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PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 3 PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 7 PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 4 PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 11 DECLARATION SUR LES CONSEQUENCES DE L’EMPLOI DES ARMES NUCLEAIRES ................................................................................. 3 7-8 octobre 1981 STATEMENT OF THE CONSEQUENCES OF THE USE OF NUCLEAR WEAPONS ......................................... 6 INTERNATIONAL CONFERENCE ON NUCLEAR POWER EXPERIENCE ........... 9 Vienne 13-17 septembre 1982 DECLARATION ON PREVENTION OF NUCLEAR WAR ................................................ 13 September 23-24, 1982 DECLARATION SUR LA PREVENTION DE LA GUERRE NUCLEAIRE............................................................ 16 DICHIARAZIONE SULLA PREVENZIONE DELLA GUERRA NUCLEARE ....................................................... 20 NUCLEAR WINTER: A WARNING .................................................................................................... 24 January 23-24-25, 1984 L’HIVER NUCLEAIRE: UN AVERTISSEMENT ...................................................................................................... 26 L’INVERNO NUCLEARE: UN ALLARME ............................................................................................................... 28

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PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 11

DECLARATION SUR LES CONSEQUENCESDE L’EMPLOI DES ARMES NUCLEAIRES ................................................................................. 37-8 octobre 1981

STATEMENT OF THE CONSEQUENCES OF THE USE OF NUCLEAR WEAPONS ......................................... 6

INTERNATIONAL CONFERENCE ON NUCLEAR POWER EXPERIENCE ........... 9Vienne 13-17 septembre 1982

DECLARATION ON PREVENTION OF NUCLEAR WAR ................................................ 13September 23-24, 1982

DECLARATION SUR LA PREVENTION DE LA GUERRE NUCLEAIRE ............................................................ 16

DICHIARAZIONE SULLA PREVENZIONE DELLA GUERRA NUCLEARE ....................................................... 20

NUCLEAR WINTER: A WARNING .................................................................................................... 24January 23-24-25, 1984

L’HIVER NUCLEAIRE: UN AVERTISSEMENT ...................................................................................................... 26

L’INVERNO NUCLEARE: UN ALLARME ............................................................................................................... 28

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Le 7 et 8 octobre 1981, sous la présidence duProf. Carlos Chagas, Président de l’Académie

Pontificale des Sciences, s’est réuni un groupe de14 scientifiques spécialistes,* au siège de l’Académie(Casina Pio IV, Cité du Vatican), venus de diversesparties du monde pour examiner le problème desconséquences de l’emploi des armes nucléairespour la survie et la santé de l’humanité.

Bien que la plupart de ces conséquences pa-raissent évidentes, il semble qu’on n’en appréciepas suffisamment la gravité. Les conditions de vieà la suite d’une attaque nucléaire seraient si diffi-ciles que le seul espoir pour l’humanité résidedans la prévention de toute forme de guerre nu-cléaire. En diffusant et en recevant partout dansle monde une telle connaissance, on pourrait met-tre en évidence le fait que les armes nucléaires nedoivent jamais être employées en cas de guerre etque leur nombre devrait être progressivement ré-duit de façon équilibrée.

Le groupe ci-dessus mentionné a discuté etapprouvé à l’unanimité un nombre de points fon-damentaux qui ont été ultérieurement développésdans la déclaration qui suit.

* * *

Les récentes déclarations selon lesquelles onpourrait gagner une guerre nucléaire et même ysurvivre, laissent apparaître un manque d’appré-ciation de la réalité médicale: toute guerre nu-cléaire répandrait inévitablement la mort, la ma-ladie et la souffrance dans des proportions et àune échelle gigantesques et sans qu’une interven-tion médicale efficace soit possible. Cette réalitéconduit à la même conclusion que celle à laquelleles médecins sont parvenus au sujet des épidémiesmeurtrières de l’histoire: la prévention seule per-met de garder le contrôle de la situation.

Contrairement à une opinion très répandue,on a une bonne connaissance de l’ampleur de lacatastrophe qui suivrait l’emploi des armes nu-cléaires. Et l’on connaît bien aussi les limites del’assistance médicale. Si cette connaissance étaitexposée clairement aux peuples et à leurs diri-geants, partout dans le monde, cela pourraitcontribuer à interrompre la course aux arme-ments et par conséquent cela contribuerait à em-

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DECLARATION SUR LES CONSEQUENCES DE L’EMPLOI DES ARMES NUCLEAIRES

7-8 octobre 1981 (textes français et anglais)

Le présent rapport sur les conséquences d’un conflit nucléaire a été présenté par des Délégations de l’Académie Pon-tificale des Sciences envoyées par le Saint-Père aux Chefs d’Etat des Etats-Unis d’Amérique, de l’Union Soviétique, deFrance, de Grande Bretagne, ainsi qu’au Président et au Secrétaire Général de l’Assemblée Générale des Nations Unies.Les Délégations de Washington et de Moscou avaient été annoncées aux Présidents Reagan et Brezhnev par lesLettres personnelles que le Saint-Père avait écrites aux deux Chefs d’Etat le 25 novembre, la veille des conversationsde Genève sur la réduction des armes nucléaires en Europe. Les Délégations de Paris, Londres et New York ont remisaux Chefs d’Etat de France et de Grande Bretagne et au Président de l’Assemblée Générale de l’ONU, des Lettres per-sonnelles du Saint-Père. Partout les messagers du Pape ont été accueillis avec un profond respect, grâce à la consi-dération attribuée, par les peuples et leurs gouvernants, à la haute autorité spirituelle de la terre. Les Chefs d’Etat etde Gouvernement de même que le Président et le Secrétaire Général de l’Assemblée Générale des Nations Unies, ontété d’accord pour reconnaître la nécessité d’une action dirigée à sensibiliser sur le problème de la paix la conscienceuniverselle des hommes.

* Carlos Chagas, Rio de Janeiro; E. Amaldi, Rome; N.Bochkov, Moscou; L. Caldas, Rio de Janeiro; H. Hiatt, Bos-ton; R. Latariet, Paris; A. Leaf, Boston; J. Lejeune, Paris;L. Leprince-Ringuet, Paris; G.B. Marini-Bettòlo, Rome; C.Pavan, São Paulo; A. Rich, Cambridge Mass.; A. Serra,Rome; V. Weisskopf, Cambridge Mass.

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pêcher ce qui pourrait bien être la dernière épi-démie de notre civilisation.

Les dévastations causées par l’arme atomiquesur Hiroshima et Nagasaki nous fournissent deséléments d’appréciation directs des conséquencesd’une guerre nucléaire, mais on dispose aussi denombreuses estimations théoriques sur lesquelleson peut s’appuyer. Il y a deux ans une agence of-ficielle sérieuse publiait les résultats d’une esti-mation et décrivait les effets d’attaques nucléairessur des villes de deux millions d’habitants environ.Si une arme nucléaire d’1 million de tonnes (labombe d’Hiroshima atteignait environ 15.000tonnes de puissance explosive) explosait sur lecentre de telles villes, il en résulterait, selon lescalculs, des destructions sur une surface de 180km2, 250.000 morts et 500.000 blessés graves.Parmi ceux-ci il faut compter ceux souffrant deblessures dues au souffle atomique telles que frac-tures et graves lésions des tissus mous, brûluressuperficielles ou de la rétine, lésion de l’appareilrespiratoire et blessures dues aux radiations, avecdes syndromes aigus et des effets a retardement.

Même dans les meilleures conditions, les soinsà apporter à ces blessés représenteraient un effortmédical d’une ampleur inimaginable. L’étude en-visageait que si, dans de telles villes ou dans lesenvirons, on disposait de 18.000 lits, il n’y enaurait pas plus de 5.000 à peu près utilisables. Unpour cent seulement des êtres humains blesséspourrait donc y être accueilli, mais il faut en outresouligner que de toute façon personne ne serait enmesure d’assurer le service médical que requièrentquelques-uns seulement des grands brûlés, desvictimes des radiations et des écroulements.

L’impuissance de l’assistance sanitaire est par-ticulièrement évidente si l’on considère tout cequi est requis pour les soins des grands brûlés.Nous ne citerons à titre d’exemple que le cas d’unhomme de vingt ans, gravement brûlé à la suited’un accident de voiture où le réservoir d’essenceavait explosé. Il fut hospitalisé au service desgrands brûlés de l’Hôpital de Boston. Durant sonhospitalisation il reçut 140 litres de plasma fraî-chement congelé, 147 litres de globules rougesfraîchement congelés, 180 millilitres de plaquetteset 180 millilitres d’albumine. Il subit six opérationsau cours desquelles des blessures qui s’étendaientsur 85% de sa surface corporelle furent ferméesgrâce à différents types de greffes y compris desgreffes de peau artificielle. Tout au long de son

hospitalisation il resta en respiration assistée. Endépit de ces moyens exceptionnels et d’autres en-core, qui mettaient en oeuvre toutes les possibili-tés de l’une des institutions médicales les pluscomplètes du monde, il mourut le 33ème jour deson hospitalisation. Ses blessures ont été compa-rées par le médecin responsable à celles qui ontété décrites pour de nombreuses victimes d’Hiro-shima. Si quarante patients de ce genre devaientêtre admis en même temps dans tous les hôpitauxde Boston, cela dépasserait les capacités médicalesde la ville. Imaginons maintenant la situation si,outre les milliers de personnes blessées, les ins-tallations médicales d’urgence étaient pour la plu-part détruites.

Un médecin japonais, le Professeur M. Ichi-maru, a publié son propre témoignage des effetsde la bombe à Nagasaki. Il rapporte: “J’essayai deme rendre à mon école de médecine à Urakamisitué à 500 mètres de l’hypocentre. Je rencontraibeaucoup de gens qui revenaient de Urakami.Leurs vêtements étaient en haillons et des lam-beaux de peaux pendaient de leurs corps. Ils res-semblaient à des fantômes, le regard vide. Le joursuivant je pus pénétrer à pied dans Urakami ettout ce que je connaissais avait disparu. Il ne res-tait que les carcasses de béton et d’acier des bâti-ments. Partout il y avait des cadavres. A chaquecoin de rue il y avait des bacs d’eau destinés àéteindre les incendies après les raids aériens. Dansl’un de ces petits bacs, à peine assez grand pourcontenir une personne, se trouvait le corps d’unpauvre homme qui avait cherché désespéremmentun peu d’eau fraîche. De l’écume sortait de sabouche, mais il n’était plus en vie. La rumeur despleurs des femmes dans les champs dévastés mepoursuivait. A mesure que je m’approchais del’école, je voyais des cadavres noircis, carbonisés,avec la pointe blanche des os des bras et desjambes qui saillaient. Quand j’arrivai, il y avaitencore quelques survivants. Ils étaient incapablesde se mouvoir. Les plus forts étaient si affaiblisqu’ils étaient effondrés sur le sol. Je leur parlaiset ils pensaient qu’ils s’en sortiraient mais tousdevaient finalement mourir dans les deux se-maines qui suivirent. Je ne pourrai jamais oubliercomment ils me regardaient et comment ils meparlaient…”.

Il faut remarquer que la bombe lâchée sur Na-gasaki avait une puissance équivalente à 20.000tonnes de TNT, guère plus que ce que l’on appelle

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les “bombes tactiques” destinées aux champs debataille.

Or même ces visions d’horreur sont impropresà décrire le désastre humain qui résulterait d’uneattaque contre un pays avec l’accumulation ac-tuelle d’armes nucléaires, qui renferment des mil-liers de bombes d’une puissance d’un million detonnes de TNT ou davantage.

Les souffrances de la population survivante se-raient sans comparaison possible. Les communi-cations, l’approvisionnement en nourriture et eneau seraient complètement interrompus. On nepourrait, dans les premiers jours, sans risques deradiations mortelles, s’aventurer hors des bâtimentspour porter des secours. La désagrégation socialeaprès une telle attaque serait inimaginable.

L’exposition à des doses massives de radiationsdiminuerait la résistance aux bactéries et aux vi-rus, et pourrait par conséquent ouvrir la voie àdes infections généralisées. Les radiations agi-raient en outre sur de nom breux foetus entraînantdes lésions cérébrales irréversibles et des défi-ciences mentales. Et l’incidence de nombreuxtypes de cancer chez les survivants serait consi-dérablement augmentée. Des détériorations gé-nétiques seraient transmises aux générations àvenir, en supposant qu’il y en ait.

De plus le sol et les forêts ainsi que le bétailsur d’immenses régions seraient contaminés cequi réduirait les ressources alimentaires. On pour-rait s’attendre à bien d’autres effets biologiqueset même géophysiques nocifs, mais dans l’état ac-tuel des connaissances, il n’est pas possible deprévoir avec certitude ce qu’ils seraient.

Même si l’attaque nucléaire était dirigée surles installations militaires uniquement, ella seraittout autant dévastatrice pour l’ensemble du pays.Car les installations militaires sont dispersées plu-tôt que concentrées en quelques zones. De cettefaçon, de nombreuses armes nucléaires explose-raient. En outre, la radiation s’étendrait grâce au

vents naturels et au mélange dans l’atmosphère,tuant d’innombrables personnes et contaminantd’immenses régions. Les installations sanitairesde n’importe quel pays seraient inadéquates pours’occuper des survivants. Un examen objectif dela situation sanitaire après une guerre nucléaireconduit à une seule conclusion: la prévention estnotre seul recours.

Il est bien évident que les conséquences d’uneguerre nucléaire ne sont pas seulement de naturesanitaire. Mais celles-ci nous obligent à prendreen considération la leçon rigoureuse que nousdonne la médecine moderne: là où le traitementde telle ou telle maladie est sans effet, ou bien siles coûts sont trop élevés, il faut mettre tous lesefforts dans la prévention. Ces deux conditionss’appliquent à la guerre nucléaire. Le traitementserait pratiquement impossible, et les coûtsénormes. Peut-on rassembler des arguments plusforts en faveur d’une stratégie préventive?

La prévention de toute maladie requiert uneordonnance efficace. Nous reconnaissons qu’unetelle ordonnance doit à la fois empêcher la guerrenucléaire et sauvegarder la sécurité. Nos connais-sances et nos titres de chercheurs et de médecins,ne nous permettent pas, naturellement, de parlerdes problèmes de sécurité avec autorité. Cepen-dant, si les responsables politiques et militairesont fondé leur organisation stratégique sur deshypothèses erronées concernant les aspects mé-dicaux d’une guerre nucléaire, nous pensons quenous avons une responsabilité à cet égard. Nousdevons les informer, informer tout le monde surce que serait le cadre clinique dans son ensembleaprès une attaque nucléaire et sur l’impuissancede la communauté médicale à apporter une ré-ponse valable.

Si nous ne parlons pas, nous risquons de noustrahir nous-mêmes, nous risquons de trahir notrecivilisation.

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On 7-8 October 1981, under the chairmanshipof Professor Carlos Chagas, President of the

Pontifical Academy of Sciences, at the head -quarters of the Academy (Casina Pius IV, VaticanCity), a group of fourteen specialized scientists*

from various parts of the world assembled to ex-amine the problem of the consequences of theuse of nuclear weapons on the survival andhealth of humanity.

Although most of these consequences wouldappear obvious, it seems that they are not ade-quately appreciated. The conditions of life follow-ing a nuclear attack would be so severe that theonly hope for humanity is prevention of any formof nuclear war. Universal dissemination and ac-ceptance of this knowledge would make it appar-ent that nuclear weapons must not be used at allin warfare and that their number should be pro-gressively reduced in a balanced way.

The above-mentioned group discussed andunanimously approved a number of fundamentalpoints, which have been further developed in thefollowing statement.

* * *

Recent talk about winning or even survivinga nuclear war must reflect a failure to appreciatea medical reality: any nuclear war would in-evitably cause death, disease and suffering ofpandemic proportions and without the possibil-ity of effective medical intervention. That realityleads to the same conclusion physicians havereached for life-threatening epidemics through-out history: prevention is essential for control.

In contrast to widespread belief, much isknown about the catastrophe that would followthe use of nuclear weapons. Much is known tooabout the limitations of medical assistance. Ifthis knowledge is presented to people and their

leaders everywhere, it might help interrupt thenuclear arms race. This in turn would help pre-vent what could be the last epidemic our civi-lization will know.

The devastation wrought by an atomicweapon on Hiroshima and Nagasaki providesdirect evidence of the consequences of nuclearwarfare, but there are many theoretical ap-praisals on which we may also draw. Two yearsago, an assessment undertaken by a responsibleofficial agency described the effect of nuclear at-tacks on cities of about 2 million inhabitants. Ifa one-million ton nuclear weapon (the Hi-roshima bomb ap proximated 15,000 tons of ex-plosive power) exploded in the central area ofsuch cities, it would result, as calculated, in 180km2 of property destruction, 250,000 fatalitiesand 500,000 severely injured. These would in-clude blast injuries, such as fractures and severelacerations of soft tissues, thermal injuries suchas surface burns, retinal burns and respiratorytract damage and radiation injuries, both acuteradiation syndrome and delayed effects.

Even under optimal conditions, care of suchcasualties would present a medical task ofunimaginable magnitude. The study projectedthat if 18,000 hospital beds were available in andaround one of these cities, no more than 5,000would remain relatively undamaged. Thesewould accommodate only 1% of the human be-ings injured, but it must be stressed that in anycase no one could deliver the medical service re-quired by even a few of the severely burned, thecrushed and the radiated victims.

The hopelessness of the medical task is readilyapparent if we consider what is required for thecare of the severely injured patients. We shallcite one case history, that of a severely burnedtwenty year old man who was taken to the burnunit of a Boston Hospital after an automobileaccident in which the gasoline tank had ex-ploded. During his hospitalization he received140 litres of fresh-frozen plasma, 147 litres offresh-frozen red blood cells, 180 millilitres ofplatelets and 180 millilitres of albumin. He un-derwent six operative procedures during whichwounds involving 85% of his body surface wereclosed with various types of grafts, including ar-

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STATEMENT OF THE CONSEQUENCES OF THE USE OF NUCLEAR WEAPONS

* Carlos Chagas, Rio de Janeiro; E. Amaldi, Rome; N.Bochkov, Moscow; L. Caldas, Rio de Janeiro; H. Hiatt,Boston; R. Latarjet, Paris; A. Leaf, Boston; J. Lejeune,Paris; L. Leprince-Ringuet, Paris; G.B. Marini-Bettòlo,Rome; C. Pavan, São Paulo; A. Rich, Cambridge Mass.;A. Serra, Rome; V. Weisskopf, Cambridge Mass.

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tificial skin. Throughout his hospitalization, herequired mechanical ventilation. Despite theseand many other heroic measures, whichstretched the resources of one of the world’s mostcomprehensive institutions, he died on his 33rdhospital day. His injuries were likened by thedoctor who supervised his care, to those de-scribed for many of the victims of Hiroshima.Had twenty score of such patients been presentedat the same time to all of Boston’s hospitals themedical capabilities of the city would have beenoverwhelmed. Now, consider the situation if,along with the injuries to many thousands ofpeople, most of the medical emergency facilitieshad been destroyed.

A Japanese physician, Professor M. Ichimaru,published an eyewit ness account of the effectsof the Nagasaki bomb. He reported: “I tried togo to my medical school in Urakami which was500 meters from the hypocenter. I met manypeople coming back from Urakami. Their clotheswere in rags and shreds of skin hung from theirbodies. They looked like ghosts with vacantstares. The next day I was able to enter Urakamion foot and all that I knew had disappeared.Only the concrete and iron skeletons of the build-ings remained. There were dead bodies every-where. On each street corner, we had tubs of wa-ter used for putting out fires after air raids. Inone of these small tubs, scarcely large enoughfor one person, was the body of a desperate manwho sought cool water. There was foam comingfrom his mouth, but he was not alive. I cannotget rid of the sounds of the crying women in thedestroyed fields. As I got nearer to the schoolthere were black, charred bodies with the whiteedges of bones showing in the arms and legs.When I arrived some were still alive. They wereunable to move their bodies. The strongest wereso weak that they were slumped over on theground. I talked with them and they thought thatthey would be O.K. but all of them would even-tually die within two weeks. I cannot forget theway their eyes looked at me and their voicesspoke to me forever…”.

It should be noted that the bomb dropped onNagasaki had a power of about 20,000 tons ofTNT, not much larger than the so-called “tacticalbombs” designed for battlefield use.

But even these grim pictures are inadequateto describe the human disaster that would result

from an attack on a country by today’s stock-piles of nuclear weapons, which contain thou-sands of bombs with the force of one-milliontons of TNT or greater.

The suffering of the surviving populationwould be without parallel. There would be com-plete interruption of communications, of foodsupplies and of water. Help would be given onlyat the risk of mortal danger from radiation forthose venturing outside of buildings in the firstdays. The social disruption following such an at-tack would be unimaginable.

The exposure to large doses of radiationwould lower immunity to bacteria and virusesand could, therefore, open the way for wide-spread infection. Radiation would cause irre-versible brain damage and mental deficiency inmany of the exposed in utero. It would greatlyincrease the incidence of many forms of cancerin survivors. Genetic damage would be passedon to future generations, should there be any.

In addition, large areas of soil and forests aswell as livestock, would be contaminated reduc-ing food resources. Many other harmful biolog-ical and even geophysical effects would be likely,but we do not have enough knowledge to predictwith confidence what they would be.

Even a nuclear attack directed only at militaryfacilities would be devastating to the country asa whole. This is because military facilities arewidespread rather than concentrated at only afew points. Thus, many nuclear weapons wouldbe exploded. Furthermore, the spread of radia-tion due to the natural winds and atmosphericmixing would kill vast numbers of people andcontaminate large areas. The medical facilitiesof any nation would be inadequate to care forthe survivors. An objective examination of themedical situation that would follow a nuclearwar leads to but one conclusion: prevention isour only recourse.

The consequences of nuclear war are not, ofcourse, only medical in nature. But those thatare compel us to pay heed to the inescapable les-son of contemporary medicine: where treatmentof a given disease is ineffective or where costsare insupportable, attention must be turned toprevention. Both conditions apply to the effectsof nuclear war. Treatment would be virtually im-possible and the costs would be staggering. Can

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any stronger argument be marshalled for a pre-ventive strategy?

Prevention of any disease requires an effectiveprescription. We recognize that such a prescrip-tion must both prevent nuclear war and safe -guard security. Our knowledge and credentialsas scientists and physicians do not, of course,permit us to discuss security issues with expert-ise. However, if political and military leaders

have based their strategic planning on mistakenassumptions concerning the medical aspects ofa nuclear war, we feel that we do have a respon-sibility. We must inform them and people every-where of the full-blown clinical picture thatwould follow a nuclear attack and of the impo-tence of the medical community to offer a mean-ing ful response. If we remain silent, we risk be-traying ourselves and our civilization.

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La Conférence de Vienne sur l’expérience ac-quise dans le domaine nucléo-énergétique

s’est tenue du 13 au 17 septembre 1982 avec laparticipation de plus de mille scientifiques ettechniciens provenant de toutes les régions dumonde. La dernière grande manifestation com-parable avait eu lieu à Salzbourg en 1977.

Ce qui m’a frappé, c’est tout d’abord le sérieuxdes exposés, en géné ral très techniques, sur lesperformances, les difficultés rencontrées, lescauses de retards ou de pannes des diverses filièresde réacteurs. On voit que l’énergie nucléaire civileest entrée dans une nouvelle phase, celle de la ma-turité. Cela se traduit aussi par l’attitude généraledes délégués: ce ne sont plus les discussions pas-sionnées d’il y a dix ou vingt ans sur les possibilités,les idées nouvelles, les espoirs. Non. On sait main-tenant faire fonctionner des centrales de plus demille mégawatts dans des conditions de trèsgrande sécurité puisque l’accident le plus grave,celui de Three Mile Island en mars 1979 aux EtatsUnis, n’a fait aucune victime.

Je me permets d’ouvrir ici une parenthèse. Unedes causes de l’affolement des gens fut l’énormepublicité donnée à l’accident et la ruée des jour-nalistes dont beaucoup étaient incompétents.Mais un autre élément d’affolement a été la réac-tion de l’évêque de Harrisbourg qui, ignorant laréalité, a demandé à ses prêtres de donner l’abso-lution générale aux fidèles (voir le rapport del’Académie des Sciences de l’Institut de France,Paris - 1981).

Revenons à la Conférence de Vienne. On saitque les doses radio actives reçues au voisinagedes centrales nucléaires en fonctionnement sonttrès faibles par rapport à celles que nous rece-vons tous à longueur de journée: cela n’est plusremis en cause. On sait aussi que les surgénéra-teurs fonctionnent, malgré leur petit nombre,sans problèmes majeurs et, pour les centralesordinaires, on connaît bien maintenant les avan-tages et les défauts des diverses filières. A telpoint que les filières à eau légère sont adoptéesà plus de 80% dans le monde.

Ainsi la rencontre donnait-elle l’impressiond’un contact utile entre spécialistes, avec le désird’uniformiser les normes de sécurité, de mieuxdéfinir les contrôles, d’aller vers une harmonisa-tion bénéfique aussi bien dans les constructionsque dans les utilisations.

La caractéristique de l’énergie nucléaire civileest l’extrême attention portée à la sécurité. Ainsi,après l’accident de Three Mile Island, un groupe-ment, l’INPO a été constitué. Il a reçu quatre millerapports par an (plus de dix mille depuis sa créa-tion) sur le fonctionnement des centrales. Les ex-ploitants signalent tous les événements ou toutesles situations qui peuvent entraîner des accidents(vannes de sécurité restant ouvertes, …). Parmices quatre mille rapports sur le fonctionnementdes réacteurs, 3% sont significatifs. D’où des re-commandations pour les éventuels symptômesafin que les incidents n’aient pas de conséquencesgraves. On a constaté qu’un grand nombre d’ex-

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LOUIS LEPRINCE-RINGUET

Rapport sur la

INTERNATIONAL CONFERENCE ON NUCLEAR POWER EXPERIENCE

Vienne 13-17 septembre 1982

Le Professeur Louis Leprince-Ringuet de l’Académie Pontificale des Sciences a été membre de la Dé-légation du Saint Siège à l’International Conference on Nuclear Power Experience, qui s’est dérouléeà Vienne du 13 au 17 septembre 1982. Le Professeur Leprince-Ringuet a rédigé le Rapport ici publié.

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ploitants ont pris des mesures pour répondre auxrecommandations de l’INPO.

Naturellement, les problèmes de la formationdes hommes, de ce qu’on appelle “l’interfacehomme-machine”, ont été largement étudiés, lesincidents techniques pouvant être transformés enaccidents par des défaillances humaines.

Mais, dans l’ensemble, le fonctionnement desréacteurs nucléaires est très satisfaisant. Il y en aenviron trois cents dans le monde. Ce nombresera doublé en 1990 car il y a autant de réacteursen construction qu’en opération.

Le prix du kilowatt/heure fourni par le nu-cléaire est toujours inférieur à celui des centralesà fuel (et souvent moins de la moitié). Il estpresque toujours inférieur à celui des centrales àcharbon (sauf sur la côte ouest des USA, très richeen charbon). Dans un pays comme la France, quin’a pas de ressources énergétiques naturelles etqui fait un effort important pour le nucléaire, lecoût de l’électricité nucléaire est 60% seule mentdu coût de l’électricité produite par le charbon(qui ne serait pas désulfurisé).

En revanche, le développement des centralesest actuellement freiné. Nous allons voir ce qu’ilen est en faisant un survol des différents pays dela planète.

Situation dans les différents pays

Après la période d’euphorie des annéessoixante, l’énergie nucléaire fut discutée partoutdans le monde au cours de la décennie suivante.Vers 1974-75 la contradiction devient beaucoupplus organisée et parfois violente et de nombreuxpays réduisent la construction des centrales. De-puis 1975, un peu partout dans le monde, on ar-rête toute nouvelle entreprise; on ne lance plusguère de centrales mais, en général, on termineles nombreuses qui sont en chantier.

Bien plus, la crise économique réduisant lacroissance de la consommation électrique – cettecroissance est passée de 7% à 2% par an en Franceen quelques années – et les investissements pourle nucléaire étant très élevés, la motivation pourde nouvelles unités ne se fait guère sentir.

Mais les situations sont très différentes d’unpays à l’autre, et il faut examiner notre planèteEtat par Etat.

Les USA possèdent un nombre considérablede réacteurs (environ soixante-dix). Ils sont de

loin les plus fournis en électricité nucléaire bienqu’elle ne représente que 12% de l’électricité to-tale. S’ils ne lancent rien depuis cinq ans, simême ils ont abandonné un certain nombre deprojets, en revanche ils poursuivent la plupartdes réacteurs déjà en route qui amèneront lapuissance totale à cent quarante mille mégawattsvers 1988 quand les constructions seront termi-nées. Ils auront à peu près doublé leur puissanceélectronucléaire actuelle.

Contre la mise en chantier de nouvelles unités,trois raisons principales. D’une part, la crise quiréduit les besoins nouveaux et qui oblige à payerles intérêts d’emprunts, qui sont devenus très éle-vés: chaque réacteur correspond à des investisse-ments considérables. Les sociétés privées amé -ricaines peuvent difficilement supporter de tellesopérations financières. Enfin, les groupes antinu-cléaires sont puissants et organisés.

On peut dire aussi que les USA possèdent unegrande diversité d’énergies potentielles avec lespétroles classiques et nouveaux (schistes bitumi-neux, sables asphaltiques, pétroles lourds) et avecle charbon, soit naturel, soit liquéfié ou gazéifié.Mais les problèmes posés par l’exploitation in-dustrielle de ces potentialités sont considérableset complexes.

Il faut aussi signaler les effets de la politiqueCarter, en particulier pour le traitement des barres.Carter a voulu conserver les barres sans les retraiter,ce qui n’est pas un bonne solution. D’ailleurs, lesAméricains retraitent fort bien les barres des cen-trales militaires, d’où ils extraient le plutonium.Mais – secret d’Etat – de cela on ne parle pas.

Pour les surgénérateurs, la politique Reagan re-prend les projets stoppés par Carter. Les USA sontprêts à s’orienter à nouveau dans cette voie quandles circonstances économiques y pousseront.

En Europe, les situations varient énormémentd’un Etat à l’autre. Certains, comme le Danemarket la Hollande, sont peu favorables à un dévelop-pement électronucléaire. Pour la Suède, pays danslequel la pro portion d’électricité nucléaire est trèsélevée (plus de 30% de l’électricité st d’origine nu-cléaire), les constructions se poursuivent. Pourl’Espagne, qui possède quatre centrales en fonc-tionnement, le projet de huit nouvelles est lancé.Mais le terrorisme, surtout en Pays Basque, freineles réalisations: il a déjà provoqué la mort du di-recteur d’une des centrales. L’Italie est toujoursdans une situation peu claire. Elle a grand besoin

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d’énergie nucléaire mais ne parvient pas à lancerdes projets tant elle est rongée par les rivalitéspolitiques, le terrorisme, les particularismes lo-caux, l’incapacité des gouvernants.

En Angleterre, c’est différent. Après un remar-quable départ, le très mauvais état économiquede ce pays ne permet pas d’espérer une croissancenotable des besoins en énergie, et puis il y a le pé-trole de la Mer du Nord et le gaz que l’on doit ex-ploiter. Néanmoins, les Anglais proclament leurattachement au développement du nucléaire.

L’Allemagne de l’Ouest est sans doute le paysoù le développement de l’électronucléaire est leplus difficile à cause du compartimentage des län-der, des données juridiques et administratives, del’organisation de violents anti-nucléaires, maisaussi et peut-être surtout du lobby du charbonqui est très puissant dans ce pays où les mineurssont encore nombreux. L’Allemagne de l’Ouestpossède quinze réacteurs en fonctionnement, neufsont actuellement en construction, mais aucunn’est mis en chantier depuis plusieurs années.Pourtant, deux réacteurs ont été lancés en 1981,ce qui semble être le signe d’un renouveau.

En France, enfin, le programme nucléaire sepoursuit sans difficultés majeures. La populationapprouve dans son ensemble le choix nucléaire,sensible qu’elle est à la notion d’indépendance na-tionale et au coût plus faible de l’électricité cor-respondante. Les socialistes, avant d’être au pou -voir, demandaient un moratoire pour le nucléairecivil. (C’était sans doute pour obtenir le vote desécologistes en leur faveur). Mais, depuis 1981, laréduction de l’ambitieux programme des gouver-nements précédents a été peu perceptible, et lenouveau pouvoir poursuit, dans ses grandeslignes, la politique de l’ancien. Aujourd’hui, 40%de l’électricité est d’origine électronucléaire, etcette proportion va croître certainement jusqu’à70% maximum dans quelques années, cela par laréalisation de vingt-cinq centrales nouvelles encours de construction. Comme il s’agit d’une af-faire nationalisée et non d’entreprises privées, lespossibilités d’investissements sont plus étenduesqu’aux USA La France progresse aussi dans le do-maine des surgénérateurs: Phoenix, avec 300 Mwde puissance électrique, donne toute satisfaction(le coeur est fait d’un alliage d’oxyde d’uraniumordinaire et de plutonium, et Super-Phoenix, quise construit avec la participation de l’Italie et del’Allemagne, sera bientôt en fonctionnement.

Après les USA et l’Europe occidentale, jetonsun regard sur le reste du monde.

L’URSS et les pays de l’Est d’abord. Ils sontfavorables au développement de l’électronu-cléaire et n’ont pas de lobby contestataire.L’URSS a seize réacteurs en fonctionnement etquatre en construction, mais elle en construitbeaucoup pour les pays satellites de l’Europe del’Est. Elle possède aussi deux surgénérateurs, ce-lui de 600 Mw, au coeur d’uranium enrichi, étantle plus puissant du monde. Au dire des ingé-nieurs français qui ont pu le voir au printempsdernier, ce surgénérateur donne toute satisfac-tion. Notons que, dans les exposés des Sovié-tiques, il est assez difficile de différencier les pro-jets des réalisations effectives. Malgré ce flou,on constate que l’électronucléaire se développebien en URSS et dans les pays satellites: il y acinq centrales en République Démocratique Alle -mande; la Tchécoslovaquie possède deux petitsréacteurs PWR pour un total de 760 Mw et sixnouveaux sont en construction pour 2500 Mw;on en compte deux en Hongrie.

Le cas de l’Inde est particulier, avec quatre cen-trales en fonctionnement et six en construction.Grace au Canada, elle fut dotée d’un premier réac-teur à eau lourde et uranium naturel selon le mo-dèle canadien Candu. Depuis, elle en a construitquatre autres, et l’on sait que ce type de réacteurfournit du plutonium propre à des fins militaires.Comme l’Inde peut s’approvisionner en uraniumordinaire sur son sol et que point n’est besoin del’enrichir, elle peut être réellement indépendantepour son énergie électronucléaire et pour l’usagemilitaire du plutonium produit. En fait, elle a déjàprovoqué une explosion nucléaire et tient jalou-sement à rester indépendante et maîtresse de sadestinée, tant civile que militaire.

Le Japon, de son côté, se lance dans l’électro-nucléaire avec vigueur. Il a vingt-six réacteurs eten construit dix nouveaux. Ce pays possède d’ex-cellents scientifiques et techniciens. Il a déjà, pourle retraitement des déchets, une usine pilote qu’ilprojette d’agrandir. La plus grande difficulté sem-ble provenir du choix des sites: dans ce pays sur-peuplé, il n’est pas facile de trouver des sites fa-vorables, l’intérieur montagneux n’étant pas bonpour l’implantation des centrales. Cet Etat dyna-mique, dont le premier contact avec l’atome, lorsdes destructions de Hiroshima et Nagasaki, futtragique, est l’un des mieux orientés vers l’élec-

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tronucléaire, d’autant plus qu’il doit importer laquasi totalité de son énergie.

Le Canada est un des premiers pays à avoirconstruit des centrales nucléaires. Il possède unetechnique particulière, le type Candu à eau lourde,qui offre beaucoup d’avantages: entre autres, onpeut en décharger les barres sans arrêter le réac-teur. Il compte onze réacteurs et douze sont enconstruction, tous du même type à eau lourdesous pression.

Au Brésil un réacteur de 600 Mw est en opé-ration, du type PWR, et deux grands réacteurssont en construction pour une puissance totalede 2490 Mw; le premier réacteur a été construitpar les Etats-Unis; les deux actuellement enconstruction ont comme origine la RépubliqueFédérale Allemande. L’Argentine possède un petitréacteur de 300 Mw, et le Canada lui construitdeux réacteurs supplémentaires du type Candupour une puis sance totale de 1290 Mw. LeMexique a deux réacteurs en construction pour1300 Mw. Cuba disposera prochainement d’unpetit réacteur PWR de 400 Mw.

Pour les autres pays en voie de développement,le problème de l’électronucléaire se pose pour lesplus avancés, Algérie, Maroc, Egypte… En règlegénérale, une grande centrale de 900 Mw neconviendrait pas mais, en revanche, des réacteursde l’ordre de 300 Mw au plus seraient souhaités.Les Français ont étudié ces possibilités avec, na-turellement, un rendement moindre et un prixd’électricité plus élévé que pour les très grandescentrales. Il faut bien voir qu’il ne suffit pas defournir à l’un de ces pays un réacteur, mais qu’ilfaut lui envoyer aussi des techniciens pour en su-perviser le fonctionnement. Le pays en question

doit posséder aussi des gens capables de gérersur le plan administratif, juridique, technique, lamarche du réacteur, et la plupart des Etats envoie de développement doit faire un gros effortpour parvenir à former ce personnel.

* * *

En résumé, on peut dire que la stagnation ac-tuelle du nucléaire dans les grands Etats techno-logiques est due en grande part au ralentissementde la demande d’électricité – ralentissement pro-voqué par la crise mondiale – et aussi à d’autrescauses, en général secondaires. Mais la posses -sion d’un bon équipement nucléaire permet dedisposer, dans un climat de plus grande indépen-dance face aux producteurs de pétrole, d’une élec-tricité moins chère et sûre, ce qui est précieuxpour la compétitivité économique internationale.Les pays qui ont déjà atteint ou dépassé les 30%de leur électricité sous forme nucléaire sont laSuède, la Finlande, la Suisse, la Belgique, laFrance et le Japon.

Parmi les éléments de retard figure l’allonge-ment du temps de construction de la plupart desgrands réacteurs. Ce temps de construction estpassé d’environ cinq ans à huit années. La raisonest due au caractère de plus en plus complexe desstructures et, en particulier, de celles imposéespour une meilleure sécurité. La sécurité, très exi-geante, augmente donc beaucoup le prix et letemps de construction du réacteur, ce qui obligeà des investissements beaucoup plus coûteux.

Louis Leprince-Ringuet

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I.Throughout its history, humankind hasbeen confronted with war, but since 1945

the nature of warfare has changed so profoundlythat the future of the human race, of generationsyet unborn, is imperilled. At the same time, mu-

tual contacts and means of understanding be-tween peoples of the world have been increasing.This is why the yearning for peace is now strongerthan ever. Mankind is confronted today with athreat un precedented in history, arising from themassive and competitive accumula tion of nuclearweapons. The existing arsenals, if employed in amajor war, could result in the immediate deathsof many hundreds of millions of people, and ofuntold millions more later through a variety of

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DECLARATION ON PREVENTION OF NUCLEAR WAR*

by an assembly of Presidents of Scientific Academies and other scientistsfrom all over the world convened by the Pontifical Academy of Sciences

September 23-24, 1982

I would like to present as an introduction to this “Declaration on Prevention of Nuclear War” a short résumé ofwhat has been done before by the Pontifical Academy of Sciences in this domain. Some days after the session held inNovember 1979, when under the chairmanship of His Holiness John Paul II the Academy commemorated theCentennial of the birth of Albert Einstein, having debated the matter with my colleagues Victor Weisskopf and LouisLeprince-Ringuet I sent a letter to the Pope regarding the danger of nuclear war and of the destruction produced by anatomic bombardment. His Holiness was willing to include in His Message for Peace, January 1980, a certain numberof details contained in the letter. In the month of May 1980 the Academy was able to organize a work ing group, whichwas received by the Holy Father, and He discussed the subject with its participants. His Holiness made various pro-nouncements on atomic warfare. Let me cite two of them: one on June 2, 1980, during His visit to UNESCO, and theother on February 25, 1981, in Hiroshima. A second working group on the subject should have been convened in May1981, but the infamous attack on the life of the Pope made this meeting impossible. The group finally met in themonth of October 1981. The document then prepared, treating exclusively the medical aspects of atomic bombings,was presented to His Holiness. The Holy Father took an incisive initiative and determined that the document shouldbe presented, with the full support of His Holiness and the Holy See, by members of the Academy to PresidentsBrezhnev, Mitterand and Reagan, to Prime Minister Thatcher, to Ambassador Kittani, then President of the GeneralAssembly, and to the Secretary-General of the United Nations. In February of this year under the sponsorship of HisEminence Cardinal König a meeting was held in Vienna in order to coordinate the initiatives already taken by thePontifical Academy with those which had been taken by the eminent Archbishop. It was decided to leave to theAcademy the duty to pursue the action in the scientific field. In so doing, the Academy first organized in London at theend of March a small drafting group of outstanding scientists, responsible for a first draft. This first draft was revisedby a more numerous group, which finished its work in Rome on June 12th. This revised draft was sent to thePresidents of all the Academies of Sciences in the world, together with a letter of invitation to the meeting to be held inRome on September 23-24, and served to prepare the present declaration. The task that all of us had in mind was, Ibelieve, well accomplished. This was due to the good will and generosity of all those assembled at Casina Pio IV. HisHoliness, in addressing the assembly at the seat of the Academy, expressed His appreciation for the work done. Mythanks are due to all who accepted our invitation and with honour and dignity contributed with their experience,knowledge and respect for moral values, to increase the wisdom necessary to assure peace in the years to come. I alsowish to thank Father Enrico di Rovasenda, Director of the Chancellery, Mrs. Michelle Porcelli-Studer, Mrs. GildaMassa and Silvio Devoto for the help they gave to make the meeting a success.

September 24, 1982, Carlos Chagas, President

(*) Presented to His Holiness John Paul II by an as-sembly of Presidents of Scientific Academies and otherscientists from all over the world convened by the Pontif-ical Academy of Sciences.

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after effects. For the first time, it is possible tocause damage on such a catastrophic scale as towipe out a large part of civilisation and to endan-ger its very survival. The large-scale use of suchweapons could trigger major and irreversible eco-logical and genetic changes, whose limits cannotbe predicted.

Science can offer the world no real defenseagainst the consequences of nuclear war. Thereis no prospect of making defenses sufficientlyeffective to protect cities since even a single pen-etrating nuclear weapon can cause massive de-struction. There is no prospect that the mass ofthe population could be protected against a ma-jor nuclear attack or that devastation of the cul-tural, economic and industrial base of societycould be prevented. The breakdown of social or-ganization, and the magnitude of casualties, willbe so large that no medical system can be ex-pected to cope with more than a minute fractionof the victims.

There are now some 50,000 nuclear weapons,some of which have yields a thousand timesgreater than the bomb that destroyed Hiroshima.The total explosive content of these weapons isequivalent to a million Hiroshima bombs, whichcorresponds to a yield of some three tons of TNTfor every person on earth. Yet these stockpilescontinue to grow. Moreover, we face the increasingdanger that many additional countries will ac-quire nuclear weapons or develop the capabilityof producing them.

There is today an almost continuous range ofexplosive power from the smallest battlefield nu-clear weapons to the most destructive megatonwarhead. Nuclear weapons are regarded not onlyas a deterrent, but there are plans for their tacticaluse and use in a general war under so-called con-trolled conditions. The immense and increasingstockpiles of nuclear weapons, and their broaddispersal in the armed forces, increase the prob-ability of their being used through accident ormiscalculation in times of heightened political ormilitary tension. The risk is very great that anyutilization of nuclear weapons, however limited,would escalate to general nuclear war.

The world situation has deteriorated. Mistrustand suspicion between nations have grown. Thereis a breakdown of serious dialogue between theEast and West and between North and South. Se-rious inequities among nations and within na-

tions, shortsighted national or partisan ambitions,and lust for power are the seeds of conflict whichmay lead to general and nuclear warfare. Thescandal of poverty, hunger, and degradation is initself becoming an increasing threat to peace.There appears to be a growing fatalistic accept-ance that war is inevitable and that wars will befought with nuclear weapons. In any such warthere will be no winners.

Not only the potentialities of nuclear weapons,but also those of chemical, biological and evenconventional weapons are increasing by thesteady accumulation of new knowledge. It istherefore to be expected that also the means ofnon-nuclear war, as horrible as they already are,will become more destructive if nothing is doneto prevent it. Human wisdom, however, remainscomparatively limited, in dramatic contrast withthe apparently inexorable growth of the powerof destruction. It is the duty of scientists to helpprevent the perversion of their achievementsand to stress that the future of mankind dependsupon the acceptance by all nations of moralprinciples transcending all other considerations.Recognizing the natural rights of humans tosurvive and to live in dignity, science must beused to assist humankind towards a life of fulfil-ment and peace.

Considering these overwhelming dangers thatconfront all of us, it is the duty of every person ofgood will to face this threat. All disputes that weare concerned with today, including political, eco-nomic, ideological and religious ones, which arenot to be undervalued, seem to lose their urgencycompared to the hazards of nuclear war. It is im-perative to reduce distrust and to increase hopeand confidence through a succession of steps tocurb the development, production, testing anddeployment of nuclear weapons systems, and toreduce them to substantially lower levels with theultimate hope of their complete elimination.

To avoid wars and achieve a meaningful peace,not only the powers of intelligence are needed, butalso the powers of ethics, morality and conviction.

The catastrophe of nuclear war can and mustbe prevented. Leaders and governments have agrave responsibility to fulfill in this regard. Butit is humankind as a whole which must act forits survival. This is the greatest moral issue thathumanity has ever faced, and there is no time tobe lost.

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II. In view of these threats of global nuclear ca-tastrophe, we declare:– Nuclear weapons are fundamentally different

from conventional weapons. They must not beregarded as acceptable instruments of war-fare. Nuclear warfare would be a crime againsthumanity.

– It is of utmost importance that there be noarmed conflict be tween nuclear powers be-cause of the danger that nuclear weaponswould be used.

– The use of force anywhere as a method of set-tling international conflicts entails the risk ofmilitary confrontation of nuclear powers.

– The proliferation of nuclear weapons to addi-tional countries seriously increases the risk ofnuclear war and could lead to nuclear terror-ism.

– The current arms race increases the risk ofnuclear war. The race must be stopped, thedevelopment of new more destructive weaponsmust be curbed, and nuclear forces must bereduced, with the ultimate goal of completenuclear disarmament. The sole purpose of nu-clear weapons, as long as they exist, must beto deter nuclear war.

III. Recognizing that excessive conventionalforces increase mistrust and could lead to con-frontation with the risk of nuclear war, and thatall differences and territorial disputes should beresolved by negotiation, arbitration or otherpeaceful means, we call upon all nations:– Never to be the first to use nuclear weapons.– To seek termination of hostilities immediately

in the appalling event that nuclear weaponsare ever used.

– To abide by the principle that force or thethreat of force will not be used against the ter-ritorial integrity or political independence ofanother State.

– To renew and increase efforts to reach verifi-able agreements curbing the arms race andreducing the numbers of nuclear weapons anddelivery systems. These agreements should be

monitored by the most effective technicalmeans. Political differences or territorial dis-putes must not be allowed to interfere withthis objective.

– To find more effective ways and means to pre-vent the further proliferation of nuclearweapons. The nuclear powers, and in particu-lar the superpowers, have a special obligationto set an example in reducing armaments andto create a climate conducive to non-prolifer-ation. More over, all nations have the duty toprevent the diversion of peaceful uses of nu-clear energy to the proliferation of nuclearweapons.

– To take all practical measures that reduce thepossibility of nuclear war by accident, miscal-culation or irrational action.

– To continue to observe existing arms limitationagreements while seeking to negotiate broaderand more effective agreements.

IV. Finally, we appeal:1) To national leaders, to take the initiative in

seeking steps to reduce the risk of nuclear war,looking beyond narrow concerns for nationaladvantage; and to eschew military conflict asa means of resolving disputes.

2) To scientists, to use their creativity for the bet-terment of human life, and to apply their in-genuity in exploring means of avoiding nuclearwar and developing practical methods of armscontrol.

3) To religious leaders and other custodians ofmoral principles, to proclaim forcefully andpersistently the grave human issues at stakeso that these are fully understood and appre-ciated by society.

4) To people everywhere, to reaffirm their faithin the destiny of humankind, to insist that theavoidance of war is a common responsibility,to combat the belief that nuclear conflict isunavoidable, and to labor unceasingly towardsensuring the future of generations to come.

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I.Tout au long de son histoire l’humanité a étéconfrontée à la guerre, mais depuis 1945 la

nature des opérations militaires a si profondémentchangé que l’avenir de la race humaine et des gé-nérations futures est mis en péril. En même tempsles contacts mutuels et les moyens de compré-hension entre les peuples du monde s’accroissent.C’est pourquoi le désir de paix est plus fort que

jamais. Aujourd’hui l’humanité doit faire face àune menace sans précédent dans l’histoire, du faitde l’accumulation massive et compétitive d’enginsnucléaires. Les arsenaux existants, s’ils étaientemployés dans une guerre majeure, pourraientprovoquer la mort instantanée de centaines demillions de personnes et un nombre inconnu demillions mourraient plus tard victimes d’effets se-condaires variés.

Pour la première fois, il est possible de provo-quer des ravages d’une dimension si catastro-phique qu’ils pourraient faire disparaître unegrande partie de la civilisation et mettre mêmeen danger sa survie. L’utilisation massive de ces

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DECLARATION SUR LA PREVENTION DE LA GUERRE NUCLEAIRE*

Je désire présenter sous forme d’Introduction à la Déclaration sur la prévention de la guerre nucléaire un résumédes activités que l’Académie Pontificale des Sciences a réalisées dans ce domaine. Quelques jours après la Séanceplénière, tenue en novembre 1979, sous la Présidence de Sa Sainteté Jean-Paul II, occasion à laquelle l’Académie acommémoré le centenaire de la naissance de Albert Einstein, et après avoir eu des entretiens sur le sujet avec mescollègues Victor Weisskopf et Louis Leprince-Ringuet, j’ai envoyé une lettre au Saint-Père concernant les dangersd’une guerre nucléaire et la destruction produite par un bombardement atomique. Sa Sainteté a bien voulu incluredans Son Message de Paix de 1980 un certain nombre des données présentées dans ma lettre. Au mois de mai 1980,l’Académie a organisé un Groupe de travail dont les participants ont été reçus par le Saint-Père, qui a discuté le sujetavec les participants de ce Groupe. Sa Sainteté s’est prononcé plusieurs fois au sujet de la guerre nucléaire. Je neciterai que deux de ces occasions: l’une au cours de sa visite à l’UNESCO le 2 juin 1980 et l’autre dans son discoursprononcé le 25 février 1981 à Hiroshima. Un deuxième Groupe de travail aurait dû être convoqué au mois de mai1981, mais l’infâme attentat commis contre la vie du Saint-Père a rendu sa réalisation impossible. Le Groupe s’estfinalement réuni au mois d’octobre 1981. Le Document élaboré à cette occasion a été présenté au Saint-Père parmoi-même. Il traitait exclusivement des conséquences dans la structure médicale et hospitalière d’un bombardementnucléaire. Le Saint-Père a pris alors une décision de large portée et a déterminé que le Document, avec Son appui leplus ample et celui du Saint-Siège, devait être présenté par des Membres de l’Académie Pontificale des Sciences auxPrésidents Brezhnev, Mitterrand et Reagan, au Premier Ministre Madame Thatcher, à l’Ambassadeur Kittani, alorsPrésident de l’Assemblée Générale des Nations Unies, ainsi qu’à son Secrétaire Général. Au mois de février de cetteannée, sous le patronage de Son Eminence le Cardinal König, une réunion s’est tenue à Vienne afin de coordonnerles activités déjà tenues par l’Académie Pontificale des Sciences avec celles entreprises par Son Eminence. Il futdécidé de confier à l’Académie la tâche de poursuivre l’action d’ordre scientifique. A cette fin, l’Académie Pontificaledes Sciences a réuni à Londres, à la fin du mois de mars, un groupe d’éminents scientifiques, lesquels ont rédigé unpremier document qui a été révisé par un second groupe de travail plus nombreux, réuni au siège de l’Académie Pon-tificale des Sciences et qui a terminé son travail le 12 juin dernier. Ce Document a été envoyé aux Présidents detoutes les Académies des Sciences du monde, accompagné d’une lettre d’invitation à la réunion de Rome du 23-24septembre, pour préparer la présente Déclaration. La tâche que nous avions tous à cœur, a été – je crois – bien ac-complie. Ceci est dû à la générosité et bonne volonté de tous ceux qui se sont réunis au siège de l’Académie. SaSainteté, en s’adressant à tous, réunis à la Casina Pie IV, a exprimé Son appréciation pour le travail accompli. Mesremerciements vont à tous ceux qui ont accepté l’invitation de l’Académie Pontificale des Sciences et qui avechonneur et dignité ont contribué grâce à leur expérience, leur connaissance et leur respect pour les valeurs morales,à accroître la sagesse nécessaire pour assurer la paix dans les années à venir. Je désire en outre remercier sincèrementle Rev. Père Enrico di Rova senda, Directeur de la Chancellerie, Madame Michelle Porcelli-Studer, Madame GildaMassa e M. Silvio Devoto pour toute leur aide et leur zèle, au cours du Groupe de travail.

24 septembre 1982, Carlos Chagas, Président

* Présentée à Sa Sainteté Jean Paul II par une assem-blée des Présidents des Académies scientifiques et d’autresscientifiques du monde entier, réunis par l’Académie Pon-tificale des Sciences les 23 et 24 septembre 1982.

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engins pourrait déclencher des changements éco-logiques et génétiques, majeurs et irréversibles,dont l’ampleur ne peut être prévue.

La science ne peut offrir au monde aucune dé-fense réelle contre les conséquences d’une guerrenucléaire. Aucune possibilité n’existe de réaliserdes défenses assez efficaces pour protéger les citéspuisque même la pénétration d’un seul engin nu-cléaire peut provoquer une destruction massive.

On ne voit pas comment la masse de la popu-lation pourrait être protégée contre une attaquenucléaire majeure, ni comment la dévastation desbases culturelles, économiques et industrielles dela société pourrait être évitée.

L’écroulement de l’organisation sociale et lenombre des victimes seraient d’une telle ampleurqu’aucun dispositif médical ne pourrait secourirplus qu’une très faible fraction des cas.

A ce jour il existe quelques 50,000 engins nu-cléaires dont certains ont des puissances millefois supérieures à celle de la bombe qui détruisitHiroshima. Le contenu explosif total de ces enginsest équivalent à un million de bombes d’Hiro-shima, ce qui correspond à quelque trois tonnesde TNT pour chaque personne sur terre. Et cestock continue à croître. De plus, nous sommesdevant le danger grandissant que de nouvelles na-tions acquièrent des armements nucléaires ou dé-veloppent la capacité d’en produire.

Actuellement, l’éventail des charges explosivesest presque continu depuis les plus petits enginsnucléaires du champ de bataille jusqu’aux têtesmégatonniques les plus destructrices. Ceci accroîtle risque d’une guerre nucléaire en rendant plusfloue la ligne de séparation entre un conflitconventionnel et un conflit nucléaire. Les enginsnucléaires ne sont pas tenus seulement pour desmoyens de dissuasion, mais il existe maintenantdes plans pour leur emploi tactique et leur usagedans une guerre générale sous des conditions pré-tendues contrôlées. L’immensité et l’accroisse-ment des stocks d’engins nucléaires, et leur largerépartition dans les armées, accroissent la proba-bilité de leur mise en œuvre par accident, ou parerreur de calcul dans les périodes de grande ten-sion politique ou militaire. Le risque est très grandque toute utilisation, même limitée d’armes nu-cléaires, mène à l’escalade vers une guerre nu-cléaire générale.

La situation mondiale s’est détériorée. La mé-fiance et la suspicion entre nations s’accroissent.

Il y a rupture d’un dialogue sérieux entre l’est etl’ouest et le nord et le sud. De graves inégalitésentre nations et à l’intérieur des nations, des am-bitions nationales ou partisanes à courte vue etl’appétit de puissance sont semences de conflitspouvant conduire à un affrontement général etnucléaire. Les scandales de la pauvreté, de la faimet de la dégradation sont en eux-mêmes une me-nace croissante pour la paix.

Il apparaît que se développe une acceptationfataliste: la guerre est inévitable et la guerre seranucléaire. Dans une telle guerre il n’y aura pas degagnant.

La constante accumulation de connaissancesnouvelles accroît le potentiel des armements nu-cléaires, chimiques, biologiques et même conven-tionnels. On doit donc s’attendre à ce que lesmoyens de guerre, pour horribles qu’ils soientdéjà, deviennent encore plus destructifs si rienn’est fait pour l’empêcher.

A l’opposé, la sagesse humaine reste relative-ment limitée, contrastant dramatiquement avecl’accroissement apparemment inexorable des pou-voirs de destruction. C’est le devoir des scienti-fiques d’empêcher la perversion de leurs réussiteset d’affirmer que l’avenir de l’humanité dépendde l’acceptation, par toutes les nations, de prin-cipes moraux transcendant toutes les autres consi-dérations.

En raison des droits naturels de l’homme àsurvivre et à vivre dans la dignité, la science doitêtre utilisée pour aider l’humanité à atteindre uneplénitude de vie et la paix.

Devant ces dangers écrasants auxquels noussommes tous confrontés, c’est le devoir dechaque homme de bonne volonté de faire faceà cette menace. Tous les autres différends quinous préoccupent chaque jour, économiques,politiques, idéologiques et religieux ne sont paspeu de chose, mais comparées aux dangers dela guerre nucléaire, elles semblent perdre deleur urgence. Réduire la méfiance, accroître l’es-pérance et la confiance par étapes successivesest un impérieux devoir pour réduire le déve-loppement, les essais, la production et le dé-ploiement des systèmes d’engins nucléaires etpour les réduire à des niveaux substantiellementplus bas avec l’espoir ultime de leur éliminationcomplète.

Pour éviter les guerres et parvenir à une paixvéritable, il faut mettre en œuvre non seulement

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les pouvoirs de l’intelligence mais aussi les puissancesde l’éthique, de la morale et de la conviction.

La catastrophe d’une guerre nucléaire peut etdoit être empêchée. Les dirigeants et les gouver-nements ont une grave responsabilité à remplir àcet égard. Mais c’est l’humanité dans son ensem-ble qui doit agir pour sa survie. C’est le plus granddéfi moral auquel l’humanité ait jamais dû faireface, et il n’y a pas de temps à perdre.

II. Face à ces menaces d’une catastrophe nucléaireglobale, nous déclarons:– Les armes nucléaires sont fondamentalement

différentes des armes conventionnelles. On nepeut pas les considérer comme des instru-ments de guerre acceptables. La guerre nu-cléaire serait un crime contre l’humanité.

– il est d’une extrême importance qu’il n’y aitpas de conflit armé entre des puissances ato-miques en raison du danger d’utilisationd’armes nucléaires.

– L’usage de la force, où que ce soit, pour réglerdes conflits internationaux implique le risquede confrontation militaire entre puissances nu-cléaires.

– La prolifération des engins dans d’autres paysaugmente sérieusement le risque de guerre nu-cléaire et pourrait conduire au terrorisme nu-cléaire.

– La course actuelle aux armements accroit lerisque de guerre nucléaire. Cette course doitêtre arrêtée; le développement de nouveauxengins, plus destructeurs, doit être frainé, etles forces nucléaires doivent être réduites avec,comme but final, un désarmement nucléairecomplet. Le seul but des armes nucléaires, tantqu’elles existent, doit être la dissuasion de laguerre nucléaire.

III. Reconnaissant que l’excès des forces conven-tionnelles augmente la défiance et pourrait menerà des confrontations avec risque de guerre nu-cléaire, et reconnaissant que tous les différendset les contestations territoriales doivent être ré-solus par la négociation, l’arbitrage ou d’autresmoyens pacifiques, nous en appelons à toutes lesnations pour:– Ne jamais être la première à utiliser des armes

nucléaires.

– S’efforcer de mettre fin immédiatement auxhostilités dans le cas tragique où l’arme nu-cléaire aurait été employée.

– Se conformer au principe que la force ou lamenace de la force ne doit pas être utiliséecontre l’intégrité territoriale ou l’indépendanced’un autre état.

– Renouveler et augmenter les efforts vers desaccords contrôlables pour limiter la course auxarmements nucléaires, et réduire le nombredes engins et des vecteurs. Ces accords serontcontrôlés par les moyens techniques les plusefficaces. On ne peut permettre que des diffé-rends politiques ou des contestations territo-riales interfèrent avec cet objectif prioritaire.

– Trouver des voies et des moyens plus efficacespour prévenir la prolifération des engins nu-cléaires. Les puissances nucléaires, et en par-ticulier les super puissances, ont l’obligationspéciale de donner un exemple en réduisantles armements et en créant un climat propiceà la non-prolifération nucléaire. De plus, toutesles nations ont le devoir d’empêcher que l’usagepacifique de l’énergie atomique ne soit dé-tourné vers la prolifération des engins nu-cléaires.

– Prendre toutes mesures pratiques pour réduirela possibilité d’une guerre nucléaire par acci-dent, erreur de calcul ou acte de déraison.

– Continuer à observer les accords existants surla limitation des armements tout en veillant ànégocier les accords plus larges et plus efficaces.

IV. Finalement nous lançons un appel:1) Aux dirigeants nationaux, pour qu’ils prennent

l’initiative de progresser vers la réduction durisque d’une guerre nucléaire, en regardant audelà d’un souci trop étroit d’avantages natio-naux et pour exclure tout conflit militairecomme moyen de résoudre les différends.

2) Aux scientifiques, pour qu’ils utilisent leurcréativité à l’amélioration de la vie humaineet, dans le cas présent, pour qu’ils appliquentleur ingéniosité à l’exploration des moyensd’éviter la guerre nucléaire et au développe-ment de méthodes pratiques de contrôle desarmes.

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3) Aux dirigeants religieux et autres gardiens desprincipes moraux, pour qu’ils proclament avecforce et insistance la gravité des problèmes hu-mains en jeu, pour que ceux-ci soient pleine-ment compris et ressentis par la société.

4) Aux peuples de tous pays, pour qu’ils réaffir-ment leur foi profonde dans le destin de l’hu-

manité, pour qu’ils insistent sur le fait qu’éviterla guerre est une responsabilité commune,pour qu’ils combattent la croyance qu’unconflit nucléaire est inévitable et pour qu’ilstravaillent sans relâche à assurer le futur desgénérations à venir.

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I.Durante tutto il tempo della sua storia l’uma-nità ha dovuto confrontarsi con la guerra, ma

dopo il 1945 la natura delle operazioni militari ècosì profondamente cambiata che l’avvenire del-l’umanità e delle future generazioni è stato messoin pericolo. Nello stesso tempo i contatti vicende-voli e i mezzi di comprensione tra i popoli delmondo si sono accresciuti. Oggi l’umanità devefar fronte a una minaccia senza precedenti nellasua storia per il motivo dell’accumulazione mas-siccia e competitiva di ordigni nucleari. Gli arse-

nali esistenti, se fossero impiegati in una grandeguerra, potrebbero provocare la morte istantaneadi centinaia di milioni di persone; inoltre un nu-mero non prevedibile di milioni morirebbero inse guito, vittime di vari effetti secondari.

Per la prima volta è possibile provocare dellerovine di una dimensione così catastrofica da poterfare scomparire una grande parte della civiltà emettere in pericolo la sua sopravvivenza. Il massiccioimpiego di tali ordigni potrebbe scatenare dei cam-biamenti ecologici e genetici, così gravi e irreversibili,la cui portata non può essere prevista.

La scienza non può offrire al mondo nessunareale difesa contro le conseguenze di una guerranucleare. Non esiste nessuna possibilità di realiz-zare delle difese sufficientemente efficaci per pro-teggere le città, poiché la penetrazione di un solo

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Desidero presentare, come introduzione a questa Dichiarazione sulla prevenzione della Guerra Nucleare, unabreve notizia di quanto è stato anteriormente fatto dalla Pontificia Accademia delle Scienze. Alcuni giorni dopo la se-duta del 10 Novembre 1979, in cui, sotto la presidenza di Sua Santità Giovanni Paolo II, l’Accademia celebrò il Cen-tenario della nascita di Albert Einstein, mi consultai coi miei colleghi Victor Weisskopf e Louis Leprince-Ringuet einviai al Papa una lettera concernente il pericolo di una guerra nucleare e le distruzioni causate da un bombardamentoatomico. Sua Santità si degnò includere nel suo Messaggio per la Pace del Gen naio 1980 alcune considerazioni con-tenute nella suddetta lettera. Nel mese di Maggio 1980 l’Accademia organizzò sullo stesso argomento un Gruppo diLavoro, che fu ricevuto dal Santo Padre, il quale volle intrattenersi con i partecipanti al Gruppo sull’oggetto del lorolavoro. Sua Santità tenne vari discorsi sui pericolo della guerra atomica. Ne rammento due: l’uno durante la suavisita all’UNESCO il 2 Giugno 1980 e l’altro a Hiroshima il 25 Febbraio 1981. Un secondo Gruppo di Lavoro sullastessa materia doveva riunirsi nel Maggio 1981, ma l’infame attentato contro la vita del Papa rese impossibilequesto incontro. Il Gruppo si riunì finalmente nel mese di Ottobre 1981 per formulare un documento relativo esclu-sivamente agli aspetti me dici e ospedalieri dei bombardamenti atomici, che venne presentato a Sua Santità. Il SantoPadre prese un’iniziativa incisiva e decise che il documento doveva essere presentato, con tutto l’appoggio Suo edella Santa Sede, da membri dell’Accademia, ai Presidenti Brezhnev, Mitterand e Reagan, al Primo Ministro SignoraThatcher, all’Ambasciatore Kittani, allora Presidente dell’Assemblea Generale delle Nazioni Unite e al Segretario Ge-nerale. In Febbraio di quest’anno, con l’autorevole concorso di Sua Eminenza il Cardinale König, si tenne unincontro a Vienna per coordinare le iniziative già prese dall’Accademia Pontificia con quelle dell’eminente Arcivescovo.Fu deciso di affidare all’Accademia il compito di continuare l’azione di ordine scientifico. A questo scopo l’Accademiariunì a Londra alla fine di Marzo, un piccolo gruppo di scienziati, col mandato di preparare un progetto di base,rivisto in seguito da un gruppo più numeroso di scienziati, che terminarono il proprio lavoro in Roma il 12 Giugno.Quest’ultimo documento venne inviato ai Presidenti delle Accademie delle Scienze di tutto il mondo e agli scienziatiche avevano partecipato alle riunioni antecedenti, con una lettera d’invito alla riunione svoltasi in Roma il 23-24Settembre per preparare la presente Dichiarazione. Il compito che ci siamo proposti è stato degnamente assolto me-diante la buona volontà e la generosità di tutti i partecipanti riuniti nella sede dell’Accademia, la Casina Pio IV. SuaSantità espresse il Suo alto apprezzamento per il lavoro compiuto durante una visita nella Sede dell’Accademia. Imiei ringraziamenti sono dovuti a quanti hanno accettato il mio invito e hanno contribuito, con onore e dignità,con la propria esperienza e conoscenza, con profondo rispetto per i valori morali, ad incrementare nel mondo la sag-gezza necessaria per assicurare la pace negli anni futuri. Voglio infine ringraziare il Padre Enrico di Rovasenda, Di-rettore della Cancelleria, la Signora Michelle Porcelli-Studer, la Signora Gilda Massa e il Signor Silvio Devoto perl’aiuto che hanno dato per il successo del convegno.

24 Settembre 1982, Carlos Chagas, Presidente

DICHIARAZIONE SULLA PREVENZIONE DELLA GUERRA NUCLEARE*

* Presentata a Sua Santità Giovanni Paolo II da un’As-semblea di Presidenti di Acca demie scientifiche e altriscienziati del mondo intero, riuniti dalla Pontificia Acca-demia delle Scienze il 23 e 24 settembre 1982.

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ordigno nucleare può provocare una massicciadistruzione.

Non si vede come la massa delle popolazionipotrebbe essere protetta contro un grande attacconucleare, né come la distruzione dei fondamenticulturali, economici e industriali potrebbe essereevitata.

Il crollo dell’organizzazione sociale e il numerodelle vittime sarebbero di una tale misura che nes-suna struttura di ordine medico potrebbe soccor-rere più di una piccola frazione dei casi occorrenti.

Sino a oggi esistono circa 50.000 ordigni nu-cleari, dei quali certuni hanno una potenza millevolte superiore a quella della bomba che distrusseHiroshima. Il contenuto esplosivo totale di questiordigni è equivalente a un milione di bombe diHiroshima, che corrisponde a tre tonnellate diTNT per ogni persona abitante sulla terra. Questamassa di bombe continua a crescere. Inoltre noici troviamo di fronte al pericolo crescente chealtre nazioni acquistino degli armamenti nucleario sviluppino la capa cità di produrli.

Attualmente la serie delle cariche esplosive èpressoché continua, dai più piccoli ordigni nu-cleari da campo di battaglia sino alle testate me-gatoniche più distruttive. Ciò accresce il rischiodi una guerra nucleare e rende sempre più fluidala linea di separazione tra un conflitto convenzio-nale e un conflitto nucleare. Gli ordigni nuclearinon costituiscono soltanto dei mezzi di dissua-sione, poiché esistono oggi dei piani per il loroimpiego tattico e il loro uso in una guerra generale,con la pretesa di esercitarne il controllo. L’immen-sità e la crescita della massa di ordigni nucleari ela loro ampia diffusione negli eserciti, accresconola probabilità del loro uso, per un incidente qual-siasi, per un errore di calcolo nei periodi di grandeten sione politica o militare. Il rischio è grande chel’uso anche limitato di armi nucleari possa con-durre verso una guerra nucleare generale.

La situazione mondiale si è deteriorata. La dif-fidenza e il sospetto tra le nazioni va crescendo.Si è giunti alla rottura di un serio dialogo tra l’este l’ovest, tra il nord e il sud. Delle gravi inegua-glianze tra le nazioni e al loro stesso interno, delleambizioni nazionali o partigiane di corta vedutae il desiderio di potenza, sono semi di conflittiche possono portare a uno scontro generale e nu-cleare. Gli scandali della povertà, della fame edella degradazione sono per se stessi una cre-scente minaccia per la pace.

Sembra che cresca una accettazione fatalistica:la guerra è inevitabile e la guerra sarà nucleare.In una simile guerra nessuno sarà vittorioso.

La costante accumulazione di nuove cono-scenze accresce il potenziale delle armi nucleari,chimiche, biologiche e convenzionali. C’è dunquemotivo di aspettarsi che i mezzi di guerra, perquanto già orribili, possano diventare ancora piùdistruttivi se non si fa nulla per impedirlo.

All’opposto la saggezza umana rimane relati-vamente limitata, in drammatico contrasto conla crescita che pare inarrestabile dei mezzi di di-stru zione. È dovere degli scienziati impedire l’usoperverso delle loro scoperte e affermare che l’av-venire dell’umanità dipende dall’accettazione, daparte di tutte le nazioni, dei principi morali chetrascendono ogni altra considerazione.

A motivo dei diritti naturali dell’uomo a so-pravvivere e vivere in condizioni di umana dignità,la scienza dev’essere usata per aiutare l’uma nitàe conseguire la pienezza della vita e la pace.

Davanti ai disastrosi pericoli che dobbiamofronteggiare, è dovere di ogni uomo di buona vo-lontà opporsi alla presente minaccia. Tutte le altrecontroversie che ci preoccupano ogni giorno, eco-nomiche, politiche, ideo logiche e religiose, nonsono poca cosa, ma paragonate ai pericoli di unaguerra nucleare, sembrano perdere la loro ur-genza. Diminuire la diffidenza, accrescere la spe-ranza e la fiducia attraverso delle tappe successiveè un imperioso dovere per ridurre lo sviluppo, gliesperimenti, la produzione, lo schieramento deisistemi di ordigni nucleari, per abbassarli effica-cemente a dei livelli inferiori con la speranza dellaloro completa eliminazione.

Per evitare le guerre e giungere a una verapace bisogna mettere in atto non soltanto i poteridell’intelligenza, ma anche le risorse dell’etica,della morale e della convinzione.

La catastrofe di una guerra nucleare può edev’essere impedita. I dirigenti e i governi hannoper questo una grave responsabilità da assolvere;ma è l’umanità nel suo insieme che deve agireper la sua sopravvivenza. É la più grande sfidamorale con la quale l’umanità si sia mai confron-tata e non vi è tempo da perdere.

II. Di fronte alle minacce di una catastrofe nu-cleare globale, noi dichiariamo:– le armi nucleari sono sostanzialmente diffe-

renti dalle armi convenzionali. Non si possono

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considerare come degli strumenti di guerraaccettabili. La guerra nucleare sarebbe un cri-mine contro l’umanità.

– È di estrema importanza che non vi sia nessunconflitto armato tra potenze atomiche, a mo-tivo del pericolo di uso delle armi nucleari.

– L’uso della forza per regolare dei conflitti in-ternazionali implica il rischio di confronti mi-litari tra potenze nucleari.

– La proliferazione di ordigni in altri paesi au-menta seriamente il rischio di guerra nuclearee potrebbe condurre al terrorismo nucleare.

– La corsa attuale agli armamenti accresce il ri-schio di guerra nucleare. Questa corsa dev’es-sere arrestata; lo sviluppo di ordigni ancor piùdistruttivi dev’essere impedito, e le forze nu-cleari debbono essere ridotte, avendo comescopo finale il completo disarmo nucleare. Ilsolo scopo delle armi nucleari, fino a quandoesse esistano, dev’essere la dissuasione dallaguerra nucleare.

III. Riconoscendo che l’eccesso delle forze con-venzionali aumenta la diffidenza e potrebbe con-durre a dei confronti col rischio di una guerranucleare, e riconoscendo che tutte le differenze ele contestazioni territo riali debbono essere risoltecoi negoziati, l’arbitrato o altri mezzi pacifici, noirivolgiamo un appello a tutte le nazioni per:– Non essere mai i primi a utilizzare le armi

nucleari.– Compiere ogni sforzo per mettere immediata-

mente termine a tutte le ostilità nel tragicocaso che fosse usata l’arma nucleare.

– Conformarsi al principio che la forza o la mi-naccia della forza non dev’essere impiegatacontro l’integrità territoriale e l’indipendenzadi un altro stato.

– Rinnovare e accrescere gli sforzi verso degliaccordi controllati per limitare la corsa agliarmamenti nucleari e ridurre il numero degliordi gni e dei vettori. Questi accordi sarannocontrollati con i mezzi tecnici più efficaci. Nonsi può consentire che dei contrasti politici odelle contesta zioni territoriali interferiscano

con questo obiettivo prioritario.– Trovare delle vie e dei mezzi più efficaci per

prevenire la prolife razione degli ordigni nu-cleari. Le potenze nucleari, e in particolare lesuper potenze, hanno l’obbligo precipuo di dareun esempio, riducendo gli arma menti e cre-ando un clima propizio alla non proliferazionenucleare. Inoltre tutte le nazioni hanno il do-vere di impedire che l’uso pacifico dell’energiaatomica non venga stornato verso la prolifera-zione di armi nucleari.

– Prendere tutte le misure possibili per ridurrela possibilità di una guerra nucleare per inci-dente, errore di calcolo o assurda iniziativa.

– Continuare a osservare gli accordi esistentisulla limitazione degli armamenti, cercandoinsieme di negoziare accordi più larghi ed ef-ficaci.

IV. Infine rivolgiamo un appello:1) Ai dirigenti nazionali, affinché prendano l’ini-

ziativa di progredire verso la riduzione del ri-schio di una guerra nucleare, guardando al dilà delle preoccupazioni troppo ristrette di van-taggi nazionali, ed escludano ogni conflittomilitare come mezzo per risolvere i loro con-trasti.

2) Agli scienziati, perché usino la loro creativitàper migliorare le condizioni della vita umanae, nel caso presente, perché applichino il loroingegno alla ricerca dei mezzi utili per evitarela guerra nucleare e sviluppare dei metodi pra-tici per il controllo delle armi.

3) Ai dirigenti religiosi e a tutti i custodi di prin-cipi morali, perché proclamino con forza e in-sistenza la gravità dei problemi umani chesono in gioco, affinché essi siano pienamentecompresi e sentiti dalla società.

4) Ai popoli di ogni paese, perché riaffermino laloro profonda fede nel destino dell’umanità einsistano sul fatto che evitare la guerra è unaresponsabilità di tutti, perché combattanol’opinione che un conflitto nucleare è inevita-bile e operino senza posa per assicurare l’av-venire delle generazioni future.

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E. Amaldi (Italy)I. Badran (Egypt)A. Balevski (Bulgaria)D. Baltimore (USA)A. Bekoe (ICSU)F. Benvenuti (Italy)C. Bernhard (Sweden)O. Bikov (USSR)B. Bilinski (Poland)C. Chagas (Brazil)E. De Giorgi (Italy)B. Dinkov (Bulgaria)G. Hambraeus (Sweden)T. Hesburgh (USA)H. Hiatt (USA)D. Hodgkin (PUGWASH)S. Hsieh (Taipei)A. Huxley (UK)S. lijima (Japan)S. Isaev (USSR)P. Jacquinot (France)

W. Kaiweit (GDR)M. Kazi (Pakistan)S. Keeny (USA)K. Komarek (Austria)F. König (Austria)J. Labarbe (Belgium)J. Lejeune (France)L. Leprince-Ringuet (France)R. Levi Montalcini (Italy)M. Lora-Tamayo (Spain)T. Malone (USA)G. Marini-Bettòlo (Italy)S. Mascarenhas (Brazil)M. Menon (India)G. Montalenti (Italy)R. Peierls (UK)M. Peixoto (Brazil)J. Peters (Belgium)G. Porter (UK)F. Press (USA)G. Puppi (Italy)

B. Rifai (Indonesia)W. Rosenblith (USA)P. Rossano (Italy)P. Rudomin (Mexico)B. Rysavy (Czechoslovakia)I. Saavedra (Chile)V. Sardi (Venezuela)T. Shin (Korea)E. Simpson (South Africa)J. Sirotkovi (Yugoslavia)L. Sosnovski (Poland)A. Stoppani (Argentina)J. Szentágothai (Hungary)S. Tanneberger (GDR)C. Townes (USA)E. Velikhov (USSR)W. Watts (Ireland)V. Weisskopf (USA)K. Weizsäcker (FRG)

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PARTICIPANTS IN THE CONFERENCE ON NUCLEAR WARFAREPONTIFICAL ACADEMY OF SCIENCES

23-24 September 1982

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Nuclear war would include among its imme-diate consequences the death of a large pro-

portion of the populations in combatant nations.Such a war would represent a catastrophe un-precedented in human history. Subsequent ra-dioactive fallout, weakening of the human im-mune system, disease, and the collapse of medicaland other civil services would threaten large num-bers of survivors.

We must now issue an additional warning:newly-recognized effects of nuclear war on theglobal climate indicate that longer-term conse-quences might be as dire as the prompt effects,if not worse.

In a nuclear war, weapons exploded near theground would inject large quantities of dust intothe atmosphere, and those exploded over citiesand forests would suddenly generate enormousamounts of sooty smoke from the resulting fires.The clouds of fine particles would soon spreadthroughout the Northern Hemisphere, absorbingand scattering sunlight and thus darkening andcooling the earth’s surface. Continental temper-

atures could fall rapidly – well below freezingfor months, even in summertime – creating a“nuclear winter”. This would happen even withwide variations in the nature and extent of nu-clear war.

We have only recently become aware of howsevere the cold and the dark might be, especiallyas a consequence of intense and numerous firesignited by nuclear explosions, and from attendantchanges in atmospheric circulation. This wouldproduce a profound additional assault upon sur-viving plants, animals and humans. Agriculture,at least in the Northern Hemisphere, could be se-verely damaged for a year or more, causing wide-spread famine.

Calculations show that the dust and smokemay well spread to the tropics and to much ofthe Southern Hemisphere. Thus non-combatantnations, including those far from the conflict,could be severely afflicted. Such nations as India,Brazil, Nigeria, and Indonesia could be struck byunparalleled disaster, without a single bomb ex-ploding on their territories.

PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA

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NUCLEAR WINTER: A WARNING

(English, French and Italian text)

January 23-24-25, 1984

Le présent rapport a été précédé par deux autres, la “Déclaration sur les conséquences de l’emploi desarmes nucléaires” (textes français, anglais) et la “Declaration on prevention of nuclear war” (textes anglais,italien et français) qui ont été rédigés par deux Groupes de travail convoqués le 7-8 octobre 1981 et le 23-24 septembre 1982 par l’Académie Pontificale des Sciences. Le 23-24-25 janvier 1984, un Groupe de 18scientifiques, dont les noms et les pays d’origine sont signalés à la fin de ce Document, a été réuni parl’Académie Pontificale des Sciences, dans son siège, la Casina Pie IV (Cité du Vatican), pour adresser àl’humanité toute entière un troisième avertissement, qui est le sujet de cette publication, sur les consé-quences d’une guerre nucléaire et en parti culier sur les profondes perturbations du climat dans tout l’en-semble de la planète. Les Participants au Groupe de travail et l’Académie Pontificale des Sciences qui lesa convoqués ont la conscience d’avoir accompli leur devoir d’informer le monde sur les conséquencesd’une attaque nucléaire, qui pourrait mettre en péril l’avenir de l’humanité.

Carlos Chagas, Président de l’Académie Pontificale des Sciences

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PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 11 25

Moreover, nuclear winter might be triggeredby a relatively small nuclear war, involving only aminor fraction of the present global strategic ar-senals, provided that cities are targeted andburned. Even if a “limited” nuclear war were ini-tiated in a manner intended to minimize such ef-fects, it would likely escalate to the massive useof nuclear weapons, as the Pontifical Academy ofSciences stressed in its earlier “Declaration onPrevention of Nuclear War” (1982).

The general results seem to be valid over awide range of plausible conditions, and over widevariations in the character and extent of a nuclearwar. However, there are still uncertainties in thepresent evaluations, and there are effects whichhave not yet been studied. There fore, additionalscientific work and continuing critical scrutinyof methods and data are clearly required. Unan-ticipated further dangers from nuclear war cannotbe excluded.

Nuclear winter implies a vast increase in hu-man suffering, including nations not directly in-volved in the war. A large proportion of humanswho survive the immediate consequences of nu-clear war would most likely die from freezing,starvation, disease, and, in addition, the effectsof radiation. The extinction of many plant and

animal species can be expected, and, in extremecases, the extinction of most non-oceanic speciesmight occur. Nuclear war could thus carry in itswake a destruction of life unparalleled at any timeduring the tenure of humans on Earth, and mighttherefore imperil the future of humanity.

The Working Group which prepared this in-formation paper was composed of:

Carlos Chagas, Brazil, ChairmanVladimir Alexandrov, USSREdoardo Amaldi, ItalyDan Beninson, ArgentinaPaul J. Crutzen, FRGLars Ernster, SwedenGiorgio Fiocco, ItalySteven J. Gould, USAJosé Goldemberg, BrazilS.N. Isaev, USSRRaymond Latarjet, FranceLouis Leprince-Ringuet, FranceCarl Sagan, USACarlo Schaerf, ItalyEugene M. Shoemaker, USACharles Townes, USAEugene P. Velikhov, USSRVictor Weisskopf, USA

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La guerre nucléaire entraînerait comme consé-quence immédiate la mort d’une grande par-

tie des populations des nations en conflit. Uneguerre de ce genre représenterait une catastrophesans précédent dans l’histoire de l’humanité. Lesretombées radioactives, l’affaiblissement du sys-tème immunitaire humain, la maladie, et l’ef-fondrement des services médicaux et civils me-naceraient un grand nombre de survivants.

Il nous faut maintenant insister par un nouvelavertissement: on a récemment pris conscienceque les conséquences à long terme de la guerrenucléaire sur l’ensemble climatique de la planètepourraient s’avérer aussi funestes que ses effetsimmédiats, sinon pires.

Dans une guerre nucléaire, les armes explo-sant près du sol projetteraient dans l’atmosphèredes quantités importantes de poussière, et cellesqui exploseraient au-dessus des villes et des forêtsproduiraient aussitôt des masses énormes de fu-mée chargée de suie provenant des incendiesainsi allumés. Les nuages de fines particules serépandraient aussitôt sur l’hémisphère Nord, ab-sorbant et diffusant les rayons solaires, ce quiamènerait ténèbres et froid à la surface de laterre. Les températures continentales pourraienttomber rapidement et rester nettement en-des-sous de zéro pendant plusieurs mois, même enété – provoquant un “hiver nucléaire”. Ceci seproduirait quelle que soit l’importance des va-riations dans la nature et l’étendue du conflit nu-cléaire.

On n’a réalisé que depuis peu de temps à quelpoint il ferait froid et sombre, conséquence no-tamment des incendies, intenses et multiples, al-lumés par les explosions nucléaires, et des chan-gements corrélatifs dans la circulation atmosphé-rique. Ceci provoquerait une nouvelle et profondeagression sur les plantes, les animaux et leshommes encore en vie. L’agriculture, au moinsdans l’hémisphère Nord, souffrirait sérieusementpendant une année ou davantage, ce qui entraîneraitune famine étendue.

Des calculs montrent que la poussière et lafumée pourraient fort bien se répandre jusqu’auxtropiques et à une bonne partie de l’hémisphère

Sud. Les nations non-combattantes, même lesplus éloignées du conflit, pourraient ainsi se trou-ver sérieusement atteintes. L’Inde, le Brésil, leNigéria et l’Indonésie, par exemple, pourraientse trouver frappés d’un désastre sans précédent,sans qu’une seule bombe n’ait explosé sur leurterritoire.

En outre, l’hiver nucléaire pourrait être dé-clenché par une guerre nucléaire relativementrestreinte, n’ayant impliqué qu’une fraction mi-nime de l’ensemble des arsenaux stratégiques ac-tuels pour atteindre et détruire les villes visées.Même si l’on commençait une guerre nucléaire“limitée” pour en minimiser les conséquences,on serait probablement entraîné, par un jeu d’es-calade, vers un emploi massif d’armes nucléaires,comme l’Académie Pontificale des Sciences l’abien montré dans sa précédente “Déclaration surla prévention de la guerre nucléaire” (1982).

L’ensemble des résultats semble devoir restervalable pour un large éventail de conditions plau-sibles et malgré d’importantes variations quantau caractère et à l’étendue d’une guerre nucléaire.Cependant, des incertitudes demeurent dans lesévaluations actuelles, et certains effets n’ont pasencore été étudiés. C’est pourquoi un travail scien-tifique complémentaire et un examen critiqueconstant des méthodes et des données sont né-cessaires évidemment. On ne peut exclure d’autresdangers imprévus d’une guerre nucléaire.

L’hiver nucléaire implique un accroissementconsidérable de la souffrance humaine, y com-pris pour des nations qui ne participeraient pasla guerre. Une grande partie des êtres humainsqui auraient survécu aux conséquences immé-diates d’une guerre nucléaire mourraient trèsprobablement de froid, de faim, de maladie et,en outre, des effets des radiations. L’extinctionde nombreuses espèces végétales et animales estprobable et, dans les cas extrêmes, on peut pré-voir l’extinction de la plupart des espèces qui nevivent pas dans les océans. La guerre nucléairepourrait alors entraîner dans son sillage une des-truction sans précédent de la vie durant le pas-sage sur la terre des êtres humains, et pourraitmettre en péril l’avenir de l’humanité.

PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 1126

L’HIVER NUCLEAIRE: UN AVERTISSEMENT

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Le Groupe de travail qui a préparé ce docu-ment d’informations était composé par:

Carlos Chagas, Brésil, PrésidentVladimir Alexandrov, URSSEdoardo Amaldi, ItalieDan Beninson, ArgentinePaul J. Crutzen, RFALars Ernster, SuèdeGiorgio Fiocco, ItalieSteven J. Gould, USA

José Goldemberg, BrésilS.N. Isaev, URSSRaymond Latarjet, FranceLouis Leprince-Ringuet, FranceCarl Sagan, USACarlo Schaerf, ItalieEugene M. Shoemaker, USACharles Townes, USAEugene P. Velikhov, URSSVictor Weisskopf, USA

PONTIFICIAE ACADEMIAE SCIENTIARVM DOCVMENTA 11 27

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Una guerra nucleare produce come conse-guenza immediata la morte di una gran

parte della popolazione dei paesi belligeranti.Essa quindi rappresenterebbe una catastrofesenza precedenti nella storia dell’umanità. Lesuccessive ricadute radioattive, l’indebolimentodel sistema immunitario umano, le malattie, e ilcollasso del sistema medico sanitario e di altriservizi civili minaccerebbero un gran numerodei sopravvissuti.

Noi dobbiamo ora lanciare un ulteriore al-larme: gli effetti, riconosciuti solo recentemente,di una guerra nucleare sul clima globale indicanoche le conseguenze a lungo termine possono es-sere altrettanto se non più terribili di quelle im-mediate. In una guerra nucleare le bombe esplosevicino al terreno immetterebbero grandi quantitàdi polvere nell’atmosfera e quelle esplose sopra lecittà e le foreste genererebbero improvvisamentevastissimi incendi con la produzione di enormiquantità di fumo. Le nubi di particelle finissimesi disperderebbero in tutto l’emisfero nord assor-bendo e diffondendo la luce del sole e provocandocosì un oscuramento e raffreddamento della su-perficie della terra. Le temperature continentaliscenderebbero rapidamente ben al di sotto delcongelamento delle acque per mesi, perfino du-rante l’estate, dando così origine a un “invernonucleare”. Ciò avrebbe luogo anche con ipotesimolto diverse sulla natura e l’estensione dellaguerra nucleare.

Solo recentemente noi siamo diventati consa-pevoli di quanto severi possano essere il freddo eil buio, specialmente come conseguenza degli in-tensi e numerosi incendi innescati dalle esplosioninucleari, e dei conseguenti mutamenti nella cir-colazione atmosferica.

Ciò produrrebbe un profondo ulteriore dannoalle piante, animali ed esseri umani sopravvissuti.L’agricoltura, per lo meno nell’emisfero setten-trionale, potrebbe essere seriamente danneggiataper un anno o più, causando così ampie carestie.

I calcoli mostrano che le polveri e i fumi pos-sono diffondersi anche ai tropici e a gran parte

dell’emisfero sud. Cosicché nazioni non bellige-ranti, comprese quelle lontane dal conflitto, po-trebbero essere severamente colpite. Nazionicome l’India, il Brasile, la Nigeria e l’Indonesiapotrebbero subire disastri senza precedenti, senzache una singola bomba fosse esplosa sul loro ter-ritorio.

Inoltre, l’inverno nucleare potrebbe essere de-terminato anche da una guerra nucleare relativa-mente piccola, che coinvolga solo una piccola fra-zione degli attuali arsenali strategici globali, se lecittà venissero scelte come bersagli e bruciate.Anche se una guerra nucleare “limitata” venisseiniziata in modo da minimizzare tali effetti, essapresumibilmente si svilupperebbe con un usomassiccio delle armi nucleari, come ha già sotto-lineato la Pontificia Accademia delle Scienze nellasua precedente “Dichiarazione sulla Prevenzionedella Guerra Nucleare” (1982).

I risultati generali sembrano essere validi conun largo spettro di condizioni plausibili e con am-pie variazioni nel carattere ed estensione di unaguerra nucleare. Tuttavia nelle presenti valuta-zioni ci sono ancora incertezze ed effetti che nonsono stati studiati. Pertanto, sono necessari unulteriore lavoro scientifico e un continuo esamecritico dei metodi e dei dati. Altri pericoli derivantida una guerra nucleare ancora oggi imprevistinon possono essere esclusi.

L’inverno nucleare comporta un vasto au-mento delle sofferenze umane, anche in nazioninon direttamente coinvolte nel conflitto. Una largaparte degli esseri umani che sopravvivono alleconseguenze immediate di una guerra nucleare,molto probabilmente troverebbero la morte perconge lamento, fame, malattie e, in aggiunta, glieffetti delle radiazioni. L’estin zione di molte speciedi piante e di animali è prevedibile e, come casoestremo, potrebbe verificarsi la estinzione dellamaggioranza delle specie non-oceaniche. Laguerra nucleare potrebbe così portare nella suascia una distruzione di vita senza precedenti du-rante la presenza dell’uomo sulla Terra, e potrebbecosì mettere in pericolo il futuro dell’umanità.

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L’INVERNO NUCLEARE: UN ALLARME

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Il gruppo di lavoro che ha preparato questodocumento di informazione era composto da:

Carlos Chagas, Brasile, PresidenteVladimir Alexandrov, URSSEdoardo Amaldi, ItaliaDan Beninson, ArgentinaPaul J. Crutzen, Germ. Occ.Lars Ernster, SveziaGiorgio Fiocco, Italia

Steven J. Gould, USAS.N. Isaev, URSSRaymond Latarjet, FranciaLouis Leprince-Ringuet, FranciaCarl Sagan, USACarlo Schaerf, ItaliaEugene M. Shoemaker, USACharles Townès, USAEugene P. Velikhov, URSSVictor Weisskopf, USA

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