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Dossier pédagogique de l’exposition

« SPEEDY GRAPHITO AU PALAIS DU TAU »

à Reims du 27 janvier 2018 au 8 avril 2018

Exposition rétrospective organisée en partenariat avec le jardin des arts présentant les œuvres de la collection personnelle de l’artiste.

Speedy Graphito

Né à Paris en 1961, Olivier Rizzo se passionne très jeune pour le dessin, à tel point qu’il n’hésite pas à entreprendre des études artistiques. Il prend des cours à la Maison des jeunes et crée des décors de théâtre pour la Lyrique de L’Isle Adam, puis fait trois années d’études des techniques d’arts appliqués au collège de la rue Madame (Paris). Il complète sa formation avec deux ans à l’école supérieure des arts et industries graphiques (ESAIG), dite l’école Estienne.

Après un court passage dans la publicité, il se remet rapidement à peindre. A 22 ans, il s’est alors suffisamment libéré des conventions et idées inculquées à l’école pour trouver et affirmer son identité sur la toile. Le jeune artiste commence à peindre dans son petit studio parisien mais manque vite de place. Il décide de sortir dans la rue et reproduit ses motifs aux pochoirs sur les murs autour de son atelier, puis de son quartier, avant d’élargir son territoire à toute la ville. Les galeries ne lui ouvrent pas encore leurs portes mais la rue lui permet de se confronter aux regards extérieurs.

C’est à ce moment qu’apparait le nom de Speedy Graphito, lui permettant de signer ses œuvres tout en gardant l’anonymat. Plus qu’une signature, il appose ce nom comme sa marque. En 1984, la Galerie Polaris (Paris) lui propose de l’exposer. En 1986, il remporte le concours lancé par le Ministère de la culture pour la réalisation d’une affiche dans le cadre de La Ruée vers l’art.

Ces deux événements marquent le début de son succès (expositions personnelles et collaboratives, commandes publiques, customisations monumentales, performances, etc.) Speedy Graphito est aujourd’hui considéré comme l’un des pionniers du Street Art français même s’il ne se considère pas comme un graffeur ou street-artiste mais comme un artiste plasticien. Soucieux depuis toujours de rendre son travail accessible à tous, notamment en investissant l’espace public, il est régulièrement invité à la réalisation de fresques collectives.

En parallèle, c’est un peintre de chevalet qui travaille principalement en atelier dont est issue une très grande part de sa création. Artiste productif, il utilise tous les types de supports et une grande variété de techniques. Avide de liberté et constamment à la recherche de nouveautés, il est motivé par le besoin de continuellement se renouveler et est doté d’une extraordinaire faculté d’imagination.

Le monde qui l’entoure est pour lui source d’inspiration et son œuvre évolue en fonction des changements qui marquent notre société : en 1984, ses œuvres ont un style marqué «80’s», en 2007, il aborde l’abondance de l’image avec Google, en 2012, ses tableaux se métamorphosent en Smartphones géants qui pointent nos rapports virtuels… Autant de thématiques qui touchent notre quotidien. Aujourd’hui, quand on lui demande quelle image de lui-même il aimerait laisser dans le temps, Speedy Graphito répond : « un artiste libre ! ».

En classe en préparation à la visite, visionner la vidéo de 3 minutes 30 disponible sur internet : « Art is life. Speedy Graphito »

Le street-art ou art urbain

Le Street Art est un mouvement artistique contemporain qui regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. En français, on l’appelle « art de rue » ou

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« art urbain ». C’est un art instantané, rapide, interdit, dont le but est de faire passer un message, sans autorisation. Il peut prendre des formes multiples : - graffiti, avec ou sans pochoirs. Le pochoir est une technique assez simple consistant à découper dans un matériau rigide comme du carton, du plastique, du bois, du métal... un motif décalqué provenant d’une image, d’une photographie... avec lequel il « bombera » par la suite les murs de la ville. Le mot « graffiti » venant du mot italien «sgraffito » ou « sgraffite » qui signifie «coup de griffe, égratignure» mais surtout «stylet» consiste à apposer sa marque ou sa signature sur un mur. Le graffiti est né dans les années 1960 au cœur de New-York. On distingue :

le tag qui vient de l'anglais « to tag» (étiqueter) est une signature ou une marque. Ses lettres stylisées réalisées d'un geste rapide à l'aide de l'aérosol, du pinceau, du marqueur ou du sticker forment un nom qui est souvent le pseudonyme de l'artiste.

le throw up ou « flop » est une forme intermédiaire entre le tag et le graff ou la fresque.

le graff, le masterpiece, la pièce ou encore la fresque représente un ensemble de lettres à la composition complexe et sophistiquée réalisée souvent par plusieurs graffeurs c'est à dire par une « crew ». Des personnages, des décors, des flèches, des commentaires... se mêlent au lettrage.

- stickers vient du verbe anglais « to stick » qui veut dire « coller » (autocollants) - dessin, peinture - mosaïque - installation ou sculpture - intervention sur le mobilier urbain (abribus, panneaux, poubelles) - illusions d’optique sur le sol et sur façades (trompe-l’œil) - art sonore (installations jouant avec les postures d’écoute, « field recording », sculptures et instruments, performances) Le Street Art peut être discret et occuper de très petits espaces (dessins, stickers) ou être monumental et très visible, comme, par exemple, des structures gonflables. Il s’agit principalement d’un art destiné et imposé au grand public, éphémère et en constant renouveau. Il permet de toucher des personnes qui n’entreraient pas dans un musée ou dans une galerie d’art. C’est un art universel. Les artistes de rues ont des motivations artistiques (faire connaître leur art) mais aussi politiques ou sociales (faire passer un message) : changer notre regard sur la ville et sur l’art. Rappelons que dès l’Antiquité, on peint ou on grave les façades: publicités, inscriptions revendicatives, insultes même! Au XXème siècle, le même esprit perdure comme le montrent des graffitis réalisés en France sous l’occupation allemande ou durant les événements de Mai 1968. La rue est avant tout un lieu de rencontre qui favorise la diffusion, les échanges, l’affrontement des idées. Le graffiti occupe désormais une place à part entière dans l’art contemporain.

L’exposition Artiste aussi bien d’atelier que de rue, Speedy Graphito a une solide formation en arts plastiques. Ses sources d’inspiration et son énergie créatrice sont inépuisables et les mediums et supports qu’il utilise d’une grande diversité : il se définit comme un DJ des arts plastiques. Toutes ses œuvres sont accompagnées de titres qui accentuent leur résonnance avec humour ou sarcasme. Ce sont des confrontations entre le temps et la culture, entre l’histoire de l’art et la société. Puisant dans le monde qui l’entoure, Speedy Graphito interroge les rapports entre l’art et l’argent, entre l’art et la société, entre l’art et l’art. Cette rétrospective s’articule à travers quatre grandes thématiques qui présentent son travail des années 1980 à nos jours.

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La visite • Cour extérieure A bout de souffle – 2008 Sculpture gonflable à air pulsé – H 4m Œuvre qui représente Lapinture : un être zoomorphe à corps humain et à tête de lapin guerrier de pierre, moitié robot, composé d’un fer à cheval, personnage créé par l’artiste au début de sa carrière. Il est son double et sa muse représentant son rapport à l’art et à son travail. 2008 a été une période difficile pour l’artiste (peine de cœur, problèmes financiers…). Ici Lapinture se regonfle après une période difficile. Big buzz – 2017 Ballons gonflables - H 2m x 2.5m x 2m • Salle basse LES HISTORIQUES

Au début des années 1980, pour confronter ses œuvres au grand public, le jeune artiste commence à « graffer » sur les murs de Paris avec des motifs tout droit sortis de ses tableaux et signe de sa marque Speedy Graphito. C’est également à cette époque qu’apparaissent ses personnages mythiques comme Lapinture ou Dédé le démon. Cette première partie permet également d’aborder le rapport des œuvres de l’artiste au temps. Comme elles n’y échappent pas, Speedy Graphito imagine leur devenir : comment le temps aurait pu laisser sa trace sur ses créations si elles avaient été réalisées dans l’espace urbain. Ce n’est plus l’art qui envahit la rue mais l’espace urbain qui investit la toile. Source d’inspiration constante, sa pratique du Street Art influence son rapport à l’art et il n’est pas rare qu’il use des techniques de graff sur ses tableaux. Bonjour je m’appelle Speedy Graphito… - 1985 Acrylique sur toile 150 x 150 Œuvre de 1985 toujours d’actualité aujourd’hui. L’artiste ne veut pas être catalogué : il a toujours fait ce qu’il lui plaisait et a souvent changé de style ou d’univers. Le réveillon – 1985 Acrylique sur toile 150 x 150 Référence à la nature morte mais version critique de la société de consommation avec boîtes de conserve et boissons prestigieuses. Noter les personnages-robots hallucinés à la coiffure en trident. Malala – 1984

Acrylique sur toile 130 x 200 Malala est l’une des œuvres majeures de l’artiste qui l’a révélé. Il s’est inspiré d’un codex maya pour la disposition des éléments. L’œuvre se moque des personnes qui ont mal partout avec le jeu de mots « mal à la… ». Toutes les eou Personnage du milieu comme un ex-voto ou totem? On retrouve aussi le personnage-robot noir halluciné. Huis-clos – 1985

Acrylique sur toile 150 x 150 On retrouve le personnage noir qui est une ombre poignardée par une chaise. C’est dans cette œuvre que SG décide de le tuer pour ne pas être cloisonné, pour ne pas être catalogué. L’aventure intérieure – 1989 Acrylique sur toile 164x 164 C’est un autoportrait avec Lapinture en sous-couche. Beaucoup d’objets en rapport avec l’artiste.

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Autopsie d’un président – 1989 Acrylique sur toile 193 x 290 A composé cette œuvre comme une affiche pédagogique de leçon de chose à l’école, ici d’éducation civique. Sa mère était institutrice. Jeu de mots entre les objets et une notion : le marteau qui fait référence à la folie (être marteau). On retrouve Lapinture (tête de lapin + fer à cheval) sur fond de couleurs nationales. Chef d’œuvre à Lapinture – 1987 Acrylique sur toile 195 x 260 Lapinture est bien plus qu’un personnage. Il se décline sous toutes les formes et traverse les âges. Il est un véritable « double » du peintre qui exprime à travers lui tous ses questionnements artistiques. Ce personnage emblématique traduit cette relation fusionnelle qu’a Speedy Graphito avec la peinture. Pour cette œuvre, Lapinture et des objets symboliques car SG revenait d’Italie. URBAN ART Speedy Graphito n’a de cesse de tourner en dérision notre société moderne. La ville est encore une fois son terrain de jeu mais elle est ici déserte et formatée de manière à revêtir un caractère universel. Dans cet environnement, il n’hésite pas à détourner marques, logos et messages publicitaires qui envahissent notre quotidien. Il utilise notre culture populaire qui, selon lui, est la gardienne de notre mémoire collective, et redonne une seconde jeunesse à ses personnages de fictions déconnectés du monde contemporain. Il dépeint dans ces grandes villes des figures emblématiques d’une société régie par le consumérisme. Des personnages plus ou moins enchantés se retrouvent alors propulsés hors des paysages idylliques dans lesquels ils sont nés. Placés dans cet environnement urbain, ils semblent à la fois à propos et en complet décalage. Addict city – 1985

Acrylique sur toile 360 x 270 Des tours urbaines sans fenêtres, ni humains mais saturées de marques et de publicités. La ville est une vitrine où il est possible d’acheter de tout sans compter. Il dénonce le consumérisme, la médiatisation et le développement international, une société qui perd la mémoire des cultures ancestrales. Cabane – 2010 Cabane peinte, fausse pelouse, bombes de peinture… 200 x 300 x 250 Référence à l’adolescence de SG. Il habitait la banlieue et faisait des cabanes. C’était son refuge. Il y a installé un lit, une table, un coffre pour les provisions… et il a taggué la cabane pour la confondre dans la ville. Spirit of street – 2010 Acrylique et spray sur toile 200 x 300 Résultat d’une performance c’est-à-dire une création artistique faite en direct face au public. Œuvre réalisée à Artcurial aux Champs Elysées (maison de vente aux enchères d’art moderne). Utilisation de pochoirs, de tags…. Il représente Picsou en Vuitton et dénonce le marché de l’art. King size – 2013

Acrylique et spray sur sculpture en résine 200 x 80 x 80 Bombe ou peinture aérosol, symbole du graffeur, qui fait partie d’une série de bombes dont les premières sont propres. Les autres outils utilisés par les graffeurs sont la peinture à l'aérographe, le marqueur, le stylo, la craie, la peinture au rouleau ou au pinceau ou encore l'acide pour vitre ou pour métal. Urban smile - 2016 Acrylique et spray sur toile 220 x 540 Mélange de personnages de BD et de dessins animés liés à l’enfance de l’artiste: Blanche-Neige qui croque la pomme d’Apple, Angry bird, Bob l’éponge, Schtroumpf, Picsou, Popeye,

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la Panthère rose, Wonderwoman, Félix le chat, Tom (sans Jerry), Astroboy…Notons que les œuvres de SG ont horreur du vide : dans la rue, si une place est vide, elle sera taguée. Mandala – 2009 Acrylique et spray sur toile 180 x 180 Le mandala qui signifie « cercle » est une représentation circulaire organisée autour d’un centre. Cette représentation symbolise l’univers. Le mandala est ainsi utilisé pour méditer sur le monde. Cette œuvre par sa forme et les éléments qui la composent invite le spectateur à méditer sur le monde… un monde d’argent, de jeux… Another day – 2014 Acrylique sur toile 250 x 200 Œuvre qui fait référence au test de Rorschach conçu par le psychiatre et psychanalyste Hermann Rorschach en 1921. Baptisée « psychodiagnostic », cette expérience appartient aux tests appelés projectifs. Le sujet est soumis à des stimuli, le principe étant que ses réponses indiquent des mécanismes inconscients et des traits de sa personnalité. Ses réponses spontanées sont exprimées grâce à des tâches d’encre symétriques conçues pour l’’évaluer psychologiquement. La symétrie est également une transposition du corps, la représentation d’un double lisible comme un livre ouvert sur la pensée. L’effet miroir permet une évasion simplifiée. DES NOUVELLES TECHNOLOGIES A L’ABSTRACTION

S’inspirant d’un monde dans lequel l’image est omniprésente, Speedy Graphito s’en saisit pour interpeler le spectateur. Il utilise ce qu’il considère comme une culture universelle aussi bien pour exprimer sa vision de notre société que pour expérimenter ses envies plastiques. Une toile qui ne se dévoile entièrement que via une tablette tactile, une autre demande si vous voulez vraiment prendre cette photo, ou encore une qui ne se lit qu’à travers un smartphone… Speedy Graphito propose une lecture du monde dans lequel arts et nouvelles technologies entrent en collision. Puis, toujours en questionnant le rapport à l’image, il utilise les icônes de plusieurs générations et glisse vers l’abstraction. Le peintre démultiplie, segmente, brise, fragmente et c’est au spectateur de mentalement recomposer l’image, parce qu’il la reconnait ou la devine. Il modifie et déforme parfois tellement les sujets que l’œuvre s’engage dans une forme d’abstraction totale, se libérant de l’image initiale. Sorry… - 2012 Acrylique sur bois 150 x 100 Les smartphones se sont greffés à nos vies comme un nouvel organe. Miroirs de notre intégration sociale, ils nous ouvrent un monde où la réalité côtoie le virtuel. SG caricature les codes verbaux imposés par nos téléphones. « Désolé, une erreur système s’est produite » : Godzilla est en train de brûler et détruire des fils électriques. Don’t like – 2012 Acrylique sur bois 150 x 100 Don’t like ? Hulk va tout détruire. Low battery – 2012 Acrylique sur bois 150 x 100 Son Gohan de Dragon Ball Z lance une boule d’énergie alors que la batterie du smartphone est faible. Do you want to save ? – 2012 Acrylique sur toile 200 x 240 SG nous interroge sur la sauvegarde : de la vie, des données sur informatique, de l’environnement ici à l’heure du développement durable. Pouvoir humain de supprimer ou non. Notion d’éphémère acceptée par les artistes de rue qui savent que leurs œuvres seront effacées ou recouvertes mais la question de pérennité est tout autre pour le marché de l’art et pour le patrimoine. Sculpture – 2015

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Sculpture en métal découpé H 160 cm (fait avec matériaux récupérés) Cosmic Tuning – 2011 Acrylique sur toile 250 x 250 Micky – 2016 Acrylique sur toile 81 x 65 Tweety – 2016 Acrylique sur toile 81 x 65 Infini Space 2 – 2015

Acrylique sur toile 100 x 100 Stroumph – 2016

Acrylique sur toile 81 x 65 Micky 2 – 2016 Acrylique sur toile 81 x 65 Eden – 2015 Acrylique sur toile 197 x 130

8 œuvres abstraites qui font partie de la « techno-abstraction ». Travaillée à partir de déformations numériques, cette série représente une variation des perceptions de l’énergie. Aimantation, répulsion, torsion, étirement, les flux vivent et subissent des transformations successives créant un monde virtuel. Dans ce micro-monde informatique où la diversité des attractions se module, l’esthétique numérique crée de nouvelles formes d’expression. La machine devient créatrice et l’artiste, la machine exécutrice de l’œuvre. • Salle du Festin

LANDSCAPES Rock’n Roll – 2012

Acrylique sur toile 140 x 160 Into the wild – 2012 Acrylique sur toile 140 x 160

Lapinture – 2012

Acrylique sur toile 140 x 160 Mailbox – 2012 Acrylique sur toile 150 x 120

Wifi zone – 2012 Acrylique sur toile 150 x 120 Série réalisée aux Etats-Unis à Los Angeles. Toiles décalées comme la wifi zone sur une île : même perdu sur une île, on reste connecté au monde avec la wifi. Formellement, les œuvres présentent des fils sur les toiles et du tissage dans la partie inférieure. Ces œuvres en salle du festin dialoguent avec les tapisseries qui évoquent le métier de son père : tapissier. • Salle du Couronnement de la Vierge MON HISTOIRE DE L’ART

Avec une solide formation artistique et un goût pour les musées, Speedy Graphito n’est pas un artiste qui se place en rupture avec les «Grands Maîtres». Sa culture de l’art est celle de l’Art Moderne auquel il fait régulièrement référence dans ses œuvres. Il s’amuse à confronter quelques grands noms de la peinture aux icônes populaires de nos XXe et XXIe siècles. Aquarium – 2016 Acrylique sur toile 140 x 160 SG revisite l’histoire de l’art en réalisant des œuvres protéiformes qui citent et assimilent les maîtres tout en y

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intégrant la culture populaire des comics, mangas, jeux vidéos, BD… Il cite particulièrement les grands maîtres qu’il admire : Magritte, Warhol. Il expérimente aussi des techniques comme la superposition, l’inclusion, la transformation, la métamorphose.

La composition générale de cette toile reprend celle de René Magritte (1898-1967) Les valeurs personnelles de 1952 du Museum of Modern Art San Francisco. La modification d’échelle présente ici à travers l’agrandissement d’objets du quotidien (un verre, un peigne, une allumette, …) est utilisée à maintes reprises par l’artiste. Cette hypertrophie des objets est un moyen parmi d’autres de perturber le spectateur, de provoquer chez lui un choc poétique et un sentiment de malaise face à une surréalité voulue et recherchée. L’autre élément de décor qui se reflète dans le miroir de l’armoire est La Grande Vague de Kanagawa, l’estampe la plus connue du peintre japonais spécialiste de l'ukiyo-e ou estampes profanes, Hokusai, publiée en 1831 pendant l'époque d'Edo.

C’est la première de sa fameuse série Trente-six vues du mont Fuji dans laquelle l'utilisation du bleu de

Prusse renouvelait le langage de l'estampe japonaise. La composition, synthèse de l'estampe japonaise traditionnelle et de la « perspective » occidentale, lui

valut un succès immédiat au Japon, puis en Europe, où elle fut une des sources d'inspiration des impressionnistes. En haut à droite, Nature morte au buffet vert d’Henri Matisse (1869-1954) de 1928. Huile sur toile conservée au Centre Pompidou de Paris qui est une des toiles les plus accomplies de Matisse par la magie de la couleur et par la noblesse des lignes. Sur un buffet de cuisine

vert d'eau dont les portes entrouvertes délivrent une raie noire qui cerne le ton, à l'instar des maîtres anciens, et sur lesquelles se trouve jetée, à gauche, une nappe quadrillée de bleu, le peintre a posé un pichet blanc orné de motifs bleus, une assiette de fruits, un verre d'eau, enfin un couteau dont la noirceur du manche équilibre la composition. Au centre, une citation de la Banane réalisée par l’artiste Andy Warhol en 1966 pour la pochette de disque du groupe Velvet Underground and Nico.

Dans ce décor de citations des grands maîtres, SG met en scène des personnages issus de la culture populaire chère à son enfance : des héros de BD comme Riri le neveu de Picsou créé en 1937 par les studios Disney, une jeune pin-up extraite de comics américains en train de se maquiller, Bob l’Eponge, héros d’une série télévisée d'animation américaine de 1999. Mais les jeux vidéos actuels ne sont pas oubliés avec la présence de Pokémons issus du jeu vidéo créé par Satoshi Tajiri en 1996 et édité par Nintendo. On reconnaît Staross dans le verre et Hypotrempe dans la vague.

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Mysterious influences – 2017

Acrylique sur toile 140 x 160 Références aux grands maîtres : Sur le mur du fond, une toile de Roy Lichtenstein, The kiss V (Le baiser 5)

collection particulière de 1964. Membre important du pop art (popular cultur = art populaire en s’inspirant d’objets de la vie quotidienne), il dénonce la société de consommation en général et des BD en particulier qui « expriment les émotions violentes et la passion de manière parfaitement mécanique et distante ». Scène mélodramatique forte

en émotion inspirée de BD et de roman à l’eau de rose c’est-à-dire des imprimés. Le mode de travail de Lichtenstein rappelle Dada non seulement parce qu’il agrandit des petits modèles jusqu’à les rendre monumentaux mais surtout parce qu’il ne projette pas le modèle lui-même mais un dessin libre de celui-ci sur une toile pour lui redonner ensuite cet état mécanisé semblable à celui du modèle d’origine.

Au 1er plan, citation d’un autre membre du pop art, Tom Wesselmann : Nature

morte au rideau orange mouvant, sérigraphie de 1999. Il réalise

de grands nus féminins et des natures mortes composées souvent de produits de consommation courante.

A droite, Fallen Angel (=ange

déchu en anglais) acrylique et pastel gras sur toile de 1981 (168 x 197,5 cm Collection particulière) de l’artiste peintre américain Jean-Michel Basquiat (1960-1988). Pionnier de la mouvance underground, il utilise les techniques du street art dont il est un des représentants: une toile, peinte à l’acrylique, au pastel gras et à la bombe aérosol avec graffitis. En 1983, il rencontre Andy Warhol et laisse une œuvre de plus de huit cents tableaux et mille cinq cents dessins à 27 ans à la suite d’une overdose. Cet ange se change en humain ou en monstre : son

auréole devient une couronne d’épines, son corps ailé se transforme en squelette avec un sexe masculin. Basquiat fait

ressortir toutes les émotions que pourrait ressentir un ange déchu : colère, chagrin, dégoût avec la violence de sa technique si particulière. En-dessous, Skulls d’Andy Warhol, sérigraphie de 1976. La

série de crânes comme son nom l’indique est exposée à la Galerie Nationale d’Ecosse à Edimbourg. Elle s’inscrit dans la thématique warholienne de la mort en tant que vanités. Dessous, une citation de la Banane réalisée par l’artiste en

1966 pour la pochette de disque du groupe Velvet Underground and Nico.

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Sur une étagère à gauche, SG présente du haut en bas : Des personnages de l’artiste américain Keith Haring (1958–1990), street artist de renom qui commence à dessiner à la craie blanche sur des panneaux publicitaires noirs du métro de New York. Il grave également des dalles de grès des trottoirs dans l'East Village Il exécute ainsi plusieurs milliers de dessins, aux lignes énergiques et rythmées. La « griffe Haring », c'est la répétition infinie de

formes synthétiques soulignées de noir avec des couleurs vives, éclairantes, sur différents supports s’inspirant des dessins du désert de Nazca et du graffiti.

Une tête de mort de Picasso extraite de Nature morte aux poireaux, crâne et cruche (14 mars 1945, Fine Arts

Museums of San Francisco). Série réalisée dans le contexte de la libération des camps d’extermination : Auschwitz est libéré en janvier 1945. Allégorie du Gogotha : mont crâne où Jésus a été crucifié symbolisé par un crâne et deux tibias entrecroisés remplacés ici par des poireaux.

Balloon Dog est une sculpture monumentale de l'artiste américain Jeff Koons représentant un chien sculpté à partir d'un ballon. Il existe différentes versions de cette sculpture en acier inoxydable. Réalisées entre 1994 et 2000, elles présentent chacune une couleur différente : bleu, magenta, jaune, orange et rouge. Cette sculpture est exposée au centre Georges Pompidou. Références à des personnages de jeux-vidéo et de comics ou BD : Au centre, Donald Dick créé en 1934 par les studios Disney.

Autour de lui, des fantômes du jeu vidéo Pac Man créé par l’entreprise japonaise Namco en 1980. Le jeu consiste à déplacer Pac-Man, un personnage qui, vu de profil, ressemble à un diagramme circulaire à l’intérieur d’un labyrinthe, afin de lui faire manger toutes les pac-gommes qui s’y trouvent en évitant d’être touché par des fantômes.

Nothing is better than a hamburger – 2016 Acrylique sur toile 140 x 160 Références à Basquiat, Haring, Lichtenstein, Warhol et Jeff Koons. Autoréférence aussi avec la toile au châssis retourné et marqué de son titre et de la signature de SG. Joker Combo – 2016

Acrylique sur toile 140 x 160 Références à La vague d’Hokusai, aux Tournesols de Van Gogh. What’s up Duck ? – 2017

Sculpture en métal peint H 130 Call me Mick – 2017 Sculpture en métal peint H 130

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Evanescence – 2015 Sculpture en métal découpé H 160

L’offre pédagogique

Les œuvres de SG permettent de faire de l’histoire des arts en général et d’aborder particulièrement la thématique Les arts à l’ère de la consommation de masse de 1945 à nos jours en cycle 4. Les œuvres soulignées du parcours de visite peuvent être utilisées par l’enseignant. Une fiche d’activité en annexe exploite les citations de l’histoire de l’art et de la culture populaire effectuées par SG dans Aquarium – 2016. Des médiations sont proposées : A la découverte de Speedy Graphito, entre figuration libre et art urbain

Cycles 1, 2, 3, 4, collège, lycée, université Visite ludique / Parcours-découverte / Atelier du patrimoine Découverte des œuvres de Speedy Graphito, entre personnages de comics, influences de grands peintres de l’histoire de l’art, marques publicitaires et jeux-vidéos. VISITE LUDIQUE (1h)

Cycle 1 : Visite de l’exposition ponctuée de stations de médiation où sont présentés les outils de l’artiste (chevalet, palette, peinture acrylique en tube, pinceaux, bombes, pochoirs…). PARCOURS-DECOUVERTE (1h15-30)

Cycles 2 et 3 : Visite de l’exposition en expliquant le travail de l’artiste (outils, méthode…) + montrer les différents types d’œuvres (toile, sculpture) + montrer ou faire deviner les références de l’artiste (Internet, personnages de bandes dessinées, dessins animés, référence aux peintures des grands maîtres…). Collège : Même visite que pour les cycles 2 et 3 + faire deviner le message caché de certaines œuvres. ATELIER DU PATRIMOINE (1h visite + 1h atelier)

Cycles 2 et 3 : travailler sur la composition équilibrée d’une œuvre. Prendre comme exemple « Mandala » ou « Another day » ou « Urban smile » ou « Aquarium » ou « Addict city ». Expliquer différentes manières de disposer les images. A partir d’une œuvre de Speedy Graphito citée ci-dessus choisie pour sa composition, d’un thème donné par l’animateur ou d’un thème décidé par l’élève et à l’aide d’images imprimées ou de magazines, les élèves composent leur œuvre personnelle. Collège : création d’une œuvre individuelle ou collective à la manière de Speedy Graphito au pochoir. Les élèves choisissent parmi les motifs proposés ou dessinent leur propre motif pour créer un pochoir en carton avant de l’utiliser avec de la peinture acrylique.

Angélique BRETAUDEAU Emmanuel DORFFER Responsable de l’action culturelle et éducative Professeur relais