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Déclin cogni*f et handicap mental Trisomie 21
Dr Sophie Auriacombe Neurologue
Centre Mémoire Ressource et Recherche Ins*tut des Maladies Neurodégénéra*ves (IMN)
Nouvelle Aquitaine DIU MA2, Lille Séminaire 8
Intrica*ons neuropsychiatriques
Strydom et coll: Revue de liKérature de 1997-‐2008 (Journal of Policy and Prac*ce in Intellectual Disabili*es)
• Comme l’ensemble de la popula*on, les personnes déficientes
intellectuelles (DI) et trisomiques vivent plus longtemps. Trisomie 21 est la cause la plus fréquente de déficit intellectuel d’origine géné*que.
• Ce sont surtout les trisomiques qui développent des démences, pour les autres groupes de DI, les données sont moins claires • Certains trouvent une prévalence égale à celle de la popula*on générale, d’autres une augmenta*on de prévalence
• Dans le cerveau des personnes adultes, il existe presque toujours des lésions neuropathologiques de maladie d’Alzheimer (MA) après 40 ans (Mann, 1988), même si tout le monde ne la développe pas
• Explica*on : Le chromosome 21 en 3 exemplaires , gène de l’APP
Le diagnos*c de démence chez les personnes trisomiques est plus difficile
• Du fait des problèmes cogni*fs ini*aux: – Variables – Pas ou peu documentés
• Pas d’ou*ls consensuels • De la méconnaissance du problème
Strydom et coll: Revue de liKérature de 1997-‐2008 (Journal of Policy and Prac*ce in Intellectual Disabili*es)
Prévalence de la démence dans la trisomie • Elle augmente avec l’âge, dans les deux sexes:
– Etude Holland (1998) • 3.4% de 30 à 39 ans • 10.3% de 40 à 49 ans • 40% de 50 à 59 ans
– Etude Tyrell (2001) • 1.4% avant 40 ans • 5.7% de 40 à 49 ans • 30.4% de 50 à 59 ans
Coppus, J Intellect Disabil Res. 2006 Oct;50(Pt 10):768-‐77.Demen*a and mortality in persons with Down's
syndrome
• Ont étudié 506 personnes trisomiques de plus de 45 ans
• Diagnos*c basé sur des données cogni*ves, fonc*onnelles et physiques, répétées annuellement
• Si déclin, examen plus approfondi et diagnos*c ICD 10 et protocole de consensus hollandais
Résultats • Prévalence globale : 16.8% • Jusqu’à 60 ans la prévalence double tous les 5 ans
– 45-‐49 ans: 8.9% – 50-‐54 ans: 17.7% – 55-‐59 ans: 32.1%
• Après 60 ans : 25.6% mais mortalité de 44.4% chez les trisomiques déments et de 10.7% chez les non déments sur une période de 3.3 ans de suivi
• Résultats comparables à ceux des autres études
Les premiers symptômes • Profil « classique »
– Perte de mémoire – Désorienta*on – Détériora*on du langage
• Profil « frontal » – Changement de personnalité, troubles du comportement Lenteur des ac*vités, du discours, perte d’intérêts et repli sur soi (« frontal »)
• Déclin fonc*onnel • Mais aussi parfois: incon*nence, crises d’épilepsie (manifesta*ons habituellement tardives)
Les manifesta*ons fonc*onnelles et comportementales
• Déclin de l’hygiène personnelle, des capacités « ménagères », de l’orienta*on spa*ale
• Puis déclin des ac*vités plus basiques: s’habiller, se nourrir
• L’appari*on de troubles du comportement peut être inaugurale: – Soit plutôt irritabilité, agressivité, auto-‐aggression (alrent l’aKen*on plus vite)
– Ou plutôt lenteur, apathie, perte d’intérêt pour les autres, moins de par*cipa*on sociale
Manifesta*ons épilep*ques
• Myoclonies du réveil parfois • Crises généralisées • Parfois problèmes de rigidité musculaire, ou anomalies posturales
Résultats • BaKeries de tests cogni*fs
– Plusieurs études soulignent l’intérêt de la Demen*a Ra*ng Scale (DRS ) mais seulement 147 sujets and the Downs Syndrome Mental Status Exam (DMSE) 362 par*cipants . Donc assez peu de sujets (et versions françaises non disponibles)
– Une version modifiée du SRT a montré un intérêt dans la détec*on précoce, se modifiant 1 à 3 ans avant le diagnos*c de démence , dans une étude seulement
– Le MMS a montré une u*lité dans une étude, mais une autre l’a trouvé impossible à passer chez 55% des sujets
• Problèmes: – Pas de normes – Longues, pas toujours possibles à administrer (trop difficiles) – Effets plancher
Résultats • Ques*onnaires aux informants: Souvent meilleurs que les
évalua*ons directes • The Demen*a Screening Ques*onnaire for Individuals with
Intellectual Disabili*es (DSQIID) a été u*lisé auprès de 848 par*cipants dans plusieurs études et toutes ont trouvé le ques*onnaire u*le
• Les ac*vités de base de vie quo*dienne (ADL) sont mieux expliquées par le niveau de dépendance et les comorbidités que par la démence : seul ques*onnaire aidant qui n’est pas u*le dans le diagnos*c de démence chez les sujets avec retard intellectuel.
• BaKeries de tests: – Aucune n’est validée
Données récentes
Résultats • IRM et Pet scan montrent des anomalies similaires à celles retrouvées dans la MA,
de façon précoce, dont une atrophie hippocampique progressive • Taux sanguins élevés d’abeta 40 et 42, et plus élevés chez les pa*ents présentant
une démence que chez les non déments, et prédicteurs de démence à 5 ans • Géné*que:
– APP surtout – DYRK1A is a serine-‐threonine protein kinase that targets calcineurin, NFAT,
CREB, SYNJ1, dynamin, and GSK3B. Crucially, DYRK1A is involved in tau phosphoryla*on, and its overexpression might contribute to early onset forma*on of neurofibrillary tangles.
– DYRK1A also phosphorylates APP, which results in amyloidogenic APP cleavage that elevates Aβ40 and Aβ42 accumula*on, leading to brain β-‐amyloidosis; therefore,DYRK1A poten.ally provides a link between amyloid and tau pathologies.
– Lien entre polymorphisme de ce gène et âge de début de la démence • AKeintes cholinergiques, dopaminergiques et gabaergiques (déficit des
interneurones gabaergiques dans le cadre des perturba*ons développementales)
• 49 adultes de 25 à 65 ans ont bénéficié d’une imagerie PIB (Cambridge)
• La première région à se « posi*ver » est le striatum, vers 39 ans
• Deux PIB néga*fs malgré démence (non MA? Pb de diagnos*c?)
• Très corrélé au déclin cogni*f: phase pré-‐clinique courte? Mais étude n’est pas longitudinale
En pra*que
Un ou*l : la SIB travail avec l’ADAPEI de la Gironde
Le travail avec l’ADAPEI
• Ini*é en 2005 autour d’un pa*ent • Constat de l’inadéqua*on de nos tests
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Le partenariat ins*tué depuis 2008 avec le CMRR du CHU de Pellegrin, permet aux usagers présentant les premiers signes d’accéder à une consulta.on spécialisée. Idée d’u*liser la SIB (Severe Impairment BaKery) (SA) Ou*l conçu en 1990 pour la MA sévère , la SIB forme abrégée sur 50 points a été adaptée ( Docteur Hugonot-‐Diener, GRECO). Le but de ceKe baKerie est d‘analyser les différents domaines cogni*fs sur la base des capacités cogni.ves résiduelles de ces malades. Sont évaluées l‘interac.on sociale, l‘orienta.on, l‘aFen.on, le langage, la mémoire, les praxies, et les fonc.ons visuo-‐spa.ales.
Les enjeux Pourquoi instaurer un partenariat avec le centre mémoire du CHU Pellegrin?
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Rappel Défini,on • Evaluer les capacités cogni*ves de personnes déficientes intellectuelles présentant une trisomie 21 à différents moments de leur vie. Mesurer les écarts entre 2 tests dans la perspec*ve de repérer d’éventuelles pertes de capacités (début de démence type Alzheimer).
Pour qui ? • Personnes présentant une trisomie 21 avec une déficience intellectuelle légère, moyenne, sévère.
Comment • Psychologue de l’ADAPEI extérieur à l’ins*tu*on. • Grille SIB.
Quand ? Les règles de passa*on de la SIB à l’ADAPEI (SA): 1er test entre 25 et 30 ans à l’entrée dans l’établissement pour adultes confirmé par un 2nd test 1 an après de façon à définir un repère puis: -‐ classiquement , avant 40 ans, test renouvelé tous les 5 ans -‐ classiquement à par*r de 40 ans, test renouvelé tous les ans. En phase de doute revenir sur un rythme de tests trimestriels (deltas >=10) ou annuels (deltas >5) et à la demande du centre mémoire.
Comment se passe le test ?
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Lieu • Une pièce calme, sans éléments de distrac*on majeurs, où la personne est confortablement installée (table, chaise). L’évaluateur se place en vis-‐à-‐vis avec la personne. Temps indica,f de passa,on : entre 15 et 25 minutes.
Recommanda,ons pra,ques pour la passa,on: • La personne est prévenue la veille qu’elle va rencontrer un psychologue extérieur à l’ins*tu*on pour passer un test. Lui demander son accord. • Avant de démarrer le test et de recevoir la personne, le psychologue s’assure qu’il dispose du kit complet et que les éléments du kit ne sont pas visibles pour la personne à évaluer. • Dès la prise de contact, le test démarre et la ques*on 1 est posée. • L’évaluateur doit présenter les tâches comme elles sont décrites en cherchant à respecter au plus prés les formula*ons et en veillant à ne pas expliquer les instruc*ons. • Les items sont présentés d'une manière fluide, et de façon à meKre à l'aise et à amener une réponse naturelle. • La SIB est composée de tâches simples qui doivent être présentées avec des indices gestuels quand cela est énoncé.
Comment se passe le test ?
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« Je m’appelle… (Prénom, Nom ) J’aimerais que vous essayiez de vous rappeler mon nom parce que je vous le demanderai plus tard » Pause « Quel est mon nom ? » « Oui, je m’appelle… » Répéter si nécessaire (3 fois au maximum). Indiquer en commentaires le nombre de répé**ons nécessaires et reproduire ce qui a été res*tué. 2 points = il répète correctement 1 point = Tout nom qui lui ressemble ou prénom seulement 0 point = pas de réponse ou erreur
« Ici, dans quelle ville sommes-‐nous ? » Encouragement : « Est-‐ce…, … ou… ? » (ville correcte et 2 alterna*ves) Indiquer en commentaire la réponse donnée. 2 points = correct spontanément 1 point = correct après encouragement. Ville de résidence admise. 0 point = sans rapport avec le lieu présent
Comment se passe le test ? Exemples de questions
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• « Dans quoi boit-‐on du café ? » • Encouragement « Dans quel récipient (vaisselle) boit-‐on du café ? » • Reformuler avec une autre boisson si vraiment nécessaire (thé, chocolat, lait). • • 2 points = tasse ou bol • 1 point = alterna>ve proche (ex :verre, cafe>ère) ou correct après encouragement • 0 point = mot sans rapport (ex : assieFe)
• Montrer une photo de tasse : « qu’est ce que c’est ? » • Indiquer en commentaire la réponse donnée • • 2 points = tasse • 1 point = alterna>ve proche (ex : verre, bol) • 0 point = pas de réponse ou réponse totalement fausse
• « Montrez-‐moi comment on s’en sert » • (l’évaluateur a encore la photo sur la table) • Noter en commentaire le nombre d’encouragements nécessaires. • • 2 points = démonstra>on proche • 1 point = geste approxima>f • 0 point = pas de geste ou faux
Comment se passe le test ? Exemples de questions
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• Les résultats remplissent leur fonc*on: à ATTIRER L’ATTENTION, ALERTER ou APPUYER un doute.
à Bonne stabilité du test par rapport aux changements de psychologues à condi*on de maintenir des passa.ons respectueuses du protocole et d’être vigilants sur les exigences modérées à appliquer autour des ques*ons liées au nom du psychologue (noms complexes à reproduire et retenir).
• Niveau de seuil de sensibilité et d’alerte à consolider en fonc*on du retour d’expérience.
Face à l’hétérogénéité des capacités des personnes rencontrées en consulta*on spécialisée, il est également nécessaire de tracer ce que chacun "ne fait plus" dans chacun des champs du triptyque sur lequel le diagnos*que peut être établi:
• Humeur et comportement • Ac*vités: les ac*vités examinées dans la popula*on habituelle (pertes dans l’usage du
téléphone, des transports, la ges*on des finances , des médicaments) ne sont pas adaptées à une popula*on déficience intellectuelle à ou.ls à proposer
• Capacités cogni*ves: maintenir et déployer la grille SIB
Résultats SIB - constats
Le GTN-ODPD adapté du DSQIID* (Dementia Screening Questionnaire), peut servir au repérage précoce des adultes ayant une déficience intellectuelle chez qui on soupçonne des signes précoces d’un léger trouble cognitif ou de la démence (..). N’est pas un instrument d’évaluation ou de diagnostic, mais plutôt un outil de dépistage administratif que les membres du personnel et les fournisseurs de soins de la famille peuvent utiliser pour noter le déclin fonctionnel et les problèmes de santé, ainsi que les renseignements utiles en vue d’une évaluation approfondie. Il est recommandé d’utiliser cet outil chaque année ou selon les indications pour les adultes d’au moins 40 ans présentant le syndrome de Down, et pour les autres personnes à risque ayant une déficience intellectuelle lorsqu’on soupçonne la présence d’un changement cognitif chez ces personnes.
(10)Caractérisation générale de la santé physique actuelle : Excellente/Très bonne/Bonne/Assez bonne/Faible Apparition récente des crises (comitiales) Manifestation à long terme des crises Crises à l’enfance n’ayant pas lieu à l’âge adulte Aucun historique de crises Historique du diagnostic Y a-t-il déja eu un diagnostic de trouble léger de la cognition [TLC] ou de démence? [ ] Non [ ] Oui, un TLC Date du diagnostic : [ ] Oui, la démence Date du diagnostic :Type de démence : Diagnostiqué par : □Gériatre □Neurologue □Médecin □Psychiatre □Psychologue □Autre : (11)Comparativement à il y a un an, sa santé physique actuelle est : (12)Comparativement à il y a un an, sa santé mentale est : Beaucoup mieux Plutôt mieux Presque la même Un peu moins bonne Pire Déficience visuelle Aveugle (vision nulle ou très limitée) Vision corrigée par des lunettes Déficience auditive Sourd (audition nulle ou très limitée) Audition corrigée par une prothèse auditive Mobilite réduite Aucune mobilite – utilise un fauteuil roulant Aucune mobilite – est déplace à l’aide d’un fauteuil roulant
A toujours éte le cas A toujours éte le cas, mais s’est empiré Nouveau symptôme au cours de la dernière année Ne s’applique pas (19)Activités de la vie quotidienne A besoin d’aide pour se laver A besoin d’aide pour s’habiller S’habille de façon inappropriée (p. ex., à l’envers, de façon incomplète, ne prend pas en compte les températures) Se déshabille de façon inappropriée (p. ex. en public) A besoin d’aide pour manger (couper les aliments, bouchées, suffocation) A besoin d’aide pour utiliser la salle de bain (trouver la salle de bain, élimination et proprete ) Incontinent (y compris des accidents occasionnels) (20)Langage et communication N’amorce pas de conversations Ne trouve pas ses mots Ne suit pas des directives simples Semble être perdu pendant une conversation Ne lit pas N’écrit pas (y compris son propre nom)
Pourquoi faire le diagnos*c? Quel bilan?
Pour faire le diagnos*c dans ceKe popula*on • Même bilan que dans la popula*on générale:
– Documenter un déclin cogni*f • De l’importance d’avoir une mesure de base+++
– Documenter un déclin fonc*onnel – Et éventuellement comportemental
• Faire un diagnos*c différen*el: hypothyroidie, dépression, vasculaire…
• Et scanner cérébral, bilan biologique, EEG éventuellement
• Ponc*on lombaire?
Pourquoi faire ce diagnos*c? • Pour adapter l’environnement et ses exigences
– Passer d’un cadre « éduca*f » à un cadre plus souple, plus adapté
• Pour surveiller les comorbidités vasculaires (ex: obésité) et la dépression
• Pour u*liser les médicaments à notre disposi*on • Eviter la iatrogénie (neurolep*ques) • Eviter les comportements inadaptés
– Soit surs*muler – Soit au contraire an*ciper trop vite la perte d’autonomie
Pourquoi faire ce diagnos*c?
• Et prévoir la ré-‐orienta*on et les structures adaptées+++ – Au domicile : aide de la MDPH, puis: – EHPAD? – MAS?
Conclusions
• La survenue d’une démence change les perspec*ves et le pronos*c chez les personnes déficientes mentales comme chez les autres personnes: – Elle bouleverse l’équilibre familial, notamment les parents
• Elle est non obligatoire mais fréquente dans la trisomie après 40-‐45 ans
• Dans toutes les déficiences mentales , un niveau « de base » devrait être connu