Économie & entreprise...connue du public. selon plusieurs sources, le bri-tannique tci –...

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16 | ÉCONOMIE & ENTREPRISE JEUDI 3 OCTOBRE 2019 0123 Le capitalisme français, cible des fonds activistes Une mission parlementaire menée par l’ex-ministre Eric Woerth émet treize propositions afin d’instaurer un supplément de régulation entre chasseurs et proies P ernod Ricard, Suez, Lagardère, Scor : de mois en mois, la liste des grandes en- treprises françaises mises sous pression par des fonds activistes va s’allon- geant. Le 25 août, l’agence Reuters a révélé que l’américain Third Point, l’un de ces acteurs vedettes, venait d’entrer au capital du lea- der de l’optique EssilorLuxottica. On appelle ces actionnaires « ac- tivistes » car ils militent auprès des dirigeants et des conseils pour que soient appliquées leurs préconisations, nouvelle gouver- nance, rachats d’actions, voire cession de l’entreprise. Nombre de financiers préférant, dans un premier temps, engager ces dis- cussions derrière les portes clo- ses du conseil d’administration, leur présence n’est pas toujours connue du public. Selon plusieurs sources, le bri- tannique TCI – autre trublion no- toire – détient ainsi en toute dis- crétion quelque 2 % du capital de Vinci. A ce stade, le fonds créé par Chris Hohn se comporte comme un investisseur passif. Mais Xavier Huillard, le PDG du spécialiste des infrastructures, est prévenu : le fi- nancier était actionnaire de Sa- fran depuis des années, lorsque le projet du motoriste de racheter Zodiac Aerospace annoncé en jan- vier 2017 a déclenché sa fureur. S’est ensuivie une bataille homéri- que au terme de laquelle Safran a finalement repris l’équipementier aéronautique mais à des condi- tions plus favorables. Les patrons, on s’en doute, dé- testent ces empoignades avec des investisseurs rugueux, parfois agressifs, dont la première reven- dication consiste bien souvent à… changer le capitaine. Y a-t-il pour autant un risque de déstabilisa- tion des fleurons tricolores ? Faut-il entraver ces acteurs inter- ventionnistes ? Ce sont les ques- tions auxquelles Eric Woerth, le président de la commission des fi- nances de l’Assemblée nationale, a voulu répondre à travers une mis- sion parlementaire « flash » sur l’activisme actionnarial dont les conclusions devaient être présen- tées mercredi 2 octobre. « DES PROGRÈS À FAIRE » « Sur le plan de la gouvernance, il y a des progrès à faire en France, re- connaît M. Woerth, la culture d’actionnaires dormants et de conseils d’administration dont les membres se connaissent depuis longtemps a produit une certaine langueur. » Et d’ajouter : « Il est na- turel que des investisseurs se po- sent des questions sur l’utilisation de leur argent. Que certains sor- tent de la tranchée est plutôt bien mais il y a un supplément de régu- lation à mettre en œuvre » pour li- miter certains excès. Au total, treize recommanda- tions sont formulées pour que les entreprises et les activistes se re- trouvent à armes égales. Mesure- phare, les députés plaident pour abaisser à 3 % (contre 5 %) le seuil à partir duquel tout actionnaire doit rendre public son investisse- ment. « Les règles du jeu sont déjà très strictes en France et ajouter d’autres contraintes serait négatif pour l’attractivité de la place de Pa- ris qui a déjà instauré des protec- tions comme les droits de vote dou- ble », prévient un activiste. Depuis le mois de mai, la mis- sion a auditionné une trentaine de parties prenantes au débat, du Medef au fonds d’investissement américain Elliott, de Pernod Ri- card au Trésor, du fonds suédois Cevian à l’Autorité des marchés fi- nanciers (AMF). Des rencontres ont également eu lieu à New York avec Third Point et le controversé Carson Block, fondateur du fonds activiste Muddy Waters dont la spécialité est de tirer à boulets rou- ges sur les entreprises pour faire chuter leur cours de Bourse. L’artificier new-yorkais appar- tient à une catégorie qui mérite un traitement à part, insiste M. Woerth. Car si les CIAM ou Am- ber, bref les financiers qui pren- nent des parts au capital des en- treprises, escomptent une hausse du prix des actions grâce à leurs prescriptions, M. Block, lui, est un vendeur à découvert ou « short sel- ler ». Cette technique consiste à emprunter des actions pour les vendre immédiatement et les ra- cheter ensuite, si possible à un cours inférieur. En décembre 2015, le financier avait semé le trouble en détaillant sa vision cataclysmique de l’ave- nir de Casino. Depuis, Jean-Char- les Naouri, le patron du groupe de distribution, n’a de cesse de dé- noncer les vendeurs à découvert, dont les coups de boutoir ont pro- voqué, selon lui, les difficultés qui ont culminé en mai par le place- ment sous sauvegarde des quatre holdings propriétaires de Casino. En face, M. Block se présente comme un lanceur d’alerte, qui a mis en lumière la fragilité finan- cière de l’empire Naouri. « Il a une vision à la fois messianique et inté- ressée de son rôle », souligne M. Woerth, qui martèle : « On est face à une volonté de destruction de valeur et des années d’attaques finissent par mettre en difficulté les entreprises. » La mission propose dès lors d’« introduire une pré- somption de fonctionnement anormal du marché dans le cas où l’ampleur de la vente à découvert d’un titre financier dépasserait une certaine limite ». Dans le cas de Ca- sino, près de 40 % du flottant ont pu être « shortés », selon l’AMF. Le gendarme des marchés ne s’en plaindra pas, les rapporteurs pré- conisent aussi de lui octroyer plus de moyens pour lui permettre d’être plus efficace. Alors que « l’enquête sur l’attaque de Casino par Muddy Waters dure depuis plus de quatre ans », introduire une procédure de référé devant l’AMF, avec la prise de mesures conservatoires, pourrait aider à « rapprocher le temps de la régula- tion du temps du marché ». LE SYMPTÔME D’UN MALAISE Signe des temps, l’Assemblée na- tionale n’est pas la seule à se pen- cher sur l’activisme actionnarial. Paris Europlace, le lobby de la place financière, a créé un groupe de travail. Le Club des juristes, « premier think tank juridique français », cogite. Bercy consulte. Certains patrons, comme Jean- Charles Naouri, ont été repérés à la pointe du combat. Denis Kess- ler, le PDG du réassureur Scor, ne décolère pas d’avoir été ciblé par le fonds français CIAM. Malgré ces allures de place forte assiégée, les relations avec les acti- vistes sont pourtant moins ten- dues. « La place de Paris a compris que nous étions utiles pour alerter sur les problèmes », confirme Ca- therine Berjal, cofondatrice de SELON PLUSIEURS SOURCES, LE BRITANNIQUE TCI DÉTIENT EN TOUTE DISCRÉTION QUELQUE 2 % DU CAPITAL DE VINCI Des groupes contraints de se restructurer, avec plus ou moins de réussite Nestlé, General Electric ou ThyssenKrupp… Des Etats-Unis à l’Europe, les financiers cherchent avant tout un gros retour sur investissement I l arrive que les actionnaires ac- tivistes confessent de « gros- ses erreurs ». C’est l’expression choisie par Nelson Peltz pour qua- lifier l’achat, fin 2015, de 1 % du ca- pital de General Electric (GE) pour 2,5 milliards de dollars (2,3 mil- liards d’euros). Très critique sur les performances du groupe, le pa- tron du fonds Trian avait obtenu un siège au conseil d’administra- tion, fin 2017, pour pousser à la res- tructuration du colosse et obtenir davantage de dividendes. Il a eu la peau de son patron, Jeff Immelt, mais le démantèlement du plus ancien conglomérat amé- ricain (énergie, aéronautique, médical, pétrole…) ne lui a rien rapporté. En trois ans, l’action a dévissé de 67 % à Wall Street, le di- vidende a été fortement réduit et la firme de Boston (Massachus- sets) n’est pas tirée d’affaire. S’ils se sont historiquement fo- calisés sur les compagnies améri- caines (Xerox, Campbell, Procter & Gamble, United Technolo- gies…), ces fonds activistes n’épar- gnent plus l’Europe. « Terrorisme psychologique » Entré au capital de Nestlé, Third Point, qui en détient 1,2 %, n’a eu qu’en partie gain de cause. Son fondateur, Daniel Loeb, a fait pression pour que le géant suisse de l’alimentation se recentre sur les secteurs les plus rentables (café, eau, nutrition, aliments pour chiens et chats). Ce dernier a récemment cédé son activité de soins de la peau, comme l’acti- viste le réclamait. Mais il n’a pas obtenu la vente des 23 % détenus dans L’Oréal, qui rapporterait 30 milliards d’euros à Nestlé. La stratégie des fonds actionnai- res, qui réclament le découpage de TyssenKrupp, ce groupe allemand aux multiples métiers, depuis les ascenseurs jusqu’aux sous-ma- rins, en passant par les compo- sants automobiles, sera-t-elle payante ? Pour le moment, le sué- dois Cevian Capital (18 % des droits de vote) et l’américain Elliot (3 %) ont précipité le récent limogeage de Guido Kerkhoff, nommé à la tête de ThyssenKrupp, en juillet 2018, après l’éviction des deux dirigeants précédents, indi- gnés d’être les victimes du « terro- risme psychologique », selon leurs termes de ces activistes. A l’instar d’autres membres du conseil de surveillance, ils exigent des ces- sions capables d’accroître les mar- ges et de redresser le cours de l’ac- tion. Comme les ascenseurs, valo- risée entre 15 milliards et 17 mil- liards, que M. Kerkhoff envisageait de vendre au suédois Kone, alors que les hedge funds réclament une introduction en Bourse. Les japonais, peu habitués à ces fonds agressifs, commencent à en connaître les pratiques. A commencer par Sony. M. Loeb juge que le fabricant de semi- conducteurs et de la PlayStation n’est pas coté à sa juste valeur, victime du « conglomerate dis- count » : les investisseurs pei- nant à appréhender la com- plexité de son portefeuille d’acti- vités, sa valeur en Bourse en pâ- tit. Third Point est donc revenu à la charge, au premier semestre, en investissant 1,5 milliard de dollars – ce qui avait fait grimper son action. Il plaide pour une scission : d’un côté, les semi-conducteurs, de l’autre, le divertissement (jeux vi- déo, films…), pour mieux affron- ter les concurrents Dysney, Fox ou Time Warner. L’opération, loin de faire l’unanimité des analystes, a été rejetée par le PDG. Kenichiro Yoshida compte bien rester l’un des leaders des puces dans les prochaines années et en obtenir « un important retour sur investis- sement ». Tout n’est pas perdu pour M. Loeb : l’action a gagné 42 % en six mois. Les opérations plus ou moins réussies des activistes se comp- tent par centaines ces dernières années. Faut-il pour autant un Paul Singer (Eliott Management), un Loeb ou un Peltz pour que les conglomérats se restructurent ? Siemens fournit le contre-exem- ple. Au fil des ans, l’entreprise de Munich a cédé ou mis en Bourse l’électroménager, les téléphones portables, les ordinateurs, les am- poules, les semi-conducteurs, le matériel médical… Son PDG, Joe Kaeser, souhaite recentrer le groupe sur l’automatisation, la numérisation industrielle et les infrastructures intelligentes. p jean-michel bezat FINANCE

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Page 1: ÉCONOMIE & ENTREPRISE...connue du public. Selon plusieurs sources, le bri-tannique TCI – autre trublion no-toire – détient ainsi en toute dis-crétion quelque 2 % du capital

16 | ÉCONOMIE & ENTREPRISE JEUDI 3 OCTOBRE 20190123

Le capitalisme français, cible des fonds activistesUne mission parlementaire menée par l’ex-ministre Eric Woerth émet treize propositions afin d’instaurer un supplément de régulation entre chasseurs et proies

P ernod Ricard, Suez,Lagardère, Scor : demois en mois, laliste des grandes en-treprises françaisesmises sous pression

par des fonds activistes va s’allon-geant. Le 25 août, l’agence Reutersa révélé que l’américain Third Point, l’un de ces acteurs vedettes,venait d’entrer au capital du lea-der de l’optique EssilorLuxottica.

On appelle ces actionnaires « ac-tivistes » car ils militent auprès des dirigeants et des conseils pour que soient appliquées leurs préconisations, nouvelle gouver-nance, rachats d’actions, voirecession de l’entreprise. Nombre de financiers préférant, dans un premier temps, engager ces dis-cussions derrière les portes clo-ses du conseil d’administration, leur présence n’est pas toujoursconnue du public.

Selon plusieurs sources, le bri-tannique TCI – autre trublion no-toire – détient ainsi en toute dis-crétion quelque 2 % du capital de Vinci. A ce stade, le fonds créé par Chris Hohn se comporte comme un investisseur passif. Mais XavierHuillard, le PDG du spécialiste des infrastructures, est prévenu : le fi-nancier était actionnaire de Sa-fran depuis des années, lorsque le projet du motoriste de racheter Zodiac Aerospace annoncé en jan-vier 2017 a déclenché sa fureur. S’est ensuivie une bataille homéri-que au terme de laquelle Safran a finalement repris l’équipementieraéronautique mais à des condi-tions plus favorables.

Les patrons, on s’en doute, dé-testent ces empoignades avec des investisseurs rugueux, parfois agressifs, dont la première reven-dication consiste bien souvent à…

changer le capitaine. Y a-t-il pour autant un risque de déstabilisa-tion des fleurons tricolores ? Faut-il entraver ces acteurs inter-ventionnistes ? Ce sont les ques-tions auxquelles Eric Woerth, le président de la commission des fi-nances de l’Assemblée nationale, avoulu répondre à travers une mis-sion parlementaire « flash » sur l’activisme actionnarial dont les conclusions devaient être présen-tées mercredi 2 octobre.

« DES PROGRÈS À FAIRE »« Sur le plan de la gouvernance, il ya des progrès à faire en France, re-connaît M. Woerth, la culture d’actionnaires dormants et de conseils d’administration dont lesmembres se connaissent depuis longtemps a produit une certaine langueur. » Et d’ajouter : « Il est na-turel que des investisseurs se po-sent des questions sur l’utilisation de leur argent. Que certains sor-tent de la tranchée est plutôt bien mais il y a un supplément de régu-lation à mettre en œuvre » pour li-miter certains excès.

Au total, treize recommanda-tions sont formulées pour que les entreprises et les activistes se re-trouvent à armes égales. Mesure-phare, les députés plaident pour abaisser à 3 % (contre 5 %) le seuil àpartir duquel tout actionnaire doit rendre public son investisse-ment. « Les règles du jeu sont déjà très strictes en France et ajouter d’autres contraintes serait négatif pour l’attractivité de la place de Pa-ris qui a déjà instauré des protec-tions comme les droits de vote dou-ble », prévient un activiste.

Depuis le mois de mai, la mis-sion a auditionné une trentaine de parties prenantes au débat, du Medef au fonds d’investissement

américain Elliott, de Pernod Ri-card au Trésor, du fonds suédois Cevian à l’Autorité des marchés fi-nanciers (AMF). Des rencontres ont également eu lieu à New York avec Third Point et le controversé Carson Block, fondateur du fonds activiste Muddy Waters dont la spécialité est de tirer à boulets rou-ges sur les entreprises pour faire chuter leur cours de Bourse.

L’artificier new-yorkais appar-tient à une catégorie qui mérite untraitement à part, insiste M. Woerth. Car si les CIAM ou Am-ber, bref les financiers qui pren-nent des parts au capital des en-treprises, escomptent une hausse du prix des actions grâce à leurs prescriptions, M. Block, lui, est un vendeur à découvert ou « short sel-ler ». Cette technique consiste à emprunter des actions pour les vendre immédiatement et les ra-cheter ensuite, si possible à un cours inférieur.

En décembre 2015, le financieravait semé le trouble en détaillant sa vision cataclysmique de l’ave-nir de Casino. Depuis, Jean-Char-les Naouri, le patron du groupe de

distribution, n’a de cesse de dé-noncer les vendeurs à découvert, dont les coups de boutoir ont pro-voqué, selon lui, les difficultés qui ont culminé en mai par le place-ment sous sauvegarde des quatre holdings propriétaires de Casino.

En face, M. Block se présentecomme un lanceur d’alerte, qui amis en lumière la fragilité finan-cière de l’empire Naouri. « Il a une vision à la fois messianique et inté-ressée de son rôle », souligneM. Woerth, qui martèle : « On est face à une volonté de destruction de valeur et des années d’attaques finissent par mettre en difficulté lesentreprises. » La mission propose dès lors d’« introduire une pré-somption de fonctionnement anormal du marché dans le cas où l’ampleur de la vente à découvert d’un titre financier dépasserait unecertaine limite ». Dans le cas de Ca-sino, près de 40 % du flottant ont pu être « shortés », selon l’AMF. Legendarme des marchés ne s’en plaindra pas, les rapporteurs pré-conisent aussi de lui octroyer plusde moyens pour lui permettre d’être plus efficace. Alors que

« l’enquête sur l’attaque de Casinopar Muddy Waters dure depuis plus de quatre ans », introduire une procédure de référé devant l’AMF, avec la prise de mesures conservatoires, pourrait aider à « rapprocher le temps de la régula-tion du temps du marché ».

LE SYMPTÔME D’UN MALAISESigne des temps, l’Assemblée na-tionale n’est pas la seule à se pen-cher sur l’activisme actionnarial. Paris Europlace, le lobby de laplace financière, a créé un groupede travail. Le Club des juristes,« premier think tank juridique français », cogite. Bercy consulte. Certains patrons, comme Jean-Charles Naouri, ont été repérés àla pointe du combat. Denis Kess-ler, le PDG du réassureur Scor, ne décolère pas d’avoir été ciblé par le fonds français CIAM.

Malgré ces allures de place forteassiégée, les relations avec les acti-vistes sont pourtant moins ten-dues. « La place de Paris a compris que nous étions utiles pour alerter sur les problèmes », confirme Ca-therine Berjal, cofondatrice de

SELON PLUSIEURS SOURCES,

LE BRITANNIQUE TCI DÉTIENT EN TOUTE

DISCRÉTION QUELQUE 2 % DU CAPITAL

DE VINCI

Des groupes contraints de se restructurer, avec plus ou moins de réussiteNestlé, General Electric ou ThyssenKrupp… Des Etats-Unis à l’Europe, les financiers cherchent avant tout un gros retour sur investissement

I l arrive que les actionnaires ac-tivistes confessent de « gros-ses erreurs ». C’est l’expression

choisie par Nelson Peltz pour qua-lifier l’achat, fin 2015, de 1 % du ca-pital de General Electric (GE) pour 2,5 milliards de dollars (2,3 mil-liards d’euros). Très critique sur lesperformances du groupe, le pa-tron du fonds Trian avait obtenu un siège au conseil d’administra-tion, fin 2017, pour pousser à la res-tructuration du colosse et obtenir davantage de dividendes.

Il a eu la peau de son patron, JeffImmelt, mais le démantèlementdu plus ancien conglomérat amé-ricain (énergie, aéronautique, médical, pétrole…) ne lui a rienrapporté. En trois ans, l’action adévissé de 67 % à Wall Street, le di-

vidende a été fortement réduit et la firme de Boston (Massachus-sets) n’est pas tirée d’affaire.

S’ils se sont historiquement fo-calisés sur les compagnies améri-caines (Xerox, Campbell, Procter& Gamble, United Technolo-gies…), ces fonds activistes n’épar-gnent plus l’Europe.

« Terrorisme psychologique »Entré au capital de Nestlé, Third Point, qui en détient 1,2 %, n’a eu qu’en partie gain de cause. Son fondateur, Daniel Loeb, a fait pression pour que le géant suisse de l’alimentation se recentre sur les secteurs les plus rentables(café, eau, nutrition, aliments pour chiens et chats). Ce dernier arécemment cédé son activité de

soins de la peau, comme l’acti-viste le réclamait. Mais il n’a pasobtenu la vente des 23 % détenus dans L’Oréal, qui rapporterait 30 milliards d’euros à Nestlé.

La stratégie des fonds actionnai-res, qui réclament le découpage deTyssenKrupp, ce groupe allemand aux multiples métiers, depuis les ascenseurs jusqu’aux sous-ma-rins, en passant par les compo-sants automobiles, sera-t-elle payante ? Pour le moment, le sué-dois Cevian Capital (18 % des droitsde vote) et l’américain Elliot (3 %) ont précipité le récent limogeage de Guido Kerkhoff, nommé à la tête de ThyssenKrupp, en juillet 2018, après l’éviction des deux dirigeants précédents, indi-gnés d’être les victimes du « terro-

risme psychologique », selon leurs termes de ces activistes. A l’instar d’autres membres du conseil de surveillance, ils exigent des ces-sions capables d’accroître les mar-ges et de redresser le cours de l’ac-tion. Comme les ascenseurs, valo-risée entre 15 milliards et 17 mil-liards, que M. Kerkhoff envisageaitde vendre au suédois Kone, alors que les hedge funds réclament une introduction en Bourse.

Les japonais, peu habitués à cesfonds agressifs, commencent àen connaître les pratiques. Acommencer par Sony. M. Loeb juge que le fabricant de semi-conducteurs et de la PlayStation n’est pas coté à sa juste valeur,victime du « conglomerate dis-count » : les investisseurs pei-

nant à appréhender la com-plexité de son portefeuille d’acti-vités, sa valeur en Bourse en pâ-tit. Third Point est donc revenu àla charge, au premier semestre,en investissant 1,5 milliard dedollars – ce qui avait fait grimperson action.

Il plaide pour une scission : d’uncôté, les semi-conducteurs, del’autre, le divertissement (jeux vi-déo, films…), pour mieux affron-ter les concurrents Dysney, Foxou Time Warner. L’opération, loinde faire l’unanimité des analystes,a été rejetée par le PDG. KenichiroYoshida compte bien rester l’un des leaders des puces dans les prochaines années et en obtenir« un important retour sur investis-sement ». Tout n’est pas perdu

pour M. Loeb : l’action a gagné 42 % en six mois.

Les opérations plus ou moinsréussies des activistes se comp-tent par centaines ces dernièresannées. Faut-il pour autant unPaul Singer (Eliott Management), un Loeb ou un Peltz pour que les conglomérats se restructurent ? Siemens fournit le contre-exem-ple. Au fil des ans, l’entreprise de Munich a cédé ou mis en Boursel’électroménager, les téléphones portables, les ordinateurs, les am-poules, les semi-conducteurs, le matériel médical… Son PDG, Joe Kaeser, souhaite recentrer legroupe sur l’automatisation, la numérisation industrielle et lesinfrastructures intelligentes. p

jean-michel bezat

F I N A N C E

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0123JEUDI 3 OCTOBRE 2019 économie & entreprise | 17

Pourquoi les actionnaires disent vouloir des entreprises plus responsablesDe plus en plus de gérants veulent juger la performance des sociétés sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, et pas seulement sur leurs profits

ANALYSE

D’ un côté, il y a la mon-tée irrépressible del’activisme actionna-

rial exercé par les Elliott, Third Point ou ValueAct. Ces finan-ciers qui font la loi depuis deux décennies aux Etats-Unis ga-gnent de l’influence en Europeet même en Asie. Leur mantra, que l’entreprise serve mieux les intérêts des actionnaires.

De l’autre, les 181 membres duBusiness Roundtable – le lobby des grands patrons américains –ont créé la surprise en signant le19 août une déclaration procla-mant que l’entreprise ne doitpas créer de la valeur seulement pour ses actionnaires, comme lepréconisait l’économiste Milton Friedman, mais aussi pour tou-tes les parties prenantes que constituent la communauté, les salariés ou les fournisseurs.

Ces deux tendances sont-ellesréconciliables ? C’est à y perdre son latin capitaliste, sauf à voirdans les belles paroles desgrands patrons une posturepour éviter in fine d’avoir descomptes à rendre à qui que ce soit… Signer le manifeste du Bu-siness Roundtable n’a pas em-pêché Jeff Bezos, le fondateurd’Amazon, de rogner au mêmemoment la couverture santé desemployés à temps partiel de sa filiale Whole Foods.

Pour autant, les pressions quis’exercent sur les dirigeants pour intégrer de nouveaux fac-teurs dans leur gestion sont

réelles. De plus en plus de gé-rants, venus d’Europe du Nordau départ, mais présents par-tout désormais, affirment jugerla performance des sociétés nonplus seulement sur leurs prévi-sions de profits à deux ans mais aussi sur des critères ESG (envi-ronnement, social, gouver-nance), le trigramme vedette du nouvel abécédaire boursier.

L’intérêt bien comprisBlackRock, le premier gestion-naire mondial d’actifs, enjoint aux entreprises de se trouverune « raison d’être » allant bienau-delà de la rémunération des apporteurs de capitaux. Surfond de grogne face à la montée des inégalités, les politiques s’enmêlent. En France, la loi Pacte (Plan d’action pour la croissanceet la transformation des entre-prises) votée le 22 mai a modifié l’objet social de l’entreprise dansce sens, pour intégrer les enjeuxsociaux et environnementaux.

Ces aspirations sont relayéespar des acteurs qui utilisent lesméthodes d’influence brevetées par les fonds activistes. L’objectiffinancier est toujours présent, mais fondé sur la conviction queles bénéfices de demain ne sont garantis que par un modèle éco-nomique responsable.

Après des années de combat,la société de gestion américaineGreen Century Capital a obtenuen mars 2019 des restaurantsDarden – une très grandechaîne de restauration améri-caine – qu’ils n’achètent plus

d’ici à 2023 de poulets gavésd’antibiotiques.

En septembre 2018, une résolu-tion exigeant du groupe agroali-mentaire General Mills qu’il ren-force ses efforts pour protéger les abeilles dans sa chaîne d’ap-provisionnement a rallié 31 % des votants, insuffisant mais déjà significatif. Pour peser da-vantage, les investisseurs joi-gnent leurs forces. En Europe,Shareholders for Change, qui re-groupe 22 milliards d’euros d’ac-tifs sous gestion avec des mem-bres italiens, français, alle-mands…, tente de convaincre leleader de l’habillement H&M d’intégrer les critères environne-mentaux et sociaux dans la ré-munération de ses dirigeants.

Quand 360 investisseurs ali-gnent ensemble une puissance de feu de 34 000 milliards dedollars (31 200 milliards d’euros)à travers l’initiative Climate Ac-tion 100 +, ils s’avèrent irrésisti-bles. Le 21 mai 2019, les action-naires de BP réunis en assem-blée générale à Aberdeen ont ap-

prouvé à 99,14 % une résolution enjoignant au major pétrolierde respecter l’accord de Paris surle climat.

Les dirigeants s’adaptent avecplus ou moins d’enthousiasme. En Europe, Paul Polman, l’anciendirecteur général d’Unilever, fut l’un des premiers patrons à inté-grer dès 2010 le développement durable dans sa stratégie. Le flambeau a été repris par Emma-nuel Faber, le PDG de Danone.

En août 2019, sous l’égide del’Organisation de coopération et de développement économi-ques (OCDE), il a mobilisé à l’oc-casion du G7 une trentaine de pairs en faveur d’une croissanceinclusive. En juin 2016, le diri-geant avait prononcé un dis-cours choc à HEC en assurantque « sans justice sociale, il n’y aplus d’économie ».

Si les convictions personnellesde ce fervent catholique sont connues, la vertu n’empêche pas l’intérêt bien compris. Pour Danone, qui a survécu à la me-nace fantôme de Pepsi (en 2005)et à l’étreinte de Trian Funds (en-tre 2012 et 2015), c’est l’occasion rêvée de cultiver un socle ac-tionnarial composé de gérants « ESG fidèles ».

Un patron activiste, voilà quirépond à ce capitalisme mou-vant, en quête d’une nouvelle boussole. A se demander si M. Faber ne serait pas la pre-mière défense de Danone, comme une pilule empoison-née pour tout prédateur. p

i. ch.

Vincent Bolloré, ou la stratégie de l’entrisme portée à son paroxysmeL’industriel breton a mené tout au long de sa carrière une série de raids contre des entreprises, soit pour en prendre le contrôle, soit pour réaliser une opération financière

O fficiellement, VincentBolloré est à la tête d’unempire bâti à partir de

la papeterie familiale OCB. En quatre décennies, Bolloré s’est taillé une place de choix dans des domaines aussi divers que la gestion de ports en Afrique, les plantations d’huile de palme, la production de batteries électri-ques avec Autolib’ou les médias avec Vivendi. Mais plus qu’un in-dustriel, Vincent Bolloré est sur-tout un amateur de coups finan-ciers. La méthode est connue : l’homme d’affaires breton dé-barque sans crier gare dans des sociétés sous-valorisées, désta-bilise la gouvernance, puis en prend le contrôle ou revend en tirant un bénéfice.

Son acte fondateur reste la ten-tative de prise de contrôle de Bouygues en 1997. Vincent Bol-loré achète des titres sur le mar-ché, téléphone ensuite à Martin Bouygues pour le prévenir qu’il vient en « ami », avant de le tra-hir. Le propriétaire de TF1 fait tout pour repousser l’envahis-seur. Un an plus tard, M. Bolloré est obligé de faire machine ar-rière, non sans toucher un joli pactole de 240 millions d’euros. De cet épisode, Martin Bouyguesconserve un souvenir amer.« Bolloré m’a roulé, trompé, hu-milié. Je n’oublierai jamais », con-fiait l’héritier Bouygues au ma-gazine Challenges, en 2013.

En 2004, la prise d’Havas, dé-sormais propriété de Vivendi, estl’un des coups les plus specta-culaires de Vincent Bolloré. Lors d’une assemblée générale homé-rique, il réussit à se faire une place de choix au conseil d’admi-nistration, et finit par écarter sondirigeant, Alain de Pouzilhac.

En 2015, c’est Yves Guillemotqui a dû batailler dur pour con-server les rênes de son entre-prise, Ubisoft. Entré par effrac-tion au capital, M. Bolloré cher-che ensuite à s’inviter au conseil d’administration. Mais l’éditeur de jeux vidéo, en bonne santé fi-nancière, le pousse à battre enretraite. Le Breton se console en empochant une plus value de 1,2 milliard d’euros.

Aujourd’hui, M. Bolloré est endifficulté en Italie, sur deuxchantiers. Premier d’entre eux, Mediaset. Au départ, Vivendi et le groupe de télévision de Silvio

Berlusconi souhaitent travailler ensemble dans la télévision payante. Mais avant d’avoir posé les premières pierres du projet, ils se brouillent. Vincent Bolloré ne trouve alors rien de mieux que de monter au capital du groupe transalpin. Une déclara-tion de guerre pour Mediaset, qui bataille depuis contre Vi-vendi au tribunal. Début sep-tembre, le groupe de Silvio Ber-lusconi remporte une manche de taille. Il fait voter, contre l’avis de Vivendi, un projet de fusion de ses entités européennes, une tactique qui a pour effet de ré-duire la marge de manœuvre du Français, qui reste coincé au capi-tal de Mediaset depuis trois ans.

Visions divergentesL’autre chantier concerne Tele-com Italia. D’assiégeant lors de son arrivée au capital de l’opéra-teur historique transalpin, en 2015, l’homme d’affaires de-vient, trois ans plus tard, assiégésous les attaques du fonds amé-ricain activiste Elliott. L’histoire avait pourtant bien commencé pour le magnat français. En juin 2015, Vivendi annonce déte-nir 14,9 % du capital de l’opéra-teur italien. La « méthode Bol-loré », qui va rapidement déclen-cher l’hostilité de l’opinion pu-blique et du gouvernement italiens, est alors en marche. Le groupe de médias franchit en ef-

fet, quelques mois plus tard, leseuil des 20 % du capital de l’opérateur transalpin, en deve-nant le premier actionnaire. Une position qui l’encourage à poursuivre l’offensive.

Au terme d’une épreuve deforce avec les autres actionnai-res du groupe en décembre 2015,il réussit à imposer au conseild’administration de Telecom Italia quatre administrateurs, dont trois sont des dirigeants dugroupe Vivendi, s’assurant ainsi une place de poids au sein de la gouvernance de l’opérateur.

La victoire sera de courte duréepour l’industriel breton. Le fondsaméricain Elliott, également ré-puté pour ses raids et prises de contrôle éclair, se lance lui aussi bientôt à l’assaut de l’opérateur italien, et inflige une cuisante dé-faite au Français en lui ravissant le contrôle du conseil d’adminis-tration en mai 2018. La guerre en-tre les deux actionnaires, aux vi-sions stratégiques divergentes, redouble alors, déstabilisant l’opérateur dont le cours de Bourse s’effondre. En difficulté, Vivendi finit par hisser le dra-peau blanc en mars. Non sans y laisser quelques plumes. Fin juin,le groupe de médias estimait la dépréciation de sa participation dans l’affaire à 1,066 milliard d’euros. p

sandrine cassiniet zeliha chaffin

GREEN CENTURY CAPITAL A OBTENU EN MARS DES RESTAURANTS

DARDEN QU’ILS N’ACHÈTENT PLUS D’ICI

À 2023 DE POULETS GAVÉS D’ANTIBIOTIQUES

LES CINQ FONDS LES PLUS ACTIFSElliottFondé en 1977, à New York, par Paul Singer. Quelque 38 milliards de dollars (34,9 milliards d’euros) sous gestion. Principales campagnes en cours : Pernod Ricard, Telecom Italia, AT&T, eBay, Bayer.

Third PointFondé, à New York, en 1995, par Daniel Loeb. Quelque 18 mil-liards de dollars sous gestion. Principales campagnes : Nestlé, Sony, Essilor-Luxxotica.

ValueAct CapitalFondé, en 2000, à San Francisco. Quelque 14 milliards de dollars sous gestion. Principales campa-gnes : Olympus, Citigroup.

Cevian CapitalFondé, en 2002, à Stockholm par Lars Förberg et Christer Gardell. Quelque 14 milliards de dollars sous gestion. Principales campagnes : ThyssenKrupp, Ericsson, Nordea.

Trian PartnersFondé, en 2005, à Manhattan, par Nelson Peltz. Quelque 10,5 milliards de dollars sous gestion. Principales campagnes : General Electric, BNY Mellon, Mondelez, Procter & Gamble.

LES ENTREPRISES TRICOLORESSOUS PRESSIONPernod Ricard Elliott a révélé, le 12 décem-bre 2018, détenir « un intérêt économique supérieur à 2,5 % » dans le groupe, dont il souhaite voir la « performance opération-nelle » s’améliorer.

Lagardère Troisième actionnaire avec plus de 5 % du capital, le fonds Amber du Français Joseph Oughourlian s’attaque à la gouvernance du groupe et exige une accélération des cessions.

Suez Amber (1,9 % du capital) souhaite notamment que le numéro deux mondial de l’eau se recentre et engage d’importantes cessions.

Scor Dixième actionnaire du réassu-reur Ciam (près de 1 % du capi-tal), créé par les Françaises Catherine Berjal et Anne-Sophie d’Andlau, milite pour que le PDG Denis Kessler abandonne la présidence et que le rapproche-ment avec Covéa soit étudié.

EssilorLuxottica Third Point aurait 1,2 % du capital, selon Bloomberg, et souhaiterait des « changements dans la gouvernance ».

CIAM. Les activistes insistent : ils ne sont que le symptôme d’un malaise. Bien avant que Third Point ne s’invite au capital d’Essi-lorLuxottica, des investisseurs tra-ditionnels s’étaient émus des dis-sensions entre le camp français et le camp italien. Les sociétés de ges-tion Comgest et Phitrust avaient fédéré d’autres gérants en mai 2019 pour tenter d’adouber deux administrateurs indépen-dants. « Nous assistons à une mon-tée en puissance de l’activisme au sens large, explique Sébastien The-voux-Chabuel, gérant de porte-feuille chez Comgest, il y a un an encore, on n’aurait jamais imaginé déposer une résolution de ce type en assemblée générale ».

En outre, les cow-boys du capita-lisme ont, à ce stade, remisé auvestiaire leurs méthodes les plus agressives dans leur relation avecles groupes tricolores. « Les acti-vistes adaptent leur stratégie en fonction de leurs interlocuteurs », explique Jonathan Amouyal, de TCI. « Plutôt que de jouer la con-frontation, les fonds activistes peu-vent encourager la mise en œuvre de projets auxquels les entreprises réfléchissaient déjà. C’est comme siune main s’était posée sur l’épauledu patron pour dire “vas-y” ou “plus vite” », souligne Rich Tho-mas, associé gérant chez Lazard.

Si Alexandre Ricard, le patrondu groupe de spiritueux, a multi-plié les initiatives – dernière en date, un plan de départs volontai-res en France annoncé mardi 1er octobre –, l’héritier martèle à l’envi que la présence d’Elliott n’a rien changé à sa gestion.

A voir maintenant si Amber vaapprécier le plan stratégique que Bertrand Camus, le nouveau di-recteur général de Suez, a prévude dévoiler mercredi. Quant à Da-niel Loeb, le patron de Third Point, il n’a pas encore publié àpropos d’EssilorLuxottica la lettrepréliminaire dans laquelle il acoutume d’exposer ses positions. Mais deux représentants du fonds américain ont bien été re-pérés le 25 septembre lors de lajournée investisseurs du groupe franco-italien. A suivre. p

isabelle chaperon

AUJOURD’HUI, L’HOMME D’AFFAIRES EST EN DIFFICULTÉ

EN ITALIE, SUR DEUX CHANTIERS :

MEDIASET ET TELECOM ITALIA