dossier performance sociale - avril 2012

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Performance sociale en microfinance Dossiers Trimestriels Avril 2012

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Dossier trimestriel du site Babyloan.org sur le thème de la performance sociale en microfinance

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Page 1: Dossier performance sociale - Avril 2012

Performance sociale en microfinance

Dossiers Trimestriels

Avril 2012

Page 2: Dossier performance sociale - Avril 2012

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Dans un contexte où la microfinance a été beaucoup remise en cause et accusée de dérives, ce document a pour vocation de définir et présenter la performance sociale en microfinance. Babyloan, 1ère plateforme européenne de microcrédit solidaire s’attache en effet à sélectionner avec soin ses partenaires terrain en fonction de leur performance sociale, pour avoir le maximum d’impact auprès du bénéficiaire final.

Qu’est ce que la performance sociale ? p.3

Introduction

L’approche welfariste vs l’approche institutionnaliste

L’approche de Babyloan

Pourquoi évaluer la performance sociale ? p. 4

Définition de la performance sociale

Besoin d’évaluer la performance sociale

Les avantages d’évaluer la performance sociale

La position de Babyloan

Comment évaluer la performance sociale ? p.5

Les acteurs et travaux menés

Les méthodes

Le rating de Babyloan

Les différents outils d’évaluation p.7

Au niveau des processus

Au niveau des résultats

L’outil d’évaluation Babyloan

Doutes liés à l’évaluation de la performance sociale

Performance sociale d’une IMF et impact auprès des bénéficiaires p.9

Différence entre performance sociale et impact social

Pourquoi l’impact social est plus complexe à mesurer

Conclusion p.9

Dossier consultable sur Babyloan.org

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Introduction Consacrée en 2006 par l'attribution du prix Nobel de la Paix à Muhamad Yunus son inventeur, la microfinance a été encensée depuis son apparition. Il a été admis et acquis que du fait de son activité même (octroi de services financiers aux exclus bancai-res), elle était dotée d’une forte dimension sociale. Cependant, au cours des dernières années, la microfinance a traversé plusieurs crises. La multiplication des phénomènes de surendettement, les vives critiques formulées vis-à-vis des ni-veaux élevés de taux d'intérêt, le rapprochement avec la finance traditionnelle et le reproche de ne pas servir les plus pauvres ont remis en cause l'impact social de la microfinance. Face à ces phénomènes, les praticiens et les théoriciens ont multiplié études et outils au service de la mesure de la performance sociale.

« L'enthousiasme et l'engagement en faveur de la microfinance sont ancrés en grande partie dans la conviction que l'accès à des services financiers peut aider les clients à améliorer leur existence. »1

Le secteur de la microfinance est en forte croissance : plus de 10 000 Institutions de Microfinance (IMF), plus de 200 millions de bénéficiaires dont le nombre croît de 13% par an depuis 1999. Cette croissance a notamment été rendue possible par une exigence de viabilité. Cette approche centrée sur la perfor-mance financière est aujourd'hui complétée par la volonté de garantir la réalisation de la mission sociale des IMF et donc d’ap-porter les preuves de leur performance sociale. Il existe dans les débats théoriques une dichotomie performan-ce sociale / performance financière appelée « le schisme de la microfinance »1. D’un côté, une orientation plus lucrative des activités de microfinance est, pour certains praticiens que l’on peut qualifier d’ « institutionnalistes », la seule voie pour la des-serte de produits financiers de qualité aux populations dému-nies ; pour d’autres, la recherche d’une meilleure performance financière entraîne une dérive de l’objectif social initial de la microfinance, c'est-à-dire un glissement vers une clientèle moins pauvre : c’est la vision adoptée par les « welfaristes ». 1Note Focus, N°41, Au-delà des bonnes intentions: évaluation de la performance sociale des institutions de microfinance CGAP, 2007

2Morduch, 1998

Qu’est ce que la performance sociale ?

L’approche de Babyloan Babyloan vise à concilier les deux approches. En offrant une forme de générosité par le prêt à

taux zéro, la plateforme permet une mécanique économique à effet de levier considérable (1 prêt de 50€ peut servir à faire plusieurs prêts de 50€ dans le temps) tout en s’affranchissant des attentes de retours financiers que pourraient avoir les adeptes de l’approche institutionnaliste. Pour y parvenir, Babyloan doit relever plusieurs défis : se faire connaître du plus grand nombre, fidéliser et régulariser l’acte de prêt auprès de ses membres. Seules ces conditions réunies permettront d’offrir une visibilité et stabilité des flux de res-sources aux IMF partenaires de Babyloan.

L’approche welfariste A partir d'une mesure de la pauvreté de type utili-tariste (satisfaction engendrée par la possession

ou la consommation d'un bien), les adeptes de cette appro-che— ONG, coopératives et autres institutions solidaires—estiment que les activités des institutions doivent se concentrer sur l'amélioration rapide des conditions de vie des emprun-teurs. La rentabilité de l'institution n'est pas jugée comme une fin en soi, les comptes s'équilibrent grâce à des subventions et des donations.

Dossier consultable sur Babyloan.org

L’approche institutionnaliste Egalement appelée approche de marchés finan-ciers, cette conception de la microfinance est sou-

tenue par les institutions internationales telles que la Banque Mondiale ou l'ONU. L'idée centrale est que : « la manière uni-que d'atteindre la grande majorité des pauvres sans accès aux services financiers est d'augmenter le mouvement de la microfi-nance à travers son intégration dans le système financier for-mel. »3 Devant la rareté des fonds et la volatilité des bailleurs, les adep-tes de cette approche (Banque Mondiale, ONU) mettent l’auto-suffisance au cœur de la gestion des IMF. Ils prônent une ges-tion rigoureuse, transparente et efficace, ce qui a donné lieu à la définition des « best practices ». L'accent est mis sur la perfor-mance des institutions, la clientèle de prédilection est consti-tuée des micro-entrepreneurs très proches de la ligne de pau-vreté, concentrés géographiquement. 3 Berguiga, Performance sociale versus performance financière, 2007

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Définition de la performance sociale

« La performance sociale est la traduction effective dans la prati-que des objectifs sociaux d’une institution, conformément aux valeurs sociales reconnues »4. Les objectifs sociaux d’une institution peuvent être définis ainsi : - Servir durablement un nombre croissant de pauvres et d’ex-clus : ciblage des plus pauvres et accès aux zones les plus recu-lées, - Améliorer la qualité et l’adéquation des services financiers : lutte contre le surendettement et adaptation des produits et des services aux besoins des clients, diminution des taux d’inté-rêts, - Améliorer la situation économique et sociale des clients : proposition de services non financiers, - Garantir la responsabilité sociale envers les clients, les em-ployés, les financeurs et la communauté servie.

Besoin d’évaluer la performance sociale Les dernières années ont vu se multiplier les propositions d’éva-luation de la performance sociale et un grand nombre d’IMF se sont impliquées dans cette démarche. Trois explications majeu-res existent : - La forte demande en microcrédit et en conséquence l’offre de services financiers des IMF ne prouvent pas en soi l’améliora-tion de la condition des bénéficiaires. La possibilité d'améliorer les conditions de vie des clients doit être pensée et analysée pour devenir effective. - La spirale de l'endettement* doit être analysée pour être évi-tée.

- De plus en plus, les financements publics et caritatifs de la microfinance imposent comme condition une qualité des servi-ces, la satisfaction des clients et la réalisation des objectifs pour-suivis. Le contexte de raréfaction de la ressource financière im-pose son allocation dans les secteurs où elle aura le plus d'effets positifs . 4Définition du Social Performance Task Force (groupe de travail sur la performance sociale)

Les avantages d’évaluer la performance sociale Mesurer sa performance sociale permet à l’IMF de mieux connaître ses clients mais également d’évaluer si, dans la prati-que, elle tend vers ou arrive à atteindre la mission qu’elle s’est fixée. Au-delà de ces deux points essentiels, les avantages de cette démarche sont aussi les suivants : - Corrélation entre performance sociale et financière prouvée par certaines études : amélioration des résultats financiers grâ-ce à la fidélisation des clients et à la réduction des coûts. - Mise en place de systèmes de suivi des clients permettant de mieux connaître leur évolution et également de mieux com-prendre, voire de réduire, leur taux d’abandon (client qui n’est pas fidélisé et se tourne vers une autre IMF). - Amélioration de la transparence en microfinance, possibilité pour les IMF de rendre des comptes aux parties prenantes.

La position de Babyloan Babyloan travaille au financement et au dévelop-pement d’une microfinance sociale. Aujourd’hui

la première plateforme européenne de peer to peer sélection-ne des IMF dont le besoin de financement est réel, dont l’en-cours de portefeuille n’est pas trop important et qui s’adres-sent à un public défavorisé et qui développe ses activités dans des zones reculées. Par exemple: - Asala, coopérative de femmes en Palestine et partenaire de Babyloan depuis juin 2011, fait un travail d’accompagnement pour rendre les fem-mes plus autonomes dans une région où la culture et le contexte ne rendent pas les choses faciles.

-CBIRD est une IMF cambodgienne, dont les activités sont situées dans le nord ouest du pays. L'institution souhaite proposer une alter-native durable aux migrations urbaines que connaît la région en offrant des opportunités de développement locales. Grâce à l'octroi de

microcrédits, CBIRD propose un accès à des financements aux populations des zones rurales de la province afin qu'elles puis-sent développer leurs propres projets. De plus, l’IMF dévelop-pe actuellement son offre de formation afin d'accompagner ses clients dans leurs projets.

Pourquoi évaluer la performance sociale ?

Dossier consultable sur Babyloan.org

Pour mieux comprendre *La microfinance est souvent critiquée : les dérives qui ont eu lieu en Inde et au Maroc et qui ont été fortement re-layées par la presse, ont souvent été à l’origine de ces critiques ces dernières années.

Plusieurs éléments ont contribué aux crises qu'a connues la microfinance dans ces deux pays. La faible régulation ainsi que le poten-tiel de croissance et de forte rentabilité du secteur de la microfinance ont attiré nombre de bailleurs internationaux qui ont multiplié et concentré leurs investissements sur un nombre réduit d'organisations. Des institutions peu scrupuleuses recherchant une rentabi-lité économique rapide ont élargi leur offre, multiplié le nombre de crédits octroyés tout en réduisant au maximum le temps d’ins-truction des dossiers, et sans aucun croisement des données des clients. Des clients se sont alors retrouvés avec plusieurs crédits aux taux d’intérêts élevés, avec des ressources trop faibles pour pouvoir les rembourser. Les conséquences de ces phénomènes sont désastreuses : en Inde comme au Maroc, de nombreux clients sont tombés dans la spira-le infernale de l’endettement et du surendettement les conduisant ainsi dans des situations de pauvreté encore plus profondes.

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Les acteurs et travaux menés Au cours des dernières années, plusieurs initiatives sont appa-rues pour intégrer l’évaluation de la performance sociale dans les systèmes de gestion des institutions financières. Parmi ces initiatives, figurent les travaux de CERISE (Comité d’Echanges, de Réflexion et d’Information sur les Système d’Epargne-crédit), de l’Imp-Act Consortium (comité de 12 organisations), et du CGAP (Consultative Group to Assist the Poor).

Depuis 2005, les travaux sur la performance sociale se sont in-tensifiés, ce qui a amené à la création du groupe de travail sur la performance sociale (SPTF: Social Performance Task Force), qui compte maintenant plus de 150 membres (grands réseaux de microfinance, prestataires de services financiers, agences de notation, bailleurs de fonds et investisseurs sociaux).

Ces membres ont la volonté d’évaluer régulièrement et de favo-riser la gestion de la performance sociale de leurs organisations et de celles qu’ils soutiennent. Ces évaluations sont pensées de manière à améliorer les performances des IMF plus que pour établir une note ou un classement.

Les méthodes Traditionnellement, l’analyse de la performance sociale se foca-lisait sur les impacts. Les travaux des différents groupes d’étude ont permis de mettre en lumière le besoin d’examiner l’ensem-ble du processus par lequel l’impact est produit. Au sein de ce processus, la Social Performance Task Force, chargée de coor-donner et promouvoir les efforts faits en matière de performan-ce sociale a pour mission d’établir des normes évaluant diffé-rents aspects: - Les objectifs sociaux : pertinence entre la mission sociale d’u-ne IMF et les objectifs sociaux qu’elle vise

- Les systèmes d’activités : l’organisation de la structure entre en compte dans l’impact qu’elle peut produire. La politique de gestion des ressources humaines (recrutement, formation, ré-munération), la gouvernance de l’institution, les études de mar-ché réalisées sont autant de paramètres qui influencent l’impact d’une institution.

- Les résultats : le nombre de clients touchés, la répartition sur le territoire de ces mêmes clients, l’adéquation entre les pro-duits et les besoins des clients font partie intégrante de l’impact et donc du degré de performance sociale de l’institution.

- Les effets : il est important d’évaluer comment l’activité de l’institution influence le quotidien des clients. - L’impact : il arrive à postériori et nécessite l’établissement d’un lien de causalité entre la participation au programme de l’IMF et l’amélioration de la situation des clients. Ceci est une des choses les plus complexes à rendre compte.

Comment évaluer la performance sociale ?

Dossier consultable sur Babyloan.org

Le schéma suivant décrit ces différents paramètres à considérer. Evaluer un ou plusieurs des aspects suivants conduit à définir des outils aux portées différentes.

Source : Note Focus, N°41, Au-delà des bonnes intentions : évaluation de la perfor-

mance sociale des institutions de microfinance CGAP, 2007

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La performance sociale peut être évaluée à différents niveaux de l’organisation. Alors que certains considèrent que c’est une affaire de processus en interne, d’autres se focalisent sur les effets que la microfinance peut avoir sur ses clients. Ces différentes concep-tions conduisent à créer des outils différents. Le schéma ci-contre synthétise le positionnement des acteurs quant au stade d’évalua-tion de la performance sociale.

Comment évaluer la performance sociale ?

MixMarket et consorts *Le Mix Market est un site de référence en micro-finance. Cette plateforme web s’est donné pour

objectif de recenser les IMF existantes à travers le Monde et de présenter leurs données. Des indicateurs financiers et sociaux sont disponibles, la présentation est identique pour chaque institution ce qui permet de les comparer facilement. Par ail-leurs, les équipes du site produisent également rapports et ana-lyses du secteur afin de mieux comprendre les grands enjeux de la microfinance. En complément du Mix Market, le CGAP (Consultative Group to Assist the Poor, cgap.org) mène différentes études sur le sec-teur. De plus, le portail de la microfinance (lamicrofinance.org) propose également en ligne de nombreuses analyses et dossiers thématiques.

Le rating Babyloan Dans le suivi de ses institutions partenaires, Ba-byloan note les IMF, sur les aspects financiers

mais également sur les aspects sociaux (ainsi qu’organisation-nels et géopolitiques). Lorsque des audits sociaux, basés sur l’outil SPI de CERISE, ont été réalisés, l’équipe du pôle IMF utilise ces informations. Dans le cas contraire, une analyse basée sur les catégories du SPI est établie en interne. Les aspects pris en compte sont : •Adaptation des produits (financiers et non financiers) •Amélioration du capital social et politique

•Ciblage des plus pauvres

•Responsabilité sociale de l’IMF

Exemple du rating de l’IMF Gata Daku, aux Philippines

Par ailleurs, l’équipe du pôle microfinance a été formée par CERISE à la conduite de l’audit SPI et actuellement en cours d’accréditation afin de pouvoir réaliser des audits sociaux SPI auprès de ses IMF partenaires.

Face à la diversité des outils existants, le Mix Market* membre de la Social Performance Task Force s’est engagé pour diffuser et valoriser un modèle commun de présentation des données recueillies dans le cadre des différentes évaluations de perfor-mance sociale (pour la première fois, celles-ci sont intégrées à une base de données consultable en ligne).

Dossier consultable sur Babyloan.org

Source : Brief CGAP, Vers une évaluation de la performance sociale en microfinance, Novembre 2007

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Il existe deux niveaux de conception de l’évaluation de la perfor-mance sociale : au niveau des processus et au niveau des résul-tats. Ces approches se déclinent en une multitude d’outils. Nous présenterons ici les principaux, il ne s’agit donc pas d’une liste exhaustive.

Au niveau des processus

L’analyse des systèmes internes et des processus organisation-nels permet de savoir si les institutions se donnent les moyens d’atteindre leurs objectifs sociaux.

L’initiative CERISE Le Comité d’Echange et de Réflexion et d’informations sur les Systèmes Epargne-crédit utilise un outil composé d’un guide et d’un questionnaire qui permet d’établir le SPI (Social Perfor-mance Indicator) d’une IMF. Il se base sur quatre aspects : - le ciblage des pauvres et des exclus - l’adaptation des produits et des services aux clients cibles - l’amélioration du capital social et politique - la responsabilité sociale de l’IMF Cet audit peut être réalisé par l’IMF elle-même et/ou ensuite complété et révisé par un auditeur. L’objectif poursuivi est de permettre à l’IMF de réaliser une auto-évaluation de sa perfor-mance sociale afin de se situer vis-à-vis des quatre aspects du SPI et par rapport aux autres IMF ayant réalisé l’audit. L’outil ACCION SOCIAL Inspiré d’un outil d’évaluation de banques commerciales, l’outil ACCION SOCIAL a été décliné pour s’adapter au monde de la microfinance. L’idée est « d’améliorer l’efficacité organisation-nelle en mettant en évidence les points forts et les points faibles de la performance sociale et en révélant la perception de l’IMF par les clients, le personnel et la communauté. » Cette notation, initialement financière, est basée sur : - la structure du capital - la qualité des actifs - le management - le résultat net - la gestion de la liquidité Elle s’est vu complétée dans le contexte de la microfinance par l’établissement d’une carte de couverture géographique de la région où se développe l’activité de l’institution. Cet outil comprend une phase d’entretiens du personnel et des dirigeants, d’examen des documents stratégiques (plans d’affai-re et comptes-rendus de réunion) et d’une analyse des résultats des enquêtes indépendantes. Comme pour l’outil SPI développé par CERISE, ACCION SOCIAL se réalise en interne.

Les différents outils d’évaluation La notation sociale Réalisée par des agences externes, elle vient en complément de l’audit financier d’une institution. La notation porte sur l’effica-cité des services fournis pour répondre aux besoins des clients. En outre, de courtes enquêtes sont effectuées pour déterminer si les ménages pauvres et exclus sont desservis et si les clients voient leurs conditions sociales et économiques s’améliorer. Ces outils ont une portée beaucoup plus large que les autres outils parce qu’ils englobent toutes les dimensions (intention, activi-tés, résultats, effets et impact) de la performance sociale. Ils offrent une vision de la situation de la performance sociale plus globale que précise. L’analyse des systèmes et les entretiens réalisés auprès des clients permettent d’établir une notation décomposable en quatre domaines :

Contexte

Intentions

Processus

Résultats Social Performance Assessment (Gary Waller et USAID) Cet outil n’utilise que les données financières et clients disponi-bles sans nouvelle collecte dédiée à la performance sociale. Il s’agit d’un tableau de notation comportant une série d’indica-teurs sur six dimensions : •Etendue (toucher le public le plus large possible) •Degré (toucher le public le plus varié possible) •Viabilité (développer une activité rentable) •Gamme (offrir des produits différents répondant aux besoins) •Coût (offrir des produits à un coût acceptable pour le public) •Valeur pour les clients et la communauté (assurer la fidélisa-

tion des clients) Le tableau de notation est complété par un audit indépendant pour évaluer l’efficacité de la mission, la gestion, la direction, la politique RH, la planification stratégique. Au lieu d’essayer de mesurer directement la performance sociale, cet outil détermine dans quelle mesure les principaux indicateurs de performance sont compatibles avec la performance sociale et si les processus internes sont conçus et mis en œuvre de manière à aligner les politiques, les comportements et les résultats sur la mission sociale déclarée de l’IMF.

Dossier consultable sur Babyloan.org

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Au niveau des résultats

Cette approche évalue la performance au niveau des clients en étudiant les profils de pauvreté et les impacts. Indice PPI (CGAP, Grameen, Fondation Ford)

Le PPI (Progress out of Poverty Index) est l’indice de passage du seuil de pauvreté. Il élabore des indicateurs-clients compa-rables au niveau mondial permettant de connaître le niveau économique des clients et de montrer l’évolution de leur situation, sans chercher à en déterminer la cause. La difficulté majeure a été de

sélectionner des indicateurs simples et peu coûteux, mais suffi-samment robustes et applicables au niveau mondial. L’outil permet d’évaluer dans le temps l’évolution de la situation économique des clients et de savoir si, à terme, ils sortent de la pauvreté. Il est peu coûteux, transparent et intuitif. Il mesure la pauvreté par le biais de questions simples plutôt qu’au moyen de longues enquêtes et de calculs complexes des revenus et des dépenses Indice PAT (IRIS-USAID) L'USAID s’est attaché à développer un outil d’évaluation de la pauvreté favorisant la précision et la facilité d’utilisation. Chaque PAT (Poverty Assemsment Tool) se compose d'une courte enquête propre à chaque pays et d'un masque de saisie des données. Les PAT ont été conçus pour mesurer la prévalence de la pauvreté et de l'extrême pauvreté des ménages dans un groupe.

Les différents outils d’évaluation

Dossier consultable sur Babyloan.org

L’outil d’évaluation Babyloan Inspiré du PPI (voir description ci-après), Baby-loan demande à ses partenaires de remplir avec

leurs clients un questionnaire simplifié afin d’évaluer la situa-tion sociale dans laquelle ils se trouvent au moment de l’octroi du crédit. Il est divisé en quatre catégories :

Situation économique

Niveau d’éducation

Logement

Situation sanitaire Afin d’apporter une note à chaque catégorie, une liste de huit questions a été définie avec l’IMF. Les réponses aux questions permettent d’établir le scorecard accompagnant chaque profil sur le site. L’impact social et la mesure de la pauvreté sont des probléma-tiques complexes. L’expérience de Babyloan a montré qu’il est difficile pour les partenaires d’utiliser cet outil. Néanmoins, Babyloan continue de former ses partenaires IMF sur ces ques-tions.

Doutes liés à l’évaluation de la performance sociale Cette évaluation de la performance n’est pas considérée par tous comme indispensable, elle soulève quelques réserves : - Besoin de nouvelles normes considérées comme superflues, - Complexité de l’uniformisation des normes au vu des différences de contexte, - Multiplication des contraintes supportées par les IMF, - Lourdeur des processus d’évaluation, - Coût des nouvelles obligations, - Difficulté du passage de données qualitatives à quantitatives, - Forte demande des pauvres considérée comme une preuve suffisante d'utilité de la microfinance.

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Différence entre performance sociale et impact social On parle de performance sociale lorsque l’on analyse le fonctionnement d’une institution et d’impact lorsque l’on étudie les résultats d’une institution. Comme présenté dans le schéma précèdent (cf : p.6) on peut résumer la mesure de la performance sociale comme l’étude du lien entre mission sociale de l’institution et méthodes de travail mises en place. L’impact social quant à lui se mesure au niveau des clients.

Pourquoi l’impact social est plus complexe à mesurer ? Mesurer l’impact social d’une institution nécessite d’une part de réaliser une étude poussée des effets de cette institution sur ses clients. Les deux problématiques majeures sont :

La rencontre, l’échange et la compréhension avec les clients

La possibilité d’établir une comparaison entre l’avant et l’après microcrédit, ainsi que l’isolement des évolutions que l’on peut imputer directement au microcrédit.

De nombreuses études d’impact ont été menées à partir des années 90. Cependant, ces études soulèvent de nombreux débats. Le questionnement principal autour de ces études repose sur ce que l’on cherche à analyser : à être commanditée ou adressée aux bailleurs de fonds, l’objectivité des résultats peut être remise en question. Le choix de la méthodologie mise en œuvre a une forte influence sur les résultats. Les indicateurs utilisés peuvent créer des biais ce qui remet en cause la fiabilité de ces études. Une étude d’impact rigoureuse nécessite l’implication de la population ciblée, or ces études sont généralement menées par des ac-teurs extérieurs qui rencontrent des difficultés à solliciter et impliquer ce public. Ces études sont motivées par la volonté d’extrapoler les résultats et de leur donner une portée globale alors qu’ils ne sont pertinents que dans un cas spécifique. Pour dépasser ces différentes remises en cause, des groupes de recherche tels que le laboratoire du JPAL (Laboratoire d'Action contre la Pauvreté Abdul Latif Jameel fondé en 2003 au Massachusetts Institute of Technology, MIT, Cambridge), le réseau SEEP ou l’organisation AIMS (Assessing the Impact of Microenterprise Services du groupe Management Systems International) développent

Performance sociale d’une IMF et impact social auprès des bénéficiaires

La diversité des outils existants est représentative de la multitude de points de vue quant à l’évaluation de la performance sociale en microfinance. C’est aussi une preuve de l’intérêt que lui portent tous les acteurs du secteur. Cet état de fait abonde dans le sens de la complexité de cette évaluation et se traduit par la difficulté à trouver un consensus.

L’évolution de ce domaine et la complexité qui l’entoure conduit Babyloan à rejoindre le CGAP sur ses conclusions :

« La recherche du « double objectif de résultat » reflète l’importance accordée à la fois à la performance financière et à la performan-ce sociale. Cela permet de sortir de l’impasse de l’arbitrage stérile entre réduction de la pauvreté d’un côté et viabilité de l’autre, pour s’efforcer de mieux comprendre comment les deux se complètent, afin de pouvoir améliorer l’un et l’autre. »5 5Note Focus, N°41, Au-delà des bonnes intentions : évaluation de la performance sociale des institutions de microfinance CGAP, 2007

Dossier consultable sur Babyloan.org

Conclusion

Liens utiles - Site de Babyloan: www.babyloan.org - Site du Mix Market: www.mixmarket.org/fr - Site du CGAP: www.cgap.org - Portail de la Microfinance: www.lamicrofinance.org/ Crédits photos - Cepesiu– Equateur - Seda—Vietnam

Rédaction Nora Primus Yasmine Hamraoui Coordination Babyloan Aurélie Duthoit Conception Graphique Florence de Maupeou