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Brasier Eucharistique La revue des adorateurs www.adoperp.com N° 73 Décembre 2012 « La vie en abondance » onner sa vie : voilà la mission de Jésus : « Je suis venu pour donner la vie, et la vie en abon- dance » (Jn 10, 10). Pour décrire com- ment il la donne, Jésus choisit l’image du Bon Berger : « Je suis le Bon Ber- ger. Le bon Berger donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11). Le bon Berger demeure sans cesse avec son troupeau. Il affronte tous les dan- gers, même au prix de sa vie. C’est au Saint-Sacrement que Jésus accomplit parfaitement sa mission de bon Berger. Le Psaume 23 précise cette mission. Lui l’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous », demeure jour et nuit parmi nous plein de grâce et de vérité. Bien qu’il nous aime tous d’un amour infini, il nous aime comme si nous étions seuls au monde. Au Saint-Sacrement, Jésus nous désire et nous attend. Le curé d’Ars di- sait : « Que fait Jésus au Saint-Sacre- ment ? Il nous attend ». Puisqu’il comble nos besoins, le psal- miste s’exclame « je ne manque de rien ». Il nous incite à ne vouloir que lui et sa sainte volonté. Ainsi nous « repo- sons » dans l’amour divin de son Cœur eucharistique. Les « prés d’herbe fraîche » évoquent la surabondance de la vie divine répandue. Au Saint-Sacre- ment, il nous guide et nous invite à boire « aux eaux tranquilles », sources de salut et de guérison, jaillissant de ses plaies transfigurées. Là « il restaure la moralité, nourrit les vertus, console les affligés, donne la force aux faibles » (Paul VI). Il défend les petits, les vulnérables, ceux dont la vie est menacée… « Pour l’honneur de son nom » signifie qu’il est toujours fidèle à ses promesses. Ne « craindre aucun mal » est un acte de foi en Dieu qui gouverne tout. Du mal, il ne tire qu’un bien plus grand. Son « bâton » est la force qu’il nous donne dans ce sacrement. Il est infiniment plus puissant que les forces du mal. Jésus dresse « la table » et se donne dans « le Pain de vie ». Cette nourriture fut prépa- rée pendant sa Passion. La dernière cène et la crucifixion sont indissociables : la sainte messe contient la Passion du Seigneur comme l’enveloppe contient la lettre. Et si le blé est moulu pour devenir du pain, Jésus a été frappé et transpercé sur la croix pour devenir le pain vivant descendu du ciel, notre nourriture spiri- tuelle qui apporte paix, lumière et espé- rance à l’âme. La « coupe débordante » signifie que le Seigneur nous donne in- comparablement plus que ce que nous lui demandons, même si nous ne le per- cevons pas toujours. L’Eucharistie est le Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 73 1 Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. Il me conduit par le juste chemin Pour l’honneur de son nom. Si je traverse les ravins de la mort, Je ne crains aucun mal, car Tu es avec moi : Ton bâton me guide et me rassure. Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis, Tu répands le parfum sur ma tête, Ma coupe est débordante. Grâce et bonheur m’accompagnent Tous les jours de ma vie, J’habiterai la maison du Seigneur Pour la durée de mes jours. (Psaume 23) sacrement de la surabondance de l’Amour divin. « Grâce et bonheur » ac- compagnent celui qui sait reconnaître Jésus en l’Eucharistie et en l’Eucharistie toute chose. Il demeure avec nous « pour la durée de nos jours ». C’est pourquoi notre désir est de demeurer auprès de lui dans « la maison du Seigneur ». L’article principal de ce numéro porte sur le lien entre l’adoration et la vie. Plus nous nous approcherons du Bon Berger qui se donne dans l’Eucharistie, plus la vie divine se communiquera aux âmes. Et plus la vie divine sera répandue, plus la vie humaine sera protégée de sa conception à sa fin naturelle… P. Florian Racine D 73:Mise en page 1 18/11/2012 08:56 Page 1

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Page 1: Décembre 2012 Eucharistique ... · sons » dans l’amour divin de son Cœur eucharistique. Les « prés d’herbe ... Ton bâton me guide et me rassure. Tu prépares la table pour

BrasierEucharistique

La revue des adorateurswww.adoperp.com

N° 73DDéécceemmbbrree 22001122

«« LLaa vviiee eenn aabboonnddaannccee »»onner sa vie : voilà la missionde Jésus : « Je suis venu pourdonner la vie, et la vie en abon-

dance » (Jn 10, 10). Pour décrire com-ment il la donne, Jésus choisit l’imagedu Bon Berger : « Je suis le Bon Ber-ger. Le bon Berger donne sa vie pourses brebis » (Jn 10, 11).

Le bon Berger demeure sans cesse avecson troupeau. Il affronte tous les dan-gers, même au prix de sa vie. C’est auSaint-Sacrement que Jésus accomplitparfaitement sa mission de bon Berger.Le Psaume 23 précise cette mission. Luil’Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avecnous », demeure jour et nuit parmi nousplein de grâce et de vérité. Bien qu’ilnous aime tous d’un amour infini, il nousaime comme si nous étions seuls aumonde. Au Saint-Sacrement, Jésus nousdésire et nous attend. Le curé d’Ars di-sait : « Que fait Jésus au Saint-Sacre-ment ? Il nous attend ».

Puisqu’il comble nos besoins, le psal-miste s’exclame « je ne manque derien ». Il nous incite à ne vouloir que luiet sa sainte volonté. Ainsi nous « repo-sons » dans l’amour divin de son Cœureucharistique. Les « prés d’herbefraîche » évoquent la surabondance dela vie divine répandue. Au Saint-Sacre-ment, il nous guide et nous invite à boire« aux eaux tranquilles », sources de salutet de guérison, jaillissant de ses plaiestransfigurées. Là « il restaure la moralité,nourrit les vertus, console les affligés,donne la force aux faibles » (Paul VI). Ildéfend les petits, les vulnérables, ceuxdont la vie est menacée…

« Pour l’honneur de son nom » signifiequ’il est toujours fidèle à ses promesses.Ne « craindre aucun mal » est un acte defoi en Dieu qui gouverne tout. Du mal, il

ne tire qu’un bien plus grand. Son «bâton » est la force qu’il nous donnedans ce sacrement. Il est infiniment pluspuissant que les forces du mal. Jésusdresse « la table » et se donne dans « lePain de vie ». Cette nourriture fut prépa-rée pendant sa Passion. La dernièrecène et la crucifixion sont indissociables :la sainte messe contient la Passion duSeigneur comme l’enveloppe contient lalettre. Et si le blé est moulu pour devenirdu pain, Jésus a été frappé et transpercésur la croix pour devenir le pain vivantdescendu du ciel, notre nourriture spiri-tuelle qui apporte paix, lumière et espé-rance à l’âme. La « coupe débordante »signifie que le Seigneur nous donne in-comparablement plus que ce que nouslui demandons, même si nous ne le per-cevons pas toujours. L’Eucharistie est le

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((PPssaauummee 2233))

sacrement de la surabondance del’Amour divin. « Grâce et bonheur » ac-compagnent celui qui sait reconnaîtreJésus en l’Eucharistie et en l’Eucharistietoute chose. Il demeure avec nous « pourla durée de nos jours ». C’est pourquoinotre désir est de demeurer auprès de luidans « la maison du Seigneur ».

L’article principal de ce numéro porte surle lien entre l’adoration et la vie. Plusnous nous approcherons du Bon Bergerqui se donne dans l’Eucharistie, plus lavie divine se communiquera aux âmes.Et plus la vie divine sera répandue, plusla vie humaine sera protégée de saconception à sa fin naturelle…

P. Florian Racine

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ans sa première épître,Saint Jean écrit : « Ce qui

était dès le commencement, ceque nous avons entendu, ce quenous avons vu de nos yeux, ceque nous avons contemplé, ceque nos mains ont touché duVerbe de Vie, car la Vie a étemanifestée nous l’avons vue,nous en rendons témoignage ».Ce que nous avons contemplé,le Verbe de Vie, la Vie elle-même s’est manifestée. Cetteparole de saint Jean peut s’ap-pliquer à ce que vous vivezdéjà : vous contemplez dansl’Eucharistie le Verbe de Vie, laVie qui se manifeste.

Mon propos comportera trois par-ties : Nous adorons la Vie - LaVie nous transforme - Elle trans-forme le monde.

I. Nous adorons la Vie.

Saint Jean disait : « La Vie s’estmanifestée » et Jésus : « Je suisle Pain de Vie ». Nous savonsd’expérience ce que nouscontemplons : la Vie, l’auteur dela Vie. Comme le disent lesActes des Apôtres : « le Princede la Vie » est devant vous. Al’heure où vous adorez, vousêtes devant votre Créateur. Jeferai un parallèle avec les ques-tions de bioéthique : éthique dela vie, souci de la vie naissante,souci d’accompagnement de lavie finissante[

Quand Jean-Paul II nous parledans son encyclique « Evange-lium Vitae » de ce combat, de cetournant culturel à vivre, à la fin

de son encyclique où il décrie lemal que représente l’avorte-ment, sans jugement sur les per-sonnes, et le mal que représentel’euthanasie, sans juger les mé-decins ou les familles qui sontles premières demandeuses deces fins de vie accélérées, ilnous dit : « Vous êtes le peuplede la Vie, pour la Vie, et vousdevez annoncer l’évangile de laVie, célébrer l’évangile de la Vie,et servir l’évangile de la Vie ».

Comme adorateurs, vous êtesdans la 2nde dimension, celle dela célébration. Vous célébrezl’évangile de la Vie par cet acteliturgique, par cet acte de prièredans le secret de vos cœurs.« Pour opérer ce tournant cultu-rel dans l’ordre de la célébration

de la Vie – nous dit encore Jean-Paul II – il est urgent, avant tout,d’entretenir en nous et chez lesautres un regard contemplatif.Ce regard naît de la foi dans leDieu de la Vie qui a créé touthomme en le faisant comme unprodige (Ps 139). C’est le regardde celui qui voit la vie dans saprofondeur, en la saisissantdans sa gratuité, sa beauté, sonappel à la liberté et à la respon-sabilité. C’est le regard de celuiqui ne prétend pas se faire lemaître de la réalité, mais qui l’ac-cueille comme un don, décou-vrant en toute chose le reflet duCréateur, en toute personne sonimage vivante. Ce regard ne selaisse pas aller à manquer deconfiance devant celui qui estmalade, marginalisé ou au seuil

L’Adoration et la Vie Conférence prononcée le 18 juin 2006 au Sacré-Cœur de Bordeaux, àl’occasion de la fête du Saint-Sacrement, par le père Pierre PROTOT,

médecin, responsable de la commission éthique de la communauté del’Emmanuel, diplômé de l’institut Jean-Paul II pour la famille.

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de la mort, mais il se laisse in-terpeler par toutes les situations.Pour aller à la recherche d’unsens et en ces occasions, il estdisposé à percevoir dans le vi-sage de toute personne une in-vitation à la rencontre, audialogue, à la solidarité, l’âmesaisie d’un religieux émerveille-ment. Il est temps que nousayons tous ce regard pour êtrede nouveau en mesure de véné-rer et d’honorer tout homme. »

De ce regard contemplatif posésur l’Eucharistie peut procédertout regard contemplatif, tout re-gard d’admiration. Si on admirela création, on est ramené auCréateur. Mais si on admire leCréateur, on peut reconnaître enses œuvres la beauté qu’il avoulu y inscrire, et en particulierdans le sommet de sa créationqui est l’homme. Le petitd’homme, fragile en ses com-mencements, l’homme en fin devie, vulnérable, est tout aussi ai-mable que lorsqu’il aura ou avaitsa force, sa vigueur, sa capacitéà servir la société.Donc, la Vie s’est manifestée,nous la contemplons. Si nousvoulons servir l’évangile de la

Vie, nous devons avoir ce regardcontemplatif pour célébrer Dieu.« Je suis le pain de Vie » : la réa-lité du pain évoque un besoinvital, une dépendance à la nour-riture que Dieu a voulue. Nousne sommes pas capables, danscette vie sur terre, de vivre sansmanger. Même Marthe Robin senourrissait de l’Eucharistie : aumoins de ça ! Même si c’est unmiracle permanent. Jésus nousdit ainsi : vous avez besoin demoi pour vivre. Cela signifienotre dépendance au Créateur ;et la puissance de vie que recèlel’Eucharistie.

Vous connaissez l’histoire deThérèse Neumann, une mys-tique, qui possédait la grâce dedistinguer la présence eucharis-tique. Rentrant un jour dans lebureau de son curé, elle lui dit :« Il y a Jésus dans cette pièce ».Le curé proteste et se moqued’elle. Thérèse lui indique pour-tant une enveloppe sur son bu-reau : une hostie y estenfermée[

Certains vivent pour nous lagrâce de s’emplir de la présencede vie de l’Eucharistie. Pour

comprendre cette présence, jevous livre ce témoignage quej’aime beaucoup, entendu lorsd’un récent voyage aux Etats-Unis. J’ai découvert la vie desaint John Neumann, un Ré-demptoriste, un saint de Phila-delphie qui a vécu en 1860.C’est lui qui a été l’instaurateurdes « 40 heures » d’adorationeucharistique. Saint Antoine Za-charie avait lancé cela en Italie,et saint John Neumann a fondéet développé ce culte eucharis-tique aux Etats-Unis. Or, unhomme allait mourir, atteint d’uncancer généralisé. Ayant en-tendu parler de saint John Neu-mann, il s’allongeait toutes lessemaines sur la tombe du saintqui vénérait tant le Saint Sacre-ment[ Et c’était comme une ra-diothérapie : par le rayonnementde la sainteté d’un saint qui avaitaimé l’Eucharistie, comme parredondance, par redoublement,le Seigneur l’a guéri. Cela nousfait comprendre que, si un saintest capable par son rayonne-ment moyennant la foi d’unhomme qui accueille ce rayon-nement, de guérir un cancer,combien plus l’Eucharistie a unepuissance de vie pour nous gué-rir, pour nous sauver, nous illu-miner, nous donner la force. Ce

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pain de Vie est bien source deVie.En adorant le Créateur qui se faitnourriture, l’homme apprend àrespecter son œuvre. Cela peutnous aider à respecter nos pa-rents, la vie, sa transmission. Sinous vivons dans l’adoration duCréateur, respectant ainsi lespremiers commandements,nous ne serons pas étonnés depouvoir nous ouvrir aussi à la se-conde table des Commande-ments, le respect de sesparents, de la vie (5ème comman-dement), le respect de la femmeou du mari de son prochain (6ème

commandement). Le principe durespect de la vie en respectantl’auteur de la vie, en recevant sasource en nous est vraiment fon-damental.

Troisième élément après « la Vies’est manifestée » et « Je suis lepain de Vie », voici en Jean 15 :« Il n’y a pas de plus grandamour que de donner sa viepour ceux qu’on aime » ou« pour ses amis » selon les tra-ductions. Cela vient donc après :« Je suis le pain de Vie, c’est machair donnée pour la vie dumonde » (Jean 6). Le lien entreamour et vie nous est révélé.

Dans l’encyclique « Deus Cari-tas Est », Benoît XVI établit unlien entre amour et vie qui vanous aider – par rapport à ce quise réalise dans l’Eucharistie – à

contempler et offrir Jésus pré-sent au Saint-Sacrement de l’au-tel, au Père. Benoît XVI dit :« L’amour est la véritable culturede vie ». En contemplant l’Eu-charistie, nous sommes dans lavéritable culture de vie. Quandon tue des embryons dans leventre maternel, quand on lessélectionne morphologiquementavant l’implantation ou la congé-lation pour les donner à des cou-ples qui souffrent de n’en avoirpas[ Quand on trie les em-bryons comme des simpleschoses, quand on les réduit àl’état de matériau biologique, oncommet une faute grave : notreintention, qui est d’aimer, dedonner la vie à des enfants, desauver notre couple, se dis-tingue de notre acte qui, lui, n’estpas digne d’un acte d’amour.Pour supprimer ou éviter unesouffrance, on supprime desêtres qui sont déjà des individushumains. Comme nous le dit « leDon de la Vie » (document quele Cardinal Ratzinger a signé en1987 quand il était Cardinal pré-fet pour la doctrine de la foi)« Comment un individu humainne serait-il pas une personne hu-maine ? »Les plus grands drames sontnés de la distinction faite entreles êtres humains, dont certainsétaient plus humains que d’au-tres ! Les Juifs étaient moinshumainsP les NoirsP lesfemmesP les prolétairesP les

embryons sont moins humains,et à l’autre bout, les maladesd’Alzheimer sont moins hu-mains, les handicapés men-tauxPOn fait le tri de ceux quiméritent la dignité humaine, etc’est nous qui opérons ce tri. Sil’on regarde les génomes, ilssont, eux, tous égaux, le gé-nome d’un humain.

La véritable culture de vie estune culture de l’amour qui pré-fère donner sa vie pour celui quiest petit, qui me dérange et quiest là, présence d’une personnedéjà humaine, en devenir et nonpas « potentiellement », ou peut-être grabataire, ayant peut-êtreperdu la raison[ L’accompa-gner, souffrir avec elle, voilà lavraie compassion : non pas sup-primer la personne qui souffre,

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mais souffrir avec elle. Jésus nous dit qu’il n’y a pas deplus grand amour que de donnersa vie. Quand nous le contem-plons dans l’Eucharistie, nousentrons dans la véritable culturede vie et apprenons de Jésuscomment aimer. Dans « Deus Caritas Est », Be-noît XVI parle d’un mouvementascendant, le désir de beauté,de perfection, d’accomplisse-ment de soi, c’est l’eros quimonte en nous. L’autre mouve-ment, descendant, celui-làconsiste à ne plus me cherchermoi-même, mais par amour del’autre, à me sacrifier afin quel’autre prenne la première place.Ces deux mouvements doiventse rejoindre. Mais le premier,l’eros, doit être purifié, guéri,transformé, justement par lagrâce. L’adoration peut nousaider à intégrer ces deux dimen-sions de l’amour humain et fairede tout ce que nous vivons un vé-ritable don d’amour pour nosfrères, nos époux, nos épouses[

Jean-Paul II disait pour la Fête-Dieu en 1978 : « Dans le silencede l’hostie blanche portée dansl’ostensoir, il y a toutes ses pa-roles, toute sa vie, donnée, of-ferte au Père pour chacun denous. Il y a aussi la gloire de soncorps glorifié commencée avecla Résurrection et qui dure tou-jours dans l’union céleste ».C’est pourquoi le Saint Sacre-ment est également appelé lesacrement de l’Amour : il estl’école de l’amour véritable.

II. La Vie transformenotre propre vie

« Si quelqu’un a soif, qu’ilvienne à moiP De mon seincouleront des fleuves de vie,des fleuves d’eau viveP ». Ilest si beau d’aller adorer pourles autres, mais suis-je prêt àaccueillir l’amour de Dieu, pourmoi personnellement, dans un

temps de cœur à cœur ?Nous y allons d’abord pour rece-voir ce fleuve de vie pour nous[

Dans l’adoration, la vie divinegrandit en nous. Jésus nousaime en ce moment où nousnous tenons devant Lui. C’est ceque dit mère Teresa : « Lorsquevous regardez un crucifix, vouscomprenez combien Jésus vousa aimés voici deux mille ans.Quand vous regardez la saintehostie, vous comprenez com-bien Jésus vous aime en ce mo-ment ». Là, il vous donne sa vie,ses fleuves d’eau vive, son Es-prit Saint pour vous aider à pren-dre les bonnes décisions en cemoment[

Jean-Paul II renchérit dans l’en-cyclique « Ecclesia de Eucharis-tia » : « Il faut en outre demeurerlonguement en adoration devantle très Saint Sacrement, expé-rience que je fais moi-mêmechaque jour, y retirant force,consolation ou soutien ». Il y aaussi des jours où rien ne sepasse et pourtant Dieu agit[C’est dans la fidélité que l’onpeut se rendre compte, avec letemps, du chemin parcouru.Rappelons-nous Ézéchiel 47.Dans une vision, il se trouve aubord du fleuve Kebar, il n’y a rienalentour. Puis il se retourne etles arbres fruitiers ont poussé,

toutes sortes d’arbres fruitiers[Ne jugeons pas trop vite l’actiondu Seigneur, pour Lui, mille ans

sont comme un jour[ même sipour nous, un jour dure parfoismille ans !

Que fait Jésus en nous ? Il nousaime en ce moment, il augmentela vie divine en nous, il noustransforme. L’adoration est uneécole eucharistique de l’amour[Jean-Paul II a eu cette formule :il faut aussi que ce soit une écoleeucharistique de la libertépuisque la vie donnée procèded’une liberté qui se donne : « Mavie, nul ne la prend, mais c’estmoi qui la donne »P « Au mo-ment d’entrer librement dans sapassion ». Dans l’Eucharistie, ily a l’acte de liberté, de volontéde Jésus qui fait la volonté duPère et se livre à nos regards. Benoît XVI, à Cologne, expli-quait le sens de l’adoration desmages : « L’adoration a deuxsens, correspondant à ses deuxétymologies : le mot grec estproskunesis qui signifie le gestede la soumission, la reconnais-sance de Dieu comme notrevraie mesure dont nous accep-tons de suivre la règle. Il signifieque la liberté ne veut pas direjouir de la vie, se croire absolu-ment autonome, mais s’orienterselon la mesure de la vérité et

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ser Jésus nous aimer avant quede Lui répondre par notre propreamour. L’adoration nous fait en-trer dans l’intimité du Christ. Cesont sa vie, ses sentiments quideviennent peu à peu les nôtres.

III. La Vie transforme le monde

Mais voilà, on n’adore pas quepour soi : on adore aussi poursauver le monde. Pour les 750ans de la Fête-Dieu, Jean-PaulII disait : « La proximité avec leChrist dans le silence de lacontemplation n’éloigne pas denos contemporains. Au con-traire, elle nous rend attentifsaux joies et aux détresses deshommes. Elle élargit nos cœursaux dimensions du monde. Ellenous rend solidaires de nosfrères, particulièrement des pluspetits qui sont les bien-aimés duSeigneur. Par l’adoration, lechrétien contribue mystérieuse-ment à la transformation radi-cale du monde et à la ger-mination de l’Evangile. Toutepersonne qui prie le Sauveurentraîne à sa suite le monde en-

prendre garde à ne pas le dé-tourner, à ne pas se l’approprier. Ala veille de la Pentecôte, BenoîtXVI parlait aux communautésnouvelles : « Là où ne coule plusla vraie fontaine de la vie, là oùl’on s’approprie seulement cettevie au lieu de la donner, là alors,la vie des autres est en danger ;là, on est porté à exclure la vienon encore née, parce que celasemble enlever l’espace à sa pro-pre vie. Si nous voulons protégerla vie, nous devons surtout re-trouver la fontaine de la vie. Alorsla vie elle-même doit reparaîtredans toute sa beauté, sa subli-mité, alors nous devons nous lais-ser vivifier par l’Esprit Saint, lasource créative de la Vie. »

Le pape souligne que nous devonslaisser courir ce fleuve et ne pasnous l’approprier. Nous acceptons,à l’école de l’Eucharistie, d’entrerdans l’offrande du Fils et de fairel’offrande de notre propre vie.

Ce ne sont pas d’abord nos ef-forts qui vont transformer notrevie, mais c’est Jésus qui va lefaire en nous. Adorer, c’est lais-

du bien pour devenir de cettefaçon, nous aussi, vrais et bons.Cette attitude est nécessairemême si, dans un premiertemps, notre soif de liberté ré-siste à une telle perspective. Ilne sera possible de la faire tota-lement nôtre que dans le secondpas que la dernière Cène nousentrouvreP Le mot latin pouradoration est « ad oratio » :contact, bouche à bouche, bai-ser, accolade – et donc, en défi-nitive : amour. La soumissiondevient union parce que Celuiauquel nous nous soumettonsest Amour. Ainsi, la soumissionprend un sens parce qu’elle nenous impose rien d’étrangermais nous libère à partir du plusprofond de notre être ». Islamveut dire soumission, et l’adora-tion est dans cette premièreperspective. On est à l’école eu-charistique de la liberté. Nouscomprenons que faire la volontéde Dieu n’est pas une soumis-sion, mais une ouverture parl’amour à mettre nos libertés encommunion avec Dieu.

Ce fleuve, ce canal de vie, il faut

Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 736

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jours, nous avons porté ce pro-jet dans l’adoration[ Il s’est fortbien réalisé : 200 jeunes qui ve-naient tous les jours et beau-coup se sont confessés pour lapremière fois. Ils sont devenusmissionnaires à leur tour. Onnous a alors demandé d’aller aucampus ; le campus universitaireétait le royaume des protestantsqui y étaient fréquemment enmission. Les catholiques, eux,n’y avaient jamais fait de mis-sions d’envergure. Nous y ins-taurons notre petite mission,d’abord fondée dans l’adoration.Les protestants arrivent à réunir100, 200 personnes. Nous enavions 800, et à la fin, jusqu’à1300 étudiants[ Les protestantsnous demandaient la recette !C’est le fruit de l’adoration, nousen étions convaincus.

Croyons en cette puissance duCœur de Jésus dans l’Eucharis-tie, qui donne la vie au monde.Voici encore ce qu’en dit Jean-Paul II : « Aujourd’hui encore, en

m’a confié un hôpital debrousse, à Bumkeya, dans lefond du Congo-Zaïre. On m’acopieusement prévenu que ceserait une galère, avec persécu-tion de chrétiens : le chef du vil-lage, ex-ministre de l’Intérieur,avait rabattu tout son pouvoir surce petit village, instauré des cli-niques de guérisseurs tradition-nels et celui qui voulait se fairesoigner à l’hôpital tenu par lesSœurs était persécuté, empoi-sonné[ Quand nous avonsconfié le dossier à la Fidesco(Communauté de l’Emmanuel),nous avons adoré. Six mois plustard, pour mon arrivée, la cliniquede guérisseurs avait disparu !A Lubumbashi (toujours auCongo) : nous étions trois ouquatre jeunes, sans expérienced’évangélisation. Quelques pa-rents nous demandent de fairequelque chose pour leurs en-fants en voie de perdition. Nousavions vu faire des missions parnos écoles d’évangélisation. Etcomme nous adorions tous les

tier et l’élève à Dieu »PNous n’attirons donc pas seule-ment nous-mêmes, notre famille,mais le monde entier. C’estJean-Paul II lui-même qui le dit,qui est, je crois, un saint ! Ceuxqui se tiennent devant le Sei-gneur remplissent donc un émi-nent service : croyez à votrevocation d’adorateur. Vous pré-sentez au Christ tous ceux quine le connaissent pas ou sontloin de Lui. Vous veillez devantLui en leur nom.

« Ils regarderont Celui qu’ils onttranspercé » : nous entrons dansune dimension de réparation.Dans l’adoration, nous réparons,en rendant amour pour amourtoutes les désobéissances, tousles péchés du monde, en di-sant : merci, Seigneur, de nousavoir sauvés ; merci, Seigneur,de nous avoir renouvelés dansla vie ; merci, Seigneur, après lamort et le péché, après la mortcomme conséquence du péché,de nous rendre la vie par le par-don, par ton sang versé.

A Houston, en septembre 2005,il y avait des cyclones. Après Ka-trina, c’était Rita, un cyclone deforce 5, maximale, qui menaçaiten allant droit sur Houston avecses 4 millions d’habitants. MaisHouston a été épargné. Au der-nier moment, le cyclone a déviésa route de quelques kilomè-tres[ Or à Houston, et je l’ai dé-couvert en y allant, dans 60paroisses catholiques sur 100, ily a l’adoration eucharistique per-pétuelle[ Les Américains, cen’est pas que l’Irak ! Les chré-tiens de Houston et moi voyions làun rapport évident entre la prièredes adorateurs d’une ville et laprotection imprévue scientifique-ment de leur cité. Nous sommes làpour nous et pour le monde.

Lorsque j’étais en Afrique, entant que missionnaire laïc (pasencore entré au séminaire) on

Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 737

«« TToouuttee ppeerrssoonnnnee qquuii pprriiee

llee SSaauuvveeuurr eennttrraaîînnee àà ssaa ssuuiittee llee mmoonnddee eennttiieerr

eett ll’’ééllèèvvee àà DDiieeuu »»……

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 738

Bouquet de prières : nous confions à votre prière.

Lors du week-end du 8 et 9 décembre :- mission pour la proposition de l’adoration permanente à Villemomble (93)

- la piqûre de rappel à Lorient (56) - la piqûre de rappel à la Valette du Var (83)

- Et spécialement tous ceux qui œuvrent au respect de la vie de la conception jusqu’à la mort naturelle.

tournant le regard vers Celui quia été transpercé, tout homme me-nacé dans son existence trouve laferme espérance d’obtenir sa li-bération et sa rédemption ».

C’est vrai pour soi, et c’est vraipour les autres. Reprenons tou-jours ce thème du VendrediSaint : le voile du sanctuaire sedéchire par le milieu, c’est lesymbole d’un grand bouleverse-ment, d’une lutte effroyable entreles forces du bien et les forcesdu mal, entre la vie et la mort.Nous aussi, aujourd’hui, noustrouvons au milieu d’une luttedramatique entre la culture demort et la culture de vie. Mais lasplendeur de la Croix n’est pasvoilée par cette obscurité.La Croix – le Saint Sacrementqui rend présent le sacrifice dela Croix – se détache encoreplus nettement, et elle apparaît– le Saint Sacrement apparaît –comme le centre, le sens et la finde toute histoire et de toute viehumaine. Tout est là. Le trésorest là. Ce sang du Christ qui ré-vèle la grandeur du Père mani-feste que l’homme est précieuxaux yeux de Dieu et que sa vieest inestimable. Quelle valeur doitavoir l’homme aux yeux du Créa-teur s’il a mérité un si grand ré-

dempteur, si Dieu a donné sonFils unique afin que l’homme nese perde pas ! En la présence duSaint Sacrement, nous avons leprincipe du salut universel,puisque c’est Jésus lui-même, enson mystère de salut, le mystèrede la Croix, qui nous est donné.

« Tous les maux du monde peu-vent être vaincus à travers legrand pouvoir de l’adoration eu-charistique » nous dit aussiJean-Paul II. Tous les maux dumonde[ J’ai évoqué des réali-tés de conversion de jeunes, decyclones, de purification de laculture africaine où j’étais[S’il fallait conclure, je le feraispar ce petit témoignage reçu lasemaine dernière en allant célé-brer les 40 ans de mariage d’uncouple. Lui, travaille chez lessœurs de mère Teresa. Il nousdisait que la sœur responsable

de la petite communauté de troisqui s’occupe, dans Bruxelles,des plus pauvres, est une mira-culée[ Elle était en Afrique oùelle a attrapé la malaria. Troptardivement dépistée, elle esttombée dans le coma. Humaine-ment, il n’y avait plus d’espoir.Les sœurs – qui ont la foi ! – sontallées chercher le curé, venu encompagnie du Saint Sacrement.Il l’a exposé[ La sœur est sortiedu coma !Voilà le plus important : croyezen votre vocation d’adorateur. Atravers votre fidélité, votre prière,la vie du monde est transformée,votre vie personnelle est aussitransformée[ parce que vouscroyez que c’est Lui qui est làdevant vous, et qu’il a le pouvoirde donner la Vie à tout homme.

Amen.

P. Pierre Protot

CCrrooyyeezz eenn vvoottrree vvooccaattiioonn

dd’’aaddoorraatteeuurr..

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 739

ans sa catéchèse du 1er juin 2011, BenoîtXVI reprend la figure de Moise et sa prièred’intercession sur le Sinaï : « Quand le peu-

ple vit que Moïse tardait à descendre de la mon-tagne, le peuple s’assembla auprès d’Aaron et luidit : ‘Allons, fais-nous un dieu qui aille devant nous,car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter dupays d’Egypte, nous ne savons pas ce qui lui estarrivé’P Moïse s’efforça d’apaiser le Seigneur sonDieu et dit : ‘Pourquoi, Seigneur, ta colère s’en-flammerait-elle contre ton peuple que tu as fait sor-tir d’Egypte par ta grande force et ta mainpuissante ? Reviens de ta colère ardente et re-nonce au mal que tu voulais faire à ton peuple »(Ex 32,1P 12).

Ne sachant plus attendre, le peuple se dé-tourne de Dieu. Benoît XVI explique : « Las d’unchemin avec un Dieu invisible, à présent queMoïse, le médiateur, a lui aussi disparu, le peupledemande une présence tangible, perceptible, duSeigneur, et il trouve dans le veau de métal fondufait par Aaron, un dieu rendu accessible, manœu-vrable, à la portée de l’homme. C’est une tentationconstante sur le chemin de foi: éluder le mystèredivin en construisant un dieu compréhensible, cor-respondant à ses propres conceptions, à ses pro-pres projets. Ce qui se produit au Sinaï révèle toutela stupidité et la vanité illusoire de cette prétentioncar, comme l’affirme ironiquement le Psaume 106,‘ils échangeaient ce qui était leur gloire pourl’image d’un taureau, d’un ruminant’ (Ps 106, 20) ».Déçu par ce peuple indigne et infidèle, Dieu ren-voie Moïse vers eux et propose ceci : « Ma colèreva s’enflammer. De toi en revanche je ferai unegrande nation» (Ex 32, 10). Quant à nous, com-ment réagissons-nous quand Dieu ne semble pasrépondre à nos attentes ? Nos incompréhensionssont-elles l’occasion de poser un acte de foi ou denous détourner de Dieu pour chercher d’autresconsolations humaines ?

Ensuite, Moise est présenté comme lepriant et l’intercesseur. Il prie sans cesse. Il estmême le médiateur, l’intercesseur entre Dieu etson peuple. Le pape précise : « Moïse a fait l’ex-périence concrète du Dieu de salut, il a été envoyécomme médiateur de la libération divine et à pré-sent, avec sa prière, il se fait l’interprète d’une dou-ble inquiétude, préoccupé pour le sort de sonpeuple, mais en même temps également préoc-cupé pour l’honneur que l’on doit au Seigneur, pourla vérité de son nom. En effet, l’intercesseur veutque le peuple d’Israël soit sauf, car il est le trou-peau qui lui a été confié, mais également parceque dans ce salut se manifeste la véritable réalité

de Dieu. L’amour des frères et l’amour de Dieu semêlent dans la prière d’intercession et sont insé-parables. Moïse, l’intercesseur, est l’hommetendu entre deux amours, qui dans la prière sesuperposent dans un unique désir de bien ».

Les Pères de l’Eglise ont vu en Moïse unepréfiguration du Christ. C’est pour cela que Be-noît XVI nous rappelle que « le Christ prie pourmoi, il a souffert et il souffre pour moi, il s’est iden-tifié avec moi en prenant notre corps et l’âme hu-maine. Ainsi, il nous fait devenir ses consanguins,un corps avec Lui, identifiés à Lui. Il nous invite àentrer dans cette identification; à être unis avecLui dans notre désir d’être un corps, un espritavec Lui. Prions le Seigneur afin que cette identi-fication nous transforme, nous renouvelle, car lepardon est renouveau, est transformation ».Sommes-nous conscients queJésus prie pour nous et que notreprière proche du Cœur du Christnous renouvelle et nous trans-forme sans cesse ?

Soeur Beata Véronique

Pour découvrir l’« école de prière » de Benoît XVI (3).

D

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Rédacteur en chef : Florian RacineRédacteurs: Sean Davidson, Soeur Beata Véronique, Mise en page: B.Bro

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Imprimerie: Marim, ToulonLe magazine est édité par:

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 7311

FFoorrmmaattiioonn àà ll''aaddoorraattiioonn.. PPaarrccoouurrss ssuurr 5522 ééttaappeess pprrééppaarréé ppaarr llee PP.. FFlloorriiaann RRaacciinnee

Phase II (LE PÈRE) : Par le Fils, remonter au Père et se laisser transformer par son amour (dix étapes)

II.1. Il est le Bon Berger qui me conduit vers le Père (se laisser aimer)(cinq étapes)

« Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol.Le temps passa et il advint que Caïn présenta des pro-duits du sol en offrande au Seigneur, et qu'Abel, de soncôté, offrit des premiers-nés de son troupeau, et mêmede leur graisse. Or le Seigneur agréa Abel et son offrande.Mais il n'agréa pas Caïn et son offrande, et Caïn en futtrès irrité et eut le visage abattu. Le Seigneur dit à Caïn :"Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Situ es bien disposé, ne relèveras-tu pas la tête ? Mais si tun'es pas bien disposé, le péché n'est-il pas à la porte, unebête tapie qui te convoite ? Pourras-tu la dominer ?" Ce-pendant Caïn dit à son frère Abel : "Allons dehors", et,comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta surson frère Abel et le tua » (Gn 4, 2-7).

Aucun motif n’est indiqué pour justifier la préférence duSeigneur : elle dépend de son libre vouloir. L’attitude sub-séquente de Caïn manifeste les mauvaises dispositionsde son cœur : il s’irrite et devient jaloux. Dieu intervientavec miséricorde. Ce passage mystérieux peut nouséclairer sur notre adoration. Le Seigneur n’agrée pas l’of-frande de Caïn. En fait, Caïn adore Dieu, mais il a un œil sur son frère, son cœur n’est pas entièrementà Dieu. Dieu regarde d’abord la personne, le cœur et non l’offrande. Plus tard, le Seigneur dira à Sa-muel : « Ne considère pas son apparence ni la hauteur de sa taille, car je l'ai écarté. Les vues de Dieune sont pas comme les vues de l'homme, car l'homme regarde à l'apparence, mais Dieu regarde aucœur » (1 S 16, 7).

L’adoration nous met dans la vérité. Elle nous tourne entièrement vers notre Père en nous décentrantde nous-mêmes. Il s’agit de rendre à Dieu le culte qui lui revient : « Adore le Seigneur ton Dieu, à luiseul tu rendras un culte » (Mt 4, 10). Cela implique d’adorer Dieu comme le Seigneur de tout ce quiexiste ; de lui rendre le culte qui lui est dû de façon individuelle et communautaire ; de le prier par lalouange, l’action de grâce et la supplication ; de lui offrir des sacrifices, avant tout le sacrifice spirituelde notre vie, uni au sacrifice parfait du Christ. Dans la parabole du pharisien et du publicain, le premieroffre ses bonnes actions, l’autre présente humblement à Dieu sa propre vie malgré ses pauvretés.Jésus déclare : « Ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non » (Lc 18, 9-14).

Lorsque nous venons adorer Jésus au Saint-Sacrement, nous nous présentons à Lui tel que noussommes, en vérité ! Sa présence nous libère, nous guérit et nous établit dans la vérité. Nous pouvonsalors ordonner notre vie sous la lumière de Dieu et nous laisser pacifier. Cela rejaillira sur notre com-portement vis-à-vis de nos frères. Saint Paul nous encourage à offrir nos personnes à Dieu. Voilà le vraiculte spirituel qui conduit à la conversion du cœur. Cette ‘transformation’ consiste à renouveler son ju-gement pour discerner la volonté de Dieu en toute chose : « Je vous exhorte, par la miséricorde de Dieu,à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là, l’adoration véritable que vousavez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre ju-

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 7312

gement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui luiplaît, ce qui est parfait » (Rm 12, 1-2). L’adoration, lorsqu’elle devient offrande de soi, renouvelle sa ma-nière de penser et de juger. Changer son regard sur les autres, sur le monde et sur soi, nous rend dis-ponibles à accueillir la volonté divine : voilà la conversion véritable. Pour cela, il faut s’abandonnerentièrement au Seigneur, et même mourir à soi-même.

Pour sainte Thérèse de Lisieux, « le propre de l’amour est de s’abaisser... Pour que l'amour soit plei-nement satisfait, il faut qu'il s'abaisse jusqu'au néant et transforme en feu ce néant » . Sœur Marie-Thé-rèse Dubouché disait : « L'adoration eucharistique, c'est être là, comme une fleur devant son soleil. Sivous saviez quel est celui qui vous regarde à travers ces voiles[ Ne faites rien, n’importe ! Une vertusortira de lui... »

Voici le témoignage d’une adoratrice qui porte le monde par son offrande héroïque, à travers une ma-ladie gravissime : « La vie vaut-elle d'être vécue ? C'est ce que je me demandais en 1998 quand, à l'âgede 33 ans, on m'a appris que je vivrais en soins palliatifs toute ma vie, mais avec une durée de vie nor-male, avec le nerf sciatique à vif, des douleurs incessantes nuit et jour que même les perfusions de mor-phine continuelles ne suffisent pas à calmer. C'est dans l'adoration et l'offrande de moi que j'ai trouvéréponse à cette question. J'ai découvert l'adoration au cours d'une retraite. Du questionnement, je suispassée à l'émerveillement : j'étais rentrée dans l'adoration. Ce jour de mars 1998, j'ai reçu la grâced'un besoin vital de rencontrer Jésus chaque jour dans le Saint-Sacrement, et j'y suis restée fidèlejusqu'à aujourd'hui.

L'ADORATION EST POUR MOI UN TEMPS DE LUMIÈRE ET DE GUÉRISON : Dans l'adoration,Jésus me guérit en me montrant comment je le blesse. J'accueille cette lumière avec joie car elle mepermet de me défaire d'une habitude qui déplait à son Père, en confessant ma misère dès que j'en aiconscience. Et c'est à chaque fois une fête que de pouvoir confesser la Miséricorde de Dieu qui me gué-rit. Dans l'adoration, je donne à Jésus la seule chose que j'aie en propre, ce qu'il est venu chercher :mon indigence. Elle a à ses yeux plus de valeur que mes succès qui ne m'appartiennent pas. « Tonamour me fait danser de joie : Tu vois ma misère et tu sais ma détresse » (Ps 30).

L'ADORATION, TEMPS D'OFFRANDE D'INTERCESSION ET DE MATERNITÉ SPIRITUELLE : Offrir mes souffrances au Père en les unissant à celles du Christ pour la rédemption des pécheursprend tout son sens dans l'adoration. Pour cette raison, l'adoration m'a fait comprendre que j'avaisune véritable maternité spirituelle à exercer au sein de l'Église, et que l'adoration était au cœur del'évangélisation. Le Père nous appelle tous à être une offrande, c'est-à-dire d'offrir notre quotidienà la suite de Jésus, le premier à s'être offert ».

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 7313

Dans l’adoration eucharistique, il faut donc offrir sa personne à Jésus. Toutefois, en premier lieu, c’estJésus lui-même qui demeure dans un état permanent d’offrande à son Père. Son offrande est rendueprésente au tabernacle. L’adorateur doit donc entrer dans l’offrande de Jésus pour son Père. Jésusveut nous associer à sa grande offrande au Père. Toute la vie de Jésus était une vie d’adoration et d’of-frande au Père. Jésus laisse à son Église sa grande adoration du Père, au tabernacle. Dans l’Eucha-ristie, Jésus adore le Père et « vit pour toujours afin d’intercéder en notre faveur » (Hb 7, 25). Dans leCorps mystique, Jésus est la Tête et nous ses membres. Nous devons donc entrer dans le même mou-vement que la Tête, et nous unir à l’adoration permanente de Jésus pour son Père, car « le Pèrecherche des adorateurs qui adorent en esprit et en vérité » (Jn 4, 23). Paul VI disait : « C’est pour nousun devoir très doux d’honorer et d’adorer dans la sainte hostie, que nos yeux voient, le Verbe incarnéqu’ils ne peuvent pas voir et qui, sans quitter le ciel, s’est rendu présent devant nous » .

« Que fait le Sauveur dans l'Eucharistie ? Il continue son office d'adorateur, de glorificateur de son Père.Il se fera le Sacrement de la gloire de Dieu. Le voyez-vous, Jésus, sur l'autel ? dans le Tabernacle ? Ily est ; qu'y fait-il ? Il adore son Père, lui rend grâces et continue son office d'intercesseur pour leshommes[ Il demeure sur son Calvaire mystique répétant sa sublime parole : Père, pardonnez-leur !Je vous offre pour eux mon sang, mes plaies ! Il se multiplie partout, partout où il y a à expier. En quelquelieu, que s'établisse une famille chrétienne, Jésus vient faireavec elle une société d’adoration, et glorifier son Père en l'ado-rant et en le faisant adorer en esprit et en vérité. Dieu le Père,satisfait, glorifié autant qu'il le mérite, s'écrie : Mon nom estgrand parmi les nations ; car depuis le lever du soleil jusqu'àson couchant, on m'offre une hostie d'agréable odeur ! »

P. Florian Racine

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130 Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres Complètes, M(B) p. 227.131 ‘L’adoration au soleil de Dieu’, Fragments spirituels de Théodelinde Dubouché, p. 63,édité par les sœurs de l’adoration réparatrices.132 Paul VI, ‘Profession de foi Catholique’, 1968.133 Saint Pierre-Julien Eymard, ‘Adorer en Esprit et en Vérité’, p. 93, FX de Guibert, 2009.

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 73

e dimanche 8 janvier 2012,en la fête de l’Épiphanie, laparoisse Notre-Dame du

Bourbonnais, sur le territoire delaquelle se trouve la cathédralede MOULINS, accueillait lagrâce de l’Adoration Eucharis-tique permanente. À la suite desMages, et comme eux, les pa-roissiens exprimaient ce quiavait précisément motivé lavenue à Jérusalem de ces cher-cheurs de Dieu, disant « Noussommes venus l’adorer ! »

Cette démarche avait euune lointaine préparation. De-puis des années, en effet, desheures d’adoration précédaientles messes du soir à la cathé-drale. Des fidèles entourant leurcuré consacraient du tempsdans cet acte de foi et d’amourenvers le Christ présent dans leSt Sacrement.

Quelque temps avant lafête de l’Épiphanie, le pèreDavid Nugent, missionnaire dela Sainte Eucharistie, était venu

préparer le cœur des futurs ado-rateurs lors d’un week-end vécudans une ambiance de granderéceptivité et ferveur. Et lorsquece dimanche-là, la propositionfut faite d’offrir une heure de lasemaine pour assurer cette pré-sence devant le Saint Sacre-ment, plus d’une centaine depersonnes répondirent positive-ment, assurant depuis avec fidé-lité cet engagement initial.

Une équipe de coordina-tion s’est mise en place pour lebon fonctionnement de ce ser-vice, recevant pour cela une let-tre de mission. Désormaisl’adoration eucharistique est as-surée chaque jour de la semainede 8h à 18h, et deux nuits, cellesdu jeudi et du vendredi.

Les adorateurs se recru-tent dans la diversité des âges,depuis les plus jeunes, élèvesdu Cours Jean Bosco venant fi-dèlement le premier vendredi dumois, jusqu’aux plus âgés, rési-dants de maisons de retraite. Ils

se recrutent aussi dans la diver-sité des états de vie : céliba-taires, couples, religieuses,prêtres ; de même dans la diver-sité de leurs engagements, tantau plan civil qu’ecclésial, don-nant ainsi une belle image desriches composantes du Peuplede Dieu.

Les prêtres constatentavec joie qu’il émane de ce« Corps constitué » une in-fluence bienfaisante sur l’en-semble de la paroisse, en mêmetemps qu’il est le creuset d’en-gagements apostoliques. Lachapelle d’adoration, appelée« Oratoire St Gabriel », attireaussi des passants qui, le tempsd’une courte visite, viennentconfier au Christ présent leurssoucis et leurs demandes, ou sedécharger d’un fardeau parfoispesant. Tel que l’expriment di-vers témoignages, ce lieu de-meure la source d’une paix etd’une joie comblant celles etceux qui les reçoivent, et la

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DES GRÂCES EN ABONDANCE !L’adoration à Moulins (03)

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Brasier Eucharistique Decembre 2012 N° 73

source d’un élan missionnaire traversant les activités pastorales. Ainsi, par exemple, pour la fête de lamusique, a-t-il été possible de mettre en place une soirée d’adoration et de chants sacrés au cœurmême de la cité en fête, soirée que nous appelons « Lumière dans la nuit ». Plus de huit cents per-sonnes, cette nuit-là, sont venues déposer un petit lumignon au pied de Jésus au Très Saint Sacrement,et ont signifié par cet acte que leur vie intérieure ne demande qu’à être irriguée.

Que la grâce de la fidélité soit accordée à toutes celles et tous ceux que le Christ attire ainsi à Lui !

Père Michel Pierron, curé et recteur

«« PPlluuss oonn ss’’aapppprroocchhee ddeell’’EEuucchhaarriissttiiee,,pplluuss oonn aa

eennvviiee ddee pprriieerr,, dd’’aaiimmeerr,,

dd’’êêttrree pprrèèss ddeessaauuttrreess…… »»

TÉMOIGNAGESEn voici quelques uns glanés

lors d’une soirée rassemblant adorateurs et adoratrices pour un temps de formation et de louange :

Olivier et Céline L. : « Chaquesemaine, nous avons la joied’adorer une heure avec nosfrères et sœurs de la commu-nauté de l’Emmanuel. L’adorationest pour nous fondatrice ducharisme d’évangélisation, maisaussi de notre propre évangélisa-tion. Par ce cœur à cœur avec leChrist, nous sommes renouveléset fortifiés dans les missions et lescharismes que nous avons reçus,nous permettant une communionavec toute la communauté chréti-enne, locale ou non. Elle nous faitvivre cette unité avec le Christ, etcet amour filial avec l’Emmanuel,c’est-à-dire : « Dieu avecnous ». »

Jeeffff DD.. : L’Adoration du SaintSacrement me permet de pas-ser du temps avec le Seigneuret m’apporte paix, réconfort,force et confiance en la divineProvidence. Je comprendsmieux l’amour de Dieu pourmoi ; il est devenu plus proche.C’est un moment privilégié quej’attends avec impatience etque je vis comme une grâce quim’est donnée.

Brigitte�V.�: «4Pourquoi4je4viensfaire4oraison4devant4le4Saint4Sa-crement4?4Pour4répondre4au4re-gard4 d’amitié4 que4 Dieu4 posesur4 moi.4 Accueillir4 en4 moi4 sacapacité4d’aimer.4Sortir4de4monisolement4et4entrer4dans4cetteprofonde4harmonie4à4laquelle4Ilnous4invite4tous,4créatures4d’ici-bas4et4le4d’au-delà,4harmonieque4nous4ressentons4par4mo-ments4quand,4conduits4par4l’Es-prit,4nous4nous4faisons4existermutuellement.4»

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Marie-Françoise M.: « À la retraiteau premier octobre 2009, je suisallée à l’heure d’Adoration chaquemardi, en famille avec mon mari, mamère, ma tante. Cette heure étaitconsacrée à Jésus, et j’attendais cemoment avec impatience. Puis ons’est inscris à l’Adoration Perpé-tuelle qui se mettait en place à la ca-thédrale. Un matin, alors que jepartais pour la messe, le téléphonesonna : le père Pierron me deman-dait si j’accepterais de faire partie dela coordination de l’Adoration. Jedis OUI tout de suite. Pendant lamesse, je compris que c’était Jésusqui m’appelait à ce service. Ce fûtune grande grâce car je sentais Jésusse manifester à moi, moi quim’adressais à Lui comme à un Pèreà chacun de nos cœur à cœur. Deplus, jamais personne ne m’avaitrien demandé. »

Témoignage-prière d’Anne J. :« Vendredi 14h03. Invariable-ment, je pousse la porte de l’ora-toire, un peu essoufflée. Il m’afallu mener une petite guerre pourm’arracher à l’activité quotidi-enne, laquelle cherche toujours àm’enrôler jusqu’au dernier mo-ment. Invariablement, je poussela porte et Tu es là, sous le voilede l’Hostie. Tu m’attendais déjà.Car toujours Tu me devances !Jésus mon reposoir… Tu me re-poses. Je n’ai plus d’autre rôle de-vant Toi que de me recevoir de TonAmour. Jésus, mon maître… Tum’ordonnes… Tu ordonnes en moice qui était jeté en tous sens.Jésus, mon Époux… Tu mecombles. Ce qu’il y a de plus pré-cieux en Toi s’écoule en mon in-timité. Jésus, Roi du monde,souviens-toi de ceux qui n’ont paspu…pas su… pas voulu venir. Vois,je suis leur lieutenant. ReçoisHonneur, Gloire et Louange, dansles siècles des siècles, Amen ! »

Laurence V. : « Ce qui me touchebeaucoup, dans l’adoration, c’est ceface à face direct avec le Seigneur.Bien sûr, Il est présent dans les taber-nacles, mais ce Dieu que je peux re-garder « droit dans les yeux » soutientmon attention à Celui qui est là. Mal-gré cela, mon heure d’adoration noc-turne n’est pas toujours joie etlouange. Elle est parfois âpre combatcontre le sommeil, l’ennui, les dis-tractions… Et pourtant je suis là. Il mesemble que Dieu m’éduque petit àpetit à la fidélité, quels que soient monressenti, et la pauvreté de ma prière,parfois..

Près de notre oratoire setrouve un bar qui reçoit beaucoup dejeunes, surtout la nuit où j’adore. Letapage qu’il génère est parfois exas-pérant. Mais quand Jésus a été arrêté,condamné, mis en croix, il y avait sansdoute beaucoup de tapage aussi. EtJésus les a tous pris dans sa prière etson offrande. Moi, je peux aussi leslui présenter dans l’instant même,alors qu’Il est là sous mes yeux.

« Plus on s’approche de l’Eucharis-tie, plus on a envie de prier, d’ai-mer, d’être près des autres… »« Adorer me donne force et cou-rage ; cela m’aide à vivre. » « Letemps de l’Adoration, c’est devenuun besoin. Je me sens tellementbien après ! Il était temps pourmoi de faire cette découverte ! »« Cette adoration est une béné-diction… Elle me permet de tenirla tête hors de l’eau… »

Mathilde R. : « Outre l’essentiel,c’est-à-dire ce temps personnel decœur à cœur transformant avec leSeigneur, j’aime aussi l’adorationpour la solidarité paroissiale qu’ellesous-tend : être comme une perled’un grand collier dans lequel toutesles perles sont reliées entre elles parce fil invisible et aimant qu’est leSeigneur, justifiant ce qu’écrit notreSaint Père Benoît XVI : « Le Christn’est pas seulement un bien pournous-mêmes ; il est le bien le plusprécieux que nous avons à partageravec les autres. » L’un des fruits del’Adoration, pour la paroisse, ne ré-side-t-il pas précisément dans un ac-cord mutuel solide et sincère entreles adorateurs ? »

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