PATRIMOINE DES ENDUITS AU PLATRED’ILE-DE-FRANCE

COMMENT NOUS AIDER ? ET NOUS CONTACTER

Le plâtre est un matériau résultant de la cuisson du gypse à une température

d’environ 130°C. La poudre obtenue est gâchée dans de l’eau et appliquée à la truelle sur la façade. Cette facilité d’utilisation et la proximité des gisements de gypse dans le bassin parisien (Montmartre, Belleville...) en fait un matériau utilisé dès l’Antiquité.

Ce n’est qu’à partir du XIIIe siècle que le plâtre est utilisé comme enduit en substitution du torchis sur clayonnages. Utilisé comme mortier, enduit intérieur ou extérieur, il est prisé pour sa rapidité à prendre, sa malléabilité qui permet l’ornementation et sa résistance au feu. En 1667, Louis XIV rend son emploi obligatoire

dans Paris de manière à éviter le terrible incendie de 1666 qui ravagea Londres. Au XVIIe et XVIIIe siècles, Paris devient ainsi une ville «blanche» dont la totalité de l’habitat

populaire et les trois quarts des hôtels particuliers sont enduits au plâtre. L’ i ndus t r i a l i s a t i on progressive des étapes de fabrication à partir du XIXe siècle et au début du XXe siècle va permettre une plus grande production qui répond à l’urbanisation galopante de la ville. Cependant, l’évolution du BTP entre les deux guerres va entraîner un désamour de ce matériau «sale» qui

s’allie mal avec le béton. Les témoins de ce passé blanc se trouvent encore dans les façades du patrimoine francilien...

COMMENT PROTÉGER CE PATRIMOINE, MARQUEUR IDENTITAIRE DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE ?

PETITE HISTOIRE DU PLÂTRENous sommes à la recherche de façades d’édifices présentant un enduit au plâtre ancien. Nous avons besoin de votre aide pour trouver ces façades et y accéder. Si une façade vous semble

pertinente au regard des critères ci-dessous, envoyez-nous une photo (si possible), une adresse, et une personne-contact (architecte chargé du chantier, chef de chantier, agent des services de l’État...) qui puisse nous aider à organiser une visite de site.

CRITÈRES DE CHOIXLa façade doit répondre à un certain nombre de critères :- elle doit ne jamais avoir été ravalée- l’enduit de façade doit dater d’entre 1600 et 1945- un chantier doit être en cours ou en projet en 2015-2016- elle doit se trouver en Île-de-France

De manière générale, les façades les moins ravalées sont les édifices reculés des centre-villes, les façades sur cour intérieure, les façades sur ruelle, les porches traversants, les édifices en cœur d’îlot.Le plâtre recherché peut être blanc, badigeonné, teinté (rouge, ocre, gris, rose...), peint ou feindre des briques.Tous types d’édifices sont concernés : immeuble, maison, ferme, hôtel, moulin, église...Tous les supports structurels sont envisagés (moellons, briques, pans de bois).

LE CHANTIER IDÉAL- le chantier vient de s’ouvrir et l’on dispose de plusieurs mois devant soi- les enduits ne sont pas encore piochés mais le seront- la façade est accessible par un échafaudage- l’édifice est suivi par un Architecte du Patrimoine, un Architecte-en-chef ou les Services du Patrimoine- on bénéficie d’un historique du bâtiment

CONTACTEZ-NOUS- envoyez un e-mail à : tiffanie.ledantec@culture.gouv.fr et jean.ducasse-lapeyrusse@culture.gouv.fr - avec en copie : veronique.verges-belmin@culture.gouv.fr- et en objet : CPP_plâtre

LANCEMENT DU PROGRAMME DE RECHERCHE SUR LES ENDUITS AU PLATRE D’ILE-DE-FRANCE

QUI SOMMES-NOUS ? Deux programmes de recherche démarrent sur le sujet des enduits au plâtre d’Île-de-France de 2015 à 2017 :

- Un programme de recherche de 3 ans, initié par le LRMH (Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques) et le Cercle des Partenaires du Patrimoine, mené par un ingénieur de recherche : Jean Ducasse-Lapeyrusse.

- Une thèse d’architecture sur le sujet des façades en plâtre, dans le cadre de l’UVSQ, de l’Ecole d’Architecture de Versailles, avec le soutien du LRMH et financée par le LabEx PATRIMA, menée par une architecte du patrimoine : Tiffanie Le Dantec.

QUELS SONT NOS OBJECTIFS ? La première étape est de constituer un corpus cohérent de façades ayant encore un enduit ancien. Ensuite, plusieurs objectifs se déclinent :

- Comment identifier, conserver et restaurer un matériau encore performant qui témoigne d’un savoir-faire francilien ?

- Le cas échéant, avec quel matériau peut-on nettoyer, consolider, ragréer et protéger voire substituer l’enduit ancien ?

- Ce matériau peut-il répondre aux problématiques contemporaines de la compatibilité entre les matériaux, de l’économie d’un chantier, de la formulation d’un matériau par l’industrie, de l’isolation thermique...?

COMMENT RECONNAÎTRE UN ENDUIT ANCIEN ? Un enduit ancien est un revêtement en plâtre appliqué avant la Seconde Guerre Mondiale. Il est très difficile de dater un enduit mais quelques indices peuvent vous aider :

- la croûte noire en surface : l’enduit a traversé en partie la Révolution Industrielle- la façade a été peinte, le revêtement épais se décolle et on voit le plâtre en-dessous : l’édifice a échappé à une restauration récente- la modénature en façade est riche et intacte : l’édifice a échappé aux rabottages des restaurations des années 50-60 Avertissez-nous si une façade répond à ces critères !

PROTOCOLE DE CAROTTAGE Une ou plusieurs visites du chantier seront organisées avec les différents acteurs du LRMH. La façade sera documentée par des photos et les endroits intéressants à prélever seront repérés en fonction de l’histoire de la façade et de l’avis des professionnels impliqués. Il s’agit ensuite de faire un prélèvement dans la façade en plâtre. Ces carottes sont de formes rondes ou carrées, de 10cm de côté et partent de la surface de l’enduit jusqu’au support (maçonnerie ou pans de bois).

La carotte part ensuite au laboratoire pour faire :- des caractérisations stratigraphiques, minéralogiques, chimiques, quantitatives....- des caractérisations physiques : porosité...- des caractérisations de liants, de pigments...

UN PATRIMOINE À MIEUX CONNAÎTRE ET À PRÉSERVER

Les enduits au plâtre avant 1850 étaient très résistants, les contemporains témoignent d’une finition qu’on ne pouvait rayer à l’ongle et d’un matériau qu’on faisait sonner à coups de truelle.

Les façades ont parfois résisté plusieurs siècles. Le plâtre fabriqué de nos jours n’est plus adapté pour des façades extérieures sujettes aux intempéries.Pourquoi continuer à ôter des façades un matériau résistant sans mieux le connaitre ?