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aura fallu un siècle de luttes pour que les femmes, exclues de la citoyenneté politique lors du rétablissement du suffrage universel en 1848, deviennent « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » dès les premières élections après la Libération (Ordonnance du 21 avril 1944) et que le préambule de la Constitution de 1946 affirme solennellement que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme ». FEMMES EN ESSONNE 1848 . 2008 COMBATS POUR L’ÉGALITÉ Josèphe Jacquiot (1910-1995) Conservateur au Cabinet des Médailles de la BibliothèqueNationale, professeur à l’Ecole du Louvre et à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Maire de Montgeron (18 mai 1945-24 octobre 1947) Citoyennes à part entière, les femmes le sont devenues dans la réalité à la suite de toute une série de lois adoptées entre 1965 et 1975. La représentation des femmes dans les institutions politiques, syndicales, l’accès des femmes à toutes les professions, le partage des tâches domestiques, le droit à la maîtrise de leur corps ont connu des avancées historiques, néanmoins beaucoup reste à faire pour parvenir à la parité, à la mixité. Archives publiques et privées, entretiens de mémoires retracent quelques aspects des transformations de la condition des femmes en Essonne : travail, formation et participation à la vie de la cité, ainsi que les combats menés par les femmes pour faire avancer leur cause. Sur un territoire profondément transformé par l’industrialisation et l’expansion de la banlieue parisienne, des hommes et des femmes venus de toute la France, puis d’horizons de plus en plus lointains dès la fin du XIX ème siècle, ont par leur travail construit l’Essonne d’aujourd’hui. Une population multipliée par dix depuis 1846, alors que celle de la France ne faisait que doubler. Les activités rurales dominantes ont fait place progressivement aux activités industrielles, dépassées à leur tour par les activités de service. Depuis les années 60, les femmes se sont durablement installées dans le travail ; elles représentent 48,2 % de la population active en 2006 contre 34 % en 1962. © Musée Josèphe Jacquiot Pour la première fois en 1945 les femmes ont pu voter ... © Le Républicain, 18 mai 1945 (ADE) © 1944 Rosalie Audry (Haudry) (Souzy-la-Briche, 7 juillet 1845- Cerny, 29 juillet 1945) Il et être élues..

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Page 1: Combats pour l’égalité Il - maisondebanlieue.fr · siècle de luttes pour que les ... dans les écoles primaires urbaines permet aux filles ... les premiers lycées, tous mixtes

aura fallu un

siècle de luttes pour que les femmes, exclues de la citoyenneté politique

lors du rétablissement du suffrage universel en 1848, deviennent « électrices

et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes » dès les premières élections

après la Libération (Ordonnance du 21 avril 1944) et que le préambule de la Constitution de 1946 affirme

solennellement que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des

droits égaux à ceux de l’homme ».

Femmes en essonne1848 . 2008Combats pour l’égalité

Josèphe Jacquiot (1910-1995) Conservateur au Cabinet des Médailles de la BibliothèqueNationale, professeur à l’Ecole du Louvre et à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Maire de Montgeron (18 mai 1945-24 octobre 1947)

Citoyennes à part entière, les femmes le sont devenues dans la réalité à la suite de toute une série de lois adoptées entre 1965 et 1975.

La représentation des femmes dans les institutions politiques, syndicales, l’accès des femmes à toutes les professions, le partage des tâches domestiques, le droit à la maîtrise de leur corps ont connu des avancées historiques, néanmoins beaucoup reste à faire pour parvenir à la parité, à la mixité.

Archives publiques et privées, entretiens de mémoires retracent quelques aspects des transformations de la condition des femmes en Essonne : travail, formation et participation à la vie de la cité, ainsi que les combats menés par les femmes pour faire avancer leur cause.

Sur un territoire profondément transformé par l’industrialisation et l’expansion de la banlieue parisienne, des hommes et des femmes venus de toute la France, puis d’horizons de plus en plus lointains dès la fin du XIXème siècle, ont par leur travail construit l’Essonne d’aujourd’hui. Une population multipliée par dix depuis 1846, alors que celle de la France ne faisait que doubler. Les activités rurales dominantes ont fait place progressivement aux activités industrielles, dépassées à leur tour par les activités de service. Depuis les années 60, les femmes se sont durablement installées dans le travail ; elles représentent 48,2 % de la population active en 2006 contre 34 % en 1962. ©

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Rosalie Audry (Haudry) (Souzy-la-Briche, 7 juillet 1845-

Cerny, 29 juillet 1945)

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En 1851, environ 12 300 femmes, recensées comme vivant du travail de leur mari, sont aussi nombreuses que celles classées comme journalières et domestiques dans l’agriculture, activité dominante

avec 62 % des actifs. Un tiers des actifs de l’industrie et du commerce sont des femmes. Près de 6 000 ouvrières, contre 7 000 ouvriers, travaillent principalement dans le textile, l’habillement et l’alimentation. Les professions libérales sont dominées par les hommes : ils sont 2 400 contre à peine 500 femmes, dont près de la moitié sont institutrices, professeurs et « autres ».En 1900, des monographies d’instituteurs insistent sur le développement d’industries variées utilisant une main d’œuvre disponible, et notamment la main d’œuvre féminine, aussi bien dans les zones rurales que dans les foyers industriels en expansion le long de la Seine d’Athis à Corbeil. Un nombre croissant d’actifs salariés vont travailler à Paris dans le secteur des services.Par la loi de 1907, les femmes mariées obtiennent le droit de disposer librement de leur salaire.

1848 . 1914DEs FEmmEs aCtiVEs, mais DEpENDaNtEs

Femmes et enfants dans l’atelier de triage et délissage

des chiffons servant à la fabrication du papier .

(Les grandes usines de France, Turgan, Paris 1860)a

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Les repasseuses de la blanchisserie Annon à Corbeil

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Malgré l’hostilité des organisations des ouvriers du livre, des femmes travaillent dans des ateliers distincts comme linotypistes et compositrices vers 1900, et pas seulement au brochage.En 1865, la Société Typographique, regroupant les ouvriers typographes, avait mis à l’index l’imprimerie Crété parce qu’elle employait des compositrices, moins payées que les hommes pour le même travail. La Société Typographique refusa le compromis proposé par le patron : le renvoi immédiat des 20 femmes ayant le moins d’ancienneté sur les 50, et les ouvrières furent expulsées par des ouvriers typographes .

Extraction des graines de potiron avant la sélection des graines. Etablissements Vilmorin-Andrieux à Massy

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Travaux de femmes

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la délisseuse examine chaque loque, tirée du ballot distribué par un contre-maître. Elle la coupe en aussi petits morceaux que possible sur le tranchant de la lame de faux séparant deux cases du coffre qu’elle a devant elle. Six coupeuses, machines à délisser des chiffons triés, mues par la force motrice, vont être installées et remplaceront chacune le travail de soixante ouvrières, difficiles à recruter : salaires insuffisants, pénibilité du travail ? (1860)

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C onfrontées à la désorganisation de l’économie due à la mobilisation, les femmes assument la direction d’exploitations agricoles, d’entreprises industrielles et commerciales, alors que les lois les considèrent comme

mineures. Institutrices, elles remplacent les hommes dans des écoles de garçons. La prolongation de la guerre conduit les entreprises d’armement à recruter des femmes et des étrangers. Beaucoup de femmes, en majorité bénévoles, servent comme infirmières dans les hôpitaux militaires et auxiliaires. En 1920, malgré leur mobilisation, les femmes n’obtiennent pas le droit de vote, mais seulement celui d’adhérer à un syndicat sans l’autorisation de leur mari. Le droit à l’information sur la contraception leur est refusé et l’avortement devient un crime passible de la Cour d’Assises.

1914 . 1918FEmmEs mobiliséEs à l’arrièrE VErs l’émaNCipatioN ?

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Vert-le-Petit poudrerie militaire du bouchet. a la fin de la guerre, 38 % des 4 203 ouvriers étaient des femmes, à peine moins que les mobilisés et les civils (42 %), et plus que les Arabes et les Chinois réunis (20 %). Ce sont elles qui allaient être le plus atteintes par le licenciement de la majeure partie du personnel, annoncé dès le 13 novembre 1918.

AtHiS-MONSsim Forges et tréfileries bellanger frères, usine convertie en fabrique d’obus de 75, en 1917. Des femmes omniprésentes, même en nombre infime à proximité des plus gros équipements. Le vêtement porté distingue les secrétaires dans les bureaux, donnant peut-être un coup de main pour d’autres tâches (manutention) où se côtoient jupes-culottes foncées et robes claires.

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BOiSSy-lA -riVièremonument aux morts

BligNyMoment de détente des soldats avec les sœurs infirmières au sanatorium de bligny, hôpital complémentaire VR67, qui a accueilli les soldats blessés ou malades atteints de tuberculose pulmonaire de novembre 1914 à décembre 1919.

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marguerite Van loo (1872-1918), infirmière-major à l’hôpital auxiliaire 217 d’Etampes, où elle est décédée le 10 novembre 1918.

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B ien que la scolarisation primaire des filles ait rattrapé celle des garçons depuis 1848, des inégalités subsistent en 1900. En Seine-et-Oise, 44% des filles, contre 17% des garçons, sont scolarisées dans des écoles

privées, créées par des congrégations religieuses avant 1870, pour éviter la coéducation dans des écoles mixtes des petites communes. L’Ecole normale d’institutrices a été créée en 1879, 38 ans après l’Ecole normale d’instituteurs de Versailles. Jusqu’en 1946, l’Essonne n’a que deux établissements secondaires publics de garçons: collège d’Etampes et école primaire supérieure de Dourdan. Aller au lycée, c’est être interne à Versailles ou à Paris, et est réservé de fait aux garçons. L’ouverture de classes de cours complémentaires, puis de centres d’apprentissage, dans les écoles primaires urbaines permet aux filles d’accéder à un enseignement secondaire public. Entre 1945 et 1960, les premiers lycées, tous mixtes et gratuits, ouvrent à Montgeron, Savigny-sur-Orge, Corbeil-Essonnes et Orsay.

Former les FillesAccéder à lA FormAtion à égAlité Avec les gArçons

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EcolE dE fillEs dE saint-chéron En 1903 Des religieuses ont enseigné jusqu’en 1886 dans cette école publique, qui a été laïcisée en application des lois de Jules Ferry instaurant l’école publique laïque, gratuite et obligatoire.Les institutrices des deux classes primaires et de la classe enfantine sont présentes.

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Présentation de l’école de filles de Corbeil dans la monographie d’instituteur de Corbeil réalisée pour l’Exposition Universelle de Paris en 1900

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Prospectus d’information du collège d’Etampes préparant au baccalauréat (1882)

EtaMPEsEn 1926, une convention entre la ville et l’etat, autorise l’admission de jeunes filles,

mais seulement aux cours. Elles ne peuvent en aucun cas être demi-

pensionnaires ou externes surveillées.

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Classe de cours complémentaire de filles vers 1960

EcolE dE fillEs curiE athis-MonsAprès le cours complémentaire, des jeunes filles suivaient souvent une formation professionnelle pour les emplois de bureau dans des cours privés, comme le Cours Pigier, présents à Juvisy et Corbeil.

« La formation professionnelle (...) contribue à figer les rôles respectifs des hommes et des femmes sur le marché du travail (...). Elle constitue un frein à la fois à la modernisation de l’économie française et à une modification du statut des femmes dans la société française. » (Ouvrières parisiennes, C. Omnès, 1997 Première promotion de bachelier(e)s au lycée

d’Etat mixte de Corbeil-Essonnes (1958-1965)

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L es femmes ont toujours travaillé dans leur foyer pour assurer les fonctions essentielles de la vie de la famille : nourrir, vêtir, élever, soigner, laver, nettoyer.

Ces fonctions, elles les exerçaient aussi hors de leur foyer familial comme servantes, domestiques, couturières à domicile, nourrices, infirmières. Nourries et logées ou salariées, bénévoles ou religieuses, la société ne les reconnaissait pas toujours comme travailleuses à part entière et elles se vivaient ainsi. Depuis un siècle, ces travailleuses ont revendiqué des droits égaux à ceux des autres salariés. Les domestiques et femmes de ménage sont devenues employées dans les services à la personne ou dans les services collectifs. Les nounous sont devenues assistantes maternelles, puéricultrices. Les infirmières sont des salariées diplômées d’Etat.Celles qui reçoivent des formations professionnelles qualifiantes débouchant sur des diplômes continuent à agir pour que leur niveau de formation soit reconnu à sa juste valeur.

métiers Féminins : lutter pour lA reconnAissAnce de lA quAliFicAtion proFessionnelle

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En 1900, l’instituteur de Saint-Chéron souligne que le « modeste salaire » des femmes qui élèvent des nourrissons est « peu en rapport avec les soins exigés par l’administration. »

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En 1977, une loi transforme les nourrices et gardiennes en assistantes maternelles, qui relèvent désormais du code du travail, ou de la fonction publique territoriale lorsque la crèche familiale devient municipale.

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Femmes dans les cuisines (années 50)

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Inauguration d’une des premières crèches collectives

ouvertes en Essonne (fin des années 60)

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Self-service du restaurant

du Comité d’entreprise

(années 60-70)

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Avant et après la manifestation, grévistes de la société de nettoyage, entreprise sous-traitante d’IBM, employant principalement des femmes portugaises. (1988)

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Personnel technicien, ouvrier et de service

en 2008

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M algré l’entrée massive des femmes sur le marché du travail, malgré la progression des scolarités féminines, les inégalités professionnelles et les discriminations résistent.

La législation du travail a d’abord cherché à protéger les enfants et les femmes dans les usines. Le droit d’exercer une activité professionnelle sans le consentement du mari n’a été acquis qu’en 1965. Après le principe d’égalité de rémunération « pour un même travail ou un travail de valeur égale » (1972), puis l’interdiction de discriminations en raison du sexe ou de la situation de famille, « sauf motif légitime », à l’embauche comme pour le licenciement (1975), la loi Roudy a étendu en 1983 la notion d’égalité de rémunération à celle d’égalité professionnelle, couvrant désormais tout le champ professionnel : emploi, formation, promotion, etc. Aujourd’hui des luttes sont menées pour que la loi soit appliquée.

Femmes sAlAriéesvers l’égAlité proFessionnelle ?

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corbEil-EssonnEsFemmes aux presses à tuiles (tuileries gilardoni, années 1920-1930)

Viry-châtillonusine du caoutchouc manufacturé et extra-soupleJusqu’à 300 personnes, en majorité des femmes y ont travaillé de 1880 à 1967.

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usine du Bouchon couronne (1930-1994)Entre 70 % et 55 % de femmes entre 1945 et 1960. Aucune femme ouvrière professionnelle. Dans la métallurgie une femme O.S.2 ne gagne guère plus que le manœuvre homme, et pour une même qualification, l’homme gagne 12,5 % de plus que sa camarade. Interrogées par un jeune étudiant en 1967, la Direction, mais aussi des employées, ont répondu qu’une femme gagnait suffisamment puisque son salaire n’est qu’un salaire d’appoint !

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Des opératrices dans un atelier de soudure

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Employées et techniciens

En 1976, 41 % des hommes sont opérateurs et employés contre 91 % des femmes.En 1986, le rapport sur la situation comparée des hommes et des femmes, présenté au Comité d’établissement, montre une augmentation significative des femmes cadres, 11 % contre 2 % dix ans plus tôt.

Ouvrière contrôlant les capsules (années 60).

Quelques-unes des 25 dernières ouvrières et leurs fabrications en 1967.

En novembre 1928, les 22 femmes travaillant sur ces machines ont un salaire de 15 F contre 28 F pour les hommes et 12 F pour les apprentis.

En 1973, trois smicards sur 4 sont des femmes… et cela n’a guère changé avec l’essor du temps partiel.

Aujourd’hui, en Essonne, près d’un salarié sur deux est une femme (46,7% en 2006)

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Catégorie Personnel Hommes FemmesOpérateurs 903 561 342Employés 431 202 229Cadres 609 597 12Maîtrise 585 560 25Technicien 696 696 30TOTAL 3254 2616 638

Répartition du personnel par catégorie en 1976 (Rapport au CHS)

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«D ans l’univers professionnel, la parité est là : les femmes représentent près de la moitié des actifs. Mais elle ne rime ni avec mixité, ni avec égalité. » Margaret Maruani, 2000.

La détermination des premières femmes qui ont accédé à l’Université, puis à des professions traditionnellement masculines, a ouvert depuis un demi-siècle des portes autrefois fermées aux femmes. Certaines professions (magistrature, barreau, journalisme, médecine, professorat) se sont féminisées, sans pour autant être dévalorisées, d’autres restent dominées par les hommes, tandis que s’est produite une féminisation massive des métiers féminins peu ou moins valorisés socialement.Quel que soit le domaine d’activité, l’accès des femmes à certaines fonctions se heurte à des résistances. Ces résistances contribuent à leur mobilisation pour une vraie mixité au travail.

Femmes actives aujourd’huivers la mixité du travail ?

Le commerce se transforme, Les femmes restent dans Les fonctions d’exécution

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femmes ingénieuresUne des 10 % de femmes diplômées de l’ISEP en 1961 a travaillé à la CGA (Compagnie Générale des Automatismes) à Marcoussis. Sur 200 ingénieurs, 10 % seulement étaient des femmes, aucune n’était chef de service ni de département. Par la suite, les femmes ont rempli des postes de responsabilité, mais dans les relations humaines, ou dans les services juridiques, pas dans les services techniques.A l’ISEP, 40 ans plus tard, les femmes ne sont que 15 % !

Promotion de l’Institut supérieur d’électronique

de Paris en 1961

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« aLLez Les fiLLes ! »

Brochures d’orientation en 1958, 1975 et 1993

Association sportive du comité d’entreprise des Bouchon Couronne de Viry-Châtillon (années 60)

Sur le marché de Corbeil (années 60)

Marketing téléphonique, Caceb à Evry (années 90)

Jongler avec le téléphone et le clavier

Plantu 1980

Caissières et encadrement de Novaprix à Corbeil (années 70)

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Les travailleuses agissent

51,6 % des femmes dans 10 des 84 familles professionnelles.

La catégorie qui emploie le plus de femmes est celle des agents d’entretien.

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Autres familles professionnelles

Agent d’entretien (74 % de femmes)

Enseignant (64 %)

Assistant maternel (99 %)

Secrétaire (97 %)

Employé adm. fonct. publ. (cat. C) (72 %)

Vendeur (69 %)

Employé adm. en entreprise (76 %)

Infirmier, Sage-femme (87 %)

Aide-soignant (91 %)

Professionnel de l’action sociale,culturelle et sportive (65 %)

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1848 . 1939Femmes dans la cité : agir pour obtenir l’égalité politique

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des femmes patriotes à essonnes en 1872Les philanthropes ne se consacrent pas seulement aux œuvres d’assistance.

château de BierviLLeFoyer de la Paix animé par Marc Sangnier.

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Détente lors d’une session de formation d’un syn-dicat féminin chrétien en 1933

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une femme éLue conseiLLère municipaLe à essonnes en 1925Amélie Néant, une ménagère sur le procès-verbal des élections, une cordeuse dans une entreprise fabriquant des matelas d’après les recensements de la population.Elue sur une liste communiste, le « camarade maire » Lafloque installe Amélie Néant comme membre de la commission hygiène et logements insalubres.L’annulation de son élection est prononcée par le Conseil de préfecture, saisi par le préfet de Seine-et-Oise.

groupe féministe de L’arrondissement de corBeiLEn novembre 1926, Cécile Brunschvicg, présidente de l’Union Française pour le Suffrage des Femmes donne une conférence à Corbeil.

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des femmes dans L’espace puBLic : de La rosière au sport féminin

L a déception des femmes, qui n’obtiennent pas l’égalité des droits en 1848, n’a pas découragé l’une d’elles d’être candidate aux élections législatives de 1849, sans le soutien des démocrates-socialistes qui

suivirent Proudhon, hostile à l’égalité politique des deux sexes. Des courants politiques ou religieux, pourtant opposés, ont longtemps soutenu sa position : « Le ménage et la famille, voilà le sanctuaire de la femme ». Les premières associations, que l’on peut qualifier de féministes, voient le jour après le congrès de l’Internationale (AIT) qui se prononce contre le travail des femmes en 1866.De nouvelles formes d’action, plus visibles, apparaissent en 1881 : présentation de candidatures de femmes aux élections municipales, manifestation de rue : commémoration de la prise de la Bastille par « l’enterrement du droit des femmes ».En 1909 est créée l’Union Française pour le Suffrage des Femmes. En 1936, trois femmes dont Cécile Brunschvicg, sont nommées secrétaires d’état dans le gouvernement du Front Populaire, sans avoir le droit de vote.

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1939 . 1981Femmes citoyennes à part entièrevoter et être élue …

premières femmes éLues eLections municipaLes de 1945Les premières auxquelles les femmes participent.

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Des organisations de jeunes filles, comme l’Union des Jeunes Filles de France, et de femmes, comme l’Union des Femmes Françaises (U.F.F.), dans la

mouvance du P.C.F. forment les futures candidates. En 1963, Geneviève Rodriguez (Leroy), conseillère municipale depuis 1959, succède à Marie Geoffroy comme maire de morsang-sur-orge, la commune de l’essonne dont le maire est une femme sans interruption depuis 1953 ! Geneviève Rodriguez a été également conseillère générale de Seine-et-Oise et de l’Essonne.

L es femmes, renvoyées à leur seul rôle de mère par les mesures du Gouvernement de Vichy, jouent un rôle déterminant dans les réseaux de résistance. A l’issue d’un vif débat, les partisans de l’égalité immédiate

des droits des hommes et des femmes l’emportent en 1944. Les femmes deviennent électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes, ce qui ne garantit pas pour autant l’accès des femmes à la représentation publique.En octobre 1945, 33 femmes (5,6 %) sont élues à la première Assemblée constituante, dont trois pour la Seine-et-Oise, plusieurs fois réélues jusqu’en 1958 : Germaine Peyroles (MRP), Germaine Degrond (SFIO) et Mathilde Gabriel-Péri (PCF).Entre 1958 et 1973, le nombre de députées oscille entre 8 et 11, soit 1 à 2 %, et ne retrouve les 5,6 % qu’en 1981 ! Parmi les rescapées, Jacqueline Thome- Patenôtre, conseillère générale du canton Dourdan-Sud en 1945.Au Conseil général de l’Essonne en 1978, 3 élues sur 35 : M.N. Lienemann, A. Marti et G. Rodriguez, contre 3 sur 41 en 1945 pour la Seine-et-Oise.

Deux femmes élues maires en Essonne, deux femmes engagées dans la Résistance.

Josèphe Jacquiot (1910-1995) Centre-gauche à Montgeron

Marie Roche (1894-1972)

P.C.F. à Lisses

Conseillère générale de Seine-et-Oise de 1945 à 1951

Conseillère de la République puis sénatrice de 1946 à 1952

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De nombreuses femmes candidates : 15 % sur les listes d’Etampes en 1945.

8 mars 1970, une candidate du P.C.F. pour le canton d’Etampes

Suzanne Rivet (1913-1997)

Conseillère municipale d’Etampes depuis 1947

Madame le Maire dans ses fonctions.

Paulette Chemier, maire d’Athis-Mons

de 1977 à 1983

Le mouvement féministe dans les associations : Mouvement pour la liberté de l’avortement et la contraception (MLAC)

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Les femmes dans les partis politiques (années 70)

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1981 . 2008Femmes aujourd’huides avancées vers la parité

associations de femmes en essonne (1977)Des femmes bénévoles et salariées actives dans les associations, féminines ou mixtes. De multiples initiatives dans un département jeune en construction.

Marie-Noëlle Lienemann, maire d’Athis-Mons de 1989 à 2002.Des mandats locaux en Essonne de 1979 à 2002.première femme de l’essonne à être :élue député européen en 1984, nommée ministre en 1992-1993.

A près mai 1968, le mouvement de libération des femmes donne naissance à de nombreux groupes de femmes. La revendication de la contraception libre et gratuite et de la libéralisation de l’avortement

trouve un écho de plus en plus large lors du procès d’une jeune fille jugée pour avortement à Bobigny en 1972. En 1974, Françoise Giroud est nommée secrétaire d’état à la condition féminine, et Simone Veil, ministre de la Santé, fait adopter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. En 1978, les « frondeuses » du PS réclament 50% de candidates sur les listes. En 1981, Yvette Roudy est nommée ministre des Droits des femmes. 33 élues sur 577 députés en 1993, pas plus qu’en 1945 ! 289 femmes et 288 hommes décident d’agir et rendent public le Manifeste des 577 pour une démocratie paritaire. Partisans et adversaires des quotas et de la parité s’affrontent. La loi sur l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives est publiée en 2000. en 2007, 107 élues sur 577 députés.

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associations de femmes en essonne (années 2000) Des associations multiculturelles, actives dans les quartiers populaires.

mixité et égaLité au cœur des moBiLisations des femmes et des hommes

L’Essonne sur les chemins de l’égalité et de la mixité, 7 mars 2003.Lutter contre les violences faites aux femmes et les discriminations.

Cette exposition a été réalisée par le Centre Action Recherche et Documentation des entreprises (CARDe), avec le soutien du Conseil Général de l’essonne et de la mairie de Viry-Chatillon.

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Graphisme : Bénédicte Villechange

longue marche vers la parité.Femmes maires et conseillères municipales de 1947 à nos jours.

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% de femmes en Essonne en 2008

Conseiller régional50 %

Sénateur40 %

Député30 %

Maire17 %

Conseillergénéral21,4 %

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