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HISTOIRE T3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours. Les chemins de la puissance. Christian Boin 2012-2013

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Page 1: COURS Les chemins de la puissance - La Chine et le monde depuis le mouvement du 4 mai 1919 version mise à jour

HISTOIRE

T3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours. Les chemins de la puissance.

Christian Boin 2012-2013

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T3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours.

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2/2 Les chemins de la puissance : La Chine & le monde depuis le «mouvement du 4 mai 1919».

Peut-on dire que la Chine, à l’issue d’un parcours chaotique, incarne désormais cette notion de puissance ?

I. La première moitié du XXe siècle est placée sous le signe de la dépendance.

A. Le XIX° siècle et le début du XX° siècle ont été pour la Chine une période de déclin.

L’Empire du milieu subit une série de défaites militaires qui le contraignent à signer une série de « traités

inégaux ». Si le pays échappe à la colonisation (sauf Hong Kong et Macao), il est cependant découpé en

zones d’influences [252.1 & 250.1 : Une Chine affaiblie et dominée] par les grandes puissances, il doit ouvrir

ses ports et accepter la présence de concessions [1] sur son sol.

Le statut des concessions à travers Tintin et le lotus bleu d’Hergé [Histoire des Arts] Hergé : auteur de bande dessinée belge (1907-1983). Il crée pour le « petit vingtième » supplément du

quotidien catholique conservateur le vingtième siècle le personnage de Tintin reporter en 1929. Hergé est l’un des premiers représentants de ce qu’on appellera la « ligne claire ». On regroupe sous ce

nom les dessinateurs, surtout belges, qui privilégient la clarté du dessin, par un trait épuré, et du récit par un découpage, une mise en page qui assurent une grande lisibilité au récit.

Les premiers récits font la part belle aux préjugés du temps (sur les bolcheviks, les africains, etc.). Le lotus bleu constitue une rupture. Au moment où il prépare le lotus bleu, Hergé rencontre un étudiant chinois Tchang qui lui propose de l’aide à éviter les stéréotypes sur la Chine et les Chinois.

a. Quels sont les stéréotypes évoqués par le premier extrait ? b. Comment le colonisateur est-il présenté dans cet extrait ? en quoi cela contraste-t-il avec le regard

porté sur la colonisation à cette époque ? c. Les limites de ce changement de regard : Quelle image est donnée des Japonais ? Quels stéréotypes ?

B. Le « mouvement du 4 mai 1919 ».

La plus sérieuse de ces humiliations est sans doute l’humiliante position de la Chine par rapport au Japon : la défaite face au Japon modernisé (ère Meiji après 1868) qui oblige la Chine à abandonner l’île de Formose et

le protectorat sur la Corée (1895). La Conférence de Versailles (1919) attribue au Japon les concessions

allemandes en Chine, alors même que la chine s’était rangée aux côtés des alliés en 1917.

La dynastie Mandchoue qui règne depuis 1614 sur la Chine est considérée comme responsable de l’échec de

la modernisation du pays (alors que le Japon a réussi à se hisser au niveau des puissances occidentales et même à vaincre l’une d’entre-elle la Russie en 1905). En 1911, une révolution renverse le dernier empereur

enfant Pu-Y et instaure la république.

La proclamation de la république par Sun Yat-Sen ouvre une période de troubles, l’anarchie s’installe, avec

une succession de putschs militaires et la montée en puissance au niveau régional des « seigneurs de la

guerre ».

le « mouvement du 4 mai 1919 » (en réaction aux clauses du Traité de Versailles qui accordent au Japon les

anciennes possessions allemandes), est la première manifestation du nationalisme chinois moderne.

Étude pages 254 et 255.

Un mouvement qui rassemble les catégories sociales occidentalisées.

Répondre aux questions 1 et 2. il rassemble au nom d’idées d’inspiration occidentale les catégories de la population les plus sensibles à la modernité (intellectuels, ouvriers, bourgeoisie d’affaires). On voit apparaitre chez certains intellectuels chinois l’idée que si cela est nécessaire, il faut être prêt à sacrifier la culture millénaire de la Chine, idée qu’on retrouvera dans le maoïsme).

Un mouvement nationaliste.

Répondre aux questions 3 et 4., mais Il marque le début d’une nouvelle période dans les relations de

Colonisation

Zones d’influence : Régions sur lesquelles certaines puissances disposent de droits et de privilèges spécifiques.

Concessions : Quartiers qui bénéficient de l’extraterritorialité.

Seigneurs de la guerre : Généraux qui mettent en coupe réglée une région qu’ils contrôlent.

Longue marche : Mao et ses troupes traversent la chine, échappant aux armées nationalistes

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la Chine avec le monde, caractérisée par la volonté de s’affranchir de cette domination et de retrouver sa puissance disparue. L’arrivée au pouvoir du parti nationaliste [Guomindang (Kouo-Min-Tang)] fondé en 1912 par Sun Yat-Sen et le développement du marxisme sous sa forme soviétique (le Parti communiste chinois est créé en juillet 1921) représentent deux manifestations de ce nationalisme renaissant qui échoue cependant, notamment du fait de l’absence d’un État suffisamment fort.

Il n’aboutit qu’à des résultats immédiats modestes, mais Il est revendiqué jusqu’à nos jours par les différents courants politiques chinois. D’inspiration démocratique, il ne parvient pas à s’imposer face aux militaires, puis aux communistes (qui le célèbrent néanmoins). Les étudiants chinois qui manifestent place Tienanmen en 1989, s’en inspirent.

Le Guomindang [Kouo-Min-Tang] fondé par le premier président chinois Sun Yat-Sen, vient partiellement à bout des « seigneurs de la guerre », grace à l’action de Jiǎng Jièshí [Tchang Kaï-chek ] qui en devient le

principal responsable. Il rompt son alliance initiale avec les Communistes et cherche à les éliminer. Il y

parvient dans les villes (1927 répression de Shanghai, Malraux…), mais le mouvement réussit à s’implanter

dans certaines régions rurales où se développent des guérillas communistes. À l’issue de la « longue

marche [ ] », Mao Tse Toung acquiert une influence prépondérante sur la direction du parti.

C. La guerre et la victoire communiste.

Le pays est affaibli et Jiǎng Jièshí [Tchang Kaï-chek], ne peut empêcher le Japon d’occuper la Mandchourie, y créant un « État fantoche », à la tête duquel il place le dernier empereur mandchou (Pu Y).

A partir de 1937 le Japon envahit la Chine et occupe une grande partie des régions côtières. La guerre est extrêmement meurtrière (massacre de civils, disproportion des forces entre Chinois et Japonais). Il constitue un gouvernement fantoche à Nanjin [Nankin], mais ne parvient pas à s’imposer dans l’intérieur du pays.

Face à l’invasion, un semblant d’unité national se réalise. La guerre civile fait place à une entente de façade entre communistes et nationalistes. La guerre permet le renforcement des maquis communistes qui se transforment en véritable armée, d’autant plus que l’essentiel de l’effort de guerre japonais se porte contre les nationalistes.

Dès la fin du conflit, la guerre civile reprend et malgré l’aide américaine, les nationalistes perdent rapidement le contrôle de la majeure partie du pays.

En octobre 1949, la République populaire de Chine est proclamée à Pékin. Les débris de l’armée nationaliste et le gouvernement de Jiang Jieshi[Tchang-Kaï-chek] se réfugient à Formose (Taïwan) sous la protection de la flotte américaine. Cet état croupion conservera le siège de la Chine au Conseil de sécurité jusqu’en 1971. La récupération de cette « province » reste un objectif majeur du pouvoir communiste et est une source de tension majeure dans la région. L’unité nationale est cependant pour l’essentiel, rétablie, c’est la première base du renouveau de la puissance chinoise.

II. La Chine communiste.

A. La reconstruction d’un État fort et l’affirmation sur la scène internationale.

Elle est marquée par la construction d’un État fort et par une quête de puissance à travers la reconquête de sa souveraineté et le développement de son influence en Asie. La Chine apparaît dans un premier temps comme une alliée de l’URSS, dont elle reçoit une aide importante [260.1]et dont elle semble adopter le modèle de développement (collectivisation+planification+industrialisation].

Cela se traduit en particulier par une intervention massive des troupes chinoise pendant la guerre de Corée

(1950-1953).

Documents 262.2 et 263.3/5. a. Quel nombre de combattants La Chine engage-t-elle en Corée ? b. En quoi cette intervention est-elle conforme aux intérêts chinois : quel risque potentiel pour la

Chine communiste en cas de victoire américaine ? (carte). Quel bénéfice immédiat pour la Chine (texte) ?

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c. Quel est le bilan humain pour le pays ?

Toutefois, les années cinquante voient Mao prendre ses distances vis-à-vis de l’Union Soviétique qui se refuse à le traiter comme un partenaire à part entière, avant de rompre ouvertement en 1963. Mao s’inquiète également de l’impact possible de la déstalinisation sur son propre pouvoir) Cela conduit à la fin des années 60 et au début des années 70, à des accrochages sur l’Amour. Cette escalade militaire aurait pu déboucher sur un conflit nucléaire.

Cette rupture permet à la Chine d’incarner une autre voie vers le communisme, et d’exercer une certaine influence idéologique, en se faisant le champion des peuples du Tiers Monde. La Chine reste un pays sous développé, se rapproche des non-alignés et offre son aide et son modèle de développement à certains pays (Albanie, Tanzanie,…).

279.1/2 : L’évolution de la place de la Chine dans les relations internationales. Consigne du livre + synthèse : mais son influence demeure limitée et s’exerce essentiellement dans

l’aire régionale (Corée, Indochine). Elle sait cependant jouer de son poids en Asie et de sa situation géopolitique particulière, obtenant la reconnaissance de plusieurs régimes occidentaux à partir des années soixante (Grande-Bretagne, France).

Vis-à-vis des États-Unis, le pays passe d’une hostilité idéologique à une coopération pragmatique

261.3/5 Les relations avec les États-Unis : Questions du livre.

Au début des années 70, pour sortir de son isolement, la Chine se rapproche des Etats-Unis. Cette évolution s’accompagne d’avantages concrets (reconnaissance américaine, entrée à l’ONU et siège au Conseil de sécurité, livraison d’équipements militaires alors que le pays est en situation de quasi guerre avec l’URSS).

Dans le cas de la Chine, le rôle politique mondial précède donc la puissance économique.

B. Les errances du maoïsme.

Sur le plan intérieur, le bilan de la période maoïste est désastreux. La politique économique connaît des à-coups liés aux tocades de Mao, ou aux luttes d’influence qui l’opposent à d’autres dirigeants. On peut citer deux épisodes particulièrement traumatisants pour la population :

- « Le grand bond en avant (1958-1960)» : tentative d’accélération de la croissance par la réalisation

de travaux gigantesques et le développement d’industries dans les campagnes. L’opération se traduit par un grand bond en arrière et quelques 15 à 20 millions de morts de faim… Cet épisode contribue à éloigner la Chine de l’URSS.

- La révolution culturelle (1966-1976) : Mao mobilise la jeunesse, les « gardes rouges » pour

reprendre l’influence perdue après le grand bond en avant. La vie du pays et l’économie sont

complètement désorganisée par cette « révolution permanente », qui permet à Mao d’écarter ou

d’éliminer ses adversaires. Des millions de cadres et d’intellectuels sont persécutés et envoyés en

rééducation.

Ces troubles accentuent le retard économique et scientifique du pays en sacrifiant des générations de cadres et d’intellectuels (les universités chinoises sont fermées pendant plusieurs années pendant la révolution culturelle). À l’étranger, où on ignore tout de la réalité chinoise, le grand bond en avant, la révolution culturelle fascinent l’extrême gauche occidentale [261.4] et constituent donc paradoxalement un outil de rayonnement.

III. L’après Mao : L’ouverture de la Chine.

La mort de Mao en 1976 ouvre un troisième chapitre dans l’histoire de la Chine au XXe siècle. Les « Maoïstes » (la « bande des 4 ») sont éliminés rapidement au profit d’une équipe modérée dirigée par

Deng Xiaoping.

En une trentaine d’années, elle devient une puissance économique et financière de premier plan en

adoptant partiellement les règles de l’économie de marché. Cela lui permet de prétendre à une plus grande

influence politique sur la scène internationale. Elle se donne désormais pour objectif de dépasser la puissance des États-Unis, auxquels elle se heurte de plus en plus dans les domaines économique et

Deng Xiaoping

Économie de marché.

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T3 : Puissances et tensions dans le monde de la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours.

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diplomatique.

Cette montée en puissance s’accompagne de l’affirmation d’un nationalisme sourcilleux et agressif (par

exemple au sujet de Taïwan). De fait, le nationalisme se substitue se substitue dans les faits à l’idéologie communiste, il sert également aux luttes de clan internes.

272.2 : Tension franco-chinoise en 2008.

Il se traduit aussi par le développement de revendications territoriales en Mer de Chine face au Japon et aux pays d’Asie du Sud-est (question de la souveraineté sur des îlots isolés, des espaces maritimes riches en pétrole… ). On assiste à une rapide modernisation de son armée et de sa marine qui inquiète ses voisins (budget militaire en hausse de 10% par an) [cf. la troisième partie du thème].

La Chine s’impose aujourd’hui comme un nouveau centre géopolitique en Asie orientale (soutien à la Corée

du Nord, développement de partenariats avec la Russie et les pays d’Asie centrale, développement de son influence en Asie du Sud-Est). Cela provoque un début de réarmement du Japon et le renforcement des Etats-Unis dans la zone.

Sa puissance, relayée par une diaspora active, se manifeste également de plus en plus dans d’autres

régions du monde, Océan Indien, Afrique, Amérique latine, mais aussi Europe et Amérique du Nord, par le biais de ses investissements qui la rendent de plus en plus indispensable à la croissance mondiale. Toutefois, elle ne dispose pas encore des moyens militaires qui lui permettraient de s’imposer comme une superpuissance, et ne propose plus de modèle susceptible de s’exporter comme cela était le cas à l’époque maoïste.

266 et 267 La chine en Afrique : Préparer les questions du livre à la maison.

De plus, la Chine contemporaine doit faire face à de nombreux défis :

- Démocratisation brutalement stoppée par Deng en 1989 (massacre de la place Tiananmen [265.2].

- Répression des minorités (Tibet, Sin-Kiang). - Développement des inégalités sociales et régionales. - Densité du peuplement et vieillissement accéléré de la population (lié à la politique de l’enfant

unique). - Dégradation accélérée de l’environnement (raréfaction des terres cultivables, désertification,

problème de l’eau). - Croissance économique souvent spéculative (bulle immobilière, opacité des subventions aux

entreprises, corruption généralisée).

Ces problèmes remettent potentiellement en cause la croissance économique rapide qui est la condition de la stabilité du pays. Ils hypothèque donc le rôle croissant que la chine souhaite jouer dans le monde.

Nationalisme

Géopolitique

Diaspora

Démocratisation

Sur ces # points, cf. cours de géographie.

IV. Bibliographie.

J. Gernet, Histoire de la Chine, Armand Colin, 1999.

H. Rotermund, etc., L’Asie orientale et méridionale au XIX° et XX° siècles, Nouvelle Clio, PUF, 1999.

J. Chang et J. Halliday, Mao, l’histoire inconnue, Gallimard, 2005.

Y. Jisheng, Stèles, La grande famine en Chine, 1958-1961, Seuil, 2008.

Hua Linshan, Les années rouges, Seuil, 1987.

Macfarquhar et Schoenhals, La dernière révolution de Mao, Histoire de la révolution culturelle 1966-1976, NRF Essais

gallimard, 2009.

S. Leys, Essais sur la Chine (Les habits neufs du président Mao, Ombres chinoises, Images brisées, la forêt en feu,

l’humeur, l’honneur, l’horreur), Bouquins, Robert Laffont, 1998.

Et bien sûr : Mao Tsé Toung, Le petit livre rouge, Pékin, 1966. (Préface de Lin Piao)