Avec la naissance d’Internet, 1989 est très certainement l’année qui, sans le savoir, marqua des millions de foyers. La volonté du Net est alors toute simple : favoriser la communication et l’accès à l’information à travers le monde.En août 1991, c’est au World Wide Web, ou désormais célèbre « www », de voir le jour. Vingt-cinq ans après sa création, le Web a tissé sa toile, si bien que son utilisation est devenue quotidienne pour une grande majorité de foyers. Et les réseaux sociaux n’y sont pas pour rien !

Multiples et variés, les réseaux sociaux ont su capter l’attention et l’intérêt de toutes les générations. S’ils font partie intégrante de notre quotidien – de nos conversations voire même de notre travail – nous ne les utilisons toutefois pas tous de la même manière !

Média de communication ou d’information, arme de résistance, plate-forme publicitaire, ils sont aussi de nouveaux espaces où fleurissent commerce solidaire, criminalité 2.0, stars de demain, persécution et – les ados vous le diront mieux que personne – chatons trop choupis. Bref : le pire comme le meilleur ! Monstruosité du XXIe siècle pour certains, véritable bénédiction technologique pour d’autres, les adolescents se retrouvent souvent engloutis par les nombreuses considérations qui pèsent sur les réseaux sociaux. Difficile alors de faire le tri et d’en cerner distinctement les différentes facettes.

C’était sans compter l’aide de GROOM ! Car tous ces aspects, le nouveau magazine d’actualité en BD est allé les explorer.Et dans le cadre de notre dossier pédagogique, c’est sur deux thématiques sensibles que nous nous attarderons : le cyberharcèlement (p.8, Benoît Feroumont) et le vol d’identité (p.81, Cam&Léon).

Bonne lecture, et surtout, bon travail !

L’équipe GROOM

DOSSIER PÉDAGOGIQUE

Le cyberharcèlement – également connu sous le nom de « cyberintimidation » ou « cyberbullying » en anglais – est une forme de harcèlement 2.0.

Largement répandu sur Internet, il peut prendre de nombreuses formes et toucher tout adolescent actif sur les réseaux sociaux.

Attaquant souvent leur image de manière publique, le cyberharcèlement, tout comme le harcèlement en milieu scolaire, peut avoir de graves conséquences. Les enfants ont souvent peur d’être mécompris voire totalement incompris alors que leurs parents,

tout comme leurs enseignants, n’ont que peu de prise sur les communications virtuelles de leurs enfants/élèves.

Afin d’engager une discussion préventive ou d’aborder un fait de cyberharcèlement dans l’école, nous vous proposons dès lors d’utiliser les pages 8 à 10 de GROOM.

1.1. LECTURE DES PLANCHES

• Demandez aux élèves de lire, en classe, les trois planches de Benoît Feroumont.

• Pour éviter une mécompréhension, vous pouvez éventuellement préciser que :

« GML@Poulette » => Le Grand Méchant Loup parle à Poulette« Poulette@GML » => Poulette parle au Grand Méchant Loup.

• Demandez-leur de prêter attention à ce qui arrive à Poulette et quelle en est la cause principale. Pourquoi est-il important de ne pas mettre n’importe quelle photo de nous sur les réseaux sociaux ou encore de l’envoyer par messagerie privée ?

Le but est ici de faire prendre conscience aux élèves qu’une image partagée sur les réseaux sociaux ou envoyée par messagerie électronique ne leur appartient plus. Elle peut ainsi être partagée à des millions de personnes ou vendue par des géants comme Facebook à des fins publicitaires, sans qu’ils n’aient d’emprise sur le phénomène. Mieux vaut donc réfléchir à deux fois avant de publier quoi que ce soit.

• Le langage de certains phylactères est volontairement ordurier. Volontaire, certes, mais pas gratuit.

Parce nous n’imaginons parfois pas la portée et le poids des mots, il est également important de faire réfléchir les élèves à la charge sémantique des insultes qu’ils utilisent négligemment.Ces questions peuvent alors être posées : « Quelles insultes sont utilisées envers Poulette ? », « Comment expliques-tu un tel déferlement de messages haineux ? », « Selon toi, est-ce plus facile d’insulter à travers un écran ? Pourquoi ? »

1. LE CYBERHARCÈLEMENT, PAR BENOÎT FEROUMONT

1.2. BRAINSTORMING Suite à la lecture des planches, proposez un brainstorming à vos élèves : « Vous venez de lire trois pages de BD qui traitent de cyberharcèlement. Quels sont les mots qui vous viennent à l’esprit ? »

• Listez de cette manière les réponses des élèves au tableau, en tentant de les regrouper par catégorie (harcèlement général, propre à Internet, …).

• À l’issue du brainstorming, engagez la discussion avec vos élèves : avaient-ils déjà entendu parler du cyberharcèlement auparavant ? Ont-ils conscience de la gravité de ce type d’harcèlement ? Comprennent-ils l’importance d’en parler, s’ils en sont victimes ou s’ils découvrent que quelqu’un est cyberharcelé ? Quelle solution peut être mise en place ?

C’est également l’occasion de mettre en avant le rôle des centres psycho-médico-sociaux (PMS) en Belgique ou des centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) en France.

• Pour les plus jeunes, distribuez une synthèse lacunaire, afin de reprendre, ensemble, les points importants.

Pour les plus grands, proposez de rédiger, par groupe de deux ou trois, une synthèse qui expliquerait le phénomène du cyberharcèlement ; dans le cadre d’une présentation aux classes inférieures par exemple.

1.3. POUR ALLER PLUS LOIN

• Pour pousser la réflexion, vous pouvez proposer à vos élèves de lire les autres planches du dossier « Le risque du harcèlement » (pages 25 à 40 de GROOM ) afin de clôre votre séquence avec une analyse de corpus.

• Vous pouvez également poursuivre votre séquence avec Ma réputation, de Gaël Aymon aux Éditions Actes Sud. On y retrouve une héroïne victime de cyberharcèlement dans le milieu scolaire, dont l’histoire peut-être comparée à celle de la Poulette de Feroumont.

Vous pourrez de cette manière lier la thématique du cyberharcèlement à une compétence de lecture.

• Pour en savoir plus sur le cyberharcèlement, vous pouvez également consulter le dossier pédagogique mis en place par Child Focus : http://www.childfocus.be/sites/default/files/cf-dossier-cyberpesten_fr.pdf

1.4. LE POINT SUR LE CYBERHARCÈLEMENT

Traiter le cyberharcèlement en classe a un intérêt tout particulier : celui de pouvoir faire le point sur les réactions fondamentales à avoir dans ce genre de situation.

L’important est ici de faire comprendre aux élèves qu’il ne faut surtout pas se replier sur soi, comme le fait au départ la Poulette de Feroumont. Il est essentiel d’en parler avec ses parents, ses professeurs, ses amis ou encore des personnes liées aux centres psycho-médico-sociaux afin de pouvoir tirer la sonnette d’alarme au plus vite. Le

dialogue est en effet primordial pour ne pas se laisser aspirer dans le tourbillon infernal du cyberharcèlement.

2. LE VOL D’IDENTITÉ, PAR CAM&LÉONLe vol d’identité est, sans aucun doute, l’autre bête noire des réseaux sociaux. Car non, le vol de données ne concerne pas uniquement les cartes bleues et les sites marchands. Tout jeune peut en effet se faire hameçonner, retrouvant son compte de réseau social piraté. La situation est alors loin d’être anodine puisqu’il touche, une fois de plus, à l’image et à l’intégrité du jeune qui a été piraté.Usurpation d’identité, récupération de photos, commentaires et publications en son nom : nombreux sont les risques, innombrables sont les situations inconfortables.

Il est donc primordial de sensibiliser les jeunes à cette problématique dans le cadre familial mais également dans le cadre scolaire, afin d’avoir davantage de raisonnance et d’impact.

Pour ce faire, nous vous proposons d’utiliser les pages 81 à 83 de GROOM.

2.1. LECTURE DES PLANCHES

• Demandez aux élèves de lire, en classe, les trois planches de Cam&Léon.

• Suite à la lecture, engagez la conversation : « Quel sujet est abordé ici ? », « Que savez-vous du vol de données ? », « Quels sont les différents types de vol de données ? », « Qui peut-être touché ? », « Quels sont les risques ? ».

2.2. MÉTAPHORE DU CAMÉLÉON

Ces planches vous permettront, dans le cadre d’un cours de français notamment, de sensibiliser les jeunes à la bande dessinée et aux figures de style qui peuvent s’y retrouver.

En effet, l’élève, d’ores et déjà familier avec les différents types de textes (explicatif ou didactique, narratif, descriptif, injonctif,…) et/ou les différentes figures de style, pourra appliquer ses connaissances à la bande dessinée.

• Quel est le type de message délivré par cette bande dessinée ?Quel type de texte pourrait être apparenté à ces planches ?• Quelle est la figure de style utilisée dans cette BD ? Réfléchis à l’utilisation du caméléon.Imagine-toi à la place de l’auteur. Quelle figure de style aurais-tu utilisée ? Quel animal aurais-tu choisi et pour quelles caractéristiques ?

2.3. PROTÉGER SES DONNÉES

Aujourd’hui, rares sont les événements qui ne sont pas partagés sur les réseaux sociaux. Dès le réveil et jusqu’au coucher, les adolescents – mais pas que ! – y publient leurs joies, leurs peines, leurs meilleurs moments et leurs plus beaux profils. Un moyen de sociabiliser, de garder le contact et de gonfler leur côte de popularité… gratuitement !

Et c’est certainement là que le bât blesse. Jean-Marc Manach, journaliste spécialiste du Web, nous l’explique d’ailleurs dans ce deuxième numéro de GROOM : quand c’est gratuit, c’est vous le produit ! (Pour aller plus loin grâce à la bande dessinée, ce sujet est développé dans GROOM, p. 84 et 89 à 91).Inutile de se voiler la face : tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux ne vous appartient plus. Et ce ne sont pas les petits caractères des conditions générales que vous avez aveuglément acceptées qui diront le contraire. Plus encore, chacun des clics, likes et partages sont recensés pour mieux connaître vos goûts… et les publicités qui seraient susceptibles de vous plaire.

Par ailleurs, de nombreux pirates 2.0 voguent sur les eaux tumultueuses des réseaux sociaux. Récupérer les données personnelles, voler des identités : leurs desseins sont multiples et parfois même dangereux.

Afin de prévenir les mauvaises surprises, il est donc primordial de sensibiliser les jeunes à l’importance de la sécurisation de leur profil.

Car il suffit parfois de quelques ruses pour mieux se protéger :

- favoriser les mots de passe longs : plus de huit caractères, avec un signe et/ou un chiffre différent selon le compte utilisé ;- ne pas partager son mot de passe (d’autant moins pour prouver son amour après un mois de relation passionnelle) ;

- ne pas choisir « quel est votre plat préféré ? » - et encore moins répondre « pizza » - à la question de récupération du mot de passe ;

- ne pas partager de photos dont on souhaite garder les droits ;- …

Pour plus de trucs et astuces : Surfons tranquille 3.0 !, par Olivier Bogaert aux Éditions Racine