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Intelligence artificielle, IoT, réalité virtuelle ou augmentée, tant de technologies qui résonnent
aujourd’hui dans l’esprit de nombreux dirigeants, directeurs, ingénieurs souhaitant bénéficier
de démarches innovantes, disruptives, pour transformer leurs organisations et les ancrer dans
le concept visionnaire de l’Industrie 4.0. Amélioration du service client, des conditions de
travail, de la productivité, du Taux de Rendement Synthétique (TRS), déjà boostés depuis de
nombreuses années par les approches Lean : les opportunités offertes par ces technologies
sont aussi nombreuses que variées.
La robotisation et la mécanisation ont également déjà été l’occasion d’améliorer la produc-
tivité et la compétitivité des industries. L’Allemagne, qui a su tirer profit de ces technologies,
a augmenté de 25 % sa production industrielle entre 2000 et 2016 tandis que la production
de la France diminuait de 3 % (source : Étude du Trésor).
C’est dans ce contexte que Wavestone réalisa son étude, se demandant « en quoi le poten-tiel de la digitalisation permet-il de donner un nouveau souffle à l’industrie française ? ».
Plus d’une quarantaine d’industriels ont accepté d’apporter leur éclairage, leur vécu.
La transformation digitale est une réalité dans le secteur industriel français : rares sont ceux
n’ayant pas de projets de transformation digitale en cours. Comment en tirer profit ? Quelles
technologies ont été mises en place ? Quels sont les freins pour les déployer ? Au bout de
combien de temps les premiers bénéfices sont-ils constatés ? Décryptage dans cette étude.
SÉBASTIEN MARIE
NICOLAS DURANTEL
COMMENT LA DIGITALISATION PERMET-ELLE DE DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’ INDUSTRIE FRANÇAISE ?
AUTEURS
Cette publication a été réalisée avec les contributions de Lucie Belhadj Ahmed, Marc de Noinville, Marine Paillere et Thomas Le Bonhomme.
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AT T E N T E S D E S I N D U S T R I E L S F R A N Ç A I S PA R R A P P O R T A U D I G I TA L : L’A G I L I T É C R I S TA L L I S E P L U S Q U E J A M A I S L E S E F F O R T S
Depuis de nombreuses années et la naissance
des problématiques de Lean Manufacturing
à la fin du xxème siècle, les industriels traquent
les pertes et les tâches à non-valeur ajou-
tée dans l’objectif d’épurer leurs processus.
Optimiser pour économiser, pour mieux
travailler, pour croître. Néanmoins, Victor
Payan, co-fondateur d’Ermeo, éditeur d’une
plateforme pour opérateur connecté, nous
confirme que les industriels souffrent tou-jours aujourd’hui d’inefficacité opération-nelle, en particulier sur le terrain : « les opé-
rateurs et techniciens sont les grands oubliés
de l’Industrie 4.0 et même plus largement,
de la transformation digitale ».
L’émergence de technologies digitales,
enfantées par les premières heures du xxième
siècle, a provoqué une prise de conscience
collective des industriels : les besoins et
mentalités se transforment, il s’agit à présent
de savoir s’adapter rapidement au besoin de
son client, même fluctuant.
L’étude montre que 69 % des sondés se
lancent dans la transformation digitale dans
le but d’améliorer la flexibilité de leurs pro-cessus industriels, soit 1,4 fois plus qu’il y a
18 mois quand Wavestone avait mené son
baromètre industriel 2017.
55 % d’entre eux cherchent également à
gagner en compétitivité, quel que soit le
secteur d’activité ou le chiffre d’affaires.
En outre, on remarque que 44 % des
industriels appartenant à une entreprise réa-
lisant plus de 10 milliards d’euros de chiffre
d’affaires souhaitent utiliser les outils digi-
taux pour diminuer leurs coûts.
Plus de la moitié des sondés considèrent
également que le digital va leur permettre de
créer de nouveaux produits et services pour leurs clients, et leur procurer un avantage
clé pour la R&D. C’est le cas par exemple du
groupe Thales qui investit largement dans les
technologies d’Intelligence Artificielle (IA) et
d’analyse de données massives (data analy-
tics) dans le but de créer de nouvelles oppor-
tunités technologiques pour leurs clients,
et répondre ainsi à de nouveaux besoins
jusqu’alors non comblés.
En revanche, moins de 5 % des sondés affir-
ment qu’ils déploient leur transformation
digitale dans le but d’accélérer leur crois-
sance. Pourtant, les apports du digital pour la
R&D soutiennent bien, in fine, la croissance,
si l’industriel parvient à créer et vendre de
nouveaux services. Les industriels ont large-
ment conscience du gain que peuvent leur
apporter ces nouvelles technologies dans
leurs opérations, mais le potentiel de déve-
loppement de nouveaux marchés n’est pas
encore pleinement appréhendé.
L E S G A I N S P E U V E N T Ê T R E CO N S TAT É S S O U S 2 A N S , Q U I P L U S E S T S U R P L U S I E U R S F O N C T I O N S D E L’ E N T R E P R I S E
Agilité et compétitivité sont les maître-mots :
savoir réagir vite pour mieux s’adapter.
Visant l’excellence opérationnelle via la trans-
formation digitale du métier des opérateurs
sur le terrain, les industriels souhaitent ainsi gagner en réactivité industrielle.
En installant des solutions permettant de
mieux outiller les opérateurs et de les rendre
plus efficaces, certaines tâches sont écour-
tées et simplifiées avec un effet bénéfique
sur les conditions de travail et la productivité
globale.
Le client est également en ligne de mire de
cette transformation. D’après notre étude, les
industriels interrogés sont presque deux tiers
(62 %) à témoigner d’un impact au niveau du service client, ou à estimer que cela l’impac-
tera. L’impact ne s’arrête donc pas aux opé-
rateurs sur le terrain : de nombreux services
connexes en voient les bénéfices également.
52 % des industriels interrogés estiment à
cet effet que leur transformation digitale
impacte déjà ou impactera les équipes de
recherche et développement et près d’un
tiers le constate également aux niveaux des
équipes commerciales ou achats.
Quel que soit le service impacté, les indus-
triels notent bel et bien déjà les premiers
résultats, même si la prise de conscience du
potentiel apporté par le digital est récente.
L’obtention de résultats est donc rapide.
On constate ainsi, via notre étude, que près de la moitié des industriels ont bénéficié des résultats de leurs transformations en moins de deux ans. En effet, 24 % d’entre
eux ont obtenu des résultats avant même la
première année, quand 24 % les ont obser-
vés entre un et deux ans après leur mise en
place. Le mouvement s’accélère car même
si le panel des sondés n’est pas le même, il y
a 18 mois seuls 7 % des industriels interrogés
affirmaient déjà constater des résultats.
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COMMENT LA DIGITALISATION PERMET-ELLE DE DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’ INDUSTRIE FRANÇAISE ?
Parmi les industriels n’ayant pas encore
observé de résultats, on retrouve principa-
lement deux catégories :
/ Les entreprises de plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ayant lancé une transformation profonde de leur organisation par le digital, nécessitant alors une mise en place plus longue, le déploiement des fon-dations (IT, organisation, architec-ture…) au préalable,
/ Les entreprises qui viennent de lan-cer leurs projets de digitalisation et n’ont donc pas encore pu bénéficier de leurs premières actions.
Sébastien Flourac, Animateur de l’Activité
Digitale de GRTgaz, confirme avoir obtenu
des résultats en moins de deux ans et que
ceux-ci ont concerné l’ensemble des fonc-
tions de l’entreprise, support inclus. Cette
transformation a remis en cause l’organisation
et les méthodes de travail, dans le but d’ins-
taurer une réelle culture du digital au sein
de l’entreprise. Cela a nécessité un apport de
compétences, via des recrutements et des
partenariats avec des startups et des écosys-
tèmes académiques (écoles et laboratoires).
Ces gains relatifs aux projets de transfor-
mation digitale au sein de nos usines sont
souvent tangibles quand toutes les initia-
tives sont mises ensemble bout à bout, ce
qui peut bousculer les approches tradition-
nelles visant à calculer finement un ROI glo-
bal avant de lancer tout projet.
De quels gains parle-t-on par exemple ?
En moyenne, nous pouvons en particulier
citer, de manière non exhaustive, les retom-
bées positives suivantes :
/ 25 % de productivité sur les opéra-tions via une dématérialisation des processus, des outils de mobilité et une bonne utilisation des données de production ou d’exploitation,
/ Quelques points de TRS (Taux de Rendement Synthétique) gagnés via ces mêmes approches,
/ Des heures voire des jours de travail gagnés sur les activités en R&D avec entre autres des déplacements en moins via la maquette numérique.
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LA DIGITALISATION INDUSTRIELLE : UN IMPACT GLOBAL ET DES RÉSULTATS À COURT TERME…
73% d e s i n d u s t r i e l s o n t m i s e n p l a c e ,
o u a m i n i m a d é b u t é , u n e t r a n s f o r m a t i o n d i g i t a l e
A g i l i t é , f l e x i b i l i t é , r é a c t i v i t é
D i m i n u t i o n d e s c o û t s
C o m p é t i t i v i t é
I l s en a t tenden t
Te m ps/ga ins
Impacts béné f iques
obse rvés
5 l ev ie r s techn o log iq u es p or teu r s m i s en p lace
d e s i n d u s t r i e l s o n t c o n s t a t é d e s g a i n s e n m o i n s d ’ u n a n
d e s i n d u s t r i e l s o n t c o n s t a t é d e s g a i n s e n t r e 1 e t 2 a n s
d e s i n d u s t r i e l s o n t c o n s t a t é d e s g a i n s e n t r e 2 e t 3 a n s
d e s i n d u s t r i e l s n ’ o n t p a s e n c o r e c o n s t a t é d e s g a i n s
62 % Relation
client52 % R&D
38% Achat
34% Commercial & Marketing
31% RH
28% Finance
Périmètre production et qualité
Périmètre supply chain et logistique
Pr inc ipaux po in t s de v ig i l ance
Acceptation du changement
27 %
Nouvelles compétences
requises25 %Capacité
des structures IT15 %
% des industriels ayant observé un impact bénéfique du digital sur ces périmètres
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D E S C H O I X T E C H N O LO G I Q U E S A U S E R V I C E D E V O T R E T R A N S F O R M AT I O N
C’est conscients des nouveaux enjeux portés
par le développement des technologies digi-
tales que nombre d’industriels se sont lancés
depuis quelques années déjà dans la mise en
place de technologies identifiées comme leviers, en particulier pour les services liés
à la production, la qualité et la maintenance
ainsi qu’à la logistique et la supply chain.
Dans cette démarche, le principal levier
technologique identifié par les industriels
correspond aux outils de travail en mobi-lité (tablettes industrielles, smartphones, …) :
80 % d’entre eux ont en effet mis en place
ce type de solutions dans leur processus
de production, 52% pour leurs activités de
maintenance et 48% pour leurs activités de
logistique et supply chain.
Sont ensuite citées les technologies
d’exploitation de données et de plate-formes collaboratives utilisées par 66 %
d’entre eux dans leurs fonctions de produc-
tion, et à 43 % dans leurs activités de logis-
tique et supply chain.
Ces technologies s’intègrent dans la volonté
des industriels de s’adapter aux nouvelles problématiques adressées par la révolution
digitale du xxième siècle : agilité, flexibilité,
réactivité. Victor Payan, de la startup Ermeo,
fait le constat que chez de très nombreux
industriels de toutes tailles, les méthodes
de travail actuelles ne permettent pas de
répondre à ces problématiques, l’amenant
à déclarer que « les opérateurs et techniciens
sur le terrain travaillent encore beaucoup sur
papier et sont complètement déconnectés
de leurs systèmes d’information, leurs colla-
borateurs, leur manager. Il est très compliqué
de partager et faire remonter des bonnes
pratiques, de faire évoluer les processus :
l’amélioration continue n’en est que plus
limitée ». Avec sa plateforme pour opéra-
teur connecté, la startup travaille principale-
ment avec les technologies citées ci-dessus,
technologies qui sont, d’après notre étude,
les plus impantées chez les industriels et
permettent, selon leurs retours d’expé-
riences, des gains de 25 % de productivité
en moyenne ainsi que des gains de qualité
et de sécurité des interventions.
Notons de surcroît que ces leviers tech-
nologiques, outils de travail en mobilité,
exploitation de données et plateformes col-
laboratives, sont des technologies matures
suffisamment élaborées pour être indus-trialisables. Cette étude a permis d’identifier
de futurs leviers technologiques, comme la
réalité augmentée ou l’intelligence artifi-
cielle. Ces derniers sont déjà mis en place
chez quelques précurseurs (21 % des indus-
triels les utilisent ou les implantent actuel-
lement) et sont envisagés par la moitié
d’entre eux, à respectivement 56 % et 48 %,
sur des sujets de production et qualité. Les
technologies IoT apparaissent également
comme levier activable à court terme. En
effet, lorsque nous nous focalisons sur les
entreprises ayant déjà obtenu les premiers
résultats de leur transformation, près d’un
tiers de celles-ci (30 %) confirment avoir mis
en place ces technologies et près des deux
tiers l’ont envisagé (60 %) pour leurs acti-
vités de production et de qualité. De plus,
Ermeo constate la présence de nombreux
projets de ce type chez ses clients, ce qui
amène Victor Payan à conclure : « une des
priorités stratégiques de nos clients est de
pouvoir s’interfacer avec des projets IoT. »
De plus le Gartner, via la publication de
son Hype Cycle en 2018, présente sous la
forme d’une courbe d’évolution le cycle
de vie d’une technologie, de sa naissance
à son industrialisation. Ce graphique place
l’Intelligence Artificielle et la réalité aug-
mentée à deux stades différents d’évolu-
tion. L’Intelligence Artificielle est positionnée
dans la première phase, celle du déclen-
chement, de l’étincelle créative et vision-
naire mais toujours au stade de prototype.
La réalité augmentée, elle, se positionne
dans la troisième phase, celle dite du creux
de désillusion : après le maximum de la
courbe correspondant à la deuxième phase
et marquant le paroxysme des attentes liées
à cette technologie, les complexités de sa
mise en œuvre repositionnent ses applica-
tions sur des objectifs réalisables.
Il est donc légitime que, comme le montre
notre étude, l’Intelligence Artificielle soit
envisagée par les industriels. Cependant,
nous devons encore redoubler d’efforts
avant de passer à la phase d’industrialisa-
tion : l’IA est une source que nous ne fai-
sons que commencer d’explorer. Le rapport
du mathématicien et député Cédric Villani
rendu public en mars 2018 porte d’ailleurs
le titre évocateur « Donner un sens à l’intel-
ligence artificielle ».
La réalité augmentée quant à elle pourrait
bien être un réel levier technologique dès
demain. C’est peut-être conscient de ces
éléments, que NAVAL GROUP (ex DCNS) a
déjà mis en place une application de réalité
augmentée permettant de visualiser et de
contrôler l’état d’avancement du montage
d’équipements lors du chantier de construc-
tion d’un navire. De nombreuses startups
se sont également lancées sur le sujet des
technologies logicielles de réalité augmen-
tée. C’est le cas de Diota, qui propose une
solution permettant aux acteurs industriels
d’accroître la performance et la traçabilité
de leurs opérations jugées complexes, en
associant étroitement données numériques
et espaces opérationnels.
Nous remarquons certes que les principaux
leviers technologiques mis en place en pro-
duction/qualité et supply chain/logistique
sont identiques, mais que ces derniers sont
davantage implantés pour ces premières
fonctions. Pour chacun de ces leviers, leur
taux d’implantation chez les industriels inter-
rogés est supérieur en production et qualité
d’au moins 30 % par rapport à une utilisation
en supply chain et logistique.
COMMENT LA DIGITALISATION PERMET-ELLE DE DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’ INDUSTRIE FRANÇAISE ?
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A L E R T E S E T V I G I L A N C E S U R L A R O U T E D U D I G I TA L : A N T I C I P E R P O U R M I E U X M A Î T R I S E R
La bonne mise en œuvre de ces techno-
logies digitales, l’acceptation par les équipes
puis leur utilisation nécessitent un panel de
nouvelles compétences. La principale résis-
tance à ces implémentations est l’accepta-
tion au changement de la part des équipes.
En effet, 77 % des industriels interrogés
considèrent que c’est le point de vigilance
majeur. Cette réticence au changement de
la part des effectifs peut être, dans certains
cas, liée à un sponsor pas assez fort ou à une
vision insuffisamment clarifiée. Bien souvent,
c’est surtout le changement de culture voire
d’ADN qu’il convient d’adresser pour avan-
cer : la transformation digitale de l’industrie requiert également une transformation au niveau des organisations.
Laurent Baseilhac, responsable digital
manufacturing chez Arkema insiste sur ce
point : « La Digital Culture : c’est important !
il faut accepter de lâcher prise pour que les
opérateurs s’emparent du sujet. Il faut utiliser
l’énergie et la créativité des personnes sur
le terrain ».
Les nouvelles compétences requises pour
déployer des solutions technologiques ou
digitales, comme la blockchain et la réalité
virtuelle/la réalité augmentée, ressortent
comme le deuxième frein pour les industriels.
Il peut être compliqué de recruter certains
profils spécialisés comme des data scientists,
des développeurs ou des architectes de solu-
tions. Cela est généralement dû à différents
points : le coût élevé de ces profils ainsi que
l’image encore peu attrayante de l’entreprise
industrielle pour ces métiers. Ces organisa-
tions sont en effet souvent moins attractives
que les GAFA ou toutes les entreprises dont
le digital est davantage au cœur de l’activité.
Comme le précise Sébastien Flourac, anima-
teur de l’activité digitale de GRTgaz, « il est
compliqué pour les entreprises de recruter.
Nous avons beaucoup de mal à faire entrer
certaines compétences, en particulier les
profils spécialisés comme ceux des déve-
loppeurs ayant du leadership pour animer et
faire vivre le cadre de développement auprès
des équipes de développeurs en prestation :
le marché est tendu et les profils sont chers
voire très chers ».
Enfin, contrairement à ce que l’on pourrait
penser, seulement 26 % des industriels inter-
rogés considèrent la protection des don-nées comme un point de vigilance à prendre
en compte lors de la mise en place d’une
stratégie digitale. La cybersécurité apparaît
quant à elle comme un point de vigilance
pour 32 % des répondants.
Ce n’est pas tant le risque qui a diminué
mais les solutions qui se sont développées :
on s’estime mieux armés pour les affronter
(la part de ceux faisant ou ayant fait le néces-
saire sur cette problématique a quasiment
doublé depuis notre dernière étude).
En plus de ces obstacles internes à l’entre-
prise, la mise en place de nouvelles techno-
logies au sein de l’industrie peut être freinée
pour d’autres raisons :
/ La législation peut dans certains cas ralentir ce virage technologique pour certaines fonctions. L’utilisation du drone est en effet restreinte et la lé-gislation en interdit l’usage dans cer-tains cas notamment lorsqu’il n’est pas à vue. On peut se demander si cette législation est la raison pour laquelle le drone n’est pas (encore) envisagé dans la supply chain et la maintenance, selon 90 % des per-sonnes interrogées dans notre étude,
/ D’autres technologies ne sont pas encore tout à fait à la hauteur des attentes : le concept de diagnostic à distance (qui permet d’ailleurs de pérenniser des emplois à haut niveau d’expertise en France) est bon mais peut encore s’améliorer afin d’offrir une qualité de son et d’image opti-male pour analyser un phénomène de corrosion par exemple, souligne le responsable digital manufacturing d’Arkema.
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Q U E LQ U E S C L É S P O U R R É U S S I R V O T R E T R A N S F O R M AT I O N D I G I TA L E
La transformation amenée par l’Indus-
trie 4.0 est-elle faite pour mon industrie ?
La question se pose aujourd’hui de moins en
moins: l’étape buzz word Industrie 4.0 est
derrière nous… La problématique n’est plus s’il faut se digitaliser mais plutôt comment procéder.
En effet, comme le montre notre étude,
les premiers résultats que nous observons
chez nos clients sont plus qu’encourageants.
La transformation digitale industrielle remet
l’opérateur, le technicien, l’agent de maîtrise
trop longtemps délaissés au centre de la
réflexion.
Néanmoins, beaucoup d’industriels réflé-
chissent encore à la manière de procéder
(18 %).
Pour aider, premiers contours du portrait-
robot des industriels qui connaissent leurs
premiers succès :
/ Ils visent l’agilité,
/ Ils peuvent être dans tous les secteurs d’activité sans distinction et indépen-damment de la taille des usines,
/ Ils recherchent très vite sur quelques cas d’usage/sites les premiers résul-tats concrets et visibles qui pourront être diffusés par capillarité,
/ Ils ne sont pas si préoccupés par la peur de se faire désintermédier, car ils étendent également la transforma-tion digitale au niveau des équipes commerciales et marketing,
/ Ils ont pensé à élargir leur écosys-tème (« je ne ferai pas tout tout seul, c’est impossible ») afin de bénéficier de l’apport des partenaires, de start-ups, d’ESN (Entreprises de Services du Numérique), d’instituts acadé-miques, qu’il faut ensuite mobiliser sur les bons sujets,
/ Ils s’efforcent voire mettent une grande partie de leur énergie à insuf-fler une culture digitale : penser que l’opérateur a déjà un smartphone personnel, donc que le digital sera simple à déployer, est quelque peu réducteur... C’est avant tout un chan-gement culturel majeur plutôt qu’un déploiement de technologies qui est en jeu.
Toutefois, forts de notre expérience, nous
tenons à souligner un autre point clé qu’il
convient d’adresser : celui du socle applicatif
qui garantira la continuité numérique tout en
dé-silotant les SI. Il doit permettre de passer
moins de temps à consolider les données et
plus de temps à les analyser pour prendre les
bonnes décisions... en temps réel.
Un des industriels intérrogés d’Arkema pré-
fère ainsi se focaliser sur la mise en place
de plateformes transverses dédiées (à titre
d’exemple : mobilité, digital twin, connecti-
vité, data analytics…) sur lesquelles chacun
sera libre de développer ses applications.
CO N C L U S I O N
Les technologies évoquées ici sont de for-
midables accélérateurs pour l’excellence opérationnelle et l’agilité industrielle, qui
pouvaient être au point mort.
Là où les méthodes traditionnelles sem-
blaient arriver à bout de souffle, ou plutôt
ne permettaient plus de faire de grands
sauts en termes de progrès, les industriels se
réjouissent de pouvoir compter sur le digital.
Ne nous y méprenons pas : bien que sou-
vent abordé sous l’angle technologique, le
véritable challenge qui revient près de 4 fois
sur 5 est celui de la diffusion de la culture digitale et l’adaptation de l’organisation, et
ce à tout point de vue.
C’est bien un nouveau souffle qui arrose
toutes les industries et si personne n’ose
ou ne peut encore avouer qu’on sauve ainsi
des sites, qu’on pérennise ou qu’on crée des
emplois, c’est notre conviction ! Le temps
nous donnera sûrement raison au vu des
résultats déjà affichés.
Ce vent d’optimisme, nous l’incarnons via
notre approche Wavestone The Positive Way
lorsque nous accompagnons nos clients sur
de tels programmes.
COMMENT LA DIGITALISATION PERMET-ELLE DE DONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À L’ INDUSTRIE FRANÇAISE ?
2018 I © WAVESTONE
www.wavestone.com
Dans un monde où savoir se transformer est la clé du succès, l’ambition de Wavestone est d’apporter à ses clients des réponses uniques
sur le marché, en les éclairant et les guidant dans leurs décisions les plus stratégiques.
Wavestone rassemble 2800 collaborateurs présents sur 4 continents. Il figure parmi les leaders indépendants du conseil en Europe,
et constitue le 1er cabinet de conseil indépendant en France.