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Groupe ESC CLERMONT Année d’étude 2009-2010 Mémoire de fin d’études Comment l’essor des Marques de Distributeurs influence t’il le Category- Management ? Auteur : Olivier HY Tuteur école : M. Carlos SANCHEZ Tuteurs Entreprise : Melles Lorraine FRIGNET DES PREAUX et Virginie BARCELO

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Groupe ESC CLERMONT Année d’étude 2009-2010

Mémoire de fin d’études

Comment l’essor des Marques de Distributeurs influence t’il le Category-

Management ?

Auteur : Olivier HY

Tuteur école : M. Carlos SANCHEZ Tuteurs Entreprise : Melles Lorraine FRIGNET DES PREAUX

et Virginie BARCELO

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SOMMAIRE

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SOMMAIRE .................................................................................................................................. 3

INTRODUCTION............................................................................................................................ 6

PARTIE I : DU RAPPORT DE FORCE A LA COLLABORATION DANS LA RELATIONS INDUSTRIELS /

DISTRIBUTEURS............................................................................................................................ 8

CHAPITRE 1 : MALGRE LES ENJEUX DE POUVOIR, UNE EVOLUTION VERS UNE SYNERGIE

INDUSTRIEL/DISTRIBUTEUR. ......................................................................................................... 8

I. LA FIN DU MODELE LATIN : UN MODELE DE DISTRIBUTION REMIS EN CAUSE. .............................................. 8 II. L’ABOUTISSEMENT A UNE COLLABORATION INDUSTRIELS/DISTRIBUTEURS. ............................................ 10 A) AVANT 1950 : UNE RELATION PARITAIRE................................................................................................... 10 B) ANNEES 1950-1960 : L’ERE DES INDUSTRIELS............................................................................................ 10 C) PERIODE 1960-1975 : LA NAISSANCE D’UNE COLLABORATION ..................................................................... 11 D) PERIODE 1975-1990 : L'ERE DES DISTRIBUTEURS....................................................................................... 11 E) ANNEES 1990 : UN PARTENARIAT INDUSTRIELS/DISTRIBUTEURS .................................................................... 11 III. LA RELATION INDUSTRIELS/DISTRIBUTEURS DEVIENT CONFLICTUELLE: DES ENJEUX DE POUVOIR, DE

DEPENDANCE, ET DES RAPPORTS DE FORCE. ........................................................................................... 12 A) LE POUVOIR EST’ IL LA GRANDE FORCE DES DISTRIBUTEURS ?......................................................................... 12 B) LA DEPENDANCE, UNE CONSEQUENCE DU POUVOIR ..................................................................................... 14 C) LE CONFLIT, RESULTANTE DE L’INTERDEPENDANCE ET D’UNE RESISTANCE AU POUVOIR....................................... 15

CHAPITRE 2 : UNE COLLABORATION INDUSTRIEL-DISTRIBUTEUR MISE EN PLACE AUTOUR D’UNE

CATEGORIE................................................................................................................................. 17

I. UNE PRISE DE CONSCIENCE PROGRESSIVE DANS LA COLLABORATION ............................................................. 17 II. COLLABORATION, COOPERATION, PARTENARIAT : DES DEFINITIONS SEMBLABLES ........................................... 18 III. LE CATEGORY-MANAGEMENT : LA MISE EN PLACE D’UNE COLLABORATION ................................................. 19

PARTIE II: L’IMPACT DE L’ESSOR DES MARQUES DE DISTRIBUTEURS SUR LE CATEGORY-

MANAGEMENT........................................................................................................................... 24

CHAPITRE 1. LES MARQUES DE DISTRIBUTEURS : UN FRANC-SUCCES ........................................... 25

I. PRESENTATION DES MARQUES DE DISTRIBUTEURS............................................................................. 25 A) DEFINITION DES MARQUES DE DISTRIBUTEURS......................................................................................... 25 II. L’EVOLUTION DES MARQUES DE DISTRIBUTEURS .............................................................................. 26 A) CREATION ET EVOLUTION DES MARQUES DE DISTRIBUTEURS ...................................................................... 26 B) TENDANCES DE DEVELOPPEMENT DES MDD ........................................................................................... 27 C) UN TAUX DE PENETRATION DES MDD QUI RESULTE DE DEUX TENDANCES. ................................................... 28 III. LES MDD : DES DIFFERENCES DE PERFORMANCES SELON LE CONTEXTE ................................................. 29 A) DES PERFORMANCES DIVERSES SELON LA CATEGORIE DE PRODUITS ............................................................. 29 B) DES DIFFERENCES DE STRATEGIES DE MDD SELON LES ENSEIGNES............................................................... 30

CHAPITRE 2 : L’IMPACT DES MDD SUR LES MARQUES NATIONALES, ET SUR LE CATEGORY-

MANAGEMENT........................................................................................................................... 32

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I. LA MARQUE DE DISTRIBUTEUR, UNE OPPORTUNITE STRATEGIQUE ? OU UNE COLLABORATION SUBIE ?........... 32 A) UNE OPPORTUNITE STRATEGIQUE. . . .................................................................................................... 32 B) UNE COLLABORATION SUBIE................................................................................................................. 34 I. UN NOUVEAU TYPE DE RELATION INDUSTRIEL/DISTRIBUTEUR : LA CONCURRENCE FRONTALE ....................... 35 II. LES DIFFICULTES DE CATEGORY-MANAGEMENT DUES AUX MDD ......................................................... 37 III. UN NOUVEAU TYPE DE PARTENARIAT CAUSE PAR UN NOUVEL INTERVENANT.......................................... 40

CONCLUSION.............................................................................................................................. 45

SYNTHESE .................................................................................................................................. 49

BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................................................... 51

ARTICLES ACADEMIQUES ............................................................................................................ 52 ARTICLES CITES........................................................................................................................... 53 REVUES PROFESIONNELLES......................................................................................................... 55 OUVRAGES................................................................................................................................. 55

ANNEXES.................................................................................................................................... 56

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Introduction 19 Juin 2008, la LME est votée. Qu’est ce que la LME ? C’est la Loi de Modernisation de l’Economie mise en place par Christine Lagarde, ministre de l’économie, pour « libérer nos potentiels, redonner l’envie d’entreprendre, défendre le pouvoir d’achat » à travers la suppression des pratiques discriminatoires de ventes par exemples. Cette loi, qui traite des relations commerciales entre industriels et distributeurs, inquiète les deux intervenants de la grande distribution qui craignent une augmentation des tensions dans les négociations futures. Cette tension est mauvaise pour les deux protagonistes, en effet leur relation de négociation est basée sur le Category-Management, qui sous entend une relation de partenariat à long terme, relation mise en danger par cette nouvelle loi. Longtemps les relations industriels / distributeurs ont été considérées comme déséquilibrées et jouant sur les notions de pouvoirs, dépendance et conflit. Les recherches les plus actuelles parlent de relations orientées vers la collaboration (Manzano, 1997), de confiance (Lepers, 2005) et de coopération (Benoun et Helies-Hassis, 2004). Mais cette relation industriel/distributeur est en évolution, et ce tout particulièrement depuis l’essor des MDD (Marques De Distributeurs). Un nouveau rapport de force a été créé. Au cours de mon stage de fin d’études au sein d’Unilever, une des principales entreprises sur le marché de l’Agro-alimentaire mondial, j’ai énormément ressenti cette pression qu’exercent les MDD sur les grandes marques proposées par Unilever. Et en parlant avec des personnes d’expériences de l’entreprise je me suis rendu compte que c’était un grand changement pour eux et que la donne était en train d’être changée. Ainsi j’ai décidé d’axer mon mémoire sur la problématique : Comment l’essor des MDD influence t’il le Category-Management ? Notre recherche s’inscrira donc d’abord dans un cadre théorique afin de préciser le cadre du mémoire, l’environnement et le sujet de la problématique : la MDD et le Category-Management. Ensuite, et toujours en nous appuyant sur des concepts et théorie, nous chercherons à analyser l’impact des MDD sur le rapport de force entre les deux acteurs. L’évolution de la concurrence entre les deux protagonistes de la grande distribution lors d’une démarche de collaboration sera donc la base de notre mémoire, à cela devant s’ajouter la notion de marque de distributeur. Le plan que nous suivrons sera donc le suivant : dans la première partie nous évoquerons la dualité des relations industriels / distributeurs, puis nous expliquerons les différentes évolutions suivis par les protagonistes, ainsi que celles de leurs relations. Ensuite nous étudierons les jeux de pouvoirs entre les distributeurs et les industriels, ainsi que les notions de dépendance, et de conflit. Cela nous amènera sur la mise en place progressive d’un partenariat entre les deux acteurs, et le développement du Category-Management, ses principes, et son aspect central dans les relations distributeur / industriel.

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La seconde partie sera axée sur les MDD, et leur évolution. Ce qui nous permettra de mettre en parallèle leur évolution avec celle du Category-Management. Nous constaterons ensuite les problèmes engendrés par ces deux évolutions frontales, mais liées, et nous définirons les nouvelles évolutions de la gestion des catégories. Nous conclurons ensuite en proposant une réponse à notre problématique, mais surtout nous nous efforcerons de proposer des pistes de réflexion et des perspectives d’évolutions des relations industriel/distributeur.

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PARTIE I : Du rapport de force à la collaboration dans la relations industriels /

distributeurs.

Dans le but d’étayer notre discussion autour de l’impact de l’essor des MDD dans la relation

industriels/distributeurs, il est avant tout nécessaire de définir la nature et l’évolution des

relations qu’ils entretiennent.

Nous présenterons dans un premier temps la remise en cause du modèle de distribution latin

puis nous poursuivrons sur l’évolution des relations entre industriels et distributeurs.

Chapitre 1 : Malgré les enjeux de pouvoir, une évolution vers une synergie

Industriel/Distributeur. I. La fin du modèle latin : Un modèle de distributi on

remis en cause.

Afin de mieux cerner le climat dans lequel se déroulent les relations industriels/distributeurs,

il convient premièrement de revenir sur l’évolution du modèle français de la grande

distribution qui a connu de profonds bouleversements au cours de ces dernières années.

Ducrocq expliquait en 2002 que la grande distribution a connu des changements radicaux

depuis les années 80. Le modèle traditionnel latin de la grande distribution (cf. ANNEXE 1)

est aujourd’hui lourdement remis en question étant donné les défaillances qu’il soulève. La

grande distribution française s’est construite sur un modèle latin, c'est-à-dire sur une

domination des grandes surfaces, toutes établies sur le même format. Cette formule de

distribution a été fortement exportée et déclinée à l’international à une époque où les capitaux

étaient principalement familiaux. Aujourd’hui, le modèle de distribution évolue vers un

modèle anglo-saxon : des moyennes surfaces de proximité, une croissance multi-format, une

distribution concentrée avec un capital ouvert mais aussi une politique marketing qui

s’améliore constamment en terme qualitatif.

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Le modèle de distribution a évolué pour faire face au ralentissement de la croissance sur le

marché français. Les enseignes françaises cherchent de nouvelles solutions pour fidéliser une

clientèle qui en plus d’une forte attention au niveau des prix, est également exigeante en

matière de qualité de services. Les enseignes cherchent donc à mettre en place des politiques

commerciales de différenciation, ainsi que des stratégies de concentration et de centralisation

de leurs moyens. Le but étant alors de détenir un réseau de magasins homogènes avec une

offre standardisée, pour réduire les coûts en jouant sur les volumes de l’enseigne et ainsi

profiter des économies d’échelle.

Actuellement, la grande distribution française est composée de 7 groupes : Carrefour,

Leclerc, Système U, Provera (Cora…), EMC (Casino…), Intermarché et Auchan ; et de 5

centrales d’achats : Carrefour, LUCIE (Centrale d'achat commune à Leclerc et Système U),

Opera (Centrale d’achat commune Provera et EMC), Intermarché et Auchan. C’est le groupe

Carrefour qui domine la grande distribution française, néanmoins, c’est l’enseigne E.Leclerc

qui à elle seule détient la part de marché la plus important derrière Carrefour, comme l’atteste

le tableau suivant :

ENSEIGNES PART DE MARCHE (en %)

Groupe CARREFOUR 26.0

Carrefour 14.4

Champion 7.6

Autres 4.0

Groupe E.LECLERC 16.0

Groupe EMC

DISTRIBUTION 13.1

Casino 10.5

Monoprix 2.6

Groupe INTERMARCHE 12.8

Groupe AUCHAN 12.4

Auchan 9.7

Atac 2.7

Groupe SYSTEME U 8.7

Groupe PROVERA FRANCE 4.2

Cora - Match 3.8

Autres 0.4

Source : NIELSEN 2008

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La grande distribution est donc en pleine évolution, comme l’atteste Michel-Edouard

Leclerc1: « La distribution vit à l’heure de la révolution permanente ». C’est dans ce contexte

très changeant que nous étudierons les relations entre industriels (point de vue forgée depuis

mon expérience chez Unilever) et distributeurs (les enseignes de la grande distribution).

II. L’aboutissement à une collaboration Industriels/Distributeurs.

Depuis les années 1950, le rapport de force industriels/distributeurs n’a cessé de s’inverser. Il

convient donc dans un premier temps d’analyser l’historique de ces relations afin de pouvoir

définir les enjeux actuels.

Benoun & Helies-Hassid (1995) déterminent 5 périodes dans les rapports

industriels/distributeurs :

A) Avant 1950 : Une relation paritaire.

A cette époque, la relation entre les deux acteurs était équilibrée. A cause de la disparité de

l’offre et de la demande, les entreprises n’avaient pas la taille et les moyens suffisants pour

avoir un quelconque pouvoir dans la grande distribution. Par ailleurs, les canaux de

distribution faisaient intervenir un grand nombre d’intermédiaires qui permettaient de réduire

et d’apaiser les conflits potentiels.

B) Années 1950-1960 : L’ère des industriels

Les années 1950’-60’ marquent la prédominance des industriels sur les canaux de

distribution. En effet, les distributeurs y sont perçus comme de simples intermédiaires

totalement neutres ; tandis que les industriels disposent d’un véritable pouvoir qu’ils

n’hésitent pas à exercer, leurs marques sont reconnues comme des références auprès des

shoppers (clients finaux). De plus, les industriels maitrisent les outils marketing et les

1 Citation tirée de la préface de DUCROCQ C., (2002), La Nouvelle Distribution, Dunod, 2ème édition.

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méthodes managériales qui font d’eux des acteurs modernes et respectés. Nous pouvons ainsi

citer à titre d’exemple, la réussite de The Coca-Cola company sur le marché français dans les

années 1950-1960. En effet, l’entreprise ne rencontre à l’époque aucune difficulté à implanter

ses produits dans les grandes surfaces.

C) Période 1960-1975 : La naissance d’une

collaboration

La période 1960-1975 se caractérise par l’amorce de plusieurs alliances. En effet, industriels

et distributeurs réalisent qu’un développement conjoint peut leurs permettrent de réaliser un

volume plus conséquent. Ils mettent donc en place des stratégies de collaboration, avec

notamment la mise en place de cellules ponctuelles.

D) Période 1975-1990 : L'ère des distributeurs

La période 1975-1990 coïncide avec la suprématie des distributeurs dans le rapport de force

industriels/distributeurs. En effet, ces derniers équilibrent les pouvoirs grâce au

développement de multiples formats (supermarchés, hypermarchés et autres). Le climat

devient alors davantage conflictuel puisque le secteur se concentre.

E) Années 1990 : Un partenariat

industriels/distributeurs

En revanche, les années 1990 marquent le début d’une véritable coopération entre les

industriels et les distributeurs. Cette collaboration cherche à instaurer un nouvel équilibre et à

freiner le phénomène de concurrence verticale entre les deux acteurs de la grande distribution.

C’est dans ce contexte qu’apparaît de nouveaux concepts tels que le Category-Management,

que nous définirons plus loin dans ce mémoire, ou encore le trade marketing 2

Ainsi, force est de constater que la dualité entre industriels et distributeurs s’est profondément

transformée, en raison notamment de l’évolution de la grande distribution. En effet, la 2« Ensemble des actions de promotion conçues par le producteur avec l'appui et le soutien logistique du distributeur ». (Sources : apec.fr).

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concentration des achats et de la distribution a largement joué en faveur des distributeurs et

les centrales d’achats, propres à une ou plusieurs enseignes, cherchent à obtenir de meilleures

conditions d’achat auprès des fournisseurs. De plus, les volumes d’achat sont colossaux ce qui

leurs concèdent un avantage certain dans la négociation. C’est ainsi que les relations

industriels / distributeurs se sont d’avantage construites autour d’un rapport de force dans la

négociation des tarifs et des conditions commerciales, notamment avec la guerre des prix et la

course aux promotions actuelles.

III. La relation industriels/distributeurs devient conflictuelle: des enjeux de pouvoir, de dépendance , et des rapports de force.

Afin de mieux comprendre la nature de la relation industriel/distributeur, il est important de

faire le point sur les concepts suivants de conflit, pouvoir et dépendance. Concepts qui nous

suivront durant tout ce mémoire.

A) Le pouvoir est’ il la grande force des

distributeurs ?

En collaborant, industriels et distributeurs tentent de s’élever au dessus du rapport de force,

mais il apparaît qu’avant tout, ces deux acteurs sont soumis à une concurrence verticale dans

leur relation d’échange. La notion de pouvoir est donc centrale pour analyser les relations

industriels/distributeurs.

� Définition du pouvoir

Selon Dahl (1957), le pouvoir renvoie par nature à la capacité d’un individu ou d’une

institution « à obliger un autre agent à adopter un comportement que cet agent n’aurait pas

spontanément choisi ». Cette définition du pouvoir peut être complétée par Beier & Stern

(1969) qui précisent que « le pouvoir n’existe pas dans l’absolu, mais seulement lorsque il

s’exerce sur un autre individu ou une institution ».

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El-Ansary & Stern (1972) ont fait l’adaptation de cette définition du pouvoir à l’analyse des

canaux de distribution. Le pouvoir d’une institution du canal serait donc « sa capacité à

contrôler les variables de décision des stratégies marketing d’une autre institution intervenant

à un niveau différent du même canal. Pour que ce contrôle soit qualifié de pouvoir, il doit être

différent du contrôle initial que l’institution dominée avait sur sa propre stratégie. ».

Le pouvoir relatif entre industriels et distributeurs est aussi directement lié à l’attachement des

consommateurs aux produits ou aux magasins. Steiner (1985) illustre sa théorie avec

l’exemple suivant : si les consommateurs sont davantage disposés à changer de marques

plutôt que de changer de magasin pour trouver une marque, alors cela signifie que les

distributeurs dominent les industriels.

Dans le concret, nous pouvons citer des exemples constatés lors de mon expérience chez

Unilever démontrant l’emprise des distributeurs sur les industriels et leurs capacités à

négocier des services additionnels : La négociation de rabais supplémentaires au point de

parvenir à faire payer leurs publicités aux industriels (Les industriels payent pour être sur les

catalogues des distributeurs), mais aussi les mises en avant promotionnelles. Le rapport de

force est donc en faveur des distributeurs car ces derniers ont désormais accès à l’information

(Fulop, 1988).

Un exemple de cet accès récent des distributeurs à l’information est la technologie du

scanning en sortie de caisse, celle-ci indique toutes les données relatives aux mouvements des

produits dans la grande surface. Le fait de posséder et de maitriser l’accès à ces informations

essentielles pour l’analyse des données du marché réalisée par les industriels, renforce encore

la position de force en négociation des distributeurs envers les industriels.

Farris & Ailawadi (1992) soutiennent une thèse inverse à celle de Fulop (1988) en expliquant

que les industriels possèdent du pouvoir dans une certaine mesure. Ils affirment que le rapport

de force est clairement en faveur des distributeurs mais que le profit des distributeurs n’a pas

pour autant augmenté, tandis que celui des industriels oui. Ils s’appuient sur le taux de marge,

la rentabilité, pour affirmer cela. Les industriels possèderaient donc une forme relative de

pouvoir, de contrôle sur le canal de distribution. Les auteurs précisent tout de même que cela

ne concerne que les grands industriels et qu’au contraire les petits industriels voient leurs

profits baisser.

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� Les instruments de mesures du pouvoir

Il existe différentes manières de mesurer le pouvoir qu’exerce un individu sur un autre.

La première mesure du pouvoir se base sur les travaux de French & Raven (1959). Il est

possible de mesurer le pouvoir en fonction de la nature de ses sources (récompense, sanction,

valeur de référence, expertise, légitimité). La méthode consiste à recueillir les déclarations des

acteurs sur leur perception de chacune des sources, en utilisant des échelles de type Likert (cf.

annexe : dictionnaire des outils).

Butanay & Wortzel (1988) adoptent pour leur part une méthode différente dont le principe est

de lister les items utilisés pour mesurer le pouvoir. Pour chacun des items, les distributeurs

doivent indiquer leur niveau perçu d’autonomie ou de responsabilité par rapport au

fournisseur, pour évaluer le niveau relatif de pouvoir.

Par exemple : J’ai quasiment la responsabilité complète ; J’ai plus de responsabilité que le

fournisseur ; Le fournisseur et moi avons autant de responsabilités ; Le fournisseur a plus de

responsabilités que moi ; Le fournisseur en a quasiment toute la responsabilité

Dans la grande distribution, le pouvoir peut être reflété au travers des éléments suivants : les

objectifs de vente, le choix des stratégies et des politiques de vente ou encore obtenir

l’exclusivité de la distribution. Un acteur qui a du pouvoir pourra être un distributeur qui

choisit de ne pas référencer une grande marque dans sa centrale ou un distributeur qui utilise

de son poids pour faire jouer les négociations en sa faveur.

B) La dépendance, une conséquence du pouvoir

Colla (2004) nous donne comme spécificité de la grande distribution réside le fait qu’un

distributeur est en position de pouvoir refuser à un industriel l’accès au linéaire. Or, il est

évident que l’accès au linéaire de vente est déterminant lorsque l’on sait que « la grande

distribution absorbe une grosse partie des ventes des industriels et qu’il n’y a pas de circuit

alternatif ».

El-Ansary & Stern (1972) expliquent que dans une relation le pouvoir est l’opposé de la

dépendance. « Plus un membre est dépendant d’un autre membre, plus ce dernier a de pouvoir

sur le premier ».

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Ainsi la définition de Filser & al. (2001) de la notion de dépendance en fonction de l’intérêt

porté par un agent sur un autre : « La dépendance d’un agent A par rapport à un agent B est

directement proportionnelle à l’intérêt investi par A dans des objectifs nécessitant

l’intervention de B et inversement proportionnelle à la possibilité dont dispose A pour

atteindre ces objectifs en dehors de sa relation avec B » prend tout son sens dans le contexte

de la grande distribution.

En effet, pour un industriel le risque d’une démarche coopérative est de renforcer sa

dépendance vis-à-vis du distributeur. Un industriel qui, par exemple, ne commercialise ses

produits que dans une seule enseigne, est fortement soumis au risque de dépendance car il

risque de voir son pouvoir de négociation nettement diminuer (Dowlatshahi, 1999).

Par ailleurs, Dowlatshahi (1999) explique qu’avec la mise en place d’une récente

collaboration les acteurs sont d’autant plus interdépendants et que l’interdépendance

augmente proportionnellement à celle des zones d’interaction entre les activités de l’industriel

et du distributeur.

C) Le conflit, résultante de l’interdépendance et

d’une résistance au pouvoir

La notion de conflit résulte à la fois de la notion de pouvoir et de dépendance. Industriels et

distributeurs exercent une activité complémentaire, par conséquent cette interdépendance

génère des conflits d’intérêts. Ces conflits proviennent d’une relation concurrentielle sur le

partage des profits ou l’allocation des ressources. L’intensité du conflit est ainsi

principalement liée aux incompatibilités des objectifs ou encore à des perceptions divergentes

de la réalité. (Berges-Sennoun & Al. 2007).

Il existe plusieurs possibilités pour mesurer le niveau de conflit entre deux acteurs. Brown &

Day (1981) proposent de mesurer le conflit selon trois variables descriptives : la fréquence,

l’intensité du désaccord et l’importance des problèmes.

Ainsi, le conflit dans la grande distribution peut être déterminé comme la conséquence des

objectifs antagonistes de nos deux acteurs. Le conflit résulte donc de la combinaison des

sources de pouvoir et de dépendance. Aujourd’hui, la répartition du pouvoir dans la relation

d’échange est largement en faveur du distributeur, ceci du fait de la concentration du secteur

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et de la centralisation des achats. De la même manière, il est évident que nos deux acteurs sont

relativement dépendants l’un de l’autre. Les industriels sont fortement dépendants des

distributeurs en situation oligopolistique, les distributeurs, eux, ne peuvent être dépendant que

des industriels en mesure de proposer des marques renommées et prisées des consommateurs.

C’est ainsi que les PME industrielles ultra dépendante des distributeurs ont un rapport de

force défavorable. Cependant, cela ne signifie pas qu’il existe pour autant un conflit ouvert

entre les acteurs. Certes, leurs objectifs sont parfois antagonistes, seulement le conflit ne naît

que lorsqu’un des membres du canal résiste au pouvoir et au contrôle. (El-Ansary & al.1988).

Dowlatshahi (1999) nous explique que l’on est ainsi passé d’une logique de confrontation

(adversarial approach) à une logique de coopération (cooperative approach).

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Chapitre 2 : Une collaboration industriel-distributeur mise en place autour d’une

catégorie

Une large partie de la littérature sur les relations industriels/distributeurs aborde le sujet sous

l’angle conflictuel. Cependant, en consultant Filser & al. (2001) nous comprenons qu’il faut

également envisager la relation comme une situation gagnant / gagnant dans lequel la

coopération entre les deux acteurs est possible. Manzano (1997) nous fait également part de la

nécessité de mettre en place un partenariat. Il explique que pour installer leurs relations dans

le long terme, industriels et distributeurs doivent chercher à collaborer pour trouver une

solution devant la stagnation de la consommation, une fidélisation de plus en plus ardue du

consommateur, une forte concurrence et une poursuite de la concentration. Le but recherché

de la collaboration entre deux acteurs étant avant tout la création de valeur (Dawson & Shaw,

1989).

Notre deuxième partie se fondera donc sur la prise de conscience qu’une collaboration entre

les distributeurs et les industriels est nécessaire. Nous définirons cette collaboration puis nous

évoquerons le Category-Management chez l’industriel, expression même d’un partenariat

entre les deux acteurs.

I.Une prise de conscience progressive dans la colla boration

L’idée d’amorcer une collaboration entre industriels et fournisseurs à émergée dans les années

1990. Cette collaboration avait pour but de corriger les effets pervers d’un système antérieur,

notamment du rapport de force conflictuel et non productif entre les deux acteurs (Benoun &

Helies-Hassid, 1995).

Van der Ster (1993) distingue trois phases dans la mise en place de cette collaboration.

La première phase correspond à l’introduction d’un « marketing du distributeur ». En effet,

les distributeurs prennent d’avantages en considération le consommateur final et on a donc

assisté à la naissance de la gestion par catégorie, le Category-Management. C’est à ce niveau

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là qu’a été mis en place un marketing pull² où le consommateur final choisit le produit en

exigeant la marque.

La seconde phase est celle de la gestion des clients-distributeurs. Les industriels ont pour cible

à la fois les consommateurs et les distributeurs dans leurs stratégies. Ils les considèrent

comme de véritables partenaires stratégiques. C’est donc dans ce type de marketing push3 où

la satisfaction du distributeur est primordiale, qu’apparaissent des postes tels que « compte-

clé » ou « trade marketing ». Ainsi un industriel comme Unilever peut avoir accès aux

informations des tickets de sorties caisses des cartes de fidélités Casino/Géant (70% de la

clientèle en détient ce qui en fait un échantillon représentatif) afin de détenir un panel de

consommateur dédié à l’enseigne, qui lui servira dans les échange et proposition qu’il pourra

faire avec l’enseigne dans le but d’améliorer la gestion conjointe de la Category.

Enfin, la dernière phase correspond à un partenariat mais davantage logistique avec la gestion

de la chaine d’approvisionnement notamment. Un véritable travail de fond est réalisé sur le

partage de l’information entre l’industriel et le distributeur. Un exemple de cette phase est la

crise « vit’fruits » du nom d’un produit Unilever surstocké chez Intermarché, ce qui a

provoqué la baisse de la production chez Unilever dans le but de redistribuer et d’écouler le

stock Intermarché après une reprise partiel des produits.

II. Collaboration, coopération, partenariat : des d éfinitions

semblables

La coopération est considérée comme la résolution d’un conflit.

Elle possède plusieurs objectifs. Le premier consiste à « permettre aux membres du canal

d’atteindre leurs objectifs et de satisfaire davantage les consommateurs finaux » (Stern & El-

Ansary, 1992). Cependant elle vise également le développement des entreprises qui associent

leurs ressources et leurs efforts.

Les partenaires d’une relation d’échange coopèrent pour améliorer l’efficacité et la

productivité du canal de distribution (Frazie, Spekman, O’Neal, 1988). Pour Gruen (2002), les

opportunités de la collaboration sont surtout d’éliminer les dysfonctionnements principaux et

3 La stratégie « Pull » consiste à communiquer à l'attention du consommateur final (ou du prescripteur) en utilisant notamment la publicité, pour l'attirer vers le produit. Alors que la stratégie « Push » vise à pousser le produit vers le consommateur, à l'aide notamment de la force de vente, de la promotion et/ou en stimulant les intermédiaires de la distribution.

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de combiner les connaissances sur le consommateur pour lui proposer des offres plus

adaptées.

Toute collaboration sous-entend donc des actions concertées et une intention de coopérer.

Cela engendre la réciprocité, la solidarité, l’échange d’information et l’honnêteté (Macneil,

1978).

III.Le Category-Management : La mise en place d’une

collaboration

� Définition du Category-Management

Le Category-Management provient d’un besoin de rechercher des solutions optimales pour la

gestion des rayons.

Pour les distributeurs, le canal de distribution avait accumulé trop de dysfonctionnements :

prix élevés, assortiments qui ne correspondaient plus aux besoins des consommateurs,

ruptures de stocks et autres références inutiles occupant trop d’espace tout en provoquant une

perte de temps pour les managers.

Du côté des industriels, on assiste à un changement stratégique : l’accent est désormais mis

sur les catégories du distributeur plutôt que sur les marques des industriels.

Ainsi chez Unilever les Category-Manager ne s’occupe plus d’une marque propre, mais d’un

segment. Ex : segment Dressing : marques AMORA et MAILLE, segment PC (Personal

Care) : AXE, SUNSILK, TIMOTHEI, etc.

Comme définition du Category-Management nous pourrons donc reprendre celle de Benoun

& Helies-Hassid (1995) qui le définissent comme une « stratégie de haut niveau capable

d’assumer des fonctions diverses, liées au produit, mais aussi, au marketing et à la logistique.

Le Category-Management est donc une stratégie qui relie les clients en aval, aux fournisseurs

en amont, pour assurer l’optimisation des flux.»

Il est à noter que la vison du Category-Management est différente chez les distributeurs que

chez les industriels. Chez l’industriel, le Category-Management fait référence à la personne en

charge de la gestion de la catégorie. En revanche, pour le distributeur, le Category-

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Management relève plutôt de l’acheteur aux fonctions élargies à la logistique et à la gestion

de l’assortiment du distributeur.

La spécificité d’un Category-Manager vu par l’industriel est qu’il est à un poste charnière. Il

est l’interface entre les compte-clés, le marketing, le merchandising, la force de vente et les

études. Le Category-Manager gère la variable de l’assortiment et de la promotion ; le compte-

clé est plutôt chargé du prix et des conditions commerciales ; l’expert merchandising traite de

la politique linéaire et la théâtralisation des rayons et le marketing développe tout ce qui est

relatif au produit, les packagings ou les innovations ; les études fournissent les données.

� Les champs de collaboration du Category-Management

Le Category-Management est un travail qui s’inscrit sur le long terme. Un Category-Manager

propose une offre globale de produits mais aussi de services et suppose toute une analyse de

performance de la catégorie par la suite (Chinardet, 1999).

Au quotidien le Category-Management se caractérise par la définition d’une catégorie de

produits. Par exemple la catégorie petit-déjeuner qui pourrait regrouper les brioches,

confitures, pâtes à tartiner, café, thé et chocolat, et dont Unilever fait partie à travers sa

marque LIPTON (thés). Ensuite, un capitaine de catégorie est désigné parmi les industriels

présents sur la catégorie. Son rôle est de gérer cette catégorie en respectant bien les attentes et

les spécificités des consommateurs de l’enseigne.

La coopération à travers le Category-Management a donc un double objectif. Dans un premier

temps, les acteurs cherchent à augmenter le chiffre d’affaires d’une catégorie en veillant aux

besoins du consommateur. Dans un second temps, il s’agit de réduire les dysfonctionnements

par une meilleure analyse et une meilleure gestion des coûts de structure.

C'est donc un processus de recherche d’ « un gain mutuel plus élevé ». (Laureys,1995)

Le Category-Management possède en effet de véritables atouts stratégiques au niveau de

l’allocation de ressources. Il aide en effet à optimiser la gestion de linéaire et de l’offre

produit, il permet aussi d’adapter un assortiment et sa promotion aux clients finaux, enfin,

c’est une vision qui prend en compte la stratégie du distributeur en plus de celles des

industriels.

Au cours de mon stage j’ai pu observer plusieurs exemples d’une collaboration fructueuse

entre Unilever et les enseignes.

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La plus réussie fut sans doute l’opération « boutique à thé », projet entre Auchan et Lipton,

qui consistait pour Auchan à consacrer une grande partie de son linéaire à Lipton, qui en

échange devait proposer une PLV haut de gamme et une gamme de produit spécifique. Cela

permettant à Auchan de se positionner sur une gamme plus élevé que celle à laquelle ses

acheteurs plaçaient l’enseigne (résultat d’une étude interne plaçant l’enseigne après Carrefour

et Leclerc par exemple) et permettant à Lipton de conserver son leadership sur son activité,

fortement attaquée par les MDD et les autres marques du secteur, tout en ayant une image de

différenciation par la qualité. Celle-ci étant un des points faible de Lipton par rapport à la

concurrence.

� Le secteur d’activité et la structure du marché : é léments de

variation de la collaboration

Dans tous les secteurs, mettre en place une collaboration n’est pas évidente, il s’avère même

que la structure du marché affecterait la qualité de la collaboration.

Colla (2004) a mené une enquête qui étudie le montant des conditions de vente (marges-

arrières) pour rendre une image de la coopération commerciale. Le montant des marges-

arrière reflètent l’intensité de la concurrence qui peut exister sur une catégorie. Il constate que

le niveau de marges-arrière varie considérablement dans les différentes familles de produits. Il

existe un fossé de l’ordre de – 20% à 34%. La catégorie « produits frais », par exemple, est la

plus marqué par un haut niveau de marge arrière. En effet, cette catégorie est caractérisée par

une faible concentration et une taille des entreprises assez modérée. De la même manière, le

niveau de marges-arrière varie en fonction de la distribution alimentaire ou non alimentaire et

de la position de l’industriel sur le marché, les entreprises challengers payant davantage de

marges-arrière que les entreprises leaders.

Cela reflète clairement que toute forme de coopération varie en fonction du statut de

l’entreprise ou du type de bien échangé. Il s’agit d’un frein à la collaboration dans la mesure

où tous les acteurs n’auront pas les mêmes opportunités de collaborer.

Si l’on prend la taille des entreprises en considération, nous constatons que les petites et

moyennes entreprises (PME) se trouvent largement exclues lorsqu’il s’agit de collaborer avec

les distributeurs. Benoun & Helies-Hassid (2004) attestent que les PME ne possèdent pas les

outils pour mener une démarche catégorielle. Les seules solutions qui s’offrent aux PME sont

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soit la stratégie de niche ou celle de sous-traitance. Dans les deux cas, ces stratégies

maintiennent un fort niveau de dépendance entre la PME et le distributeur.

Dans la grande distribution, les PME qui ne disposent pas de leur marque propre sont donc en

position de faiblesse compétitive par rapport à une grande marque connue des consommateurs

comme Unilever, cela favorisant encore le rapport de force ou seuls les grands industriels ont

une vraie négociation avec les distributeurs. Négociation qui évolue maintenant avec la

montée en puissance des MDD.

Une matrice de la structure du pouvoir entre les industriels et les distributeurs nous illustre

l’impact du nombre d’acteurs présents sur le marché sur la relation de négociation

(Dowlatshahi, 1999).

Cette matrice reprend également le modèle d’analyse de la compétitivité de Porter (1980).

Porter expliquait qu’une situation d’oligopole peut renverser le rapport de force entre les

industriels et les distributeurs : Le pouvoir des fournisseurs et des distributeurs est « quelque

fois bâti dans l’économie du secteur et il est en dehors du contrôle de l’entreprise » (Porter,

1980). (cf. Dictionnaire des théories). Du côté des distributeurs, on assiste à une vraie

concentration du nombre d’acteurs. Ainsi, le rapport de force est à l’avantage des distributeurs

qui sont toujours moins nombreux que les industriels.

Source: Dowlatshahi, 1999, Production and Inventory Management Journal

Par conséquent, le succès ou tout simplement la mise en place d'un partenariat peut être

compromis par la taille des intervenants sur le marché et la structure du marché. Nous

comprenons donc, grâce à ce modèle qu’une collaboration dans le canal de distribution peut

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être complexe à mettre en place. Les fournisseurs sont nombreux, tandis que les distributeurs

sont de plus en plus concentrés. Nous sommes donc dans une situation de quasi-confrontation,

climat peu propice pour implémenter un partenariat.

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PARTIE II: L’impact de l’essor des marques de distributeurs sur le Category-

Management

Après avoir étudié la complexité et l’évolution de la distribution, ainsi que les rapports de

force industriels-distributeurs, nous pouvons constater que le contexte actuel tend à favoriser

de plus en plus le distributeur.

Parti de ce constat et vu l’intensité de la concurrence entre Marques Nationales, il devient

intéressant d’observer comment les industriels font face à ce nouveau type de concurrence

qu’est la marque de distributeur (la MDD).

Nous nous efforcerons de nous placer depuis notre point de vue interne à Unilever, donc

depuis le fournisseur/industriel.

A l’origine des MDD, certains ne leur prédisaient aucun avenir. Cependant, 20 ans après leur

création, elles bouleversent l’hégémonie des Marques Nationales. Nous étudierons dans un

premier temps, la définition des marques de distributions, ses typologies et son évolution.

Dans un second temps, nous chercherons à mettre en parallèle l’évolution des MDD et leur

impact sur la démarche de Category-Management.

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Chapitre 1. Les marques de distributeurs : un franc-succès

I. Présentation des marques de distributeurs

A) Définition des marques de distributeurs

Commençons par la définition d’une marque dans son sens général : « La marque est un signe

distinctif qui permet au consommateur de distinguer le produit ou service d’une entreprises de

ceux proposés par les entreprises concurrentes. La marque peut être matérialisée par un nom

propre, un mot, une expression ou un symbole visuel. La marque constitue un repère pour le

consommateur et éventuellement une "garantie". » (definitions-marketing.com)

Une MDD (Marque De Distributeur) résulte de la décision d’un distributeur de produire ou de

sous-traiter des produits et de les vendre dans ses enseignes, à son nom propre. On parle ainsi

aussi de marques en nom propre (store brands, private labels ou DOBs en anglais).

Au niveau de la loi, les MDD sont définies, selon l’article 62 de la loi du 15 mai 2001,

relative aux Nouvelles Régulations Economiques (NRE) comme le « produit vendu sous

marque de distributeur comme le produit dont les caractéristiques ont été définies par

l’entreprise ou le groupe d’entreprises qui en assure la vente au détail et qui est le propriétaire

de la marque sous laquelle il est vendu ».

Nielsen définit plutôt les MDD comme des « marques appartenant à une entreprise

commerciale de vente au détail ou en gros pour une ligne de produits distribuée

exclusivement par cette dernière ou sous son contrôle. »

Cette définition de Nielsen met en avant le contrôle, la certification du distributeur qui appose

sa marque sur le produit et d’autre part, l’exclusivité qu’a l’enseigne à distribuer ce produit.

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II. L’évolution des marques de distributeurs

A) Création et évolution des marques de

distributeurs

Les MDD ont été crées en 1976, sous l’impulsion de Carrefour avec ses produits libres. A leur

origine, les MDD étaient destinées à contrer le monopole des industriels.

Ainsi les distributeurs ont fabriqués leurs propres produits dans le but de rester indépendant

dans l’approvisionnement. A leur commencement, les marques de distributeurs n’étaient que

des produits « me-too » (des copies). Ce type de MDD est aussi appelé « contre-marque » et

leur objectif est de détourner les consommateurs de la marque leader.

Ensuite, elles ont évoluées en étant capable d’initier l’innovation. L’objectif des MDD a été

de compléter l’assortiment, fédérer l’offre dans tous les points de vente autour d’une seule et

même marque facilitant la reconnaissance par le shopper, et donc la communication pour le

distributeur. L’avantage concurrentiel de ces MDD est notamment leur rapport qualité-prix

comme pour les marques 1er Prix, vendues 30 à 60% moins chères que les Marques

Nationales. Il s’agit de produits basiques avec un discours consumériste. Elles sont présentes

dans les assortiments GMS pour contrer la montée du hard-discount.

Aujourd’hui, nous sommes entrés dans la 3ème génération de MDD, des MDD devenues des

outils de compétition capables de créer une véritable valeur ajoutée. Avec le contexte

économique marqué par une forte concurrence inter et intra-type, les enseignes cherchent à se

différencier. Ainsi, la marque de distributeur représente le seul élément de l’offre spécifique à

chaque enseigne et les distributeurs s’engagent et valorisent leurs noms.

La qualité des produits, quand à elle, est donnée pour équivalente aux Marques Nationales,

pour un prix de 15 à 25% inférieur. Ce sont par exemple les marques Auchan, Carrefour et

Casino. Dans la majorité des cas, ces marques enseignes sont des marques ombrelle4, à

l’exemple de Leclerc qui recouvre un large nombre de produits divers avec sa marque

« Marque Repère » dont « ses 3000 produits couvrent tous les besoins de la « Maison Repère

4 Marque unique utilisée pour des produits différents, de manière à faire bénéficier ces produits de la notoriété et de l'image de la marque ombrelle. (Définition e-marketing.fr)

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», du sol au plafond » (Coachprix.com). La marque enseigne a ainsi pris une autre dimension

avec l’apparition d’une gamme de MDD thématiques, autrement appelées marques

transversales. Ce sont des produits situés sur des marchés de niches, plus qualitatifs, à

l’exemple de la gamme terroir de Carrefour, « Reflets de France ».

Pour contrôler aux plus près leur MDD, certains distributeurs, à l’exemple d’Intermarché,

n’hésite pas à produire leur MDD propre en renonçant à la sous-traitance. Michel Basly,

directeur d’un magasin Intermarché explique que l’enseigne dispose depuis 1974 de ses

propres unités de production. Aujourd’hui, Intermarché c’est 60 unités de production destinés

à produire ses MDD (Pâturage de France : produits laitiers, Eldys : collants, etc.). L’objectif

de l’enseigne étant de parvenir à fidéliser ses clients grâce à ses 4500 références qui en font

le premier producteur français de MDD avec un CA de 2.6 milliards d’€uros.

Pour garder cette avance Intermarché a une stratégie où les MDD de l’enseigne ne sont pas

que de pâles copies des Marques Nationales. C’est par exemple, Intermarché qui le premier a

lancé un beurre aux Omégas, grande star du marché actuel des CGF (Corps Gras Frais) et

innovation reprise par toutes les grandes marques, ou encore des berlingots liquides pour la

lessive. Michel Basly estime de six mois à un an l’écart entre l’innovation des Marques

Nationales et des MDD.

B) Tendances de développement des MDD

Les récentes évolutions des marques de distributeurs les élèvent maintenant au rang de

concurrents pour les Marques Nationales. Les MDD sont passées du stade d’offre

intermédiaire en linéaire, bon rapport qualité/prix et produit de substitution du hard discount à

une marque à part entière, marketée, innovante mais surtout séduisante et rassurante pour le

shopper. Caractéristiques qui étaient il n’y a pas si longtemps l’apanage des grandes Marques

Nationales.

Les marques de distributeurs sont en train de conquérir une large part de marché, se

développant sur de plus en plus de catégories, démontrant que les marques de distributeurs

sont bien plus qu’une tendance. Pour l’exemple : Intermarché a décidé de segmenter ses

gammes de MDD en 2 catégories : les marques valorisantes, à forte valeur ajoutée et les

marques repositionnées prix.

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C) Un taux de pénétration des MDD qui résulte de

deux tendances.

La progression des MDD s’est accélérée au cours de ces 10 dernières années.

Le taux de pénétration des MDD s’est accru sur les catégories où elles sont déjà présentes, et

l’on constate une hausse générale des catégories où les MDD sont désormais présentes

(Geradon de Vera, 2006) : en résumé : accroissement des parts des MDD sur la catégorie +

accroissement des catégories où sont présentes les MDD.

Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette croissance, notamment la hausse du prix des

dépenses, mais aussi d’après MOATI (2008) pour une étude du CREDOC, le fait que les

MDD représentent 29% de la valeur des ventes de produits de grande consommation de la

grande distribution. En volume, plus de 1 produit sur 3 vendu en grandes surfaces (34%) l’est

sous la marque d’un distributeur et la production des MDD en 2005, représentait 11,4% du

chiffre d’affaires total des industriels agro-alimentaires (IAA) contre 8,6% en 2000.

La tendance récente de développement des MDD est à l’élargissement de l’offre vers d’autres

catégories, ainsi qu’a l’augmentation de la qualité. Cette montée en gamme des MDD a pour

but de rassurer le consommateur sur la qualité des produits et sa propre sécurité.

Ainsi des MDD thématiques, à l’exemple de MDD BIO CARREFOUR se sont adaptées aux

logiques de consommation et gagnent des parts de marché sur des marchés de niches.

E.Leclerc a ainsi développé « Nos régions ont du talent » et Carrefour « Destinations

saveurs ».

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III. Les MDD : des différences de performances selo n le contexte

A) Des performances diverses selon la catégorie

de produits

Le succès d’une MDD sur une catégorie dépend du rôle de la catégorie (Dhar et Hoch, 1997

et du risque perçu par les consommateurs (Batra & Sinha, 2000).

En France, le taux moyen de pénétration des MDD est de 22.1%. Mais ce taux de pénétration

des MDD varie en fonction des catégories.

Prenons pour exemple ce tableau qui mesure le taux de pénétration sur une période de 1997 à

2004 :

Rayon 1997 2000 2004 2004/1997

Epicerie 18.7 21.8 24.4 130

Liquides 18.6 19.9 21.3 115

Entretien 20.0 24.8 28.5 143

Hygiène-Beauté 5.9 7.3 9.3 158

Surgelés 29.0 33.8 41.0 141

Saurisserie 28.6 32.9 43.5 152

Crémerie 24.2 26.4 30.4 126

Fromage LS 18.8 21.5 30.0 160

Charcuterie LS 24.2 37.7 45.9 190

Traiteur LS 17.2 26.4 32.6 190

Source : Linéaires d’après Secodip

On observe que le taux de pénétration des MDD est inférieur à 10% sur l’hygiène-beauté, la

bière et la lessive. Ce sont des catégories où la perception du risque est plus élevée tandis que

la qualité est perçue largement inférieure aux Marques Nationales.

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B) Des différences de stratégies de MDD selon

les enseignes

Les performances des MDD ne sont pas les mêmes d’une enseigne à l’autre, en termes de part

de marché accordée aux MDD, mais aussi en matière de stratégie développée par le

distributeur.

Comme nous pouvons le voir grâce à ce tableau, la part de marché des MDD varie en fonction

des enseignes :

ENSEIGNE Part de Marché des MDD (en volume)

Carrefour 24.1%

Champion 21.4%

Système U 23.1%

E.Leclerc 25.4%

Géant et Casino 19.8%

Monoprix 15.4%

Match 17.4%

Cora 19.0%

Auchan 23.9%

Intermarché 32.6%

Source : Secodip, 2003

On peut expliquer cela par le fait que les MDD répondent à un objectif commun pour les

enseignes, celui de se différencier. Elles répondent également à des besoins différents en

fonction de la stratégie voulue par l’enseigne. Selon Jara (2005) il existe 4 types de stratégies,

qui vont de paire avec les différentes typologies de MDD :

- La première stratégie est que la MDD peut servir à proposer une offre qualitative, au

nom propre de l’enseigne. L’exemple type est Monoprix avec la marque « Monoprix

Gourmet » qui développe des MDD haut de gamme, spécifiques, et au positionnement qui

entre en concurrence frontale avec les Marques Nationales.

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- La seconde stratégie développée par les distributeurs est une stratégie exclusivement

orientée prix. Il s’agissait de la stratégie initiale des MDD dont l’objectif était de se

positionner moins cher que les Marques Nationales afin de proposer une offre qui soit alignée

avec les hard-discounters.

- Il existe également une stratégie mixant à la fois la qualité et le prix, où le niveau

d’offre est variable. Il arrive souvent que pour ce type de stratégie, le distributeur choisisse de

ne pas cautionner le produit sous sa marque propre. Ainsi, le distributeur ne s’engage pas sur

la qualité des produits et ne prend pas le risque d’être parfois associé à un produit de qualité

moyenne.

- Enfin, la dernière stratégie développée par les distributeurs en matière de MDD est

dite « stratégie opportuniste », une MDD est créée afin de proposer une offre qui satisfasse les

besoins d’une clientèle spécifique.

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Chapitre 2 : L’impact des MDD sur les Marques Nationales, et sur le Category-

Management

Devant la progression constante des marques de distributeurs en linéaire, il est intéressant de

s’interroger sur l’impact des MDD sur le Category-Management. Le Category-Management

est une forme de collaboration pour stimuler les ventes de la catégorie. Qu’en est-il donc d’un

partenariat qui rassemble deux acteurs, qui sont néanmoins concurrent au sein même de la

catégorie ?

Il convient de faire le point sur les nombreuses problématiques qu’impliquent les marques de

distributeurs pour des Marques Nationales.

Ainsi, nous étudierons les différents freins, les difficultés, les changements mais aussi parfois

les apports positifs qu’impliquent l’arrivée et le développement d’un nouvel intervenant sur

un marché.

I. La Marque de distributeur, une opportunité stratégique ? ou une collaboration subie ?

A) Une opportunité stratégique. . .

� …pour dynamiser la catégorie

Peu d’auteurs soutiennent cette thèse, pourtant, il semblerait que la progression des MDD ait

un impact sur l’attractivité du linéaire mais aussi sur sa capacité à accroitre les ventes de la

catégorie.

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Un des axes de travail du Category-Management est la gestion de l’assortiment. Sur ce sujet

Dietsch et Willart (2006) expliquent que les MDD peuvent aussi avoir un impact positif en

linéaire puisque l’offre MDD élargit la variété de l’assortiment, ceci allant dans le même sens

que Kahn et Lehmann (2005) qui nous informent que les consommateurs apprécient le large

choix ainsi proposé en magasin.

Les marques de distributeurs ont donc un impact positif sur la gestion de la catégorie et de

l’assortiment dans la mesure où chaque distributeur parvient à gérer ses marques et organiser

son linéaire pour en assurer l’attractivité. Pour maintenir un bon niveau de choix, il peut

choisir d’augmenter le nombre de marques dans l’assortiment, tout en diminuant « la variété

intra-marques ». Ou alors le distributeur peut choisir de réduire le nombre d’intervenants sur

le marché pour simplifier son assortiment tout en offrant une offre de produits large, avec des

positionnements différents.

Il existe bien sûr aussi une théorie allant dans le sens opposé, expliquant que cette même

variété peut complexifier le choix du consommateur. Les industriels eux-aussi minimisent les

apports positifs de la MDD à la catégorie. Ils évoquent la MDD comme une marque souvent

sur-représentée en linéaire ; il s’agit-là de leur argument pour contrecarrer l’expansion des

MDD.

� … par la production de MDD

Il existe plusieurs manières d’envisager les marques de distributeurs. L’impact des MDD sur

la catégorie variera en fonction de la position que décidera de prendre l’industriel. Lorsqu’une

marque de distributeur est mise en place, nous distinguons deux types de limite à la

collaboration en fonction du rôle actif ou passif que peut avoir l’industriel dans la production

de la MDD. On parle de stratégie exclusive (production exclusive de produits de marques) ou

mixte (productions de produits propres et de produits MDD).

Dans le cas de la stratégie exclusive, l’industriel est partie prenante de la création de la MDD,

il se retrouve lié au distributeur. De nombreux industriels réalisent de cette façon au moins

80% de leur chiffre d’affaire avec la production de MDD.

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En 2005, ce type d’entreprise avait assuré près de la moitié de la production des MDD contre

seulement 39% en 2000. En effet, en 2005, 203 nouvelles entreprises sont rentrées dans cette

catégorie. Ces entreprises ont un profil de petite entreprise généralement très spécialisée, qui

investissent lourdement dans des machines plutôt que de mettre en place une stratégie de

communication.

Bonet (2000) précise que ce type de « partenariat » n’est pas toujours choisi. Selon lui, le

terme de « co-dépendance » est plus adapté pour décrire un partenariat obligé. En effet, « la

négociation est structurée à l’initiative des distributeurs à travers le cahier des charges, le prix

est généralement imposé et les distributeurs ne font aucun investissement en communication »

(Colla, 2004). Il ne s’agit pas d’un phénomène atypique puisqu’en 2008, 27% des producteurs

de produits alimentaires déclaraient produire des MDD, contre 21% en 2000.

La conséquence de ce système est que l’on peut voir le nombre d’intervenant sur le marché

diminuer. En effet, on constate dans un premier temps, que les PME qui n’ont pas les moyens

financiers nécessaires pour maintenir leur niveau de diffusion en GMS, décident en grande

majorité de devenir partenaire avec le distributeur. Ce dernier leur sous-traitera une partie de

la production de ses MDD, s’appuyant sur l’expertise développée par l’industriel. Il s’agit

d’une tendance belle et bien avérée qui sert la rentabilité des PME.

Le nombre d’intervenants sur le marché tend donc à diminuer, laissant seulement les

intervenants les plus importants sur la catégorie, ceux ayant les moyens d’investir pour

promouvoir leurs produits, dynamiser la catégorie via des promotions, des théâtralisations.

Avec le succès des marques de distributeurs, le marché est donc en train de se polariser :

d’une part les distributeurs et leurs sous-traitants et d’autre part les Marques Nationales.

B) Une collaboration subie

La situation subie quelques différences sur des catégories où un industriel propriétaire de

grandes marques entreprend la production d’unités sous « marques de distributeurs ». Ce sont

souvent des producteurs de biens alimentaires qui adoptent une stratégie mixte. L’étude du

CREDOC (MOATI, 2008) mentionne que « près de 320 entreprises déclarent avoir une

activité de production de MDD qui représenterait entre 20 et 80% de leur chiffre d’affaire»,

contre seulement 250 en 2000.

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Bonduelle est l'exemple type de cette « stratégie mixte ». L’industriel s’est engagé à titre

défensif dans la production de MDD. Il occupe aujourd’hui sa place de leader mondial des

légumes transformés en produisant de la MDD et l’entreprise consacre désormais 30% de son

chiffre d’affaire à la production de marques de distributeurs.

Pour d’autres entreprises de taille plus modeste, la production de MDD peut avoir un but

offensif et rester un passage temporaire. Il s’agira dans ce cas d’un moyen pour elles de se

doter d’un appareil de production moderne et bien dimensionné.

Berges-Sennoun (2007) expliquent l’enjeu de produire des MDD : Etant sont souvent

considérées comme des produits concurrents des Marques Nationales, leurs introductions en

linéaire engendre une perte de bénéfices pour les Marques Nationales. Ainsi, certaines

entreprises veulent compenser cette perte en produisant elles-mêmes des MDD, cela leurs

permettant d’utiliser une plus grande partie de la capacité de production de leurs usines

(Hoch, 1996) et donc d’obtenir des profits additionnels.

Dans ce cas bien spécifique, l’impact de la MDD sur le Category-Management sera différent.

Colla (2004) explique que cette gestion des MDD implique plus souvent « une forte

collaboration entre fabricants et distributeurs et une certaine stabilité des relations». Burt

(2000) partage cette opinion. « Le développement des produits et les innovations sont

poursuivis ensemble, avec une interaction plus accentuée ainsi que la recherche d’intérêts

communs avec moins de menaces de substitution et plus d’échanges d’informations. » Aussi,

produire une MDD relève d’un véritable travail de collaboration entre industriels et

distributeurs. Par conséquent, nous pouvons supposer qu’il est plus naturel de mettre en place

une collaboration, une gestion de la catégorie, pour un industriel qui était déjà auparavant

partenaire du distributeur. Cet industriel pourra de plus bénéficier d’accords, tacites ou non,

pour obtenir le leadership du rayon et devenir ainsi Category-Captain.

I. Un nouveau type de relation industriel/distributeur : la concurrence frontale

Dans le cas où l’industriel ne produit pas la MDD, il percevra la MDD comme un autre

entrant sur le marché, un concurrent à part entière. C’est souvent une concurrence non

négligeable puisque la part de marché moyenne des MDD est de 20% (Benoun & Helies-

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hassid, 2004). « L’émergence des MDD tend à modifier les relations en instaurant un jeu

concurrentiel plus direct» (Bonet, 2000). En effet, les deux marques, nationale et de

distributeur, concourent sur le même terrain, avec parfois des positionnements de MDD

identiques à celui des Marques Nationales. Avec sa MDD, le distributeur devient concurrent

direct de son fournisseur. Grâce à l’expertise marketing qu’il développe, il renforce son

pouvoir de négociation dans sa relation avec l’industriel au sein d’une structure verticale.

Berges-Sennoun & Al. (2007) perçoivent les MDD comme « un outil aux mains des

distributeurs pour d’une part discriminer la demande et pour d’autre part améliorer en leur

faveur le partage des profits au sein d’une structure verticale ». Colla (2004) explique que des

effets indirects sur la relation de pouvoir ont été démontré. Les Marques Nationales

diminueraient leur prix dans les catégories où les MDD sont présentes. Ainsi, le taux de

marge des MDD pour les distributeurs est non seulement par définition supérieur à celui des

Marques Nationales, mais les distributeurs sont en mesure de prendre des marges plus élevées

que les Industriels sur les produits des Marques Nationales. En effet, seuls les Industriels

baissent leurs prix, les marges-arrière restent inchangées et donc les distributeurs sont

gagnants sur toute la ligne.

La concurrence entre la MDD et les Marques Nationales renforce le rapport de force à

l’avantage du distributeur. Steiner (1985) (Steiner Robert L., 1985, The nature of vertical

restraints, The antitrust bulletin, Spring, 143-197) explique que le « pouvoir relatif entre

producteurs et distributeurs est directement lié à l’attachement des consommateurs aux

produits et aux magasins ». L’auteur explique ainsi que lorsque les consommateurs sont plus

disposés à changer de marques dans un même magasin, que de changer de magasins pour

trouver une marque, la conséquence est que le rapport de force s’effectue donc en faveur des

distributeurs.

C’est ce qu’il arrive dans le cas des MDD : les MDD élargissent l’offre donc incite le

consommateur à ne pas changer de magasin, la MDD devenant ainsi un élément stratégique

qui renforce le pouvoir de négociation d’un distributeur vis-à-vis d’un fabricant.

Généralement les enseignes sont soumises à une concurrence verticale grâce aux Marques

Nationales.

Or la concurrence verticale des MDD ne s’exerce qu’une fois en rayon, lorsque le

consommateur compare les marques entre elles. C’est une concurrence physique car la MDD

n’a de sens qu’en présence des Marques Nationales, on parle de passivité concurrentielle.

C’est la faiblesse des MDD.

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Les MDD sont aujourd’hui des outils de compétition (Jara, 2005) au service de l’enseigne,

ainsi certaines MDD ont un capital-marque qui permet d’entrer en concurrence avec les

Marques Nationales.

L’avantage concurrentiel des MDD réside dans leur positionnement prix tandis que celui des

Marques Nationales reste l’image qualité du produit. Les Marques Nationales tentent donc de

réduire cet écart prix. C’est ainsi que le 17 juin 2004 un accord à été signé entre les

distributeurs et les industriels pour qu’ils s’engagent à baisser le prix des Marques Nationales.

Les industriels soutiennent également ardemment l'attractivité de leurs produits avec des

offres promotionnelles en magasin ou avec des BRI (Bon de Réduction Immédiats), destinés

seulement aux Marques Nationales.

II. Les difficultés de Category-Management dues aux MDD

� Une collaboration difficile

Dans le contexte concurrentiel actuel entre distributeurs et industriels, le principal défi

consiste dans la mise en place d'une gestion de la catégorie, d'un véritable partenariat sur le

long-terme entre industriels et distributeurs, et cela malgré l’ambiguïté de leurs rapports.

Paché (2005) explique à ce propos qu’une coopération sur le long-terme doit impliquer des

changements radicaux sur le plan organisationnel. Il s’agit donc d’adapter la structure au

mode de fonctionnement, autrement dit, il convient de créer et de former des équipes

transversales, à la fois marketings et commerciales, mais aussi de former régulièrement les

hommes qui les composent: les Category-Manager.

Mais voici que les MDD se posent en frein au Category-Management. Elles biaisent le travail

de collaboration et il devient ainsi délicat de faire converger les intérêts des deux acteurs et de

leurs faire partager une stratégie à long terme. Et ce encore plus lorsque le concurrent direct

de l'un, prend autant d’ampleur en linéaire et appartient au deuxième protagoniste.

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� Des intérêts divergents

Il est difficile de construire un partenariat lorsque les deux acteurs ont des intérêts

complètement divergents (Chinardet, 1999). Dans le cas présent les distributeurs ont une

vision client/produit, ils vendent des unités de besoins, peu importe la marque. En revanche,

les industriels ont une lecture produit/cible dans laquelle il s’agit de vendre un produit peu

importe l’enseigne. Paché (2005) évoque également cette divergence d’intérêts en ajoutant

que le fossé industriels/distributeurs est encore plus large avec les enseignes indépendantes,

du type de Système U ou Intermarché. En effet, il y a une spécificité dans le partenariat avec

un distributeur affilié qui peut se résumer dans la phrase de Filser & al. (2001) comme quoi ce

types de distributeur reste « sensible à ses propres intérêts et souhaite conserver une relative

autonomie décisionnelle dans la gestion de son entreprise ».

� Un climat conflictuel qui perdure

Malgré la mise en place d’une collaboration, nous avons pu noter que la dimension

conflictuelle ne disparaissait pas totalement au profit du partenariat. Au contraire, certains

auteurs insistent sur le caractère inévitable du conflit tandis que d’autres pensent qu'elle a un

rôle positif dans la relation d’échange industriels/distributeurs.

Bonet (2000) démontre qu’il existe une relation positive entre conflit et canal transactionnel

puis entre coopération et canal logistique.

Source : Bonet (2000), Etudes et recherches sur la distribution.

Canal transactionnel Canal logistique

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Bonet (2000) évoque lui aussi une culture conflictuelle fortement ancrée dans les relations

industriels/distributeurs. Selon l’auteur, il est difficile de mettre en place une véritable relation

d’échange avec un distributeur qui apparaît aux yeux des industriels comme un « loueur

d’espace ».

� Un échange d’information biaisé

Une autre limite importante qui dissuade de s’investir pleinement dans une collaboration est

l’attitude opportuniste de certains membres du canal de distribution.

En effet, le distributeur peut prendre à son propre profit la stratégie déployée par l’industriel.

Le Category-Management consiste souvent à une analyse très précise du marché par

l’industriel. A partir de cette fine analyse, l’industriel met en lumière les axes de

développement à exploiter. Par conséquent, si l’industriel décide de faire ses

recommandations en toute objectivité, il exposera fort probablement sa stratégie à plus ou

moins long terme au distributeur. Les distributeurs sont à l’écoute de l’expertise des

industriels, c’est pourquoi, il ne faut pas s’étonner qu’à un rendez-vous client soit présent non

seulement l’acheteur, ou le responsable marketing, mais aussi la personne chargée du

développement des MDD.

� Une confiance en berne

Lepers (2003) définit la relation avec les grandes entreprises multinationales de la façon

suivante : « L’échange avec les multinationales est pour le moment établi à moyen terme avec

comme objectif premier, la performance. Malgré de nombreux efforts de coopération, les

relations interpersonnelles restent relativement faibles. » L’auteur explique ainsi que la notion

de pouvoir est omniprésente dans la relation jusqu’à ce qu’un accord soit conclu. Si le rôle

primordial de la confiance est incontestable, nous comprenons pourquoi la défiance peut

constituer un frein à la collaboration des industriels et des distributeurs. Il est à noter que

Dupre & Gruen (2004) perçoivent la confiance comme une condition à la réussite du

Category-Management.

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Il est donc acquis que la confiance est donc un facteur de réussite de la collaboration entre

industriels et distributeurs. Seulement, cette dernière est particulièrement difficile à établir

notamment à cause du rapport de force déséquilibré, de la présence des MDD, et du risque de

transferts de savoir-faire. En effet, nous pouvons nous interroger sur le degré de confiance

qu’un distributeur accorde à un industriel qui, malgré une démarche de catégorie

management, cherche avant tout à faire valoir ses intérêts. De la même manière, un industriel

en position de faiblesse vis-à-vis du distributeur a-t-il intérêt à partager avec lui son expertise,

au risque qu’elle serve à la MDD de son concurrent ? Au risque aussi qu’il n’en retire pas les

bénéfices souhaités et qu’il perde son leadership sur les compétences marketing.

III. Un nouveau type de partenariat causé par un nouvel intervenant

� Une collaboration aux gains asymétriques

Le Category-Management, concept où les deux partenaires sont supposés retirer un gain

mutuel, s’avère être une utopie avec l’arrivée des MDD. Le rapport de force entre industriels

et distributeurs avait déjà évolué en faveur des distributeurs qui sont en position d’oligopole,

mais aujourd’hui le succès des MDD ne fait que renforcer la position du distributeur dans la

négociation.

Néanmoins, cela ne remet pas en cause l’existence du Category-Management. Il faut toutefois

avoir à l’esprit que rien ne sert d’envisager les MDD comme de véritables concurrents car leur

position les prédestinent à obtenir certains avantages (meilleur placement en linéaire, etc.) En

effet l’objectif actuel des distributeurs est d’atteindre un certain taux de pénétration des MDD

sur les catégories (50% pour la moyenne des distributeurs, jusque 100% à termes pour

Système U). Par conséquent, le Category-Manager doit intégrer les objectifs du distributeur

dans ses recommandations sous peine de voir sa proposition rejetée.

Dowlatshahi (1999) soutient la thèse selon laquelle la majeure partie des coûts du partenariat

Industriels/Distributeurs est supportée par les industriels tandis qu’une plus large partie des

bénéfices revient aux distributeurs. Un industriel s’investit dans la collaboration à hauteur de

60% contre 40% pour le distributeur. Or, une étude commanditée par le Coca-Cola Retailing

Research Group au milieu des années 90, a démontré que 60% des gains en moyenne étaient

captés par le distributeur et 40% par l’industriel.

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� Une collaboration de moins en moins exclusive

En plus d’évoluer vers une collaboration aux gains asymétriques, on constate qu’avec l'essor

des MDD, le Category-Management devient de moins en moins une démarche exclusive.

A l’origine, il existait normalement un capitaine de catégorie (Category-Captain) chargé de

la gestion d'une catégorie de produits. Cette personne était choisie parmi les industriels

représentés sur la catégorie et était chargée de faire l’intermédiaire entre le distributeur et les

autres industriels.

Dupre & Gruen (2004) expliquent que faire le choix d’un capitaine de catégorie est une

démarche qui peut porter préjudice à la relation entre industriels et distributeurs. Ils évoquent

le danger pour le distributeur d’être dépendant d’un seul ou de quelques industriels. Selon

eux, « accorder l’exclusivité à un capitaine de catégorie peut affecter et affaiblir la relation

avec les autres industriels. » En effet, si la collaboration avec un industriel se fait au détriment

des autres : cela « diminuerait l’efficacité de la réponse des industriels aux consommateurs,

car l’expertise ne serait pas partagée ».

Benoun & Helies-Hassid (2004) sont également prudents au regard du choix d’un capitaine de

catégorie. D’après eux, il leurs semble difficile qu’un industriel mette réellement de coté ses

intérêts propres au profit des autres marques de la catégorie car ils conçoivent la réduction des

assortiments comme un moyen de supprimer les références concurrentes.

C’est ainsi que l’on constate que dans bien des situations, on pratique le Category-

Management sans pour autant nommer un capitaine de catégorie. En effet, les distributeurs

préfèrent écouter les recommandations catégorielles de tous les industriels et ne retenir que les

meilleures propositions car, comme dit précédemment, il semble que ne nommer qu’un seul

industriel pour gérer la catégorie présente de nombreux risques : l’industriel élu ne reste pas

toujours objectif dans ses recommandations, mais aussi, l’émulation entre les acteurs permet

souvent d’obtenir des propositions plus pertinentes. Enfin, lorsque le distributeur élit un

Category-Captain, cela n’est que de courte durée. En règle générale, le partenaire change tous

les un à deux ans, provoquant mécaniquement un délai de « mise au point » avec le

distributeur, ce qui est autant de perte de temps.

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� Une focalisation sur les conditions d’achat au détr iment de la

collaboration

Le succès des MDD impacte considérablement les parts de marchés des Marques Nationales,

qui se sentent menacées. Par conséquent, le climat de partenariat entre les marques est

quelques peu compromis par le besoin à court terme de maintenir une part de marché

raisonnable. Le contexte actuel de récession ne favorisant pas la croissance des industriels, les

comptes-clés activent d’autres leviers : les conditions d’achat et les conditions commerciales.

C’est notamment suite à la récente réforme de la loi LME5 que l’accent est à nouveau mis sur

les négociations commerciales. Du fait de cette loi, les industriels et les distributeurs sont dans

l’expectative: ils vont devoir revoir le montant des marges-arrières et marges avant.

Par conséquent, les négociations s’annoncent délicates. Le risque est que cette tension due aux

négociations affecte et détériore la relation de collaboration.

Ainsi, on peut voir que les Category-Manager parviennent à faire référencer des innovations,

mais pas grâce à la démarche catégorielle. Au contraire, ils proposent une contrepartie qui

sera une opération de trade marketing ou une promotion spécifique, voire même demandent

aux comptes-clés de débloquer une enveloppe, ou de jouer avec le taux de marge. Par

conséquent, les conditions commerciales deviennent de plus en plus la seule réponse des

industriels aux distributeurs dans ce climat délétère.

� Des Marques Nationales qui cherchent de nouvelles s olutions

de croissances

La poussée des marques de distributeurs implique une réduction des parts de marché, des

volumes de production des Marques Nationales et un renforcement du pouvoir des

distributeurs.

Par conséquent, les Marques Nationales cherchent de nouvelles solutions afin de garder une

évolution positive.

5 Cette loi bouleverse les relations industriels/distributeurs puisqu’elle légifère au sujet des conditions générales de vente et de la coopération commerciale. Luc Chatel, Secrétaire d’Etat à l’Industrie et à la Consommation, explique : « il faut changer radicalement le système en dégonflant, grâce à la négociabilité, le processus absurde des marges-arrières, et tout cela permettra une plus grande transparence ».

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Dans un premier temps, on assiste à des restructurations du portefeuille de marques pour la

plupart des industriels. Ces derniers se recentrent vers leurs cœurs de marché et cœurs de

gamme. L’objectif pour eux étant de renforcer leurs pouvoirs de négociation en démontrant

qu’ils sont spécialisés, experts dans leur catégorie.

En l’espace de 4 ans, Unilever a ainsi réduit son porte feuille de marques de 1600 à 400

marques.

Un autre exemple est Danone en 2007 qui a cédé sa marque Lu à Kraft Food pour se renforcer

sur la nutrition infantile (Blédina) en rachetant le leader européen Numico.

Dans un second temps, les industriels cherchent à gagner en indépendance vis-à-vis du

distributeur. Ils développent ainsi de nouveaux moyens de distribution. On constate

actuellement un regain d’intérêt pour le circuit hors-domicile (la restauration, les

collectivités…) qui peuvent représenter un potentiel de développement certains pour les

fabricants. Le dernier succès important dans ce domaine étant celui de Nestlé avec Nespresso

qui préserve l’exclusivité de sa distribution via un circuit par correspondance et des boutiques.

� Relativiser l’impact des MDD

Globalement, les industriels perçoivent l’essor des MDD de manière très négative pour leurs

activités. Cependant, certains auteurs relativisent l’impact des MDD pour encourager les

industriels à construire une démarche de Category-Management.

Ainsi, Thil (1987) nous explique l’effet mécanique des gains de parts de part de marché des

marques de distributeurs. Selon lui, la MDD croît simplement car elle est présente sur de plus

en plus de catégories. L’essor des MDD provient également de l’accroissement, entre 1998 et

2000, de la surface moyenne d’un supermarché, de l’ordre de 10%. Le nombre de références

présentes en rayon a aussi été multiplié par 2,2. Par conséquent, la part de linéaire des

références diminue excepté pour les marques de distributeurs. La part mécanique provient

donc d’une offre riche en marques de MDD.

Geradon de Vera (2006) soutient une thèse encore plus positive pour les industriels. Selon lui,

il existerait une limite à la progression des MDD. Les Marques Nationales sont les seules

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marques, génératrices de trafic en magasin. Ce sont elles qui attirent les consommateurs grâce

à leur image de marque, au caractère innovant de leurs produits et grâce à la pression

publicitaire qui soutient les produits. Selon l’auteur, c’est pour maintenir la fréquentation du

magasin que les distributeurs vont devoir freiner le développement de leurs MDD. En effet, la

fréquentation des magasins est un objectif majeur pour les distributeurs qui connaissent entre

eux une forte concurrence. La fréquentation étant un équilibre entre « coût de changement de

marque » et « coût de changement d’enseigne », selon Corstjens (1995), on peut

effectivement s’interroger sur la future place que prendront les marques de distributeurs en

linéaire, tendance à la hausse, à la baisse ?

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CONCLUSION

Le cadre de ce mémoire nous a donc amené à nous questionner sur l’impact de l'essor des marques de distributeurs sur le Category-Management. Concept dont nous rappellerons ici la définition (Sources: definition-marketing.com) «Procédure d’optimisation des ventes d’une catégorie de produits qui est conjointement menée par une enseigne et un fabricant. Le Category-Management est plus large que le simple merchandising, car il dépasse les problématiques d’allocation d’espace de vente et prend en compte la satisfaction optimale des besoins des consommateurs.»

Notre problématique « Comment l’essor des MDD influence t’il le Category-Management ? » soulève trois axes que nous avons évoqués dans le corps de ce mémoire mais que nous allons reprendre ici:

Axe n°1 : Une forte présence des MDD nuit’ elle au bon déroulement du

Category-Management?

Nous nous intéressons ici à l’impact des MDD sur la gestion par catégorie en fonction du taux

de pénétration des MDD sur une catégorie. Nous cherchons donc à vérifier si la présence de

MDD est un frein à une bonne collaboration entre les industriels et les distributeurs.

Ayant présenté le Category-Management et largement discuté sur le fait que c’est un nouveau

concept mis en place pour mener une politique de différenciation, basée sur un partenariat,

nous baserons notre réflexion sur le fait que nous avons vu que plus la marque de distributeur

est développée, plus il est difficile de mettre en place une démarche de Category-Management

(concurrence accrue, méfiance...).

Ainsi, les objectifs du Category-Management peuvent être vus comme incompatibles avec

l'essor actuel des marques de distributeur et au regard de l’évolution de la marque de

distributeur, le Category-Management devra certainement être amené à évoluer.

Toutefois le Category-Management, n’est pas totalement impactée par le taux de pénétration

des MDD, ni par leur présence en linéaire. Les deux concepts ne sont donc pas incompatibles,

comme le montre le concept de stratégie mixte (production de marques propres et de MDD

par un industriel).

Conclusion de notre premier Axe: « Une forte présence des MDD nuit au bon déroulement

du Category-Management». => VALIDATION PARTIELLE car il est manifeste que le

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category-management est bousculé par l'essor de la MDD, cependant il va être ainsi

amené à évoluer ce qui peut donc implanter l'essor des MDD comme un élément de

l'évolution du Category-Management, et non forcement une nuisance.

Axe n° 2 : Le développement des MDD impacte-t-il la catégorie en

réduisant le nombre d’intervenants sur le marché ?

Cette seconde hypothèse nous permet de faire un point sur le développement de la MDD et

sur son impact sur le nombre d’intervenants. Nous revenons ici sur la thématique de la

concurrence entre les marques. Ainsi, l’objectif est d’étudier comment évolue la catégorie en

présence de la MDD et dans un univers où le linéaire est limité.

Cette hypothèse peut nous sembler vérifiée car elle signifie que la MDD réduit le nombre

d’intervenants sur la catégorie mais aussi qu’elle implique implicitement un choix entre ces

intervenants, chose que nous avons démontrée précédemment. En résumé, que la MDD

favoriserait la collaboration avec le leader de la catégorie ou le Category-Captain.

En revanche, nous avons put voir que plusieurs théorie donne l'espérance de croissance

continue des MDD comme limitée. En effet les MDD sont dépendantes à plusieurs niveaux

des Marques Nationales (images, attrait du client...).

Conclusion de notre second Axe : «Le développement des MDD impacte la catégorie en

réduisant le nombre d’intervenants sur le marché» => VALIDATION PARTIELLE car

il y a un impact, mais il n'est pas destiné à être illimité dans le temps et la progression.

Axe n° 3 : Le Category-Management diffère t-il selo n la nature de

l’enseigne et de la stratégie MDD déployée par cell e-ci ?

Ce dernier axe permet de voir si les différentes stratégies d'enseignes, qu'elles que soient leurs

politiques de gestions des MDD et leurs agressivités envers les Marques Nationales, font

évoluer le Category-Management, ou si les enseignes sont toutes traitées de la même façon

par l'industriel.

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En effet toutes les enseignes poursuivent actuellement le même but : maximiser la présence

des MDD en magasin (recherche d'une présence 50% de MDD en moyenne dans les

magasins, jusque 100% à terme pour Système U).

A cause de cette volonté affichée, de la puissance de négociation des enseignes et de la

diversité des MDD, celles-ci sont classées comme « ennemi numéro 1 » dans toutes les

enseignes, ainsi il n’y a pas de raison pour un industriel d’avoir des stratégies de Category-

Management différentes d’une enseigne à l’autre.

Conclusion de notre 3ème Axe : « Le Category-Management diffère selon la nature de

l’enseigne et de sa stratégie MDD déployée ». => REJET, la MDD est considérée comme

le concurrent numéro 1 quelle que soit l'enseigne. Elle est donc traitée avec un

maximum de considération.

Nous pouvons résumer ici notre travail en affirmant que l'essor actuel des marques de

distributeurs exerce une pression négative au bon développement des projets de Category-

Management. Ce n’est pas pour autant que l’on collabore moins, mais en tout cas, les deux

acteurs collaborent moins bien. De nombreux biais évoqués précédemment affectent la

relation d’échange et de partenariat.

Notre travail de recherche nous permet également d’établir une corrélation entre le poids des

marques de distributeurs et la réduction du nombre d’intervenants sur les catégories. En effet,

les politiques MDD très offensives conduisent à diminuer le nombre d’intervenants, en

particulier les moins importants. Les MDD privilégient donc les grands groupes d’industriels

à l’expertise et aux moyens financiers plus conséquents pour dynamiser la catégorie.

Nous avons parlé dans ce mémoire de l’impact de l'essor des marques de distributeurs sur les

Marques Nationales, cependant nous pensons qu’il serait judicieux de s’interroger sur les

stratégies, et sur la nouvelle dynamique que souhaite prendre les Marques Nationales pour

tenter de retrouver leurs positions et leurs croissances.

Ainsi, dans le contexte actuel de crise économique, d’autres facteurs rentrent en compte. Nous

pouvons par exemple citer le fait que les Shoppers se tournent de plus en plus vers les

magasins de proximités pour faire leurs achats, au dépend des grandes surfaces. Ceci par

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souci de praticité (plus près de leurs lieux d’habitation), d’économie (pas de carburant à

payer), ou même d’idéologie (moins nourrir l’ogre capitaliste).

Avec cette poussée des MDD et suivant l’exemple de Nestlé avec Nespresso (magasins

propres en dehors de la grande distribution classique), nous pourrions nous demander si le

commerce de proximité ne pourrait pas devenir un nouveau terrain de croissance pour les

Marques Nationales en plus de la consommation Hors Domicile, et donc réinverser le rapport

de force entre Industriels et Distributeurs ?

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SYNTHESE

Le Category-Management est une relation, et surtout une négociation continue, entre

l’industriel et le distributeur dans le but que les deux protagonistes soient gagnant/gagnant

dans la façon de gérer une catégorie (thés, shampoing, etc.).

La MDD est une composante du Category-Management dans le sens où elle est très présente

en linéaire, et est une concurrente des Marques Nationales.

Les Marques Nationales doivent donc maintenant composées avec le fait que leurs principaux

concurrents sont les propriétés de leurs distributeurs. Distributeurs avec qui elles négocient

régulièrement dans le cadres du Category-Management (Quels sont les produits les plus

adéquats pour cette enseigne, comment placer les produits, etc.)

Cela a donc créé une nouvelle contrainte pour les industriels, mon mémoire porte sur l’étendu

de cette contrainte.

Nous avons rassemblé tout au long de notre travail les éléments nécessaires pour répondre à la

problématique centrale de notre mémoire : Comment l’essor des MDD influence t’il le

Category-Management ?

La réflexion pour répondre à cette thématique s’est faite en plusieurs étapes et avec comme

support une étude préliminaire de la littérature académique sur le sujet du Category-

Management et des MDD. Il est apparu dans de nombreux écrits, et au travers de nos

expérience décrites dans ce mémoire, que les MDD pouvaient représenter une limite à la

démarche de Category-Management à cause de concepts comme la défiance (perte de

confiance d’un protagoniste envers l’autre), la prise de pouvoir, la dépendance, ou le conflit.

Nous nous sommes donc attachés à bien comprendre l’évolution des relations entre industriels

et distributeurs, le développement du Category-Management et l’évolution des MDD. Cette

partie de la réflexion nous à permis de confronter les concepts de concurrence et de

collaboration. Et de développer notre réflexion autour de 3 axes :

� Axe n°1 : « Une forte présence des MDD nuit’ elle au bon déroulement du Category-

Management ?».

� Axe n° 2 : «Le développement des MDD impacte t’il la catégorie en réduisant le

nombre d’intervenants sur le marché ?»

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� Axe n° 3 : « Le Category-Management diffère t’il selon la nature de l’enseigne et de la

stratégie MDD déployée ? ».

Il s’est avéré que deux de nos hypothèses émises ont été vérifiées mais la dernière proposition

de recherche a été rejetée. La réponse à la question générale de recherche est donc la

suivante :

L’essor des MDD influence implicitement la démarche de Category-Management, dans le

sens où leurs poids sur le marché détermineront la qualité de la relation mise en place. On

constate qu’avec la MDD, la démarche de collaboration se retrouve biaisée du fait du rapport

de force entre industriels et distributeurs et de l’intérêt important porté par les distributeurs à

l’essor de la MDD.

Le développement de la MDD impacte également les Marques Nationales, qui voient leur

nombre réduire en linéaire. La situation est difficile pour les Marques Nationales qui doivent

avoir une démarche catégorielle et trouver les bons leviers pour défendre les parts de marchés

de leurs marques.

Cependant, qu’elle que soit la politique de développement des MDD mise en place par les

distributeurs, les industriels adoptent toujours une stratégie de Category-Management prenant

particulièrement en compte les MDD.

En effet, les MDD étant toujours les concurrents numéros 1 et étant surveillés d’un œil très

vigilant par les distributeurs, tous les industriels leurs accordent toutes leurs attentions.

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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ANNEXE 1 : L’évolution du modèle de distribution

MODELE LATIN MODELE ANGLO-SAXON

Domination des grandes surfaces d’attraction

Domination des moyennes surfaces de proximité

Concentration modérée, capitaux familiaux

Concentration forte, capital ouvert

Capitaux propres limités, financement par dettes fournisseurs

et bancaires

Capitaux propres élevés, financement par appel aux marchés

Internationalisation active par exportation de format

Internationalisation nulle (Grande-Bretagne) ou multi-formats sans

exportation de savoir-faire (Pays-Bays)

Croissance mono-format Croissance multi-formats

Politiques commerciales dynamiques, politiques marketing

peu élaborées

Politiques marketing plus qualitatives, forte développement des MDD, politiques de prix peu agressives

Organisation décentralisée Organisation centralisée, recours avancé

aux technologies de l’information

Source : DUCROCQ C., (2002), La Nouvelle Distribution, Dunod, 2ème édition.

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ANNEXE 2 : Dictionnaire des concepts

Category-Management

Organisation et gestion d’une famille de produits ou d’un univers de

famille de produits, depuis la sortie des usines jusqu’aux caisses de

sortie des magasins. (Chinardet, 1999)

Collaboration

Attente d’un échange équilibré des ressources nécessaires pour

atteindre ensemble les objectifs intra et inter organisationnels à

travers des actions communes entra au moins deux acteurs.

(Childers & Ruekert,1982)

Concurrence verticale

La concurrence verticale est la concurrence qui existe entre

fabricants et distributeurs, par opposition à la concurrence

horizontale qui concerne les entreprises de même nature (entre

fabricants ou entre distributeurs). (Dussart, 1996)

Confiance

Volonté de la part d’une personne de se placer dans une situation

de vulnérabilité en faisant dépendre ses objectifs de ceux d’une

autre personne en estimant qu’elle n’en profitera pas » (Mayer & al,

1995)

Conflit vertical

Situation dans laquelle un membre du canal réalise qu’un autre

membre a adopté un comportement qui l’empêche d’atteindre ses

objectifs. (Stern & Heskett, 1969)

Coopération transactionnelle

Collaboration qui concerne la façon dont se déroulent la négociation

des termes de l’échange, le transfert de titres de propriété, la

commande et le règlement des biens échangés. Il s’agit de la

relation d’achat-vente de produits mais aussi de services, tels que

la promotion ou les actions merchandising (Bowersox, 1980).

Pouvoir

Capacité à contrôler les variables de décision des stratégies

marketing d’une autre institution intervenant à un niveau différent du

même canal. Ce contrôle doit être différent du contrôle initial que

l’institution dominée avait sur sa propre stratégie. (El-Ansary &

Stern,1972)

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Dépendance

La dépendance d’un agent A par rapport à un agent B est

directement proportionnelle à l’intérêt investi par A dans des

objectifs nécessitant l’intervention de B et inversement

proportionnelle à la possibilité dont dispose A pour atteindre ces

objectifs en dehors de sa relation avec B.

(Filser & al, 2001)

Marque de distributeur

(MDD)

Marque de distributeur. Marque appartenant à un distributeur, par

opposition aux Marques Nationales ou aux premiers prix.

Spécifiques par enseigne, elle s’appelle alors marque propre

(Chinardet, 1999)

Partenariat

Identifier les intérêts communs des deux parties pour que chacun y

trouve un profit et s’appuyer dessus pour réussir à concilier les

intérêts divergents. (Chinardet, 1999)

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ANNEXE 3 : Dictionnaire des théories

� Le modèle d’analyse compétitive de Porter (1980)

Le modèle d’analyse compétitive de Porter montre que le pouvoir de négociation des industriels et des

distributeurs affecte la compétitivité de l’industrie :

S’il y a peu d’acheteurs (dans notre cas, les distributeurs) dans une industrie, alors le pouvoir de

négociation de ceux-ci augmente. Cela incite les fournisseurs soit à augmenter la qualité des produits

soit à diminuer leurs coûts.

En revanche, s’il y a peu d’industriels, leur pouvoir de négociation augmentera. Ils seront en mesure de

baisser la qualité de leurs produits mais d’en augmenter les prix.

Pouvoir de négociation des

fournisseurs (Industriels)

Menaces des produits de substitution

Pouvoir de négociation des

acheteurs (Distributeurs)

Nouveaux entrants

potentiels

Compétitivité

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ANNEXE 4 : Dictionnaires des Outils

Echelle de LIKERT.

Ce nom provient du psychologue américain Rensis Likert. L'échelle de Likert est une échelle répandue

dans les questionnaires psychométriques. La personne interrogée exprime son degré d'accord ou de

désaccord avec une affirmation. L'échelle contient en général 5 ou 7 niveaux qui permettent de nuancer

le degré d'accord :

1. Pas du tout d'accord

2. Pas d'accord

3. Ni en désaccord ni d'accord

4. D'accord

5. Tout à fait d'accord

Pour les échelles impaires, le niveau central permet de n'exprimer aucun avis, tandis que les échelles

paires (par exemple à 4 niveaux) sont dites "à choix forcé". À chaque réponse est attribuée une note

positive ou négative, ce qui permet un traitement des données avec moyenne et écart-type.

L'échelle de Likert est beaucoup utilisée en psychologie sociale, mais aussi dans l'évaluation de la

validité sociale d'une intervention psychologique.