démonstration de la foi de l'eglise

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  • 8/14/2019 Dmonstration de la foi de l'Eglise

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    Thodore Abu QurrahEvque de Harran

    Dmonstrationde la foi de l'Eglise

    par les deux Testament et les Conciles

    Traduction par le P. Constantin BACHA

    publie sous le titre"Un trait des oeuvres arabes de Thodore

    Abou-Kurra, vque de Harran"

    Numrisation et prambule par Albocicade2009

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    Prambule par Albocicade

    En 1904, le P. Bacha melkite catholique publiait Beyrouth"Les oeuvres arabes de Thodore Aboucara, vque d'Haran".L'anne suivante, il reprenait un des traits de ce volume, lehuitime, qu'il rditait accompagn d'une traduction franaise,sous le titre "Un trait des oeuvres arabes de Thodore Abou-Kurra, vque de Harran".

    C'est donc cette traduction que je mets en ligne ici.

    Mais qui est ce Thodore Abou Qurrah ?D'abord connu en Occident sous le nom d'Aboucara (selon laforme conserve dans les manuscrits grecs de ses uvres),c'tait un personnage hors pair la biographie confuse.Selon certains de ses premiers biographes occidentaux, il auraittout la fois t disciple direct de St Jean Damascne (quimourut pourtant en 749) et contemporain de St Photius, 120ans plus tard...Une belle longvit, tout de mme.

    La ralit, du moins en ce qui nous est connu, est plus simple(surtout lorsqu'on renonce identifier des personnes diffrentessous un mme nom).

    N aux environs de 750 Edesse, il fut vque de Harran(l'antique patrie d'Abraham) de 795 812. Dpos en 812, pour des raisons encore obscures, il poursuivit son uvre de

    polmiste de talent jusqu' sa mort, aux environs de 825.

    Dans une socit multiculturelle, et surtout multireligieuse, ilexcelle employer la forme dialogue, mettant "face face" lechrtien et son interlocuteur.

    Contre le Judasme, il dfend l'excellence du Christianisme en

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    s'appuyant sur l'Ancien Testament ; face l'Islam, il en fait toutautant, ajoutant encore des rfrences au Coran ou aux Hadith ;contre les iconoclastes, il promeut la vnration des icnes,contre les Nestoriens et les Monophysites, il soutient lathologie de ChalcdoineIl crivit en grec, en arabe et (mais nous n'en avons aucunetrace) en syriaque.Ce thologien est en outre doubl d'un philosophe : il a traduit

    entre autres les "Premiers analytiques" d'Aristote, et neredoute pas au besoin de dfendre la foi par la raison.Son nom mme est une illustration du multiculturalismed'Abou Qurrah : si son "nom" (en fait, il s'agit plus d'unqualificatif) est arabe (Abu Qurrah = pre de la joie), son

    prnom est grec

    Le trait "Dmonstration de la Foi de l'Eglise"

    1- Le titre

    Lorsque le p. Bacha publia sa traduction, il ne lui donna pasd'autre titre que le long intitul qui dbute le manuscrit arabe,Faute de mieux, je lui en ai octroy un d'office,

    2- La traductionReprenant la traduction du P. Bacha, je ne me suis pas permisde la modifier, sauf en deux endroit qui taient susceptibles decontresens : Dans le paragraphe sur Jsus, j'ai dplac le mot "aussi",

    Ainsi, au lieu du texte de Bacha: "Si vous faites un parallle entre les deux, vous trouvez sans doute Jsus de beaucoup suprieur Mose, bien que celui-ci soit aussi grand , car les miracles de Jsus sont innombrables." on litmaintenant "Si vous faites un parallle entre les deux, voustrouvez sans doute Jsus de beaucoup suprieur Mose,

    bien que celui-ci aussi soit grand , car les miracles de Jsus

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    sont innombrables.", ce qui rend mieux le sens gnral du passage.

    Au dbut de la deuxime partie du trait, j'ai remplac unabscons "Mais quoi cela sert-il tous les chrtiens ?" par "Mais cela cela sert-il tous les chrtiens ? ", qui mesemble rendre correctement en franais les sens du

    paragraphe.

    3- Le "vocatif"Fidle son habitude du trait dialogu, Abu Qurrah s'adressergulirement son interlocuteur. Bacha, dans sa traductionayant renonc l'usage du "" d'interpellation, l'appel parat

    parfois un peu brut. Ceci ne doit pas tre pris en mauvaise part : lorsqu'il crit "Juif", "Nestorien", "Jacobite"... AbuQurrah donne un visage son interlocuteur, et re-situe son

    propos dans un contexte prcis.

    4- Les notes

    La traduction du P. Bacha comporte une seule note, renvoyeen fin de texte,

    La calligraphie place en illustration reprend les premiers motsde la clbre homlie de St Grgoire le Thologien* pour la

    Nativit du Sauveur :"Le Christ nat, glorifiez-le !"

    * St Grgoire de Nazianze, homlie 38

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    paroles, que faudra-t-il leur rpondre s'ils me disent : "Tu es unmenteur, le Seigneur ne t'a point apparu ?" Le Seigneur dit Mose : "Qu'as-tu en ta main ?" Mose lui rpondit : "Uneverge." Le Seigneur dit Mose : "Jette-la terre." Mose la

    jeta, et elle fut change en un serpent qui effraya Mose desorte qu'il s'enfuit. Le Seigneur dit encore Mose : "Prends-le

    par la queue." Mose saisit le serpent par la queue et il setransforma de nouveau en verge. Le Seigneur ajouta : "Mets tamain sous le pan de ta manche." Mose le fit, et l'instant samain fut couverte d'une lpre d'une blancheur clatante commela neige. Le Seigneur lui dit encore : "Remets ta main sous le

    pan de ta manche." Mose la remit et il la retira de nouveau dela mme couleur de sa chair. Le Seigneur dit aussi Mose :"Si les enfants d'Isral croient au premier miracle, tu aurasatteint ton but ; s'ils ne croient pas, ils croiront au second ; ets'ils ne croient mme au second, prends de l'eau du Nil etrpands-la sur la terre ; elle sera change en sang, pour leur faire savoir que le Dieu de leurs pres t'a envoy." Lors donc

    que Mose reut de Dieu le don des miracles, il accepta avec peine d'aller en Egypte.

    Il faut conclure, de ce qui prcde, que l'homme raisonnable etattentif ne doit pas accepter la religion de quiconque sans desmiracles : car Mose savait bien que s'il prtendait tre lu deDieu comme lgislateur, sans prouver sa mission par lesmiracles que Dieu seul peut faire en sa faveur, tout homme

    pourrait le dmentir et le mpriser en le chassant ; et s'il taitmuni du don des miracles, il aurait des armes assez fortes pour convaincre quiconque veut sincrement son salut et l'amener embrasser la religion qu'il lui prche. Ainsi donc l'hommeraisonnable ne doit pas accepter une religion non fonde sur des miracles divins qui prouvent que son lgislateur est de Dieu; celui qui donc embrasse une religion sans cette condition,

    nglige l'affaire la plus importante pour laquelle Dieu donna

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    l'intelligence l'homme et il risque de se perdre en se laissantconduire sa perte par celui qui veut l'carter de la voie devrit qui conduit la vie bienheureuse aprs laquelle lesesprits aspirent. Ceux donc qui ont accueilli la religion prche

    par Mose sont dans la bonne voie ; parce qu'il a prouv ladivinit de sa mission en oprant les miracles qui ne se font que

    par la toute-puissance de Dieu. Lors donc que Mose leur parlades choses passes, comment Dieu cra le ciel et la terre, etleur rapportant des choses qu'ils ne connaissaient pas, ils ont

    bien fait de croire en lui; car Dieu n'accorde le don des miraclesqu' celui qui fait sa volont et travaille la conversion desautres.

    Ainsi Jsus-Christ notre Dieu , la vritable Sagesse, n'acommenc prcher son Evangile qu'aprs avoir prouv saToute-Puissance divine par des miracles; laissant venir lui

    pour les gurir tous ceux qui taient affligs par les infirmitset les maladies. Les foules alors accouraient vers lui de la

    Galile, de Jrusalem et des pays au del du Jourdain. Lorsqu'ilse vit entour de ces foules, il appela ses Aptres et commenala prdication de sa doctrine en disant :"Heureux sont les pauvres en esprit, car ils ont le royaume duciel." Et il continua la promulgation de sa loi dans la suite,accompagnant toujours ses prceptes des miracles, commeMose, jusqu' ce qu'il eut accompli toute l'conomie de sa vieen mourant sur la croix, en se faisant ensevelir et ressuscitant letroisime jour. Donc, ceux qui ont reu Jsus-Christ cause deses innombrables miracles sont galement dans la bonne voieet ils ont aussi des motifs bien plus forts que ceux qui ont reuMose pour ses prodiges.

    Si vous faites un parallle entre les deux, vous trouvez sansdoute Jsus de beaucoup suprieur Mose, bien que celui-ci

    aussi soit grand, car les miracles de Jsus sont innombrables. Il

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    ne se borna pas aux miracles qu'il faisait lui-mme, mais ilaccorda ses Aptres le pouvoir d'en faire en son nom. Mose afait des miracles, mais peu nombreux, et par la Toute-Puissancede Dieu, son ordre et son secours, non par sa force propre ;nanmoins il n'a dit personne : "Va faire des miracles en monnom." Il tait juste qu'il eu ft ainsi des deux. Parce que Jsus-Christ est Dieu et Fils de Dieu, par consquent il est capable defaire des miracles par sa propre vertu et d'accorder cette

    puissance qui il lui plat pour en faire de semblables en sonnom. Mais Mose n'tait qu'un serviteur et il n'oprait pas lesmiracles par sa propre force, mais par la Toute-Puissance deDieu; c'est pourquoi il n'en faisait aucun avant de recevoir l'ordre exprs de Dieu ou de recourir la prire pour demander Dieu qu'il lui accordt de le faire. Mose a fait des miracles

    par la Toute-Puissance de Dieu et son ordre ou en recourant son aide ; de mme les Aptres ont fait des miracles non aunom de Dieu, mais de Jsus-Christ, par sa force et son ordre ouen recourant son secours. De plus, les Aptres taient de

    beaucoup suprieurs Mose : car celui-ci n'oprait sesmiracles qu'aprs en avoir reu l'ordre de Dieu ou aprs avoir recouru son assistance par la prire ; mais les Aptresfaisaient souvent leurs miracles sans faire des prires; ils nefaisaient que dire : "Au nom de Jsus-Christ, que ce mortressuscite, que cet aveugle ouvre les yeux, que ce paralytiquesoit guri !" et l'effet rpondait toujours aussitt leurs paroles.Ils ne se bornaient pas l; car saint Pierre, en passant parmi lesmalades, gurissait ceux qui se trouvaient dans son ombremme; le manteau de saint Paul gurissait aussi les malades sur lesquels on l'imposait.

    La parole de David a donc t ralise dans les Aptres,lorsqu'il dit : "Dieu donne grande force la parole des porteursde bonne nouvelle." (Ps. Lxvii, 12.) Les Juifs avaient moins de

    raison d'accueillir Mose que les Gentils n'en avaient d'accepter

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    Jsus-Christ; car ce dernier surpasse Mose autant que lalumire du soleil surpasse en clat celle de la lampe. LesGentils pouvaient se contenter des miracles que les Aptres ontoprs en leur prsence au nom de leur Matre : ces miraclesdoivent seuls leur faire accueillir Jsus-Christ et croire tout cequ'il a dit de lui-mme et tout ce que ses Aptres ont rapportde lui, sans recourir aux prdications de Mose et d'autres

    prophtes en sa faveur. Lorsque Mose s'est prsent auxenfants d'Isral, ceux-ci, en effet, ont cru sa mission et ontaccept tout ce qu'il leur rapportait de la part de Dieu, pour lesseuls miracles qu'il a faits en leur prsence, bien qu'aucun

    prophte antrieur n'ait prdit sa venue. Les enfants d'Israln'ont pas exig de lui, outre ces miracles, la prophtie d'unautre prophte en sa faveur pour prouver sa mission. De mmeles Gentils pouvaient avec raison croire en Jsus-Christ causede ses innombrables miracles et de ceux de ses Aptres sansrecourir aux prdications antrieures de Mose et d'autres

    prophtes en sa faveur. Donc, plus forte raison, il nous faut

    accueillir Jsus-Christ avec plus d'empressement que ceux quiont reu Mose, cause de l'avantage d'tre prdit par Mose ettous les autres prophtes qui ont annonc sa venue et toutel'conomie de sa vie; comme son crucifiement (Is.,lxv, 2), sonct transperc (Zac, XII, 10), les mains et les pieds clous, sonvtement tir au sort (Ps. xxi, 18), le visage souill de crachats(Es., l, 6), son dos couvert de coups (Ps. lxxii, 14), ses

    blessures expiant les pchs des hommes et gurissant lesfaiblesses de leurs fautes (Is., lui, 5), le vinaigre qu'il a prisavec le fiel d'amertume. (Ps. Lxviii, 22.) Tous ces passages sont

    bien connus dans les livres des prophtes, et ils sont trs prcis.

    Je m'tonne, Juif , que tu aies reu Mose cause de sesmiracles peu nombreux, et que tu refuses de recevoir Jsus-Christ avec ses miracles innombrables. Si tu es juste, tu aurais

    d l'accepter sans les prdications de Mose et d'autres

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    prophtes, comme tu avais accept Mose pour ses miraclesseuls sans lui demander en sa faveur une prophtie antrieure

    pour prouver sa mission. Si Mose t'avait dfendu d'accepter les prophtes qui devaient venir aprs lui, comme Jsus-Christ afait ses disciples, tu aurais raison de douter de Jsus-Christ;mais au contraire, Mose, dans sa loi sainte, t'a promis un

    prophte qui doit venir aprs lui et il t'ordonne d'une maniretrs prcise de l'couter et de lui obir dans tout ce qu'il tecommande. Il te menace encore de la mort, si tu refuses del'entendre. Il dit aussi d'une manire plus prcise que ce

    prophte est comme lui lgislateur et matre d'une nouvellealliance. (Deut. xviii, 15-18.) Cette prophtie prcise t'oblige derecevoir ce prophte unique qui Mose t'ordonne d'obir sanstenir compte de tous les autres prophtes. Et lorsque Mose t'arapport la prophtie de Jacob qui dit : "La prophtie nedisparatra jamais de vous jusqu' la venue du Messie qui estl'esprance des nations" (Gen., Lxix, 10), il a justifi etapprouv en gnral tous les prophtes qui taient avant Jsus-

    Christ; et en particulier ce prophte unique auquel il vous asouvent ordonn, de la part de Dieu, d'obir. Donc la

    prdication de la venue de ce prophte-lgislateur par Mose nete laisse pas hsiter un moment accueillir Jsus - Christ et croire en lui cause de ces miracles qu'il a faits. Tu doisraisonner ainsi : "Le prophte auquel Mose m'a ordonnd'obir est sans doute ce Jsus qui faisait des miraclesinnombrables, autant que Mose n'en a jamais fait; et si Mosen'avait rien dit son sujet, ces miracles seuls m'obligent avecraison de l'accepter sans exiger une prdication antrieure en safaveur pour prouver sa mission de la mme manire que j'aiaccept Mose."

    Il faut savoir, Juif, que ce prophte est lgislateur et matred'une nouvelle alliance ; c'est pourquoi le Seigneur vous a

    ordonn d'une manire toute particulire de lui obir, et il vous

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    a souvent ritr cet ordre. Voici ce qu'il dit dans Jrmie :"Des jours viennent, dit le Seigneur, o je ferai pour les enfantsd'Isral et pour la maison de Juda une nouvelle alliance, noncomme celle que j'ai faite pour leurs pres lorsque je les ai faitsortir de la terre d'Egypte." (Jer., xxxi, 31.) David dit auSeigneur : "Donnez-leur, Seigneur, un lgislateur, afin que lesnations sachent qu'ils sont des hommes." (Ps. ix, 20.)

    Tu dis, Juif : "Mes anctres, qui taient contemporains de ceJsus et qui l'ont vu, sont tous morts, et par consquent je neconnais pas qu'il a fait des miracles." Nous te dirons: Il est bienfacile pour toi de connatre cela, si tu dsires sincrement tonsalut; car tu devais savoir que Jsus-Christ a fait ces miraclesqui ont converti les Gentils, et ont fait embrasser sa doctrine enfaisant faire la guerre leurs esprits, leurs passions et leurs

    plaisirs, de sorte qu'ils ont laiss l'abondance pour la pauvret,la licence pour la chastet, la richesse pour les angoisses de lavie, la mollesse pour les mortifications, et les plaisirs pour la

    renonciation complte au monde, aux volupts de la chair etaux honneurs. Il les oblige souffrir la mort, et tous les genresde supplices, plutt que de le renier ; il leur dit : "Quiconqueme reniera devant les hommes, je le renierai devant mon Prequi est aux cieux." Il leur dit aussi : "Ce que je vous dis dans lesecret, publiez-le sur les toits. Ne craignez point ce qui te lavie du corps et ne peut pas ter la vie de l'me ; mais craignezcelui qui peut ter la vie du corps et celle de l'me et jeter lesdeux dans le feu de l'enfer." Il dit aussi : "Celui qui perd sonme pour moi, la trouvera dans la vie ternelle." Il dit encore :"Quiconque me suit et ne hait pas son pre, sa mre, ses frres,ses surs, ses enfants et tous ses parents pour moi, n'est pasdigne de moi. "Il leur dit : "Je vous laisse comme les moutons

    parmi les loups." Il leur dit ailleurs : "Le monde sera dans la joie et vous dans la tristesse." (Joan,, xvi, 20.) "Des jours

    viennent o quiconque vous tuera, croira offrir un sacrifice

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    Dieu." (Joan., XVI, 2.)

    Il les obligea se mortifier par la privation des plaisirs etl'extermination de la moindre passion en disant : "Quiconquevous frappe la joue, prsentez-lui l'autre. Celui qui veut vousarracher votre tunique, donnez-lui encore votre manteau. Sivous regardez une femme pour la convoiter, vous avez commisun adultre dans votre cur. Si vous appelez votre ami Raca oufou, vous mritez le feu de l'enfer." Il dit aussi : "Vous avezentendu dire aux anciens : Tu aimeras ton ami et tu haras tonennemi. Et je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour eux."

    Dis-moi, Juif, comment les Gentils ont pu recevoir Jsus-Christavec une loi si svre qui les porte se sacrifier, avec lafaiblesse qu'il a voulu montrer en souffrant le crucifiementavec ses douleurs et ses opprobres. Ses ennemis l'ont insult, ilslui ont clou les mains et les pieds en le suspendant sur la croix; ils lui ont fait boire du vinaigre et prendre du fiel; ils l'ont fait

    tellement souffrir, qu'il a laiss couler de son corps une sueur forte comme des grumeaux de sang, et, tant sur la croix, il acri : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonn?"Tout cela aurait d effaroucher ceux qui l'entendaient, et lesempcher de suivre Jsus-Christ et de le prendre pour Dieucomme les Gentils avaient fait; car il est bien vident que si cesmiracles raconts dans les Evangiles et les livres des Aptresn'avaient pas t rellement oprs, Jsus-Christ n'aurait pas treu, car ce sont les miracles qui contraignaient les esprits etles obligeaient de le recevoir et de croire en lui.

    Si Jsus-Christ voulait tromper (le monde), il aurait ddfendre ses Aptres de rvler aux Gentils ces faiblesses, etil aurait du leur ordonner de l'exalter et de le faire plus grand et

    plus beau qu'il n'tait; il aurait d les attirer par une doctrine

    libre et licencieuse pour rendre leur conversion plus rapide et

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    plus facile. Mais il n'a rien fait de tout cela : il a voulu semontrer ainsi dshonor ceux qui il prchait sa doctrine et illes obligeait se mortifier et mourir pour sa cause.

    C'est bien tonnant que Mose ait fait connatre Dieu et l'aitglorifi, en rapportant qu"il cra le ciel et la terre, qu'il est plushaut que le ciel, et qu'il l'ait exalt et lou de toutes lesmanires ; qu'il ait dlivr les enfants d'Isral de la tyrannie dePharaon ; qu'il ait spar pour eux les eaux de la mer ; qu'il leur ait fait tomber du ciel la manne et les cailles; qu'il ait fait couler

    pour eux les eaux des rochers ; qu'il ait combattu pour eux lesnations ; qu'il leur ait fait cette promesse : "Le Seigneur vousaidera pour anantir les nations de la Syrie et possder leur

    pays", et qu'il leur ait donn une loi trs large, nanmoins il n'a pu convertir aucun des Gentils. Les enfants d'Isral eux-mmesn'ont pas bien cru sa parole ni en son Dieu; car, lorsque leSeigneur est descendu sur le mont Sina qu'il a fait trembler etfumer, les enfants d'Isral se sont effrays de cet aspect; mais

    peine sont-ils descendus du Sina qu'ils adorent le veau.

    Lorsque les Aptres se sont rpandus parmi les Gentils, ils leur ont rvl les souffrances et le crucifiement de leur Matre avecses paroles qui indiquent sa faiblesse, et ils les ont obligs observer cette loi si svre que Jsus-Christ a donne;cependant tout le monde a rpondu leur appel. Qui est-ce quiignore donc que cela est ainsi arriv par la vertu des miraclesque les Aptres opraient au nom de Jsus-Christ d'unemanire suprieure ceux de Mose comme le ciel l'est laterre?

    Tu ne peux pas dire, Juif, que les Gentils ont suivi Jsus-Christ par esprit de parti, c'est--dire par zle pour la religionnationale qu'ils partageaient avec lui (nationaliste). Cette raison

    est plutt contre vous. On peut avec raison vous adresser cette

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    accusation, que vous avez suivi Mose qui est de votre peuple, par esprit de parti de votre religion nationale, avec l'espoir d'avoir part aux honneurs et l'autorit que Dieu lui a donns.On ne peut pas dire la mme chose des Gentils qui ont suiviJsus-Christ, car les Aptres qui ont vanglis les Gentilstaient des Juifs et ils leur prchaient un homme qu'on croittre juif. Tout cela aurait d leur inspirer de l'aversion et del'horreur pour lui, parce que les Juifs taient, en gnral, lesennemis dtests de toutes les nations; de plus, leur doctrinen'avait rien de ce qu'on ambitionne dans ce monde, comme leshonneurs et la puissance : elle est tout fait oppose cela.Sache bien, Juif, que les Gentils n'ont pu prendre Jsus -Christ

    pour Dieu et se soumettre sa loi avec cette grande et profondeobissance qui leur faisait chaque jour sacrifier la vie, que par la vertu des miracles que les Aptres ont oprs en leur

    prsence en son nom.

    Tu dirais, Juif : Les Gentils ont suivi Jsus-Christ par

    ignorance.S'il en est ainsi, prends ces paroles que les Aptres disaient deJsus Christ et prends cette loi qu'il leur a impose, et essaye dele faire croire ou accepter un seul homme ignorant. Tu ne le

    pourras jamais, parce que les gens ignorants ont de l'horreur deces choses plus que tous. Comme les animaux, ils ne cherchent,en effet, qu' satisfaire leurs plaisirs ; leur intelligence n'estcapable de comprendre que les discours vulgaires et illusoires.En vrit, ta religion a plus d'attraits pour ces gens que lechristianisme, parce qu'elle grandit beaucoup Dieu et fait voir sa majest si terrible; elle permet les licences, elle permet la

    jouissance des honneurs, de l'autorit, du miel et du lait ; elle permet la polygamie et le divorce pour la moindre raison, desubjuguer les nations qui devront te porter sur les paules ,comme tu prtends ; ils seront tes esclaves, et leurs filles tes

    servantes ; tu btiras une ville en meraude et en hyacinthe. De

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    telles choses peuvent bien facilement sduire les espritsignorants et captiver leur ambition, ce n'est pas tonnant d'avoir

    beaucoup de partisans si Ton prche une religion si pleined'attraits, surtout si elle a t favorise par une puissance qui la

    protge, comme nous avons vu cela arriver.

    Tu dirais, Juif : Ceux qui ont suivi Jsus-Christ taient des philosophes; c'est la philosophie qui les a conduits lui. Tudois donc suivre leur exemple dans cette philosophie qui les aconduits Jsus-Christ, comme tu l'avoues bien. Mais ceschoses ignominieuses qu'on rapporte de Jsus-Christ, les

    philosophes ou les sages de ce monde ne les croient pas, ellessurpassent toute intelligence humaine; moins que le Saint-Esprit ne rpande sa grce sur leurs mes, leur apprenant par salumire que Jsus-Christ est Dieu. Saint Paul crit en effet :"Personne ne peut dire : Jsus-Christ est Dieu, que par le Saint-Esprit." Si tu ne crois pas cela, essaye de porter la doctrinechrtienne tous les philosophes du monde pour la faire

    accepter un seul ; mais je suis sr que tu ne le pourrais jamais, car les sages de ce monde ne cherchent que leshonneurs de ce monde et ne croient que ce qui est conformeaux lois de la nature qu'ils tudient d'une manire plus

    particulire que les gens vulgaires : ils se vantent de la subtilitde leurs discours et de l'harmonie sduisante de l'expression.La doctrine chrtienne est tout fait le contraire. En effet,comme dit saint Paul : "Dans la sagesse de Dieu, le monde n'a

    point connu Dieu par la sagesse, et Dieu a aim de sauver ceuxqui croient la folie de la prdication." (I Cor., i, 21.)

    Si tu dis, Juif : "Ces gens taient d'une intelligence moyenne",tu ne dis pas la vrit; car les gens de moyenne intelligence nefont rien qu'avec rflexion et rsolution, et ils ne croient que cequi est semblable aux vrits dont ils ont acquis la certitude par

    le sens et l'exprience. Donc, on ne peut pas prcher la doctrine

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    chrtienne ces esprits qui elle rpugne et qui la repoussentavec mpris.

    Puisque tu as accept, Juif, ce que nous avons avanc, tu doisncessairement avouer que les Gentils n'ont accept Jsus-Christ que par la vertu de ses miracles qu'ils ont vus, d'aprs lercit des Evangiles et les livres des Aptres ; et par la grce duSaint-Esprit qui claira leurs intelligences et leur persuada queJsus est Dieu et Fils de Dieu, chose qu'il disait de lui-mme.Ces Gentils qui ont accept Jsus-Christ sont aujourd'hui lescinq siximes du monde. Bien qu'il ait souffert les passions etles douleurs de la croix il n'a pas souffert tout cela en vain ou

    par faiblesse et impuissance, mais pour des raisons bien justes,caches aux mes que le Saint-Esprit n'a pas claires par sagrce. Ce que nous avons dit prouve d'une manire videnteque les Gentils n'ont accept Jsus-Christ que par la vertu desmiracles mentionns dans les Evangiles et les livres desAptres. Cela contraint ncessairement ton esprit croire et

    avouer la vrit de ces miracles, comme si tu les avais vus detes propres yeux, car ce sont les miracles qui ont persuad auxGentils que Jsus-Christ est vritablement Dieu et Fils deDieu ; or Jsus-Christ et ses Aptres ont tmoign que Mose ettous les autres prophtes taient des messagers de Dieu ; donc,

    par le tmoignage de Jsus-Christ et par celui de ses Aptres,Mose et les prophtes sont constats et prouvs comme devrais messagers de Dieu.

    Si l'on te demande une raison qui prouve (la divinit de) lamission de Mose ou celle d'un autre prophte, tu ne le pourrais

    pas faire; car la loi de Mose est reste environ cinq mille anssans pouvoir persuader aucun des Gentils qu'elle est de Dieu.De plus, vos pres eux-mmes n'ont pas conserv la loi ni levrai culte de Dieu. Mais lorsque Jsus-Christ est venu, il a

    persuad tous les Gentils par ses miracles et il leur a constat

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    Mose et les autres prophtes, de sorte qu'il est devenu leur prdicateur.

    Il a bien raison de faire cela et il doit le faire, car c'est lui quiles envoya avec ordre de les annoncer et de le caractriser, afinque les hommes ne le repoussent pas en le voyant marcher sur la terre. C'est pourquoi Miche avait prdit sa venue en disant :"Ecoutez, toutes les nations; soyez attentifs, tous les peuples :que le Seigneur soit tmoin contre vous; le Seigneur sortira deson lieu et descendra marcher sur la terre. C'est pour le pchde Jacob et cause des crimes d'Isral." (Mich., i, 1-5.) Baruchavait dit de lui : "C'est lui qui est notre Dieu, nul autre ne lui estcomparable; il a trouv la voie de la connaissance et il l'adonne Jacob son chri et Isral son ami. Aprs cela il estapparu et il a march parmi les hommes." (Bar., iii, 36.)

    Le Seigneur ordonna Mose de faire son frre Aaron prtre etd'offrir des sacrifices comme il lui en a montr l'exemple dans

    la montagne. (Ex., xxv, 40.) Par ces paroles il t'a fait voir qu'ily a un autre prtre dont Aaron est la figure, et un autre sacrificedont ces sacrifices sont la figure. David, venu son temps, t'aexpliqu que ce prtre dont Aaron tait la figure est le Seigneur qui est assis sur le trne la droite de Dieu et qu'il est le Fils deDieu engendr de lui avant tous les sicles : "Le Seigneur dit mon Seigneur : Assieds-toi ma droite jusqu' ce que j'aie mistes ennemis sous tes pieds." (Ps. cix, 1.) Dieu dit encore sonFils : "Je t'ai engendr dans mon sein avant le jour." Il lui ditencore : "Tu es le Prtre ternel selon l'ordre de Melchisdech."(Ps. cix, 1-4.) Isae, venant ensuite, t'a expliqu ce sacrificedont le tien est la figure, en rapportant ce que dit le Messie delui-mme : "Je ne dsobis pas, je ne discute pas, j'ai exposmon dos aux fouets et ma joue aux coups, et je n'ai pasdtourn mon visage de l'affront du crachat." (Is., l, 6.) Il dit de

    lui : "Il est sans aspect et sans beaut; nous l'avons vu, il n'avait

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    ni aspect ni beaut : il avait un aspect misrable plus que tousles hommes ; il est l'homme bless qui sait bien souffrir lesmaladies ; il tait mpris et sans compte ; il supporte nosmaladies et il souffre pour nous ; nous avons pens qu'il tait

    bless, frapp de Dieu ; mais il a t bless pour nos pchs,c'est cause de nos crimes que ces afflictions lui sont arrives,il a pris sur lui le chtiment de notre salut et nous sommesguris par ses blessures. Nous sommes tous gars, comme des

    brebis; chacun de nous a gar sa voie et le Seigneur l'a livr pour nos pchs. Lorsqu'il a t frapp il n'a pas ouvert la bouche ; on l'a men comme une brebis la boucherie etcomme un mouton devant qui le tond en silence; par humilit iln'a pas ouvert la bouche." (Is., liii, 1-7.)

    Tout cela te montre bien, si tu as de l'intelligence, Juif, que ton prtre Aaron tait la figure de ce prtre, et ton sacrifice tait lafigure de ce sacrifice ; car si ton prtre, expiait les pchs et tonsacrifice faisait expier les fautes, le prtre dont parle David

    serait inutile, et de mme ce sacrifice dont parle Isae seraitvainement tabli par Dieu, et Mose serait menteur en te disantque tu as la figure que David et Isae ont explique ensuite. Tun'as pas compris alors cela comme Mose te dit : "Vous avez vuce que Dieu a fait en votre prsence ; mais il ne vous a pasdonn des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre, ni uneintelligence pour comprendre." (Deut., xix, 4.) Si ces chosesn'taient pas des figures qui symbolisent des ralits, commentMose pouvait-il te dire sans mentir ; "Vous avez vu ce queDieu a fait en votre prsence, mais il ne vous a pas donn desyeux pour voir, ni des oreilles pour entendre, ni uneintelligence pour comprendre?" Cela indique bien clairementque tu avais les figures et les symboles de la vrit. David tel'assure en disant : "Nos pres ne comprenaient pas vosmiracles en Egypte." (Ps. cv, 7.) Cela est suffisant pour te

    gurir, Juif, si tu veux sincrement le salut de ton me comme

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    un homme raisonnable, et tu aurais t guri depuis, si tuacceptais cela des saints Docteurs de l'Eglise que le Saint-Esprit a fait parler et qui ont expliqu tout ce qui concerneJsus-Christ par la raison et les Livres saints. Voici donc unedmonstration de la doctrine chrtienne si bien raisonnequ'elle oblige ncessairement tout homme raisonnable et de

    bonne volont de l'accepter, car la raison conduit videmment Jsus-Christ, et celui-ci constate et justifie Mose et lesProphtes ; donc nous avons l'Ancien et le Nouveau Testament,et, comme dit Salomon dans le Cantique des Cantiques : "Sur nos portes sont tous les fruits, les anciens et les nouveaux."(vii, 13.)

    II Mais cela cela sert-il tous les chrtiens ? Il sert seulement nous Chalcdoniens ; il ne sert rien aux Nestoriens, ni auxJacobites, ni aux Julianistes (1) , ni aux "Monothlites", ni aux

    autres hrtiques qui se nomment aussi chrtiens. Chacun d'eux prend pour lui tout ce que nous avons dit pour prouver ladivinit du Christianisme, et il croit tre le vrai chrtien.

    Ayant dmontr le Christianisme et prouv qu'il est la seule, lavritable d'entre toutes les autres religions, il nous faut fairesparer notre doctrine orthodoxe de toutes les hrsies, et

    prouver qu'elle est la seule vraie et que toutes les doctrines deces hrsies sont fausses. Nous l'avons dj prouv ailleurs, par le secours du Saint-Esprit, dans une tude dlicate et prcise

    pour les gens intelligents et capables d'tudier les chosesobscures que ne comprennent pas les esprits vulgaires ; maisl'tude prcise et dlicate ne satisfait pas l'esprit commun duvulgaire, le bas peuple et les gens des champs et autres, et neleur procure aucunement la gurison. Il faut donc leur frayer

    une autre voie claire et lumineuse que puissent suivre srement

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    et facilement les gens d'intelligence suprieure et ceuxd'intelligence ordinaire, c'est--dire le philosophe et le bas

    peuple.

    C'est pourquoi nous allons prouver notre orthodoxie et faireclater sa lumire autant que celle du soleil dont les rayons sontvus des petits et des grands, pour ne laisser personne un

    prtexte en l'abandonnant, pour convaincre ceux qui viventtranquillement dans l'erreur des hrsies, pour rjouir lesorthodoxes qui par le concours du Saint-Esprit sont dans la

    juste foi et dans la vraie religion, pour exciter ceux-ci unir cette foi la justice et les bonnes uvres; elle leur serait non pasinutile mais nuisible, s'ils ne faisaient pas ce qu'ils doivent fairedans l'obissance au Christ.

    Mais quelle est cette voie claire que l'orthodoxie nousdmontre?

    Nous ensemble des chrtiens, nous sommes d'accord pour

    admettre les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament et lescroire ; mais une chose nous spare, notre interprtationdiffrente de ces livres ; cela nous oblige nous runir chacundans une glise part et nous empche de prier ensemble dansle mme temple. Il en rsulte deux choses : que nous sommestous galement agrables au Christ en admettant les livres del'Ancien et du Nouveau Testament dicts pour nous par leSaint-Esprit et que Dieu ne nous demande pas compte den'avoir pas pntr les vrits de ces livres, ou que Dieun'accepte pas de nous voir admettre la lettre de ces livres sansle vritable sens des mots que le Saint-Esprit a voulu exprimer d'une manire indispensable la religion. Si quelqu'un dit : LeChrist se contente de nous voir suivre ces livres sans encomprendre le contenu, ou le vrai sens, il rend le Christianismesemblable au Judasme, en mettant la fin de sa doctrine dans les

    mots, non dans l'esprit; il autorise les chrtiens se runir pour

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    prier dans une glise en mme temps qu'ils sont spars enesprit ; il leur prche d'adorer extrieurement un seul Dieu, etintrieurement plusieurs dieux ; il leur persuade de se nommer de bouche disciples d'un seul Christ, tout en croyant plusieursau fond du cur. Mais le Christ ne veut point de ce culte,comme il le dit lui-mme : "Je ne ferai jamais entrer la guerre la place de la paix." Il est indispensable tout chrtien, s'il veuttre sincrement chrtien, d'adorer le Christ, le Pre et le Saint-Esprit dans le sens propre des livres de l'Ancien et du NouveauTestament; autrement il serait juif et pourrait dire,indiffremment, que Dieu est muable ou qu'il y en a plusieurs.Lorsqu'il entend Mose dire : "Dieu est un feu dvorant"(Exod., xxiv, 17), il devient mage, car il conoit le feu que lesmages adorent ; et s'il entend le prophte Daniel dire : "Il estl'Ancien des jours et ses cheveux sont blancs comme la laine

    pure" (Dan., vu, 9), il croit que Dieu est trs vieux ; de mme,s'il entend Ezchiel dire : "Il est du milieu du corps jusqu'enhaut tout en feu comme le lapis-lazuli, et du milieu jusqu'en bas

    en feu" (Ezech., i, 27), il imagine que Dieu a t chang de cequ'il tait, ou qu'il est diffrent de ce que Daniel a vu et queMose avait dj nomm. Quel malheur de voir ces trois chosestroubler le cur du fidle ! De plus, s'il entend le Christ lui-mme dire qu'il est la porte(Joan., X, 7), il le croit une porte matrielle, et s'il l'entend direqu'il est la vigne (Joan., xv, 1), il pense qu'il a t chang ouqu'il est un autre Christ diffrent, et ainsi de suite. Il lui estdonc ncessaire de suivre le sens propre du livre en ce quiconcerne l'essence de la religion, autrement il n'y aurait plus deculte.

    S'il en est ainsi, l'Eglise du Christ devrait tre ncessairementl'une de ces glises dont chacune prtend avoir seule la vraie

    doctrine chrtienne.

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    Mais, que doivent faire les gens vulgaires, les paysans, et tousles hommes en gnral, qui ne comprennent pas ces vrits quele Christ leur ordonne de croire de la faon qu'il a voulu ?Dirons-nous qu'il leur demande l'impossible ? Non; autrementsa descente du ciel et l'effusion de son sang pour eux leur seraient inutiles et mme nuisibles : mais comme il n'exige pascela d'eux, il ne leur demande pas l'impossible, car nous savons

    bien que, pour la plupart, leur intelligence ne peut pascomprendre tout ce qu'ils doivent savoir. Comment faire donc

    pour trouver une voie la porte de leur intelligence, de faonqu'en la suivant ils arrivent tous la possession de cette vrit ?

    Nul hrtique ne connatra jamais cette voie et ne pourra lasuivre ; il ne possde rien de la vie que la parole qu'il suitcomme dans l'obscurit pour tromper et sduire les simples; il

    bavarde afin que les simples, en l'entendant, croient qu'il est lasource de la sagesse ; il les gagne son parti en profrant des

    paroles inintelligibles pour eux et mme pour lui ; comme ditsaint Paul : "Il ne comprend pas ce qu'il dit ni ce qu'ilraisonne." (I Cor., XIX, 2.)

    Cette voie claire, les orthodoxes seuls la possdent, elle lesconduit la vie ternelle; car nous savons bien que le Christ nenglige pas cette affaire en condamnant la plupart des hommes errer ainsi sans pouvoir connatre une voie qui conduise leur intelligence comprendre ce qu'ils doivent faire. D'autant plusque le Christ savait bien, et les Aptres, que ces hrsiesexisteraient et que Satan s'en servirait pour cribler l'Eglise afinqu'elle conserve le pur froment. (Luc, xxii, 31.)

    Le Saint-Esprit nous a bien montr cette voie par la bouche deMose, le chef des prophtes, dans le Pentateuque, lorsque Dieu

    lui donna les rgles d'aprs lesquelles il devait gouverner les

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    enfants d'Isral. Mose remit ces rgles leurs prtres, qui sontles juges, et auxquels il ordonna djuger ainsi les enfantsd'Isral; il institua des chefs de dix, de cinquante, de cent et demille; il leur ordonna de faire excuter le juste jugement parmiles enfants d'Isral en disant : "Regardez bien ; ce qui voussemble clair de ces rgles, employez-le avec vos frres, et cequi vous parat obscur ou douteux prsentez-le-moi pour le

    porter Dieu et vous en rapporter la vrit." (Deut , i, 10.) Ilsfaisaient ainsi tout le temps que Mose vcut parmi eux.

    Quand Dieu permit que Mose mourt au del du Jourdain, le prophte avait su par le Saint-Esprit qu'aprs sa mort lesenfants d'Isral seraient dans l'embarras et le doute, par consquent diviss et disperss : c'est pourquoi il leur donna

    par l'Esprit-Saint une seconde loi en laissant parmi eux unsuccesseur qui tnt sa place jamais : "Si vous trouvezquelques commandements obscurs ou douteux entre sang etsang, entre arrt et arrt, entre impur et impur, et entre querelle

    et querelle, et s'il y a dans vos cits une diffrence d'opinion,venez au lieu que le Seigneur votre Dieu choisira pour yinvoquer son nom, rfugiez vous-y alors et allez y trouver les

    prtres, les lvites et le juge qui existera. Ils examineront celaet ils vous donneront la dcision juste. Suivez la dcision qu'ilsvous donneront dans le lieu que le Seigneur votre Dieu choisira

    pour invoquer son nom. Tchez de faire ce qu'ils vousordonnent et d'accomplir la loi et la dcision qu'ils vousdonneront; ne vous en cartez ni droite ni gauche. L'hommequi par orgueil n'coute pas le prtre qui agit au nom duSeigneur, et le juge qui sera en ces temps, qu'il soit mis mort ;dpouillez les ennemis des enfants d'Isral afin que tout le

    peuple apprenne ce chtiment et s'en loigne en se gardant del'imiter." (Deut., xvii, 8.)

    Vous voyez bien que Mose ne laissa personne, savant ou

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    non, le droit de discuter ces dcisions. Mais le Saint-Espritrvla au prophte de confier cette autorit au collge des

    prtres et au juge qui sera dans le lieu que Dieu choisira pour yinvoquer son nom, ne laissant personne discuter avec eux ;mais plutt il ordonna tout le peuple, et chacun, savant ouillettr, d'obir la dcision sortie de ce collge, pour lui oucontre lui. Il condamne mort l'orgueilleux qui ne veut pasaccepter avec soumission leur jugement, croyant que sonopinion est plus juste que la leur. Il a condamn mort celuiqui n'accepte pas leur jugement parce qu'il tait persuad que,le Saint-Esprit leur ayant confi de juger les affaires douteuseset les diffrends, il doit assister leur intelligence pour dire lavrit et ne les abandonne pas sans son secours, quels quesoient leur tat et leur intelligence; il ne les laisse dire que lavrit.

    Si quelqu'un disait : "Bien que le Saint-Esprit ordonne au peuple d'obir l'assemble des prtres qui sera dans ce lieu

    pour les dcisions obscures, il lui laisse dire le faux", celui-lestimerait que le Saint-Esprit lui-mme induit tout le peuple enerreur, et il serait prcisment un blasphmateur contre leSaint-Esprit, en faisant de l'Esprit-Saint, Soleil de Justice etSource de Lumire, la cause de l'erreur. A Dieu ne plaise qu'ilen soit ainsi ! Au contraire, nous sommes srs, et nos curssont en repos, que le Saint-Esprit n'abandonne jamais cetteassemble et il ne la laisse prononcer aucun jugement mal

    propos.

    Dans la sainte loi nouvelle dont l'ancienne tait la figure, leSaint-Esprit a arrang les choses de la mme manire que dansl'ancienne, en ordonnant de porter tout diffrend entre leschrtiens, en matire de religion, l'assemble des Aptres etleur donnant un chef qui juge en dernier ressort toutes les

    dcisions avec son assemble : de juger d'aprs les vues du

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    Saint-Esprit, comme le montrent les Actes des Aptres.

    Lorsque Paul et Barnabas taient Antioche, lus par le Saint-Esprit pour parcourir les villes et y annoncer l'Evangile duChrist, aprs qu'ils ont accompli la mission pour laquelle ils ontt lus ils retournrent Antioche. Il y avait alors des frresqui sont venus de Jrusalem Antioche : ils enseignaient etdisaient : "Si vous ne vous faites pas circoncire selon la loi deMose, vous ne pouvez pas vivre." Paul et Barnabas s'yopposrent; aprs une discussion, tous dcidrent que Paul etBarnabas, avec quelques-uns d'entre eux, monteraient voir lesAptres et les prtres Jrusalem au sujet de ce diffrend.

    Quant ils furent arrivs Jrusalem, il y avait des hommes du parti des pharisiens qui avaient embrass le christianisme. Ils selevrent et dirent aux Aptres : "Il faut faire circoncire lesGentilsqui croient et leur ordonner de garder la loi de Mose." Alors

    les Aptres se runirent aux prtres pour tudier le diffrend. Ils'ensuivit une grande discussion.

    Aprs cela Pierre se leva et leur dit : "Vous savez, hommes mesfrres, que le Dieu des temps anciens a voulu que les Gentilsentendissent de ma bouche la parole de l'Evangile et qu'ilscrussent. Dieu, qui connat les curs, les a justifis en leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu' nous et il n'a pas fait dediffrence entre eux et nous en purifiant leurs curs. Pourquoidonc voulez-vous contrarier Dieu et imposer aux disciples un

    joug que ni nous ni nos pres n'avons pu porter? Cependantnous croyons que nous vivions par la grce de notre Seigneur Jsus aussi bien qu'eux."

    Alors Jacques rpondit : "Hommes, coutez : Simon vous a

    racont comment il a plu Dieu de se choisir un peuple parmi

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    les Gentils. Cela s'accorde avec les prophtes, comme il estcrit : "Aprs cela je viendrai et je rebtirai l'habitation ruinede David ; j'en renouvellerai ce qui a t dmoli et je la ferai serelever, afin que tous les hommes cherchent la face de Dieuavec toutes les nations qui seront appeles de mon nom : c'estainsi, dit le Seigneur qui l'a accompli." Donc je juge qu'il nefaut pas inquiter ceux d'entre les Gentils qui se convertissent Dieu; mais je vois qu'on doit leur ordonner de s'abstenir dessouillures des idoles, de la fornication, des chairs touffes etdu sang."

    Alors tous les Aptres et les prtres avec toute l'Eglise jugrentet choisirent parmi eux deux hommes qu'ils envoyrent Antioche avec Paul et Barnabas : le premier est Jude surnommBarsabas, et l'autre est Silas, l'un et l'autre illustres parmi lesfrres. Ils crivirent (une lettre) qu'ils envoyrent avec eux, etainsi conue : "Les Aptres, les Prtres et les Frres, l'Eglisequi est Antioche en Syrie et aux Frres qui sont des Gentils,

    salut. Nous avons appris que quelques-uns de nous sont allsd'ici pour vous inquiter et ils vous ont branl l'me en vousdisant qu'il faut tre circoncis et garder la loi de Mose, de quoinous ne leur avons pas donn l'ordre. Nous avons donc jugunanimement de choisir deux hommes et de les envoyer avecnos deux frres Barnabas et Paul qui ont livr leur vie pour leChrist. Nous vous avons dput Jude et Silas et nous leur avonsordonn de vous faire entendre de leurs bouches notre paroleen ces termes : Il a sembl bon au Saint-Esprit et nous de ne

    point vous imposer d'autre obligation pour ce qui est ncessaire(au salut), que de vous abstenir des sacrifices, des idoles, dusang, de la chair touffe et de la fornication. Si vous gardezcela, vous agissez bien." Jude et Silas firent leurs adieux lacommunaut et descendirent Antioche o ils runirent lesfidles et ils leur remirent la lettre, qu'ils lurent avec joie et

    consolation. Jude et Silas taient prophtes, ils ont beaucoup

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    consol les frres et les ont fortifis par plusieurs discours.

    Vous voyez bien : ceux qui sont alls Antioche et ordonnaientla circoncision et de garder la loi taient de la communaut desfrres de Jrusalem; Paul et Barnabas, qui les contredisaient,taient aussi des Aptres illustres. Quand les deux partis se sontdisputs Antioche, l'Eglise n'a pas accept (l'opinion) de Paulet de Barnabas ni celle des autres ; mais elle les porta toutesdeux l'assemble des Aptres dont saint Pierre tait le chef.Lorsque l'assemble des Aptres les eut reus et eut examin lediffrend, elle jugea d'aprs ce qu'elle vit, attribuant son

    jugement au Saint-Esprit et disant : "II a sembl bon au Saint-Esprit et nous."Vous voyez bien que cette assemble qui le Christ a confi ledroit de juger les hrsies n'a pas d'autre vue que celle duSaint-Esprit. Il faut lui porter tout diffrend en matire dedoctrine; car il n'est point permis quiconque, grand ou petit,d'avoir un sentiment particulier diffrent, et personne n'a le

    droit d'imposer l'Eglise sa manire de voir personnelle. C'est pourquoi l'Eglise n'a pas accept l'opinion de Paul et Barnabasqui taient la lumire du monde, ni celle des autres. Il n'y a nivque ni patriarche ni toute autre personne qui puisse dire l'Eglise : Recevez ce que je dis et rejetez ce que disent lesAptres.

    Il faut noter que les Aptres avaient pour chef saint Pierre quile Christ avait dit : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je btiraimon Eglise, et les portes de l'enfer ne triompheront pointd'elle" (Matth., XVI, 18); qui il dit aussi trois fois, aprs sarsurrection, prs de la mer de Tibriade : "Simon, m'aimes-tu ? (Si tu m'aimes) Pais mes agneaux, mes bliers et mes

    brebis." (Joan., xxi, 15-18.) Il lui dit ailleurs : "Simon, Satan ademand de vous cribler comme on crible le bl, et j'ai pri

    pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi; mais, l'instant,

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    tourne-toi vers tes frres et affermis-les." (Luc, XXII, 31.)

    Vous voyez bien que saint Pierre est le fondement de l'Eglise propre au troupeau (des fidles), et celui qui a sa foi ne la perdra jamais; c'est lui aussi qui est charg de se tourner versses frres et de les affermir.Les paroles du Seigneur : "J'ai pri pour toi afin que tu ne

    perdes pas ta foi; mais tourne-toi l'instant vers tes frres etaffermis-les", ne dsignent pas la personne de Pierre ni lesAptres eux-mmes.Le Christ a voulu dsigner par ces mots ceux qui tiendront la

    place de saint Pierre Rome et les places des Aptres. Demme quand il dit aux Aptres : "Je serai avec vous tous les

    jours jusqu' la fin des sicles", il n'a pas voulu dsigner les personnes des Aptres seuls, mais encore ceux qui tiennentleurs places et tout leur troupeau. Ainsi par ces mots qu'iladressa saint Pierre : "Tourne-toi l'instant et affermis tesfrres, et que ta foi ne se perde pas", il a voulu dsigner ses

    successeurs; par la raison que saint Pierre seul parmi lesAptres a perdu sa foi et ni le Christ, le Christ l'avait exprsabandonn pour nous montrer que ce n'est pas sa personne qu'ila voulu dsigner, et nous n'avons vu aucun Aptre tomber afinque saint Pierre l'affermisse.

    Dire que le Christ a voulu dsigner saint Pierre et les Aptresen personne, ce serait priver l'Eglise de ce qui doit l'affermir aprs la mort de saint Pierre. Comment cela pourrait-il tre? Envoyant, aprs la mort des Aptres, Satan passer l'Eglise aucrible, il est vident que ce ne sont pas eux que le Christ avoulu dsigner par ces mots. Nous savons tous, en effet, quec'est aprs la mort des Aptres que les hrsiarques ont agitl'Eglise, savoir : Paul de Samosate, Arius, Macdonius,Eunomius, Sabellius, Apollinaire, Origne et les autres. Si ces

    mots du texte sacr ne dsignent que les personnes de saint

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    Pierre et des Aptres, l'Eglise aurait donc t prive deconsolation et n'aurait eu personne qui la sauvt de ceshrsiarques et de leurs doctrines qui sont les portes de l'enfer dont le Christ a dit qu'elles ne triompheront jamais de l'Eglise.Il est donc de toute vidence que ces mots dsignent lessuccesseurs de saint Pierre, qui ne cessent en effet d'affermir leurs frres et ne cesseront jamais jusqu' la fin des sicles.

    Vous savez bien que lorsque Arius se rvolta, une assemble futrunie contre lui par l'ordre de l'vque de Rome. Le saintConcile l'a condamn et a fait cesser son hrsie; et l'Eglise aaccept la dcision de ce concile et a repouss Arius commel'Eglise d'Antioche avait accept la lettre des Aptres et avaitrejet ces sectateurs qui lui enseignaient la circoncision et la

    pratique de la loi. Ainsi lorsque Macdonius se rvolta au sujetdu Saint-Esprit, une assemble fut runie contre lui Constantinople par l'ordre de l'vque de Rome; ce concilerejeta l'hrsiarque et l'Eglise accepta sa dcision comme elle

    avait accept celle du premier. Elle excommunia Macdoniuscomme elle avait dj excommuni Arius. Elle apprit de cesdeux conciles dire que le Fils et le Saint-Esprit sont de lasubstance du Pre et que chacun d'eux est Dieu coternel avecle Pre. Elle accepta aussi ces deux conciles de la mmemanire que l'Eglise d'Antioche avait accept autrefois leconcile des Aptres. De mme que l'Eglise d'Antioche n'avaiteu aucune part dans la dcision des Aptres, ainsi dans cesdeux conciles personne n'a discut. Et comme ce que lesAptres avaient crit l'Eglise d'Antioche tait estim unedcision du Saint-Esprit, ainsi l'Eglise ne douta pas que ladfinition de ces deux conciles ne ft celle du Saint-Esprit.Aussi l'Eglise d'Antioche n'avait pas accept le sentiment dePaul et de Barnabas ni celui des autres frres, mais elle lesavait ports l'assemble des Aptres et attendait la dcision de

    cette assemble ; lorsqu'elle l'eut reue, elle fut console. C'est

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    ainsi que l'Eglise n'a pas accept la doctrine d'Arius ni celle deMacdonius, ni celles qui les contredisaient cette poque

    parmi les Saints Pres ; mais elle porta le diffrend au saintconcile et attendit sa dcision ; lorsqu'elle l'eut reue, elle futconsole et rjouie.

    Lorsque Nestorius se rvolta en disant du Christ ce qu'il en adit, l'Eglise rejeta sa doctrine et la porta, selon sa coutume, ausaint concile, qui fut runi Ephse par ordre de l'vque deRome. Le saint concile l'excommunia et fit cesser son hrsie.La sainte Eglise accepta ce concile et excommunia Nestoriusen repoussant sa doctrine, persuade qu'elle n'avait pas le droitde prendre part dans la dcision de ce concile, mais qu'elleavait l'ordre du Saint-Esprit de s'y soumettre, comme nousl'avons dj dmontr.

    Sache bien, Nestorien, que tu es dans l'erreur et que tu as glissde la pierre sur laquelle l'Eglise a t btie ; tu es spar du

    Christ, il n'habite plus en toi parce que tu n'as pas accept ladcision du saint concile que le Saint-Esprit t'a commandd'accepter comme tu dois accepter sa propre dcision. Jem'tonne bien de ce que tu suives Nestorius que tu n'es pasoblig de suivre en le prfrant Paul et Barnabas ; car l'Eglise n'a pas voulu accepter ce que disaient ces deuxlumires des hommes. Mais tu as accept ce que disait

    Nestorius et rejet la dcision du concile que tu es oblig desuivre. Tu as pris un soutien trop faible en te confiant uneintelligence humaine et tu as nglig l'assistance du Saint-Esprit. Sache encore que tu n'as aucune excuse en cela parceque tu as reu les dcisions de deux premiers conciles avecconfiance et sans examen, comme le Saint-Esprit te commandede le faire; et tu as refus ce troisime que le Saint-Esprit t'aordonn d'accepter avec la mme soumission que les deux

    premiers conciles. Tu as voulu discuter son jugement et tu n'as

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    pas mis ta confiance dans le Saint-Esprit qui l'a assist et l'a fait parler. Si tu allgues des excuses au sujet de ce concile, sache bien qu'Arius et ses partisans peuvent facilement en allguer desemblables contre le premier concile et l'accuser de plusieursdfauts ; et Macdonius et les siens peuvent aussi allguer desmotifs semblables et accuser le second concile sans crainte.Comme ils ne sont pas excuss et que tu ne les excuses pas enaccusant ces deux conciles, il te faut savoir de mme que tun'es pas excus auprs du Christ en accusant ce troisimeconcile.

    Lorsqu'Eutychs et Dioscore se rvoltrent en disant duChrist ce qu'ils en avaient dit, l'Eglise a repouss leur hrsie etles Saints Pres se sont levs contre eux. Mais l'Eglise n'a pasaccept leur doctrine ni celle de ceux qui les contredisaient,elle les a fait traduire au jugement du saint concile, selon sacoutume. Le quatrime concile a t runi alors Chalcdoine

    par l'ordre de l'vque de Rome; il les a excommunis et a fait

    cesser leur hrsie. L'Eglise accepta alors la dcision de ceconcile, comme elle avait accept celles des trois premiersconciles; elle excommunia Eutychs et Dioscore et rejeta leur hrsie, sachant bien qu'elle n'a pas le droit d'intervenir avec ceconcile et persuade que sa dcision tait celle du Saint-Esprit.

    Toi, Jacobite , pourquoi as-tu accept les trois conciles avecconfiance, sans discussion, et n'acceptes-tu pas le quatrime?Tu lui as prfr Eutychs et Dioscore en abandonnant lesoutien de la colonne de la vrit que le Saint-Esprit t'aaccorde et tu t'es appuy sur un roseau bris, laissant ta chair se couper et ton sang se rpandre, et mourir ainsispirituellement par ta prcipitation suivre ceux que tu n'es pasoblig de suivre. Mais cela t'est plutt dfendu, comme il t'a tdfendu de suivre le serpent qui est l'instrument de l'erreur.

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    Tu ne cesses pas encore de changer la doctrine d'un tel pour celle d'un autre, tes chefs te changent la religion et la rendentcomme un monstre, de sorte que tu as bien mrit l'appellationd'Acphales : n'ayant pas de chef ou en ayant plusieurs. Tu esdevenu comme une pierre dplace de son fondement et qui necesse de se prcipiter en tombant jusqu'au plus bas de la terre(aux enfers). Ainsi t'ont prcipit Eutychs, Dioscore,Thodose, Svre, Jacques, et tous autres hrsiarques, dontchacun a introduit dans ta religion l'erreur de son opinion; en secontredisant les uns les autres, ils contredisent tous la vrit.

    En accusant ce saint concile, tu n'es pas le premier parmi leshrtiques qui accusent les saints conciles qu'ils n'ont pas vouluaccepter. En effet. Arius, Macdonius et Nestorius avec leurs

    partisans ont blm de toutes leurs forces les conciles qui lesavaient excommunis; tu dis du IVe concile moins de mal quen'en avait dit chacun d'eux contre le concile qui l'aexcommuni. Si tu approuves leurs accusations contre les

    conciles antrieurs, tu dois les suivre et accepter leur confession en jetant de ton cou le joug du Saint-Esprit,ouvertement et sans dissimulation. Si tu condamnes leur accusation contre ces saints conciles et prtends qu'ils sontdans l'erreur par leur dsobissance ces conciles, tu dois juger de mme ton accusation contre le IVe concile et dire que tu esdans l'erreur par ta dsobissance ce concile.

    Quant au Ve concile , nul ne dfend l'hrsie qu'il aexcommunie pour discuter avec lui et le traiter comme nousavons fait avec ses semblables hrtiques.

    Quand Macaire, Cyrus et Sergius se rvoltrent et enseignrentleurs erreurs au sujet du Christ, l'Eglise refusa d'accepter leur opinion et plusieurs Pres s'levrent contre eux pour les

    discuter et repousser leur hrsie. Mais l'Eglise n'a pas accept

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    absolument leur opinion ni celle de leurs adversaires; elle les a portes au concile, selon sa coutume. Alors le Ve concile a tconvoqu Constantinople par l'ordre de l'vque de Rome quiles a excommunis et fait cesser leur hrsie. La sainte Egliseaccueillit ce concile comme elle avait reu les concilesantrieurs, abandonnant Macaire et les siens et rejetant leur hrsie.

    Et toi, "Monothlite", tu as reu avec obissance le premier, lesecond et le troisime concile ; tu n'as pas jug bon de discuter leurs dfinitions, comme le Saint-Esprit te dfend de le faire;mais, arriv au Ve concile, tu as oubli ce que dit le Saint-Esprit, et, comme un homme ivre, tu t'es lev contre tes Presqui mritent ton respect, les insultant comme un chien enrag.Le Saint-Esprit t'ordonne de leur obir, mais tu as voulusupprimer leur dfinition et ter la haie qui te dfendait contreSatan; tu es sorti (du bercail de l'Eglise) pour tre la proie desloups. Tu as ainsi nglig l'affaire qui te conduit srement la

    perdition.

    Si tu accuses ce saint concile, sache bien que les hrtiques quitaient avant toi t'ont devanc en accusant les conciles qui lesavaient excommunis, de sorte que nul obstacle ne les empchad'imputer ces conciles tout ce que Satan leur avait mis aucur.

    Si tu condamnes leur accusation contre ces conciles, tu doiscondamner de mme ton accusation contre le Ve concile etquitter ton erreur pour entrer dans la bonne voie; mais si tuapprouves leur accusation contre les saints conciles, dmasque-toi et suis tes amis en croyant ce qu'avaient enseign tous leshrsiarques du commencement.

    Que rsulte-t-il de vos accusations, vous tous les hrtiques,

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    contre ces conciles?

    Chacun de vous accuse ces saints conciles de trois choses, endisant :1 que le concile a jug mal, avec injustice et ignorance;2 que le concile a t convoqu par l'empereur, c'est pourquoiil ne faut pas l'accepter;3 que le concile antrieur avait dfendu d'ajouter ou desupprimer quoi que ce soit ce qu'il avait dfini; que par consquent il ne faut pas accepter ce qui vient aprs lui.

    Si l'un de vous dit, en accusant un de ces conciles, qu'il a jugmal par ignorance ou injustice, celui qui dit cela prtend avoir le droit de discuter la dcision du concile ou d'y prendre part;mais le Saint-Esprit dfend cela pour lui et pour quiconque.L'orgueil qui l'a enfl l'a empch de se soumettre ladfinition de ce concile, et il a ainsi mrit la mort spirituelle,comme vous avez entendu la loi de Mose qui ne permet

    personne de discuter avec l'assemble ou d'estimer son opinionmeilleure que celle de l'assemble, sous peine de mort.

    Si tu dis, hrtique, du concile que tu attaques, qu'il a tconvoqu par l'empereur, et que par consquent il ne faut pasl'accepter, pour cette raison il ne faudrait recevoir aucun desconciles prcdents, car tous les conciles admis par tous leschrtiens ont t convoqus par les empereurs.

    Il est bien connu que le premier concile de Nice a tconvoqu par l'empereur Constantin le Grand; le second a tconvoqu Constantinople par l'empereur Thodose le Grand;le troisime a t runi Ephse par l'empereur Thodose leJeune; le quatrime a t assembl par l'empereur Marcien Chalcdoine ; le cinquime a t convoqu Constantinople

    par l'empereur Justinien le Grand, et le sixime a t convoqu

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    par l'empereur Constantin, fils d'Hraclius, Constantinople.

    Si tu reproches, o "Monothlite", aux cinquime et siximeconciles d'avoir t convoqus par les empereurs, et si tu

    prtends qu'ils ne mritent pas d'tre accepts parce que lesempereurs ont employ la force en les convoquant et enexcutant leurs dcrets, tu fais mal, car tu acceptes le quatrimeet tous les conciles antrieurs qui ont t aussi convoqus par les empereurs, comme nous l'avons dit. Tout hrtiqueexcommuni par l'un de ces conciles prcdents peut direcomme toi que l'empereur qui a convoqu ce concile a employsa force pour l'excommunier et qu'ainsi par la force a tconvoqu ce concile contre lui. Si tu te prtends except de lacondamnation de ces deux conciles parce qu'ils ont tconvoqus par les empereurs, il faut ncessairement admettreque les Jacobites, que les Nestoriens, que Macdonius, Arius etleurs partisans sont excepts de la condamnation des concilesqui les ont excommunis et qui ont t convoqus par les

    empereurs. Si tu ne crois pas qu'ils sont excepts del'excommunication de ces conciles cause de leursconvocations par les empereurs, tu ne dois pas non plus tecroire except de l'excommunication des deux derniers conciles

    parce qu'ils ont t convoqus par les empereurs.

    Si tu reproches, Jacobite, au quatrime concile qui t'aexcommuni, d'avoir t convoqu par l'empereur, en disantqu'il ne mrite pas d'tre accept parce que l'empereur employala force pour sa convocation et pour l'excution de ses dcrets,tu fais mal aussi, car tu as accept le troisime concile et lesdeux prcdents qui tous ont t convoqus par les empereurs.Tu dois donc excuser Arius, Macdonius et Nestorius refusantd'accepter la dcision des conciles qui les ont excommunis ;car chacun peut allguer cette raison comme toi et dire que

    l'empereur employa la force en convoquant ce concile et en

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    excutant ses dcrets contre lui. Si tu te permets de repousser ainsi la dfinition du quatrime concile parce qu'il a tconvoqu par l'empereur, il faut ncessairement permettre tous ces hrtiques de repousser les dfinitions des conciles quiles ont excommunis; si tu ne leur permets pas de repousser lesdfinitions des conciles qui les ont excommunis, tu ne dois

    pas non plus te permettre de repousser la dfinition duquatrime concile ; autrement tu deviens injuste etirraisonnable.

    Nous te dirons la mme chose, toi Nestorien, que nous avonsdite aux Jacobites et aux "Monothlites". Tu ne dois pasreprocher au concile qui t'a excommuni d'avoir t convoqu

    par l'empereur, ni repousser sa dfinition sous ce prtexte ;autrement, tu fournirais une excuse Arius et Macdoniusqui ont refus d'accepter les dcisions des conciles qui les ontcondamns : car ils allgueront la mme raison que toi. Si tufais cela, tu ruines tout ce que tu crois d'aprs ces deux

    conciles.

    Mais ce n'est pas un reproche pour ces conciles : c'est pluttune grce dont l'Eglise doit remercier le Christ qui a soumis lesempereurs pour servir ainsi ses Pres et docteurs ; car toutempereur qui a convoqu un de ces conciles est devenu par lmme un grand bienfaiteur, d'abord en donnant l'hospitalit auxPres et en les dfendant contre la population pour leur

    permettre d'examiner paisiblement la doctrine, et ensuite enexcutant les dcrets du concile. Il n'avait aucune part dansl'examen de la doctrine ni dans la dfinition de ses dcrets; ilservait les Pres du concile, les coutait et acceptait tout cequ'ils dfinissaient au sujet de la doctrine, sans prendre part ladiscussion. Si l'un de vous, hrtiques qui prtendez trechrtiens, reproche ces conciles l'assistance des empereurs et

    leur prsence parmi les Pres, il annule tout ce que possdent

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    les chrtiens, il veut nous rduire l'Ancien et au NouveauTestament; nous pourrons dire comme Arius : "Le Verbe estcr", ou avec Macdonius : "LeSaint-Esprit est cr", ou avec cet hrtique qui fait une brchedans le mur de l'Eglise qui dfendait le troupeau contre le loupravisseur chass ; en consquence il corrompt la doctrinechrtienne et fait du christianisme un nouveau judasme.

    Si tu dis, toi, autre hrtique, en parlant du concile qui t'acondamn, que le concile d'avant lui avait dfendu de rienajouter et de rien supprimer ce qu'il avait dfini et que par consquent il ne faut pas recevoir ce concile qui est venu aprs,sache bien que tu dis des choses que tu ne comprends pas etdont tu ignores la porte : parce que la dfinition de chaqueconcile est comme un remde particulier que le Saint-Esprit

    prpare pour loigner du corps de l'Eglise la maladie de cettehrsie condamne par ce concile. Quand ce concile dit qu'ilest dfendu quiconque d'ajouter ou de supprimer ce qu'il a

    dfini, il entend qu'il n'est permis personne de le contredire etde prparer la maladie de cette hrsie qu'il a condamne unremde diffrent de celui qu'il a prpar sous l'inspiration duSaint-Esprit; car le Saint-Esprit ne se contredit pas.Ce concile ne peut dire l'Eglise, si elle voit surgir une autrehrsie, qu'il est dfendu aux Pres qui en sont les mdecins dese runir pour en loigner cette maladie comme il avait loignla maladie qui agitait l'Eglise de son temps. Si, par impossible,ce concile avait agi de cette manire, il aurait laiss l'Egliseexpose toutes les maladies des hrsies de l'avenir etempch les Pres de lui appliquer les remdes propres. Celaserait oppos l'institution du Saint-Esprit qui a tabli lesconciles pour remplacer dans la suite des sicles le collge desAptres, comme Mose avait institu les assembles auxquellesil avait ordonn d'obir pour le remplacer jamais dans la

    fonction de juger les diffrends qui surgiraient entre les juges.

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    Si tu poursuis, hrtique, en disant que le concile reu de tous adfendu de rien ajouter et de rien supprimer sa dcision,voulant qu'il n'y ait jamais aprs lui un autre concile, il faudraitannuler tous les conciles, du premier au dernier, parce que saintPaul a dit l'Eglise : Si lui-mme ou un ange du Ciel vient luienseigner une doctrine autre que celle qu'il a enseigne, qu'ilsoit anathme. Il est donc permis Arius selon ton sentiment etd'aprs cette citation, de dire au concile de Nice : "Jen'accepterai pas votre doctrine parce que saint Paul a dfendu quiconque d'enseigner l'Eglise une doctrine autre que cellequ'il a enseigne lui-mme." Il est aussi permis Macdoniusde dire au second concile : "Je n'accepterai pas votre doctrine

    parce que saint Paul a dfendu quiconque d'enseigner l'Eglise une doctrine autre que celle qu'il a enseigne lui-mme,et que le concile antrieur a aussi dfendu de rien ajouter sadcision et d'en rien supprimer."Si cela te semble bon, hrtique, tu nous rduis facilement

    garder les livres de l'Ancien et du Nouveau (Testament), nous pourrons dire sans souci avec Arius : "Le Fils est cr", et nousdirons impunment avec Macdonius : "Le Saint-Esprit estcr", et sans crainte d'tre blms nous confesserons ladoctrine de qui nous voudrons d'entre les hrtiques, en

    judasant le Christianisme, comme nous l'avons dj dit.

    Mais c'est tout le contraire. Hrtiques, vous avez mal entendula pense des Pres ; car la sainte Eglise ressemble au fils duroi, et les Pres sont les mdecins qui le roi confia le soin delui conserver la sant et d'en loigner toute maladie et toutefaiblesse ; or les hrsies ne sont que des maladies et desfaiblesses. Le mdecin qui a t confi son corps ne commet

    pas une faute si, voyant le corps du fils de ce roi saisi par unemaladie, il chasse cette maladie par un traitement appropri. Et

    si, aprs cela, il vient dire : "Il est dfendu quiconque de

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    changer la moindre chose au traitement que j'ai prescrit", nouscomprenons que ce mdecin veut seulement dire qu'il n'est

    permis personne de soigner cette maladie par un traitementdiffrent de celui qu'il a prescrit lui-mme. Ce mdecin ne dit

    pas aux mdecins qui viendront aprs lui : "Si le (corps du) filsdu roi a dans la suite une autre maladie, il n'est pas permis de lesoigner autrement" ; sinon il mettrait l'enfant du roi en pril etil serait tratre et ennemi du roi. Ainsi chacun de ces saintsconciles a prpar un remde propre l'hrsie qui a surgi son poque, et il a fait connatre tout le monde que le remdequ'il lui prescrit est efficace et appropri la maladie de cettehrsie, et que personne ne doit la traiter ni la combattre d'uneautre manire qu'il a fait lui-mme.S'il dfendait aux mdecins spirituels qui viendront aprs lui,quand une autre hrsie se manifestera dans leur vie, de lui

    prparer un autre remde et de faire cesser la maladie, il seraittratre et ennemi du Christ. Plaise au ciel que jamais un concileruni par le Saint-Esprit ne soit ainsi !

    Vous tous les hrtiques, vous avez mal entendu la parole desPres.Satan, ennemi des hommes, se moque de vous et, vousfascinant, il vous porte blasphmer contre le Saint-Espritquand vous censurez les dcrets du concile qui sont les dcretsdu Saint-Esprit lui-mme, comme je l'ai dit. Les Aptres,lorsqu'ils ont prononc leur dcision contre l'hrsie quis'agitait leur poque, ont dclar que "C'est l'avis du Saint-Esprit et le ntre", faisant connatre tout le monde que leur avis est celui du Saint-Esprit ; par consquent, quiconque

    blasphme contre la dcision d'un concile blasphme contre leSaint-Esprit lui-mme.

    Tu disais, hrtique, du concile qui t'a condamn : Il a contredit

    le concile qui tait avant lui, si l'on veut examiner bien sa

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    dcision ; et par consquent, comme tu le prtends, il estvident qu'il n'est pas du Saint-Esprit, car l'Esprit-Saint ne secontredit pas.

    Nous te rpondrons, hrtique : Ton esprit est obtus et tu n'es pas clair par l'Esprit-Saint cause de ta mauvaise foi ; c'est pourquoi tu penses que ce concile qui t'a condamn a contreditle concile antrieur. Mais tu ne dois pas avoir une part avec ceconcile dans sa dfinition si tu comprends bien ce que le Saint-Esprit t'a ordonn par la bouche de Mose chef des prophtes ;tu dois plutt accepter la dfinition du concile sous peine demort spirituelle. Le Saint-Esprit n'a pas laiss l'assemble desAptres tomber d'aucune manire dans l'erreur, puisqu'il lui aconfi de juger les diffrends qui s'lveraient au sujet de ladoctrine, comme nous l'avons dj expliqu plusieurs fois :autrement le Saint-Esprit, qui a impos aux hommes de luiobir, serait la cause principale de l'erreur enseigne auxhommes par ce concile. Plaise au Saint-Esprit qu'il n'en soit pas

    ainsi ISi tu te permets de censurer le dcret du concile qui t'acondamn et de critiquer sa dfinition, en disant qu'il acontredit le concile antrieur, il faut permettre Arius decensurer aussi la dfinition du concile de Nice qui lecondamna en disant que sa dfinition est en contradiction avecl'vangile des Aptres ; il faut permettre encore Macdoniusde censurer la dfinition du deuxime concile qui l'a condamnen disant que sa parole est en contradiction avec la dfinitiondu premier concile. Mais je ne pense pas que tu fasses cela en

    prtendant avoir droit de discuter avec le concile qui t'acondamn.

    Puisque vous avez soumis vos objections, tous les hrtiques,ni vous et aucun autre, vous ne devez pas vous permettre de

    censuser les saints conciles ni vous opposer d'aucune manire

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    leur dfinition ; autrement le Saint-Esprit aurait inutilementordonn, par la bouche de Mose, chef des prophtes, de mettre mort celui qui n'accepte pas la dfinition du concile : sinon,chacun pourrait accuser le concile si ce concile prononcecontre lui un jugement; et il pourrait refuser d'accepter sadcision pour cette fausse accusation et se sauver de la peine dela mort spirituelle ; mais le Saint-Esprit ne laissa personnecette libert ; de plus, il pronona clairement la peine de mortcontre celui qui ne se soumettra pas la dfinition du concile,et cela pour quiconque quel qu'il soit, sans exception; il nelaisse personne un prtexte pour viter la mort en accusant ceconcile ou en agissant de toute autre manire. Sachez bien,vous tous hrtiques, que vous tombez tous sous le coup decette menace : quiconque dsobit ces saints conciles, leChrist le condamne mort, et il vous dpouille du Saint-Espritqui habitait en vos curs. Voyez donc qui doit y habiter.

    Sachez bien ceci, vous tous qui tes rebelles l'Esprit-Saint :

    celui qui, parmi vous, ne prtend pas tre savant, nous l'avonsclair sur la voie de la vrit, et il n'aura aucune excuse enrepoussant les saints conciles auxquels il sait dj qu'il est tenude se soumettre ; rien ne peut le tenir loign du royaume deDieu ou chass du festin nuptial du Christ s'il suit ces saintsconciles ; et celui qui prtend tre savant, est semblable aux

    prtres des Juifs et aux pharisiens qui ont empch les Juifsd'entendre l'enseignement du Saint-Esprit et leur ont donn lalie de leur intelligence obscure pour les enivrer, de manirequ'ils ont mconnu le Christ annonc par l'Ecriture Sainte etque, sduits par eux, ils l'ont crucifi. Ainsi vous avez trompces malheureux en les empchant d'obir au Saint-Esprit qui afait parler ces saints conciles; vous leur avez offert la salet devotre intelligence obscure et ce que vous tudiez dansl'aveuglement de vos curs ; vous les avez fait blasphmer

    contre le Saint-Esprit. Vous tes ainsi perdus et vous avez

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    perdu les autres, vous avez enchan au fond de l'enfer ceux quivous suivent; mais le diable vous enchane tous, il vous retientcomme compagnons dans le feu de l'enfer prpar pour lui et

    pour ses anges, vous y faites sa consolation et sa joie.

    Quelqu'un de vous prtendrait-il se mettre d'un ct et mettre leconcile de l'autre, et dire : "hommes, ne croyez pas ce concile,mais croyez-moi, car j'en sais plus que lui, je suis plusrecommandable que lui ?" Malheureux ! quand donc as-tumrit d'avoir cette sagesse ou plutt cet aveuglement plus quetous les hommes ? quand donc es-tu devenu le plus clairvoyantde tous les hommes dans leurs intrts ou plutt le plus grandtrompeur? Il aurait fallu que le Saint-Esprit te fit connatredepuis longtemps aux hommes, si tu es vraiment ce que tu

    penses tre, afin qu'ils fussent fixs sur ta personnalit ; ilaurait fallu qu'il te caractrist comme il avait caractris ceconcile ; il aurait fallu qu'il donnt dans la Sainte Ecriture tessignes de cognoscibilit comme il avait fait pour ce concile; il

    aurait fallu, de plus, qu'il obliget les hommes te suivrecomme il les avait obligs suivre ce concile. Mais je ne suis

    pas tonn de cela, aveugle qui ne sais ni ce que tu dis, ni ceque tu raisonnes, comme parle saint Paul; tu es si ignorant et sienvelopp par l'obscurit de l'erreur, que tu ne sens plus tontat. Je m'tonne plutt de voir ces malheureux abandonner l'obissance ces saints conciles selon l'ordre du Saint-Esprit etse laisser conduire par toi comme l'aveugle dont parle Notre-Seigneur dans l'Evangile : "Un aveugle conduit un autreaveugle et tous les deux tombent dans la mme fosse." Etcomme dit saint Paul : "Ils ont pris plusieurs faux docteurscomme vous cause de la dmangeaison de leurs oreilles." (IITim, IV, 3.)

    Mais, nous, orthodoxes et enfants de la sainte Eglise, nous

    rendons gloire et action de grces au Christ, notre Dieu, qui

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    nous a accord la bonne volont et l'obissance aux saintsconciles que le Saint-Esprit a fait parler. Nous sommes dans samaison et dans le bercail de ses troupeaux. Par sa protection,nous sommes sauvs de Satan qui, comme un loup dvorant,rde autour de nos mes pour surprendre celui qui se hasarde sortir de l'Eglise et en faire sa proie. Nous supplions notreSeigneur et notre Dieu Jsus-Christ de nous affermir pour toujours sur le roc de son Eglise sainte et de nous faire boire laliqueur de sa douce doctrine. Nous serons ainsi enivrs de sonamour qui remplit nos mes et nos curs de joie et de bonheur en nous portant lui obir par l'observation de sescommandements, pour vivre ternellement et hriter sonroyaume cleste prpar pour tout ce qui a t difi sur lefondement de saint Pierre par le Saint-Esprit. Esprit-Saint,faites-nous connatre le Christ, le Fils ternel de Dieu, qui s'estincarn de la Vierge Marie par le Saint-Esprit pour notre salut.

    A lui soit la gloire, la puissance, la majest et l'adoration, avec

    le Pre et le Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans lessicles des sicles.

    Ainsi soit-il.

    (1) C'est la lecture la plus correcte des manuscrits et la plusvraisemblable pour l'histoire de ces hrtiques contemporainsde Thodore.