différences (1980, no 0)

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Premier numéro du mensuel Différences, du MRAP

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    80 /1.' 0 Mt::N.\'UEI. CommISSion pon/a;", en cours ' /1 numfros par an.

  • ,

    Edito

    FAI Parce que les bombes des racistes ont tu, des

    centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour crier leur indignation, pour exprimer leur volont d'uvrer l'amiti entre les peuples.

    La voix de ces femmes, de ces hommes est mul-tiple mais convergente. Elle est combative mais rflchie. Elle s'inscrit dans les traditions du pays mais est ouverte l'initiative. Elle tire sa force de l'exprience quotidienne: vivre ensemble, c'est possible et c'est bon !

    La voix de ces femmes, de ces hommes, c'est aussi la rponse de tout un peuple face aux ides de haine et de mpris qui disposent, malheureuse-ment, d'impressionnants moyens de diffusion.

    Cette voix doit pouvoir porter plus loin, plus avant, plus profond. Si vous le voulez, si nous le voulons, ensemble, construisons-la en faisant vivre SON journal: "DIFFERENCES" !

    Simone de BEAUVOIR, cri va in: Pierre BOURDIEU , sociologue; Clara CAN-DlANI, journaliste; Aim CESAIRE, cri va in ; Marie-Jos CHOMBART DE LAUWE, matre de recherche a u CN RS , co -Prsidente de l'amicale de Ravensbrck; Alain DECAUX, de l'Acadmie Frana ise; Michel DRACH, cinaste; Marie-Jos NAT, comdienne; Jean-Daniel SIMON , cinaste; Andr DUMAS , pas teur; Henri FAUR, Prsident honoraire de la ligue de l'Enseignement ; Jean FERRAT, Aut eur-int erprte ; Professeur Franois GREMY , Prsident du MRAP ; Monseigneur Guy HERBULOT, Evque de Corbeil ; Jean HIERNAUX . Directeur de recherche au CNRS ; Georges HOURDlN , journ aliste ; Viviane ISAMBERT-JAMATI. socio lo-gue ; Albert JACQUARD, gnticien ; Franois JACOB, Professe ur au Collge de France, Prix Nobel ; Pierre JOXE, Dput ; Alfred KASTLER, membre de l' Instit ut , Prix Nobel ; Jean KERCHBRON , producteur-ralisateur de T. V. ; Michel LEIRIS , criva in; Albert LEVY. secrtai re gnra l du MRAP ; Jacques MADAULE, c ri-vain ; Colette MAGNY, chanteuse; Albert MEMMI, crivain ; Anna MERLE D' AUBIGNE, Alex METAYER, comdien ; Thodore MO OD, membre de l' Insti -tut ; Henri NOGUERES, Prsident de la Ligue des Dro it s de l' Homme ; Charles PALANT, Vice-Prs ident du MRA P ; M' George PAU-LANGEVIN , Vi ce-Prsidente du MRAP ; Gilles PERRAULT, c rivain; Jean PICART LE DOUX, artiste-peintre; Abb Jean PIHAN , Vice- Prsident du MRAP ; Laurent SCHWARTZ, mathmaticien ; Francesca SOLLEVILLE, chanteuse; Jean SURET-CANALE, historien; TALlLA, chanteuse ; Alain TERRENOIRE, Ancien Dp ut; Victor VASARELY , a rtiste plas ticien ; VERCORS, c ri vain; Pierre WERTHEI-MER, Professeur de Mdec ine ; Andr WURMSER, cri vain ; WOLINSKI, dessin a-teur ; lannis XENAKIS , co mpositeur ; Bernard ZEHRFUSS, archit ecte.

    Pour vivre, DIFFERENCES a besoin de vous. Prenez un abonnement-fondateur Faites en prendre autour de vous. ABONNEMENTS-FONDATEURS 1 an : 140 F ; 6 mois : 75 F ; abonnement de soutien : 200 F ou plus ; abonnement d'honneur : 1000 F. (Etudiants et chmeurs: 120 F ; 6 mois: 65 F ; photocopie de la carte d 'tudiant ou de la carte de pointage demande) . A l'tranger : 170 F. A renvoyer DIFFERENCES, St droit et libert, 120, rue Saint-Denis, 75002 Paris, CCP .- SARL droit et libert, 9239-81 Paris.

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  • Le bon sens cest un mtier.

    Dans toutes les petites villes de France, il ya un boulanger, un mdecin, un maire et un homme du Crdit Agricole. Dans chacune de ces villes,

    ils uvrent, chacun leur niveau et avec leurs moyens propres, pour le bien-tre de la communaut. Quand il s'agit de construire une crche ou de nouveaux quipements, la tche est partage.

    Pour sa part, le Crdit Agricole participe souvent au financement. C'est sa mission comme c'est son mtier de vivre au cur de chaque rgion pour mieux rpondre ses besoins.

    CRDIT AGRICOLE

    Le bon sens prs de chez vous.

    Sommaire

    'tJilll 7 ZlJU~

    Diffrences nO 0 mensuel

    120, rue Saint-Denis 75002 PARIS

    Directeur: Albert LEVY

    Rdacteur en chef: J.-L. SAGOT-DUVAUROUX

    Diffrences a t cr l'initiative

    du MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l'Amiti

    entre les Peuples) pour dvelopper

    dans l'opinion publique l'information

    et la rflexion contre le racisme.

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    Actualit LE MOIS Actualit EVENEMENTS Tigana : le racisme des stades Qu'est-ce qui fait courir Faurisson ? KKK : "la guerre des races" ! Cit-ghetto Actualit POINT CHAUD Des "flics" antiracistes En dbat ANTISIONISME Rgionale NICE

    Le Prou racont par un Indien Connatre LES TSIGANES Exp-ression LFERRAT A L'HEURE DU "BILAN" Rflexion QUELLE DIFFERENCE? Hier LES ROIS MAGES Demain AGENDA Tribune DIALOGUE AVEC ... ALBERT LEVY

    Mots croiss

    Humour 5

  • e dire

    venez -dcouvrir notre collection excl Automne Hiver 1980

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    LE MOIS DIFFRENCES DCEMBRE 1980 ------------------------. damnes pour insultes racistes 3 NOVEMBRE 20 OCTOBRE 100.000 CONTRE LE RACISME A BRUXELLES 100.000 personnes dfilent Bruxelles l'appel du Comit de coordination des organisations juives de Belgique et de la Ligue belge des Droits de l'Homme pour protester contre la renais-sance du racisme et du fascisme.

    Bonn. Une vingtaine d'orga-nisations antiracistes demandent l'interdiction du congrs du NPD (parti no-nazi) .

    Youssef Sassi, 24 ans, Fran-ais d'origine tunisienne, illgale-ment expuls le 28 juin 1979, peut revenir en France. Son avocat a obtenu un sursis excution de l'arrt d'expulsion dont il avait t victime.

    24 OCTOBRE "Vive Hitler", "Nous has-sons les juifs". Ces inscriptions dcorent la salle o se tient le banquet annuel des tudiants afrikaners de l'universit de Pre-toria (Afrique du Sud). Les ma-tres d'htel sont dguiss en SS. Le banquet se termine par le dis-cours d'un tudiant grimm en Hitler.

    25 OCTOBRE TROIS AFRICAINS TUES AU CAP Trois Africains, dont 2 enfants de 12 et 14 ans, sont tus par la police au cours d'incidents surve-nus dans la banlieue du Cap (Afrique du Sud).

    26 OCTOBRE Journalistes et manifestants empchent la tenue d'une conf-rence de presse no-nazie Bruxelles (Belgique).

    Les gardes mobiles intervien-nent Douai contre "Radio Quinquin". Des militants de la CGT qui dfendent leur poste metteur constatent qu'un des reprsentants des forces de l'ordre arbore des insignes nazis. Le chef de corps doit le faire va-cuer.

    SENNA A

    G. ZAMBONIISENEPART

    27 OCTOBRE Le "Littoral de la Charente-Maritime" est condamn pour provocation la discrimination raciale. Le MRAP obtient 1 500 F de dommages et intrts et l'Etat 1 000 F d'amende . L'auteur de l'article se voit infli-ger un mois de prison avec sursis.

    28 OCTOBRE

    UN RESPONSABLE DU P.F.N. CONDAMNE POUR RACISME On apprend qu'un Algrien est devenu dfinitivement fou aprs les tortures qui lui ont t infli-ges sur une plage des environs de Bordeaux par trois hommes. Il aurait manqu de respect la femme de l'un d'entre eux.

    Le prsident de la Fdration de l'Est du Parti des Forces Nou-velles (extrme-droite) est con-damn 10 000 F d'amende. Il avait diffus un tract incitant la haine raciale contre les immigrs d'un quartier de Strasbourg. Deux autres personnes sont con

    l'encontre de clients juifs.

    29 OCTOBRE A Marseille, deux lycens sont attaqus par quatre jeunes gens aux cris de "sales juifs".

    Un tudiant juif bless l'Ins-titut d'Etudes Politiques de Paris: les militants du "Fer de lance solidariste" n'admettaient pas qu'il distribue des tracts devant l'tablissement.

    30 OCTOBRE La voiture d'un mdecin juif explose devant son domicile de Montrouge. Deux inconnus avaient dpose une bombe sur son capot .

    30 OCTOBRE Des municipalits communis-tes prennent position contre la formation de ghettos et la venue de nouveaux immigrs dans leurs communes. Une polmique s'engage dans la presse.

    Les mineurs marocains du Nord demandent les mmes droits que les Franais; Aprs un jour de grve, ils obtiennent satis-faction.

    LA LONGUE MARCHE DES INDIENS

    Afrique du Sud : un blanc est condamn 400 rands (2 500 F) d'amende pour avoir tu un Noir qui aurait insult sa femme . Un Noir est condamn 3 ans de pri-son pour vol de voiture .

    Les services des douanes sai-sissent un lot de bibelots nazis au march au puces de Metz.

    Deux anciens SS accuss de l'assassinat de 21 dtenus dans un camp annexe d'Auschwitz sont acquits, en RFA, "faute de preuves". Ils seront indemniss pour les annes de dtention pr-ventive .

    Aprs une grve de la faim entame le 22 octobre, 4 tu-diants marocains ont t finale-ment admis l'universit de Picardie (Amiens) . 23 autres attendent une dcision analogue.

    4 NOVEMBRE

    LE BRIGADIER ET LA PHOTO D'HITLER On apprend que le brigadier Kay-ser, principal tmoin dans le pro-cs qui fit condamner un jeune

    D' AMERIQUE AS"r~T Une centaine d'Indiens arrivent ff~dl\&tfifl Washington. Ils ont travers les .'r. Etats-Unis pied, depuis San Francisco, pour protester contre les discriminations dont ils sont

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    LE MOIS DIFFRENCES DCEMBRE 1980 homme aprs les incidents qui suivirent la manifestation du 23 mars 1979, dtenait un portrait d'Hitler dans son armoire person-nelle du commissariat du ge arrondissement de Paris.

    2 hommes, circulant bord d'une Citron GS, tirent 2 coups de feu contre 2 CRS en faction devant une cole isralite de la rue Riquet. Un peu plus tard, ils se font remettre, sous la menace d'une arme, la caisse d'une sta-tion service.

    Une association de parachu-tistes organise un commando contre un cinma de Marseille qui programme un festival: "Des armes pour la paix ou dsarmer la paix".

    6 NOVEMBRE A Marseille, 4 Mauritaniens avaient t expulss en vertu de la loi Bonnet du 11 / 1/80 avant mme qu'elle soit entre en appli-cation. Le commissaire du gou-vernement demande l'annulation de l'arrt d'expulsion.

    Pierre Bouffard, 35 ans, mili-tant du groupe "Europe et libert" (extrme-droite), est condamn 5 ans de prison. Il dtenait chez lui un vritable arsenal militaire. Deux hommes, connus pour leurs opinions extrmistes, sont inculps et crous. Ils sont accu-ss d'avoir lanc un cocktail molotov contre un centre isralite de Nice en septembre dernier.

    8 NOVEMBRE A la suite d'une rumeur, un jeune couple de Gitans sdentai-res avaient t arrts. Un notaire les accusait d'avoir extorqu le testament d'une vieille femme qu'ils soignaient avec dvoue-ment. Non-lieu.

    Il NOVEMBRE

    13 syndicalistes noirs sont arrts par la police sud-africaine. La multinationale Chio ride avait accept le fonc-tionnement de leur syndicat. Les autorits ne veulent pas de prc-dent.

    Robert Hersant, directeur du Figaro-Magazine et Robert Cour-tine, son chroniqueur gastrono-mique, ont t condamns 1 000 F d'amende et 1 500 F de dommages et intrts la

    LlCRA. Un article consacr la cuisine chinoise mettait en garde contre la "prolifration bacil-laire" des "petits hommes jau-nes" .

    130 juifs sovitiques qui les autorits refusent le visa de sortie pour Isral engagent une grve de la faim. Auparavant, ils ont remis au Soviet Suprme une let-tre signe par 268 refusniks dans laquelle ils dtaillent leurs dolances.

    13 NOVEMBRE Suzanne Martinez, dlgue CGT, est condamne une amende pour diffamation. Elle avait accus le patron de son entreprise, "Savoie-Mtal" (Annecy), de racisme et de discri-mination l'gard de travailleurs immigrs. Arrte pour avoir refus de payer l'amende , elle est libre sous la pression des ouvriers.

    14 NOVEMBRE UN DES AUTEURS TEL-AVIV: LES DE COPERNIC ENSEIGNANTS IDENTIFIE? CONTRE Le journal "L'Humanit" rvle que la police espagnole a trans-mis aux autorits franaises des informations sur un terroriste d'extrme-droite qu'elle soup-onne d'tre impliqu dans l'attentat de la rue Copernic.

    LE RACISME Des organisations d'enseignants d'Europe occidentale, d'Afrique, d'Amrique du Nord et d'Asie adoptent Tel-Aviv (Isral) une dclaration appelant "clairer

    les lves sur les dangers du racisme, de l'antismitisme, de l'holocauste, de l'apartheid et de toutes les formes de violations des Droits de l'Homme".

    20 NOVEMBRE

    16 NOVEMBRE Deux mdecins, des Blancs, dmissionnent de l'Association des Mdecins Sud-Africains. Cette association refusait d'ouvrir une nouvelle enqute sur la mort suspecte, en septembre 1977, du leader de la "Cons-cience Noire", Steve Biko.

    17 NOVEMBRE Graham Mourie, capitaine de l'quipe de rugby no-zlandaise, les Ali Black, ne jouera pas con-tre les Springboks sud-africains. Il refuse l'apartheid dans le sport.

    6 membres du Ku Klux Klan et du parti nazi amricain sont acquitts par un jury entirement blanc. Ils avaient tus 5 person-nes, le 3 novembre 1979, Greensboro (Caroline du Nord), lors d'une manifestation antira-ciste.

    19 NOVEMBRE

    MARC FREDRIKSEN INCULP Une information judiciaire est ouverte contre Mark Fredriksen, Michel Caignet et Michel Leloup, anciens dirigeants de la FANE, pour reconstitution de ligue dis-soute. C'est le procureur gnral prs de la Cour de Suret de l'Etat qui s'est saisi de l'affaire.

    Lors de la 5e confrence nationale sur l'immigration la CGT labore une charte revendi-cative concernant les problmes des travailleurs trangers .

    A Crteil, une patrouille de police interpelle deux jeunes maghrbins et brutalise l'un d'entre eux. Les policiers doivent faire face la colre des habitants du quartier qui connaissent et respectent les jeunes gens.

    21 NOVEMBRE Plus de deux millions de citoyens indiens appartenant la caste des "intouchables" subis-

    LES RESIDENTS DU FOYER SONACOTRA DE SAINT-DENIS EXPULSES ... PUIS REINTEGRES

    Une centaine de rsidents du foyer Sonacotra "Romain-Rolland" de Saint-Denis (93), sont expulss par la police. Ils faisaient la grve des loyers . Un jugement clair 'permet qu'ils soient rintgrs le soir mme.

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    A Lyon, un quartier d'immi-grs est encercl et fouill par la police pour retrouver des voleurs de bijoux qui sont supposs s'y cacher. Le MRAP proteste et organise une manifestation.

    sent encore, selon les statistiques officielles, le systme du servage. Le Ku Klux Klan a choisi Toronto comme centre de ses activits au Canada. Cette ville abrite d'importantes communau-ts asiatiques et antillaises.

    23 NOVEMBRE Consacr au "droits des indiens d'amriques", la 4e Ses-sion du "Tribunal Russell" s'ouvre Rotterdam (Pays-Bas).

  • Actualit

    EVENEME Jean Tigana : A cause d'un entraneur raciste

    J'AI FAILLI ABANDONNER Cl. u..

    Jean Tigana sous le maillot de l'quipe de France lors du match France-Irlande.

    L e 23 Mai dernier, la France Q. Vous avez touj'ours pense' fal're ., assez vIte a son entraneur Pierre sportive du "petit cran" une carrire de footballeur? D dcouvre un nouveau uval." Problmes de quel joueur dans l'quipe nationale de J .. T. Vraiment pas. Bien sr, ordre? football qui rencontre l'URSS. lorsque nous tions Marseille J. T. L'attitude de cet entraneur Pour ses dbuts internationaux, j'ai jou au ballon comme tous les mon gard a t vite insupporta-Jean Amadou TIGANA "crve" gamins du coin. Puis j'ai jou la ble. Une rflexion qu'il a eu l'cran. Les passionns de football Grande Bastide, l'ASPTT de rcemment devant des journalistes l'adoptent; sa popularit ne cesse Marseille, aux Caillols et enfin l'claire bien. A un moment de grandir. Cassis qui oprait un petit donn, il y a eu 5 Noirs slection-Aujourd'hui, il se rvle comme niveau rgional. Comme je ns dans l'quipe de France. Il un des joueurs indispensables de n'avais jamais t selectionn, je a trouv le moyen de s'indigner l'quipe de France dont il a dis- pensais continuer le football le qu'avec 1.000.000 de footballeurs put, depuis le match de Moscou, dimanche, paralllement mon dans le pays, on aille prendre 5 toutes les rencontres. mtier de postier. Noirs en quipe de France. Je

    Q. Jean TIGANA, vous tes un peu un nouveau venu dans le monde des "stars" du ballon rond. C'est l'occasion de faire mieux connaissance ... J. T. Je suis n le 23 juin 1955 Bamako, d'un pre malien et d 'une mre franaise. J'ai vcu mon enfance Marseille o je suis rest jusqu'en 1975, anne o je suis all Toulon (2e division) avant de venir Lyon en Juillet 1978 ... o je resterai jusqu'en 1986. Je suis mari depuis deux ans avec une amie d'enfance Adle et nous avons un petit gar: on de huit mois, Yannick.

    Q. Le "dclic" alors? J .. T. En 1975, mon entraneur a pris contact avec les clubs pro-fessionnels de Bziers et de Tou-lon et j'ai choisi le second. Un an aprs, je signais mon premier con-trat "pro". C'est alors que j'ai pens faire vraiment mon mtier du football.

    ATTITUDES CHOQUANTES Q. Je lis dans un journal spcia-lis : "II n'est rest que deux ans Toulon, un diffrent l'opposant

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    trouve assez choquant que des ducateurs de football puissent avoi.r ouvertement de telles attitu-des et qu'ils continuent prati-quer. Son attitude raciste m'a tellement gn, Toulon, que j'allais aban-donner le football. En tout cas cette situation a certainement frein ma progression et si je n'tais pas parti, je jouerais en ce moment en troisime ou (peut-tre qu'ils ne seraient pas descen-dus) en seconde division, Q. Alors, le racisme, a existe aussi dans l'activit sportive? J. T. Oui, bien sr. Mais plus souvent en seconde division et

    R. AMADOR

    ( lVON

    d dans les divisions infrieures. J'ai souvent t insult par des joueurs ad verses et par des spectacteurs.

    Q. Quel genre d'insultes? J. T. Les insultes habituelles: "Sale ngre, fils d'esclave, fils de dmon l"~

    Q. Par des joueurs adverses? J. T. Oui, souvent mme. Je pr-fre ne pas citer de noms mais je me rappelle et si un jour je peux leur renvoyer l'ascenseur, je le ferai!

    Q. Et en premire division? J. T. Non, trs peu! Je pense qu'il y a plus de respect en pre-mire division.

    Q. Aujourd'hui, vous portez le maillot de l'quipe de France, vous tes ovationn dans les sta-des, mais une fois le maillot au vestiaire, vous pouvez vous faire contrler dans la rue parce que vous tes Noir. J. T. C'est vrai. a arrive . Il y en a qui vous le font ressentir. Il faut l'accepter avec une certaine philosophie et se moquer d'eux. Une fois qu'ils ont mes papiers et qu'ils me reconnaissent, c'est ce moment l que je souris et je ne les considre mme plus.

    Q. L'attitude des gens a d changer votre gard maintenant que vous tes une vedette? J. T. Je crois que le racisme, a vient du manque d'intelligence. J'ai eu de gros problmes pour mon mariage. Pour qu'on se marie, ma femme a d partir de chez elle. Maintenant, mes beaux parents essayent de revenir -peut-tre ont-ils compris ou bien a vient de ma situation - mais moi, j'ai mis un trait. Ils peuvent voir ma femme et mon gosse mais pas moi. Mme Marseille, j'en discutais avec ma mre, des gens qui ne nous ont jamais adress la parole en 18 ans de vie commune "et maintenant, du jour au lende-main, ils viennent prendre des nouvelles. C'est un phnomne incontrlable. Il faut l'accepter comme a.

    JE ME SENS FRANAIS Q. Est-ce que c'est aussi facile d'tre Franais d'origine

    malienne comme vous, que d'tre Franais d'origine polonaise ou italienne? J. T. C'est vrai que a se voit plus. Mais je crois que c'est une question de mentalit. Moi, je me sens bien Franais parce que j'ai toujours vcu en France. S'il y a des gens que je drange par moment, je m'carte de leur route. Ce qu'il y a : il ne faut pas qu'ils se prsentent sur la mienne .

    Q. S'ils se prsentent? J. T. Alors l, je serai mchant. Ah, oui!

    Q. Au fond, le racisme, a vous parat important en France, aujourd'hui? J. T. D'un ct, j'ai l'impres-sion que a diminue. Toutes mes surs, par exemple, sont maries avec des Blancs. Mais c'est vrai que j'ai deux frres qui se sont fait tabasser par des policiers: l'un, sur la Canebire parce qu'il se promenait avec une blanche; l'autre au commissariat parce

    . qu'il avait t contrl dans sa voiture et qu'il avait rpondu. Comme on connat du monde, ces policiers ont eu un blme, mais c'est l'histoire de Coluche, au bout de 10 blmes, on a un avertissement. .. Je voudrais quand mme dire qu'il ne faut pas gnraliser. Moi, j'ai de trs bons amis poli-ciers qui ne sont absolument pas racistes. Et il faut reconnatre que le racisme est une chose qui est bien partage entre toutes les races. Les Noirs n'y chappent pas non plus.

    Q. Et pour vous, le sport, a peut avoir un rle positif dans le rapprochement des hommes? J. T. Oui, je le pense. Le sport doit tre une rencontre amicale entre les gens. C'est pour cela que je trouve que le chauvinisme et l'agressivit sont de trs mau-vaises choses pour le sport.

    Q. Iriez-vous jouer en Afrique du Sud, le pays de l'apartheid? J. T. Si mon club ou l'quipe de France doivent y aller, j'irai pra-tiquer mon sport favori ... Mais si les fdrations sportives non-raciales d'Afrique du Sud lancent un appel au boycott, alors, je res-terai tranquillement chez moi, en famille.

    J.-L. SAGOT-DUVAUROUX J.-F. MESPLEDE

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    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    .AMIENS _______ _

    La chanteuse yiddish devant les immigrs

    ,

    RESERVE, , "-

    INTERET ... ,

    SEDUCTION D eux groupes marocains, une chanteuse juive une majorit d'immigrs maghrbins dans la salle. Paroles yiddish et rythmes d'Europe cen-trale cette Fte de l'Amiti organise en novembre par la commission extra-municipale des immigrs, Amiens, c'tait une initiative audacieuse.

    Le comit local du MRAP en avait donn l'ide: aprs l'atten-tat contre la synagogue de la rue Copernic, n'tait-ce pas le moment de tenter le coup? L'motion avait t grande, dans la capitale picarde, comme par-tout en France. Les groupes rock de la rgion avaient tenu, une semaine aprs les faits, jouer "contre le racisme". Talila, une des seules chanteuses franaises contemporaines avoir su, par la chaleur de sa voix et des sentiments qu'elle exprime, faire sortir les vieilles complaintes yiddish du rpertoire folklorique, apparat en costume traditionnel. Pas facile dans une salle qui attend surtout d'entendre "sa" musique et qui est venue couter

    les rythmes marqus des groupes Tazounakit et Jilaloil. "C'est la premire fois que je chantais devant ce public, confie Talila la fin du spectacle. Je ne savais vraiment pas comment les choses allaient tourner!" Chansons traditionnelles, utilisa-tion de la langue yiddish, musi-que souvent mlancolique, vo-cation du judasme polonais, on est loin, c'est vrai, des rythmes de la Derbouka, des tambours et du banjo d'Afrique du Nord .

    A u dbut, tonnement, quelques murmures, Puis les rythmes s'animent peu peu. On retrouve le plaisir d'accompagner la chanteuse en frappant dans ses mains. Comme aux portes de Marrakech, comme partout dans le monde . Rserve, intrt, sduction . Les applaudissements ne sont pas mnags, lorsque, souriante, l'inquitud-e disparue, Talila salue ceux qui elle vient de dire un peu de son me. "C'est une exprience qui m'a enchante et qu'il faut absolu-ment renouveler, dclare l'artiste. Mes chansons s'adres-sent tout le monde, pas seule-ment aux Juifs. Ce soir, le dbut du spectacle a t assez dur parce que les gens taient venus couter autre chose, leur musique, leur culture et c'est vrai qu'en dehors de telles ftes, il leur est difficile de pouvoir les retrouver. Mais ils ont fait l'effort de m'couter et finalement, la grande majorit a apprci. Ca n'est pas suffisant pour rapprocher deux peuples. a y contribue quand mme." Dans la salle o la fte bat son plein, on a commenc danser. On discute aussi : en franais, en arabe, en portugais, en espagnol... On parle de ces chants qu'on ne connaissait pas et qui trottent dans la mmoire,

  • Actualit

    EVENEMENTS DIFFRENCES DCEMBRE 1980 .. USA----------------------------________________ ~Q------------------------.. Le Ku Klux Klan prpare-t-il la "guerre des races" COUVRE-FEU SUR ATLANTA

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    ?

    K u Klux Klan: le nom malfique est sur toutes les lvres. Depuis l't de l'anne dernire, 14 enfants noirs d'Atlanta (Georgie) gs de 7 15 ans sont morts ou ont disparu. JO d'entre eux ont t retrouvs: trangls, touffs, battus mort. Dans la dernire priode, les assassinats se sont succds avec une prcision d'horloge, toutes les cinq semaines. Le maire de la ville, M. Maynard Jackson, un Noir, tente de rassu-rer ses administrs. La thse offi-cielle attribue les meurtres un sadique. Des moyens plus impor-tants viennent tout rcemment d'tre mis en uvre pour tenter d'arrter le criminel: battues, couvre-feu et mme utilisation des services d'une voyante extra-lucide! La peur rde 'toujours avec le sentiment tenace qu'on en fait moins pour protger les enfants noirs des ghettos que pour sauvegarder les proprits coquettes des banlieues chics. Depuis octobre 1979, huit hom-mes et deux femmes, tous des Noirs, ont t tus par balle Oklahoma City, Indianapolis, Cincinnati, Sait Lake City et Johnston. Meurtres inexpliqus. Vernon Jordan, prsident de la National Urban League, l'une des organisations noires les plus importantes, a t bless lors d'un attentat Fort Wayne (Indiana) en mai dernier. En sep-tembre, Buffalo (Etat de New York), 4 Noirs ont t tus coups de rvolver en moins de deux jours. En octobre, deux autres Noirs sont dcouverts dans leur voiture, poignards, le cur arrach. A Birmingham (Okla-homa), une bombe est dsamor-ce de justesse dans une glise noire.

    L 'Anti-Defa~at

  • Actualit

    EVENEMENTS Un professeur lyonnais poursuivi pour incitation la haine raciale QU'EST-CE QUI FAIT COURIR FAURISSON ? "C e massacre n'tait

    heureusement qu'un bobard de guerre".

    Telle est la thse d'un professeur lyonnais de littrature franaise, R. Faurisson, sur le gnocide hit-lrien des Juifs. D'o proviendrait donc une telle invention? Essentiellement de la haine des Juifs pour Hitler et le peuple allemand. Jusque l, seuls d'obscurs no-nazis aboyaient infatigablement sur ce thme. Faurisson a repris le flambeau. Et il s'est trouv une ultra-gauche provocatrice, peuple de cervelles ramollies par de longues annes d'impuissance, pour reprendre

    son compte les principales thses du Professeur. Serge Thion a ainsi publi, cette anne, une habile compilation visant con-sacrer l'honorabilit de ce qu'il est dsormais convenu d'appeler "le rvisionnisme en Histoire"(I). Dans un article confidentiel con-sacr l'crivain Louis-Ferdinand Cline en tant qu'auteur des pamphlets antijuifs les plus rageurs d'avant 1940(2), Faurisson dvoile, non sans une imprudente candeur, ce qui le fait courir: "Cline n'aimait ni l'argent, ni la guerre. Pour lui, les Juifs de 1936 taient l'argent et voulaient la guerre. Considrant qu'ils taient le con-

    Victor Faynzyber est mort en dportation. Mutil de guerre, il tait dispens du port de l'toi le jaune. Pas sa fille.

    traire d'ulle minorit opprime, constatant leur puissance dans le monde de la finance, de la politi-que et des journaux, notant leurs incessants appels une croisade du monde entier contre leur ennemi personnel Adolf Hitler, il devait publier Bagatelle pour un massacre (1937) et l'Ecole des cadavres (1938) pour mettre les Franais en garde contre une nouvelle boucherie." On sait que "cet homme raffin", "cet aris-tocrate n" qu'tait Cline s'tait lui-mme ainsi situ en 1942: "Je veux tre le plus nazi de tous les collaborateurs." Son dfen-seur dclare aujourd'hui sans ambages: "Je ne peux supporter le fascisme sous aucune forme", "Je ne suis pas antismite" (in Thion, 196).

    J ugeons donc sur pice cette prtention. Drumont, grand initiateur de l'antis-mitisme franais moderne, cri-vait dans La France juive (1886) :

    "Tout Juif qu'on voit, tout juif avr est relativement peu dange-reux. Il est mme parfois estima-ble ; ( ... ) il est possible de le sur-veiller, Le Juif dangereux, c'est le Juif vague." Dans la mouture faurissonienne, a donne cette explication adapte la psycho-logie de l'enfant juif et inspire par la seule "logique militaire" (sic) : "Hitler faisait porter ses ennemis (les Juifs) un signe dis-tinctif ( ... ). Je sais qu'on pense parfois que des enfants de 6 15 ans ne pouvaient constituer un danger et qu'ils n'auraient pas d tre astreints au port de l'toile. Mais si l'on reste dans le cadre de cette logique militaire, il existe aujourd'hui suffisamment de rcits et de mmoires o des Juifs vous racontent que, ds leur enfance, ils se livraient toutes sortes d'activits illicites ou de rsistance au Allemands." (in Thion, 190). Sans commentaire. Faurisson, dmystificateur en tout genre, grand ,renifleur de

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    "pots-aux-roses", est en effet le gnial inventeur de la "mthode Ajax" : "a rcure, a dcape et a lustre" (sic). Mthode univer-sellement applicable: les uvres de Nerval, Rimbaud et Lautra-mont ont t, grce elle, rcu-res avant que ne soit son tour dnonce et dcape "l'impos-ture du XX sicle". Notre vieille taupe professorale, notre grand dmystifiant s'crie: "Jamais Hitler n'a ordonn ni admis que quiconque ft tu en raison de sa race ou de sa religion." Le dlire est de plomb. Faurisson rai-sonne: comment croire des "ennemis personnels" de Hit-1er? Tout s'claire la lumire ajaxienne : les aveux des nazis Nuremberg? Extorqus sous la torture et par la drogue. Les chambres gaz? Construites aprs coup pour les besoins de la propagande des vainqueurs.

    L e gnocide, ainsi "dcap", devient le plus grand mensonge de l'his-toire, invent par les Juifs pour culpabiliser le peuple allemand et lui extorquer de substantiels sub-sides. Comment conserver ici son calme, rpliquer point par point, rfuter les unes aprs les autres des abbrations bardes d'rudi-tion clinquante et de "bons noms" servant faire digrer l'indigeste? D'autres l'ont fait excellemment, ayant su prendre patience et supporter un temps leur dgot(3). Faurisson et ses mules continuent nanmoins d'crire comme s'ils taient seuls dans le dsert historique, comme si leur drisoire acharnement n'avait pas provoqu de saines et dfinitives ractions. Il faut retourner sa bave l'envoyeur - une fois pour tou-tes et sans s'y arrter. Oublier le sous-ptre Faurisson. Oublier de tels tigres de papier. Abandonner le rat rvisionniste ses Vieilles Taupes souteneuses. L'immonde recherche et trouve toujours l'immonde. Terrible vrit.

    Pierre-Andr TAGUIEFF

    (1) Serge Thion: "Vrit hiSTOrique ou vrit politique", La Vieille Taupe, 1980. (2) "La Revue Clinienne", l U trimestre 1979, pp. 35-37. (3) Essentiellement: G. Wellers: "La Solution Finale et la Mythomanie No-Nazie", C.D.J.C. , Paris, 1979; M. Fresco : "Les redresseurs de morts", Les Temps Modernes, juin 1980, n 407, pp. 2150-22JJ ; P. Vidal-Naquet: "Un Eichmann de papier", Esprit, Septembre 1980, pp. 8-52.

    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    -AFRIQUE DU SUD---------Une tourne de rugby signe Ferrasse BATTU MAIS CONTENT L e Prsident de la Fdra- Afrique est pass entre les mains tion Franaise de Rugby du Sngalais Lamine Ba qui affiche un bel optimisme semble plus conciliant que son aprs la tourne, pourtant mal- prdecesseur, Jean-Claude heureuse, du XV de France en Canga. Afrique du Sud. "La situation Quoi qu'il en soit, les sud-considrablement volu depuis africains avaient pris soin d'infir-mon premier voyage, en 1968" a- mer clairement et par avance les t-il affirm, justifiant ainsi son propos de M. Ferrasse: La tour-

    comme l'organisation d'un "contre-match" Carcassonne par le comit local du MRAP avec le soutien de joueurs de renom (Laurent Spanghero et Andr Quilis) on ne peut pas dire que cet vnement ait rellement remu les foules. Est-ce la raison pour laquelle la

    action persvrante en faveur des liens entre le rugby d'apartheid et la France.

    ne ne saurait avoir d'effets Blanco, "le" Noir du XV de France, dans le domaine des relations aux prises avec les Springboks.

    Le ministre des Affaires Etran-gres avait pour sa part fait dis-crtement savoir, qu'il trouvait la tourne "inopportune" . Il se fondait en particulier sur le rap-port de la commission Marie, compose de parlementaires de la majorit, et qui, aprs une mis-sion d'tude en Afrique du Sud, constatait, au dbut de l'anne, que le rugby sud-africain restait soumis la sgrgation raciale.

    L e peu de ractions inter-nationales la tourne organise par M. Ferrasse tient-elle des pressions discrtes exerces par la diplomatie fran-aise ? On a t surpris que la question n'ait pas soulev plus de difficults la rencontre des ministres francophones des sports, Lige, en octobre 1980. En outre, le secrtariat gnral du Conseil Suprme des Sports en

    raciales . Le colonel Butch Loch-ner, un des slectionneurs sud-africains, dclarait au Rand Daily Mail de Johannesburg, en septembre dernier, qu'il n'y aurait pas, cette fois, de "Noirs bidons" (token Blacks) dans l'quipe Springboks: "L'anne dernire, lorsque nous projetions de faire une tourne en France, les choses taient diffrentes. C'est la Fdration Franaise de Rugby qui avait insist pour que nous incorporions quelques "token Blacks" dans l'quipe afin de lui donner une apparence multiraciale. Le "South-African Rugby Board" avait prcis que ce "racisme rebours" se justi-fiait alors puisqu'il pouvait per-mettre la venue des Springboks en France."

    E n France, malgr les prises de position nombreuses en faveur de l'annulation de la tourne et quelques initiatives

    IS

    Fdration sud-africaine de foot-ball a cru le moment venu d'annoncer qu'une quipe pour-rait effectuer une tourne l'tranger? Le football sud-africain est interdit de rencontres internationales depuis 22 ans!

    Mais c'est vers la Nouvelle-Zlande qu'il faut se tourner pour voir se dessiner les volu-tions les plus significatives. Gra-ham Mourie, capitaine de la fameuse quipe des Ali Black, a annonc le 17 novembre, qu'il ne jouerait pas contre les Spring-boks lors de la tourne prvue en Nouvelle-Zlande pour 1981 en raison de son opposition au racisme dans le sport.

    La leon inflige l'quipe de France dans les stades de l'apar-theid pourrait, dans ce contexte, avoir des consquences inatten-dues.

  • Actualit EVENEMENTS Attentat contre "Justice et Paix" IDENTIFI, L'AGRESSEUR COURT TOUJOURS L e dimanche 15 juin, une quinzaine de militants de la FANE saccageaient, coups de barre de fer, rue de Svign dans le Marais Paris, l'exposition consacre aux rfu-gis du Nicaragua et du San Sal-vador par l'organisme catholique " Justice et Paix". On se souvient que plusieurs des agresseurs, sitt leur forfait accompli, s'taient enfuis dans une voiture dont on parvint relever le numro minralogique Aprs enqute, il apparut qu'elle appartenait Michel Faci, un des responsables de la FANE dont le nom devait rapparatre lors de

    LE PEN AUX "-

    ILES

    l'attentat contre le sige parisien du MRAP. L'affaire est sur le point de con-natre son dnouement sur le plan judiciaire. Attentat revendi-qu par Frdriksen. Or, bizarre-ment, Michel Faci ne figurera pas au banc des accuss comme on pouvait (navement) le penser. Seul, nous dit-on, un des agres-seurs a t identifi. Il s'agit d'un certain Bernard Hotge. Ce dernier va comparatre devant un tribunal le 10 dcembre. Pas n'importe quel tribunal: le tribu-nal de simple police, celui qui juge, entre autres, ... les station-nements illicites sur la voie publi-que .

    J ean-Marie Le Pen, le res-ponsable du Front Natio-nal, devrait effectuer dans le courant du mois de dcembre une tourne dans l'Ocan Indien. Premire tape de son priple : l'le de la Runion o flotte le drapeau franais. Il est probable qu' cette occasion, il frappe les trois coups de sa campagne en vue de l'lection prsidentielle du printemps prochain.

    Il semble galement prvu que le leader du mouvement d'extrme-droite se rende, dans la foule, l'le Maurice, aujourd 'hui ind-pendante, l'invitation de Ga-tan Duval, ancien Ministre des Affaires Etrangres et actuelle-ment leader du Parti Mauricien Social-Dmocrate.

    Au centre des discussions entre les deux hommes: la cration d'un "front anticommuniste de l'Ocan Indien". Une initiative qui sera suivie d'un il attentif par les dirigeants d'Afrique du Sud.

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    50 000 habitants dont 16 000 immigrs. Gennevilliers, banlieue rouge.

    SENNA A

    a Lucien Lanternier, dans les foyers ghettos, dans les ghettos tout court, comme la cit de la route du Port."

    D ouze cents personnes vivent l. Douze cents immigrs. Au cur d'une rocade d'autoroutes. Pour l'atteindre, il faut emprunter un tunnel de 100 m de long. Un

    fond, je suis d'accord avec la municipalit . On ne peut tolrer de tels ghettos, racial, social, cul-turel. " Alors y-a-t-il trop d'immigrs Gennevilliers? Doit -on tablir un seuil de tolrance ? "C'est de la foutaise, retorque A. Bourgarel, cela ne repose sur aucune base scientifique! Il n'est qu' compulser les actes du Col-

    LES ANGOISSES DU MAIRE 1 1 fallait voir Lucien Lanter-nier, le maire communiste de Gennevilliers, pourfendant Lionel Stolru et le ministre perdu, seul, trs seul au milieu de la piste sous les projecteurs. Joseph Pasteur, ennuy, tousso-tait: ce n'tait pas prvu ... Ce soir-l, les "Dossiers de l'cran" furent passionnants. Par sa con-naissance humaine du problme de l'immigration, ce maire d'une commune qui recense 33 070 d'immigrs sur une population de 50.000 habitants, avait tout bou-levers. "Gennevilliers est une ville de vieille immigration. La premire vague date des annes 20. Des Marocains; le patronat avait dj besoin de main-d'uvre bon march, des Italiens et des Slova-

    ques pour s'occuper des cultures. La deuxime vague - fin des annes 50, dbut des annes 60 -est lie l'essor de l'activit industrielle. Il fallait des O.S. pour les usines de grande produc-tion - Renault, Citron, Simca, Chausson, et pour la construc-tion. A cette poque, les patrons recrutaient sur place, dans les pays d'origine. Les cars de police embarquaient les immigrs leur arrive en gare de Lyon, et les dposaient, souvent en pleine nuit, au milieu de Nanterre et de Gennevilliers" . Les structures d'accueil n'taient pas vraiment le premier souci du patronat. Gennevilliers, pas de bidonvilles, mais on se loge comme on peut. "Chez les mar-chands de sommeil, indique

    journaliste du "Monde" bapti-sera l'endroit le "Triangle de l'enfer". A Gennevilliers, per-sonne ne renie cette image, mme ceux qui y vivent ou , plus rare, ceux qui y travaillent comme Alain Bourgarel, instituteur l'cole dpartementale du port de Gennevilliers. Militant du MRAP, de la CFDT et du Parti socialiste, il n'est pas toujours d'accord avec la municipalit . Pourtant... "C'est difficile de parler de ce genre de problmes, c'est amplifi, dform par le~ mass-mdia. Il faut tre trs vigi-lant quant aux mots employs. J'ai t scandalis par les propos de certaines municipalits, et pas seulement communistes. A Gen-nevilliers, on est attentif, on n'crit pas n'importe quoi. Sur le

    loque de mai 77 du C.L.E.P.R .( l). Les problmes ne sont pas fonction des propor-tions. Cela dpend du type d ' habitat, des quipements, de l'emploi. "

    DES FRERES DE CLASSE

    P our Lucien Lanternier, il ne faut pas cultiver l'ambi-gut. "Seuil de tolrance, je ne comprends pas ce que cela veut dire . Est-ce que cela signifie qu' partir d'un certain nombre on ne peut plus tolrer? Alors il faut parler de seuil d'intol-ral1ce ! Les immigrs sont l, travaillent nos cts, ce sont nos frres de

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    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    classe et a, il ne faut jamais l'ou blier." Et le cot social? et la dlin-quance? "Le cot? Pour nous, c'est pas a ! Sur 14.000 immigrs, il y a 8.000 hommes seuls. Les cliba-taires ne viennent pas au Bureau d'aide sociale mme lorsqu'ils sont chmeurs. Les vieux travail-leurs? C'est triste dire, mais vous en connaissez beaucoup des vieux travailleurs maghrbins. Le patronat les a tellement exploits que souvent ils ne connaissent pas le temps de la retraite. La prsence de familles nombreuses et dmunies a peut-tre une inci-dence sur le restaurant scolaire, mais l, seule la pauvret est en cause. De mme pour la petite dlin-quance, oui elle existe, elle a tou-jours t plus forte chez les plus pauvres. Comment voulez-vous qu ' un mme du port, du "Trian-gle de l'enfer" ne soit pas tent par la dlinquance !" \ci commence le "Triangle de l'enfer. " Un monde part, un monde d'exclus. Pas d'images, pas de publicit, du gris partout. Rien lire, mme pas les noms qui ne figurent plus sur les botes aux lettres. "Les mmes se dvelop-pent dans un univers absurde, nous dira Alain Bourgarel. Il fau-drait raser cette cit et rpartir la population dans des logements convenables. Mais aujourd'hui, il y a des gens mal logs et qui doivent tre relogs. Souvent le choix se pose entre un taudis Gennevilliers et un logement Asnires, cela peut tre l'occa-sion d'une meilleure rpartition . " Mais d'o vient cette mauvaise rpartition? "De l'utilisation, poursuit A. Bourgarel, qui est faite des rser-ves prfectorales . Les municipali-ts de droite ne veulent pas

    d'immigrs, alors la prfecture, toute dvoue, les envoie syst-matiquement dans les mairies communistes.' ,

    ON MANQUE DE STRUCTURES D'ACCUEIL

    E xiste-t-i1, dans ces com-munes de droite, des logements accessibles pour les familles immigres ? "On manque partout de structu-res d'accueil, indique L. Lanter-nier. Mais les ouvriers franais et immigrs de Gennevilliers n'ont pas payer les consquences d'une politique de surexploita-tion. Il faut davantage de loge-ments sociaux pour tous les ouvriers et partout, Neuilly, St-Cloud comme ailleurs ... " Dans la cit du port, l'informa-tion ne passe pas trs bien. Le premier problme c'est la survie. Ailleurs, comme au quartier des Grsillons, on observe, un peu mfiant. Comment les immigrs ne le seraient-ils pas, habitus aux humiliations, aux contrles, aux expulsions. Toutes ces dcla-ration dans la presse leur font peur. Pourtant Gennevilliers, le fil n'est pas rompu. Tout le monde se souvient de cette lutte longue, pnible et triomphante, pour qu' une premire cit au port soit rase en juin dernier. Au coude coude, Franais et immigrs, les lus, le comit de dfense pour obtenir le relogement de 45 famil-les Gennevilliers et dans d'autres communes . "Nous menons, prcise le maire de Gennevilliers, une bataille contre le racisme du pouvoir, du patronat et de leurs lus, pour l'galit des droits et des chances . Il faut toujours la mener d'un point de vue de classe afin de ne pas permettre quiconque de dnaturer le sens du juste combat que nous poursuivons." Sur le bureau du maire, ouvert la page 3, la "Voix populaire", hebdomadaire local; ct du texte de la confrence de presse de L. Lanternier sur l'immigra-tion, une photo et un article ren-dent compte d'une dlgation des l us de Gennevilliers, pour l'abrogation de l'arrt minist-riel d'expulsion concernant un travailleur immigr: Ali Dhif.

    Jacques DUPONT (1) Centre de Liaison des Educateurs contre les Prjugs Raciaux.

    SEN NA A.

  • Actualit P OINT CHAUD Une situation qui inquite le ministre

    LAGROGNE DES FLICS ANTIRACISTES

    L a police est-elle raciste? A la suite d'affaires r-centes, l'opinion publique est branle. Pre-mire constatation : les victimes de "bavu-res" ont souvent le teint basan, l'air - ou le nom - pas trs catholique ... simple conci-dence?

    Mohamel Kadi, Abdelkader Grib, Marina Fayes et Yacid Naimi ont t tus cette anne par des policiers la gchette facile. Les trois premiers "accidentellement". Du moins offi-ciellement. Le quatrime de sang froid. Pr-texte invoqu: la lgitime dfense ...

    Amar Madaoui et Hamid Boubekeur, tabasss au cours de contrles d'identit, seront accuss pour finir d'outrages et de vio-lence agents . Tout comme Franois Diop, "un individu de type asiatique" - mais de nationalit franaise - qui a eu l'outrecui-dance de contester la lgalit des contrles dans le mtro.

    La majorit des gens qui ont eu souffrir de telles pratiques ont un point commun: ils sont foncs de peau. Les trangers seraient-ils dans le colimateur ? Que les Belges et les Anglais se rassurent: il y a fort parier qu'ils ne connatront jamais semblable msaven-ture.

    Une chose est sre: les contrles systma-tiques dans le mtro prennent l'allure d'une chasse au facis. Tout ce qui n'est pas "blanc

    de blanc" est priori suspect.

    A prs le MRAP, le SGP - Syndicat Gnral de la Police - qui regroupe les policiers en tenue, s'est mu.

    Ds le mois de mars 1979, Jean Chaunac - alors secrtaire gnral -- s'levait contre les contrles slectifs "interdits expressment par la loi antiraciste de 1972".

    "Le SGP, crivait-il alors, a toujours con-damn les formes de racisme et de discrimi-

    nation raciale ( ... ). La conception du rle de la police et des mthodes qui doivent tre uti-lises dans le cadre de la loi et du code pnal ne s'accomodent pas de pratiques telles que ces contrles systmatiques. Lesquels, pour les besoins de propagande officielle et pour rpondre aux lgitimes proccupations de la population, se sont tendus de faon progres-sive l'encontre d'utilisateurs du mtro ( ... ). Cette faon d'agir, si elle scandalise les citoyens en nombre croissant, relve mon avis d'une manire de conception et de men-talit qui, pour ne pas tre propres la seule police, sont toutefois tolres, admises, voire

    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    encourages par les autorits publiques res-ponsables.' ,

    N 'interpeler Arabes ou que des des Noirs fausse quelque peu les statistiques sur la dlinquance . Mais cela s'avre pratique: la vrification quotidienne de travailleurs immi-grs, dj trs isols dans le corps social (et de ce fait plus aisment marginaliss) secrte le racisme. Dans l'opinion publique et parmi les gardiens de la paix . Ceux qui procdent aux contrles finissent par tre persuads qu'il y a plus de dlits commis par les tran-gers. Une faon comme une autre de justifier la mfiance . En priode de crise et de ch-mage, le phnomne de rejet est hlas classi-que ...

    La lgalit des contrles ayant galement t conteste par les syndicats de police CGT, CFDT et CFTC (policier en civil), la hirar-chie a aussitt ragi. La grve des contrles lance par les commissaires a atteint son but: le gouvernement a t mis au pied du mur. Il a trouv rapidement la parade. Grce M. Peyreffite et son fameux projet de loi "Scurit et Libert" . Depuis novembre der-nier, avec le soutien que lui ont apport le Snat et l'Assemble, les contrles peuvent s'effectuer en toute impunit . Les policiers n'auront plus mentir.

    .. VECU .......................................................................... ..

    z o Cf) Cf) UJ a: CIl cr: UJ ;:: a: ('j ci

    La nostalgie du bon temps des lotiers flotte sous les kpis.

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    UN NOIR SOUS UN KEPI Entr dans la police en 1968, Dominique a la peau noire: il est originaire des Antilles. Des propos racistes? On en tient apparemment rarement devant lui. Derrire, c'est une autre histoire: "Des amis viennent parfois me rpter des phrases telles qu"'on est envahis par les ngres" ... " Le racisme ordinaire, ce sont aussi les copains qui ne prtent plus attention sa prsence dans le car et qui apostrophent une fille au bras d"un Noir: "Encore une pute ngres ... " "Contrairement beaucoup de compatriotes explique Dominique, je n'ai pas le sang chaud. Je sais rester calme. Je n'ai pas envie de me battre ni de demander des explications. Il m'est arriv seulement de demander des gars de ne plus m'adresser la parole." Il essaie parfois de raisonner "les grandes gueu-les" qui accusent les immigrs de ne rien faire. "Je leur dis: "et le HLM o tu habi-tes, qui est ce qui l'a construit? S'ils sont l, c'est bien qu'on leur a demand de venir ... " Ils causent sans rflchir. Ils diront aussi bien d'un ouvrier portugais qu'il ne paie pas d'impts, d'un flic alsacien qu'il est fils de schleu, d'un corse qu'il est de la mafia. Pour rire, comme a, sans penser". Dlgu syndical, Dominique sait trs bien

    "Pouvez-vous m'indiquer, Mme l'agent ... ?" Exemple d'antiracisme policier!

    que certains de ses "collgues n'apprcient pas tellement de se voir commander par un Noir". Stoque, il n'y prte pas attention et les assiste, sans rancune. "Ils ont besoin de

    . " mOI

    Les contrles dans le mtro? Cela ne lui a jamais pos de problmes de conscience. Il applique les ordres. Interpeler des Africains ou des Arabes suscite, en face, peu de rac-tions. "II arrive qu'ils demandent "c'est

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    parce que je suis Arabe ou Noir ?" Il inter-vient alors: "Je leur dis que tout va s'arran-ger si leurs papiers sont en rgle". Une fois son uniforme dpos au vestiaire, il ne lui est jamais arriv de se faire interpeler. Ni d'tre en butte au racisme dans la vie quo-tidienne. Un de ses copains, Antillais et gardien de la paix comme lui - mais ce jour l en civil - a eu quelques dboires avec un collgue en uni-forme la foire du Trne. Echange de pro-pos dsagrables, puis de coups: "Ca s'est termin l'hosto." Et pour son pote par 24 heures de garde vue. Christian L., est Antillais galement. Avant d'entrer dans la police - en 1968 - il a t menuisier puis magasinier. Seul gardien de la paix noir dans la Compagnie de Scurit de Nuit, il ne souffre nullement du racisme. L'avancement? Il est rigoureusement identi-que. "C'est la fonction publique." La rac-tion des Noirs son gard? "II y a des gens qui ne sont pas contents d'tre interpels. Certains croient qu'on les interpelle parce qu'ils sont Noirs. Jamais au grand jamais, ils n'auraient commis d'infraction ... " Il sait bien, lui, qu'il y a pas mal d'trangers dlin-quants. A cause de la misre? Non, il ne voit pas le rapprochement. Seul fait grave, et apparemment assez cou-rant : "II y a des gens qui refusent de mon-trer leurs papiers un Noir". Ce sont tou-jours des Blancs ...

    c.L.

    ~ \ 1

  • Actualit POINTCHAUD

    Dans un communiqu, publi en avril der-nier, la CGT -Police expliquait en effet: "Aux fonctionnaires demandant des garan-ties, il a t rpondu qu'ils n'auraient qu' justifier l'interpellation en argant qu'ils avaient cru reconnatre le signalement d'une personne recherche ... (et qu') en cas d'inci-dent, le directeur de la scurit publique les couvrirait. "

    L a hirarchie t-elle aussi les couvre-racistes et les no-nazis? Plusieurs faits graves ten-draient le prouver.

    En 1977, un inspecteur de police stagiaire s'tonne des svices infligs certains dte-nus. Le commissaire du 18e mettra fin son stage: Guy Peruchot sera rvoqu. Son indi-gnation n'a pas trouv d'cho chez le Prfet de Police.

    Principal accusateur des "casseurs" du 23 mars 1979, le brigadier Kayser dtient, dans son armoire personnelle, un portrait d'Hit-ler. Bizarrement, ce n'est pas lui qu'on inter-roge mais Louis Maury, un de ses collgues, qu'on va bientt muter: il a voulu alerter l'IGS. Comment une compagnie de CRS a-t-elle pu scander des chants SS, sans tre inquite? Le secrtaire gnral du syndicat des CRS, Roger Cousin, pousse un cri d'alarme: les paroles qu'on fait chanter aux lves du C.N .I.A.P.N. de Sens s'inspirent directement d'un chant allemand.

    Rcemment, c'est un garde mobile qui se fait remarquer par l'adjoint au maire d'Angres: son casque est orn de bandes adhsives sur lesquelles sont dessines des croix gammes.

    provoquent la suspension de Durand. Il ne sera rvoqu dfinitivement qu'en septem-bre. Question: pourquoi ne l'a-t-il pas t plus tt?

    Q uand "l'affaire" clate, on dcouvre avec tonnement que Durand n'a jamais t titula-ris, alors qu'il aurait d l'tre depuis 1979.

    "Paul-Louis Durand tait administrative-ment hors statut constate le SNAPC -Syndicat National Autonome des Policiers en Civil. Sa situation parfaitement anormale est la preuve que le ministre savait qu'il militait dans les mouvements d'extrme-droite. Nous ne pouvons accepter dans nos rangs des gens qui se rclament du nazisme et savons qu'il y a d'autres fonctionnaires qui ont les mmes sympathies dans les directions et, entre autres, dans celle du personnel, il faut vider l'abcs" .

    On pourrait peut tre ainsi apprendre qui se cache derrire l'organisation - qui a revendiqu l'assassinat de Pierre Goldmann - "Honneur de la police ... "

    "Les policiers, en dehors de leur service, sont libres d'avoir leurs opinions et il est cer-tains mouvements dont l'activit s'exerce dans le respect de la lgalit rpublicaine" rpond M. Christian Bonnet, faisant preuve d'une indulgence laquelle il ne nous a gure habitus.

    Outre qu'on puisse s'interroger sur la manire dont sont recruts les policiers, il faut bien avouer qu'avoir confi la "protec-tion rapproche" du grand rabbin Kaplan un antismite notoire tendrait dmontrer que les enqutes de moralit de l'IGS (Inspec-tion Gnrale des Services) sont bien mal fai-tes. A moins que la seconde section des RG - spcialise dans l'extrme-droite - n'ait pas fait son devoir et ait "omis" de transmet-tre quelques informations?

    Le juge d'instruction Guy Joly le laisse supposer dans la lettre qu'il adresse au com-missaire Leclerc le 21 aot. Cette lettre, n'a toujours pas reu de rponse lorsqu'elle est publie par le Canard Enchan le 15 octo-bre.

    C harg de l'enqute sur I les attentats racistes et antismites, le juge s'tonne de voir son tra-vail systmatiquement sabot par la Brigade Criminelle ...

    Secrtaire gnral du SNAPC, Jos Del-torn va porter des accusations graves, au len-demain de l'attentat de la rue Copernic. Ces accusations expliqueraient bien des choses. "Un adhrent de la FANE sur cinq est pour notre honte un policier." Il affirme dtenir les noms. M. Christian Bonnet proteste, s'insurge, menace. Il doit pourtant tre le premier averti des agissements de ses troupes,

    puisqu'un premier fichier a t saisi chez Fre-driksen et que d'autres - provenant de per-quisitions chez les militants d'extrme-droite - sont actuellement dtenus par les R.G.

    Le malaise est actuellement son comble. Prsident de la FASP (Fdration Autonome des Syndicats de Police), Henri Buch, son tour, attire l'attention de l'opinion sur "des activistes qui ne sont pas des policiers dvoys mais des militants des milieux nazis qu'on a laisss entrer dans la police". La vigilance s'impose.

    Faut-il en dduire pour autant que la police est truffe de fascistes? Certainement pas, mais qu'elle soit infiltre par quelques lments no-nazis ne fait gure de doute. N'yen aurait-il qu'une trentaine sur un effec-tif de 100.000 que ce serait encore trop.

    "Le racisme c'est l'ignorance, confie Ber-nard Deleplace, le secrtaire 'gnral du SGP. Plutt que de nous poursuivre, le ministre de l'Intrieur devrait tout mettre en uvre

    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    pour bien former les policiers et les informer sur les lois anti-discriminatoires. Est-ce vrai-ment le rle du syndicat que d'assurer cette formation ? Au lieu de confier des missions racistes aux gardiens de la paix, de leur faire croire que les immigrs vivent nos crochets, il faudrait expliquer qu'il y a, en France, des dports de la faim."

    E xemples brlants de ces "missions" racistes, les rcentes oprations contre des foyers ou des quartiers d'immigrs. Le 15 novembre 18 h 30, c'est un foyer de la rue Marc Seguin, dans le 18e arrondissement de Paris, qui est cern par la police. Interdiction d'entrer et de sortir, insultes, tentative de fouille des cham-bres. Plusieurs centaines de travailleurs afri-cains encercls pour retrouver un hypothti-que "voleur de chquier" qui d'ailleurs, mal-gr ce dploiement de force, semble s'tre vapor!

    Le 19, c'est tout un quartier de Lyon qui connat le mme sort. Prtexte invoqu: on cherche des voleurs de bijoux. Rsultat de la mission: 24 personnes arrtes pour "situa-tion irrgulire" ... et l'ide un peu plus pro-fondment ancre dans les ttes que dlin-quance et immigration sont deux phnom-nes qui vont de pair.

    Mme jour, la police investit un foyer d'immigr de Saint-Denis, dans la banlieue parisienne, pour en jecter les locataires en grve de loyer malgr une ordonnance de sur-sis expulsion prononce par le tribunal.

    Qui a intrt ce que les hommes chargs de ce genre de travail ne se posent pas trop de questions?

    "Le policier de base n'est ni plus ni moins raciste que le franais moyen, conclut Ber-nard Deleplace. Seulement, quand il l'est, cela se voir davantage."

    Les retombes du massacre de Bologne ont pour le ministre de l'Intrieur des cons-quences plus fcheuses: c'est la police ita-lienne qui dnonce en aot dernier les agisse-ments d'un inspecteur franais, sympathisant du mouvement no-faciste de Gorgio Almi-rante.

    Carine LENF ANT .. INTERVIEW ................................ ~ .......................... . ...................................... ..

    L e mme Durand Paul-Louis crivait au MRAP le 20 fvrier 1978 : "Huit camarades lves inspecteurs et moi-mme avons choisi de raliser un dossier sur le racisme qui sera ensuite class dans la bibliothque de l'Ecole ( ... ). Pour ma part, je suis charg d'effectner un panorama sur les organisations racistes et no-nazies en France ( .. ) Il va sans dire que le dossier constitu par notre quipe sera antiraciste, sans ambigut et que votre orga-nisation sera cite."

    A cette poque, Paul-Louis Durand appar-tient dj la FANE, cette organisation d'extrme-droite anime par Mark Fredrik-sen. Depuis, la FANE a revendiqu une srie d'attentats antismites et profr des mena-ces de mort l'gard de personnalits juives comme Me Nordmann et Serge Klarsfeld ... Toll dans la presse, gne la direction de la police, les "rvlations" de la police italienne

    FINI,LE SYNDICALISME ALIMENTAIRE M. Jos Deltorn, secrtaire gnral du Syndi-cat National Autonome des Policiers en Civils (S.N .A.P .C.)(I) a accept de faire le point avec Diffrences aprs les rvlations concernant la prsence de policiers - notam-ment l'inspecteur Paul Durand - au sein de la FANE, l'organisation no-nazie, aujourd 'hui dissoute. Question: L'administration connaissait-elle les activits politiques de Paul Durand? M. Jos Deltorn: Bien sr! Elle savait depuis septembre 1979 qu'il entretenait des liens troits avec les milieux no-nazis inter-nationaux et publiait des articles dans Notre Europe, la revue de la FANE. Question: Aucune mesure disciplinaire

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    n'avait t prise son encontre? M. Jos Deltorn : Non! Il a bnfici dans le droulement de sa carrire d'un rgime de faveur exorbitant. Si les Italiens, aprs l'attentat de Bologne, n'avaient pas rvl le pot aux roses et alert l'opinion publique, il y a fort parier qu'il ferait aujourd'hui encore partie de la police. Question: Vous confirmez qu'il y avait 30 policiers dans l'ex-FANE? M. Jos Deltorn ' : Je confirme! Je ne peux bien entendu donner les noms. J'affirme, en outre, que le laxisme de quelques uns et la complicit de quelques autres ont permis l'infiltration de la police par la FANE. Question : M. Christian Bonnet affirme que certains de ces policiers sont en service com-mand et qu'ils militent dans les mouvements d'extrme droite des fins de renseigne-ments? M. Jos Deltorn : Soyons srieux! Je ne nie pas qu'il faille pour obtenir des informations avoir recours des indicateurs ... Mais atten-tion ! Pour obtenir des renseignements sur les braqueurs du grand banditisme, on ne

    ~ demande pas aux enquteurs de se livrer des j; agressions mains armes et de mettre des ~ filles sur le trottoir.

    ~ Question: Le ministre de l'Intrieur vous accuse de dshonorer la police. M. Jos Deltorn : Nous avons dnonc la prsence de brebis galeuses dans la police prcisment pour dfendre son honneur. Nous l'avons fait. Nous continuerons le faire. La police est, pensons-nous, l'un des piliers de la dmocratie. A ce titre elle doit tre propre. Ce sont les hauts responsables de la police qui, par leur comportement, la ds-honorent. Pas nous. Question: Le ministre de l'Intrieur a port plainte en diffamation contre vous et M. Buch, secrtaire gnral de la FASP. Qu'est ce que vous en pensez ? M. Jos Deltorn : Pour moi, il s'agit d'un aveu d'impuissance. D'autre part, il nous offre ainsi une tribune que nous allons utili-ser. Question : Comment ragi la "base" aux accusations que vous avez portes ? On parle de tiraillements ?

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    M. Jos Deltorn : C'est vrai qu'au dpart plusieurs de nos collgues ont t choqus, traumatiss. Certains estimaient qu'il fallait garder secrtes nos informations et intervenir auprs du Ministre afin qu'il se dcide, enfin, agir. Nous, nous pensions que ce n'tait pas la bonne mthode. Quoi qu'il nous en cote, il faut savoir se remettre en question. Aprs que le venin, distill intelligemment par cer-tains mdias et certains groupes de pression gouvernementaux, se soit dissip, je suis cer-tain que ces collgues comprendront que nous avons eu raison d'agir comme nous l'avons fait. Ce n'est pas une dmarche facile, je l'avoue, mais nous maintiendrons le cap! Nous ne voulons plus faire du syndica-lisme alimentaire! Au risque de dplaire au ministre de l'Intrieur, je lui signale que la vague de dmission qui devait, disait-il, affai-blir notre syndicat ne s'est pas produite.

    J.-P. G.

    (1) Le S.N .A.P .C. regroupe 10 000 adhrents. Il a obtenu 75 "'. des voix aux lections paritaires.

  • En dbat ANTISIONISME

    UNE FORME D'ANTISEMITISME?

    ntisionisme = antismi-tisme" : la banderole que

    "A portent de jeunes militants qui suivent le "Renouveau juif" ne fait visiblement pas l'unanimit. Ce travail-leur Maghrbin qui s'est rendu la manifestation du 7 octobre organise par le MRAP aprs Copernic rle fran-chement : "C'est dgueulasse 1"

    Le 10 novembre 1975, l'Assemble Gnrale des Nations Unies assimilait le sionisme" une forme de racisme et de discrimination raciale". Aujourd'hui, M. Begin, Premier Ministre de l'Etat d'Isral, accuse le gouvernement fran-ais d'avoir pris une large part dans le dveloppement de l'antismitisme en France en y favorisant la mise en place d'un bureau de l'OLP et en poursuivant une politique juge par lui unilatrale et pro-arabe.

    Des forums internationaux aux rues de Paris, le dbat est ouvert avec, en fili-grane, la dfinition du racisme et une situation internationale explosive.

    5 personnalits engagent le dialogue, sur cette question, avec les lecteurs de "Dif-frences" .

    HAJDENBERG HENRI BOURDET CLAUDE

    Prsident du Renouveau Juif

    C e qui caractrise fondamentalement l'antisionisme, c'est de refuser au peuple juif, ou une partie de ce peu-ple le choix de s'organiser tatiquement, et donc de se dterminer comme il l'entend. Cette ngation n'est-elle pas, elle seule, antismite? 1/ existe un dnominateur com-mun l'antismitisme et l'antisionisme: c'est la disproportion, l'exagration, la foca-lisation. Les rsolutions antisionistes des organisa-tions internationales (assimilation sionisme-racisme l'ONU, motion proclamant que le sionisme est l'obstacle principal l'manci-pationfminine au congrs de la "Libration de la Femme" Mexico, etc .. .) ne sont-elles pas l'exacte rplique, modernise et pure du protocole des Sages de Sion, ou du "Je suis partout" ? Si l'antismitisme a fait du Juif l'exclu du peuple, l'antisionisme veut faire d'Isral l'exclu des nations. A cet gard, les plus dmunis, dans les priodes de crise conomique, constituent toujours une proie de choix dans l'intoxication an ti-juive. (Voir l'antismitisme populaire d'hier, l'antisio-nisme tiers mondiste d'aujourd'hui). Ceux qui caricaturisent les "sionistes" dans les gazettes de Damas, de Ryad ov de Moscou, leur prtent les mmes traits que ceux jadis utiliss par leurs collgues du Sturmer ou de Gringoire pour dpeindre le ''youpin'' ? Si pour quelques uns, antisionisme et antis-mitisme sont certes des notions distinctes, il faut tre, sur le terrain de la pratique anti-juive quotidienne, conscient qu'elles appa-raissent parfaitement interchangeables et

    , complmentaires. Ainsi, le boycott conomi-que, l'origine anti-israllien, prend de plus en plus un caractre antismite: des employs juifs sont actuellement mis l'index. Et ne retrouve-t-on pas dans le lan-gage des no-nazis d'aujourd'hui des slogans antisionistes au nom de la libration de la Palestine. Il faut prendre garde: le drapage de l'antisionisme l'antismitisme est cons-tant, et c'est faire de l'antismitisme de n'accepter comme "bon juif" que celui qui voudrait rompre ses liens avec le sionisme.

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    Claude Bourdet, journaliste et crivain, est membre de la prsidence de l'association France-Palestine' , .

    I l y a des antisionistes qui glissent de leur hostilit contre l'Etat d'Isral une condamnation raciste des juifs en tant que tels l'OLP a men une campagne constante contre l'amalgame "juif-sioniste" et fait la distinction entre les Israliens sionis-tes et ceux qui ne le sont pas. Il y a aussi des antismites qui, par haine de tout ce qui est juif sont, de surcroit antisionistes. Cepen-dant l'instar de Xavier Vallat, ancien com-missaire aux affaires juives de Vichy, qui l'expliquait dans un article intitul "Mes rai-sons d'tre sioniste" (Aspects de la France, 15/6/67), les antismites modernes et mtho-diques, qui n'osent plus prconiser l'extermi-nation, considrent avec intrt la possibilit d'expulser les juifs vers Isral ou de leur attri-buer d'office le passeport isralien. Beaucoup d'antismites, sans aller aussi loin dans leurs dclarations, pensent la mme chose. C'est pourquoi le soutien d'ensemble apport par une bonne partie de la droite franaise tous les gouvernements d'Isral reflte la fois le racisme anti-arabe et le dsir de sparer les juifs de la communaut franaise. Et plusieurs fois, des dirigeants israliens ont soulign que l'antismitisme prsentait au moins un avantage, celui de dtourner les juifs de l'assimilation et de les pousser vers Isral~

    Un dmocrate occidental ne peut tre ni anti-smite, ni raciste sous une autre forme. Il ne peut pas davantage accepter les aspects imp-rialistes et racistes de la potitique isralienne. Mme s'il reconnait que l'Etat d'Isral est une ralit qui ne saurait tre supprime, il sera class comme "antisioniste" et mme, trs vite, comme antismite. Le danger le plus grave, c'est qu'une opinion publique inquite et simpliste ne pratique sa faon le mme amalgame et ne finisse par rendre la communaut juive responsable de la politi-que isralienne et de ses consquences inter-nationales.

    Lon Poliakov est historien de l'antismi-tisme, matire qu'il enseigne la Sorbonne. Il a crit notamment, sur ce sujet, le "Br-viaire de la haine".

    I l y a plus de dix ans, je parlais, dans un petit livre intitul De l'antisio-nisme l'antismitisme, de la "fron-tire, parfois fine comme un cheveu, mais toujours hautement significative, qui spare l'antisionisme de l'antismitisme".

    Hls, la remarque ne s'appliquait pas tous les pays, puisque dans l'Union Sovitique actuelle (sans parler de la radicale purge polonaise du printemps 1968), le vocable antisionisme ne sert qu' recouvrir des mesu-res discriminatoires qui peuvent tre plus ou moins graves, mais dont le caractre racial est patent.

    Il en va autrement dans l'Occident, o il aurait fallu, cas par cas, les reins et les curs, compte tenu de ce que la conviction antisio-niste y peut tre exempte de toute pointe raciste, comme elle peut n'tre qu'un masque pour une honteuse passion. Que la grande politique internationale et d'immenses int-rts financiers s'en mlent est galement bien connu.

    Pour le reste, je rserverais mon jugement: en fonction du cours que prendra l'histoire, l'antisionisme peut effectivement confluer avec l'antismitisme, comme il peut dprir, aprs avoir dsign une fcheuse squelle de la crise du Moyen-Orient. Esprons pour le mieux ...

    ALLEGHENRI

    Henri Alleg est secrtaire-gnral du journal l'Humanit. Ancien directeur de "L'Alger Rpublicain" , il fut arrt et tortur pour ses positions en faveur de l'Indpendance alg-rienne. Il relate son exprience dans son livre "La Question."

    T irer argument d'un crime raciste aussi odieux que celui de la rue Copernic pour rgler ses propres comptes politiques exige une certaine ind-cence. Certains n'ont pas hsit. Ainsi, a-t-on vu le premier Isralien, M. Begin, expli-quer que, moralement, les vritables respon-sables de l'attentat taient ceux qui tolraient les attaques contre la politique de son gou-vernement. Passe encore pour M. Begin qui sait faire flche de tout bois. Mais on a vu mieux, en France, de la part de certains prtendus porte-paroles de la com-munaut juive. Ils ont t encore plus loin, assimilant purement et simplement ceux qui n'apprciaient pas la politique brutale du gouvernement isralien l'gard des Palesti-niens, revendiquant leur propre droit l'exis-tence, des "antismites". A ce compte l, il y a beaucoup de Juifs antismites en France, Plus gnralement encore on a vu des "tho-riciens" de la mme eau tracer un trait d'ga-lit entre le rejet des thories sionistes et l'antismitisme.

    Dans cette confusion voulue, il faudrait donc, pour tre reconnu comme un militant honnte de la lutte antiraciste, accepter les yeux ferms le dangereux expansionisme des faucons israliens, les injustices commises contre les Palestiniens, et les discriminations exerces contre les Arabes en Isral mme? Comment ne pas voir qu'une telle attitude va justement l'encontre des intrts d'avenir du peuple isralien lui-mme et qu'elle est secrtement applaudie par ceux qui sont la fois les ennemis des Juifs et des Arabes? Nous ne tomberons pas dans cette diversion. Contre le racisme sous toutes ses formes, contre les rsurgences no-nazies, il n'y a qu 'un seul et mme combat. Ne le laissons pas dtourner.

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    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    GREMY FRANCOIS

    '1 Franois Grmy est titulaire de la chaire de bjomathmatiques la facult de mdecine (Piti Salptrire). Il est depuis mars 1980 prsident du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amiti entre les peuples).

    O n ne peut faire l'amalgame entre antismitisme et anti-sionisme. La ralit montre qu'entre les deux termes, toutes les combinaisons exis-tent. On a vu des racistes se dclarer favora-bles la politique d'Isral parce que ce pays est en lutte avec des Arabes ou mme parce que le dpart de tous les juifs vers Isral leur semblait une solution ce qu'ils appellent le "problme juif". Par contre, nombreux sont ceux qui, ne partageant en rien les options sionistes sur l'avenir de la Palestine, n'en sont pas moins trs actifs dans la lutte contre l'antismitisme et tous les racismes.

    Ceci dit, les antismites " visage antisionis-tes" existent aussi et l'on doit dnoncer ce camouflage pernicieux. L 'extrme droite, de Sidos la FANE, emploie couramment le terme de "sioniste" pour viter de dire "juif" et de tomber directement sous le coup de la loi. On trouve ce genre de confusion jusque dans des publications parues en Union Sovitique qui tentent - en vain - de donner un habillage "an ti-imprialiste " aux vieux clichs du racisme contre les juifs. La solidarit justifie avec le peuple arabe de Palestine qui connat en Isral et dans les ter-ritoires occups d'injustifiables discrimina-tions, n 'y gagne rien, au contraire. Tout d'abord, il ne peut exister de solution juste et durable au conflit isralo-palestinien que dans un compromis qui garantisse les droits des deux nations. Enfin, l'antismitisme qu'on justifierait ainsi ne manquera pas d'tre utilis par les pires ennemis de la paix entre Israliens et Palestiniens.

  • Rgionale

    NICE Les "bonnes" fes de l'extrme-droite veillent sur la ville

    SE NN A A

    UN CLIMAT DE FASCISME DISCRET A Nice, comme ailleurs, le taxi est souvent le premier salon o l'on cause. Un premier contact pour le journaliste solitaire, une premire confron-tation qui permet de tter le pouls d'une ville dcouvrir. Une premire auscultation chaud par le biais d'un chauffeur loquace. Et un premier diagnostic. "II Y a beaucoup d'immigrs Nice, n'est-ce pas ?" "Ouais. Pas mal. Des immigrs qui ont de l' argen t !" La voiture rejoint la Promenade des Anglais. A droite: mer, plage de galets, promenade interminable; gauche: lampadaires, pal-miers, htels de luxe et immeubles de stan-ding. On n'chappe pas aux images d'Epinal. Le dpliant touristique droule ses photos. On devine, pourtant, que ce luxe n'est peut-tre qu'un paravent.

    Devant un htel clabouss de lumire, le chauffeur balance la tte de bas en haut. "a, dit-il, c'est le Ngresco. C'est l qu'ils s'installent quand ils "montent" sur la Cte. " De la mme manire qu'un Niois "monte" Paris, un Arabe "Monte" Nice: regardez une mappemonde et vous comprendez. "Les plus riches, ajoute le chauffeur, ont carrment achet des appartements, des immeubles. Pour a, du fric, ils en ont: le ptrole !" "Ils ne sont pas tous aussi riches ?" "a c'est vrai. Les autres, ils sont derrire nous, de l'autre ct, vers la plaine du Var. Tout prs de la rivire. Plusieurs centaines. Ah oui ! Ils sont moins bien logs: dans des barraques en contreplaqu. Ca n'a rien voir avec ceux d'ici." "Vous vous entendez bien avec les immigrs, ceux d'ici et ceux de l-bas ?"

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    "Vous savez, Nice, il y a beaucoup d'tran-gers. Il parat qu'on y a recens prs de cent nationalits. Moi, on me hle, je fais ma course, on me paye, bonjour-bonsoir et merci. C'est tout."

    U n bidonville sordide, "l'autre ct", c'est l que vivaient les travailleurs immigrs coincs entre la route nationale et l'aroport dont un prospectus touristique rappelle firement qu'il est le plus frquent de France, aprs Roissy. Prosmiscuit gnante pour l'image de marque de la ville et le moral des touristes qui, appareil photographique en bandou-lire, dbarquent, l't, sur la Cte. Comme il tait exclu de raser les habitations de tle et de carton, on fit ce que Guy Bedos prconisait dans son sketche "Marrakech" : on installa autour du camp une palissade de bois, haute de plusieurs mtres. Il fallut des annes de lutte pour obtenir la disparition du bidonville et la cration d'une cit modulaire prfabrique, quelques kilomtres de l, dans la plaine du Var. 1.500 immigrs cliba-taires sont parqus dans ce ghetto isol de tout, bord gauche de terrains vagues et d'une usine; droite d'une route grande circulation par laquelle transitent, l'hiver, les Niois se rendant dans les stations alpines de Valberg, d'Isola 2000 ou de la Foux d'Allos. Officiellement, il s'agit d'une installation provisoire. Une cit de transit comme on dit dans le jargon administratif. Le provisoire dure depuis des annes. Les locaux, non entretenus, se dgradent au fil des jours . Les habitations tombent en ruine. Le vent s'infil-tre partout; la maladie avec. Mais pas ques-tion de rparer les dgts. La cit, nous assure-t-on, a t conue titre provisoire et donc il n'y a pas lieu d'engager des frais, de remettre en tat des maisons appeles dis-paratre sous peu. Sait-on quand le provisoire prendra fin ? Nul ne peut rpondre! A-t-on prvu de reloger les immigrs dans l'hypothse o le bail ne serait pas renouvel? Mutisme! La cit modulaire de la plaine du Var a encore de beaux jours devant elle.

    L es "pyramides" construi-tes par les immigrs, Villeneuve-Loubet non loin de Nice, ne leur ont pas pour autant ouvert les portes de l'imposante et luxueuse Marina-Baie des Anges. Le promoteur a us des grands moyens pour expulser ceux d'entre eux qui s'taient installs dans de vieilles habitations, au bord du chantier. Le matin du 28 avril 80, des engins de terrassement sont entrs en action. Tout a t "nettoy", selon la for-mule en vigueur l'arme. Le soir, les 40 Algriens, au retour du travail, n'ont plus rien trouv. Tout avait t ras: les habita-tions, les meubles, les effets personnels. De nombreuses familles immigres habitent

    Le sergent Jol Dupuy, membre du comit central du P.F.N. en compagnie de Jacques Mdecin, Maire de Nice.

    dans le "vieux Nice". Pas pour longtemps apparemment. La municipalit a rcemment engag une opration de "rnovation de l'habitat", expression savante souvent employe par ceux qui veulent faire rimer rnovation et expulsion. "La ville recourt son droit de premption, nous dclare un ani-mateur du Comit d'Action Sociale, pour acheter en priorit les immeubles o vivent les immigrs. Le but est de les meUre dehors. Dans la rue Benoit Bunico, il y a quelques temps, des immigrs ont trouv, un soir, la porte d'entre de leur immeuble mure." Quelques foyers pour travailleurs immigrs

    ont t installs la priphrie de Nice. Qua-tre sont dj en activit: Saint-Andr de Nice, Les Sagnes, Riquier, Canta-Galet. Un cinquime est en construction. Le projet d'en difier un sixime la Madonette a t aban-donn. Un conseiller municipal, M. Calza (U.D.F.), qui a fait ses premires armes la Facult de Droit de Nice en qualit de mili-tant d'extrme-droite, a rameut la popula-tion sur le thme: pas d'immigrs ici. Il parat que chaque fois qu'un immigr se montre quelque part, la valeur des apparte-ments avoisinants baisse. M. Calza a obtenu gain de cause !

    DIFFRENCES DCEMBRE 1980

    A Monaco, une mesure encore plus radicale a t prise l'encontre des immigrs: ils ont le droit de travailler dans la Principaut mais non de s'y installer. "Le racisme, ca existe ici aussi, explique Alain Anne, membre du bureau fdral du Parti Communiste. Nous sommes confronts un racisme diffus, latent qui peut prendre un tour violent, qui peut s'exprimer par des agressions, des menaces, des ratonnades. Il s'est produit Grasse il y a quelques annes et Nice aussi. L'extrme-droite est puis-sante, plus que ne laissent supposer ses rsul-tats aux diffrentes lections. Des slogans tels que "les immigrs prennent notre boulot", "envahissent nos hpitaux", ont fait mou-che dans certains milieux." L'abb Pierre Tixier, aumonier diocsien de la Pastorale des migrants partage ce point de vue. Mais il y a plus grave. "Les immigrs, dit-il, se sentent menas. Le soir, ils se cal-feutrent chez eux, vitent de sortir. Il y a quelques mois, aprs les cours d'alphabtisa-tion j'tais contraint de ramener mes lves bord de ma voiture. Ils avaient peur."

    Sur le front de l'antismi-tisme, la situation n'est gure plus rjouissante. La liste des mfaits commis contre la communaut juive de la Cte d'Azur est loquente: violation de synagogues, profanation des rouleaux de la loi Antibes, Cannes et Nice cet t; mena-ces tlphoniques la nuit ("Prpare-toi, tu vas mourir", "Fous le camp en Isral") ; interpellations racistes dans la rue ("Sale juif", "Sale Youpin") ; apparition de graf-fittis antismites, signs FANE, sur les murs des villes; lettre de menaces contre 70 per-sonnalits juives de Nice envoye au MRAP. "On a assist une lente monte de l'antis-mitisme Nice ces dernires annes", dclare

    .. CENSURE .................................................... ..

    JE PEUX DEVENIR UN TERRORISTE FR3-Nice a consacr un reportage l'extrme-droite et plus prcisment la FANE au dbut du mois d'octobre. A la demande de la direction l'mission n'a pas t diffuse. Les syndicats de journalistes -toutes tendances confondues - ont protest contre cet acte de censure. Nous avons pu nous procurer le script de l'mission et notamment l'interview d'un militant niois de la FANE, un certain Chapelle. Une pice joindre au dossier instruit contre le groupe no-nazi. Aprs avoir lou l'action d'Hitler ("un homme exceptionnel dans le sens o il ne vivait que pour son peuple"), dfini le national-socialisme comme une doc- Chapelle FR 3.

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    trine visant assurer "la justice sociale, l'galit des chances pour tout le monde, du fils de l'boueur au fils du chef de l'Etat", l'activiste no-nazi affirme qu'il veut dtruire la socit ("Ah, ben oui !"). Par quels moyens? "Hitler est arriv par les lections.' ,

    Mais si les citoyens refusent de voter pour les nationaux-socialistes, il est prt employer d'autres arguments: "Je peux devenir un terroriste. Un jour." Le journaliste de FR3 lui prsente la leUre de menace envoye des personnalits juives et signe de l'insigne de la FANE. La reconnat-il? "Non, je ne reconnais rien de spcial." Il avoue cependant qu'une des phrases porte sur la leUre pourrait avoir t crite par un militant de la FANE: "Dissolu-tion ou pas nous continuerons le combat. a, a peut tre de nous. Personne ne pourra nous faire taire. Exact. Nos actions seront de plus en plus nombreuses. Oui. De plus en plus violentes."

  • Rgionale

    NICE Ren Tchoukriel, Prsident du Consistoire isralite de Nice, le troisime en importance en France aprs Paris et Marseille. "Le fait nouveau rside dans l'acclration des vne-ments", ajoute-toi!. Que fait la police? Officiellement, elle affirme avoir mis la FANE sous surveillance. Elle enqute, interpelle, interroge, inculpe, quelquefois croue puis relache. La FANE compte, Nice, une trentaine de militants. Un groupuscule qui compense sa faiblesse numrique par un activisme inquitant. "La plupart d'entre eux, nous dclare un journa-liste niois, sont des jeunes qui militent pour la premire fois dans une organisation. D'autres proviennent du P.F.N. et du Front National avec lesquels ils ont rompu parce qu'ils les considraient comme trop modrs. Enfin quelques uns sont issus d'un mouve-ment nazi rival qu'ils ont quitt parce que leur leader a pous ... une juive".

    L a FANE nioise entretient d'troites relations avec les no-nazis italiens. Marco Affatigato, interpell aprs l'attentat de Bologne qui a fait plus de 80 morts cet t, n'a-t-il pas port sur les fonds baptismaux la section nioise du mouvement de Fredriksen ? Au moment de son arrestation, les policiers ont dcouvert son domicile une liste de personnalits juives de la rgion. Aprs enqute, il est apparu que cette liste tait une photocopie d'un docu-ment dite par la communaut isralite l'occasion d'une soire organise l'htel Mridien. Or, l'poque, le chef de service de scurit de l'tablissement tait un certain Daniel Milan, militant de la FANE, arrt par la police aprs l'envoi de lettres de mena-ces plusieurs Juifs. Il n'est point besoin de s'appeler Sherlock Holmes pour tablir la vritable nature des relations existant entre Affatigato et Milan. La chane de solidarit - Spaggiari dirait la Catna - qui lie plusieurs mouvements no-nazis en Europe passe par Nice. La capitale de la Cte d'Azur en est un des maillons les plus solides. Proche de la frontire italienne, elle joue le rle de zone de repli, de base logistique . Les terroristes de l'extrme-droite viennent s'y mettre au vert, s'y faire oublier aprs un mauvais coup commis au "front" en Italie ou ailleurs. C'est juste raison qu'un hebdomadaire local, "Le Patriote Cte d'Azur" a parl de "base noire".

    N e dit-on pas que certaines armes de guerre tran-sitent par un port azuren avant d'aller ali-menter les dpts no-nazis transalpins? Mario Tuti, le meurtrier de deux policiers ita-liens, l'auteur d'un attentat qui a fait 12 morts, l'ami d'Affatigato, l'homme que la revue de la FANE considre comme un "camarade", n'a-t-il pas t arrt Saint-Raphal, dans le Var, 50 kms de Nice. La police connaissait parfaitement les liens unis-sant Mario Tuti, Marco Affatigato et la FANE. Un avis de recherche diffus le 16 avril dernier Marseille prcisait en effet

    qu'Affatigato "a t impliqu dans le recel de Mario Tuti". Il prcisait, en outre, que le militant no-nazi s'tait "install dans le Sud-Est de la France" dans le but de supervi-ser "la cration d'un mouvement d'extrme-droite tendance no-nazie". Le 17 avril, le lendemain de la diffusion de cet appel, la police mongasque (laquelle dpend nanmoins de la police franaise) interpellait Affatigato alors qu'il faisait de l'auto-stop. Le procs-verbal de l'interpella-tion dress ce moment montre que les poli-ciers savaient parfaitement qui ils avaient faire. Pourtant, Affatigato retrouvait la libert sans tre inquit. Seul bnficiaire de ces vnements troublants: le policier mongas-que, responsable de l'interpellation du no-nazi italien. Trois mois plus tard, aprs l'attentat de Bologne, ses suprieurs hirar-chiques l'ont gratifi, gnreusement. .. d'un jour de cong supplmentaire! L'attitude des responsables policiers, leur apparente inefficacit, le soin persistant avec lequel ils ont omis d'exploiter les informations dcisi-ves en leur possession, conduisent se poser des questions. Pourquoi n'a-t-on pas agi avant que les no-nazis soient en mesure de frapper?

    L es autorits savaient, qu'il s'agisse de l'enqute con-cernant Affatigato ou de celle visant la FANE. Elles connaissaient bien les activits du premier. Elles le recherchaient mme. Officiellement. S'agissant de la FANE elles savaient aussi quoi s'en tenir. Le mouve-ment no-nazi a toujours annon la couleur notamment dans sa revue locale "Nice Enchan", que l'on pouvait se procurer auprs de plusieurs kiosques journaux de la ville. Dans le numro d'aot 80, un article dsi-

    Au nom des catholiques azurens, Mgr Jean Mouisset, vque de Nice, a vigoureuse-ment condamn l'attentat de la rue Copernic et les manifestations antismites qui se sont produites Nice. Le communiqu qu'il a fait paratre a t lu dans toutes les glises et cha-pelles du diocse. Il a accept de faire le point avec DIFFERENCES.

    Question : Quelles rflexions vous ont ins-pir les rcentes manifestations de racisme en France? Mgr Jean Mouisset : Par tout ce qu'il rap-pelle et fait redouter, l'antismitisme est une forme particulirement inquitante de la haine. La preuve est faite qu'il est toujours prsent et actif. Les chrtiens ne peuvent

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    gnait l'ennemi abattre. Sous le titre "Juifs niois", on lit ceci: "Sachez que la FANE rpondra avec violence la moindre provo-cation de votre part. En tant que nationaux-socialistes, nous sommes rsolus lutter avec la dernire nergie contre tous les ennemis de notre peuple et de notre race ... Juifs de Nice entendez cet appel et cessez de vous immicer dans des affaires qui ne vous concernent pas, dans celles qui concernent exclusivement le peuple franais. Sachez que vous n'tes pas ici chez vous et agissez en cons.quence. Ne renouvelez pas l'erreur de vos anciens qui, force de semer la haine parmi les Allemands ont fini par en tre les victimes. Il se pourrait bien qu'un jour, les Franais, eux aussi, se rveillent. " Deux mois plus tard, c'tait Copernic. L'attentat de Paris a t, ici, durement res-senti. Un vritable lectro-choc comme en ont tmoign les manifestations de protesta-tions organises au lendemain de l'attentat et le meeting du MRAP la Salle Bra.

    L eGrand Rabbin Kling affirme: "Nous ne pen-sions pas qu'ils iraient si loin. Cet vnement dramatique a pu se produire parce qu'il existe en France un climat latent d'antismi-tisme et de racisme. La persistance de cette ambiance malsaine ici Nice et en France est en soi plus grave que l'attentat de la rue Copernic, aussi horrible soit-il. Nous som-mes, mon avis, au dbut d'un processus." A Nice, l'extrme-droite traditionnelle (Front National et P.F.N.), celle qui gravite autour de Jacques Mdecin, le Maire de la ville, s'est empresse de condamner l'attentat de la rue Copernic et la vague antismite qui a dferl dans la rgion. Jacques Mdecin, lui-mme, a exprim sa solidarit avec la communaut juive de la ville, faisant, en par-ticulier, interdire la vente d'objets et insignes

    oublier le lien qui, par le Christ, ne cesse de les unir au peuple juif. Ils auront cur de le montrer par des gestes concrets de fraternit. Nous sommes tous les fils du mme Pre. Nous sommes frres. Nous devons nous con-sidrer comme tels. Quelles que soient les oppositions de temprament, de civilisation, de mentalit, nous avons pour tche, les uns et les autres, de nous comprendre, de nous admettre diffrents.

    Question: L'Eglise a pourtant profess l'antismitisme dans le pass? Mgr Jean Mouisset : C'est beaucoup dire que l'Eglise a t antismite. Il est sr que dans un certain nombre de pays chrtiens il a pu y avoir, au c