développement des « compétences à - université laval · se centrer sur les processus de...

Marcelline Bangali, Ph.D. Université Laval

Professeure - Chercheure en psychologie du travail et de l'orientation Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail

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Développement des « compétences à

s’orienter » : proposition d’une démarche

réflexive

mailto:[email protected]

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Plan

Introduction :

• Quelques présupposés du nouveau paradigme de l’orientation au 21e siècle

Cadre théorique : le modèle de la construction de soi

Une démarche réflexive

UNIVERSITÉ LAVAL Faculté des sciences de l’éducation 3

Introduction

Trois changements majeurs conduisirent à une

révision majeure du paradigme de l’appariement :

• Une évolution dans les sociétés modernes

• Des transformations considérables de

l'organisation et de la distribution mondiale du

travail

• Un nouveau regard scientifique sur le sujet

humain

L’émergence d’un nouveau paradigme : construire sa vie (Savickas et al., 2009)


Introduction

Cinq présupposés :

1. Voir les identités professionnelles comme des configurations

changeantes

2. Se focaliser sur les stratégies de coping : aider les individus à

« prendre la responsabilité de la construction de leur parcours

professionnel et de la formation de leur identité »

3. Passer du simple conseil relatif à une décision d’orientation à une

expertise dans la co-construction de l’accompagnement

4. Se centrer sur les processus de construction des réalités subjectives

5. Modéliser l’évaluation des effets du conseil



Introduction

Les réflexions actuelles sur les problématiques théoriques et pratiques de

l’orientation au 21e siècle, mettent en discussion les notions de

stabilité, d’étape, de prévisibilité sur lesquelles reposent les théories

classiques en psychologie de l’orientation.

Ces nouvelles orientations, montrent les limites de ces théories

face à la question :

Comment l’individu du 21e siècle se construit-il tout au long de sa vie ?

Savickas, L. M., Nota, L., Rossier, J., Dauwalder, J.-P., Duarte, M. E., Guichard, J., Soresi, S., Van Esbroeck , R., Van Vianen, A. E. M. & Bigeon, C. (2010).

Construire sa vie (Life designing): un paradigme pour l'orientation au 21e siècle.

L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 39, 1, 5-39.



Introduction

Il « semble crucial que les spécialistes de

l’orientation essaient de construire des modèles qui

prennent en compte les caractéristiques des

contextes. Leur utilisation par les individus engagés

dans le projet de construire leur vie…»

(Savickas et al., 2010 p. 12)



Le modèle théorique de la construction de soi

Les constats

Dans les sociétés occidentales postmodernes, l’individu interagit et dialogue

dans des contextes qui ne sont pas nécessairement consonants entre eux. Il

développe ainsi un répertoire d’expériences plus ou moins diversifiées et

plus ou moins hétérogènes qui le conduisent à produire des représentations

diversifiées de soi.

Modélisation scientifique :

Pour décrire cette unité plurielle, Guichard développe un modèle théorique

qui présente l’identité individuelle comme un système dynamique de formes

identitaires subjectives (SFIS).

UNIVERSITÉ LAVAL Faculté des sciences de l’éducation

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Formes Identitaires Subjectives qui caractérisent l’individu

à un moment précis sont celles qui constituent :

(ensemble – plus ou moins clairement conscient – de manières d’être, d’agir et d’interagir en lien

avec une certaine représentation – elle-même plus ou moins clairement consciente – de soi dans un

certain contexte).

son passé

Expériences passées ayant

durablement marqué la

personne et qui continuent

à avoir une influence

son présent

Ensemble de manières

d’être et d'interagir à un

moment donné de son

existence

son futur

Anticipations de soi :

imagination de soi dans une

position sociale future

souhaitable (FISPA)

FIS

centrale



Pour construire son parcours de vie il faut être

capable de stratégie : càd de repérer dans toute

situation les éléments essentiels permettant de définir

des objectifs pour soi en fonction des ressources que

cette situation offre.


Postulat : compétences à s’orienter


S’orienter, c’est :

Formaliser ses compétences (= être capable d’une

attitude réflexive d’un certain type par rapport à ses

activités).



Savoir se saisir des opportunités qui se présentent,

voire en créer,

dans les différents contextes où l’on interagit, en vue

d’atteindre des objectifs qui semblent fondamentaux

pour soi dans certains contextes de vie.


S’orienter, c’est :

Savoir placer, investir judicieusement (comme un

placement à la bourse) ses ressources : dans des

projets (qui payent)

Définir et redéfinir ses objectifs majeurs.



La définition et la redéfinition de ces objectifs majeurs

constituent elles-mêmes une activité réflexive essentielle

dans cette activité de s’orienter.


S’orienter, c’est s’engager dans des activités réflexives visant à

développer le sens de soi.

« s’orienter c’est d’abord construire certaine(s) mise(s) en

perspective(s) de soi (de son présent, de ses différents présents) du point

de vue de certaines anticipations de soi »

(Guichard, 2010, 22-24 septembre, p.17)



Cette réflexivité devrait aider l’individu à développer des

stratégies pour maintenir ou créer sa place dans ce contexte

mouvant à travers un processus de mise en perspective

permanent de ses différentes expériences.


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Formes Identitaires Subjectives qui

caractérisent l’individu à un moment donné

Une double réflexivité Tension et recherche

dynamique d’un équilibre

Réflexivité duelle

Je – Me

Identification de soi à un idéal, un modèle en vue

d’une stabilisation de soi : construction d'une image

unifiée de soi

Réflexivité ternaire

Je-Tu-Il

Capacité d’analyse et de recul critique vis-à-vis de soi-même

et de l’ensemble de ses expériences

Dynamique réflexive



Une conception de l’interaction de conseil qui s’oppose au « postulat

d’immanence qui sous-tendait les modèles traditionnels de la

psychologie de l’orientation » (Dumora, 2010).



Les interventions de conseil en orientation ne visent donc pas à révéler

quelque chose qui serait déjà-là, mais à construire, à développer

« le pouvoir d’agir de l’individu »

La pratique du conseil serait de ce fait une démarche qui offre à

l’individu un cadre de réflexion sur soi-même, les moyens de penser son

propre mode de fonctionnement en rapport avec les autres et son

environnement.


Le conseil en orientation a pour objectif

fondamental :

- d’aider le client à définir certaines

ANTICIPATIONS à propos de lui-même,

- de définir certaines conduites susceptibles

d’accroître ses chances de voir ces anticipations se

réaliser et de s’engager dans de telles conduites.




Une démarche réflexive pour le développement des compétences à s'orienter

Objectif de la démarche

L’objectif est d’amener le client à développer de

nouveaux sentiments de compétences, de nouvelles

manières d’interpréter son parcours afin de construire de

nouvelles anticipations relatives à une reconversion

réussie vers une activité professionnelle qui donne du sens

à ses choix de vie fondamentaux.


Aider les clients en situation de reconversion

professionnelle. Elle a été mise en œuvre auprès

de :

salariés licenciés pour inaptitude à leur poste ;

salariés licenciés économiques ;

jeunes titulaires de doctorat en difficulté d’insertion professionnelle.

Domaines d’application



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Description de la démarche et des différentes étapes de sa mise en œuvre

Étape 1

Aider le client à identifier ses FIS et les modes de rapport sous-

jacents

o Objectif : faire preuve de stratégie par une valorisation et une utilisation

adéquate de ses propres ressources ainsi que celles du milieu

Un entretien semi-directif sur les FIS

Questionnaire sur la connaissance de soi

Fiche d’analyse du parcours



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Exemple : les différents modes de rapports sous-jacents…

Modes de rapport aux "contextes" : ce sont les repères, les « cadres sociaux » qui ont déterminés les FIS du client. Ces modes de rapport renvoient également au niveau d’information sur les réalités professionnelles et socioéconomiques.

Modes de rapport à soi : il s’agit de la manière dont le client se représente et donne sens à ses conduites, notamment de la conscience qu’il a de ses compétences et de sa capacité à les valoriser.

Modes de rapport aux "objets " du contexte en question : il s’agit des rapports au savoir, la représentation des différentes expériences.

Modes de rapport à "autrui" : ces modes de rapport concernent la manière dont le client s’applique les attributs de son groupe d’appartenance, le sens qu’il donne aux attributs qui caractérisent ce groupe par rapport à ses anticipations professionnelles. Ce point fait référence également aux éléments relationnels qui ont eu un impact sur la structuration ou la déconstruction de ses FIS.


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Étape 2

Activer chez le client une dynamique réflexive visant un équilibre

entre la réflexivité duelle et la réflexivité ternaire

o Objectif : Aider le client à examiner à partir de différents points de vue, du « je »,

du « tu », du « il », les raisonnements, les images et les affects qui sous-tendent les

formes personnelles ou professionnelles dans lesquelles il se construit,

s’identifie. Développer un « recul critique sur » qui lui permettra de « créer » de

nouvelles anticipations.

L’instruction au sosie (enregistrée)

Retranscription et réécoute

Questionnaire de réflexion et différents exercices



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Étape 3

Autoanalyse

o Développer chez le client une capacité d’autoanalyse et de développement de stratégies qui lui sont propres pour valoriser ses compétences dans les nouvelles perspectives qu’il s’est définies lui-même

Grille d’autoanalyse

Questionnaire d’autoanalyse et de validation des choix



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Prendre du recul, reformuler

les compétences, certes

Aider le client à examiner à partir de différents points de vue, du « je », du « tu », du « il », les raisonnements, les images et les affects qui sous-tendent les formes personnelles ou professionnelles dans lesquelles il s’identifie. Ce processus implique le développement d’une certaine réflexivité sur soi, son expérience vécue passée, présente et anticipée. Il s’agit d’une certaine capacité d’analyse et de recul critique vis-à-vis de soi-même et de l’ensemble de ses expériences (Malrieu 2003) dans une dynamique de mise en perspectives futures. C’est ce travail de « recul critique sur… » qui lui permettra de « créer » de nouvelles anticipations.

Mais surtout, un processus de

redéfinition identitaire

Complexité de la

situation de reconversion

Modèle d’analyse



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Énoncés

Processus d’énonciation

Processus sémiotiques

Processus cognitifs

Indices de personne

Marqueurs linguistiques

du processus d’influence

Actes de pensée

Produits dans l'interaction

entre le conseiller et le

client

JE – TU – IL

- Interrogation

- Intimation

- Assertion

- Modalités formelles

- Recul critique,

- Prise de conscience

- Restructuration

- Mise en perspectives

futures

Modèle d’analyse


- Analyse lexicométrique par Alceste: identification des formes de dialogue

(intra-individuelle=réflexive)

- Analyse croisée des processus d’énonciation et des processus sémiotique

(linguistique et sémiotique)


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Illustration des effets d’une telle démarche

L’impact des processus d’influence linguistiques sur les actes

de pensée : transformations ou changements de point

d’ancrage observés chez les docteurs :

- Recul critique et prise de conscience

- Restructuration de soi et de ses représentations

- Mise en perspective des anticipations de soi



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Dans l’auto-analyse de ces docteurs, il ressort que le fait de se présenter à travers l’exercice de l’instruction au sosie « donne l’opportunité de porter un regard critique sur soi ». En effet, d’après eux, l’exercice leur a permis de pointer dans leur présentation de soi, certains axes d’amélioration… Ceci, aussi bien au niveau de la forme que du contenu de leur discours.

Recul critique – décentration et prise de conscience



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Par rapport au contenu

Ils insistent sur leurs difficultés à parler de leurs compétences : - « sur la présentation des compétences, je ne donne pas assez d’exemples concrets

ou je donne toujours les mêmes exemples » ;

- « ça m’a permis surtout en réécoutant l’entretien, de voir que j’étais trop

personnelle… pas assez professionnelle, pas assez orientée sur les compétences

que je peux mettre à disposition de l’entreprise, et effectivement ce qui me manque,

c’est vraisemblablement la connaissance de métiers au sein de

l’entreprise » ;

- « ensuite ce qui manquait terriblement, c’est la définition de mon parcours… Je ne

fais pas assez ressortir mon parcours professionnel »



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Par rapport à la forme

Ils soulignent notamment le ton de la voix et la capacité de réactivité face aux questions :

- « j’ai la voix très traînante, c’est un peu embêtant, il faudrait que j’ajuste… »

- « la voix, les intonations : je trouve que j’ai une voix, qui a un coté hautain que j’aime

pas trop au fait »

- « un peu hésitante »

- « je coupe trop souvent la parole à mon interlocuteur ou j’interviens inopinément

dans la conversation sans y être invitée »

- « mes réponses sont trop longues »

- « répondre de façon plus ciblée aux questions qui me sont posées… j’ai l’impression

que je me raconte un peu. C’est un peu fatiguant à écouter »

- « d’une manière générale, j’ai trop confié des pans de ma personnalité sans que cela

n’apporte rien au recruteur »



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D’après leurs commentaires, la prise de conscience de leurs difficultés les

introduit dans un processus de recherche de solution et de découverte

des ressources dont ils disposent.

Ils parviennent ainsi à se voir du point de vue du recruteur tel qu’ils

l’imaginent.

- « cet exercice donne la possibilité de se corriger »

- « cela fait remonter des doutes et en même temps ça montre les

moyens qu’on a aussi d’y faire face »




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Application à l’utilisation d’un questionnaire d’intérêt

Réflexions de M. Dupont suite à ses

résultats à l’IRMR

Cf. texte



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Utiliser dans une perspective réflexive,

Conclusion

les intérêts professionnels sont abordés comme

des processus et non pas comme des traits stables

le RIASEC n’a effectivement pas de valeur

prédictive. Les résultats sont utilisés pour générer des hypothèses...

le rôle du conseiller est plus de créer chez le

client ces intérêts plutôt que de les évaluer.

permettre à l’individu de donner un sens

global… trouver ce qui fait de ses différentes expériences « un tout »


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Aider le client à développer de nouveaux sentiments de

compétences, de nouvelles manières d’interpréter son

parcours afin de construire de nouvelles anticipations

relatives à une reconversion réussie vers une activité

professionnelle qui participe pleinement à sa construction

de soi.

Conclusion

Cette approche permet d’élucider entre autres, un des

principes de base du champ évocateur de la profession de

conseiller d’orientation : « intervenir sur l'identité »

développement des « compétences à - université laval · se centrer sur les processus de...

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