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190 Jours de C HASS E HIVER 2012 Belles propriétés B elles propriétés L’expertise trimestrielle Demeure en Sologne par Marie de Greef-Madelin On a beau avoir dit aux Français que leur salut passait par les lumières de la ville, la solidité du bitume, le bruit et la fureur de la foule, ils rêvent toujours et encore de campagne, de maison, de longère, de propriété, d’un monde dont ils ont raison de croire qu’il n’est pas englouti. Comme s’ils ne voulaient pas oublier leurs racines paysannes et rurales. Mais quels biens acquérir, car l’offre ne manque pas, surtout en ces périodes incertaines, où des nombreux propriétaires sont tentés de procéder à des arbitrages dans leur patrimoine ? À quel prix, car, comme souvent pour ne pas dire comme toujours, la folie côtoie le déraisonnable… Aussi, pour vous éclairer sur ses sujets, Jours de chasse a décidé, à chaque numéro,d’expertiser, d’analyser une demeure, une propriété sous toutes ses formes, bâtie, non bâtie, sa valeur cynégétique (si elle a lieu), ses contraintes, ses failles et son histoire. En essayant de poser les bonnes questions, surtout celles qui gênent et que personne n’ose aborder. La propriété parfaite n’existe pas ; elle peut s’en approcher,c’est une question de prix et de passion. Pour cette première livraison, nous avons voulu nous arrêter sur cette région à qui la chasse doit, si bien immortalisée par Genevoix et Vialar,la Sologne. Nous avons choisi ce qu’on appelle une belle propriété, sans luxe ostentatoire, avec une histoire.

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190 Jours de CHASSE ◆ H I V E R 2 0 1 2

Belles propriétésB e l l e s p r o p r i é t é s

L’ e x p e r t i s e t r i m e s t r i e l l e

Demeure en Sologne

par Marie de Greef-Madelin

On a beau avoir ditaux Français que leursalut passait par leslumières de la ville, lasolidité du bitume, lebruit et la fureur de lafoule, ils rêvent toujourset encore de campagne,de maison,de longère,depropriété,d’un mondedont ils ont raison decroire qu’il n’est pasenglouti.Comme s’ils nevoulaient pas oublierleurs racines paysannes

et rurales.Mais quelsbiens acquérir,carl’offre ne manque pas,surtout en ces périodesincertaines,où desnombreux propriétairessont tentés de procéderà des arbitrages dansleur patrimoine ?À quel prix,car,commesouvent pour ne pasdire comme toujours,la folie côtoie ledéraisonnable…Aussi,pour vous éclairer

sur ses sujets, Jours dechasse a décidé,à chaquenuméro,d’expertiser,d’analyser une demeure,une propriété sous toutesses formes,bâtie,nonbâtie, sa valeurcynégétique (si elle alieu), ses contraintes, sesfailles et son histoire.Enessayant de poser lesbonnes questions, surtoutcelles qui gênent et quepersonne n’ose aborder.La propriété parfaite

n’existe pas ; elle peuts’en approcher,c’est unequestion de prix et depassion.Pour cettepremière livraison,nousavons voulu nous arrêtersur cette région à qui lachasse doit, si bienimmortalisée parGenevoix et Vialar, laSologne.Nous avonschoisi ce qu’on appelleune belle propriété, sansluxe ostentatoire,avecune histoire.

léonIII fit drainer les terres,et disparaître la plupart desmarécages. La Sologne putalorsémerger.Leprince-pré-sident fit bâtir la ville de La-motte-Beuvron où arrivebientôt le chemin de fer. Degrandes familles parisienness’installent dans la région audébut du XXe siècle.Depuis,on parle des Solognots rési-

dant à l’année et des Solo-gnots“du week-end”,qui re-présentent la moitié de la po-pulation locale (dont 15 %de Parisiens).

ÉricB.estl’héritierdel’unedecesgrandes familles.Dansles années 1920, son grand-père achète une propriété,si-tuée à seulement un quartd’heure de Lamotte-Beu-

vron,actuellementàmoinsdedeux heures de Paris par au-toroute. À l’époque, le do-maine s’étend sur 1 000 hec-tares et comprend troisfermes agricoles. Aujour-d’hui,après les partages réa-lisésàladeuxièmegénération,ilcompte320hectares,unsu-perbe étang de 6 hectares etde nombreux bâtis. >>

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◆À cheval sur trois dépar-tements, le Loir-et-Cher, leLoiret et le Cher, la Sologneest le pays des 3 200 étangsetdesmillepropriétésprivéesde plus de 200 hectares : lerêvedetantdechasseurs !Ce-pendant,iln’enapastoujoursété ainsi.Lieu de marécages,la Sologne était considéréecomme insalubre jusqu’à lafin du XIXe siècle.Contami-nés par la malaria, les Solo-gnots étaient alors appelésles ventres jaunes. Napo-

LA PROPRIÉTÉ QUI NOUS

EST PRÉSENTÉE POUR

CETTE PREMIÈRE

EXPERTISE PAR LE RÉSEAU

PATRICE BESSE SE TROUVE

À PROXIMITÉ DE

LAMOTTE-BEUVRON

(LOIR-ET-CHER), À MOINS

DE DEUX HEURES DE

PARIS. SES BÂTIS, SON

PARC PARFAITEMENT

ENTRETENU ET SON

DOMAINE DE CHASSE,AVEC SES BELLES ALLÉES

CAVALIÈRES, EN FONT UN

TRÈS BEL ET SÉDUISANT

ENSEMBLE.

192 Jours de CHASSE ◆ H I V E R 2 0 1 2

Les bâtis◆ Visible depuis une petiteroute départementale, unemaison de gardien se situe àl’entrée de la propriété.Dansle parc, se succèdent ensuitepas moins de sept dépen-dances, dont un pavillon dechasse,unancienchenil,d’an-ciennes écuries… « Àl’époque,onn’étaitpasàunedé-pendance près ! », s’amuse lepropriétaire.Il est bien diffi-cile de ne pas tomber sous lecharme de l’une d’elles :c’estcette ancienne métairie, àpans de bois et dont la toi-ture est recouverte de tuilestraditionnelles, qui pourraservir de salle de découpe dugibierou,pourquiveutl’amé-nager,de maison d’amis.

Au bout de l’allée, appa-raît la maison de maître,danslepluspurstyledelaSologne.Construite en 1895, après larévolutionEiffel,labâtisseestà ossature métallique, enbrique traditionnelle de So-logne,avecunminutieuxtra-vail de parement extérieur.Légèrement surélevée, elleprésente un atout rare danscette région humide aux solsargileux : une cave semi-en-terréesur toute la surfaceha-

bitable, qui permet de limi-ter l’humidité.

« C’est une maison conçue àla fois dans un esprit bourgeoiset masculin », commente lepropriétairedeslieux.Àtaillehumaine (six chambres), lamaisonoffreunpeumoinsde500mètrescarréshabitables.On y entre par une lourdeporte d’entrée vitrée, orne-mentéedeferforgé.Ilyrègneaussitôt un esprit d’authen-ticité :murs lambrissés à mi-hauteur, plafonds à poutrai-son apparente. Au sol, uncarrelage à motifs géomé-triques rouge, blanc et noir,typique du XIXe siècle.

Danslegrandsalon,aucunedécoration contemporainemais un art de vivre confor-table. La pièce, lumineuseavecsesnombreusesbaiesvi-trées,s’ouvresuruneterrassecarrelée donnant sur le parcarboré,avec ses essences par-fois séculaires,son petit pontet sarivière.Untableauchar-mant.Égalementouvertesurle parc,la salle à manger,avecsabellecheminéeetsalonguetablerectangulaire,estunap-pel à faire d’élégantes bom-bances d’après chasse.

Enbongestionnaire,ÉricB.fait réaliser chaque saison destravauxparlesartisanslocaux.Il y a une dizaine d’années, ila fait installer une chambreau rez-de-chaussée, avec sadouche, pour améliorer leconfort.Aupremierétage,cinqgrandes chambres la plupartavec cheminée ont chacuneleur salle d’eau.Là encore,duconfort sans rien d’ostenta-toire. Les lustres datent vrai-semblablement d’un demi-siècle.Enl’absencedeplacardsdans les chambres,une piècea été reconvertie en dressing.

Desservi par un escalier deservice, le second étage res-semble à une caverne d’Ali

Baba…:unedizainedepièces,nonchauffées,nonaménagéesmais qui pourraient ravir unefamille nombreuse.De vieuxlits d’enfants, des souvenirsd’outre-mer… ont été entre-posés.Par la fenêtre,on aper-çoit,lesalléescavalièresdudo-maine de chasse.On imaginede superbes lignes de tir…

UNE CULTURE

DE MAÏS (ENTOURÉS

DE CLÔTURES

ÉLECTRIQUES POUR

CALMER LA VORACITÉ

DES SANGLIERS).LA PROPRIÉTÉ

COMPTE 120HECTARES DE TERRES

AGRICOLES,LIBRES DE DROIT.CI- DESSUS, L’ÉTANG

DE 6 HECTARES ET,À GAUCHE,UNE JOLIE PETITE

DÉPENDANCE.

Belles propriétésB e l l e s p r o p r i é t é s

193Jours de CHASSE ◆ H I V E R 2 0 1 2

Les bois◆ De l’autre côté de la petiteroutedépartementale,s’étendle domaine de chasse :195 hectares de bois et120 hectares de terres agri-coles.«L’équilibreentrelesterresagricoles, la forêt et l’eau faitla valeur de ce territoire dechasse»,constateDavidMer-cier,spécialistedelaSologne,collaborateur du réseau Pa-trice Besse. Le domaine estmalheureusement coupé parun chemin communal. Unhandicap, certes, mais, heu-reusement,ce chemin ne faitpas partie d’un circuit tou-ristique ou de randonnée.Pour cette raison,le domainen’est pas engrillagé, commetantdepropriétésenSologne.« C’est aussi un choix, assureÉric B., car chasser dans unepropriété grillagée,c’est commenaviguer sur un étang.On perdla sensation de liberté.»

grand-père, seront bientôtmûrs pour être coupés.Pourvaloriser les 195 hectares debois, le réseau Patrice Besse,en plus du PSG, s’en remetàunexpertentransactionsfo-restières.Pas question de dé-passerles8000eurosdel’hec-taredèslorsquelesboisn’ontpas de rentabilité écono-mique.On est donc bien loindes 10 000 euros l’hectare,pourtant largement média-tisé :cela peut arriver quand,par exemple,un propriétaireveut acquérir une parcellevoisine de sa chasse,presqueà tout prix,mais cela ne cor-respond pas à la réalité dumarché.

Les terres agricoles◆ La terre de Sologne, argi-leuse, est par nature difficileà exploiter. Quand il pleut,l’eau reste en surface ;quandlaterresèche,elledevientdure

De part et d’autre, des al-lées cavalières, derrière desfossés permettant l’écoule-ment des eaux,puis des châ-taigniers, des bouleaux, dutaillis… et quelques chênes.Peudeboisnobles.Icicommepartout en Sologne, les peu-plements ne permettent pasd’exploiter les bois pour enoffrir une bonne rentabilitééconomique.«AuXIXe siècle,le sol était recouvert de landes,typiques de la région,sortes detapis de bruyère, et les boisétaient quasi exclusivement destaillis.Mongrand-pèreaplantédes chênes puis des sapins et j’aipoursuivi sontravail», raconteÉric B. Selon le plan simplede gestion (PSG, obligatoireàpartirde25hectaresdeboisd’un seul tenant) qui dressel’inventaire du stock de boissur pied et les engagementsde travaux sur dix ans, cer-tains chênes,plantés par son

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DAVID

MERCIER,SPÉCIALISTE

DE LA SOLOGNE

AU SEIN

DU RÉSEAU

PATRICE BESSE.IL ESTIME

QU'UN ÉTANG

PEUT ÊTRE

ESTIMÉ

15 000 EUROS

L'HECTARE.

bibisourio
Texte surligné
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Texte surligné
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Texte surligné

194 Jours de CHASSE ◆ H I V E R 2 0 1 2

comme du béton, difficile àcultiver. Seules les terres oùlacouched’humusestépaissepermettentquelquesculturesen plaine.Il y a quelques an-nées,lepropriétairearécupérédes terres agricoles, jusque-là sous gestion,et les exploiteparlemoyendecontratsd’en-treprise.Ici,unegrandeplaineenluzerne.Là,uneautreenja-chère (conformément à la ré-glementation de la pac). Aucentre, une parcelle, entou-

rée de clôtures électriques,où pousse du maïs.«Nousen-levons les clôtures à la fin sep-tembre,lorsque le maïs est mûrcar la plaine devient alors unvéritable réservoir à sangliers »,raconteÉricB.Auxalentours,des miradors d’affût se dres-sent (autotal,ils sontunecin-quantaine sur la propriété).

L’étang◆Audétourd’uneallée,voicil’étang. Une vue à couper lesouffle sur 6 hectares. Des

canardsglissentsurl’eau.«Ilssont sauvages, on leur donnejuste un peu de mais », précisele propriétaire, qui organiseune seule chasse aux canardspar saison.D’ailleurs cette tranquillitépermetàdenombreuxautrescanards, dérangés par leschasses voisines, d’y fairehalte.L’été,lemaîtredeslieuxy pêche des gardons, bro-chets, perches… L’étang se-rait naturel,alimenté par unesource.La chaussée du plan d’eau aété refaite il y a une quin-zaine d’années. Ici, aucunenuisance, ni visuelle, ni so-nore. Une chance quand onsait que l’autoroute A71 acoupé en deux la Sologne.« Il n’y a pas de nuisance nonplus de fleurs de Jussie,ces fleursjaunes découvertes en 1996 quiasphyxient les étangs », pour-suit Éric B.

À proximité de l’étang, denombreuses souilles témoi-gnent de la présence touteproche de sangliers. « Sanseau,point de gibier.Pendant lacanicule de 2003, la Sologneétaituneforêtdepinsgrillés.Ici,nous n’avons jamais manquéd’eau, signe de qualité de lanappe phréatique », déclareÉric B.

Le plan de chasse◆Cinqchassesauxgrandsani-maux sont organisées dansl’année, entre octobre et fé-vrier.Pour la saison en cours,le plan de chasse a attribué12braceletsdechevreuils,4decerfs.Quant aux sangliers, ilssontnombreuxàtelleenseignequ’aucoursdestroisdernièresannées, une cinquantaine debêtes noires ont été tirées parsaison. Un regret : à part descanards, il n’y a pas de petitgibier. Sur un territoirecomme celui-ci, leur organi-sation serait aux yeux du pro-priétaire,« trop coûteuse et dif-ficile».Ilfaudraitacheteret-ouélever le gibier et disposer depersonnel. Un brin nostal-gique, Éric B. raconte qu’ausiècledernier,sapropriétéétaitpeuplée de faisans, de per-dreaux,de lièvres,de lapins…Mais comme partout en So-logne,ce gibier naturel a dis-paru.Rien n’empêche un ac-quéreur de se lancer par lesystème des boîtes de prélâ-cherenété,pouravoirdes fai-sans à l’automne. ◆

Pour tous renseignements :David Mercier, responsable exclusif

Sologne, réseau Patrice Besse.Tél. :06.63.48.76.75.

Email :[email protected]

Belles propriétésB e l l e s p r o p r i é t é s

Maison de gardien,ferme agricole,fermette, hangar,chenil…: entre30000 et 80000 selonles bâtis.

LES ATOUTSBon équilibre entre lesbois, les terres agricoleset les plans d’eau.Chaussée de l’étangrefaite il y a 15 ans

Maison de maître àtaille humaine, saine,sans humidité,disposant d’une cavesur toute la surface dela maison.Couple de gardienssur place, logé àl’année dans unedépendance et chargéde l’entretien de lapropriété.Nombreuses

dépendances dans leparc (huit au total),chacune avec beaucoupde charmeBâtis très bienentretenus : toitures dequatre dépendancesrefaites en 2011 et en2005.Belle chasse de grandsanimaux (aussi bienpour l’approche quepour la battue)

LES INCONVÉNIENTSPropriété traversée par unchemin communal de1750mètres.Toiture de la maison demaître à restaurer d’ici à 5ans (le coût serait d’environ120000 euros).Système d’assainissementdes eaux à mettre auxnouvelles normes Grenelle 2.Pas de chasse de petitgibier

DANS LE PARC DU CHÂTEAU SE TROUVENT SEPT DÉPENDANCES, DONT

UN PAVILLON DE CHASSE, UN ANCIEN CHENIL, D’ANCIENNES ÉCURIES.

195 hectares de bois :entre 6000 et 8000 eurosl’hectare.120 hectares de terresagricoles libres :entre 4000 et 5000 eurosl’hectare.6 hectares d’étang :15000 euros l’hectare.Maison de maître de350 mètres carréshabitables : entre700000 et 900000 euros.

À la loupe

bibisourio
Texte surligné