cours ctu2013

Upload: derfgh

Post on 13-Apr-2018

218 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    1/78

    Histoire du christianisme latin medieval

    Goglin Jean-Marc

    To cite this version:

    Goglin Jean-Marc. Histoire du christianisme latin medieval. Licence. Centre TheologiqueUniversitaire de Rouen, 2013.

    HAL Id: cel-00856357

    https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00856357

    Submitted on 31 Aug 2013

    HAL is a multi-disciplinary open access

    archive for the deposit and dissemination of sci-

    entific research documents, whether they are pub-

    lished or not. The documents may come from

    teaching and research institutions in France or

    abroad, or from public or private research centers.

    Larchive ouverte pluridisciplinaire HAL, est

    destinee au depot et a la diffusion de documents

    scientifiques de niveau recherche, publies ou non,

    emanant des etablissements denseignement et de

    recherche francais ou etrangers, des laboratoires

    publics ou prives.

    https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00856357https://cel.archives-ouvertes.fr/cel-00856357https://hal.archives-ouvertes.fr/
  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    2/78

    1

    INTRODUCTION1

    Objectifs : prsenter lhistoire du christianisme au Moyen ge latin.Il va donc sagir dtudier lvolution:

    -des institutions, des rites et des pratiques religieuses,

    -des mentalits religieuses,-de lorganisation des diffrents espaces chrtiens.Il sagit de montrer:

    -que le christianisme mdival latin est multiple,-que saffrontent de manire permanente des volonts unificatrices et desvolonts dmancipation.

    Cadre historique : Le Moyen ge latin.Il stend:

    -de 476, date de la dposition de lempereur romain Romulus Augustule par lebarbare Odoacre,

    - 1520, date de lexcommunication de Martin Luther.

    Cadre gographique : La chrtient.Elle correspond :

    -En 476 :-La partie Ouest de lancien empire romain dchu en 476.-LIrlande qui na jamais appartenu lempire.

    -En 1520 : Lensemble des territoires adhrent au christianisme latin.

    1Cours de Jean-Marc GOGLIN, agrg, docteur en philosophiede l.P.H../Centre Thologique Universitaire de Rouen/cours de 3e puis de 2

    anne/2013, 4ed.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    3/78

    2

    Ve-VIe SICLES : UNE CHRTIENT MORCELE(2 HEURES)

    Linstallation massive des barbares dans loccident latin entre 376 et 476 perturbe la fois :-lunit politique,

    -et la vie chrtienne.Lempire romain doccident se trouve morcel.Les barbares sont des paens non convertis au christianisme.Un processus de conversion se met en place.Chaque royaume dveloppe :

    -sa propre organisation ecclsiastique,-ses propres rites et pratiques religieuses

    I. Lglise de Rome.

    1) Une glise fonde sur le pape.

    Le pape : dabord vque de Rome.

    Aux Ve-VIe s : le pape a un pouvoir religieux restreint Rome et ses environs.Sappuyant sur lvangilede Marc (10, 44), Grgoire le Grand (590-604) se nomme lui mme serviteur des serviteurs de Dieu .Cela manifeste son humilit mais aussi la ralit de son statut.Le pape est dabord:

    -prtre,-puis vque de Rome.

    Il est lu par :-le clerg,-le peuple de Rome.

    Lempereur byzantin doit confirmer llection.Le pape a en charge :

    -lglise cathdrale du Latran, construite par lempereur Constantin et ddieau Sauveur puis Jean lvangliste1,-la basilique extra muros du Vatican, construite au VIe s, et, par la suite,

    plusieurs fois reconstruite et agrandie.Le pape est aid de :

    -7 diacres palatins pour les offices pontificaux du Latran,

    -12 diacres rgionnaires chargs de la gestion du temporel et de la charit

    2

    .Le pape, mtropolitain de la province suburbicaire.

    Le mtropolitain est un vque qui a une simple autorit dhonneur.Il est leprimus inter pares.Linfluence du pape stend sur:

    -Rome,-le Latium,-la Sabine,-une partie de lItalie centrale,

    1E. HUBERT, Latran , inDictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 819.2F. MUNIER, Diacre , inDictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 410-411.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    4/78

    3

    -lItalie mridionale,-la Sicile.

    Il dispose dune juridiction dappel.Il runit les vques en synode provincial.

    Le pape, patriarche doccident.

    Selon lvangile, le pape est le successeur de laptre Pierre.Il possde une autorit morale sur les vques doccident.

    2) Une glise, patriarcat de lempire byzantin.

    Le pape soumis lempereur.

    VIe s : Lempereur byzantin Justinien (527-565) reconquiert lItalie soumise aux Goths.Il cherche raffirmer le pouvoir religieux de lempereur en Italie.

    553 : Le concile de Constantinople raffirme que rien ne peut se produire dans lglise sanslapprobation de lempereur.Justinien affirme que :

    -lempereur est seul source de loi,-lEglise na de comptence quen matire de foi.

    Lautorit de lempereur stend jusque dans la dsignation du pape.555 : Justinien fixe les modalits de llection du pape:

    -la vacance doit tre notifie lexarque de Ravenne,-llection a lieu 3 jours aprs les funrailles,-le corps lectoral est constitu du haut clerg romain et de la noblesse laque,-un avis doit tre envoy Constantinople,-lempereur doit donner son accord.

    684 : Lexarque reoit lautorisation de confirmer lui-mme llection.Lempereur se donne le droit de dposer le pape.

    Lexemple de Grgoire le Grand (590-604)1.

    Issu dune famille aristocrate romaine.Attir par la vie asctique, il vend ses biens vers 575.Il fonde plusieurs monastres en Sicile et se retire comme moine Rome.En 579 : le pape lordonne diacre et lenvoie comme nonce Byzance jusquen 585.

    Il retourne ensuite Rome o il est lu abb de son monastre.En 590 : il est lu pape malgr lui la demande du peuple romain.Son action est vaste :

    -il veille la bonne moralit des vques dont il a la charge,-il lutte contre la famine qui svit Rome cause de la prsence de la peste,-il organise des missions vers les peuples vangliser

    Son action politique est marque par lindpendance vis--vis des princes :-Il entretient peu de relations avec les princes doccident,-Il cherche maintenir des contacts avec Byzance malgr lisolement de Romedans une Italie envahie par les barbares.Les rapports entre la papaut et Byzance sont tendus.

    1S. BOESCH GAJANO, Grgoire le Grand. Aux origines du Moyen ge, Paris, 2007.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    5/78

    4

    3) Une glise face aux querelles thologiques.

    Larianisme des Lombards.

    Les Lombards sont le dernier peuple germanique sinstaller dans lancien empire doccident.Ils sont les moins romaniss de tous les barbares.Ils sinstallent dans le nord de lItalie la fin du VIe s1.La population est majoritairement paenne.590 : Ldit du roi Authari (roi depuis 584) fait de larianisme la seule religion autorise.Sa politique est appuye par le pape Grgoire le Grand qui cherche obtenir la conversion desLombards au catholicisme.Pourtant : le processus de conversion est lent.653 : le roi Aripert abjure larianisme.Cependant : lensemble des Lombards demeure arien.Les Lombards demeurent une menace pour la papaut.

    774 : Charlemagne dpose Didier, dernier prince des Lombards.

    La crise monothlite.

    Le monothlisme est une forme attnue du monophysisme.Cette thorie soutient quil nexiste quune volont dans le Christ.648 : Lempereur byzantin, Constant II, promulgue un dit, le Typos, qui interdit de discuterde la volont du Christ.Le pape, Martin Ier, refuse le Typos.5-31 octobre 649 : Il runit un concile Rome pour condamner le monothlisme2.Lempereur fait arrter Martin Ier qui meurt en exil le 1er septembre 6553.

    Novembre 680-septembre 681 : Le 3econcile de Constantinople interdit le monothlisme.=concile in Trullocar a eu lieu sous la coupole (troullos) du palais imprial.

    La querelle des images.

    Limage est anthropomorphe au contraire du signe qui est aniconique.Le culte des images correspond au culte rendu aux images reprsentant :

    -le Christ,-la Vierge,-les saints4.

    Ce culte apparat au VIIe s dans lempire byzantin.Ce culte pose la fois :-un problme biblique : LeDcalogueinterdit la reprsentation du divin,-un problme thologique : celui du statut de limage.

    partir de 727 : lempereur byzantin, Lon III (empereur de 717 741), lance une politiquede destruction des images.Son successeur Constantin V (empereur de 741 755) poursuit cette politique.Le pape Grgoire II refuse de sy associer1.

    1L. FELLER, Lombards , inDictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 846-847.2Concilium Lateranense s. 649 celebratum, R. Riedinger d., Berlin, 1984.3

    A. PIAZZONI, La codamna, lessilio e la morte di Martino I , inMartino I, Papa e il suo tempo, Todi, 1992,p. 187-210.4M.-F. AUZEPY, Culte des images , inDictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 704-705.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    6/78

    5

    Grgoire III menace dexcommunication ceux qui sopposent au culte des images.La papaut se dtourne progressivement de Byzance.

    II. Lglise franque2.

    1)

    Une glise hirarchise fonde sur le roi.

    Un royaume en expansion.

    Les Mrovingiens dominent un territoire qui stend de la valle de lEscaut celle de laSomme.Progressivement : ils tendent leur domination vers le Sud.486 : Victoire sur les Romains Soissons.523-534 : Conqute du royaume burgonde.537 : Conqute de la Provence.Le royaume connat des phases successives dunification et de divisions politiques3.

    Lacte fondateur de lglise franque: le baptme de Clovis.

    une date inconnue, Nol dune anne comprise entre 498 et 508 : Clovis (465-511), roides Francs Saliens depuis 481 ou 482, reoit le baptme de Rmi, archevque de Reims4.La scne est rapporte par Grgoire de Tours dans sonHistoire des Francs5:

    -Clovis revt une robe blanche symbole de puret,-il descend dans la piscine baptismale,-fait profession de foi,-reoit lonction.-3 000 guerriers sont ensuite baptiss.

    Grgoire de Tours voque :-linfluence de la reine Clotilde, catholique6,

    1J. GOUILLARD, Aux origines de liconoclasme: le tmoignage de Grgoire II , in Travaux et Mmoires, 3,1968, p. 243-305.2J. M. WALLACE-HADRILL, The Frankisch Church, Oxford, 1983.3 la mort de Clovis en 511 : le royaume est divis en 4 :

    -Thierry (roi de 511 534) installe sa capitale Reims,-Clodomir (roi de 511 524) Orlans,-Childebert Ier (roi de 511 558) Paris,-et Clotaire Ier (roi de 511 561) Soissons.

    Profitant de la mort de ses frres, Clotaire Ier runifie le royaume de 558 561.Le royaume est de nouveau partag la mort de Clotaire Ier en 561 :-Sigebert sinstalle lEst (roide 561 575),-Gontran en Burgondie (roi de 561 593),-Charibert Paris (roi de 561 567),-et Chilpric Soissons (roi de 561 584).

    Progressivement, 3 royaumes se dessinent :-la Neustrie lOuest,-lAustrasie lEst,-la Burgondie au centre.

    Le royaume est de nouveau runifi en 614 par Clotaire II, fils de Chilpric (roi de 614 629). Le dernier roimrovingien disparat en 747 : Childric III (roi de 743 747).4M. ROUCHE, Clovis, Paris, 1996.5

    GRGOIRE DE TOURS,Histoire des Francs, II, 29-32, R. Latouche trad., Paris, 1996, p. 117-122.6 G. SCHEIBELREITER, Clovis le paen, Clotilde la pieuse. A propos de la mentalit barbare , Clovis,histoire et mmoire, t. I : Clovis et son temps. Lvnement, M. Rouche d., Paris, 1998, p. 353-365.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    7/78

    6

    -linfluence dun miracle qui permet aux Francs de vaincre les Alamans lorsdune bataille dcisive en 4961.

    Il est certain que linfluence de Clotilde est dcisive.Ex : Clovis ne peut sopposer au baptme de son 1 ern : Ingomer.Il est probable que Clovis ait galement t influenc par les vques Rmi de Reims 2 et

    Avitus de Vienne.Ces vques soutiennent Clovis prsent comme le librateur des catholiques face auxWisigoths ariens.Ce baptme fait de Clovis le chef de lglise franque.Il est le premier roi barbare se convertir au catholicisme et non larianisme.Cette dcision lui rallie la population gallo-romaine catholique, majoritaire dans son royaume.Clovis meurt le 27 novembre 511 Paris.

    Des rois chefs de lglise.

    Les conciles de Paris de 511 puis dOrlans de 538 reconnaissent le roi comme le chef de

    lglise franque.Le roi et la reine mnent des vies asctiques, influences par les pratiques monastiques3.Ex : la reine Radegonde mne la cour une vie asctique.556 : elle obtient la permission de quitter le monde.Elle fonde le monastre Sainte-Croix de Poitiers.Ex : Le roi Dagobert (roi de 629 639) sentoure de conseillers ecclsiastiques dont :

    -Eloi, futur vque de Noyon4,-et Ouen, futur vque de Rouen.

    Il se montre gnreux envers lEglise.Il fait notamment de nombreuses dotations foncires et de nombreuses exemptions fiscales la basilique de Saint-Denis.Ex : La reine Bathilde,

    Nat vers 630.Epouse Clovis II de Neustrie en 648.Rgente de 657 665.Elle :

    -fait de nombreuses donations aux monastres : Jouarre, Jumiges,-interdit la vente des chrtiens comme esclaves

    Des vques riches et puissants.

    Lvque est le plus souvent un aristocrate.Parfois, cest un ascte.Ds le VIe s : ils sont les partenaires politiques du roi chrtien.La fonction piscopale est un prolongement du pouvoir royal.Aussi le roi choisit les vques parmi son entourage.En contrepartie, lvque dispose de limmunit: ses possessions sont places hors du

    pouvoir comtal1.

    1F. MONFRIN, La conversion du roi et des siens , in Clovis. Histoire et mmoire, M. Rouche d., t. 1, Paris,1997, p. 289-320.2M.C-ISAA,Rmi de Reims. Mmoire dun saint, histoire dune glise, Paris, 2010.3

    R. FOLZ,Les saints rois du Moyen ge en Occident (VIe-XIIIe s), Bruxelles, 1984.-Les saintes reines du Moyen ge en Occident (VIe-XIIIe s), Bruxelles, 1992.4I. WESTEEL-HOUSTE, Vie de saint Eloi ,Mlanges de Science religieuse, 59/2, 1999, p. 33-47.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    8/78

    7

    Cette immunit fait de lvque le chef de laristocratie locale.A lexemple de lvque de Cahors, Didier (v. 580-655), il uvre pour la communaut :

    -il secourt les pauvres,-il fait construire des hpitaux,-il entretient les murailles de la cit2.

    Lvque sentoure de clercs: archidiacres, diacresBeaucoup dvques sont choisis parmi les moines cause de leur rigueur et de leursconnaissances des lettres.Ceux-ci acceptent le plus souvent douloureusement dassurer leur charge.

    Un peuple encore mal christianis.

    Sous Clovis, la christianisation franque nest pas acheve.Clovis na jamais interdit les pratiques paennes.Le 1erroi sintresser la conversion de ses sujets est Childebert Ier (511-558).La christianisation du peuple se fait par tapes.

    De nouvelles pratiques funraires se mettent progressivement en place3:-Les dfunts sont enterrs dans les glises4,-Les dfunts sont commmors par des messes et des prires.

    Le mariage devient rglement5:-lengagement des fiancs doit tre public,-la consentement doit tre libre..

    La bndiction religieuse nest pas obligatoire.Lglise interdit:

    -le remariage des veuves,-le mariage entre parents jusquau 6edegr (=cousins issus de germains).

    Progressivement : lglise invite le couple se voir comme une communaut morale, inspiredu mariage du Christ et de son glise.Cependant les pratiques chrtiennes restent encore marques par les superstitions et la magie.

    2) Une glise lorigine conciliaire6.

    lorigine: une initiative de Clovis.

    Clovis est le 1ersouverain avoir runi un concile.511 : Clovis convoque un grand concile Paris.Ce concile prend des mesures contre larianisme et accorde la primaut au souverain.

    Le concile : pourtant un rle limit.

    1 F. L. GANDOLF, Limmunit dans la monarchie franque , Les liens de vassalit et les immunits,Bruxelles, 1958, 2ed, p. 171-216.2J. DURLIAT, Les attributions civiles des vques mrovingiens. Lexemple de Didier de Cahors (630-655) ,

    Annales du Midi, 1979, p. 237-254. N. DEFLOU-LECA, Lvque en a cit et sur son territoire , Lechristianisme en occident du dbut du VIIe au milieu du XIe sicle , F. Bougard dir., Paris, 1997, p. 161-168.3 P.-A. FEVRIER, La mort chrtienne , in Settimane di Spolete : Segni e riti nella chiesa altomedievaleoccidentale, 37, Spolte, 1987, p. 881-942.4La christianisation du cimetire nest acquise quau Xe s.5

    P. TOUBERT, Linstitution du mariage chrtien, de lAntiquit tardive lan Mil , in Settimane :Morfologie sociali e culturali in Europa fra tarda Antichit e Alto Medioevo, 45, Spolete, 1998, p. 503-553.6O. PONTAL,Histoire des conciles mrovingiens, Paris, 1989.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    9/78

    8

    Le concile est une assemble dlibrante constitue dvques.Le concile de lglise franque na pas autant dimportance quen Espagne.Il est loccasion pour les vques de manifester :

    -leur dsapprobation vis vis du roi,-leur volont de retrouver leur autonomie vis vis du pouvoir royal.

    Ex : Le concile dOrlans de 541 impose au roi Childebert Ier que tout converti soit contrlpar le seul clerg.

    partir de la 2emoiti du VIIe s : la disparition des conciles.

    A partir des annes 660 : les conciles ne sont plus runis.Laffaiblissement du pouvoir des souverains entrane certainement celui des autoritsecclsiastiques.

    3) Une glise qui sappuie sur le monachisme1.

    Le renouveau du monachisme franc, uvre de Colomban.

    Des celtes venus de Cornouailles et du pays de Galles ont crs des ermitages en Armorique.Un joue un rle majeur =Colomban2.Sa vie est rapporte par le moine Jonas de Bobbio entre 639 et 643.Moine de labbaye de Bangor, en Irlande. Vers 590 : Quitte lIrlande avec 12 compagnons pour la Gaule.Colomban obtient lappui des princes:

    -Gontran de Bourgogne (+592),-Theudebert dAustrasie,-Clotaire II, roi de Neustrie.

    Il fixe sa communaut :-Annegray dans les Vosges en 591,- Luxeuil, en Franche-Comt en 593,-Fontaines, en Franche-Comt en 595.

    Il rdige 2 textes :-La regula monachorum, recueil de pratiques asctiques et spirituelles,-la regula coenobialis, pnitentiel monastique.

    Sa spiritualit sduit surtout les femmes.Sous son influence : les monastres fminins se multiplient3.Colomban voit sopposer lui:

    -les autorits politiques : Thierry II, roi de Bourgogne puis dAustrasie, quinaccepte pas les remontrances de Colomban concernant sa vie prive,-les vques qui nacceptent pas le refus de soumission de Colomban.

    603 : Le concile provincial de Chalon manque de lexpulser.610 : Colomban est expuls de Luxeuil.Il est conduit jusqu Nantes afin quil embarque pour lIrlande.Une tempte lempche de rejoindre lIrlande.Colomban rejoint la cour de Clotaire II roi de Neustrie.Il continue de fonder des monastres.

    1E. MAGNANI S-CHRISTEN, Monachisme ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 934-935.2

    M. GAILLARD, Colomban ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 308.3S. F. WEMPLE, Contributi culturali delle comunita religiose femminili nel regno merovingio (500-750) ,Bolletino dellIstitutostorico italiano per il Medioevo, 1984, p. 317-336.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    10/78

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    11/78

    10

    Ce concile marque la fin de lunification religieuse de lEspagne.Le catholicisme devient religion dtat.633 : le 4econcile de Tolde dfinit le roi comme le gardien de la loi divine.A partir de 672 : le roi se fait sacrer1.Le premier est Wamba.

    Son sacre a lieu la demande des vques qui cherchent renforcer son pouvoir.Le roi devient un nouveau David.Lvque Isidore de Sville (560-636) a thoris le pouvoir du souverain ibrique2.Il nexiste pas de sparation entre le politique et le religieux.Le roi sappuie sur lglise pour gouverner.Le roi peut intervenir dans les discussions thologiques.Le roi nomme les vques mais ne peut les dposer.

    2) Une glise conciliaire.

    Lglise wisigothique est la seule glise occidentale fonctionner de manire pleinement

    conciliaire.Ces conciles sont runis Tolde, capitale religieuse du royaume.Ils ont pour modles le concile de Nice de 325.Le roi y joue un rle central :

    -il convoque les vques dont la prsence est obligatoire,-il prpare lordre du jour,-il promulgue les canons du concile,-il en garantit lexcution.

    Le but des conciles est de renforcer lefficacit du code de lois wisigothique3.

    3) Une glise intransigeante.

    Une glise anti-judaque4.

    Le roi prend pour un devoir de convertir les juifs au christianisme.589 : le 3econcile de Tolde met en place une lgislation anti-judaque.Des incapacits sont prononces :

    -interdiction de commander un chrtien,-surveillance de leurs dplacements

    La perscution dbute sous Sisebut (612-621).638 : Le 6econcile de Tolde dfinit les juifs comme des infidles .

    681 : Le 12

    e

    concile de Tolde leur ordonne de se convertir sous peine de chtiment(=confiscation des biens et exil).Les convertis ne sont pas rellement considrs comme chrtiens.Ils sont surveills afin dinterdire la pratique clandestine du culte.Cette politique de conversion force est un chec.693 : Le 16econcile de Tolde dfinit les juifs comme des ennemis de lIbrie.694 : Le 17econcile de Tolde nonce la rduction en esclavage de la population juive.711 : Les armes arabes mettent fin au royaume wisigothique et les juifs sont librs.

    1J. DEVISSE, Le sacre et le pouvoir avant les Carolingiens, lhritage wisigothique,Le sacre des rois, Paris,1985, p. p. 27-37.2

    P. CAZIER,Isidore de Sville et la naissance de lEspagne catholique, Paris, 1994.3Concilios visigoticos e hispano-romanos, J. Viges d., Barcelone-Madrid, 1963.4S. KATZ, The Jew in the Visigothic and Frankish Kingdoms of Spain and Gaul, Cambridge (Mass), 1937.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    12/78

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    13/78

    12

    -jenes frquents1,-punitions corporelles

    Colomban enseignait que la mortification est synonyme dobissance au Christ2.

    Un monachisme intellectuel.

    De nombreux monastres sont des centres intellectuels :-Iona, fond en 563 par Colomba (1),-Bangor (2),

    Les moines y enseignent les lettres latines, copient et enluminent les livres.Certains moines irlandais acquirent une culture tonnante.

    2) Une pit originale.

    Une nouvelle pnitence : la pnitence tarife.

    Son anciennet est atteste par lePnitentiel de Finnian, qui date de la 2emoiti du VIe s.Le pnitent peut demander la rconciliation aprs chaque faute.La dmarche est prive et est renouvele aussi souvent que ncessaire.La rconciliation sobtient aprs des actes compensatoires :

    -jours de jene,-prires,-plus rarement don dargent.

    La compensation est plus ou moins importante selon la faute.Ce recours suppose que le demandeur prcise honntement la faute commise.La pnitence tarife est apprcie la fois par les clercs et les lacs.

    Une qute originale de saintet : laperegrinatio.

    La qute de saintet se veut :-un parcours spirituel,-un voyage terrestre, une peregrinatio, exil volontaire limage du peuplehbreu (Hbreux, 11, 13)3.

    Cette qute mlange :-mortification,-exaltation,-mise en danger de sa vie.

    Conclusion :

    Au VIIe s : La chrtient est constitue dglises autonomes.Diffrentes conceptions et des pratiques religieuses coexistent sans que lunit de la chrtientne soit en danger.Lunit de la chrtient est assure par la foi.

    1

    D. POIREL, Jene ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 776.2J. LAPORTE,Le pnitentiel de saint Colomban, Paris, 1958.3O. BOULNOIS, Viator ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1444.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    14/78

    13

    VIIe-VIIIe SICLES : UNE CHRTIENT QUI SLARGIT(1 HEURE)

    A partir du VIIe s : une nouvelle vanglisation est mene afin de convertir les barbares.La Chrtient slargit.

    I. La conversion de lAngleterre.

    1) Les missions.

    LAngleterre paenne1.

    Selon Bde le Vnrable (672/673-736), moine de Saint-Paul de Jarrow2, lAngleterre estalors divise en 7 royaumes indpendants :

    -Kent,-Essex,

    -Wessex,-Sussex,-Northumbrie,-Mercie,-East-Anglie.

    Ces royaumes se sont constitus aprs le dpart des lgions romaines en 407.Ils sont le fruit des querelles entre :

    -Bretons,-Celtes,-et auxiliaires germaniques abandonns par les Romains.

    Ils ne sont unifis quen 802 autour du roi Egbert.A partir du VIe s : La re-christianisation se fait par le nord et par le sud3.

    Au sud : une mission papale.

    Bde rapporte, dans sonHistoria Ecclesiastica Gentis Anglorum, acheve en 731, les faits quiconcernent lenvoi de la mission papale4.596 : Grgoire le Grand dcide lenvoi dune mission en Angleterre5.Il cherche rtablir la prsence chrtienne en Angleterre.Avant le dpart des Romains, LAngleterre comptait 2 archevchs:

    -Londres,

    -et York.Le pape Grgoire le Grand empite sur les prrogatives de lglise des Gaules qui a la chargede rechristianiser lAngleterre.Il charge un moine, Augustin, prvt de San Andrea sur le Celio, de la diriger6.Cette mission est compose dune quarantaine de moines.597 : La mission dbarque dans lle de Thanet, dans le Kent.

    1F. STENTON,Anglo-Saxon England, Oxford, 1962, 2ed.2V. GAZEAU, Bde le Vnrable ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 143.3H. MAYR-HARTING, The Coming of Christianity to Anglo-Saxon England, Londres, 1972.4BDE LE VNRABLE,Histoire ecclsiastique du peuple anglais, P. Delaveau trad., Paris, 1995.5

    J. M. WALLACE-HADRILL, Rome and the Early English Church : Some questions of Transmission ,Settimane di Spolete, 7, 1960, p. 518-548.6I. N. WOOD, The Mission of Augustine of Cantorbery to the English , Speculum, 69, 1994, p. 1-17.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    15/78

    14

    Elle se dirige en procession au devant du roi Aethelbert.Aethelbert les autorise :

    - sinstaller Cantorbry,- y prcher.

    Vers 597 (au plus tard en 601) : Aethelbert se fait baptiser.

    Au nord : les missions irlandaises.

    Oswald, roi chrtien de Northumbrie, demande lenvoi dune mission au monastre irlandaisde Iona.635 : les moines sont installs sur un lot proximit de la cte.Lindisfarne, monastre et sige piscopal, devient le point de dpart de la christianisation dunord.La stratgie consiste installer des monastres.Lorsque la mission porte sur un royaume voisin, celle-ci est conduite par un vque.

    Les difficults des glises dAngleterre.

    Les difficults sont dabord celles de lglise de Cantorbry1.Elles apparaissent avec les dcs :

    -dAugustin, vers 604: le prestige du mtropolitain dcrot,-de Aethelbert en 616 : son fils, Eadbald, restaure le paganisme,

    La christianisation ne parvient pas stendre au del du Kent.Des missions venues de Gaule concurrencent les missions de Cantorbry.Les chrtiens envisagent de se replier en Gaule.Les difficults sont aussi lies aux divergences entre les 2 glises.Une est particulirement importante : les uns et les autres ne fixent pas Pques la mmedate.Ex : en 664, Pques est fte :

    -le 14 avril pour les Celtes, qui fixent Pques au dimanche suivant lquinoxede printemps (25 mars)-le 21 avril pour les Romains, qui fixent Pques au dimanche suivant la pleinelune aprs lquinoxe.

    2) Luvre du concile de Whitby de 664.

    Il est runi la demande dOswy, roi de Northumbrie.

    Le concile de Whitby unifie les pratiques religieuses en faisant adopter par tous les pratiquesromaines.Il divise lAngleterre en 7 vchs:

    -Cantorbry dans le Kent,-Londres dans lEssex,-Rochester,-Dorchester dans le Wessex,-Leachfield dans la Mercie,-Dunwich dans lEast Anglie,-York en Northumbrie,-Lindisfarne.

    1N. BROOKE, The Early History of the Church of Canterbury : Christ Church from 597 to 1066, Leicester,1984.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    16/78

    15

    Cependant : lensemble de la population nest pas encore convertie.Elle ne le sera que progressivement.

    3) Le dveloppement du monachisme anglais.

    Luvre de Wilfrid, archevque de York.

    669 : Wilfrid devient archevque de York.Il introduit laRglede Benot.708 : Il meurt.Le monachisme bndictin est solidement implant en Angleterre.

    Luvre de Benot Biscop.

    Compagnon de Wilfrid.Fonde les monastres de Wearmouth et de Jarrow dans le nord de lAngleterre.

    Jarrow devient un centre intellectuel rput, dot de la plus belle bibliothque du nord delOccident.Les manuscrits prsents Jarrow ont notamment t rapports de Rome par Benot Biscop.

    II. La lente organisation de lglise de Germanie.

    1) La conversion de la Frise.

    La Frise : Un territoire paen convertir1.

    =territoire germain situ le long de la mer du Nord.La Frise est aux limites extrmes de linfluence franque.Laction missionnaire est encourage par Rome et non lglise franque.Dure de la fin du VIIe s la fin du VIIIe s2.

    Le rle prcurseur dAmand3.

    Originaire de Saintonge.Moine.Dans les annes 630 : se fixe dans le nord de la Gaule.646 : devient vque de Tongres et de Maastricht4.

    649 : Rsigne sa charge.Suit lEscaut et fonde des monastres: Saint-Bavond de Gand, Nivelle, Barisis-aux-Bois.

    Les missions de Willibrord.

    N en 658 en Northumbrie.Oblat au monastre de Ripon.

    1F. PELLATON, Frisons , Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 564-565.2S. LEBECQ, Les Frisons entre paganisme et christianisme , Christianisation et dchristianisation, Angers,1986, p. 19-45.3

    E. DE MOREAU, Saint Amand, aptre de la Belgique et du nord de la France, Louvain, 1927.4F. THEUWS, Maastricht as a center of power in the early Middle Ages , Topographies of Powers in theEarly Middle Ages, Leyde-Boston, p. 155-216.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    17/78

    16

    Elve de Wilfrid dYork.678 : Il quitte Ripon pour lIrlande.Il se prpare laperegrinatio.Il dcide de leffectuer en Frise.Il obtient :

    -la protection de Ppin le Bref,-lautorisation de prcher du pape Serge.Il sinstalle Anvers.695 : il se rend Rome la demande de Ppin le Bref.Il obtient du pape lepalliumet est consacr vque.Willibrord est dsormais archevque des Frisons.Il sinstalle Utrecht o il fonde un vch1.Son Eglise relve de lEglise franque et nest pas une Eglise nationale.729 : mort de Willibrord.

    Luvre de Boniface2.

    Son nom de baptme est Winfrid.N vers 675.Originaire du Wessex.Oblat Nursling.Devient matre de lcole monastique.700 : Ordonn prtre.716 : Il se rend en Frise une premire fois.Il fuit devant lhostilit des Frisons.718 : Il revient en Frise et intgre lentourage de Willibrod.15 mai 719 : Il reoit du pape lautorisation dvangliser.Il prend le nom de Boniface.719-722 : Boniface vanglise en Hesse et en Thuringe, rcemment conquises par CharlesMartel.722 : il est consacr vque mais ne reoit pas de sige.732 : Il reoit lepalliumde Grgoire III.Il devient archevque sans sige de toutes les Eglises situes lest du Rhin.Il sappuie sur la Bavire catholique pour construire lEglise de Germanie.Ses premires dcisions portent sur :

    -la dlimitation des nouveaux diocses,-la nomination dvques: Salzbourg, Freising, Ratisbonne et Passau.

    Dans les annes 740 : il sattache rformer lglise.Il renforce la lgislation canonique.742 : Il est appel par Ppin le Bref et Carloman pour rformer lEglise franque.Il runit des conciles rformateurs en :

    -742,-743,-744,-745.

    Ces conciles :-rtablissent la hirarchie ecclsiastique,-rintroduisent la pratique des synodes annuels.

    1G. KIESEL, J. SCHRODER, Willibrord, apostel der niederland, Luxembourg, 1989.2T. H. SCHIEFFER, Winfrid-Bonifatius und die christlichen Grundlegung Europas, Friburg, 1972, rd.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    18/78

    17

    12 mars 744 : Il fonde un monastre Fulda.Boniface semble avoir vcu sa charge darchevque comme un sacrifice.753 : il obtient la permission de quitter la Frise.5 juin 754 : Il tombe dans une embuscade Dokkum.Son corps est enterr Fulda la demande de Ppin le Bref.

    2) La conversion de la Saxe.

    Sous la Charlemagne : la conqute militaire de la Saxe.

    Les saxons forment une confdration tribale o le pouvoir est partag entre plusieurs princes.Cest un peuple paen.A partir du VIIe s : Les Saxons font des incursions en Austrasie et dans la Hesse chrtiennes.Ils sont attirs par la richesse apparente de lempire carolingien.Ils pillent les sanctuaires o se trouvent des trsors.Les premires expditions militaires franques sont luvre de:

    -Charles Martel, entre 720 et 738,-Carloman et Ppin le Bref, entre 741 et 755,-de Ppin le Bref, entre 751 et 768.

    La conqute de la Saxe est ralise par Charlemagne entre 772 et 785.

    Sous Charlemagne : une christianisation force.

    Charlemagne a conscience de la ncessit dimposer de manire force la conversion auchristianisme un peuple trs attach sa religion1.785 : Le Capitulaire des SaxonsCharlemagne impose la christianisation sous peine de mort.Lacceptation du christianisme est la marque de la soumission au souverain franc.Le retour au paganisme est assimil de la haute trahison.

    Sous Charlemagne : des rvoltes rcurrentes.

    Ces mesures nempchent pas les Saxons dese soulever rgulirement.797 : Le Capitulaire des Saxonsest finalement remplac.Le nouveau capitulaire remplace la peine de mort par des amendes.A la mort de Charlemagne, en 814, la christianisation nest pas acheve.

    Sous Louis le Pieux : une conversion relle.

    Louis le Pieux assure le rapprochement des Francs et des Saxons par une politique plusconciliante.

    Conclusion :

    Lvanglisation des barbares est mene bien, des poques diffrentes selon les rgions etles peuples.Cette conversion sappuie sur le pouvoir politique local.De nouvelles glises autonomes se dveloppent.

    1A. WEILER, La chrtient et les autres. La thorie mdivale de la guerre sainte et juste , Concilium, 220,1988, p. 129-160.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    19/78

    18

    VIIIe-IXe SIECLES : UNE CHRTIENT QUI SE STRUCTURE(1 HEURE)

    Les souverains carolingiens dveloppent une nouvelle conception du pouvoir1.Ces souverains sont :

    -Carloman (741-747) et Ppin le Bref (741-768),-Charlemagne (768-814),-Louis le Pieux (814-840),-Les 3 fils de Louis le Pieux : Lothaire Ier (empereur de 817 855), Louis leGermanique (roi de Bavire puis de Germanie de 814 876), Charles leChauve (roi de Francie occidentale puis empereur de 840 877).

    Sous les souverains carolingiens, politique et religion sallient durablement.Les souverains carolingiens sefforcent de crer puis de maintenir un cadre institutionnel

    propice la ralisation du salut du peuple chrtien runi.

    I. lorigine: les initiatives politiques des souverains carolingiens.

    1) Le rapprochement avec la papaut.

    lorigine: Un pape la recherche dun appui politique.

    La papaut se sent menace par :-les Ostrogoths,-les Lombards, malgr leur conversion au catholicisme.

    Elle recherche des appuis politiques en occident.

    Le rapprochement de la papaut et de Ppin le Bref.

    Les papes Zacharie (741-752) puis tienne II (752-757) demandent laide des rois Francs.751 : Ppin le Bref :

    -est reconnu roi par les grands du royaume,-reoit lonction des vques.

    Lonction fait rfrence lonction reue par Sal de Samuel.Elle fait de Ppin loint du Seigneur.754 : Le pape tienne II demande protection Ppin.En change : il lui accorde le titre de Patrice des Romains qui reconnat Ppin comme le

    protecteur de Rome.

    Ppin le Bref est sacr.Le rapprochement de la papaut et de Charlemagne.

    Charlemagne est le fils et le successeur de Ppin.774 : Charlemagne prend contact avec la papaut.

    1Sous les Mrovingiens, les maires du palais prennent le pouvoir avec Charles Martel (au pouvoir partir de714-717 jusquen 741). Ses deux fils conservent le pouvoir: Carloman et Ppin le Bref.Le royaume est partag :

    -Carloman dirige la Germanie, le Nord et lOuest du royaume,

    -Ppin a le reste.747 : Carloman dcide de se retirer au monastre du Mont-Cassin.Le premier carolingien accdant au trne est : Ppin Ier le Bref sacr en 751.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    20/78

    19

    Il souhaite entreprendre une rforme de lglise.Pour cela : il a besoin dune reconnaissance de la part de lglise.Aussi, il se proclame roi dItalie.Le pape Adrien reconnat sa souverainet.Charlemagne intervient rgulirement dans les affaires politiques de la papaut.

    Un vnement dcisif : lintervention de Charlemagne en faveur de Lon III.

    Le pape Lon III est un pape contest car il est issu de la bureaucratie du Latran et non delaristocratie romaine.799 : Lon III est fait prisonnier par des aristocrates romains.Des accusations de parjure et dadultre sont portes contre lui.Il est dlivr par des envoys de Charlemagne.Il doit tre jug.Il ne peut ltre que par lempereur.Or lempereur byzantin vient dtre dpos par sa mre Irne.

    Charlemagne accepte la restauration de lempire dOccident.

    Des rois francs devenus empereurs dOccident.

    25 dcembre 800 : Charlemagne est sacr empereur dans la basilique Saint-Pierre de Rome.28 janvier 814 : Mort de Charlemagne.Le titre imprial est individuel.11 septembre 813 : Louis le Pieux, le seul fils survivant de Charlemagne, est associ au

    pouvoir par son pre.Il est sacr Aix-la-Chapelle.Le sacre confre la possibilit de commander aux chrtiens.Il fait du souverain loint , le choisi de Dieu.Les empereurs peuvent dsormais imposer leur politique religieuse dans le cadre dun empire vocation universelle.

    2) La volont du souverain dassurer le salut de son peuple.

    A lorigine: laffirmation du rle religieux du souverain.

    Le souverain mrovingien tait un despote tenant son pouvoir par lpe.Au contraire : le souverain carolingien se prsente comme un pasteur dmes.

    Lempereur est compar:- Mose, le lgislateur dIsral,- David, le roi dIsral.

    Lempereur doit:-veiller sur son peuple,-prendre en compte les menaces de chtiment divin que font planer les pchs,-le corriger si ncessaire.

    Le sacre joue un rle important dans lacceptation de son rle religieux1.

    Limbrication du politique et du religieux.

    1D. ALIBERT, Sacre royal et onction royale lpoque carolingienne,Anthropologies juridiques. MlangesPierre Braun, Limoges, 1998, p. 19-44.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    21/78

    20

    Le souverain carolingien affirme quil nexiste pas dopposition entre le temporel et lespirituel.Selon un juriste carolingien, Jonas dOrlans, le souverain doit pratiquer les vertuschrtiennes de justice et de vertu1.Charlemagne est trs influenc par la lecture du trait dAugustin dHippone: La Cit de

    Dieu2

    .Il cherche faire de son empire cette cit de Dieu3.Pour appliquer sa politique religieuse, Charlemagne sentoure de clercs lettrs.Son principal conseiller est Alcuin de York.

    Sous Charlemagne : le rle prpondrant dAlcuin de York (+804)4.

    Form lcole cathdral de York.766 : Il est nomm bibliothcaire de lcole de York.Matre dcole vers 780.Insiste sur limportance de:

    -la grammaire antique,-la littrature,-les mathmatiques.

    781 : Il est appel la cour de Charlemagne.782-796 : Il dirige lcole du palais.Il participe la renaissance carolingienne 5.796 : Est nomm abb de Saint-Martin de Tours.Meurt le 19 mai 804.

    3) Luvre lgislative des empereurs.

    La grande uvre de Charlemagne: LAdmonitio Generalis du 23 mars 789.

    =grand capitulaire labor par Alcuin de York sous Charlemagne.LAdmonitio Generalisest compos de 2 parties.La premire rappelle les canons de lEglise antique.La seconde procde des rappels lordre:

    -le clerg doit prcher,-le clerg doit assurer la vie liturgique et sacramentelle du peuple chrtien,-les vques doivent assurer lentretien et la surveillance des glises,-les vques doivent assurer la tutelle des monastres.

    -lEglise doit assurer lenseignement.Aussi, le prtre doit notamment tre capable de :-rciter par cur le Credoet lePater Noster,-savoir lire une homlie.

    Aucune sanction nest prvue.Il sagit de sappuyer sur la bonne volont du chrtien.

    1E. DELARUELLE, Jonas dOrlans et le moralisme carolingien,Bulletin de Littrature Ecclsiastique, 54,1954, p. 129-143.2H. X. ARQUILLERE, Laugustinisme politique. Essai sur la formation des ides politiques au Moyen ge,Paris, 1934.3M. GARCIA PELAYO,El reino de Dios, arquetipo politico. Estudio sobre las formas politicas en la alta edad

    media, Madrid, 1959.4C. VEYRARD-COSME, Alcuin ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 33-34.5K. FLASCH,Introduction la philosophie mdivale, Paris, 1998, 2ed, p. 1-13.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    22/78

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    23/78

    22

    Raban Maur (783-856) Fulda1.

    Moine de Fulda.Reoit son ducation dAlcuin.

    Devient coltre de Fulda.Rdige :-des ouvrages de didactique :De la Grammaire,-un manuel sur la formation du clerg : Sur linstitution des clercs,

    Jean Scot rigne (v810-870)2.

    Rejoint vers 846-847 la cour itinrante de Charles le Chauve.Devient matre lcole palatine.Sy rvle le matre le plus innovant de la priode carolingienne.851 : Il rdige la demande dHincmar, archevque de Reims, son trait De divina

    Praedestinatione3.Il y rfute lide dune double prdestination et y affirme que le pch est une fuite verslimpossible car le pcheur ne peut atteindre le nant auquel il aspire4.Son trait est condamn par :

    -le concile de Valence de 855,-le concile de Langres de 859.

    860-862 : Il retraduit les uvres grecques de Denys lAropagite5 transmises en 827 par lebasileus Michel III Louis le Pieux.862-866 : Il traduit des uvres de Maxime le Confesseur et de Grgoire de Nysse.Il rdige son uvre majeure: lePeriphyseon ouDe divisione naturae6.Il y affirme que Dieu est la fin vers laquelle tend toute chose.Son uvre sinspire de Maxime le Confesseur.Il commente laHirarchie cleste de Denys.Luvre de lErigne est souponne de panthisme.Elle est condamne en 1210 par le synode de Sens.

    Hincmar de Reims (806-882)7.

    Form au monastre de Saint-Denis.Juriste rput.

    Heiric (841-v 876) et Rmi Auxerre (v 841-908)

    8

    .Recueillent luvre grecque de Jean Scot rigne.Thorisent la socit en 3 ordres : milites, oratoreset laboratores.

    1L. MORELLE, J.-P. BOUHOT, Raban Maur ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1167.2C. ERISMANN, Jean Scot Erigne ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p.771-775.3JEAN SCOT RIGNE,De divina Praedestinatione, G. Madec d., Turnhout, 1978.4A. WOHLMANN,Lhomme, le monde sensible et le pch dans la philosophie de Jean Scot Erigne, Paris.5DENYS LAROPAGITE, uvres compltes, M. de Gandillac trad., Paris, 1943.6JEAN SCOT RIGNE, Periphyseon, F. Bertin trad., Livres I-II, Paris, 1995 ; Livres III, Paris, 1995 ; LivreIV, Paris, 2000 ; . Jeauneau d., Liber V, Turnhout, 2003.7

    J. DEVISSE,Hincmar, archevque de Reims (845-882), 3 vol., Genve, 1976.8D. IOGNAT PRAT, C. JEUDY, G. LOBRICHON, Lcole carolingienne dAuxerre.De Muretach Rmi,830-908, Paris, 1991.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    24/78

    23

    3) Lessor des bibliothques.

    Les coles se dotent :-de laBible,

    -des uvres des Pres,-douvrages pdagogiques,Ex : ouvrages de grammaire de Donat et Priscien : lArs minor1 et les

    Institutiones grammaticae2,-des uvres de lAntiquit romaine.Ex : lesDiticha Catonis, recueil de maximes moralisantes attribues Caton.

    Les moines recopient les manuscrits.Ils utilisent la minuscule caroline, mise au point Saint-Martin de Tours, qui leur permet decopier plus rapidement.Alcuin, devenu abb de Saint-Martin de Tours, se charge de rviser le texte de laBible3.Cet essor des bibliothques est particulirement important sous Charles le Chauve.

    III. Luniformisation des modes de vie religieux.

    1) La rforme de la liturgie.

    Le rite romain pour tous.

    VIIe s : Chaque glise possde son propre rite.Louis le Pieux puis Charlemagne imposent le rite romain tous4.Luniformisation du rite renforce luniformisation de la socit.Cette rforme du rite saccompagne du renforcement du rle de lglise paroissiale.

    Lobligation dassister la messe.

    755 : La participation la messe du dimanche devient une obligation.Le dimanche est institu jour de repos.Lpoque carolingienne est une civilisation de la liturgie 5.Une attention particulire est accorde au cycles liturgiques ponctus par de grandes ftes :

    -cycle de Nol,-cycle de Pques,-ftes dobligation : Ascension, fte de Pierre et Paul, nativit de Jean, ftes

    marialesIl est difficile dimposer le silence aux fidles durant la messe.

    Lobligation de communier au moins 3 fois/an.

    1L. HOLTZ, Donat et la tradition de lenseignement grammatical. Etude sur lArs Donati et sa diffusion (IVe-IXe s) et dition critique, Paris, 1981.2 M. GIBSON, The Early Scholastic Glosule to Priscian, Institutiones Grammaticae: the Text and itsInfluence , in Studi Medievali, XX/1, 1979, p. 235-254.3F. L. GANSHOF, La rvision de laBiblepar Alcuin , inBibliothque dhumanisme et Renaissance, 9, 1947,

    p. 7-20.4C. VOGEL, Les motifs de la romanisation du culte sous Ppin le Bref (751-768) et Charlemagne (774-814) ,

    Culto cristiano politica imperiale carolingia, Todi, 1979, p. 13-41.5. DELARUELLE, La Gaule chrtienne lpoque franque, Revue dHistoire de lglise de France, 38,1952, p. 64-72.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    25/78

    24

    Les vques imposent de communier au moins 3 fois/an :- Nol,- Pques,- la Pentecte.

    La communion se fait sous les 2 espces.La communion est tellement entoure de sacr que les fidles craignent de communier.

    Le refus du culte des images.

    787 : Le concile de Nice II met fin la querelle des images dans lempire byzantin.Il autorise le culte des images.Charlemagne soppose cette dcision conciliaire.794 : Le concile de Francfort statue sur les images.Les images sont tolres pour leur valeur dcorative.Un culte ne peut leur tre rendu.

    2) La rforme de la vie canoniale.

    Loeuvre de Chrodegang de Metz.

    =vque de Metz depuis les annes 740.740 : Fonde labbaye de Gorze, abbaye rformatrice.766 : Meurt.Chrodegang est un des plus zls partisans de la romanisation du culte.Il introduit Metz :

    -le chant, lordo,-les coutumes romaines.

    Entre 754 et 756 : il rdige une rgle de vie pour les clercs dpendant des cathdrales, leschanoines1.La rgle impose :

    -de vivre en communaut,-de participer aux heures canoniales,-de se runir en chapitre.

    Sa rgle sinspire de celle de Benot de Nursie2.Chrodegang runit plusieurs conciles rformateurs :

    -en 756 : Ver, Verberie,

    -en 757 : Compigne,-en 762 : Attigny.

    Luvre du concile dAix-la-Chapelle de 816.

    Le concile dAix-la-Chapelle promulgue une rgle qui impose la vie commune tous leschanoines.La rforme a des difficults simposer.

    3) La rforme de la vie monastique.

    1

    P. MONTAUBIN, Chanoine ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 250-251.2M. CLAUSSEN, The Reform of the Frankish Church: Chrodegang of Metz and the Regula Canonicorum inthe Eighth Century, Cambridge, 2005.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    26/78

    25

    Linitiative de Benot dAniane.

    N vers 7501.Fils du comte de Maguelonne, un aristocrate wisigoth.

    Elev la cour de Ppin le Bref.Devient moine en 774.Fonde sur ses propres biens le monastre dAniane dans le Languedoc.Y fait adopter laRglede Benot de Nursie.Il rforme de nombreux monastres, notamment en Aquitaine2.Il rdige la Concordia Regularum3.=commentaire de la Rgle de Benot de Nursie, accompagn des citations des rgles deBasile, Pacme et de Colomban.

    Lappui de Louis le Pieux.

    814 : Louis le Pieux appelle Benot auprs de lui.Ensemble, ils prparent les conciles rformateurs de 816 et 817.

    Les dcisions conciliaires.

    816 : Le concile dAix-la-Chapelle dcide que les moines auront tous les mmes obligations.817 : Ils font adopter le Capitulare monasticumpar lensemble des monastres.LaRglede Benot de Nursie (+ entre 550 et 560) devient le seul texte normatif reconnu4.Benot dAniane y introduit des nouveauts conforme lesprit de rforme:

    -primaut donne aux offices,-droit de regard accord aux chapitres sur la charge de labb,-cole monastique rserve aux seuls moines

    11 fvrier 821 : Mort de Benot dAniane.

    Conclusion :

    Les souverains carolingiens contribuent :- lunification territoriale de la chrtient,- lunification des rites et des pratiques religieuses.

    Lempire carolingien clate la mort de Louis le Pieux.Aot 843 : Le Trait de Verdun partage lempire en 3:

    -La Francie pour Charles le Chauve,-la Germanie pour Louis le Germanique,-La Lotharingie pour Lothaire.

    La Chrtient est de nouveau politiquement morcele5.Lunification des rites et pratiques demeurent.

    1M. PARISSE, Benot dAniane,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 147.2R. GREGOIRE, Benedetto di Aniane nella riforma monastica carolingia , Studi Medievali, 1985, p. 573-610.3BENOIT DANIANE, Concordia Regularum,Patrologie Latine, t. 103, col. 703-1380.4

    Rgle de saint Benot, A. De Vogue, J. Neufville d., 2 vol., Paris, 1971-1972.5Le dernier carolingien roi de France est Louis V (roi de 986 987). Les Captiens succdent aux Carolingiensavec Eudes (roi de 888 898).

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    27/78

    26

    Xe-XIe SICLES : UNE CHRTIENT SOUS LE CONTROLE DE LA PAPAUT(1 HEURE)

    Avant le Xe s : La papaut est politiquement dpendante des souverains byzantins puiscarolingiens.

    Progressivement, elle saffirme comme une puissance indpendante de tout pouvoir temporel.

    I. La rupture avec Byzance.

    1) lorigine: une mutuelle incomprhension.

    Lincomprhension est dabord linguistique: la chrtient latine ignore le grec.Lincomprhension est religieuse:

    -Les Grecs acceptent le mariage des prtres, ce que refuse les Latins,-Le concile de Braga de 675 ajoute une prcision au Credo: lEsprit Saint

    procde du Pre et du Fils . Cette ide est admise dabord par lglise

    franque puis par la papaut mais est refuse par lglise byzantine.

    2) Le schisme de Photius.

    863 : Nicolas Ier suspend le patriarche byzantin Photius.Photius ne se soumet pas la dcision de Nicolas Ier.Il rdige un catalogue des erreurs latines quil envoie aux patriarches orientaux.Il annonce un synode pour juger Nicolas Ier.Et 867 : le synode de Constantinople dcide lexcommunication de Nicolas Ier.

    Novembre 867 : Nicolas Ier meurt avant davoir t inform.

    3) Le schisme de 10541.

    La volont papale de saffirmer comme le chef unique de lglise chrtienne.

    Le pape Lon IX joue un rle dterminant dans la rupture.Il cherche tendre linfluence de Rome2.1049 : Il prside le concile de Reims qui assure que le pape est le seul primat apostolique etuniversel.

    La raction byzantine.

    Le patriarche byzantin, Michel Crulaire (1043-1058), est hostile aux Latins.1053 : Il fait fermer les glises latines et confisque les monastres latins de Constantinople.Il reprend la querelle avec lEglise latine.Lon IX rplique en affirmant la primaut de la papaut sur le patriarche de Constantinople.

    Lchec de la rencontre de Constantinople.

    1054 : Lon IX cherche sentendre avec le patriarche byzantin. Il envoie une dlgation Constantinople.Elle est compose de :

    1M. KAPLAN, Byzance-Rome : le grand schisme ,LHistoire, 1982, p. 23-33.2E. PETRUCCI,Ecclesiologia e politica de Leone IX, Roma, 1977.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    28/78

    27

    -Humbert de Moyenmoutier,-Frdric de Lorraine,-Pierre dAmalfi.

    La rencontre est un chec.19 avril : Lon IX meurt.

    16 juillet 1054 : Humbert de Moyenmoutier dpose un anathme concernant MichelCrulaire1.En retour, Crulaire lance un anathme sur les lgats.Le dialogue est interrompu.Il est dfinitivement rompu en 1204 lorsque les croiss pillent Constantinople.

    II. Une alliance temporaire avec les souverains germaniques.

    1) lorigine: le pape la recherche dun protecteur militaire.

    Le rapprochement de la papaut et du souverain de Germanie.

    Le pape Jean XII se sent menac.Il craint dtre assujetti une puissance italienne extrieure Rome.Il fait appel au roi de Germanie Otton Ier.Deux raisons :

    -Celui-ci est le souverain le plus puissant,-Il a lambition de restaurer lempire.

    2 fvrier 962 : Otton est couronn empereur.Le pape cherche en vain affirmer sa primaut.

    Une papaut sous le contrle de lempire.

    13 fvrier : Otton lui accorde un privilge : lOttonianum.Le texte comporte deux aspects :

    -le 1erest territorial,=il confirme les proprits papales.-le 2ndest politique,=le pape doit prter serment lempereur.

    La souverainet du pape est nie par llvation dOtton lempire.Les empereurs vont favoriser laccession au pouvoir pontifical de papes allemand .Sur 25 papes, de 955 1047, 12 sont dsigns par lempereur.

    2)

    La rupture avec les empereurs germaniques.

    La rupture de 1057 : llection dtienne X.

    Victor II (1054-1057) est le dernier vque germanique devenir pape.28 juillet 1057 : Mort de Victor II.Le haut clerg romain lit labb du Mont-Cassin, Frdric de Lorraine.Frdric prend le nom dtienne X.La rgente impriale, Agns, nest prvenue quepost factum.

    1InPatrologie Latine, 143, col. 1002-1003.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    29/78

    28

    La rupture de 1059 : le dcret dlection pontificale.

    Laristocratie romaine cherche imposer ses candidats llection pontificale.5 avril 1058 : Benot X est lu.Le haut clerg romain lui reproche davoir t impos par laristocratie romaine.

    24 janvier 1059 : un concile runi Sienne dpose Benot X.Lvque de Florence est lu.Il prend le nom de Nicolas II (1059-1061).Il runit aussitt un synode Rome.Le synode dfinit la nouvelle procdure de llectionpontificale1.Il affirme que :

    -Le candidat doit tre lu librement par les cardinaux,-Aucune autorisation ou confirmation dinvestiture nest demander lempereur.

    III. La papaut, institution dsormais indpendante.

    1) La naissance dune puissance territoriale.

    lorigine: la possession de biens fonciers sans juridiction2.

    La papaut dtient des biens fonciers :-dans le Latium3,-en Sicile,-en Calabre,-en Illyrie4.

    Cette possession ne confre pas au pape la juridiction qui relve de lempereur.

    VIIIe s : La fausse donation de Constantin.

    Entre 757 et 767, sous le pontificat de Paul Ier, la papaut rdige la fausse donation deConstantin5.Le texte comporte 2 parties :

    -la 1re est narrative ; elle rapporte la conversion de lempereur Constantin,-la 2nde se prsente comme un acte de donation ; Constantin aurait donn le

    palais du Latran, Rome et tout loccident Sylvestre Ier.Le texte circule partir de la 2emoiti du IXe s.

    Lacquis: la souverainet sur Rome.

    Le pape revendique la souverainet sur toute lItalie.Il veut bnficier de la disparition de lexarchat de Ravenne en 751.Mais il se heurte la politique dexpansion territoriale franque.

    1D. JASPER,Das Papstwahldekret von 1059. Uberlieferung und Texgestalt, Sigmaringen, 1989, p. 98-119.2E. HUBERT, Le patrimoine de saint Pierre ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1052-1053.3P. TOUBERT,Les Structures du Latium Mdival. Le Latium mridional et la Sabine du IXe la fin du XIIe s,Rome, 1973.4LIllyrie mdivale est plus tendue que la province romaine du mme nom. La rgion situe lEst dUdine et

    au Nord de Trieste appartient lIllyrie.5LORENZO VALLA,La donation de Constantin. Sur la donation de Constantin, lui faussement attribue etmensongre, J.-B. Giard trad., Paris, 1993.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    30/78

    29

    Le pape obtient de succder au duc byzantin de Rome1.

    2) Le dveloppement de lidalthocratique2.

    Ds le Ve s : Lmergence de la fonction politique du pape.

    La papaut cherche saffirmer comme une puissance politique.La papaut hrite dune conception politique issue de la thologie grecque qui accorde uneimportance moindre au prince.Ex : Dans ses Homlies sur Osias, le roi biblique qui voulut tre la fois prtre et roi, JeanChrysostome se montre hostile la dimension religieuse du pouvoir royal.Il affirme la sparation des rles :

    -le roi a en charge les corps,-les prtres ont en charge les mes.

    494 : Le pape Glase (492-496) crit lempereur byzantin, Anastase.Il affirme que le monde est gouvern la fois par :

    -lautorit du pape,-la puissance du souverain.

    Il dfinit la tche du pape comme gouvernement de lglise universelle3.Le pape ne peut tre dirig par quiconque.

    La papaut et lglise.

    Progressivement la primaut pontificale se construit partir dune rappropriation de thmeset de concepts vangliques.Le fil directeur de cette construction est le thme de lhritage de Pierre.Ainsi, progressivement, la papaut affirme :

    -le droit du pape juger en dernier ressort,-le droit du pape dmettre un vque.=le pape sattribue les pouvoirs jusque l rserv au concile.

    3-4 mars 1075 : Grgoire VII fait rdiger leDictatus papae4.=srie de 27 propositions.La papaut affirme que :

    -le pape possde la suprmatie sur tous les autres dtenteurs de pouvoirs, lacsou cclsiastiques,-le pape a le pouvoir de dposer lempereur5.

    La papaut et le pouvoir temporel.La papaut affirme :

    -la ncessaire existence des pouvoirs spirituel et temporel,-la subordination du spirituel au temporel.

    Le pouvoir spirituel revient la papaut.Le pouvoir temporel revient au prince qui a pour charge de conduire son peuple vers le salut.

    1Le duch de Rome existe de la fin du VIe s au VIIIe s et dpend de lexarchat de Ravenne.2M. PACAUT,La Thocratie. Lglise et le pouvoir au Moyen ge, Paris, 1989, 2ed.3 A. COTTRELL, Auctoritas et potestas : a Reevaluation of the correspondance of Gelasius I on Papal

    Imperial Relations ,Medieval Studies, 1993, p. 93-109.4GRGOIRE VII,Registrum, t. 2, E. Caspar d., Berlin, 1930, p. 202-207.5F.-X. ARQUILLIRE, Saint Grgoire VII. Essai sur sa conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    31/78

    30

    Les deux pouvoirs sont complmentaires : cest la thorie des 2 glaives .Cette thorie sappuie sur lopposition des 2 communauts humaines, terrestre et cleste,dveloppe par Augustin dHippone dansLa Cit de Dieu.La papaut semploie dsacraliser le pouvoir temporel.Elle intervient dans les affaires politiques.

    3) La naissance de la curie romaine.

    La curie : organise sur le modle de la familia.

    La curie regroupe tous ceux qui participent lorganisation quotidienne de la papaut :prtres, diacres, juristes...1Un groupe domine : celui des cardinaux.Il sest constitu progressivement:

    -fin VIIe s : les 28 prtres responsables des glises de Rome sont associs aupouvoir pontifical et deviennent cardinaux,

    -sous tienne III (768-772) : les 7 vques de la rgion suburbicaire de Rome(dOstie, Albano, Porto, Silva Candida, Palestrina, Tusculum, de Sabine)deviennent cardinaux, bien que dabord cantonns un rle liturgique,-VIIIe s : les diacres, rpartis dans les glises de Rome, sont associs au

    pouvoir mais ne sont appels officiellement cardinaux quau XIIe s.Il existe donc 3 groupes de cardinaux qui forment le Sacr Collge2.

    partir du XIe s : Les cardinaux la disposition du pape.

    partir dUrbain II (1088-1099), le pape sappuie sur les cardinaux quil runit 2 fois parsemaine en consistoire3.Urbain II lui soumet les excommunications quil envisage.Lautorit des cardinaux ne fait que saccrotre.Au XIIIe s : Le consistoire est essentiellement une cour de justice.

    Conclusion :

    Aux Xe et XIe s : lglise saffirme progressivement comme une puissance indpendante destats temporels.Au XIe s : Elle proclame la primaut du pouvoir spirituel de la papaut sur tout pouvoir

    temporelIl reste la papaut dimposer sa volont aux puissances temporelles. .

    1 E. BOUY, Papes et cardinaux : profil des dirigeants de lglise romaine, Structures et dynamiquesreligieuses dans les socits de lOccident latin (1179-1449), Rennes, 2010, p. 123-133.2

    J. LECLERCQ, Pars corporis papae. Le sacr collge et lecclsiologie mdivale ,Lhomme devant Dieu.Mlanges Henri de Lubac, t. 2, Paris, 1965, p. 183-198.3J. GAUDEMET, Consistoire ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 335.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    32/78

    31

    XIe SICLE : UNE CHRTIENT RFORME(1 HEURE)

    Le XIe s est une priode o saffrontent1:-tendance la dcadence,

    -rforme dite grgorienne 2

    .La rforme est lance par les empereurs germaniques et est reprise par la papaut.Rle capital des papes :

    -Lon IX,-Grgoire VII (1073-1085)3.

    Cette rforme est longue.Elle a pour but dimposer la libert de lglise face aux pouvoirs temporels.

    I. Les rformes du clerg sculier.

    1) La lutte contre la simonie.

    La simonie : une pratique courante.

    =achat et vente des sacrements et des charges ecclsiastiques4.Lexpression est tire de lpisode des Actes des aptres (8, 18-24) o Simon le Magicientente dacheter Pierre et Jean pour confrer lEsprit Saint par imposition des mains.La simonie sest renforce avec la dsagrgation de lempire carolingien.Certains souverains senrichissent en vendant les investitures dvques et les chargesdabbs5.Xe s : Lvque Rathier de Vrone qualifie son poque de sicle de Simon 6.

    La simonie : une pratique assimile une hrsie.

    Dj prsente comme une hrsie par :-Grgoire le Grand,-Isidore de Sville (EtymologiaeVIII, 5).

    De nombreux conciles condamnent la simonie.Ex : concile de Paris de 614.Renouveau de la condamnation au XIe s.Vers 1057-1058 : le traitAdversus Symoniacosde Humbert de Moyenmoutier :

    -rcuse la validit des sacrements accords par les simoniaques.

    -remet en cause linvestiture laque, lie la simonie

    7

    .1059 : le concile de Latran approuve ces thses.

    2) La querelle des investitures (1075-1122).

    1 C. VIOLANTE, La rforme catholique du XIe s : une synthse progressive dides et de structuresopposes ,Le Moyen ge, 97, 1991, p. 355-365.2M. PARISSE, Rforme grgorienne ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1188-1189.3R. MORGHEN, Gregorio VII e la riforma della chiesa nel sec. XI, Rome, 1974, 2ed.4P. MONTAUBIN, Simonie ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1335-1336.5M. PARISSE, Investiture ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 726-727.6

    G. MICCOLI, Raterio, un riformatore ? ,Raterio da Verona, Todi, 1973, p. 97-136.7U. R. BLUMENTHAL, The Investiture Controversy: Church and Monarchy from the Ninth to the TwelfthCentury, Philadelphie, 1988.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    33/78

    32

    La querelle entre Grgoire VII et Henri IV.

    lorigine: la volont papale de lutter contre les investitures laques.24-28 fvrier 1075 : Grgoire VII organise un concile rformateur au Latran.Un dcret condamne les investitures laques.

    Le roi de Germanie, Henri IV, est directement vis1

    .24 janvier 1076 : Henri IV runit Worms une assemble dvques allemands qui dclaredposer le pape.14 fvrier 1076 : Grgoire VII excommunie Henri IV.Le roi dcide de se rtracter.25 janvier 1077 : Henri IV se rend, en habit de pnitent, Canossa o rside Grgoire VII.Il y implore le pardon du pape2.Henri IV demeure convaincu de lorigine divine et sacre de son pouvoir.1080 : Il nomme un anti-pape.Lglise de Germanie est dchire.

    La reprise et llargissement de la querelle.

    1085 : Urbain II reprend la politique de Grgoire VII3.Le roi de Germanie, Henri V, reprend la politique royale des investitures.Avril 1099 : Urbain II excommunie :

    -les lacs qui confrent une investiture,-les clercs qui lacceptent.

    1106 : le pape Pascal II renouvelle linterdiction de linvestiture laque.Il entre en conflit avec le roi de France et le roi dAngleterre.Il parvient sentendre avec Henri Ier et Philippe en 1107.Mais la querelle se poursuit avec le roi de Germanie.

    Laccord entre la papaut et la royaut: le concordat de Worms de 1122.

    1108 : Pascal II propose de rendre au roi tous les biens matriels que lglise dtient de lui enchange de la libert dlection.Protestations de lpiscopat.1111 : Henri V obtient de Pascal II linvestiture en change dlections libres.Protestations du clerg rformateur qui menace de dposer le pape.23 septembre 1122 : le pape et le roi saccordent par le concordat de Worms.Henri V renonce linvestiture et sengage respecter la libert de llection piscopale4.

    3) La lutte contre le nicolasme.

    =incontinence des prtres5.Terme issu de lApocalypse2, 6, 15.

    1 J. FLECKENSTEIN, Hofkapelle und Reichsepiskopat unter Heinrich IV , Investiturstreit undReichsverfassung, Sigmaringen, 1974, p. 117-140.2H. ZIMMERMANN,Der Canossagang von 1077, Mayence, 1975.3A BECKER,Papst Urban II, 2 vol., Stuttgart, 1962-1968.4

    Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, L. Weiland d., Monumenta Historica Germanica, t. 1,Hanovre, 1893, p. 159-161.5M. PARISSE, Nicolasme ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 981-982.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    34/78

    33

    Une pratique courante.

    Malgr les canons du concile dElvire de 300 et de Rome de 386, le non respect des clibatsest admis pour le bas clerg1.Il nest pas cause de scandale.

    Ex : en Angleterre et en Normandie.Il nest pas accept pour le haut clerg.La papaut craint la transmission des charges par hrdit.

    Un dbat difficile2.

    Pour les uns, ce genre de vie est incompatible avec la clricature3.Ex : Pierre Damien et son traitDe celibatu sacerdotum.Pour les autres, aucun lment tir des critures Saintes ne permet daffirmer lobligation duclibat.Les clercs dAngleterre et de Normandie sont vivement opposs au clibat des prtres.

    Des solutions intermdiaires.

    Certains mouvements populaires opposs au nicolasme sont radicaux.Ex : de 1056 1075, le mouvement des Patarins Milan rejette tout clerc ayant eu desrapports sexuels4.Pourtant lglise nadopte pas de solutions radicales.Pierre Damien remarque que la dposition des prtres maris aurait rduit nant le clerg decertains diocses italiens5.Des solutions intermdiaires sont proposes :

    -les prtres maris sont invits renvoyer leur femme,-un clerc accdant aux ordres majeurs doit se sparer de sa femme ouconcubine.

    Linterdit doit tre respect par les nouveaux prtres.Les cas condamnables disparatront deux mmes.

    II. Les rformes des rguliers.

    1) Les rformes monastiques.

    Les crises des IXe-Xe s.

    La rforme de Benot dAniane na pas totalement russi.Les invasions barbares ont affaibli les monastres.Ex : Normandie.

    Les rformes : uvres des princes.

    1J. POUMAREDE, Clibat ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 235-236.2L. A. BARSTOW,Married priests and the reforming Papacy. The Eleventh Century Debates,1982.3G. FORNASARI, Celibato sacerdotale e autocoscienza ecclesiale.Per la storia della "nicolaitica haeresis

    nellOccidente medievale, Udinese, 1981.4F. MENANT, Pataria ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1052.5A. CANTIN, Saint Pierre Damien (1007-1072), Paris, 2006.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    35/78

    34

    Les princes favorisent la reconstruction des monastres.Ils font appel des moines dautres abbayes pour rorganiser la vie monastique.

    Les rformes : uvres des moines.

    Ex : Guillaume de Volpiano (962-1031)1

    .Moine Saint-Michel de Lucedio, en Italie.989 : Labb de Cluny, Maeul, lui confie la rforme de Saint-Bnigne de Dijon.Il y est nomm abb et y introduit les coutumes de Cluny.Il restaure une quarantaine dabbayes:

    -en Bourgogne,-en Lotharingie,-en Normandie : Bernay...,-en Italie.

    De nouvelles fondations.

    Ex : Le Bec fond en 1034 par Herluin, fils du comte de Brionne.Devient un grand centre intellectuel2avec :

    -Lanfranc de Pavie,Dispute contre Brenger, coltre de Tours, propos de la prsence relle dansleucharistie3. Il ouvre la voie la thorie de la transsubstantiation.-Anselme dAoste (1033-1109).Auteur dune uvre thologique nouvelle.Son Proslogion, rdig en 1078, aborde de manire nouvelle le problme delexistence de Dieu4. Son raisonnement, fond sur la logique, rfute la figure

    biblique de linsens.=preuve dite ontologique de lexistence de Dieu.

    2) Luvre de Cluny5.

    La fondation.

    Fond le 11 septembre 909 par Guillaume V le Pieux, comte de Macon et duc dAquitaine,Confi au moine Bernon.Le monastre est place sous le patronage des aptres Pierre et Paul.La rgle adopte est celle de Benot.

    Dans la charte de fondation, Guillaume :-renonce tout droit sur ltablissement,-abandonne la communaut la libre lection de labb,-place le monastre sous la protection de la papaut6.

    932 : Le pape Jean XI confirme lexemption et prend labbaye sous sa protection.

    1V. GAZEAU, M. GOULLET, Guillaume de Volpiano. Un rformateur en son temps (962-1031) , Caen, 2008.2 J.-M. GOGLIN, Les coles monastiques bndictines en Normandie (XIe-XIIe s) : enseignement etrayonnement intellectuel ,tudes Normandes, 1, 2005, p. 13-24.3J. MONTCLOS,Lanfranc et Brenger. La controverse eucharistique du XIe s, Louvain, 1971.4ASELME DE CANTORBRY,Proslogion,Luvre de S. Anselme de Cantorbry, t. 1, M. Corbin d., Paris,1986, p. 44-205.5

    O. HUREL et D. RICHE, Cluny : de labbaye lordre cistercien. Xe-XVIIIe s, Paris, 2010.6 J. DE VALOIS, Charta qua Willelmus comes et dux fundat monasterium cluniacense, Annales delAcadmie de Mcon, t. 15, 1910.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    36/78

    35

    Cluny est soustrait linfluence de tout pouvoir temporel.

    Lessor de Cluny.

    Dbute sous labbatiat dOdon (927-942)1.

    Se poursuit sous les abbatiats de :-Aymard (942-948),-Mayeul (948-994),-Odilon (994-1049)2.

    998 : le pape Grgoire V soustrait Cluny la juridiction de lvque de Macon.1024 : Jean XIX renouvelle les privilges de cluny et tend lexemption tous les mostatresqui en dpendent3.Cluny appartient dsormais au sige romain.Cluny atteint son apoge sous labbatiat dHugues de Semur (1049-1109)4.

    L ordre de Cluny.

    Lexpression dsigne :-une observance au XIe s,-un groupement dabbayes au XIIe s.

    Les abbs souhaitent diffuser la rforme en prsentant Cluny comme un modle5.Les Coutumes de Cluny insistent sur :

    -limportance de loffice,-la lecture publique et prive de laBible.

    La clbration des offices se multiplient :-2 offices conventuels par jour,-messes prives6

    Les autres activits sont rduites lessentiel : travail manuel, travail intellectuelLinfluence de Cluny stend:

    -en France : Saint Germain dAuxerre7,-en Catalogne,-en Italie du Nord,-en Angleterre.

    Son influence est plus limite dans les pays germaniques.Les monastres rattachs Cluny se rpartissent en :

    -prieurs : Saint Pierre et Saint Paul dAbbeville8,-abbayes sujettes,

    -abbayes affilies.Chaque prieur paye un cens annuel Cluny en signe de subordination.

    1I. ROS, Construire une socit signeuriale. Itinraire et cclsiologie de labb Odon de Cluny (fin du IXe -milieu du Xe s), Turnhout, 2008.2J. HOURLIER, Saint Odilon, abb de Cluny, Louvain, 1964.3 J.-F. LEMARIGNIER, Lexemption monastique et les origines de la rforme grgorienne , Structures

    politiques et religieuses dans la France du haut Moyen ge, Rouen, 1995, reprint, p. 285-338.4P. RACINET, Lexpansion de Cluny sous Hugues Ier de Semur, Le gouvernement dHugues de Semur Cluny, Cluny, 1990, p. 93-131.5H. J. E. COWDREY, The Cluniacs and the Gregorian Reform, Oxford, 1970.6P. SCHMITZ, La liturgie de Cluny , Spiritualit cluniacense, Todi, 1960, p. 83-99.7

    N. DEFLOU-LECA, Saint-Germain dAuxerre et ses dpendances (Ve-XIIIe sicle), Saint-tienne, 2010.8P. RACINET, Les prieurs clunisiens en Picardie au Moyen ge ,Revue Mabillon, t. 61, n305-306, 1986,p. 1-31.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    37/78

    36

    Une des vocations de Cluny est de lutter contre les ennemis intrieurs et extrieurs delglise:

    -hrtiques,-juifs,-musulmans1.

    Le dclin de Cluny.

    Cluny connat une crise sous labbatiat de Pons de Melgueil (1109-1122).La crise semble tre la fois conomique et spirituelle :

    -Cluny connat des difficults conomiques ds la fin du XIe s,-pourtant, son apparente richesse suscite des critiques.

    Pons de Melgueil renonce labbatiat.Son successeur, Pierre le Vnrable (1122-1156), est charg de restaurer lordre2.1132 : Pierre convoque un chapitre gnral afin dinstaurer un dbut de collgialit au sein delEglise clunisienne.

    3) La rforme canoniale.

    1090 : Le pape Urbain II reconnat le caractre apostolique de la vie canoniale.La vie en communaut est restaure pour les chanoines.Les ractions sont diverses :

    -dans le Nord de la France, en Lotharingie : les chanoines refusent,-ailleurs : ils acceptent davantage.

    Les papes encouragent la constitution dordres de chanoines:-Saint-Victor de Paris en 1108-1114,-les prmontrs fonds en 1120 par Norbert de Xanten3.

    Dans beaucoup de rgions, les chanoines sont plus nombreux que les moines.

    Conclusion :

    La rforme de lglise conduit sparer pouvoirs spirituel et du temporel,Elle dfait luvre unificatrice carolingienne.Le pouvoir de la papaut est renforc.

    1D. IOGNAT-PRAT, Ordonner et exclure. Cluny et la socit chrtienne face lhrsie, au judasme et lislam, Paris, 1998.2

    J. LECLERCQ, Pierre le Vnrable, Saint-Wandrille, 1946 ; J.-P. TORRELL, D. BOUTHILLER, Pierre leVnrable abb de Cluny. Le courage de la mesure, Tours, 1988.3B. ARDURA,Prmontrs. Histoire et spiritualit, Saint-Etienne, 1995.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    38/78

    37

    XIe-XIIe SICLES : LGLISE FACE DE NOUVELLES ASPIRATIONSRELIGIEUSES(1 HEURE)

    Aux XIe et XIIe s : De nouvelles aspirations spirituelles apparaissent.

    Les lacs dsirent une vie inspire de celle des aptres.Ces nouvelles aspirations spirituelles entranent lapparition de nouvelles pratiquesreligieuses.

    I. Les nouvelles aspirations des lacs.

    1) La volont de vivre comme un aptre.

    lorigine: une revalorisation duNouveau Testament.

    partir du XIIe s : le chrtien valorise davantage leNouveau Testament.

    Il veut tre plus fidle la Parole de Dieu.Il se rfre particulirement aux vangileset auxActes des aptres.

    La valorisation de la vie humaine du Christ.

    La dvotion lhumanit du Christ existe tout au long du Moyen ge.Elle saccentue partir des XIe et XIIe s.Beaucoup souhaitent vivre nu comme le Christ nu 1.Cette expression remonte Jrme et rapparat frquemment au XIIe s.

    La cration de nouveaux mouvements apostoliques.

    partir des annes 1170 : des chrtiens se rassemblent dans des mouvements vangliques.Ils souhaitent recrer la communaut des aptres.Ils revendiquent le droit pour tous annoncer la Parole de Dieu.Cette revendication donne naissance des mouvements que lglise considre commehrtiques2.

    2) La nouvelle dvotion leucharistie3.

    XIIe s : Essor de la dvotion leucharistie.

    Lglise insiste sur la prsence relle du Christ.Les chrtiens font pression sur les prtres pour voir lhostie lors de llvation4.1215 : Le concile de Latran IV rappelle la ncessit de communier au moins une fois/an, Pques.Llvation est codifie.XIIe s : Apparat la Fte du Corps du Christ ou Saint-Sacrement , institueofficiellement en 1264 par Urbain IV.

    1R. GREGOIRE, Ladage asctiqueNudus nudum Christum sequi, Studi Storici in onore di O. Bertolini, t. 1,Pise, 1972, p. 395-409.2

    R. E. LERNER, Les communauts hrtiques ,Le Moyen ge et la Bible, Paris, 1984, p. 597-614.3RUBIN MIRI, Corpus Christi. The Eucharist in Late Medieval Culture, Cambridge, 1991.4E. DUMOUTET,Le dsir de voir lhostie et les origines de la dvotion au Saint-Sacrement, Paris, 1926.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    39/78

    38

    3) La participation un plerinage ou la croisade.

    lorigine: la volont de sa rapprocher du sacr.

    Le chrtien a le dsir :

    -de rejoindre un espace sacr,-dentrer en contact avec la saintet,-dassister un miracle1.

    De nombreux lieux de plerinages.

    Les lieux de plerinage sont nombreux :-Jrusalem, o se trouve le tombeau du Christ2,-Rome, o se trouve la tombe de laptre Pierre,-Saint-Jacques-de-Compostelle, o se trouverait la tombe de laptre Jacques(le Majeur), frre de Jean lvangliste, fils de Zbde et de Marie Salom3,

    -Conques, Rocamadour partir du XIIe s...

    Un plerinage particulier : la croisade4.

    La croisade est un plerinage en armes 5.En 1095 : Le pape Urbain II lance un appel la croisade lors du concile de Clermont6.Le but est de dlivrer le tombeau du Christ, tomb aux mains des musulmans.Cet appel est destin tous.

    Nombreux sont les chrtiens qui participent aux 1res croisades qui ne suscitent pourtant paslunanimit7.Ils sont la fois :

    -nobles : le duc Robert le Magnifique, Richard Cur de Lion,-simples chevaliers,-hommes du peuple,-et mme enfants

    On compte plusieurs croisades :-1095,-1145-1148, conduite par Louis VII, qui est un chec total,-1188-1192, conduite par Philippe Auguste et Richard Cur de Lion, la suitede la prise de Jrusalem par Saladin le 2 octobre 1187,-1202-1204, croisade dtourne sur Constantinople,

    -1217-1221, mene en Egypte, principale rgion de lempire ayyubide,-1229, mene par Frdric II qui reprend Jrusalem,-1248-1254 : mene par Louis IX,-1270 durant laquelle Louis IX meurt Tunis, tape sur la route de lorient.

    1P.-A. SIGAL,Les marcheurs de Dieu, plerinages et plerins au Moyen ge, Paris, 1974.2P. MARAVAL,Lieux saints et plerinages dOrient. Histoire et gographie des origines la conqute arabe,Paris, 1985.3Le prodige de la translation est authentifi par Clment V en 1088, par Alexandre III en 1165 et Grgoire X en1227.4M. BALARD, Croisades ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 371.5

    J. FLORI, Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme et lislam , Paris, 2002.6J. FLORI,Prcher la croisade (XIe-XIIIe s). Communication et propagande, Paris, 2012.7M. AURELL, Des chrtiens contre les croisades (XIIe-XIIIe sicles), Paris, 2013.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    40/78

    39

    II. Les nouveaux mouvements religieux.

    1) Le renouveau de lrmitisme1.

    lorigine de ce renouveau: une nouvelle volont de pnitence.

    XIe s : renouveau en Italie.Le mouvement se propage :

    -en France de lOuest,-en Lotharingie,-en Flandres.

    Le modle de la vie rmitique est celui des Pres du dsert, transmis par Jean Cassien(+433/434)2.Lermite veut assurer son salut personnel en fuyant le monde.Lermite du XIIe s est un pnitent.Il mne une vie la fois contemplative et active.

    Il mne souvent une vie de prdicateur vagabond.Le mouvement rmitique sestompe aprs 1150.Il reprend aux XIIIe et XIVe s.

    Loeuvre de Romuald de Ravenne (v950-1027)3.

    Membre de la haute aristocratie de Ravenne.Moine Saint-Apollinaire-in-Classe.Vers 975 : Du par la vie monastique, il choisit de mener une vie rmitique.Fonde plusieurs ermitages.Il meurt dans la solitude Val di Castro.

    Na jamais fond lordre des camaldules.

    Luvre de Bruno (v1035-1101)4.

    Ecoltre de Reims.Se retire avec quelques compagnons dans la valle de la Chartreuse, au pied du massif duGrand Sone dans les Alpes.Ils forment une communaut de pnitents5.Ils cherchent concilier lidal rmitique et la ncessit du cnobitisme.Le chartreux :

    -prononce des voeux,-est soumis est au prieur.Sa vie est une vie solitaire.Il doit lire, mditer et prier dans le silence.Il subvient ses besoins en travaillant de ses mains.Cependant : il noublie pas le monde extrieur.Les chartreux reoivent des htes et prient pour le monde extrieur.Les coutumes des chartreux sont rdiges par Guigues, 5eprieur, entre 1121 et 11251.

    1C. CABY, rmitisme ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 492.2C. STEWART, Cassian The Monk, Oxford, 1998.3

    P. HENRIET, Romuald de Ravenne ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 1251.4B. BLIGNY, Saint Bruno, le premier chartreux, Rennes, 1984.5J.-L. LEMAITRE, Chartreux ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 271.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    41/78

    40

    Le succs est important.On compte :

    -33 chartreuses dbut XIIIe s,-65, dbut XIVe s.

    Luvre de Robert dArbrissel(v. 1047-1116)2

    .

    Nat au milieu du XIe s.Fils du cur dArbrissel (prs de Rennes).Fait ses tudes en Haute-Bretagne puis Paris.Archiprtre du diocse de Rennes.1095 : Commence une vie rmitique.1096 : Il obtient dUrbain II la permission de prcher.Il commence une vie derrance.Il attire les disciples la fois hommes et femmes.1101 : Il sarrte Fontevraud.

    Robert y fonde une abbaye mixte3.1115 : il confie son abbaye une abbesse, Ptronille de Chemill.25 fvrier 1116 : Il meurt en Berry.

    2) Le nouveau monachisme : Cteaux4.

    lorigine: une volont de retour lasctisme.

    1071 : Robert de Molesmes :-abandonne sa charge dabb de Saint-Michel de Tonnerre,-sinstalle avec un groupe dermites dans la fort de Collan, aux confins de laBourgogne et de la Champagne.

    1075 : Un monastre est fond.Robert quitte le monastre pour crer un nouvel ermitage Cteaux.21 mars 1098 : Labbaye est officiellement fonde.Les moines entendent vivre selon une interprtation plus rigoriste de laRgle de Benot5.Ils mnent une vie dascse et de pnitence.Ils souffrent parfois de la faim.Loffice est abrg et simplifi.Les moines travaillent de leurs mains par ncessit.Aubri, 2e abb, troque la robe noire des bndictions pour une robe de laine blanche non

    teinte.Cteaux : Un succs considrable.

    1119 : tienne Harding, 3eabb, rdige la Charte de Charitqui organise lordre.Cette charte est reprise par lesInstitutio Capituli Generalide 1134.

    1GUIGUES Ier, Coutumes de Chartreuse, Paris, 1984.2 J. DALARUN, Limpossible saintet. La vie retrouve de Robert dArbrissel (1045-1116), fondateur de

    Fontevraud, Paris, 1986.3J. DALARUN, Fontevraud ,Dictionnaire du Moyen ge, Paris, 2002, p. 545.4

    M. PACAUT,Les moines blancs. Histoire de lordre de Cteaux, Paris, 1993.5 J. LECLERCQ, L identit cistercienne et ses consquences, Cahier de Fanjeaux : Les cisterciens deLanguedoc (XIIIe-XIVe s), Fanjeaux, 21, 1986, p. 371-380.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    42/78

    41

    A partir des annes 1110 : Cteaux :-cre 4 abbayes-filles,La Fert en 1114, Pontigny en 1115, Clairvaux et Morimond.-se voit rattach des monastres rforms.

    1153 : Cteaux dirige 340 abbayes.

    Cteaux oscille entre 200 et 300 moines.Son abb dirige lensemble de la congrgation1.

    Le rle majeur de Bernard de Clairvaux (1090-1153)2.

    Nat Fontaine-les-Dijon.Form chez les chanoines rguliers de Saint-Vorles.1113 : Entre Cteaux.1115 : Devient abb de Clairvaux.A partir de 1130 : son activit sintensifie.Il rdige de nombreux traits.

    Ex : Trait de lamour de Dieu, Sur la grce et le libre arbitre3.Il encourage les monastres bndictins se rformer.Il intervient contre Pierre Ablard quil fait condamner comme hrtique au concile de Sensde 11404.Il polmique contre Pierre le Vnrable qui a accueilli Ablard Cluny.Il prche contre les cathares.Il prche la croisade5.Il meurt en 1153.Il est reconnu saint ds 1174.

    III. Les mouvements vangliques populaires.

    1) Les Vaudois6.

    Un mouvement au dpart accept.

    Pierre Valds, marchand de Lyon.Il fonde un mouvement vanglique compos des pauvres de Lyon .Son mouvement est dabord utilis par larchevque de Lyon, Guichard de Pontigny, dans lecadre de la rforme des chapitres lyonnais7.Mars 1179 : Alexandre III autorise oralement Pierre Valds prcher.

    Cette prdication doit se faire :-dans une glise,-avec lautorisation du prtre.

    1J. B. VANDAMME, Les pouvoirs de labb de Cteaux aux XIIe-XIIIe s ,Analecta Cisterciensia, 24, 1968,p. 47-85.2P. AUB,Bernard de Clairvaux, Paris, 2003.3BERNARD DE CLAIRVAUX, Trait sur lamour de Dieu, la grce et le libre arbitre , Paris, 2010, rd.4J. VERGER, J. JOLIVET,Bernard-Ablard ou le clotre et lcole, Paris, 1982.5. DELARUELLE, Lencyclique de saint Bernard en faveur de la croisade,Revue bndictine, 81, 1971, p.283-308 ; Lide de croisade chez saint Bernard ,Lide de croisade au Moyen ge, Paris, 1980, p. 153-170.

    6

    G. AUDISIO,Les Vaudois. Histoire dune dissidence. XIIe-XVIe sicle, Turin-Paris, 1998.7M. RUBELLIN, Au temps o Valds ntait pas hrtique: hypothses sur le rle de Valds Lyon (1170-1180) ,Inventer lhrsie, Nice, 1998, p. 193-218.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    43/78

    42

    Les Vaudois continuent de prcher publiquement.

    Un mouvement progressivement condamn.

    Vers 1182-1183 : Le nouvel archevque de Lyon, Jean de Belles Mains, qui ne parvient pas

    les contrler, les chasse de la ville.Lusurpation apostolique des lacs est perue comme un scandale.Les Vaudois se rendent :

    -en Languedoc,-puis dans le Nord Est de la France,-dans la valle du Rhin.

    1184 : La bulleAd Abolendamdu pape Lucius III excommunie les Vaudois.

    Un mouvement qui se radicalise.

    Le mouvement vaudois se radicalise.

    Les Vaudois rejettent :-le culte dvelopp par lglise romaine,-la hirarchie ecclsiastique.

    Ils ne veulent sen tenir quau seul vangile et ne reconnaissent quun seul matre: le Christ.Dbut XIIIe s : le mouvement se scinde en 2 :

    -les plus modrs rallient lEglise.En 1208 : ils forment le mouvement des pauvres catholiques.Le mouvement est reconnu en 1210 par Innocent III qui le charge de prchercontre les hrtiques.Ce mouvement sera progressivement absorb par les ordres mendiants.-les radicaux demeurent.

    Un mouvement dissident.

    1215 : Le concile de Latran IV condamne de nouveau les Vaudois.1230 : La mise en place de linquisition les condamne la clandestinit.Fin XIIIe s : le mouvement quitte les villes pour les campagnes.Les Vaudois subsistent dans certaines rgions comme le Dauphin.Ils se rallieront aux rformes protestantes.

    2) Les Humilis.

    Mouvement n Milan vers 1175.La Chronique anonyme de Laonles prsente comme des citadins se contentant de vtementssimples et sengageant lutter pour la foi catholique1.Ils rclament le droit la prdication.1184 : Condamns Vrone par Lucius III.Le mouvement perdure.1201 : Innocent III les rintgre dans lEglise.

    3) Le catharisme.

    1Chronicon universale Anonymi Laudunensis,Monumenta Germania Historica Scriptores, 26, p. 447-449.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    44/78

    43

    1143 : Le prmontr Erwein de Steinfeld signale, par courrier, Bernard de Clairvaux queviennent dtre arrts Cologne les membres dune secte.Ces hrtiques sont appels Albigeois partir des annes 1200.Les Albigeois prtendent se rattacher une ancienne glise, cache depuis lpoque desmartyrs.

    Ils reprochent lglise catholique davoir trahi lidal vanglique1

    .Ils prnent un vanglisme radical2.Ils rejettent les sacrements et le mariage.Un seul sacrement est valide : le consolamentum (=la transmission du Saint-Esprit parimposition des mains).Ils confrent au Mal une ralit qui loppose Dieu.Ils proposent une approche personnelle, directe et active de la Parole de Dieu.La liturgie est simple, rapprochant les prtres (bonshommes) et les croyants.Ce message correspond aux attentes spirituelles des lites.

    Conclusion :

    Les nouvelles aspirations spirituelles entranent lmergence de nouveaux comportementsreligieux qui chappent au contrle des institutions ecclsiastiques.Certains mouvements collectifs sont perus comme dangereux pour la cohsion de lglise.

    1

    P. JIMNEZ-SANCHEZ,Les catharismes : modles dissidents de loccident mdival (XIIe-XIIIe s), Rennes,2008.2M. ROQUEBERT,La religion cathare. Le Bien, le mal et le Salut dans lhrsie, Paris, 2009, rd.

  • 7/26/2019 Cours CTU2013

    45/78

    44

    XIIe -XIIIe SICLE : UNE CHRTIENT ENCADRE(1 HEURE)

    Au XIIe s : apparaissent de nouveaux comportements religieux.Paralllement, la papaut renforce son encadrement.

    I. Le renforcement de la suprmatie pontificale.

    1) La mise au point dInnocent III: Laffirmation de la plenitudopotestatis pontificale.

    Une formule ancienne jusque l peu employe.

    La formule remonte Lon Ier (pape de 440 461)1.La papaut na recours cette expression qu la fin du XIIe s.Innocent III dveloppe une vritable thologie de la primaut de Pierre .

    Les formulations proposes par Innocent III sont considres par la papaut commedfinitives.

    Laffirmation de la primaut du pape, vicaire du Christ.

    Prcisment, il affirme la primaut du pouvoir du pape face aux vques et aux souverains :-face aux vques, il soutient la primaut de Pierre sur les autres aptres,-face aux souverains, il soutient que le pape est le successeur du Christ.

    Il utilise rgulirement les termes de Vicarius Christipour dfinir la fonction pontificale2.Jusque l, seuls les rois et les prtres se dsignaient comme vicaires du Christ .Innocent III revendique cette appellation pour lui seul.

    Laffirmation de lautorit lgislative et judiciaire du pape.

    Innocent III revendique dexercer seul lautorit lgislativeet judiciaire3.12 novembre 1199 : Innocent III adresse une lettre au patriarche de Constantinople.Sappuyant surLuc 22, 32, il voque linfaillibilit des successeurs de Pierre4.Innocent III rompt avec lide traditionnelle que linfaillibilit revient lensemble delglise5.Il affirme que le pape a autorit sur les conciles.Dornavant, le pape va contrler les glises locales.

    2)

    Le dveloppement du droit canon6.

    lorigine: des uvres juridiques confuses et contradictoires.

    La papau