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15. L’Acropole L’acropole était la partie la mieux protégée de la ville avec une enceinte particulière sup- posée être le dernier refuge des habitants en cas d’une attaque d’ennemis. Déjà fortifiée au Ve s. avant J.-C., l’acropole n’a jamais perdu sa fonction défensive tout au long de l’histoire. Jules César l’appelle par son nom latin « arx ». L’unique accès se trouve vers le sud, aménagé en forme des propylées, un large passage d’apparence monumentale. L’établissement sur ses hauteurs d’un centre militaire contemporain (aujourd’hui désaffecté) a sérieusement endommagé les couches archéologiques. 16. Le Téménos La plus haute colline d’Apollonia, connue par la côte 104, constituait le centre du temenos, la partie sacrée de la ville où furent établis, juste après la fondation de la ville, les principaux temples. Le côté sud de la colline a été entouré d’un mur de soutènement décoratif qui limitait la surface sacrée. La porte d’entrée très bien préservée présente une fausse arche aigüe, typique de l’architecture apollonienne. Les blocs du mur présentent les symboles et qui forment un monogramme dont la signification serait Δαμόσιου ou Δαμος Άπολλωνιατãν, qui in- dique une fabrication des ateliers publics de la ville. 17. La Colline 104 Le plus haut sommet d’Apollonia, baptisé par Léon Rey selon une ter- minologie militaire « la côte 104 » ou encore « la Colline des Oliviers » comme la mentionnent les publica- tions locales, abritait le Temenos. Les récentes fouilles de l’Office du Parc Archéologique ont mis à jour les fondations d’un imposant temple de l’ordre dorique reposant sous le bar-restaurant Léon Rey. Nous vous invitons à visiter l’exposition photographique permanente consacrée aux activités de la mission archéologique française à Apollonia (1923-1938). 18. L’Obélisque Devant la porte monumentale du Téménos, sur la droite, sur une base cy- lindrique se dresse l‘Obélisque, symbole d’Apollon Agyieus. La représentation de l’obélisque en tant que symbole de la ville est fréquemment rencontrée sur les frap- pes monétaires de la ville. Les monnaies d’Apollonia ont connu une large diffusion dans tout le bassin méditerranéen. De nos jours, elles font fréquemment l’objet de trouvailles. 19. Le Théâtre Après avoir laissé derrière vous le Monastère médiéval, vous vous engagez dans un parcours touris- tique d’environ 300 mètres spécial- ement aménagé et descendant la colline vers le nord-ouest, pour arriver sur l’emplacement du théâ- tre antique de la ville. Ce monu- ment qui épouse parfaitement le relief de la colline n’est que partiellement dégagé. Néanmoins, l’orchestre et le proscenium sont bien visibles. Durant l’Antiquité tardive, le théâtre fut abandonné et au Moyen Âge les blocs et ses gradins furent massivement réutilisés pour la construction du Monastère et de l’Eglise de Sainte-Marie. 20. Le Nymphée Si vous continuez à suivre le parcours menant du théâtre en direction du nord dans un terrain par endroits un peu accidenté, au bout de 20 minutes de marche vous arriverez devant le nymphée. C’est le monument le plus grand et le mieux conservé de la ville. Il s’étend sur une superficie de 1500 m2 sur la pente nord-ouest de la colline avec une inclinaison de 35 . Sur sa partie supérieure, un ré- seau de canaux recueillait les eaux des sources naturelles pour les conduire par cinq canalisations en escalier vers une citerne cen- trale. Celle-ci avait la forme d’un édifice monumental aménagé en bassin quadrangulaire. La construction du nymphée peut être datée vers le milieu du IIIe s. avant J.-C., or, un siècle plus tard un glissement massif du terrain a provoqué la destruction du monu- ment dont le bassin et une partie des canaux ont été ensevelis par 7 mètres de terre. Le nymphée a été intercepté fortuitement en 1962 lors de travaux militaires, puis systématiquement dégagé par H. Ceka durant sept campagnes de fouilles successives. 21. La Maison d’Athéna Un ensemble de ruines encer- clées par un grillage en fer c’est tout ce qui reste aujourd’hui d’une villa autrefois grandiose d’une superficie de 3500 m2 qui occu- pait la moitié d’une insula. Elle est connue également par le nom conventionnel de « maison d’Athéna », en raison de la découverte à l’intérieur d’une belle sculpture de la déesse. La cour était entourée d’un péristyle dont sont conservées les galeries du nord et de l’est revêtues de mosaïques aux figures géométriques. Sur le côté est se trouvait la chambre dite d’Achille, du fait que la mosaïque de son plancher représente le duel du héros mythologique avec la reine des Am- azones, Penthésilée (voir le billet d’entrée au Parc). Le bâtiment fut construit au IIe s. après J.-C. et abandonné au début du IIIe siècle. 22. Le Bâtiment avec impluvium Entre le gymnase et le monastère, non loin de l’actuelle maison des fouilles, se trouve un bâtiment dont le centre représentait une cour à péri- style quadrangulaire en dalles de pierres qui délimitaient un impluvium octogonal. L’équipe albano-soviétique qui mena les premières fouilles a mis au jour une statue de marbre d’un phi- losophe grec ainsi que le torse en marbre, sans tête, de l’Athéna Promachos. Cependant la trouvaille la plus spectaculaire a eu lieu en 2010 quand l’expédition franco-albanaise a mis au jour des bustes de marbre (homme et femme) d’une qualité remar- quable et très bien préservés. 23. Le Gymnase Le monument ainsi défini par le fouilleur, l’archéologue italien Sestrieri, suite à la découverte des tuiles portant l’empreinte gymnasiou se trouve au sud- ouest du monastère, à côté de la rue principale qui liait la porte sud au centre de la ville. Le bâti- ment a été construit vers le VIe s. avant J.-C., mais il a fonctionné avec quelques réaménage- ments jusqu’au IIIe s. après J.-C. 24.Le Temple de Shtyllas La seule colonne dorique visible sur le sommet de la première colline au sud d’Apollonia est tout ce qui reste d’un temple dont la position et l’altitude en faisaient un sanctuaire topographique- ment lié à la mer qu’il dominait. Peu éloigné de la ville il apparte- nait à la catégorie des sanctuaires monumentaux péri-urbains. Le temple fut construit vers 480 avant J.-C., mais il n’est pas clair à quelle divinité il fut consacré. Le Parc Archéologique d’Apollonia (Apollonie d’Illyrie) est situé près de l’actuel village de Pojani à 12 km de Fieri, sur deux collines qui contrôlaient jadis le cours inférieur du fleuve Aôos, avant son embouchure dans la mer Adriatique. Apollonia est une citée grecque fondée en terre illyrienne aux alentours de 620 av J.-C. Première cité antique à porter le nom du dieu Apollon, elle abritait jadis 60 000 habitants environ et était aussi un important centre culturel où le jeune Octave vint se former en 45 av. J.-C. avant de devenir Auguste. La ville connut un renou- veau extraordinaire au IIe siècle après J.-C. C’est l’époque de la construction d’un nouveau centre monumental, dégagé entre les deux-guerres par l’archéologue français Léon Rey et compo- sé de l’odéon, la salle du conseil et l’arc de triomphe. C’est aussi l’époque de l’édification des grandes villas sur le versant ouest de la ville, dont beaucoup restent encore à dégager. Toute une ar- chitecture, une sculpture apolloniate se met en place, qui a laissé un ensemble de monuments exceptionnels, comme le portique aux dix-sept niches, le grand nymphée ou la descente aux enfers conservée aujourd’hui sous le portique du monastère Sainte-Marie. Apollonia est aujourd’hui le plus grand parc archéologique d’Albanie. Le site bénéficie de conditions naturelles privilégiées grâce à une vue imprenable sur les Monts Acrocérauniens et l’île de Sazan et à son environnement bien préservé. Le coucher de soleil sur la mer vu d’Apollonia offre un spectacle merveilleux, dans le silence du soir troublé seulement par les clochettes des moutons. Le monastère Sainte-Marie, qui enserre au centre de sa cour une belle église byzantine de couleur rouge, éclatante sur l’azur du ciel, s’harmonise parfaitement avec les monuments parsemés parmi les oliviers centenaires. Ce lieu rappelle encore l’atmosphère grave et sérieuse de cette cité aristocratique si appréciée des Romains. Découvrez le plus grand parc archéologique d’Albanie Musée et monastère Le monastère médiéval a été construit pour la plupart avec des matériaux récupérés dans les anciens monuments de la ville, tout comme l’Église de la Vierge Marie qui remonte au XII siècle. C’est ici que se trouve depuis 1985 le musée archéologique, où vous pouvez visiter un riche éventail de matériel provenant des fouilles de diffé- rentes périodes à l’Apollonie d’Illyrie. Hommage à Léon Rey – L’archéologue qui a redécouvert Apollonia Entre 1923 et 1938 à la tête d’une mission ar- chéologique française Léon Rey a réalisé une œuvre considérable sur le site d’Apollonia où il a laissé le souvenir d’un savant intègre et compétent, respectueux de la souveraineté et du patrimoine de l’Albanie. Il a toujours remis aux autorités locales les objets provenant de ses fouilles et en a assuré la publication dans la revue Albania. C’est l’action personnelle de Léon Rey qui a ouvert la voie à la recherche archéologique en Albanie tout en étant le fondateur de la coopération entre la France et l’Albanie dans ce domaine. « Léon Rey doit demeurer, pour les nouvelles générations des archéologues, albanais, français et d’autres nationalités, un modèle de rigueur intellectuelle, de qualité scientifique, d’honnêteté et d’humanité envers tous ceux qui collaboraient à ces travaux… Puissions nous tous nous montrer dignes de poursuivre cette grande tâche, avec les mêmes qualités et la même ténacité ». Pierre CABANES, Premier Directeur de la Mission archéologique et épigraphique française en Albanie Les enjeux La richesse du site d’Apollonia justifie en effet l’ouverture de nouveaux chantiers. On ne connaît bien de la ville que le centre monumental fouillé par Léon Rey, une partie de l’habitat hellénis- tique et romain de la pente occidentale et quelques grands bâ- timents comme le nymphée qui n’est pas entièrement dégagé, le théâtre dont l’étude serait à reprendre avec un très gros travail de restauration et les remparts. Ainsi, la ville d’époque archaïque et classique est presque totalement inconnue et beaucoup de questions restent sans réponse Au-delà des enjeux scientifiques, il faut souligner l’importance des enjeux culturels et diplomatiques. En confiant la gestion du site pres- tigieux d’Apollonia à la mission française, les autorités albanaises, reconnaissaient ainsi la tradition de la présence de la France inau- gurée par Léon Rey. L’effort financier important fourni par l’État al- banais, dans une situation économique pourtant très difficile, pour la construction de la nouvelle maison de fouilles, témoigne aussi de son intérêt pour cette mission, tout comme le montre la haute dis- tinction (médaille Frashëri) décernée en 1996 à Pierre Cabanes et, à titre posthume, à Léon Rey. La mission française constitue donc un partenaire privilégié et les relations d’estime et d’amitié entre collègues français et albanais sont aussi importantes que les enjeux scientifiques. Il faut aussi souligner que la mission française n’est pas simplement concessionnaire des fouilles; elle engage une vérita- ble collaboration entre chercheurs français et albanais qui sont amenés à fouiller et à publier ensemble. L’enjeu a également une dimension économique. En effet les nombreux sites archéologiques d’Albanie représentent un véritable potentiel touristique, à condition qu’ils soient mis en valeur. Apol- lonia, par sa situation privilégiée, son étendue et l’importance de ces monuments constitue, avec l’ancien Bouthrôtos (Butrint), l’un des sites majeurs. Il est donc important de travailler à la valorisation du site, avec un effort tout particulier à porter aux programmes de restauration. La création en 2006 par l’État albanais du parc na- tional archéologique d’Apollonia, dirigé par Marin Haxhimihali, est un événement très important pour l’avenir.

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Page 1: Découvrez le plus grand 22. Le Bâtiment avec impluvium ... · considérable sur le site d’Apollonia où il a laissé le souvenir d’un savant intègre et compétent, respectueux

15. L’Acropole L’acropole était la partie la

mieux protégée de la ville avec une enceinte particulière sup-posée être le dernier refuge des habitants en cas d’une attaque d’ennemis. Déjà fortifiée au Ve s. avant J.-C., l’acropole n’a jamais perdu sa fonction défensive tout au long de l’histoire. Jules César l’appelle par son nom latin « arx ». L’unique accès se trouve vers le sud, aménagé en forme des propylées, un large passage d’apparence monumentale. L’établissement sur ses hauteurs d’un centre militaire contemporain (aujourd’hui désaffecté) a sérieusement endommagé les couches archéologiques.

16. Le Téménos La plus haute colline d’Apollonia,

connue par la côte 104, constituait le centre du temenos, la partie sacrée de la ville où furent établis, juste après la fondation de la ville, les principaux temples. Le côté sud de la colline a été entouré d’un mur de soutènement décoratif qui limitait la surface sacrée. La porte d’entrée très bien préservée présente une fausse arche aigüe, typique de l’architecture apollonienne. Les blocs du mur présentent les symboles Α et Δ qui forment un monogramme dont la signification serait Δαμόσιου ou Δαμος Άπολλωνιατãν, qui in-dique une fabrication des ateliers publics de la ville.

17. La Colline 104Le plus haut sommet d’Apollonia,

baptisé par Léon Rey selon une ter-minologie militaire « la côte 104 » ou encore « la Colline des Oliviers » comme la mentionnent les publica-tions locales, abritait le Temenos. Les récentes fouilles de l’Office du Parc Archéologique ont mis à jour les fondations d’un imposant temple de l’ordre dorique reposant sous le bar-restaurant Léon Rey. Nous vous invitons à visiter l’exposition photographique permanente consacrée aux activités de la mission archéologique française à Apollonia (1923-1938).

18. L’ObélisqueDevant la porte monumentale du

Téménos, sur la droite, sur une base cy-lindrique se dresse l‘Obélisque, symbole d’Apollon Agyieus. La représentation de l’obélisque en tant que symbole de la ville est fréquemment rencontrée sur les frap-

pes monétaires de la ville. Les monnaies d’Apollonia ont connu une large diffusion dans tout le bassin méditerranéen. De nos jours, elles font fréquemment l’objet de trouvailles.

19. Le ThéâtreAprès avoir laissé derrière vous

le Monastère médiéval, vous vous engagez dans un parcours touris-tique d’environ 300 mètres spécial-ement aménagé et descendant la colline vers le nord-ouest, pour arriver sur l’emplacement du théâ-tre antique de la ville. Ce monu-ment qui épouse parfaitement le relief de la colline n’est que partiellement dégagé. Néanmoins, l’orchestre et le proscenium sont bien visibles. Durant l’Antiquité tardive, le théâtre fut abandonné et au Moyen Âge les blocs et ses gradins furent massivement réutilisés pour la construction du Monastère et de l’Eglise de Sainte-Marie.

20. Le NymphéeSi vous continuez à suivre le

parcours menant du théâtre en direction du nord dans un terrain par endroits un peu accidenté, au bout de 20 minutes de marche vous arriverez devant le nymphée. C’est le monument le plus grand et le mieux conservé de la ville. Il s’étend sur une superficie de 1500 m2 sur la pente nord-ouest de la colline avec une inclinaison de 35°. Sur sa partie supérieure, un ré-seau de canaux recueillait les eaux des sources naturelles pour les conduire par cinq canalisations en escalier vers une citerne cen-trale. Celle-ci avait la forme d’un édifice monumental aménagé en bassin quadrangulaire. La construction du nymphée peut être datée vers le milieu du IIIe s. avant J.-C., or, un siècle plus tard un glissement massif du terrain a provoqué la destruction du monu-ment dont le bassin et une partie des canaux ont été ensevelis par 7 mètres de terre. Le nymphée a été intercepté fortuitement en 1962 lors de travaux militaires, puis systématiquement dégagé par H. Ceka durant sept campagnes de fouilles successives.

21. La Maison d’AthénaUn ensemble de ruines encer-

clées par un grillage en fer c’est tout ce qui reste aujourd’hui d’une villa autrefois grandiose d’une superficie de 3500 m2 qui occu-pait la moitié d’une insula. Elle

est connue également par le nom conventionnel de « maison d’Athéna », en raison de la découverte à l’intérieur d’une belle sculpture de la déesse. La cour était entourée d’un péristyle dont sont conservées les galeries du nord et de l’est revêtues de mosaïques aux figures géométriques. Sur le côté est se trouvait la chambre dite d’Achille, du fait que la mosaïque de son plancher représente le duel du héros mythologique avec la reine des Am-azones, Penthésilée (voir le billet d’entrée au Parc). Le bâtiment fut construit au IIe s. après J.-C. et abandonné au début du IIIe siècle.

22. Le Bâtiment avec impluvium Entre le gymnase et le

monastère, non loin de l’actuelle maison des fouilles, se trouve un bâtiment dont le centre représentait une cour à péri-style quadrangulaire en dalles de pierres qui délimitaient un impluvium octogonal. L’équipe albano-soviétique qui mena les premières fouilles a mis au jour une statue de marbre d’un phi-losophe grec ainsi que le torse en marbre, sans tête, de l’Athéna Promachos. Cependant la trouvaille la plus spectaculaire a eu lieu en 2010 quand l’expédition franco-albanaise a mis au jour des bustes de marbre (homme et femme) d’une qualité remar-quable et très bien préservés.

23. Le Gymnase Le monument ainsi défini par

le fouilleur, l’archéologue italien Sestrieri, suite à la découverte des tuiles portant l’empreinte gymnasiou se trouve au sud-ouest du monastère, à côté de la rue principale qui liait la porte sud au centre de la ville. Le bâti-ment a été construit vers le VIe s. avant J.-C., mais il a fonctionné avec quelques réaménage-ments jusqu’au IIIe s. après J.-C.

24.Le Temple de ShtyllasLa seule colonne dorique visible sur le sommet de la première

colline au sud d’Apollonia est tout ce qui reste d’un temple dont la position et l’altitude en faisaient un sanctuaire topographique-ment lié à la mer qu’il dominait. Peu éloigné de la ville il apparte-nait à la catégorie des sanctuaires monumentaux péri-urbains. Le temple fut construit vers 480 avant J.-C., mais il n’est pas clair à quelle divinité il fut consacré.

Le Parc Archéologique d’Apollonia (Apollonie d’Illyrie) est situé près de l’actuel village de Pojani à 12 km de Fieri, sur deux collines qui contrôlaient jadis le cours inférieur du fleuve Aôos, avant son embouchure dans la mer Adriatique.

Apollonia est une citée grecque fondée en terre illyrienne aux alentours de 620 av J.-C. Première cité antique à porter le nom du dieu Apollon, elle abritait jadis 60 000 habitants environ et était aussi un important centre culturel où le jeune Octave vint se former en 45 av. J.-C. avant de devenir Auguste. La ville connut un renou-veau extraordinaire au IIe siècle après J.-C. C’est l’époque de la construction d’un nouveau centre monumental, dégagé entre les deux-guerres par l’archéologue français Léon Rey et compo-sé de l’odéon, la salle du conseil et l’arc de triomphe. C’est aussi l’époque de l’édification des grandes villas sur le versant ouest de la ville, dont beaucoup restent encore à dégager. Toute une ar-chitecture, une sculpture apolloniate se met en place, qui a laissé un ensemble de monuments exceptionnels, comme le portique aux dix-sept niches, le grand nymphée ou la descente aux enfers conservée aujourd’hui sous le portique du monastère Sainte-Marie.

Apollonia est aujourd’hui le plus grand parc archéologique d’Albanie. Le site bénéficie de conditions naturelles privilégiées grâce à une vue imprenable sur les Monts Acrocérauniens et l’île de Sazan et à son environnement bien préservé. Le coucher de soleil sur la mer vu d’Apollonia offre un spectacle merveilleux, dans le silence du soir troublé seulement par les clochettes des moutons. Le monastère Sainte-Marie, qui enserre au centre de sa cour une belle église byzantine de couleur rouge, éclatante sur l’azur du ciel, s’harmonise parfaitement avec les monuments parsemés parmi les oliviers centenaires. Ce lieu rappelle encore l’atmosphère grave et sérieuse de cette cité aristocratique si appréciée des Romains.

Découvrez le plus grandparc archéologique d’Albanie

Musée et monastèreLe monastère médiéval a été construit pour la plupart avec des matériaux récupérés dans les anciens monuments de la ville, tout comme l’Église de la Vierge Marie qui remonte au XII siècle. C’est ici que se trouve depuis 1985 le musée archéologique, où vous pouvez visiter un riche éventail de matériel provenant des fouilles de diffé-rentes périodes à l’Apollonie d’Illyrie.

Hommage à Léon Rey –

L’archéologue qui a redécouvert Apollonia

Entre 1923 et 1938 à la tête d’une mission ar-chéologique française Léon Rey a réalisé une œuvre considérable sur le site d’Apollonia où il a laissé le souvenir d’un savant intègre et compétent, respectueux de la souveraineté et du patrimoine de l’Albanie. Il a toujours remis aux autorités locales les objets provenant de ses fouilles et en a assuré la publication dans la revue Albania. C’est l’action personnelle de Léon Rey qui a ouvert la voie à la recherche archéologique en Albanie tout en étant le fondateur de la coopération entre la France et l’Albanie dans ce domaine. « Léon Rey doit demeurer, pour les nouvelles générations des archéologues, albanais, français et d’autres nationalités, un modèle de rigueur intellectuelle, de qualité scientifique, d’honnêteté et d’humanité envers tous ceux qui collaboraient à ces travaux… Puissions nous tous nous montrer dignes de poursuivre cette grande tâche, avec les mêmes qualités et la même ténacité ».

Pierre CABANES,Premier Directeur de la Mission archéologique et

épigraphique française en Albanie

Les enjeux La richesse du site d’Apollonia justifie en effet l’ouverture de

nouveaux chantiers. On ne connaît bien de la ville que le centre monumental fouillé par Léon Rey, une partie de l’habitat hellénis-tique et romain de la pente occidentale et quelques grands bâ-timents comme le nymphée qui n’est pas entièrement dégagé, le théâtre dont l’étude serait à reprendre avec un très gros travail de restauration et les remparts. Ainsi, la ville d’époque archaïque et classique est presque totalement inconnue et beaucoup de questions restent sans réponse

Au-delà des enjeux scientifiques, il faut souligner l’importance des enjeux culturels et diplomatiques. En confiant la gestion du site pres-tigieux d’Apollonia à la mission française, les autorités albanaises, reconnaissaient ainsi la tradition de la présence de la France inau-gurée par Léon Rey. L’effort financier important fourni par l’État al-banais, dans une situation économique pourtant très difficile, pour la construction de la nouvelle maison de fouilles, témoigne aussi de son intérêt pour cette mission, tout comme le montre la haute dis-tinction (médaille Frashëri) décernée en 1996 à Pierre Cabanes et, à titre posthume, à Léon Rey. La mission française constitue donc un partenaire privilégié et les relations d’estime et d’amitié entre collègues français et albanais sont aussi importantes que les enjeux scientifiques. Il faut aussi souligner que la mission française n’est pas simplement concessionnaire des fouilles; elle engage une vérita-ble collaboration entre chercheurs français et albanais qui sont amenés à fouiller et à publier ensemble.

L’enjeu a également une dimension économique. En effet les nombreux sites archéologiques d’Albanie représentent un véritable potentiel touristique, à condition qu’ils soient mis en valeur. Apol-lonia, par sa situation privilégiée, son étendue et l’importance de ces monuments constitue, avec l’ancien Bouthrôtos (Butrint), l’un des sites majeurs. Il est donc important de travailler à la valorisation du site, avec un effort tout particulier à porter aux programmes de restauration. La création en 2006 par l’État albanais du parc na-tional archéologique d’Apollonia, dirigé par Marin Haxhimihali, est un événement très important pour l’avenir.

Page 2: Découvrez le plus grand 22. Le Bâtiment avec impluvium ... · considérable sur le site d’Apollonia où il a laissé le souvenir d’un savant intègre et compétent, respectueux

Bienvenue à Apollonia, une cité fondée vers 620 av. J.-C. sur les territoires des Taulanti, une des plus grandes tribus d’Illyrian. D’après les chroniques anciennes, parmi une trentaine de villes méditer-ranéennes qui ont été nommées en honneur du Dieu Apollon, la plus importante était justement l’Apollonia d’Illyrie. Visiter cette ville, qui abritait jadis jusqu’à 60 000 personnes, prendrait facilement une demi-journée. Néanmoins, nous proposons ici trois itinéraires que vous pouvez suivre selon votre disponibilité.

1. Le Centre Monumental L’ensemble des édifices publics

monumentaux mis à jour par les fouilles de Léon Rey compose un cen-tre politique important d’Apollonia. Les monuments de l’agora corre-spondent à différentes périodes de construction. Le bouleutérion, l’odéon, la bibliothèque, l’arc de tri-omphe et le temple de Diana remontent au milieu du IIe s. après J.-C., époque où l’espace fut organisé comme un forum romain.

2. Le Portique AL’ensemble des monuments

de l’époque impériale a été incorporé dans des structures plus anciennes communément datées aux IVe - IIIe siècle av. J.-C. A celles-ci appartenait un portique partiellement recouvert par la bibliothèque de l’époque impériale. Il s’étendait vers le sud sur plusieurs dizaines de mètres, étant donnée sa continuation ayant été localisée dans l’enceinte du Monastère médiéval. La deuxième moitié du IVe s. av. J.-C. est l ‘époque présumée de construction de ce portique.

3. L’Arc de triompheDevant le bouleutérion sont con-

servées quatre des bases d’un arc de triomphe, construites en briques et autrefois revêtues de carreaux de marbre blanc. La structure, d’une longueur de 14 mètres, était percée de trois portes couvertes d’arcs hauts. Construit exactement sur la diagonale du croisement des deux principales rues de la cité, l’arc représentait un passage obligé vers la place centrale.

4. La BibliothèquePour Léon Rey, l’archéologue qui

l’a mis au jour, le bâtiment construit sur l’extrémité orientale de l’agora était la bibliothèque de la ville, mais sa fonction mériterait d’être préci-sée. Elle fut encadrée dans une ancienne allée, conservant sa pro-pre façade. Les chambranles profilant les murs internes du bâtiment auraient pu servir d‘étagères en bois, ce qui l’amena à l’identifier comme la bibliothèque de la ville de l’époque impériale.

5. Le Bouleutérion (Monument des Agonothètes)C’est le monument le plus im-

posant du Centre Monumental et l’un des symboles de l’archéologie en Albanie. Le bâtiment abritait le conseil de la ville (la Boulè). L’architrave, profilée en trois par-ties, porte une inscription de dédi-cace en grec « à la mémoire et en hommage à Villius Valentinus Furius Proculus, de la part de son frère, Quintus Villius Crispinus Furius Proculus, Préfet de cohorte en Syrie, tribun de la Légion Gémina en Pannonie et agonothète. Un combat de vingt-cinq paires de gladiateurs avait été donné pour l’inauguration ». Comme ces deux frères furent agonothètes, c’est-à-dire des magistrats chargés de l’organisation des fêtes et des compétitions agonistiques, le bâti-ment a été nommé « Monument des Agonothètes ». Découvert par Léon Rey, ce monument a été restauré par une équipe albanaise dirigée par Koco Zheku en 1976.

6. L’OdéonSitué au côté nord de la place,

en face du bouleutérion, ce monument servait aussi bien aux manifestations musicales et litté-raires, qu’aux réunions officielles. A l’intérieur, le monument avait la forme d’un petit théâtre appuyé sur la pente de la colline. Sa cavea composée de 16 gradins pouvait accueillir jusqu’à 300 spectateurs. À la différence de l’architecture simple de l’extérieur, l’odéon avait un air de luxe à l’intérieur grâce à un revêtement en marbre blanc de la cavea et des murs. Sa construction date du milieu du IIe s. après J.-C.

7. Le sanctuaire près de l’Odéon Adossé au mur ouest de l’Odéon se trouve un petit temple aux

dimensions de 5 x 5 m. Deux colonnes ioniques ornaient sa façade.

Dans sa partie arrière, qui formait une niche dans le mur de soutène-ment, se trouvent trois socles de sculptures. Le temple aurait été construit en liaison avec l’odéon, concernant le culte de Dionysos, ou de l’empereur.

8. Le temple de DianeA l’ouest du bouleutérion se

trouve un temple romain sur un podium, orienté vers le centre de l’agora. Pendant les fouilles, des fragments du torse de Diane ont été retrouvés, ce qui laisse enten-dre que l’édifice fut consacré à cette déesse, tant vénérée à Apollonia.

9. Le Prytanée Adossé au mur du bouleutérion

et séparé du temple de Diane par une petite rue, se trouve un monument dont l’entrée est dé-corée d’une colonnade en mar-bre couronnée de chapiteaux corinthiens. Au cours des fouilles effectuées en 1960 onze sculp-tures datant du IIe – IIIe s. après J.-C. ont été découvertes. Elles représentent pour la plupart des hauts magistrats, ce qui fit penser que le bâtiment aurait servi de prytanée.

10. Portique aux 17 niches (Stoa B)Après avoir quitté l’odéon et le

sanctuaire, devant vous se trouve le monument le mieux préservé datant de la période classique de l’agora. Construit vers la moitié du IVe s. av. J.-C., le portique a été en fonction au moins jusqu’au IIe s. après J.-C. Il est divisé en deux allées par une colonnade intéri-eure composée de 36 colonnes doriques octogonales. Le monument avait probablement deux étages et deux styles différents de colonnades : style dorique au niveau inférieur et ionique au niveau supérieur. Le traitement du mur de fond en dix-sept niches représente une solution originale qui non seulement renforce la résistance du monument, mais aussi convient parfaitement en tant qu’emplacement pour les sculp-tures, les têtes de philosophes antiques dont quelques-unes datant du IIe s. après J.-C. furent mises au jour par Léon Rey.

11. Le Temple AAprès avoir traversé le por-

tique aux 17 niches, à votre gauche se trouve un édifice quadrangulaire. Sa position stratégique avec vue sur la mer montre l’importance du monu-ment dont la cour intérieure fut pavée en mosaïque. Il s’agit probablement d’un temple dédié au culte d’un héros ou d’un empereur.

12. Magasins et la Citerne L’entrée dans le temenos du

côté ouest était aménagée en un passage entre deux terrasses, sur lesquels s’élevaient des tem-ples. La terrasse nord construite vers la moitié du IIIe s. avant J.-C. présente trois chambres voûtées, identifiées comme étant des magasins ou des boutiques. A l’extrémité ouest du portique aux 17 niches, vous pouvez contempler un de ces magasins restaurés. Juste après les magasins, se trouvait une citerne composée de deux réservoirs de même capacité. Ils communiquaient entre eux par une ouverture en forme d’ogive typique d’Apollonia. L’eau recueillie dans la citerne provenait du toit du temple construit sur la terrasse supérieure.

13. Le Temple BSur la terrasse sud fut dégagé

le soubassement d’un temple du Ier s. après J.-C. Il conserve la forme des temples romains orientés, avec podium. Vous pouvez admirer les agrafes de plomb ou de fer qui fixaient les blocs des assises inférieures des fondations encore remarquablement conservées aujourd’hui.

14. L’Agora archaïqueAprès avoir quitté la grande

rue avec ses temples et ses ma-gasins, avancez vers le nord. Devant vous se déploie désor-mais un vaste terrain plat. Selon une hypothèse des archéo-logues, une première agora de la ville se trouvait à cet endroit à l’époque archaïque. Dans ce secteur, les fouilles n’ont pas dit leur dernier mot, mais on s’attend déjà à des résultats spectaculaires. Vous pouvez dès à présent admirer les vestiges d’une structure de 128 mètres de longueur.

Découvrez Apollonia,le plus grand parc archéologique d’Albanie !

LégendeSentiers Points d’Intérêt

Entrée du musée

Limites du parc

Itinéraire 1

Itinéraire 2

Itinéraire 3

12

Ce dépliant a été produit en collaboration avec le Ministère Al-banais du Tourisme, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et l’Office du Parc Archéologique d’Apollonia

dans le cadre du Programme des Nations Unies « Culture et Pat-rimoine pour le développement social et économique », avec le soutien du Fond Espagnol pour la Réalisation des Objectifs du Millé-naire pour le Développement (OMD).

Nous remercions pour leur contribution la Mission archéologique et épigraphique franco-albanaise d’Apollonia et particulièrement les MM les Professeurs Pierre Cabanes et Neritan Ceka.

Carte archéologique et vues aériennes : Mission archéologique et épigraphique d’Apollonia

Les idées et opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs et n’engagent pas la responsabilité de l’UNESCO. Les appellations employées dans cette publication et la présentation du matériel photographique et des données qui y figurent n’impliquent de la part du PNUD ou de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

Les images et les graphiques : © Marin HaxhimihaliMise en page : © Parc Archéologique d’Apollonia 2011

Tel. +355 38 320 464Fax. +355 38 320 337E-mail: [email protected]

Le Parc Archéologique d’APOLLONIAZone protégée au titre de monuments de la culture, la ville antique d’Apollonia et ses environs bénéficient depuis 2006 du statut de Parc Archéologique. Dans le vaste périmètre du parc se trouve la ville intra-muros, mais aussi deux temples extra-muros, celui de Shtyllas et d’Islamaj et les deux nécropo-les hellénistique et romaine. Ceci fait d’Apollonia le plus grand parc archéologique du pays et un des plus grands des Balkans.

Les horaires d’ouvertureEté (avril - septembre) : tous les jours de 8h00 - 20h00Hiver (octobre - mars) : tous les jours de 9h00 – 17h00Pour les visites guidées ou les visites organisées en de-hors des heures d’ouverture au public, veuillez con-tacter l’office du Parc.

Prix des billetsTarif normal : 300 lekTarif réduit : 150 lek

Entrée gratuite chaque dernier dimanche du mois(à l’exception des mois de: juin, juillet et août) Tarif des tournages (vidéoclips, spots publicitaires, etc.) : 1 000 lek/heure

Services Près du musée archéologique, un kiosque autorisé propose des souvenirs et des publications spéciali-sées. Sur le territoire du Parc vous trouverez aussi deux bars-restaurants. À proximité du Monastère, le Bar-Restaurant Apollonia propose une multitude de spécialités culinaires traditionnelles, tandis que le Bar-Restaurant Léon Rey situé sur le sommet de la col-line 104 offre une vue imprenable sur toute la pleine côtière.

Merci de votre compréhensionNous faisons des efforts permanents pour rendre votre séjour le plus agréable possible. Cependant la pro-preté et le nettoyage du territoire demeurent un défi important. Nous vous remercions de votre collabora-tion afin de garder le Parc propre. Il est strictement interdit de faire du feu, ainsi que de marcher sur les ruines ou de s’appuyer contre les murs et les colonnes. Le personnel décline toute responsabilité en cas de non respect du règlement du Parc.

1. Centre monumental2. Portique A3. Arc de Triomphe4. Bibliothèque5. Bouleutérion (Agonothètes)6. Odéon7. Sanctuaire8. Temple de Diana9. Prytanée10. Portique B11. Temple A12. Magasins et citerne13. Temple B14. Agora archaïque15. Acropole16. Téménos17. Colline 104

18. Obélisque d’Apollon19. Théâtre20. Nymphée21. Maison d’Athéna22. Bâtiment avec Impluvium23. Gymnase24. Temple Dorique25. Porte Nord-est26. Porte Ouest27. Tour des remparts28. Rue H29. Thermes30. Porte Sud31. Mur Intérieur32. Villas fouillées par L. Rey33. Maison (Secteur F)34. Bastion

Office de Gestion et de CoordinationParc Archéologique d’ApolloniaManastiri i Apolonisë, PojanBoite Postale 612, Fier – ALBANIE