data.beauport.eudata.beauport.eu/etude_docx/chm/chm-pentateuchte-prnt.docx · web viewl’esprit...

1296
Le Pentateuque Les cinq livres de Moïse par Charles Henry Mackintosh Table des matières Notes sur le Livre de la Genèse - Premier livre de Moise............................................... 5 Chapitre 1..................................................... 5 Chapitre 2.................................................... 10 Chapitre 3.................................................... 15 Chapitres 4 et 5.............................................. 23 Chapitres 6 à 9............................................... 32 Chapitre 10................................................... 40 Chapitre 11................................................... 41 Chapitre 12................................................... 43 Chapitre 13................................................... 49 Chapitre 14................................................... 53 Chapitre 15................................................... 56 Chapitre 16................................................... 61 Chapitre 17................................................... 65 Chapitre 18................................................... 67 Chapitre 19................................................... 70 Chapitre 20................................................... 73 Chapitre 21................................................... 75 Chapitre 22................................................... 78 Chapitre 23................................................... 83 Chapitre 24................................................... 85 Chapitre 25................................................... 89 Chapitre 26................................................... 90 Chapitres 27 à 35............................................. 93 Chapitre 27................................................... 94 Chapitre 28................................................... 97 Chapitres 29 à 31............................................ 100 1

Upload: vokhue

Post on 14-Sep-2018

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Le Pentateuque (CHM)

Le PentateuqueLes cinq livres de Mosepar Charles Henry MackintoshTable des matires

Notes sur le Livre de la Gense - Premier livre de Moise5

Chapitre 15

Chapitre 210

Chapitre 315

Chapitres 4 et 523

Chapitres 6 932

Chapitre 1040

Chapitre 1141

Chapitre 1243

Chapitre 1349

Chapitre 1453

Chapitre 1556

Chapitre 1661

Chapitre 1765

Chapitre 1867

Chapitre 1970

Chapitre 2073

Chapitre 2175

Chapitre 2278

Chapitre 2383

Chapitre 2485

Chapitre 2589

Chapitre 2690

Chapitres 27 3593

Chapitre 2794

Chapitre 2897

Chapitres 29 31100

Chapitre 32103

Chapitres 33 34106

Chapitre 35107

Chapitre 36109

Chapitre 37109

Chapitre 38111

Chapitres 39 45111

Chapitres 46 50115

Notes sur le Livre de lExode117

Chapitre 1117

Chapitre 2:1-10.120

Chapitre 2:11-25.122

Chapitre 3127

Chapitre 4135

Chapitres 5-6142

Chapitres 7-11148

Chapitre 12159

Chapitre 13172

Chapitre 14176

Chapitre 15182

Chapitre 16187

Chapitre 17193

Chapitre 18198

Chapitre 19201

Chapitre 20203

Chapitres 21-23210

Chapitre 24213

Chapitre 25214

Chapitre 26219

Chapitre 27224

Chapitres 28-29226

Chapitre 30231

Chapitre 31235

Chapitre 32238

Chapitres 33-34241

Chapitres 35-40242

Notes244

Notes sur le Livre du Lvitique247

Chapitre 1247

Chapitre 2257

Chapitre 3271

Chapitres 4-5:13282

Chapitres 5:14-26293

Chapitres 6 et 7298

Chapitres 8 et 9299

Chapitre 10306

Chapitre 11315

Chapitre 12321

Chapitres 13, 14324

Chapitre 15339

Chapitre 16342

Chapitre 17350

Chapitres 18-20352

Chapitres 21-22357

Chapitre 23360

Chapitre 24367

Chapitre 25370

Chapitre 26374

Chapitre 27375

Notes sur le Livre des Nombres378

Chapitres 1-2378

Chapitre 3-4388

Chapitre 5410

Chapitre 6418

Chapitre 7428

Chapitre 8430

Chapitre 9434

Chapitre 10444

Chapitre 11448

Chapitre 12456

Chapitre 13459

Chapitre 14462

Chapitre 15472

Chapitre 16479

Chapitres 17-18486

Chapitre 19498

Chapitre 20508

Chapitre 21511

Chapitres 22-24514

Chapitre 25519

Chapitre 26520

Chapitre 27521

Chapitres 28-29525

Chapitre 30527

Chapitre 31528

Chapitre 32529

Chapitres 33-34531

Chapitre 35532

Notes sur le Livre du Deutronome536

Prface536

Introduction537

Chapitre 1542

Chapitre 2565

Chapitre 3572

Chapitre 4579

Chapitre 5604

Chapitre 6630

Chapitre 7648

Chapitre 8656

Chapitre 9665

Chapitre 10669

Chapitre 11675

Chapitre 12682

Chapitre 13687

Chapitre 14698

Chapitre 15708

Chapitre 16713

Chapitre 17725

Chapitre 18733

Chapitre 19740

Chapitre 20744

Chapitre 21749

Chapitres 22-25752

Chapitre 26756

Chapitre 27760

Chapitre 28762

Chapitre 29768

Chapitre 30775

Chapitre 31779

Chapitre 32783

Chapitre 33790

Chapitre 34795

Notes sur le Livre de la Gense - Premier livre de MoiseDes choses nouvelles et des choses vieilles.Chapitre 1

LEsprit Saint ouvre ce livre dune manire particulirement frappante. Il nous amne sans prambule devant Dieu, dans la plnitude essentielle de son tre, et nous le montre au milieu de cette scne o Lui seul est luvre et opre. Nous entendons Dieu rompre le silence de la terre, nous le voyons luire dans les tnbres qui la couvrent, afin de crer pour Lui-mme une sphre dans laquelle il puisse manifester sa puissance ternelle et sa divinit.

Il ny a rien ici qui satisfasse une vaine curiosit, rien sur quoi lesprit de lhomme soit appel spculer; cest la sublimit et la ralit de la vrit divine, dans sa puissance morale, agissant sur le cur et sur lintelligence. LEsprit de Dieu ne veut pas fournir des aliments la curiosit de lhomme ou la satisfaire par de subtiles thories. Les gologues peuvent sonder les entrailles de la terre, et en tirer des matriaux par le moyen desquels ils prtendent complter ou contredire les crits divins; ils peuvent tendre leurs spculations sur les dbris fossiles mais le disciple docile sattache aux pages inspires: il lit, il croit, il adore. Que ce soit dans cet esprit que nous poursuivions ltude de ce livre, et puissions-nous raliser ainsi ce que cest que de senqurir diligemment de lternel dans son temple! (Psaume 27:4).

Au commencement Dieu cra les cieux et la terre. Les premires paroles du livre sacr nous placent dans la prsence de Celui qui est la source infinie de toute vraie bndiction. LEsprit Saint ne raisonne pas laborieusement pour nous prouver lexistence de Dieu; il nentre point dans cette voie: Dieu se rvle, il se fait connatre par ses uvres. Les cieux racontent la gloire du Dieu fort et ltendue annonce louvrage de ses mains. Toutes tes uvres te clbreront, ternel! Il ny a que lincrdule ou lathe qui cherchent des preuves raisonnes de lexistence de Celui qui, par la parole de ses lvres, appela les mondes lexistence, et se rvla Lui-mme comme le Dieu souverainement sage, le Tout-puissant, le Dieu ternel. Quel autre que Dieu a pu crer quoi que ce soit? Cest lui qui fait sortir par nombre leur arme; il les appelle toutes par nom. Par la grandeur de son pouvoir et de sa force puissante, pas une ne manque! (sae 40:26). Les dieux des peuples sont des idoles, mais lternel a fait les cieux. Dans le livre de Job, chapitres 38 41, lternel lui-mme en appelle la cration comme preuve irrcusable de sa souverainet. Cet appel, tout en prsentant lintelligence la dmonstration la plus claire et la plus convaincante de la toute-puissance de Dieu, touche en mme temps le cur par son tonnante condescendance. Tout y est divin: la majest et lamour, la puissance et la tendresse!

Et la terre tait dsolation et vide, et il y avait des tnbres sur la face de labme. Voil assurment un champ dans lequel Dieu seul pouvait agir. Lhomme, sans doute, dans lorgueil de son cur, ne sest montr que trop dispos intervenir dans luvre de Dieu, dans des sphres daction dun ordre bien suprieur; mais, ici, lhomme na aucune place jusquau moment o, comme toute chose, il devient lobjet de la puissance cratrice. Dieu est seul dans luvre de la cration. Il regarde de la lumire ternelle de sa demeure, et considre cette sphre sans forme et vide, sur laquelle il dploiera et excutera ses plans et ses conseils merveilleux, et o la seconde personne de la Trinit vivra travaillera et mourra, afin de manifester, la vue des mondes tonns, les glorieuses perfections de la Divinit. Tout tait tnbres et chaos; mais Dieu est un Dieu de lumire et dordre. Dieu est lumire et il ny a en lui aucunes tnbres. Les tnbres ne peuvent subsister en sa prsence, quelque point de vue que ce soit, physique, moral, intellectuel ou spirituel. LEsprit de Dieu planait sur la face des eaux. Il couvait en quelque sorte la scne de ses oprations futures; scne bien sombre et qui offrait un vaste champ daction au Dieu de lumire et de vie: Dieu seul pouvait en clairer les tnbres et y faire jaillir la vie; substituer lordre au chaos, et mettre une tendue entre les eaux, afin que la vie pt sy dvelopper sans crainte de la mort. Ctait l des oprations dignes de Dieu. Dieu dit: que la lumire soit, et la lumire fut. Il a parl, et la chose a t; il a command, et elle sest tenue l. Lincrdule veut savoir: comment? o? quand? mais lEsprit dit: Par la foi, nous comprenons que les mondes ont t forms par la Parole de Dieu, de sorte que ce qui se voit na pas t fait de choses qui paraissent (Hb. 11:3). En dpit du sourire ddaigneux du philosophe, cette rponse satisfait celui qui est lcole de Dieu.

Dieu ne veut pas faire de nous des astronomes ou des gologues, ni nous entretenir des dtails que le muse ou le tlescope mettent sous les yeux de chacun. Le but de Dieu est de nous introduire en sa prsence, comme adorateurs, avec des curs et des entendements enseigns et conduits par sa sainte Parole. Le philosophe peut mpriser ce quil appelle les prjugs vulgaires et troits du pieux disciple de la Parole; il peut se glorifier de son tlescope avec lequel il mesure ltendue des cieux, ou se vanter des dcouvertes quil fait dans les profondeurs de la terre; quant nous, nous navons que faire de lopposition de la connaissance faussement ainsi nomme (1 Tim. 6:20). Nous tenons pour parfaitement certain que toutes les dcouvertes vraies, soit dans les cieux en haut, soit sur la terre en bas, ou dans les eaux qui sont sous la terre, sont en harmonie avec ce qui est crit dans la Parole de Dieu; toutes autres prtendues dcouvertes ne sont dignes que dtre entirement rejetes. Il faut que le cur soit parfaitement assur de la plnitude, de lautorit, de la perfection, de la majest et de linspiration pleine et entire du volume sacr. Ce sera la seule sauvegarde efficace contre le rationalisme et la superstition. Une connaissance exacte de la Parole et une soumission entire son contenu, sont les deux grands objets dsirables au jour actuel. Que Dieu, dans sa grce, augmente abondamment au milieu de nous et cette connaissance et cette soumission!

Et Dieu vit la lumire, quelle tait bonne; et Dieu spara la lumire davec les tnbres. Et Dieu appela la lumire Jour, et les tnbres, il les appela Nuit. Nous avons ici les deux grands symboles si souvent employs dans la Parole. La prsence de la lumire constitue le jour; labsence de la lumire constitue la nuit. Il en est de mme dans lhistoire des mes. Il y a les enfants de lumire, et les enfants de tnbres; la diffrence est tranche et solennelle. Tous ceux sur lesquels la lumire de la vie a lui, tous ceux que lOrient den haut a visits salut, tous ceux qui ont reu la lumire de la connaissance de la gloire de Dieu en la face de Jsus Christ, quels quils soient, appartiennent la premire catgorie et sont des enfants de la lumire et du jour. Dun autre ct, tous ceux qui sont dans les tnbres, dans laveuglement et lincrdulit de la nature, et dont les curs nont pas t, par la foi, illumins des rayons du soleil de justice, sont encore ensevelis dans lobscurit de la nuit spirituelle et sont des fils de tnbres, des fils de la nuit.

Lecteur, arrtez-vous ici et demandez-vous, dans la prsence de Celui qui sonde les curs, laquelle de ces deux classes de personnes vous appartenez. Ne vous dcevez pas vous-mme, il sagit pour vous de la vie ou de la mort. Vous pouvez tre pauvre, mpris, ignorant; mais si, par lEsprit, vous tes uni au Fils de Dieu, qui est la lumire du monde (Jean 8:12), vous tes un enfant de lumire, destin reluire bientt dans cette sphre cleste dont lAgneau immol sera le centre et le soleil pour toujours. Cela ne vient pas de vous: cest le rsultat des conseils et des oprations de Dieu Lui-mme, qui vous a donn lumire, vie, joie et paix en Jsus et par son sacrifice. Mais si vous tes tranger laction et linfluence sanctifiante de la lumire divine, si vos yeux nont pas t ouverts pour voir quelque beaut en Jsus, Fils de Dieu, alors, quand bien mme vous possderiez toute la science dun Newton et tous les trsors de la philosophie humaine; quand vous seriez dcor de tous les titres que peuvent confrer les coles de ce monde, vous tes un enfant de la nuit et des tnbres (1 Thes. 5:5), et si vous mourez dans cet tat, vous serez pour toujours envelopp dans les tnbres et les terreurs dune nuit ternelle! Ne poursuivez donc pas, avant de vous tre assur si vous tes du jour ou de la nuit.

Et Dieu dit: quil y ait des luminaires dans ltendue des cieux pour sparer le jour davec la nuit, et quils soient pour signes et pour saisons dtermines et pour jours et pour annes; et quils soient pour luminaires dans ltendue des cieux pour donner de la lumire sur la terre. Et il fut ainsi. Et Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour dominer sur le jour, et le petit luminaire pour dominer sur la nuit; et les toiles. Le soleil est la fois le centre de la lumire et le centre de notre systme. Cest autour de cet astre que les globes infrieurs se meuvent; et cest de lui quils reoivent la lumire. Le soleil peut donc tre considr comme une figure de Celui qui, pour rjouir le cur de ceux qui craignent le Seigneur, se lvera bientt, apportant la gurison dans ses ailes (Mal. 4:2). La beaut de ce symbole sera vidente pour quiconque, aprs les veilles de la nuit, a pu voir le soleil se lever et dorer lorient de ses tincelants rayons; les brouillards et les ombres de la nuit se dispersent, et toute la cration semble saluer le retour de lastre du jour. Bientt aussi le soleil de Justice se lvera, les ombres de la nuit senfuiront, et toute la cration se rjouira en voyant paratre laurore dun matin sans nuages, commencement dun jour ternel de gloire.

La lune, obscure par elle-mme, tire toute sa lumire du soleil et reflte incessamment cette lumire, moins que la terre et ses influences ninterviennent. Le soleil na pas plus tt disparu lhorizon que la lune se prsente pour en recevoir les rayons et les reflter sur un monde envelopp de tnbres; si, au contraire, cest de jour quelle apparat, on laperoit peine cause de lclat du soleil. Le monde aussi, comme nous lavons dj dit, empche quelquefois que cette lumire ne paraisse; de sombres nuages, dpais brouillards, de froides vapeurs slvent de la surface de la terre et drobent notre vue la lumire argente de cette lune qui nous rappelle lglise, comme le soleil est une belle image de Christ. Christ, la source de la lumire, est invisible maintenant: la nuit est fort avance; le monde ne voit pas Jsus, mais lglise le voit et elle est responsable de reflter sa lumire sur un monde plong dans les tnbres. Lglise est le seul canal pour la communication au monde de la connaissance de Christ: Vous tes, vous, notre lettre, crite dans nos curs, connue et lue de tous les hommes, dit laptre; et encore: Vous tes manifests comme tant la lettre de Christ (2 Cor. 3:2, 3). Quelle responsabilit pour lglise! Ne devrait-elle pas se tenir srieusement en veil contre tout ce qui peut lempcher de reflter la lumire cleste de Christ, dans toutes ses voies? Mais comment pourra-t-elle reflter cette lumire? Cest en la laissant luire sur elle-mme dans tout son clat. Si lglise marchait dans la lumire de Christ, certainement elle reflterait cette lumire, et ainsi elle serait garde dans la position qui lui convient. La lune na point de lumire propre. Il en est de mme de lglise. Elle nest pas appele clairer le monde de sa propre gloire; elle est simplement appele reflter la lumire quelle reoit. Son devoir est dtudier soigneusement la voie dans laquelle son Seigneur a march pendant quil tait sur la terre, et de suivre ses traces par la puissance du Saint Esprit qui habite en elle.

Mais, hlas! la terre avec ses nuages, ses brouillards et ses vapeurs, intervient; elle cache la lumire et ternit lptre, et le monde voit peine quelques traits du caractre de Christ dans ceux qui sappellent de son nom; souvent mme il dcouvre en eux plutt un humiliant contraste, quune ressemblance avec Jsus. tudions Christ davantage dans un esprit de prire, afin quaussi nous soyons capables de limiter plus fidlement!

Les toiles sont des luminaires loigns qui brillent dans dautres sphres; nous voyons leurs scintillations; du reste, elles nont gure de rapport avec notre systme. Une toile diffre dune autre toile en gloire. Ainsi en sera-t-il dans le royaume venir du Fils: Soleil de gloire, il brillera lui-mme dun clat vivant et ternel; et lglise refltera fidlement ses rayons tout alentour, tandis que les saints, chacun individuellement, reluiront dans la gloire spciale que le juste Juge distribuera chacun en rcompense de son service fidle durant la sombre nuit de son absence. Cette pense devrait nous encourager marcher avec plus dardeur et dnergie sur les traces de notre Seigneur absent (voyez Luc 19:12-19).

Les parties infrieures de la cration viennent ensuite: la mer et la terre produisent en abondance des tres vivants. Quelques personnes se croient autorises considrer les oprations de chacun des six jours, comme des types des diverses dispensations et des grands principes daction qui les rgissent et les caractrisent; mais, quoi quil en soit cet gard, nous avons, en nous occupant des Saintes critures, nous mettre en garde contre tout ce qui est le produit de limagination et de la spculation des hommes; et, quant moi, je ne me sens pas la libert dentrer dans cette voie dinterprtation, et je me bornerai donner ce que je crois tre lenseignement clair et direct du texte sacr.

Toutes choses ayant t mises en ordre maintenant, il ne manquait plus quun chef: Et Dieu dit: Faisons lhomme notre image, selon notre ressemblance, et quils dominent sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur le btail, et sur toute la terre, et sur tout animal rampant qui rampe sur la terre. Et Dieu cra lhomme son image; il le cra limage de Dieu; il les cra mle et femelle. Et Dieu les bnit; et Dieu leur dit: Fructifiez, et multipliez, et remplissez la terre et lassujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur tout tre vivant qui se meut sur la terre. Le lecteur remarquera quaprs avoir parl de lhomme au singulier, lcriture en parle au pluriel; aprs avoir dit: il le cra, elle dit il les cra, et: Dieu les bnit (vers. 27-28).

La formation de la femme nest introduite de fait que dans le chapitre suivant, bien que, dj ici, Dieu les bnisse et leur remette le gouvernement universel. Tous les ordres infrieurs de la cration sont placs sous leur commune domination: ve est bnie de toutes bndictions en Adam, et cest aussi de lui quelle tire toute sa dignit. Quoique non encore appele de fait lexistence, elle est, dans les desseins de Dieu, considre comme une partie de lhomme: Tes yeux ont vu ma substance informe, et dans ton livre mes membres taient tous crits; de jour en jour ils se formaient, lorsquil ny en avait encore aucun (Psaume 139:16). Il en est de mme de lglise, lpouse du second Adam. De toute ternit elle tait vue en Christ, son chef et son Seigneur, comme il est crit au chap. 1 de lptre aux phsiens: Selon quil nous a lus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irrprochables devant lui en amour. Avant quun seul des membres de lglise et respir le souffle de la vie, ils taient tous, dans la pense ternelle de Dieu, prdestins tre conformes limage de son Fils. Les conseils de Dieu ont fait de lglise une partie ncessaire de lhomme mystique; cest pourquoi lassemble est appele la plnitude de celui qui remplit tout en tous (ph. 1:23), et ce titre, dune immense porte, rvle la dignit, limportance et la gloire de lassemble.

On nest que trop habitu considrer la rdemption comme nayant dautre objet que la bndiction et la scurit des mes, individuellement; ce point de vue est beaucoup trop bas. Il est parfaitement vrai que ce qui est, en quelque manire, la part de lindividu, est en pleine scurit, Dieu en soit bni; mais cest la partie la moins grande de la rdemption. Une vrit infiniment suprieure celle-ci, cest que la gloire de Christ est unie et lie lexistence de lassemble. Si, sur lautorit des Saintes critures, jai droit me considrer comme partie constituante de ce qui, de fait, est ncessaire Christ, je ne puis douter quil ny ait en lui abondamment de tout ce dont je puis avoir personnellement besoin. Or, lassemble est ncessaire Christ. Il nest pas bon que lhomme soit seul; je lui ferai une aide qui lui corresponde (Gen. 2:18), et encore: Car lhomme ne procde pas de la femme, mais la femme de lhomme; car aussi lhomme na pas t cr cause de la femme, mais la femme cause de lhomme. Toutefois, ni la femme nest sans lhomme, ni lhomme sans la femme, dans le Seigneur; car comme la femme procde de lhomme, ainsi aussi lhomme est par la femme; mais toutes choses procdent de Dieu (1 Cor. 11:8-12). Il ne sagit donc plus seulement de savoir si Dieu peut sauver un pauvre pcheur, priv de toute force; de savoir si Dieu peut effacer les pchs et recevoir le pcheur lui en vertu de la Justice divine; Dieu a dit: Il nest pas bon que lhomme soit seul, et il na pas laiss le premier homme, sans une aide qui lui corresponde; il ne laissera pas non plus le second homme sans une aide qui lui convienne. Sans ve, il y aurait eu une lacune dans la premire cration; et sans lglise, lpouse, il y aurait une lacune dans la nouvelle cration.

Considrons maintenant de quelle manire ve fut appele lexistence, bien que nous anticipions ainsi sur le chapitre suivant. Il ne se trouvait point dans toute la cration, pour Adam, daide qui ft semblable lui: il faut quun profond sommeil tombe sur lui, et que dune partie de lui-mme soit forme la compagne qui partagera avec lui sa domination et sa bndiction. Et lternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur lhomme, et il dormit; et il prit une de ses ctes, et il en ferma la place avec de la chair. Et lternel Dieu forma (*) une femme de la cte quil avait prise de lhomme, et lamena vers lhomme. Et lhomme dit: Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair; celle-ci sera appele femme (Isha), parce quelle a t prise de lhomme (Ish).

(*) On pourrait traduire le mot hbreu vajiben par: il btit, comme lont fait les Septante par okodomsen, la Vulgate par aedificavit, et par un verbe analogue, toutes les versions allemandes, la version hollandaise, la marge de langlaise, et la version franaise de Diodati, qui traduit ainsi le commencement de Gense 2:22: Et Dieu bastit une femme de la coste quil avait prise dAdam. Or, il nest certes pas sans intrt de se convaincre, en consultant loriginal de ph. 2:20, 22, que les mots rendus par: ayant t difis, et vous tes difis ensemble, sont des drivs du mme verbe que celui que nous venons de voir employ par les Septante.

En considrant selon lcriture Adam et ve comme un type de Christ, nous voyons que la mort de Christ a d tre un fait accompli avant que lassemble ft vue et lue en Christ ds avant la fondation du monde. Il y a une grande diffrence entre les secrets desseins de Dieu et la rvlation et laccomplissement de ces mmes desseins. Pour que lintention de Dieu lgard de parties constituantes de lglise pt tre ralise de fait, il fallait que premirement le Fils ft rejet et crucifi, quil sasst dans les hauts lieux, et que le Saint Esprit, envoy par lui, descendt pour unir en un seul corps tous les croyants par son baptme. Ce nest pas dire quil ny ait pas eu des mes vivifies et sauves antrieurement la mort de Christ: Adam a t sauv, nous nen doutons pas, et des milliers dautres hommes aprs lui lont t pareillement, en vertu du sacrifice de Christ, avant que ce sacrifice ne ft accompli. Mais le salut des mes, prises chacune en particulier, et la formation de lassemble par le Saint Esprit comme corps distinct, sont deux choses bien diffrentes; on en tient trop peu de compte dans la pratique. La place unique qui appartient lglise, sa relation spciale avec le second Homme, le Seigneur venu du ciel, les privilges qui la distinguent, et la dignit dont elle est revtue, sils taient rellement connus et raliss par la puissance du Saint Esprit, produiraient les plus beaux fruits (ph. 5:23-33).

Le type que nous avons ici devant nous, nous donne lui-mme quelque ide des rsultats qui accompagneraient une vritable intelligence de la position de lglise et de ses relations avec Christ. Quelle affection ve ne devait-elle pas Adam! Dans quelle proximit ntait-elle pas de lui; dans quelle intimit de communion? En dignit et en gloire, elle tait parfaitement une avec lui. Il ne dominait pas sur elle, mais avec elle. Il tait seigneur de toute la cration; ve tait une avec lui. Bien plus, comme nous lavons dj dit: elle tait vue et bnie en lui. Lhomme tait lobjet des desseins de Dieu, et la femme tait ncessaire lhomme, cest pourquoi elle a t cre. Lhomme parat le premier et la femme est vue en lui; ensuite elle est forme de lui. Nul type nest plus intressant ni plus instructif dans son caractre; non pas quune doctrine puisse jamais tre fonde sur un type, mais quand la doctrine se trouve pleinement et clairement expose dans dautres portions de lcriture, alors nous sommes prpars pour comprendre, pour apprcier et admirer le type.

Nous trouvons, dans le Psaume 8, une belle description de lhomme dominant sur les uvres de Dieu: Quand je regarde tes cieux, louvrage de tes doigts, la lune et les toiles que tu as disposes: quest-ce que lhomme, que tu te souviennes de lui, et le fils de lhomme, que tu le visites? Tu las fait de peu infrieur aux anges, et tu las couronn de gloire et dhonneur; tu las fait dominer sur les uvres de tes mains; tu as mis toutes choses sous ses pieds: les brebis et les bufs, tous ensemble, et aussi les btes des champs, loiseau des cieux, et les poissons de la mer, ce qui passe par les sentiers des mers. Ici lhomme parat sans quil soit fait mention de la femme, parce que la femme est vue dans lhomme.

Il ny a aucune rvlation directe du mystre de lglise dans les livres de lAncien Testament; laptre dit expressment, en parlant de ce mystre: Lequel, en dautres gnrations, na pas t donn connatre aux fils des hommes, comme il a t maintenant rvl ses saints aptres et prophtes (du Nouveau Testament) par lEsprit (ph. 3:1-11). Cest pourquoi le Psaume 8 ne parle que de lhomme; mais nous savons que lhomme et la femme sont considrs ensemble sous un seul chef. Tout ceci aura son parfait antitype dans les sicles venir; alors le second Homme, le Seigneur venu du ciel, sigera sur son trne et, avec lglise son pouse, il rgnera sur la cration renouvele. Cette glise est ne de la tombe du Christ, elle fait partie de son corps, de sa chair et de ses os. Lui, la Tte; elle, le corps, ne font ensemble quun Homme. Lglise, faisant ainsi partie de Christ, occupera dans la gloire une place unique. Aucune crature ntait unie Adam comme ltait ve, parce que nulle autre quelle ntait une partie de lui-mme. Ainsi aussi lglise occupera la place la plus rapproche de Christ dans la gloire venir.

Ce nest pas seulement ce que lglise sera, mais ce quelle est qui mrite notre admiration. Elle est maintenant le corps dont Christ est la tte, le chef; elle est le temple dans lequel Dieu habite. Que ne devrions-nous pas tre, si telles sont la dignit actuelle et la gloire future de ce dont, par la grce de Dieu, nous faisons partie! Ce qui nous convient assurment, cest une marche sainte, une vie de dvouement Dieu, de sparation pour Dieu et de sainte lvation. Puissions-nous donc saisir ces choses avec puissance par le Saint Esprit, afin que nous sentions plus profondment quels sont le caractre et la conduite qui conviennent la haute vocation laquelle nous sommes appels; afin que les yeux de notre cur tant clairs, nous sachions quelle est lesprance de son appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son hritage dans les saints, et quelle est lexcellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon lopration de la puissance de sa force, quil a opre dans le Christ, en le ressuscitant dentre les morts; et il la fait asseoir sa droite dans les lieux clestes, au-dessus de toute principaut, et autorit, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce sicle, mais aussi dans celui qui est venir; et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et la donn pour tre chef sur toutes choses lassemble, qui est son corps, la plnitude de Celui qui remplit tout en tous (ph. 1:18-23).

Chapitre 2

Note du traducteur: Les trois premiers versets de ce chapitre 2 terminent proprement le sujet du chapitre 1, et devraient y tre rattachs.

Deux sujets principaux rclament notre attention dans ce chapitre: le septime jour et le fleuve.

Il est peu de sujets sur lesquels il y ait eu autant de controverse, et encore autant de divergences que celui du sabbat, bien que la doctrine du sabbat soit expose dans lcriture de la manire la plus simple et la plus claire pour qui veut se soumettre lenseignement de Dieu. Nous examinerons en son lieu le commandement formel de garder le sabbat: ici, il nest pas question dun commandement donn lhomme; mais nous trouvons la simple dclaration que: Dieu se reposa au septime jour (vers. 2). Et les cieux et la terre furent achevs, et toute leur arme. Et Dieu eut achev au septime jour son uvre quil fit; et il se reposa au septime jour. Et Dieu bnit le septime jour, et le sanctifia; car en ce jour il se reposa de toute son uvre que Dieu cra en la faisant (2:1-3). Ces paroles nous apprennent que Dieu se reposa, parce que, quant ce qui concernait la cration, son uvre tait acheve: il nest question ici en aucune manire dun commandement donn lhomme. Celui qui pendant six jours avait travaill, cessa de travailler, et se reposa. Tout tait complet et achev; tout tait trs bon; toutes choses taient ce que lui-mme les avait faites, et il se reposait dans son uvre. Les toiles du matin chantaient ensemble, et tous les fils de Dieu clataient de joie (Job 38:7). Luvre de la cration tait acheve, et Dieu clbrait un sabbat; cest le seul que Dieu ait jamais clbr, si nous nous en tenons simplement ce que les crits inspirs nous apprennent. Plus tard, nous lisons que Dieu ordonna lhomme de garder le sabbat, et que lhomme ne sut pas respecter lordonnance de Dieu; mais jamais nulle part, nous ne retrouvons plus ces paroles: Dieu se reposa; au contraire, Jsus dit: Mon pre travaille jusqu maintenant, et moi je travaille (Jean 5:17). Le sabbat, dans le sens propre et exact de lexpression, na pu tre clbr que l o il ny avait rellement plus rien faire, au milieu dune cration pure, exempte de toute souillure de pch. Dieu ne peut trouver de repos l o le pch existe; et il est absolument impossible quil se repose et prenne plaisir dans la cration maintenant. Les pines et les ronces, avec les mille autres tristes fruits dune cration qui soupire, disent hautement quil faut que Dieu travaille, et non pas quil se repose. Dieu pourrait-il se reposer au milieu des ronces et des pines, au milieu des soupirs et des larmes, de la maladie et de la mort, de la dgradation et des crimes dun monde coupable et en ruine? Dieu pourrait-il se reposer, et clbrer un sabbat au milieu de pareilles circonstances? Quoi quil en soit, lcriture nous apprend que Dieu na eu jusquici quun seul sabbat, celui dont parle le chap. 2 de la Gense. Le septime jour fut le sabbat, et nul autre. Ce jour dmontrait que luvre de la cration tait acheve; mais cette uvre a t gte ds lors, et le repos du septime jour a t interrompu: depuis la chute, Dieu a travaill; mon Pre travaille jusqu maintenant et moi je travaille; et le Saint Esprit aussi travaille. Assurment Christ na point eu de sabbat pendant quil tait sur la terre. Il a accompli son uvre et la glorieusement accomplie, cela est vrai; mais o passa-t-il le jour du sabbat? Dans la tombe! Oui, lecteur, Christ le Seigneur, Dieu manifest en chair, le Seigneur du sabbat, passa le septime jour dans les tnbres et le silence du tombeau. Ce fait ne parle-t-il pas bien haut, ne renferme-t-il pas un profond enseignement? Le Fils de Dieu et-il t couch dans le spulcre le jour du sabbat, si ce jour avait d tre pass dans le repos et la paix, et dans la parfaite conscience quil ne restait plus absolument rien faire? La tombe de Jsus elle seule nous dit limpossibilit de clbrer un sabbat, et cette tombe occupe, le septime jour, par le Seigneur du sabbat, nous montre lhomme comme une crature dchue, coupable, sans ressources, terminant sa longue carrire de pch en crucifiant le Seigneur de gloire, et en plaant louverture de sa tombe une grande pierre, afin de ly retenir, si possible: pendant que le Fils de Dieu est dans le tombeau, lhomme clbre le jour du sabbat! Quelle pense! Christ est dans la tombe pour rtablir le sabbat interrompu, et lhomme essaye de garder le sabbat, comme si tout tait en ordre; lhomme clbre son sabbat, non celui de Dieu: un sabbat sans Christ et sans Dieu, une forme vide, sans puissance et sans valeur.

Mais, dira-t-on, le septime jour est devenu le premier, et les principes sont rests les mmes. Je crois que cette opinion ne repose sur aucun fondement scripturaire. Sur quelle autorit, en effet, ltablira-t-on? Rien nest plus facile que de la produire, sil en existe une dans lcriture. Mais il nen est point: et la distinction entre le septime et le premier jour est, au contraire, maintenue de la manire la plus formelle dans le Nouveau Testament. Cest pourquoi nous lisons au chapitre 28 de lvangile selon Matthieu: Or, sur le tard, le jour du sabbat, au crpuscule du premier jour de la semaine. Le premier jour de la semaine nest donc pas le sabbat transport du septime un autre jour, mais un jour entirement nouveau: cest le premier jour dune priode nouvelle, non le dernier jour dune vieille priode. Le septime jour est en relation avec la terre et le repos terrestre; le premier jour de la semaine, au contraire, avec le ciel et le repos cleste. La diffrence est immense, aussi bien quant au principe lui-mme, que si nous considrons le sujet son point de vue pratique. Si je clbre le septime jour, je me dsigne moi-mme par cet acte comme un homme terrestre, parce que ce jour, comme nous venons de le voir, est le repos de la terre, le repos de la cration. Mais si par lenseignement de lcriture et de lEsprit de Dieu, je suis amen comprendre la signification du premier jour de la semaine, je saisirai immdiatement le rapport direct quil y a entre ce jour et le nouvel ordre de choses, tout cleste, dont la mort et la rsurrection de Christ constituent le fondement ternel. Le septime jour tait en rapport avec Isral et la terre; le premier jour de la semaine est en rapport avec lglise et le ciel.

De plus, remarquez-le, Dieu avait command Isral de garder le jour du sabbat; tandis que le premier jour de la semaine est donn lglise comme un privilge dont elle est appele jouir. Le sabbat tait la pierre de touche de ltat moral dIsral, et le premier jour de la semaine est la preuve significative de lternelle acceptation de lglise; le sabbat manifestait ce quIsral pouvait faire pour Dieu; le premier jour de la semaine fait connatre parfaitement ce que Dieu a fait pour nous.

On ne saurait estimer trop haut la nature et limportance du jour du Seigneur, comme est appel le premier jour de la semaine au chapitre 1 de lApocalypse. Ce jour, tant le jour auquel Christ ressuscita dentre les morts, publie non lachvement de la cration, mais le triomphe glorieux et complet de la rdemption. La clbration du premier jour de la semaine nest pas, nous lavons dj dit, un esclavage ou un joug pour le chrtien; bien au contraire, cest le bonheur du chrtien que de clbrer cet heureux jour. Aussi est-ce le premier jour de la semaine que nous voyons les premiers chrtiens assembls pour rompre le pain (Actes 20:7), et la distinction entre le sabbat et le premier jour de la semaine pleinement maintenue cette poque de lhistoire de lglise. Les Juifs clbraient le sabbat dans leurs synagogues, pour lire la loi et les prophtes; et les chrtiens clbraient le premier jour de la semaine, en sassemblant pour rompre le pain. Il ny a pas un seul passage dans toute lcriture, o le premier jour de la semaine soit appel le sabbat; tandis quil existe des preuves abondantes de la diffrence essentielle quil y a entre ces deux jours.

Pourquoi donc combattre pour ce qui na aucun fondement dans lcriture? Aimez, honorez, clbrez le jour du Seigneur; cherchez tre en esprit ce jour-l, comme laptre; laissez vos affaires temporelles autant quil est en votre pouvoir; mais, en mme temps, donnez ce jour le nom et la place qui lui appartiennent; comprenez bien sur quels principes il est fond; laissez-lui son caractre particulier; et surtout ne liez pas le chrtien, comme par un joug de fer, lobservation du septime jour, attendu que cest pour lui un heureux et saint privilge que de clbrer le premier. Ne faites pas descendre le chrtien du ciel o il trouve le repos, sur la terre o il nen peut point trouver. Nexigez pas de lui quil garde un jour que son Matre a pass dans la tombe au lieu de se rjouir dans le jour bienheureux o il la quitte. Lisez attentivement Matt. 28:1-6; Marc 16:1, 2; Luc 24:1; Jean 20:1, 19, 26; Actes 20:7; 1 Cor. 16:2; Apoc. 1:10; Actes 13:14; 17:2; Col. 2:16.

Il ne faut pas croire, toutefois, que nous perdions de vue le fait important que le sabbat sera de nouveau clbr dans la terre dIsral et dans toute la cration: Il reste un repos pour le peuple de Dieu (Hb. 4:9). Quand le Fils dAbraham, Fils de David et Fils de lhomme, prendra sa place, en gouvernement, sur toute la terre, il y aura un glorieux sabbat, un repos que le pch ninterrompra jamais plus. Mais maintenant, le Fils est rejet, et tous ceux qui le connaissent et qui laiment sont appels prendre place avec lui dans sa rjection, sortir vers lui hors du camp, portant son opprobre (Hb. 13:13). Il ny aurait pas dopprobre, si la terre pouvait clbrer un sabbat; mais le fait mme que lglise professante cherche faire du premier jour de la semaine le sabbat, met dcouvert ltat dans lequel elle est tombe et le principe mme de sa position, qui nest quun effort incessant pour retourner un tat de choses et un code de morale terrestres: il est possible quun grand nombre de personnes ne comprennent pas cela, et que beaucoup de chrtiens observent trs consciencieusement le jour du sabbat comme tel; mais si nous sommes tenus de respecter la conscience de ces chrtiens, et que nous ne dsirions blesser celle de personne, nous avons le droit, et il est de notre devoir, de demander sur quel fondement scripturaire reposent de telles convictions. Toutefois, ce nest pas avec la conscience et les convictions des hommes que nous avons affaire, pour le moment, mais avec lintention de lEsprit de Dieu dans le Nouveau Testament; et nous demandons tout lecteur chrtien de se rendre bien compte de sa position quant au septime jour ou sabbat, et quant au premier jour de la semaine ou jour du Seigneur (*).

(*) Sil plat Dieu, nous reviendrons sur ce sujet en nous occupant du chapitre 20 de lExode. Disons seulement ici, relativement au sabbat, que lon peut faire beaucoup de mal et de peine des frres pieux, sous prtexte de zle pour ce quon appelle la libert chrtienne, en perdant de vue la vraie place que le jour du Seigneur occupe dans le Nouveau Testament. Si des chrtiens, uniquement pour montrer leur libert, se livrent le dimanche des travaux de la semaine, ils sont par l, sans ncessit, en achoppement plusieurs de leurs frres. Une telle manire dagir ne peut pas provenir de lesprit de Christ. Si je suis au clair et en libert cet gard, dans mon esprit, je dois respecter la conscience de mes frres, qui nont pas les mmes convictions. En outre, je ne crois pas que ceux qui se conduisent ainsi, comprennent rellement les vrais et prcieux privilges lis au jour du Seigneur. Nous devrions tre reconnaissants de nous sentir dlivrs de toute occupation et de toute distraction sculires, plutt que de nous y replonger volontairement, dans le but de montrer que nous sommes libres. Dans plusieurs pays, la loi de ltat dfend les travaux du dimanche; nous pensons quil en est ainsi par un effet de la providence de Dieu, et que cest l une grce pour les chrtiens, car sil en tait autrement, nous savons assez que le cur avare et cupide des hommes priverait, autant que possible, les chrtiens du doux privilge de pouvoir adorer Dieu avec leurs frres dans le jour du Seigneur. Et qui peut dire quel serait leffet dltre dune occupation ininterrompue des affaires de ce monde? Les chrtiens qui, du lundi matin au samedi soir, respirent la lourde atmosphre des bureaux, des magasins, de la fabrique ou de latelier, peuvent sen former une lgre ide.

Occupons-nous maintenant de la liaison quil y a entre le sabbat et le fleuve qui sortait dden. Cest la premire fois quil est fait mention du ruisseau de Dieu dans lcriture (Ps. 65:9), et ce sujet est introduit ici en connexion avec le repos de Dieu.

Quand Dieu se reposait dans ses uvres, lunivers entier en recevait de la bndiction; car Dieu ne pouvait pas garder un sabbat sans que linfluence sainte et bnie sen rpandt sur toute la terre. Mais hlas! les ruisseaux qui coulent dden, la scne du repos terrestre, sont bientt arrts dans leur cours, parce que le pch est venu interrompre le repos de la cration. Toutefois, et que Dieu en soit bni, le pch na pas arrt Dieu dans son uvre; il na fait que lui ouvrir un nouveau champ daction, et partout o Dieu agit, l aussi on voit couler le fleuve. Ainsi, quand il conduit, main forte et bras tendu, les armes quil a rachetes, les faisant passer travers les sables arides du dsert, nous voyons couler un fleuve au dsert, non dden, mais du rocher entrouvert, belle et juste image du principe en vertu duquel la grce souveraine agit en faveur des pcheurs et pourvoit leurs besoins. Il ne sagit pas ici seulement de cration, mais de rdemption. Le rocher tait Christ (1 Cor. 10:4), Christ frapp pour la gurison de son peuple. Le rocher entrouvert tait en relation avec la demeure de lternel dans le tabernacle; et il y a, dans cette relation, quelque chose de moralement beau: Dieu habitant dans une tente, et Isral buvant leau du Rocher! Quel langage expressif pour toute oreille ouverte, et quelle instruction pour tout cur spar pour Dieu!

mesure que nous avanons dans lhistoire des voies de Dieu, nous voyons le fleuve suivre un autre canal: En la dernire journe, la grande journe de la fte, Jsus se tint l et cria, disant: Si quelquun a soif, quil vienne moi, et quil boive. Celui qui croit en moi, selon ce qua dit lcriture, des fleuves deau vive couleront de son ventre (Jean 7:37, 38). Nous voyons que le fleuve provient ici dune autre source et coule dans un autre canal; en un sens, la source est bien toujours la mme, cest--dire Dieu lui-mme; mais, en Jsus, elle est en Dieu connu dans une relation nouvelle et sur un principe nouveau. Le Seigneur Jsus, au chapitre 7 de lvangile selon Jean, est l, en esprit, en dehors de tout lordre de choses existant, et se prsente comme la source du fleuve de leau de la vie, et la personne du croyant doit devenir le canal de ce fleuve. den, autrefois, devait rpandre ses eaux au dehors pour arroser et fertiliser la terre; dans le dsert pareillement, ds que le rocher est frapp, il est appel donner des eaux rafrachissantes aux armes altres dIsral. Il en est de mme maintenant: quiconque croit en Jsus est appel laisser couler les fleuves bienfaisants dont il est le canal, en faveur de tous ceux qui lentourent. Le chrtien doit se considrer comme le canal des grces diversifies de Christ, en faveur dun monde pauvre et misrable; et plus il smera libralement, plus aussi il recevra libralement: Tel disperse, et augmente encore; et tel retient plus quil ne faut, mais nen a que disette (Prov. 11:24). Le chrtien est ainsi plac dans une position, o la fois il jouit des privilges les plus doux, et o il est sous la responsabilit la plus solennelle. Il est appel tre tmoin constant de la grce de Celui en qui il croit et manifester cette grce incessamment.

Or mieux il comprendra ses privilges, mieux aussi il sacquittera de sa responsabilit. Plus il se nourrira habituellement de Christ, plus son regard sera arrt sur Jsus, plus aussi son cur sera occup de la personne adorable du Sauveur; et sa vie et son caractre rendront un tmoignage vrai et non quivoque la grce qui lui a t rvle et quil gote. La foi est, en mme temps, la puissance du service, la puissance du tmoignage et la puissance du culte. Si nous ne vivons pas dans la foi au Fils de Dieu, qui ma aim et qui sest livr lui-mme pour moi (Gal. 2:20), nous ne serons ni des serviteurs utiles, ni des tmoins fidles, ni de vrais adorateurs. Nous pourrons agir beaucoup, mais sans servir Christ; parler beaucoup, mais sans rendre tmoignage Christ; faire parade dune grande dvotion, mais sans que nous rendions cependant un culte spirituel et vrai.

Enfin, nous trouvons encore, le fleuve de Dieu dans le dernier chapitre de lApocalypse. Et il me montra un fleuve deau vive, clatant comme du cristal, sortant du trne de Dieu et de lAgneau (Apoc. 22:1). Ce sont l les ruisseaux de la rivire dont parle le Psalmiste, qui rjouissent la ville de Dieu, le saint lieu des demeures du Trs-Haut (Psaume 46:4. Comp. aussi z. 47:1-12; et Zac. 14:8). Rien ne peut plus dsormais en altrer la source ou interrompre le cours de ses eaux. Le trne de Dieu est limage de la stabilit ternelle; et la prsence de lAgneau indique que ce trne repose sur le fondement immdiat dune rdemption accomplie. Ce nest pas ici le trne du Dieu crateur, ni celui du Dieu qui gouverne dans sa providence, mais le trne du Dieu rdempteur. Quand je vois lAgneau, je sais quels sont les rapports du trne de Dieu avec moi, comme pcheur. Le trne de Dieu, comme tel, ne ferait que me remplir deffroi; mais quand Dieu se rvle dans la personne de lAgneau, le cur est attir et la conscience tranquillise. Le sang de lAgneau purifie la conscience de toute tache de pch, et la met dans une parfaite libert en la prsence dune saintet parfaite qui ne peut tolrer le pch. la croix, toutes les exigences de la saintet divine ont t parfaitement satisfaites; en sorte que, mieux nous comprenons cette saintet, mieux aussi nous apprcions la croix. Plus nous estimons la saintet, plus aussi nous estimerons luvre de la croix. La grce rgne par la justice, pour la vie ternelle, par Jsus Christ (Rom. 5:21). Cest pourquoi le Psalmiste invite les saints clbrer lternel en se rappelant la saintet de Dieu. La louange est un prcieux fruit de la rdemption; mais avant quun chrtien puisse rendre grce en pensant la saintet de Dieu, il faut quil envisage cette saintet en se plaant, par la foi, au-del de la croix; non pas du ct des hommes et de la mort, mais du ct de Dieu et de la rsurrection, si je puis dire ainsi.

Aprs avoir trac le cours du fleuve depuis la Gense jusqu la rvlation de Jean, nous allons considrer maintenant brivement la position dAdam en den. Nous avons vu Adam dj comme un type de Christ; or, nous navons pas le considrer seulement comme type, mais aussi comme personne; nous devons lenvisager non seulement comme reprsentant, dune manire absolue, le second homme, le Seigneur du ciel, mais aussi comme plac dans une position de responsabilit personnelle. Dieu avait tabli un tmoignage en den, au milieu de cette belle scne de la cration; et ce tmoignage tait, en mme temps, une preuve pour la crature: il parlait de mort au milieu de la vie, car Dieu avait dit: Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement (vers. 17). Parole trange et solennelle, et pourtant ncessaire! La vie dAdam dpendait de son obissance parfaite; le lien qui lunissait lternel Dieu (*) tait lobissance fonde sur une confiance implicite en la vrit et en lamour de Celui qui lavait plac dans la position leve quil occupait; ce ntait quautant quAdam se confiait en lui quil pouvait obir. Le chapitre 3 nous fera voir, dune manire plus dveloppe, la porte et la vrit de ce fait; mais je dsire, ici, attirer lattention du lecteur sur lintressant contraste qui existe entre le tmoignage tabli en den, et le tmoignage de la prsente conomie. En den, alors que tout tait vie, Dieu parle de mort; maintenant, au contraire, que tout est mort, Dieu parle de vie: car il fut dit: Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement; maintenant, au contraire, il est dit: Crois, et tu vivras! Mais comme en den lennemi chercha annuler le tmoignage de Dieu, quant au rsultat qui devait suivre la dsobissance, lacte de manger du fruit, de mme, Satan cherche maintenant annuler le tmoignage de Dieu, quant au rsultat de la foi lvangile. Dieu avait dit: Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement; et le serpent dit: Vous ne mourrez point certainement. Et maintenant que lcriture annonce clairement que celui qui croit au Fils a la vie ternelle (Jean 3:36), ce mme serpent cherche persuader aux hommes quils nont pas la vie, et quavant davoir senti, fait, expriment toute espce de choses, ils ne peuvent pas y prtendre. Si vous navez pas encore cru, de tout votre cur, le tmoignage de Dieu, cher lecteur, je vous en supplie, coutez la Parole du Seigneur et non les insinuations du serpent. Celui qui entend ma parole et qui croit celui qui ma envoy, a la vie ternelle, et ne vient pas en jugement, mais il est pass de la mort la vie (Jean 5:24).

(*) Il est remarquer que dans le chap. 2 de la Gense, lexpression Dieu est remplace par celle de ternel Dieu. Ce changement est trs important. Quand Dieu agit en rapport avec lhomme, il prend le titre de ternel Dieu (Jhovah lohim), mais ce nest que lorsque lhomme apparat sur la scne, que le nom de ternel (Jhovah) est introduit. Voici quelques-uns des nombreux passages dans lesquels ce fait dont nous parlons se prsente dune manire frappante. Et ce qui entra, entra mle et femelle, de toute chair, comme Dieu le lui avait command, et lternel (Jhovah) ferma larche sur lui (Gen. 7:16). lohim allait dtruire le monde quil avait cr mais Jhovah prit soin de lhomme avec lequel il tait en relation. Et toute la terre saura quil y a un Dieu pour Isral (lohim): et toute cette congrgation saura que ce nest ni par lpe, ni par la lance, que lternel (Jhovah) sauve, etc (1 Samuel 17:46, 47). Toute la terre devait reconnatre la prsence dlohim; mais Isral tait appel reconnatre les faits de Jhovah, avec lequel il tait en relation. Enfin Josaphat cria, et lternel (Jhovah) le secourut; et Dieu (lohim) les porta sloigner de lui (2 Chr. 18:31): Jhovah prit soin de son serviteur gar; mais lohim, quoique inconnu, agit sur le cur des Syriens incirconcis.

Chapitre 3

Cette portion du livre de la Gense nous prsente la ruine complte de ltat de choses qui nous a occups jusquici. Elle abonde en principes de la plus haute importance, et a t avec raison mdite et utilise de tout temps par ceux qui ont eu cur dannoncer la vrit, quant ce qui concerne la ruine de lhomme, et le moyen tabli de Dieu pour len tirer.

Le serpent entre sur la scne avec une question insolente, qui a pour but de jeter du doute sur la rvlation divine; elle est le modle effrayant et avant-coureur de toutes les questions impies souleves par les trop fidles serviteurs du serpent, dans le monde, questions qui ne peuvent tre combattues que par lautorit suprme et divine des Saintes critures.

Quoi, Dieu a dit: Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin? (vers. 1). Telle est lastucieuse question du diable. Si la parole de Dieu et habit richement dans le cur dve (Col. 3:16), sa rponse et t simple, directe et dcisive. Il ny a quune manire de rpondre aux questions et aux suggestions du diable; cest de les traiter comme venant de lui, et de les repousser par la parole de Dieu. Le cur, qui y prte loreille un instant seulement, sexpose perdre la seule force par laquelle on puisse les combattre. Le diable ne se prsente pas ouvertement ve, en disant: Je suis Satan, lennemi de Dieu, et je viens pour le calomnier et pour vous perdre. Ce langage net pas t selon le caractre du serpent: et pourtant il a bien accompli toute cette uvre en soulevant des doutes dans lesprit de la crature. Cest de lincrdulit positive que dadmettre quon pose la question: Quoi, Dieu a dit? quand on sait que Dieu a parl et le fait seul quon admet la question prouve que lon est incapable de la combattre. La tournure mme de la rponse dve fait savoir quelle avait admis dans son cur lastucieuse question du serpent; elle ne sen tient pas troitement la parole de Dieu, et ajoute cette Parole. Or, quon y ajoute ou quon en retranche, on montre par l que cette Parole nhabite pas dans le cur et ne gouverne pas la conscience. Si quelquun trouve son bonheur dans lobissance; sil en fait son breuvage et sa nourriture; sil vit de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, il apprendra connatre cette Parole et y sera attentif; il nest pas possible quil y soit indiffrent. Le Seigneur Jsus, dans sa lutte avec Satan, applique la Parole avec justesse, et une parfaite exactitude, parce quil sen nourrissait et lestimait par-dessus tout. Il ne pouvait pas la citer faux ou errer dans lapplication quil en faisait, pas plus quil ne pouvait y tre indiffrent. ve agit diffremment: elle laisse mettre en doute les paroles de Dieu, et elle y ajoute. Le commandement tait simple: Tu nen mangeras pas; pourquoi y ajouter et tu ne le toucheras pas? Dieu navait pas parl de toucher, et ainsi, que ce ft par ignorance ou par indiffrence, ou en reprsentant Dieu sous un jour arbitraire, ou par toutes ces raisons la fois, il est clair quve tait en dehors du vrai terrain de la simple confiance en la sainte parole de Dieu et de la soumission cette Parole. Par la parole de tes lvres, je me suis gard des voies de lhomme violent (Ps. 17:4).

Rien nest plus important que la manire dont la Parole est cite partout, dun bout lautre des critures; rien ngale non plus limportance qui est attache la stricte obissance cette Parole; et cette obissance, nous la devons la parole de Dieu, simplement parce quelle est la parole de Dieu. Soulever un doute, quand Dieu a parl, est un blasphme. Nous sommes des cratures, Dieu est le crateur; il peut donc bon droit rclamer de nous lobissance. Que lincrdule qualifie cette obissance dobissance aveugle, le chrtien lappelle obissance intelligente, parce quelle est fonde sur la connaissance quil a que cest la parole de Dieu quil obit. Si quelquun navait pas la parole de Dieu, on pourrait dire de lui avec raison, quil est dans les tnbres, attendu quil ne peut pas y avoir un seul rayon de lumire, soit en nous, soit en dehors de nous, qui nmane de cette Parole pure et ternelle. Tout ce quil nous faut, cest de savoir que Dieu a parl; alors lobissance devient la sphre la plus leve de lactivit intelligente. Quand lme est parvenue jusqu Dieu, elle a atteint la source la plus leve de lautorit. Aucun homme ni aucune assemble dhommes, na le droit de rclamer obissance sa parole, parce que cette parole est la sienne. Cest pourquoi les exigences de lglise de Rome sont impies et prsomptueuses. En exigeant lobissance, elle usurpe la prrogative de Dieu; et tous ceux qui se soumettent elle privent Dieu de son droit. Lglise de Rome prtend se placer entre Dieu et la conscience; mais qui peut le faire impunment? Quand Dieu parle, lhomme est tenu dobir: heureux est-il, sil le fait; malheur lui, sil ne le fait pas! Lincrdulit peut mettre en doute que Dieu ait parl, et la superstition peut placer une autorit humaine entre ma conscience et ce que Dieu a dit; lune comme lautre nous privent ainsi rellement de la Parole, et consquemment du bonheur infini qui accompagne lobissance cette Parole. Chaque acte dobissance renferme une bndiction; mais du moment que lme hsite, lennemi a lavantage sur elle, et il sen servira pour lloigner de plus en plus de Dieu. Ainsi, dans le chapitre que nous mditons, Satan ajoute sa question: Quoi, Dieu a dit? cette assertion: Vous ne mourrez point certainement (vers. 4). Dabord, il met en doute si Dieu a parl; puis il contredit ouvertement ce que Dieu a dit. Ce fait solennel suffit pour prouver abondamment combien il est dangereux de donner entre dans son cur un seul doute sur la rvlation elle-mme et sa plnitude ou son intgrit. Le rationalisme raffin tient de prs lincrdulit ouverte; et lincrdulit, qui ose juger la parole de Dieu, nest pas loigne de lathisme qui nie lexistence de Dieu. Si ve ne ft pas dj tombe dans le relchement et lindiffrence lgard de la parole de Dieu, jamais elle net prt loreille au dmenti donn Dieu par Satan. Elle aussi eut ses phases de foi, comme on sexprime aujourdhui, ou pour mieux dire ses phases dincrdulit. Elle supporta dentendre dmentir Dieu par une crature, parce que la parole de Dieu avait perdu sa vraie autorit sur son cur, sur sa conscience et sur son intelligence; et son exemple fournit un enseignement des plus solennels tous ceux qui sont en danger dtre enlacs dans limpit du rationalisme. Il ny a aucune scurit vritable pour une me en dehors dune foi profonde en la pleine inspiration et en la suprme autorit de toute lcriture. Celui qui possde cette foi aura une rponse victorieuse pour toute objection souleve contre cette Parole, quelle vienne de Rome ou du rationalisme de lAllemagne. Il ny a rien de nouveau sous le soleil. Le mal qui, de nos jours, corrompt jusquaux sources de la pense et du sentiment religieux dans les plus belles parties de lEurope, est le mme qui atteignit le cur dve en den et la perdit. ve prta loreille la question: Quoi, Dieu a dit? et ce premier pas entrana sa ruine: pas pas et degr par degr, elle en vint se courber devant le serpent et le reconnatre pour son Dieu et pour la source de la vrit.

Oui, lecteur, le serpent prit la place de Dieu; et son mensonge, la place de la vrit de Dieu. Or, comme il en a t de lhomme dchu, ainsi en est-il de sa postrit. La parole de Dieu na pas dentre dans le cur de lhomme non rgnr; mais ce cur est dans un tel tat, quil est ouvert au mensonge de Satan; cest pourquoi le Seigneur dit Nicodme: Il vous faut tre ns de nouveau.

Mais il est important de remarquer le moyen employ par Satan pour branler la confiance dve en la vrit de Dieu, et la placer sous la puissance de la raison impie. Satan y parvient en branlant la confiance dve en lamour de Dieu et en ce que Dieu a dit; puis en insinuant ve que le tmoignage de Dieu nest pas fond sur lamour. Car, dit-il, Dieu sait quau jour o vous en mangerez vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal (vers. 5). Cest comme si le diable avait dit: Il y a un avantage positif manger de ce fruit dont Dieu veut vous priver; pourquoi donc croiriez-vous le tmoignage de Dieu? Vous ne pouvez pas placer votre confiance en quelquun qui, videmment, ne vous aime pas; car sil vous aimait, vous empcherait-il de jouir dun privilge rel et positif? Si ve stait repose simplement sur la bont infinie de Dieu, elle aurait t en scurit et aurait rsist linfluence de tout ce raisonnement; elle aurait rpondu au serpent: Jai toute confiance en la bont de Dieu, et je tiens pour impossible quil me prive daucun bien rel. Si ce fruit tait bon pour moi, il me le donnerait assurment, et le fait que Dieu me le dfend prouve que, si jen mangeais, au lieu de men trouver mieux, je nen serais que beaucoup moins bien. Je suis convaincue de lamour et de la vrit de Dieu, et je te tiens pour un mchant, venu ici pour dtourner mon cur de la source de toute bont et de toute vrit: Arrire de moi, Satan! Cette rponse et t juste mais ve ne la fit pas: sa confiance en lamour et en la vrit cda, et tout fut perdu. Le cur de lhomme dchu na plus de place pour lamour ni pour la vrit de Dieu; il est tranger lun comme lautre, jusqu ce quil soit renouvel par le Saint Esprit.

Il sera intressant maintenant de passer du mensonge de Satan lgard de lamour de Dieu et de sa vrit, la mission du Seigneur Jsus, qui vint du sein du Pre dans le but de rvler ce que Dieu est vritablement. La grce et la vrit, les deux choses que lhomme a perdues par la chute, vinrent par Jsus Christ (Jean 1:17), Jsus a t le tmoin fidle de ce que Dieu est (Apoc. 1:5). La vrit rvle Dieu tel quil est; mais cette vrit en Jsus est unie la rvlation de la grce parfaite. En sorte que la rvlation de ce que Dieu est, au lieu dtre pour la perte du pcheur, devient le fondement de son ternel salut. Cest ici la vie ternelle, quils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoy, Jsus Christ (Jean 17:3). Nous ne pouvons pas connatre Dieu et ne pas avoir la vie. La perte de la connaissance de Dieu fut la mort; mais la connaissance de Dieu est la vie. Ceci place la vie entirement en dehors de nous, et la fait dpendre de ce que Dieu est. Quel que puisse tre le degr de connaissance de soi-mme auquel on soit arriv, il nest pas dit: Cest ici la vie ternelle quils se connaissent eux-mmes, bien que, sans doute, la connaissance de Dieu et la connaissance de soi-mme soient, sous beaucoup de rapports, lies lune lautre. La vie ternelle est lie la premire et non la dernire: Connatre Dieu tel quil est, cest la vie; et tous ceux qui ne connaissent pas Dieu subiront le chtiment dune destruction ternelle de devant la prsence du Seigneur (2 Thes. 1:9).

Il est de la plus haute importance de reconnatre que ce qui constitue vritablement la condition de lhomme et sa position, cest sa connaissance ou son ignorance de Dieu. Cest l ce qui est la marque de la condition de lhomme, et ce qui dtermine sa destine future. Si lhomme est mauvais dans ses penses, dans ses paroles et dans ses actions, cela vient de ce quil est sans la connaissance de Dieu; si, dun autre ct, il est pur en penses, saint dans sa conversation, plein de grce dans ses uvres, tout cela nest que le rsultat pratique de la connaissance quil a de Dieu. Il nen est pas autrement pour ce qui concerne lavenir de lhomme. Connatre Dieu est le fondement solide dun bonheur infini, et dune gloire ternelle; ne pas le connatre, la perdition ternelle. Tout donc est renferm dans la connaissance de Dieu: elle vivifie lme, purifie le cur, tranquillise la conscience, lve les affections et sanctifie entirement le caractre et la conduite.

Est-il donc tonnant que le grand dessein de Satan ait t de dpouiller la crature de la vraie connaissance du seul vrai Dieu? Il donna une fausse ide de Dieu en suggrant ve que Dieu ntait pas bon: ce ft l la source secrte de tout le mal. Ds lors, peu importe quelle forme le pch ait prise; par quel canal il ait coul, sous quel chef il se soit rang ou quelle apparence il ait revtue, tout dcoule toujours de cette seule et mme source: lignorance de Dieu. Le moraliste le plus raffin et le plus cultiv, lhomme le plus dvot, le philanthrope le plus bienveillant, sils ne connaissent pas Dieu, sont aussi loin de la vie et de la vraie saintet que le publicain ou la femme de mauvaise vie. Le fils prodigue tait tout aussi pcheur et tout aussi loign du pre au moment o il franchissait le seuil de la maison paternelle, que lorsquil paissait les pourceaux dans le pays lointain (Luc 15:13-15). Il en fut de mme dans le cas dve. Du moment quelle se fut soustraite la main de Dieu; quelle fut sortie de la position de dpendance absolue de sa Parole et de la soumission cette Parole, elle sabandonna la domination de la convoitise, gouverne par Satan, pour sa ruine complte.

Le verset 6 nous met en prsence de trois choses, dont parle laptre Jean: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et lorgueil de la vie (1 Jean 2:16), trois choses qui, comme le dit laptre lui-mme, renferment tout ce qui est dans le monde. Ds que Dieu eut t exclu, ces choses dominrent ncessairement. Si nous ne persvrons pas dans lassurance bienheureuse de lamour de Dieu et de sa vrit, de sa grce et de sa fidlit, nous nous livrerons lun des principes mentionns plus haut, ou tous la fois, peut-tre; en dautres termes, nous nous livrerons au gouvernement de Satan.

proprement parler, le libre arbitre nexiste pas chez lhomme. Lhomme qui se gouverne lui-mme est, de fait, gouvern par Satan; sinon, cest Dieu qui le gouverne. Or, les trois grands agents par lesquels Satan opre, sont: la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et lorgueil de la vie. Ce sont les trois choses que Satan prsenta au Seigneur Jsus dans la tentation. Le diable commence par tenter le second Adam en lengageant se soustraire la position de dpendance absolue de Dieu: Dis que ces pierres deviennent des pains! Il ne demande pas Jsus de faire comme le premier homme, en slevant lui-mme au-dessus de ce quil tait; mais il lui demande de donner des preuves de ce quil tait. Ensuite il offre Jsus tous les royaumes du monde et leur gloire; et, enfin, il le transporte sur le fate du temple, et l, il lui suggre de se donner soudainement et miraculeusement en spectacle ladmiration du peuple rassembl au pied du temple (comp. Matt. 4:1-11; et Luc 4:1-13). Le but vident de chacune de ces tentations tait dinduire le Seigneur dvier de la position dentire dpendance de Dieu et de la parfaite soumission sa volont; mais tout fut inutile. Il est crit, telle fut la rponse invariable de lhomme seul dpendant, seul dpouill de lui-mme, seul parfait. Dautres ont pu entreprendre de se gouverner eux-mmes: quant lui, Dieu seul le gouverna. Quel exemple pour les fidles dans toutes les circonstances dans lesquelles ils peuvent tre placs! Jsus sen tint lcriture et fut vainqueur; sans autre pe que celle de lEsprit, il soutint la lutte et remporta une glorieuse victoire. Quel contraste entre lui et le premier Adam! celui-ci, tout parlait pour Dieu; au second Adam, tout parlait contre Dieu. Lun possdait le jardin avec toutes ses dlices: lautre tait au milieu du dsert et de toutes ses privations; le premier mit sa confiance en Satan; le second se confia en Dieu; le premier fut compltement vaincu; le second compltement victorieux. Bni soit le Dieu de toute grce, qui a plac notre sort entre les mains de Celui qui est si puissant pour vaincre, si puissant pour sauver!

Voyons maintenant jusqu quel point Adam et ve entrrent dans la jouissance du privilge que Satan leur avait promis. Cet examen servira mettre en lumire un point trs important par rapport la chute de lhomme. Lternel Dieu avait tout ordonn pour que, dans la chute et par la chute, lhomme acqut quelque chose quil navait pas possd antrieurement, savoir: une conscience; la connaissance du bien et du mal. Il est vident quavant la chute, lhomme ne pouvait pas tre dou de cette connaissance. Il ne pouvait avoir aucune ide du mal aussi longtemps que le mal ntait pas l pour tre connu par lui; il tait dans un tat dinnocence, cest--dire dignorance du mal. Dans la chute et par la chute, lhomme acquit une conscience; et nous voyons que le premier effet de cette conscience est de le troubler et de leffrayer. Satan avait compltement tromp la femme; il avait dit: Vos yeux seront ouverts et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal, mais il avait omis une partie importante de la vrit, savoir quils connatraient le bien sans avoir la force de laccomplir, et quils connatraient le mal sans pouvoir lviter. La tentative de slever sur lchelle de lexistence morale entranait la perte de la vraie lvation: lhomme devint un tre dgrad, faible, tourment par la crainte, poursuivi par sa conscience, un esclave de Satan. Leurs yeux furent ouverts, il est vrai; mais ce fut pour voir leur propre nudit, leur triste condition. Ils taient malheureux et misrables, et pauvres, et aveugles, et nus, triste fruit de larbre de la connaissance! Adam et ve nacquirent aucune connaissance nouvelle de la bont de Dieu, aucun rayon nouveau de la lumire divine, jaillissant de la source pure et ternelle de cette lumire. Hlas! non. Le tout premier rsultat de leur dsobissance et de leur recherche de la connaissance fut la dcouverte quils taient nus.

Il est bon de comprendre ceci; il est bon galement de savoir quelle est laction de la conscience sur lme et dapprendre quelle ne peut faire de nous que des tres craintifs, en ce quelle nous donne le sentiment de ce que nous sommes. Beaucoup de gens se trompent cet gard et croient que la conscience conduit Dieu. Voyons-nous quelle lait fait dans le cas dAdam et dve? Assurment non; et elle ne le fera pour aucun pcheur. Et comment le pourrait-elle? Comment le sentiment de ce que je suis pourrait-il jamais me conduire Dieu, si ce sentiment nest accompagn de la foi en ce que Dieu est? Le sentiment de ce que je suis produira la honte, les remords, langoisse; il pourra dterminer aussi certains efforts de ma part, pour remdier la condition quil me dvoile; mais ces efforts mme, bien loin de mamener Dieu, agissent plutt comme un rideau qui le drobera ma vue. Ainsi pour Adam et pour ve, la dcouverte de leur nudit fut suivie dun effort de leur part, pour couvrir cette nudit. Ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et sen firent des ceintures (vers. 7). Cest ici la premire mention dune tentative faite par lhomme pour remdier sa condition par des moyens de sa propre invention; et, si nous considrons attentivement ce fait, nous en retirerons une profonde instruction quant au caractre rel de la religion de lhomme dans tous les ges. En premier lieu, nous voyons que, non seulement pour ce qui concerne Adam, mais dans tous les cas possibles, le premier effort de lhomme, pour remdier sa condition, provient du sentiment de sa nudit. Il est nu, sans contredit; et toutes ses uvres sont le rsultat de ce quil est tel: tous ses efforts ne le tireront jamais de l. Il faut que je sache que je suis revtu avant de pouvoir faire quoi que ce soit dacceptable devant Dieu; et en ceci gt la diffrence entre le vrai christianisme et la religion de lhomme: le christianisme est fond sur le fait que lhomme est revtu, tandis que la religion de lhomme repose sur le fait que lhomme est nu. Le christianisme a pour point de dpart ce qui constitue le but de la religion de lhomme. Tout ce que le vrai chrtien fait, il le fait parce quil est revtu, parfaitement revtu; et tout ce que fait lhomme naturel religieux il le fait afin dtre revtu. La diffrence est immense. Plus nous examinerons la nature de la religion de lhomme, dans toutes ses phases, mieux aussi nous verrons lincapacit complte de cette religion pour remdier ltat de lhomme, ou mme pour satisfaire au sentiment quil a lui-mme de son tat. La religion de lhomme peut suffire pour un temps; elle peut suffire aussi longtemps que la mort, le jugement et la colre de Dieu sont envisags distance, si tant est quon y pense; mais quand on en vient regarder en face ces terribles ralits, on prouve alors quen toute vrit la religion de lhomme est un lit trop court pour sy tendre, une couverture trop troite pour sen envelopper.

Ds quAdam entendit la voix de lternel Dieu dans le jardin, il craignit, parce que, ainsi quil le confesse lui-mme, il tait nu; oui, nu, malgr la couverture dont il stait revtu. Cette couverture ne satisfait pas mme sa propre conscience, cela est vident; car, si sa conscience et t divinement satisfaite, il net pas craint. Si notre cur ne nous condamne pas, nous avons de lassurance envers Dieu (1 Jean 3:21). Mais si mme la conscience de lhomme ne trouve pas de repos dans les efforts de la religion de lhomme, combien moins la saintet de Dieu en trouverait-elle l? La ceinture quil avait mise ne pouvait cacher Adam aux yeux de Dieu, et il ne pouvait pas non plus se montrer nu en sa prsence: cest pourquoi il senfuit pour se cacher. La conscience fait ainsi en tout temps; elle porte lhomme se cacher de devant lternel Dieu, et tout ce que sa religion peut donner lhomme nest quun couvert pour le drober aux regards de Dieu. Cest un pauvre refuge, car tt ou tard il faudra que lhomme se rencontre avec Dieu, et sil ne possde autre chose que le triste sentiment de ce quil est, il ne peut qutre effray, il sera ncessairement malheureux. En vrit, plus rien que lenfer ne manque pour complter le tourment de celui qui, sachant quil doit se rencontrer avec Dieu, ne connat que sa propre incapacit de paratre devant lui. Adam naurait pas craint sil et connu lamour parfait de Dieu, car il ny a pas de crainte dans lamour, mais lamour parfait chasse la crainte, car la crainte porte avec elle du tourment; et celui qui craint nest pas consomm dans lamour (1 Jean 4:18). Adam ne savait pas cela, parce quil avait cru le mensonge de Satan. Il pensait que Dieu ntait rien moins quamour; aussi et-il fait tout autre chose plutt que de se hasarder paratre en sa prsence. Cela tait dailleurs impossible; le pch tait l, et Dieu et le pch ne peuvent se trouver ensemble. Cest pourquoi aussi longtemps quil y a du pch sur la conscience, il y a aussi conscience de lloignement de Dieu. Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1:13). Le pch, quelque part quil se trouve, ne peut que rencontrer la colre de Dieu.

Mais il ny a pas seulement la conscience de ce que je suis; il y a aussi, Dieu en soit bni, la rvlation de ce que Dieu est; et cest la chute de lhomme qui a rellement donn lieu cette bienheureuse rvlation. Dieu ne stait pas rvl lui-mme pleinement dans la cration; il avait montr par elle sa puissance ternelle et sa divinit (*) (Rom. 1:20); mais il navait pas rvl, dans leur profondeur, tous les secrets de sa nature et de son caractre. Satan se trompa donc bien en venant singrer dans la cration de Dieu; il se fit ainsi linstrument de sa propre ruine et de son ternelle confusion: Le trouble quil avait prpar retombera sur sa tte, et sa violence descendra sur son crne (Ps. 7:16). Le mensonge de Satan ne fit que fournir loccasion pour la pleine manifestation de la vrit quant Dieu. La cration naurait jamais pu manifester ce que Dieu est. Il y avait en Dieu infiniment plus que de la sagesse et de la puissance; il y avait en lui lamour, la misricorde, la saintet, la justice, la bont, la tendresse, la longanimit. O, ailleurs que dans un monde de pcheurs, toutes ces perfections auraient-elles pu tre manifestes?

(*) La comparaison du mot thiots (Rom. 1:20) avec le mot thots (Col. 2:9), donne lieu une pense profondment intressante. La plupart de nos versions ont traduit lun et lautre par Divinit (Diodati dans les deux passages, met Dit). La version nouvelle a eu raison, selon nous, de rendre le premier par divinit, comme ayant pour racine ladjectif theios, divin, et le second par Dit, parce quil drive du nom de theos, Dieu: ils prsentent donc une acception diffrente. Les Gentils pouvaient avoir aperu quil y avait quelque chose de surhumain, quelque chose de divin, dans la cration; mais ctait la pure, lessentielle, lincomprhensible Dit qui habitait dans la personne adorable du Fils.

Dabord, Dieu descendit pour crer; ensuite, aprs que le serpent se fut permis de simmiscer dans la cration, Dieu descendit pour sauver. Cest ce que nous rvlent les premires paroles de lternel Dieu, aprs la chute de lhomme: Et lternel Dieu appela lhomme, et lui dit: O es-tu? (vers. 9). Cette question prouvait deux choses, savoir que lhomme tait perdu et que Dieu tait venu pour le chercher; elle prouvait le pch de lhomme et la grce de Dieu. O es-tu? Quelle fidlit, quelle grce merveilleuse dans cette parole qui, par elle-mme, dvoile la ralit de la condition de lhomme, et rvle le vrai caractre de Dieu et sa disposition lgard de lhomme dchu. Lhomme tait perdu; mais Dieu est descendu pour le chercher, pour le faire sortir du lieu o il stait cach au milieu des arbres du jardin, afin de lui faire trouver, dans lheureuse confiance de la foi, un lieu de refuge en lui-mme. Ctait la grce. Pour crer lhomme de la poussire de la terre, il suffisait de la puissance; pour chercher lhomme dans son tat de perdition, il fallait la grce. Mais qui pourrait exprimer tout ce que renferme lide que Dieu cherche, que Dieu cherche un pcheur! Quest-ce que le Dieu bienheureux a pu voir dans lhomme dchu pour lengager le chercher? Il a vu en lui ce que le berger vit dans la brebis perdue, ce que la femme vit dans la drachme, et ce que le pre de lenfant prodigue vit dans son fils: le pcheur a du prix aux yeux de Dieu.

Comment donc lhomme pcheur rpond-il la fidlit et la grce du Dieu bni, qui lappelait et lui disait: O es-tu? Hlas! la rponse dAdam ne fait que rvler la profondeur du mal dans lequel il tait tomb. Et il rpondit: Jai entendu ta voix dans le jardin, et jai eu peur, car je suis nu, et je me suis cach. Et lternel Dieu dit: Qui ta montr que tu tais nu? As-tu mang de larbre dont je tai command de ne pas manger? Et lhomme dit: La femme que tu mas donne pour tre avec moi, elle, ma donn de larbre, et jen ai mang (vers. 10-12). Nous voyons Adam rejeter, de fait, sa honteuse chute sur les circonstances dans lesquelles Dieu lavait plac; cest--dire indirectement sur Dieu lui-mme. Il en a toujours t ainsi de lhomme dchu; il accuse tout le monde et toutes choses, except lui-mme. Lme vraiment humble, au contraire, demande: Nest-ce pas moi qui ai pch? Si Adam se ft connu lui-mme, son langage et t bien diffrent de ce quil fut; mais Adam ne connaissait ni lui-mme, ni Dieu; cest pourquoi, au lieu de saccuser lui-mme tout seul, il jette la faute sur Dieu.

Telle tait laffreuse condition de lhomme. Il avait tout perdu: sa domination, sa dignit, son bonheur, son innocence, sa puret, sa paix et, ce qui tait pire encore, il accusait Dieu dtre la cause de sa misre (*). Il tait l, un pcheur perdu et coupable, et, nanmoins, se justifiant lui-mme et accusant Dieu.

(*) Lhomme, non seulement accuse Dieu de sa chute, mais il lui reproche aussi de le laisser dans cet tat. Il y a des gens qui disent quils ne peuvent pas croire, moins que Dieu ne leur donne le pouvoir de croire; et encore, qu moins dtre les objets des dcrets ternels de Dieu, ils ne peuvent pas tre sauvs. Or il est certain que nul ne peut croire lvangile, si ce nest par la puissance du Saint Esprit; et il est galement vrai que ceux qui croient ainsi lvangile sont les bienheureux objets des conseils ternels de Dieu. Mais tout cela met-il de ct la responsabilit sous laquelle lhomme se trouve de croire le tmoignage clair et simple que lcriture place devant lui? Non, assurment au contraire, tout rvle la mchancet du cur de lhomme qui le porte rejeter le tmoignage de Dieu, qui est clairement rvl; et prtexter, comme motif de ce rejet, le dcret de Dieu, qui est un profond secret, connu de Dieu seul. Mais cette excuse ne profitera personne; car il est crit, 2 Thes. 1:8-9, que ceux qui nobissent pas lvangile de notre Seigneur Jsus Christ, subiront le chtiment dune destruction ternelle. Les hommes sont responsables de croire lvangile, et seront punis pour ne lavoir pas cru. Ils ne sont pas responsables de connatre ce qui, dans les conseils de Dieu, na pas t rvl, et nul ne peut tre tenu pour coupable dtre dans lignorance cet gard. Laptre pouvait dire aux Thessaloniciens: Sachant, frres aims de Dieu, votre lection. Comment le savait-il? tait-ce parce quil avait pu lire les pages du secret de Dieu et de ses desseins ternels? Nullement; mais parce que notre vangile nest pas venu vous en parole seulement, mais aussi en puissance (1 Thes. 1:4-5). Voil ce qui fait connatre les lus; lvangile venant en puissance est la preuve manifeste de llection de Dieu. Ceux qui se font des conseils de Dieu un prtexte pour rejeter le tmoignage de Dieu, ne cherchent au fond quune misrable excuse pour continuer vivre dans le pch. De fait, ils ne se soucient pas de Dieu; et ils montreraient plus de droiture en lavouant franchement, quen avanant ce prtexte.

Mais cest prcisment quand lhomme en fut venu l que Dieu commena se rvler lui-mme, et dployer les desseins de son amour rdempteur; et en cela gt le vrai fondement de la paix, et du bonheur de lhomme. Quand lhomme en a fini avec lui-mme, Dieu peut montrer ce quil est, et pas avant. Il faut que lhomme disparaisse entirement de dessus la scne avec toutes ses vaines prtentions, ses vanteries et ses raisonnements blasphmatoires, avant que Dieu puisse ou veuille se rvler. Ainsi pour Adam, cest pendant quil est cach derrire les arbres du jardin, que Dieu dveloppe le plan merveilleux de la rdemption, par linstrumentalit de la semence meurtrie de la femme, et nous apprenons ici ce qui seul peut amener lhomme en paix et avec assurance devant Dieu. Nous avons dj vu lincapacit de la conscience cet gard. La conscience chassa Adam derrire les arbres du jardin; la rvlation de Dieu lamne en la prsence de Dieu. La conscience de ce quil tait le remplit de terreur; la rvlation de ce que Dieu est le tranquillise.

Il y a l quelque chose de trs consolant pour un cur accabl sous le poids du pch. La ralit de ce que Dieu est, fait face la ralit de ce que je suis, et cest en cela quest le salut. Il faut que Dieu et lhomme se rencontrent, soit en grce, soit en jugement, et le point de rencontre est l o Dieu et lhomme sont rvls tels quils sont. Heureux ceux qui y arrivent par la grce; malheur ceux qui devront se rencontrer avec Dieu en jugement! Dieu soccupe de nous et agit envers nous, selon ce que nous sommes; et ses voies envers nous dcoulent de ce quil est lui-mme. la croix, Dieu descend en grce dans les profondeurs non seulement de notre condition ngative, mais de notre condition positive, comme pcheurs; et il nous donne ainsi une parfaite paix. Si Dieu est venu me trouver, dans la position relle o je suis, et que lui-mme ait prpar un remde qui soit la hauteur du mal dans lequel je suis plong, tout est pour jamais rgl. Mais tous ceux qui ne voient pas ainsi, par la foi, Dieu en la croix, se rencontreront bientt avec lui en jugement pour tre traits par lui selon ce quil est, et selon ce quils sont. Ds quune me est amene connatre son tat rel, elle na pas de repos quelle nait trouv Dieu la croix; et alors elle se repose en Dieu lui-mme. Dieu est le repos et lasile de lme fidle; que son nom soit bni! Les uvres et la justice de lhomme sont ainsi mises leur place une fois pour toutes. Ceux qui se reposent sur leurs uvres et leur justice, on peut le dire avec vrit, ne peuvent pas encore tre parvenus la vraie connaissance deux-mmes; cela est absolument impossible. Une conscience, rveille par la puissance divine, ne peut trouver de repos ailleurs que dans le parfait sacrifice du Fils de Dieu. Tous les efforts que fait lhomme pour tablir sa propre justice proviennent de lignorance dans laquelle il est de la justice de Dieu. Adam pouvait apprendre, dans la rvlation de Dieu concernant la semence de la femme, linefficacit de sa ceinture de feuilles. La grandeur de luvre dont il sagissait faisait voir limpuissance de lhomme laccomplir. Il fallait que le pch ft t: lhomme pouvait-il accomplir cette uvre? Non certainement! Cest par lui que le pch tait entr. Il fallait briser la tte du serpent: lhomme en tait-il capable? Non, certainement! Il tait devenu lesclave de Satan. Il fallait satisfaire aux exigences de Dieu: lhomme le pouvait-il? Non, ctait impossible! Il les avait dj foules aux pieds. Il fallait dtruire la mort: lhomme en avait-il le pouvoir? Non, il en tait incapable, car lui-mme, par le pch, il lavait introduite et lui avait donn son terrible aiguillon. Ainsi de quelque ct que nous nous tournions, nous voyons limpuissance complte du pcheur, et, par consquent, la prsomptueuse folie de tous ceux qui croient pouvoir aider Dieu dans luvre prodigieuse de la rdemption, comme font tous ceux qui pensent tre sauvs autrement que par la grce, par la foi. Cependant, bien quAdam dt voir, et, par la grce, sentt en effet son impuissance accomplir tout ce qui devait tre fait, Dieu nanmoins lui rvla quil allait lui-mme accomplir luvre jusqu un iota, par la semence de la femme. En un mot, Dieu prend en main luvre tout entire il en fait une question entre le serpent et lui-mme car, quoique lhomme et la femme dussent, individuellement et de diverses manires, moissonner les fruits amers de leur pch, cependant cest au serpent que Dieu dit: Parce que tu as fait cela (vers. 14). Le serpent fut la cause de la chute et de la misre de lhomme, et la semence de la femme devait tre la source de la rdemption.

Adam out et crut ces choses; et dans lnergie de sa foi, il appela sa femme... la mre de tous les vivants (vers. 20). Au point de vue de la nature, ve pouvait tre appele la mre de tous les mourants, mais par la rvlation de Dieu, la foi voyait en elle la mre de tous les vivants. Elle appela le nom du fils Ben-oni (fils de ma peine); et son pre lappela Benjamin (fils de ma droite) (Gen. 35:18).

Ce fut par lnergie de la foi quAdam supporta les terribles rsultats de son pch; et cest dans sa misricorde infinie que Dieu lui accorda dentendre ce quil dit au serpent, avant quil lui parlt lui-mme. Sil en et t autrement, Adam ft tomb dans le dsespoir. Il ny a, en effet, pour nous que dsespoir, si nous sommes appels nous considrer nous-mmes, tels que nous sommes, sans pouvoir en mme temps contempler Dieu, tel quil sest rvl la croix, pour notre salut. Aucun enfant dAdam ne peut supporter la vue de la ralit de ce quil est et de ce quil a fait, sans tomber dans le dsespoir, moins quil ne puisse trouver son refuge la croix. Cest pourquoi lesprance ne peut approcher du lieu o tous ceux qui rejettent Christ doivent finalement tre dtenus. L, les hommes auront les yeux ouverts la ralit de ce quils sont et de ce quils ont fait, sans tre capables de chercher du soulagement et un asile en Dieu. Alors ce que Dieu est impliquera pour eux une perdition sans espoir, aussi certainement que ce quil est implique maintenant le salut ternel. La saintet de Dieu sera alors ternellement contre eux; comme elle fait maintenant la joie de tous ceux qui croient. Plus nous ralisons la saintet de Dieu maintenant, mieux nous connaissons que nous sommes en sret; mais pour les rprouvs, cette saintet mme, et cest l une pense solennelle, sera la ratification de leur condamnation ternelle!

Portons maintenant un moment notre attention sur lenseignement renferm dans le fait qui nous est rapport au verset 21: Et lternel Dieu fit Adam et sa femme des vtements de peau et les revtit. La grande doctrine de la justice de Dieu est ici mise en lumire dans une figure. La robe dont Dieu avait revtu Adam tait une couverture effective, parce que Dieu lavait prpare; tout comme la ceinture de feuilles de figuier tait une couverture inefficace et inutile, parce quelle tait luvre de lhomme. De plus, le vtement dont Dieu couvrit la nudit de lhomme avait pour origine la mort; le sang avait coul: il nen tait pas de mme de la ceinture dAdam. De mme maintenant, la justice de Dieu est manifeste la croix; tandis que la justice de lhomme se montre dans les uvres de ses mains, ces uvres souilles par le pch. Revtu de la robe de peau, Adam ne pouvait pas dire comme autrefois, sous les arbres du jardin: Jtais nu, et il navait plus aucun besoin de se cacher. Le pcheur peut tre parfaitement tranquille, quand, par la foi, il sait que Dieu la revtu; mais jusqualors, tre tranquille ne peut tre que le rsultat de la prsomption ou de lignorance. Savoir que la robe que je porte, et dans laquelle japparais devant Dieu, ma t prpare par lui, doit mettre mon cur parfaitement laise, comme en dehors de l il ne peut y avoir de repos permanent.

Les derniers versets de notre chapitre sont trs instructifs. Lhomme dchu ne doit pas manger du fruit de larbre de vie, de peur que sa misre ne devienne ternelle dans ce monde. Manger du fruit de larbre de vie, et vivre ternellement dans notre prsente condition, serait le malheur consomm et sans mlange. On ne peut goter de larbre de vie que dans la rsurrection. Vivre toujours dans une frle tente, dans un corps de pch et de mort serait intolrable. Cest pourquoi lternel Dieu chassa lhomme dden; il le chassa dans un monde qui partout prsentait sa vue les tristes rsultats de sa chute. Les chrubins et la lame de lpe interdisaient lhomme de cueillir du fruit de larbre de vie, tandis que la rvlation de Dieu dirigeait ses regards vers la mort et la rsurrection de la semence de la femme, comme vers la source de la vie, dune vie qui est en dehors de la puissance de la mort. De cette manire, Adam tait plus heureux et dans une plus grande scurit hors du paradis, quil ne lavait t dans le paradis mme; attendu que sil ft rest dans den, sa vie aurait dpendu de lui-mme, tandis que, hors du jardin, sa vie dpendait dun autre, savoir du Christ promis; et quand Adam levait les yeux en haut et rencontrait les chrubins et la lame de lpe, il pouvait bnir la main qui les avait placs l, pour garder le chemin de larbre de vie; parce que cette mme main lui avait ouvert un chemin meilleur et plus sr et plus heureux vers cet arbre. Si les chrubins et la lame de lpe ont ferm le chemin du paradis, le Seigneur Jsus a ouvert un chemin nouveau et vivant qui conduit au Pre dans le saint des saints. Je suis le chemin, et la vrit et la vie; nul ne vient au Pre que par moi (comp. Jean 14:6; Hb. 10:20). Cest dans la connaissance de ces choses que le chrtien savance maintenant au travers dun monde maudit, o les traces du pch sont visibles partout; il a trouv, par la foi, le chemin qui le conduit au sein du Pre; et tandis quil peut se reposer l en secret, il est rjoui par la bienheureuse certitude que Celui qui la amen l est all lui prparer une place dans les demeures de la maison du Pre et quil reviendra pour le prendre et lintroduire avec lui dans la gloire du royaume du Pre. Le croyant trouve ainsi, ds prsent, dans le sein, dans la maison et le royaume du Pre, et sa part, et sa demeure future, et sa glorieuse rcompense.

Chapitres 4 et 5

Chaque partie du livre de la Gense nous fournit une nouvelle preuve de ce fait, savoir: que nous parcourons ici, comme en germe, toute lhistoire de lhomme.

Can et Abel nous offrent les premiers types de lhomme religieux du monde et du vrai croyant. Ns tous deux en dehors du paradis, fils dAdam dchu, il ny avait rien dans leur nature qui pt tablir une diffrence essentielle entre eux. Tous deux, ils taient pcheurs, tous deux ils avaient une nature dchue; ni lun, ni lautre, ils ntaient innocents. Il est important de bien saisir ce point, afin de bien pouvoir discerner aussi ce que sont rellement la grce divine et la foi. Si la diffrence qui a exist de fait entre Can et Abel et tenu leur nature, il en rsulterait ncessairement quils ne partageaient pas la nature dchue de leur pre et ne participaient pas aux consquences de sa chute: et alors, il naurait pas pu y avoir l