Eve-Anaëlle Blandin

Pourquoi a-t-elle choisi de consacrer son mémoire aux émissions de cuisine ?

C’est un sujet qui l’intéressait car elle-même regarde beaucoup les émissions de cuisine et de téléréalité. Elle savait qu’en Angleterre la sociologie des médias était très développée, mais qu’elle l’était peu eu France. Elle a donc voulu comprendre pourquoi les émissions de cuisine avaient tant de succès.

Combien de personnes ont-été interrogées et comment les a-t-elle sélectionnées ?

Elle est partie sur un panel de 12 personnes. Elle n’avait pas en tête un public vraiment ciblé et souhaitait rencontrer des personnes en tout genre qui regardaient des émissions de cuisine. Elle a sélectionné les personnes par le bouche à oreille et en plaçant des annonces sur des forums de cuisine, en bas de son immeuble ou sur Facebook. Des gens ont répondu d’eux-mêmes dans le but de participer à cette enquête. D’autres personnes ont été sélectionnées en discutant et en dénichant des profils intéressants, par exemple un cuisinier qui regardait Top chef.

Sur l’aspect psychologique des motivations à regarder des émissions de cuisine, n’y-a-t-il pas une impression de cuisiner et de manger ces bonnes choses par substitution aux candidats ?

Les raisons de visionnage des émissions de cuisine étaient très hétérogènes. Certains s’imaginaient manger ces délicieuses préparations et se projetaient dans le plaisir de goûter à ces bonnes choses. Beaucoup de personnes étaient également attirées par le fait de pouvoir regarder et s’imaginer goûter des plats de grands cuisiniers qu’ils ne pourraient jamais s’offrir.

Quelle est son émission de cuisine préférée ?

Avant que le programme ne change et n’attribue une si grande place à l’animation, elle aimait beaucoup Un dîner presque parfait. Dans les nouvelles émissions de cuisine, elle a un coup de cœur pour Le meilleur pâtissier, étant plus attirée par la cuisine sucrée.

Harmony Brioude

Qu’a-t-elle apprécié dans l’aventure Top chef ?

Elle a beaucoup aimé l’esprit de fratrie qui se crée entre les participants, le partage de l’amour de la cuisine et relever le défis des épreuves.

Est-ce que l’aventure Top chef est vraiment vécue comme elle est montrée à la télévision ?

Elle se retrouve bien dans les extraits diffusés à la télévision, mais elle note une exagération due à la mise en scène reprenant les dogmes de la télé-réalité. Elle témoigne de plusieurs demandes des caméramans de jouer des sentiments à l’avance : anxiété, bonheur, tristesse… afin d’adapter le montage en fonction des réponses du jury.

Comment les candidats sont-ils sélectionnés ?

Les candidats sont sélectionnés sur leur talent de cuisiner, la personnalité, le physique... Ils passent par une quinzaine d’entretiens, dont deux épreuves de cuisine jugées par des chefs étoilés : une épreuve de créativité, une autre sur la capacité à soutenir la compétition. Au départ, ils étaient 6000 candidats, seuls 200 sont sélectionnés pour les entretiens, pour finir à 14 sur les épreuves.

Est-ce que cette émission lui a ouvert des portes ?

Bien qu’elle soit partie après la première émission, on lui a fait plusieurs offres après Top chef, comme monter des cartes ou travailler dans des brigades. Elle a cependant refusé et conservé son poste de gouvernante dans une famille. À l’avenir, elle souhaite monter sa propre entreprise dans la région.

On entend de plus en plus parler de la pression que les chefs cuisinier mettent à leur brigade et le côté militaire du travail en cuisine, l’a-t-elle ressenti ?

Les chefs cuisiniers ont parfois un fort caractère et mettent la pression à leur équipe. Il y a quelquefois des débordements et de l’irrespect. Mais les chefs se calment car les employés se défendent plus qu’avant et n’hésitent pas à avoir recours aux prud’hommes. Dans l’émission comme dans les cuisines, les chefs demandent rigueur et respect. Il y a eu des débordements, mais ils ne sont pas montrés à la télévision.

Y a-t-il des différences de traitement entre hommes et femmes dans une brigade ?

Il y a déjà une différence en nombre, dans la brigade Top chef elles n’étaient que 3 femmes pour 12 hommes. De plus, il est plus difficile de se faire une place pour une femme. Des stéréotypes persistent encore, par exemple les places chaudes sont réservées aux hommes.

Y-a-t-il des parallèles entre une brigade et le sport ou l’esprit militaire ?

Le sport oui pour le côté travail d’équipe, dans une brigade il y a un fort esprit d’entraide. Le côté militaire est également présent dans l’aspect hiérarchique des postes constituant une brigade. Mais, également dans le respect que l’on doit au chef.