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Cours n°4: Quel rôle mondial ont les Etats-Unis et le Brésil ? Quels points communs et différences entre une puissance mondiale et un pays émergent ?

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Cours n°4: Quel rôle mondial ont les Etats-Unis et le Brésil ? Quels points communs et différences entre une puissance mondiale et un pays émergent ?

I : Deux géants économiques : A : Deux grandes puissances productives : 1 : Le poids respectif dans le PIB mondial : Le poids des Etats-Unis est considérable dans l’économie mondiale : 21,5% du PIB mondial. Le Brésil première économie de l’Amérique latine représente 3,5% du PIB mondial. Si le décalage est important entre le premier PIB mondial et le PIB d’un pays émergent notons que le PIB des Etats-Unis a baissé lors de la dernière décennie celui du Brésil a augmenté de 55%. L’importance des FTN états-uniennes est le reflet de cette puissance (Coca Cola, Microsoft, Mac Donald ou Wall Mart….autant de marques diffusées dans le monde entier). Les grandes FTN brésiliennes à la conquête du monde sont leader dans leur domaine mais moins connues du grand public : JBS, Vale, Petrobas, Havainanas (les fameuses tongs au drapeau brésilien) 2 : L’importance du secteur tertiaire ? Le secteur tertiaire domine dans les deux pays : Aux Etats-Unis 76,4% de la population active, et 76% du PIB. A noter que depuis 1970, le secteur tertiaire représente 95 % des nouveaux emplois. Au Brésil, les 2/3 du PIB et 60% de la population active. 3 : La puissance industrielle : Depuis les années 70, le paysage industriel états-unien est en constante recomposition : - Restructuration des vieilles industries comme la sidérurgie ou le textile d’où l’augmentation des friches industrielles et l’image négative d’une partie du Nord-Est, la Rust belt (la ceinture rouillée). La sidérurgie par exemple a perdu les 2/3 des emplois aux Etats-Unis ces trois dernières décennies. Concernant l’acier par exemple, les Etats-Unis représentaient 50% de la production en 1945 et moins de 10% aujourd’hui. - Des industries puissantes face à une concurrence difficile comme l’aéronautique : Boeing doit tenir compte de son rival européen Airbus, ce dernier est devenu n°1 mondial en nombre de commandes. Autre secteur très concurrentiel, l’automobile pilier de l’industrie des Etats-Unis grâce en particulier à un marché énorme. Aujourd’hui le secteur se caractérise par une forte concentration : GM (General Motors) Ford et Chrysler. Notons que ces trois grands groupes ont des filiales, GM par exemple possède Buick, Cadillac, Chevrolet, Daewoo, GMC, Holden, Opel, Saab, Saturn, Vauxhall. A la crise des années 80 des marques états-uniennes, s’ajoute une forte pénétration des marques japonaises qui représentent désormais plus du tiers des ventes aux Etats-Unis. Ainsi les groupes de la « big three » (Ford, GM, Chrysler) maitrisaient 85% du marché états-unien en 1970 et moins de 50% depuis le début des années 2000.

- Dynamisme des industries de hautes technologies : informatique, électronique, biotechnologies, aérospatiale, industries de l’armement…. Dans le secteur de l’informatique par exemple, les Etats-Unis ont 5 des 10 plus grandes entreprises mondiales. Microsoft est non seulement leader mondial en matière de logiciels mais représente les 2/3 des logiciels du monde. Les groupes industriels états-uniens dans l’informatique et les logiciels sont : IBM, , Microsoft, Apple, Inc., Dell, Texas Instruments, Intel Corporation, Adobe, Oracle, Symantec, Hewlett Packard… Dans le cas du Brésil, il s’agit d’un pays du Sud qui a su s’industrialiser représentant désormais 27% du PIB, 50% des exportations et occupant 17% de la population active. Les industries alimentaires et textiles sont les plus anciennes du pays. Les industries alimentaires juxtaposent de tous petits établissements et les usines les plus modernes de la congélation ou lyophilisation. Le Brésil possède d’importantes industries lourdes de la sidérurgie au ciment. Mais l’avenir du pays se joue aussi avec les industries modernes : le Brésil produit chaque année près de 3 millions de voitures et fournit moteurs et pièces détachées en Europe et aux Etats-Unis. A noter que Volkswagen do Brasil est le plus grand investissement étranger au Brésil et le plus grand investissement allemand hors d’Allemagne. Autre exemple dans l’aéronautique, la marque brésilienne Embraer connaît d’importants succès. Le dernier avion d’Embraer le 190/195 a été acheté par 50 compagnies de plus d’une trentaine de pays. 4 : Un géant agricole : Les Etats-Unis est la 1ère puissance exportatrice agricole avec environ 1/3 de la production mondiale, véritable grenier du monde. - N°1 mondial pour la culture du maïs : 40% de la production mondiale, 80% des exportations mondiales. - N°1 mondial pour la culture du soja : 50 % de la production mondiale, 70 % des exportations mondiales. - N°2 mondial pour le coton, les agrumes, les porcins (plus de 60 millions de têtes par an), n°3 pour les produits de la pêche, les bovins (100 millions de têtes par an), N°4 pour le sucre, le blé, le vin…… les performances s’expliquent aussi par le productivisme : c'est-à-dire l’augmentation des rendements par une intensification des nouvelles méthodes de production (mécanisation record avec 20% des tracteurs du monde, utilisation massive d’intrants, de plantes hybrides et d’OGM. 90% des surfaces ensemencées en OGM dans le monde sont aux Etats-Unis en particulier pour le soja (1/3), le maïs(1/2) et surtout 80% du coton). Ce productivisme est soutenu par la recherche agronomique puissante (50 000 chercheurs), il nécessite d’importants investissements d’où l’endettement de certains agriculteurs et la disparition de la plupart des petits exploitants. Ainsi, l’agriculteur représentait 16% des actifs en 1950 et seulement 0,7% aujourd’hui. Dés lors les grandes sociétés productives représentent 2 % des exploitations mais 40% du chiffre d’affaires du secteur agricole. La puissance agricole s’explique enfin par l’intégration de l’agriculture dans le complexe agroalimentaire. L’agriculture n’est plus qu’un maillon d’une vaste chaîne agroalimentaire : l’agrobusiness représente 28 millions de salariés et 18% du PIB. C’est un

système dominé par des FTN très intégrées à la mondialisation : , Mc Donald’s, PepsiCo, Pizza Hut, United Fruit Compagny….

Aux Etats-Unis, 1 hectare sur 3 est destiné à l’exportation. Chicago possède la bourse mondiale des produits agricoles (Chicago board of trade) et l’influence grandissante des FTN provoquant une dépendance des marchés internationaux surtout des pays du sud (arme alimentaire). Le Brésil est un géant agricole, un des principaux producteurs et exportateurs du monde pour une vaste gamme de produits : Le Brésil est le premier ou le deuxième producteur mondial de sucre, d’éthanol, de jus d’orange, de café, de soja, de viande bovine et de viande de volailles. Tous les observateurs sont d’accord sur ce point : la filière agroalimentaire est un des secteurs de développement prioritaire du Brésil. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter le Président Lula lorsque, lors du sommet de Copenhague de décembre 2009, il a répondu « vertement » aux écologistes qui plaidaient pour la sauvegarde de la forêt brésilienne qu’il a été élu pour que les enfants brésiliens aient à manger trois fois par jour et que les arbres peuvent attendre un peu ... le Brésil veut désormais jouer dans la cour des grands de l’agriculture mondiale, et il s’en donne les moyens, y compris en s’engouffrant progressivement dans les cultures OGM, pour ne pas prendre de retard dans ce domaine controversé sur les concurrents américains et argentins. Le Brésil a par exemple favorisé les cultures de soja depuis les années 2000 devenant le 2ème producteur mondial derrière les Etats-Unis mais avec un potentiel de développement bien supérieur. Aujourd’hui les ¾ de la production sont issus de soja transgénique. Cette culture très intégrée à « l’agrobusiness » se fait au détriment des cerrados, des savanes boisées abritant une biodiversité très riche. Outre les atteintes à l’environnement, l’abandon des cultures vivrières a des conséquences négatives concernant le développement économique et humain ( accentuation des inégalités et maintien d’une population sous alimentée).

C : Les aires d’influence économique de l’échelle continentale à l’échelle mondiale : La zone d’influence immédiate des Etats-Unis est l’ensemble du continent américain (véritable chasse gardée) en particulier les deux autres pays de l’ALENA zone de libre échange de plus de 380 millions d’habitants. Les Etats-Unis utilisent les organisations internationales pour développer leur puissance d’où leur volonté : - d’approfondir l’APEC (coopération économique Asie Pacifique) en faveur d’une zone de libre échange entre les états riverains du Pacifique afin de limiter hier la sphère d’influence du Japon et aujourd’hui celle de la Chine.

- de créer une zone de libre échange sur l’ensemble du continent américain de l’Arctique à la terre de feu, c’est le projet ZLEA (zone de libre échange des Amériques) proposé par le président Bush en 2005 mais refusé par de nombreux pays d’Amérique du Sud. Enfin, depuis 2013, des négociations ont débuté entre l’UE et l’ALENA afin d’établir une vaste zone de libre échange transatlantique. - de refuser toute réforme des organisations internationales qui limiterait leur influence : de l’OMC au FMI ou à l’ONU. Les Etats-Unis constituent un centre d’impulsion de la mondialisation d’où une influence planétaire des décisions prises à Washington, toutefois la concurrence avec l’Union Européenne mais aussi avec le Japon et la Chine est de plus en plus redoutable. Le marché européen est prioritaire, il représente 50% des gains des FTN états-uniennes. Quant à la Chine, elle est devenue le pays atelier des Etats-Unis. Le Brésil assume un rôle de leadership en Amérique latine en particulier avec le libre échange dans le cadre du marché commun du Sud (MERCOSUR). Le Brésil multiplie l’intégration à des aires régionales basées sur le libre échange afin d’étendre son influence.

- Création de l’UNASUR, union des nations sud-américaines - Création de la CELAC, communauté d’Etats d’Amérique latine et des Caraïbes.

Dans le cadre de la CELAC, le Brésil est plus nettement concurrencé par le Mexique, l’autre puissance économique de l’Amérique latine.

II : Une puissance diplomatique et militaire inégale A : La puissance diplomatique : Cette puissance s’explique tout d’abord par le contexte historique issu de la seconde guerre mondiale. Sortant de son attitude traditionnelle isolationniste, les Etats-Unis sort vainqueur de la seconde guerre mondiale avec un statut de « superpuissance » à partager avec l’URSS, ennemi durant la guerre froide. La puissance diplomatique a hérité de ce contexte un siège permanent au conseil de sécurité à l’ONU (avec le droit de véto), la suprématie du dollar décidée lors des accords de Bretton Woods (1944), une influence déterminante dans l’ensemble des organisations internationales comme le FMI ou le GATT (aujourd’hui OMC). Les Etats-Unis sont les premiers contributeurs financiers de ces organisations (hors UE) d’où une influence prépondérante. L’effondrement de l’URSS en 1991 marque la fin de la guerre froide et, symboliquement la victoire du modèle états-unien, alliant libéralisme politique (démocratie, droits de l’homme…) et libéralisme économique (étudié précédemment). Depuis les Etats-Unis ont une position hégémonique, l’influence diplomatique est essentielle en Amérique latine et, plus encore au Moyen Orient ou en Asie. Le Brésil a connu depuis le début des années 2000 une affirmation de sa puissance diplomatique en particulier sous la présidence de « Lula » da Silva. Le Brésil a une tradition diplomatique multilatérale contribuant par exemple dans les années 1960 à la création, dans le cadre de l’ONU, de la CNUCED ( Conférence des Nations unis sur le

commerce et le développement). Le Brésil entend désormais avoir une voix correspondant à son émergence économique, elle revendique ainsi un siège permanent au sein du conseil de sécurité de l’ONU. Le Brésil coopère avec les autres puissances émergentes avec l’élaboration d’un sommet annuel des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). De plus le Brésil est à l’origine du groupe des 20 au sein de l’OMC, union de pays émergents afin de lutter contre le protectionnisme des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Le Brésil tente depuis la crise de 2008 d’imposer une nouvelle gouvernance mondiale au sein du G20. Le monde lusophone est aussi une priorité de la diplomatie brésilienne notamment en Afrique.

http://www.europe1.fr/International/Le-G8-veut-une-zone-euro-unie-1091403/

http://www.bfmbusiness.com/article/1/les-brics-veulent-leur-propre-banque-143908

B : La puissance militaire : Les Etats-Unis sont le premier arsenal militaire avec un budget militaire de 680 milliards en 2010 soit 4,2% du PIB cela correspond à plus de 40% des dépenses militaires mondiales. Il est intéressant de constater que le budget militaire des 27 pays membres de l’UE atteint à peine 40% du budget états-unien. Quant au budget français de la défense, il est de 50 milliards de dollars (soit 1,9% du PIB français).

Les Etats-Unis ont un puissant complexe militaro-industriel, avec 6 des 10 plus grandes FTN de l’armement ( dont Lockheed, Northrop Grumman et Raytheon). Remarquons toutefois que du projet Manhattan (recherche de la bombe nucléaire durant la seconde guerre mondiale) au projet guerre des étoiles (du président Reagan repris par le président Bush) l’impulsion provient toujours de l’Etat fédéral. Les Etats-Unis assurent une présence militaire sur tous les continents et tous les océans avec de nombreuses bases militaires de l’Europe à l’Asie (sorte d’héritages de conflits passés de la seconde guerre mondiale à la guerre froide).

Des stratégies et des moyens d’interventions militaires différents

C’est aussi la première puissance militaire sur le plan du matériel au niveau de la quantité, de la diversité, de l’efficacité. Tout d’abord, le complexe militaro industriel états-unien possède un important budget de recherche dépassant les 60 milliards de dollars (10 milliards pour l’Union Européenne).

Les Etats-Unis possèdent toute la gamme des armes de destruction massive : nucléaire, bactériologique ou chimique avec pour l’ensemble de ses armes une capacité inégalée de projection mondiale. Soit par des sous marins lanceurs d’engins (SNLE), des missiles balistiques intercontinentaux dépassant les 5 500 km (ICBM) ou les bombardiers plus traditionnels. Une priorité plus récente de l’armée états-unienne est « l’info-puissance » c'est-à-dire des techniques qui permettent, par une maîtrise de l’information, de dominer l’adversaire. Exemple, le développement des drones, ces nouveaux avions sans pilotes permettant de repérer une cible et la détruire à partir d’un lanceur situé à plusieurs centaines de km en quelques minutes. Les avions Awacs photographient le territoire adverse avec des définitions inférieures au mètre. Des systèmes de reconnaissance par satellite au système Echelon d’écoute de la planète, les nouvelles technologies bouleversent les stratégies militaires. Echelon est un système mondial d’interception des communications privées et publiques ( téléphone, fax, mail…) sous la direction des Etats-Unis (analyse des informations au quartier général de la NSA) avec le Royaume Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande. Ce système est si puissant qu’il peut trier des millions de communications selon les mots employés voire l’intonation de la voix. Ces réseaux se limitent-ils à des actions militaires ? ou sont-ils utilisés à des fins politiques et commerciales ? Enfin, on constate un interventionnisme militaire de plus en plus important au cours de ces dernières décennies affirmant la volonté états-unienne d’être le « gendarme du monde » : Panama, Somalie, Irak, Bosnie, Afghanistan….ces interventions sont le plus souvent sous la forme de larges coalitions mandatées par l’ONU (guerre du Koweït en 1991) ou de l’OTAN (Bosnie en 1999). La guerre en Irak à partir de 2003 représente encore un autre cas de figure, coalition sans la légitimité d’une organisation internationale. Il est impossible de comparer l’armée états-unienne décrite ci-dessus avec l’armée brésilienne. Quoique 1ère armée de l’Amérique latine, son budget est pourtant inférieur à 30 milliards de dollars par an. A noter que ce budget est en constante augmentation reflet de la volonté du Brésil émergent d’être une puissance importante au delà de l’Amérique latine. Le Brésil multiplie d’ailleurs les participations militaires au sein des opérations onusiennes des casques bleus ( Haïti, Liban…). C : La tentation de l’unilatéralisme : symbole de l’hyperpuissance états-unienne : Le traumatisme des attentats du 11 septembre 2001 a abouti à une redéfinition de la diplomatie états-unienne. L’administration du président Bush a opté pour une certaine forme de messianisme qui se résume à l’exacerbation du nationalisme états-unien dont les citoyens sont le peuple élu pour la démocratie. C’est le retour de la « destinée manifeste ». Fort éloigné à tout point de vue du président Wilson, G. Bush semble reprendre cependant une partie de l’argumentation wilsonienne de la « destinée manifeste » : « Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux

nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté » ou encore « L’Amérique est la seule nation idéale dans le monde […] L’Amérique a eu l’infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde […] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice ». En conséquence, les manifestations de la Destinée Manifeste sont nombreuses depuis la conquête de l’ouest, elles sont le reflet d’une certitude d’avoir une mission collective à remplir. L’administration Bush va progressivement remettre en cause le principe d’un monde multipolaire sous la direction d’organisations internationales persuadée que le monde est depuis 1991 unipolaire, la mission des Etats-Unis étant d’être les gendarmes du monde. Les décisions prises sous la tentation de l’unilatéralisme sont nombreuses durant les deux mandats de la présidence Bush : - Non ratification du traité de Kyoto par G. Bush en juillet 2005 considérant que les contraintes imposées pour réduire les gaz à effet de serre sont un frein à l’économie états-unienne. - Remise en cause de l’ONU et des principes du droit international en 2003 avec l’attaque de l’Irak et ce malgré la perspective de l’utilisation du droit de véto au conseil de sécurité de l’ONU par la France, la Russie et la Chine. - Refus de ratifier le traité de Rome (1998) qui institue la cour pénale internationale à La Haye, première juridiction internationale permanente chargée de faire respecter le droit international, les droits de l’homme et le droit international humanitaire, en jugeant des individus ayant commis les crimes les plus graves : génocide, crimes de guerre ou encore crimes contre l’humanité. Depuis la création de la CPI, les Etats-Unis multiplient des accords bilatéraux avec des états garantissant qu’aucune plainte ne sera faite contre un citoyen états-unien au CPI et garantissant le rapatriement aux Etats-Unis avant les Pays-Bas (La Haye). Face aux pressions (réduction d’aides financières et militaires), de nombreux pays du sud ont signé un tel accord bilatéral avec l’administration Bush.

- L’administration Bush définit un axe du bien et du mal que les pays alliés des Etats-Unis doivent respecter. Washington définit aussi unilatéralement une nouvelle doctrine en remplacement de « l’équilibre de la terreur » durant la guerre froide, c’est la « guerre préventive ». Désormais avec cette doctrine, les Etats-Unis se donnent le droit d’intervenir partout dans le monde au nom de leur sécurité et la guerre contre le terrorisme. - Dernier exemple en 2006, G. Bush évoque une nouvelle politique spatiale où « les Etats-Unis ont désormais le droit de refuser l’accès à l’espace à quiconque est hostile aux intérêts états-uniens …les Etats-Unis s’opposent à de nouvelles législations internationales qui limitent l’accès états-unien à l’espace ». La parenté entre le messianisme du discours présidentiel et le ciel propriété d’un seul état paraît évidente… Cependant le président Obama s’affirme en rupture avec cette politique unilatéraliste prônant ainsi une diplomatie différente reconnaissant le monde comme multipolaire. Toutefois, nous n’avons pas assisté depuis 5 ans à une véritable réaffirmation de l’ONU. La diplomatie brésilienne a combattu la perception unilatéraliste états-unienne au début des années 2000.

III : Un modèle culturel au service de la puissance : A : La force du « rêve américain » : La force des Etats-Unis est d’abord leur capacité à faire rêver une grande partie de la planète avec l’ « American way of life », les valeurs de libertés individuelles, de propriété, « l’happy end » mais aussi du « self made man », du roi de l’acier A. Carnegie au XIX ème jusqu’au roi des logiciels B. Gates. Carnegie pensait dès le XIX ème qu’aux Etats-Unis « n’importe quel balayeur peut accéder à la richesse ou à la puissance ». B : La puissance douce ou « soft power » des deux états :

Lorsque le carnaval de Rio symbole du soft power brésilien est largement influencé par un célèbre film hollywoodien, pilier du soft power états-unien La puissance douce des Etats-Unis correspond ainsi à « Barbie, Dieu et le Big Mac », c'est-à-dire à sa capacité à exporter son modèle dans le monde. Ce modèle s’exporte avec

beaucoup d’énergie, avec d’incroyables moyens industriels. La culture populaire états-unienne est conçue par les FTN culturels (Warner, Disney…) comme des produits marchands soumis à la loi du profit, donc agréables à consommer : BD, jeux, films hollywoodiens, séries télévisuelles, Halloween ou le catch autant de produits culturels de divertissement mais aussi des vecteurs d’un mode de vie, d’une société de consommation voire d’une idéologie. Cette puissance douce a pour conséquence une importante acculturation dans de nombreux pays. Dans les tribunaux français par exemple, une majorité de mineurs ( et de plus en plus d’adultes) disent « votre honneur » lorsque le juge entre dans la salle. Il apparaît que quelques centaines d’heures de séries policières de divertissement sur TF1 et M6 permettent de connaître mieux le système judiciaire outre atlantique que celui du pays dont ils sont citoyens. Cela est évidemment anecdotique mais significatif d’une certaine acculturation. Que diraient-ils s’ils étaient tout autant habitués à regarder des films suédois ou iraniens ? Le Brésil possède aussi un réel soft power basé sur le sport, la samba, la capoeira, le carnaval ou encore les telenovelas. Il s’agit de série TV produites depuis les années 1960 montrant une fiction du Brésil où les pauvres n’existent pas. Les caractéristiques des télénovas sont aussi le genre mélodramatique, la place centrale d’une histoire d’amour, le besoin de reconnaissance et d’ascension sociale. Ils sont donc un moyen stratégique du rayonnement de la culture brésilienne, et plus globalement de la culture latino-américaine dans le monde et principalement en Afrique: nous avons là une diffusion culturelle sud-sud. Le carnaval est l’exemple le plus frappant de l’attrait et de l’éclat des référents culturels du Brésil. En 2012, le carnaval de Rio a connu une affluence record avec plus d’un million de visiteurs en une dizaine de jours. Le football a également un impact sur les représentations collectives du Brésil à l’étranger. Ainsi, les footballeurs brésiliens sont présentés comme des artistes du ballon, pratiquant « un football samba » Le vocabulaire employé reprend les stéréotypes associés au Brésil, comme la fête, la musique. Nous observons ici que le football reprend les stéréotypes existants. Le Brésil adopte lui aussi une posture utilitariste du football. On peut ici citer le «match de la paix» entre la Seleçao et la sélection nationale de Haïti, disputé le 18 août 2004.Comme nous l’avons vu, le Brésil, a pris en charge la Mission de paix de l’Onu en Haïti à partir de 2004, dans l’optique d’obtenir un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. L’idée est d’organiser une rencontre avec la sélection brésilienne, très populaire en Haïti, pour attirer la sympathie du peuple sur les troupes Onusiennes et principalement les troupes brésiliennes. La Minustah devant s’attaquer au problème du désarmement, les organisateurs de la rencontre ont l’idée dans un premier temps d’échanger un billet contre une arme illégale. Mais devant l’ampleur de la demande, ils décident d’offrir 10 000 billets aux étudiants et aux familles. Le premier ministre haïtien, Gérard Latortue déclare alors « Je pense que quelques vedettes de football brésiliennes pourraient en faire plus pour désarmer les milices que des milliers de soldats chargés du maintien de la paix ». Plus tard, le président Lula a voulu retenter la même opération, mais cette fois pour faire la paix entre Palestiniens et Israéliens. La diplomatie par le football a tout de même ses limites.

Conclusion : Cette étude comparative nous a montré la différence entre une puissance mondiale et un pays émergent. Si les États-Unis et le Brésil disposent d’un territoire de dimension comparable, leurs poids économique, politique et culturel sont encore très différents. En résultent une zone d’influence essentiellement régionale (l’Amérique du Sud) et des interventions sur la scène internationale ciblées pour le Brésil, alors que les États-Unis exercent une influence mondiale multiforme (schéma ci-dessous). Mais l’étude comparative montre aussi les progrès rapides du Brésil qui lui permettent maintenant de compter dans le monde grâce à la diversification de son économie. Deux vastes pays, peuplés à partir de fronts pionniers, mais un territoire « fortement maîtrisé » pour les Etats-Unis et un territoire « à maitriser » pour le Brésil. Il existe des points communs: le peuplement à partir du littoral, le renforcement des métropoles notamment dans les régions les mieux reliées au monde, les fractures socio-spatiales aux différentes échelles... Mais le décalage est encore grand entre les deux pays quant à leur intégration dans la mondialisation, leur niveau de développement humain et leur maîtrise du territoire. L’avenir passe par la question environnementale avec par exemple la durabilité de la mise en valeur du front pionnier brésilien, véritable enjeu mondial mais aussi par la réduction des inégalités sociales.

De grands territoires, diversifiés avec des potentialités (exemple: gisements, matières premières )

Des espaces: « cœur » de la puissance économique, politique …et des disparitésterritoriales

Des métropoles : pôles de commandement : une métropolisation des territoires

Des interfaces maritimes essentielles pour l’ouverture mondiale : littoralisation

Des régions transfrontalières actives : ouverture à la mondialisation (flux humains, commerciaux, de capitaux..)

Des transports symboles de la maîtrise du territoire (pont intercontinental)

Totalité du territoire « exploité » : parcs naturels, valorisation des espaces même lointains (cf. Alaska)

Plusieurs villes mondiales, une métropolisation importante sur le territoire

Trois interfaces maritimes, une ouverture vraiment mondiale

Deux interfaces terrestres différentes: pays développé et pays en développement (attraction de main d’œuvre..)

Des transports encore insuffisants en cours d’aménagement (cf. couloir bi-océanique, percées de l’Amazonie)

Des espaces encore en « marge », ou en cours d’intégration : inégalité territoriale plus forte

Une métropole décisionnelle majeure (un risque de macrocéphalie). Des métropoles secondaires d’échelle régionale ou nationale.

Une interface maritime majeure, une autre en cours de développement, un espace intérieur plus « enclavé »

Des pays partenaires avec une ouverture progressive au Sud : une coopération en cours avec parfois concurrence voire tensions (Argentine)

États-unis Brésil

Un ancrage mondial fort/

une puissance du Nord

Une insertion mondiale croissante mais

encore incomplète/Affirmation du Sud

Points communs

Des dynamiques territorialesliées à la

mondialisation