comment passer d'une proximité isolée à collective?
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
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I N N O V A T I O N S D A N S L E COMMERCE POUR P L U S D E PROXIMITÉ
DES SOLUTIONS P O U R O F F R I R DAVANTAGE DE MOBILITÉ À TOUS
D E S S E R V I C E S D I S P O N I B L E S D A N S L E S LOGEMENTS
PASSER D’UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À UNE PROXIMITÉ
COLLECTIVE
LES MODÈLES DE FINANCEMENT
JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
Dans une société de plus en plus connectée, les villes ne sont pas toutes en mesure de proposer les mêmes services aux citoyens. Il paraît logique qu’une métropole puisse davantage intégrer une palette de services au plus près de ses habitants (sachant que l’usage et la livraison de ces dispositifs seront destinés à une population plus grande et que le « coût » de mise en place et déploiement se justifie alors plus facilement.
Pourtant, les villes situées en dehors de ces métropoles souhaitent atteindre le même niveau de services pour chaque habitant : qu’il
puisse se déplacer aisément (mobilité), qu’il accède aux services publics au plus près de chez lui (transports en commun, administration et toutes démarches de la vie quotidienne) et aux services privés (commerce et artisanat, banque et assurance et réservations de voyage par exemple)… Certains de ces services ne sont devenus presque accessibles que sur Internet (ou alors sont plus avantageux sur Internet) et malgré le plan Très Haut Débit du gouvernement, la France ne se retrouve pas aujourd’hui totalement connectée. Que peut-on alors proposer? Demander à ces habitants de déménager ou de ne pouvoir accéder à l’ensemble de ces services?
Des initiatives et expérimentations françaises et au delà de nos frontières émergent chaque jour davantage et souvent grâce aux acteurs de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) qui sont à la recherche permanente de solutions aux problèmes non encore résolus ou résolus en partie.
L’objectif de ce livre blanc n’est pas d’être exhaustif car cela serait impossible de tout détecter et développer… mais de recenser un certain nombre de très bonnes pratiques que nous avons souhaité vous présenter.
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Parmi les usages les plus
prometteurs, les services de proximité se
classent en tête devant l’habitat et
le bien-être
Interview de Vincent Kaufmann, directeur scientifique du Forum Vies Mobiles (Association créée en 2011 par la SNCF) :
«Le devenir métropolitain du monde pensé de façon univoque est sans doute une illusion, qui a beaucoup à voir avec des intérêts économiques liés. c’est l’image de la ville globale, super intense, la ville créative, la smart city, la ville compétitive à l’échelle mondiale... Ce que nous disons, c’est que le périurbain pourrait être aussi un territoire de projets. On parle de lieux dans lesquels vivent 15 millions de Français, 23% de la population.
Les territoires périurbains ont de formidables capacités de résilience et d’adaptation. Une maison périurbaine peut évoluer et être davantage adaptée à de nombreux usages et évolutive en fonction des différents âges de la vie.. Sans oublier que ce sont des lieux où les habitants initient des pratiques solidaires dans le domaine des mobilités.
La première stratégie consiste à densifier ces espaces, en faire des sortes de villes où se concentreraient aussi des logements et des lieux d’emploi. Par exemple, les centres commerciaux en déshérence pourraient être réutilisés pour en faire des lieux d’organisation de covoiturage et des lieux d’organisation de travail (développement de télécentres par exemple)... la combinaison de ces deux exemples créeraient une vraie logique de proximité »
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I - Plus de services et de proximité collective dans l’habitat 6
1.1 Initiatives d’habitats qui proposent plus de citoyenneté 7
1.2 Plus de services au sein des logements sociaux ou non pour les personnes âgées 8
1.3 La constitution d’un living lab logement selon GLC 10
1.4 La conciergerie disponible au RDC de l’immeuble 12
1.5. Retour d’initiatives existantes au sein de l’habitat 14
II - Des solutions pour offrir davantage de mobilité à tous 15
2.1. L’autopartage 17
2.2. Le co-voiturage 19
2.3. Le taxi partagé ou taxi social 19
2.4 Vers une nouvelle tarification des transports 20
2.5. Mutualiser les services dans des lieux de proximité pour limiter les déplacements 20
2.5.1 Les maisons pluridisciplinaires de santé 21
2.5.2 Les Maisons de Services Publics 21
2.5.3 La Maison de Service Public « itinérant » 22
2.6 La livraison du dernier Kilomètre 22
III -‐ Des innovations dans le commerce pour plus de proximité 26
3.1. Les pop’up stores 26
3.2. Les supermarchés collaboratifs 28
3.3. L’épicerie nomade 28
3.4 Les distributeurs automatiques 29
3.5. Les stations services 29
3.6. Les commerces Multi-‐Services 30
IV-‐ Développer un bouquet de services pour les entrepreneurs et rester attractif 32
4.1 La conciergerie pour les professionnels 33
4.2. Le développement d'une plateforme unique et de proximité pour mieux accompagner les professionnels 33
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4.3 Des initiatives dans la formation 34
4.4 Encourager le travail à distance (télétravail) 34
4.5. La constitution d’une offre de services de Tiers Lieux 36
V- Les dispositifs financiers existants et la construction de nouveaux modèles économiques 39
5.1 Les apports de la loi ESS adoptée en Juillet 2014 pour le financement des entreprises et associations 40
5.2. Les financements des PME relevant de l’ESS 41
5.3. Le prêt participatif avec l’exemple du Crédit Coopératif et de la Région Nord Pas de Calais 41
5.4. les clubs cigales 42
5.5. Des fonds pour le maintien du commerce de proximité : FISAC et ORAC 43
5.5.1 Le FISAC 43
5.5.2. L’ORAC 44
5.6. Le FRIS -‐ Fond Régional d’investissement solidaire 44
VI- La méthodologie selon GLC 46 Conclusion 53
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I - Plus de services et de proximité collective dans l’habitat
Ce chapitre consacré aux services disponibles dans les logements n’aborde pas ou peu la question des solutions à imaginer au sein du logement lui même (hormis toutes les solutions domestiques ou d’objets connectés auxquels nous avons déjà consacré du temps dans ce livre blanc) mais plutôt d'imaginer quels pourraient être les services qui pourraient être proposés dans l’habitat (ce qui revient à parler de l’environnement même de l'immeuble en tant que tel), à proximité immédiate de ses occupants et du voisinage par extension.
Au delà de cette introduction, il nous a semblé important de rappeler les faits suivants : la population française connaîtra d’ici à 2035 un important vieil l issement, l ié à l’arrivée progressive à l’âge de 60 ans des générations du « baby boom » et à l’augmentation de l’espérance de vie . Les personnes de plus de 60 1
ans ou plus représenteraient 31% de la population française en 2035. Pour autant, en 2013, seules 17% des personnes de plus de 85 ans sont dépendantes. Les autres, même fragilisées et moins mobiles, vieilliront chez elles, ce qui est le plus souvent leur souhait.
Progresser dans l’adaptation du logement est un enjeu majeur, humain et économique, pour prévenir la perte d’autonomie, permettre aux personnes âgées de rester à domicile plus longtemps et limiter le risque de chute, coûteuse à tous points de vue et qui entraine des départs précoces en institution.
La Silver économie, filière économique et sociale d’avenir, pourrait générer de nombreux emplois dans l’économie de proximité, le tourisme, la domotique, l’accompagnement des personnes âgées. Or, seuls 6% des logements en France sont adaptés pour faire face au handicap.
Le coût d’un logement adapté au vieillissement varie de 5 000 à 10 000 euros.
Notre société doit s’adapter à cette nouvelle donne en imaginant des espaces urbains, des transports, des logements, qui autorisent les personnes âgées à rester dans leur quartier, leur chez « soi », même s’ils deviennent plus vulnérables.
Parmi les propositions faites par le CESE dans le cadre du vieillissement de la population, nous avons relevé les suivantes :
-‐ Recréer des l ieux de rencontre, d’activités communes entre générations
-‐ Inciter les caisses de retraites à généraliser la proposition à leurs ressortissants de diagnostics habitat / mobilité en y intégrant la précarité énergétique
-‐ Inciter les banques à faciliter les fo rmules de prêts (notamment microcrédits) pour permettre aux personnes âgées d’y adapter leur logement, les coûts étant inférieurs à 10 000 euros
-‐ Rompre l’isolement des personnes âgées
Synthèse du projet d’avis Conseil Economique Social et Environnemental1
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En revanche, nous avons été surpris de lire qu'il serait intéressant d’identifier les zones favorables au vieillissement, à savoir celles qui disposent de services de proximité, de transports en commun et d’espaces verts pour y développer une politique soutenue d’adaptation des logements avec les bailleurs sociaux et les promoteurs privés, en privilégiant une démarche partenariale… Même s’il paraît effectivement très intéressant d’identifier des zones déjà propices à un cadre de vie agréable pour les personnes âgées (et pas uniquement) proche de toutes commodités, comment demander à des personnes qui ont bâti tout un capital émotionnel fort d’en partir pour rejoindre un autre lieu… Nous savons à quel point ces personnes sont attachées à leurs racines, à leur histoire et aux différents souvenirs liés au lieu de vie. La solution, certes plus difficile, reposerait davantage sur un audit et état des lieux des services existants et favorables au vieillissement et inciter les politiques locales d’y ajouter des services de proximité jugés ut i les et nécessaires, actuellement manquants.
1 . 1 I N I T I AT I V E S D ’ HAB I TATS QU I PROPOSENT PLUS DE CITOYENNETÉ
« l’habitat ne doit pas se limiter à l’aspect du bâti du logement mais aborder les différentes dimensions de l’habitat en tant qu’élément d’intégration de la personne à la vie sociale dans l ’opt ique d’une société pour tous les âges » (Année internationale des personnes âgées, élaboration d’un nouveau référentiel de l’habitat, 1999)
L’économie sociale et solidaire regorge d’innovations en matière d’habitat et de l ogement . Le s i n i t i a t i ve s c i toyennes
apparaissent comme une alternative à la hausse des prix et au mal-‐logement. Elles montrent aussi une volonté de repenser les modes de vie et de renforcer le lien social. 2
Plusieurs types d’initiatives ont vu le jour pour pallier aux freins habituellement ressentis, partout en Europe, et présentent toutes des retours d’expérience qui méritent d’être cités pour favoriser leur développement en France.
Qu'il s’agisse d’habitat participatif que la ville de Lille valorise depuis 2011, d’habitat groupé, d’habitat inter-‐générationnel auto-‐géré, voici un tour d’horizon de ces différentes terminologies existantes. Le point commun étant pour l’ensemble de ces projets de mettre le citoyen au centre de leur existence.
En matière d’éco-‐habitat…
L’A l lemagne recè le un grand nombre d’initiatives innovantes en matière de logement. L’exemple de Tübingen, ville pionnière en matière d’éco-‐habitat, est un modèle de réussite. Aujourd’hui, 80 à 90% des nouvelles opérations sont réalisées à partir de valeurs communautaires et éthiques. Ces groupes de construction, où les citoyens sont Maîtres d’ouvrage, sont appelés « Baugruppen ». Ce système présente plusieurs avantages : outre celui de réduire les coûts, ce type de projets permet également de développer la cohésion sociale en amont de l’aménagement.
En matière d’habitat groupé…
Habitat participatif : C’est une démarche collective où des personnes imaginent, conçoivent, construisent puis gèrent ensemble leur nouveau logement entre futurs voisins. Les projets d’habitat peuvent être : social ou libre, en locatif ou en achat
http://www.lelabo-ess.org/?Habitat-et-citoyennete 2
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Habitat communautaire autogéré : développé au Nord de l’Europe dans les années 1960, pratiqué principalement en Belgique. Se rassemblent dans un espace commun des personnes ayant des intérêts communs ou convergents. De la conception à la gestion quotidienne des e s p a c e s , i l s f a ç o n n e n t e n s e m b l e u n environnement à leur image, par une action volontariste et collective.
Aux Pays Bas, face au vieillissement de la population, un mode d’habitat groupé se développe, appelé "Woongroepe " ou "Central W o n e n " . I l s ’ a g i t d e l o g e m e n t s intergénérationnels autogérés. On compte plus d’une centaine de projets de ce type, généralement mis en place par les collectivités locales. La particularité du cohabitat néerlandais est de diviser les grandes communautés en plusieurs « faisceaux » de 5 à 10 unités, qui bénéficient de leurs propres équipements. Tous les groupes partagent un bâtiment général afin de préserver des relations de bon voisinage. Les habitants se montrent solidaires, organisent des fêtes et se soutiennent dans les périodes difficiles. Wandelmeent, près d’Amsterdam, a ainsi l’apparence d’un petit village : c’est l’un des premiers Woongroepen jamais construits en Hollande ; Il date de 1977 et compte aujourd’hui environ 200 habitants.
En Suède, des maisons communautaires appelées « kollektivhus » sont gérées par des associations, des coopératives d’habitants ou même par l’Etat et les municipalités. Cela représente un total de 700.000 logements, soit 17% du parc immobilier.
En Norvège, 15% des logements, dont 40% des logements à Oslo, sont construits en habitat collectif.
La Suisse compte depuis le XIXe siècle de nombreuses expériences de coopératives
d’habitants et le mouvement connaît une renaissance depuis les années 2000. Les locata ires sont coopérateurs et auss i propr iéta i res de parts soc ia les de la coopérative ; ils décident de façon collégiale des investissements pour améliorer leur cadre de vie. Il existe environ 130 000 logements de ce type, soit 8% du parc immobilier, sur l’ensemble du territoire et un peu plus de 20% en zone urbaine.
En Angleterre, les communautés de Cohousing font partie du développement urbain, avec la propriété individuelle des maisons ou des logements et la propriété commune de certains locaux. Du point de vue de l’organisation des espaces, l’architecture privilégie l’esprit communautaire mais chacun garde son indépendance. Le regroupement des voitures en un même lieu encourage les relations entre personnes. Les équipements collectifs sont conçus pour faciliter la vie quotidienne et font partie intégrante de la communauté. La gestion au jour le jour est assurée par les résidents.
Ce tour d’horizon permet de détecter des programmes autour de l’habitat qui ont pris en compte le « pouvoir » des habitants eux-‐mêmes a u s e i n d e l e u r l o g eme n t e t d a n s l’environnement même de l’habitat.
1.2 PLUS DE SERVICES AU SEIN DES LOGEMENTS SOCIAUX OU NON POUR LES PERSONNES ÂGÉES
D’après le 17e rapport Habitat et Vieillissement réalisé par le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, de plus en plus de personnes âgées sont locataires dans des HLM. Cette présence est appelée à s’accroître dans les années à venir. Les bailleurs sociaux procèdent à
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l’adaptation de leur patrimoine, au coup par coup ou dans le cadre de démarches systématiques. Ils bénéficient pour cela d’une aide fiscale. Mais les bailleurs sociaux présentent l’intérêt de ne pas être uniquement des fournisseurs de logements. Partenaires des collectivités, investis d’une mission sociale, ils sont en situation d’agir de façon plus large. Leur gestion de proximité permet de détecter les situations de difficulté des personnes âgées. Elle facilite le développement du lien social et on assiste à de multiples initiatives qui visent à développer le lien social entre locataires HLM de différentes générations.
La mise à disposition de services dans les logements -‐ sociaux ou non -‐ devient une réalité. Plusieurs expériences et groupes proposent déjà des solutions intéressantes qui méritent d’être relevées et présentées ici.
A l’instar du label HSS ® (Habitat Senior Services), crée en 2005 par Delphis dont l’objectif premier était de favoriser le bien vieillir à domicile des personnes âgées autonomes vivant dans le parc social.
En 2012, le label est déployé dans une vingtaine d’organismes HLM. Le label a alors été revu pour plus de simplicité, de lisibilité et lui permettre d’être déployé largement.
Ce label est un outil au service d’une politique préventive. Il vise à préserver le plus longtemps possible l’autonomie de la personne âgée à son domicile. Il cible prioritairement des seniors autonomes auxquels il propose des adaptations techniques de leur logement, des parties communes de leur immeuble et de ses abords pour limiter notamment les risques de chutes et les rendre accessibles ainsi qu’un bouquet de services délivré par le bailleur (détection et
report des s i tuat ions à r isques, su iv i personnalisé des interventions techniques…) ou via un réseau de partenaires (informations sur les soins à domicile, services sociaux, petit bricolage…)
L’étude établie par Autonomlab , living lab 3
européen qui place l’utilisateur au centre du dispositif afin d'imaginer, développer et créer des services ou des outils innovants qui répondent aux espérances et nécessités de tout un chacun, sur l’habitat regroupé adapté est remarquablement bien faite. Cette étude collective régionale a été réalisée avec le partenariat de la Région Limousin, de la Fondation CéMaVie, de l’AG2R La Mondiale, d’Axiome Limousin, de la Caisse des Dépôts et du CISS Limousin. Elle avait pour objectifs de : 4
Réaliser un état des lieux de l'existant en matière d'habitat individuel groupé national et régional Constater de la satisfaction perçue par les habitants l imousins sur ce type de logements SWOT des offres détectées Détecter les éléments d’aide à la décision pour les acteurs de projets innovants en matière d’habitats regroupés adaptés pour l’autonomie et l’amélioration de la qualité de vie des personnes
Cette étude a permis de définir un cahier des charges fonctionnel selon les valeurs de leurs usagers. 5 valeurs ont pu être détectées selon les usages de l’habitat (habiter, rencontrer utiliser et participer).
Les 5 valeurs définies sont : 1. Autonomie : synonyme de liberté et
permettant à l’habitant de faire des choix dans l’offre de services de son habitat
http://www.autonom-lab.com/3
CISS : Collectif Interassociatif sur la Santé4
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2. Sécurité : Services ou dispositifs techniques et technologiques destinés à prévenir un risque ou un danger
3. Inclusion active : Participer pleinement à la société, pour tous.
4. Diversité : Accueil de profils d’habitants très différents favorisant les échanges
5. Par tage : Mett re en commun des expériences pour que chaque partie concernée enrichisse ses connaissances et ses pratiques.
Grand Large Conseils mène depuis plusieurs années les mêmes réflexions portées par cette étude. Les résultats de ce cahier des charges fonctionnel reprend des idées fortes que nous valorisons, à l’instar de la mise en place d’un living lab habitat pour prendre en compte des avis des habitants et « construire » avec eux
l’offre la plus adaptée à leurs attentes et leurs besoins.
1.3 LA CONSTITUTION D’UN LIVING LAB LOGEMENT SELON GLC
Qu’est-‐ce qu’un living lab?
« Un Living Lab regroupe des acteurs publics, privés, des entreprises, des associations, des
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Vivre dans son habitat ce n’est pas seulement habiter mais aussi rencontrer, participer et utiliser.
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acteurs individuels, dans l’objectif de tester « grandeur nature » des services, des outils ou des usages nouveaux. Il s’agit de sortir la recherche des laboratoires pour la faire descendre dans la vie de tous les jours, en ayant souvent une vue stratégique sur les usages potentiels de ces technologies. Tout cela se passe en coopération entre des collectivités locales, des entreprises, des laboratoires de recherche, ainsi que des
utilisateurs potentiels. Il s'agit de favoriser l'innovation ouverte, partager les réseaux et
impliquer les utilisateurs dès le début de la conception. » 5
En impliquant les utilisateurs finaux du projet (en l’occurence, les futurs ou actuels habitants), il est possible de construire les services qui pourraient leur être utiles, correspondants à
leurs attentes et leurs besoins. En sélectionnant ces serv ices en a m o n t , n o u s p o u v o n s a i n s i contacter et attirer l e s a c t e u r s o u p a r t e n a i r e s ( i n d u s t r i e l s , c h e r c h e u r s , c o l l e c t i v i t é s , o r g a n i s m e s , décideurs publics … ) e t l e s sélectionner pour participer à la co-‐construction pour e ff e c t u e r u n e première phase de test du projet dans des conditions aussi p r o c h e s q u e possible de la vraie vie. Après analyse et bilan du test, nous pouvons alors passer (ou non, selon le bilan) à l’étape suivante de l’industrialisation.
L’idée étant de co-‐développer des produits ou services et de les tester directement en situation
Définition Living Lab de Wikipédia5
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réelle. Ces nouveaux produits ou services sont directement évalués par les usages. Ce type de structure est particulièrement adapté à la cible des séniors par exemple, parce que les acteurs économiques ont du mal à identifier les besoins et diffuser les innovations auprès de ce public spécifique (surtout en ce qui concerne les nouvelles technologies liées à l’informatique et aux communications). 6
Intégrer dès en amont les besoins et les attentes des personnes âgées présente de nombreux avantages : ✓ réaliser des économies ✓ proposer une adaptation plus pertinente ✓ Rendre l e p ro j e t p l u s conc re t e t
opérationnel et le déployer avec un cycle raccourci
✓ la possibilité d’identifier tous les acteurs, partenaires du projet et de les associer à la construction;
✓ l’implication des usagers au travers d’un test s’inscrivant dans un contexte et des conditions d’usages réalistes;
✓ l’assurance pour l’utilisateur final de bénéficier d’un bouquet de services répondant à ses besoins;
✓ l’avantage pour l’investisseur de proposer un service qui sera accueilli favorablement par le marché;
✓ la possibilité pour le concepteur d’améliorer, modifier son concept ou produit tout au long des étapes du Living Lab;
1.4 LA CONCIERGERIE DISPONIBLE AU RDC DE L’IMMEUBLE
Dans le cadre du MOOC EDHEC effectué entre Novemb re / D é c emb re 2 0 1 4 s u r l e s entrepreneurs qui changent le monde, un des exercices consistait à formaliser une idée que nous souhaiter ions développer . Cette conciergerie « rurale » à disposition des citoyens était ma réponse, idée que je souhaite développer davantage. Elle pourrait se trouver aussi bien dans un tiers lieu (cf. livre blanc, les tiers lieux relais de proximité pour tous les citoyens), de manière numérique ou physique depuis le RDC d’un immeuble. Ce lieu se veut convivial et facilitateur de rencontre et de partage. Il a pour objectif majeur d’accompagner, grâce à la présence d'un « concierge », et de guider les citoyens à utiliser les services qui leur sont proposés, de leur faciliter l’accès aux outils numériques et de
http://www.forumllsa.org/living-labs 6
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« promouvoir » des services additionnels tels que l’achat groupé (cf. plus loin), les moyens de déplacement offerts (tels que covoiturage, autopartage et taxi social), les services de réservation de voyage (uniquement accessibles sur Internet) et des activités de loisir.
Ce type de dispositif ne nécessite pas de grand investissement puisque souvent le lieu peut être mis à disposition par le bailleur social, le concierge peut être un bénévole ou un animateur déjà présent sur la commune dans un espace public numérique (par exemple), et le
matériel nécessaire est minime (ordinateur(s), connexion Internet, imprimante et tout ce qui permettra de mettre en place les services définis lors du living lab).
Cette même conciergerie a été définie dans l’Etude réalisée par Autonomlab et même s'il s’agit le concept proposé est ancré dans un cadre bien particulier de l’Habitat Regroupé Adapté (HRA), le schéma ci dessus reste proche de notre réflexion.
Extrait du travail effectué pendant le MOOC « l’entrepreneuriat qui change le monde », EDHEC, 2014
La conciergerie pour les citoyens en milieu rural, kesako? Il s’agit d’une conciergerie pour les particuliers où les services proposés peuvent dépendre soit du volontariat entre voisins (prêt de véhicules, co-‐voiturage, prêt de matériel de bricolage, échange de bons procédés) disponibles depuis un lieu de proximité (au RDC d’un immeuble en l’occurence) et sur Internet (bourse d’échanges). Certains acteurs privés peuvent proposer leurs services aux particuliers depuis cette offre « conciergerie » comme l’accueil et la relation clientèle pouvant être effectués depuis ce lieu sur la périodicité qu’ils souhaitent. Notre concept d’ « achat groupé » peut être réalisé par le concierge de ce lieu, qui a pour mission d’accompagner et de faciliter le quotidien des habitants et leur apporter son aide pour utiliser ces services. Cette conciergerie a pour objectif de dynamiser les villes rurales, de les rendre attractives et de proposer des services entre citoyens et avec les acteurs privés.
Combien le projet coûterait-‐il ? Sont à prendre en compte dans le coût :
-‐ le lieu doit être prévu initialement dans la construction de l’immeuble ou mis à la disposition de la ville / du bailleur social
-‐ Une connexion Internet (50 euros / mois) -‐ Matériels techniques (ordinateurs, imprimante, vidéo projecteur, tables, chaises, borne
d’accueil etc.) -‐ (ce matériel peut être déjà disponible) -‐ Animateur / médiateur : le lieu serait choisi en fonction des lieux existants avec animateurs
déjà en place (seule une formation complémentaire est nécessaire) -‐ Un réseau de bénévoles actifs pour démarrer la dynamique
Le projet coûterait donc environ 3 000 euros maximum par lieu la 1ère année et inférieur les années suivantes.
Quel est le modèle économique d’une telle conciergerie ?
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Il s’agit d’un modèle hybride, reposant d’une part sur les subventions publiques (prêt du lieu et mise à disposition du médiateur / animateur), des revenus de la structure générés par les activités proposées, un système d’abonnement pour adhérer au dispositif (le coût de cet abonnement restant faible). Et des partenaires privés tels que Mondial Relay, La Poste, des banques, mutuelles, SNCF qui proposeraient des activités complémentaires ou encourageraient à utiliser des services disponibles au sein de la conciergerie et qui deviendraient co-‐investisseurs de ce type de dispositif.
1.5. RETOUR D’INITIATIVES EXISTANTES AU SEIN DE L’HABITAT
Docdocdoc -‐ Santé / Digital DocDocDoc est une messagerie instantanée qui a été conçue pour les praticiens de santé, qu’ils soient dans la médecine conventionnelle, dans le paramédical et le non conventionnel). Imaginée comme le Whapapp santé, cette appli mobile permet aux praticiens d’échanger avec leurs patients et confrères, aussi simplement que sur un texto mais avec fonctionnalités adaptées à leur pratique (ex. prise de RDV, envoi de doc, notes sur leurs patients) et dans un cadre hautement sécurisé santé (serveurs agréés par le Ministère de la Santé).
CAMEO, Energie. 7
Cette société est spécialisée dans la création de services à valeur ajoutée autour des innovations technologiques et des réglementations de la transition énergétique. CAMEO Energy propose une nouvelle lecture du dispositif Certificats Economies d’Energie, pour créer de nouveaux services, développer les ventes de solutions innovantes, optimiser des
projets d’investissements, sans pour autant avoir recours au courtage ou à la spéculation.
Intent Technologies -‐ Logement Premier OS de l’habitat et du bâtiment intelligent, Intent technologies est un acteur de l’Internet des objets de premier plan. Intent technologies opère le 1er Système d’exploitation ouvert du bâtiment permettant, à l’aide d’un store d’appli, à tous les acteurs et occupants d’accéder directement à tous les services liés à l’exploitation du bâtiment et à la vie quotidienne dans son environnement.
Pourmoi -‐ Digital / Social Media Réservation en ligne de prestations de beauté. Place de marché dédiée aux prestations de la beauté et du bien être. Le principe est simple : un client dépose une demande de prestation sur le site (type de soin, budget, disponibilité) et les prestataires susceptibles de satisfaire cette demande peuvent faire une offre inférieure ou égale au budget du client. Le client peut choisir son prestataire favori en fonction du prix mais également des avis déposés par les autres clients.
cameo-energy.com 7
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II - Des solutions pour offrir davantage de mobilité à tous
Il est aujourd’hui admis que pour réussir sa transition écologique la société doit faire évoluer les pratiques de mobilité. Sans qu’il soit abouti, ce processus est en cours depuis un certain temps en milieu urbain grâce au développement des transports en commun en site propre et des mobilités actives. Les territoires périurbains éloignés, multipolaires ou ruraux, peu denses mais qui abritent une part croissante (40%) et très motorisée de la population, sont aussi concernés par cette évolution. Dans ces territoires, la voiture est utilisée pour les déplacements quotidiens à plus de 90%, contre 15% à Paris, 50 à 70% dans les grandes agglomérations, 75 à 85% dans les villes petites et moyennes. 8
Si la notion de proximité est bien d’actualité et qu’il devient si important pour les acteurs locaux de trouver des solutions, c’est parce que la mobilité est un des freins majeurs de notre société.
Les personnes les plus touchées par les problèmes de mobilité sont avant tout ceux qui disposent de peu de ressources et notamment les personnes en insertion ou en recherche d’emploi, sont moins mobiles que la moyenne. Les personnes en situation de précarité doivent habiter de plus en plus loin des zones d’emplois et donc accepter une mobilité croissante. Selon
l’étude d’Auxilia, les ménages pauvres sont deux fois plus nombreux que la moyenne à se déplacer à pieds. En effet, 40% des ménages pauvres n’ont pas de voiture contre une moyenne de 18%. S’ils possèdent un véhicule, ce sont surtout des voitures d’occasion dont le prix d’achat est certes moins élevé mais pour lesquels les frais engendrés par la suite sont plus importants.
La loi a défini le principe d’un droit au transport qui consiste à chercher à offrir, dans des conditions acceptables pour la collectivité, des solutions de transport public au plus grand nombre. Il convient également de favoriser l’émergence ou de conforter des pratiques de mobilité alternatives à la voiture individuelle.
L’amélioration de l’intermodalité et l’intégration des nouvelles technologies sont des enjeux centraux pour faciliter l’usage des transports collectifs dont la diversification est essentielle.
Plusieurs actions adaptées aux spécificités rurales sont d’ores et déjà mises en oeuvre, ou vont l’être entre 2015 et 2016, pour faciliter la mobilité dont parmi elles :
-‐ le développement de services de transport par autocar, plus souple et économique, davantage respectueuse de l’environnement
Etude sur les solutions de mobilité dans les territoires périurbains et ruraux soutenables, http://www.rac-f.org/IMG/8
pdf/etude-solution-mobilite-soutenable.pdf
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Entre 6 et 8 millions de Français n’ont pas accès à la mobilité
Etude Mobilité, Insertion et accès à l’emploi : constats et perspectives réalisée par Auxilia, à la demande de Total et de Wimoov.
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que la voiture. A ce titre, la SNCF remet aussi l’autocar dans son offre de services pour proposer des trajets plus économiques (ID Bus entre autres);
-‐ Les nouveaux usages de la voiture individuelle avec un plan de communication et un retour des meilleures pratiques en matière de co-‐voiturage et d’auto-‐partage
Le premier frein à la mobilité est le manque de moyens financiers, ce qui se révèle être un constat logique puisque le coût des transport constitue le troisième poste de dépenses des Français (environ 15% selon l’INSEE).
Parmi les autres freins, le frein géographique est important é g a l e m e n t . E n e ff e t , l’aménagement du territoire a été conditionné par l’essor de la vo i tu re , dé favor i sant l e s
ménages les plus modestes, surtout en milieu rural. Même en zone urbaine, la desserte des emplois par les transports publics n’est pas toujours garantie : en Île de France, tous modes de transports confondus, 44% des emplois sont accessibles en moins d’une heure aux ouvriers contre 65% pour les cadres. Cela s’explique par le fait que les emplois et les commodités sont plus éloignés des lieux de résidence des ménages modestes que ceux des ménages plus aisés. Selon l’étude d’Auxilia, cela créer des « trappes géographiques » dont les précaires parviennent difficilement à sortir.
3 millions de personnes
déclarent rouler sans permis ou sans assurance ou contrôle
technique valide
Certains territoires sont plus touchés que d’autres en terme de trappe à mobilité, c’est notamment le cas des zones rurales et périurbaines ainsi que des zones urbaines sensibles. Pour les populations des zones rurales et périurbaines, la concentration des activités (emploi, loisirs, écoles, centres administratifs, etc.) vers les zones urbaines créé une forte dépendance à la voiture ce qui e s t d iffic i l e à s u ppo r t e r fi n a n c i è r eme n t p o u r l e s ménages modestes. Ainsi, en zone périurbaine, les distances parcourues par an sont supérieures de 8 000 à 10 000 Km à la moyenne, ce qui
représente un surcoût de 3 000 euros par an pour les ménages, dont 1 000 euros de carburant.
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En milieu rural ou périurbain, la dépendance à l’automobile ne cesse de croître puisque l’effort des responsables de transports porte en priorité sur les urbains.
Les nouveaux services de mobilité, tels que l’autopartage ou le covoiturage, restent l’apanage des urbains actifs puisqu’ils sont inadaptés aux habitants des zones rurales qui sont clairement écartés de ces modes de transports alternatifs et restent totalement dépendant de l’automobile. En effet, les solutions de covoiturage telles que Blablacar ne proposent pas toujours de covoitureurs à proximité de chaque habitant, sans compter que ces services existent uniquement sur Internet (quid de la connexion disponible sur l’ensemble du territoire).
Encore une fois, des solutions existent ou peuvent exister grâce à un retour des meilleures pratiques ou à leurs adaptations dans les zones plus écartées des grandes villes. Parmi ces solutions, on peut citer :
2.1. L’AUTOPARTAGE
Les Etats-‐Unis restent le pays le plus motorisé du monde avec 844 véhicules pour 1000 habitants en 2007, malgré une tendance à la baisse.
En France, comme dans la plupart des pays dits « développés » tels que l’Allemagne, le Japon ou le Canada, le nombre de véhicules s’est stabilisé ou augmente faiblement.
Le secteur de la mobilité connaît une grande mutation, propulsé par la location, le
covoiturage et l’autopartage. C e d e r n i e r m o d e a énormément g a g n é e n popularité ces d e r n i è r e s années. Avec une croissance d e 5 0 % d e s abonnements,
l’autopartage est désormais adopté par les entreprises (alternative à leur parc automobile qui est très souvent coûteux).
Dans un rapport sur les déplacements à l’horizon 2050, l’ADEME s’attend à ce que le nombre de véhicules se réduise de 35 à 22 millions. Ce que l’association France Nature Environnement (FNE) traduit par la « fin du tout voiture solo » dans un guide à destination des élus et des décideurs.
La mobilité est depuis déjà quelques années entrée dans l’ère de l’économie collaborative…
Utiliser l’autopartage comme solution de mobilité change réellement les comportements sur le long terme. En effet, un quart des utilisateurs de services d’autopartage ont abandonné leur voiture personnelle.
Autre solution complémentaire dans la mobilité, des sociétés telles que Parkadom proposent la location de places de parking…
On est davantage sur un problème très urbain, mais la recherche de places de parking n’est pas toujours qu’une question de temps. Selon le cabinet Roland Berger, le coût de temps annuel à chercher une place de parking à Paris est évalué à 3,1 milliards d’euros par an, tandis que le coût des embouteillages dans le monde s’élève à 266 milliards de dollars.
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La voiture individuelle est inexploitée 95% du temps
Règle pour les déplacements urbains, périurbains ou de longue distance, selon l’ADEME.
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Et comme tout problème permet à des entrepreneurs malins de trouver des solutions intelligentes, principalement vrai dans l’économie collaborative, la société Parkadom s’attaque à cette thématique.
Parkadom a été créée pour optimiser l’utilisation des parkings privés, souvent vides en journée et les proposer à d’autres particuliers qui souhaiteraient se garer à prox imité . Les propr iéta i res peuvent donc mettre en location
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L’exemple du site Drivy
« Drivy est né de l’idée qu’il n’existe rien de plus absurde qu’une auto qui ne roule pas. On pouvait se contenter de le déplorer, en déduire que c’est l’automobile tout court qui est devenue absurde, que le titulaire de permis de conduire non motorisé n’a qu’à monter dans un train ou dans un bus, mais ce n’est pas le choix que nous avons fait. C’est que l’automobile, n’en déplaise à ceux qui lui sont hostiles par principe, reste le plus formidable instrument de mobilité jamais inventé. Le problème, c’est juste qu’il y en a trop. Et qu’elles ne servent pas assez. Surtout à ceux qui n’en ont pas.(…) en quatre ans à peine, 20 000 véhicules et 400 000 utilisateurs sur le seul marché français ! (…) Le nouvel âge de l’automobile, c’est maintenant qu’il commence. »
Paulin Dementhon, président et fondateur.
Drivy c’est près de 26 000 véhicules disponibles partout en France. Evidemment et sans surprise, la plus grande concentration de véhicules est située sur la région parisienne mais j’ai effectué quelques tests sur des villes plus petites et isolées et eu la surprise de trouver des voitures disponibles dans la commune ou en très proche proximité. Drivy n’est pas donc pas une appli réservée qu’aux urbains!
Source : dossier de presse de Drivy, Avril 2015
Activité Drivy est un service de location de voiture entre particuliers permettant aux uns de rentabiliser leur voiture lorsqu’elle est inutilisée, et aux autres de louer un véhicule près de chez eux, pour un coût en moyenne 30% inférieur à celui des loueurs traditionnels. Le service est accessible via une application web et mobile. Drivy est devenu le 1er site de la location de voiture de particulier à particulier, principalement depuis la fusion entre Drivy et BuzzCar réalisée en Février 2015.
Nombre de salariés
39 personnes en France et en Allemagne
Assureur Allianz, qui assure automatiquement chaque location Drivy à travers l’offre de couverture la plus large du marché, qui couvre tous les dommages du véhicule mais également les dommages corporels
Proximité et flexibilité
Les 26 000 voitures disponibles sur Drivy sont autant de points de rendez-‐vous possibles. C’est beaucoup plus que les grands loueurs professionnels, qui ont seulement quelques centaines d’agences en France. La densité géographique est beaucoup plus élevée sur Drivy, avec très souvent une voiture disponible à distance de marche. Sans compter que les propriétaires sont davantage flexibles sur les horaires et le lieu de RDV.
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leurs places lorsqu’elles sont inoccupées et aux automobilistes de trouver la place de leur choix, au plus près de leur destination pour tout besoin d’une journée à une année.
2.2. LE CO-‐VOITURAGE
Dans le paysage des solutions existantes pour pallier aux problèmes de mobilité, le co-‐voiturage reste une alternative très efficace et utile pour partager un trajet avec au moins une autre personne. Mais ce marché qui ne cesse d’évoluer (tant par le nombre de structures p r o p o s a n t c e s e r v i c e q u e p a r s o n fonctionnement) et de se structurer peu à peu.
Le secteur devrait croître de 35 % par an dans les cinq ans à venir. En 2020, son chiffre d’affaires devrait représenter 3,5 milliards d’euros dans le monde, assure le cabinet Roland Berger dans une récente étude.
Même les grands groupes de transport, à l’instar de la SNCF, encouragent fortement ces initiatives en proposant à ses usagers de recourir au co-‐voiturage pour terminer leur trajet. En effet, depuis fin 2014, une offre de covoiturage courte distance a vu le jour pour l’Ile-‐de-‐France -‐ ce service est disponible sur la plateforme dédiée iDVroom.com, filiale de la compagnie de chemins de fer.
Avec IDVroom, la SNCF veut répondre à la concurrence d’entreprises comme Blablacar sur les voyages longue distance mais aussi se développer sur les trajets domicile-‐travail déjà explorés par d’autres acteurs comme Covivo, Wedrive ou Wayz Up.
Les communes rurales et péri-‐urbaines ont plus qu’ailleurs besoin de ce type de services puisque l’offre de transports est plus faible qu’en zone urbaine. Pourtant, Blablacar fonctionne principalement sur les longues distances (la moyenne des trajets est de 330 km) et au départ des grandes villes.
Comme la plupart de ces services, le problème réside dans la masse critique pour rentabiliser le projet… Autant la commission que prennent les acteurs sur les trajets longue distance leur permettent de trouver ce seuil plus rapidement, autant sur les courtes distances la marge est plus rude.
Via nos services de conciergerie de proximité ou auprès de nos commerces multi-‐services, cette offre de covoiturage courte distance doit être proposée avec l’autopartage. La réservation de ces services ne se fait généralement voire uniquement que sur Internet, depuis des communes qui ne captent pas nécessairement le haut débit. Développer le covoiturage et l’autopartage dans les communes rurales et péri-‐urbaines ne peut être effectif que si les usagers potentiels sont accompagnés pour lever les freins actuels.
Pour limiter les freins à la mobilité, les moyens de transports ne sont pas les seuls remèdes. En effet, on peut apporter plus de solutions aux habitants qui souhaitent se déplacer ou apporter plus de services à proximité de chez eux.
2.3. LE TAXI PARTAGÉ OU TAXI SOCIAL
Le taxi social s’inscrit totalement dans le cadre de la mobilité des personnes âgées et du maintien à domicile. Ce moyen propose un accompagnement physique de la personne dans s e s déma r che s ( cou r se s , d éma r che s administratives, visites de médecins…). Il ne se substitue pas aux compagnies de taxis classiques dans la mesure où la personne en charge de ce service accompagne réellement la
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Blablacar, leader européen dans le co-voiturage, a franchi fin 2014 la barre des 10 Millions d’utilisateurs
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personne, mais aussi dans la mesure où le service s’adresse à des personnes selon un plafond de revenus, qui n’utiliseraient pas un taxi en règle générale.
Le taxi social permet aux personnes qui n’ont pas de moyens de locomotion de rester autonomes. Les déplacements sont facturés à l ’heure et l ’a t tente du chauffeur est comptabilisée. Ce service ne peut remplacer les services d’ambulance, de services spécialisés dans le transport des personnes malades.
Développé par la Scop Cityzen Mobility, Senior Mobilité est un service de taxis partagés destiné aux personnes âgées, notamment isolées et à faibles revenus. Après une première phase de développement en Ile-‐de-‐France, les dirigeants de Senior Mobilité ont commencé à dupliquer le service dans d’autres Régions en partenariat avec l’association Les Petits Frères des Pauvres. 9
2.4 VERS UNE NOUVELLE TARIFICATION DES TRANSPORTS Dans un article paru les 13 mai 2015 dans les Echos, on peut apprendre que de plus en plus de villes souhaitent modifier leur tarification des transports en prenant en considération le revenu des usagers. Cette volonté est portée, par exemple, dans la communauté de communes de Clermont Ferrand dès Juillet prochain. En effet, il a été décidé qu’une tarification dite « solidaire » sera appliquée selon le quotient familial dans les transports en commun. Finis les tarifs spéciaux pour chômeurs, étudiants et retraités, ce sera maintenant sur le revenu que sera appliqué les prix. Il en va de même pour une dizaine de villes en France qui optent ou opteront pour le critère de revenu, qui est jugé comme plus juste et plus lisible. L’idée étant d’encourager tous ces nouveaux « bénéficiaires » de gratuité de transports ou à des tarifs vraiment bas d’opter
pour les transports en commun plutôt que pour l’automobile.
Et ce la fonct ionne comme le montre l’expérience menée à Strasbourg depuis 2010, qui a supprimé la gratuité par une tarification solidaire. En 4 ans, ce sont 29 000 abonnements supplémentaires qui ont été comptabilisés.
Quand on parle de mobilité, on pense évidemment d’abord aux moyens de transport qui sont à disposition des usagers et qui leur permettent de se déplacer plus aisément ou tout du moins, à l’offre de transport dont ils disposent pour avoir le choix d’opter pour le moyen qui corresponde au mieux à leurs besoins.
Une autre manière de pallier au problème de mobilité, et ce principalement dans les zones rurales ou isolées, est d’amener plus de services à proximité du citoyen. De ce constat est né de nouveaux créneaux sur lesquels l’Etat souhaite apporter sa « pierre à l’édifice ».
2.5. MUTUALISER LES SERVICES DANS DES LIEUX DE PROXIMITÉ POUR LIMITER LES DÉPLACEMENTS
Dans le rapport « Nos ruralités, Une chance pour la France réalisé par le Comité Interministériel aux ruralités », présenté en Mars 2015, il est précisé que l’opposition « urbain-‐rural » continue d’imprégner les esprits, alors que les relations et
« Note d’analyse Avise, L’ESS dans la Silver Economie », janvier 20159
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les interdépendances qui lient la plupart des villes aux campagnes via l’augmentation des mob i l i t é s e t d e s é c h a n g e s p o u r l e déve loppement , l ’ accès au t rava i l , à l’enseignement, aux loisirs, sont de plus en plus fortes. C’est ainsi que les attentes de certains des habitants de ces « nouvelles ruralités » sont liées à leur origine urbaine. Il faut chercher à y répondre tout en ayant conscience qu’elles peuvent être difficiles à satisfaire là où la densité de population et les ressources sont bien différentes de celles des villes. Dans ce rapport, le comité Interministériel aux ruralités a priorisé 24 axes répartis sous 3 grandes familles de priorité : 1. Garantir à tous l’égalité d’accès aux services 2. Amplifier les capacités de développement
des territoires ruraux 3. Assurer la mise en réseau des territoires
Dans la garantie d’égalité d’accès à tous aux services (priorité n°1), le gouvernement pointe du doigt l’importance de développer davantage de maisons pluridisciplinaires de santé et de relai de services publics. Voici un éclairage de ces 2 modèles…
2 . 5 . 1 L E S M A I S O N S PLURIDISCIPLINAIRES DE SANTÉ
Une maison pluridisciplinaire de santé (MSP) a pour
objectif de réduire les inégalités d’accès aux services de santé qui prédominent en France, ou en d ’aut res te rmes , l u t te r cont re l a désertification médicale. L’idée repose donc sur une offre à la population et au sein d’un même lieu, un ensemble de services de santé de proximité tant en matière de soins que de prévention.
Depuis 2012, ce sont 600 MSP qui ont pu bénéficier du financement de l’Etat et le souhait est d’en ajouter encore 200 de plus en 2015. Dans une MSP peuvent se retrouver médecins généralistes, infirmiers, kinésithérapeutes pour travailler en équipe et mieux répondre aux besoins des citoyens.
2.5.2 LES MAISONS DE SERVICES PUBLICS
L a 2 è m e M S P correspond à la maison de Services Publics ou Relai de Services Publics, terminologie que nous prendrons ici et qui nous permet d ’ u t i l i s e r l’abréviation RSP. L’objectif ici est proche de celui des M a i s o n s
Pluridisciplinaires de Santé mais en matière de services publics. Il s’agit de proposer au sein d’un même lieu la réunion de plusieurs acteurs publics qui proposent soit des permanences avec des agents présents soit des RDV en visioconférence à des jours et des horaires définis au préalable. Une convention avec 9 acteurs vient d’être signée avec l’Etat pour développer 1000 lieux de ce type entre 2015 et 2016 qui sont la Poste, la SNCF, EDF et GRDF, Pôle Emploi, la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), les caisses de retraite, la Caisse d’Allocation Familiale (CAF) et la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Au 31 Décembre 2014, 363 RSP sont déjà labellisés et présentes dans 9 Régions et 67 départements. Ces maisons sont principalement financées par les collectivités locales elles-‐mêmes et l’Etat les
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accompagne avec une prise en charge de 25% sur le budget global.
Dans les zones rurales ou de montagne, un partenariat national a été engagé avec la Poste qui mettrait alors ses bureaux à la disposition de ce RSP ce qui comblerait le déficit d’activité non négligeable dans ces zones.
2.5.3 LA MAISON DE SERVICE PUBLIC « ITINÉRANT » A l’instar de l’épicier nomade (vu dans la partie « innovations dans le commerce), le rapport pointe du doigt la mise en place de maison de services publics « itinérants » qui permettrait de toucher un panel plus important d’habitants éloignés de ce type de services. Cette démarche aurait déjà fait ses preuves en matière de démarches administratives (inscription sur les listes électorales) ou de santé publique (avec des possibilités de dépistage directement sur les lieux de vie des habitants).
Dans la continuité de ces services, on peut aussi retrouver le concept des « visioguichets », ou guichet citoyen dont nous avions déjà parlé dans notre précédent livre blanc « les tiers lieux, relais de proximité pour tous les citoyens », dont voici un extrait : En Midi Pyrénées et en Haute Alpes, des espaces de proximité ont vu le jour sous des appellations différentes mais un objectif commun : rapprocher les acteurs institutionnels et organismes publics / privés plus près des citoyens pour faciliter les démarches qui nécessitent parfois de se déplacer assez loin de leur domicile ou lieu de travail.
Le principe est simple : aller dans un espace proche de chez soi pour entrer en relation avec un agent de Pôle Emploi, de la CAF, du CCAS, de la CCI et tout autre partenaire qui aurait accepté de rentrer dans le dispositif.
Une configuration minimum pour un service réel : seul un ordinateur, un scanner et un dispositif de
visio conférences sont nécessaires ainsi qu’un logiciel permettant à tous les partenaires d’une part et aux usagers de l’autre de se connecter, de prendre RDV, de scanner les documents pour que l’interlocuteur les imprime de son côté... Un dispositif qui ne nécessite pas de coûts trop excessifs puisque en Hautes Alpes, la création d’un espace est évalué à 1500 euros (formation des agents et infrastructure nécessaire).
Ce dispositif peut réunir de nombreux partenaires autour d’un espace donné : Visio RDV offre aux usagers 25 partenaires différents.
Il est à noter que dans chacun de ces deux dispositifs, un partenaire joue réellement le jeu actuellement en mettant à disposition un agent pour la visio, il s’agit de Pôle Emploi.
Les avantages d’un tel service reposent principalement sur le service rendu aux citoyens, si et seulement si, la conduite du changement a été menée chez les opérateurs partenaires. Les différentes expérimentations menées (Hautes Alpes / Midi Pyrénées) prouvent que la demande est forte auprès des citoyens mais pas toujours suivie par les partenaires et leurs agents.
2.6 LA LIVRAISON DU DERNIER KILOMÈTRE Problématique pour l’ensemble des acteurs dont l’activité repose sur la livraison, le dernier kilomètre représente le point clé essentiel du coût de revient. Lors d’une rencontre avec Mondial Relay, nous avons pu détecter que le seuil de rentabilité de l’entreprise était fixé à 12 colis par jour et par relai… ce qui peut paraître anodin pour une ville comme Paris mais bien plus difficile dans les communes rurales ou isolées.
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« Le dernier kilomètre représente 1/3 du coût complet des transporteurs »
Stéphane Tomczak, chargé de la commission logistique de la FEVAD.
Cette problématique était traitée dans un article du Monde paru le 1er Avril 2015, intitulé « la bataille du dernier kilomètre ». La journaliste, Cécile Prud’homme, précise que la livraison chez le particulier ou en point relais devient le maillon c lé du déve loppement du commerce électronique. Transporteurs et marchands se battent à coup d’innovations sans oublier que le plus dangereux pour les grands spécialistes du transport est aujourd’hui leur premier donneur d’ordre : Amazon.
Le commerce électronique et les outils du web 2.0 ont créé de nouvelles exigences chez les consommateurs qui souhaitent avoir et savoir tout, tout de suite. Les achats en ligne ne dérogent pas à la règle et les sites doivent redoubler d’effort et d’ingéniosité pour livrer rapidement à des coûts accessibles.
« Aujourd’hui, l ‘e-‐commerce reste cependant modeste dans la logistique urbaine. il représente 5
à 10% des flux de marchandises dans les villes, contre 40% pour les denrées alimentaires ou 40% pour les matériaux de construction, par exemple »
Stéphane Tomczak
Ce qui coûte particulièrement cher c’est la livraison à domicile quand personne ne réceptionne le colis. Les sociétés proposent donc des solutions pour pallier à cette problématique onéreuse : -‐ choix du jour et de l’heure de livraison -‐ livraison hors domicile
C’est dans le domaine de la livraison hors domicile que les transporteurs innovent : parmi ces solutions, la plus utilisée reste la livraison dans un point relais (avantage de livraison sur un
point fixe plusieurs colis -‐ baisse des coûts, solution plus écologique) qui offre l’opportunité à certains commerçants qui entrent dans le dispositif de se faire connaître et d’ « arrondir les fins de mois » (jusqu’à 30 centimes par colis). Depuis 3 ans, « click and collect » offre l’opportunité au client d’acheter sur Internet et d’aller récupérer son achat en magasin (Fnac, Darty ou Auchan par exemple). Les consignes en gare, stations de RER ou même sur des parkings de supermarché voient (ou revoient) le jour. La Poste est l’acteur principal en France à proposer ce service, à l’instar du partenariat passé avec la ville d’Issy Les Moulineaux et l’installation de consignes dans la station de RER de proximité. L’avantage principal : aller chercher son colis 24h/24, 7j/7. Plus de problèmes d’horaires et d’ouverture, le consommateur sait qu’il peut aller chercher son colis quand il le souhaite. Cette solution semble être intéressante pour tous puisque la Poste a décidé d’installer 3000 consignes en France et 22 000 en Europe d’ici à 2018.
Au-‐delà des transporteurs « historiques », dont UPS, Fedex, DHL ou la Poste, de nombreuses start-‐up sont présentes sur ce segment de marché. C’est le cas de Toktoktok ou encore de Deliver.ee (start up incubée au Village, incubateur de 100 starts up implanté au coeur de Paris, initié par Crédit Agricole entre autres) qui proposent une livraison en quelques heures à domicile à travers des professionnels ou non, de petits objets -‐ évidemment, cette solution existe à Paris et proche banlieue.
60% des personnes veulent encore être livrées chez elles…
Tout reste encore à créer, moduler et affiner pour que la livraison, qui est devenue un réel service à part entière, apporte une satisfaction aux citoyens tout en restant compétitive pour les transporteurs. Il est évidemment beaucoup plus simple de trouver et mettre en place des
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solutions dans les grandes villes comme Paris mais la Poste reste encore le transporteur par excellence (ou par manque de choix) dans les communes rurales.
Chaque société cherche encore le modèle économique favorable pour développer des solutions qui conviendraient à tous sans que les coûts deviennent trop importants.
Parmi les solutions que nous avions imaginées, nous pouvons citer : 1. La possibilité de livrer dans un point
relai de proximité partout en France : Dans un tiers lieu, dans une station service, dans un commerce de proximité, un local de stockage de colis devrait être disponible pour permettre de livrer un nombre minimum de colis par semaine. L’avantage reste la proximité du lieu de livraison (qui n’est pas toujours si proche que ça sur l’ensemble du territoire) et d’atteindre le seuil minimal en termes de nombre de colis pour que les coûts soient inférieurs.
2. L’achat groupé : A l’image des sites tels que Groupon, Citydeal ou encore dealinthecity, particulièrement développé sur les grandes villes, la possibilité pour les citoyens d’acheter des produits et services à des prix concurrentiels (puisque négociés par prix de gros -‐ achat groupé). Impliquant les logiques communautaires propres au web 2.0 avec l’intégration des réseaux sociaux dans le processus de communication, l’achat groupé permet de créer un nouveau lien social entre les acheteurs, puisqu’une solidarité se c o n s t r u i t a u t o u r d ’ h a b i t u d e s d e consommations communes, créant un lien social propre.
L’achat groupé peut être réalisé par un commerce de proximité ou depuis un tiers lieu où le commerçant / l’animateur prend les
commandes d’achat groupé. C’est un service complémentaire non négligeable qui apporte une réelle innovation dans les territoires isolés, une opportunité pour les prestataires de vendre davantage de services, d’amél iorer la fréquentation du lieu et de développer de nouvelles ventes et de développer d’autres services en adéquation avec les attentes ou besoins des clients. La livraison se fait alors sur le lieu de l’achat et par nombre dans un souci toujours économique.
3. Le « Uber » de la livraison Puisque 60% des personnes préfèrent être livrées chez elles, les transporteurs ne peuvent pas se contenter de proposer des services de livraison dans des points relais ou dans des consignes. Nous avons vu également que le coût de livraison jusqu’au domicile de la personne n’est pas anodin et qu’il représente un frein dans la pérennité de ce type de services.
A l’image de la société Toktoktok qui le propose à Paris, pourquoi ne pas alors proposer un service à la « Uber », ce qui reviendrait à mettre en place un réseau de particuliers dans des territoires donnés qui accepteraient de livrer des colis au domicile des gens (car ils passent ou habitent à proximité de ces adresses). Ce service combinerait alors la possibilité pour le particulier d’être livré chez lui et aux transporteurs de livrer en point relai. Ce service pourrait alors être rémunéré à la commission (Toktoktok) ou par le transporteur lui même qui accepte de rémunérer à la marge les particuliers pour le service rendu.
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Le rôle un peu particulier de la Poste
Depuis quelques temps, il n’y a pas une semaine où le groupe de la Poste ne communique par sur l’évolution de ses métiers.
Des services de proximité aux objets connectés …
La Poste a cette caractéristique très particulière d’être l’un des derniers lieux existants à proximité de l’ensemble des citoyens du territoire français, étant à 5km de 95% de la population.
Ce rôle offre un avantage non négligeable que la Poste elle même utilise pour proposer de nouveaux services soit directement soit en tant qu’intermédiaire pour d’autres acteurs, devenus partenaires. C’est le cas par exemple du partenariat conclu avec l’Etat pour que le bureau de Poste devienne une maison de services publics (cf. partie consacré à cela ci dessus).
Par ailleurs, la Poste regroupe 90 000 facteurs répartis sur 17 000 points de contacts sur l’ensemble du territoire. Le facteur représente dans de nombreux villages le dernier « contact » réel qu’ont les habitants avec une personne et joue souvent un rôle plus important que de délivrer le courrier. Ce lien qu’entretient le facteur est aujourd’hui un service qui devient payant appelé Cohesio dont le coût est de 5 euros pour 1 visite / semaine et qui représente 2500 € / an pour une collectivité. Pourquoi pour la collectivité? Parce que ce service lui évite de passer par ses propres agents, parfois peu nombreux et dont le coût serait bien supérieur si on ajoute les frais de déplacement et la présence d’un agent auprès de ces citoyens). Les personnes âgées qui bénéficient de ce service sont les premières satisfaites, elles connaissent bien leur facteur et elles ont ainsi une personne qui vient leur rendre visite.
D’autres services sont en cours d’expérimentation, à l’image de la livraison de médicaments, de culture (livres, DVD…) pour ne citer que ceux là. Ces services ont vu le jour pour trouver un nouveau souffle et amortir les coûts de fonctionnement de tous ces salariés puisque le courrier a largement chuté en quelques années (-5,8% rien qu’en 2014 et -31% depuis 2008).
Le groupe se lance également sur le marché des objets connectés. La Poste a même été l’un des acteurs qui s’est fait largement remarqué lors du dernier CES (Consumer Electronics Show) de 2015 parmi les grandes marques présentes (Apple, Google, Samsung entre autres). Pour parvenir à se faire une place sur ce marché en pleine expansion, le groupe a décidé de communiquer massivement et de le faire savoir au plus grand nombre, ce qui est déjà un succès à la vue des nombreux articles parus sur le sujet.
La Poste construit son réseau pour l’Internet des objets (article paru sur le site de l’expansion / l’express le 22 Avril 2015) et expérimente un réseau bas débit pour les objets connectés afin de proposer de nouveaux services dans la protection du domicile (Postaccess) - cf. annexe sur la grille tarifaire PostAccess - ou la consommation énergétique. Pour y parvenir, elle serait actuellement en discussion avec l’opérateur Bouygues Telecom.
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La mobilité est au coeur des problématiques des collectivités situées en zones péri-‐urbaines ou rurales et d’autant plus, pour le maintien des personnes âgées à domicile. Des nouvelles formes de mobilité ont vu le jour depuis quelques années et leur développement partout en France, au delà des grandes villes, prouve l’intérêt majeur que ces solutions apportent au quotidien des citoyens. Malgré tout, toutes ces solutions ne permettent pas de pallier aux freins rencontrés et d’amener les services au plus près des habitants leur offrent une proximité indispensable pour faciliter leur vie.
Au delà des services publics et de santé, développer des offres de services commerciaux à proximité de chez eux est tout aussi essentiel au « bien vivre » et à l’attractivité des collectivités.
III - Des innovations dans le commerce pour plus de proximité 10
Lieux éphémères par définition, les pop’up stores fleurissent partout et r ival isent d’imagination. Concept venu des Etats-‐Unis, ces lieux de vente temporaire sont en train de devenir l’un des moyens les plus pertinents pour s’immiscer dans la vie des consommateurs, de les surprendre et de les séduire.
3.1. LES POP’UP STORES
Un pop’up store dans une vi l le hors métropole ?
I l e s t v r a i qu’aujourd’hui, la plupart de ces c o m m e r c e s éphémères existe
dans les grandes villes du monde. Pourtant, ce concept pourrait avoir un intérêt non négligeable dans une commune plus petite et plus isolée des grands centres urbains.
Certaines marques n’ont pas besoin d’être présentes sur le long terme mais peuvent trouver une utilité à présenter ses produits et services pour sensibiliser, communiquer et aller à la rencontre de sa « cible ». A l’instar des show rooms, ces commerces éphémères peuvent se transformer le temps souhaité (1 mois, 3 mois, quelques semaines …) en vitrine pour mieux comprendre qui sont leurs usagers potentiels et
http://www.challenges.fr/galeries-photos/entreprise/20140912.CHA7653/12-innovations-qui-peuvent-revolutionner-10
le-commerce.html
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POP’UP STORES
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surtout, les accompagner dans l’utilisation des produits / services.
L’exemple des objets connectés…
Nous sommes conscients de l’enjeu des objets connectés dans le maintien à domicile de nos ainés. 73% des Français pensent que les objets connectés peuvent favoriser le développement des services à la personne. 11
Dans cet article de silvereco.fr, on peut lire que 88% des français considèrent que les objets connectés doivent permettre une intervention rapide de personnels de confiance auprès des personnes isolées. Une approche qui serait partagée par 96% des 65 ans et plus… Mais je ne pense pas que ma propre grand-‐mère âgée de 92 ans comprenne de quoi on parle. Comment lui expliquer que des « capteurs » reliés à sa tablette (qu’elle n’a évidemment pas) lui permettront de prévenir quelqu’un en urgence si elle tombe ou si son frigo n’a pas été ouvert pendant plusieurs jours, que des chemins lumineux lui offriraient plus de facilité dans ses déplacements de nuit en comparaison de son bon vieux luminaire qu’elle chérit tant.
Imaginer lui montrer toutes ces nouvelles technologies au sein d’un show room disponible à côté de chez elle et que quelqu’un puisse les présenter en détail ces « outils » dans l’usage qu’elle en aura au quotidien me paraît être plus probant. En effet, plusieurs articles relatifs au CES (Consumer Electronics Show) de 2015 ont relaté la problématique d’un mauvais message véhiculé par les objets connectés en présentant davantage le côté gadget que l’usage… « l’édition a largement mis en avant le Smart Home mais pas toujours avec les bons messages porté par ces acteurs de la domotique qui présentent les solutions connectées comme des gadgets ou grandes démonstrations lorsque les gens
attendent qu’on leur montre leurs usages au quotidien »
Un show room pour montrer en quoi ces objets vont simplifier voire améliorer l’ existence des seniors dépendants…
Les objets connectés feront bien partie de notre quotidien de demain. Une étude de Gartner montre qu’un foyer dit normal en 2022 possédera au moins 500 équipements connectés. Et même si ce chiffre vous paraît aberrant et totalement hors norme, en 2022, nos ampoules et tous les appareils électro ménagers seront connectés.. sans oublier les appareils audio (TV, home cinema, chaine hifi, MP3…), nos vêtements, nos apparei ls sport ifs (machines, montres et autres accessoires) ainsi que la ou les voitures et toutes les solutions dédiées à la santé. Ils seront tous interconnectés les uns aux autres pour communiquer et mutualiser toutes vos données et améliorer votre quotidien.
Pour que tout cela devienne un jour réalisable et que ces innovations n’isolent pas à nouveau des personnes (à l’instar de la fracture numérique au début des années 2000 ou la fracture des usages d’aujourd’hui), l’accompagnement au plus près des consommateurs doit se fa ire dès aujourd’hui. En suggérant à un constructeur tel que Archos ou à un regroupement de constructeurs de présenter leurs produits / services au sein d’un show room éphémère au plus près des c itoyens, proposant un accompagnement et une sensibilisation à ces technologies et à ces usages..
Plusieurs solutions d’épiceries de proximité et de supermarchés proposant des alternatives aux modèles classiques émergent partout dans le monde. Toutes ces solutions sont adaptables et même particulièrement intéressantes pour des villes plus petites, proposant ainsi des services
silvereco.fr, article du 7 Janvier 2015 intitulé Les Français et les services de proximité : les bénéfices des objets 11
connectés
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au plus près des citoyens (et en fonction de leurs besoins et de leurs « portefeuilles « ).
Encore une fois, les acteurs de l’ESS y jouent un rôle parfois prépondérant.
3.2. LES SUPERMARCHÉS COLLABORATIFS
48% des français sont déjà adeptes de la consommation collaborative.
Parmi les exemples de supermarché collaboratif, La Louve à Paris 18ème. Ce lieu propose des produits locaux, éthiques voire bio, et surtout peu chers. Fondée sur un modèle d’autogestion, cette association à but non lucratif s’inspire de la coopérative de Park Slope à Brooklyn (NYC), un supermarché de 1000 m2 qui fonctionne avec 16 000 membres. Pour pouvoir y faire leurs courses à bas prix, les adhérents y travaillent bénévo lement 3h /mois (manutent ion , administration, encaissement). La charge de main d’oeuvre est ainsi réduite de 75% par rapport au modèle classique.
3.3. L’ÉPICERIE NOMADE
Concept venu encore des Etats-‐Unis, où l’éloignement de certaines v i l l e s a p o u s s é d e n o m b r e u x
entrepreneurs
soc iaux à imaginer des so lut ions qu i amélioreraient le quotidien des habitants, My Street Grocery est un épicier nomade communautaire. Sa mission est de faciliter l’accès aux produits frais dans les zones rurales américaines dépourvues de commerces.
L’idée étant de promouvoir un système alimentaire équitable pour tous en offrant des aliments de qualité à prix abordables (achetés principalement auprès de producteurs locaux et biologiques).
Ce concept est tout particulièrement intéressant dans notre pays où le « bien manger » est devenu un élément essentiel avec l’apparition des AMAP (ie. Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), du « consommer local » et aux nombreuses campagnes de sensibilisation réalisées. Pourtant dans un pays comme le nôtre, où l’agriculture fait partie intégrante de notre culture et de notre histoire, s’approvisionner de produits locaux et frais n’est pas toujours une tâche aisée.
Cette épicerie nomade, au même titre que le commerce éphémère, présente de nombreux avantages non négligeables :
En étant nomade, la proximité auprès d’un nombre plus important d’habitants
Favoriser un commerce sur le long terme et toujours au même endroit dans certaines communes n’a pas toujours de sens (le nombre de clients n’étant pas suffisant). En étant présent que sur une période donnée ou jouant sur la périodicité (1 fois par semaine, 1 fois toutes les 2 semaines) permet au commerçant de trouver des clients dans chacune de ces villes et au client d’avoir accès à ce service.
Ne pas avoir de contraintes en terme de bail commercial. Pour le commerce éphémère, le bail devient un « bail précaire », aucune obligation de bail à 3, 6 et 9 ans. Ces baux commencent à voir le jour car ils permettent
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L’ÉPICERIE NOMADE
SUPERMARCHÉS COLLABORATIFS
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à des commerçants de tester ou d’être présents sur une période donnée, sans la crainte de l’engagement. Des sites Internet existent pour trouver dans la ville souhaitée, quels sont les lieux qui proposent ce type de bail… Aujourd’hui, il est vrai que ce concept marche principalement dans les grandes villes mais je suis certaine que les autres villes ont tout intérêt à le proposer à leur tour!
3.4 LES DISTRIBUTEURS AUTOMATIQUES
Les distributeurs automatiques sont une autre solution de proximité qui foisonnent partout et pour tout type de produits / services : 12
•Free propose sa borne pour s’abonner et récupérer des cartes SIM.
•E n C h a r e n t e , c ’ e s t u n e boucherie (ie. La boucherie Lafaye de Ruelle) qui a installé un distributeur de viande, pâtés et saucisses.
• Dans le Gers, les Jardins de M e s p l e s alimentent le s e u l d istr ibuteur de légumes
de la région. Initiative prise également à Saint Pierre des Corps par un agriculteur.
• L’enseigne Weldom (enseigne de bricolage) teste depuis fin 2013 sur l’un de ses sites, un distributeur automatique qui propose 40 produits pour les petits travaux de bricolage, avec l’avantage de la disponibilité 24h/24, 7j/7.
L’ idée de Weldom serait d’étendre ce distributeur aux 280 magasins de son réseau, probablement couplé à un système de commandes en ligne.
Cet objectif était prévu pour fin 2014 et je n’ai pas trouvé d’autres informations sur le sujet depuis mais ce distributeur automatique peut encore une fois apporter de nombreuses opportunités en termes de proximité.
Certes, le côté humain n’existe pas dans ce distributeur… mais imaginez qu’une enquête soit réalisée auprès des habitants pour définir les 40 produits qu’ils souhaiteraient avoir à disposition dans ce distributeur, produits dont ils pourraient jouir aisément sans avoir à se déplacer sur de longues distances pour aller les chercher.
3.5. LES STATIONS SERVICES
Moins innovante certes mais devenue un commerce de plus en plus rare dans certaines
zones de France, la station service. Sa
http://altaviawatch.com/tag/distributeur-automatique/ 12
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Distributeurs automatiques
24/24, 7/7
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sauvegarde est même une priorité (ie. mesure 14 de « nos ruralités, une chance pour la France ») pour le gouvernement. Dans un contexte de baisse du prix de l’essence, qui redonne du pouvoir d’achat aux français, il est indispensable d e p o u v o i r g a r a n t i r à t o u s u n approvisionnement proche, en particulier, dans les territoires ruraux où l’usage de la voiture reste incontournable. Pourtant, le nombre de stations-‐service a été réduit en 30 ans, il a conduit à l’identification de 871 stations à maintenir (cette identification a été réalisée en 2012 par le Commissariat Général à l’égalité des territoires -‐ CGET -‐ et fait l'objet de 2 critères : l’isolement de la station dans leur bassin de desserte et dont la population desservie est éloignée de 10 minutes ou plus, actuellement ou en cas de fermeture, faisant d’elles des points-‐clés dans le maillage territorial de l’offre de carburants).
Des aides dont le FISAC (fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce) -‐ cf. modèle de financement partie V -‐ sont alors prévues pour le maintien et la diversification des activités des stations-‐services.
Diversification des stations-‐service…
Si les stations services clés risquent de fermer, le manque de rentabilité semble être en cause. Il faut donc inciter ces commerces à se diversifier et proposer des activités commerciales annexes qui auraient l’avantage de proposer des services aux habitants en plus de la livraison de carburants. A l’image des « dépanneurs » canadiens, les stations services pourraient devenir, dans les zones où cela serait opportun, des lieux de commerce de proximité : épicerie, al imentation, relais de col is (pour les commandes Internet) et tout autre service utile que les habitants n’ont pas à proximité de chez eux ou de leur lieu de travail. D’ailleurs, c’est une
pratique qui est devenue courante dans le commerce de devenir multi activités à l’image des café disquaires, ou d’un commerce Multi-‐Services en milieu rural.
3.6. LES COMMERCES MULTI-‐SERVICES
C’est quoi un commerce Multi-‐Services en milieu rural ? 13
Un commerce Multi-‐Services en milieu rural permet à un particulier de créer sa propre activité commerciale tout en contribuant à la revitalisation d’une zone rurale. Ce commerce exerce une activité principale (alimentation, bar, restauration, boulangerie…) et propose en plus divers services (journaux, gaz, livraisons, dépannage, retrait d’espèces…). Dans beaucoup de villages, il s’agit souvent du seul commerce encore ouvert. Ces services sont donc vitaux pour préserver le dynamisme et les emplois à la campagne. 14
Ses objectifs sont multiples :
Créer sa propre activité, son propre emploi
Dynamiser le tissu économique local en proposant les services de base de proximité
Parfois, changer de cadre de vie et de renouer avec ses racines.
5 conseils sont prodigués aux particuliers qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure par le site Parcours france.org dont voici les principaux éléments :
1. Être mobile -‐ ces commerces sont davantage rentables (et donc pérennes) si le porteur de projet est mobile, c’est à dire qu’il réalise des tournées. En effet, le chiffre d’affaire moyen d’un commerce de ce type est estimé à 3000 € du m2 hors tournée, chiffre qui peut
Fiche n°895 - Monter un Commerce Multi-Services en milieu rural, réseau Balise 13
5 conseils pour ouvrir un commerce multi-services à la campagne, 29 mars 2014, www.parcoursfrance.com 14
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doubler en cas de tournées (en revanche les tournées nécessitent un investissement initial plus important et les frais de déplacement sont non négligeables).
2. Prévoir un investissement de départ -‐ local, fonds de commerce, matériel nécessaire, transport et tournées, le stock de départ et les licences d’exploitation (tabac, alcool ou vente de jeux Française des Jeux). Par ailleurs, les frais de gestion sont estimés en moyenne à 33 700 euros / an pour un commerce tenu par une personne (hors tournées) et 44 700 euros pour un couple qui fait des tournées.
3. Obtenir des subventions -‐ Puisqu’un tel commerce permet de revitaliser des zones dites isolées de commerce, leur survie, maintien ou création est essentielle. De nombreuses subventions peuvent alors être accordées. Se renseigner auprès des élus l o c a u x , d e s C C I p o u r u n b o n accompagnement. Pour bénéficier des aides, il faut adhérer à l’association Villages de France, Commerces Multi-‐Services. L’Etat apporte son soutien via l’Opération 1000 Villages des France (-‐ de 1000 habitants) sans compter les aides de l’ACCRE , CIGALES , 15 16
ADIE , etc… Par ail leurs, le SICLER 17
(Secrétariat d’Information des Collectivités Locales et Régionales) sélectionne 15 à 20 p ro j e t s de c r éa t i on de commerce multiservices par an, auxquels il apporte une aide d’au moins 7600 euros.
4. Veiller à l’approvisionnement, sur lequel le réseau Balise met en garde qu’il s’agit du principal point faible de ce type de commerce. Il faut donc mettre en place une politique d’approvisionnement élaborée en amont avec les fournisseurs pour que les marges ne soient pas trop faibles, élément indispensable à la pérennité de tout commerce. Les principales enseignes qui proposent ce type de contrat sont les Mousquetaires, Intermarché et Cocci Market.
5. Fidéliser sa clientèle -‐ mieux connaître ses potentiels clients et leurs besoins permet d’adapter son offre la plus cohérente possible. Il est conseillé par exemple de proposer la vente de tabac et de timbres, malgré des marges très faibles, qui représentent des produits d’appel… Une licence d’exploitation de tabac ou de Jeux de la Française des Jeux est dont à prévoir.
Aide aux Chômeurs Créant ou Reprenant une Entreprise - ACCRE15
Clubs d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire 16
L’ADIE aide des personnes à l'écart du marché du travail et n'ayant pas accès au système bancaire classique à 17
créer leur entreprise et donc leur emploi grâce au microcrédit.
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IV- Développer un bouquet de services pour les entrepreneurs et rester attractif
Après avoir effectué un tour d'horizon des services à destination des citoyens, nous avons s o u h a i t é c o n s a c r e r u n e p a r t i e a u x entrepreneurs, représentant une force non négligeable pour tous ces territoires et qui, en échange, doivent proposer un bouquet de services qui leur est dédié.
Les entrepreneurs sont essent ie ls au développement économique de notre pays et pas uniquement dans les zones urbaines. Pour autant, ils doivent pouvoir trouver des services leur permettant de fa i re leur mét ier convenablement à l’image du haut débit qui représente une condition sine qua non pour bon nombre de chefs d’entreprises. L’offre de mobilité est importante également tout comme l’accompagnement nécessaire et indispensable à tout nouvel entrepreneur qui se lance dans l’aventure de la création d’entreprise.
Toutes les grandes villes ont mis à disposition de nos « créateurs d’idées » des espaces leur permettant de se lancer dans les meilleures conditions : qu'ils s'agissent des incubateurs, des pépinières d’entreprises, d'espaces de co-‐work i ng ou même d ’ e spaces offran t l’opportunité de télétravailler, toutes ces initiatives ont fait leur preuve comme booster et source de succès pour ces nouvelles sociétés qui ont pu s’appuyer sur des réseaux de partenaires, démarrer dans des locaux mutualisant des moyens et des compétences permettant de limiter les coûts et les contraintes.
Mais qu'en est-‐il pour les entrepreneurs installés en zones péri-‐urbaines ou rurales? Doivent ils se déplacer quotidiennement vers la grande ville la plus proche pour pouvoir profiter de ces
services? Doit il même déménager pour mettre toutes les chances de son côté alors que justement, il a choisi de s’installer dans cette commune au cadre de vie plus agréable et au coût de son habitat plus accessible.
Par ailleurs, et puisque nous avons présenté un grand nombre d’initiatives porteuses par des acteurs de l’ESS, il convient donc de bien accompagner ces entrepreneurs « sociaux » à se lancer, se développer et s’installer sur le territoire dans les meilleures conditions.
La loi ESS adoptée en Juillet 2014 a posé pour la première fois une définition du périmètre de l’Economie sociale et solidaire. La notion d’entreprise de l’ESS regroupe dorénavant les acteurs historiques de l’économie sociale, à savoir les associations, les mutuelles, les coopératives et les fondations, mais aussi de nouvelles formes d’entrepreneuriat social : les sociétés commerciales qui poursuivent un objectif d’utilité sociale, et qui font le choix de s’appliquer à elles-‐mêmes les principes de l’économie sociale et solidaire.
Les valeurs de l’ESS sont ainsi clairement affirmées en tant que socle de définition d’un mode d’entreprendre, qui n’est ni une économie de la réparation ni une vitrine sociale, mais une économie de l’exigence fondée sur les valeurs de gouvernance démocratique, de lucrativité limitée et d’utilité sociale.
Ce modèle entrepreneurial spécifique, à la fois stable et résilient, crée plus d’emplois que l’économie classique : depuis 2000, tandis que l’emploi privé dans l’économie classique (hors ESS) progressait de 4,5%, les entreprises de l’ESS créaient 24% d’emplois supplémentaires.
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4 . 1 L A CONC I ERGER I E POUR L E S PROFESSIONNELS
Une conciergerie « professionnelle » qui mêlerait l’esprit de co-‐working et du télétravail où chaque entrepreneur à proximité, étudiants et retraités bénévoles pourraient trouver des axes de complémentarité pour travailler ensemble et enrichir leurs projets. Au delà de l’offre de co-‐working ( l ieu connecté), des services complètent le dispositif avec une offre de covo i t u r age , de t r a va i l co l l abo ra t i f , d’accompagnement des entrepreneurs par des retraités bénévoles ou entreprises partenaires et ouvrir l’accès à des acteurs du privé de proposer leurs services à des prix compétitifs et « utiles » : banque, mutuelle, CCI, services de colis etc..
4 . 2 . L E D É V E LOP P EMENT D ' UN E PLATEFORME UNIQUE ET DE PROXIMITÉ POUR MIEUX ACCOMPAGNER LES PROFESSIONNELS
Cette plateforme innovante a pour objectif principal d’accompagner au plus près chaque entrepreneur local.
Ce projet propose de mettre en place un media social participatif offrant services et expertise aux dirigeants et futurs entrepreneurs.
Il ne s’agit pas de créer un énième site professionnel; Ici est privilégié le retour des meilleures pratiques rencontrées par d’autres professionnels, des informations et de devenir «un créateur de liens» pour les entrepreneurs et les acteurs économiques dans une zone territoriale donnée.
La notion de proximité est essentielle même si la plateforme est présentée sous forme de site Internet. Elle a pour missions :
• D’apporter une réponse aux décideurs locaux : Réunir des entrepreneurs ayant des problématiques similaires. La communauté trouve des contenus qualifiés (informations, documentations, liens, contacts...)apportés par l’ensemble des acteurs impliqués avec l ’objectif d’échanger les meil leures pratiques.
• Chaque entrepreneur inscrit sur la plateforme devient ambassadeur du réseau
• Promouvoir la dynamique et l’essor des PME locales : venues pour échanger et partager leurs problématiques, les PME peuvent interagir les unes avec les autres et t r o u v e r d e s a x e s c o mm u n s d e développement de leur activité et de développement entre les territoires.
• Répondre aux attentes et besoins des dirigeants : pour cela, il est essentiel de détecter en amont du lancement les attentes et les besoins. Une fois ces attentes analysées, une équipe d’experts clés peut se constituer (retraités bénévoles et entrepreneurs déjà installés, acteurs privés…). Pour ce faire, constitution d’un living lab local avec les entrepreneurs.
Cette plateforme peut tout à fait être imaginée et créée à partir des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire. La volonté étant de trouver la solution la plus adéquate pour apporter des services et le meilleur accompagnement auprès des entrepreneurs et permettre aux territoires ruraux et péri-‐urbains de renforcer leur attractivité et de créer de l’emploi.
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4.3 DES INITIATIVES DANS LA FORMATION
Autre étape essentielle dans cette partie consacrée à l’attractivité des territoires et l’offre de services développée pour les entrepreneurs, la formation et l’apprentissage.
Chaque territoire a la particularité de s’être posit ionné sur des expert ises métiers spécifiques ou ont attiré des entreprises qui elles, sont à la recherche de compétences métiers.
La région bordelaise par exemple est connue pour son vin, domaine qui emploie un nombre de personnes dans ce secteur d’activité exceptionnel par rapport à la moyenne Française. Sans compter le secteur des nouvelles technologies qui est devenu le 2ème secteur de référence de la région et leur labellisation « French Tech » le confirme.
En ce qui concerne la région lilloise, le secteur des transports, des nouvelles technologies et de la VAD (vente à distance) sont des secteurs qui recrutent tout particulièrement.
Sans faire le tour de France des spécificités locales, les pôles de compétitivité ou les clusters existants sur les territoires sont des bons indicateurs pour déterminer les axes pris par le territoire et les métiers qui ont plus de chance d’intéresser les entreprises locales.
L’offre de formation locale joue donc un rôle important et principalement si elle peut être développée à proximité des étudiants ou jeunes actifs. Parmi les solutions innovantes en matière de formation, nous avons pu détecter ces 2 plateformes :
My Success -‐ digital / social media
C e t t e p l a t e f o r m e d e c o a c h i n g e n visioconférence est la 1ère plateforme française de coachs professionnels référencés. Elle propose une offre de coaching à distance, par visioconférence, personnalisée et orientée résultats pour les étudiants, actifs, managers, dirigeants, entrepreneurs et entreprises.
Meet my Job -‐ digital / social Media Cette plateforme a eu la bonne idée de mettre en relation particuliers et artisans, agriculteurs, artistes passionnés, pour découvrir leur métier sous la forme d’ateliers participatifs. Proposer des loisirs d’un nouveau genre, sous la forme d’atel iers participatifs avec des professionnels passionnés, partout en France. La plateforme web facilite ces rencontres et permet à chacun de trouver des ateliers à proximité de son domicile ou de son lieu de vacances.
4.4 ENCOURAGER LE TRAVAIL À DISTANCE (TÉLÉTRAVAIL)
Aussi appelé Nomadisme, il s’agit ici de parler de toute forme de travail accomplie ailleurs qu’au poste de travail habituel dans l’entreprise.
2 types de pratiques :
Le nomadisme Intra-‐entreprise ‣ le travail est accompli hors poste de
travail (depuis une salle de réunion, salle de visioconférence, etc.)
‣ Le travail est effectué au sein de bureaux partagés (bureaux non attitrés)
‣ On parle de mobilité virtuelle
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Entre 10 et 15% des salariés français sont concernés par le télétravail contre 18% en Europe
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‣ et de nomadisme temporel (en dehors des plages horaires traditionnelles)
Le nomadisme extra-‐entreprise ‣ Il s’agit des travailleurs mobiles de par
leurs fonctions ‣ qui télétravaillent lors de « rush » ou pics
d’activité
‣ le télétravail est contractuel (quelques heures ou jours par semaine)
‣ dont les horaires sont à la carte. Pour que le nomadisme puisse se développer en France, plusieurs critères sont indispensables : 18
«Le télétravail constitue une véritable opportunité pour le développement local, notamment pour les territoires ruraux. La réduction de la pression sur les transports peut inciter des travailleurs à venir s’installer dans des espaces de faible densité. De nouveaux lieux de travail, (... Tiers Lieux...), peuvent devenir un élément d’attractivité et de renouveau pour ces territoires. La venue de quelques travailleurs, qu’ils soient entrepreneurs indépendants, salariés de PME, grande entreprise ou d’une administration, peut constituer un soutien
majeur à l’économie résidentielle et aider à la revitalisation des territoires isolés».
Travailler sur un lieu extérieur à l’entreprise permet de favoriser la mise en réseau et le croisement des initiatives, donc de coopérer et de s’enrichir des compétences et expériences présentes.
Le té létrava i l dés igne « toute forme d’organisation dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié en
Infographie nomadisme en entreprise - pratiques et enjeux, mai 201418
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dehors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les NTIC dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui ci », loi Warsmann, 22 mars 2012.
Alors, une ville maillée d'espaces de télétravail serait-‐elle à la fois le graal des rythmes de travail durables, la fin des embouteillages et de la pollution, et par-‐dessus le marché, un surcroît de créativité ?
Du télétravail au tiers lieu : si cette tendance 19
explose, c’est qu’elle s’inscrit dans un mouvement beaucoup p lus l a rge . Le télétravailleur peut tout aussi bien travailler depuis son domicile que dans un Tiers Lieu. Selon Ray Oldenberg, initiateur du terme, « les tiers lieux présentent la qualité d’une place qui permet les rassemblements dans un cadre public informel, qui contribue à créer une communauté vivante. Ils offrent un espace favorable à la diversité où les gens peuvent être eux mêmes, acceptés pour ce qu’ils sont ou en phase avec ce à quoi ils aspirent. »
4.5 . LA CONSTITUTION D’UNE OFFRE DE SERVICES DE TIERS LIEUX 20
Dans le livre blanc "les tiers lieux, relai de proximité pour tous les citoyens », nous avons pu rappeler à quel point une définition précise d’un Tiers Lieu était impossible. En revanche, se poser les bonnes questions pour adapter l’offre au territoire et aux besoins des citoyens est un facteur clé de
succès. Les principes fondamentaux ont été cités dans le manifeste co-‐écrit par Yoann Duriaux et Antoine Burret.
Un Tiers Lieu est donc un mix de :
un espace de co-‐working un espace public numérique un télécentre, pour le travail à distance (télétravail) Une coopérative d’activité et d’emploi Un Fablab Un Living Lab et / ou Media Lab Un relai AMAP et tout autre service de proximité pouvant être rendu par une conciergerie de proximité.
Un tiers lieu est l’assemblage de services indépendants les uns des autres, mais oeuvrant dans un objectif commun de coopération.
Neo nomade 19
Extrait du livre blanc « tiers lieux, relais de proximité pour tous les citoyens », Grand Large Conseils, Février 201420
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Parce qu’une image parle souvent plus que des mots, (selon Confucius « 1 image = 1000 mots »), le schéma le plus proche de notre réflexion est celui du Comptoir numérique de Saint Etienne 21
qui regroupe au sein d’un même espace tous les différents services pouvant être rendus aux citoyens, même s’il reste très tourné autour de la notion de travail collaboratif.
L’exemple du Comptoir Numérique de Nantes est très intéressant puisqu’il réunit au sein du même espace d’autres espaces et présenté sous la forme de pôles pour que les usagers puissent aisément aller là où ils le souhaitent : la partie « télétravailleurs », le pôle « pratiques et médiation numérique », les thématiques et l’espace MediaLab sans oublier la mise à disposition d’une conciergerie, très peu développée dans les espaces existants et qui représente une réelle valeur ajoutée pour le citoyen.
Les réflexions menées par Grand Large Conseils y ajouteraient un pôle « seniors » ou « services à
la personne » et offrirait ainsi la possibilité de développer d’autres services et d’y associer d’autres acteurs locaux de l’ESS. Une autre cible pousse alors la porte de ces Tiers Lieux pour y trouver une réponse à leurs besoins. L’idée n’étant pas de remplacer les guichets existants mais de développer d’autres services et de mutualiser des compétences au plus près du citoyen.
Un article paru dans Internet Actu en Octobre 2013, reprend les réflexions menées par la Fing dans un groupe de travail « Alléger la ville », 3 schémas résument en tout point ce qu’on entend par Lieux Partagés. Voici un retour de cet article et de la rubrique Vous avez dit Lieux Partagés? http:/ /www.internetactu.net/2013/10/11/alleger-‐la-‐ville-‐des-‐strategies-‐de-‐lieux-‐partages/. Les 3 schémas ci-‐dessous r é s u m e n t t r è s b i e n l e s 3 problématiques des Tiers Lieux :
‣ Quels objectifs pour quels acteurs concernés?
http://comptoir-numerique.fr/ 21
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‣ Que partage t-‐on?
‣ Qui partage?
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Nous avons donc pu constater qu’il existe un grand nombre de services qui offrent davantage de proximité aux citoyens, que ce soit depuis l’habitat même ou au plus proche, que de nouvelles solutions permettent à ces mêmes citoyens de se déplacer dans des conditions satisfaisantes, parfois à des coûts plus accessibles. Evidemment, la valeur du lien social dans les territoires ruraux, péri-‐urbains ou isolés est inestimable tant son existence est essentielle au bien vivre des habitants. Il est possible de proposer des solutions nouvelles, de développer des services vraiment utiles, de recréer du commerce de proximité, tout cela n’a de sens que si le lien entre les citoyens existe.
Sans oublier que ces territoires doivent rester attractifs, attirer de nouvelles entreprises pour recréer ou maintenir des emplois, développer des offres de formation adaptées pour que les entrepreneurs, qui souhaitent trouver un cadre de vie plus « agréable » puissent le faire en restant compétitifs. Pour cela, nous avons vu que dans ce domaine encore, des solutions et des services pouvaient voir le jour (et même existaient déjà sur certains territoires) pour répondre à ces nouveaux enjeux.
Mais, puisque l’argent reste le nerf de la guerre, il est évident que tous ces services représentent un coût -‐ parfois -‐ non négligeable, malgré un grand nombre d’initiatives portées par des acteurs de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) ou de l’économie collaborative.
Pour répondre à cette question, la partie suivante offre un panorama (non exhaustif) de dispositifs de financement existants en la matière.
V- Les dispositifs financiers existants et la construction de nouveaux modèles économiques
« Aujourd’hui, le visage de l’ESS évolue, elle n’est plus cloisonnée et rencontre de plus en plus l’économie classique qui a été vampirisée par la financiarisation. L’ESS cherche de nouvelles solutions de financements, d’où un regain d’intérêts pour les outils de la Finance Solidaire (dont les clubs CIGALES), maillés avec des financements publics et privés de droit commun. Si les structures de l’ESS, fidèles à leurs origines, ont conservé une forte proximité avec les porteurs de projet, certaines élargissent leur champ d’action et s’inscrivent de plus en plus dans les dynamiques de développement é c o n o m i q u e l o c a l , e n l i e n e t e n
complémentarité avec l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels du territoire. Le territoire et le couple “maintien/création” d’emplois deviennent des clés d’entrée fondatrices et indissociables. Au regard de la crise de la dette, de la réduction des moyens budgétaires du secteur public, de la frilosité du secteur bancaire (y compris de celui de l’Économie Sociale et Solidaire), l’épargne locale des citoyens intéresse de plus en plus d’acteurs publics et privés. Alors que l’épargne française est aussi importante que le montant de la dette publique, la circulation de l’argent pour irriguer l’économie locale et le nécessaire
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accompagnement humain des porteurs de projets deviennent un enjeu citoyen de premier ordre. Il s’agit aujourd’hui de sauver le maximum d’emplois locaux, de favoriser le maintien/d é v e l o p p em e n t / r e p r i s e d ’ a c t i v i t é s économiques, et à cet égard, les Clubs d’épargne solidaire comme les clubs CIGALES sont appelés à participer, chacun avec leur liberté d’intervention, à ce mouvement de citoyenneté économique, au service de l ’ é c o n om i e r é e l l e , c ’ e s t -‐ à -‐ d i r e n o n spéculative. » 22
5.1 LES APPORTS DE LA LOI ESS ADOPTÉE EN JUILLET 2014 POUR LE FINANCEMENT DES ENTREPRISES ET ASSOCIATIONS
En Juillet 2014, la loi relative à l’ESS a été adoptée et le but a été de faire connaître une économie de proximité créatrice d’emplois non délocalisables. Le Gouvernement a posé à travers cette loi les bases d’un véritable changement d’échelle de l’économie sociale et solidaire, en contribuant, entre autres, à orienter davantage de financements, publics et privés, en direction de ses entreprises ; Cette loi a souhaité moderniser les modèles économiques des coopératives, des mutuelles et des associations, pour leur permettre de faire face aux évolutions économiques en cours : -‐ renforcement des modes de financements
des associations : sécurisation de la subvention, création des titres associatifs de croissance ;
-‐ consolidation du modèle coopératif : généralisation de la révision des principes coopératifs et amélioration de son attractivité ( a s s o u p l i s s em e n t d u p r i n c i p e d e l’exclusivisme, ristourne ecommerce) ;
-‐ facilitation des conditions de créations des Sociétés coopératives d’intérêt collectif
(SCIC), avec l’augmentation de la participation des collectivités territoriales au capital jusqu’à 50% et la possibilité pour les producteurs non-‐salariés de biens et de services de s’associer ;
Enfin, la loi a ouvert des perspectives nouvelles pour le développement d’activités dans les territoires : -‐ en reconnaissant l’innovation sociale, la loi a
permis le financement des activités répondant aux besoins sociaux de la population ;
-‐ en élargissant la définition du commerce équitable au commerce Nord-‐Nord, la loi a encouragé les circuits courts et le commerce solidaire ;
-‐ en donnant la possibilité aux entreprises de l’ESS d’émettre des services bancaires de pa i emen t , l a l o i v a encou rage r l e développement des monnaies locales complémentaires.
Le guide du cisailler, cigales.asso.fr 22
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« L’ESS est une économie p r o f e s s i o n n e l l e d o r é n a v a n t d o t é e d e financements, c’est une é c o n o m i e d e l a t rans fo rmat ion e t de l’innovation. Mais c’est aussi une économie de sens, fondée sur des v a l e u r s q u i p l a c e n t l’homme comme acteur, moteur, ma is sur tout comme norme absolue, comme étalon. C’est une économie qui montre le chemin pour demain, vers une économie durable et responsable, positionnée autour de nos territoires et de leurs habitants. » , Caroline DELGA lors de l’adoption de la loi, Juillet 2014
JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
5.2 . LES F INANCEMENTS DES PME RELEVANT DE L’ESS Dans un article datant de Février 2015, on pouvait lire : « BPI France propose un prêt pour les PME de l’Economie Sociale et solidaire ».
Proposé dans la loi ESS du 31 juillet 2014, BPI France, en sa qualité de banque publique d’aide au développement des entreprises, a mis en place un prêt dédié aux entreprises de l’ESS. Destiné aux PME exclusivement, le Prêt Economie Sociale et Solidaire (PESS) finance en priorité les dépenses immatériel les et l’augmentation du fonds de roulement liées au développement de l’activité ou à la réalisation d’un programme d’investissement corporel ou incorporel. Le prêt proposé par la BPI France n’est pas anodin puisque les entreprises peuvent demander un montant allant de 10 000 à 50 000 euros, voire 100 000 euros dans le cas où la région interviendrait, et ce « sans aucune garantie sur les actifs de l’entreprise ni sur le patrimoine du dirigeant », assure t-‐on.
En revanche, ce prêt ne peut être accepté que si un autre financement extérieur est prévu, c’est-‐à-‐dire si l’entreprise a reçu l’accord pour un prêt bancaire « classique », un crédit-‐bail, … ou un apport en fonds propres.
Le prêt bancaire associé obtenu par la PME pourra bénéficier de la garantie de BPI France.
Pour faire la demande du PESS, le dirigeant peut le faire directement en ligne (il est rajouté que c’est rapide et simple mais ne l’ayant pas testé, je ne m’engage pas sur ce point précis). Il faut avant tout s’assurer que la PME qui en fait la demande soit éligible, ie. remplir les conditions suivantes :
-‐ Être une entreprise de l’ESS (catégories juridiques INSEE ou immatriculation comme tel au Registre du commerce) ;
-‐ Être implantée et immatriculée en France ;
-‐ Avoir plus de 3 ans d’existence ; -‐ Respecter la définition d’européenne de
la PME, (entreprises de moins de 250 salariés, déclarant soit un CA annuel inférieur à 50 millions d’euros, soit un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros);
-‐ Produire des comptes annuels (bilan et compte de résultat) ;
-‐ Ne pas exercer d’activité dans les s e c t e u r s d e l ’ a g r i c u l t u r e , l’intermédiation financière, la promotion et la location immobilière.
5.3. LE PRÊT PARTICIPATIF AVEC L’EXEMPLE DU CRÉDIT COOPÉRATIF ET DE LA RÉGION NORD PAS DE CALAIS
Depuis 2014, la Région Nord-‐Pas-‐de-‐Calais s’est distinguée du reste des régions de France par un programme totalement innovant et socialement responsable connue sous le nom de « Troisième Révolution Industrielle ». Cette stratégie qui a été pensée et adaptée par un économiste américain avec ses équipes sur la Région pendant 9 mois, Jérémy Ri�in, a développé une partie de sa réflexion autour du financement des projets innovants et de l’opportunité de faire participer les citoyens eux même à la Révolution en marche.
La Région Nord Pas de Calais s’est donc alors associée au Crédit Coopératif pour lancer un prêt participatif sous forme de livret d’épargne, qui a été, par la même occasion, une 1ère en France. Ce produit d’épargne innovant n’est pas uniquement réservé aux habitants du Nord-‐Pas de Calais. Avec une rémunération plutôt attractive (1,75 % par an jusqu’à 1 500 €) afin d’encourager sur le long terme les épargnants modestes et les étudiants, le livret d’épargne « Troisième révolution industrielle » propose au-‐
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
delà de 1 500€ un taux de 0,8 % avec un plafond des dépôts à 100 000 €. Toute personne peut souscrire au livret d’épargne sans minimum et sans obligation d’ouvrir un compte courant associé. L’argent restera totalement disponible et les dépôts seront garantis par le Crédit Coopératif. Ce livret offrira la possibilité au Crédit Coopératif
et à son établissement associé, la Caisse
Solidaire, d’accorder des prêts avec une
tarification avantageuse aux porteurs de projets
liés à la Troisième révolution industrielle dans le
Nord-‐Pas-‐de-‐Calais. Ce livret est commercialisé
depuis le 22 janvier 2015 dans toute la France.
Complémentaire des autres modes de
financement classiques, le livret d’épargne
permet donc de financer des pro jets
d’entreprise liés à la Troisième Révolution
Industrielle (TRI). Les dirigeants pourront
présenter leurs projets dans l’une des agences
du Crédit Coopératif. Si celui-‐ci correspond à au
moins un des piliers de la Troisième révolution
industrielle (l’efficacité énergétique, le passage
aux énergies renouvelables, les bâtiments
producteurs d’énergie, le stockage de l’énergie,
l’Internet de l’énergie, la mobilité des personnes
et des biens, l’économie circulaire, l’économie
de la fonctionnalité), la banque pourra décider
d’un financement, d’un minimum de 12 000 €.
Au-‐delà d’un prêt à un taux bonifié, le Crédit
Coopératif garantit un accompagnement souple
et à long terme des entreprises.
Une traçabilité du livret d’épargne et de l’argent
refinancé dans des projets est prévue et
totalement transparente pour offrir aux
particuliers et personnes morales la possibilité
de suivre et connaître la finalité concrète de leur
argent.
Pour en savoir davantage sur ce prêt participatif, http://www.credit-‐cooperatif.coop/
5.4. LES CLUBS CIGALES
CIGALES = Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire.
Les CIGALES ne sont pas une initiative récente puisque le premier CIGALE a vu le jour en 1983. Le S de CIGALES est apparu en 2000, lorsque le mot « solidaire » a été ajouté, pour être en accord avec ses pratiques et ses déclarations.
Le but :
Un club CIGALES a donc comme but premier d’agir sur le développement économique local.
L’activité des clubs s’inscrit dans la perspective d’une économie solidaire en favorisant, par une association de collecte d’épargne de proximité, la création d’entreprises générant des emplois, la lutte contre l’exclusion, la protection de l’environnement et le développement culturel.
Un club CIGALES est formé d’un groupe de 5 à 20 personnes physiques surnommées « les cigaliers ». Elles sont donc pour motivation :
-‐ de mettre une partie de leur épargne en commun;
-‐ de se réunir régulièrement pour gérer cette épargne;
-‐ d’investir dans des entreprises ou des associations, qui sont en création, en développement ou en reprise;
-‐ d’accompagner ces entreprises ou ces associations.
Au delà de l’apport financier, les « cigaliers » s’engagent à accompagner le chef d’entreprise.
La sélection des projets
Il existe deux cas de figure dans la sélection de projets : la rencontre des porteurs de projets et
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
la recherche de projets qui sont jugés intéressants.
Le club CIGALES doit donc être en relation avec les collectivités, les administrations et les réseaux locaux pour détecter les projets à suivre.
Le projet sélectionné ne correspond pas forcément dès le départ à un projet qui répond à l’ensemble des critères du club. Il faut donc le faire évoluer vers une économie solidaire, introduire une valeur non prévue par le porteur telles que l’équité dans le commerce, la dimension sociale ou collective, la prise de conscience environnementale, etc.
Pour le porteur de projet, le club lui apporte :
-‐ un apport financier
-‐ un réseau d’investisseurs-‐citoyens impliqués dans la vie locale et le développement économique du territoire
-‐ un gage de confiance vis à vis des autres acteurs financiers (banques par exemple)
-‐ un accompagnement au delà de l’apport financier
-‐ un bon indicateur de réussite de projet : en effet, 70% des entreprises accompagnées par un club CIGALES sont toujours en activité après 5 ans, contre 52% des entreprises non accompagnées (moyenne nationale 2011).
-‐ l’entreprise garde son autonomie
Les cigal iers sont des épargnants qui souhaitent :
• investir leur argent dans le développement économique solidaire, la création d’emploi... ;
• connaître l’affectation de leur épargne, et même la décider ;
• transmettre leurs connaissances, leurs compétences, leurs réseaux à de jeunes créateurs ;
• s’autoformer au sein d’un club et au contact des créateurs sur le monde de l’entreprise.
Toutes les informations sur les clubs CIGALES sur cigales.asso.fr
5.5. DES FONDS POUR LE MAINTIEN DU COMMERCE DE PROXIMITÉ : FISAC ET ORAC
5.5.1 LE FISAC Le Fonds d’intervention pour les Services, l’artisanat et le commerce, a pour principales missions de :
-‐ financer la création -‐ financer le maintien -‐ financer la modernisation -‐ financer l’adaptation -‐ Financer la transmission
dans le but de préserver ou développer un tissu d’entreprises de proximité. Ce fonds n’est uniquement prévu pour les zones rurales, montagneuses et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Ce financement se fait soit sur : 1. les opérations individuelles pour les
communes de moins de 3000 habitants dont le chiffre d’affaires est inférieur à 1 million d’Euros pour les entreprises seules sur la commune à exercer cette activité. Dans ce cas, les subventions peuvent aller jusqu’à 30% et jusqu’à 40% en matière de sécurité, accessibilité PMR et pour des dépenses maximum de 75 000 euros HT
2. les opérations collectives sur un secteur géographique donné, conduites par les collectivités territoriales (groupement, EPCI, CCI ou SEM). Elles comprennent :
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
a. L e s d é p e n s e s d e fonctionnement (animation, assistance technique, conseil, promotion, investissements immatériels) jusqu’à 50% de subvention
b. Les dépenses d’investissement (50% de subvention)
c. Les aides directes destinées à fi n a n c e r l e s d é p e n s e s d’investissement (jusqu’à 40% sur la sécurité et l’accessibilité PMR e t j u s q u ’ à 3 0 % s u r l ’ i m p l a n t a t i o n e t l a modernisation)
Pour des dépenses allant jusqu’à 800 000 euros et au delà, la subvention est de 10%.
Les aides directes concernent : -‐ la rénovation des vitrines -‐ l ’ é q u i p emen t n é c e s s a i r e p o u r
l’accessibilité PMR -‐ l’équipement nécessaire pour la sécurité -‐ le portail Internet -‐ L ’ invest issement en mat ière de
modernisation de locaux
3. les études préalables de faisabilité financées à hauteur de 50%.
a. sur l’évaluation des opérations aidées
b. sur l’analyse des mutations du commerce de proximité
c. sur la prospective des secteurs du commerce, de l’artisanat et des services
Cela ne concerne uniquement que les études dont les besoins ont été i d e n t i fi é s , q u e l ’ é t u d e e s t économiquement viable et qu’il n’y a aucune concurrence directe.
Ce fonds ne conce rne pa r l e s pharmacies, les professions libérales et les activités de tourisme (campings,
hôtels, restaurants gastronomiques). En revanche, les commerçants non sédentaires sont éligibles ainsi que les aides spécifiques aux commerces culturels de proximité.
5.5.2. L’ORAC
Les ORAC (Opération de Restructuration de l’Artisanat et du Commerce) s’inscrivent dans les actions de restructuration économique et de développement local prévues aux contrats de plan Etat-‐Région qui fixent les montants de subvention.
Elles ont pour but d'aider les artisans et les commerçants à moderniser leurs outils de production et à développer des actions collectives dans un petit bassin d'emploi (communes de 30 000 habitants au plus).
Les entreprises situées dans un périmètre ORAC peut être subventionnées pour :
-‐ Les travaux de réhabilitation et de remise en état des locaux d'activités, rénovation de façades, modernisation de l'outil de production à l'exception du simple renouvellement,
-‐ Les travaux de construction, s'ils sont attenants aux locaux existants.
Le financement de ces aides directes aux entreprises est assuré, soit par l'Etat et les collectivités territoriales, soit par les fonds européens en zone éligible (FEDER).
5 . 6 . L E F R I S -‐ F O ND R É G I ONA L D’INVESTISSEMENT SOLIDAIRE
Le FRIS est un Fonds Régional d'Investissement Solidaire dont l'objectif est de renforcer les fonds propres des entreprises solidaires :
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entreprises créant des emplois pour des personnes en situation de précarité et entreprises et associations d'utilité sociale porteuses d'activité économique et d'emplois.
Le FRIS soutient les entreprises par un apport en prêt participatif.
Les interventions du FRIS favorisent d'autres concours financiers, en particulier bancaires.
Ce fonds intervient principalement :
-‐ en prêt participatif,
-‐ en compte courant d'associé. Pour ce faire, elle détient au moins 5% du capital de l'entreprise.
Le montant :
L'intervention du FRIS est de 5 000 € minimum et ne dépasse pas 60 000 €.
La durée
Les concours financiers du FRIS sont apportés pour une durée maximale de 5 ans, pouvant être porté à 7 ans en cas de financement d'investissement amortissable sur cette durée.
Le taux de rémunération du prêt participatif est de 2 % par an. Il est assorti d'un différé d'amortissement de 2 ans.
Conditions de mise en œuvre :
Cet apport est dest iné à financer les investissements et/ou le besoin en fonds de rou lement l iés au déve loppement de l'entreprise, à l'exception de tout frais de fonctionnement et/ou couverture de pertes d'exploitation passées ou futures.
La procédure ?
Le dépôt d’un dossier se fait soit auprès d’un Fonds territorial du réseau France Active ou directement auprès de France Active en l’absence de Fonds territorial) ;
Puis le Fonds Territorial apporte son expertise et un accompagnement financier. Suite à quoi, une décision du Comité des Engagements est prise. Dans le cas où l’accord est déclenché, la mise en place du financement est activée et un suivi de l’entreprise bénéficiaire est prévu. 23
I l ex iste b ien d ’autres financements , subventions et aides disponibles en la matière. Cette liste donnée ici a pour principal objectif d’éclairer sur les accompagnements et les disposit ifs qui permettent d’aider au développement économique et social d’un territoire, et ce principalement, pour les entreprises relevant de l’entrepreneuriat social et solidaire.
Bien d’autres fonds ou initiatives viennent compléter ce panorama, et certains sont très spécifiques aux Régions. Sur chaque site des conseils régionaux est détaillé ces différentes aides et certains ont souhaité apporter leur « pierre à l’édifice » et en ont fait des priorités de développement.
N’hésitez donc pas à consulter les sites des administrations locales telles que le Conseil Régional certes, la CCI locale, la Chambre des métiers et de l’artisanat mais aussi les aides et formations proposées par Pôle Emploi aux demandeurs d ’emplo i qu i souha i tent développer leur propre activité ou se reconvert i r, les Miss ions locales , les Associations locales et les réseaux de proximité.
http://www.franceactive.org/default.asp?id=132 23
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
Nous avons passé en revue, dans ce livre blanc, un retour des meilleures pratiques en matière de services de proximité, services qui permettent de passer d’une proximité isolée (où la personne doit elle même trouver la solution et se « débrouiller ») à une proximité collective qui, comme son nom l’indique et grâce aux apports de tous (initiatives personnes, publiques et privées), ouvre un champs des possibles bien plus large et un bouquet de services plus conséquent et accessible à tous.
Ces nouvelles perspectives de vie sont devenues davantage réalisable depuis que l’Economie Sociale et Solidaire est cadrée et que de nouveaux modèles voient le jour quotidiennement. Malgré tout, cette ville « idéale » n’existe pas encore, ou à de rares exceptions. Les territoires, et principalement ceux isolés ou ruraux, sont confrontés à des problématiques difficiles à gérer : une population vieillissante et éloignée des centres villes, des services de proximité qui ferment, des acteurs publics et privés qui souhaitent mutualiser les coûts et proposer leurs services dans la « grande ville » aux environs et un besoin sans cesse de rester attractifs et développer l’emploi alors même que leurs budgets de fonctionnement ne cessent de diminuer.
Comment peuvent-‐ils combiner services et manque de financement, emploi et faible connexion haut débit ou fermeture des usines / industries, commerces sans mobilité?
Sans résoudre l’ensemble de ces problèmes (qui le pourrait?), Grand Large Conseils travaille depuis plusieurs mois sur un modèle économique et une méthodologie qui apporte, à son échelle, une première série de réponses.
Nous avons donc souhaité, dans cette dernière partie, développer notre réflexion et vous apporter un début de réponses pour passer à une proximité collective, réalisable et de qualité.
VI- La méthodologie selon GLC
Grand Large Conseils, cabinet de conseil et d’innovation opérationnelle, mène depuis plusieurs années des projets de grande envergure auprès des acteurs privés comme publics.
Fort de partenaires dans des domaines de compétences divers, Grand Large Conseils a développé un projet reprenant l’ensemble des services cités dans ce livre blanc. La méthodologie imaginée dans le cadre de ce projet est expliquée dans le paragraphe qui suit…
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
a. Cartographie des parties prenantes et analyse des besoins : pour cela, la constitution d’un living lab pour mieux détecter les attentes et les besoins de chaque partenaire du projet et co-‐construire avec les citoyens la réponse adaptée
b. Expérimentat ion: quest ionnement systématique des parties prenantes pour ident ifier et c lasser leurs beso ins , cartographier leurs interact ions en choisissant un certain nombre d’entre eux en vue de réaliser une première ébauche de maquette.
c. Évaluation : Collecte du feed back des intervenants concernant les résultats de l'analyse, mise en œuvre de corrections possibles et attribution d’un " indice de confiance " sur les résultats, afin de choisir les recommandations finales pour la mise en place opérationnelle du projet
d. Développement
e. Évaluation : reporting à 6 mois et 1 an pour recueillir les premiers résultats, les premiers effets positifs comme négatifs obtenus et la
réalisation d’une enquête auprès des usagers. Recadrage au besoin.
f. Déploiement : Déploiement à petite échelle sur des sites pilotes, afin d'affiner les procédures de déploiement , résoudre les lacunes et mettre en œuvre des stratégies de secours en cas d'échec de la solution, y compris les mesures de protections financières et juridiques pour toutes les parties prenantes.
Puis à grande échelle, le déploiement progressif de la solution et un réglage fin de tous les paramètres afin de maximiser l'impact, avec des approches spécifiques sur un site pilote si nécessaire.
Évaluation (dite « écologique ») : Collecte des commentaires des utilisateurs et de données objectives (approches dites " Big Data ") sur le fonctionnement, l'utilisation et l'impact de la so lut ion afin d 'éva luer l e re tour sur investissement.
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ETAPE OUTIL OBJECTIF
Recenser l’offre Identifier les pratiques Faire remonter les besoins
ENQUÊTELIVING LAB
Co-construire une offre adaptée aux attentes et besoins des citoyens
Recenser l'existant
ETUDE, ANALYSE, PARTENARIATS LOCAUX
Avant de construire, il est essentiel de s’appuyer sur l’existant pour ne pas refaire mais capitaliser et mutualiser
Identifier les pratiques et hiérarchiser
VISITE TERRAIN + PARTENAIRES LOCAUX
Comprendre l’usage des services et des pratiques actuels
Construire l’offre de services adaptée
TABLEAU DE CRITÈRES
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L’exemple du projet d’expérimentation mené sur le territoire de la Communauté de Communes Asse Bléone Verdon (04) -‐ Le projet SIMPLIFIONS
Accompagner le vieillissement des populations vivant dans la ruralité, en ville en habitat individuel ou en logement social et intermédiaire, sécuriser leur santé notamment dans les épisodes de décompensations de maladies chroniques ou de chutes, créer des emplois dans le cadre du maintien à domicile, de l’aménagement du logement, de la mise en place et de la maintenance des dispositifs de domotique, d’objets connectés et de e-‐santé.
Pour les promoteurs du projet, la mise en place de services dans le cadre d’un habitat aménagé, c’est disposer d’équipements évolutifs adaptés au grand âge, associer un bouquet de services ainsi qu’un cadre de vie propice au bien vieillir, recréer du lien social via des espaces collectifs favorisant les contacts entre résidents, développer des réseaux de voisinage, privilégier les implantations en centre-‐ville avec un accès facilité aux transports et aux commerces de proximité, garantir la sécurité en renforçant les équipements sécurisants et en proposant une conciergerie et / ou un personnel joignable 24h/24.
Avec ce projet, la Communauté de Communes Asse Bléone Verdon (dont fait partie la ville de Digne les Bains) inaugure, avec le concours d’un consortium de partenaires dont Grand Large Conseils, un nouveau mode d’organisation des services de la Silver Economie.
SIMPLIFIONS propose une organisation différente de celle des Assisteurs en couplant une plateforme de gestion medico sociale (gérée par Santé Service Assistance) avec un « gestionnaire de patient » salarié par bassin de vie en charge de la sélection, de la formation et de l’organisation de services locaux de prestations assurant le maintien à domicile. Un tel dispositif répond aux enjeux du maintien à domicile : surveillance des personnes âgées, sécurisation des sorties d’hospitalisation, animation des réseaux de prestataires (commerce, mobilité, etc.)
SIMPLIFIONS c’est la création d’une offre de proximité relayée et sécurisée en permettant de :
a. proposer un logement adapté en proposant d e s é q u i p e m e n t s a d a p t é s a u v i e i l l i s s e m e n t ( d o m o t i q u e ) , e n partenariat avec un ba i l l eu r soc i a l ( en l’occurence H2P, INRIA et Eco CO2)
b. associer au logement f o n c t i o n n e l , u n bouquet de services flexibles et évolutifs ainsi qu’un cadre de vie propice au bien vieillir
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
(Grand Large Conseils)
c. recréer du lien social en mettant à disposition des résidents des espaces collectifs favorisant les contacts
d. développer des réseaux sociaux (réseaux des voisins) permettant aux résidents de rester en contact avec leur famille et leurs amis
e. se rapprocher des commerces et des services de proximité en privilégiant les implantations en centre ville, avec un accès facilité aux transports, aux commerces de proximité
f. Garantir la sécurité en renforçant les équipements sécurisés, en proposant une conciergerie et / ou un personnel joignable 24h/24.
Pour ce dernier point, Santé Service et Grand Large Conseils sont à l’origine de programmes de formation spécifiques dédiés à la professionnalisation de ces 2 profils métier de proximité.
Le citoyen est au centre des préoccupations de l’ensemble des acteurs impliqués dans et autour du projet SIMPLIFIONS et ancré dans un territoire donné.
Par ailleurs, et non des moindres, SIMPLIFIONS présente un potentiel de création et de maintien d’activités et représente donc une opportunité pour l’économie du territoire et du développement de l’ESS.
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La méthodologie proposée
Le projet SIMPLIFIONS se décompose en 3 grandes phases, quel que soit le territoire; seule la durée de chaque étape peut varier selon la taille de la commune (pour informations, la Communauté de Communes Asse Bléone Verdon, située au coeur de la Région PACA et du département des Alpes de Haute Provence est un territoire rural composé de 17 villes et compte 24 626 habitants, dont 19 000 sont concentrés sur la seule ville de Digne les Bains).
La 1ère phase est une phase de faisabilité ou phase LIVING LAB (cf. page 10) : étude sur la cartographie des services existants, du profil type seniors et des dispositifs de domotique envisagés pour l’équipement des logements.
La 2ème phase est une phase d’analyse des conditions d’exploitation qui a pour objet de construire des dispositifs innovants destinés à proposer aux personnes âgées une meilleure qualité de vie répondant à leurs besoins et attentes. Dans cette phase, un show room (cf. page 26, pop’up stores) présentant l’appartement témoin idéal et la mise en place de la conciergerie sont prévus. Une nouvelle filière médico sociale verra également le jour. Les livrables de cette phase sont la mise à disposition
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
d’outils indispensables à la mise en oeuvre des 2 filières de création d’emplois domotique et ESS medico sociaux.
La 3ème phase et dernière phase a pour objectif de transférer le projet aux structures locales pour que le projet soit totalement pris en main localement.
Les partenaires de SIMPLIFIONS
Sont présents autour de ce projet :
-‐ Santé Service Assistance
-‐ Grand Large Conseils
-‐ INRIA (pour la domotique)
-‐ Eco CO2 (aménagement énergétique)
-‐ H2P (bailleur social des Alpes de Haute Provence)
-‐ La ville de Digne les Bains
-‐ La communauté de communes Asse Bléone Verdon
-‐ L’Université de Digne les Bains
-‐ Le CCAS
-‐ La Chambre des métiers et de l’artisanat
-‐ JC Conseils
Objectifs attendus de ce projet
SIMPLIFIONS c’est :
• Améliorer le bien vivre des citoyens
• Comprendre et améliorer le Reste à charge (RAC) des citoyens
• Accompagner et sensibiliser les seniors à l’habitat aménagé évolutif et comprendre les avantages de la domotique à domicile
• Développer l’économie d’un territoire autour de la Silver Economie, en faisant intervenir les acteurs existants et créer de nouveaux emplois
• Permettre aux seniors, même en cas de maladies chroniques, de vivre à domicile avec un bouquet de services dédiés (plutôt que de rester en établissement spécialisé)
• Créer de nouveaux métiers (concierge et gestionnaire de patients), métiers de proximité
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
• Créer une synergie entre acteurs impliqués dans le projet en mutualisant les coûts et les moyens humains et matériels
• Favoriser le lien social avec la constitution de réseaux des voisins
• Proposer une offre qui facilite la vie des seniors et aussi de leurs aidants familiaux
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JUIN 2015 D'UNE PROXIMITÉ ISOLÉE À COLLECTIVE
Conclusion
Ce livre blanc, fruit d’un travail mené depuis plusieurs mois, avait pour objectif de faire un tour d’horizon sur les services existants ou qui pouvaient exister à proximité des citoyens, et ce, principalement dans les communes péri urbaines et rurales.
Initialement prévu comme un catalogue, ce livre est devenu une base pour nos réflexions et a été à l’origine d’une veille importante qui nous a permis de tomber sur un appel à projet de la Caisse des Dépôts et Consignations, appel à projet sur le financement de l’Economie Sociale et Solidaire ayant pour thématique, entre autres, la revitalisation des territoires ruraux.
3 mois nous ont alors été nécessaires pour monter une offre combinant le savoir-‐faire de Grand Large Conseils associé à l’Association Santé Service, spécialisée dans la téléassistance et le suivi médico social. 3 mois pour rencontrer plusieurs acteurs complémentaires tels que INRIA, Eco CO2 mais également H2P, bailleur social en Alpes de Haute Provence et l’implication du territoire local.
Nous avons pu alors expérimenter un certain nombre d’idées qui sont présentées ici, à l’image du living lab qui est au coeur de notre dispositif, tout comme la conciergerie citoyens et le show room éphémère. D’autres projets viendront au fur et à mesure de l’avancée du projet : c’est le cas des solutions de mobilité tels que le co-‐voiturage, ou de l’auto partage qui seront des services proposés au sein de la conciergerie et / ou par le réseau des voisins.
Ce livre blanc a aussi été à l’origine d’une nouvelle forme de promotion de l’ensemble de ces services; en effet, nous nous sommes rendus compte que d’une proximité isolée dans laquelle se retrouvent bon nombre de citoyens en communes rurales, ces services ou solutions permettaient de passer à une proximité collective. C’est inévitablement la réelle conclusion à retenir des informations communiquées ici : lorsqu’on parle d’économie sociale et solidaire, d’économie collaborative ou même de propositions participatives, la réelle valeur ajoutée de toutes ces « nouvelles terminologies » repose bien sur le collectif… dans une société où l’individualisme et l’urbanisation poussent à l’isolement d’une partie de la population, la proximité collective devient l’eldorado pour tous.
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Ce livre blanc a été écrit par Alexandra OGUS, Consultante Senior pour Grand Large Conseils
Tags : accompagnement auprès des collectivités, développement économique, attractivité du territoire, plateforme d’intermédiation, Silver Economie, EPN - Cyber-bases, réseaux sociaux pro fess ionne l s , enquêtes e t sondages , modélisation de processus, recherche de partenaires, attentes et besoins cibles, citoyens,
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Auteur du blog : Rexent, media social de proximité http://rexent.typepad.com/, du livre blanc sur « les tiers lieux : relais de proximité pour tous les citoyens » (+ de 16 000 vues Slideshare) et « Services dédiés aux entreprises innovantes » (+ de 4000 vues Slideshare).
Twitter : @alexogus
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