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CRISE SUBPRIME ET BOURSE REGIONALE DES VALEURS MOBILIERES DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

Prsent par Monsieur GBAGUIDI D. Mathieu

Soutenu le 29 Septembre 2008

Sous la direction de Monsieur Pascal BECHTET

Master 2 professionnel ``Mtiers de la Banque et Assurance''

IAE de Perpignan

Anne universitaire 2007-2008 SOMMAIRE

Pages

INTRODUCTION 9

1. CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

1-1 Les objectifs 12

1-2 Les Hypothses 12

1-3 La mthodologie 13

2. PERCEPTION DES CAUSES DE LA CRISE DES SUBPRIMES DANS LA ZONE UMOA

2-1 Le systme bancaire ouest africain 17

2-2 Le march de l'immobilier en zone Umoa 29

2-3 Manifestation de la crise en Afrique de l'Ouest 35

3. CONSQUENCES DES SUBPRIMES SUR LA BOURSE RGIONALE DES VALEURS MOBILIRES

3-1 Analyse et fonctionnement du march financier de l'Umoa 38

3-2 Les effets de la crise sur la BRVM de l'Umoa 45

3-3 Principales conclusions et implications en terme de politiques d'attnuation des consqueences de la crise 51

CONCLUSION 59

BIBLIOGRAPHIE 60

TABLES DES MATIERES 63

ANNEXES 65

DEFINITION DES SIGLES

AFD: Agence Franaise de Dveloppement

BCE: Banque Centrale Europenne

BCEAO: Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest

BEAC: Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BDF: Banque de France

BOA: Bank Of Africa

BOAD: Banque Ouest Africaine de Dveloppement

BR: Banque de Rglement

BRVM: Bourse Rgionale des valeurs Mobilires

CAA: Caisse Autonome d'Amortissement

CFA: Communaut Financire d'Afrique

CE: Communaut Europenne

CEMAC: Communaut Economique et Montaire des Etats de l'Afrique Centrale

CI: Cte d'Ivoire

CNUCED: Confrence des Nations Unies sur le Commerce et le Dveloppement

CREPMF: Conseil Rgional de l'Epargne Publique et des Marchs Financiers

DC: Dpositaire Central

ENA: Ecole Nationale d'Administration

EONIA: Euro Over Night Index Average

ETI: Ecobank Transnational Incorporated

FED: Rserve Fdrale

FGHM: Fonds de Garantie de l'Habitat du Mali

FMI: Fonds Montaire International

HIP: Indices Harmoniss des Prix

ICA: Investment Climate Assessment

INS: Intitut National des Statistiques

OBSS: Office Bninoise de Scurit Sociale

PIB: Produit Intrieur Brut

SAPH: Socit Africaine de Plantation d'Hva

SGB: Socit Gnrale des Banques

SIVOM: Socit Ivoirienne de Manutention

SOLIBRA: Solidarit Librairie d'Abidjan

SN: Sngal

SONATEL: Socit Nationale des Tlcommunications

UEMOA: Union Economique et Montaire Ouest Africaine LISTE DES GRAPHIQUES ET SCHEMAS

Pages Graphique n1: Evolution des taux directeurs de la BCEAO et de la BCE ( fin de priode)------------------------------------------------------------------19 Graphique n2: Part des chefs d'entreprises faisant des contraintes financires, un obstacle majeur leur activsits ------------------------------------------- 27

Graphique n3: La perception des contraintes financires selon la nationalit

de l'entreprise -------------------------------------------------------------------28 Graphique n4: Demande de crdit immobilier dans la zone Umoa ----------------------30

Graphique n5: Prix de l'immobilier dans la zone Umoa -----------------------------------32

Graphique n6 :Dpenses alimentaires des mnages Umoa ------------------------------- 36

Graphique n7 : Evolution des indices boursiers ----------------------------------------------47

Graphique n8: volumes sectoriels en 2007 ---------------------------------------------------50

Schma n1: Mcanisme de fonctionnement du march financier de l'Umoa---------39

Schma n2: Mcanisme de fonctionnement de la BRVM-------------------------------42 LISTE DES TABLEAUX

Pages

Tableau n1: Variation des prix la consommation--------------------------------------------22

Tableau n2: Croissance du PIB dans l'Umoa-------------------------------------------------23

Tableau n3: Rpartition des Etablissements de crdit par pays dans la zone Umoa----25

Tableau n4: Composition de l'indice BRVM 10 au 31 dcembre 2007--------------------45 INTRODUCTION

la suite des violentes crises financires qui les ont affect dans les annes 1980, les systmes financiers des pays africains de la zone franc ont subi de profondes restructurations marques par la liquidation de nombreuses institutions financires, la privatisation des tablissements restants, la fin de la rgulation directe du crdit et des tablissements financiers par les tats, la mise en place d'autorits de rgulation montaires indpendantes et l'adoption de rglementations prudentielles plus contraignantes. Ces rformes ont fait partie intgrante du noyau dur des mesures de libralisation prconises par la communaut des bailleurs de fonds et mises en oeuvre sous l'gide des institutions financires internationales.

Plus de 20 ans aprs le dclenchement des crises financires dans les pays de l'Union Economique et Montaire Ouest Africaine (UEMOA), l'observateur ne peut que se rjouir des taux de profit affichs par les principaux tablissements financiers de la zone franc, qui figurent parmi les plus levs du monde. Mais il reste interdit face l'ampleur des besoins de financement non satisfaits dans la sphre relle, aussi bien du ct des mnages que des entreprises et des tats. C'est dans ce contexte qu'est ne, la bousre rgionale des valeurs mobilires . Le but vis par ce march financier rgional, l'un des premiers au monde, est d'assurer aux diffrents acteurs du dveloppement des pays membres de l'Umoa, les capitaux ncessaires au financement de leurs entreprises. Cependant, avec l'avnement de la crise des crdits subprimes, qui est partie des Etats-Unis et, qui secoue la plupart des places financires du monde et, aprs des annes d'existence de ce march financier de l'Umoa, il importe de porter un regard sur ses activits et son fonctionnement afin d'estimer les consquences ventuelles de la crise sur ce dernier.

En effet, les crdits subprimes sont des crdits risque constitus des prts hypothcaires, des cartes de crdit, des locations de voitures, accords aux tats-Unis des mnages peu solvables, sur la base d'une majoration du taux d'intrt (prime applique un emprunteur dont la solvabilit est en dessous d'un certain seuil) cense compenser les risques pris par le prteur. Les remboursements d'emprunts immobiliers taient limits au paiement des intrts, d'ailleurs dductibles1(*), celui du capital tant souvent diffr pour tre imput au prix de revente du logement deux ou trois ans aprs, avec une plus-value tant que les prix de l'immobilier montaient, ce qui tait le cas jusqu'en 2005. La plupart de ces prts sont accords des conditions de taux d'intrt variables. Le double mouvement de baisse des prix de l'immobilier aux tats-Unis (dgonflement de la bulle immobilire) partir de 2006 et de remonte des taux d'intrt a conduit au dfaut de paiement de nombreux emprunteurs, et donc la mise en situation de faillite, ou de quasi-faillite des tablissements spcialiss aux tats-Unis d'autant que les prix des habitations sont tombs sous la valeur de garantie. Ainsi nat la crise qui va secouer pendant des mois les diffrentes places boursires du monde en gnral et le systme bancaire des pays en particulier.

En ralit, cette crise a conduit une dfiance au niveau mondial envers les crances titrises qui comprennent une part plus ou moins importante de crdits hypothcaires, puis envers les fonds d'investissement et de placement,( les OPCVM et les SICAV) et le systme bancaire susceptibles de dtenir ces drivs de crdit, du fait de leur fort rendement; soit un mouvement de rvaluation du risque et d'aversion au risque.

De faon plus indirecte, la crise a provoqu partir du 18 juillet 2007 une crise de confiance gnrale dans le systme bancaire, une chute des marchs financiers et une crise de liquidit bancaire. De crainte que la crise ne touche la sphre de l'conomie relle, les banques centrales ont t amenes injecter des liquidits dans le march interbancaire et assouplir leur politique montaire. C'est le

cas par exemple de la BCE qui a inject dans l'conomie europenne, prs de 96 milliards d'euros et la banque centrale amricaine, 24 milliards US en septembre 2007.

Mais la question que l'on se pose aujourd'hui est de savoir si ces solutions spontanes ont port leurs fruits . Il importe aussi d'apprhender la situation de cette crise en Afrique notamment en Afrique de l'Ouest quand on sait les relations historiques et commerciaux qui lient les diffrents continents surtout l're de la mondialisation et de la globalisation. Plusieurs questions mritent donc d'tre poses:

- Comment se prsentent, dans la zone Umoa, les facteurs ayant induit la crise des subprimes aux Etats-Unis?

- Quels sont les impacts de la crise sur le march rgional des valeurs mobilires de l'Afrique de l'Ouest?

- Quelles sont les consquences de cette crise sur l'conomie relle des diffrents pays membres de l'union conomique et montaire ouest africaine?

Afin de rpondre ces proccupations, nous nous sommes assigns pour tche de rflchir sur les consquences de la crise des subprimes sur l'conomie ouest aficaine et donc sur la bourse rgionale des valeurs mobilires de l'Umoa; connaissannt le rle prcieux que joue ce march financier dans le financement des entreprises de cette vaste partie du monde.

Nous aborderons dans ce travail dans une premire partie, les causes de la crise subprime que l'on rapportera au contexte ouest aficain et, dans une seconde partie, estimer ses consquences sur la bourse rgionale des valeurs mobilires de l'Umoa. Mais avant ces deux tapes, nous nous tracerons la dmarche mthodologique suivre en mettant en exergue les objectifs et hypothses qui sous-tendent notre recherche tout en ennumrant les outils d'analyse et de collecte des donnes. 1- CADRE CONCEPTUEL ET MTHODOLOGIE

1-1 Les objectifs

Afin de mener bien notre tude, nous nous sommes fixs deux types d'objectifs savoir l'objectif gnral et les objectifs spcifiques.

1-1-1 L'Objectif gnral

Il consiste analyser les consquences de la crise des subprimes en Afrique de l'Ouest et d' tudier le comportement du march financier rgional de l'Umoa. Ceci nous permettrait d'analyser, dans les pays membres de l'Union, les causes ayant conduit la crise aux Etats-Unis, vus les nombreux changes commerciaux que ces Etats entretiennent avec le reste du monde. En apprhendant ainsi les consquences de cette crise sur le march boursier de l'Umoa, on pourrait proposer des essais de solutions pouvant conduire l'attnuation de ses effets dans cette partie de l'Afrique.

1-1-2 Les objectifs spcifiques

De faon spcifique, notre tude consiste :

OS1: analyser le systme bancaire ouest africain;

OS2: tudier le march de l'immobilier dans les pays membres de l'Umoa;

OS3: mesurer les effets de la crise des subprimes sur la bourse rgionale des valeurs mobilires et son impact sur l'conomie relle des pays de la zone Umoa.

1-2 Les hypothses

Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes assigns, plusieurs hypothses sont mises:

Hypothse/OS1: le systme bancaire ouest africain, vritable hritage de la colonisation, s'est nettement rorganis ces dix dernires annes:

- la politique des taux d'intrt pratique par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, favorise l'expansion des activits de crdit dans la zone Umoa. Les mnages de la zone Umoa ont pour principales sources de financement, les banques commerciales auprs desquelles ils empruntent un cot trs bas;

- le taux de couverture bancaire ( taux de bancarisation ) de l'Umoa est estim en moyenne 35%;

Hypothse/OS2: le prix de l'immobilier en zone Umoa, entre 2000 et 2008, s'est apprci de 80%.

Hypothse/OS3: L'Afrique semble tre pargne de la crise des subprimes qui secoue la plupart des places boursires dans le monde. La bourse rgionale des valeurs mobilires n'a pas t atteinte par cette crise.

1-3 La Mthodologie

Elle consiste prsenter dans une premire partie, la zone ayant fait l'objet de notre tude, dans une seconde partie les mthodes de collecte des donnes et dans une troisime partie les outils d'analyse des donnes recueillies.

1-3-1 Prsentation de la zone d'tude

Ne des cendres de l'Union Montaire Ouest Africaine cre en 1962 en mme temps que la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'Union Economique et Montaire Ouest Africaine (UEMOA), a t institue par le trait de Dakar sign en janvier 1994 par les chefs d'Etats et de gouvernement et ractifi en aot de la mme anne par les sept Etats de l'Afrique de l'Ouest ayant en commun, l'usage du franc CFA. Il s'agit du Bnin, du Burkina Faso, de la Cte d'Ivoire, du Mali, du Niger, du Sngal et du Togo. En mai 1997, la Guine Bissau adhre l'Union en portant ainsi le nombre de pays membres huit.

La zone Umoa, d'une superficie d'environ 3,5 millions de km2 et d'une population de plus de 80 millions d'habitants2(*), constitue un vritable march au service de l'intgration conomique de cette vaste partie de l'Afrique. Sa situation gographique trs complexe, du fait des frontires arbitraires instaures par le colon, est retrace par la carte en annexe 1.

Avec un taux d'inflation moyen annuel de 4,3%, un taux de croissance relle du PIB au prix du march de 5,1% et, d'un taux de croissance dmographique de 2,8%, la zone Umoa fait partie des grands ensembles sous rgionaux africains3(*). L'Union s'est fixe comme objectifs sa cration:

- De renforcer la comptitivit des activits conomiques et financires des Etats membres dans le cadre d'un march ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalis et harmonis;

- D'assurer la convergence des performances et des politiques conomiques des tats membres par l'institution d'une procdure de surveillance multilatrale;

- De crer entre Etats membres un march commun bas sur la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit d'tablissement des personnes exerant une activit indpendante ou salarie, ainsi que sur un tarif extrieur commun et une politique commerciale;

- D'instituer une coordination des politiques sectorielles nationales par la mise en oeuvre d'actions communes, et ventuellement, de politiques communes notamment dans les domaines des ressources humaines, de l'amnagement du territoire, de l'agriculture, de l'nergie, de l'industrie, des mines, des transports, des infrastructures et des tlcommunications;

- D'harmoniser, dans la mesure ncessaire au bon fonctionnement du march commun, les lgislations des Etats membres et particulirement le rgime de la fiscalit.

L'Union est symbolise par un logo traduisant la croissance, l'union, la solidarit et la complmentarit entre les Etats ctiers et sahliens. Ce logo reprsente deux formes dynamiques et elliptiques qui en dpit de leurs spcificits, s'entremlent pour exprimer deux notions fortes, la solidarit et la complmentarit des Etats et peuples de l'Union. L'nergie des lianes de la fort s'harmonise avec les vibrations chaudes et vivaces du sahl pour produire la sphre du bonheur 4(*) illustrant les caractristiques et objectifs de cet organe d'intgration de la sous-rgion.

Plusieurs instruments juridiques, politiques et conomiques permettent l'Umoa d'assumer son fonctionnement. On peut citer: la commission bancaire de l'Umoa, la BCEAO qui est la banque centrale de ladite zone et le march rgional des valeurs mobilires instaur en 1998 et qui assure le financement des entreprises de la zone.

1-3-2 Les mthodes de collecte des donnes

Les solutions envisageables pour recueillir des informations quantitatives et qualitatives sur la situation de la crise des subprimes en Afrique de l'Ouest ne sont pas trs varies. La recherche documentaire fonde sur l'examen des documents administratifs, les recensements, les rapports des diffrentes commissions au sein de l'Umoa, des partenaires au dveloppement, et quelques rares tudes srieuses sur quelques uns des aspects de la crise, ne permet d'obtenir que des informations trop parcellises.

La recherche documentaire nous a permis, de raliser comment volue le prix de l'immobilier dans la zone Umoa, compar la situation dans la zone Euro et aux Etats-Unis, d'apprhender l'volution du taux directeur de la banque centrale des tats de l'Afriques de l'Ouest, l'un des facteurs ayant induit la crise aux Etats-Unis. Il s'agit d'tudier dans la mesure du possible, les diffrents aspects de la crise dans les diffrents pays de la zone Umoa partir de l'exploitation de la littrature qui aborde plus ou moins le sujet. Pour cela, la prsente tude a tent de mesurer l'impact de la crise des crdits subprimes en Afrique de l'Ouest partir de la documentation obtenue. Au nombre de ces documents, on peut retenir essentiellement les rapports des diffrentes antennes de la bourse rgionale des valeurs mobilires dans les diffrents pays membres de l'Umoa, les documents stratgiques des socits de gestion et d'intermdiation prsentes dans les diffrents pays, les annuaires statistiques disponibles au sein de l'Umoa, les rapports d'activit des socits cotes la bourse, les documents disponibles au niveau des ministres concerns et au niveau de leurs dmembrements, les documents disponibles au niveau des partenaires au dveloppement impliqus dans les projets de dveloppement.

1-3-3 Les outils d'analyse des donnes

La statistique descriptive est celle qui a t le plus utilise dans l'analyse des informations recueillies. Les donnes prsentes sous forme de tableaux synthtiques, de ratios, de regroupements et de graphiques, nous ont permis d'apprcier les informations recueillies et de vrifier les hypothses poses dans le prsent travail.

Les indices harmoniss des prix la consommation sont galement utiliss pour apprcier l'volution des prix de l'immobilier dans la zone Umoa. 2- PERCEPTION DES CAUSES DE LA CRISE DES SUBPRIMES DANS LA ZONE UMOA

La prnisation des crdits subprimes ou crdits hypothcaies aux Etats-Unis est favorise essentiellement par deux facteurs: la relative stabilit, entre 2004 et 2006, du taux directeur de la rserve fdrale, la banque centrale amricaine et l'apprciation rgulire du prix de l'immobilier dans plusieurs rgions.

Comment voluent ces deux facteurs dans la zone Umoa en Afrique de l'Ouest?

Pour rpondre cette proccupation, nous tudierons respectivement le systme bancaire ouest africain et le march de l'immobier dans la zone Umoa

2-1 Le systme bancaire ouest africain

Cre en 1962, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest est la banque centrale de la zone Umoa qui assure la politique montaire dans les huits pays membres de l'Union. La monnaie utilise dans cette zone conomique est le franc CFA dont la signification a vari d'une poque une autre et d'un espace gographique un autre.

2-1-1 La zone Franc et l'arrimage du franc CFA sur l'Euro

Suite leur indpendance, des pays d'Afrique occidentale et d'Afrique centrale ont manifest leur volont d'intgration rgionale en constituant des unions montaires, tout en adossant leurs monnaies communes la monnaie de l'ancienne puissance coloniale. Sur le plan politique, ces unions runissent des Etats dont la dcolonisation n'a pas obr les relations avec la France. A contrario, il n'est pas tonnant de relever l'absence de la Guine Conakry5(*) dans ces unions ni de leur extension des pays d'Afrique du Nord.

Depuis l'unification montaire europenne, le franc CFA, monnaie unique de 14 Etats se trouvent adoss l'euro, monnaie unique de la plupart des 27 Etats europens. Les Etats de la zone franc poursuivent des objectifs ambitieux. Pour toutes les Banques centrales de la zone franc, l'objectif principal poursuivi est la stabilit des prix. La politique montaire de l'Eurosystme, dfinie par la Banque Centrale Europenne et applique par les Banques centrales nationales, est intgralement dtermine en fonction de cet objectif. Il constitue un dnominateur commun toutes les Banques centrales nationales. Pour la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il s'agit, galement, d`oeuvrer afin d'accrotre les rserves de change et pour la Banque des Etats d'Afrique Centrale (BEAC) de favoriser la croissance conomique. La volont de multilatraliser les changes et de libraliser les mouvements de capitaux s'est traduite sur le plan institutionnel par une

rglementation trs stricte des relations montaires au sein des deux unions montaires africaines, Umoa, Cmac6(*) et par une codification des relations entre ces Unions et les autorits franaises. L'instauration d'un vritable fdralisme sur le plan montaire est considre comme un lment devant favoriser la convergence des pays concerns. L'adoption d'une monnaie unique dans l'Umoa et dans la Cmac, rebaptise tout en conservant le mme acronyme CFA7(*) de celle nagure instaure par l'ancienne puissance coloniale, tmoigne de la volont des Etats Africains indpendants de maintenir avec la France des liens certes modifis mais troits. Face l'impossible trinit , les pays de la zone franc ont adopt des changes fixes et l'intgration financire ce qui implique la libert dans les transferts courants et dans les transferts de capitaux mais rduit leur autonomie quant la dtermination de leur politique montaire. Dans cette optique, le dispositif institutionnel instaure une souverainet montaire partage : les Banques centrales de l'Umoa et de la Cmac devant verser 65%8(*) de leurs rserves de changes sur un compte d'oprations du trsor public franais, lequel, en contrepartie, garantit la convertibilit illimite des monnaies de la zone franc. Aujourd'hui, la Banque de France exige 50% des devises (avoirs extrieurs) pour garantir aux pays de l'Umoa, la libre convertibilit du franc CFA. Ceci reprsente en 2006, prs de 8000 milliards de franc CFA des avoirs en devises des pays africains dtenus par la France9(*). Ainsi, en supposant que le revenu mensuel moyen par habitant est de 200.000FCFA, on peut affirmer sans se tromper que prs de 40 millions d'Africains sont privs de revenus en 2006 alors que 8000 milliadrs de franc CFA sont stocks au trsor franais accroissant ainsi la misre du peuple africain. L'ancrage montaire du franc CFA au Franc franais puis l'euro partir de 1999, implique une couverture minimale de 20% de la base montaire (billets, rserves en monnaie centrale dtenue par les banques commerciales et le trsor public) par des rserves de change. L'adossement au franc, puis l'euro, tait donc conu pour ses vertus anti-inflationnistes et la gestion commune des rserves de change ainsi que la pratique d'un tarif extrieur commun marquent la solidarit, la volont d'intgration des Etats appartenant ces unions.

2-1-1-1 Instruments et politiques montaires de la BCEAO

Le choix des instruments et la mise en oeuvre des politiques montaires font apparatre les contraintes lies aux rgimes des taux fixes. Les politiques montaires ont pour objectif de matriser le refinancement en monnaie centrale des banques commerciales afin de contrler leur pouvoir de cration montaire qui s'exerce travers les crdits accords aux agents non bancaires de l'conomie. L'ancrage l'euro du franc CFA n'implique pas l'adoption par les unions montaires africaines des mmes instruments de la politique montaire, ni des taux directeurs de la BCE. Toutefois, leurs volutions dans les unions montaires africaines sont souvent corrles, mais un niveau nettement suprieur, celles des taux de la BCE comme l'indique le graphique n1 .

Sources : BCEAO, BCE. Et nos propres investigations, juin 2008

Alors que le taux directeur en 2001 de la BCE, tait de 3,25%, la BCEAO affichait la mme anne des taux largement suprieurs (6 et 6,5%). Entre 2004 et 2006, il est prfrable d'emprunter sur le march europen que celui de l'Umoa. Ceci traduit le cot trs lev du crdit pratiqu par les banques commerciales dans la zone Umoa. Pendant qu'un mnage europen, en 2004, dboursait en moyenne un peu plus de 2 euros pour un crdit de 100 euros, un mnage amricain, 1 dollar pour 100 dollars USA10(*), le mnage ouest africain dpense en moyenne plus de 4,75 FCFA pour un crdit de 100FCFA. L'accs aux diffrents types de crdit (consommation, immobilier, rentre scolaire) est relativement limit et rserv des populations disposant de garanties solides (salaris dont la paie est domicilie dans les banques et agriculteurs dont la rcolte constitue une sret relle). Le reste de la population doit recourir l'autofinancement (lorsqu'il est possible) ou aux diffrentes formes de solidarit informelles (familiale, tontine). Cette situation empche les mnages de raliser certains besoins primaires tels que l'accs au logement. titre d'exemple, la demande immobilire estime prs de 125000 units en Cte d'Ivoire n'est satisfaite qu' hauteur de 3 000 units par an11(*); ceci explique la surliquidit des banques ouest aficaines. On estime que 40%12(*) de l'pargne africaine est replace dans les circuits extrieurs l'Afrique. Dans l'ensemble de la zone Umoa, le besoin s'accentue en raison des difficults de gestion des organismes publics en charge de la viabilisation de la filire immobilire.

La politique montaire de la BCEAO apparat beaucoup plus stricte que celle de la BCE, ses taux directeurs tant nettement plus levs que ceux qui sont pratiqus dans la zone Euro. Par contre, la BCE est beaucoup plus ractive, ayant modifi ses taux 15 reprises entre janvier 2000 et octobre 2006, alors que la BCEAO n'a inflchi dans le mme temps sa politique des taux qu' 5 reprises. Au sein de la Communaut Economique et Montaire des pays d'Afrique Centrale, la rigueur pratique par la BEAC est encore plus grande que celle affiche par la BCEAO : les taux des Appels d'offre de la BEAC sont pratiquement constamment suprieurs ceux de la BCEAO. Compte tenu du choix d'un taux de change fixe par les deux unions montaires africaines pour leurs monnaies ancres l'euro, les Banques centrales de ces entits maintiennent en permanence un diffrentiel d'intrt positif par rapport aux taux directeurs pratiqus au sein de l'Eurosystme. C'est en quelque sorte la prime de risque payer pour maintenir les flux de capitaux vers ces pays et limiter au maximum leurs sorties. Ds lors que la crdibilit des politiques mises en oeuvre par les Banques centrales et les gouvernements Africains sera renforce, les marchs pourront accepter un moindre diffrentiel. C'est une situation laquelle ont t confrontes les autorits franaises, notamment durant les quinze annes prcdant l'instauration de l'euro. Afin de maintenir un franc fort, la Banque de France modulait sa politique montaire sur celle de la Rpublique Fdrale d'Allemagne et maintenait un diffrentiel d'intrt positif par rapport aux taux pratiqus par la Bundesbank. Ainsi, la dfense de la monnaie a t-elle un prix lev?

Eu gard l'importance des flux de capitaux, d'ventuels mouvements erratiques affectant les placements, du fait de la libre convertibilit et transfrabilit des capitaux, les Banques centrales des pays mergents doivent tre particulirement vigilantes pour dfendre la parit de leur monnaie en rgime de taux de changes fixes. Cela suppose que les politiques conomiques de ces pays soient aisment modulables ce qui implique une flexibilit des programmes gouvernementaux donc des,

budgets des Etats et des marchs du travail. Dans la lutte contre l'inflation, le march intrieur constitue alors la variable adaptative. C'est toute l'ambigut d'une politique des taux d'intrt : sur le plan interne, la croissance conomique, la lutte contre le chmage ncessiteraient la baisse des taux d'intrt afin que, eu gard l'efficacit marginale du capital, les investissements soient favoriss alors que, relativement l'extrieur, la dfense de la monnaie passe par la pratique de taux levs. C'est cette dernire politique qui l'emporte ds lors que la dfense du taux de change est considre comme prioritaire. D'aucuns, trs critiques, ont voqu le triomphe de la pense unique conduisant assurer la dfense de la monnaie contre l'emploi . Ce sont ces rpercussions internes que permet d'viter le flottement des monnaies, surtout lorsqu'il n'est pas encadr. Il restaure certes l'autonomie des politiques conomiques et montaires nationales, du moins tant que la chute de la monnaie sur les marchs des changes ne propulse pas le prix des importations des niveaux exorbitants. De plus, ce rgime prsente l'avantage de dcourager la spculation. Toutefois, des importations incompressibles, par exemple de matires premires, de ptrole dont les prix flambent sur les marchs internationaux sont encore renchries par la faiblesse des monnaies nationales. La structure des changes extrieurs reprsente donc une des variables prendre en compte lors du choix d'un rgime de change.

La volont de brider la cration montaire a conduit les Etats africains de la zone franc fixer un taux de couverture extrieur minimal de 20%, en d'autres termes 20% de la base montaire doivent tre couverts par des rserves de changes. En fait, les Banques centrales des unions montaires africaines dpassent largement ce seuil. A fin dcembre 2005, la couverture extrieure atteignait 120% dans l'Umoa, 86% dans la Cmac13(*) mais, la libre transfrabilit des capitaux, reprsentant un risque de retournement de tendances, fait toujours peser une pe de Damocls sur les pays s'tant engags dfendre la fixit de leurs taux de changes.

2-1-1-2 Les consquences de l'arrimage du franc CFA sur l'euro dans la zone Umoa.

L'inflation paraissait radique en 2004 dans les unions montaires africaines. Elle a certes redmarr fortement en 2005 et s'accentue en 2008. Les prix la consommation ont flamb dans la Communaut Economique et Montaire des Etats d'Afrique Centrale et surtout dans l'Union Economique et Montaire Ouest Africaine mais le contraste est frappant avec le vritable drapage des prix observ globalement dans les pays de l'Afrique Subsaharienne. Mais en 2006, il est observer le contraire dans ces zones. Dans tous les cas, le taux d'inflation est moindre dans la zone franc que partout ailleurs en Afrique subsaharienne. Cette inflation moindre est d'abord le rsultat de l'ancrage nominal des francs CFA l'euro. Les pays de la zone franc bnficient ainsi de la modration de l'inflation au sein de la zone euro, qui limite la hausse des prix des importations en provenance de la zone-ancre, et de la stabilit de leur monnaie, qui contribue contenir le cot des importations, notamment nergtiques, venant du reste du monde. Cette corrlation se confirme en 2008 o le taux d'inflation dans la zone euro est de l'ordre de 3,3% en juin. On assiste systmatiquement la flambe des prix dans la zone Umoa

Tableau n1: Variation des prix la consommation

Anne

2004

2005

2006

Umoa

0,5%

4,4%

2,3

Cmac

0,4%

2,9%

5,3

Afrique subsaharienne

9,8%

10,8%

11,8

Sources : FMI, Banques centrales (Rapport Zone franc-Banque de France-2005, 2006).

Sur le plan de la lutte contre l'inflation, il importe que le lien entre les trsors publics et les Banques centrales des pays Africains membres de la zone franc soient rompus, ce quoi se sont engages, en 1998, l'Umoa et, en 2001, la Cmac. Contrairement l'Union europenne, les pays de la zone franc n'en avaient pas fait une condition sine qua non l'instauration de leur monnaie unique. Symboles de la planche billets , les avances statutaires aux trsors publics nationaux persistent, ce qui manifestement exerce une influence inflationniste, les dpassements des plafonds tant frapps de taux de pnalits. A noter que les pays en dveloppement, et plus particulirement l'Afrique dans son ensemble, ont ralis une croissance, certes dans l'inflation, mais nettement suprieure celle des pays africains dots d'une monnaie unique. Toutefois, la crise alimentaire qui menace l'Afrique

dans sa globalit n'est pas qu'un fait de la hausse des prix des matires premires et des produits alimentaires mais aussi due la hausse sans cesse du prix du baril de ptrole car, la plupart des pays africains sont des importateurs nets de ptrole.

Tableau n2: Croissance du PIB dans l'Umoa

Anne

2004

2005

2006

Umoa

2,8

4,1

3,8

Cmac

6,9

3,7

3,2

Pays en dveloppement

7,6

6,2

5,5

Dont l'Afrique

5,5

5,2

5, 3

Sources : FMI, Banques centrales (Rapport Zone franc-Banque de France-2005, 2006).

Des taux d'intrt directeurs fort levs entravent la croissance, les banques commerciales rpercutant le cot de leur refinancement en monnaie centrale sur les taux d'intrt dbiteurs facturs leur clientle. Cependant, tout ne peut tre ramen aux cours des monnaies et aux rgimes de changes, mme si la stabilit des taux de change favorise le commerce international des deux unions montaires avec les pays de la monnaie-ancre, l'euro, et avec les pays tiers.

Indpendamment de ces facteurs montaires, la croissance est tributaire des alas de la production de l'agriculture vivrire et de rente, des activits industrielles et des cours internationaux. C'est l'exemple, des performances de la Cmac en 2004 o la croissance de son PIB est fortement lie aux fluctuations de la production de ptrole de cinq de ses Etats membres : Guine Equatoriale, Gabon, Congo, Tchad, Cameroun. L'augmentation exceptionnelle de prs de 25% de la production de ptrole dans la zone Cmac, en 2004, a donc propuls son taux de croissance cette anne l. A l'inverse, la croissance de l'Umoa est affecte par sa dpendance nergtique et le renforcement de la facture des importations ptrolires. Le processus d'intgration des pays de la zone franc s'avre laborieux. C'est ce que constate le rapport de la Banque de France sur la zone franc en 2005, propos des difficults rencontres par les pays de la zone franc pour respecter les critres de convergence de premier rang14(*) que ce soit dans l'Umoa, ou dans la Cmac. A posteriori, les unions tant ralises, la mise en oeuvre des politiques ncessaires pour assurer le respect des critres de convergence se trouve confronte bien des difficults. Le prsident ivoirien Laurent Gbagbo n'a-t-il donc pas vu juste en dclarant: L'intgration africaine, c'est un slogan vide, il faudrait qu'on le remplisse 15(*). Parlant de la monnaie, il souligne que c'est le socle de la circulation des marchandises en rappelant que, il faut un vritable dbat sur la monnaie et les infrastructures, c'est a l'intgration . Les infrastructures dont il s'agit, concernent, la politique nergtique de la zone Umoa, les infrastructures routires, les chemins de fer, l'accs aux soins sanitaires, la politique ducative de l'union et le rseau de mobilisation des capitaux pour attirer les investissements.

2-1-2 Principales caractristiques du rseau bancaire de l'Union

Le paysage bancaire , depuis 1990, dans la zone Umoa a connu beaucoup de modifications et ceci, grce la libralisation du secteur. Ainsi, aprs la crise des annes 80, la plupart des banques tatiques, d'ailleurs en faillite, ont laiss place aux banques prives. En 1999, sept grands groupes trangers ou rgionaux dominaient le rseau bancaire de l'Umoa travers 39% des banques en exercice reprsentant un peu plus de 60% des bilans cumuls des banques de l'Umoa16(*). L'environnement bancaire de la zone Umoa fut donc caractris par un systme bancaire qui regroupait en 2005, 92 banques et 22 tablissements financiers en activit dont 12 banques et 2 tablissements financiers au Bnin, 11 banques et 5 tablissements financiers au Burkina Faso, 17 banques et 2 tablissements en Cte-d'Ivoire, seulement 3 banques en Guine Bissau, 12 banques et 4 tablissements au Mali, 10 et 2 tablissements financiers au Niger, 17 banques et 3 tablissements financiers au Sngal et, 10 banques et 4 tablissements financiers Au Togo.

Au cours de l'anne 2006, le rseau bancaire de l'Umoa a poursuivi sa consolidation, un rythme moins acclr qu'en 2005. Le mouvement de diversification du paysage bancaire de l'Union s'est galement maintenu, avec l'agrment d'une nouvelle banque spcialise. Ainsi, quatre nouveaux agrments ont t accords au cours de l'exercice 2006, trois tablissements bancaires et un tablissement financier, travers la procdure d'installation par agrment unique. Paralllement, les agrments de deux tablissements financiers ont t retirs au cours de la priode.

Le tableau n3 ci-dessous illustre trs bien cette volution du rseau bancaire dans la zone Umoa :

Tableau n3: Rpartition des tablissements de crdit par pays dans la zone Umoa

31/12/2005

31/12/2006

Pays

Banques

Ets financiers

Guichets*

Banques

Ets financiers

Guichets **

P1

P2

P1

P2

Bnin

12

2

45

0

12

1

44

0

Burfina

11

5

86

39

11

5

96

39

Cte d'Iv

17

2

154

1

18

2

155

1

Guine B

3

0

6

0

4

0

7

0

Mali

12

4

67

1

12

4

67

1

Niger

10

2

28

0

10

2

28

0

Sngal

17

3

146

1

18

4

174

1

Togo

10

4

82

2

10

3

81

2

UEMOA

92

22

614

44

95

21

652

44

NB: P1= guichets permanents P2= guichets priodiques * sur la base des arrts d'agrments ou retraits d'agrments

** Donnes provisoires

Source: BCEAO, rapport annuel 2006

Par pays, le rseau bancaire a t marqu par les volutions ci-aprs :

- au Bnin, l'agrment a t retir Equipbail Bnin, la suite de la fusion par absorption de cet tablissement financier par Crdit Africain. Par ailleurs, les dirigeants ont dcid de modifier la dnomination sociale de la socit absorbante, en Equipbail Bnin, avec une extension de ses

activits l'ensemble des catgories d'oprations rserves aux tablissements financiers du premier groupe ;

- en Cte d'Ivoire, un agrment en qualit de banque a t accord la socit Bridge Bank Group Cte d'Ivoire (BBG-CI) ;

- en Guine-Bissau, le Groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI), dans le cadre du renforcement de sa prsence dans l'Umoa, a ouvert sa huitime filiale, avec l'agrment accord Ecobank Guine-Bissau ;

- au Sngal, le nombre d'tablissements de crdit s'est accru avec l'agrment de la Banque Rgionale des Marchs (BRM) et l'autorisation accorde la Socit Africaine de Crdit Automobile (SAFCA) Cte d'ivoire, pour l'ouverture d'une succursale au Sngal dans le cadre de la procdure d'agrment unique ;

- au Togo, le nombre d'tablissements financiers a t ramen trois , avec le retrait de l'agrment de la Socit Togolaise de Crdit Automobile (STOCA), sa demande.

Par ailleurs, la Commission Bancaire de l'Umoa a, lors de sa session du 27 dcembre 2006, donn un avis conforme favorable la demande d'agrment, en qualit d'tablissement financier, de la Socit Financire de Garantie Interbancaire du Burkina (SOFIGIB).

Toutefois,le taux de bancarisation dans l'espace Umoa est trs faible et compris entre 3 et 7%17(*) alors qu'il avoisine 99% dans certains pays et se situe 50 ou 60% dans les pays du Maghreb. En effet, bien que la reprsentation du rseau bancaire soit trs ingale d'un pays un autre avec des diffrences allant du simple au dcuple, sur toute la zone, il y a en 2006, un guichet pour prs de 103.448 habitants couvrant une superficie de 5029 km2 contre, un guichet pour 116.000 habitants pour 5917 km2, il ya sept ans en arrire. Implantes en majorit dans les grandes villes, les banques s'intressent principalement aux entreprises et filiales des socits trangres. La prsence importante des banques trangres pour la plupart franaises mais galement belges, amricaines et libyennes dans l'Union est ce point illustratif.

Pour les chefs d'entreprise des diffrents pays de l'union interrogs dans le cadre des enqutes sur le climat de l'investissement (ICA ou Investment Climate Assessment) de la Banque mondiale (2006), la contrainte financire est systmatiquement cite parmi

les principaux goulets d'tranglement freinant leurs activits18(*). En l'absence de donnes des banques centrales, il est difficile d'avancer un taux de bancarisation des entreprises du secteur formel. Toutefois, une estimation indirecte peut tre faite via le pourcentage de firmes ayant simplement une autorisation de dcouvert ou une ligne de crdit en cours : 27,5 % au Bnin, 43,4 % au Mali et 57,8 % au Sngal (ICA, 2006). Dans quatre pays (Bnin, Mali, Niger et Sngal), les chefs d'entreprise interrogs identifient prcisment l'accs au financement et son cot comme deux contraintes majeures au dveloppement de leur entreprise comme l'indique le graphique n2. Ces contraintes d'accs aux ressources de financement sont souvent cites avant d'autres obstacles structurels tels que l'nergie, la fiscalit et les pratiques anticoncurrentielles. La contrainte financire est plus fortement ressentie par les chefs d'entreprise des pays membres (et africains en gnral) que dans les autres rgions du monde. Ceci s'explique d'ailleurs par les conditions de banque appliques par les tablissements de crdit leurs clients(voir annexes).

Graphique n2: Part des chefs d'entreprises faisant des containtes financires, un obstacle majeur leur activit

tinSource: Banque mondiale, 2006ep

Toutefois, elle est perue avec une acuit variable selon la nationalit, le secteur d'activit et la taille de l'entreprise. Les contraintes d'accs au financement sont avant tout exacerbes pour les investisseurs locaux, les trangers trouvant plus facilement des solutions (graphique 3).

Graphique n3: La perception des contraintes financires selon la nationalit de l'entreprise

Source: Banque mondiale, 2006

Pour corriger cet tat de choses, le Conseil des ministres de l'conomie et des finances des pays membres de l'Umoa ont demand la BCEAO de mettre en oeuvre les moyens et mesures pratiques pour atteindre un taux de bancarisation de 20% d'ici 2010. En plus des aspects juridiques et institutionnels, les responsables de la banque centrale ont dcid de mener une vaste campagne de sensibilisation envers les populations de l'espace. Dans ce cadre il y a beaucoup de progrs faire au plan juridique et des concertations impliquant toutes les structures bancaires ont t effectues pour aboutir des rsultats consensuels. Selon les responsables de la BCEAO il y a plusieurs facteurs socio-conomiques bloquant un taux important de bancarisation notamment la crise du systme bancaire des annes passes qui avait engendr une srieuse perte de crdibilit, le faible revenu des populations, l'analphabtisme, la mconnaissance du systme bancaire, l'loignement des

structures, les longues procdures, les cots levs de service et souvent aussi le manque d'information.

Quelles sont les consquences, de la faible bancarisarion et l'inaccessibilit massive des mnages ouest africains aux crdits, sur l'immobilier en zone Umoa?

2-2 Le march de l'immobilier en zone Umoa

La structure organisationnelle du march de l'immobilier dpend des politiques de financement du logement, des acteurs prsents sur ce march et le prix de la pierre dans les diffrents pays de l'union.

2-2-1 Financement du logement en zone Umoa

La polilique de financement du logement dans la zone Umoa varie d'un pays membre un autre. Trs peu de stratgies nationales du logement sont conues comme cadre de rfrence de la politique nationale en matire d'habitat dans les pays membres de l'union.

Au Mali par exemple, le manque de logement est considr comme une dimension de la pauvret dans le cadre stratgique de lutte contre la pauvret.

Dans la plupart des conomies africaines, le systme bancaire ne contribue que marginalement au financement du logement. En l'absence de moyens de financement adapts, et notamment sans possibilit d'emprunts remboursables sur une longue priode, les mnages urbains, l'exception des plus aiss d'entre eux, sont condamns des conditions d'habitation difficiles : surpeuplement, exigut, prcarit des constructions ou manque de confort et d'quipements sanitaires.

Parmi les facteurs qui s'opposent jusqu'ici au dveloppement du crdit au logement, la difficult d'adosser des prts long terme sur des ressources de dure quivalente est un obstacle majeur. Mme s'il ne s'agit pas d'attendre du march des capitaux qu'il finance la totalit des encours, les prteurs potentiels refusent, juste titre, d'immobiliser leurs bilans et de fixer des taux d'intrt s'ils n'ont pas l'assurance de pouvoir se couvrir, si besoin est, contre les risques correspondants19(*). Des circuits de financement publics ont bien t crs pour pallier cette carence, mais ils s'accompagnent de cots sociaux gnralement levs et contournent, plus qu'ils ne rglent, les contraintes qui affectent la collecte de ressources. Les difficults de mobiliser celles-ci sur le march des capitaux

tiennent en partie des problmes d'chelle: base d'investisseurs trop troits, infrastructures lacunaires, march hypothcaire primaire n'ayant pas atteint une taille critique, cots de transaction dissuasifs, etc.... Or l'existence d'une union montaire et d'un march financier rgional est un atout considrable cet gard. Il est important de capitaliser sur sa dimension, ainsi que sur l'existence d'un cadre juridique homogne, notamment en matire de droit des srets. Par ailleurs, comme le montrent de nombreuses expriences travers le monde, la disponibilit pour les investisseurs d'instruments de placement scuriss et long terme garantis par des crances hypothcaires peut jouer un rle moteur dans le dveloppement du march financier. Ainsi, dans le cadre de la promotion de l'habitat dans la zone Umoa, il fut mis sur pieds dans chaque pays des banques spcialises dans le financement du logement; c'est le cas de la banque de l'habitat dont l'objectif est de permettre aux mnages d'avoir accs aux capitaux ncessaires la construction de leurs logements. Mais dans la ralit, seuls les plus aiss pouvant exhiber une garantie solide peuvent bnficier d'un prt; les mnages pauvres et vulnrables n'y parviennent pas.

Le graphique n4 suivant, illustre trs bien la situation d'octroi de crdits par ces banques au sein de l'Umoa. Il ressort que trs peu de demandes de crdit immobilier sont satisfaites dans la zone umoa.

Source: Nos propres investigations, juin 2008

Par pays, la situation se prsente comme suit:

Au Bnin, sur prs de 110000 demandes de crdit immobilier formules, seulement 1000 demandes sont satisfaites soit un taux de satisfaction de 0,9%. L'investissement immobilier institutionnel est quasi inexistant, le secteur bancaire encore trop frileux et renaissant de ses cendres depuis 1990. A Cotonou, quand le btiment va... rien ne va ! 20(*). Le march immobilier, avec son clat actuel, devient un frein au dveloppement local alors qu'il pourrait tre au contraire un formidable levier. Ces dernires annes, la production immobilire officielle s'est rsume quelques oprations: la cit Vie Nouvelle, la cit Houyiho21(*), les immeubles de l'OBSS, les lotissements de la Francophonie.

Ce tableau peu glorieux est d la raret historique des crdits immobiliers. Les taux pratiqus par la dfunte BBD (Banque Bninoise de Dveloppement) taient si levs que peu de bninois pouvaient y avoir accs. La faillite du secteur bancaire tatique, lie entre autres la mauvaise gestion, aux prts de complaisance etc.., n'a non plus permis le dveloppement des emprunts immobiliers. Suite une douloureuse restructuration du secteur bancaire, entame en 1990, de timides initiatives se mettent en place : l'Eco Bank a cr un systme d'pargne logement, suivie de la Bank of Africa, de la Financial Bank et de la Continental Bank, pour ne citer que celles qui affichent une stratgie claire en

faveur de l'immobilier destin aux particuliers. Mais les conditions d'ligibilit aux prts sont encore draconiennes (de lourdes garanties sont exiges par exemple). De fait, l'essentiel de la production immobilire est encore ralis grce l'autofinancement.

Au Burkina, le taux de satisfaction de demande de crdit immobilier est de 1,73%; au Sngal, il est estim 2,28%. La Cte d'Ivoire (2,4%) et le Mali (3,82%), sont les pays de l'union qui prsentent un fort taux d'octroi des crdits immobiliers. En effet, le Mali, dans sa politique de logement, a cr l'office malien de l'habitat et des cadres institutionnels, juridiques et financiers pour favoriser l'accessibilit des maliens la proprit immobilire. C'est alors qu'il a t cr en collaboration avec le Canada, le Fonds de Garantie Hypothcaire du Mali ( FGHM), qui en 4 annes d'existence, a dj procd l'mission de plus de 11 milliards d'engagements cumuls22(*). C'est un fonds agr par la BCEAO en septembre 2000 dont la mission consiste appuyer les banques et autres tablissements financiers de leurs activits de crdit hypothcaire.

Le manque ou l'insuffisance de politiques de financement du logement ne peut rester sans consquences sur le prix de l'immobilier dans les pays de l'union.

2-2-2 Le prix de l'immobilier en zone Umoa

Le prix de l'immobilier, l'instar du reste du monde, a connu une hausse rapide en Afrique de l'Ouest. En moins d'une dcennie, le prix du logement s'est accru de prs de 25% dans toute la zone Umoa mais un rythme moins acclr qu'en zone euro (environ 65%) et aux Etats-Unis d'Amrique o le prix de l'immobilier a plus que doubl ( graphique n5).

Source: Nos propres investigations, juin 200823(*)

Si au niveau Umoa et en zone euro, l'volution du prix du logement est en constante progression voire croissante entre 2000 et 2008, force est de constacter qu'aux Etats-Unis, le prix du logement , ayant connu des annes de gloire, baisse au dbut de l'anne 2007 pour s'tablir en mars 2008 un HIP=225. Ceci s'explique par les effets de la crise des subprimes survenue la suite de l'insolvabilit des emprunteurs due la dprciation du prix de l'immobilier.

Dans la zone Umoa, plusieurs disparits sont noter au niveau du prix de l'immobilier dans chaque pays membres.

S'il y a un secteur de l'conomie o les prix sont en constante hausse, c'est bien celui de l'immobilier. Sur toute l'tendue de la rgion de Dakar, la valeur de la pierre s'est accrue en raison d'une demande qui dpasse de trs loin l'offre. Une tendance dfavorable aux consommateurs puisqu'elle joue sur l'indice des prix affichs sur le march de l'immobilier et entrane surtout la spculation foncire. Et les derniers chiffres des professionnels du secteur confirment la majoration du prix du mtre carr Dakar en nette progression par rapport aux annes prcdentes. La rarfaction de l'offre est l'origine de la hausse et la banlieue n'est pas en reste puisqu'elle n'est pas pargne par cette fivre de la pierre.

La demande immobilire n'a cess de grimper ces dernires annes, alimente par une croissance dmographique exceptionnelle. En effet, tendue sur une superficie de 550 km2, pour une population de prs de deux millions d'habitants, Dakar demeure la rgion qui absorbe plus d'investissements dans le domaine de l'immobilier. Les chantiers sont certes sur une pente ascendante puisque ce sont 1700 permis de construire qui ont t dlivrs par le service rgional de l'Urbanisme au cours de l'anne 2003-200424(*). Mais, les professionnels sont unanimes reconnatre la faiblesse de l'offre. Ainsi, le march de l'immobilier, maintenu sous pression de la demande, reste dynamique, en raison de la persistance de la pnurie de l'offre. Selon M. Thierno Kne de l'office notarial Moustapha Ndiaye et Ada25(*) , notaires associs, le march de l'immobilier est florissant au regard des transactions qui se font une vitesse d'autant plus vertigineuse que les Sngalais investissent beaucoup dans la pierre . Ce qui explique la flambe des prix, dit-il, c'est que Dakar est dans une position spciale du fait que c'est une presqu'le. Et il est reconnu, ajoute M. Kne, partout dans le monde, que chaque fois qu'on est dans cette position gographique ou dans une le, les prix ont tendance monter cause du manque d'espace. Cette situation est cause par l'xigut de la capitale, ce qui fait que l'offre ne peut tre satisfaite, car chacun veut avoir une maison dans la capitale, y compris les Sngalais de l'extrieur , renchrit Dib Daou Guye de l'agence immobilire Marega.

Si le mtre carr s'achte au Plateau( l'un des quartiers urbains de Dakar) entre 400.000 et 500.000 FCfa dans l'ancien, le neuf cote entre 800.000 et 1.100.000 FCfa. Il se vend par contre aux Almadies entre 100.000 et 120.000 FCfa, au point E entre 90.000 et 100.000 FCfa, la Libert 6 et dans le secteur de la Voie de dgagement Nord (Vdn) entre 70.000 et 80.000 Fcfa. Donc, si par exemple un acqureur veut payer un terrain de 15 m sur 15 qui mesure en ralit 300 mtres carrs au centre ville, il devrait dbourser entre 120.000.000 et 150.000.000 millions de FCfa dans l'ancien et entre 240.000.000 et 330.000.000 millions de Fcfa dans le neuf. La banlieue n'est pas pargne par cette tension des prix. Ces quartiers qui taient, autrefois, honnis et mpriss par les consommateurs parce que considrs comme excentrs par rapport au centre ville connaissent aujourd'hui une hausse phnomnale des prix qui djoue tous les pronostics. Et banalement, les parcelles qui taient vendues moins d'un million cinq cent mille francs Cfa, il y a quelques annes, ont pratiquement atteint des proportions historiques de l'ordre de 7 15 millions de Fcfa.

Contrairement au Sngal, Bamako, le mtre carr dans les zones urbaines est estim 33.500F CFA ( ACI - AIS -mars 2006). la priphrie de Cotonou, le foncier a longtemps t majoritairement dtenu par les ruraux (chefs de villages, chefs coutumiers, chefs de famille...). Mais la multiplication des transactions dans les annes 1980 a peu peu transfr cette proprit aux citadins. Depuis, les mutations s'effectuent majoritairement entre citadins, par un processus de revente des biens acquis quelques annes plus tt. Cette volution s'est rpercute sur la taille des parcelles vendues, en forte diminution, alors que les prix au m2 observent la tendance inverse. Cotonou, le prix du terrain btir dpend de plusieurs facteurs: la plus ou moins grande proximit des quartiers centraux; la relative raret des terrains constructibles ; la prsence ou non en zone inondable ; l'accessibilit du site, notamment en saison pluvieuse ; l'urgence des besoins du vendeur26(*)... Ainsi, le prix au mtre carr varie entre 3.000 et 30.000 F CFA. Au fil des annes, cette valeur a considrablement volu. A la priphrie de Cotonou, une parcelle de 600 m2 vendue 150. 000 F CFA en 1974, vaut aujourd'hui 15.000.000 F CFA. Dans certains quartiers centraux ou ceux du pricentre ais, la progression est encore plus spectaculaire : de 10.00000 25.000.000 F CFA sur la mme priode. Dans certains quartiers de Cotonu comme Saint-Michel, Cadjehoun ou Gbgamey, le prix des terrains btir oscille entre 10 et 16 millions de F CFA. C'est donc en priphrie nord que les classes sociales modestes doivent reporter leur choix. Or, il faut compter en moyenne entre 3 et 5 millions de F CFA pour l'acquisition d'un terrain constructible Godomey et calavi, rapport au salaire minimum (27150 F CFA)27(*), il apparat que cet espace est encore inaccessible une large majorit de Cotonois. La solution revient donc convoiter des zones priurbaines non loties. Ici, la rgularisation du parcellaire, travers les procdures de lotissement inities par l'tat, entrane un renchrissement de 5 7 fois la valeur des terrains. Certains propritaires modestes sont alors tents par la revente de leur bien. Pour les autres, l'acquisition d'un terrain btir n'est plus envisageable qu'au-del de cette premire couronne priurbaine, dans des espaces no-ruraux (Akassato Sm-Pkodji...). On assiste donc une substitution quasi constante de la population, avec un rejet de plus en plus important des couches sociales modestes au-del des limites de la cit28(*). Le prix du foncier joue un rle de filtre social, aux mailles si fines qu'il conduit une stratification socio-spatiale importante : les types d'habitats Cotonou ne sont que l'expression de cette forte sgrgation.

Au Burkina, le gouvernement corrige cet tat de choses en initiant le programme 10.000 logements. Il consiste faciliter l'accs aux populations faibles revenus la proprit immobilire. Mais ce programme ne concerne que les salaris du public et du priv.

Le prix de l'immobilier dans la zone Umoa, ne cesse d'augmenter en dpit de la crise des subprimes qui a secou le march financier aux Etats-Unis et en Europe. Peut on donc affirmer que cette crise touche aussi le march rgional des valeurs mobilires de l'Afrique de l'Ouest?

Dans la partie suivre, nous essayerons d'analyser les consquences de la crise des subprimes sur ce march.

2-3-Manifestation de la crise en Afrique de l'ouest

La consommation des mnages de la zone Umoa prsente un aspect contrast. Le graphique n6 ciaprs traduit la proportion des dpenses des mnages notamment celles alimentaires dans leur budget entre janvier 2007 et janvier 2008.

A revenus constants et quantits de biens consomms constantes voire infrieures, les mnages des pays membres de l'Umoa consacrent de plus en plus une grante partie de leur revenu la consommation des biens alimentaires. Ceci s'explique par l'envole des prix des produits alimentaires observe la suite de la crise des subprimes.

Au Bnin par exemple, malgr les dispositions prises par le gouvernement, les prix ne cessent de grimper chaque jour. Le mnage bninois consacre en janvier 2008, 60% de son budget aux dpenses alimentaires contre 35% il y a un an. Quant au mnange burkinab, il dpense en janvier 2008 70% contre 30%. Les dpenses alimentaires y occupent une grande proportion. La Cte d'Ivoire et le Sngal demeurent les pays de l'union o la vie est trs chre. Mais cette chret de la vie n'pargne aucun pays. Des manifestations, contre la vie chre, s'observent partout dans la zone Umoa.

Graphique n6: Dpenses alimentaires des mnages Umoa dans le Budget

Source: Nos propres investigations partir des donnes de la commission de l'Umoa, juin 2008

La hausse des prix des produits alimentaires est due selon certains spcialites la crise des subprimes et selon d'autres, la production des biocarburants. En effet, le krach financier qui a clat durant le courant de l't 2007 a conduit bon nombre de gros oprateurs boursiers jeter leur dvolu sur de nouveaux produits pour tenter de se refaire une sant la hauteur des formidables plus-values ralises pendant des annes en misant sur l'immobilier tats-unien et ses drivs titriss (transformation des traites des petits accdants la proprit en titres boursiers changeables). L'clatement de la bulle financire accumule dans ce secteur dbouche sur la recherche frntique de valeurs capables de rapporter trs vite, au moins aussi gros, pour pouvoir se renflouer. C'est ainsi que les regains de tensions sur la demande de matires premires devraient dboucher au pire sur des hausses de cours de 10% 20%, souligne l'conomiste tats-unien Richard Smith. Or, en un an, le prix du riz a tripl, celui du mas a augment de presque 200%, le bl de plus de 50% et le baril de brut de plus de 90% (pour une demande d'or noir, soit dit au passage, qui n'a cr, elle, que de 1,5% sur la priode). Il s'est ainsi form de vritables bulles spculatives sur le ptrole et d'autres produits de base. Une rcente enqute, ralise la demande de parlementaires tats-uniens, montre que

plus de 71% des changes sur le march terme du ptrole de New York (le Nymex) sont d'origine spculative.

Les grandes banques centrales, loin de dissuader la spculation, l'ont au contraire encourage. Ce sont elles qui ont fourni aux oprateurs les moyens de se refaire sur les matires premires afin d'ponger bon compte les pertes issues de l'immobilier en crise. Pour sauver les principaux acteurs du systme et en particulier les plus gros tablissements bancaires, impliqus fond dans les subprimes, la Rserve fdrale des tats-Unis et la Banque centrale europenne (BCE) ont en effet inject, depuis aot 2007, plus de 1000 milliards de dollars de liquidits sur les marchs.

La consommation des mnages, socle de la croissance tant donc srieusement affecte, les entreprises tournent au ralenti car n'arrivent plus couler les biens et services produits pour raliser de nouveaux investissement. 3- CONSQUENCES DES SUBPRIMES SUR LA BOURSE RGIONALE DES VALEURS MOBILIRES

L'on ne peut mieux apprhender les consquences des subprimes sur la bourse rgionale des valeurs mobilires en Afrique de l'Ouest, sans s'intresser au march financier de l'Umoa, son mode organisationnel et ses mcanismes de fonctionnement.

3-1 Analyse et fonctionnement du march financier de l'Umoa

3-1-1 Organisation du march financier

Institu en 1996 par la convention portant cration du conseil rgional de l'pargne publique et des marchs financiers , le march rgional financier de l'Umoa, est un march rglment, continu et dirig par les ordres d'achat et de vente de titres. Premier du genre au monde, ce march rgional est un march que partage les huit Etats membres de l'union. C'est un march bien structur et organis.

En effet, le march financier de l'Umoa est compose du Conseil Rgional de l'pargne publique et des marchs financiers (CREPMF)29(*) qui est une autorit de march pour la rglementation. Il a en ce sens, pour rles de contrler les diffrents acteurs du march, les agre travers des cartes professionnelles et protge ceux qui vont sur ce march. Ses modes d'intervention sont galement des contrles priodiques dans les socits de gestion et d'intermdiation (SGI) pour vrifier si les oprations sont bien faites.

La bourse rgionale des valeurs mobilires est galement l'une des composantes du march financier de l'Umoa. C'est un organe cl du march qui s'occupe essentiellement de la cotation des titres sur le march; c'est une entreprise de march qui assure la confrontation des ordres. Elle s'occupe aussi de la promotion de la bourse dans les Etats de la sous-rgion. Cela se fait par les antennes nationales de la bourse dans les pays membres de l'Umoa et par la publication du bulletin officiel des cours de bourse.

Le troisime organe du march est le dpositaire central/ banque de rglement (DC/BR). C'est une banque qui garantit le rglement de l'ensemble des transactions. En effet, situ dans les mmes locaux que la bourse, le dpositaire central/banque de rglement s'occupe de la compensation des titres sur le march.

En termes simples, c'est notre banque centrale lorsque nous achetons en tant que socits de gestion et d'intermdiation et il permet le rglement des transactions et la livraison des titres. Seules les socits de gestion et d'intermdiation ont le monopole de la ngociation des valeurs et la tenue des comptes titres. Le schma n1 ci-dessus explique trs bien l'organisation de ce march financier.

La deuxime composante majeure du march des capitaux est le March Financier subdivis en un march primaire et d'un march secondaire. Les marchs secondaires sont soit libres, et on parle alors de Gr gr ou de Other The Counter - OTC, soit organis et l intervient l'outil majeur qu'est la Bourse des Valeurs Mobilires.

On appelle March Primaire la phase correspondant la cration de titres et leur vente de premire main par l'Emetteur aux Investisseurs tandis que la notion de march secondaire renvoie l'ide d'une revente d'occasion ou de seconde main . Le financement via le march primaire se fait soit par appel public l'pargne, soit par emprunt priv. Il est constitu de titres placer directement auprs d'investisseurs en contrepartie de l'encaisse de fonds destins renflouer la trsorerie de l'metteur et en respect des rgles d'mission et de placement dfinies par l'Autorit de Tutelle du March Financier au sein de la Zone Umoa.

Le March Secondaire quant lui, correspond la ngociation entre investisseurs de titres dj mis et placs sur le march primaire. Les flux de trsorerie en circulation sur le march secondaire ne concernent en rien l'metteur de la valeur sauf cas exceptionnels:

- Lorsque l'metteur assure la contrepartie d'une offre ou d'une demande de ses propres titres sur le march (par exemple en cas d'intervention d'animation du titre ou de rgulation du cours du titre);

- Lorsque le placement primaire d'une mission se fait directement par enregistrement des souscriptions correspondant aux ordres d'achats l'occasion d'une sance de bourse, le cours de la valeur ainsi introduite est tabli la clture aprs confrontation du prix d'mission (faisant office de cours de rfrence) et des offres d'achat retenues aux fixing; Ce cas exceptionnel sur le jeune march Ouest Africain s'est observ au moment de l'augmentation de capital de SHELL Cte d'Ivoire en 2000.

- Lorsque que le march s'organise en gr gr les prix des transactions sont fixs de commun accord des parties l'change sans contrle par une autorit quelconque mme si la conservation des titres peut tre exclusivement confie un organisme central comme c'est le cas sur le March Financier rgional de l'Umoa o le Dpositaire Central/Banque de Rglement joue ce rle.

- Lorsque le March est administr alors on parle de Bourse des Valeurs qui dispose de conditions spcifiques d'introduction la cote, de ngociation, d'animation et d'informations relatives auxdits titres cots. La Bourse Rgionale des Valeurs Mobilires de l'Afrique de l'Ouest (BRVM) offre un march des actions et un march des obligations distinct dans lesquels les titres sont rpartis en compartiments en fonction de critres qualitatifs et qantitatifs.

3-1-2 La BRVM et son fonctionnement.

Cre en septembre 1998, la Bourse Rgionale des Valeurs Mobilires (BRVM) est une socit anonyme disposant d'un capital de 2.904.300.000 francs CFA. C'est une bourse entirement lectronique. Le Site Central, situ Abidjan, assure les services de cotation, de ngociation ainsi que les services de rglements/livraison de titres. A partir des postes de travail installs dans leurs locaux ou de ceux situs dans les Antennes Nationales de Bourse des pays de l'Union , les agents des Socits de Gestion et d'Intermdiation (SGI) peuvent soit saisir les ordres de bourse et les transmettre au Site Central via le rseau satellite, soit consulter et diter les rsultats de cotation, consulter les informations statistiques du march et du Dpositaire Central puis obtenir la diffusion des informations ( voir schma 2 ci-aprs).

Les principes retenus pour la mise en place du march boursier de la BRVM obissent la fois au souci de conformit aux standards internationaux et celui de son adaptabilit l'environnement socio-conomique de l'Umoa. L'galit quant l'accs l'information, au traitement des

investisseurs, au cot d'accs au rseau, quel que soit le lieu d'implantation de l'oprateur conomique forment les points cardinaux: - un march centralis dirig par les ordres, c'est--dire le cours d'une valeur, est dtermin par la confrontation des ordres d'achat et de vente collects avant la cotation;

- Trois sances hebdomadaires de bourse avec deux cotations au "fixing" (cours unique obtenu par confrontation des ordres d'achat et de vente). Les sances volueront rapidement vers une sance quotidienne pour atteindre des sances de cotation en continu; un march au comptant avec un dnouement glissant des transactions, qui permet aux oprateurs de connatre avec prcision la date laquelle ils devront faire face leurs engagements. Lors de son dmarrage, la BRVM a retenu un dnouement des transactions J+5 (jour de ngociation plus 5 jours ouvrs) qui doit voluer vers les prconisations internationales en la matire, soit un dnouement J+3;

- Des transactions garanties, grce la mise en place d'un Fonds de Garantie du March aliment par les SGI pour pallier une ventuelle dfaillance; la conservation et la centralisation des titres par un Dpositaire Central/Banque de Rglement et leur circulation exclusive sous une forme dmatrialise.

Schma n2: Mcanisme de fonctionnement de la BRVM

Client acheteur

Client vendeur

SGI

SGI

BRVM Site central

ANB

ANB

Source: Nos propres investigations, juillet 2008

La Bourse Rgionale des valeurs Mobilires dispose, pour le dmarrage de ses activits, de deux compartiments pour les actions et d'un compartiment unique pour les emprunts obligataires.

Pour tre admise au Premier Compartiment, la socit doit rpondre aux conditions suivantes30(*):

- Prsenter une capitalisation boursire gale ou suprieure 500 millions de francs CFA;

- Avoir une marge nette sur chiffre d'affaires sur chacune des trois dernires annes de 3% ;

- prsenter 5 annes de comptes certifis;

- s'engager signer un contrat d'animation de march;

- diffuser dans le public au moins 20% de son capital, ds l'introduction en bourse;

- s'engager publier les estimations semestrielles de chiffre d'affaires et les tendances de rsultats;

Au Second Compartiment, l'admission de la socit est soumise aux conditions suivantes:

- prsenter une capitalisation boursire gale ou suprieure 200 millions de francs CFA;

- prsenter deux annes de comptes certifis; - s'engager signer un contrat d'animation de march;s'engager diffuser dans le public au moins 20% de son capital dans un dlai de deux ans, ou 15% en cas d'introduction par augmentation de capital.

Le compartiment obligataire (titres de crance) est accessible aux emprunts obligataires dont le nombre total de titres l'mission est suprieur 25.000, et reprsentant un montant nominal au moins gal 500.000.000 francs CFA.

L'admission la Bourse est l'ultime maillon de la chane de financement pour les entreprises. Elle constitue une dcision stratgique long terme qui ncessitant une bonne prparation. L'inscription d'une socit la cote de la Bourse Rgionale des Valeurs Mobilires (BRVM) est subordonne la satisfaction des conditions suivantes:

- tre constitue sous la forme de socit anonyme ;

- l'engagement crit de l'metteur de diffuser les informations requises par la Bourse, notamment la publication des comptes annuels au Bulletin Officiel de la Cote et de participer l'organisation du march ;

- l'engagement crit de l'metteur de se soumettre la rglementation de la BRVM.

Pour demander son inscription la cote de la BRVM, la socit candidate doit mandater une Socit de Gestion et d'Intermdiation (SGI) qui l'assistera et la conseillera. Une fois le dossier de demande complet reu, La Bourse Rgionale dcide de l'admission de la socit, et transmet une copie du dossier au Conseil Rgional de l'Epargne Publique et des Marchs Financiers pour l'avis requis. La socit cote a entre autres: - la gestion de l'encadrement rglementaire et des relations avec les investisseurs,

- l'organisation des assembles annuelles des actionnaires, etc.;

- l'information la Bourse et au public de tout fait nouveau ou modification susceptible d'influer de manire significative sur le cours de ses titres.

Aujourd'hui, on dnombre 38 socits de l'Union cotes la BRVM. La Cte d'Ivoire dtient la grande partie de ces socits. Afin de mieux dfendre leurs intrts, ces socits se sont constitues en association (le club des socits cotes en bourse) pour exiger l'assouplissement de certaines de

leurs conditions d'exercice telles que l'allgement de la fiscalit des entrprises cotes la bourse au regard du rle cl qu'elles jouent sur le march. Les deux indices boursiers de la Bourse Rgionale des Valeurs Mobilires reprsentent l'activit des titres du march des actions:

- le BRVM Composite, constitu de toutes les valeurs admises la cote;

- le BRVM 10, compos des dix socits les plus actives du March.

La formulation et les critres de slection du BRVM Composite et du BRVM 10 s'inspirent des principaux indices boursiers du monde, tout particulirement de l'indice FCG, de l'International Financial Corporation, socit affilie la Banque mondiale. La formule des indices tient compte de la capitalisation boursire, du volume de transactions par sance et la frquence des transactions. En outre, seules les actions ordinaires sont retenues pour le calcul des indices.

Par ailleurs, la notion de liquidit occupe une place fondamentale dans la slection des valeurs composant l'indice BRVM 10. En effet pour chacune d'entre elles ; le montant quotidien moyen des transactions au cours des trois mois prcdant la revue trimestrielle ne doit pas tre infrieur la mdiane des montants quotidiens moyens des transactions de l'ensemble des titres; la frquence des transactions doit tre toujours suprieure 50% et le titre doit transiger au moins une fois sur deux, durant la priode d'tude de trois mois31(*).

Les indices sont automatiquement gnrs par le systme de ngociation de la BRVM et diffuss aprs chaque sance de ngociation.

Par ailleurs, le BRVM 10 est rvis quatre fois par anne (le premier lundi de janvier, avril, juillet et octobre ) et le BRVM Composite aprs chaque nouvelle inscription la cote, de manire tre adapts l'volution du March Financier Rgional. La nouvelle composition BRVM 10 entre le 1er octobre 2007 et le 31 dcembre 2007 se prsente comme suit:

Tableau n4: Composition de l'indice BRVM 10 au 31 dcembre 2007

Nouvelle composition BRVM 10

Socits sortant de l'indice

Socits entrant dans l'indice

1- ECOBANK TRANS-INCORP (ETIT)

2- SONATEL SN (SNTS)

3- SAPH CI (SPHC)

4- PALM CI (PALC)

5- SOGB CI (SOGC)

6- FILTISAC CI (FTSC)

7- CIE CI (CIEC)

8- BICI CI (BICC)

9- SIVOA CI (SIVC)

10- SITAB CI (STBC)

- BOA BENIN (BOAB)

- SHEL CI (SHEC)

- SIVOA CI (SIVC)

- SITAB CI (STBC)

Source: Lettre mensuelle de CGF Bourse n 97, octobre 2007

Quels sont les effets de la crise des subprimes qui secou la plupart des places boursires mondiales sur l'volution des indices de la BRVM?

3-2 Les effets de la crise des subprimes sur la BRVM de l'Umoa

L'apprciation des effets de la crise des subprimes qui a contamin la plupart des places boursires mondiales s'explique par l'volution des indices boursiers. Ainsi, pour mieux analyser les effets des subprimes sur la BRVM, nous nous intresserons l'volution des indices observs sur ce march boursier en 2007 travers un bilan boursier.

3-2-1 Le bilan boursier

Il s'agit d'tudier dans cette section, le comportement du march secondaire, d'analyser de faon globale le march par secteur afin de faire ressortir les faits marquants de l'exercice boursier 2007.

3-2-1-1 Comportement du march secondaire

La Bourse Rgionale des valeurs Mobilires affiche la fin de l'anne 2007 une forte hausse par rapport l'anne 2006. En effet, la capitalisation boursire de l'ensemble des valeurs cotes s'lve FCFA 3726 milliards au 31 dcembre 2007 contre FCFA 2067 milliards au 29 dcembre 2006; soit une hausse de prs de 80,26%. La capitalisation des valeurs constituant l'indice BRVM 10 s'affiche FCFA 2893 milliards en 2007 contre FCFA 1626 milliards il y a un an en arrire. Cette embellie de la BRVM est possible grce aux importantes plus-values ralises par l'essentiel des titres de capitalisation dont notamment, le PH CI (+347,63%), SIVOM CI (+300%), PALM CI (+240%), UNILEVER CI ( +227,97%) et, SICABLE CI (+200%).

L'anne 2007 a t la BRVM, l'anne o, le volume d'changes est le plus important depuis la cration de cette bourse rgionale. Le volume des changes a t multipli par cinq pour un total de 9,79 millions de titres ngocis contre un volume de 2,12 millions de titres en 2006. Cette forte activit est due notamment aux importants volumes de transaction observs dans les secteurs Finance (principalement sur le titre ETIT) et Agriculture ( PALM CI et SAPH CI). La valeur des transactions, renforce par l'action SONATEL SN, reflte ce dynamisme et s'affiche, au terme de l'anne 2007, FCFA 73,72 milliards contre FCFA 53,23 milliards en fin 2006; soit une progression de 38,49% ( cf annexe 2).

Les indices boursiers ont suivi l'volution du march et ont affich , en fin 2007, des valeurs jamais atteintes par la BRVM depuis sa cration. En effet, les indices BRVM composite et BRVM 10 ont termin respectivement en hausse de 77,05% et 71,71%, 199,45 et 224,85 points alors que sur la plupart des places boursires du monde ( Europe, Etats-Unis, Asie), les principaux indices voluent la baisse suite la crise des subprimes. Cette tendance la hausse des indices principaux de la BRVM en dpit de leur variation la baisse au 3me trimestre de l'anne 2007 (voir figure n7), se poursuit juqu'au 2me trimestre 2008 o, le 3 juin 2008, le BRVM 10 affiche 285,5 points et le BRVM composite prsente un indice de 282,03 points. Cette forte embellie de l'volution des indices de la BRVM rsulte de l'environnement rgional apais, notamment du retour de la paix en Cte d'Ivoire.

Source: Nos propres investigations partir des donnes de la BRVM, juillet 2008

Au dbut de l'anne 2007, les indices BRVM 10 et BRVM composite affichaient respectivement 131,03 et 112,7 points avant d'atteindre en septembre 2007 leur niveau le plus lev pour une valeur respective de 222,64 et 197 points. Alors que la plupart des indices des places boursires europennes, amricaines et asiatiques s'effondrent, la tendance est la hausse la BRVM. Selon M. Macalou32(*), directeur par itrim de la SGI Mali, mathmatiquement, il n'y a pas de rapport de corrlation entre nos marchs financiers . En effet, le volume des changes commerciaux entre le continent africain et le reste du monde est si marginal que difficilement l'on puisse tablir de passerelle entre les deux phnomnes. Les places boursires amricaines, europennes et asiatiques sont interconnectes, parce que ce sont les mmes entreprises (les multinationales) qui oprent sur ces diffrents marchs financiers, qui sont organiss de telle manire que ces entreprises peuvent

tre cotes sur chacune de ces places boursires: c'est la multiple cotation. L'avantage est de permettre ces multinationales d'accder facilement la liquidit et tout moment, en vendant des titres la bourse. L'Afrique participe moins ce flux. La plupart des entreprises multinationales oprant dans les pays africains sont cotes ailleurs; donc a priori, il n'y a pas de relation de cause effet entre l' conomie ouest africaine et la situation actuelle de la crise des subprimes, encore moins une consquence directe sur les pays de l'Umoa. Cependant les pays africains peuvent tre concerns autrement. La plupart des pays du continent entretiennent des relations partenariales avec les anciennes mtropoles. Notre monnaie, "le Franc FCFA", est adosse l'Euro, qui a le vent en poupe en ce moment tandis que le Dollar chute. La fluctuation des taux de change entre l'Euro et le Dollar peut affecter la stabilit du CFA , a expliqu Dieri Baucoum33(*), reprsentant de la BRVM au Mali. Un autre aspect, non moins important, est la connexion entre les marchs des pays mergents (la Chine, l'Inde et le Brsil) et celui des tats -Unis, qui constitue le principal dbouch pour les produits manufacturs de ces pays. L'essentiel des produits chinois sont vendus aux Etats-Unis, selon les spcialistes du commerce mondial. Or avec la crise du subprime, la consommation des mnages aux Etats -Unis a baiss, ce qui a influ sur le volume des exportations chinoises. La productivit chinoise en prend un srieux coup. Cependant autant le march amricain constitue un El dorado pour les industriels chinois, autant celui de la Chine l'est pour le coton ouest africain. La Chine tant le principal client de l'Afrique, les spcialistes de la question esprent un rapide retour la normale au bnfice de l'conomie mondiale.

Le march des obligations quant lui, enregistre un volume annuel de transaction de 1,02 millions de titres pour une valeur globale de FCFA 10,16 milliards, soit une progression de 59,38% en volume et de 58,75% en valeur par rapport l'exercice 2006. Le march est dop par les volumes d'changes raliss sur les lignes BOAD 5% 2005-2013 , SHELTER AFRIQUE 6,25% 2003-2012, CAA BENIN 6% 2007-2012 , et la cotation de cinq nouvelles lignes.

Comment voluent les diffrents indices sectoriels de la BRVM?

3-2-2 Les indices sectoriels de la BRVM

Plusieurs secteurs composent le march de la BRVM. On distingue entre autres, les secteurs de la finance, du transport, l'agriculture, les services publics, l'industrie, et la distribution.

Au cours de l'anne 2007, le secteur finances reste le secteur le plus dynamique de la BRVM avec 8012353 titres ngocis; soit 81,87% du volume global des transactions du march. C'est en ralit l'action ETIT ( Ecobank Transnational Incorpored ) qui a dop la performance de ce secteur. En effet, il a t chang en 2007, 7828559 titres de cette action ; ce qui reprsente en moyenne 97,71% du

volume sectoriel annuel. Malgr ce dynamisme, le secteur Finances ne reprsente que 12,90% (9,51 milliards de Fcfa) de la valeur globale des changes annuels du march et, en avril 2008, il est de 28,55%. En effet, le secteur est affect par la faiblesse du cours de l'action ETIT qui termine l'anne 2007 510 Fcfa, enregistrant la plus forte baisse annuelle du march, soit -35,85%. Malgr le fractionnement opr, en fvrier 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, selon un nouveau cours de rfrence de 370 Fcfa, le cours de l'action ETI a suivi, aprs une brve monte, une tendance la baisse pendant toute l'anne 2007, avec une volution en dents de scie. BICI CI et SGB CI enregistrent des plus values annuelles de 50,56%, 30 000 Fcfa et 38%, 27 600 Fcfa, respectivement. Par contre, leurs volumes d'changes respectifs ne reprsentent que 0,8% et 1,16% des transactions sectorielles. SAFCA CI offre le rendement le plus lev du secteur 9,47% (3,39% en 2006) avec un PER de 7,49 (7,27 en 2006) et a vers, pour le compte de l'exercice 2006, un dividende net de 2 256 Fcfa par action (voir annexe 2).

Le secteur Agriculture a connu, en 2007, un regain d'activits et a enregistr 1229803 titres changs, soit 13,28% du volume annuel du march. le secteur est principalement tir par le titre PALM CI qui totalise 1 135 872 actions transiges, soit 87,39% du volume sectoriel annuel. Son cours affiche une forte plus value de 240%, 10 200 Fcfa. Le secteur enregistre galement la plus forte hausse annuelle du march travers le titre PH CI, soit 347,63%, 8 505 Fcfa mais le titre ne ralise que 0,34% du volume sectoriel. SOGB CI et SAPH CI gagnent, respectivement, 143,33%, 29 200 Fcfa et 115,38%, 28 000 Fcfa. Aprs un dbut d'anne timide, le secteur Agriculture a bnfici, la fin du 1er semestre 2007, des effets d'annonce de versement de dividendes (SOGB CI et SAPH CI) mais galement des oprations de capital ralises (absorption de SAIBE par SAPH CI). En avril 2008, ce secteur confirme son dynamisme et prsente 133525 titres transigs. SAPH CI a t au cours de ce mois, le titre le plus actif avec 120691 actions changes soit 90,39% du volume sectoriel. PALM CI quant lui, enregistre au cours du mois d'avril 2008, la plus value la plus importante du secteur ( 25%), 20.000Fcfa. Le plan de restructuration et de doublement de capacit dnomm plan palmier mis en route par PALM CI depuis mars 2008 a renforc considrablement la confiance des investisseurs quant au potentiel de rendement de ce titre dans un environnement politicoconomique devenu plus stable.

Le secteur Services publics , port principalement par l'action SONATEL SN, affiche 335 663 titres transigs, soit 3,43% des changes annuels du march. 94,53% des transactions du secteur (317 318 titres) ont port sur la valeur SONATEL SN dont le cours a termin l'anne 2007 en hausse de 92,31%, 175 000 Fcfa. Du fait de la forte pousse de l'action SONATEL SN, le secteur reprsente 59,56% de la valeur totale des transactions annuelles du march. SODE CI et CIE CI, les deux autres composantes du secteur, ont ralis des gains intressants de 60,48%, 9 950 Fcfa et 42,11%, 13 500 Fcfa, respectivement.

Le secteur Industrie prsente 113 455 titres ngocis, soit 1,16% du volume total des changes comme le montre le graphigue n8 ci-aprs:

Source: Nos propres investigations partir des donnes de la BRVM, juillet 2008

FILTISAC CI a t le titre le plus actif totalisant 36 659 actions transiges, soit 32,31% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'anne 2007 en hausse de 78,48%, 9 950 Fcfa avec un rendement de 4,24%. Le secteur affiche d'importantes plus values travers les titres UNILEVER CI, SICABLE CI et TRITURAF CI en hausse, respectivement, de 227,97%, 38 700 Fcfa, 200%, 24 000 Fcfa et 175%, 5 500 Fcfa. Le cours de UNILEVER CI a t tir par la nette amlioration des rsultats financiers affiche par la socit qui sont passs d'une perte de 10,6 milliards de Fcfa en 2005 un bnfice de 6,9 milliards de Fcfa en 2006, soit un redressement significatif de prs de 17 milliards de Fcfa. Les performances commerciales publies par SICABLE CI au 1er semestre 2007 (chiffre d'affaires en hausse de 68,3%, 4,57 milliards de Fcfa par rapport la mme priode en 2006) ont contribu rassurer les investisseurs. Concernant SOLIBRA CI, malgr le fractionnement opr sur la valeur en avril 2007, sur la base de deux titres nouveaux pour un titre ancien, avec un cours de rfrence de 117 500 Fcfa, le titre a cltur l'anne en hausse de 67,63%, 370 000 Fcfa, offrant ainsi un rendement de 16,23% (12,37% en 2006) pour un PER de 8,63 (7,79 en 2006). SOLIBRA CI a vers, pour l'exercice 2006, le dividende, de loin, le plus lev du march pour un montant de 45 000 Fcfa net par action. UNIWAX CI, par contre, perd 23,61%, 11 000 Fcfa. Cette tendance la baisse de cette action s'observe galement en avril 2008 o UNIWAX CI perd de nouveau 14,43%. Ceci s'explique par la concurrence dmesure des tissus chinois vendus bas prix sur les marchs des pays de l'Umoa.

Le secteur Distribution totalise 16 681 titres changs, soit 0,17% du volume des transactions annuelles. SHELL CI a t le titre le plus dynamique avec 5 028 actions changes, soit 30,14% du volume sectoriel annuel. Le titre termine l'anne 2007 en hausse globale de 46,19%, 15 000 Fcfa. Cette tendance se confirme en avril 2008. SHELL CI a vu son cours affich un gain de 50,17%, 24500fcfa. ABIDJAN CATERING, CFAO CI et BERNABE CI offrent en 2007, d'intressantes plus values de 150%, 5 000 Fcfa, 104,64%, 19 850 Fcfa et 103,87%, 20000 Fcfa, respectivement. De son ct, TOTAL CI gagnent 43,54%, 99 000 Fcfa.

Le secteur Transport enregistre un faible volume de 8 250 titres ngocis, soit 0,08% des changes annuelles. Cependant, SIVOM CI a enregistr la 2me plus importante hausse annuelle du march, soit 300%, 6 000 Fcfa. SDV-SAGA CI reprsente plus de la moiti (58,73%) des transactions annuelles du secteur et affiche une plus value de 63,23%, 47 500 Fcfa. Pour l'exercice 2006, SDVSAGA CI a vers un dividende net de 4 460 Fcfa et offre un rendement de 11,61% pour un PER de 17,1 (voir annexe 2). Notons que durant toute l'anne 2007, seules 80 actions SETAO CI ont t changes. Le titre cde 0,72%, 6 850 Fcfa.

3-3- Principales conclusions et implications en terme de politiques d'attnuation de la crise en Afrique de l'Ouest.

3-3-1 Analyses et vrification des hypothses

Hypothse /OS1

Cette hypothse suppose que '' le systme ouest africain, vritable hritage de la colonisation, s'est nettement rorganis ces dix dernires annes''.

Cette hypothse dans son apprhension, est scinde en deux sous-hypothses identifies comme suit:

- la politique des taux d'intrt pratique par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest, favorise l'expansion des activits de crdit dans la zone Umoa. Les mnages de la zone Umoa ont pour principales sources de financement, les banques commerciales auprs desquelles ils contractent des dettes un cot trs bas.

L'analyse du graphique n1 et celle du systme financier de l'Umoa nous rvle que pour un mnage ouest africain il lui faut dbourser en moyenne un peu plus de 6,25 Fcfa pour bnficier d'un crdit de 100Fcfa en 2004 alors qu'en Europe, le cot d'un crdit de 100 euros est, la mme anne lgrement au dessus de 2 euros. Le mnage amricain quant lui, dboursait peine 1 dollar Us pour 100 dollars Us. Ceci tmoigne de la facilit qu'ont les mnages amricains et europens accder plus aisment aux ressources ncessaires au financement de leurs besoins. Le taux d'intrt pratiqu par la bceao est de l'ordre de 6% en moyenne sur la priode allant de 2000 2007. En effet, les banques commerciales se refinancent auprs de la bceao, par la politique d'escompte, un taux moyen de 5,31%. Le refinancent par la mise en pension ncessite un taux moyen de 4,81%. Ces taux sont largement au dessus de ceux pratiqus dans la zone euro et aux Etats-Unis dont les banques centrales affichaient respectivement une moyenne de 2,96% et 2,03% sur toute la priode. De plus, le graphique n4 illustre trs bien combien de mnages ouest africains bnficient des crdits des banques commerciales de l'Umoa pour financer leurs logements. Malgr les dispositions prises par l'organe dirigeant de l'Umoa pour favoriser la promotion de l'ac