dossier central du lea n°95 (novembre 2015)

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7/23/2019 Dossier central du LEA n°95 (novembre 2015) http://slidepdf.com/reader/full/dossier-central-du-lea-n95-novembre-2015 1/4  LE LOT EN ACTION n° 95 - vendredi 30 octobre 2015 P 15 Sa culture permet également de réali- ser une rotation des sols, c'est une très bonne tête d'assolement, car celle-ci amé- liore la capacité en eau des sols en fraction- nant ceux-ci en profondeur. Elle laisse donc un sol propre et une terre meuble, étouffant les adventices. Elle est parfaite comme pré- parateur de sol pour une culture céréalière. D'un point de vue économique, elle fait par- tie des plantes qui possèdent un cycle vé- gétatif court. 150 jours étalés en moyenne du 15 avril au 15 septembre. De plus elle est très productive, en effet pour 1 ha de culture, on récupère en moyenne 2,5 t de fibre et plus de 4,5 t de chènevotte. Les débouchés Du chanvre, on obtient trois produits im- portants ainsi qu'un sous-produit : la fibre, la chènevotte, les graines et les poudres. Les fibres Principalement aujourd'hui dans la papete- rie haut de gamme, avec 55% des fibres de chanvre produites, qui assure à la filière sa sta- bilité. Les fibres sont également utilisées dans l'isolation, environ 25% de la production. En- fin les 20% restants partent dans la plastur- gie en venant par exemple remplacer le poly- acrylonitrile-butadiène-styrènes des tableaux de bord et portières des voitures. Les construc- teurs automobiles, eux aussi, doivent réfléchir à l'amélioration environnementale de leurs voitures. Les Peugeot 408 intègrent mainte- nant 4 kg de fibres de chanvre dans leurs por- tières et tableaux de bord. Tout cela représente environ 17.000 t dans l'Union Européenne. La chènevotte 85% de la production finit dans les litières haut de gamme, pour chevaux par exemple et 15% part dans la construction soit pour les mortiers ou en vrac comme isolant. Cela représente un peu plus d'1 tonne par hec- tare, soit environ 16.000 t au total en France. Les graines La majeure partie part dans l'oisellerie ou dans la production d'appâts pour poisson, envi- ron 5000 t en France, et l'autre partie s'utilise dans l'alimentation humaine. En effet, com- mencent à apparaître des produits alimen- taires à base de chanvre comme les huiles de chanvre riches en oméga 3 et 6 ou des yaourts. Les poudres (poussières) Les poudres sont composées des poussières produites lors de la première transformation mécanique du chanvre. Elles sont un sous-pro- duit, et pour l'instant n'ont pas de réelle uti- lité, si ce n'est dans la production de pellets pour des chaufferies. Elles représentent envi- ron 1 tonne par hectare  Le numéro 0 du Lot en Action, publié en juillet 2009, imprimé sur la photocopieuse de la Libraithèque à Cahors, consacrait son dossier central à la filière chanvre dans le Lot et en particulier à Pierre Amadieu, qui développait alors dans sa grange une machine mobile pour défibrer le chanvre. Six années après nous revenons sur cette filière chanvre qui se développe à nouveau après avoir fait partie intégrante de notre culture. Si Pierre n'a pu poursuivre son aventure, il reste un acteur majeur de la filière chanvre en France et en Europe et organisera, les 5 et 6 décembre prochains à Paris, un village chanvrier à l'occasion de la COP21. Bâtiment, isolation, plasturgie, alimentation, le chanvre offre de multiples applications, et pour certaines high-tech. Redécouvrir ses qualités pour construire (ou rénover) et isoler sa maison, c'est ce que nous vous proposons avec ce dossier central. Et la nais- sance de l'Amac, une Amap dédiée au bâtiment en Bouriane, annonce de nouvelles perspectives, tant dans le développement local du chanvre que dans le partage des compétences. C ultivé sur presque 176.000 hectares en 1850 pour les besoins de l'habillement, du linge de maison, de la corderie, des calfatages, des filets et des voiles de ma- rine, ou encore pour l'éclairage grâce à ses huiles ou dans la pharmacopée, le chanvre sera, jusque dans les années 1930, un des atouts industriel et économique de la France. Sa culture comme celle du lin, déclinera dans les années 1930, à cause des découvertes sur la polymérisation qui donne accès aux maté- riaux de synthèse. Peu à peu, le nylon se subs- tituera au profit du chanvre et les polymères synthétiques, issus du pétrole, commence- ront à remplir notre quotidien. Mais pas seu- lement. En effet, en 1930 on commence à interdire sa culture du fait de sa teneur en psychotropes, c'est l'époque de la prohibition. Dans certains pays, il sera totalement aban- donné, dans d'autres, comme la France, il ré- sistera aux pressions extérieures. Sa culture repartira dans les années 1970 et aujourd'hui, sous couvert d'un contrôle de l'État, la France autorise la culture de variétés possédant une teneur en THC réduite, inférieure à 0,2%. Principalement la demande stagne autour de la papeterie spéciale, de la plasturgie, des yaourts (avec la production de lait de chanvre sans lactose), des huiles mais aussi depuis peu dans la construction. En effet, depuis une ving- taine d'années environ, de nouvelles initiatives ont vu le jour, pour redévelopper la culture du chanvre en France, promouvant les avantages de son utilisation dans la construction. En valo- risant la chènevotte par exemple comme gra- nulat pour les bétons de chanvre ou en vrac comme isolant. La fibre, elle, pouvant servir dans les panneaux ou comme laine isolante. En 2014, sur les 10 000 ha de chanvre récoltés en France (total de 15 000 ha en Europe), 2 000 ha seront utilisés dans la construction, soit envi- ron 20%. On comprend donc qu'avec les cultures déjà existantes en France, il existe un potentiel fort quant à son utilisation dans la construction. La plante chanvre La culture de la plante chanvre repose sur une agronomie saine et efficace : La plante chanvre est une plante à feuilles pal- mées, mesurant plus de 2 mètres de haut. Ori- ginaire d'Asie Centrale, elle se cultive en l'ab- sence totale de traitement phytosanitaire car économe en intrant (100 unités d'azote par hectare contre 160 ou 210 pour le blé). Les ex- ploitations agricoles apparaissent donc comme des réservoirs pour la biodiversité. En effet, elle est favorable aux arthropodes hygrophiles et ombrophiles (exemple: Calosoma auropunc- tatum que l'on pensait disparu depuis 1986). Suite du dossier > Dossier préparé par la rédaction La filière chanvre

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7/23/2019 Dossier central du LEA n°95 (novembre 2015)

http://slidepdf.com/reader/full/dossier-central-du-lea-n95-novembre-2015 1/4

  LE LOT EN ACTION n° 95 - vendredi 30 octobre 2015 P 15 

Sa culture permet également de réali-ser une rotation des sols, c'est une trèsbonne tête d'assolement, car celle-ci amé-liore la capacité en eau des sols en fraction-nant ceux-ci en profondeur. Elle laisse doncun sol propre et une terre meuble, étouffantles adventices. Elle est parfaite comme pré-parateur de sol pour une culture céréalière.

D'un point de vue économique, elle fait par-tie des plantes qui possèdent un cycle vé-gétatif court. 150 jours étalés en moyennedu 15 avril au 15 septembre. De plus elle

est très productive, en effet pour 1 hade culture, on récupère en moyenne 2,5t de fibre et plus de 4,5 t de chènevotte.

Les débouchésDu chanvre, on obtient trois produits im-

portants ainsi qu'un sous-produit : la fibre,la chènevotte, les graines et les poudres.

Les fibresPrincipalement aujourd'hui dans la papete-

rie haut de gamme, avec 55% des fibres dechanvre produites, qui assure à la filière sa sta-bilité. Les fibres sont également utilisées dansl'isolation, environ 25% de la production. En-fin les 20% restants partent dans la plastur-gie en venant par exemple remplacer le poly-

acrylonitrile-butadiène-styrènes des tableauxde bord et portières des voitures. Les construc-teurs automobiles, eux aussi, doivent réfléchirà l'amélioration environnementale de leursvoitures. Les Peugeot 408 intègrent mainte-nant 4 kg de fibres de chanvre dans leurs por-tières et tableaux de bord. Tout cela représenteenviron 17.000 t dans l'Union Européenne.

La chènevotte85% de la production finit dans les litières

haut de gamme, pour chevaux par exempleet 15% part dans la construction soit pourles mortiers ou en vrac comme isolant. Celareprésente un peu plus d'1 tonne par hec-tare, soit environ 16.000 t au total en France.

Les grainesLa majeure partie part dans l'oisellerie ou dans

la production d'appâts pour poisson, envi-ron 5000 t en France, et l'autre partie s'utilisedans l'alimentation humaine. En effet, com-mencent à apparaître des produits alimen-taires à base de chanvre comme les huiles dechanvre riches en oméga 3 et 6 ou des yaourts.

Les poudres (poussières)Les poudres sont composées des poussièresproduites lors de la première transformationmécanique du chanvre. Elles sont un sous-pro-duit, et pour l'instant n'ont pas de réelle uti-lité, si ce n'est dans la production de pelletspour des chaufferies. Elles représentent envi-ron 1 tonne par hectare 

Le numéro 0 du Lot en Action, publié en juillet 2009, imprimé sur la photocopieuse de la Libraithèque à Cahors, consacrait

son dossier central à la filière chanvre dans le Lot et en particulier à Pierre Amadieu, qui développait alors dans sa grange une

machine mobile pour défibrer le chanvre. Six années après nous revenons sur cette filière chanvre qui se développe à nouveau

après avoir fait partie intégrante de notre culture. Si Pierre n'a pu poursuivre son aventure, il reste un acteur majeur de la filière

chanvre en France et en Europe et organisera, les 5 et 6 décembre prochains à Paris, un village chanvrier à l'occasion de la COP21.

Bâtiment, isolation, plasturgie, alimentation, le chanvre offre de multiples applications, et pour certaines high-tech. Redécouvrir

ses qualités pour construire (ou rénover) et isoler sa maison, c'est ce que nous vous proposons avec ce dossier central. Et la nais-

sance de l'Amac, une Amap dédiée au bâtiment en Bouriane, annonce de nouvelles perspectives, tant dans le développement

local du chanvre que dans le partage des compétences.

Cultivé sur presque 176.000 hectares en1850 pour les besoins de l'habillement,du linge de maison, de la corderie, des

calfatages, des filets et des voiles de ma-rine, ou encore pour l'éclairage grâce à seshuiles ou dans la pharmacopée, le chanvresera, jusque dans les années 1930, un desatouts industriel et économique de la France.

Sa culture comme celle du lin, déclinera dansles années 1930, à cause des découvertes surla polymérisation qui donne accès aux maté-riaux de synthèse. Peu à peu, le nylon se subs-tituera au profit du chanvre et les polymèressynthétiques, issus du pétrole, commence-

ront à remplir notre quotidien. Mais pas seu-lement. En effet, en 1930 on commence àinterdire sa culture du fait de sa teneur enpsychotropes, c'est l'époque de la prohibition.Dans certains pays, il sera totalement aban-donné, dans d'autres, comme la France, il ré-sistera aux pressions extérieures. Sa culturerepartira dans les années 1970 et aujourd'hui,

sous couvert d'un contrôle de l'État, la Franceautorise la culture de variétés possédant uneteneur en THC réduite, inférieure à 0,2%.

Principalement la demande stagne autourde la papeterie spéciale, de la plasturgie, desyaourts (avec la production de lait de chanvresans lactose), des huiles mais aussi depuis peudans la construction. En effet, depuis une ving-taine d'années environ, de nouvelles initiativesont vu le jour, pour redévelopper la culture duchanvre en France, promouvant les avantagesde son utilisation dans la construction. En valo-

risant la chènevotte par exemple comme gra-nulat pour les bétons de chanvre ou en vraccomme isolant. La fibre, elle, pouvant servirdans les panneaux ou comme laine isolante.

En 2014, sur les 10 000 ha de chanvre récoltésen France (total de 15 000 ha en Europe), 2 000ha seront utilisés dans la construction, soit envi-ron 20%. On comprend donc qu'avec les culturesdéjà existantes en France, il existe un potentielfort quant à son utilisation dans la construction.

La plante chanvreLa culture de la plante chanvre repose

sur une agronomie saine et efficace :

La plante chanvre est une plante à feuilles pal-mées, mesurant plus de 2 mètres de haut. Ori-ginaire d'Asie Centrale, elle se cultive en l'ab-

sence totale de traitement phytosanitaire caréconome en intrant (100 unités d'azote parhectare contre 160 ou 210 pour le blé). Les ex-ploitations agricoles apparaissent donc commedes réservoirs pour la biodiversité. En effet, elleest favorable aux arthropodes hygrophiles etombrophiles (exemple: Calosoma auropunc-tatum que l'on pensait disparu depuis 1986). Suite du dossier >

Dossier préparé par la rédaction

La filière chanvre

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7/23/2019 Dossier central du LEA n°95 (novembre 2015)

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P 16  LE LOT EN ACTION n° 95 - vendredi 30 octobre 2015

Performances thermiques

Une résistance thermique R = 4,35 pour 36cm. Des murs capables de stocker la chaleur.Un déphasage thermique de 10h environ.En réalité les bâtiments réalisés aujourd’hui,

avec des murs de 35 cm d’épaisseur, serontdéjà passifs. En effet, l’inconvénient des outilsde mesures, d’études et de simulation Th-BCE2012 de la RT 2012, est qu’ils ne prennentpas en compte toutes les caractéristiques

d’un tel système constructif. Notamment lescaractéristiques hygroscopiques du matériau.

Performances hygrothermiques

La capacité du béton de chanvre à apporterun confort hygrothermique dans le bâtimentest un atout principal de ce mode constructif.En régulant favorablement l'humidité, le bé-

ton de chanvre assainit l'air ambiant. Cela enfait un matériau d'exception.

De nombreux rapports ont été réalisés surles propriétés hygroscopiques, et le com-portement hygrothermique du béton dechanvre. Ces rapports, réalisés en laboratoireou sur des bâtiments instrumentés relatentnotamment :

« ... le béton de chanvre constitue un ex-cellent moyen d'amortir, de manière passive,les variations quotidiennes de température etd'hygrométrie : il permet ainsi de réduire lademande énergétique, et d'améliorer gran-dement le confort thermique et hydriqueau sein des logements. En outre le béton dechanvre contribue à limiter les problèmes decondensation et de moisissures sur les parois,

nuisibles au confort sanitaire des ambiances »(Samri - CEREMA) 2008De plus, le béton de chanvre est un matériau

à changement de phase qui crée de la cha-leur au cœur du mur. Il agit comme un clima-tiseur passif, été comme hiver.

Cette régulation hygrothermique procureaux usagers des constructions en béton dechanvre un sentiment de confort importantet une baisse sensible des besoins en énergie.

En voici l'explication :« Les variations non linéaires de tempéra-

ture observées au milieu du mur de béton dechanvre s'expliquent par l'apparition de phé-nomènes internes de changement de phase(vaporisation et condensation). Lorsque latempérature extérieure augmente soudai-nement, de l'eau liquide se vaporise au seindu matériau, ce qui se traduit par une fortehausse de l'humidité relative et un amortis-sement de l'élévation de température dansle béton de chanvre compte tenu du carac-tère endothermique des phénomènes de va-porisation. De la même manière, quand latempérature imposée sur la paroi extérieurediminue brusquement, des phénomènes exo-thermiques de condensation se produisent.

Par conséquent le béton de chanvre se com-porte naturellement comme un matériau àchangement de phase et constitue un meil-leur isolant thermique que le béton cellulaireautoclavé et la brique de terre cuite alorsmême que ces trois matériaux de construc-tion présentent des porosités et des conduc-tivités thermiques relativement proches.

Les transferts convectifs jouent un rôle ma- jeur dans la régulation thermique d'un murde béton de chanvre dans la mesure où lesapports continus de vapeur d'eau depuis l'ex-térieur favorisent les changements de phaseau sein du matériau et permettent, de cefait, de réduire sensiblement les variations detempérature dans le mur » [Gourlay (2009)].

Performances acoustiques

Le béton de chanvre est considéré comme

un bon isolant acoustique car il est capabled'absorber les sons. Ceci est dû à sa porositéet à la composition de la chènevotte.La chènevotte du béton de chanvre est une

particule qui présente un indice de vide éle-vé et une anisotropie. Le passage d'une ondeacoustique va mettre en vibration les molé-cules d'air qui vont venir se frotter et défor-mer les parois des pores présents dans lachènevotte, et ainsi convertir leur énergieacoustique en énergie thermique. Cette po-rosité offre donc au béton de chanvre un boncomportement acoustique sans altérer sonétanchéité à l'air.Quelques valeurs : Un mur de béton de 30 cm aura un affaiblis-

sement de 59dB et un coefficient d'absorp-tion de 0.8.Un voile en béton de 20 cm aura un affaiblis-

sement acoustique de 59dB.

Stabilité exceptionnelle au feu

Pour un mur de 30 cm, enduit de part etd'autre à la chaux, des tests de résistance aufeu ont été réalisés par différents organismes,

et montrent la stabilité au feu du mur.

Ces essais ont été réalisés par : 

Le programme AGROBAT -FFB ChampagneArdenne par le lycée Arago de Reims selon lanorme NF EN 13823.

Le CSTB dans le cadre d'une ATEX.

Lhoist Recherche et Développement.

Les conclusions sont les suivantes :

La stabilité au feu d'un mur fini enduit, leclasse dans la catégorie française M0, incom-bustible, au côté de la pierre, brique, ciment,tuiles, béton, verre, laine de roche etc.

Dans la classification européenne EN 13501-1, il rentre dans la catégorie A2 S1 d0.

A2 = produits peu ou très peu combus-tibles S1 = production de fumée très limi-tée d0 = pas de production de goutte ou dedébris enflammés

Dans un test de mise au feu du béton dechanvre pendant une durée de 24h, effectuédans le Centre de Recherche et Développe-ment Arago, on a pu constater que le feu nese propage que très lentement dans le bétonde chanvre. De plus, le feu n'engendre pas dechute de débris enflammés, et les fumées oc-casionnées sont très faibles.

Enfin, l'ATEX réalisée par le CSTB a montréque le béton de chanvre enduit était classé E90 (résistance au feu 90 min) et EI 90 (résis-tance et isolation au feu 90 min).

Résistance aux attaques diverses

Le chanvre est très peu, voire pas du tout, su- jet aux attaques par les rongeurs et les cham-

Chènevotte et fibreContrairement à d'autres matériaux écolo-

giques comme la terre crue, le bois ou la paille,l'utilisation du chanvre dans la construction estassez récente et débute en France dans les an-nées 1980. On utilise d'abord la chènevotte,résidu de la paille de chanvre après défibrage.Les petites paillettes de chènevotte sont mélan-

gées à de l'eau et à de la chaux dans une bé-tonnière ou dans un mélangeur spécial. Unefois qu'elle a fait sa prise, la chaux assure unesorte de minéralisation de la chènevotte et luiapporte ses qualités fongicide et antiparasitaire.

Le chanvre textile est une plante peu exi-geante, capable de produire une biomasse trèsimportante dans des terres ingrates avec trèspeu d'intrants et d'arrosage et sans protectionphytosanitaire. Seule la transformation (défi-brage et dépoussiérage) est un peu énergi-vore, mais on peut valoriser un grand nombrede sous-produits. Les fibres longues et très ré-sistantes de la périphérie de la tige permettentd'obtenir d'excellents isolants en rouleaux ou enpanneaux souples (laine de chanvre). Elles sont

aussi utilisées par la filière textile (vêtements,sacs...) ou encore pour fabriquer des papiersspéciaux. La chènevotte brute fournit aussi unisolant en vrac économique, de la litière pourl'élevage ou un paillage couvre-sol pour le jar-dinage. Quant aux graines, on en tire une huileaux intéressantes propriétés diététiques et cos-métiques... Un bilan écologique très flatteur.

Béton allégéEn construction, la chènevotte a donc d'abord

été utilisée pour le montage de murs en "bétonallégé", mélange de chanvre et de chaux utilisécomme matériau de remplissage avec une os-sature bois, laquelle peut rester apparente ouêtre noyée dans la maçonnerie. Le béton dechanvre est également recommandé pour la

rénovation de maisons à colombages en rem-placement des torchis traditionnels. Contraire-ment au béton de ciment classique, sa perméa-bilité à la vapeur d'eau lui permet d'assurer unetrès bonne gestion de l'hygrométrie sans VMC.

À partir de 25 cm d'épaisseur, le béton dechanvre constitue des murs à isolation répar-tie très performants, sans ponts thermiques etdotés d'une bonne inertie. Les dosages préco-nisés varient selon les fournisseurs ; la chauxest en majorité aérienne mais toujours avecun complément de chaux hydraulique, par-fois de pouzzolane. Le mélange est déposéentre des banches (planches de coffrage) d'oùle nom de chanvre banché. Une fois le cof-frage enlevé et le béton bien sec, on le pro-

tègera avec un enduit traditionnel sable etchaux à l'extérieur, qui peut être remplacépar du plâtre ou un enduit terre à l'intérieur.

Le béton de chanvre permet également deréaliser des chapes isolantes sur terre-plein quidoivent être protégées d'éventuelles remon-tées d'humidité par un drainage périphériqueet par un hérisson de gravier ventilé (voir àce sujet le livre de Jean-Pierre Oliva, L'isola-tion écologique, aux éditions Terre vivante).

Béton de chanvre projetéDéveloppé depuis une vingtaine d'années, le

béton de chanvre projeté a acquis ses lettresde noblesse avec la parution des règles pro-fessionnelles d'exécution. Ces règles ont été

mises au point par l'association Construireen chanvre et validées par les principales ins-tances de la construction. Au-delà de sa seulerésistance thermique, ses nombreux atoutsen font l'un des matériaux les plus complets :il permet une bonne correction acoustique,est perméable à la vapeur d'eau, tout ça pourune masse volumique qui reste très faible.

Il est obtenu à partir d'un mélange de chanvreet de chaux. Pour les volumes importants, l'ap-plication manuelle est fastidieuse, car les mor-tiers et bétons de chanvre sont peu fluides etdifficilement transportables avec les outils uti-lisés pour les bétons traditionnels. On peutdonc utiliser des machines adaptées, qui pro- jettent un mélange sec de granulats de chanvre

et de liant. L'eau est ensuite apportée par pul-vérisation à la sortie du tuyau de transportpneumatique. Le béton est ainsi projeté surune banche provisoire (lorsqu’on construit)ou sur un mur existant (lorsqu'on rénove).

Blocs de chanvreLe maniement du béton de chanvre ne s'impro-

vise pas, une formation spécifique s'impose pré-alablement. L'association Construire en chanvrea établi des règles professionnelles en collabo-ration avec les ministères de l'Agriculture, de

l’Équipement, et l'agence Qualité construction.La mise en œuvre du béton de chanvre pose

parfois des problèmes de séchage si la construc-tion se fait en période froide et humide. Riende tel avec les blocs de chanvre, proposés de-puis peu par deux fabricants, l'un en Isère,l'autre en Bretagne. L'automatisation de la fa-brication et le séchage sur le lieu de produc-tion assurent une production homogène etbien sèche. Les blocs se montent à joints croisésavec un mortier de chaux et une truelle cran-tée spéciale, là aussi en remplissage d'une ossa-ture bois. Les occupants de maisons en chanvreapprécient particulièrement le confort ther-mique, acoustique et hygrothermique qu'ap-porte ce matériau naturel et recyclable. .

Le chanvre, un matériau performant 

Construire en chanvre 

Associé à une ossature bois, le chanvre - sous forme de béton de chanvre banché

ou de briques à maçonner - est un matériau chaleureux pourvu de bonnes perfor-

mances écologiques.

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pignons. Une fois enduit, il présente une ré-sistance bactérienne et fongique naturelle.Principalement grâce au liant chaux et à la

grande durabilité de la chènevotte. Ce constata été fait dans les principaux ouvrages déjàréalisés qui n'ont jamais subi d'attaques.

Stabilité sismique

À propos de la résistance aux sollicitationshorizontales engendrées par une secoussesismique, l'expérience a montré que le bétonde chanvre conforte l'ossature bois qu'il ren-

ferme. En effet le matériau possède un mo-dule d'élasticité faible, il est très souple et agitcomme un contreventement pour la struc-ture bois.Module d'élasticité d'un béton de chanvre,

réalisé à T=20°C et HR=50%, à 60 jours estd'environ 15 MPa, pour une résistance à lacompression de 0,2 MPa.

Un béton armé possède un module d'élasti-cité environ 20 fois supérieur.

Une architecture légère

à mettre en valeur

Contrairement au béton armé, le béton dechanvre présente une densité faible, permet-tant la mise en place d'architecture légère.Les bétons de chanvre utilisés pour réaliser

des murs ont une masse volumique appa-rente d'environ p=400 kg/m3.

Cette faible densité va permettre une miseen place plus facile qu'un béton traditionnellors de projets d'extensions/surélévations parexemple. On peut citer des exemples en ré-

gion parisienne où l'on retrouve énormémentde pavillons en situation de précarité énergé-tique : Ces pavillons gagnent alors en surfaceet en confort thermique.

Dans le cas présenté à gauche, les habitantsont vu leur surface de plancher augmenter de30% et une diminution de leur facture éner-gétique.

Pavillon Renaudin, en banlieue pari-sienne. Photos de Bio-Architecte.

Deux techniques de mise en œuvre sontactuellement pratiquées :

La mise en œuvre manuelle qui consisteà déverser entre deux banches le béton dechanvre. Les prescriptions sont décrites dansles livrets "Les Bonnes Pratiques" et "Applica-tion mur" des Règles Professionnelles d'Exé-cution d'Ouvrages en Béton de Chanvre. Cesrègles précisent qu'il appartient au profes-sionnel d'apporter à son assureur la preuvede son savoir-faire et de sa maîtrise du pro-duit, lesquels peuvent s'acquérir par des for-mations adaptées.

La mise en œuvre à la machine qui consiste àprojeter le béton de chanvre sur une bancheavec une machine adaptée. En effet, les bé-tons de chanvre étant peu fluides, on uti-lise des machines de projection pour le bé-ton (guniteuse) qui transportent par air dans

des tuyaux le mélange liant-granulats sec, lemouillage s'effectuant peu avant la sortie dela matière. Bien que n'étant pas encore dé-crite avec précision dans les Règles Profes-sionnelles d'Exécution d'Ouvrages en Bétonde Chanvre, il conviendra de se référer à cedocument, qu'il s'agisse des prescriptions, duchoix des produits ou des formations adap-tées.

Des machines à projeter le chanvre sont dis-ponibles sur le marché, à la vente comme àla location. Il en existe différentes tailles, avecdifférents principes.

Murs et cloisonsLe béton de chanvre peut être utilisé pour ré-

aliser des murs et des cloisons. Pour cela il estmis en place en remplissage de parois avecune ossature porteuse, totalement noyée ouvisible sur une face.

Constructions neuves

Qu'ils soient confectionnés ou préfabriqués,les bétons de chanvre peuvent être utiliséspour la réalisation de mur non-porteur. Ilsassureront donc le remplissage et l'isolationen étant associés à des structures porteuses,le plus couramment en bois mais égalementen béton ou en métal. Suivant les techniquesde mise en œuvre et de l'architecture du bâ-timent, l'ossature pourra être noyée dans lebéton ou visible et affleurante à l'intérieur ouà l'extérieur ou encore placée totalement àl'extérieur du béton de chanvre.

Bâtiments à colombage

Les bétons de chanvre sont adaptés à la réno-vation de maison à colombages pour laquelleelle est une des solutions la plus performante,techniquement et économiquement et denombreux chantiers ont été réalisés avec suc-cès depuis plus de vingt ans. Parmi ces réali-sations, il faut noter la rénovation de la Mai-

son de la Turque à Nogent-sur-Seine en 1986qui est la plus ancienne réalisation en bétonde chanvre répertoriée.Généralement, l’ossature bois est laissée

apparente à l’extérieur de la construction etest noyée dans le béton de chanvre côté in-

térieur. Les solutions visant à laisser l’ossa-ture apparente des deux côtés sont thermi-quement inadaptée (épaisseur trop faible)et techniquement peu fiable (liaison insuffi-sante avec l’ossature bois).

Suivant les régions, l’enduit de finition exté-rieur viendra au nu des colombes ou en su-répaisseur. La technique de remplissage decolombages avec du béton de chanvre estpréconisée dans le Guide de recommanda-tion pour le DPE (Ministère de l’emploi, de lacohésion sociale et du logement) (voir ci-des-sous Enduit en mortier de Chanvre).Dimensionnement

Les bétons de chanvre couramment uti-lisés pour réaliser des murs ont des masses

volumiques de l’ordre de 400 kg/m3  et uneconductivité thermique de l’ordre de 0.085W.m-1K-1. Les mesures de conductivité ther-mique sont réalisées par les fabricants dechaux, et peuvent être légèrement inférieuresou supérieures.Mur en béton de chanvre entre banchages

perdus et bardage bois, béton de densitéde l’ordre de 250 kg/m3 et une conductivitéthermique de l’ordre de 0.06 W.m-1K-1. Murcomposite béton de chanvre et enduit épaisen béton de chanvre : béton de densité del’ordre de 250 kg/m3 et une conductivité ther-mique de l’ordre de 0.06 W.m-1K-1 et enduitde chanvre densité de l’ordre de 800 kg/m 3 et une conductivité thermique de l’ordre de0.17 W.m-1K-1 d’une épaisseur de 5 cm.Les ouvrages bénéficient par ailleurs du fonc-

tionnement hygrothermique spécifique desmortiers et bétons de chanvre qui permetd’améliorer les performances énergétiquesattendues :• Déphasage thermique.• Changement de phase de l’eau au sein dumur

Finitions

Dans tous les cas il est important que le re-vêtement de protection soit perméable à lavapeur d’eau, conformément aux Règles Pro-fessionnelles d’Exécution d’Ouvrages en Bé-ton de Chanvre (RPEOBC).

Les solsOn considère que le béton de chanvre est

mis en œuvre en isolation de sol lorsqu'il estutilisé pour réaliser des formes isolantes surun élément porteur, que se soit en rénovationou en construction neuve. La souplesse desbétons de chanvre permettra aux formes desupporter la déformation des planchers enlimitant les risques de déformation. Par ail-

leurs, grâce à leur faible masse volumique –sans doute la plus faible parmi les différentsbétons légers usuels – l’utilisation des bétonsde chanvre évitera de surcharger les plan-chers mais apportera également un confortde mise en œuvre appréciable dans certains

cas.Forme sur terre-plein

Il est indispensable de prendre toutes les pré-cautions pour limiter la concentration d’hu-midité dans la forme isolante et il vaudramieux éviter cette solution sur des terrainstrop difficiles à drainer. Dans tous les cas, ilfaudra veiller à éviter d’empêcher la migra-tion vers l’extérieur de l’eau qui pourrait pé-nétrer dans le béton de chanvre par la pose,par exemple de revêtement de sol totalementétanche. Enfin, conformément aux RPEOBC,le béton de chanvre sera mis en place obli-gatoirement sur un élément porteur, la sta-bilité mécanique de l'ensemble (forme iso-lante en béton de chanvre et sol) est assuréepar l'élément porteur (et non par le béton de

chanvre). Les formes isolantes sur terre-pleinsont généralement mises en œuvre sur desépaisseurs supérieures à 15 cm.

Forme sur plancher d’étage

Les caractéristiques des bétons de chanvre(masse volumique, souplesse, perméabilitéà la vapeur d’eau, facilité de mise en œuvre)en font des bétons légers particulièrementadaptés aux formes isolantes sur plancher enstructure bois. Il faut rappeler qu’il est for-mellement déconseillé de poser des maté-riaux imperméables à la vapeur d’eau sur desplanchers et structures en bois. Les bétons dechanvre étant peu fluides, les formes peuventêtre mise en place directement sur des pan-neaux ou des parquets en bois. Elles sontgénéralement mises en œuvre sur des épais-seurs supérieures à 7 cm.

Constructions anciennes

« Il ne faut surtout pas mettre en place derevêtements étanches (chape ciment ou car-relage étanches…) car ils induisent une sur-charge de remontées capillaires dans lesmurs. Conseiller des chapes perméables à lavapeur d’eau et/ou isolantes avec un drainagepréalable du sol (hérisson) et des murs (drainspériphériques). Pour l’installation d’un plan-cher chauffant, ces dispositions deviennentnécessaires. Un film étanche fait perdre lacapacité « respirante » du plancher. » Extraitdu Guide de recommandation pour le DPE –Ministère de l’emploi, de la cohésion socialeet du logement.

DimensionnementLes bétons de chanvre utilisés pour réaliser

des isolations de sol ont une masse volu-mique apparente de l’ordre de 500 kg/m3 etune conductivité thermique de l’ordre de 0.1W.m-1K- 1

Mise en œuvre

La mise en œuvre est similaire à celle des

autres bétons légers : le béton de chanvre estmis en œuvre par déversement, étalé sansêtre tassé sur les surfaces à couvrir, dressé à larègle et légèrement taloché.Il faut attendre le séchage complet avant de

poser le revêtement de sol, quelle que soitla nature de ce dernier. La durée de séchagevarie en fonction des conditions climatiqueset des matériaux utilisés. Il convient de seconformer aux prescriptions des fournisseursmais les RPEOBC, auxquelles il faut se confor-mer dans tous les cas, prescrivent une duréeminimale de 30 jours.

Revêtement de sol

Tous les types de revêtements de sols quisont perméables à la vapeur d’eau peuventêtre appliqués sur les formes en bétons dechanvre.Toutefois, les bétons de chanvre ayant une

faible résistance en compression, les carre-lages seront soit scellés avec un mortier à lachaux soit collés sur une chape de répartition.Les revêtements souples devront égalementêtre posés sur une chape de répartition. Lesparquets pourront être posés sur lambourdesou flottants. Pour les détails de pose voir lesRPEOBC.

Enduits en bétons de chanvreIls sont utilisés pour réaliser des enduits inté-

rieurs ou extérieurs. Leurs intérêts sont mul-tiples : outre une large gamme d’aspectsdécoratifs, il est possible de les appliquer enforte épaisseur pour des reprises de mur (fauxaplomb, reprise de maçonnerie) mais surtoutils permettent d’améliorer sensiblement leconfort thermique et acoustique. Ils sont uti-lisés en construction neuve et en rénovation.

Construction neuve

En construction neuve, en intérieur, les en-duits de mortier de chanvre peuvent être uti-lisés pour améliorer l’acoustique dans des bâ-timents. Par ailleurs, ils sont un complémentefficace des murs en béton de chanvre : leurforte perméabilité à la vapeur d’eau permeten effet de ne pas altérer l’excellent compor-tement hygrothermique de ces parois.

Rénovation

Les enduits de mortiers de chanvre sont par-ticulièrement intéressants en rénovation.Reprises de murs : il n’y a pas d’inconvé-

nient à appliquer de très fortes épaisseurs(supérieure à 20 cm) permettant de réaliserdes reprises importantes sur des murs trèsdégradés. Amélioration thermique : il estnécessaire de prendre en compte les spéci-ficités des techniques des matériaux qui ontservi à réaliser les parois de ces bâtiments,en particulier, leur perméabilité à la vapeurd’eau. Comme cela est claire- Suite du dossier >

Techniques de construction 

Page 4: Dossier central du LEA n°95 (novembre 2015)

7/23/2019 Dossier central du LEA n°95 (novembre 2015)

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P 18  LE LOT EN ACTION n° 95 - vendredi 30 octobre 2015

coles.

Elle contribue à la valorisation du travail etdes savoir-faire locaux, comme elle contribueà l'autonomie et à la résilience locale par la sa-tisfaction des besoins locaux exprimés grâceà une production locale.

Le concept d'Amac est lancé, peut être est-il déjà formalisé pour certains d'entre nous?Il est maintenant nécessaire de le partager,de l'approfondir car il constitue le lien fonda-mental, local entre offre et demande et c'està partir de cette échelle et de cette équitélocale que le chanvre et autres matériaux lo-caux deviendront un jour des produits large-ment adoptés, constituant ainsi une part del'alternative et de la transition globales.Exemple d'échange possible dans une AMAC

Une maison de 100 m2 a besoin d’une tonnede laine de chanvre (partie fibreuse de laplante) pour obtenir un niveau d'isolation

 jusqu'à un R de 7. L'agriculteur voisin en utili-sant une parcelle de terrain d'un hectare pro-duira en 4 mois une quantité suffisante dechanvre sec pour satisfaire ce besoin.

La production est à la portée de la plupartdes agriculteurs. La transformation adaptée àce seul objectif est possible, nous l'avons dé-montré avec des outils compacts, robustes etmutualisables.

L'exemple est aussi applicable pour le boisdans la construction : structure du bâti, plan-chers, voliges, ouvrants, meubles... les paillesde céréales, et toutes ressources issues del'agriculture ou de la foresterie qui peuvent

trouver localement, à la fois les outils pourleur transformation et la demande pourleur mise en œuvre.

Contact : Sider Merzouk 06 62 78 25 33 / 05 65 41 65 19 /

[email protected] 

L'Association Construire en Chanvre

L

'association Construire en Chanvre a été

créée en 1998 par les professionnels dubâtiment pour rassembler des compétenceset des énergies, échanger et confronter desexpériences, faire évoluer et acquérir dessavoir-faire et des connaissances, former denouveaux professionnels. Ses membres sontissus de toute la filière : chercheurs, fabri-cants, maîtres d'œuvre, distributeurs, entre-prises de mise en œuvre, maîtres d'ouvrage... Construire en Chanvre est à l'origine desrègles professionnelles permettant d'être as-suré et à l'origine de nombreuses recherchestechniques sur le béton de chanvre. C'est unlieu de rencontre, d'échanges, de réflexionset de progrès où chacun peut librement don-ner, partager et faire progresser un art debâtir toujours plus en accord avec l'hommeet la nature dans le respect des règles de laconstruction.

Site internet : www.construire-en-chanvre.fr

Éditions Terre Vivante- Le guide Terre vivante de l'habitat sain etnaturel (la bible !), 320 pages, 32  €, ISBN978-2-36098-143-4

- La construction écologique, 256 pages,28,40  €, ISBN 978-2-36098-013-0 

SOURCES

Mise en œuvre

Le béton de chanvre est mis en œuvre en iso-lation de toiture par projection ou déverse-ment, sur un support rigide, continu ou pas,en tenant compte du poids supplémentaireque devra supporter la charpente.La mise en œuvre a lieu avant la mise en

place de la couverture – ce qui aura ten-

dance à limiter l’emploi à de la constructionneuve ou à des rénovations lourdes incluantla réfection de la toiture et l’adaptation dela charpente. Dans tous les cas, les enduitsseront réalisés conformément aux RPEOBC :Isolation de Toiture.

Après déversement, le béton de chanvre estdressé à la taloche sans tasser, légèrement enretrait du niveau supérieur des chevrons afinde laisser un vide d’air entre ces chevrons etle pare-vent. Celui-ci est obligatoire pour li-miter la circulation d’air dans le matériau enpériode très venteuse.Pour optimiser le caractère isolant du béton

de chanvre, on met en place, à l’avancement,en face supérieure un pare-vent pour éviter le

passage de l’air. La couverture peut être miseen place à l’avancement à condition d’assurerune ventilation suffisante pour le séchage.

 Autres utilisationsChènevotte en vrac

La chènevotte en vrac peut être utiliséecomme isolant dans les combles. Elle estalors répandue sur 30 cm environ. On vientensuite la recouvrir de chaux, qui avec l'hu-midité ambiante permettra de former unemasse compacte. Pour assurer l'étanchéi-té à l'air, il faudra s'assurer de bien dispo-ser de part et d'autre de la chènevotte unesous-toiture et de boucher, comme pourune maison, tous les points d'entrée d'air.

Les blocs de chanvre

En 1998, des entrepreneurs ont axé leurs

recherches sur le développement de blocsde béton de chanvre, proposant ainsi unautre système de mise en œuvre. Sa miseen place ressemble à celle des parpaings.Les blocs sont assemblés en quinconce àl'aide d'une colle et comme pour les mai-sons en parpaings, aux extrémités viennents'insérer des éléments verticaux, ici en boisplutôt qu'en acier.En isolation par l'extérieur, ou en cloison-

nement, les blocs de chanvre sont trèsutiles, de par leur facilité de mise en œuvrequi ne nécessite pas de machine sur lechantier. Enfin, ils sont très appréciés car iln'y a pas de temps de séchage.

Laine de chanvre

Les fibres de chanvre issues du défibrageconstituent une alternative aux fibres mi-nérales, en isolation. Ces fibres, de la mêmemanière que la chènevotte, présentent uneffet "puits de carbone" de 1,7 kg de CO2eq/kg de matière. Elles sont de plus en-tièrement recyclables, à la différence desfibres minérales, n'émettent pas de CO2 etsont agréables à poser contrairement auxfibres minérales. Les laines de chanvre ain-si constituées sont produites sur différentssites en France.

PréfabricationDe nouvelles recherches ont été réalisées

sur des modes constructifs en préfabrica-tion, qui permettent d'assembler rapide-ment un matériau déjà sec...

ment exposé dans le Guide de recommanda-tion pour le DPE (Ministère de l’emploi, de lacohésion sociale et du logement), les caracté-ristiques des mortiers de chanvre permettent,dans de nombreux cas de répondre aux exi-gences complexes de l’amélioration ther-mique des bâtiments anciens.Dimensionnement

Les mortiers de chanvre utilisés en applica-tion « enduit » peuvent être de deux types :Enduits de forte épaisseur appliqués à la ma-

chine à projeter : utilisé pour des rénovationssuffisamment importantes, le béton utilisépour le corps d’enduit est du même type quecelui préconisé pour la réalisation de murs ;ils ont des densités de l’ordre de 400 kg/m 3 et une conductivité thermique de l’ordre de0.1 W.m-1K-1. Ils doivent recevoir une fini-tion ventilée (bois), ou perméable à la vapeurd’eau (enduit). (Système d’adhérence)

Enduits d'épaisseur moyenne ou faible appli-qués manuellement ou au pot de projection: ils ont des masses volumiques apparentesde l'ordre de 800 kg/m3 et peuvent être appli-

qués en fortes épaisseurs.Mise en œuvre

Les enduits chanvre sont appliqués manuel-lement ou mécaniquement sur le supportet sont généralement composés d'un go-betis (mortier de chaux, de sable et/ou dechanvre), d'un corps d'enduit en mortier dechanvre et d'une finition (nécessaire en exté-rieur). Dans tous les cas, les enduits serontréalisés conformément aux RPEOBC : Appli-cation Enduit

Couche de finition et décoration

À l'extérieur, les enduits de chanvre recevrontune couche de finition perméable aussi à lavapeur d'eau importante (enduit à la chaux).À l'intérieur, le mortier de chanvre pourra

être recouvert d'une finition perméable àla vapeur d’eau ou rester apparent. Il est ànoter que le fait de laisser les particules dechanvre apparentes améliore très sensible-ment le fonctionnement hygrothermique etle confort acoustique.

Isolation de toitureLe béton de chanvre peut être utilisé comme

matériau d’isolation en toiture. Dans ce cas, ils’agit d’un béton très léger donc peu dosé enliant ayant une masse volumique apparentede l’ordre de 220 kg/m3.

Mis en œuvre par déversement sur le pare-

ment intérieur des combles, il permet ainsid’obtenir une isolation continue et stable.

Dimensionnement

Les bétons de chanvre couramment utiliséspour réaliser des isolations de toiture sontdosés entre 100 et 120 kg de liant /m3. Ilsont des densités de l’ordre de 200 kg/m3 à250 Kg/m3 et une conductivité thermique del’ordre de 0.06 W.m-1K-1.

Il faut également prendre en compte que cetype d’isolation apporte également de l’iner-tie thermique et, surtout, que le fonctionne-ment hygrothermique du matériau entraînedes performances énergétiques élevées ainsiqu’un confort d’été remarquable même sousles combles.

L'Amac vient tout juste d'être créée en

Bouriane. À l'image des Amap (Asso-ciations pour le maintien d'une agri-

culture paysanne), qui fonctionnent plutôtbien et se multiplient sur notre territoire,l'Amac souhaite appliquer le même prin-cipe, mais au lieu de livrer aux consom'ac-teurs des fruits et légumes, il s'agira de ma-tériaux pour construire leur maison !

Pourquoi ?

Nos territoires ont des ressources naturellesmais nos modes de pensée, bordés par lagrande normalisation, les occultent. On nenous propose plus qu’une construction stan-dardisée, avec des composants importés, àl'origine opaque. Les transactions sont faitessur des modèles de décision et d'achat ra-pides. Assembler ces composants les plus fi-nis possibles sans se soucier de l'impact envi-ronnemental, économique ou social. L’artisanest dépossédé de son art, il n’a plus

de guide que spécifications techniques,son acte déjà industrialisé, le voilà tâcheron.Maîtres d’ouvrage, architectes se plient à lanorme produite par le législateur à la soldedes lobbies.

 Amac C'est quoi ?Une réponse équitable, honnête, respon-

sable et coopérative pour des actions etdes méthodes de production et de mise enœuvre liées à la construction et à la rénova-tion de l'habitat individuel ou collectif, utili-sant des ressources naturelles et durables deproximité.

Comment ?En réduisant la chaîne de production et d'ex-

ploitation à sa plus simple expression :- besoins exprimés- ressources disponibles et constatées- formalisation du besoin.- exploitation et transformation éventuelle dela ressource- livraison du bien correspondant au besoinexprimé

Une maison écologique n'est pas unique-ment une boîte étanche à énergie positive,elle prend tout son sens quand son em-preinte finale sur la planète est la plus ré-duite possible et qu'elle contribue pendantsa phase de construction au progrès social etéconomique.

 Aux fondamentaux de l'AmacStructure relationnelle, collégiale, elle a en

charge de mobiliser les surfaces disponiblesen les rapprochant des projets de construc-tion, l'offre et la demande se complètent,s'accompagnent.

En gommant les écarts entre volume dela demande et volume de l'offre, elle li-

mite les comportements spéculatifs, dontla recherche d'exportation hors du territoireconcerné ou encore la pression sur les prix,tant à la hausse qu'à la baisse.

Dans sa dimension collégiale, elle contribueà l'établissement du juste prix.

Elle contribue à la valorisation de petites sur-faces agricoles et des petites structures agri-

 Association pour un Mouvement de l'Agro-Construction Social Écologique