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Bulletin mensuel de la SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON Tome 82 Fascicule 3 - 4 Mars - Avril 2013 Société linnéenne de Lyon, reconnue d’utilité publique, fondée en 1822 33, rue Bossuet F-69006 LYON

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Page 1: de la SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON · - 62 - À PROPOS D’UN NOUVEL OUVRAGE Stéphane Weiss, Marie-José Turquin, Yves Tupinier, Jean-Marc Tison, Raymond ramousse, Jean-François

Bulletin mensuel de la

SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON

Tome 82 Fascicule 3 - 4 Mars - Avril 2013

Société linnéenne de Lyon, reconnue d’utilité publique, fondée en 182233, rue Bossuet • F-69006 LYON

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À PROPOS D’UN NOUVEL OUVRAGE

Stéphane Weiss, Marie-José Turquin, Yves Tupinier, Jean-Marc Tison, Raymond ramousse, Jean-François perrin, Bernard Kaufmann, Daniel Grand et Roger desfrançais (coordonateurs). Regard sur les milieux naturels et urbains de l’agglomération lyonnaise, 2012, Edit. Grand Lyon, format A4, 276 p.

Cet ouvrage collectif émane d’une initiative du Grand Lyon (Direction de la planification et des politiques d’agglomération) liée à l’année 2010 dédiée à la biodiversité. Les appels à contribution et la constitution du comité de lecture ont été confiés à la Société linnéenne de Lyon.

Le choix n’a pas été de dresser une liste de la biodiversité rencontrée mais plutôt d’en donner quelques espèces représentatives des territoires présents dans l’agglomération. Le travail s’appuie sur les connaissances de terrain de nombreux naturalistes de la Société linnéenne ou d’autres structures associatives et il réunit une information scientifique à la fois très originale et pertinente.

En 2010, le secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l’occasion d’un rapport intitulé Nous, les peuples : le rôle des Nations Unies au XXIe siècle, avait souhaité une évaluation scientifique permettant de mesurer à la fois l’ampleur et les conséquences des modifications subies par les écosystèmes. Cette évaluation préconisait des actions à entreprendre pour restaurer et conserver notre environnement et pour son utilisation durable par l’Homme. Ce rapport faisait suite à plusieurs réunions politiques sur le sujet, initiées dès 1972 à Stockholm, puis en 1992 à Rio et en 2002 à Johannesburg. Le rapport intitulé Evaluation des écosystèmes pour le millénaire résulte d’un travail sur plusieurs années de 1 400 experts issus de 50 pays différents et constate que la biodiversité continue de se dégrader. Avec l’objectif de ralentir cette dégradation et, si possible, d’inverser la tendance en appliquant les recommandations préconisées, l’année 2010 a été déclarée Année de la biodiversité.

Qu’est-ce que la biodiversité ? Le mot est un néologisme issu de l’anglais biodiversity (contraction de biological diversity), créé par un scientifique au début des années 80 et entré depuis dans le langage courant.

La dégradation, voire même la disparition, d’une certaine biodiversité est-elle une première dans l’histoire de la terre ? Non : il y a déjà eu cinq grandes extinctions au cours des périodes géologiques précédentes ; la plus connue, avec la disparition des dinosaures, se situe à la limite Crétacé-Tertiaire et est datée de - 65 millions d’années. Les causes probables de ces extinctions sont de plusieurs ordres : refroidissement ou réchauffement rapide des températures, montée des eaux, chute d’astéroïde, éruption volcanique, etc.

Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une sixième extinction de masse, pour laquelle l’Homme, par ses activités, est un responsable majeur. 35% des espèces pourraient avoir disparu en 2050. Sur la base d’une analyse quantitative comparée de mammifères, d’oiseaux et de batraciens, la vitesse de disparition des espèces a augmenté d’un facteur 1 000 par rapport aux époques géologiques passées. Actuellement, 10 à 30% des espèces de mammifères, d’oiseaux et de batraciens sont en voie de disparition, ainsi que de nombreuses espèces végétales. Les plantes sont plus menacées que les oiseaux,

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et autant que les mammifères qui reçoivent pourtant beaucoup plus d’attention de la part de l’opinion publique. Elles sont cependant essentielles dans l’écosystème, car elles sont à la base de toute vie en fournissant nourriture et énergie tout en assainissant l’air et en épurant l’eau. Dans le monde, une plante sur cinq est menacée de disparition ; c’est ce qui ressort de la première évaluation scientifique conduite sur un échantillon des 380 000 plantes connues sur la planète. Fin 2011, le Muséum britannique d’histoire naturelle – Kew Gardens et l’Union internationale pour la conservation de la nature ont présenté les résultats d’une étude qui a duré cinq ans et porté sur 4 000 espèces : 22% sont déjà classées comme menacées. L’agriculture, l’élevage, la déforestation et l’urbanisation contribuent pour 80% à l’extinction, contre moins de 20% pour les incendies et autres causes naturelles. Par ailleurs, on estime que 20 à 30% des plantes ou des animaux n’ont pas encore été répertoriés ; certains risquent de disparaître avant même d’avoir été découverts !

Pour appréhender la biodiversité, il ne suffit pas de faire un inventaire des espèces, mais il faut avoir une approche globale du vivant qui intègre les trois niveaux que sont les gènes, les espèces et les écosystèmes.

Le premier niveau est le moléculaire, c’est-à-dire celui de l’ADN qui permet de différencier, au niveau des gènes, les individus au sein d’une même espèce.

Le deuxième est celui des espèces. On estime aujourd’hui à 1,7 million le nombre d’espèces différentes référencées par les spécialistes. Mais cette valeur est sans doute loin de la réalité : 8,7 millions pour une étude récente (Science, 333 : 1083, 2012). De plus, à côté de la biodiversité visible dont parlent les médias (l’ours blanc, une orchidée,…), il y a celle, non visible, présente dans le sol, les eaux douces ou les océans, dont on découvre tous les jours de nouvelles espèces. Parmi toutes les espèces connues, ce sont les insectes qui sont les plus nombreux (environ 40%), devant les plantes (moins de 20%) ; on décrit chaque année 15 000 nouvelles espèces. Outre toutes ces espèces pourvues de noyau véritable (les eucaryotes), il y a le monde des bactéries (procaryotes) où la notion d’espèce est plus délicate à définir : on évalue leur nombre à 104-107 par gramme de sol.

Le troisième niveau est celui de l’écosystème : il comprend un milieu, les êtres vivants qui s’y trouvent et toutes les relations physico-chimiques et biologiques qui peuvent exister et se développer à l’intérieur de ce système. C’est le niveau le plus complexe et cette complexité limite toute expérimentation, d’où les nécessaires approches théoriques basées sur la modélisation.

La grande abondance et la diversité des espèces ont nécessité des méthodes d’observation et de description universelles. Les règles de la dénomination appliquées aux plantes ont été définies dès 1753 par Linné dans son Species plantarum. Elles ont ensuite été étendues aux autres êtres vivants et sont toujours en vigueur. Elles impliquent un nom de genre suivi d’un nom d’espèce, en latin, puis du nom de l’auteur qui en a fait la première description.

L’Homme n’est pas que destructeur, il est aussi créateur de biodiversité. À la différence de l’époque de Jean-Jacques Rousseau, personne aujourd’hui ne remet en cause le fait que l’Homme fait partie intégrante de la Nature. On peut reprendre une phrase de R. Barbault, un écologiste du Muséum : « On considère que la biodiversité,

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c’est le passage du concept de l’Homme et la Nature à celui de l’Homme dans la Nature pour le meilleur et pour le pire » ! Que disait Darwin à ce propos quelques années après sa publication majeure, De l’origine des espèces (1859) ? « Bien que l’homme ne puisse causer de la variabilité ni même l’empêcher, il peut sélectionner, préserver et accumuler les variations qui lui sont fournies par la Nature parmi lesquelles il peut choisir ; et donc obtenir un grand résultat, au sens de nouveauté intéressante ». Toutes les variétés de plantes cultivées, ou les races animales, sont des créations de l’Homme. Ainsi, entre deux variétés de maïs, la distance génétique peut être supérieure à celle séparant l’Homme du Chimpanzé ! Mais depuis la publication de l’Origine des espèces par Darwin, il y a 150 ans, la population humaine a augmenté d’un facteur 7 ; l’énergie utilisée par personne, d’un facteur du même ordre (x7) ; l’empreinte de l’Homme sur l’environnement, ou empreinte écologique, d’un facteur 50 !

Pour avoir une idée du rôle de la biodiversité, on fait intervenir de plus en plus la notion de service écosystémique, c’est-à-dire de l’ensemble des services que l’Homme trouve dans la biodiversité. Ceux-ci ont même été évalués par des économistes, pour 2050, à 40 000 milliards d’euros, soit 6 à 7% du PIB mondial. Quelques exemples sont connus : les ressources alimentaires, l’eau, les fibres, le bois, les sols (sans sol, il n’y a ni culture, ni végétation ; sans plantes, pas d’herbivores ni, bien entendu, de carnivores, et il n’y a plus de chaîne alimentaire) ! On parle également beaucoup de la disparition des abeilles dont l’utilité pour l’agriculture a été estimée à 153 milliards d’euros. Enfin, plus de 50% des médicaments proviennent directement de la biodiversité, dont la moitié issue de plantes (éphédrine, morphine, aspirine, taxol, etc.).

La lecture de cet ouvrage apporte toute une série de renseignements précieux. Les espaces alluviaux sont des milieux très exposés aux invasions biologiques. Il existe des forêts collinéennes (Mont d’Or) ou alluviales (Miribel), des zones humides (Yvours), une aire importante de captage de l’eau pour l’agglomération lyonnaise (Crépieux-Charmy). On note même avec un certain amusement la présence de méduses à Miribel-Jonage, espèces inoffensives introduites du Yang Tsé Kiang. Même l’espace bâti renferme de la biodiversité : 44 000 à 77 000 arbres, appartenant à quelques 78 genres différents, existent dans le Grand Lyon ; quelques espèces de plantes patrimoniales rémanentes, de nombreux insectes, des chauves-souris et une flore discrète comprenant plus de 200 espèces, des lichens, des champignons, des fougères constituent des éléments de cette biodiversité.

Pour terminer, on peut réfléchir à cette pensée attribuée à un de nos grands écrivains lyonnais, A. de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Gageons que les connaissances regroupées dans cet ouvrage serviront, modestement mais utilement, aux décideurs et aux concepteurs qui travaillent pour l’agglomération du Grand Lyon de demain, ainsi qu’à tous les citoyens de ce grand ensemble soucieux de leur futur.

Christian dumas

NB. Ce livre n’est pas disponible à la vente, mais il peut être consulté et emprunté à la bibliothèque.

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Société linnéenne de Lyon, reconnue d’utilité publique, fondée en 182233, rue Bossuet • F-69006 LYON

Siège social : 33, rue Bossuet, F-69006 LYON Tél. et fax : +33 (0)4 78 52 14 33

http://www.linneenne-lyon.org — email : [email protected] de Roanne : Maison des anciens combattants, 18, rue de Cadore, F-42300 ROANNE

Rédaction : Marie-Claire Pignal - Directeur de publication : Bernard Guérin

Conception graphique de couverture : Nicolas Van Vooren

Tome 82 Fascicule 3-4 Mars-Avril 2013

SOMMAIRE

Poreau B. – Le commensalisme chez les Cétacés étudié par Pierre-Joseph Van Beneden : une réalité ? ....................................................................................................................... 65 - 70Delnatte C. – Actes du colloque de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), 28 septembre 2012 ............................................................................................................ 71 - 86Matocq A. et Pluot-Sigwalt D. – Description d’un nouveau Plinthisus du Sud-Est de la France (Heteroptera, Rhyparochromidae, Plinthisinae) ............................................. 87 - 94

Couverture : Le panneau des Chevaux dans la grotte Chauvet. Crédit : Evelyne Debard

CONTENTS

Poreau B. – Commensalism in Cetaceans according to Pierre-Joseph Van Beneden . To what extent is it true? .................................................................................................... 65 - 70

Delnatte C. – Proceedings of the conference held in Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence, France), 2012 September 28th .............................................. 71 - 86

Matocq A. et Pluot-Sigwalt D. – Description of a new Plinthisus from Southeast France (Alpes-Maritimes) (Heteroptera, Rhyparochromidae, Plinthisinae) .......................... 87 - 94

Prix 10 eurosISSN 0366-1326 • N°d’inscription à la C.P.P.A.P. : 1114 G 85671 Imprimé par Imprimerie Brailly, 69564 Saint-Genis-Laval Cedex

N° d’imprimeur : V0001XX/00 • Imprimé en France • Dépôt légal : Mars 2013Copyright © 2013 SLL. Tous droits réservés pour tous pays sauf accord préalable.