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Dissertation appuyée sur un dossier documentaire Il est demandé au candidat : de répondre à la question posée explicitement ou implicitement dans le sujet ; de construire une argumentation à partir d’une problématique qu’il devra élaborer ; de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ; de rédiger en utilisant un vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question , en organisant le développement sous la forme d’un plan cohérent qui ménage l’équilibre des parties. Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation. Thème du programme : le contrôle social SUJET : SUJET : Le contrôle social parvient-il à supprimer toute déviance ? DOCUMENT 1 Moitié moins de crimes et délits commis dans les rues de Strasbourg ou de Cannes du fait de la vidéosurveillance ! Avec des taux d'élucidation qui explosent, c'est-à-dire davantage d'auteurs identifiés, comme à Chauny, dans l'Aisne, où l'installation d'équipements vidéo, il y a deux ans, a multiplié par deux le taux de réussite policière. De Lyon à Mulhouse, en passant par Saint-Germain-en-Laye et Carpentras, pas un des quelque trois cents maires concernés ne regrette d'avoir équipé sa ville de caméras. Le nombre de communes sous protection vidéo devrait même rapidement atteindre les cinq cents en France. Selon les chiffres auxquels a eu accès Le Figaro, cet outil peut faire des miracles lorsqu'il est combiné intelligemment dans la chaîne de sécurité. À Strasbourg, par exemple, dans les quartiers sensibles (Meinau et Honheim), la baisse des délits de voie publique a atteint 45 %. Même réussite dans le - centre-ville placé sous surveillance électronique. Le ministère de l'Intérieur en tire cette conclusion : «Sur cinq ans, dans une tendance générale à la baisse des faits, le volume de la délinquance a diminué presque deux fois plus rapidement dans les espaces vidéoprotégés.» La palme du retour sur investissement revient à Orléans où la chute des délits de proximité dépasse les 58 %! document.doc

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Dissertation appuyée sur un dossier documentaire

Il est demandé au candidat :

de répondre à la question posée explicitement ou implicitement dans le sujet ;

de construire une argumentation à partir d’une problématique qu’il devra élaborer ;

de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier ;

de rédiger en utilisant un vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question , en organisant le développement sous la forme d’un plan cohérent qui ménage l’équilibre des parties.

Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.

Thème du programme : le contrôle social

SUJET :

SUJET : Le contrôle social parvient-il à supprimer toute déviance ?

DOCUMENT 1Moitié moins de crimes et délits commis dans les rues de Strasbourg ou de Cannes du fait de la vidéosurveillance  ! Avec des taux d'élucidation qui explosent, c'est-à-dire davantage d'auteurs identifiés, comme à Chauny, dans l'Aisne, où l'installation d'équipements vidéo, il y a deux ans, a multiplié par deux le taux de réussite policière. De Lyon à Mulhouse, en passant par Saint-Germain-en-Laye et Carpentras, pas un des quelque trois cents maires concernés ne regrette d'avoir équipé sa ville de caméras. Le nombre de communes sous protection vidéo devrait même rapidement atteindre les cinq cents en France.Selon les chiffres auxquels a eu accès Le Figaro, cet outil peut faire des miracles lorsqu'il est combiné intelligemment dans la chaîne de sécurité. À Strasbourg, par exemple, dans les quartiers sensibles (Meinau et Honheim), la baisse des délits de voie publique a atteint 45 %. Même réussite dans le centre-ville placé sous surveillance électronique. Le ministère de l'Intérieur en tire cette conclusion : «Sur cinq ans, dans une tendance générale à la baisse des faits, le volume de la délinquance a diminué presque deux fois plus rapidement dans les espaces vidéoprotégés.» La palme du retour sur investissement revient à Orléans où la chute des délits de proximité dépasse les 58 % ! Source : Jean-Marc Leclerc, La vidéosurveillance fait chuter la délinquance de rue , Le figaro, le 23/03/2009

DOCUMENT 2Il faut souligner l’importance du concept d’anomie tel que le développe Durkheim – plus particulièrement dans « Le suicide ». (…) Transposé au crime, le raisonnement qu’il tient à propos du suicide pourrait être résumé ainsi : l’homme ne peut vivre en harmonie avec lui-même et avec autrui que si ses besoins sont suffisamment en rapport avec ses moyens. Mais comment fixer une limite à ses besoins ? (…) Dans nos sociétés de consommation, l’homme veut toujours plus ! Il faut donc qu’une puissance régulatrice assure l’équilibre indispensable entre besoins et moyens, et marque une borne aux désirs de chacun. Ce rôle modérateur est en général assuré par les normes. (…) Sous cette pression, chacun se rend vaguement compte des limites jusqu’où peuvent aller ses ambitions. (…) Mais il peut arriver que cet équilibre se trouve compromis. C’est le cas, nous dit Durkheim, lorsque surviennent des crises (économiques, morales…) et que, brusquement, se trouvent mises en question les valeurs sur lesquelles reposait jusque-là le jeu social. Ainsi, certains comportements qualifiés de déviants (suicide, crime, folie…) seraient-ils favorisés par (…) la perte d’un sens des valeurs collectivement partagées. (…) Nos sociétés présentent donc cette caractéristique d’être fortement anomiques, et l’on peut dire que l’anomie est, dans nos sociétés modernes, un facteur régulier et spécifique de déviance, de délinquance, de criminalité…(…) C’est en ce sens, que l’on a pu parler, à propos des sociétés industrielles, de sociétés criminogènes.

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Source : JP Durand et R. Weil, « Sociologie Contemporaine », Vigot, 2006.

Document 3 Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants. De ce point de vue, la déviance n’est pas une qualité de l’acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l’application par les autres, de normes et de sanctions à un « transgresseur ». Le déviant est celui auquel cette étiquette est appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette. Howard Becker. Outsiders. Métaillé. 1985.

Document 4

Source : Interstats Analyse N° 11 En 20 ans, plus de personnes mises en cause pour coups et blessures, moins pour vols à main armée, - Janvier 2016

AttentesCompréhension du sujet : Consignes Parvient il - ? Question type d’un énoncé débat

supprimer : faire disparaîtretoute : une partie ou la totalité ?

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Connaissances Contrôle social/ formesAnalyse de la déviance :anomie/interactionnisteDéviance/délinquance

Lecture des statistiques Nombre de délitsCalculs Coefficient multiplicateur pour mesurer les évolutions

Taux de variationOrganisation de la réponse Plan type d’un énoncé débat : oui, mais ou non, maisHors-sujet - Mesure de la délinquance

Les chiffres de la délinquance de 2015 diffusés par B.Cazeneuve en Janvier 2016 ont montré que si le nombre de vols a diminué, celui des homicides a augmenté. La délinquance qui est la déviance d'une norme particulière, le droit pénal n’a donc pas pu être globalement réduite par une action plus importante des forces de police.Celles-ci réalisent un contrôle social externe formel. En effet, pour s’assurer que les individus adoptent les comportements souhaités, un contrôle social est mis en place. C’est l’ensemble des ressources matérielles et symboliques dont dispose la société pour assurer la conformité du comportement de ses membres à un ensemble de règles et principes prescrits. En théorie, le contrôle social devrait permettre de réduire une partie de la déviance, qui correspond à un comportement jugé non conforme aux normes sociales d'un groupe, à un moment donné, et qui s'accompagne de sanctions. Mais le contrôle social ne peut toute la supprimer, et, paradoxalement, l’élaboration de normes et de valeurs va aboutir à créer de la déviance.

En théorie, le contrôle social doit permettre d’éradiquer une partie de la déviance

En effet, la déviance devrait s’atténuer du fait des deux modalités du contrôle social qui peut provenir de l’individu ou du groupe.La première forme est le contrôle social interne : les normes sont suivies car elles ont été intégrées par l’individu lors de la socialisation. Si l’individu est bien régulé, il a intériorisé les normes et les valeurs de sa société et doit il va automatiquement adopter les comportements valorisés.Dans le cas où le contrôle social interne est insuffisant, il y a le contrôle social externe : l’individu adopte les comportements adéquats du fait de sanctions : positives quand il adopté le bon comportement, négatif dans le cas inverse. Le contrôle social externe peut alors prendre deux formes. La première est le contrôle social informel qui s’exerce de manière continue au cours des interactions sociales de la vie quotidienne et a un caractère non institutionnel. Chaque individu contribue consciemment ou inconsciemment à réguler les comportements sociaux d’autrui. Les sanctions, positives ou négatives, peuvent prendre dans ce cas la forme d’approbations (sourire) ou de désapprobations (remarques « désobligeantes ») proportionnelles à l’importance de la transgression. Si ce type de sanctions informelles est insuffisant, la société dispose alors de sanctions plus fortes.C’est le contrôle social formel. C’est le processus par lequel des groupes sociaux et des institutions spécifiques (police, justice, école, église…) régulent les activités sociales afin d’assurer le maintien des règles et de prévenir les comportements déviants. Les sanctions correspondantes sont de natures diverses : sanctions religieuses (excommunication, pénitence…), sanctions juridiques (dommages et intérêts, peine de prison..). Ce contrôle social formel empêche ainsi la déviance. C’est le cas de la vidéosurveillance : le développement de caméras permet ainsi de prévenir la délinquance. Les individus hésitent à violer la loi, car ils savent qu’ils peuvent être arrêtés sans difficultés. C’est le deuxième objectif de la vidéosurveillance : faciliter le travail de la police et donc trouver les auteurs. Ainsi,  « dans l'Aisne, l'installation d'équipements vidéo, il y a deux ans, a multiplié par deux le taux de réussite policière. » (doc 1)Ce système assure alors une réduction très importante du nombre de délits. «  Moitié moins de crimes et délits commis dans les rues de Strasbourg ou de Cannes ( …) .À Strasbourg, par exemple, dans les quartiers sensibles , la baisse des délits de voie publique a atteint 45 %. » (doc 1)

Le contrôle social a ainsi permis de diminuer le nombre d’actes déviants : le nombre de vols a baissé de 20 % entre 1995 et 1999 ; celui du cambriolages de logements de 66% (doc 1 )

En réalité, le contrôle social ne peut supprimer qu’une partie de la déviance

Cependant, la vidéosurveillance n’a pas permis de supprimer toute la délinquance. Entre 2000 et 2015, le nombre de vols simples a été multiplié par 1.4, celui des cambriolages de logements a augmenté de 10 000 (doc 1).

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En effet, la vidéo surveillance modifie les comportements des individus. Les opérateurs de vidéosurveillance vont suivre certaines population : ceux qui sont catalogués comme des délinquants potentiels, les jeunes (de banlieue / basanés / de couleur / encapuchonnés / roms / en bande), les SDF et les "marginaux". La vidéosurveillance permet d'abord et avant tout de stigmatiser certaines catégories de la population considérées, a priori, comme crimceluiinogènes, quand bien même elles n'auraient rien fait de répréhensibles, et n'auraient rien à se reprocher. Cette vidéodiscrimination transforme les comportements de la population : il faut adopter les codes vestimentaires et l’attitude voulue par la société costume, seul, ..). C’est l’effet plumeau : la délinquance est juste déplacée vers des zones non vidéosurveillées.

Car selon Durkheim, la déviance est universelle : toutes les sociétés sont confrontées à des phénomènes déviants puisque toutes les sociétés produisent des normes sociales.

Le contrôle social peut même créer de la déviance

Selon Durkheim, les sociétés modernes créent davantage de déviance : « dans nos sociétés de consommation, l’homme veut toujours plus ! Il faut donc qu’une puissance régulatrice assure l’équilibre indispensable entre besoins et moyens, et marque une borne aux désirs de chacun. Ce rôle modérateur est en général assuré par les normes. Mais il peut arriver que cet équilibre se trouve compromis. » ( doc 2) . Se produit alors un phénomène d’anomie. C’est l’absence de règles : les actions des individus ne sont plus guidées par des normes claires et contraignantes .Ils sont donc perdus et sans repères. Ce signe de l’affaiblissement des capacités de régulation de la société se produit à des époques où le système moral en vigueur depuis des siècles est ébranlé et ne répond plus aux conditions nouvelles de l’existence humaine, sans qu’un nouveau système se soit encore formé pour remplacer celui qui est condamné. L’anomie résulte donc d’un défaut ou d’une carence d’adaptation ou encore de régulation au sein d’un système social en transformation. L’anomie correspond à des phases de transition de l’organisation sociale et peut (doit) disparaître à partir du moment où le travail de consolidation des liens sociaux est engagé. Mais dans les sociétés industrielles, l’anomie existe de façon permanente. En effet, Durkheim constate que les passions individuelles sont illimitées. L’individu risque donc d’émettre des désirs irréalisables , qu’il ne pourra satisfaire . Ceci engendrera un sentiment d’insatisfaction et pousse les individus à adopter des comportements déviants.Merton explique le développement des actes déviants par l’inadaptation entre les moyens et les objectifs légitimes d’une société. Quand la société n’est pas capable d’assurer la congruence entre moyens et objectifs légitimes, les individus qui ne peuvent atteindre les objectifs légitimes par les moyens légitimes vont adopter un comportement qui les conduit à utiliser les moyens les plus efficaces pour atteindre leurs buts même si cela doit se faire en dehors du cadre défini par la société. Le contrôle social et l’élaboration des normes vont donc produire de la déviance. Un comportement n’est donc jamais déviant par nature. La mesure de la déviance est donc difficile car elle dépend de la variation de la norme. Le niveau de la déviance peut ainsi s’accroître parce que le nombre de «comportements déviants» augmente à système normatif inchangé mais aussi parce que la multiplication des normes fait entrer dans le champ de la déviance des comportements qui ne l’étaient pas auparavant. En sens inverse, un affaiblissement du système normatif peut laisser croire à une diminution de la déviance alors même que les «comportements déviants» n’ont pas quantitativement diminué : c’est leur qualification par la société qui a changé. La qualification des actes jugés déviants est le fait, d’après H.Becker, d’ entrepreneurs de morale, corps de professionnels qui font respecter les règles et qui par leur action déterminent une population déviante a priori.« Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants » (doc 4). Selon Becker, est déviant celui que la société étiquette comme déviant parce qu’il ne correspond pas aux normes que la société a édicté. Becker démontre que l’individu qui est désigné par la société comme déviant n’a pas forcément transgressé les normes de la société, ce n’est pas lui qui rejette la société, c’est la société qui le rejette.C’est la théorie de l’étiquetage qui considère que l’on devient délinquant quasiment par héritage social. Le criminel se trouve en présence de systèmes de valeurs concurrents, et il va construire sa personnalité en prenant en compte les opinions des autres à son égard. Le simple fait d’appartenir à un milieu social où règne la délinquance va lui permettre de se construire une identité par réaction et en intégrant les attentes de ceux qui littéralement lui collent une étiquette de mauvais garçon.Le déviant est ainsi celui qui est désigné comme tel par le reste de la société conformiste.

Le contrôle social ne peut donc supprimer toute déviance : il peut réduire une partie de la déviance, mais l’élaboration de normes par la société créera automatiquement d’autres formes de déviance. C’est pour cela que les chiffres de la délinquance médiatisés régulièrement doivent être utilisés avec précaution : ces chiffres officiels mesurent avant tout l’action des services de police et leur sens donné par la Place Beauvau. Ensuite, ces chiffres ne correspondent pas obligatoirement à la perception de la délinquance par la population : certains actes comme les injures lui apparaissent plus importants que la délinquance financière.

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