crise dei - comité 21 · est un ciment qui donne une cohérence à ces « briques »...

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17 CHEMIN DU PETIT BOIS 69130 ECULLY - 04 72 18 09 18 MAI 07 Bimestriel Surface approx. (cm²) : 3939 Page 1/9 COMITE2 9320701100504/CHP/MPR Eléments de recherche : COMITE 21 ou COMITE FRANCAIS POUR L'ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE : organisme de protection de l'environnement, toutes citations ••^^•^•••••••^^•i Crise de Ilya encore quèlques mois, c'était le sujet à la mode. En une véritable logorrhée, les entreprises n'avaient de cesse de communiquer sur le développement durable (DD) - souvent dans le but de dissimuler l'insuffisance de leurs actions. Alors qu'en réplique à ces tromperies, les apôtres de la décroissance faisaient entendre leur voix, sécrétant une douce cacophonie propre à enliser le concept de développe- ment durable. Les deux logiques achoppaient, et « durable » passait pour antinomique de « rentable ». Le fameux « DD » souffrait de crise de croissance. Aujourd'hui un nouveau dis- cours fait espérer un sursaut: de nombreuses entreprises affirment se « servir » du développement durable pour amé- liorer leur rentabilité. Discours illusoire, ou argument réel, susceptible d'apporter un second souffle? Dossier réalise par Julie DRUGUET

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Eléments de recherche : COMITE 21 ou COMITE FRANCAIS POUR L'ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE : organisme deprotection de l'environnement, toutes citations

••̂ •̂̂ •••••••̂ •̂i

Crise deIlya encore quèlques mois, c'était le sujet à la mode. En unevéritable logorrhée, les entreprises n'avaient de cesse decommuniquer sur le développement durable (DD) - souventdans le but de dissimuler l'insuffisance de leurs actions.Alors qu'en réplique à ces tromperies, les apôtres de ladécroissance faisaient entendre leur voix, sécrétant unedouce cacophonie propre à enliser le concept de développe-ment durable. Les deux logiques achoppaient, et « durable »passait pour antinomique de « rentable ». Le fameux « DD »souffrait de crise de croissance. Aujourd'hui un nouveau dis-cours fait espérer un sursaut: de nombreuses entreprisesaffirment se « servir » du développement durable pour amé-liorer leur rentabilité. Discours illusoire, ou argument réel,susceptible d'apporter un second souffle?

Dossier réalise par Julie DRUGUET

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e développement (tiimlfle, rc ifest que du mi'i-hetir! ». Cette exclamation n'émane pas d'unmilitant prêt à défendre bec et ongles sa

noble cause, mais bien d'un... haut dirigeantd'entreprise! Et Patrick Widloecher, directeur dudéveloppement durable dn groupe La Poste, deprévenir: « Nous nc sommes plis dans imc logiquehumaniste, le développement durable constitue unlevier pour améliorer notre efficacite économique ».Etonnant discours que celui prôné depuisquèlques temps par certaines entreprises. Alorsqu'à l'aube des années 2000, Ic concept nébuleuxcle développement durable écartelait le top mana-gement entre convictions environnementale etsociale, et rentabilité, il semble aujourd'hui avoirréconcilié les entreprises avec leurs consciences.Le développement durable est rentable, et il peutètre un adjuvant à la croissance, générant de la «croissance verte » : telle est la nouvelle conviction.Un credo adopté également par les structures depromotion du développement durable, qui négo-cient ainsi un véritable virage: « Fini de culpabili-ser - méme inconsciemment - les entreprises deleurs attitudes peu citoyennes. Jusqu'à présent, nousessayions de leur insuffler la conviction du dévelop-pement durable, de lcs « prendre aux tripes ».Depuis quèlques temps, nous préférons sauventactionner le levier « interèt économique ».« Comment s'adapter aux nouveaux impératifs dedéveloppement durable, tant réglementaires queculturels, et comment en tirer profit? », telle est l'in-terrogation que nous explorons », explique Jean-pierre Berger, vice-président du CIRIDD (Centreinternational de ressources et d'innovation pourle développement durable) basé à Saint-Etienne.Même analyse de la part de Nicolas Blanc,responsable du programme « Entreprises » ausein du Comité 21(Comité français « LE DÉVELOP-pour l'environne-ment et le dévelop- PEMENTpement durable): DURABLE EST« Pendant longtemps ™ri™la thématique du UN LEVIERdéveloppement POURdurable a été aux + mRPRseules mains d'ONG, AMELIORERd'Etats ou d'entre- NOTRE

7?'"", .""««*• EFFICACITÉAujourd hm elle seprofessionnaltse, ÉCONOMIQUE »gagne en expertise,tout en dépassant la posture militante. Les entrepri-ses ont compris les opportunités réelles à en retirer,elles cessent petit à petit d'en faire un axe de com-munication creux, et de verser dans la dérive d'affi-chage », assure-t-il. Un mouvement soutenu parun contexte très largement favorable: sans allerjusqu'à invoquer les débats de la campagne prési-dentielle ou le succès du film d'Aï Gore, Une véri-té qui dérange, il n'est besoin que de constater lapression réglementaire croissante - en grandepartie européenne - sur le plan environnementalet social. Dans le sillage de la loi NRE - instituéeen 2002, elle oblige les entreprises cotées à rendrecompte de leurs impacts sociaux et environne-

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Le chiffre

60000C'est le nombre de tonnes de CO2

qu'« économiserait » annuellementLafarge, grâce à l'utilisation d'énergies

renouvelables: mise en service d'un parcéolien qui alimente 50 % des besoins

électriques de sa cimenterie de Tetouanau Maroc, recours à la biomasse issue de

l'huile de palme en remplacement ducharbon pour alimenter les fours en

Malaisie, utilisation de cosses de riz auxPhilippines et de cosses de café en

Ouganda... Lafarge figure aux côtés deST Microelectronics, d'Accor, de PSA

Peugeot Citroën, et de Casino, parmi lescinq entreprises les plus « transparentes »

selon le Comité 21.

enfin sa visibilité et son caractère d'exemplarité(coefficient l). « Ce système qui privilégie lesactions rentables nous a permis de retenir douzeinitiatives, explique Patrick Widloecher. Nousavons privilégié une approche offensive: faire duDD non pas un coût maîs un investissement ».Et à entendre les « directeurs DD » de nombreu-ses entreprises, les retours sur investissementseraient nombreux: le développement durablepermettrait évidemment de réaliser de substan-tielles économies d'eau, d'énergie et de produitschimiques, mais il serait également un facteurd'innovation - mise au point de véhicules élec-triques en partenariat avec Dassault pour LaPoste, d'un véhicule hybride pour Toyota... - etde renforcement des liens avec le territoire, ce quiest « rentable » à long terme car l'entreprise s'entrouve pérennisée. Plus encore: ce concept,« parce qu'il parle autant au salarié qu'au citoyen »selon Nicolas Blanc, fidéliserait des collaborateursen quête de « sens » et fortifierait la culture d'en-

« Les enseignes de la grande distribution s'engagent sur le bio et lecommerce équitable, afin de répondre à une demande du marché.

Mais d'autres domaines pourraientêtre investis »

treprise. « Alors que nous avons dépassé le cap des50 salariés, le développement durable nous permetde nous retrouver autour de valeurs communes, detravailler à une même cause. Cest un ciment pourl'entreprise, et l'axe central du système de manage-

QLTEST-GE QU'ÊTRE RESPONSA-

BLE LORSQUE, COMME CETTE

GRANDE INSTITUTION

FINANCIÈRE, ON DÉTRUIT LES

8000 EXEMPLAIRES DE SON

RAPPORT DÉVELOPPEMENT

DURABLE PAR LA SEULE FAUTE...

D'UNE FAUTE D'ORTHOGRAPHE ?

ment », affirme Henri Nigay, président du direc-toire de l'entreprise ligérienne éponyme spéciali-sée dans les caramels, qui a conclu un partenariatavec la Frapna. L'adhésion à cette association estprise en charge par Nigay pour tous les salariésqui le souhaitent. La société organise régulière-ment des sorties le samedi à l'Ecopôle de laFrapna, qui se concluent par un pique-nique.« Nows inscrivons cette philosophie dans la cultured'entreprise par le biais d'actions très concrètescomme l'installation de parkings à vélo couverts etdotés d'éclairage automatique », complète HenriNigay. Implication aussi, lors de l'EuropeanEnergy Trophy organisé pour la première fois en2005 notamment par le CIRIDD, et auquel 25entreprises françaises ont participé: ce prixrécompense la société ayant le plus économiséd'énergie pendant un an, à l'aide de mesures gra-tuites - par exemple éteindre la lumière à la fin desa journée de travail. « L'émulation joue jour parjour, mois par mms. Les collaborateurs se montrentextrêmement intéressés », note Olivier Bérerd,directeur du CIRIDD.

Facteurs corsesA tel point que son engagement « développementdurable » rendrait même une entreprise plus

mentaux dans leur rapport annuel -, le toilettagedu Code des marchés publics à l'été 2006 a égale-ment pesé pour une meilleure prise en compte dudéveloppement durable (DD).

Pique-nique avec la FrapnaEt les entreprises sont nombreuses à revendiquercette nouvelle approche très pragmatique. Ainsi ladirection du développement durable de La Poste,au moment de son installation en janvier 2003, alisté 115 actions à implanter dans l'entreprise,passées ensuite au filtre d'un « tamis »: chaqueaction a été notée de O à IO sur la base de cinq cri-tères, dont le plus important était l'intérêt écono-mique (coefficient 5), puis la pression réglemen-taire liée à cette action (coefficient 4), son impactsur les salariés (coefficient 3), ses conséquencespour l'image de l'entreprise (coefficient 2), et

Caramel,développement durable et normalisation

Certaines entreprisescomme le fabricant de cara-mels ligérien Nigay sontvenues au développementdurable par la normalisa-tion. « Nous sommes passésà l'ISO 9002 en 1995, ISO9001 trois ans plus tard,ISO 14001 six ans après .Le développement durableest un ciment qui donneune cohérence à ces

« briques » qualiticienneset de management environ-nemental, en un systèmede management unique »,souligne Henri Nigay, dontl'entreprise a servi decobaye pour tester récem-ment le modèle AFAQ1000NR, et plus ancienne-ment le Guide SD 21 DOOPremier document dédié audéveloppement durable

publié par l'AFNOR(Association française denormalisation) en 2003, cetoutil a marqué un tournant.« // est celui qui manquaitaux entreprises », souligneOlivier Iborra (IET). En lignede mire aujourd'hui l'ISO26 DOO, qui établira deslignes directrices pour laresponsabilité sociale, et quidevrait voir le jour fin 2008

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La phraseLe label Ethibel ne nous fait pas vendre

de petits pois en plus, mais il nousapporte de la crédibilité ».

Gilbert Delahaye, groupe Casino

attractive aux yeux de demandeurs d'emploi« Regardez l'augmentation de la cote de Lafargeauprès des jeunes diplomes depuis quèlques annees 'L'idée que k croissance peut aussi se comptabiliser apartir de l'enrichissement des liens crées s imposepeu a peu », s'exclame Martial Cozette, president

Pour La Poste le developpement durable est unfacteur d innovation Pour preuve la mise au pointen partenariat avec Dassault d un vehiculeelectrique

de CFIE-Conseil (Centre français d'informationsur les entreprises) Les « retardataires » du DDpourraient meme connaître a terme des difficul-tes a recruter Attention des lors a ce que l entre-prise prenne en compte cette quete de sens « Lademande d'implication des salaries dans le developpement durable - particulièrement vivace dans desstructures dédiées au servicepublic comme La Poste- est actuellement plus forte que l'offre faite par lesentreprises Nous devons reagir, au risque de géné-rer de la frustration voire de l'aigreur », prévientPatrick Widloecher Et d'évoquer les 500 facteurscorses qui se sont portes volontaires pour devenirles auxiliaires des pompiers, en leur signalant toutdepart de feu, apres une rapide formation Despompiers en herbe qui arborent fièrement surleur voiture un fanion proclamant « Honte a toiqui brule la terre »Et si une demarche developpement durable deve-nait meme un avantage concurrentiel? « C'est unelement de différenciation évident, un moyen d'enri-chir notre offre » affirme Jean François Connan,directeur DD du groupe Adecco « Nous recevonsdes questionnaires extrêmement fouilles de la partdes entreprises qui envisagent de contractuahser avecnous que faites vous pour les emissions de C02

? Oupour fc travail desfemmes? Nous veillons iïautantplus a y repondre que nos concurrents anglo saxons,allemands ou hollandais sont tres en pointe enmatiere de developpement durable », expliquePatrick Widloecher « Aujourd'hui ks donneursd'ordre demandent a leurs fournisseurs d'être certi-fies ISO 14000, meme s'ils n'y sont pas obliges legakment», remarque François Fatoux, delegue generalde l'ORSh (Observatoire sur la responsabilitesocietale des entreprises)Le developpement durable serait-il devenu le benmagique qui renoue ethique et entreprise7

Patrick Widloecher en est persuade « Apres bien

< Fmi de culpabiliser les entreprises de leursattitudes peu citoyennes Nous préféronsdésormais actionner le levier < interêteconomique » » Jean-Pierre Berger

des errements - les entreprises ont d'abord appré-hende le developpement durable comme un enjeud'image -, on saisit enfin ce concept, et on comp-rend quil peut faire gagner de l'argent » Alain-Charles Martinet, directeur du laboratoire derecherche en strategie Eunstik rattache a l'IAE deLyon, va plus loin « Par le developpement durable,certaines entreprises redécouvrent des façons defaire du business identiques a celles utilisées il y atrente ans, avant le mouvement definanaarisationdes marches qui a consacre le pouvoir des action-naires et enfante un management uniformise, asep-tise, gouverne par les chiffres Elles recommencent aappréhender l'économie réelle »

Quelques pratiques originalesMcDonald's France teste lesurinoirs sans eau Leseffluents sont evacues dansune cartouche munie d unsiphon et d un joint anti-odeur qui doit être changéetous les deux mois Un sys-teme qui equipe déjà tousles etablissements de SuisseLa Poste a achete pour sonpersonnel 90000 debar-deurs en coton equitableArmor Lux Bleus et jauneévidemment Quant a laSNCF elle vient de passercommande de chemisesequitables pour ses 12000contrôleursCasino a mis en place unprogramme d'aide auxfootballeurs en herbe au

Bresil Baptise SuperBola etsponsorise par le championbresilien Cafu ce programme a sélectionne 272 jeunesgarçons, accueillis au centre

de formation Pao deAçucar 72 d'entre eux su ivent déjà un entraînementintensif en vue d'une carrie-re professionnelleMonoprix utilise pour tou-tes ses salades du rayonfrais et certaines varietes depomme de terre un« emballage nouvelle generation » a base d amidon demaîs le PLA, qui a l avan-tage d être issu de ressources renouvelablesBioviva (Drôme) edite unegamme de 18 jeux desociete censés sensibiliser audeveloppement durablemaîs aussi des jeux de car-tes ou des agendas dudeveloppement durable

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Lapproche de McDonald s qui prevoit quartd heure par quart d heure ses besoins en energiehuile et eau ne s avère t elle pasderesponsabilisante pour les salanes ?

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Approche risqueMaîs l équation qui fait du developpement dura-ble le chemin vers la rentabilite et le sesame d'une« economie responsable » est elle infaillible?

« Une politique RSE ne génère pas de mamere auto-matique de la performance », rappelle FrançoisFatoux Et de poser la question cruciale peut onpour l'instant réellement evaluer en termes financiers les retours sur investissement d'une demar-che developpement durable' « Cette interrogationest majeure autant on a bien avance sur le « comment » mettre en place une demarche DD - outils,objectifs conditions à wi dialogue avec les partiesprenantes - autant une reflexion est encore a menersur le « pourquoi », et la justification du developpe-ment durable comme levier de rentabilite auprès

« La vision du developpement durable est fambivalente soit on le considère comme u

t encorensidere comme un

handicap terrible soit comme un avantage pourles acteurs economiques » Nicolas Blanc

bk des « benefices » du developpement durabkconsiste à inclure des impératifs DD dans la politique d'achats, ceux-ci representant pres de 65 % duchiffre d'affaires », préconise Nicolas Blanc

Avantage concurrentielCertaines entreprises préfèrent d ailleurs fairepreuve de prudence « Nous nous méfions beaucoup d'utiliser le developpement durable commeavantage concurrentiel, ce serait prétentieux. Il estimportant de ne pas en faire un axe de commumcation, c'est pourquoi nous en parlons tres peu endehors des ecoles ou des seminaires Sur 9000 pointsde vente en France, on peut facilement nous prendre en défaut », énonce Gilbert Delahaye, directeurDD du groupe Casino Et pour cause les critiquesne tardent jamais a venir « La grande distributions engage \olontiers sur le bio et le commerce equitable, car cela kur permet de repondre a une deman-de du marche Maîs d'autres domaines pourraientetre investis, comme celui des dechets et des emballages, ou encore celui du commerce de proximite »,pointe Felicien Poncelet, charge de mission al Ineed Rhône-Alpes (Innovation pour l environnement et l economie durables de Rhone Alpes)« De nombreuses contradictions demeurent sur cesujet tres systemique », met en garde DanielleKaisergruber Et la directrice de la societe eponyme Recherche et conseil de citer cette grandeinstitution financiere qui a prefere detruire unmagnifique rapport developpement durable tire a

plus de 8000 exemplaires, a cause d'une mal-heureuse faute d'orthographe1 Comme cesbanques qui s'imaginent « pratiquer » le developpement durable parce qu'elles proposent des pro-duits ISR (Investissement socialement responsa-ble) un marche qui connait un veritableengouement, la France ayant enregistre une progression de 92 % de ses encours ISR entre 2003et 2006 soit aujourd'hui 8,2 milliards d euros -alors qu'elles pourraient aussi œuvrer en matierede micro credit, de financement des PMEDans ce cadre, le risque est reel que la « logique »

LA SURENCHÈRE GUETTE.

QUELLE GRANDE ENTREPRISE

NE SE DÉCLARE PAS

INTÉRESSÉE PAR LES

BIOCARBURANTS, POURTANT

SUJETS À CAUTION V

developpement durable soit utilisée a tout va, etpas forcement a bon escient La Poste affirmequ'accroître la place des femmes dans les organesde direction dans le cadre de leur « demarcheDD » peut améliorer la rentabilite de l'entrepriseCes dames étant dotées d un emploi du tempssurbooke (enfants, menage, courses ), ellesferaient preuve en effet de davantage de pragma-

des actionnaires » Et d'affirmer que cette questionnécessite une approche théorique, et un recoursau monde universitaire Une ébauche de reponsereside peut-être dans une « approche risque »« J'ai l'intime conviction qu'une demarche DD estrentable Pourtant je ne parviens pas a en chiffrer lesretombees, pas plus qu'on ne peut evaluer ks benefices d'une demarche qualite, avoue Henri Nigav Encas d'accident d'un chamot élévateur du a une lacu-ne en qualite, je peux cependant coter les pertes deproduit, de temps de travail, l'eau chaude et l'energie dépensées a nettoyer, la somme due a la stationd'épuration pour depolluer » Le chiffrage s'avè-re souvent plus aise sur des dossiers concrets AinsiLa Poste estime-t-elle avoir substantiellement economise « grace » a sa demarche developpementdurable ayant donne des 2004 la priorite auxvehicules faiblement émetteurs de C02 pourrenouveler sa flotte (plus de 48 000 unites), l'entreprise s est en effet trouvée avantagée trois ans plustard lorsque la vignette a disparu au profit d'unetaxe sur les emissions de gaz carbonique Montantde la difference entre le paiement de la vignette etcelui de la taxe neuf millions d'euros « L'un desmoyens d'obtenir une evaluation concrete et palpa-

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tisme Exagération, recuperation7 Poussée about, on peut soupçonner la demarche develop-pement durable de sécréter des effets délétèresAinsi McDonald's teste actuellement un logicielbaptise EcoProgress, qui permet, en fonction del'historique de chaque restaurant, de connaître auquart d'heure pres les besoins de production,d'où des economies substantielles denergie,d'huile, d'eau « Le logiciel tient compte de laperiode de l'année (vacances ou non), du jour de lasemaine et meme de la meteo, pour déterminer lenombre exact de Big Mac a produire ' », s enthou-siasme Eric Gravier, directeur DD chezMcDonald's France Ne peut on trouver cetteapproche finalement assez deresponsabilisante,voire deshumanisante pour les salaries?

Pensee uniqueEn faisant du developpement durable un avan-tage concurrentiel - et souvent du même coup unaxe de communication -, le risque est aussi de sefaire rattraper tres vite « L'enjeu est d'avoir uncoup d'avance L'ambition à 'Adecco est de creer lanorme pour devenir la reference sur le sujet » assu-me Jean-François Connan Le sujet est aujourd'-hui travaille - et plutôt bien ' - par toutes les gran-des entreprises et par une multitude dc PME,dans le sillage de leurs donneurs d'ordre La pan-oplie « classique » (redaction d'un rapport deve-loppement durable et fréquemment d un journalinterne sur le meme theme a l'intention des sala

« Une politique RSE ne génère pas de maniereautomatique de la performance » François Fatoux

ries, mise en place d'une notation sociale, le plussouvent par l'agence Vigeo fondée par NicoleNotat, signature d'une Charte de la diversite oud un Plan de deplacement urbain avec une municipahte ) est aujourd'hui bien déployéeComme si elle constituait une sorte de vade-mecum du developpement durable Certainesactions DD sont même devenues « a la mode »« Quantite d'entreprises s'engagent en utilisant du

papier recycle Pourtant, est-il vraiment moins pol-luant que le papier sans blanchiment de chlore'1 Laquestion n'est pas tranchée », souligne MartialCezette La surenchère guette Quelle grandeentreprise ne se déclare pas intéressée par les bio-carburants, pourtant sujets a caution pour leurimportante consommation d'espace? Quellesociete se risquerait aujourd'hui a ne pas menerdes initiatives favorisant les energies renouvelables, pourtant présentes depuis trente ans, maîsrendues subitement attractives par l'envolée descours du petrole, les credits d impot, une batteriede mesures incitatives et un certain « effetmode »? Impensable il y a cinq ans, la batailleactuelle entre le français Areva et l'indien SuzlonEnergy pour le contrôle de REpower, un fabricantallemand deoliennes, illustre cette competi-tion dont le gagnant n'est pas forcement la pla-nete « En développant l'eolien et k solaire, on pri-vilégie ks energies renouvelabks les plus rentables acourt terme, a l'échelle de la derme-vie humaineEtonnamment, personne ne se préoccupe de savoircomment on assurera la maintenance, le démontageet k recyclage de ces eoliennes Pourquoi ne pas devebpper aussi la geothermie, même si cette energie estmoins rentable a court terme? », alerte OlivierIborra, coordinateur pédagogique a l'Institut del'environnement et des technologies (JET, groupeIdrac), qui stigmatise l'uniformisation des démar-ches developpement durable, « autre façon de ren-trer dans la pensee unique » « L'humilité contenue

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dans ks rapports developpement durabk il} a troisou quatre ans, qui etait perçue comme une réelleinnovation, est en voie de disparition » note MartialCozette « En meme temps, peu de gens savent surquekpomts questionner les entreprises La demandede transparence s'amplifie, mms de mamere floueLa formation manque On se rabat alors sur la quesfion « bateau » « cette entreprise fait-elle travaillerdes enfants? », alors quil y a bien d'autres champs amvestiguer »

Premier marathonEn quèlques annees une mutation du discourssur le developpement durable s est opérée Apresle postulat « developpement durable et croissancesont antinomiques ou du moins difficilement com-patibles », l assertion selon laquelle le developpe-ment durable est rentable, et qu'il peut constituerun avantage concurrentiel, s impose D unevision a une autre d'un extreme a fautre, d'unesimplification a l'autre « La vision du developpement durabk est encore ambivalente soit on leconsidère comme un handicap terrible soit commeun avantage pour ks acteurs economiques, examine Nicolas Blanc ll ne sera vraiment integre a l'entrepnse que lorsqu'il sera devenu un automatismeet fera parne de nos habitudes culturelles A cemoment la, on ne saura plus dire combien l'on

L'ENGAGEMENT

« DÉVELOPPEMENT DURABLE »

D'UNE ENTREPRISE LA

RENDRAIT PLUS ATTRACTIVE

AUPRÈS DES JEUNES DIPLÔMES

depense pour k developpement durable et combiencela rapporte, ni si avoir une demarche DD est ounon un atout pour l'entreprise » Cependant,poursuit il, « ce discours neuf vantant la rentabilite du developpement durable peut etre l occasiond'un nouveau souffle Le deuxieme age du develop-pement durable commence peut etre avec lademonstration de sa validité economique, et doncsa légitimation » Conditions incontournablespour aller vers une veritable « industrialisation »du developpement durable, alors que ce themeest encore cruellement absent de secteurs tels quela communication, les medias, la finance ouencore le tourisme Avec une inconnue en lignede mire l evolution de la legislation, dont le durcissement inquiète déjà les entreprises « Unsecond souffle est certes necessaire, confirmeGilbert Delahaye Cependant, les entreprises ontdéjà fait d énormes efforts Eues ont l'impressiond'avoir couru un premier marathon, elks ne sontpas prêtes a attaquer le deuxieme tout de suiteAttention a ne pas les enfermer sous une chape deplomb avec un nouvel arsenal législatif» Et pourtant, il y a urgence « La prise de conscience a etefantastique louise passe comme sion avait réussia freiner un énorme tanker, il faut maintenant lefaire tourner », conclut le directeur developpement durable du groupe Casino •

Christian Brodhag,délégué interministériel au développement durable

« Le marché vadevenir durable »

Acteurs de l'économie. Estimez-vous que lesimpératifs de developpement durable ont etepris en compte par les entreprises?Christian Brodhag Le Sommet de Rio en 1992a consacre l idee que la responsabilite de favo-riser le developpement durable incombait auxEtats Ce n'est que cinq ans plus tard aJohannesburg que la nécessite d'une implica-tion du milieu economique s est imposéeAujourd'hui une premiere etape a eté franchieune entreprise qui souhaite entamer unedemarche developpement durable disposed'outils et de structures d'accompagnement adhoc On y voit plus clair D autant plus qu undiscours se construit, qui prend en considéralion l'intérêt de l entreprise il vise a demontrer que le developpement durable est « renta-ble », ou du moins génère de substantielsretours sur investissement

En quoi ce discours est-il novateur?Il reconnaît a chacun une vraie légitimité a fairevaloir ses interets Lentreprise n'a plus a s'excuser

de rechercher la rentabilite, a se punir d'utiliserune demarche developpement durable commeavantage concurrentiel Les associations ne produisent plus a son egard de condamnationspunitives et vengeresses Ces structures essaientde travailler ensemble afin de produire un« deal » gagnant gagnant Un changement culturei s est produit

Peut-on vraiment lier developpement durableet rentabilite'Ce lien n est évidemment pas systematique, nousmanquons d'indicateurs Cependant, le rapportNicolas Stern - ancien « chief economist » de laBanque Mondiale, ndlr a conclu quil seraitinfiniment plus onéreux (entre 5 et 20 % du PIBmondial) de ne rien faire pour reduire les emis-sions de C02 que de mettre en place des actionsrapides et énergiques (cout estime l % du PIBmondial) En clair il est moins coûteux de prevemr que de guerir La seule certitude, c'est qu uneentreprise qui investit dans le domaine du deve-loppement durable est assuree de ne pas perdre

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MAI 07Bimestriel

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Eléments de recherche : COMITE 21 ou COMITE FRANCAIS POUR L'ENVIRONNEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE : organisme deprotection de l'environnement, toutes citations

de l'argent D'ailleurs, les milieux economiquessentent bien qu'un basculement s'effectue lemarche va devenir durable

Cette prédiction ne s'applique-t-elle pasuniquement aux pays developpes?Effectivement, si nous avançons trop loin sur uncertain nombre de themes lies au developpementdurable, un probleme de competitivite entre paysva se poser Des lors, pourquoi ne pas mettre enplace des taxes aux barrieres de l'Europe, afin d e-viter le dumping environnemental? Une regula-tion mondiale négociée doit se mettre en placeNous avons besoin d'une Organisation mondiale de l'environnement, qui puisse avoir du poidsfaceal'OMC

Ies contraintes reglementaires vont-elless'accentuer?La seule contrainte actuelle en matiere de deve-loppement durable est la loi NRE, qui restemoyennement appliquee Nous avons laisse letemps aux entreprises de se l approprier, nousdevons maintenant accélérer le reporting, etinstaurer un dispositif de suivi A contrario,nous disposons de legislations sociales, environnementales L'un des enjeux majeurs a venirest l'application de la directive Reach Ce dispo-sitif doit etre considère comme une opportun!te d'innovation, meme s il provoque la dispari-tion de certains produits Enfin, n'oublions pasque 80 % du droit de l'environnement est europcen. L'Europe durcit actuellement ses contro-les, et n'hésite pas a menacer de sanctions finan-cières La France pourrait ainsi être poursuivieau motif que le taux de nitrate dans l'eauconsommée en Bretagne ne satisfait pas a lanorme europeenne

Quels sont les bouleversements à prévoir?Certaines entreprises vont devoir faire évoluerleur metier Ainsi, suite a l'instauration des certi-ficats d'économie d energie en juillet 2006, desdistributeurs comme EDF ou Gaz de France sedoivent de générer des economies d'énergie selondes quotas imposes Leur competitivite reside demoins en moins dans leur capacite a vendre desm3 de gaz, maîs a proposer un service ou de nou-veaux outils a leurs clients pour consommermoins ou mieux, en un nouveau modele econonuque - d une logique industrielle a une logiqueserviuelle Autre bouleversement, de nouveauxmarches lies au developpement durable vontémerger, ou confirmer leur apparition Grace a lamasse des financements publics qui ont ete multiplies par dix depuis 2002, le marche des energies renouvelables a explose, peut-être un peutrop vite Ainsi le secteur de l'eohen pourraitcreer une bulle spéculative Nous devons prendre le temps de la maturité, et developper desoutils d'évaluation •

« LE SECTEUR DE L'ÉOLIENPOURRAIT GRÉER UNE BULLE

SPÉCULATIVE »

Le business du déveEnergies renouvelables, eco-conception,bio Plusieurs marches tres spécialisessont nes dans le sillage du « concept »developpement durable « Sur tous cesmarches, le paysage d'entreprises est trescomparable », assure Felicien Poncelet,charge de mission a l'Ineed Rhône-Alpes« ie tissu est compose en grande majoritede PME voire cfe TPE a fort potentielinnovant, dotées d'un taux de croissancepotentiel a deux chiffres, de l'ordre de 20a 30% D'ailleurs, ces entreprises presen-tent un profil comparable a celui desstart-up Internet dans les annees 2000,d'où la crainte fréquente que se formentdes « bulles » spéculatives, notammentsur l'eohen » Reste a savoir si ces secteursseront eux aussi durables, et tiendrontleurs promesses notamment en terme decreations d'emplois

Des emplois dans le ventAvec pres de 17 millions de tonnes équivalentpetrole par an, la France est, en valeur absolue, lepremier producteur europeen d'énergies renouvelables Le secteur a dépasse la phase d'émer-gence, il est aujourd'hui mature Actuellement5,6 % (15 % pour la production d'électricité) del energie consommée en France proviennent desource d energie renouvelable, note le Comite 21dans son livre L'avemr en vert (Seuil) Ce tauxdevrait passer a 12 % (21 % de l'électricité) ahorizon 2010 La « grande hydraulique » represente l'essentiel de l electricite d origine renouve-lable en France et a atteint son seuil de saturalion La « petite hydraulique » - installation de IOMW et moins - se heurte aux oppositions loca-les Enfin, « avec une production évaluée a9,18 millions de tonnes équivalent petrole, laFrance se situe en tete europeenne pour le bots-énergie », souligne encore le Comite 21, qui affirme que le pays « accuse un net retard pour l'eohenet le solaire en dépit d'un potentiel parnu lesmeûkun d'Europe ( ) Le Syndicat des energiesrenouvelables estime que 97500 emplois pour-raient etre crées d'ici a 2010 (45000 pour la biomasse, 22000 pour l'eohen, 10500 pour k solairethermique) » Pourtant, et même si elle part detres bas, la capacite de production a ete multipliee par six en trois ans pour l'eolien, ce qui enfait l energie qui se developpe le plus rapidementen France Quant au solaire, il connait une crois-sance importante particulièrement en Rhône-Alpes Le fabriquant de chauffage et chauffe eausolaire thermique Clipsol, qui emploie 120 sala-ries dans trois sites en Savoie, prevoit de doubler

son effectif d'ici trois ans Meme developpementpour Tenesol, a La Tour de Salvagny Maîsl « embleme » de ce secteur dans la region restePhotowatt, qui possède la plus grande usine fran-çaise de panneaux solaires, a Bourgoin JallieuLentreprise, qui emploie 600 salaries, devraitpasser a 2000 a l'horizon 2011, afin de faire faceaux demandes de production d'un nouveau typede panneaux photovoltaïques Au total, pres de2000 personnes devraient etre embauchées d'ici2011 dans le secteur de l energie solaire en Savoieet en Isere Premier concerne l Institut nationalde l energie solaire (INES), cree au Bourget-du-Lac (Savoie) en 2005, dont les effectifs devraientpasser de 80 a 250 chercheurs en 2010 A noterque la region abrite un pole de competitivitedédie aux energies renouvelables, baptiseTenerrdis Le secteur des energies renouvelablescomprend également les biocarburants - ilsreprésentent 0,8 % de la consommation energe-tique des transports, maîs devraient passer a5,75 % des 2008 - et des energies encore peudéveloppées comme la geothermie, l energie descourants marins (captée par les hydroliennes),l energie des vagues également appelée houlo-motrice, la pile a combustible

Eco construisonsLe secteur de l'eco-construction explose II restaitencore difficile a subventionner, en l'absence denormes précises - la qualification HQE (Hautequalite environnementale), longtemps perçuecomme peu opérationnelle, n'est pas un standarddéfini a l'aide de chiffres, de critères de pourcen-tages Maîs un cahier des charges baptisé

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oppement durable

Effinergie, issu d'un collectif regroupantRhônalpenergie-Environnement, la Caisse desdepots, les Regions Languedoc-Roussillon,Franche-Comte et Alsace, le groupe Banquepopulaire, et le Centre scientifique et techniquedu batiment, est en cours de redaction II devras'imposer face au label suisse Mmergie, et a sonéquivalent allemand Passiv Haus Au sem de cemarche extrêmement mouvant, de petites struc

turcs percent en Rhône Alpes Comme l'entre-prise dromoise Akterre, qui propose des produitspour la decoration et des materiaux pour laconstruction en terre crue Ou encore la societeIDS (Jardins naturels et ateliers du paysage), spe-cialisee dans les piscines a bassin filtrants plan-tées de roseaux D'importants enjeux se profilentpour ce secteur le marche de la rehabilitation, oul'offre n'existe pas encore, faute de lacunes enbureaux d'études, et le probleme du manqued'ingénierie Des handicaps qui ne devraient pasempêcher ce secteur encore jeune de décoller etd adopter une croissance exponentielle

Belle et bioAlimentation, cosmetiques, textiles, produits del'habitat a usage courant Le bio est un secteurvaste qui attire jusqu'aux plus grandes entrepnses. ainsi Levi's vient il de lancer un jean « bio »

2000 personnes devraient etre embauchées d ici2011 dans le secteur de l energie solaire eri Savoieet en Isere

« C'est unmarche quonconnaitmieux, peut-être car il estpam de l'ailmentmre Apres une explosion dans les annees 80,il est aujourd'hui en phase de stabilisation », noteFélicien Poncelet Côte alimentation, le leaderincontesté en Rhône-Alpes reste Euro-nat, dansla Drome Gérée par Didier Perreol, cette entreprise qui commercialise notamment la marquePrimeal et enregistre 28 millions d'euros de chif-fre d'affaires avec 140 salaries, «est a k bio ce queTotal est à la petrochimie1 », affirme FelicienPoncelet Dans la Drome toujours, on peut citerMarkal (45 salaries a Saint Marcel les Valence)Maîs les cosmetiques sont également en tres fortecroissance Signe de l'attractivite du secteur,Sanoflore, une petite societe drômoise qui pro-pose également de l'aromatherapie et de la phytotherapie bio, vient d'être avalée par L'OrealMaîs on peut aussi citer Melvita (dietetique etbeaute) en Ardeche, et Nature Cos a Bourg-de-Peage (marque Couleur caramel) Actuellement,chaque pays europeen utilise ses propres labels enmatiere de cosmetique bio. « Pourvu seulementd'un cahier des charges prive (labels Bio et Eco) cesecteur doit relever de gros defis au niveau tech-nique, notamment au sujet de la conservation desproduits », remarque Fehcien Poncelet Enfin,concernant le textile bio, aucun cahier des chargos n'existe, et cette filiere est encore tres peucontrôlee •

Le déchiffrage d'Algoé

Développement durable: à trop attendre...

Nous vivons etdépendons

tous du meme eco-Par Pascal systeme La mondia-GUSTIN hsation, en creantDirecteur chez Algoe des interdépendan-

ces planétaires auxplans economique, financier, social culturel et poli-tique nous le démontre chaque jour Present danstous les discours et reflexions le developpementdurable est au menu de l'ensemble des politiqueset des strategies, qu'elles soient d'entreprises oude territoires Les dirigeants de toutes natures etde tous bords politiques en justifient l'urgence enégrènent les composantes et en font une prioritede leurs actions. futures Force est de constater

que du discours aux actes il y a manifestement defortes difficultes et divergences sur la maniere deprocéderRappelons que le concept de developpement dura-ble s appuie sur quatre piliers fondamentaux (eco-nomie societe environnement et gouvernance)Concept donc tres riche, maîs d'une déclinaisonopérationnelle complexe et fragile En effet la miseen œuvre de politiques dites globales nécessite debien articuler et coordonner ses différentes com-posantes ll s'agit d'avancer de front sur toutes lesdimensions la marche en crabe n'étant pas eff icace et générant meme de nouveaux déséquilibresLa recherche de coherence doit etre constante, carles impacts (positifs et négatifs) ne concernent pasles mèmes acteurs au même instant ll faut agirnon seulement en articulant les actions maîs en lesfaisant progresser du meme pas, seul moyen pourque les effets positifs du developpement durable

apparaissent a tousUne deuxieme complexité est également souventmise en avant1 celte des effets antagonistes despolitiques de developpement durable A « petitesdoses » non seulement elles ne produisent rienmaîs elles peuvent meme générer des retoursnégatifs Les mises en ceuvre «progressives» apetite echelle les processus d'expérimentationsne produisent pas les effets d image ou de modeleescomptes ll faut donc des le démarrage prendrele risque d'assumer les conséquences d'une poli-tique forteCette double complexité freine la prise de decisionpar des dirigeants qui privilégient la sensibilisationla communication et la voie réglementaire Unelente maturation sociale est certainement neces-saire au regard de blocages qui existent dans notresociete sur des sujets moins complexes Maîs a tropattendre •