce territoire concerne les six départements fondateurs et quatre régions administratives : l’Auvergne, le Limousin, Midi-Pyrénées et l’Aquitaine.

Le Conseil d’Administration de l’établissement public est composé d’un Président élu et de trois Conseillers Généraux de chacun des départements associés, désignés par leur assemblée respective. Certains organismes ont été invités à participer à ce Conseil d’Administration en tant que membres cooptés. Il s’agit des quatre Conseils Régionaux, de l’Union des Maires de chaque département, de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne et

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204

d’EDF. La présidence est actuellement assurée par M. Bernard CAZEAU, Sénateur et Président du Conseil Général de la Dordogne.

Pour assurer ses fonctions l’Etablissement Public s’est progressivement doté d’un ensemble de compétences scientifiques, techniques et administratives adaptées, qu’il met à la disposition des acteurs de la rivière (gestionnaires et usagers). De par ses statuts et son mandat, EPIDOR joue aussi un rôle d’interlocuteur privilégié au sein de partenariats multiples, et en représentant les départements auprès des instances régionales, nationales et communautaires sur des projets intéressant le bassin de la Dordogne. Il cherche ainsi, en collaboration avec les organismes compétents, à optimiser les solutions techniques qui seront mises en œuvre dans le cadre de financements multiples.

EPIDOR a participé, au nom des départements, à l’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau (SDAGE), et à l’élaboration d’une Politique Territoriale Dordogne répondant spécifiquement aux enjeux du bassin versant.

Les priorités et la politique d’intervention de l’Etablissement Public découlent directement des orientations définies dans ces différents documents directeurs (Charte Vallée Dordogne, Etats Généraux, SDAGE Adour-Garonne et Politique Territoriale Dordogne).

EPIDOR est membre de l'Association Française des Etablissements Publics Territoriaux de Bassin (AFEPTB).

7.4.2. Organes de gouvernance de la réserve : les comités

Une réserve de biosphère doit être dotée de mécanismes de gestion afin de mettre en œuvre les programmes d’actions, de recherche, de pédagogie définis par les partenaires du projet. Pour cela, trois types de comités ou conseils doivent être structurés : un comité de gestion, assisté d’un comité technique, et d’un comité scientifique.

7.4.2.1. Comité de gestion

L’objectif d’une réserve de biosphère, telle que celle qui pourrait être créée sur le bassin de la Dordogne, est de promouvoir un modèle de gestion du territoire qui permette de concilier la conservation de la biodiversité, la prospérité, et le bonheur des populations qui y vivent.

Le comité de gestion s'efforcera de stimuler l'imagination, l’énergie, et la bonne volonté des décideurs publics et des populations locales afin de susciter des actions destinées à inscrire durablement le bassin versant de la Dordogne dans une démarche de progrès, où la prise en compte de l'environnement doit être perçue comme un atout et une chance. Ses moyens sont l’évaluation, l'information, la sensibilisation, la concertation et la connaissance.

Le comité de gestion pourra : - identifier les actions à mener dans le cadre des thématiques identifiées par la réserve de biosphère, - veiller à la mise en œuvre des programmes définis dans le document de la réserve, - appuyer la participation des partenaires au projet de la réserve, - orienter les projets dans une logique de développement durable, - impulser les échanges entre les territoires du bassin versant de la Dordogne, - examiner les propositions du comité scientifique en matière d'études, de recherche, de formation et

d'éducation à l’environnement, - …

Pour cela, la réserve de biosphère du bassin de la Dordogne sera dotée d'un comité de gestion composée de 24 membres représentants trois collèges :

- le collège des collectivités territoriales et de leurs groupements composé de 10 membres ; - le collège des usagers et personnes compétentes composé de 10 représentants ;

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205

- le collège des représentants de l'Etat ou de ses établissements publics concernés composé de 4 membres.

Le président d'EPIDOR, chargé d'animer et de coordonner la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne, est membre de droit du comité de gestion.

Collectivités territoriales 10

Départements Puy de Dôme, Corrèze, Dordogne 3

Régions Auvergne, Aquitaine 2

PNR Volcans d’Auvergne, Périgord-Limousin 2

EPIDOR (membre de droit) 1

SM porteurs de SCOT Sud-Corrèze, Libournais 2

Collège des usagers 10

Chambres d’agriculture Corrèze, Dordogne 2

Chambre de commerce et d’industrie Midi-Pyrénées 1

Chambre des métiers Aquitaine 1

Producteurs d'hydroélectricité 1

Association des propriétaires forestiers 1

Fédération des Associations de Pêche Corrèze 1

Pêcheurs professionnels Dordogne 1

Association de protection de la Nature 1

Comité départemental du tourisme Lot 1

Collège de l’Etat 4

Préfet coordonnateur du bassin Dordogne 1

DDT Corrèze 1

DREAL Limousin 1

Agence de l’eau Adour-Garonne 1

Total 24

-Document 86- Constitution du comité de gestion de la future réserve de biosphère

7.4.2.2. Comité scientifique

Plusieurs missions incomberont au comité scientifique de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne :

- formuler des avis ou conseils sur des projets ou des pratiques à la demande des acteurs du bassin (maîtres d’ouvrage…),

- mener une réflexion prospective à partir des enjeux locaux, régionaux, nationaux et internationaux, - identifier des grandes thématiques de recherche à investir et formuler des propositions concernant

l’orientation des recherches en rapport avec les enjeux de gestion de la réserve de biosphère présents et à venir,

- participer à la vulgarisation et à l’utilisation pédagogique des savoirs dans le cadre des actions liées à la réserve de biosphère,

- soutenir et accompagner les initiatives mises en œuvre par les animateurs de la réserve pour faire de la Dordogne un espace attractif.

Le comité scientifique, à l’instar du programme de recherche, s’inscrira dans l’interdisciplinarité. Ses membres doivent être issus autant des sciences naturelles que des sciences humaines et sociales. Les disciplines représentées au sein du comité pourraient être les suivantes : Hydrologie, Ecologie, Biologie, Halieutique,

Page 206: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

206

Agronomie, Géomorphologie, Géographie, Sociologie, Anthropologie, Economie, Histoire, Droit, Sciences de l’éducation, Communication. La représentation équilibrée entre sciences naturelles et sciences humaines et sociales sera recherchée. Les thématiques abordées porteront sur :

- la gestion intégrée de l’eau, la sociologie et les politiques publiques de l’environnement, - la biologie et les écosystèmes, - l’hydrologie, l’hydrogéologie, l’hydroécologie, - la biogéochimie et la qualité des eaux, - l’agronomie, - le patrimoine fluvial, l’histoire du territoire.

Le comité scientifique de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne sera constitué de personnalités de la communauté scientifique régionale ou nationale et d’experts dont la compétence est reconnue sur le plan scientifique. Il pourra s’agir :

- de chercheurs ayant déjà travaillé ou travaillant actuellement sur le bassin versant de la Dordogne, - de chercheurs ayant travaillé sur des thématiques intéressant les enjeux identifiés sur le territoire, - d’experts reconnus pour leurs savoirs scientifiques et leur connaissance du territoire.

Le conseil scientifique prendra deux formes différentes : - un groupe resserré interdisciplinaire composé d’une dizaine de personnes au maximum : il sera chargé

de décider des grandes orientations de la politique de recherche de la réserve de biosphère et de sa mise en œuvre, et sera susceptible de se réunir une à deux fois par an ; un des membres du comité sera désigné par ses pairs pour en prendre la présidence,

- des assemblées thématiques composées de scientifiques spécialistes des sujets mis à l’ordre du jour : elles permettront de débattre plus précisément des études à développer et des moyens à mobiliser ; plusieurs assemblées pourront être organisées par an, selon les besoins de la recherche et les enjeux d’actualité.

L’enquête diagnostic de l’état de la recherche sur le bassin de la Dordogne38 a montré que plusieurs chercheurs sont d’ores et déjà intéressés pour s’investir dans le comité scientifique de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne.

7.4.3. Animation et perspectives

L’animation que se propose de mener EPIDOR, si le bassin était reconnu par l’UNESCO au titre de réserve de biosphère, consisterait à :

- faire connaître et reconnaître l’argument « biosphère » dans tous les débats économiques, écologiques et sociaux sur le bassin de la Dordogne,

- mener une « évaluation permanente » du bassin et préparer la reconduction du classement au terme des 10 premières années,

- associer de nouveaux partenaires (PNR…) qui joueraient le rôle de relais, - et étendre les zones tampon au réseau hydrographique.

7.5. Budget et sources de financement

L’animation sera assurée par l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) dont les budgets (environ 1,5 M d’€/an) sont financés par les départements membres (Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze,

38 Voir le chapitre 6.1. présentant la démarche de diagnostic et dressant un état des lieux de la recherche sur le bassin de la Dordogne.

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207

Lot, Dordogne, Gironde), les régions (Auvergne, Limousin, Midi-Pyrénées, Aquitaine), l’Agence de l’eau Adour-Garonne, l’Etat et l’Europe.

La reconnaissance du bassin de la Dordogne par l’UNESCO au titre de son programme Homme et Biosphère peut être considérée comme un outil stratégique pour faire de la valeur écologique du bassin de la Dordogne un élément majeur du développement du territoire, de la qualité de la vie et de son attractivité. A ce titre, la candidature du bassin de la Dordogne auprès de l’UNESCO pour être reconnu réserve de biosphère est accompagnée par les départements et les régions concernés, l’Etat, l’Europe, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et EDF.

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209

B i b l i o g r a p h i e

Ouvrages, études, rapports, bulletins d’information

ADAM P., DEBIAIS N., GERBER F., LACHAT B, 2008. Le génie végétal, un manuel technique au service de l’aménagement et de la restauration des milieux aquatiques. MEEDDAT, BIOTEC biologie appliquée, La documentation française, Paris, 290 p.

AGRESTE Aquitaine, mars 2005. Lettre Agreste. n°3.

AGRESTE Aquitaine, 2010, Memento 2010,

AGRESTE Limousin, février 2011. Memento de la forêt et du bois. Disponible sur : <http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_R7411A04.pdf>, 16 p.

BARRAQUE B., LE BOURHIS J.-P., MAUREL P., RAYMOND R., 2004. Les expériences de participation du public dans le bassin de la Dordogne. Etude de cas française, Projet Harmonicop, Workpackage, CEE, 39 p.

BIOTEC, avril 2000. Etude d’entretien et de restauration des berges de la Dordogne entre Mauzac et Bergerac, Diagnostic et propositions d’interventions, 1ère phase, EPIDOR, 74 p.

BIOTEC, mars 2006. Schéma d’aménagement et de gestion des berges de la Dordogne entre Bergerac et Sainte-Terre. Note de synthèse, EPIDOR, 35 p.

BIOTOPE, 2006. Document d’objectifs « Coteaux calcaires de la vallée de la Dordogne ». Natura 2000, Ministère de l’agriculture et de la pêche, DDAF Dordogne, Préfecture de la Dordogne, DIREN Aquitaine, Lormont, 183 p.

BOUCHARDY C., 2001. La loutre d’Europe, histoire d’une sauvegarde. Catiche Productions, Nohanent, Libris, Seyssinet-Pariset, 32 p.

BRU F., 2009. Etude des usages touristiques et des loisirs sur les retenues hydrauliques du haut bassin de la Dordogne. Analyse des usages, de leurs exigences et de leur compatibilité avec l’exploitation hydraulique. Rapport de stage de licence professionnelle, EPIDOR, Université de Limoges, EPLEFPA d’Ahun, 58 p.

CCE, Ministère de l’environnement, ICONA, n.c. Le vison d’Europe, une espèce en voie de disparition. Sarkadi création, 6 p.

CEMAGREF, janvier 1994. Instabilité des berges de la Dordogne. Analyse et propositions d’interventions. EPIDOR, 36 p + Annexes.

Chambre d’agriculture de Dordogne, juin 2009. Memento 2009, L’agritourisme en Dordogne-Périgord. Disponible sur : <http://www.aquitaine-mopa.fr/IMG/pdf/Memento_Agritourisme_Perigord_2010.pdf>, 32 p.

COCHET G., 2004. La moule perlière et les nayades de France, histoire d’une sauvegarde. Catiche Productions, Nohanent, 32 p.

Coll. (dir. G. PUSTELNIK), 1993. La Dordogne. Collection « Rivières et vallées de France », Editions Privat, Toulouse, 197 p.

Coll., 2005. Vallée de la Dordogne. Encyclopédie du voyage, Gallimard loisir, Paris, 324 p.

Compagnie des Experts et Sapiteurs, EPIDOR, FAURE A., avril 2000. Etude de l’impact social des éclusées sur les Vallées de la Dordogne, la Cère, la Maronne et la Vézère. Rapport provisoire, 111 p.

Compagnie des Experts et Sapiteurs, EPIDOR, octobre 2000. Etude des éclusées des axes Dordogne. Cère, Maronne et Vézère, Synthèse de l’état des lieux. 111 p.

Conseil de l’Europe, 2000. Convention européenne du paysage. Florence, 9 p.

Conseil Général de Dordogne, septembre 2008. L’eau potable en Dordogne : document destiné aux acteurs de l’eau. Schéma départemental d’alimentation en eau potable, Direction Agriculture Environnement, Service de l’eau, 36 p.

Conseil Général de Corrèze, n.c. Schéma départemental des espaces naturels et des paysages remarquables. Pôle Développement et Aménagement, Service du Développement Durable, 178 p.

DIREN Auvergne, octobre 2008. Profil environnemental de l’Auvergne : enjeux et indicateurs. Tome 1, 150 p.

DIREN Auvergne, octobre 2008. Profil environnemental de l’Auvergne : diagnostic. Tome 2, 162 p.

DIREN Midi-Pyrénées, décembre 2003. Profil environnemental de la région Midi-Pyrénées. 165 p.

Page 210: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

210

ECOGEA, avril 2008. Etude de l’impact écologique des éclusées sur la rivière Dordogne. Rapport final de la phase 1, EPIDOR, 74 p.

ECOGEA, février 2009. Etude de l’impact écologique des éclusées sur la rivière Dordogne. Rapport final de la phase 2, EPIDOR, 50 p.

EPIDOR, 1992. Charte de la Vallée de la Dordogne. Les 370 consensus du Sommet « Vallée de la Dordogne ». Bergerac, 95 p.

EPIDOR, 1992. Charte de la Vallée de la Dordogne. Analyses et problèmes identifiés ayant servi de base à la recherche de consensus. Bergerac, 76 p.

EPIDOR, 1994. Bilan qualité Dordogne. 74 p + Annexes.

EPIDOR, 2003. La Haute Dordogne. Synthèse cartographique. 52 p.

EPIDOR, juin 2003. Contrat de rivière Haute Dordogne. Dossier définitif, 82 p.

EPIDOR, avril 2004 a. Info rivière, fiches techniques. Les atterrissements. 4 p.

EPIDOR, avril 2004 b. Info rivière, fiches techniques. Berges et mascaret. 4 p.

EPIDOR, mai 2004. Info rivière, Isle Dronne. Mieux gérer les sécheresses, le plan de gestion d’étiage Isle Dronne. 4 p.

EPIDOR, septembre 2004. Atlas. Les poissons migrateurs du bassin de la Dordogne. 34 p.

EPIDOR, 2005. Diagnostic de l’éducation à l’environnement sur le bassin de la Dordogne. 19 p + Annexes.

EPIDOR, juin 2006. Reconquête de la qualité bactériologique des eaux du bassin versant de la Dordogne. Programme d’actions pour sécuriser la pratique des loisirs aquatiques. Etudes et rapports, 33 p.

EPIDOR, juin 2006. Gestion intégrée. Retour d’expériences sur le suivi de quatre contrats de rivière animés par EPIDOR. 21 p.

EPIDOR, novembre 2006. Transfert du Domaine Public Fluvial. Analyse pour le bassin de la Dordogne. Document de travail, Etudes et rapports, 65 p + Annexes.

EPIDOR, 2007. Compte-rendu d’activité 2007. 50 p.

EPIDOR, 2008. Compte-rendu d’activité 2008. 62 p.

EPIDOR, janvier 2008. Contrat de rivière Dordogne Atlantique. Ensemble, vivons la rivière. Dossier définitif, Rapport, 65 p.

EPIDOR, juillet 2008. Plan de gestion d’étiage du bassin Dordogne Vézère. Engagement partenarial et protocole. 56 p.

EPIDOR, février 2009. Le calendrier des débits de la Dordogne. 31 p.

EPIDOR, avril 2009 a. Les barrages du Bergeracois. Bilan et problèmes à résoudre. Note, 11 p.

EPIDOR, avril 2009 b. Info rivière, lettre d’information. Spécial hydroélectricité. n°11, 8 p.

EPIDOR, TANNEAU V., 2001. La Dordogne à l’aube du XXIe siècle. 20 p.

GEREA, mars 2010. Profil environnemental de la région Aquitaine. Révision 2010. DREAL Aquitaine, Préfecture de la région Aquitaine, 234 p.

GEREA, 2007. Profil environnemental du département de la Dordogne. DIREN Aquitaine, DDE Dordogne / MIAGE, 297 p.

IMAGE Consult, janvier 2007. Cartographie des zones à dominante humide du bassin de la Dordogne. Rapport final, EPIDOR, 42 p.

JFTL, 2004. Création et mise en valeur d’une destination touristique « Vallée de la Dordogne ». Rapport final, EPIDOR, Planeth Consultants, ACTOUR, 54 p.

LUGINBUHL Y., PLEKHOFF K., SIGG K., 1994. Plan paysage de la vallée de la Dordogne : dynamiques et propositions d'actions. EPIDOR et SEGESA/CNRS-STRATES, 100 p.

MAB France, 2000. Les réserves de biosphère. Des territoires pour l’homme et la nature. UNESCO, Octavius Gallimard, 21 p.

MARCELLY P., avril 1994. Un fleuve d’abondance, répertoire des produits et des productions…. EPIDOR, 60 p + Annexes.

MBOUNGOU J.-B., octobre 2005. Etude géologique, morphologique et hydrogéologique de la vallée de la Haute Dordogne. Club de Géologie de la Bourboule pour EPIDOR, 52 p.

NICOLAS S., PUSTELNIK G., GUERIN J.-F., 1996. Les milieux naturels remarquables de la vallée de la Dordogne. Document de synthèse. EPIDOR, 20 p + Annexes.

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, janvier 2005. Dossier de presse Conférence internationale « Biodiversité : Science et gouvernance ». 27 p.

Page 211: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

211

Parc Naturel Régional des Causses du Quercy, septembre 2010. Diagnostic territorial. 205 p.

Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, 2010. Tourisme, loisir de nature. Diagnostic territorial 2008-2009, 41 p.

Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, 2010. Biodiversité, espèces et milieux naturels. Diagnostic territorial 2008-2009, 40 p.

POUDRET C., juin 2011. Les réserves de biosphère comme outil de développement local : le cas du bassin versant de la Dordogne. Mémoire de fin d’études, IUT Périgueux – Bordeaux IV, Département Carrières sociales – Gestion urbaine, 76 p + Annexes.

PUSTELNIK G., 1987. Etude écologique préalable à l’aménagement piscicole de la rivière Dordogne. Thèse de doctorat (dynamique des milieux naturels et humains), Université Bordeaux III, 104 p + Annexes.

PUSTELNIK G., 1993. Le concept de gestion multipartenariale. L’exemple de la Dordogne, Association française des ingénieurs écologues, Journée technique sur la gestion de l’environnement par les collectivités, 9 p

UNESCO, 1996. Réserves de biosphère : La Stratégie de Séville et Le Cadre statutaire du Réseau mondial. UNESCO, Paris, 20 p.

WASSON J.-G., MALAVOI J.-R., MARIDET L., SOUCHON Y., PAULIN L., 1998. Impacts écologiques de la chenalisation des rivières, série Gestion des milieux aquatique. N°14, CEMAGREF, Lyon, 158 p.

WASSON J.-G., CHANDESRIS A., PELLA H., BLANC L., 2002. Les hydroécorégions de France métropolitaine, approche régionale de la typologie des eaux courantes et éléments pour la définition des peuplements de référence d’invertébrés. CEMAGREF, 190 p.

Sites Internet

Les sites Internet mentionnés ci-dessous ont été consultés sur une période allant de mars à août 2011.

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/aquitaine/

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/auvergne/

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/limousin/

http://www.agreste.agriculture.gouv.fr/en-region/midi-pyrenees/

http://www.agritruffe.eu/

http://www.aprh.info/MFA_NEW/PERIGORD/activites_hier_aujourdhui/tabac/tabac.htm

http://www.aveze.com/

http://www.biosphere-fontainebleau-gatinais.fr/

http://www.cantal.chambagri.fr/kitPublication/

http://www.cantalpassion.com/gentiane.htm

http://www.cbjc.org/accueil.aspx

http://www.chambres-agriculture.fr/

http://www.chambre-agri63.com/

http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.html

http://www.conservatoire-du-littoral.fr/front/process/Home.asp

http://www.dordogne.chambagri.fr/

http://www.dordogne.equipement.gouv.fr/crudor/

http://www.dordogne-perigord.com/

http://www.eaudiversiteculturelle.org/

http://www.ecologie.gouv.fr/

http://www.elevage-salers.fr/Presentation-de-la-race-salers.htm

http://www.eptb-dordogne.fr/

Page 212: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

212

http://www.euromab2011.se/

http://ferrandaise.free.fr/

http://www.gesteau.eaufrance.fr/

http://www.gironde.chambagri.fr/

http://gmhl.asso.fr/

http://www.inao.gouv.fr/

http://inpn.mnhn.fr/isb/index.jsp

http://journeesdelarivieredordogne.com/

http://www.les-plus-beaux-villages-de-france.org/

http://www.limousin.synagri.com/

http://www.lpo.fr/

http://www.mab-france.org/

http://www.marronduperigord.fr/marrons-perigord-apropos.php

http://www.migado.fr/php/Start.php

http://www.natura2000.fr/

http://www.noixduperigord.com/accueil.html

http://www.oncfs.gouv.fr/

http://www.onema.fr/

http://www.parc-camargue.fr/

http://www.parc-causses-du-quercy.fr/

http://www.parc-naturel-perigord-limousin.fr/

http://www.parc-volcans-auvergne.com/index.php4

http://www.pnr-millevaches.fr/

http://www.pomme-limousin.org/

http://porc.culnoir.free.fr/index.htm

http://portal.unesco.org/fr/

http://www.projet-grand-site-vallee-vezere.fr/

http://www.rmbmu.com/

http://www.safran-du-quercy.com/index.php

http://www.sage-estuaire-gironde.org/site/presentation.php

http://www.sage-nappes33.org/index.php?option=com_content&task=view&id=12&Itemid=27

http://www.saint-emilion.org/patrimoine-et-urbanisme/unesco.html

http://www.sepol.asso.fr/

http://www.smaemv.fr/

http://www.twinbasin-dordogne-tisza.eu/

http://www.uicn.fr/

http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/environment/ecological-sciences/

http://www.unicem.fr/

http://www.veausouslamere.com/production/veau-sous-la-mere.php

http://volca-sancy.com/

http://whc.unesco.org/

Page 213: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

213

L i s t e d e s s i g l e s

AAPPMA Association agrée de pêche et de protection des milieux aquatiques

ACCA Associations communales de chasse agréée

ADPAEF Association agréées des pêcheurs amateurs aux filets et engins

AEAG Agence de l’eau Adour-Garonne

AEP Alimentation en eau potable

AFEPTB Association française des établissements publics territoriaux de bassin

AOC Appellation d’origine contrôlée

APPB Arrêté préfectoral de protection de biotope

ARDI Acteurs, ressources, dynamiques et interactions

ARS Agence régionale de santé

ASAD Association pour la sauvegarde et l’avenir de la Vallée de la Dordogne

BRGM Bureau de recherches géologiques et minières

CDDP Centre départemental de documentation pédagogique

CIP Centre d’Information du public

CEPA Conservatoire des espaces et paysages d’Auvergne

CPIE Centre permanent d’initiatives pour l’environnement

CREEA Collectif régional d’éducation à l’environnement

CREN Conservatoire régional des espaces naturels

DATAR Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l'attractivité régionale

DCE Directive cadre sur l’eau

DCR Débit de crise

DDCSPP Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations

DDT Direction départementale des territoires

DOE Débit objectif d’étiage

DPF Domaine public fluvial

DREAL Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement

DRAAF Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt

DRDJS Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports

EBC Espace boisé classé

EDF Electricité de France

EEDD Education à l'environnement pour un développement durable

ENS Espace naturel sensible

EPIDOR Etablissement public interdépartemental de la Dordogne

EPTB Etablissement public territorial de bassin

FEDER Fonds européen de développement régional

FDC Fédération départementale des chasseurs

FDPPMA Fédération départementale pour la pêche et la protection des milieux aquatiques

GIS Groupement d’intérêt scientifique

GMHL Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin

Page 214: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

214

GRAINE Groupe régional d'animation et d'initiation à la nature et l'environnement

GRETA Groupement d’établissement public

IGP Indication géographique protégée

IFTP Institut français technique du porc

LEMA Loi sur l’eau et les milieux aquatiques

LPO Ligue de Protection des Oiseaux

MAB Man and biosphere

MAGEST Consortium MArel Gironde ESTuaire

MEDDTL Ministère de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement

MIGADO Migrateurs, Garonne, Dordogne

MNHN Muséum national d’histoire naturelle

OGS Opération grand site

ONCFS Office national de la chasse et de la faune sauvage

ONF Office national des forêts

PAC Politique agricole commune

PAPI Programme d’actions de prévention des inondations

PEFC Programme for the endorsement of forest certification schemes

PCS Plans communaux de sauvegarde

PLU Plan local d’urbanisme

PNR Parc naturel régional

POS Plan d’occupation des sols

PPRI Plan de prévention du risque inondation

RHP Réseau hydrobiologique piscicole

RGA Recensement général de l’agriculture

ROCA Réseau d'observation de crise des assecs

RNB Réseau national de bassin

RNN Réserve naturelle nationale

RNR Réserve naturelle régionale

RNV Réserve naturelle volontaire

SAFER Société d'aménagement foncier et d'établissement rural

SAGE Schéma d’aménagement et de gestion des eaux

SATESE Service d’assistance technique pour l’exploitation des stations d’épuration

SAU Surface agricole utile

SCOT Schéma de cohérence territoriale

SDAGE Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux

SER Source énergies renouvelables

SIAV Syndicat intercommunal d'aménagement de la Vézère

SIE Système d’information sur l’eau

SIC Site d’importance communautaire

SIVOM Syndicat intercommunal à vocation multiple

SHEM Société hydroélectrique du Midi

SM Syndicat mixte

SMEAG Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne

Page 215: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

215

SMIDDEST Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde

SNPE Société nationale des poudres et explosif

STEP Station d’épuration

STL Secrétariat technique local

TCS Technique culturale simplifiée

TDENS Taxe départementale des espaces naturels sensibles

UICN Union internationale pour la conservation de la nature

UNESCO Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture

UNICEM Union nationale des industries des carrières et matériaux de construction

VNF Voies navigables de France

ZICO Zone importante pour la conservation des oiseaux

ZNIEFF Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique

ZPPAUP Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager

ZPS Zone de protection spéciale

ZSC Zone spéciale de conservation

Page 216: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

216

Page 217: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

217

T a b l e d e s d o c u m e n t s

-Document 1- Situation du bassin de la Dordogne sur le territoire national et européen ........................... 10

-Document 2- Bassin versant de la Dordogne ............................................................................................... 11

-Document 3- Situation de la future réserve de biosphère .......................................................................... 13

-Document 4- Séries de végétation selon les étages climatiques et topographiques .................................. 14

-Document 5- Cartographie du relief du bassin versant de la Dordogne ...................................................... 14

-Document 6- Tableaux des normales saisonnières sur 6 stations météorologiques situées dans ou à proximité du bassin versant de la Dordogne ......................................................................... 17

-Document 7- Diagrammes ombrothermiques des normales saisonnières sur 6 stations météorologiques situées dans ou à proximité du bassin versant de la Dordogne ............................................. 18

-Document 8- Géologie du bassin versant de la Dordogne ........................................................................... 21

-Document 9- Les hydroécorégions du bassin versant de la Dordogne ........................................................ 24

-Document 10- Les principaux affluents de la rivière Dordogne ..................................................................... 25

-Document 11- Le réseau hydrographique du bassin de la Dordogne en chiffres .......................................... 25

-Document 12- Cartographie du réseau hydrographique du bassin versant de la Dordogne ........................ 26

-Document 13- Utilisation du milieu par les poissons de la Dordogne ........................................................... 34

-Document 14- Petite histoire de la Noix : 17 000 ans d'histoire .................................................................... 59

-Document 15- Tableau récapitulatif des espèces de pommes autochtones du bassin de la Dordogne ....... 60

-Document 16- L’exception Saint-Emilion ....................................................................................................... 62

-Document 17- Le vin et la rivière Dordogne : une histoire entrelacée .......................................................... 63

-Document 18- Petite histoire de la truffe en Périgord .................................................................................. 64

-Document 19- Les Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB) sur le bassin versant de la Dordogne ............................................................................................................................... 71

-Document 20- Les Réserves Naturelles Nationales (RNN) sur le bassin versant de la Dordogne .................. 72

-Document 21- Les sites classés et les sites inscrits sur le bassin versant de la Dordogne ............................. 73

-Document 22- Le Réseau Natura 2000 (ZCS et ZPS) sur le bassin versant de la Dordogne ........................... 74

-Document 23- Les Réserves Naturelles Volontaires (RNV) sur le bassin versant de la Dordogne ................. 75

-Document 24- Les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) sur le bassin versant de la Dordogne .......... 78

-Document 25- Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type 1 ..... 80

-Document 26- Les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type 2 ..... 81

-Document 27- Les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sur le bassin versant de la Dordogne ............................................................................................................................... 82

Page 218: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

218

-Document 28- Liste des sites classés par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial dans la Vallée de la Vézère .................................................................................................................................... 83

-Document 29- Liste des sites classés par l’UNESCO au titre du Patrimoine mondial sur les chemins de Compostelle ........................................................................................................................... 84

-Document 30- Les sites classés au titre du Patrimoine mondial de l’UNESCO sur le bassin versant de la Dordogne ............................................................................................................................... 85

-Document 31- Zoom sur les sites classés au titre du Patrimoine mondial de l’UNESCO sur le bassin versant de la Dordogne ....................................................................................................................... 86

-Document 32- Tableau des communes de plus de 5 000 habitants sur le bassin de la Dordogne ................ 93

-Document 33- Répartition de la population résidente sur le bassin de la Dordogne .................................... 93

-Document 34- Evolution de la population résidente sur le bassin versant de la Dordogne, entre 1962 et 2006 ................................................................................................................. 93

-Document 35- La navigation hier, fil conducteur de la vallée de la Dordogne .............................................. 95

-Document 36- La pêche hier, une activité dynamique .................................................................................. 97

-Document 37- Les petites régions agricoles sur le bassin de la Dordogne .................................................. 101

-Document 38- Nombre de prestataires d’activités touristiques sur le bassin de la Dordogne (activités aquatiques, terrestres et aériennes) .................................................................................... 107

-Document 39- Recensement des hébergements touristiques .................................................................... 107

-Document 40- Tableau des contrats de rivière passés et actuels sur le bassin versant de la Dordogne .... 114

-Document 41- Les contrats de rivière, passés et en cours, portés par EPIDOR sur le bassin versant de la Dordogne ............................................................................................................................. 114

-Document 42- Les plans de gestion des étiages sur le bassin versant de la Dordogne ............................... 115

-Document 43- Les Plans de Gestion des Etiages (PGE) sur le bassin versant de la Dordogne ..................... 116

-Document 44- Les principaux territoires à risques inondations sur le bassin de la Dordogne .................... 117

-Document 45- Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) sur le bassin de la Dordogne ............................................................................................................................. 118

-Document 46- Les 4 Parcs Naturels Régionaux (PNR) sur le bassin de la Dordogne ................................... 124

-Document 47- Exemples d’associations de protection de la nature sur le bassin de la Dordogne ............. 130

-Document 48- Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Recherches spécifiques ........................... 137

-Document 49- Travaux de recherche menés sur la Dordogne – Programmes de recherches ..................... 139

-Document 50- Récapitulatif des acteurs et des réseaux de surveillance de l’eau et des milieux aquatiques sur le bassin versant de la Dordogne ................................................................................... 142

-Document 51- Exemples d’événements de formation et de partage d’expériences organisés par EPIDOR pour un public de décideurs et de gestionnaires ................................................................. 144

-Document 52- Exemples d’interventions et d’enseignements en milieux scolaires et universitaires données par les agents d’EPIDOR ....................................................................................................... 146

-Document 53- Exemples d’événements et d’outils (culturels et festifs) auxquels les agents d’EPIDOR ont participé ou qu’ils ont développés ....................................................................................... 147

Page 219: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

219

-Document 54- Exemples d’événements techniques au cours desquels les agents d’EPIDOR sont intervenus ............................................................................................................................ 148

-Document 55- Les chiffres clés de l’animation territoriale .......................................................................... 153

-Document 56- Page d’accueil du site Internet www.biosphere-bassin-dordogne.fr .................................. 157

-Document 57- Tableau récapitulatif des secteurs du zonage en fonction de leur superficie ...................... 159

-Document 58- Tableau récapitulatif des entités administratives par secteur du zonage ........................... 159

-Document 59- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103) ....................................................................................................... 161

-Document 60- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne quercynoise » (FR7300898) .... 161

-Document 61- Composition du site Natura 2000 « La Dordogne » (FR7200660) ........................................ 161

-Document 62- Partie aquatique de l’aire centrale, située à l’aval du bassin de la Dordogne, composée de cinq Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB) ............................................... 163

-Document 63- Récapitulatif des interdictions dans les réserves naturelles des Sagnes de la Godivelle et de Chastreix-Sancy .................................................................................................................... 165

-Document 64- Le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, un partenariat spécifique .................... 166

-Document 65- Composition du site Natura 2000 « Monts-Dore » (FR8301042) ......................................... 167

-Document 66- Partie terrestre de l’aire centrale, située à l’amont du bassin de la Dordogne, composée de deux Réserves Naturelles Nationales (RNN) ........................................................................ 167

-Document 67- Les dispositifs réglementaires protégeant l’aire centrale de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne ..................................................................................................... 168

-Document 68- Tableau récapitulatif des sites Natura 2000 (Directives Habitats et Oiseaux) présents dans le territoire du PNR des Volcans d’Auvergne (secteur 1 de la zone tampon) .......................... 169

-Document 69- Zone tampon, secteur 1 : le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne ...................... 170

-Document 70- Zone tampon, secteur 2 : la rivière Dordogne, des sources à Bort-les-Orgues .................... 171

-Document 71- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Dordogne sur l’ensemble de son cours et affluents » (FR7401103) ....................................................................................................... 172

-Document 72- Zone tampon, secteur 3 : les lacs de barrage et leurs versants, de Bort-les-Orgues à Argentat ............................................................................................................................... 172

-Document 73- Zone tampon, secteur 4 : le lit majeur de la rivière Dordogne ............................................ 173

-Document 74- Zone tampon, secteur 5 : planches de localisation des Milieux Naturels Remarquables (MNR) ................................................................................................................................... 175

-Document 75- Composition du site Natura 2000 « Vallée de la Vézère d’Uzerche à la limite départementale Corrèze / Dordogne » (FR7401111) ..................................................................................... 176

-Document 76- Composition du site Natura 2000 « La Vézère » (FR7200668) ............................................. 176

-Document 77- Composition du site Natura 2000 « Vallée de l’Isle de Périgueux à sa confluence avec la Dordogne » (FR7200661) ..................................................................................................... 177

-Document 78- Zone tampon, secteur 6 : les lits majeurs des rivières Vézère et Isle .................................. 178

-Document 79- Zonage, activités et usages de l’eau ..................................................................................... 182

Page 220: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

220

-Document 80- Cartographie complète du zonage proposé pour la future réserve de biosphère ............... 183

-Document 81- Proposition de thématique de recherche, précisée à titre d’exemple ................................ 195

-Document 82- Recensement des propositions de recherche des chercheurs interviewés ......................... 197

-Document 83- Propositions d’actions pédagogiques à développer dans le cadre de la future réserve de biosphère du bassin de la Dordogne .................................................................................... 200

-Document 84- Projet de formations pour élus, techniciens et entrepreneurs ............................................ 201

-Document 85- Tableau récapitulatif de la politique de gestion ................................................................... 202

-Document 86- Constitution du comité de gestion de la future réserve de biosphère ................................ 205

Page 221: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

221

T a b l e d e s p h o t o g r a p h i e s

-Photographie 1- La Dordogne en crue, mars 2007 ...................................................................................... 19

-Photographie 2- Stratification d’un relief karstique, Gorges de l’Alzou (Lot) ............................................. 22

-Photographie 3- Les sources de la Dordogne (Puy-de-Dôme) .................................................................... 27

-Photographie 4- Monestier-Port-Dieu, site de La Vie (Corrèze) .................................................................. 28

-Photographie 5- Le port d’Argentat (Corrèze) ............................................................................................ 28

-Photographie 6- Belvédère de Copeyre (Lot) .............................................................................................. 29

-Photographie 7- Bras mort de Calviac (Dordogne) ...................................................................................... 29

-Photographie 8- La Dordogne vue du fort troglodyte de Laroque Gageac (24) .......................................... 30

-Photographie 9- Belvédère sur la Dordogne, à Pessac-sur-Dordogne (Gironde) ........................................ 31

-Photographie 10- Bec-d’Ambès : confluence de la Dordogne et de la Garonne (Gironde) .......................... 32

-Photographie 11- Des radiers sur les bords de la Dordogne ......................................................................... 35

-Photographie 12- Zones humides de la Godivelle (Puy-de-Dôme) ............................................................... 38

-Photographie 13- Esturgeon d’Europe .......................................................................................................... 49

-Photographie 14- Anguille ............................................................................................................................. 51

-Photographie 15- Cistude .............................................................................................................................. 55

-Photographie 16- Vache ferrandaise dans son pâturage .............................................................................. 56

-Photographie 17- Pomiculture de Corrèze .................................................................................................... 61

-Photographie 18- Fraisiculture en Dordogne ................................................................................................ 61

-Photographie 19- Vignoble sur les hauteurs de Libourne (Gironde) ............................................................. 62

-Photographie 20- Saumon bécard, Abris du saumon (Les Eyzies-de-Tayac, Dordogne) ............................... 87

-Photographie 21- Abbaye clunisienne, Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze) ................................................... 90

-Photographie 22- Château de Castelnaud-la-Chapelle vu du ciel (Dordogne) .............................................. 91

-Photographie 23- Château de Castelnaud-la-Chapelle vu du ciel (Dordogne) .............................................. 91

-Photographie 24- Pêcheur professionnel sur la rivière Dordogne ................................................................ 96

-Photographie 25- Baignade à Castelnaud-la-Chapelle (Dordogne) ............................................................... 98

-Photographie 26- Retenue et barrage du Chastang (Corrèze) ...................................................................... 99

-Photographie 27- Salers qui pâturent dans les prairies de la Haute Dordogne .......................................... 102

-Photographie 28- Arboriculture en Basse Dordogne .................................................................................. 102

-Photographie 29- Récolte de maïs en Moyenne Dordogne ........................................................................ 102

-Photographie 30- Entreprise Polyrey, au bord du canal de Lalinde et de la Dordogne, Port-de-Couze (Dordogne) ..................................................................................................................... 104

Page 222: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

222

-Photographie 31- Abris de la Madelaine ouvert au public, Tursac (Dordogne) .......................................... 106

-Photographie 32- Navigation sur la Dordogne en saison estivale (Dordogne) ........................................... 106

-Photographie 33- Randonnée dans le Massif de Cézallier (Cantal) ............................................................. 106

-Photographie 34- Voie verte le long de la Dordogne à Trémolat (Dordogne) ............................................ 109

-Photographie 35- Concertation des acteurs du bassin de la Dordogne lors du Sommet Vallée Dordogne 112

-Photographie 36- Etude bathymétrique de la Dordogne (1999) ................................................................ 133

-Photographie 37- Pêche électrique dans le Céou (affluent de la Dordogne) .............................................. 142

-Photographie 38- Stage de terrain des étudiants du Master « Gestion de l’environnement et traitement des eaux », 2009 ............................................................................................................. 145

-Photographie 39- Animation auprès de scolaires dans le cadre du Plan de restauration de l’Esturgeon européen (1997) ............................................................................................................. 145

-Photographie 40- Plaque qui commémore le jumelage des rivières Dordogne / Jacques-Cartier, posée à Bergerac.......................................................................................................................... 148

-Photographie 41- Charte Vallée Dordogne (1992) ...................................................................................... 152

-Photographie 42- Réunion de présentation du projet « réserve de biosphère », juin 2010, Bergerac ...... 153

-Photographie 43- Réunion ARDI, première partie, 16 décembre 2010, Lacave (Lot) ................................. 154

-Photographie 44- Réunion ARDI, deuxième partie, 10 février 2011, Périgueux (Dordogne) ...................... 154

Page 223: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

223

T a b l e d e s m a t i è r e s

Préambule ............................................................................................................................................................... 3

Remerciements ....................................................................................................................................................... 5

Sommaire ................................................................................................................................................................ 7

Introduction ............................................................................................................................................................ 9

CHAPITRE 1. Caractéristiques physiques du territoire ........................................................................................ 13

1.1. Situation (latitude et longitude) .............................................................................................................. 13

1.2. Régions biogéographiques ...................................................................................................................... 13

1.3. Territoires, paysages et reliefs du bassin de la Dordogne ...................................................................... 14

1.4. Climat, des volcans d’Auvergne à l’océan Atlantique ............................................................................. 15

1.4.1. Le climat de l’amont du bassin versant de la Dordogne ................................................................. 15

1.4.2. Le climat de l’aval du bassin versant de la Dordogne ..................................................................... 16

1.4.3. Les stations météorologiques ......................................................................................................... 16

1.4.4. Le climat et l’hydrologie ................................................................................................................. 19

1.4.4.1. Les crues ................................................................................................................................. 19

1.4.4.2. Les étiages .............................................................................................................................. 20

1.5. Géomorphologie, hydrogéologie, sols .................................................................................................... 20

1.5.1. Une histoire géomorphologique longue de 400 millions d’années ................................................ 20

1.5.2. Les formations hydrogéologiques du bassin versant de la Dordogne ............................................ 21

1.5.2.1. Les formations cristalline et volcanique du Massif Central et ses contreforts ....................... 22

1.5.2.2. La zone karstique : un des réseaux souterrains les plus long au monde ................................ 22

1.5.2.3. La vallée alluvionnaire de la Dordogne .................................................................................. 23

1.5.2.4. Les hydroécorégions ............................................................................................................... 24

1.6. Une hydrographie dense ......................................................................................................................... 25

CHAPITRE 2. Caractéristiques biologiques : une diversité unique en Europe ..................................................... 27

2.1. Contribution à la conservation des paysages.......................................................................................... 27

2.1.1. La Dordogne cristalline ................................................................................................................... 27

2.1.1.1. Les Sources ............................................................................................................................. 27

2.1.1.2. Les Gorges d’Avèze ................................................................................................................. 27

2.1.1.3. Le lac de Bort-les-Orgues ........................................................................................................ 28

Page 224: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

224

2.1.1.4. Les lacs des barrages de Marèges et de l’Aigle ...................................................................... 28

2.1.1.5. Le lac du barrage de Chastang ................................................................................................ 28

2.1.1.6. Le lac du barrage de Sablier, vers la Dordogne quercynoise .................................................. 28

2.1.1.7. D’Argentat à Beaulieu, la Dordogne entre Massif Central et Quercy ..................................... 28

2.1.2. La Dordogne quercynoise et périgourdine ..................................................................................... 29

2.1.2.1. De Biars-sur-Cère à Saint-Denis-lès-Martels et Floirac, la Dordogne quercynoise ................. 29

2.1.2.2. De Saint-Denis-lès-Martels à Cazoulès, un vis-à-vis alterné de cingles rocheux et de terrasses agricoles, prémices de la Dordogne périgourdine ................................................................. 29

2.1.2.3. De Cazoulès à Groléjac, une végétation rivulaire dense ........................................................ 29

2.1.2.4. De Groléjac à Beynac, la Dordogne des grands cingles .......................................................... 30

2.1.2.5. De Saint-Vincent-de-Cosse au Buisson-de-Cadouin ............................................................... 30

2.1.2.6. Les cingles de Limeuil et de Trémolat ou la leçon de géographie .......................................... 30

2.1.2.7. De Mauzac au Fleix, transition avec la Dordogne girondine .................................................. 30

2.1.3. La Dordogne girondine ................................................................................................................... 31

2.1.3.1. De Sainte-Foy à l’aval de Castillon, vergers et vignobles ........................................................ 31

2.1.3.2. De Castillon au pont de Cubzac, les traces d’un bocage construit sur les palus .................... 31

2.1.3.3. De Cubzac-les-Ponts au Bec d’Ambès, la Dordogne de l’estuaire .......................................... 32

2.2. Contribution à la conservation des milieux naturels .............................................................................. 32

2.2.1. Les milieux aquatiques stricts : les cours d’eau ............................................................................. 32

2.2.1.1. L’auto-épuration, un phénomène original et utile sur la rivière Dordogne ........................... 35

2.2.1.2. Une dynamique fluviale qui se ralentit ................................................................................... 35

2.2.2. Les milieux semi-aquatiques : les formations rivulaires et les zones humides .............................. 36

2.2.2.1. Des milieux rivulaires remarquables ...................................................................................... 36

2.2.2.2. Les zones humides .................................................................................................................. 37

2.2.2.2.1. Les tourbières ................................................................................................................... 37

2.2.2.2.2. Les marais ......................................................................................................................... 38

2.2.2.2.3. Les palus ........................................................................................................................... 38

2.2.2.2.4. Les landes humides .......................................................................................................... 38

2.2.2.2.5. Les boisements humides .................................................................................................. 39

2.2.2.2.6. Les prairies humides ......................................................................................................... 39

2.2.2.2.7. Les mares .......................................................................................................................... 39

2.2.2.2.8. Les plans d’eau et les lacs ................................................................................................. 39

2.2.3. Les milieux terrestres ..................................................................................................................... 40

2.2.3.1. Les pelouses ............................................................................................................................ 40

2.2.3.2. Les landes sèches .................................................................................................................... 41

Page 225: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

225

2.2.3.3. Les prairies .............................................................................................................................. 41

2.2.3.4. La forêt ................................................................................................................................... 42

2.2.4. Les milieux souterrains naturels ..................................................................................................... 43

2.3. Contribution à la conservation des habitats remarquables .................................................................... 44

2.3.1. Rivières des étages planitaires à montagnard avec végétation du Ranunculion fluitantis et du Callitricho-Batrachion ..................................................................................................................... 44

2.3.2. Sources pétrifiantes avec formation de travertins(Cratoneurion) ................................................. 45

2.3.3. Végétations pionnières hygrophiles nitrophiles des berges exondées (Bidention des rivières et Chenopodion rubri) ........................................................................................................................ 45

2.3.4. Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion albae) .............................................................................................................................................. 46

2.3.5. Prairies de fauche atlantiques (Prairies fauchées mésophiles à méso-xérophiles thermo-atlantiques) ..................................................................................................................................... 47

2.3.6. Tourbières hautes actives .................................................................................................................. 47

2.3.7. Forêts de pentes ................................................................................................................................. 48

2.4. Contribution à la conservation de la diversité des espèces biologiques : des espèces emblématiques 49

2.4.1. Les poissons de la Dordogne, un patrimoine exceptionnel ............................................................ 49

2.4.1.1. Les poissons migrateurs ......................................................................................................... 49

2.4.1.1.1. L’Esturgeon d’Europe (Acipenser sturio) .......................................................................... 49

2.4.1.1.2. La Grande alose (Alosa alose) ........................................................................................... 49

2.4.1.1.3. L’Alose feinte (Alosa fallax) .............................................................................................. 50

2.4.1.1.4. L’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) ............................................................................. 50

2.4.1.1.5. La Lamproie fluviatile (Lampetra fluviatilis) et La Lamproie marine (Petromyzon marinus) ...................................................................................................... 51

2.4.1.1.6. Le Saumon atlantique (Salmo salar) ................................................................................. 51

2.4.1.1.7. La Truite de mer (Salmo trutta) ........................................................................................ 52

2.4.1.1.8. Le Flet (Platichthys flesus) ................................................................................................ 52

2.4.1.1.9. Le Mulet (Liza ramada) ..................................................................................................... 52

2.4.1.1.10. L’Eperlan (Osmerus eperlanus) ........................................................................................ 52

2.4.1.2. Les poissons sédentaires ........................................................................................................ 52

2.4.2. Les invertébrés ............................................................................................................................... 53

2.4.3. Les oiseaux ...................................................................................................................................... 54

2.4.4. Les mammifères ............................................................................................................................. 54

2.4.5. Les reptiles et amphibiens .............................................................................................................. 55

2.4.6. La flore ............................................................................................................................................ 55

2.4.6.1. La végétation aquatique ......................................................................................................... 55

Page 226: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

226

2.4.6.2. La végétation des berges ............................................................................................................ 55

2.5. Espèces traditionnellement ou commercialement importantes, filières agricoles ................................ 56

2.5.1. Des espèces animales et des pratiques spécifiques ....................................................................... 56

2.5.1.1. Les bovins ............................................................................................................................... 56

2.5.1.1.1. La Salers ............................................................................................................................ 56

2.5.1.1.2. La Ferrandaise .................................................................................................................. 56

2.5.1.1.3. La Limousine ..................................................................................................................... 57

2.5.1.2. Les porcins : le Cul-noir du Limousin ...................................................................................... 57

2.5.1.3. Les ovins : l’Agneau du Quercy, du Périgord et du Limousin ................................................. 57

2.5.1.4. Les palmipèdes gras du Quercy et du Périgord ...................................................................... 58

2.5.1.5. Les poissons de Dordogne ...................................................................................................... 58

2.5.1.6. Des pratiques d’élevage spécifiques ...................................................................................... 58

2.5.1.6.1. Le veau de lait sous la mère ............................................................................................. 58

2.5.1.6.2. L’élevage sur herbe et l’estive .......................................................................................... 58

2.5.2. Les espèces végétales spécifiques .................................................................................................. 59

2.5.2.1. Les cultures fruitières ............................................................................................................. 59

2.5.2.1.1. La noix (Juglans regia) ....................................................................................................... 59

2.5.2.1.2. La châtaigne (Castanea sativa) ......................................................................................... 60

2.5.2.1.3. La pomme (Malus pumila) ................................................................................................ 60

2.5.2.1.4. La myrtille (Vaccinum myrtillus) ....................................................................................... 61

2.5.2.1.5. La fraise (Fragaria x ananassa) .......................................................................................... 61

2.5.2.1.6. Les cultures de la basse vallée .......................................................................................... 62

2.5.2.2. La vigne ................................................................................................................................... 62

2.5.2.3. La forêt ................................................................................................................................... 64

2.5.2.4. Les champignons .................................................................................................................... 64

2.5.2.4.1. La Truffe (Tuber melanosporum) ..................................................................................... 64

2.5.2.4.2. Les cèpes (Boletus edulis) ................................................................................................. 65

2.5.2.5. Autres espèces valorisées ....................................................................................................... 65

2.5.2.5.1. Le tabac (Nicotiana tabacum) ........................................................................................... 65

2.5.2.5.2. Le safran (Crocus sativus L.) ............................................................................................. 65

2.5.2.5.3. La gentiane jaune (Gentiana lutea) .................................................................................. 66

CHAPITRE 3. Dispositifs de protection, d’inventaire et de valorisation .............................................................. 67

3.1. Outils de protection ................................................................................................................................ 67

3.1.1. Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotope (APPB) ................................................................. 67

3.1.1.1. Sur le cours d’eau Dordogne .................................................................................................. 67

Page 227: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

227

3.1.1.2. Sur le reste du territoire ......................................................................................................... 68

3.1.2. Réserves Naturelles Nationales (RNN) ........................................................................................... 68

3.1.3. Sites classés et sites inscrits ............................................................................................................ 68

3.1.4. Réseau européen Natura 2000 ....................................................................................................... 68

3.1.5. Réserves Naturelles Régionales (RNR) ............................................................................................ 69

3.1.6. Espaces Naturels Sensibles (ENS) ................................................................................................... 69

3.2. Outils d’aménagement du territoire ....................................................................................................... 75

3.2.1. Schémas de COhérence Territoriaux (SCOT) .................................................................................. 76

3.2.2. Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) .................................................................................................... 76

3.2.3. Autres outils de protection ............................................................................................................. 76

3.3. Outils d’inventaire ................................................................................................................................... 78

3.3.1. Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) ....................................... 79

3.3.2. Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) ........................................................ 79

3.3.3. Etude des Milieux Naturels Remarquables (MNR) ......................................................................... 79

3.4. Sites patrimoniaux .................................................................................................................................. 82

3.4.1. Sites du Patrimoine mondial de l'UNESCO ..................................................................................... 83

3.4.1.1. Sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère ........................................... 83

3.4.1.2. Juridiction de Saint-Emilion .................................................................................................... 83

3.4.1.3. Monuments historiques des chemins de Compostelle .......................................................... 84

3.4.2. Grands Sites de France ................................................................................................................... 84

CHAPITRE 4. Caractéristiques humaines : populations et activités ..................................................................... 87

4.1. Historique de l'utilisation des terres : la rivière Dordogne et sa vallée, un terrain fertile à l’implantation humaine .................................................................................................................................................. 87

4.1.1. La Préhistoire : la rivière nourricière .............................................................................................. 87

4.1.2. L’Antiquité : la rivière prospère ...................................................................................................... 87

4.1.3. Le Moyen-Âge : la rivière agitée ..................................................................................................... 88

4.1.4. Du XVIIIe au XIXe siècle : la rivière apaisée puis délaissée .............................................................. 88

4.1.5. La première moitié du XXe siècle : la rivière énergie ...................................................................... 89

4.1.6. La fin du XXe et le début du XXIe siècle : la rivière multi usages à l’épreuve .................................. 89

4.2. Contribution à la conservation architecturale : un patrimoine au fil de l’eau ........................................ 90

4.2.1. Les édifices religieux de Haute Dordogne, du Quercy et du Périgord ............................................ 90

4.2.2. Les châteaux forts et les châteaux de plaisance des rives de la Dordogne .................................... 90

4.2.3. L’habitat rural le long de la Dordogne ............................................................................................ 91

4.2.4. L’architecture fluviale ..................................................................................................................... 91

4.3. Organisation administrative du territoire et répartition de la population ............................................. 92

Page 228: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

228

4.3.1. Organisation administrative du territoire ...................................................................................... 92

4.3.2. Population humaine de la réserve de biosphère proposée............................................................ 92

4.4. Usages de l’eau et activités ..................................................................................................................... 94

4.4.1. Navigation ....................................................................................................................................... 94

4.4.2. Pêche .............................................................................................................................................. 96

4.4.3. Chasse ............................................................................................................................................. 97

4.4.4. Baignade ......................................................................................................................................... 98

4.4.5. Approvisionnement en eau potable ............................................................................................... 98

4.4.6. Hydroélectricité décarbonée .......................................................................................................... 99

4.4.7. Agriculture .................................................................................................................................... 100

4.4.8. Filières forêt et bois ...................................................................................................................... 103

4.4.9. Industrie et artisanat .................................................................................................................... 104

4.4.10. Thermalisme ................................................................................................................................. 105

4.4.11. Tourisme ....................................................................................................................................... 105

4.4.11.1. Types de tourisme ................................................................................................................ 105

4.4.11.2. Services et équipements touristiques .................................................................................. 106

4.4.11.2.1. Offre d’activités .............................................................................................................. 106

4.4.11.2.2. Offre d’hébergements .................................................................................................... 107

4.4.11.2.3. Filières identitaires ......................................................................................................... 108

4.4.11.3. Forces et faiblesses de l’activité touristique ........................................................................ 108

4.4.12. Usages liés aux aménités fournies par les cours d’eau ................................................................ 109

CHAPITRE 5. Acteurs et politiques de développement durable ........................................................................ 111

5.1. Actions mises en œuvre par la structure porteuse de la candidature : Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR) ...................................................................................................... 111

5.1.1. Sommet Vallée Dordogne et Charte Vallée Dordogne ................................................................. 111

5.1.2. Gestion des éclusées .................................................................................................................... 112

5.1.3. Gestion contractualisée des sous-bassins .................................................................................... 113

5.1.4. Gestion des étiages ....................................................................................................................... 115

5.1.5. Programme d’Actions de Prévention des Inondations (PAPI) ...................................................... 116

5.1.6. Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE)........................................................... 117

5.2. Services et établissements de l’Etat ...................................................................................................... 118

5.2.1. Directions Régionales de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DREAL), Directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) et Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale (DATAR) ............. 118

5.2.2. Directions Départementales des Territoires (DDT) et Missions Inter Service de l’Eau (MISE) ..... 119

Page 229: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

229

5.2.3. Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques (ONEMA) ..................................................... 119

5.2.4. Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) ..................................................... 120

5.2.5. Office National des Forêts (ONF) .................................................................................................. 120

5.2.6. Agence de l’Eau Adour-Garonne (AEAG) ...................................................................................... 120

5.2.7. Conservatoire du Littoral et des rivages lacustres ........................................................................ 121

5.3. Collectivités territoriales ....................................................................................................................... 121

5.3.1. Pays, Communautés de communes, Syndicats, Communes ........................................................ 121

5.3.2. Conseils généraux ......................................................................................................................... 122

5.3.3. Conseils régionaux ........................................................................................................................ 122

5.3.4. Parcs Naturels Régionaux (PNR) ................................................................................................... 123

5.4. Etablissements à caractère public......................................................................................................... 124

5.4.1. Chambres consulaires ................................................................................................................... 125

5.4.2. Centres Régional de la Propriété Forestière (CRPF) ..................................................................... 125

5.5. Acteurs socio-économiques .................................................................................................................. 125

5.5.1. Producteurs d’hydroélectricité ..................................................................................................... 126

5.5.2. Union Nationale des Industries des Carrières et Matériaux de Construction (UNICEM) ............. 126

5.5.3. Pêcheurs professionnels ............................................................................................................... 127

5.5.4. Fédérations Départementales pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques (FDPPMA) ..................................................................................................................................... 127

5.5.5. Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC) ..................................................................... 127

5.5.6. Associations d’agrobiologistes ..................................................................................................... 128

5.5.7. Association Migrateurs GAronne DOrdogne (MIGADO) .............................................................. 128

5.5.8. Conservatoires Régionaux des Espaces Naturels (CREN) ............................................................. 128

5.5.9. Associations de protection de la nature (APN) ............................................................................. 129

5.5.10. Autres acteurs .............................................................................................................................. 130

CHAPITRE 6. Recherche, surveillance et pédagogie .......................................................................................... 131

6.1. Recherche ............................................................................................................................................. 131

6.1.1. La recherche : une mission prioritaire des réserves de biosphère ............................................... 131

6.1.2. Diagnostic de l’état de la recherche dans le bassin de la Dordogne ............................................ 131

6.1.2.1. Réalisation d’un diagnostic : méthodologie ......................................................................... 131

6.1.2.2. Acquisition de connaissances riches et variées… ................................................................. 132

6.1.2.3. …en adéquation avec les besoins au niveau local ................................................................ 133

6.2. Surveillance des milieux naturels .......................................................................................................... 141

6.3. Pédagogie .............................................................................................................................................. 143

6.3.1. La pédagogie : une mission prioritaire des réserves de biosphère .............................................. 143

Page 230: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

230

6.3.2. Etat de la pédagogie sur le bassin versant de la Dordogne .......................................................... 143

6.3.2.1. Formation et actions de pédagogie : auprès des décideurs et gestionnaires ...................... 143

6.3.2.2. Formation et actions de pédagogie : auprès des milieux scolaire et universitaire .............. 144

6.3.2.3. Formation et actions de pédagogie : auprès d’un public élargi ........................................... 146

6.4. Relations internationales d’EPIDOR ...................................................................................................... 148

6.4.1. Rivière Dordogne (France) – Rivière Jacques-Cartier (Canada) .................................................... 148

6.4.2. Rivière Dordogne (France) – Rivière Tisza (Hongrie) .................................................................... 149

6.5. Contribution au Réseau des réserves de biosphère (national et mondial) ........................................... 149

6.5.1. Dans le cadre de la construction du projet ................................................................................... 149

6.5.2. Dans le cadre de la future réserve de biosphère .......................................................................... 150

CHAPITRE 7. Projet de réserve de biosphère .................................................................................................... 151

7.1. Construction du projet de candidature : historique et participations des communautés locales ........ 151

7.1.1. La préservation de la Dordogne, petite histoire d’une grande passion ....................................... 151

7.1.1.1. Les prémices : une volonté locale de préservation du patrimoine fluvial ............................ 151

7.1.1.2. La réserve de biosphère : un projet qui s’enracine dans la « Charte Vallée Dordogne » (1992) ................................................................................................................................... 152

7.1.2. Un travail d’animation et de co-construction du dossier (depuis avril 2010) .............................. 152

7.1.2.1. Présentation, discussion et élaboration du projet avec les collectivités territoriales .......... 152

7.1.2.2. Présentation, discussion et élaboration du projet avec les acteurs socio-économiques ..... 153

7.1.2.3. Co-construction du dossier de candidature : la démarche ARDI .......................................... 154

7.1.2.3.1. Contexte et organisation ................................................................................................ 154

7.1.2.3.2. Bilan des deux séances de concertation ......................................................................... 155

7.1.2.4. Relecture du dossier de candidature avec les acteurs ......................................................... 156

7.1.2.5. Stratégie de communication du projet ................................................................................. 156

7.2. Zonage de la future réserve de biosphère : une logique hydrographique ........................................... 158

7.2.1. Préambule : un zonage original et particulier .............................................................................. 158

7.2.2. Proposition de zonage .................................................................................................................. 159

7.2.2.1. Aire centrale ......................................................................................................................... 159

7.2.2.1.1. Partie aquatique de l’aire centrale : les Arrêtés Préfectoraux de Protection des Biotopes (APPB) sur le cours de la Dordogne ................................................................................ 160

7.2.2.1.2. Partie terrestre de l’aire centrale : les Réserves Naturelles Nationales (RNN) dans le territoire du Parc Naturel Régional (PNR) des Volcans d’Auvergne ............................... 165

7.2.2.2. Zone tampon ........................................................................................................................ 169

7.2.2.2.1. Secteur 1 : le territoire du PNR des Volcans d’Auvergne situé sur le bassin de la Dordogne ........................................................................................................................ 169

7.2.2.2.2. Secteur 2 : la rivière Dordogne, des sources à Bort-les-Orgues ..................................... 170

Page 231: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

231

7.2.2.2.3. Secteur 3 : les lacs de barrage et leurs versants de Bort-les-Orgues à Argentat ............ 171

7.2.2.2.4. Secteur 4 : le lit majeur de la Dordogne, d’Argentat au Bec d’Ambès ........................... 173

7.2.2.2.5. Secteur 5 : les Milieux Naturels Remarquables (MNR)................................................... 173

7.2.2.2.6. Secteur 6 : les lits majeurs des rivières Vézère et Isle .................................................... 176

7.2.2.3. Aire de transition : le bassin versant de la Dordogne ........................................................... 179

7.2.3. Justification du zonage ................................................................................................................. 179

7.2.3.1. Justification de l’aire centrale et de la zone tampon ........................................................... 179

7.2.3.1.1. Caractère structurant et intégrateur du cours d’eau Dordogne .................................... 179

7.2.3.1.2. Caractère écologique remarquable et emblématique du cours d’eau Dordogne .......... 180

7.2.3.1.3. Répartition limitée et éparse des protections réglementaires ...................................... 180

7.2.3.1.4. Capacité d’intervention d’EPIDOR (organisme porteur du projet) ................................. 180

7.2.3.1.5. Constitution d’un partenariat ad hoc avec le PNR des Volcans d’Auvergne .................. 180

7.2.3.1.6. Focus sur la zone tampon ............................................................................................... 180

7.2.3.2. Justification de l’aire de transition ....................................................................................... 181

7.2.3.3. Perspective d’évolution ........................................................................................................ 181

7.2.4. Objectifs à poursuivre dans les secteurs du zonage ..................................................................... 181

7.2.5. Zonage et activités ........................................................................................................................ 182

7.3. Politique de gestion : préservation, gestion durable et connaissance du territoire ............................. 185

7.3.1. Retrouver un régime plus naturel à l’aval des chaînes de barrages de la Haute Dordogne ......... 185

7.3.2. Maintenir voire améliorer la qualité des eaux et des milieux aquatiques du bassin de la Dordogne ...................................................................................................................................... 186

7.3.3. Restaurer les berges des cours d’eau du bassin de la Dordogne ................................................. 187

7.3.4. Reconquérir les espaces alluviaux et protéger les zones humides ............................................... 188

7.3.5. Conserver la diversité des paysages du bassin de la Dordogne ................................................... 189

7.3.6. Maintenir une agriculture vitale pour le territoire et œuvrer pour une forêt productive ........... 190

7.3.7. Promouvoir une politique environnementale transversale ......................................................... 191

7.3.8. Inciter et soutenir la recherche et l’observation sur le bassin de la Dordogne ............................ 193

7.3.9. Développer la culture de l’eau et les solidarités du bassin versant à travers les actions de pédagogie ..................................................................................................................................... 199

7.3.10. Récapitulatif de la politique de gestion de la future réserve de biosphère ................................. 202

7.4. Gouvernance ......................................................................................................................................... 203

7.4.1. Structure porteuse : l’Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR), un acteur à l’échelle du territoire ...................................................................................................... 203

7.4.1.1. Statut et origine .................................................................................................................... 203

7.4.1.2. Mission : la gestion concertée des usages à l’échelle du bassin versant ............................. 203

7.4.2. Organes de gouvernance de la réserve : les comités ................................................................... 204

Page 232: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

232

7.4.2.1. Comité de gestion ................................................................................................................. 204

7.4.2.2. Comité scientifique ............................................................................................................... 205

7.4.3. Animation et perspectives ............................................................................................................ 206

7.5. Budget et sources de financement ....................................................................................................... 206

Bibliographie ....................................................................................................................................................... 209

Ouvrages, études, rapports, bulletins d’information .................................................................................... 209

Sites Internet ................................................................................................................................................. 211

Liste des sigles ..................................................................................................................................................... 213

Table des documents .......................................................................................................................................... 217

Table des photographies ..................................................................................................................................... 221

Table des matières .............................................................................................................................................. 223

Liste des annexes ................................................................................................................................................ 233

Page 233: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

233

L i s t e d e s a n n e x e s

ANNEXE 1. Listes des habitats remarquables et des espèces

ANNEXE 2. Listes des Appellations d’Origine Contrôlée (AOC)

ANNEXE 3. Listes des dispositifs de protection, de gestion et de valorisation

ANNEXE 4. Entités administratives du bassin de la Dordogne

ANNEXE 5. Questionnaire adressé aux chercheurs ayant travaillé ou travaillant sur le bassin de la Dordogne

ANNEXE 6. Exemples de supports de communication et de sensibilisation

ANNEXE 7. La Charte Vallée Dordogne

ANNEXE 8. Délibérations prises par le Conseil d’administration d’EPIDOR pour engager le projet « Réserve de biosphère de l’UNESCO »

ANNEXE 9. Comptes rendus de réunions menées dans le cadre de la phase de construction du projet

ANNEXE 10. Tableau récapitulatif des réunions et interventions menées dans le cadre de la phase de construction du projet

ANNEXE 11. Documents de communication élaborés dans le cadre de la phase de construction du projet

ANNEXE 12. Revue de presse

ANNEXE 13. Rapport de stage de Caroline Poudret

ANNEXE 14. Textes réglementaires régissant l’Aire Centrale (parties aquatique et terrestres)

ANNEXE 15. Listes des entités administratives présentes dans l’Aire Centrale et dans la Zone Tampon

ANNEXE 16. Listes des acteurs ayant délibéré pour soutenir la mise en place d’une réserve de biosphère

ANNEXE 17. Exemple de délibérations prises pour soutenir la mise en place d’une réserve de biosphère sur le bassin de la Dordogne

ANNEXE 18. Livret cartographique

Page 234: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

234

Page 235: Dossier unesco bassin dordogne sept2011

235

EPIDOR

Etablissement Public Territorial du Bassin de la Dordogne Le Tournepique - 24250 Castelnaud-la-Chapelle

Tél. +33 (0)5 53 29 17 65 Fax +33 (0)5 53 28 29 60 [email protected] www.eptb-dordogne.fr

www.biosphere-bassin-dordogne.org