Diaporama deJacky Questzel

Imaginez : vous avez 10, 11, 12 ans, (là, je triche…) et on vous invite à un beau voyage à travers l’Afrique…

Eh bien, c’est ce qui m’est arrivé : Lilou, ma marraine, m’a emmenée avec elle dans ce magnifique voyage ! A nous les plages de sable blanc, la mer étincelante, les palmiers qui se balancent mollement dans la brise…

Nous avons d’abord pris l’avion, puis nous avons emprunté un car qui devait nous mener de régions en régions. C’était tellement beau… Je n’arrivais pas à tout voir, à tout retenir…

Tout était nouveau, tout était pittoresque ! Les habitants étaient partout tellement gentils ! Ils me paraissaient vivre en plein bonheur. Je trouvais qu’ils avaient bien de la chance. Mais évidemment, en changeant tous les jours, pas trop le temps de nouer des contacts !

J’ai commencé à me poser des questions le jour où j’ai vu une femme, une jarre sur la tête.- Où va-t-elle ainsi ?-Elle va chercher de l’eau.-De l’eau ?- Tu sais, dans ces régions, les sources sont rares. Il faut aller loin, parfois, pour avoir de l’eau. C’est le travail des femmes. Tiens ? La vie des femmes ici est peut-être moins idyllique que je ne le croyais !

Mais la dernière semaine, nous sommes restés sur place, et je me suis liée d’amitié avec Koulou, un garçon de mon âge.

Que nous nous sommes amusés ! Il m’en a fait voir, des choses !!! Et il m’en a a appris bien d’autres…

Koulou habite une région paradisiaque. Mais… il ne sait pas lire.Il n’y a pas d’école ici, elle est très loin… Mais son papa a besoin de lui lorsqu’il va à la pêche ouaux champs…Marraine m’a dit que c’était ainsi dans beaucoup de pays, même ici en Afrique, si près de l’Europe…

Nous habitions de charmantes maisonnettes en bord de plage, abritées par des palmiers… Le rêve !Lorsque j’ai fait visiter à Koulou, il a tendu un doigt hésitant vers le robinet du lavabo :- C’est quoi ? -Tu sais bien, c’est pour l’eau. J’ai tourné le robinet. Il a ouvert de grands yeux, a tendu la main.-Et… on peut la boire ?Je me suis souvenue alors de la femme à la cruche…

Le lendemain, il m’a entraînée dans son village.- Tu verras ! m’a-t-il dit fièrement. C’est nous qui avons la plus belle hutte !Effectivement, c’était une hutte.Pas de cloison, un sol de terre battue… J’ai vite compris que, s’il n’y avait pas d’eau courante, il n’y avait pas non plusd’électricité…Je me suis rappelée que notre institutrice nous avait dit :- Tous les gens naissent libres et égaux en droits… 

Mais qu’ils sont accueillants !Sa maman m’a offert du lait de coco. C’est délicieux. Et une galette de mil, cuite sur la pierre. C’est bien meilleur que nos crêpes ! Mais c’est bien pluscompliqué à faire ! Nous, nous achetons la farine toute prête.Les femmes de là-bas, elles doivent écraser graines et plantes, dans un pilon, avec un mortier.Et Koulou sait plein de choses que j’ignore. Il a ri de ma surprise devant des plants d’ananas. Je croyais que ça poussait sur des arbres !

J’ai fait la connaissance de Kaki, son petit frère. Kaki ne marchera jamais, il a eu la poliomyélite. Il paraît que c’est assez fréquent. Je n’ai rien osé dire, mais je les trouvais bien négligents de ne pas l’avoir fait vacciner ! Moi, je venais de faire mes rappels, juste avant de partir. Mais heureusement que je n’ai rien dit, car Marraine m’a expliqué que la plupart des gens n’ont pas l’argent pour les vaccins. Alors, comme la maman de Koulou attend un autre bébé,j’ai demandé à Marraine de lui donner l’argent d’un vaccin…

Koulou m’a emmenée dans le jardin. Il m’a montré les pieds d’ananas, et il en a cueilli un pour moi. En fait, ça pousse comme des artichauts. Vous saviez cela, vous ?Et j’ai vu son papa travailler la terre !!! Avec un outil, je ne vous dis pas ! Quand je pense que papa se plaint que son motoculteur n’est pas assez moderne…

Nous avons été visiter une plantation d’orangers : quelle merveille ! Sur chaque arbre, en même temps, des fleurs blanches, des fruits orange lumineux… C’était magnifique !

Ensuite, dans l’oasis à côté, nous avons vu la mise en eau… On ouvre de petites vannes. et l’eau arrive par des rigoles et abreuve la terre desséchée… C’est un spectacle que je n’oublieraijamais !

Tout à coup, Koulou m’a prise par le bras en me faisant signe de me taire. Et sa main m’a montré une gazelle, attirée par le bruit de l’eau, et qui hésitait en bordure de l’oasis… Quelle grâce !Comme elle était belle ! Encore un souvenir inoubliable !

Puis il m’a fait reculer et m’a montré, sur les branches d’un arbre mort, en lisière, un serpent qui nous fixait.- Eh bien ! lui ai-je dit. - Heureusement qu’il est sur l’arbre, autrement, j’aurais eu rudement peur ! Koulou a bien ri. Il m’a expliqué que le serpent se laissait tomber sur la proie qu’il convoitait et l’étouffait en la serrant dans ses anneaux.Brrr !!!! J’ai reculé bien vite !

Nous nous sommes éloignés de l’oasis. Et, très vite, c’était le sable, la beauté grandiose du désert, son silence… Je pensais au petit prince. Il me semblaitque j’allais le voir !Le vent soufflait doucement, roulant les grains de sable les uns par-dessus les autres.- Tu vois ? m’a dit Koulou. Le vent apporte toujours plus de sable autour de nos huttes. Nous ne pourrons bientôt plus lutter contre lui… Il faudra encore partir plus loin… 

J’étais stupéfaite. Pour moi, le sable, c’était du plaisir, une plage chaude, les menus grains qui roulent sous les pieds…Il m’a expliqué que le sable, petit à petit, sournoisement, envahissait tout, recouvrant parfois des oasis et des plantations entières. Le désert avance toujours, sans bruit, et on ne peut pas lutter… Lorsqu’il a ensablé une source, il faut bien aller plus loin…

Je n’ai que 11 ans, mais je commençais à comprendre que les pays qu’on nous fait visiter ont deux visages : un pour les touristes, et un pour les habitants… Je me suis demandée jusqu’à quel point c’était juste d’aller leur montrer nos richesses, mais Marraine m’a dit que la plupart de ces pays avaient besoin du tourisme pour vivre. Et leurs habitants pour survivre…

Comme je m’étonnais que la route que nous suivions en bus soit à peu près déserte, alors que j’avais vu tant de monde sur les pistes de terre qui sillonnent le pays,la guide nous expliqua que cette route avait été faite par les européens, lors de la colonisation, pour aller de la ville à l’aéroport. Mais qu’elle n’était guère utile pour les gens du pays.

Ah oui ! Ce fut un très beau voyage.Mais je ne puis même pas écrire à Koulou, il ne pourrait pas lire mes lettres ! Alors, un jour, je reviendrai. Et je me ferai médecin: pour qu’il n’y ait plus d’enfants qui aient la polio ! Pour que mon institutrice ait raison de dire : "tous les hommes naissent libres et égaux en droits"…

Musique arabe…Texte de Jacky