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Traduction d’un texte de Conduites et gaines techniques dans les dalles et murs Problématique et solutions applicables dans la pratique

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Traduction d’un texte de

Conduites et gaines techniques dans les dalles et murs

Problématique et solutions applicables dans la pratique

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Contenu Introduction 2 Statique, notions théoriques de base 3 Matériaux 8 Bilan intermédiaire / conclusion concernant la statique et les matériaux 10 Influence des conduites et gaines techniques dans les dalles et mur 11 Quelques solutions applicables dans la pratique 12 Remarque finale 18

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Introduction Toutes les personnes impliquées dans le domaine de la construction, du projeteur à l’entrepreneur, connaissent le problème. Le nombre de conduites et d’évidements se situant dans les dalles et les murs est impressionnant. De plus, la tendance est toujours à la hausse. On peut constater que chacun reste « cloisonné » dans son domaine d’activité, que ce soit dans la phase de planification ou sur le chantier. Il revient ensuite à l’ingénieur civil le devoir d’intervenir envers les différents corps de métier pour exiger le déplacement de conduites ou, dans le cas de conduites électriques, une meilleure répartition. Ces exigences sont souvent bien mal accueillies et dès lors exécutées à contrecœur voire pas du tout. Il est fréquent d’entendre des propos tels que « Qu’est-ce que vous faites à la planification » ou « Je dois absolument passer par là et par le plus court chemin » mais aussi « Mais ça tu le savais bien, pourquoi viens-tu maintenant avec ce chenit ». Ce comportement d’indifférence et d’incompréhension provient probablement de la pression toujours croissante dans les phases de projet et d’exécution. Cependant, il est clair que le manque de connaissances techniques joue aussi un rôle. Ces conduites sont fréquemment à l’origine de dommages ultérieurs dans la construction, il n’est pas rare que l’ingénieur soit ensuite pris pour (partiellement) responsable. En tant qu’ingénieur civil, je me pose quelques questions importantes :

- Est-ce de la seule responsabilité de l’ingénieur de vérifier que les différents corps de métier ont posé correctement leurs divers tubes (hauteur, espacement,…) ?

- Est-ce qu’un projeteur, mais aussi un installateur, ne doivent se pencher que sur leur domaine d’activité ? Peuvent-ils avoir d’autres réflexions, par exemple en ce qui concerne les autres corps de métier ou même par rapport à la statique du bâtiment ?

- Est-ce qu’un projeteur est libéré de sa responsabilité dès que l’ingénieur civil a eu un aperçu de ses plans ?

Sans me cacher derrière une norme ou fouiller dans quantités de paragraphes juridiques, je réponds personnellement par un NON très clair à toutes les questions ci-dessus. Il est évident que les projeteurs devraient également, comme le fait l’ingénieur dans son domaine d’activité, se préoccuper des autres corps de métier ayant une influence sur la structure porteuse du bâtiment. Les indications se rapportant à diverses normes, souvent citées sous la forme d’une multitude d’articles et de renvois sont certes tout-à-fait correctes et valables. Cependant, si personne ne les connait ou ne les comprend, elles sont malheureusement très peu utiles. C’est suite aux constatations précédentes qu’a vu le jour le présent document. Il expose de façon simple les problèmes liés aux conduites et gaines techniques dans les dalles et murs et propose des solutions concrètes et applicables dans la pratique.

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Statique, notions théoriques de base Les calculs statiques ainsi que les matériaux et dimensions des éléments de structure qui en découlent constituent la base de chaque ouvrage. Le dimensionnement d’une structure porteuse est particulièrement important. Ce fait est connu de tous et suscite un certain « respect » de la part des acteurs impliqués dans la construction. Au contraire de ce que bon nombre de personnes pensent, il n’est pas si compliqué d’acquérir quelques connaissances de statique. Il est bien clair qu’il ne s’agit pas au final de ne rencontrer plus que des « ingénieurs » sur les chantiers. Il est déjà tout-à-fait suffisant d’être capable d’avoir une intuition de la situation. En effet, si un projeteur ou un installateur peut estimer où agissent les forces élevées et faibles, sans bien sûr les quantifier, il contribue beaucoup à la réalisation d’un ouvrage sans défaut. Quelques notions élémentaires permettent déjà une bonne compréhension du phénomène. Il est donc judicieux d’effectuer une petite « parenthèse » concernant le fonctionnement statique de certains éléments de structure. Les explications et illustrations qui suivent devraient permettre d’appréhender de manière simple le fonctionnement structurel des dalles et murs de refend. Quelques explications plus détaillées seront également effectuées, pour ceux qui désireraient approfondir le sujet.

Figure 1

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Figure 1 Un bâtiment est essentiellement constitué de murs, de colonnes, de dalles et de sommiers. En ce qui concerne les murs, on distingue ceux qui sont porteurs et non-porteurs ou, selon les normes SIA, primaires et secondaires. Selon son concept statique, l’ingénieur décide quels sont les murs porteurs et non-porteurs. Visuellement, les deux types de murs ne sont pas différents. Sur les plans, les murs porteurs doivent cependant être clairement identifiés. Les dalles reprennent des charges verticales ponctuelles (p.ex. colonnes des étages supérieurs), linéiques (murs des étages supérieurs) ou surfaciques (par exemple : mobilier, personnes, etc…) et les transmettent aux murs et colonnes des étages inférieurs. En ce qui concerne les colonnes et les murs porteurs (primaires), ils transmettent les charges des dalles vers les étages inférieurs pour finalement atteindre les fondations. Ces dernières servent à introduire les charges dans le sol de fondation. Les murs ont également la fonction de transmettre les forces horizontales aux fondations. Les forces horizontales ont pour origines des actions telles que le vent ou plus particulièrement les séismes. Les murs sismiques (ou refends) sont exclusivement en béton armé. Il y a certes de nombreuses tentatives pour développer des murs sismiques en maçonnerie. Cependant, les murs sismiques en béton armé se sont largement imposés face à ceux en maçonnerie du fait de leur ductilité (capacité de se déformer sans se casser) bien plus élevée. Les murs sismiques se reconnaissent à leur disposition d’armature caractéristique : aux extrémités du mur, on trouve des barres longitudinales de gros diamètres entourées d’étriers rapprochés. Sur les plans, les murs sismiques devraient en général se repérer avec cette caractéristique (ce n’est pas toujours le cas !).

Figure 2 : Poutre simple, moment de flexion et effort tranchant

Figure 3 : Poutre à 2 travées, moment de flexion et effort tranchant

Diagramme des moments

Diagramme de l’effort tranchant

Diagramme des moments

Diagramme de l’effort tranchant

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Considérons maintenant une dalle qui s’appuie sur deux (poutre simple, figure 2) ou trois (poutre à deux travées, figure 3) murs porteurs. Dans chaque bâtiment, on rencontre un bon nombre de fois ces deux cas. Les diverses charges qui s’appliquent sur la dalle la font plier (flèche de la dalle). La grandeur de cette flèche dépend de l’intensité des charges (lourd / léger), du matériau constituant la dalle (béton, bois, acier, etc…), de sa section transversale (dans le cas des dalles, son épaisseur) et de la distance (portée) entre les appuis (murs porteurs ou colonnes).

En conséquence de la flèche (déformation), des efforts (forces) naissent dans la dalle. Ceux-ci sont appelés moments de flexion et effort tranchant. Il est possible de représenter l’intensité de ces efforts sous la forme d’un diagramme (cf. figures 2 et 3).

Concernant les figures 2 et 3, il est important de retenir les éléments suivants :

A quel endroit le moment de flexion et l’effort tranchant sont-ils le plus élevés? Pour une poutre simple, le moment de flexion est maximum à mi-travée (entre les deux murs, au centre). Dans le cas d’une poutre à deux travées, le moment est maximal au-dessus du mur du milieu et aussi à mi-travée. L’effort tranchant atteint toujours sa valeur maximale proche des appuis.

Pour ceux qui désirent aller plus loin et à titre purement informatif, on considère maintenant un petit élément dans la dalle. Ceci permettra d’expliquer ce que sont les contraintes de cisaillement. Lors de réunions ou sur un chantier, les ingénieurs parlent souvent de disposer des armatures de cisaillement et/ou de poinçonnement.

Figure 4.1 : Sollicitations d’un élément dans une dalle

M : moment V : effort tranchant Sigma x : contrainte de flexion Tau : contraintes de cisaillement b : largeur de l’élément z : bras de levier entre la force de traction et de compression I : moment d’inertie (= b*h^3/12 pour une section rectangulaire) S : moment statique (= b*h^2/8 pour une section rectangulaire)

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En partant du moment de flexion et de l’effort tranchant, il est possible de calculer les contraintes dues à la flexion sigma x et les contraintes de cisaillement transversales et longitudinales Tau v et Tau n (Tau v = Tau n). Ces valeurs trouvent leur origine du fait que l’axe x du système de coordonnées a été choisi parallèle à l’axe de la poutre. Au final, seules les contraintes principales sigma 1 (traction) et sigma 2 (compression) agissent dans la poutre (ou dalle).

Les contraintes de cisaillement ne sont pas réparties uniformément sur la hauteur de la section transversale (les contraintes de flexion non plus d’ailleurs). Elles atteignent leur valeur maximale à l’axe neutre et diminuent jusqu’à atteindre zéro aux fibres extérieures.

Figure 4.2

Figure 4.2 : Dans les zones ou agissent des contraintes de flexion et de cisaillement, la trajectoire des contraintes principales est inclinée par rapport à l’axe de la poutre. Si la contrainte principale de traction sigma 1 dépasse la résistance à la traction du béton, il apparait une fissure de cisaillement (parfois aussi appelée d’effort tranchant). Afin que la contrainte principale de compression sigma 2 puisse toujours être transmise, les forces de traction qui apparaissent doivent être reprises par une armature de cisaillement (parfois appelée armature d’effort tranchant).

Pour le calcul d’une armature de cisaillement, l’ingénieur utilise un modèle de calcul simplifié appelé modèle « bielles et tirants ». Il considère alors la dalle comme un treillis avec montants tendus (parfois aussi avec diagonales tendues). La force agissant dans ses éléments tendus doit être reprise par une armature de cisaillement constituée par des étriers verticaux (ou éventuellement inclinés). Dans les zones où les contraintes de cisaillement sont localement très élevées, c’est-à-dire proche des colonnes, extrémités ou angles de murs, un poinçonnement de la dalle est possible. Dans ces cas, des systèmes spéciaux anti-poinçonnement doivent être mis en place (p.ex. paniers DURA de l’entreprise Aschwanden ou ancres ancoPLUS de l’entreprise ancotech). Le dimensionnement des systèmes anti-poinçonnement repose sur les mêmes principes de base que pour les armatures de cisaillement.

Trajectoire des contraintes principales de traction Trajectoire des contraintes principales de compression

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Figure 5 : Modèle treillis avec montants tendus

Figure 6 : Modèle treillis avec diagonales tendues

Evidemment, l’ingénieur évite autant que possible la mise en place d’armatures de cisaillement. C’est donc d’autant plus énervant lorsqu’une armature de cisaillement/poinçonnement doit être mise en place ou modifiée en raison de conduites trop nombreuses ou mal positionnées !

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Matériaux Effectuons encore un pas en avant et passons de la statique aux matériaux. Il s’agit donc de choisir le type de matériau et ses dimensions pour chaque partie de la construction. Les matériaux de construction les plus utilisés dans le bâtiment sont le béton armé pour les dalles et la maçonnerie (briques terre cuite ou silico-calcaire) pour les murs (ou également le béton armé s’il s’agit de murs sismiques). Bien sûr, le bois ou l’acier ont également une place importante parmi les matériaux de construction. Cependant, le thème de cet article concernant les conduites et gaines dans les dalles, on ne traite pas de ces deux derniers matériaux (dans le cas de dalles ou de murs en bois ou acier, les diverses conduites et gaines techniques sont disposées dans les espaces entre les divers éléments de structure porteuse). Dalles et murs en béton armé Le béton armé, c’est-à-dire la combinaison de béton et d’acier d’armature, est une invention géniale qui a été révélée pour la première fois en 1900, sous la forme d’un bac à fleurs, lors de l’exposition universelle à Paris. L’acier et le béton ont un coefficient de dilatation thermique pratiquement identique. Cela signifie qu’ils se comportent de la même façon lorsqu’ils sont soumis à un changement de température. D’autre part, les deux matériaux se complètent à merveille. En effet, le béton est excellent lorsqu’il s’agit de reprendre des contraintes de compression alors que l’acier est parfaitement adapté pour reprendre des contraintes de traction. Un autre atout du béton armé est sa capacité à transmettre les charges dans plusieurs directions. Un unique point faible du béton armé est que, en comparaison avec sa résistance à la compression, sa résistance au cisaillement est faible (c’est-à-dire la résistance face aux contraintes agissant perpendiculairement à la surface de l’élément de structure, cf. chapitre précédent). Ceci se comprend plus aisément avec les valeurs suivantes. Ces valeurs correspondent à un béton standard utilisé très souvent pour les bâtiments :

- Résistance à la compression du béton : env. 25 N/mm2 - Résistance à la traction du béton : env. 2.5 N/mm2 - Résistance à la traction de l’acier : env. 435 N/mm2 - Résistance au cisaillement du béton non armé : env. 1.0 N/mm2 - Résistance au cisaillement du béton avec une armature

de cisaillement correspondante : env. 3.5 N/mm2 Mentionnons encore un aspect important par rapport aux valeurs mentionnées ci-dessus. Lorsqu’une des valeurs ci-dessus est atteinte ou dépassée dans une partie de la construction (à la suite des charges appliquées sur la structure), des fissures apparaissent à cet endroit !! Les fissures faisant suite au dépassement de la résistance à la traction du béton sont prévues et apparaissent petit-à-petit. Les contraintes de traction « libérées » sont alors reprises de manière contrôlée par l’armature de flexion. Au contraire des contraintes de traction dues à la flexion, les contraintes de cisaillement (trop élevées) ne sont pas désirées dans le béton. S’il n’y a pas d’armature de cisaillement capable de reprendre les contraintes de cisaillement, celles-ci provoquent de manière subite (et sans signes avant-coureurs) la rupture de la zone concernée.

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Mur en brique, respectivement en béton armé

Pour les murs le plus souvent ce sont les briques de terre cuites ou les briques en béton qui sont utilisées. Elles disposent de meilleures propriétés physiques que les murs en béton armé, ceci particulièrement grâce à leurs espaces creux particulièrement bien adaptés pour la construction de murs. En contrepartie la résistance à la pression et à la flexion ainsi que l'étanchéité des murs sont essentiellement plus faibles que le béton armé.

Alors que le béton présente un matériau parfaitement homogène, Les mur en brique selon leur direction démontrent de grandes différences de résistance. Respectivement les parties de construction pour lesquels il faut utiliser des appuis phoniques, appuis de dalles ou de murs entre les Murs et dalles (steinen) (Statiquement vu comme axe de rotation) ont des effets négatifs sur les capacités de charges des murs en briques.

Comparativement au béton les forces horizontales provenant d'un tremblement de terre en particulier peuvent avoir des effets dévastateurs, par l'explosion des matériaux fragiles des murs en briques. C'est la raison pour laquelle les murs en briques sont principalement utilisés pour des charges ne provenant que d'une direction (charge normale verticale). Les murs de refends (antisismiques) sont normalement exécutés (comme indiqué à maintes reprises) en béton armé avec l'utilisation, dans les zones des bordures des murs d'une forte armature en acier longitudinale et étriers. Lors d'un tremblement de terre les bordures des murs seront soumises à de fortes charges (contraintes) changeantes en traction et en compression. Les étriers en acier d'armature vont empêcher que les barres d'acier longitudinales pendant la phase de compression n'éclatent le mur ou qu'il parte en flambage.

Figure 7 : mur de refend sismique (vue en plan et détail)

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Bilan intermédiaire / conclusion concernant la statique et les matériaux Jusqu’à présent, nous avons décrits des notions de base simples, mais importantes, concernant la statique et les matériaux. Voici un résumé, des éléments les plus importants concernant ces deux domaines :

Dans un ouvrage, il y a dans les dalles des zones de traction et de compression dues à la flexion ainsi que des contraintes de cisaillement.

Dans le cas d’une dalle reposant sur deux appuis (généralement des murs porteurs), les contraintes de traction et de compression dues à la flexion sont maximales à mi-travée. S’il s’agit d’une dalle de plusieurs travées, les valeurs les plus élevées sont atteintes à mi-travée et au-dessus des appuis (murs porteurs ou colonnes).

Les contraintes de cisaillement atteignent leur maximum proche des appuis. Dans les zones des contraintes de flexion les plus élevées à mi travée, elles tendent en revanche vers une valeur nulle.

Les murs porteurs en maçonnerie sont principalement chargés par un effort normal agissant verticalement.

Lors d’un tremblement de terre les murs sismiques sont sollicités, en plus de l’effort normal vertical, par des forces horizontales très élevées. Ils sont donc exécutés en béton avec de puissantes armatures verticales et horizontales dans les zones d’extrémités.

Le béton armé est un matériau homogène et ductile (c.à.d. qui a la capacité de se déformer sans se briser) ayant de bonnes propriétés tant en compression qu’en traction.

Contrairement à la résistance à la flexion, la résistance au cisaillement du béton armé est faible.

Alors que les fissures dues à la flexion sont acceptées, les fissures dues aux contraintes de cisaillement sont à éviter absolument, s’il n’y a pas d’armature de cisaillement adéquate !

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Influence des conduites et gaines techniques dans les dalles et les murs Les conduites et gaines techniques dans les dalles et murs affectent beaucoup la capacité portante de ces éléments de structure. En particulier dans les dalles en béton, il y a le risque de fissuration non-contrôlée dues aux contraintes de cisaillement dans les sections amoindries (figure 8). Il n’y a pas que les tubes de grand diamètre qui peuvent poser problème. Une grande quantité de conduites électriques rapprochées peut influencer négativement la capacité portante d’une dalle, d’autant plus que celles-ci sont souvent liées entre elles. A la suite du mauvais positionnement d’un tube ou de son diamètre trop grand, une rupture de la zone comprimée du béton est possible dans les zones de contraintes de flexion élevées (figure 9). Figure 8 : Fissure de cisaillement (en conséquence d’une conduite disposée dans la zone de fortes contraintes de cisaillement)

Figure 9 : Rupture de la zone de béton comprimé (tube dans la zone du moment de flexion maximal, à mi-travée et dans le haut de la dalle)

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Quelques solutions applicables dans la pratique Dans les chapitres précédents, on a tenté d’exposer la problématique des conduites et gaines dans les dalles et murs. Le présent chapitre est le plus important car il effectue le passage entre théorie et pratique. La pratique commence à mon avis dès la phase de planification. Ceci est particulièrement valable pour les corps de métier sanitaires, ventilation et chauffage. L’électricien doit cependant aussi être impliqué dans la réflexion. En effet, les conduites électriques étant nombreuses et suivant souvent un cheminement « diffus » dans la dalle, elles sont à l’origine de nombreux problèmes imprévus sur le chantier. De plus, la situation concernant les conduites électriques s’aggrave encore car il est fréquent que de nombreux tubes soient reliés entre eux. Sans réflexion préalable, l’installation de conduites électriques dans les murs est souvent la cause de situations dangereuses avec des conséquences qui surgissent plus tard (fissures dans le crépi). La problématique des conduites et gaines dans les dalles et murs n’est traitée que superficiellement par la SIA (Société Suisse des Ingénieurs et Architectes). Il est cependant possible de s’appuyer sur différentes publications comme par exemples celles de l’entreprise Basys AG, Kirchberg. Cette entreprise se consacre depuis longtemps à ce problème et dispose de ce fait d’ores et déjà de bonnes connaissances dans le domaine. Tout particulièrement, leurs expériences acquises lors de la planification et de la réception d’ouvrages joue un rôle dans le développement de solutions adéquates. On énonce ci-dessous les choses les plus importantes à savoir concernant les conduites dans les dalles et les murs.

Le diamètre extérieur maximal d’un tube (y.c. une éventuelle isolation !) ne doit pas dépasser la moitié de la hauteur statique moyenne de la dalle (diamètre max. du tube = 0.5 * dm) !! Selon la norme européenne, cette valeur est de seulement 0.35 * dm, c’est-à-dire bien plus contraignante qu’en Suisse !

D = épaisseur de la dalle d = diamètre extérieur du tube (y.c. isolation) dm = hauteur statique moyenne (surface de la dalle jusqu’au centre des armatures inférieures (1er et 2ème lits))

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Si des tubes d’un diamètre plus grand que 0.5*dm se trouvent dans une dalle, cette zone est à considérer statiquement comme un évidement. Cela est possible bien que malheureusement rarement réalisable en pratique !

Les tubes d’un diamètre dm/6, c’est-à-dire les tubes dont le diamètre est inférieur ou égal au sixième de la hauteur statique moyenne de la dalle, peuvent être négligés lors du dimensionnement au cisaillement. Cela n’est cependant valable seulement si a) il s’agit d’un unique tube ou, b) dans le cas de plusieurs tubes côtes-à-côtes, la distance entre ceux-ci doit être au moins égale à 4 fois le diamètre du tube (4 x d) !!! Au cas où cette règle n’est pas respectée, la capacité portante de la dalle s’en trouve réduite drastiquement (3 x d env. 25 % et 2 x d jusqu’à 40 % de réduction). Il s’agit là d’une information importante à propos de laquelle les monteurs-électriciens en particulier devraient être conscients.

Dans le cas d’une disposition des tubes comme indiqué sur la figure suivante, la surface occupée par ces tubes doit être déduite pour le dimensionnement au cisaillement. C’est pour cela qu’il est conseillé d’espacer les gaines électriques qui ne sont volontairement pas disposées dans des armatures de cisaillement (cf. règle ci-dessus).

D = épaisseur de la dalle d = diamètre extérieur du tube (y.c. isolation) dm = hauteur statique moyenne (surface de la dalle jusqu’au centre des armatures inférieures (1er et 2ème lits))

D = épaisseur de la dalle d = diamètre extérieur du tube (inclus isolation !) dm = hauteur statique moyenne (surface de la dalle jusqu’au centre des armatures inférieures (1er et 2ème lits))

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Aucune conduite ne devrait être disposée dans les zones où les contraintes de traction ou de compression dues à la flexion sont maximales (cf. figure suivante). Ceci est particulièrement valable pour les conduites qui ont un diamètre élevé par rapport à l’épaisseur de la dalle.

Si des tubes de petit diamètre sont disposés dans ces zones de sollicitations élevées à « mi-travée » (attention : jamais dans la zone d’appui de la dalle !!), ces tubes doivent si possible être placés dans la partie inférieure de la dalle (zone tendue). De cette façon, le béton peut encore transmettre les contraintes de compression.

Il est préférable de renoncer à disposer des gaines rectangulaires dans une dalle ! Si cela est absolument impossible (p.ex. hotte de ventilation de la cuisine), il faut essayer de garder la longueur de la gaine la plus courte possible (il est judicieux d’utiliser des gaines verticales). La raison : selon la norme SIA pour le dimensionnement au cisaillement, la plus grande dimension de la gaine (p.ex. 30 cm dans le cas d’une gaine de 5*30 cm !!) doit être soustraite de l’épaisseur de la dalle. En effet, une telle gaine est considérée comme un évidement !

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Aucun tube (quel que soit le diamètre et leur nombre) ne doivent être disposés au-dessus ou le long de murs porteurs ou de colonnes

Le meilleur emplacement pour disposer des tubes se trouve, du point de vue statique, dans les zones où les contraintes de cisaillement et de flexion ne sont pas maximales. Ceci correspond à peu près au quart de la portée de la dalle.

Il ne faut pas disposer de tubes au travers ou à proximité immédiate d’armatures de poinçonnement !! Il est indispensable de garder un espace suffisant avec ces armatures. La raison : à proximité immédiate, les contraintes de cisaillement sont encore très élevées et ne peuvent être reprises que par une dalle absolument intacte (c.à.d. sans aucun évidement/conduite).

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Si, après réflexion concernant le tracé des conduites, il n’a pas été trouvé de solution satisfaisante, il faut utiliser des armatures BASYTUBE type V et T (armatures de cisaillement pour conduites). Il est recommandé dans ce cas, spécialement pour le monteur électricien, de réunir ses conduites et de les disposer ensemble dans les BASYTUBE. Lors de l’utilisation de ces types d’armatures, il serait souhaitable que les planificateurs puissent convaincre les installateurs de poser eux-mêmes les BASYTUBE. Les expressions du type « je suis monteur électricien et pas ferrailleur » devraient définitivement appartenir au passé. Ce sont en effet les conduites utilisées par les différents corps de métier qui sont à l’origine du problème et non pas l’entrepreneur avec les armatures ou le béton !! Pour toute question relative à l’utilisation et à la mise en place correcte des BASYTUBE, l’entreprise Basys AG se tient volontiers à disposition (Tél. Basys 071/722 66 90 ou 034/448 23 23 et pour la Suisse Romande : 021/843 10 65).

Dans le cas de murs de refend sismiques (principalement en béton armé), il ne faut en

aucun cas poser de conduites ou d’inserts dans les zones d’extrémités, là où sont disposées les armatures longitudinales entourées d’étriers !!

Le cheminement des tubes devant passer dans les murs est à étudier soigneusement. La

règle suivante est en principe applicable : Les entailles et inserts verticaux ne posent généralement pas de problèmes en revanche, s’ils sont horizontaux, ils peuvent avoir des conséquences désastreuses. Ceci s’adresse en particulier aux planificateurs et monteurs électriciens. En l’occurrence, lorsqu’il y a une grande quantité de tubes, il est nécessaire de

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se demander si les tubes ne devraient pas être disposés entre le mur porteur et un parement non porteur (p.ex. contre cloison, galandage).

Si des entailles ou des évidements doivent être effectués dans un mur, il faut veiller à ce que ceux-ci soient le plus petit possible. Des évidements de grande taille qui nécessitent d’être rebouchés avec beaucoup de mortier sont inévitablement à l’origine de fissures qui apparaissent plus tard dans le crépi. Dans la plupart des cas « personne n’est responsable » et la réparation est pour le compte du client.

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Coupe d’armatures sur le chantier : Il est malheureusement inévitable que des armatures doivent être coupées sur le chantier. Ceci est principalement le cas dans les zones où se trouvent des conduites ou des évidements. Dans ces cas, il est très important de réfléchir à la fonction de l’armature que l’on veut couper ! Il est probablement déjà arrivé qu’une armature concentrée de diamètre 40 mm soit coupée sans aucune réflexion préalable et dans le seul but de faire passer une petite conduite. Il est possible d’appliquer la « règle » suivante : Les armatures jusqu’à = 12 mm peuvent en général être coupées pour autant qu’il ne s’agisse que d’une seule barre dans la dalle. À proximité d’évidements, il est préférable de décaler légèrement quelques barres plutôt que de les couper. Dans les cas d’armatures d’un diamètre plus grand que = 12 mm, il est préférable de demander l’autorisation de l’ingénieur, ceci pour des raisons de sécurité. Il ne faut en général pas couper d’étriers. En effet, un étrier coupé perd presque entièrement sa fonction ! Il est donc préférable de les décaler légèrement.

Conclusion Dans le présent traité nous tentons d'essayer de sensibiliser les différents planificateurs professionnels sur cette problématique pour lesquels "Vos" tubes et inserts dans les dalles et les murs sont la cause. En même temps j'associe l'espoir que dans le futur les planificateurs professionnels rendent le personnel exécutant (les monteurs) attentifs à cette problématique de beaucoup d'installations afin qu'ils participent tous dans leur secteur activement à la recherche de solutions.