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REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX TRAVAIL - PATRIE ---------- MINISTERE DE LA PROMOTION DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE ---------- SECRETARIAT GENERAL ----------- DIRECTION DE LA PROMOTION SOCIALE DE LA FEMME ----------- SOUS-DIRECTION DE LA PROMOTION DES DROITS DE LA FEMME REPUBLIC OF CAMEROON PEACE WORK - FATHERLAND ----------- MINISTRY OF WOMEN’S EMPOWERMENT AND THE FAMILY ------------ --------- SERVICE DE LA PROMOTION DES DROITS CIVILS DE LA FEMME COMPRENDRE LA STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : CONTENU ET METHODOLOGIE DE VULGARISATION

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REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX – TRAVAIL - PATRIE ---------- MINISTERE DE LA PROMOTION DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE ---------- SECRETARIAT GENERAL ----------- DIRECTION DE LA PROMOTION SOCIALE DE LA FEMME ----------- SOUS-DIRECTION DE LA PROMOTION

DES DROITS DE LA FEMME

REPUBLIC OF CAMEROON PEACE – WORK - FATHERLAND ----------- MINISTRY OF WOMEN’S EMPOWERMENT AND THE FAMILY ------------

--------- SERVICE DE LA PROMOTION DES DROITS CIVILS DE LA FEMME

COMPRENDRE LA STRATEGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : CONTENU ET METHODOLOGIE DE

VULGARISATION

1

QUE SIGNIFIENT VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ?

Les violences à l‘égard des femmes désignent « tous actes

perpétrés contre les femmes, causant ou pouvant causer aux femmes un

préjudice ou des soufrances physiques, sexuelles, psychologiques ou

économiques, y compris la menance d’entreprendre de tels actes,

l’imposition de restrictions ou la privation arbitraire des libertés

fondamentales, que ce soit dans la vie privée ou dans la vie publique, en

temps de paix, en situation de conflit ou de guerre ». (Protocole à la

Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples).

AMPLEUR DES VIOLENCES AU CAMEROUN

Selon l’Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs

Multiples (2011) :

- depuis l’âge de 15 ans, plus de la moitié des femmes (55%) ont subi des violences physiques, principalement exercées par leur mari/partenaire, mais aussi par leur mère/femme ou père, le père/mari de la mère et/ou la sœur/frère ;

- parmi les femmes ayant déjà eu des rapports sexuels, 20% l’ont fait contre leur gré, en particulier celles ayant eu des rapports avant l’âge de 13 ans (30%) ;

- dans l’ensemble, 64% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences, 8% des violences sexuelles, et 21% à la fois des violences physiques et sexuelles ;

- parmi les femmes enceintes ou l’ayant été, 14% ont subi des violences pendant la grossesse ;

- parmi les femmes qui ont déjà été en union, 60% ont subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leur mari actuel ou le plus récent ;

- parmi les femmes qui ont subi des blessures conjugales dans les 12 derniers mois, 43% ont eu des blessures à la suite des violences.

2

QUELQUES EXEMPLES DE VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

- sévices corporels ; - mariages précoces ; - mariages forcés ; - mutilations génitales féminines; - préjugés sexistes ; - Injures publiques et autres propos infamantes ; - refus d’admission des femmes à certaines fonctions sociales et

administratives ; - rites de veuvage avilisants ; - menace à la veuve ; - spoliation de la veuve - socialisation discriminatoire des femmes et des garçons ; - harcèlement sexuel ; - prostitution forcée ; - lente évolution des carrières féminines ; - exploitation commerciale de l’image des femmes ; - images stéréotypées et négatives de la femme dans les romans,

les manuels scolaires, la publicité et les contes ; - traffic des femmes ; - limitation de l’accès des femmes et des filles à la formation et à

l’information ; - imposition des modes de pensée ; - viol ; - inceste ; - refus de dialogue ; - lévirat ; - sororat ; - répudiation ; - transmission volontaire du SIDA/IST

3

REPONSE DU GOUVERNEMENT

Engagement personnel du Chef de l’Etat, Son Excellence Paul BIYA :

« Notre Septennat sera centré sur [ …] la promotion de la condition

féminine pour parvenir à l’égalité des droits entre hommes et femmes »,

(Maroua, 04 octobre 2011) ; « je m’engage à faire de l’égalité entre les

droits de l’homme et les droits de la femme, une réalité, notamment en

promulgant des lois pour punir toute violence faite aux femmes » ; « il

serait souhaitable que disparaissent au sein de notre société, les

multiples manifestations d’incivilités, telles que les violences faites aux

femmes » (Message à la Nation, 31 décembre 2007).

création d’un Ministère en charge de la Promotion de la Femme avec des services déconcentrés et des Unités Techniques Spécialisées sur l’ensemble du territoire national ;

mise en place de comités locaux de lutte contre les mutilations génitales féminines dans les zones foyers ;

tenue de deux sessions de plaidoyer en direction du Parlement en vue de l’implication de la Représentation Nationale dans la lutte contre le fléau ;

lancement national en décembre 2012 de la Campagne Mondiale de lutte contre le fléau, initiée en 2008 par le Secrétaire Général des Nations Unies ;

élaboration d’une Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre ;

élaboration d’un Plan d’Action de lutte contre les mutilations génitales féminines ;

organisation de séances d’écoute-conseil à l’intention des femmes victimes de violence ;

création d’une plate-forme multisectorielle de lutte contre les violences faites aux femmes ;

inscription des violences faites aux femmes sur la liste des variables dans les enquêtes socio-démographiques nationales ;

4

sensibilisation et plaidoyer impliquant les partenaires techniques et financiers au développement et la société civile ;

mise en place des structures étatiques et non étatiques de prise en charge des femmes victimes de violences ;

ouverture des services d’écoutes ;

mise en place des centres d’acceuil pour femmes en détresse ;

vulgarisation des instruments juridiques de promotion et de protection des droits de la femme

ENCADREMENT JURIDIQUE ET/OU NORMATIF DE LA LUTTE

CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES.

Au plan international

- Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 ;

- Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes ;

- Convention contre la Torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants du 10 décembre 1984 ;

- Déclaration des Nations Unies sur l’Elimination des Violences à l’Egard des Femmes ;

- Compagne mondiale du Secrétaire Général des Nations Unies sur les Violences à l’Egard des Femmes ;

- Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989 ;

- Resolution 13/25 des Nations Unies sur la paix et la sécurité des femmes

- La plate-forme de Beijing.

Au plan régional

- la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin 1981 et son Protocole relatif aux Droits de la Femme ;

5

- la Charte Africaine des Droits et du Bien-Être de l’Enfant du 11 juillet 1990 ;

- la Politique Genre de l’Union Africaine ;

- le Protocole de Maputo.

Au plan national

- la Constitution du Cameroun proclame l’attachement du peuple camerounais aux valeurs et principes universels garantis par l’Etat à tous les citoyens ;

- les articles 275 et 281 du Code Pénal répriment les atteintes à l’intégrité corporelle.

Défis à relever

- données statistiques ; - Prise en charge intégrée (parlement, chefs traditionnels, familles,

OSC, etc…) ; - personnel spécialisé ; - programme intégrant un changement de comportement en

direction des deux genres.

I- REPONSE NATIONALE

Quelle est la position du Gouvernement ?

Le Gouvernement du Cameroun condamne la pratique.

Que fait le Gouvernement pour y remédier ?

Le Gouvernement a élaboré une Stratégie Nationale de lutte contre les Violences Basées sur le Genre axée sur :

- la prévention ; - la prise en charge des victimes et des auteurs ; - la recherche ; - le renforcement de lutte contre les violences spécifiques (MGF),

VIH/SIDA, violences en période de crise humanitaire) ; - la coordination.

6

La mise en œuvre de cette stratégie est en cours. Parmi les

actions menées, l’on peut évoquer :

- deux sessions de plaidoyer devant le Parlement ;

- production de rapport pays de mise en œuvre de la Résolution 67/144 relative à l’élimination de la violence contre les femmes ;

- le texte régissant les Centres de Promotion de la Femme (CPF) est

en cours de révision pour intégrer des Centres d’Accueil des

femmes victimes de violence ;

- Contribution du Minproff à l’application de la Résolution 67/144 relative à l’élimination de la Violence Contre Les Femmes ;

- Contribution du Minproff à l’application de la Résolution 67/146 relative à la Lutte Contre les Mutilations Génitales Féminines ;

- des centres d’accueil pour femmes en détresse sont mis en place

dans l’Arrondissement de Yaoundé 5, Douala 1er et Maroua 1er,

Mora, Mokola, Bertoua ;

- la collaboration a été renforcée avec les partenaires au

développement et les organisations de la société civile pour

accroître l’efficacité des mesures en cours. On peut citer le

programme de lutte contre les violences faites aux femmes comme

un bel exemple de synergie entre le Gouvernement, la coopération

française et certaines organisations de la société civile :

Association Camerounaise des Femmes Juristes (ACAFEJ),

Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes

(ALVF), (Cercle Internationale pour la Promotion de la Création

(CIPCRE), réseau national des Associations de Tantines

(RENATA), Women in Alternative Action (WAA), l’Association

Horizons Femmes), le Haut Commissariat de Grande Bretagne ;

- un Plan de Travail Annuel (PTA) consacré tout entier à la lutte

contre les violences faites aux femmes a été signé, dans le cadre

du Ve Programme de coopération avec le Fonds des nations-Unies

pour la Population (UNFPA) qui est arrivé à son terme en 2012 ;

- des plates-formes de collaboration sont signées entre le

MINPROFF et les Organisations de la Société Civile telles que le

7

Cercle International pour la Promotion de la Création (CIPCRE) et

la Conférence des Imans et Dignitaires Musulmans du Cameroun

(CIDIMUC) pour une lutte concertée contre toutes les formes

d’atteintes aux droits des femmes et pratiques et coutumes

préjudiciables au bien-être et à la santé des femmes ;

- des Services d’écoute sont fonctionnels dans les représentations

locales du MINPROFF et du MINAS et dans certains

commissariats et brigades de gendarmerie ;

- engagement de 20 femmes parlementaires en 2001 en faveur de la

lutte contre les MGF suite au témoignage d’une victime ;

- élaboration en cours de finalisation portant répression des

violences basées sur le genre ;

- célébration depuis 2008 de la journée de lutte contre les MGF ;

- organisation depuis 12007 de la campagne mondiale contre les

violences faites aux femmes ; en collaboration avec les partenaires

techniques au développement et ceux de la société civile ;

Des modules de formation sur les violences en direction des

adolescents (élèves et étudiants) ont été élaborés ;

Un rapport du groupe Multidisciplinaire du MINCOF a été réalisé

en novembre 2002 sur les « MGF au Cameroun » ;

La composante MGF a été inscrite dans l’EDSC-3 (2004).

Pour l’axe d’intervention Formation des Points Focaux locaux et

Modules IEC, les actions suivantes ont été menées :

La sensibilisation des parties prenantes ;

Le recyclage du personnel médical et des accoucheuses

traditionnelles sur la Santé de Reproduction ;

La formation des parties prenantes en gestion des AGR.

L’organisation des campagnes de sensibilisation dans les

Régions Foyers en direction des parties prenantes (les autorités

religieuses et traditionnelles, les accoucheuses traditionnelles,

8

les exciseuses, les parents, les victimes et potentielles, les

communautés) ;

L’organisation des descentes sur le terrain et des rencontres

avec les parties prenantes par le MINPROFF en 2008, ayant

suscité la prise de conscience et l’engagement des exciseuses

qui ont remis solennellement leurs couteaux dans la Région de

l’extrême-nord ;

La formation en cascade des intervenants et des parties

prenantes en gestion des AGR ;

L’élaboration du Programme National de la Santé de

Reproduction ;

La prise en charge médicale des complications des MGF.

Les partenaires bilatéraux et multilatéraux ont apporté un soutien

significatif au Gouvernement dans la réalisation des actions en faveur de

la lutte contre les MGF. Il s’est agi essentiellement de l’appui :

A l’organisation des rencontres (séminaires de plaidoyer, colloque

et autres) à l’intention des leaders d’associations et ONG

intervenant dans le domaine ;

au renforcement des capacités des intervenants en IEC ;

à l’élaboration des supports éducatifs et de formation ;

au financement des microprojets dans les régions Foyers ;

à la réalisation des études sur « l’Analyse Situationnelle des MGF

au Cameroun » et « l’Etat des Lieux des Violences Basées sur le

Genre ».

9

D’autres Actions ont été réalisées, celles-ci ne correspondent à

aucun des axes prévus par le PAN. Il s’agit de :

la prise en charge sociale des accoucheuses traditionnelles et des

exciseuses en leur octroyant des machines (moulins etc.) ;

la reconversion des exciseuses dans d’autres métiers ;

la prise en charge psychosociale et l’accompagnement vers les

structures de prise en charge médicale.

Parmi les obstacles à la lutte efficace contre les MGF, on pourrait

citer :

l’absence de planification des actions ;

l’absence d’une loi spécifique contre les MGF ;

l’insuffisance des Centres d’Accueil des femmes victimes de

violences ou en détresse ;

l’insuffisance du personnel qualifié en matière de prise en charge

des victimes et potentielles victimes ;

l’insuffisance de la coordination et du suivi des actions menées

autant par le gouvernement que les partenaires.

DES MARIAGES PRECOCES ET FORCES

La pratique des mariages précoces constitue l’une des formes les

plus récurrentes de violences faites aux femmes, des discriminations à

l’égard des filles et des abus envers les enfants. Les mariages précoces

empêchent les filles de jouir de certains de leurs droits fondamentaux.

Les parents n’ont pas toujours conscience des risques que courent leurs

enfants en encourageant cette pratique. Bien plus, ceux qui sont

conscients des effets néfastes des mariages précoces sur le

développement physique et psychoaffectif de l’enfant, n’ont pas toujours

la latitude de prendre la décision de les abandonner.

Les données de l’Enquête Démographique et de Santé et à

Indicateurs Multiples (EDS-MICS 2011) ont révélé qu’au Cameroun, 17

% des femmes de 25-49 ans au moment de l’enquête ont déclaré être

entrées en union avant d’atteindre l’âge de 15 ans; 45 % étaient déjà en

10

union avant 18 ans. Ces pratiques sont souvent concentrées dans

certaines zones géographiques. Ainsi, 37% des filles mariées avant

l’âge de 18 ans se retrouvent à Kousséri (région de l’Extrême-nord).

De manière générale, 57% des femmes de 20 à 24 ans déclarent

s’être mariées avant l’âge de 18 ans dans les zones rurales.

Plusieurs études ont permis de relever l’ampleur de ce

phénomène, qui constitue une forme aggravée de violation des droits de

l’enfant, ainsi qu’une entrave à son épanouissement.

Plusieurs études ont permis de relever l’ampleur de ce

phénomène, et de faire une analyse des causes profondes et des

déterminants socioculturels et économique.

Compte tenu des effets néfastes de ces pratiques et de la

nécessité d’assurer une meilleure protection de l’enfant, le

Gouvernement camerounais a pris un certain nombre d’engagements

pour susciter leur abandon par les familles et les communautés. Ces

engagements se sont traduits par la ratification des instruments

juridiques internationaux et régionaux relatifs à la protection de l’enfant.

A l’échelle nationale, le Cameroun s’est doté d’un cadre législatif et

réglementaire (constitution, codes et lois spécifiques) qui promeut les

droits des enfants et les protège contre les pratiques socioculturelles

néfastes. Dans ce cadre, on peut citer, sans être exhaustif :

En dépit de ces mesures, la pratique des mariages précoces et

forcés reste encore profondément ancrée dans les traditions. Fort de ce

constat, la communauté internationale s’est engagée dans le processus

d’éradication à terme de ce phénomène, à travers l’organisation de la

campagne mondiale de lutte contre le mariage des enfants. Au niveau

régional, cette activité a été marquée par le lancement par l’Union

Africaine de ladite campagne, à laquelle le Cameroun, membre de cette

entité, envisage de se joindre, à travers l’organisation d’une vaste

campagne nationale de mobilisation communautaire et de sensibilisation

de masse pour lutter contre les mariages précoces et forcés. C’est dans

cette logique que s’est inscrit l’organisation d’une table ronde télévisée

sur le phénomène, afin d’inviter les parents, les familles, les

communautés et les autres intervenants à mettre en place des actions

11

concertées pour mieux orienter les interventions en faveur de la

protection de l’enfant.

Il en est également de l’organisation d’activités de sensibilisation

dans le cadre de la célébration de la 25ème édition de la Journée de

l’Enfant Africain, le 16 juin 2015, dont la thématique centrale avait trait

aux stratégies à mettre en place pour accélérer l’élimination des

mariages d’enfants.

En outre, le Cameroun a pris part du 05 au 09 octobre 2015 à la

rencontre de l’Union Africaine sur les mariages d’enfants, tenue à Abuja

au Nigeria. Cette rencontre fait suite au constat selon lequel 30 des 41

pays à travers le monde qui enregistrent un taux de plus de 30 % de

mariages d’enfants sont africains. L’objectif de la rencontre était

d’harmoniser les stratégies/approches pour éliminer les mariages

d’enfants. L’effectivité de l’implication des hommes au Cameroun dans la

lutte contre les Violences Basées sur le Genre et les Pratiques

socioculturelles néfastes a été relevée. Comme perspectives, il est

envisagé le renforcement du partenariat avec la Société Civile.

Dans l’optique de s’arrimer à la campagne de l’Union Africaine de

lutte contre le mariage d’enfants, le Gouvernement, à travers le Ministère

de la Promotion de la Femme et de la Famille, envisage d’organiser en

novembre et décembre 2015, une série d’activités visant à susciter

l’engagement des décideurs et autres acteurs intervenants dans le

domaine de la promotion et de la protection des droits de l’enfant, en

faveur de l’élimination de la pratique des mariages précoces et forcés. Il

s’agit notamment de :

la mise en place d’une plateforme multisectorielle d’acteurs sur

les questions de violences envers les filles et le mariage

d’enfants ;

l’organisation d’ateliers ciblés en direction des femmes

parlementaires, des femmes des médias, des leaders

traditionnels, des organisations de la société civile.

DU PHENOMENE DE « REPASSAGE » DES SEINS

Le Cameroun compte plus de 200 ethnies. Chacune d’elles

développe des mesures traditionnelles de protection sociale de l’enfant

12

en général, et de la fille en particulier. A l’effet de retarder la poussée

mammaire de l’adolescente, certaines tribus avaient recours à cette

pratique que l’on désigne par abus de langage sous le concept

effroyable de « repassage des seins ». La pratique consistait en réalité à

masser avec douceur la poitrine de la jeune fille à l’aide d’herbes,

d’écorces, de spatules de cuisine ou de pierres pour retarder le

développement précoce des seins, et, partant, mettre la jeune fille à

l’abri des assauts sexuels de la part des hommes sans scrupule, de la

sexualité, de la maternité, du mariage précoce et du viol. Elle était aussi

supposée permettre à la petite fille d’atteindre une taille optimale. Les

femmes âgées qui s’y investissaient, prenaient toutes les dispositions

pour amoindrir les risques d’apparition des séquelles physiques et

d’atteinte à la santé.

« Le repassage » des seins ne fait pas intervenir un fer à

repasser chauffant comme le font croire les commentaires. La

modernisation des cultures et des mentalités, le recul des barrières de

l’ignorance grâce aux avancées de la scolarisation et aux actions de

sensibilisation, d’information et de formation que mène le Ministère de la

Promotion de la Femme et de la Famille ont considérablement fait

reculer la pratique.

La non-inscription de variables y afférentes dans les enquêtes

socio-démographiques et anthropologiques nationales et dans les

documents de référence tels que le rapport sur le développement

humain que produit le Système des Nations-Unies, est un indicateur

parlant de ce recul du phénomène qui ne se laisse plus appréhender

comme un fait culturel significatif. Les services déconcentrés du

Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille qui assurent le

suivi et l’encadrement de proximité des femmes et des familles, sollicités

sur le sujet parlent du phénomène au passé et affirment que sa pratique

serait marginale.

Malgré la batterie de mesures prises par le Gouvernement, les

regroupements associatifs et certains médias continuent de propager

les assertions disproportionnées et même en contradiction avec la

réalité, qui découlent d’un assemblage subjectif de données. De ce fait,

elles prennent à contre pied les rapports d’enquêtes nationaux (EDS,

13

ECAM, Tableau de Bord Social, Annuaires Statistiques du Cameroun,

etc…) dont la fiabilité n’est pas encore démentie.

DES VIOLENCES FAMILIALES

L’analyse situationnelle des questions relatives au fonctionnement

de la famille met en relief des problèmes liés à la pauvreté, au

relâchement du rôle des parents, à la perte des valeurs, aux effets

pervers de la modernisation et de l’entrecroisement des valeurs et

idéologies découlant de la mondialisation, aux ravages causés par le

VIH/SIDA, aux difficultés de réinsertion socio économique des veuves,

des personnes handicapées et âgées, à l’instabilité des ménages, aux

addictions, à la précarité qui pousse les familles à des comportements à

risque tels que l’automédication, des placements familiaux hasardeux, la

surexploitation de la force de travail des femmes et des enfants, la

prostitution transnationale, la régression des loyautés familiales, pour ne

citer que ceux-là. Tout ceci a pour conséquence un accroissement

exponentiel des conflits conjugaux et familiaux, la recrudescence des

fléaux sociaux tels que le phénomène des enfants de la rue, la

dépravation des mœurs et la perte des valeurs ancestrales, menaçant

ainsi la stabilité de la cellule familiale et la paix sociale.

Face au phénomène, le Gouvernement de la République a pris un

certain nombre de mesures. Il s’agit des mesures juridiques,

institutionnelles ou socio-économiques prises pour assurer le bien-être

de la famille et de l’enfant.

Le préambule de la constitution proclame que l’être humain, sans

distinction de race, de religion, de sexe, de croyance, possède des droits

inaliénables et sacrés et que toute personne a droit à la vie et à l’intégrité

physique et ne peut en aucun cas être soumis à la torture, à des peines

ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. De même, les lois

nationales protègent la famille, les enfants et les femmes.

C’est pour cette raison que le Cameroun est partie aux libertés

fondamentales, ainsi qu’aux instruments juridiques internationaux et

14

régionaux relatifs aux droits de l’homme. Par ailleurs, la législation

interne s’efforce d’intégrer les principes d’égalité et de non discrimination

dans la reconnaissance et l’exercice des droits fondamentaux.

Le Code pénal comprend des dispositions qui préviennent les

violences de toutes formes. Il en est ainsi des articles 275 à 281 qui

répriment les atteintes à l’intégrité physique de toute personne sans

discrimination (agissements volontaires ou non qui causent à leurs

victimes des blessures, une incapacité temporaire ou définitive ou qui

causent la mort). D’autres dispositions existent dans le Code pénal.

Les éléments de l’avant projet du Code des Personnes et de la

Famille ont été insérés dans l’avant projet de Code Civil en cours

d’élaboration. Les mesures prises dans cet avant projet visent à

éradiquer les pratiques qui encouragent les violences familiales. Il est à

noter que ledit projet a pris en compte certains aspects qui touchent au

bon fonctionnement de la famille tels que le droit de l’époux d’administrer

les biens communs, le relèvement de l’âge minimum pour le mariage à

18 ans pour les deux sexes, le fait de considérer comme hériter tout

enfant issus de son auteur sans distinction. C’est dire que les enfants

reconnus ont les mêmes droits dans la succession.

Ensuite, le Code Pénal en refonte a pris en compte certains

aspects qui répriment les violences familiales. Il s’agit notamment des

mutilations génitales féminines, des agressions sexuelles (viol,

harcèlement sexuel), du délit d’adultère (réaménagé), de l’entrave au

droit à l’éducation et à la formation, du mariage précoce, de l’entrave à

l’exercice du droit de visite, de la pension alimentaire, de l’entrave à la

liberté de travail, de l’entrave à l’exercice des droits successoraux, de

l’atteinte à la croissance d’un organe, de la discrimination…

I- DE LA SANTE DE REPRODUCTION

Dans le domaine de la santé, le niveau des principaux indicateurs

de santé ne s’est pas beaucoup amélioré, malgré les efforts consentis

par le gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et

financiers. En effet, l’état de santé de la population en général demeure

15

essentiellement marqué par des maladies endémiques (VIH-SIDA/IST,

paludisme, tuberculose, etc.) et un accès insuffisant aux soins et aux

médicaments. Cet état de santé est caractérisé par des inégalités entre

les sexes défavorables à la femme surtout en matière de santé de la

reproduction, et par les conséquences des violences basées sur le genre

à son encontre.

Les inégalités relevées en défaveur des femmes se situent à trois

niveaux au moins, à savoir : une mortalité maternelle persistante et

accrue; un taux d’infection accentué au VIH-SIDA/IST avec la

féminisation de la pandémie ; et une faible prévalence contraceptive.

Les situations défavorables notées sont dues à l’influence des

facteurs socio-culturels et économiques telles que les croyances et

coutumes empêchant la consultation des services de santé, le faible

pouvoir de décision de la femme qui subit l’autorité de l’homme à qui

revient la décision en matière de santé reproductive, l’ignorance, le faible

pouvoir économique de la femme, l’absence d’un système de protection

sociale efficace. A cela s’ajoutent l’insuffisance et le mauvais état des

infrastructures sanitaires et de transport, leur éloignement des

communautés, et la rareté des moyens de locomotion.

Par ailleurs, on note l’insuffisance qualitative et quantitative du

personnel de santé, la faible motivation de ce personnel, la faible

organisation des services, l’insuffisance en équipements, médicaments

et fournitures adéquats, ainsi que le coût élevé des soins.

Pour infléchir la courbe de la mortalité maternelle, le gouvernement

a pris un certain nombre de mesures parmi lesquelles, l’élaboration de la

feuille de route pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale,

la mise en place du Programme National de la Santé de Reproduction

axé prioritairement sur la santé maternelle et infantile, la mise en œuvre

de la Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité

Maternelle en Afrique (CARMMA), la réouverture des écoles de

formation des sages femmes et la construction des formations sanitaires

pour mère et nouveau-né.

16

En complément des actions menées par le Ministère de la Santé

Publique dans le cadre de la santé familiale, le Ministère de la Promotion

de la Femme et de la Famille mène les actions ci- après :

- la mise en œuvre du programme d’éducation prénuptiale,

matrimoniale et familiale avec emphase sur la préparation des

mariages des futures époux dont l’un des modules est la

planification familiale entendue ici non pas comme limitation des

naissances mais comme espacement des naissances contribuant

ainsi à l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant ;

- la vulgarisation des méthodes contraceptive modernes avec l’appui

de l’Association camerounaise de marketing social, dans son

projet de vulgarisation de méthodes contraceptives auprès des

femmes ;

- le lancement d’une étude de mise en place des centres d’écoute

pour adolescents et adolescentes aux prises avec les problèmes

de santé de reproduction (grossesse, avortement, infections

sexuellement transmissibles, infanticide, mariage précoce,

abandon de nouveaux –nés.) avec le concours technique de la

Société camerounaise de pédiatrie qui sera chargées de la gestion

du volet clinique ;

- l’introduction des modules d’enseignement en santé de

reproduction à l’intention des apprenant(e)s.

II- DE LA CREATION ET DU FONCTIONNEMENT DES CENTRES

DE PROMOTION DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE

Les CPFF constituent un palliatif à la sous-scolarisation et à

l’analphabétisme des jeunes filles et des femmes. Les CPFF ont pour

missions :

la formation morale, civique et intellectuelle de la femme en vue de

sa promotion économique, sociale et culturelle, toutes choses qui

participent de son autonomisation.

l’éducation de la femme à la parenté responsable et à la protection

de la santé maternelle et infantile ;

17

le soutien à l’esprit d’entreprise et l’apprentissage des métiers

porteurs, en vue de faciliter l’insertion ou la réinsertion

socioprofessionnelle de la femme.

Les Centres accueillent, sans discrimination aucune, les femmes

adultes ainsi que les jeunes filles seules ou en associations, soit en

quête de formation ou d’informations, soit disposant d’une expertise à

offrir. Les filières ouvertes sont les suivantes : Hôtellerie et restauration,

Industrie de l’Habillement, Coiffure /Esthétique, Technologies de

l’Information et de la Communication, Agropastoral.

Les formations offertes dans ces centres intègrent les aspects tels

que :

l’appui à l’entrepreneuriat féminin

l’appui en matière de montage et de gestion des projets

la facilitation de l’accès aux microcrédits

le financement des microprojets avec l’appui des partenaires au

développement

la promotion de l’emploi de la femme

l’identification et la vulgarisation des Technologies Appropriées.

Par ailleurs, des activités de sensibilisation y sont régulièrement

organisées, à travers des causeries éducatives sur des thématiques

couvrant divers domaines de la vie nationale (droits de la femme et de

l’enfant, prévention des IST/VIH/SIDA, hygiène et assainissement,

protection de l’environnement, etc.).

A ce jour, 92 Centres Promotion de la Femme et de la Famille et

01 Centre de Technologies Appropriées sont construits, budgétisés et

opérationnels à travers les 10 régions du pays. D’autres sont en

construction.

Avec la création de Centres supplémentaires, il se posera le

problème du personnel formateur. Les contraintes budgétaires, ne

permettent pas au Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme

Administrative d’effectuer des recrutements importants.

Quelles sont les attentes du Gouvernement ?

18

- implication de tous dans la lutte ;

- vigilance et dénonciation des auteurs ;

- application stricte des dispositions des articles 207 et suivant du Code Pénal réprimant les blessures sur autrui ;

- sensibilisation dans les églises et les associations, les tournées parlementaires, les conseils communaux.

II- METHODOLOGIE DE VULGARISATION LA STRATEGIE

L’action du Gouvernement obéit à une démarche inclusive et transversale. En sont partenaires :

- les Organisations de la Société Civile (Associations, Eglises, Coopératives, ONG etc.) ;

- les confessions religieuses ; - les autorités traditionnelles ; - les autorités religieuses ; - les partenaires techniques et financiers.

Dans quels cadres vulgariser la stratégie ?

- dans des réunions organisées à l’occasion des Journées Commémoratives dédiées à la femme, à la fille ou aux droits de l’homme ;

- dans les Eglises (Associations de femmes au sein des confessions religieuses, écoles du dimanche, prêches) ;

- dans des réunions d’Associations féminines ;

- lors des tournées parlementaires ;

- dans des émissions au sein des radios communautaires ;

- dans les établissements scolaires, en collaboration avec les dirigeants de ces établissements ;

- lors des tournées administratives (autorités administratives).

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Indicateurs de résultats

Les feuilles de présence sont un des meilleurs indicateurs à fournir dans un sens de traçabilité des activités de vulgarisation de la stratégie Nationale. Elles sont annexées aux Rapports de mise en œuvre de la Feuille de Route.