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s 1 De la Conception à l’Accouchement L’Accompagnement par l’Hypnose Mémoire écrit par Fournier-Sicre Jenyfer

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De la Conception à l’Accouchement

L’Accompagnement par l’Hypnose

Mémoire écrit par Fournier-Sicre Jenyfer

Note aux lecteurs :

« Il s’agit d’un travail personnel effectué dans le cadre de mes études à l’ECH de Paris, il ne peut

faire l’objet d’une publication en tout ou partie sans l’accord de son auteur. »

Remerciements :

Je remercie les membres du Jury et mes professeurs de l’Ecole Centrale d’Hypnose à Paris, Pour tous ces nouveaux apprentissages. Merci pour votre pédagogie.

Je remercie plus particulièrement,

Ma future petite fille, Pour tous les déclics que j’ai eu durant cette belle promenade, m’amenant naturellement à ce sujet de mémoire, et à un projet professionnel plus concret.

Je remercie également,

Mon compagnon, Pour sa confiance et sa patience.

Mon amie Aymeline, Pour la relecture attentive de ce mémoire.

Table des matières

Abréviations ....................................................................................... 1 Préambule .......................................................................................... 2 I / Comment en suis-je arrivée à ce thème ? ......................................... 5 1. Mon parcours : ............................................................................................................................................5 2. Mon rendez-vous avec un outil thérapeutique : L’hypnose........................................................................7 3. Pourquoi ce thème de mémoire ?................................................................................................................8

A la manière d’une métaphore... ...............................................................................................................8 II/ L’hypnose face à la difficulté de conception...................................11 1. La conception : .........................................................................................................................................11 2. Les causes de problèmes de fertilité .........................................................................................................12

a) La fertilité est la capacité biologique à concevoir. .............................................................................12 b) Mais alors, quelles sont les causes biologiques des difficultés de fertilité ?.......................................14

3. L’hypnose et l’accompagnement en cas de trouble de la fertilité ..........................................................15

a) Le stress, l’anxiété doubleraient le risque d'infertilité chez la femme. ...............................................15 b) Les émotions, les croyances amenant aux difficultés de fertilité........................................................16 c) Dépasser les problèmes de confiance en soi avec l’hypnose ..............................................................17

III/ L’hypnose et l’accompagnement de la grossesse ............................19 1. L’hypnose et la communication avec l’enfant in utero ............................................................................19 2. Soulager les maux de la grossesse avec l’hypnose...................................................................................20

a) Les nausées et les vomissements avec l’hypnose :..............................................................................20 b) La constipation soignée par l’hypnothérapie ......................................................................................21 c) Les douleurs lombo-pelviennes et l’hypnose ......................................................................................22 d) Les troubles du sommeil et l’hypnose :...............................................................................................22

IV / Accouchement avec l’hypnose .....................................................24 1. L’accouchement sans analgésie péridurale :.............................................................................................24 2. L’hypnose et la confiance en soi pour l’accouchement............................................................................26 Conclusion : ......................................................................................27 Bibliographie ..................................................................................29 Annexe 1 ...........................................................................................32 Annexe 2 ...........................................................................................33

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Abréviations OMS : Organisation Mondiale de la Santé APD : Analgésie Péridurale APHP : Assistance Publique des Hôpitaux de Paris ETP : Education Thérapeutique du Patient DSM-IV-TR : Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux FIV : Fécondation In Vitro ECH : École Centrale d’Hypnose

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Préambule

« Toute naissance devrait être traitée par toutes les personnes concernées comme le début du fil d’or qui lie la mère et l’enfant. »

Témoignage de Stéphanie K

dans La Naissance Orgasmique, Elizabeth Davis

« C’est le lieu de conception qui est le véritable lieu de naissance, car c’est là que tout commence. »

Sylvain Trudel

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Introduction :

Du désir d’un enfant jusqu’à l’accouchement, un couple et plus spécifiquement la femme peut passer par différents obstacles. En passant par l’éventuelle épreuve de procréation, l’aventure généralement bouleversante de devenir mère, jusqu’à la grande appréhension de l’accouchement, les barrages à franchir sont souvent présents.

De nos jours, avec la surmédicalisation, et donc l’engouement de la population d’en savoir toujours plus, certaines femmes ne savent plus où regarder, qui écouter et avec qui échanger pour répondre à leurs doutes, leurs questionnements et leurs maux. Et tout leur paraît source d’inquiétude. Beaucoup de femmes ne font plus confiance à leur intuition. Elles préfèrent s’orienter vers l’hôpital, les médias ou la littérature spécialisée.

De part mon expérience d’infirmière, l’hypermédicalisation satisfait presque autant qu’elle inquiète. Effectivement, il faut savoir que la France dépasse largement le taux recommandé par l’OMS pour certaines pratiques lors de l’accouchement : analgésie péridurale (APD), épisiotomie, etc.

Depuis quelques années, nous constatons qu’une grande majorité de parents recherche tout de même une grossesse et un accouchement moins médicalisé. En effet, beaucoup de patientes veulent se tourner vers un nouveau type de soin.

Ces dernières partent du principe que la médecine conventionnelle française ne s’intéresse malheureusement qu’au corps, aux symptômes et non à la personne avant toute chose. Elles recherchent donc des soignants utilisant des méthodes pour soigner le corps et l’esprit; que ce soit pour leurs problèmes d’infertilité, leurs maux de grossesse et leurs projets d’accouchement. Aussi, il est évident qu’en France, l’APD reste encore le traitement de référence pour soulager la douleur de l’accouchement. Mais certaines femmes veulent parvenir à s’en détacher.

L’Hypnothérapeute s’insère alors parfaitement dans le type d’accompagnement que recherche ces femmes.

Il faut rajouter à tout cela que l’augmentation de l’âge des femmes lors de la première grossesse est le principal facteur responsable des problèmes d’infertilité. Ce qui en fait aujourd’hui un motif de consultation en hausse vers des techniques thérapeutiques telle que l’hypnose.

Voilà pourquoi en tant que future thérapeute en hypnose, il m’a semblé que ce thème est une question de recherche très pertinente pour mon projet professionnalisant.

Pour cela, je me suis posée une série d’interrogations. Comment le praticien en hypnose peut-il soigner les maux de ces patientes durant la grossesse ? Que peux apporter l’hypnose face à l’infertilité ? Peut-on donner l’occasion aux parturientes d’être actrices de leur accouchement à travers une préparation avec un Hypnothérapeute ? La préparation en amont faite par l’Hypnothérapeute peut-elle contribuer le jour de l’accouchement à éviter l’analgésie péridurale pour accoucher naturellement et sans douleur ?

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Je pense ici commencer à délimiter le champ de mon travail et définir mon objet de recherche.

En tant qu’Hypnothérapeute, comment pouvons-nous accompagner nos patient(e)s dans la conception, la grossesse et leur accouchement ?

Dans ce travail de recherche, j’expliquerai dans un premier temps mon parcours personnel qui m’a amené à ce thème de mémoire. La deuxième partie s’intéressera à mon projet professionnel autour du sujet de la conception. Dans un troisième temps, nous traiterons de l’accompagnement de la grossesse à mettre en place en tant qu’hypnothérapeute.

Enfin, nous présenterons le sujet de l’accouchement sans APD avec l’hypnose.

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I / Comment en suis-je arrivée à ce thème ?

1. Mon parcours :

Infirmière de formation (Diplômée d’état avec l’APHP), j’ai démarré ma carrière professionnelle en psychiatrie et addictologie en structure extra-hospitalière du Centre Hospitalier Sainte-Anne à Paris. J’y ai pratiqué quotidiennement des entretiens infirmiers de relation d’aide à visée psychothérapique. J’étais également en charge des visites à domicile auprès de mes patients. Ce contexte professionnel m’a permis d’aiguiser mon sens de l’observation des signes avant-coureurs d’une recrudescence de symptômes pathologiques. L’évaluation clinique, médicale et psychologique était au centre de mes objectifs de visite à domicile. Mon intérêt permanent pour la relation d’aide m’a conduit à me former à l’éducation thérapeutique du patient (ETP) et sur les états limites ou communément appelés Bordelines. « Le DSM-IV-TR définit deux comportements principaux liés au trouble de la personnalité borderline : un comportement impulsif, et une instabilité émotionnelle ainsi que dans les relations sociales et sur l'image de soi, spécifiant neuf critères pour démontrer la présence de ces comportements »1. L’ETP qui, selon l'OMS vise à « aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique »2.

Ce travail passionnant m’a amené notamment à mettre en place la création de cours autour de l’hygiène de vie auprès de certains de mes patients, que j’ai animés en collaboration avec une collègue psychologue. Mais, ce poste captivant l’est devenu de moins en moins lorsque l’excédent de travail ne me permettait plus une prise en charge complète de mes patients. Les conditions de travail s’étaient dégradées, l’esprit d’équipe s’étant effrité, un pessimisme ambiant néfaste s’était instauré. Mes différents remplacements dans d’autres services m’ont permis d’y observer le même phénomène, ne m’offrant malheureusement aucune réelle perspective d’évolution professionnelle.

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_la_personnalité_borderline 2 http://www.ars.paca.sante.fr/Education-therapeutique.94226.0.html

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De surcroît, j’ai eu des problèmes de santé et subi une opération dont l’anesthésie s’est mal déroulée. Cela m’a amené à me poser beaucoup de questions. Entre autre sur l’importance du relationnel soignant/soigné. Après cette remise en question, j’ai décidé de me mettre en disponibilité de l’état, de partir à la découverte des routes de l’Amérique du sud et d’en profiter pour faire un point sur ma situation professionnelle et personnelle. Il m’a paru évident que je ne voulais plus reprendre mon métier d’infirmière. Que celui-ci était bien derrière moi. Que j’aspirais à autre chose.

J’étais infirmière, j’étais Infirme hier.

L’expérience de ce métier m’a appris énormément, tant sur la prévention et l’évaluation de l’état de santé de la personne que sur les soins, quels que soient les troubles psychiatriques. Cette expérience est une des pierres fondamentales de mon édifice. Cette profession m’a permis d’être moi-même jusqu’au jour où je ne me sentais plus en adéquation avec ce métier. Je ne voulais plus administrer des traitements chimiques toute la journée, sans avoir le temps d’établir une vraie relation d’aide avec les patients du service. Je ne suis pas de ceux qui déclarent que les méthodes et produits naturels peuvent remplacer totalement la médecine allopathique. La thérapeutique par la chirurgie et les médicaments sauvent des vies et soulagent bien des souffrances. Mais, j’étais désormais convaincue qu’il existe d’autres solutions suffisantes pour soigner un large éventail de problèmes de santés et pour prévenir de sérieuses maladies psychologiques. Aussi, comme je l’ai bien compris plus tard, durant ma formation à l’École Centrale d’Hypnose, avec notre professeur Gérald Vasselle, l’une de mes valeurs principales est la liberté. Dans mon métier d’infirmière, je ne me sentais plus libre. J’avais besoin d’apporter mon grain de sel pour certaines prises en charge de patient, chose pas forcément aisée dans le système protocolaire de l’hôpital où chacun doit rester à sa place.

« La nécessité de rechercher le véritable bonheur est le fondement de notre liberté » 3

3 Extrait de « L’Essai philosophique concernant l'entendement humain » de John Locke

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2. Mon rendez-vous avec un outil thérapeutique : L’hypnose

Il y a des certitudes banales ou hasardeuses, qui vont de soi, tombent sous le sens ou s’estompent dans un brouillard temporaire. Certaines restent indéterminées, d’autres s’imposent à vous sans que vous l’ayez véritablement recherché. L’hypnose s’est imposée à moi comme une évidence. Depuis toujours les mystères du cerveau me passionnaient. Nous ne savons toujours pas à l’heure d’aujourd’hui comment fonctionne le cerveau, mais plus nous faisons des découvertes et plus nous sommes confrontés à l’immensité du potentiel cérébral, que ce soit chez l’humain ou l’animal.

L’hypnose est une des rares disciplines qui arrive à exploiter le potentiel inconscient du cerveau. Elle se libère des carcans dogmatiques et académiques traditionnels et de la vision quelque peu sclérosée de la médecine traditionnelle française. Mon histoire personnelle m’a conduite à faire des rencontres enrichissantes tant sur le plan personnel que professionnel. J’ai donc croisé sur mon chemin quelqu’un qui m’a beaucoup parlé d’hypnose.

J’ai étudié également la médecine du corps. En observant ses conséquences actuelles sur le patient dans notre société, j’ai finalement opté pour la médecine des émotions, et ses répercussions physiologiques fortes. J’étais infirmière en psychiatrie, et j’en connaissais un bout sur la « médecine de l’âme », les émotions et les états extrêmes.

Mais, l’apprentissage de la thérapie par l’hypnose m’intriguait et m’apparaissait comme l’instrument le plus adapté à mon approche relationnelle. Avant de me lancer dans l’Odyssée d’une formation en hypnose, j’ai pris un rendez-vous pour une séance avec une praticienne en hypnose pour soigner mon ichthyophobie. A la sortie de la consultation, pratiquer cette discipline se confirmait comme une évidence. A partir de là, je me renseignais sur les écoles d’hypnose sur Paris. Mon hypnothérapeute avait fait l’École Centrale d’Hypnose (ECH). Dès lors, je me suis renseignée des mois durant sur cette école en allant à des salons, puis en écoutant les conseils de différents hypnothérapeutes.

J’ai alors choisi mon école avec le plus grand soin et j’ai commencé ma formation à l’ECH en 2014.

Les premiers jours de formation se sont révélés saisissants et m’ont donné envie d’aller de l’avant et d’abandonner bien des préjugés et des idées arrêtées, à laisser derrière des postulats acquis au fil de mes études, pour me laisser aller à profiter des facultés de mon inconscient. J’ai avancé, personnellement et professionnellement, au cœur de cet enseignement durant toute cette année avec ravissement.

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Le temps de cette formation, j’ai appris auprès de professeurs aussi complémentaires les uns que les autres, ce qui m’a permis de prendre tout ce qui était bon et utile pour mon futur professionnel.

Étudier l’hypnose, lorsque c’est nouveau, nécessite une attention particulière et de l’investissement personnel. Cet outil thérapeutique m’a permis de m’ouvrir d’autres voies de réflexion vis à vis de la maladie, et surtout de m’apporter un autre regard sur le malade et la relation au patient. Il se passa en moi, en quelque sorte, une douce mais certaine révolution intérieure.

La créativité nécessaire pour devenir un bon hypnothérapeute me séduisit tout de suite. Puis, savoir que devenir praticienne en hypnose nécessitera toujours une quête de nouveaux protocoles selon le type et la problématique du patient, de créer ses propres métaphores, de devoir se remettre en question tout le long de sa carrière, est quelque chose qui me correspond tout à fait. À ce moment de la formation, définitivement, mon projet professionnel devient de plus en plus clair : je veux être hypnothérapeute. Et je ferai tout pour satisfaire cette envie.

3. Pourquoi ce thème de mémoire ?

A la manière d’une métaphore... Je vous raconterais bien l’histoire de Jane… Durant son apprentissage à l’école centrale d’hypnose dans la belle ville lumière de Paris, elle apprit une nouvelle bouleversante à bien des égards, elle fit un fameux test magique qui donne une réponse aussi rapidement qu’un éclair qui surgit dans la nuit : elle est tombée enceinte. Que dis-je ? Tomber ? Oui, à ce moment-là, le verbe tomber correspondait bien pour décrire son mal-être face à cette nouvelle. Alors, Jane fut directement et subitement enfermée par un vieux roi tout en haut d’une grande tour. Pour Jane, il l’avait enfermée elle et son annonce de grossesse. Elle n’eu même pas le temps ni l’envie d’essayer de se débattre, elle se laissa enfermer. Quelque part, elle s’auto satisfaisait d’être à l’abri du regard d’autrui... Elle avait honte. Peut-être se sentait-elle trop jeune en comparaison des autres femmes enceintes de son village ? Je ne sais pas … En tout cas, elle n’avait pas prévu cela à ce moment-là de sa vie. Elle le vivait mal. Alors ce vieux roi, finalement tout bonnement gentil, l’avait obligé à être dans cette jolie tour pour réfléchir, accepter, avancer ou bien prendre une décision.

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Elle ne comprenait pas pourquoi elle était enfermée, elle ne voulait pas rester dans cette tour, elle ne trouverait pas les réponses à ses questions toute seule. Mais ce n’était pas important elle pensait qu’elle était à sa place ici, dehors elle se sentait intruse. Durant les exercices de séance d’hypnose qu’elle pratiquait avec ses camarades, elle n’avait même pas osé en parler pour en faire un sujet de séance à exploiter par ses collègues. Mais l’enfermement dans cette tour n’y faisait rien, Jane ne savait toujours pas pourquoi elle n’acceptait pas cette annonce de bébé à venir. Elle se disait : « Mais pourtant je suis heureuse, moi et mon amoureux nous vivons le parfait amour, j’ai toujours voulu être maman… » Un beau jour alors que notre amie s’ennuyait tellement dans son donjon, elle essaya tout simplement et pour la première fois d’ouvrir la porte de ce dernier. Elle réalisa alors que depuis tout ce temps, elle n’était pas enfermée, elle pouvait sortir et s’en sortir et être avec les autres quand bon lui semblait. Était-ce cela qui lui permit de comprendre qu’elle devait prendre l’aide qu’autrui pouvait lui apporter ? Je ne sais pas… Elle même ne savait pas… Surement que ce bon vieux roi le savait depuis toujours… Alors elle ouvrit la porte de la grande tour d’un grand geste, non pas sans la moindre appréhension de partir sans réponses à ces questions. Elle sortit de la tour, et, pleine d’une nouvelle confiance, une confiance telle une pleine lune qui inondait doucement son visage, elle courut à toute allure rejoindre les autres élèves en hypnose. Arrivée à son école, ce joli matin d’été, ayant soif d’apprendre elle fit tout de suite un exercice avec une camarade qui devait lui faire une séance sur le thème du deuil. Jane ne savait pas quoi inventer comme histoire pour trouver un sujet de deuil pour sa collègue. Puis, elle se dit : « Et si je réussissais à parler de mon problème ? », « Et si la porte de mon donjon ce matin qui s’ouvrit vers les autres n’était pas la clef vers une aide précieuse dont j’avais besoin pour la suite de ma grossesse ? ». Peut être était-ce la clef d’un trampoline émotionnel lui permettant de stopper ses craintes, et de prendre confiance en elle ? Elle hésita longuement, elle avait peur. Notre amie réalisa et s’avoua à ce moment-là que finalement elle avait peur du regard des autres sur sa grossesse. Elle ne savait pas vraiment pourquoi… Mais elle se dit que cela pourrait lui être utile d’utiliser son vrai problème comme sujet et d’en faire le deuil durant une séance d’hypnose. Le deuil de sa vie avant de devenir maman. Et, que pour sa camarade cet exercice serait très bénéfique. Que se confier lui ferait que du bien, et surtout que cela ne pouvait être que bon pour elle. Ce beau jour ensoleillé, elle constata que la réaction de sa collègue face à cette nouvelle fut agréable et que cette dernière ne la jugeait pas. C’était déjà un grand soulagement pour Jane. Elle se sentait rassurée pour commencer la séance. Sa collègue fit la séance et Jane réussi à pleurer, chose qu’elle n’arrivait pas souvent à faire. Je m’en souviens encore, notre amie réussit à comprendre qu’elle était triste car elle culpabilisait énormément de ne pas accepter ce joli bébé à venir. Elle réussit aussi à communiquer visuellement avec le petit embryon pendant cette séance. Elle senti qu’il y avait un lien fort qui les unissait : le beau cordon ombilical. Plusieurs jours passèrent après cette séance, et Jane comprit alors que le regard des autres n’était pas important, que tout ce qui comptait maintenant c’était elle et son futur bébé. Le reste n’était pas important.

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Les émotions de la mère durant la grossesse ont tellement de conséquences, qu'il était inconcevable pour Jane de ne pas être sereine. Elle voulait envoyer des ondes d'amour maternel à ce petit embryon qui construit son corps émotionnel en lien étroit avec celui de sa maman. Aujourd’hui elle vit sa grossesse sereinement. Bien plus tard, la jeune Jane comprit que devenir mère ce n’était pas évident, et qu’elle n’était pas la seule à affronter ses peurs. Elle se promit alors que par la suite elle serait une hypnothérapeute qui se spécialiserait dans la grossesse avant, pendant et après, car devenir mère n’était pas chose aisée. Jane allait accoucher sans péridurale dans une maison de naissance, alors elle serait de bon conseil pour ses futures patientes. Elle aiderait d’autres mamans dans ce chemin et serait bien placée pour les comprendre et être dans l’empathie. Car se faire aider, Jane, elle avait eu du mal.

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I I/ L’hypnose face à la diff iculté de conception

1. La conception :

« Acte par lequel est créé un être vivant à partir de la fécondation d'un ovule par un spermatozoïde » 4

Si l’histoire de la conception était transposée dans un autre cadre, cela donnerait à peu près l’épopée suivante, parsemée d’obstacles quasiment insurmontables : des millions meurent au cours de leur quête pour que notre héros et notre héroïne se rencontrent quelques heures seulement, au mieux quelques jours avant la date qui aurait dû être celle de leur trépas. Même le plus romantique des cinéastes resterait sceptique et rejetterait le scénario parce que trop invraisemblable ; c’est pourtant exactement de cette manière que chacun d’entre nous est devenu un être vivant.

Pendant l’acte d’amour, jusqu’à un milliard de spermatozoïdes sont déversés dans le vagin où ils commencent leur marathon qui comporte la traversée du col de l’utérus et l’escalade de l’utérus puis des trompes de Fallope où ils peuvent enfin rencontrer un ovocyte. S’ils ont choisi la bonne trompe et le bon moment du cycle. Certains groupes accomplissent le voyage en quelques minutes, d’autres n’atteignent leur but que deux heures après l’éjaculation. Les spermatozoïdes reçoivent également l’assistance des hormones féminines déclenchées par les rapports sexuels et les substances chimiques présentes dans le sperme de l’homme, qui provoquent des contractions et des dilatations de l’utérus et des trompes de Fallope. Il semblerait même que cette réaction est d’autant plus susceptible de se produire lorsque l’on approche le pic de fécondité. Deux semaines environ après le début des dernières règles, l’un des ovaires éjecte un ovocyte, qui est capté par la membrane délicatement frangée qui recouvre l’extrémité des trompes de Fallope. Les franges tapissant les trompes poussent doucement l’ovocyte vers l’utérus en vue d’une éventuelle fécondation. Mais pourtant, ce récit épique n’est pas toujours couronné de succès.

4 http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/conception/

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En tant que professionnel dans la santé, il est important de savoir que concevoir un enfant n’est pas toujours facile. Dans notre société française, nous nous rendons compte que ce sujet est souvent tabou. Et, que bien des personnes concernées ont besoin d’être accompagnées. Sans même oser en parler à leurs proches. C’est ici, que l’ hypnothérapeute peut intervenir.

2. Les causes de problèmes de ferti l ité

a) La fertil ité est la capacité biologique à concevoir.

Avant toute chose, il est primordial pour le praticien en hypnose, voulant aider une femme ou un homme face à la difficulté de procréer, d’être renseigné sur les chiffres réels de la fertilité. Cela peut permettre d’éviter de donner tout espoir faussé à un couple de pouvoir devenir parents avec l’hypnose. Après avoir fait l’anamnèse, le thérapeute doit savoir orienter ses patients, si il le juge nécessaire. Nous devons pouvoir déléguer et diriger nos patients faire un bilan médical d’infertilité, si nous le jugeons nécessaire, avant même de commencer une thérapie brève sur leur difficulté de procréation pour les aider dans leur projet de conception. Quelques chiffres : « La probabilité de tomber enceinte par cycles est de : Age 25ans 35ans 40ans 45ans Probabilité 25% 12% 6% 0,6% La probabilité de parvenir à avoir un enfant au bout d’un an est de : Age 30ans 35ans 40ans Probabilité 75% 66% 44% Le risque de faire une fausse couche est de : Age 30ans 40ans Probabilité 15 à 20% 40% » Source : Etude de l’Institut national d’études démographiques (Ined), octobre 2008.

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Un sondage montrant « qu’est-ce que les femmes savent de leur fertilité ? » :

« 85 % des femmes jugent que les progrès médicaux sont tels qu’une femme peut aujourd’hui décider à 40 ans d’avoir un enfant.

70% des femmes pensent que, tant qu’une femme a ses règles, elle peut concevoir.

69 % des femmes pensent que l’âge à partir duquel il devient difficile pour une femme d’avoir un enfant se situe entre 40 et 50 ans.

En réalité, à 40 ans, une fécondation in vitro n’aboutit que dans 9 % des cas.

En réalité, la fertilité des femmes chute en flèche dix ans avant la ménopause.

En réalité, il se situe aux alentours de 37 ans. A partir de 38 ans, 30 % des femmes ne réussiront pas à avoir un enfant. »

Source : Ce sondage a été réalisé par l’Ifop pour le magazine Causette, du 13 au 16 mai 2014, sur un échantillon de 1037 femmes représentatif de la population féminine française âgée de 18 ans et plus.

Celui-ci nous montre qu’au vu des résultats, les femmes sont peu informées et que le fossé

entre les croyances et la réalité est immense. Connaître la réalité des chiffres de ce sondage est important pour le professionnel en hypnose. Cela lui permet de voir que ces patientes peuvent avoir besoin d’être informées. Les grossesses tardives médiatisées de certaines célébrités font croire aux femmes qu’avoir un enfant, passé 37 ans, c’est facile. Le rôle du thérapeute est aussi d’informer.

Ce sondage n’est pas là pour expliquer que lorsqu’il y a difficulté à concevoir, le patient doit baisser les bras. Au contraire, l’hypnose est de grande aide dans les problèmes de conception. Nous savons qu’il existe des nombreux cas documentés de personnes déclarées médicalement infertiles qui quelques années plus tard procréent naturellement et sans aides. Il me semblait juste important de faire une parenthèse sur ce sujet.

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b) Mais alors, quelles sont les causes biologiques des difficultés de fertil ité ?

Chez la femme, les infections pelviennes dues à une maladie sexuellement transmissible, comme les chlamydiae, sont l’une des causes les plus fréquentes d’infertilité. Ces maladies, non soignées, peuvent boucher ou blesser les trompes de Fallope et empêcher les spermatozoïdes d’atteindre l’ovule.

Du fait de la relative simplicité de son système reproductif, l’homme, lui, connaît deux types de problèmes de fertilité : d’un côté, la quantité et la qualité des spermatozoïdes, de l’autre, l’aptitude à rentrer en contact avec l’ovocyte. La rareté des spermatozoïdes peut être due à un certain nombre de facteurs : mauvais régime alimentaire, déséquilibre hormonal, maladie héréditaire, problèmes du système immunitaire, polluants et même sous-vêtements synthétiques trop étroits (apportant une chaleur excessive).

Dans nos pays industrialisés, nous retrouvons deux causes communes pour les hommes et les femmes. Il y a premièrement, les perturbations environnementales. Comme la pollution, qui est un perturbateur endocrinien, les contenants et additifs alimentaires, les pesticides, produits chimiques et produits ménagers. Les perturbateurs endocriniens sont des molécules qui affectent le fonctionnement de secrétions des glandes, qui elles mêmes régulent les taux d’hormones. Nous constatons aussi que la radiation (radiologie, rayons, Wifi, Téléphonie, micro-ondes) et certains médicaments comme les hypertenseurs ont un impact négatif sur la fertilité. Deuxièmement, nous observons que la fécondité, chez l’homme comme la femme, est favorisée par un bon régime alimentaire.

En sachant ceci, le thérapeute peut, dans un premier temps, donner des conseils hygiéno-diététiques à ses patients durant l’entretien en plus des séances d’hypnose. C’est ma vision de la prise en charge globale de mon patient, en apportant mes connaissances en naturopathie et médecine indienne à l’hypnose.

Nous pouvons conseillés par exemple de diminuer sa consommation de café, alcool et tabac, de graisse, et de sucres rapides. En effet, boire du café réduit la fertilité. Une étude publiée dans la revue médicale de référence The Lancet a montré que boire une simple tasse de café par jour peut réduire les chances de concevoir un enfant de 50 % à chaque cycle. 5 Dans une autre étude, publiée dans The American journal of Epidemiology et qui portait sur 1909 femmes aux Etats-Unis, celles qui buvaient de la caféine, que ce soit sous forme de café, thé ou soda, avaient un risque supérieur d’attendre un an ou plus avant de parvenir à concevoir un enfant. 6

Aussi, nous pouvons conseiller au patient de favoriser les antioxydants en réduisant les toxiques, et consommant des fruits et légumes crus.

5 Wilcox AJ, Weinberg CR, Baird DD. Caffeinated beverages and decreased fertility. Lancet1988 Dec 24-31;2 (8626-8627):1453-6. 6 Association of Delayed Conception With Caffeine Consumption, Elizabeth Hatch and Michael Bracken, Am. J. Epidemiol. (1993) 138 (12): 1082-1092.

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Les nutriments clés comme le zinc, se trouvant dans les fruits de mer peuvent être de bons alliés pour stimuler la libido et la synthèse du sperme. Le zinc prévient aussi les fausses couches. La vitamine B9 se trouvant dans les asperges, les épinards, le cresson et la vitamine B12 dans les bananes sont très efficaces pour l’assimilation du magnésium. De plus, les omégas 3 seront importants à consommer. Dans le cadre d’une addiction au tabac, à la caféine ou autres éléments constituant une barrière à une meilleure fertilité, l’hypnothérapeute peut ainsi entamer dans un premier temps, avec l’accord de son patient, un protocole thérapeutique de ses addictions en utilisant l’hypnose.

3. L’hypnose et l’accompagnement en cas de trouble de la ferti l ité

a) Le stress, l’anxiété doubleraient le risque d'infertil ité chez la femme.

Quand nous sommes stressés, notre cerveau libère de l’adrénaline et de la noradrénaline, des hormones qui déclenchent des réflexes de combativité, de fuite ou d’inhibition. Notre rythme cardiaque s’accélère, nous avons les mains moites et transpirons. Quand la menace disparaît, ces substances chimiques et leurs conséquences devraient en faire autant. Mais les modes de vie modernes nous plongent quelquefois dans un état de stress continu et ces substances s’accumulent. Ces résidus peuvent s’accumuler dans les liquides lymphatiques.

Il en résulte toute sorte de problèmes; maladies cardiaques, ulcères à l’estomac et infertilité. Puisque que le stress agit sur les messagers chimiques du cerveau qui libèrent les hormones sexuelles. L’anxiété chronique peut même supprimer toute ovulation, en déclenchant une production excessive de prolactine, l’hormone qui stimule la fabrication du lait. Selon une étude américaine, le stress peut retarder la grossesse, mais aussi augmenter considérablement le risque d'infertilité. Cette enquête a inclus 501 femmes américaines âgées de 18 à 40 ans, qui commençaient tout juste à essayer de concevoir un enfant. Les scientifiques ont analysé des échantillons de salive pour connaître leur niveau de cortisol et d’alpha-amylase, des marqueurs du stress : les femmes à niveaux élevés d’alpha-amylase avaient 29 % de chances en moins de tomber enceintes chaque mois7. Ces résultats, qui confirment ceux d'une précédente étude britannique, ont été publiés dans la revue Human Reproduction. Ils peuvent en partie expliquer pourquoi celles qui ont longtemps lutté pour avoir un bébé parviennent à en avoir un, souvent après avoir renoncé à leur projet.

7 C.D. Lynch, R. Sundaram, J.M. Maisog, A.M. Sweeney, G.M. Buck Louis Preconception stress increases the risk of infertility: results from a couple-based prospective cohort study—the LIFE study, Human Reproduction, March 23, 2014.

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Elles ne subissent plus alors l'angoisse d'essayer d'avoir un enfant, et la peur de l’échec. C’est en cela que l’hypnose est recommandée dans le stress et l’angoisse.

Les sondages et chiffres sur la fertilité que nous avons montrés plus haut sont réels. Mais, lorsque nous savons que le stress est un facteur aussi important, et qu’il peut avoir des conséquences considérables sur les possibilités de procréation, à partir de là, l’hypnose prend toute sa place pour le traitement des causes émotionnelles jouant un rôle sur la fécondité. Tout en sachant que les patients entrent souvent dans un cercle vicieux, étant donné que la situation d’infertilité engendre pour la plupart du temps beaucoup de stress.

Il s’agira alors d’établir une anamnèse précise permettant de déterminer quelle est l’angoisse ou le stress de notre patient dans sa vie au moment de son désir de procréation n’aboutissant pas. A ce moment, nous pouvons établir un protocole adapté à notre patient(e) avec les métaphores en lien avec son stress et la procréation. Il sera nécessaire d’enseigner à son patient la respiration abdominale pour les moments de stress quotidiens.

b) Les émotions, les croyances amenant aux difficultés de fertil ité

Ainsi, nous savons que les émotions jouent un rôle déterminant dans l’impotence, définie comme l’incapacité de l’homme à rester en érection ou à éjaculer. Si le cerveau de l’homme n’envoie pas les signaux adéquats à son pénis, il ne parviendra pas à rester en érection.

L’hypnothérapeute doit savoir que les émotions de ses patients sont comme un accès à leurs valeurs, lui permettant ainsi d’atteindre plus facilement les objectifs de conception du patient, de comprendre ce qui le touche et de savoir quelles sont les choses qu’il évite dans la vie. Si, par exemple, nous découvrons que la valeur principale d’une patiente est la richesse, le statut social. Dès lors, nous savons que celle-ci évite la pauvreté. Nous pouvons en déduire beaucoup de choses et peut être nous dire que notre patiente a peur de l’avenir de sa carrière professionnelle et de ses finances si elle devient mère. Beaucoup de patients ont pour valeur la liberté, dans le cas de la conception, cela est un indice pour amener à déduire que cette valeur peut bloquer le patient à concevoir puisque il a peur des contraintes de l’arrivée d’un bébé dans sa vie. A partir de là, le protocole d’hypnose sera plus facile à établir pour le praticien en hypnose.

De fait, l’hypnothérapie aide les femmes ou les hommes à reconnaître et soigner les problèmes émotionnels ou les croyances négatives personnelles familiales qui peuvent provoquer des interférences avec la conception. Elle va libérer d’anciennes blessures ou émotions et apaiser certaines valeurs mettant un frein pour une fertilité optimale.

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c) Dépasser les problèmes de confiance en soi avec l’hypnose

Lorsque cela fait plus d’un an que certains patients essayent de concevoir un bébé, nous découvrons souvent qu’un problème de confiance en soi s’installe chez ces derniers. Il ou elle se demande : « vais-je y arriver ? » L’inconscient prend tout à la lettre, donc si notre patient(e) a des pensées négatives comme " je suis en échec " ou "je ne tomberai jamais enceinte ", son esprit prend cette phrase comme la vérité et votre corps physique en fait une réalité physiologique. Cette dernière devient la pensée du patient dans son quotidien.

La dévalorisation de ses compétences peut mener tout droit à une situation d’échec dans la conception. Aussi, le thérapeute doit être dans une écoute active lors de l’anamnèse pour que le patient évoque son mal-être pour identifier les blocages. Il devra faire s’auto-évaluer son patient sur une échelle de 0 à 10 pour évaluer la confiance en soi à la première séance. Ensuite, nous lui demanderons quels sont ses talents, ce qu’il réussit afin de l’aider à prendre conscience de ses points forts et de réaliser qu’il n’a pas de raison de se sentir en échec dans sa fertilité.

Puis, le rôle de l’hypnothérapeute sera d’aider son patient à transformer ses paroles négatives en positives. Les mots utilisés par le patient durant l’anamnèse permettront à l’hypnothérapeute d’établir ses suggestions lors de la séance d’hypnose. Avec l’hypnose, le patient augmentera sa confiance en soi.

Les craintes qui peuvent bloquer la conception sont nombreuses et il est impossible de toutes les énumérer ici, mais il faut savoir qu’il y en a, et qu’elles peuvent être soignées avec l’hypnose. Il y a parfois la peur de l’accouchement, l’existence d’une expérience passée de conception traumatique, la crainte que la relation avec le conjoint change si il y a une grossesse, l’inquiétude autour de la perte de l’individualité, la peur des changements physiques sur le corps et bien d’autres etc. De plus, une étude originale suggère que l’utilisation de l’hypnose pendant le transfert d’embryons peut améliorer significativement les résultats d’un traitement Fécondation In Vitro (FIV) avec transfert en termes d’implantation accrue et taux cliniques de grossesse. « Leur étude a comparé les résultats obtenus dans un groupe de 89 couples ayant suivi 98 cycles de FIV dans le cadre desquels les femmes ont été plongée dans un état d'hypnose une dizaine de minutes avant le transfert d'embryon proprement dit et les données recueillies auprès de 96 couples ayant suivi 96 cycles selon les modalités habituelles. Au total, 52 grossesses ont été recensées dans le groupe "hypnose »8. Chez les femmes ayant été prises en charge selon la procédure habituelle, 29 grossesses ont été dénombrées (soit un taux de grossesse de 30,2% par patiente et par cycle).

8 Fertility and Sterility, mai 2006, vol. 85, n° 5, p. 1.404-1.408

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Par conséquent, les médecins israéliens supposent que l'hypnose pourrait aider l'utérus à rester relaxé, facilitant ainsi l'implantation de l'embryon. Autre hypothèse avancée par les auteurs : l'hypnose pourrait entraîner des modifications dans les fonctions immunitaire et/ou hormonale se traduisant par une amélioration des interactions entre l'embryon et la muqueuse utérine. Notons que les deux hypothèses sont évidemment cumulables.

Comme nous le remarquons, devenir enceinte n’est pas toujours aussi facile que les patients le souhaitent. Nous pouvons aussi nommer ses troubles de la fertilité comme des cas d’infertilité inexpliquée. L’infertilité inexpliquée pourrait être liée à une organisation inconsciente défensive contre l’éventualité d’une grossesse. Monique Bydlowski expose trois groupes de causes psychologiques sur les facteurs psychologiques dans l’infertilité féminine : « les infertilités secondaires et post-traumatiques, les infertilités corrélées à une thématique névrotique, les infertilités en rapport avec des troubles du comportement alimentaire et des perturbations de l'image inconsciente du corps féminin. »9 L’hypnose peut aider des patients à réaliser leur rêve de grossesse et améliorer le taux de réussite en s’occupant des causes des troubles de fécondité de ses patients. Une fois les problèmes de fécondité dépassés, nous allons maintenant voir comment l’hypnose peut agir dans l’accompagnement global d’une grossesse.

9 Monique Bydlowski, Revue Gynécologie obstétrique et fertilité, Editions Elsevier

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I I I/ L’hypnose et l ’accompagnement de la grossesse

Il y a des moments importants dans une vie, où nous avons besoin d’être entourés, où nous avons besoin de soutien et d’écoute. Être respecté dans ses envies et désirs, dans ses choix et ses décisions, être soutenu. La grossesse fait partie de ces temps-là, où la femme peut se sentir parfois seule, parfois démunie. Elle a besoin d’une écoute bienveillante. Ces patientes ont simplement envie d’un accompagnement pour leur grossesse qui soit différent, dans la continuité et en complément d’un suivi médical.

Ainsi, l’hypnothérapeute accompagne avec douceur et bienveillance à vivre la grossesse de façon plus épanouie en prenant soin de l’équilibre émotionnel de la patiente.

1. L’hypnose et la communication avec l’enfant in utero

Le développement du système nerveux débute précocement in utero, dès le vingt-sixième jour après la conception. Sa maturation se poursuit jusqu'à permettre au fœtus d'apprécier l'effet de quatre de ses sens vers la vingtième semaine de grossesse (toucher, ouïe, odorat, goût). La vision est le dernier à être fonctionnel. Nous savions depuis longtemps, que le fœtus possède une vie sensorielle, mais il faut ajouter que des études ont montré qu'il possède également une vie affective et relationnelle avant sa naissance au monde extra-utérin. Ainsi, une certaine sécurité affective permettra à l’enfant d’affronter les vagues de la vie et à en apprécier les saveurs.

Pour différentes raisons, il est parfois difficile pour la femme enceinte de communiquer avec son fœtus. Mais, entrer en contact avec le bébé est important, c’est se préparer à son rôle de mère. L’hypnothérapeute peut alors l’aider à créer ou intensifier le lien mère-enfant. L’hypnose ne va pas seulement permettre aux mères d’imaginer et de découvrir leur bébé enveloppé dans sa bulle de liquide amniotique, mais elle va aussi permettre à la patiente de communiquer avec lui, amorcer le début d’une conversation affective que la maman va entretenir tout au long de sa vie. Ce premier contact avec l’hypnose est possible grâce aux capacités sensorielles que le futur bébé possède déjà in utéro. Deux sens vont être particulièrement sollicités : l’audition et le toucher.

Avec l’hypnose, la communication avec l’enfant in utero peut faire partie d’une première séance avec la patiente, et non des moins importantes, dans le cours d’un suivi de grossesse.

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Cette communication préparée ultérieurement sous hypnose sera d’une très bonne utilité lors de l’accouchement. En effet, par exemple, la mère ou le père pourra montrer au bébé le chemin de la naissance et le guider dans le passage qui mène à la vie par la voix ou bien par le toucher.

Enfin, devenir mère s’apparente à une grande promenade intérieure, un retour sur soi et en soi, dans laquelle, comme pour toute aventure humaine, surgissent parfois des moments fragilisants et imprévus. Il arrive parfois que la femme panique devant la réalité de la grossesse, de cet être grandissant en elle, du changement physique de son corps. La thérapie par l’hypnose sera ici très fructueuse pour soutenir la future maman pour se préparer au changement de corps et à l’arrivée de son nouveau-né. Nous pouvons par exemple créer des suggestions hypnotiques autour de l’anticipation de l’arrivée de son futur nourrisson, où elle va retrouver un corps plus proche de ce qu’elle a connu, ou plus proches de son idéal corporel. Puis, l’hypnothérapeute accompagnera la femme enceinte vers un parcours plus intuitif où elle pourra reprendre confiance en ses compétences à devenir mère.

2. Soulager les maux de la grossesse avec l’hypnose

Les maux de la grossesse sont décrits comme des « troubles fonctionnels de la grossesse, ils résultent de toutes les modifications physiologiques que la grossesse impose à l’organisme maternel, aux plans physique, psychique, émotionnel et à la femme dans son histoire et parcours personnels »10.

a) Les nausées et les vomissements avec l’hypnose :

Près de 80 % des femmes enceintes, vont être incommodées par des nausées et des vomissements au cours de leur grossesse. Fuchs et Al. ont mené une étude de cas sur 138 patientes souffrant de vomissements gravidiques récalcitrant au traitement classique. Les vomissements ont cessé chez 88% d’entre elles après une à trois séances d’hypnose. 11

Les nausées et vomissements peuvent être réellement nuisibles dans le quotidien de la femme enceinte. C’est pourquoi la prise en charge de ces troubles fonctionnels est un enjeu essentiel. Tout en sachant que, jusqu’à aujourd’hui, aucun traitement chimique n’a réellement fait ses preuves sur les vomissements et nausées des femmes enceintes, étant donné les risques des effets secondaires durant la grossesse. 10 http://www.cnsf.asso.fr/doc/747AB9E6-5056-9C00-417B1C6D9FCBF3F3.pdf#page=5 11 ABRAMOVICI H., FUCH K., PALDI E, et [al]. Treatment of hyperemesis gravidarum by hypnosis. International journal of clinical and experimental hypnosis, octobre 1980, vol.28, Issue 4, p313-323.

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Mais, l’inconscient sait indubitablement que l’action protectrice de l’organisme, qu’est le vomissement, est activée pour éviter des intoxications alimentaires.

Alors, par les suggestions hypnotiques, l’hypnothérapeute doit expliquer que la grossesse est un état physiologique normal et naturel, que ce n’est pas une maladie. L’inconscient sait que si les nausées et vomissements se manifestent trop souvent, la femme et le fœtus ou embryon va manquer de nutriments essentiels. Il saura alors sélectionner les rares moments nécessaires où le corps a besoin de rejeter une partie du contenu de l’estomac. Mais, ces instants seront brefs.

De plus, les femmes enceintes peuvent avoir beaucoup de dégoûts alimentaires. Alors, une fois la patiente en transe, il faudra par exemple lui suggérer de voir, de sentir, de toucher et même d’écouter son plat favori, et de finir par le manger. Ainsi, nous lui montrons comment l’estomac est détendu et comment elle se sent bien après avoir mangé ce bon repas. Avec ces suggestions elle et son bébé ont eu tous les nutriments nécessaires pour mener parfaitement cette grossesse dans les meilleures conditions possibles.

En somme, nous suggérons à la patiente que manger est un plaisir et que l’inconscient sait que conserver le contenu de l’estomac est important pour la maman et le bébé.

Enfin, certains chercheurs se sont penchés sur les causes des nausées et vomissements. Il en résulte que la fatigue et le stress arrivent en haut du classement. Heureusement pour les femmes enceintes, ces deux phénomènes sont efficacement soignables sous hypnose. Il sera alors important d’apprendre l’auto-hypnose à notre patiente pour qu’elle puisse se détendre, se relaxer en cas de nausées et de s’auto-suggérer que le repos permet d’atténuer et de faire disparaître ses maux de jour en jour. Plus elle sera relaxée, plus son estomac sera détendu et plus elle pourra digérer aisément et sans gêne sa nourriture.

Finalement, le thérapeute peut aussi donner des conseils en naturopathie à sa patiente.

b) La constipation soignée par l’hypnothérapie

La constipation concerne entre 11 et 38 % des femmes enceintes. 12 Les causes sont surtout hormonales. En effet, la progestérone peut provoquer un

ralentissement du transit intestinal, ce qui entraîne un gonflement des intestins. Et les œstrogènes, elles, vont être responsables de l’accroissement de l'utérus, ce qui va encourager les ballonnements. La période de constipation la plus marquée arrive à la deuxième partie de la grossesse avec un retour à l’état antérieur deux à trois mois après l’accouchement. 13

Avec l’hypnose, nous pouvons faire des suggestions à la patiente avec pour objectif de libérer l’intestin de ses toxines, de favoriser l’absorption des nutriments et de stimuler l’intestin pour qu’il dynamise le mouvement des déchets. 12 ABRAMOVICI H., FUCH K., PALDI E, et [al]. Treatment of hyperemesis gravidarum by hypnosis. International journal of clinical and experimental hypnosis, octobre 1980, vol.28, Issue 4, p313-323. 13 Okholm M, Jensen SM. Gastroesophageal reflux in pre- gnant women. Ugeskr Laeger. 1995 Mar 27 ; 157 (13) : 1835-8

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Nous expliquons à l’intestin ce que nous voulons de lui. Il ne faut pas oublier que le système digestif possède sont propre système nerveux, et que celui-ci est donc influençable14. Evidemment, nous pouvons ajouter à l’hypnose des conseils hygiéno-diététiques, ce qui complètera parfaitement la prise en charge de la constipation de la patiente durant sa grossesse.

c) Les douleurs lombo-pelviennes et l’hypnose

Les douleurs lombo-pelviennes, rassemblées sous le terme de « syndrome douloureux pelvien gravidique », sont la première cause de douleur chez la femme enceinte avec une prévalence de 50 %15. Nous trouvons plusieurs causes expliquant l’introduction de ces symptômes durant la grossesse. La première est hormonale : « les œstrogènes et la relaxine, produits en grande quantité pendant la grossesse, entraînent un relâchement des structures ligamentaires et donc une micro mobilité anormale au niveau des articulations »16. Puis, une carence en magnésium, une augmentation du volume utérin, une prise de poids, la multiparité, l’absence d’activité physiques avant la grossesse et une profession physiquement éreintante et/ou stressante sont autant de facteurs de risque des douleurs lombo-pelviennes.

Avec l’hypnose, le praticien ne soigne pas le problème en lui-même, mais il va pouvoir travailler avec la patiente sur la douleur afin de l’atténuer et de la faire disparaître. Différents protocoles hypnotiques peuvent être établis comme celui de la « main gantée » pour soigner la douleur.

d) Les troubles du sommeil et l’hypnose :

Les troubles du sommeil sont courants chez la femme enceinte. Mais, ces derniers sont souvent laissés de côté par le corps médical, étant établis au rang de « petits maux » de la grossesse. Pourtant, les difficultés de sommeil sont souvent difficiles à gérer pour la femme enceinte, et elle recherche le plus souvent un accompagnement dans ces difficultés. En effet, si au premier trimestre de grossesse il est rare d’avoir des troubles du sommeil, au deuxième trimestre les cauchemars fréquents peuvent angoisser la future maman. Enfin, au troisième trimestre beaucoup de femmes sont concernées par des insomnies, des réveils fréquents et des troubles respiratoires venant freiner le bon déroulement d’un sommeil agréable.

14 « Le ventre, notre deuxième cerveau » de Cécile Denjean. 15 Vasquez JC. Constipation, haemorrhoids, and heartburn in pregnancy. Clin Evid (Online), Août 20A0, pii : 1411. 16 Amselem C, Puigdollers A, Azpiroz F, Sala C, Videla S, Fer- nandez-Fraga X, Whornwell P, Malagelada JR. Constipation : a potential cause of pelvic floor damage ?, Neurogastroenterol Motil, Février 2010, 22 (2) :150-3, e48. Epub 2009 Sep 17.

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Dans un premier temps, l’hypnothérapeute peut utiliser l’Index de Sévérité de l’Insomnie 17 afin d’identifier les troubles de sommeil de sa patiente. Il est également intéressant d’utiliser l’ Échelle de Croyances et Attitudes Concernant le Sommeil.18 Ce sont deux outils très pertinents qui permettront au praticien en hypnose d’évaluer le sommeil de sa patiente et les croyances et attitudes de celle-ci concernant le sommeil. Cela peut permettre d’établir des suggestions hypnotiques réellement adaptées et des métaphores personnalisées à chaque patiente.

Pour conclure sur cette partie, nous pouvons dire que la grossesse se doit d’être suivie de manière accompagnatrice et préventive au-delà du caractère strictement médical. L’hypnothérapeute devra considérer les maux de sa patiente durant la grossesse et privilégier la communication des parents avec le fœtus puisque cela peut permettre de prévenir des troubles d’ordre psychologique et physique chez les patients et le futur bébé.

D’une autre part, nous avons constatés que l’hypnose propose à la femme enceinte un moyen de se détendre, de se centrer sur des sensations corporelles agréables et d’avoir l’esprit plus tranquille au cours de la grossesse.

Mais offre t-elle une manière de vivre l’accouchement plus sereinement et modifie-elle favorablement la perception des sensations corporelles pénibles ? Nous allons maintenant voir cela dans notre dernière partie.

17 Index de Sévérité de l’Insomnie http://www.fss.ulaval.ca/cms_recherche/upload/chaire_sommeil/fichiers/insomnie.pdf 18 Échelle de Croyances et Attitudes Concernant le Sommeil http://www.fss.ulaval.ca/cms_recherche/upload/chaire_sommeil/fichiers/croyances_et_attitudes_concernant_le_sommeil__16_items.pdf.

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IV / Accouchement avec l’hypnose

1. L’accouchement sans analgésie péridurale :

« Les statistiques montrent que les accouchements difficiles sont la plupart du temps liés à une absence de préparation psychologique (…) Or certaines femmes, parce qu’elles ont peur de l’accouchement, refusent d’y penser, ceci les privant de la programmation cellulaire indispensable au déroulement paisible de cet acte naturel »19. Sur les réseaux sociaux ou dans les couloirs des hôpitaux, il n’est pas rare de voir et d’entendre des phrases comme : « On m’a volé mon accouchement ! », car souvent elle se sont astreintes à toutes les directives qui leur on été imposées dans leur maternité. De plus, la position lithotomique, souvent imposée durant l’accouchement, est très inconfortable pour la parturiente et il est à noter que cette position multiplie au moins par dix les douleurs de l’accouchement20.

Certaines femmes renseignées sur le sujet ne souhaitent pas la péridurale et cherchent une alternative pour se préparer à l’accouchement. Le besoin de percevoir physiquement la naissance de son bébé est très important dans le « devenir mère ». Elles veulent s’aider de ces sensations pour être active et sentir ce qu’il se passe. Elles savent que la naissance de leur enfant est quelque chose qu’elles n’auront pas la possibilité de recommencer. Alors elles se renseignent pour trouver la méthode la mieux adaptée à leurs envies pour offrir une naissance paisible à leur enfant et à elle-même.

L’hypnose est une pratique qui tend à être de plus en plus demandée pour une préparation à l’accouchement. Car aujourd’hui encore, bien que le soulagement de la douleur par analgésie péridurale est pour la plupart du temps efficace, nous apprenons avec une étude publiée dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology concernant des femmes ayant choisi d’accoucher sous péridurale que: « la première phase du travail a duré en moyenne deux heures de plus ;la deuxième phase a duré une heure de plus ; plus de la moitié de ces femmes ont eu besoin d’ocytocine pour intensifier le travail ; quatre fois plus de femmes ont eu des bébés se présentant mal ; deux fois plus de femmes

19 http://www.alternativesante.fr/bebe/accouchement-medicalise-le-dangereux-parcours-de-la-combattante 20 Michel Dogna, Alternative santé, 2014 propos du Pr Michel Odent

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ont eu recours aux forceps et ventouse ; un quart d’entre elles (25%) a accouché sous césarienne (comparé aux 2% pour le groupe qui avait choisi un accouchement sans médication !) » 21.

Aussi, le Dr Michel Odent a témoigné d’expériences effectuées sur des brebis et des truies que l’on a fait accoucher sous péridurale. « Elles ne s’occupaient pas de leurs petits, et parfois même les tuaient. Bien sûr, cela ne veut pas dire que ceci soit valable pour la femme, mais quand même, il semble qu’il subsiste un reliquat de désordre hormonal émoussant quelque peu l’instinct maternel »22.

Ensuite, sans analgésie péridurale, la femme va vivre ce qui s’appelle le réflexe d’éjection du fœtus. C’est ce que Michel Odent appelle « la peur physiologique », c’est à dire que la parturiente ressent le plus souvent une forte peur de mourir qui est suivi de près par les dernières contractions très efficaces permettant la naissance du bébé facilement. Ce réflexe d’éjection permet aussi d’éviter dans la plupart des cas les déchirures du périnée. Les patientes ressentent tout et ainsi trouvent intuitivement les positions les plus adaptées pour le passage de leur bébé, ce qui évidemment aide pour une distension harmonieuse de la vulve.

En tant qu’hypnothérapeute, il nous apparaît alors important, avant toute prise en charge d’une préparation à l’accouchement sous hypnose, d’expliquer à notre patiente l’importance fondamentale de choisir son lieu d’accouchement, et d’être sûre que la maternité qu’elle a sélectionné laisse la place libre à tous ses choix.

Pour une préparation à un accouchement sans analgésie péridurale, il faudra en moyenne quatre séances d’hypnose. Le praticien en hypnose met la patiente en état d’hypnose et lui suggère par exemple de l’amener à transférer sa douleur vers une autre partie de son corps non douloureuse et agréable. Nous pouvons aussi utiliser la substitution sensorielle pour que la patiente transforme la douleur par une autre sensation plus « agréable » comme la chaleur, le froid, l’engourdissement etc.

Préparer la future maman à se placer comme observatrice de sa propre douleur avec des suggestions intra hypnotiques est très utiles pour le jour de l’accouchement. Cela s’appelle une dissociation souffrance/douleur. En effet, nous entraînons la patiente à l’auto-hypnose pour utiliser cette dissociation au moment voulu. Il faudra alors obligatoirement lui apprendre à savoir se « réassocier » au moment de la naissance de son enfant afin d’être dans le présent et de profiter de cet instant si important pour que la relation mère/enfant se crée instantanément et naturellement.

Avec l’auto-hypnose, nous apprenons à notre patiente la respiration abdominale profonde pour pouvoir glisser facilement en hypnose et aussi se détendre et lâcher-prise durant toute la grossesse et lors de l’arrivée de contractions utérines.

Etablir ici un protocole fixe pour une préparation à l’accouchement est délicat car il va différer selon la patiente, ses propres angoisses, ses propres envies afin d’être en phase avec sa propre personnalité. Le thérapeute en hypnose doit alors s’adapter pour créer les métaphores et suggestions pour sa patiente.

21 Michel Dogna, Alternative santé, 2014 propos du Pr Michel Odent 22 Michel Dogna, Alternative santé, 2014, à propos du Pr Michel Odent

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Nous pouvons aussi faire participer le futur papa dans la préparation à l’accouchement dans les dernières séances avant l’accouchement.

2. L’hypnose et la confiance en soi pour l’accouchement

Il est bon de savoir qu’il faudra peut être travailler sur la confiance en soi durant la préparation à l’accouchement car il arrive que la patiente perde confiance en elle à certains moments de sa grossesse et que surgissent certaines peurs ou blessures enfouies la freinant dans sa préparation à un accouchement sans péridurale. Dans ce cas, une séance sur la confiance en soi sera à pratiquer pour démontrer à notre patiente la naturelle force de son corps. Aussi, nous devons savoir préalablement rassurer sa patiente si celle-ci ne se sent pas prête à accoucher sans APD le jour de l’accouchement que le recours aux anesthésiants n’est pas un signe de faiblesse.

Nous constatons que durant les contractions la douleur obstétricale de travail est importante, mais elle ne doit cependant pas être une fatalité. Grâce à l’ l’hypnoanalgésie, nous pouvons permettre à la patiente de réduire le temps de travail, de gérer sa sensation de douleur et d’éviter l’utilisation de forceps ou autres techniques médicales douloureuses. Il est à noter qu’il existe d’autres approches complémentaires à l’hypnoanalgésie, telle la méthode Bonapace© , réduisant la douleur par des approches simples et douces. L’apport de cette méthode se traduit par trois aspects : - préparer le corps - comprendre l’accouchement physiologique - Gérer la douleur L’accouchement naturel doit être soigné globalement. En particulier la douleur, qui en est l’aspect le plus craint par les femmes.

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Conclusion :

Le but de ce mémoire était de savoir comment l’hypnothérapeute accompagne ses patient(e)s dans la conception, la grossesse et leur accouchement.

Nous avons décidé de nous intéresser plus particulièrement aux indications et aux demandes réelles des patient(e)s lors de cet événement majeur au cours de leur vie. Dans certains cas, nous nous rendons compte que pour s’occuper d’un sujet aussi important dans la vie d’un couple, le praticien en hypnose doit avoir les connaissances pour savoir déléguer ou orienter ses patients, si la pratique de l’hypnose ne suffit pas.

Avec l’hypnose, nous accompagnons le couple, de la conception à la naissance, à retrouver ou trouver la confiance et l’intuition nécessaire pour le bon déroulement de cette aventure.

Il apparaît alors que l’hypnose peut être un outil thérapeutique employé dans de nombreuses indications en obstétrique. Elle est utilisée comme méthode psychologique d’analgésie et comme technique d’accompagnement des maux de la grossesse, de situations sources de stress, angoisses et culpabilités que peut éventuellement vivre un couple et plus précisément une femme enceinte.

Nous apprenons que toutes les pathologies de la grossesse atteignent à la fois le corps et l’esprit, éléments indissociables entre lesquelles il ne peut y avoir de lien de causalité, puisqu’ils forment une seule et même chose.

Aujourd’hui, l’accouchement sans APD est un choix réfléchi pris par certaines femmes. Notre étude a alors démontré que tout au long de la grossesse, le rôle du thérapeute en hypnose est essentiel pour la préparation d’un accouchement sans analgésie. Nous savons que l’hypnoanalgésie améliore nettement le vécu de la douleur de l’accouchement et permet à la future mère d’utiliser ses ressources pour gérer au mieux cet événement.

Nous constatons que l’hypnothérapeute ne peut utiliser de protocole préétablit pour l’aide dans la conception, la grossesse et la naissance. La situation de chaque femme est unique. En effet, chaque jour, « l’hypnose nous apprend à prendre les choses comme elles sont et met un terme à nos tentatives de les vouloir autrement qu’elles le sont, ou de nous évertuer à les façonner selon nos désirs. » 23

23 L’hypnose ou les portes de la guérison, Jean Marc Benhaiem & François Roustsang.

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Nous apprenons aussi avec l’expérience que le symptôme de la problématique de notre patiente n’est pas un adversaire à achever. Et qu’il est préférable de le voir comme un associé qui nous permet d’établir le changement, le mieux-être du patient. Le symptôme est une clef, et l’utilisation des mots du patient pour définir ses symptômes est la meilleure manière pour établir une séance totalement personnalisée pour le patient.

Nous conclurons sur les paroles de Monique Bydlowski, neuropsychiatre, qui nous explique que la grossesse est « le moment d’un état psychique particulier, un état de susceptibilité ou de transparence psychique où des fragments de l’inconscient viennent à la conscience »24.

Il apparaît donc que c’est l’un des meilleurs moments de la vie d’une femme pour une prise en charge en hypnose.

24 BYDLOWSKI Monique, La dette de vie: itinéraire psychanalytique de la maternité. 3ème éd. Paris : Presses universitaires de France, 2000, 203 p.

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Bibliographie Ouvrages :

- Edmée Gaubert, De mémoire du fœtus Editions : Le souffle d’or, 2011

- Elizabeth Davis, Debra Pascali-Bonaro, La naissance orgasmique Editions : Editions du Hêtre, 2010

- Pr René Frydman, Christine Schilte, Devenir père Editions : Hachette Livre, 2007

- Karen Sullivan, Grossesse et naissance Editions : Vigot, 2010

- D. Corydon Hammond, Ph.D., Métaphores et suggestions hypnotiques Editions : Satas, 2004

- Jacques Martel, Le grand dictionnaire des malaises et des maladies Editions : Quintessence, 2007

- Jean-Marie Delecroix, 200 aliments qui vous veulent du bien Editions : Larousse, 2012

- Judith H. Morrison, Le livre de l’âyurveda Editions : Le courrier du livre, 1995

- Maya Tiwari, Ayurveda, La vie est un équilibre Editions : GuyTrédaniel, 1995

30

- Michel Odent, Bien naître Editions : Seuil, 1976 Articles et Périodiques :

- Virginie Roels, Magasine Causette n°46 : Date limite de procréation dépassée Editions : Gynéthic, Juin 2014

- Jean Becchio, Magasine Cerveau & Psycho n°58 : L’hypnose, douleurs, stress, insomnies : des efforts positifs avérés Editions : Belin, Juillet-Août 2013 Conférence :

- Sandrine Loyer, Optimiser sa fertilité A l’école Isupnat à Paris, le 26 juin 2013 Thèse :

- Altieri Christelle, Prise en charge de la douleur pendant la grossesse et l’accouchement-130p Th : Pharmacie : Nancy, 2003

31

Webographie :

- Maison de naissance à Paris http://www.mdncalm.org

- Hypnonatal, Lise Bartoli http://www.lisebartoli.com/hypnonatal/

- Après un an d’essais, près d’un quart des couples infertiles, Inserm http://www.inserm.fr/content/view/full/53153

- Amélie Pelletier : Infertilité, l’impression des embryons pourrait améliorer les FIV, 2014 http://news.doctissimo.fr/Sante/Infertilite-l-impression-3D-des-embryons-pourrait-ameliorer-les-FIV-36612

- Frans Veldman : haptonomie http://www.haptonomie.org/fr/

- Centre d’étude des troubles du sommeil http://www.cets.ulaval.ca/?pid=582 Filmographie : - Céline Darmayan, Entre leurs mains, 2014 - Gilles De Maistre, Le premier cri, 2006 - Cécile Denjean, Le ventre notre deuxième cerveau Editions : Arte, 2014

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Annexe 1

Index de Sévérité de L’insomnie Pour chacune des questions, veuillez encercler le chiffre correspondant à votre réponse.

Aucune Légère Moyenne Très Extrêmement

Difficultés à s'endormir:

Difficultés à rester endormi(e):

Veuillez estimer la SÉVÉRITE actuelle (dernier mois) de vos difficultés de sommeil.

Problèmes de réveils trop tôt le matin:

Très satisfait

Satisfait Plutôt Neutre

Insatisfait

Très Insatisfait

Jusqu'à quel point êtes-vous SATISFAIT(E)/INSATISFAIT(E) de votre sommeil actuel?

Aucune Légère Moyenne Très Extrêmement

Jusqu'à quel point considérez-vous que vos difficultés de sommeil PERTURBENT votre fonctionnement quotidien (p. ex., fatigue, concentration, mémoire, humeur)?

À quel point considérez-vous que vos difficultés de sommeil sont APPARENTES pour les autres en termes de détérioration de la qualité de votre vie?

Jusqu’à quel point êtes-vous INQUIET(ÈTE)/ PREOCUPE (E) à propos de vos difficultés de sommeil?

TOTAL Échelle de correction/interprétation: Additionner le score des sept items (1a+1b+1c+2+3+4+5) = Le score total varie entre 0 et 28 0-7 = Absence d’insomnie 8-14 = Insomnie sub-clinique (légère) 15-21 = Insomnie clinique (modérée) 22-28 = Insomnie clinique (sévère) Source : Centre d’études des troubles du sommeil. Centre de services APTI de la Faculté des sciences sociales. Tous droits réservés. © 2009-2010 Université Laval

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Annexe 2

Echelle de Croyance et Attitudes Concernant le Sommeil (CAS 16) Quelques énoncés reflétant les croyances et les attitudes des gens concernant le sommeil sont énumères ci-dessous. Veuillez indiquer à quel point vous êtes personnellement en accord ou en désaccord avec chaque énoncé. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Pour chaque énoncé, encerclez le chiffre correspondant à votre ÉVALUATION PERSONNELLE. Utilisez l'échelle entière plutôt qu’uniquement ses extrémités. Veuillez répondre à toutes les questions mémé si vous n'avez pas de difficultés de sommeil. Pour chacune des questions, veuillez vous référer à l’échelle ci-dessous. Fortement en désaccord Fortement en accord 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

1. J'ai besoin de huit heures de sommeil pour me sentir reposé(e) et bien fonctionner pendant la journée.

2. Lorsque je ne dors pas suffisamment durant la nuit, j'ai besoin de récupérer le jour suivant en faisant une sieste, ou la nuit suivante, en dormant plus longtemps.

3. Je crains que l'insomnie chronique puisse avoir des conséquences sérieuses sur ma santé physique.

4. Je suis inquiet(ète) de perdre le contrôle sur mes habiletés à dormir. 5. Après une mauvaise nuit de sommeil, je sais que cela va nuire à mes activités

quotidiennes le lendemain. 6. Afin d’être éveillé et de bien fonctionner le jour, je crois qu’il serait mieux de prendre une

pilule pour dormir plutôt que d’avoir une mauvaise nuit de sommeil. 7. Lorsque je me sens irritable, déprimé(e) ou anxieux(se) pendant la journée, c’est surtout

parce que j’ai mal dormi la nuit précédente. 8. Quand je dors mal une nuit, je sais que cela dérangera mon horaire de sommeil pour toute

la semaine. 9. Sans une nuit de sommeil adéquate, je peux à peine fonctionner le lendemain. 10. Je ne peux jamais prédire si j'aurai une bonne ou une mauvaise nuit de sommeil. 11. J'ai peu d’habiletés pour faire face aux conséquences négatives d'un sommeil troublé. 12. Quand je me sens fatigué(e), sans énergie ou simplement incapable de bien fonctionner,

c'est généralement parce que j'ai mal dormi la nuit précédente. 13. Je crois que l'insomnie est principalement le résultat d'un déséquilibre physiologique. 14. Je crois que l'insomnie est en train de ruiner ma capacité à jouir de la vie et m’empêche de

faire ce que je veux. 15. La médication est probablement la seule solution à l'insomnie. 16. J'évite ou j'annule mes engagements (travail, famille, loisirs) après une mauvaise nuit de

sommeil. Source : Centre d’études des troubles du sommeil. Centre de services APTI de la Faculté des sciences sociales. Tous droits réservés. © Charles M. Morin (1993).