dossier artistique

‘‘Baubô

la poderosa,

la magica,

l’arcana

CristiNa CrisCi

C’est dans un épisode du mythe de Déméter et Perséphone que l’on trouve une trace fugace, mais non moins frappante, du personnage de Baubô, mystérieuse figure féminine de l’Antiquité, parvenue jusqu’à nous grâce à d’étranges statuettes en terre cuite.

Baubô, retrousse son vêtement et expose sa vulve au regard de la déesse Déméter, provoquant chez celle-ci un éclat de rire qui la libère du chagrin occasionné par l’enlèvement de sa fille Perséphone par Hadès, le Dieu des Enfers.

Baubô et le rire de Déméter

Dans la liturgie de nombreux mystères païens, des Thesmophories grecques aux fêtes égyptiennes de Bubastis, le geste de Baubô est reproduit par les prêtresses. A l’instar d’un acte magique et régéné-rateur, il participe d’un rituel ancestral nécessaire au retour du Printemps et à la fertilité de la Terre.

C’est le désir d’aller à la rencontre de ces sociétés, où la dimension féminine de l’Humanité n’est pas encore sacrifiée au profit de la force virile, et où la proximité avec la nature crée un mimétisme profond entre le rythme des saisons et le cycle intérieur des êtres, qui anime le projet d’écriture de Baubô.

L’obscène et le sacré...

L’audacieuse mimique de Baubô possède, aux regards des Anciens, une vertu magique, un pouvoir déroutant qui fait fuir les démons et rend à Mère Nature la force et la fécondité que l’hiver et le chagrin de la Déesse avaient éteintes.

...aux origines des sociétés matristiques

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Tout commence par une rencontre artistique. Alors que Céline Rivalta lui expose son projet de spectacle autour des sociétés matrilinéaires et du culte de la Déesse Mère, Cristina Crisci, femme de théâtre et poétesse, compose presque instinctivement « Sel de Peau », un poème inspiré de la gravure de Sam Kerson « Baubô ».

L’écriture de « Baubô » s’appuie sur un double travail de recherche : recherche esthé-tique et formelle d’une part, pour retrouver la poésie si particulière des auteurs de l’Anti-quité, et recherche scientifique, d’autre part, pour se nourrir des dernières découvertes et hypothèses formulées sur le paléolithique.

Le pièce s’appuie également sur le poème « Feuilles d’Herbe » de Walt Withman.

une écriture poétique et documentée

Céline Rivalta est donc allée puiser son inspiration litté-raire dans la lecture d’Homère, Euripide, Ovide, Claudien, Callimaque… cherchant à retrouver la force d’évocation de leur langue et la puissance à la fois brute et raffinée de leur poésie.

Parallèlement à cette exploration minutieuse de l’œuvre des aèdes, elle s’est faite accompagner par des auteurs telles que Catherine Zarcate et Paule Latorre, spécialisées dans l’art du conte, ou encore Marie-Eve Thiel et Rémi Gallard.

En outre, enthousiasmée par l’exposition « Eves et rêves, la préhistoire au féminin » conçue par le Musée de pa-léontologie humaine de Terre Amata, Céline Rivalta est partie à la découverte d’anthropologues tels que Jean-Pierre Vernant, Georges Devereux et Jean-Paul Cros, tout en s’inspirant de l’œuvre de l’ethnologue, psychanalyste et conteuse Clarissa Pinkola Estés.

La rencontre avec l’équipe du Musée de l’Ephèbe du Cap d’Agde est également déterminante dans l’écriture de Baubô.

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bibliographieL’Âne d’or,

Apulé

Alcibiade, Plutarque

Fastes, Ovide

L’Hymne Homérique à Déméter,

Homère

Les Métamorphoses,Ovide

L’Enlèvement de Perséphone,

Claudien

Les Mythes grecs, Robert Graves

Eleusis and the Eleusinian mysteries,George E. Mylonas

La Grande Déesse Mère,Shahrukh Husain

Baubô, la vulve mythique, Georges Devereux

Le Mythe de Cérés, Yves Bonnefoy

Femmes qui courent avec les loups, Clarissa Pinkola Estés

Baubô se présente comme un conte dansé, portée par Céline Rivalta, tour-à-tour conteuse, comédienne et dan-seuse, et Pierre Montel, comédien, pianiste compositeur et interprète.

La pièce commence par une res-piration corporelle, comme une approche du Butô. Deux frère et soeur se remémorent leurs souve-nirs d’enfance suite au décès de leur grand-père, nous plongeant dans le mythe de Déméter et Perséphone. A la pratique traditionnelle du conte, acquise au côté de la conteuse pari-sienne Catherine Zarcate, vient se su-perposer tout naturellement un langage corporel inspiré de la danse Kathak et ses mandras indiens, ainsi que du Butô.

Baubô, « cont’empo’reine » aux influences multiples

Le corps comme possédé par l’esprit de Baubô, la danseuse se lance dans une chorégraphie inspirée de l’univers de Pina Bausch. Cette danse, compo-sée à partir du poème « Sel de Peau » de Cristina Crisci, commence lente et au sol, pour évoluer progressivement vers la transe dans une sorte de tour-billon qui épouse la parole et le rire de Baubô.

Le piano de Pierre Montel accompagne, tout au long du spectacle, la trajec-toire du conte prolongée par la danse. Mélodique et sensuelle, sa musique force les portes de l’esprit pour y impri-mer son mouvement répétitif et conduire à une transe qui s’empare de la dan-seuse.

La scénographie, entre matériaux naturels et toiles peintes, joue avec la lumière et la transparence, dans une recherche constante de sobriété. Quant à la robe de l’interprète, couleur lotus, toute en longueur et fluidité, elle consti-tue à elle seule un élément de décor qui invite à l’éveil et au mystère.

conteLibre adaptation du

mythe de démeter et Perséphone

chorégraphie

écritureCéline Rivalta

regard extérieurKader Roubahie

poèmeCristina Crisci

chorégraphieCéline Rivalta

musiquePierre Montel

chansonMaryline Puech

lumière, régieDaniel Soret

costumePriscille de Latte

Céline Rivalta est une artiste hors cadre, dotée d’un appétit chorégraphique qui l’a conduit à s’initier à des techniques diverses. Elle déve-loppe sa passion de la danse classique et jazz depuis l’âge de 4 ans. Son univers artistique actuel lui vient pourtant de la danse contempo-raine. Très vite, les danses orientales viennnent à elle. Elle se forme auprès de maîtres confir-més, à la danse Baladi égyptienne, hispono-orientale, indienne (Kathak et Bolywood), et part en Inde, au Rajasthan, en 2009, pour se perfectionner en danse Kathak auprès du maître Girdhari Maharaj, puis de Kamal Kant, ancien danseur chez Ariane Mnouchkine.

Parallèlement, elle découvre le théâtre de mouvement auprès de Cristina Crisci puis de Werner Buchler. S’ensuit, la découverte du théâtre sur les textes de Brassens au sein de la compagnie du Loup. Céline étudie l’aspect «clown poétique» avec Anne-Jo Milhorne et la Comedia Dell Arte avec Luca Franceschi.

L’envol artistique fait son chemin au sein de diverses créations théâtrales notamment au sein de la compagnie du Grand 8. Les diverses rencontres qui s’ensuivent lui permettent de créer ses spectacles, mêlant danse et théâtre.

Dans sa volonté de partage, elle donne des ateliers de théâtre et de danses depuis 2008.Elle fonde la compagnie Le Soupir en 2011.

Céline Rivalta

Comédienne, danseuse et metteur en scène d’origine ita-lienne, Cristina Crisci est éga-lement poète. Seule ou avec des plasticiennes, elle crée des livres-objets au sein de sa propre maison d’édition, Dansantes Racines Editions.

Cristina Crisci

Ancienne professeur de théâtre au Conservatoire de Sète, Maryline Puech est auteure dramatique. Elle écrit également des chansons pour Gérard Santi et Les Bestyoles.

Maryline Puech

Regard extérieur sur l’écriture du conteConteuse depuis plus de trente ans, Catherine Zarcate fait partie des pionniers du renouveau du conte. Son répertoire va de l’Orient à l’Asie, le long de la route de la soie et s’enrichit de ses voyages.

Catherine Zarcate

Il n’est pas comédien, il « fait » du théâtre, il n’est pas pianiste, il « fait » du piano, il n’est pas réali-sateur, il « fait » des films.

Passionné tout autant par l’écri-ture, la mise en scène, la musique, l’image, et les planches, Pierre Montel s’adonne à ses multiples passions dans des projets d’une grande diversité. Il participe ainsi à la création de la troupe Les Zactoux.

Pour la compagnie « Le Soupir », Pierre Montel compose aujourd’hui au piano des mélodies qui accom-pagnent les corps et les mots.

Pierre Montel

Priscille de Latte CostumièreLes Anges - Prêt-à-porter, Marseillanwww.auxanges-pretaporter.com

Sébastien Maugy Photographewww.sebastienmaugy.book.fr

Pour leur accueil en résidence

Espace 13Espace chorégraphiquewww.mulleras.com

Association La ToureilleMandagout (30)

Service Culturel de la ville de MarseillanThéâtre Henri Maurin

Remerciements

«Un enfant dit : «L’herbe, c’est quoi ?»en m’en apportant à pleines mains»

Walt Whitman

Anne-Cécile DeliaudDanseuse Butô

Bernard ConversDanseur

Cédric TorneArtiste plasticien et performeur

Kader RoubahieComédien, Directeur artistique Cie C’est Maintenantwww.ciecestmaintenant.fr

Regards extérieurs

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