des avancees determinantes pendant la seconde...

11
LA FRANCE A LA CONQUÊTE DE L’ESPACE (La numérotation des photographies qui illustrent ce sujet est conforme au portfolio). L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de celle de la force de dissuasion. En effet, grâce aux efforts conjoints de techniciens civils et militaires, la France devient en 1965 la troisième puissance mondiale dans le domaine spatial. Ce dossier illustré de documents issus des collections audiovisuelles conservées à l’ECPAD se propose d’évoquer cette aventure humaine, dont on ne peut écarter l’héritage issu des travaux menés par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale. Ce survol de quelques pages est un résumé chronologique de la conquête spatiale française dont il ne souligne que certaines étapes importantes. DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE… L’ingénieur général et polytechnicien Jean-Jacques Barré (1901-1978), entré dans l’artillerie en 1924, peut être considéré comme l’un des pionniers de l’astronautique française. Entre 1935 et 1940, ce militaire, ancien assistant de l’aéronaute et astronaute Robert Esnault-Pelterie, conçoit pour la commission des poudres à Versailles des obus propulsés par du peroxyde d'azote. Achevant sa carrière dans l’Armée avec le grade de colonel, il se consacre ensuite à la conception des fusées. Devenu lauréat de l’académie des sciences en 1958, il intègre la société nationale de construction aéronautique dans les années 60. Photo n°7 Photo n°8 Photo n°9 Photo n°10 7/ Référence : TERRE 10186-R4 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Au premier plan, la fusée française EA-41, lors d’une présentation. 8/ Référence : TERRE 10186-R6 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Le commandant Barré (en blouse), concepteur de la fusée EA-41, lors des préparatifs de lancement. 9/ Référence : TERRE 10192-R9 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Préparation de la fusée française EA-41 sur le site de lancement. 10/ Référence : TERRE 10192-R4 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Le pas de tir avec la rampe de lancement de la fusée EA-41. En 1941, pendant le conflit, alors qu’il travaille pour le colonel Dubouloz chef de la Section technique de l’artillerie, le commandant Barré réalise clandestinement à Lyon une fusée propulsée par un mélange d’oxygène liquide et d’essence : l’EA41(engin autopropulsé modèle 1941). Il parvient à la tester en point fixe le 15 novembre 1941 au camp militaire du Larzac (Essai visible sur la référence film ACT 448 de l’ECPAD). De leur côté, sur l’île de Peenemünde, les ingénieurs de l’Allemagne nazie travaillent sur les « Vergeltungswaffe » les « armes de représailles ». Le 3 octobre 1942, la première fusée A4 est lancée. D’un poids de 25,700 kg, haute de 14,036 m avec un diamètre de 1,651 m, elle parvient à s'élever à une altitude de 84,5 km sur une distance de 190,6 km. C’est un succès. Photogramme n°1 1/Référence : 95.7.004 (Tc in 00.07.56) - Copyright ECPAD. Fusée expérimentale allemande A4 en 1942 sur l’un des pas de tir de Peenemünde (Allemagne). 1

Upload: others

Post on 25-Aug-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

LA FRANCE A LA CONQUÊTE DE L’ESPACE (La numérotation des photographies qui illustrent ce sujet est conforme au portfolio).

L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de celle de la force de dissuasion. En effet, grâce aux efforts conjoints de techniciens civils et militaires, la France devient en 1965 la troisième puissance mondiale dans le domaine spatial. Ce dossier illustré de documents issus des collections audiovisuelles conservées à l’ECPAD se propose d’évoquer cette aventure humaine, dont on ne peut écarter l’héritage issu des travaux menés par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale. Ce survol de quelques pages est un résumé chronologique de la conquête spatiale française dont il ne souligne que certaines étapes importantes.

DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE…

L’ingénieur général et polytechnicien Jean-Jacques Barré (1901-1978), entré dans l’artillerie en 1924, peut être considéré comme l’un des pionniers de l’astronautique française. Entre 1935 et 1940, ce militaire, ancien assistant de l’aéronaute et astronaute Robert Esnault-Pelterie, conçoit pour la commission des poudres à Versailles des obus propulsés par du peroxyde d'azote. Achevant sa carrière dans l’Armée avec le grade de colonel, il se consacre ensuite à la conception des fusées. Devenu lauréat de l’académie des sciences en 1958, il intègre la société nationale de construction aéronautique dans les années 60.

Photo n°7 Photo n°8 Photo n°9 Photo n°10

7/ Référence : TERRE 10186-R4 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Au premier plan, la fusée française EA-41, lors d’une présentation. 8/ Référence : TERRE 10186-R6 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Le commandant Barré (en blouse), concepteur de la fusée EA-41, lors des préparatifs de lancement. 9/ Référence : TERRE 10192-R9 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var). Préparation de la fusée française EA-41 sur le site de lancement. 10/ Référence : TERRE 10192-R4 Copyright ECPAD. Photographe : Emeline. Mars 1945, Toulon (Var).

Le pas de tir avec la rampe de lancement de la fusée EA-41. En 1941, pendant le conflit, alors qu’il travaille pour le colonel Dubouloz chef de la Section technique de l’artillerie, le commandant Barré réalise clandestinement à Lyon une fusée propulsée par un mélange d’oxygène liquide et d’essence : l’EA41(engin autopropulsé modèle 1941). Il parvient à la tester en point fixe le 15 novembre 1941 au camp militaire du Larzac (Essai visible sur la référence film ACT 448 de l’ECPAD). De leur côté, sur l’île de Peenemünde, les ingénieurs de l’Allemagne nazie travaillent sur les « Vergeltungswaffe » les « armes de représailles ». Le 3 octobre 1942, la première fusée A4 est lancée. D’un poids de 25,700 kg, haute de 14,036 m avec un diamètre de 1,651 m, elle parvient à s'élever à une altitude de 84,5 km sur une distance de 190,6 km. C’est un succès.

Photogramme n°1

1/Référence : 95.7.004 (Tc in 00.07.56) - Copyright ECPAD.

Fusée expérimentale allemande A4 en 1942 sur l’un des pas de tir de Peenemünde (Allemagne).

1

Page 2: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Le 22 décembre 1942, Hitler convoque au ministère de la guerre à Berlin, Walter Dornberger, officier alors en charge du programme, et Albert Speer, ministre de la production du IIIe Reich. Le Führer leur demande d’installer rapidement des usines et neuf zones de tirs d’où il sera possible de lancer les fusées conçues à Peenemünde. Speer pousse alors les recherches portant sur le A4 et crée dès 1943 au sein de son ministère une commission pour le tir à longue portée : « la Kommission für Fernschiessen ». La construction des usines chimiques pour le traitement des combustibles et les silos de tir pour les sites de lancement sont confiés dès janvier 1943 à l’organisation Todt, déjà en charge des fortifications du mur de l’Atlantique. C’est sous l’impulsion de l’équipe de Wernher von Braun, directeur technique depuis 1937, que l’A4 fait dès 1944 place au V2, cette fusée stratosphérique capable d’échapper à toute défense contre avions (D.C.A) ou aux chasseurs alliés.

Photogramme n°2

2/ Référence : 95.7.004 (Tc in 00.09.50)- Copyright ECPAD.

Lancement d’une fusée V2 en 1944 (Lieu non précisé).

Une arme qui anticipe déjà les missiles d’après - guerre et les lanceurs de la future conquête spatiale.

L’HERITAGE DU CONFLIT…

Après la Libération, pour les Français dont l’armée et les services techniques ne se reconstituent qu’à l’automne 1944, c’est l’intérêt que porte le professeur Henri Moureu à récupérer la technologie des engins autopropulsés allemands qui pousse la France à s’intéresser aux ces armes secrètes. Ce docteur en chimie, directeur du laboratoire municipal de la ville de Paris, ancien assistant du professeur Frédéric Joliot-Curie, mène durant l’Occupation des actions de résistance et agissant en qualité de conseiller technique de la défense passive, il travaille également sur le désamorçage des bombes non explosées et les destructions dues aux bombardements.

Dès la Libération, c’est donc avec le professeur Moureu que le commandant Jean -.Jacques Barré se rend du 9 au 17 mai 1945 en Allemagne à Oberaderrach au bord du lac de Constance pour examiner les prises de guerre des Français : le site d’Oberaderrach est une usine de réception et d’essais de V2.

Photo n°3 Photo n°4 Photo n°5 Photo n°6

3/ Référence : TERRE 10774-R16.Copyright ECPAD. Photographe : Gandner, André. 06/08/1945. Des militaires français étudient le site de l’usine de V2 d’Oberaderrach (Allemagne). 4/ Référence : TERRE 10774-R10. Copyright ECPAD. Photographe : Gandner, André. Le 06/08/1945. Vestiges de l’avance technologique allemande, les tours d’essai de tuyères de « Porzellan » à Oberaderrach (Allemagne). 5/ Référence : TERRE 10774-R7 Copyright ECPAD. Photographe : Gandner, André. 06/08/1945. Un des bunkers de l’usine secrète d’Oberaderrach (Allemagne) près du lac de Constance. 6/ Référence : TERRE 10774-R22 Copyright ECPAD. Photographe : Gandner, André. 06/08/1945. Une zone de remplissage de wagons destinés à l’acheminement du combustible depuis le site d’Oberaderrach (Allemagne).

2

Page 3: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

En juin, les deux hommes se rendent en zone américaine, à Nordhausen. Neuf wagons contenant quatre V1 et de quoi assembler quatre V2 s’y trouvent. Ils parviennent à les expédier en France (Des éléments comparable au matériel visible sur le film de 1945, des actualités des services alliés, référencé SA 239 à l’ECPAD). L’étude des V2 est ensuite effectuée sur le site de la Société pour l’application générale de l’électricité et de la mécanique (SAGEM) à Argenteuil (Val d’Oise) mais également dans certains arsenaux comme celui de Puteaux (Hauts - de - Seine).

Photo n°12

12/ Référence : F 47-42 G1 Copyright ECPAD.

Photographe : Cadin. Mars 1947 Fusée V2, étudiée à l’arsenal de Puteaux (Hauts - de - Seine), ici, lors de la visite du ministre de la Guerre, Paul Coste - Floret.

Dans le cadre de l’opération «Paperclip», les Etats-Unis sont quant à eux déjà parvenus à exfiltrer près de 1500 scientifiques issus du complexe militaro-industriel allemand, alors que les Britanniques dans le cadre de l’opération «Backfire» réalisent trois tirs de V2. En France, le professeur Moureu initie le Centre d’études des projectiles autopropulsés (CEPA), alors que la Direction des études et fabrication de l’armement (DEFA) qui fixe les orientations, crée à Vernon un nouvel organisme, le Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) suite au décret du 17 mai 1946.

Photo n°11

11/ Référence : AIR 578-8521 Copyright ECPAD.

Photographe : Demangeon. Paris (France) L'ingénieur général Balland, directeur de la Direction des études et fabrication d'armement (DEFA) lors de la réunion du 5

janvier 1946 sur le potentiel d'armement de la France d'après-guerre.

Là, une soixantaine d’ingénieurs allemands (TAP ou techniciens anciens de Peenemünde) encadrés d’ingénieurs militaires français, permettent des avancées significatives dans le domaine de l’autopropulsion.

Photo n°13 Photo n°14 Photo n°15

13/ Référence : F 51-37 R20 Copyright ECPAD. Photographe : Parot Vue générale du LBRA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) de Vernon (Eure) en juillet 1951. 14/ Référence : F54-84 R43 Copyright ECPAD. Photographe : Bergeon. Zone de stockage des ergols au LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) de Vernon (Eure) en 1954. 15/ Référence : F 51-37 R15 Copyright ECPAD. Photographe : Parot Un point fixe avec bunker au LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) de Vernon (Eure) en 1951.

3

Page 4: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Le célèbre missile PARCA (Projectile auto propulsé radioguidé contre avion) y est entre autres conçu.

Photo n°31

31/ Référence : F 58-66 R1 Copyright ECPAD.

Photographe : Dalancourt L'engin "Parca" (Projectile auto - propulsé radioguidé contre avion) sur la base de Colomb Béchar (Algérie) 1958.

Les premiers programmes de fusées comme Véronique ou Vesta sont également développés à Vernon.

Photo n°16 Photo n°18

16/ Référence : F54-84 R34 Copyright ECPAD. Photographe : Bergeon L’engin Véronique sur sa table de lancement au LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques) de Vernon (Eure) en 1954. 18/ Référence : F65-349 Rc8 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul La fusée Vesta avant lancement à Hammaguir (Algérie) en 1965.

Un premier essai au banc de l’EA46, fusée dérivée des travaux de Barré, est donc effectué à Vernon le 4 février 1949. Au second essai, l’engin explose, faisant trois morts. Une seconde fusée plus puissante est réalisée l’année suivante : elle porte le nom d’«Eole» et fonctionne à base d’un mélange d’oxygène liquide et d’éther de pétrole. En 1952, alors que les essais au point fixe se poursuivent au LRBA, on prépare les essais en vol qui doivent avoir lieu en Algérie à Hammaguir au Sahara. Pour la première fois, le suivi du tir est effectué par télémesure. La Société française d’équipement pour la navigation aérienne (SFENA) fournit les équipements de contrôle de bord.

Le 22 novembre 1952 a lieu le premier tir. La fusée Eole explose après six secondes de course. Le 24 novembre, un second tir donne le même résultat. Après ces essais peu concluants, la fusée de Barré est définitivement abandonnée.

Dès lors, c’est la fusée-sonde Véronique, qui est retenue pour la poursuite des expérimentations. Testée avec succès dés 1950 sur le camp de Suippes (Marne), sa dernière version, baptisée Véronique 61 développe 6 tonnes de poussée. La fusée Vesta la remplace en 1965. Capable d’emporter une charge de 800 kg propulsée par un moteur-fusée de 16 tonnes de poussée, elle ouvre d’autres perspectives.

4

Page 5: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Photo n°17 Photo n°19

17/ Référence : F 59-73 R21 Copyright ECPAD. Photographe : Branlard, André Conçue au LRBA, la fusée-sonde Véronique AGI-V18 sur le polygone de tir d'Hammaguir (Algérie) le 7 mars 1959. 19/ Référence : F 67-127 Rc2. Copyright ECPAD. Photographe : Antoine Lancement de la fusée Vesta 5 à Hammaguir (Algérie) en 1967.

L’ENTREE DANS L’ERE SPATIALE…

Alors que se déroule l'Année Géophysique Internationale, le 4 octobre 1957, l'Union soviétique lance avec succès Spoutnik, le premier satellite artificiel de la Terre.

Photo n°30

30/Référence : F58-179 R6 Copyright ECPAD.

Photographe : Branlard, André Le satellite russe Spoutnik lors de l’exposition "Terre et Cosmos "du 12 juin 1958 à Paris.

Cette réalisation, qui marque le début de l'ère spatiale, intervient dans un monde où les relations internationales sont dominées par la Guerre froide qui oppose les blocs de l'Est et de l'Ouest. Au - delà de l'exploit technique, l'importance de l'événement réside dans ses conséquences sur le plan géopolitique. Il tend à démontrer l'avance prise par les Soviétiques dans le domaine des fusées et par conséquent dans le développement des missiles stratégiques. Face à ce défi, le gouvernement américain commence par accroître fortement le soutien de l'état aux industries chargées des missiles balistiques dans le domaine spatial. L'échec du premier essai de satellisation du Vanguard américain, largement médiatisé, provoque de nombreuses réactions, que n'atténue que partiellement le lancement réussi d'Explorer le 1er février 1958.

5

Page 6: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Avec son retour au pouvoir en mai 1958, le général de Gaulle instaure une nouvelle politique imposant au niveau mondial la notion d’indépendance nationale et de coopération. Dans ce cadre, il fixe des objectifs clairs assortis de moyens nécessaires permettant de peser dans le débat sur l'espace qui s'instaure sur le plan international. Il crée le Comité des recherches spatiales, dont la mission est de dresser un état de la situation française et de proposer au gouvernement un programme spatial national. L'importance de l'enjeu, face à l'évolution rapide du contexte international et à la multiplication des initiatives sur le plan européen, amène la France à s'engager résolument dans cette course, les lancements s’effectuant alors depuis les bases de Colomb-Béchar et d’Hammaguir en Algérie.

Photo n°24 Photo n°26 Photo n°27 Photo n°28

24/Référence : F 66-73 Rc 22 Copyright ECPAD. Photographe : Antoine Vue aérienne du « Cyclope » d’Hammaguir (Algérie) en 1966. 26/Référence : F 65-194 Rc 74 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul Compte à rebours précédent le lancement d’une fusée Emeraude sur le site d’Hammaguir (Algérie) en 1965. 27/Référence : F 66-73 Rc 17 Copyright ECPAD. Photographe : Antoine Le poste de commandement et de contrôle de tir (PCCT) à Hammaguir (Algérie) en 1966. 28/Référence : F 66-73 Rc 25 Copyright ECPAD. Photographe : Antoine Point zéro du site de lancement français d’Hammaguir (Algérie) en 1966.

La SEREB (Société d'études et de réalisations d'engins balistiques), créée le 17 septembre 1959, et regroupant des équipes en provenance de différentes sociétés industrielles (Nord Aviation, Sud Aviation, Matra, SEPR Sagem…) mène des « Etudes balistiques de base » (EBB), dont l'objectif est d'acquérir progressivement la maîtrise des techniques de guidage inertiel et de rentrée, ainsi que celles relatives à la grosse propulsion, pour la réalisation de lanceurs. Effectivement, face aux lanceurs opérationnels russes et américains, les européens semblent à la traîne. En réponse à une préoccupation majeure des milieux politiques, scientifiques, civils et militaires, le gouvernement de Michel Debré fait adopter par la loi du 19 décembre 1961, la création d’un Centre national d’études spatiales (CNES), qui bénéficie des acquis de la SEREB à ses débuts. C’est le physicien Pierre Auger (1899-1993) qui en devient le premier président (par la suite, il participera à la fondation de la Commission européenne pour la recherche spatiale ou ESRO, première ébauche de l'Agence spatiale européenne dont il sera le directeur général jusqu'en 1967). Dès 1962, un accord est signé entre cette agence et le ministère de l’armement pour le développement d’un lanceur à vocation civile « Diamant ». Cette fusée découle du programme militaire « Pierres précieuses » qui comprenait cinq véhicules d’essai (Agathe, Topaze, Emeraude, Rubis et Saphir).

Photo n°25 Photo n°36

25/Référence : F 65-194 Rc 73 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul Issue du programme militaire « Pierres précieuses », la fusée Emeraude sur sa couronne de lancement à Hammaguir (Algérie) en 1965. 36/ Référence : F 65-371 Rc 106 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul – octobre 1965. Le lanceur Diamant A sur le site de Saint-Médard-en-Jalles (Gironde).

6

Page 7: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

La conception du lance-satellite Diamant repose sur une proposition de la SEREB, élaborée à partir de ses travaux sur les missiles balistiques stratégiques. Le projet de lance-satellite, qui est officiellement présenté au Délégué ministériel à l'Air le 23 septembre 1960, consiste en un véhicule pouvant placer sur orbite une charge de 40 kg, bâti à partir du futur bi-étages Saphir alors baptisé Céphée auquel est ajouté un autre étage développé spécialement. Dans les mois qui suivent, les études sont intensifiées et la Délégation ministérielle pour l'armement (DMA), qui assure depuis le mois d’avril 1961 la tutelle de la SEREB, se déclare favorable au programme qui prend alors le nom de Diamant. LA FRANCE AU 3e RANG DES PUISSANCES SPATIALES MONDIALES… La concrétisation a lieu le 26 novembre 1965, date à laquelle le premier lanceur français, Diamant A, décolle depuis la base d’Hammaguir, prés de Colomb-Béchar, au Sahara, plaçant sur orbite la capsule technologique surnommée « Astérix ». Photo n°33 Photo n°21 Photo n°22

Photo n°37 Photo n°38

33/ Référence : F 65-371 Rc 85 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul – octobre 1965. A Saint-Médard-en-Jalles (Gironde), les techniciens procèdent en cellule aux dernières mises au point du satellite « Astérix ». 21/Référence : Reportage F65-421 Rc 31 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul Premier étage du lanceur Diamant A à Hammaguir (Algérie) en 1965. 22/Référence : F 65-421 Rc 9 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul Mise en place du second étage du lanceur Diamant A à Hammaguir (Algérie) en 1965. 37/ Référence : F65.417 Rc 20 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul. 26 novembre 1965. Opérateur devant le pas de tir « Brigitte » lors des préparatifs du lanceur Diamant A à Hammaguir (Algérie). 38/ Référence : F 65-417 Rc 64 Copyright ECPAD. Photographe : Bonnet, René-Paul. 26 novembre 1965. Le 26 novembre 1965, depuis le pas de tir «Brigitte» de la base d'Hammaguir (Algérie), le lanceur français Diamant A met en orbite la capsule technologique «Astérix».

Diamant A est une fusée à trois étages de 19 mètres de haut et d’un poids de 18 tonnes. Cette fusée sur laquelle est peinte la cocarde tricolore, illustre la maîtrise des technologies de pointe dans le domaine de l’aérospatial mais également la capacité nationale à transporter des charges militaires. Sa finalisation est réalisée au centre d’achèvement et d’essais des propulseurs d’engins (CAEPE) de la direction générale de l’armement du ministère de la Défense. Cet organisme situé en Gironde met au point le propulseur Rita qui sert dès le 10 mars 1970, aux lancements de la fusée Diamant B, ainsi qu’à celui de la fusée Diamant BP4 le 6 février 1975 depuis Kourou en Guyane française(*).

7

Page 8: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Photo n°42

42/Référence : 1 990 231 31 – Photo 14 Copyright ECPAD.

Photographe : Bideault, Pierre – octobre 1990. Préparatifs du vol 39 d’Ariane 4 sur la zone de lancement de Kourou

(Guyane française).

Le programme Diamant avec 10 vols réussis sur 12, permet à la France de se hisser au troisième rang des puissances spatiales mondiales après l’ex - Union Soviétique et les Etats-Unis. (*)A la fin du conflit algérien, la France est contrainte d'abandonner le pas de tir d'Hammaguir et le CNES commence à rechercher une nouvelle base à proximité de l'Equateur, zone qui permettrait d'effectuer toutes les missions spatiales dans les meilleures conditions. Pour sélectionner ce site, la division Équipement Sol de la Direction scientifique et technique du CNES étudia plusieurs possibilités qui aboutirent le 16 avril 1964 à la décision de construction du centre de lancement spatial à Kourou.

8

Page 9: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

LA FRANCE LEADER SPATIAL EUROPEEN…

Si, dès 1970, l’industrie française poursuit son regroupement avec la fusion de la SEREB, Nord Aviation et Sud Aviation pour donner naissance à la société nationale industrielle aérospatiale (SNIAS), c’est par l’action du Centre national d’études spatiales, que la France entraîne alors l’Europe dans une dynamique d’autonomie en matière de lancement. Le 31 juillet 1973, en accord avec 10 pays européens (l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Irlande, l’Italie, les Pays Bas, le Royaume Uni, la Suède et la Suisse), la production d’un lanceur baptisé L III S (Lanceur de 3e génération de substitution) plus connu sous le nom d’Ariane, est décidée à Bruxelles. Le 20 septembre de la même année, l’Agence spatiale européenne (ESA) est fondée. Celle - ci combine les objectifs des anciennes organisations européennes pour la mise au point et la construction des lanceurs (ELDO) et de l’organisation européenne de recherche spatiale (ESRO) datant des années 1960. Le 24 décembre 1979, le 1er lanceur européen Ariane 1 L01 s’élance. La fusée haute de 47,7 m pour une masse d’environ 210 tonnes possède une capacité d’emport sur orbite de transfert géostationnaire d’1,7 t. Au rythme des tirs, des améliorations techniques sont apportées aux lanceurs de la filière : ajout de propulseurs d'appoint à poudre et liquide, possibilité de lancements doubles pour Ariane 3, augmentation du volume de la coiffe sur Ariane 4.

Photo n°43 Photo n°46 Photo n°48

43/ Référence : 01.92.123.02 – Photo 24 Copyright ECPAD. Photographe : Savriacouty, Claude - mai 1992. Maquette du lanceur Ariane 4 en 1992 à l’exposition universelle de Séville (Espagne). 46/Référence : 01 95 105 11 – Photo 19 Copyright ECPAD. Photographe : Marcès, Janick – mai 1995. Décollage de nuit des 470 tonnes du lanceur Ariane 4 depuis Kourou (Guyane française).

48/Référence : N2003-175M01-0049 Copyright ECPAD. Photographe : Pellegrino, Roland Le président de la République, Jacques Chirac, recevant une maquette du prototype de la fusée Ariane le 14 juin 2003 au salon du Bourget(Seine-Saint-Denis). Ariane 4 dont le 1er lancement a lieu le 15 juin 1988 devient une référence sur le marché du transport spatial, totalisant de 1988 à 2003, 116 missions.

LES LANCEURS ARIANE.

Ariane 1 Ariane 2 Ariane 3 Ariane 4 Ariane 5 Hauteur 47,7 m 49 m 49 m 58,4 m 52,76 m Masse

approximative Au décollage

210 t 217 t 240 t 470 t 725 t

9

Page 10: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

Le 14 juin 1984, un comité interministériel autorise le CNES à entreprendre les études préparatoires d’Ariane 5 en coopération avec ses partenaires de l’ESA. Le programme est décidé en janvier 1985 par les ministres européens de l’espace à Rome, puis le développement est voté en novembre 1987 au Conseil de La Haye. Le 1er vol de qualification du 4 juin 1996 est un échec. Au bout de 37 secondes, le lanceur bascule, une explosion est alors déclenchée par les systèmes de sécurité. Après avoir identifié les causes de cet échec, les équipes en charge du projet effectuent pendant près de 16 mois de multiples vérifications.

Photo n°40

40/Référence : 1 990 231 32 – 1 Copyright ECPAD.

Photographe : Bideault, Pierre - octobre 1990. La « Salle Jupiter » destinée au suivi des lancements en Guyane.

Le 30 octobre 1997, le lanceur décolle de Guyane pour la seconde fois. La mission est un succès malgré quelques anomalies. Le

21 octobre 1998, à l’issue du 3e vol expérimental, parfaitement nominal, le lanceur Ariane 5 obtient sa qualification en vol. Photo n°49 Photo n°50

49/Référence : N2007-152M01-0005 Copyright ECPAD. Photographe : Pellegrino, Roland Présentation d’une maquette du lanceur européen Ariane 5 au Premier ministre, François Fillon, en présence du ministre de la Défense, Hervé Morin, lors de l’inauguration du salon du Bourget (Seine-Saint-Denis) le18 juin 2007 50/Référence : Copyright SIRPA AIR Photographe : Cyril Amboise Le lanceur « Ariane 5 » à Kourou (Guyane française), le 18 décembre 2009 avant le lancement du satellite « Hélios IIB »

Sans aborder des questions telles que le vol habité, les applications liées aux satellites civils ou militaires, ce résumé chronologique sur la conquête spatiale française, met en avant des compétences technologiques qui ont permis à la France et à ses partenaires européens de s’imposer dans le domaine des lanceurs. Pourtant, dans le flux constant de l’actualité spatiale, d’autres nations fixent les attentions depuis ces six dernières années : les Etats-Unis qui projettent une nouvelle expédition lunaire pour 2020, ou encore, la Chine, qui après avoir réalisé son deuxième vol habité en 2005, parvient en 2006 par l’emploi du laser à neutraliser un satellite américain. Dans ces secteurs de pointe, le financement, qu’il soit fondé sur une économie de marché à l’exemple des Etats-Unis ou sur un système centralisé comme pour la Chine, reste une donnée essentielle qui, assortie d’une volonté politique à la hauteur du savoir - faire acquis, peut permettre à l’Europe de se maintenir parmi les plus grandes puissances spatiales actuelles.

Adjudant-chef Daniel DUBOIS. Documentaliste du fonds Actualités.

10

Page 11: DES AVANCEES DETERMINANTES PENDANT LA SECONDE …archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf · L’histoire de l’aérospatiale française est indissociable de

11

- Orientations bibliographiques.

Du V2 à Véronique (La naissance des fusées françaises), Olivier Huwart - Editions MARINES. Revue encyclopédique (Les conflits du XXe siècle). L’Aventure Spatiale européenne, Philippe Cart-Tanneur – Editions Trame Way. La France dans l’Espace (Contribution à l’effort spatial européen) – Hervé Moulin de l’agence spatiale

européenne. 1908-2008. Aéronautique et espace (Un siècle d’industrie française) – Patrick Guérin et Gérard Maoui –

Editions le cherche midi. Fiches thématiques du CNES.

- Montage vidéo. Les extraits visibles dans le montage ci – joint proviennent des films suivants :

« Canons de tranchées et tubes lance-torpilles » / Cadreur : Costil Edgar / Référence : 14.18 A 1020 Copyright ECPAD (1917).

« Expérimentation de l'engin autopropulsé type 1941 » / Cadreur : Emeline / Référence : ACT 448 Copyright ECPAD (1945).

« Journal filmé de l'Armée n°47 » / SCA / Référence : J 47 Copyright ECPAD (1945). « Magazine des Armées n°102 » / SCA / Référence : SCA 102 Copyright ECPAD (1956). « Espace, une nouvelle dimension pour la défense » / Réalisateur : Chaudeurge, Chistian / Référence : 91.7.098 /

Copyright ECPAD (1991): « Groupe SNECMA »/ Réalisateur : Leroux, Didier / Référence : 92.7.006 / Copyright ECPAD (1992). « Centre Opérationnel de Défense » / Réalisateur : Chaudeurge, Chistian / Référence 95.7.030 / Copyright

ECPAD(1995). « Mission ARD» / Cadreurs Lichty, Gérald ; Chanjou Max ; Vilain Jean / Référence : E 97548 V / Copyright

ECPAD et ESA(1998). « La Défense et l'espace » / Réalisateur : Maldéra, Jean Michel / Référence : 07.5.004 / Copyright ECPAD

(2007).

Remerciement : Au photographe du SIRPA AIR, Cyril Amboise, pour l’utilisation de son cliché.